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Full text of "Bibliothèque historique et militaire, dédiée à l'armée et à la garde nationale de France"

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BIBLIOTHEQUE 

HISTORIQUE 


ET 


MILITAIRE. 


Parii.  —  Typographie  cTEinile  Allard.  rue  d'Enghlcn,  U. 


BIBLIOTHÈQUE 

HISTORIQUE 

HT 

MILITAIRE, 

t>ÉDIËE 

A  L'ARMKE  et  a  U  garde  nationale  de  FRANCE, 

,,■  '  PUBLIÉE 
Par  HMrVM?  LISKENNE  rr  SAUVAN. 


TOME  CINQUilIE. 

PARIS , 

ADMINISTRATION,   IV.   RUE  DE  LA  VICTOIRE. 
IBM. 


BIBLIOTHÈQUE 

HISTORIQUE 


ET 


MILITAIRE. 


1  Ô4-0 


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9^  S^tL 


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'-<-v^V. 


FRÉDÉRIC  n. 


\ 


ÀVÂNT-PROPOS. 


La  piapftrt  des  histoires  qoe  nous 
avons  sont  des  oomiHlations  de  men- 
songes mêlés  de  quelques  Térités.  De 
ee  nombre  prodigieox  de  faits  qui  nous 
ont  été  transmb ,  on  ne  peut  compter 
pour  avérés  que  ceux  qui  ontfait  épo- 
que ,  soit  de  l'élévation  ou  de  la  chute 
des  empires.  Il  paraît  indubitable  que 
la  bataille  de  Salamlne  s*est  donnée  « 
et  que  les  Perses  ont  été  vaincus  par 
les'Grecs.  n  n'y  a  aucun  doute  qu'A* 
lexandre-le^rand  n*ait  subjugué  l'em- 
pire de  Darius ,  que  les  Romains  n'aient 
vaincu  les  Carthaginois ,  Antiochus  et 
Persée  ;  cela  est  d'autant  phis  évident, 
qu'ils  ont  possédé  tous  ces  États.  L'his- 
toire acquiert  plus  de  foi  dans  ce  qu'el- 
le rapporte  des  guerres  dvQes  de  Ma- 
rins et  de  Sylla,  de  Pompée  et  de  César, 
d'Auguste  et  d'Antoine,  par  l'authenti- 
dté  des  auteurs  contemporains  qui 
noQs  ont  décrit  ces  évènemens.  On  n'a 
point  de  doute  sur  le  boulerersement 
de  l'empire  d'Occident  et  surodui  d'O- 
rient, car  on  voit  naître  et  se  former 
des  royaumes  du  démembrement  de 
l'empire  romain  ;  mais  lorsque  la  cu- 
riosité nous  invite  à  descemfaie  dans  le 
détail  des  fSuts  de  ces  temps  reculés , 
nous  nous  prédpitoQS  dans  un  labyrin* 
llppMBd*ajMMrMs0tda  oMtrMJSo 


tions,  et  nous  n'avons  point  deffl  peur 
en  trouver  Fissue.  L'amour  du  rocr-« 
veiileux,  le  préjugé  des  historiens,  leur 
sèle  mal  entendu  pour  la  patrie ,  letv 
haine  pour  les  nations  opposées ,  tou- 
tes ces  différentes  passions  qui  ont 
guidé  leur  plume,  ainsi  que  les  temps, 
de  beaucoup  postérieurs  aux  évène- 
mens ,  où  ils  écrivaient,  ont  si  fort  al* 
téré  les  fUts  en  les  déguisant,  qu'a- 
vec des  yeux  de  lynx  même,  on  ne 
parrienArait  pas  à  les  dévoiler  i  pré- 
sent. 

Cependant,  dans  la  (bule  dliutêur» 
de  l'antiquité ,  Ton  distingue  avec  sa* 
tisfactioA  la  description  que  Xénophon 
fait  de  la  retraite  des  dix  mille  qu'il 
avait  commandés  et  ramenés  luinnème 
en  Grèce.  Thucydide  jouit  à  peu  près 
des  mêmes  avantages.  Nous  sommes 
charmés  de  trouver  dans  les  fragmens 
qui  nous  restent  de  Polybe,  l'ami  et  le 
compagnon  de  Scipion  l'Afiricain ,  les 
faits  qu'A  nous  raconte,  et  dont  lui-mé* 
me  a  été  le  témoin.  Les  lettres  de  Goé- 
ron  à  son  ami  Atticus  portent  le  mê- 
me caractère  ;  c'est  un  des  acteurs  da 
ces  grandes  scènes  qui  parie.  Je  n'oiH 
blieral  point  les  Coatiwsnimrst  da  Cé- 
sar, écrits  avec  la  noUe  iimplidté  d*mi 
granf  hofonpe*,  et  ^poi  qu'eu  lit  dl| 


VJ  ^         • 

Hirtiufl,  les  relations  dp  itres  histo- 
riens sont  en  toat  coDforuïes  am  évè- 
nemens  décrits  dans  ces  Commentai^ 
ru  ;  mais  depuis  César,  l'Jiîstgirç  dq 
contient  qae  des  panégyriques  on  des 
satires.  La  barbarie  des  temps  suivans 
a  fait  on  chaos  de  l'histoire  du  bas- 
empire  ,  et  l'on  ne  trouve  d'intéressant 
que  les  Mémoires  écrits  par  la  GUe  is*. 
l'amperrar  Alexis  Comnène,  parce 
qoe  cette  princesse  rapporte  ce  qa'ellc 
a  YfL  Depois,  les  moines,  qui  seuls 
avaient  qaelqces  connaissances,  ont 
laissé  des  annales  trouvées  dans  leurs 
conyens,  et  qoi  opt  servi  4  i*bistoira 
d'àDemagoe;  mais  quels  matériaux 
pour  l'histoire  !  Les  Français  ont  eu  un 
évéque  de  Tours,  un  Joinville  et  le 
J(mrnal  d$  l' Étoile,  faibles  ouvrages  de 
compilateurs  qui  écrivaient  ce  qu'ils 
apprenaient  an  hasard,  mais  qui  difli- 
cilement  pouvaient  être  bien  instruits. 
Depuis  la  renaissance  des  lettres,  la 
passion  d'écrire  s'est  change  en  fu- 
rjBur,  Nous  n*avQn$  que  trop  de  mé- 
moires ,  d'anecdQti?rs  et  d^  relaliou^ , 
parmi  lesquelles  il  faut  s'en  tenir  au 
patit  nombre  d*auteurs  qui  ont  eu  des 
ç^r^es ,  qui  out  été  eux-*mêmcs  ac* 
leurs  ou  attachés  à  la  cour,  ou  qui  ont 
^tcnu  des  souverains  la  permission 
4ç  foujUcr  duus  le^  archives,  tels  que 
1^  5a^e  présidcpt  de  Tbou ,  Philippe 
(jp  Comines ,  Vargal  t  fiscal  du  concile 
dp  Trente  ;  mademoiselle  d'Orl(*ims,  le 
cHrdinal  de  Ret?,  etc.  Ajouton?-y  les 
Leltrejf  de  M.  d'Estrades,  les  Mémoires 
de  M.  de  Torcy.  monumcns  curieux, 
surtout  ce  denuer,  qui  nous  déviiloppe 
la  vérité  de  ce  test;imeot  de  Charles  II, 
rd  d'Espace,  sur  lequel  les  sentimens 
ont  été  si  pvtagés. 

Cps  réflcilons  sur  l'iucertitudc  iç 
l'hîstoite,  dont  |e  ine  suis  SQuvf^ut  oc- 
f^é,  m'ont  fait  naîtcç  l'idée  jlç  Ufi^S- 
mettrc  k  la  postérité  les  faits  prind- 


paux  auxquels  j'ai  on  part  on  dont  j'ai 
été  témoin,  aGn  que  ceux  qui,  à  l'ave- 
nir, gouverneront  cet  État  puissent 
cûongitf  e  (a  vraie  situation  des  choses 
loTsqoe  je  parvins  à  la  régence,  les  cau- 
ses qui  m'ont  fait  agir,  mes  moyens , 
les  trames  de  nos  ennemis,  les  négo- 
ciations, les  guerres,  et  surtout  les  bel- 
les actions  de  nos  officiers  par  lesquel- 
les ils  se  sont  acauis  hmmortalité  à 
juste  titre. 

Depuis  les  révolutions  qui  bonîbver- 
sèrent  premièrement  l'empire  d'Occi- 
dent, ensuite  celui  d'Orient;  depuis 
les  succès  immenses  de  Cbarlemagne , 
depuis  l'époque  brillante  du  règne  de 
Charles-Quint,  après  les  troubles  que 
la  réforme  causa  eu  Allemagne  et  qui 
durèrent  trente  années  ;  enfin ,  après 
la  guerre  qui  s'alluma  à  cause  de  la 
succession  d'Espagne,  il  n'est  aucun 
événement  plus  remarquable  et  plus 
intéressant  que  celui  que  produisit  la 
mort  de  l'empereur  Charles  VI,  der- 
nier mâle  de  la  maison  d^Hapsbourg. 

La  cour  de  Vienne  se  vit  attaquée 
par  un  prince  auquel  elle  ne  pouvait 
supposer  assez  de  foire  pour  tenter 
UI.C  entreprise  aussi  dinioile.  liientôt 
il  se  forma  une  conjuration  de  rois  et 
de  souverains ,  tous  résolus  à  partager 
cette  immense  succession.  La  cou- 
ronne impériale  passa  dans  la  mais(^:' 
de  Bavière ,  et  loriK]u  il  somblctit  qiiv 
les  évènemens  concouraieni  à  l\  ruine 
de  la  Jeune  reine  de  Hongrie,  cette 
princesse,  par  sa  formeté  et  par  son 
habileté ,  se  tira  d'un  pas  aussi  dange- 
reux,  et  soutint  sa  monur<:hie  en  sarri- 
fiant  la  Silésie  et  une  petite  partie  du 
Milanais  :  c'était  tout  ce  qu  on  pou- 
vait attendre  d*une  jeune  pnncesse , 
qui,  à  peine  parvenue  au  trénc«  saisit 
Ve^rit  du  gouvernement  et  devint 
l'àij^ç  4ç  ^n  conseil. 

Cet  ouvrage,  étant  destiné  nourla 


ÂVANTnPiaMf. 

postérité ,  me  délivre  de  la  gdne  de 
respecter  les  yivans  et  d'observer  de 
certains   ménagemeos   incompatibles 
avec  la  franchise  de  la  vérité  :  il  me 
sera  permis  de  dire  sans  retenue  et 
tout  haut  ee  que  Ton  pense  tout  bas. 
Je  peindrai  ka  princes  telsqu  ils  sont , 
«ians  prévention  peur  ceui  qui  ont  été 
nies  alliés  et  sans  haine  pour  ceux  qui 
ont  éti^  mes  ennemis;  je  ne  parlerai  de 
moi-même  que  lorsque  la  nécessité  m'y 
obligera  «  et  Ton  me  permettra,  à 
l'exemple  de  César,  de  faire  mention 
de  ce  qui  me  regarde,  en  personne 
tierce,  pour  éviter  l'odieux  de  Tégoïs- 
me.  C'est  à  la  postérité  à  nous  juger; 
mais  si  nous  sommes  sages,  nous  de- 
vons la  prévenir  eu  nous  jugeant  ri- 
goureusement nous-mêmes.  Le  vrai 
mérite  d'un  bon  prince  est  d'avoir  un 
attachement  sincère  au  bien  public, 
d'aimer  sa  patrie  et  la  gloire  ;  je  dis  la 
gloire,  car  l'heureux  instinct  qui  anime 
les  hommes  du  désir  d'une  bonne  ré- 
putation ,  est  le  vrai  principe  des  ac- 
tions héroïques  :  c'est  le  nerf  de  l'Ame, 
il  la  réveille  de  sa  léthargie ,  pour  la 
porter  aux  entreprises  utiles,  nécessai- 
res et  louables. 

Tout  ce  qu'on  avance  dans  ces  mé- 
moires, soit  à  l'égard  des  négociations, 
des  lettres  des  souverains,  ou  de  trai- 
tés signés,  a  ses  preuves  conservées 
dans  les  archives.  On  peut  répondre 
des  faits  militaires  comme  témoin  ocu- 
laire :  telle  relation  de  bataille  a  été 
différée  de  deux  ou  trois  jours,  pour 
la  rendre  plus  exacte  et  plus  véri- 
dique. 

La  postérité  verra  peut-être  avec 
surprise  dans  ces  mémoires  les  récits 
de  traités  faitaet  rompus.  Quoique  ces 
exemples  soient  communs,  cela  ne  jufr- 
tîflerait  point  l'auteur  de  cet  ouvrage, 
s'il  n'avait  d'autres  raisons  meilleures 
(MT  fMWiav  sa  QMiduitcu 


▼y 

L'intérêt  de  FËtat  doit  servir  de  rè- 
gle aux  souverains.  Les  cas  de  rompre 
les  alliances  sont  ceux  l"»  où  l'allié 
manque  à  remplir  ses  engagemens  ; 
2  où  l'allié  médite  de  vous  tromper  et 
où  il  ne  vous  reste  de  ressource  que  de 
le  prévenir;  8"  une  force  majeure  qui 
vous  opprime  et  vous  force  à  rompre 
vos  traités;  k^  enfin,  l'insuffisance  des 
moyens  pour  continuer  la  guerre.  Par 
je  ne  sais  quelle  fatalité  ces  malheureu- 
ses richesses  influent  sur  tout.  Les  prin- 
ces sont  les  esclaves  de  leurs  moyens  ; 
l'intérêt  de  l'État  leur  sert  de  loi,etcette 
loi  est  inviohd)le.  Si  le  prince  est  dans 
l'obligation  de  sacrifier  sa  personne 
même  au  salut  de  ses  sujets ,  à  plus 
forte  raison  doii-il  leur  sacrifier  des 
liaisons  dont  la  continuation  leur  de- 
viendrait préjudiciable.  Les  exemples 
de  pareib  traités  rompus  se  rencontrent 
communément.  Notre  intention  n'est 
pas  de  les  justifier  tous.  J'ose  pourtant 
avancer  qu'il  en  est  de  tels,  que  la  né- 
cessité ou  la  sagesse,  la  prudence  ou  le 
bien  des  peuples  obligeait  de  trans- 
gresser, ne  restant  au  souverain  que 
ce  moyen-là  d*éviter  leur  ruine.  Si 
François  P'  avait  accompli  le  traité  de 
Madrid,  il  aurait,  en  perdant  la  Bour- 
gogne, établi  un  ennemi  dans  le  cœur 
de  S(^s  États.  C'était  réduire  la  France 
à  rétat  malheureux  où  elle  était  du 
temps  de  Louis  XI  et  de  Louis  XII. 
Si ,  après  la  bataille  de  Miihibcrg ,  ga- 
gnée par  Charles-Quint,  la  ligue  pro- 
testante  d'Allemagne  ne  s'était  pas 
fortifiée  de  l'appui  de  la  France ,  elle 
n'aurait  pu  éviter  de  porter  les  chaînes 
que  l'empereur  lui  préparait  de  longue 
main.  Si  les  Anglais  n'avaient  pas  romp 
pu  Talliance,  si  contraire  à  leurs  inté^ 
rets,  par  laquelle  Charles  II  s'était  ua 
avec  Lom'a  XIV,  leur  puissance  coural 
risque  d'être  diminuée  d'autant  plol 
que,  dwia  la  halvice 


Tope,  la  Fraifce  raurait  emporté  de 

beaucoup  sur  rAngletcrre.  Les  sages, 

nui  i>rv'  voient  les  effels  dans  les  causes, 

*  ;i  lrm|>s  s'opposer  à  œs  causes 

i....aruloineiit  opposée^  à  leurs  in- 

tLrfits.  Qu'on  me  permeluî  de  m'ex- 
pUquer  exactement  sur  cette  matière 
délicate,  que  Ton  n*a  guère  traitée 
dogmatiquement.  Il  me  paraît  clair  et 
évident  qu'un  particulier  doit  être  at- 
taché scrupuleusement  h  sa  parole , 
Teât-il  même  donnée  inconsidérément. 
Si  on  lui  manque,  il  peut  recourir  a  la 
protection  des  lois  ;  et,  quoi  qu'il  en 
arrive,  ce  n'est  qu'un  individu  qui 
soulTre  ;  mais  à  quels  tribunaux  un  sou- 
verain prendra-t-il  recours,  si  un  au- 
tre prince  viole  envers  lui  ses  engage- 
mens?  La  parole  d'un  particulier  n'en- 
traîne que  le  malheur  d'un  seul  homme, 
celle  des  souverains,  des  calamités' gé- 
nérales pour  des  nations  entières.  (!eci 
te  réduit  à  cette  question  *:  vaut 41 
mieux  que  le  peuple  périsse,  ou  que  le 
prince  rompe  son  traité?  Quel  serait 
Fimbécille  qui  balancerait  pour  déci- 
der cette  question?  Vous  voyez,  par 
les  cas  que  nous  venons  d'eiposer, 
qu'avant  de  porter  un  jugement  décisif 
sur  les  actions  d'un  prince,  il  faut  com- 
mencer par  examiner  mûrement  les 
circonstances  ou  il  s'est  trouvé,  la  con- 
duite de  ses  alliés,  les  ressources  qu'il 
poi/vait  avoir  ou  qui  hii  manquaient 
pour  remplir  ses  engagemens;  car, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  le  bon 
ou  le  mauvais  état  des  finances  sont 
comme  le  poub  des  États,  qui  influent 
plus  qu'on  ne  le  croit ,  ni  qu'on  ne  le 
sait ,  dans  les  opérations  politiques  et 
militaires.  Le  public,  qui  ignore  ces  dé- 
tails, ne  juge  que  sur  les  apparences , 
et  se  trompe  par  conséquent  dans  ses 
décisions;  la  prudence  empêche  qu'on 
ne  le  désabuse,  parce  que  ce  serait  le 
comble  de  la  démeoee  d'ébruiter  soi* 


*»%• 


même ,  par  vaine  gloire ,  la  partie  ftil* 
ble  de  I  État.  Les  ennemis,  charmés 
d'une  pareille  découverte,  ne  manque- 
ra ient  pas  d'en  profiter.  La  sagesse 
ciige  donc  qu'on  abandonne  au  public 
la  liberté  de  sca  Jugemcns  téméraires 
et  que,  ne  pouvant  se  Justifier  pendant 
sa  vie  sans  compromettre  riotérêt  de 
l'État,  Ton  se  contente  de  se  légitimer 
aux  yeux  désintéreasét  de  la  postérité. 

Peut-être  ne  sera-t-on  pas  fliché 
que  J'ajoute  quelques  réflexions  géné- 
rales k  ce  que  je  viens  de  dire,  sur  les 
évènemens  qui  sont  arrivés  de  mon 
temps.  J'ai  vu  que  les  petits  États  peu- 
vent se  soutenir  contre  les  plus  gran- 
des monarchies,  lorsque  ces  États  ont 
de  l'industrie  et  beaucoup  d'ordre  dans 
leurs  affaires.  Je  trouve  que  les  plus 
grands  empires  ne  vont  que  par  des 
abus,  qu'ils  sont  remplis  de  confusion , 
et  qu'ils  ne  se  soutiennent  que  par 
leurs  vastes  ressources  et  par  la  force 
intrinsèque  de  leur  masse.  Les  intri- 
gues qui  se  font  dans  ces  cours  per- 
draient des  princes  moins  puissans; 
elles  nuisent  toujours,  mais  elles  n'em- 
pêchent pas  que  de  nombreuses  ar- 
mées ne  conservent  leur  poids.  J'ob- 
serve que  toutes  les  guerres  entreprises 
loin  des  frontières  de  ceux  qui  les  en- 
treprennent, n'ont  pas  les  mêmes  suc- 
cès que  celles  qui  se  font  à  portée  de 
la  patrie.  Ne  serait-ce  pas  par  un  sen- 
timent naturel  dans  l'homme ,  qui  sent 
qu'il  est  plus  juste  de  se  défendre  que 
àe  dépouiller  son  voisin?  Mais  peut- 
être  la  raison  physique  Temporte-t-elle 
sur  la  morale,  par  la  difficulté  de  pour- 
voir aux  vivres  dans  an  trop  grand 
éloignement  de  la  frontière,  à  fournir 
à  temps  les  recrues,  les  remontes, 
les  habiUeDoens,  les  mtmitions  de 
guerre,  etc.  Ajoutons  encore  que  phia 
les  troupes  sont  aventnéies  diaiia  dea 
pays  kNotaina,  phia  éllea  <r<lg»et 


aVaht-prohm. 


ix 


qu'on  ne  leur  coupj  la  retraite,  ou 
qu'oa  ne  la  leur  rende  diflîcile.  Je  m'a- 
perçois de  la  supériorité  marquée  de  la 
flotte  anglaise  sur  celle  des  Français  et 
des  Espagnols  réunie,  et  je  m'étonne 
comment  la  marine  de  Philippe  II, 
ayant  eu  autrefois  cet  ascendant  sur 
celle  des  Anglais  et  des  Hollandais,  n'a 
pas  conservé  d'aussi  grands  avantages, 
■e  remarque  encore  avec  surprise  que 
DUS  ces  armemens  de  mer  sont  plus 
jDiir  l'ostentation  que  pour  Teffct ,  et 
^u'au  lieu  de  protéger  le  commerce, 
ils  ne  Tempôchent  pas  de  se  détruire. 
D'un  côté  se  présente  le  roi  d'Espagne, 
souverain  du  Potose,  obéré  en  Europe, 
créancier  à  Madrid  de  ses  ofBciers  et 
le  ses  domestiques;  de  l'autre  le  roi 
d'Angleterre ,  qui  répand   à  pleines 
mains  ses  guinées,  que  trente  ans  d'in- 
dustrie  avaient  accumulées  dans  la 
Grande-Bretagne ,  pour  soutenir  la 
reine  de  Hongrie  et  la  pragmatique 
sanction,   indépendamment   de  quoi 
cette  reine  de  Hongrie  est  obligée  de 
sacriGer  quelques  provinces  pour  sau- 
ver le  reste.  La  capitale  du  monde 
chrétien  s'ouvre  au  premier  venu,  et 
le  Pape,  n'osant  pas  accabler  d'anathô- 
raes  ceux  qui  le  font  contribuer,  est 
obligé  de  les  bénir.  L'Italie  est  inon- 
'dée  d'étrangers,  qui  se  battent  pour  la 
subjuguer.  L'exemple  des  Anglais  en- 
traine comme  un  torrent  les  Hollan- 
dais  dans  cette  guerre  qui  leur  est 
étrangère ,  et  C€S  républicains  qui ,  du 
temps  que  des  héros,  les  Eugène ,  les 
Malborough  commandaient  leurs  ar- 
mées, y  envoyaient  des  députés  pour 
régler  les  opérations  militaires,  n'en 
envoient  point  lorsiju  un  duc  de  Cum- 
berland  se  trouve  à  la  tête  do  leurs 
troupes.  Le  Nord  s'embrase  el  produit 
une  guerre  funeste  à  la  Suède.  Le  Da- 
nemark s'anime ,  s'agite  et  se  c<ilme. 
iaSaxe  change  deux  fois  de  par  h'  ;  elle 


ne  gagne  rien  ni  avec  les  uns  ni  avec 
les  antres,  sinon  qu'elle  attire  les  Prov- 
siens  dans  ses  États  et  qu'elle  se  ruine. 
Un  conflit  d'évènemons  change  les  cau- 
ses de  la  guerre  ;  cependant  les  effets 
continuent,  quoique  le  motif  ait  cessé. 
La  fortune  passe  rapidement  d'un  parti 
dans  l'autre  ;  mais  l'ambition  et  le  dé- 
sir de  la  vengeance  nourrissent  et  en- 
tretiennent le  feu  de  la  guerre.  Il  sem- 
ble voir  une  partie  de  joueurs  qui  veu- 
lent avoir  leur  revanche  et  ne  quittent 
le  jeu  qu'après  s'être  entièrement  rui- 
nés. Si  l'on  demandait  à  un  ministre 
anglais  :  Quelle  rage  vous  oblige  à 
prolonger  la  guerre?  C'est  que  la  France 
ne  pourra  plus  fournir  aux  frais  de  la 
campagne  prochaine,  répondrait-il.  Si 
l'on  faisait  la  même  question  à  un  mi- 
nistre français,  la  réponse  serait  à  peu 
près  semblable.  Ce  qu'il  y  a  de  déplo- 
rable dans  cette  politique,  c'est  qu'elle 
se  joue  de  la  vie  des  hommes  et  que  le 
sang  humain,  répandu  avec  profusion, 
l'est  inutilement.  Encore,  si  par  la 
guerre  on  pouvait  parvenir  à  fixer  so- 
lidement les  frontières,  et  à  maintenir 
cette  balance  des  pouvoirs  si  nécessaire 
entre  les  souverains  de  l'Europe,  on 
pourrait  regarder  ceux  qui  ont  péri 
comme  des  victimes  sacrifiées  à  la  tran- 
quillité et  à  la  sûreté  publique.  Mais 
qu'on  s'envie  des  provinces  en  Améri- 
que, ne  voilà-t-il  pas  toute  l'Europe 
entraînée  dans  des  partis  diSérens 
pour  se  battre  sur  mer  et  sur  terre.  Les 
ambitieux  devraient  considérer  surtout 
que  les  armes  et  la  discipline  militaire 
étant  à  peu  près  les  /nêmes  en  Europe, 
et  les  alliances  mettant  pour  l'ordinaire 
l'égalité  des  forces  entre  les  parties 
belligérantes,  tout  ce  que  les  princes 
peuvent  allcndre  de  leurs  plus  grands 
avantages  dans  les  temps  où  nous  vi- 
vons ,  c'est  d'acquérir  par  des  succès 
accumulés,  ou  quelque  petite  ville 


11 

Par  ce  traité  l'emperear  donnait  des 
provinces ,  et  ta  France  de  vaines  ga- 
ranties, à  l'exception  de  la  Toscane, 
qui  doit  être  envisagée  comme  une 
possession  précaire.  La  France  garan^ 
tissait  à  l'empereur  une  loi  domestique 
qu'il  avait  publiée  pour  sa  succession , 
si  connue  en  Ear>*>e  sous  le  nom  de  la 
pragmaiique  Sanaum.  Cette  loi  devait 
assurer  à  sa  fille  l'indivisibilité  de  sa 
succession.  On  a  sans  doute  lieu 
d'être  surpri3  en  trouvant  la  fin  du  rè- 
gne de  Charles  VI  si  inférieure  à  l'éclat 
qu'il  jeta  à  son  commencement.  La 
cause  des  infortunes  de  ce  prince  ne 
doit  s'attribuer  qu'à  la  perte  du  prince 
Eugène.  Après  la  mort  de  ce  grand 
honune,  il  n'y  eut  personne  pour  le 
remplacer.  L'État  manqua  de  nerf,  et 
tomba  dans  la  langueur  et  dans  le  dé- 
périssement. Charles  vï  avait  reçu  de 
la  nature  les  qualités  qui  font  le  bon 
citoyen,  mais  il  n'en  avait  aucune  de 
celles  qui  font  le  grand  homme  :  il  était 
généreux,  mais  sans  discernement; 
d'un  esprit  borné  et  sans  pénétration  : 
il  avait  de  l'application ,  mais  sans  gé- 
nie, de  sorte  qu'en  travaillant  beau- 
coup, il  faisait  peu  ;  il  possédait  bien 
le  droit  germanique  ;  parlant  plusieurs 
langues  et  surtout  le  latin,  dans  lequel 
il  excellait;  bon  père,  bon  mari,  mais 
bigot  et  superstitieux  comme  tous  les 
princes  ée  la  maison  d'Autriche.  On 
l'avait  élevé  pour  ebéir  et  non  pour 
commander.  Ses  ministres  l'amusaient 
à  juger  les  procès  du  conseil  aulique, 
à  s'attacher  ponctuellement  aux  mi- 
nuties du  cérémonial  et  de  l'étiquette 
de  la  maison  de  Bourgogne  ;  et  tandis 
qu'il  s'occupait  de  ces  bagatelles ,  ou 


rRia>iuc  n. 

avait  fait  passer  à  son  service  le  prince 
Eugène  de  Savoie  dont  nous  venons  de 
parier.  Ce  prince  avait  porté  le  petit 
collet  en  France.  Louis  XIV  lui  refusa 
un  bénéfice;  Eugène  demanda  une 
compagnie  de  dragons  ;  il  ne  Tobtint 
pas  non  plus,  parce  qu*on  méconnais- 
sait son  génie  et  que  les  jeunes  sei-* 
gneurs  de  la  cour  lui  avaient  donné  le 
sobriquet  de  Dame-Claude.  Eugène, 
voyant  que  toutes  les  portes  de  la  for- 
tune lui  étaient  interdites,  quitta  sa 
mère,  madame  de  Soissons,  et  la  Fran- 
ce, pour  offrir  ses  services  à  l'empereur 
Léopold.  11  devint  colonel  et  reçut  un 
régiment;  son  mérite  perça  rapide- 
ment. Les  services  signalés  qu'il  ren- 
dit, et  la  supériorité  de  ses  talens,  ré- 
levèrent dans  peu  aux  premiers  grades 
nuilibiires.  Il  dc\  int  généralissime,  pré- 
sident du  conseil  de  guerre,  et  enfin 
premier  ministre  de  Tempereur  Char- 
les VI.  Le  prince  Eugène  se  trouva 
donc  chef  de  l'armée  impériale;  il  gou- 
verna non  seulement  les  provinces  au- 
trichiennes, mais  l'empire  même,  et 
proprement  il  était  empereur.  Tant 
qu'il  conserva  la  vigueur  de  son  esprit, 
les  armes  et  les  négociations  des  Au- 
trichiens prospérèrent;  mais  lorsque 
l'Age  et  les  infirmités  l'eurent  aflfaibli , 
cette  tête,  qui  avait  si  long -temps 
travaillé  pour  le  bien  de  la  maison 
impériale,  fut  hors  d'état  de  conti- 
nuer ,  et  de  lui  rendre  les  mêmes 
services.  <}uelles  réflexions  humdian- 
tes  pour  notre  vanité  !  Un  Condé , 
un  Eugène,  un  Malborough  voient 
l'extinction  de  leur  esprit  précéder 
celle  de  leur  corps,  et  les  plus  vastes 
génios  finissent  par  l'imbécillité!  Pau« 


que  ce  prince  perdait  son  temps  à  la  |  vres  humains,  ensuite  glorifiez-vous  si 
diasse,  ses  ministres ,  véritablement ,  vous  Tosez  !  i  .n  décadence  des  forces 
maîtres  de  l'État,  disposaicLt  de  tout  ;  du  prin(  (;  Euf'î'n'^  îni  l'époque  des  in- 
despotiquement.  |  tri;,irs  de  ;or^  tes  ministres  autri* 

La  fortune  de  la  mai^n  d'Autriche   chiens.  Le  comte  de  ZinzendoriT  fCt^ 


t>ii:tdl«L<:riON. 


13 


qui(  W  pluiC?i»ci(*.nir:.î  r-.'^i  ;ir  ilrihiï  ih>h  pins  (\\\\ï\\  |.:;\s  v;:i-tt  î:r;îvornaît , 
inaîln»;  il  traYMif-nl  \r.'.i.  -ii  r:r:.;iî  |;i  '  so  l  lissiî  PfiînMri,'/  in\r  >  's  rni!::sirv  j  et 
tK>nno  ohrro.  CV^iïil  ^^^:'J::'  r-:  lu  •  lirm;;:!  cr-^  cîîinr.wnn  rniîi»'  {WimîiiOî^ 
roiir  inipiTialc,  rX  l>r';':'Tciir  ^ii^^iil  finiv;-îlriV..  ::  >'-^<,i\  In  vc^ff<^ 'ï'm!:' 
que  les  bons  ragoiils  dr  son  ininistro  ;  ccs(i  Aiigiiytr  {•  ,  roi  t'c  i*o!:/^T 
lui  fnisaient  de  mauvaisos  nlfairé'S.  Co  î  Deux  i:aii(ii<latsit'  pirsoii(v-v  .;î  ..rur 
ministre  était  haut  et  fier;  il  se  croyait  I  occui>er  n»  trôiic  vaLaiii  :  inn  ,  (  .  lail 


un  Agrippa,  un  Mécène.  Les  princes 
de  l'empire  étaient  indignés  de  la  du- 
reté de  son  gouvernement;  en  cela 
bien  différent  du  prince  Eugène,  qui, 
n'employant  que  la  douceur,  avait  su 
mener  plus  sûrement  le  corps  germa- 
nique à  ses  fins. 

Lorsque  le  comte  de  Zinzendorff  fut 
employé  au  congrès  de  Cambrai,  il 
crut  avoir  pénétré  le  caractère  du  car- 
dinal de  Fleuri.  Le  Français,  plus 
habile  que  TAUemand,  le  joua  sous 
la  jambe ,  et  Zinzendorff  retourna  à 
Vienne,  persuadé  qu'il  gouvernerait  la 
cour  de  Versailles  comme  celle  de  l'em- 
pereur. Peu  de  temps  après,  le  prince 
Eugène,  qui  voyait  l'empereur  tou- 
jours occupé  des  moyens  de  soutenir 
sa  pragmatique  sanction,  lui  dit  que  la 
seule  façon  de  l'assurer  était  d'entrete- 
nir cent  quatre-vingt  mille  hommes, 
et  qu'il  indiquerait  les  fonds  pour  le 
paiement  de  cette  augmentation,  si 
l'empercnir  y  voulait  consentir.  Le  gé- 
nie de  l'empereur,  subjugué  par  celui 
d'Eugène,  n'osait  rien  lui  refuser. 
L'augmentation  de  quarante  mille  hom- 
mes fut  résolue ,  et  bientôt  l'armée  se 
trouva  complète.  Les  comtes  de  Zin- 
zendorff et  de  Stahremberg,  ennemis 
du  prince  Eugène,  représentèrent  à 
l'empereur  que  srs  pays ,  foulés  par  des 
contributions  énormes,  ne  pouvaient 
suffire  à  l'entretirti  d'ui.e  si  grosse  ar- 
mée, et  qu'à  moins  ue  vouloir  ruiner 
de  fond  en  comble  TAutriche ,  la  Bo- 
hême et  les  autres  provinces,  il  fallait 
réformer  l'augmentation.  Charles  VI, 
^ui  ne  connaissait  rien  r.iu  imant^ea 


Auguste,  électeur  de  Saxe,  îjIs  dn  der- 
nier roi  de  Pologne,  soutenu  par  l'em- 
pereur des  Romains,  rimpératrico  de 
Russie,  l'argent  et  les  troupes  saxon- 
nes. L'autre  était  Stanislas  Leckzinskv, 
appelé  par  les  vœux  des  Polonais  et 
protégé  par  Louis  XV,  son  gendre; 
mais  le  secours  qu'il  tira  de  la  France 
se  réduisit  à  quatre  bataillons.  Il  vit  la 
Pologne  ;  il  fut  assiégé  à  Dantzick  ;  il  ne 
put  s'y  maintenir,  et  renonça  pour  la 
seconde  fois  au  triste  honneur  de  por- 
ter le  nom  de  roi  dans  une  république 
ou  régnait  l'anarchie. 

Le  comte  de  Zinzendorff  comptait 
si  fort  sur  l'esprit  pacifique  du  cardinal 
de  Fleuri,  qu'il  engagea  légèrement  sa 
cour  dans  les  troubles  de  la  Pologne. 
Le  plaisir  de  dopner  la  couronne  de 
Pologne  coûta  à  l'empereur  trois  royau- 
mes et  quelques  belles  provinces.  Déjà 
les  Français  avaient  passé  le  Rhin,  déjà 
ils  assiégeaient  Kehl,  qu'à  Vienne  on 
faisait  des  paris  sur  leur  inaction.  Cette 
guerre  qu'on  entreprit  fut  l'ouvrage  de 
la  vanité,  et  la  paix  qui  s*ensuivit,  ce- 
lui de  la  faiblesse.  Le  nom  du  prince 
Eugène ,  qui  imposait  encore ,  soutint 
les  armes  des  Autrichiens  sur  le  Rhin, 
pendant  les  campagnes  de  17%  et  de 
1735,  et  bientôt  après  il  cessa  de  vivre 
mais  trop  tard  pour  sa  gloire.  Deux 
emplois,  qui  avaient  été  réunis  par  to 
prince  Eugène,  le  conmtiandement  de 
l armée  et  la  présidence  du  conseil, 
furent  séparés.  Le  comte  de  Harrach 
eut  la  charge  de  président,  et  Kœnig- 
seck,  Wallis,  Seckendorff,  Neuperg, 
Schmettau ,  Khevenhiiller  et  le  prince 


14 


l-iJiDElUC   II. 


de  Hildbourghausen  briguèrent  Thon- 
neur  dangereux  de  commander  les  ar- 
mées impériales.  Quelle  t&cbe  de  lutter 
contre  la  réputation  du  prince  Eugène 
et  de  remplir  une  place  qu'il  avait  si 
bien  occupée  !  D'ailleurs  ces  généraux 
étaient  aussi  divisés  entre  eux  que  les 
successeurs  d'Alexandre.  Pour  sup- 
pléer au  mérite  qui  leur  manquait,  ils 
avaient  recours  a  l'intrigue  :  Secken- 
dorfr  et  le  (rince  de  Ilildbourgbausen 
s'appuyaient  du  crédit  de  l'impératrice 
et  d'un  minisire  nommé  Bartenstein , 
natif  d'Alsace,  de  petite  extraction, 
mais  laborieux,  et  qui,  avec  deux  asso- 
ciés, Knorr  et  Weber,  formaient  un 
triumvirat  qui  gouvernait  alors  les  af- 
faires de  Tempereur.  Khevenhiiller 
avait  un  parti  dans  le  conseil  de  guerre, 
et  Wallis,  qui  se  faisait  gloire  de  haïr 
et  d'être  haï  de  tout  le  monde,  n'en 
avait  aucun.  Les  Russes  étaient  alors 
en  guerre  avec  les  Turcs  ;  les  succès 
des  premiers  enflammaient  le  courage 
des  Autrichiens.  Bartenstein  crut  qu'on 
pourrait  chasser  les  Turcs  de  l'Europe  ; 
Seckendorff  disait  au  commandement 
de  l'armée.  Ces  deux  personnes,  sous 
prétexte  que  l'empereur  devait  assister 
les  Russes,  ses  alliés,  contre  Fennemi 
du  nom  chrétien,  plongèrent  la  maison 
d'Autriche  dans  un  abîme  de  malheurs. 
Tout  le  monde  voulait  conseiller  l'em- 
pereur; lej  ministres,  l'impératrice, 
le  duc  de  Lorraine ,  chacun  tracassait 
de  son  cdté.  Il  émanait  du  conseil  im- 
périal chaque  jour  de  nouveaux  pro* 
jetsd'opérations  ;  les  cabales  des  grands 
qui  se  contrecarraient ,  et  la  jalousie 
des  généraax  firent  manquer  toutes  les 
jitreprises.  Les  ordres  que  les  géné- 
raux recevaient  de  la  i5u  jjt  se  contre- 
disaient  les  uns  les  autres,  ou  bien 
obligeaient  ces  généraux  à  des  opéra- 
tions impraticables.  Ce  désordre  do- 
mestique devint  j)lus  funeste  aux  armes 


autrichiennes  que  la  puissance  des  in- 
fidèles. A  Vienne,  on  exposait  le  Vé- 
nérable, tandis  qu'on  perdait  les  Inh 
tailles  en  Hongrie,  et  l'on  avait  recours 
aux  prestiges  de  la  superstition ,  pour 
réparer  les  fautes  de  la  malhabileté. 
Seckendorff  fut  emprisonné  à  la  fin  de 
sa  première  campagne,  à  cause,  disait- 
on,  que  son  hérésie  attirait  le  courroux 
céleste.  Kœnigseck,  après  avoir  com- 
mandé la  seconde  année,  fut  fait  grand- 
maître  de  l'impératrice»  ce  qui  fit  dire 
à  Wallis,  qui  eut  le  commandement  la 
troisième  année,  que  son  premier  pré- 
décesseur avait  été  encoDré,  que  le  se- 
cond était  devenu  eunuque  du  sérail , 
et  qu'il  lui  restait  d'avoir  la  tête  tran- 
chée; il  ne  se  trompa  guère;  car. 
après  avoir  perdu  la  bataille  de  Cnitz- 
ka,  il  fut  enfermé  au  château  de  Bronn. 
Neuperg,  que  l'empereur  et  le  duc  de 
Lorraine  avaient  instamment  conjuré 
d'accélérer  la  paix,  la  conclut  avec  les 
Turcs  à  Belgrade,  et  pour  récompense 
fut,  à  son  retour,  confiné  au  château 
de  Glatz.  Ainsi  la  cour  de  Vienne,  n'o- 
sant pas  remonter  à  la  cause  de  ses 
malheurs,  auxquels  tout  ce  que  la  cour 
avait  de  plus  auguste  avait  contribué , 
pour  se  consoler  punissait  les  instru- 
mens  subalternes  de  ses  infortunes. 

Après  la  conclusion  de  cette  paix , 
l'armée  autrichienne  se  trouva  dans  un 
étal  de  délabrement  affireux  ;  elle  avait 
fait  des  pertes  considérables  à  Widdin, 
à  Mendia,  à  Pankowa,  au  Timoc,  à 
Crutzka  :  Pair  malsain,  les  eaux  bour- 
beuses avaient  occasionné  des  maladies 
contagieuses,  et  la  proximité  des  Turcs 
lui  avait  communiqué  la  peste;  elU 
était  en  même  temps  ruinée  et  décou- 
ragée. Après  la  paix,  la  plus  grande 
partie  des  troupes  demeura  en  Hon- 
grie ;  mais  leur  nombre  ne  passait  pas 
quarante-trois  mille  combattans  :  per- 
sonne ne  pensa  à  recompléter  rarikiée. 


tNTKODDCnOil. 


» 


L*6nipereur  n'avait  d'ailleim  que  seize 
mille  hommes  en  Italie,  dou7<?  mille 
an  plus  en  Flandre  et  (  ir:^  ou  six  ré$n- 
mens  répandus  dans  les  prrs  bëredi- 
taires.  Au  lieu  donc  que  cette  armée 
devait  faire  le  nombre  de  cent  soixante 
et  quinie  milio  hommes ,  Teifectif  ne 
montait  pas  à  quatre-vingt-deux  miiie. 
On  avait  supputé,  l'année  1733,  que 
l'empereur  pouvait  avoir  vingt-huit 
millioaa  de  revenus  ;  il  en  avait  bien 
fierda  depuis ,  et  les  dépenses  de  deux 
guenes  consécutives  l'avaient  abimé 
de  dett6B,  qu'il  avait  peine  à  acquitter 
crée  vingt  millions  de  revenus  qui  lui 
partaient  Outre  cela,  ses  finances 
étaient  dans  la  plus  grande  confu«><^ 
Itee  méaintdiligenoet  ouverte  régnait 
«lire  seft  nunistres  ;  la  jalousie  divi- 
«M  les  généranx ,  et  l'empereur  lui^ 
aiéuMv  découragé  par  tant  de  mauvais 
ineoèa,  était  dégoûté  de  la  vanité  des 
grandeun.  Cependant  l'empire  antri- 
ehiem,  malgré  ses  vket  et  ses  faibles 
ceoliés,  figurait  encore  l'année  17/ftO  eu 
Kuope  an  nombre  des  puissances  les 
pfas  focmidablee.  L'on  considérait  ses 
fesscoreee,  et  qu'une  bonne  tète  y 
pouvait  tout  changer;  en  attendant, 
sa  fierté  suppléait  à  sa  force,  et  sa 
Ivoire  paasée  à  sod  humiliation  pré- 
sente. 

Il  n'en  était  pas  de  mên»e  de  la 
France.  Depuis  l'année  1672,  ce 
royaume  ne  sfétnit  pas  trouvé  dans 
une  situation  plus  brillante  ;  il  devait 
one  partie  de  ses  avantages  à  la  sage 
administration  du  cardinal  de  Fleuri. 
Louis  XIV  avait  placé  ce  csffdinal, 
dors  ancien  évèque  de  Fréjus,  en  qua- 
lité de  précepteur  auprès  (te  son  petit- 
fib.  Les  prêtres  sont  aussi  ambiiieux 
qae  les  autres  hommes,  et  souvent 
pins  raffinés.  Aprèa  la  mort  du  duc 
p^Ortéauft»  légent  du  royaume ,  Fleuri 
fil  eiiler  le  épo  de  Bourbeo^qui  oocti- 


pait  cette  place,  pour  la  reinplir  hû^ 
même.  Il  mettait  plus  de  prudeiH20  qu;^> 
d'activité  dcfl?  sa  manière  de  ^t>u»<H-. 
ner.  Du  lit  de  ses maitres^s,  i\  pK  ff /- 
cutait  les  jansénistes  ;  il  ne  voulait,  i^i^ 
des  évêques  orthodoxes,  et  cepoïKiaitl^. 
dans  une  grande  maladie  qu'i)  lit,  ii 
refusa  les  Siieremens  de  l'Ëgli&e^  la> 
cheheu  et  Mazarin  avaient  épuÂié-  tv 
que  la  pompe  et  le  faste  peuvent  tlonî 
ner  de  considération.  Fleuri  fit,  par 
contraste,  consister  la  grandeur  dftitf 
la  simplicité.  Ce  cardinal  ne  Jimsfk 
qu'une  asseï  mince  succession  4  s^ 
neveux,  mais  il  les  enrichit  par  d;'ijii^ 
menses  bienfaits  que  te  roi  répondit 
Hnw  AUX.  Ce  premier  ministre  pré&kaît 
les  négociations  à  la  guerre,  parce 
qu'il  était  fort  dans  les  intrigua»  et 
qu'il  ne  savait  pas  commander  les  ar- 
mées; il  affectait  d'être  pacifique,  ponr 
devenir  t'arbitre  plutôt  que  ie  vauv- 
queur  des  rois;  hardi  dans  ^(^  pro- 
jets, timide  dans  leur  exécution  ;  éctA- 
nome  des  revenus  de  l'Étal,  ^ji  doaé 
d'un  esprit  d'ordre,  qualités  qui  le  rou- 
dirent  utile  à  la  Fr&nce.  dont  les  finan- 
ces  étaient  épuisées  par  la  guerre  de 
succession  et  par  une  administr^itian 
vicieuse.  Il  négligea  Irop  le  militaire, 
et  fit  trop  de  cas  des  gens  de  Quance  ; 
4e  son  temps,  la  u^arine  était  presque 
anéantie,  et  les  troupes  de  terre  $i  fort 
négligéea^  qu'elles  ue  purent,  élever 
leurs  tente»  pendant  la  prexuière.  cam- 
pagne de  1733.  Avec  quelques  bon- 
nes parties  pour  l'administration  iulé- 
oieure,  ce  ministre  passait  en  Europe 
pour  faible  et  fourbe ,  vices  qu'il  te- 
nait de  l'Église ,  où  U  avait  été  éle<« 
vé.  Cependant  l'économie  du  oat^dlinal 
avait  procuré  au  royavme  le^  ipoyens 
de  se  libérer  d'une  partie  des  dettes 
immenses  contractées  sous  le  règfie 
de  Louis  XIV.  Il  répara  le^  dé^kOrilfes 
de  la  régence  ;  et.  à  forced^  tamgp- 


IR*' 


r 


ie 


PBtiiÉiac  a. 


riier,  la  ftance  se  rele?a  du  bouie- 
Tenement  qu'avait  causé  le  systëine 
de  Law. 
D  fallait  vingt  années  de  paix  à  cette 
j  Olonarchie  pour  respirer  après  tant  de 
calamités.  Chauvelin ,  ministre  en  se- 
cond, qui  travaillait  sous  le  cardinal,  tira 
le  royaume  de  son  inaction  ;  il  fit  ren- 
dre la  guerre  que  la  France  entreprit 
Tannée  1733,  dont  le  roi  Stanislas  était 
le  prétexte,  mais  par  laquelle  la  France 
.gagna  la  Lorraine.  Les  courtisans  de 
▼ersailles  disaient  que  Chauvelin  avait 
eacamolé  la  guerre  au  cardinal,  mais 
que  le  cardinal  lui  avait  escamoté  la 
paix.  Chauvelin,  encouragé  et  triom- 
phant de  ce  que  son  coup  d*essai  avait 
fi  bien  réussi,  se  flatta  de  pouvoir  de- 
venir le  premier  dans  l'État.  Il  fallait 
accabler  celui  qui  Tétait  ;  il  n'épargna 
point  les  calomnies  pour  noircir  ce 
prélat  dans  l'esprit  de  Louis  XV  ;  mais 
ce  prince  ,  soumis  au  cardinal  qu'il 
croyait  encore  son  précepteur,  lui  ren- 
dit compte  de  tout.  Chauvelin  fut  la 
victime  de  son  ambition.  Sa  place  fut 
donnée  par  le  cardinal  à  H.  Amelot , 
homme  sans  génie,  auquel  le  premier 
ministre  se  confiait  hardiment,  parce 
qu'il  n'avait  pas  les  talens  d'un  homme 
dangereux.  La  longue  paix  dont  la 
France  avait  joui  avait  interrompu 
dans  son  militaire  la  succession  des 
grands  généraux.  M.  de  Yillars ,  qui 
avait  commandé  la  première  campagne 
en  Italie,  était  mort.  MM.  de  Broglîe , 
de  Moailles,  de  Coigny  étaient  des 
hommes  médiocres  ;  Maillebois  ne  les 
surpassait  pas.  H.  de  Noailles  était  ac* 
cnsé  de  manquer  de  cet  instinct  belli- 
queux qui  se  confie  en  ses  propres  for- 
ces; il  trouva  un  jour  une  épée  pendue 
à  sa  porte,  avec  cette  inscription  : 
faim  homicide  ne  teras.  Les  talens  du 
maréchal  de  Saxe  n'étaient  pas  encore 
développés.  Le  maréchal  de  Belle-Isie 


était,  de  tous  les  mitilaires,  oelMi fUl 
avait  le  plus  séduit  le  public;  on  le  re- 
gardait comme  le  soutien  de  la  disd* 
pline  militaire.  Son  génie  était  vaste , 
son  esprit  brillant ,  son  (x>urage  auda* 
deux  ;  son  métier  était  sa  passion,  mais 
il  se  livrait  sans  réserve  à  son  imagina- 
tion. Il  faisait  les  projets,  son  frère  les 
rédigeait  ;  on  appelait  le  maréchal  l'i- 
magination, et  son  frère  le  bon  sens. 
Depuis  la  paix  de  Vienne,  la  France 
était  l'arbitre  de  l'Europe.  Ses  armées 
avaient  triomphé  en  Italie  comme  en 
Allemagne.  Son  ministre,  Villeneuve, 
avait  conclu  la  paix  de  Belgrade  ;  elle 
tenait  la  cour  de  Vienne,  celle  de  Ma- 
drid et  celle  de  Stockholm  dans  une  es- 
pèce de  dépendance.  Ses  forces  mili- 
taires consistaient  en  cent  quatre- 
vingts  bataillons,  chacun  de  six  cents 
hommes  ;  deux  cent  vingt-quatre  es^ 
cadrons,  à  cent  têtes;  ce  qui  fait  le 
nombre  de  cent  trente  mille  quatre 
cents  combattans,  outre  trente -six 
mille  hommes  de  milice.  Sa  marine 
était  considérable;  elle  pouvait  met- 
tre quatre-vingts  vaisseaux  de  divers 
rangs  en  mer,  y  compris  les  frégates 
et,  pour  le  service  de  cette  flotte ,  on 
comptait  jusqu'à  soixante  mille  mate- 
lots enda^.  Les  revenus  du  royaume 
montaient,  l'année  17U,  à  soixante 
millions  d'écus,  dont  on  décomptait 
dix  millions  aflbctés  au  paiement  des 
intérêts  des  dettes  de  la  couronne,  qui 
venaient  encore  de  la  guerre  de  sac- 
cession.  Le  cardinal  de  Fleuri  appelait 
les  fermiers-généraux,  qui  étaient  à  la 
tête  de  cette  recette,  les  quarante  cù^ 
lonnes  de  l'État,  parce  qu'il  envisa- 
geait la  richesse  de  ces  trattans  comme 
la  ressource  la  plus  sûre  du  royaume. 
L'espèce  d'hommes  la  plus  utile  à  la 
société,  qu'on  appelle  le  peuple,  ei  qui 
cultive  les  terres,  était  pauvre  et  obé- 
rée, aortottt  dans  les  provinces  qu'bii 


INTaODUCTlON. 


17 


appelle  de  conquête.  Ëii  revanche  le 
luxe  et  l'opulence  de  Paris  égalaient 
peut-être  la  somptuosité  de  l'ancienne 
Rome  du  temps  de  Lucullus.  On  comp- 
tait pour  plus  de  dix  millions  d'argent 
orfèvre,  dans  les  maisons  des  parti- 
culiers de  cette  capitale  immense.  Mais 
les  mœurs  étaient  dégénérés  ;  les  Fran- 
cis surtout,  habitans  de  Paris,  étaient 
devenus  des  sybarites  énervés  par  la 
volupté  et  la  mollesse.  Les  épargnes 
que  le  cardinal  avait  faites  pendant  son 
administration ,  furent  absorbées  en 
partie  par  la  guerre  de  1733,  et  en  par- 
tie par  la  disette  affreuse  de  l'année 
17V0,  qui  ruina  les  plus  florissantes 
provinces  du  royaume.  Des  maux  que 
Law  avait  faits  à  la  France,  il  était  ré- 
sulté une  espèce  de  bien ,  consistant 
dans  la  compagnie  du  Sud,  établie  au 
port  d'Orient;  mais  la  supériorité  des 
flottes  anglaises  ruinant  à  chaque 
guerre  ce  conunerce ,  que  la  marine 
guerrière  de  la  France  ne  pouvait  pas 
protéger  suffisamment,  cette  compa- 
gnie ne  put  à  la  longue  se  soutenir. 
Telle  était  la  situation  de  la  France 
Tannée  1740  :  respectée  au  dehors, 
pleine  d'abus  dans  son  intérieur,  sous 
le  gouvernement  d'un  prince  faible , 
qui  s'était  abandonné,  lui  et  son  royau- 
me, à  la  direction  du  cardinal  de 
Fleuri. 

Philippe  V,  que  Louis  XIV  avait 
placé,  en  se  ruinant,  sur  le  trône  d'Es- 
pagne, y  régnait  encore  Ce  prince 
avait  le  malheur  d'être  sujet  à  des  at- 
taques d'une  mélancolie  noire,  qui  ap- 
prochait assez  de  la  démence  ;  il  avait 
abdiqué  l'année  1726  en  faveur  de  son 
fils  Louis,  et  il  reprit  le  gouvernement 
l'année  1727,  après  la  mort  de  ce  prin- 
ce. Cette  abdication  s'était  faite  contre 
la  volonté  de  la  reine  Elisabeth  Far- 
nèse,  née  princesse  de  Parme;  ellûau- 
rait  voulu  gouverner  le  monde  en- 


tier  ;  elle  ne  pouvait  vivre  que  sur  le 
trône. 

La  reine,  pour  empêcher  le  roi  de 
prendre  désormais  des  dégoûts  pour  le 
trône,  l'y  retint  en  entreprenant  con- 
tinuellement de  nouvelles  guerres, 
soit  avec  les  Barbaresques,  soit  avec  les 
Anglais,  soit  avec  la  maison  d'Autriche. 
La  fierté  d'un  Spartiate,  l'opiniAtreté 
d'un  Anglais,  la  finesse  italienne  et  la  vi- 
vacité française ,  formaient  le  caractère 
de  cette  femme  singulière  ;  elle  mar- 
chait audacieusement  à  1  accomplisse* 
ment  de  ses  desseins  ;  rien  ne  la  sur- 
prenait, rien  ne  pouvait  l'arrêter. 

Le  cardinal  Alberoni,  si  célèbre  dans 
son  temps,  avait  un  génie  ressemblant 
à  celui  de  cette  princesse  ;  il  travailla 
long-temps  sous  elle.  La  conspiration 
du  prince  Cellamare  perdit  ce  ministre, 
et  la  reine  fut  obligée  de  l'exiler,  pour 
satisfaire  à  la  vengeance  du  duc  d'Or- 
léans, régent  de  France.  Un  Hollan» 
dais  de  nation,  nommé  Ripperda,  rem- 
plit cette  place  importante  ;  il  avait  de 
l'esprit,  cependant  ses  malversatâpnt 
furent  cause  qu'il  ne  put  se  soutenir 
long-temps.  Ces  changemens  de  minis- 
tres furent  imperceptibles  en  Espagne, 
parce  que  les  ministres  n'étaient  que 
des  instrumens  dont  la  reine  se  ser- 
vait, et  que  sa  volonté  seule  réglait  les 
affaires. 

L'année  1740  l'Espagne  sortait  de 
l»  guerre  d'Italie  qu'elle  avait  terminée 
glorieusement.  Bon  Carlos,  que  les 
Anglais  avaient  transporté  en  Toscane 
pour  succéder  à  Côme,  dernier  duc  de 
la  maison  de  Médicis;  ce  don  Cario8« 
dis-je,  était  devenu  roi  de  Naples,  el 
François  de  Lorraine  avait  reçu  cette 
Toscane  en  dédonunagement  de  la 
Lorraine,  que  la  France  avait  réunie  à 
sa  monarchie.  Ainsi  ces  mêmes  An- 
glais, qui  avaient  combattu  avec  tant 
d'achamernoot  «ontre Philippe  Y.  lU- 


ao 


FREDKRIC  11. 


Le  caractère  dur  des  Anglais  voulait 
des  tragédies  sanglantes;  ils  avaient 
perpétué  ces  combats  de  gladiateurs 
qui  sont  l'opprobre  de  rhumanité  ;  ite 
avaient  produit  le  grand  Newton  «  mais 
aucun  peintre,  aucun  sculpteur,  ni  au- 
cun bon  musicien.  Pope  florissait  en- 
core et  embellissait  la  poésie  des  idées 
mâles  que  lui  fourrvissaient  les  Sbaf- 
tesbury  et  les  Bohnbroke.  Le  docteur 
Swift,  qu'on  ne  peut  comparer  à  per- 
sonne, était  supérieur  à  ses  compatrio- 
tes pour  le  goût,  et  se  signalait  par  des 
critiques  fines  des  mœurs  et  des  usa- 
ges. La  vUle  de  Londres  l'emportait 
sur  celle  de  Paris,  en  fait  de  popula- 
tion, de  deux  cent  mille  âmes.  Les  ha- 
bitans  des  trois  royaumes  montaient  à 
près  de  huit  millions.  L'Ecosse,  encore 
pleine  de  jacobites,  gémissait  sous  le 
joug  de  l'Angleterre,  et  les  catholiques 
d'Irlande  se  plaignaient  de  l'oppression 
sous  laquelle  la  haute  Église  les  tenait 
asservis. 

A  la  suite  de  cette  puissance  se  ran- 
ge la  Hollande ,  coDune  une  chaloupe 
qui  suit  l'impulsion  d'un  vaisseau  de 
guerre  auquel  elle  est  attachée.  De- 
puis l'abolition  du  stadhouderat,  cette 
république  avait  pris  une  forme  aristo- 
cratique. Le  grand  pensionnaire,  as- 
sisté du  greffier,  propose  les  affaires  à 
l'assemblée  des  étatsngénéraux ,  don- 
ne audience  aux  ministres  étrangers 
et  en  fait  le  rapport  au  conseil.  Les 
délibérations  de  ces  assemblées  sont 
lentes  ;  le  secret  est  mal  gardé,  parce 
qu'il  faut  communiquer  les  affaires  à 
un  trop  grand  nombre  de  députés.  Les 
Hollandais,  comme  citoyens,  abhor- 
rent le  stadhouderat,  qu'ils  envisagent 
comme  un  acheminement  à  la  tyran- 
nie ;  et ,  comme  marchands ,  ils  n'ont 
de  politique  que  leur  intérêt.  Leur 
gouvernement,  par  ses  principes,  les 
rend  plus  propres  à  se  défendre  qu'à 
attaquer  leurs  voisins. 


tù'est  avec  une  surprise  mêlée  d'ad-* 
miration  que  Ton  considère  cette  ré- 
publique, établie  sur  un  terrain  maré- 
cageux et  stérile,  à  moitié  entourée  de 
l'Océan,  qui  menace  d'emporter  ses 
digues  et  de  l'inonder.  Une  populatioD 
de  deux  millions  y  jouit  des  richesses 
et  de  l'opulence  qu'elle  doit  k  son  com- 
merce et  aux  jffodiges  que  son  indus- 
trie a  opérés.  La  ville  d'Amsterdam  se 
plaignait,  à  la  vérité,  que  la  compa- 
gnie des  Indes  orientales  des  Danois 
et  celle  des  Fr&nçais,  établie  au  port 
d'Orient,  portaient  quelque  préjudice 
à  son  conunerce.  Ces  plaintes  étaient 
celles  d'envieux.  Une  calamité  plus 
réelle  affligeait  alors  la  république.  Une 
espèce  de  vers^  qui  se  trouve  dans  les 
ports  de  l'Asie,  s'était  introduite  dans 
leurs  vaisseaux  et  puis  dans  le  fasci- 
nage  qui  soutient  les  digues,  et  rongea 
les  uns  et  les  autres  ;  ce  qui  mettait  la 
Hollande  dans  la  crainte  de  voir  écrou- 
ler ses  boulevarts  à  la  première  tem- 
pête. Le  conseil  assemblé  ne  trouva 
d'autre  remède  à  cette  calamité  que 
d^ordonner  des  jours  de  jeûne  par  tout 
le  pays.  Quelque  plaisant  dit  que  le 
jour  de  jeûne  aurait  dû  être  indiqué 
pour  les  vers.  Cela  n'empêchait  pas 
que  l'État  ne  fût  très  riche  ;  il  avait  des 
dettes  qui  dataient^  encore  de  la  guerre 
de  succession,  et  qui,  au  lieu  d'affai- 
blir le  crédit  de  la  nation,  l'augmen- 
taient plutêt.Le  pensionnaire  Van  der 
Heim,  qui  gouvernait  la  Hollande,  pas- 
sait pour  un  homme  ordinab-e  :  fleg- 
matique, circonspect,  même  timide, 
mais  attaché  à  l'Angleterre  par  coutu- 
me, par  religion  et  par  la  crainte  que 
lui  inspirait  la  France. 

La  république  avait  douze  millions 
d'écus  de  revenus,  sans  compter  les 
ressources  de  son  crédit  ;  elle  pouvait 
mettre  en  mer  quarante  vaisseaux  de 
guerre  ;  eHe  entretenait  trente  mille 
hommes  de  troupes  réglées,  qui  ser- 


IHTROIIITCTJOff 

vaieiit  principalement  à  la  garde  de 
»^  barrières,  comme  cela  avait  été  dé- 
terminé par  la  paix  d'Utrecht;  mais 
son  militaire  n'était  pins,  comme  au- 
trefois, récole  des  héros.  Depuis  la 
bataille  de  Malplaquet,  où  les  Hollan- 
dais perdirent  la  fleur  de  leurs  troupes 
et  la  pépinière  de  leurs  officiers,  et  de- 
puis l'abolition  du  stadhouderat,  leurs 
troupes  s'avilirent  manque  de  disci- 
pline et  de  considération;  elles  n'a- 
vaient plus  de  généraux  capables  du 
commandement.  Une  paix  de  vingt- 
huit  années  avait  emporté  les  vieux 
officiers,  et  Ton  avait  négligé  d'en  for- 
mer de  nouveaux.  Le  jeune  prince 
d'Orange,  Guillaume  de  Nassau,  se 
flattait  qu'étant  de  la  famille  des  stad- 
houdcrs,  il  pourrait  parvenir  au  même 
emploi.  Cependant  il  n*avait  qu'un  pe- 
tit parli  dans  la  province  de  Gueldre, 
et  les  républicains  zéltrs  lui  étaient  tous 
opposés.  Son  esprit  caustique  et  sati-> 
rique  lui  avait  fait  des  ennemis,  et 
Toccasion  lui  avait  manqué  de  pouvoir 
développer  ses  talens.  Dans  cette  situa- 
tion, la  république  de  Hollande  était 
ménagée  par  ses  voisins,  peu  considé- 
rée pour  son  influence  dans  les  affaires 
générales;  elle  était  paciOque  par  prin- 
cipe et  guerrière  par  accident. 

Si  nous  portons  de  la  Hollande  nos 
regards  vers  le  nord,  nous  y  trouvons 
le  Danemarck  et  la  Suède,  royaumes  à 
peu  près  égaux  en  pm'ssance,  mais 
moins  célèbres  qu'ils  ne  l'avaient  été 
autrefois. 

Sous  le  règne  de  Frédéric  iV,  le  Da- 
nemarck avait  usurpé  le  Schleswig  sur 
la  maison  de  Uolstein  ;  sous  le  règne 
fie  Christian  VI ,  on  voulait  conquérir 
le  royaume  des  cieux.  La  reine  Made- 
leine de  Bareuth  se  servait  de  la  bigo- 
terie pour  que  ce  frein  sacré  empêchât 
son  mari  de  lui  faire  des  infidélités  ;  et 
kC  roi,  devenu. zélateur  <Hitré  de  Lu- 
ther, avait,  par  son  exemple,  entraîné 


ai 


toute  sa  cour  dans  le  fanatisme.  Un 
prince  dont  l'imagination  est  frappée 
de  la  Jérusalem  céleste  dédaigne  les 
fanges  de  la  terre  ;  les  soins  des  aflhiH 
res  sont  pris  pour  des  momens  perdus, 
les  axiomes  de  la  politique  pour  des 
c^s  de  conscience  ;  les  règles  de  TÉvan- 
gile  deviennent  son  code  militaire,  et 
les  intrigues  des  prêtres  influent  dàm 
les  délibérations  de  l'État.  Depuis  le 
pieux  Ënée ,  depuis  les  croisades  de 
saint  Louis,  nous  ne  voyous  dans  l'his- 
toire aucun  exemple  de  héros  dérots. 
Mahomet,  loin  d'être  dévot,  n'étaR 
qu'un  fourbe  qui  se  servait  de  la  rdi- 
gion  pour  établir  son  empire  et  sa  do^ 
mination.  Le  roi  entretient  trente-sli 
mille  hommes  de  troupes  réglées;  il 
achète  les  recrues  en  Allemagne  et 
vend  ces  troupes  à  la  puissance  cpii 
paie  le  mieux;  il  peut  rassembler  tren* 
te  mille  miliciens  ;  ceux  de  la  Nor- 
vège passent  pour  les  meilleurs.  Lt 
marine  danoise  est  composée  de  vingt» 
sept  vaisseaux  de  ligne  et  de  trente» 
trois  d'un  ordre  mférieur.  Cette  marine 
est  la  partie  de  l'administration  de  ee 
pays  la  plus  perfectionnée  ;  tous  le» 
connaisseurs  en  font  l'éloge.  Les  reve- 
nus du  Danemarck  ne  passent  pas  dnq 
millions  six  cent  mifle  écus.  Cette  poiSr 
sance  était  alors  aux  gages  des  Anglais, 
qui  lui  payaient  un  subside  de  cent  dn^ 
quante  mille  écus  pour  la  solde  de  sii 
mille  hommes.  Le  prince  de  CulmlNich* 
Bareuth  commandait  les  troupes  d6 
terre;  ni  lui,  ni  les  autres  généraux a« 
service  de  cette  puissance  ne  méritent 
d'artide  dans  ces  mémoires.  M.  Sdin- 
lin,  ministre  de  ce  prince,  doit  être 
rangé  dans  la  même  catégorie.  Il  résulte 
de  ce  que  nous  venons  d'exposer  que 
le  Danemarck  doit  être  compté  au  nom- 
bre des  puissances  du  second  ordre  et 
comme  un  accessoire  qui,  se  rangeant 
d'un  parti ,  peut  ajouter  un  grain  h  W 
balance  des  pouvoirs. 


FREDERIC  11. 


Si  de  là  vous  passez  en  Suède ,  vous 
De  trouverex  rien  de  comnwn  entre 
ces  deux  royaumes,  sinon  Tavidité  de 
tirer  des  subsides.  Le  gouvernement 
Miédois  est  un  mélange  d'aristoonilic, 
de  démocratie  et  du  gouvernement 
monarchique ,  entre  lesquels  les  deux 
premiers  genres  prévalent.  La  diète 
générale  des  États  se  rassemble  tous 
les  trois  ans.  On  élit  un  maréchal,  le* 
quel  a  la  plus  grande  influence  dans 
les  délibérations.  Si  les  voix  sont  par- 
tagées ,  le  roi ,  qiii  en  a  deux ,  décide 
4e  Tafiaire  ;  il  choisit ,  sur  trois  candi- 
dits  qu*on  lui  propose,  celui  qu  il  veut 
pour  remiriir  les  places  vaMnlcs.  La 
diète  élit  un  comité  secret,  composé  de 
cent  membres  tirés  des  ordres  de  la  no- 
blesse, du  clergé,  des  bourgeois  et  des 
^)  sans  ;  il  eiamine  la  conduite  que  le 
roi  et  le  sénat  ont  tenue  dans  Tiiiter- 
valle  des  diètes,  et  il  donne  au  sénat  des 
instructions  qui  embrassent  les  aflnires 
intérieures  conune  les  étrangères.  J^i 
reine  Ulrique ,  sœur  de  t'.harlcs  \II , 
avait  remis  les  rênes  du  gouvernement 
entre  les  mains  de  son  époux  Frc-diVic 
de  Hesse.  Ce  nouveau  roi  respecta 
serupuieiisement  les  droits  de  la  na- 
tion; il  considérait  sou  )X)ste  à  peu 
prèa  comme  un  vieux  lieutenant-colo- 
nel invalide  regarde  un  petit  gouver- 
nement qui  lui  procure  une  retraite 
fcoluurable.  Avant  d*épouser  In  reine 
L'iriqnet  ce  prince  perdit  la  bataille  de 
Mont-Cassei,  en  Lombardie,  pour  don- 
ner à  son  père,  qui  se  trouvait  dans 
son  armée,  le  spectacle  d*un  combat. 
Le  comte  Oxenstiern  avait  été  chance- 
lier du  royaume ,  il  fut  déplacé  par  le 
comte  de  tjillenbourg.  Ce  comte  s*était 
aliaché  les  ofliciers,  ce  qui  lui  donnait 
un  parti  considérable  en  Suède  ;  il  dési- 
rait la  guerre,  se  flattant  de  relever  sa 
nation  par  quelque  conquête.  La 
France  4éwaîi  aneore  phis  de  le  aer- 


î  vir  des  Suéiiois,  (  si)éTont  abaisser  par 
eux  la  fierté  russienne ,  «?t  venger  ain- 
si les  affronts  que  son  ambassadeur 
Monti,  fait  prisonnier  à  Dantzick,  avait 
essuyés  à  Pétersbourg  ;  dans  cette  vue 
la  l^rance  payait  à  la  Suède  un  subside 
annuel  de  trois  cx'nt  mille  écus,  qui 
ne  rengageait  ce|)endant  a  aucune 
hostilité. 

fji  Suède  n'était  plus  ce  qu'elle  avait 
été  autrefois.  Les  neuf  dernières  an- 
nées du  règne  de  Charles  XII  avaient 
été  signalées  par  dv^  ninlhours.  L'e 
royaume  avait  perdu  la  Livonie ,  un 
grand  morcc^au  de*  In  PomcTanie  et  les 
duchés  de  Brème  et  de  Verdcn.  Ce  dé- 
membrement la  privait  <le  n^veiius,  de 
soldats  et  de  grains  (jue  précédemment 
elle  n»tirait  de  ces  provinces  :  la  Livo- 
nie était  son  magasin  d'abondance. 
Quoique  la  Suède  ne  contienne  qu'en- 
viron deux  millions  d'âmes,  son  sol 
stérile  et  quantité  de  montagnes  ari- 
des, dont  elle  est  couverte,  ne  lui  fi;ui- 
nissnient  pas  même  de  quoi  nourrir 
cette  faible  {K)|)ulation  ;  la  cession  de 
la  Livonie  la  réduisit  aux  abois.  Les 
Suédois  révéraient  cependant  (quel- 
que malheur  qui  leur  fut  arrivé]  la 
mémoire  de  <]harles  Xli  ;  et,  par  une 
suite  assez  ordinaire  des  contradictions 
de  Tesprit  humain,  ils  loutragèrent 
après  sa  mort  en  punissant  tsœrtz  du 
dernicT  suppli<*e,  comme  si  le  mi- 
nistre était  coupable  des  fautes  de  son 
maître. 

Les  revenus  de  ce  royaume  mon- 
talent  environ  à  quatre  millions  d  e- 
cus  ;  il  n'entretenait  que  sept  mille 
hommes  de  troupes  réglées,  et  trente- 
trois  mille  de  milii^e  étaient  payés  d'un 
fonds  différent.  On  avait  donné,  du 
temps  de  t^harles  XL  des  terres  à  cul- 
tiver à  ce  nombre  de  paysans  qui, 
en  même  temps  militaires ,  étaient 
ebligés  de  s'aMembier  le  dimanche 


pour  faire  Fexerdoe  el  s'instnim  à 
combattre  pour  la  défense  do  pays; 
mais  lorsque  la  Suède  faisait  agir  ces 
troupes  au-delà  de  ses  frontières ,  il 
fallait  les  solder  du  trésor  public.  Ses 
ports  contenaient  yingt-qoatre  yais- 
seaui  de  Kgne  et  trente-six  frégales. 
Une  longue  paix  avait  rendu  leurs  sol- 
dats paysans  ;  leurs  meilleurs  généraux 
4Ment  morts.  L^  Bnddenbrock  et  les 
Lœwenhanpt  n^étaient  pas  oompann- 
Mes  aux  Reinsktld  ;  mais  un  instinct 
bettiquenx  anhnatt  encore  cette  na- 
tion, et  il  ne  lui  manquait  qu'un  peu 
de  discipline  et  de  bons  conducteurs. 
Cest  le  pays  de  Pharasmane ,  qui  ne 
produit  que  du  fer  et  des  soldats.  De 
toutes  tes  nations  de  l'Europe,  la  sué- 
doise est  la  plus  pauvre.  L'or  et  l'ar- 
gent (  j'en  excepte  les  subsides)  y  sont 
aussi  peu  connus  qu'à  Sparte  ;  degrui- 
des  {riaques  de  cuivre  timbrées  leur 
tiennent  Ueu  de  monnaie;  el,  pour 
éviter  l'incommodité  du  transport  de 
ces  maases  lourdes ,  on  y  avait  substi- 
tué le  papier.  L^exportation  de  ce 
royaume  se  borne  au  cuivre,  au  fer  et 
an  l>ois  ;  mais  dans  la  balance  du  com- 
merce, la  Suède  perd  annuellement 
dnq  cent  mille  écua ,  à  cause  que  ses 
kesoms  surpassent  ses  exportations.  Le 
cHmat  rigoiveux  où  eHe  est  située  lui 
interdit  toute  industrie;  sa  laine  groa- 
rière  ne  produit  que  des  draps  inrqiresà 
vêtir  le  bas  peuple.  Les  plus  beaux  édi- 
tées de  Stoddiolm ,  ei  les  meilleurs  pa- 
lais que  les  seigneurs  aient  dans  leurs 
terres,  datent  de  la  guerre  de  trente  ans. 
<M  royaume  était  effectivement  gou- 
«eihfté  par  ma  triumvirat  composé  des 
eantos  Ttnro  B)dke,  Eckeblat  et  Ao- 
'*§Êm.  Lataède  eonaervmt  encore^  sous 
lÉferme  éa  gouvernement  républicain , 
4i  leriédaseB  teaapa  monarchiques: 
«1  Médoii  86  aïof  ait  supériev  an  ct- 
mfm  4p  MMnjirtM  naiieB.  Lagéttia 


<8 

des  Gustave -Adolphe  /U  des  Char- 
les XII  avait  laissé  des  impressions  si 
profondes  dans  l'esprit  des  peuple>, 
que  ni  les  vicissitudes  de  la  fortune,  qi 
le  temps  n'avaient  pu  les  effacer,  hi 
Suède  éprouva  le  sort  de  tout  état  mo- 
narchique qui  se  change  en  républi- 
cain; elle  s'affaiblit.  L'amour  de  la 
^oire  se  changea  en  esprit  d'intrigue  ; 
le  désintéresaemeiit  en  avidité.  Le  bie^ 
puUic  fut  saeriflé  au  bien  personnel  ^ 
les  corruptions  aHèrent  au  point  que 
tantôt  le  parti  français,  tantôt  la  factiuq 
russe  l'emportait  dans  les  diètes;  mais 
personne  n'y  soutenait  le  parti  natio-r 
nal.    Avec  ces  défauts,  les  Suédois 
avaient  conservé  l'esprit  de  conquête, 
directement  opposé  à  l'esprit  républi- 
cain, qui  doit  être  padûque,  s'il  veut 
conserver  la  forme  du  gouvernement 
établi.  Ce  royaume,  tel  que  nous  ve- 
nons de  le  représenter,  ne  pouvait 
avoir  qu'une  faible  influence  dans  les 
affaire  générales  de  l'Europe;  aussi 
avait-il  perdu  beaucoup  de  sa  considé- 
ration. 

La  Suède  a  pom*  voisine  une  puis- 
sance des  phis  redoutables.  Depuis  le 
septentrion,  en  prenant  de  la  mer  gla- 
ciale jusqu'aux  bords  de  la  mer  Noire, 
et  de  la  Samogitie  jusqu'aux  frontières 
de  la  Chine,  s'étend  le  terrain  im- 
mense qui  forme  l'empire  de  Russie , 
ce  qui  produit  huit  cents  nulles  d'Allé 
magne  en  longueur  sur  trois  ou  quatre 
cents  en  largeur.  Cet  £tat,  jadis  bar- 
bare, avait  été  ignoré  en  Europe  avant 
le  czar  Jwan  Basilîde.  Pierre  P',  poui 
policer  cette  nation,  travailla  sur  elle 
comme  l'eashforie  sur  le  fer  ;  il  fut  et 
le  législaiem*  et  le  fondateur  de  ce 
vaste  empire.  11  créa  des  hommes,  des 
soldats  et  des  ministres;  il  fonda  la 
ville  de  Pétersbourg;  il  établit  une  ma* 
rine  considérable  et  parvint  à  faira 
respecter  sa  nation  et  ses  talens  singv 


Tl 


MHnHWTO  & 


Uers  à  l'Europe  entière.  Anne  Iira- 
nowna  (1),  nièce  de  Pierre  !•',  gouver- 
nait alors  ce  vaste  empire  ;  elle  avait 
succédé  a  Pierre  II,  fils  du  premier 
empereur.  Le  règne  d'Anne  fut  mar- 
qué par  une  foule  d*évèncmens  mé- 
morsî>les;  et,  par  quelcpies  grands 
hommes  dont  elle  eut  l'habileté  de  se 
servir,  ses  armes  donnèrent  un  rot  à  la 
Pologne.  Elle  envoya  au  secours  (2) 
de  Tempereur  Charles  YI  dix  mille 
Russes  au  bord  du  Rhin,  pays  où  cette 
Aation  avait  été  peu  connue.  La 
guerre  qu'elle  fit  aux  Turcs  fut  un 
cours  de  prospérités  et  de  triomphes  : 
et  lorsque  l'empereur  Charles  VI  en- 
voyait solliciter  la  paix  jusqu'au  camp 
des  Turcs,  elle  dictait  des  lois  à  l'em- 
pire ottoman.  Elle  protégea  les  scien- 
ces dans  sa  résidence;  elle  envoya 
même  des  savans  au  Kamtschatka,  pour 
trouver  une  route  plus  abrégée  qui  fa- 
vorisât le  commerce  des  Moscovites 
avec  les  Chinois.  Cette  princesse  avait 
des  qualités  qui  la  rendaient  digne  du 
rang  qu'elle  occupait;  elle  avait  de  l'é- 
lévation dans  l'Ame,  de  la  fermeté  dsis 
l'esprit  ;  libérale  dans  ses  récompenses  ; 
sévère  dans  ses  chfttimens  ;  bonne  par 
tempérament;  voluptueuse  sans  dé- 
sordre. 

Elle  avait  fait  duc  de  Courlande  Bi- 
ron ,  son  favori  et  son  ministre.  Les 
gentilshommes ,  ses  compatriotes ,  lui 
disputaient  jusqu'à  l'andenneté  de  sa 
BobleiM.  Il  était  le  seul  qui  eût  un 
ascendant  marqué  sur  l'esprit  de  l'im- 
pératrice; de  son  naturel,  vain,  gros- 
sier et  cruel,  mais  ferme  dans  les  af- 
faires ,  ne  se  refusant  point  aux  en- 
treprises les  plus  vastes.  Son  ambition 
voulait  porter  le  nom  de  sa  maîtresse 
fusqu'au  bout  du  monde;  d'ailleurs 

(i)  1710. 
(S)  1735 


aussi  avare  pour  amasser  que  prodigue 
en  ses  dépenses  ;  ayant  quelques  qua- 
lités utiles,  sans  en  avoir  de  bonnes  m 
d'agréables.  L'expérience  avait  formé, 
sous  le  règne  de  Pierre  I«',  un  homme 
fait  pour  soutenir  le  poids  du  gouver-* 
nement  sous  les  successeurs  de  ce 
prince  :  c'était  le  comte  d'Ostermann. 
Il  conduisit  en  pilote  habile,  pendant 
l'orage  des  révodutions,  le  gouvernail 
de  l'État  d'une  main  toujours  sûre,  H 
était  originaire  du  comté  de  la  Marck , 
en  Westphalie ,  d'une  extraction  obs^ 
cure;  mais  les  talens  sont  distribués 
par  la  nature  sans  égard  aux  généalo- 
gies. Ce  ministre  connaissait  la  Mo»- 
covie  comme  Veiuey  le  corps  hu- 
main ;  circonspect  ou  hardi,  sdon  que 
le  demandaient  les  circonstances,  et 
renonçant  aux  intrigues  de  la  cour 
pour  se  conserver  la  direction  des  af- 
faires. On  comptait,  outre  le  comte  Oa- 
termann,  le  comte  Lœwenwolde  et  le 
vieux  comte  Golowkin  au  nombre  des 
ministres  dont  la  Russie  pouvait  tirer 
parti.  Le  comte  de  Munich,  qui,  du 
service  de  Saxe  avait  passé  à  celai  de 
Pierre  I«%  était  à  la  tête  de  l'année 
russe  :  c'était  le  prince  Eugène  des 
Moscovites.  Il  avait  les  vertus  et  les 
vices  des  grands  généraux  :  habile,  ^ 
treprenant,  heureux,  mais  fier,  su- 
pert>e,  ambitieux,  quelquefois  tropdea- 
potique,  et  sacrifiant  la  vie  de  ses 
soldats  à  sa  réputation.  Lascy,  Reith, 
Lœwendahl  et  d'autres  habiles  géné- 
raux se  formaient  dans  son  éeole  Le 
gouvernement  entretenait  alors  dix 
mille  hommes  de  giurdes,  CMt  batail- 
lons, qui  faisaient  le  nombre  de  soixante 
mille  hommes,  i4ngt  mâle  dragons, 
deux  mille  cuirassiers,  ce  qui  montait 
au  nombre  de  quatre-^inglrdoaie  mille 
honunes  de  troupes  réglées,  tieote 
mUle  de  milice  et  aatant  de  Cosaques  « 
de  Tartans  el  de  OaknflBks  qu'on  poih 


INTRODOCTION. 


35 


Toit  assembler  ;  de  sorte  que  cette  puis- 
sance mettait,  sans  faire  d'efforts, 
cent  soixante- dix  mille  hommes  en 
campagne.  La  flotte  mssienne  était 
évalâée  alors  à  douze  vaisseaux  de  li- 
gne, vingt-six  vaisseaux  d'un  ordre  in- 
férieur et  quarante  galères.  Les  reve- 
nus de  l'empire  étaient  de  quatorze 
ou  quinze  millions  d'écus.  La  somme 
paraît  modique  en  la  comparant  à  l'é- 
tendue immense  de  ces  États;  mais 
tout  y  est  à  bon  marché.  La  denrée  la 
plus  nécessaire  aux  souverains,  les  sol- 
dats, ne  coûtent  pas  pour  leur  entre- 
tien la  moitié  de  ce  que  paient  les  au- 
tres puissances  de  l'Europe.  Le  soldat 
russe  ne  reçoit  que  huit  roubles  par 
an  et  des  vivres  qui  s'achètent  à  vil 
prix;  ces  vivres  donnent  lieu  à  ces 
équipages  énormes  qu'ils  traînent  après 
leurs  armées.  Dans  la  campagne  que 
le  maréchal  Munich  fit,  l'année  1737 
contre  les  Turcs,  on  comptait  dans  son 
armée  autant  de  chariots  que  de  com- 
battans.  Pierre  l*'  avait  formé  un  pro- 
jet que  jamais  prince  avant  lui  n'avait 
conçu.  Au  lieu  que  les  conquérans 
ne  s'occupent  qu'à  étendre  leurs  fron- 
tières, il  voulait  resserrer  les  siennes. 
La  raison  en  était  que  ses  États  étaient 
«al  peuplés  en  comparaison  de  leur 
vaste  étendue.  Il  voulait  rassembler  en- 
tre Pétersbourg,  Moscou,  Kasan  et 
rUkraine  les  douze  millions  d'habitans 
éparfrillés  dans  cet  empire,  pour  bien 
peupler  et  cultiver  cette  partie,  qui  se- 
rait devenue  d'une  défense  aisée  par 
les  déserts  qui  l'auraient  environnée 
et  séparée  des  Persans,  des  Turcs  et 
des  Tartares.  Ce  projet,  comme  beau- 
eoop  d'autres,  avorta  par  la  mort  de  ce 
grand  honune. 

le  crar  n'avait  eu  le  temps  que  d'é- 
bmdier  le  commerce.  Sous  l'impé- 
fitrioe  Anne,  là  flotte  marchande  des 
île  '^Vik  entrer  en  aucune 


comparaison  avec  cènes  des  puissances 
du  Sud.  Cependant  tout  annonce  a  cet 
empire  que  sa  population ,  ses  forces, 
ses  richesses  et  son  commerce  feront 
les  progrès  les  plus  considérables.  L'es> 
prit  de  la  nation  est  un  mélange  de  dé- 
fiance et  de  finesse  ;  paresseux ,  mais 
intéressés,  ils  ont  l'adresse  de  copier, 
mais  non  le  génie  de  l'invention  :  les 
grands  -sont  factieux  ;  les  gardes,  re- 
doutables aux  souverains  ;  le  peuple  est 
stupide,  ivrogne,  superstitieux  et  mal- 
heureux. L'état  des  choses,  tel  que 
nous  venons  de  le  rapporter,  a  sans 
doute  empêché  que  jusqu'ici  l'Acadé- 
mie des  sciences  n'ait  fait  des  élèves 
moscovites.  Depuis  les  désastres  de 
Charies  XII  et  l'établissement  d'Au- 
guste de  Saxe  en  Pologne ,  depuis  les 
victoires  du  maréchal  Munich  sur  les 
Turcs,  les  Russes  étaient  réellement 
le«  arbitres  du  Nord  ;  ils  étaient  si  re- 
doutables, que  personne  ne  pouvait 
gagner  en  les  attaquant ,  ayant  des  es- 
pèces de  déserts  à  traverser  pour  les 
atteindre,  et  il  y  avait  tout  à  perdre, 
en  se  réduisant  même  à  la  guerre  dé- 
fensive, s'ils  venaient  vous  attaquer. 
Ce  qui  leur  donne  cet  avantage,  c'est  le 
nombre  de  Tartares,  Cosaques  et  Cal- 
mouks  qu'ils  ont  dans  leurs  armées. 
Ces  hordes  vagabondes  de  pillards  et 
d'incendiaires  sont  capables  de  détruire 
par  leurs  incursions  les  provinces  les 
plus  florissantes,  sans  que  leur  armée 
même  y  mette  le  pied.  Tous  leurs  voi- 
sins, pour  éviter  ces  dévastations,  les 
ménageaient,  ei  les  Russes  envisa- 
geaient l'alliance  qu'ils  contractaient 
avec  d'autres  peuples  comme  une 
protection  qu'ils  accordaient  à  leurs 
cliens. 

L'influence  de  la  Russie  s'étendait 
phis  directement  sur  la  Pologne  que 
sur  ses  autres  voisins  :  cette  république 
fut  forcée,  a|Nrèa  la«B|ort  d'Auguste  V^, 


d'éike  Aiignale  D  pov  le  placer  sur  que  leur^  iLMi<  >*eQi^TeDt.  La  Pologne 
le  UÔDe  que  aoD  père  avak  occopé.  La  a  Uâucouf^  «le  productioiis  et  pas  asseï 
oatioo  était  pour  ëlaoîdas;  mais  les  d*hûbitâLS  pour  les  coosommer.  Ib 
troupes  rnsÊCà  firent  changer  les  vœux  n  eut  de  villes  que  Var^oTie,  Cracovie, 
de  la  natios  à  leur  gré.  Ce  royaume  Daclzick  et  Léopoid  ;  ks  autes  feraient 
eat  ^«^  une  anarchie  perpétuelle  :  les  .  de  mauveis  \  îUages  en  tout  autre  paya. 
^Bandes  faoûlies  sont  toutes  divisées  Comme  la  république  manque  entière* 
d'intérêt;  ib  piélerent  lenrs  avantages  '  meut  de  manufactures,  le  surplus  dn 
an  bien  puUic,  et  ne  se  rénni^îûcot  blé  de  la  consommation  monte  seul  à 
qn'en  nsant  de  la  même  «Inreté  pour  deux  cent  mille  winspels;  ijoutes-y  le 
opprimer  leurs  sujets,  qu'ils  traitent  bois,  la  potasse,  les  peaux,  les  bestianx 
mains  en  hommes  qn*en  bëtes  de  et  leschevaux  dont  ils  fournissent  leurs 
somme.  Les  Polonais  sont  vains;  hauts  voisins.  Tant  de  branches  d*expoiia- 
dans  la  fmtuoe,  rampans  dans  Tadver-  tion  leur  rendent  la  balance  du  com» 
site  ;  eapaUes  de  tout  pour  amasser  de  merce  avantageuse.  Les  villes  de  Brefr- 
fargent,  qu'ils  jettent  aussitôt  par  lau,  Leipzic,  Dantzick,  Francfortrsur- 
ks  fenètnes  lorsqu'ils  Tout;  frivoles,  TOder  et  Kœnigsbergleur  vendent  leurs 
sans  jugement,  toujours  disposés  à  .  marchandises,  gagnent  sur  les  denrées 
prendre  et  à  quitter  un  parti  sans  raî-  qu'ils  tirent  de  ce  royaume,  et  (ont 
son,  et  i  ae  précipiter,  par  Tinûonsé-r ,  payer  chèrement  i  ee  peuple  grossie 
quence  de  leur  conduite,  dans  les  plus  ,  le  prix  de  leur  industrie.  La  Pologne 
mauTaises  affaires  :  ib  ont  des  lois  ,  entretient  vingl-qnatre  mille  himmiea 
mab  personne  no  les  observe,  Csute  |  effectifs  de  mauvaises  troupes  ;  elle 
de  jnstioe  coërdtive.  La  cour  voit  i  peut  rassembla  dans  des  cas  jH-essana 
grossir  son  parti  lorsque  beaucoup  de  son  arrière-ban ,  connu  sous  le  nom  do 
charges  viennent  i  vaquer  :  le  roi  a  :  la  Pospolite  Bnsienîe.  Cependant  an 
le  privilège  d'an  disposer  et  de  faire  à  ,  fut  en  vain  qu'Auguste  I*'  le  convoqua 
chaque  gratification  de  nouveaux  in-  ;  contre  Charks  XII.  U  résulte  de  cet 
grats.  La  diète  s'assemble  tous  les  trob  \  exposé  qu'il  était  facile  à  la  Russie, 
ans,  soit  à  Grodno,  soit  à  Varsovie.  La  j  sous  un  gouvernement  plus  perfeci» 
eour  met  sa  politique  à  faire  tomber  ;  tiooiié ,  de  profiter  de  la  faiblesse  dgr 
l'élection  du  maréchal  de  la  diète  sur  {  ce  pays  voisin  et  de  gagner  un  ascen- 
un  sujet  qui  lui  est  dévoué.  Malgré  ses  ■  dant  supérieur  sur  un  Etat  aussi  arv 
soins,  durant  le  règne  d'Auguste  II ,  il  |  riéré.  Les  revenus  du  roi  ne  passent 
n*y  a  eu  que  la  diète  de  pacification  •  pas  un  million  d'écus.  Les  rois  saxons 
qui  ait  tenu.  Cela  ne  peut  manquer   en  employaient  la  plus  grande  par-* 


d'arriver  ainsi ,  puisqu'un  seul  député 
dans  les  aasand>lées  qm'  s*oppose  i  leurs 
délibérations,  rompt  la  diète  :  c'est  le 
vېo  des  anciens  Tribuus  de  Rome. 

Les  principales  famillos  de  la  Polo- 
gne étaient  alors  les  Czartorinsky,  les 
Potocky,  les  Tarlo,  ks  Lubomirsky. 
L'esprit  est  tomhé  en  quenouille  dans 
ee  royaume  ;  les  ièmniea  font  les  in- 
ti^iisnes,  alies  iisfsisnt  4b  ImI  tandb 


tie  en  corruption ,  dans  l'espérance  de 
perpétuer  le  gouvernement  dans  leur 
familk,  et  de  rendre  avec  k  temps 
ce  royaume  héréditaire.  Auguste  II 
était  doux  par  paresse,  prodigne  par 
vanité ,  soumis  sans  religion  i  son 
confesseur ,  et  sans  asoMNif  à  la  vo- 
lonté de  son  épouse  ;  ajoutons  sop 
penchant  aux  directioips  de  son  b^m 
k /comte  de  itaiU.  lêiim  tmà^ 


INTUODltmON.  2t 

sf?u<r  qyi»  Ton  eut  à  vaincre  pour  le  j  II  fallait  un  prince  tei  qu-Auguste  II 
placer  sur  ie  trône  de  la  Pologne,  fut  î  pour  qu'un  homme  du  genre  de  Briihl 
son  indolence.  La  reine  son  épouse  [  pût  jouer  le  rôle  de  premier  ministre, 
était  fille  de  Temporeur  Léopold  et   Les  généraux  saxons  n'étaient  pas  les 

premiers  hommes  de  guerre  qu'il  y  eût 


sœur  de  Télectrice  de  Bavière.  Le  fond 
de  son  esprit  (Hait  acariâtre  ;  la  hau- 
teur et  la  superstition  faisaient  son  ca- 
ractère :  eHe  aurait  voulu  rendre  la 
Saxe  catholique  ;  mais  ce  n'était  pas 
l'ouvrage  d'un  jour.  Le  comte  de  Briihl 
etpflenechen  étaient  les  ministres  de  la 
Saxe.  Le  premier  avait  été  page,  le  se- 
cond laquais.  Briihl  avait  été  attaché  au 
premier  roi  ;  il  fut  le  principal  instru- 
ment qui  ouvrît  le  chemin  du  trône  à  Au- 
guste II;  en  reconnaissance,  ce  prince 
Fassocia  à  la  faveur  de  Sulkovsky,  son 
favori  d'alors.  L^  concurrence  excite 
la  jalousie  ;  aussi  s'alluma-t-elle  bien- 
tôt entre  ces  deux  rivaux.  Sulkovsky 
avait  dressé  uu  projet  suivant  lequel 
Auguste  devait  s'emparer  de  la  Bohème 
après  la  mort  de  l'empereur  Charles  VI. 
QOmme  d'une  succession  qui  lui  revc- 
uajt  par  les  droits  de  son  épouse,  en 
qualité  de  flUe  de  l'empereur  Joseph , 
Vivifié  des  dQXïX  frères,  dont  par  consé- 
qi^eqt  la  fille  devait  succéder  préféra- 
blemei^t  à  celle  de  son  frère  cadet.  Le 
rp4  convueuç^t  à  goûter  ce  plan. 
Bvùiû,  pour  perdre  son  rival ,  commu- 
niqua son  projeta  I0  coqr  de  Vienne, 
qi4  traYaiUa ,  coojointemeqt  avec  lui , 
po^^  faire  «saler  l'auteur  d'un  dessein 
9U|si  opposé  ^  ses  intérêts  ;  qials  par 
oOte  (Jjépiarche,  Br^hl  fut  comme  en- 
ci^lm  au>  initérèt^  i^  la  nouvelle  mai- 
soi»  d'ÀijL^icbe.  Cfi  ijuinistre  ne  coa- 
Qi^îssait  qpe  Jks  finesses  et  les  ruses  qui 
sont  la  p(>UUqiie  des  petits  princes. 
Citait  l'bûiwie  4e  ce  siècle  qui  avait 
le  plu»  d'babitii,  4e  montres ,  de  den- 
UiÛi^^  4e  bottât  de  souliers  et  4e  pan- 
loMQes.  C^  Taur^it  riingé  daps  le 
nflioibi^.d^  (^  #  Uw  friaé^^  ai 
bien  parfumées  qu'il  ne  craignait  guère. 


en  Eîlrope.  Le  duc  de  Weissenfels 
avait  de  la  valeur,  mais  pas  assez  de 
génie.  Rutowsky,  bâtard  du  roi  Au- 
guste I",  s'était  distingué  à  l'affaire  (hi 
Timoc  ;  mais  il  était  trop  épic^rien  et 
trop  indolent  pour  le  commandement. 
La  Saxe  avait  quelques  gens  d'esprit 
que  la  jalousie  de  Briihl  éloignaient 
des  affaires  :  cette  cour  était  bien  ser- 
vie par  ses  espions  et  mal  par  ses  mi- 
nistres. £lle  était  si  fort  dépendante  de 
la  Russie,  qu'elle  n'osait  contracter 
d'engagement  sans  la  permission  de 
cette  puissance:  alors  la  Russie,  la 
cour  de  Vienne,  l'Angietcrre  et  la 
Saxe  étaient  alliées.  La  Saxe  est  une 
des  provinces  les  plus  opulentes  de 
l'Allemagne  :  elle  doit  cet  avantage  à 
la  bonté  de  son  sol  et  à  l'industrie  de 
ses  sujets,  qui  rendent  leurs  fabriques 
florissantes.  Le  souverain  en  retirait 
srx  millions  de  revenus ,  dont  on  dé- 
comptait un  million  cinq  cent  mille  écus 
employés  à  l'acquit  des  dettes  aux- 
quelles les  deux  élections  de  Pologne 
avaient  donné  lieu.  L'électeur  entre- 
tenait vingt-quatre  mille  hommes  de 
troupes  réglées,  et  le  pays  pouvait  en- 
core lui  fournir  une  milice  de  huit  mille 
honunes.  Après  l'électeur  de  Saxe, 
l'électeur  de  Bavière  est  un  des  plus 
pDJssans  princes  de  l'AUeijnagne.  Char- 
les régnait  alors.  Son  père  Maxinylien 
embrassa  le  parti  de  la  France  dans  la 
guerre  de  succession ,  et  perdit,  avec 
lu  bataille  de  Hoîcbstedt,  ses  Etats  et 
ses  enfans.  Cliarles  fut  même  élevé  à 
Vienne  dans  l^  captivité  Ce  prince, 
ep  succédant  k  son  père,  ne  trouva 
q»e  de^  gttfti^urs  ft  réparer.  Ij  éta'tf 
doux ,  bienfaisant ,   trop  facile.   Il 


« 


FREDERIC  rT. 


comte  Tœrring  était  à  la  fois  son  pre- 
mier ministre  et  son  général ,  et  peut- 
être  également  incapable  de  ces  deux 
emplois.  La  Bavière,  rapporte  cinq  mil- 
lionSf  dont  un  million  à  peu  près  sert, 
comme  en  Saxe,  pour  payer  les  vieilles 
dettes.  La  France  donnait  alors  à  Té- 
lecteur  un  subside  de  trois  cent  mille 
écus.  La  Bavière  est  te  pays  de  TAIIc- 
magne  le  plus  fertile  et  où  il  y  a  le 
moins  de  génie  :  c'est  le  paradis  ter- 
restre habité  par  des  bêtes.  Les  trou- 
pes de  rélecteur  étaient  délabrées  ;  de 
six  mille  hommes  qu'il  avait  envoyés 
en  Hongrie  au  service  de  l'empereur, 
il  n'en  était  pas  revenu  la  moitié  :  tout 
ce  que  la  Bavière  pouvait  mettre  en 
campagne  ne  passait  pas  douze  mille 
hommes.  L'électeur  de  Cologne,  frère 
de  celui  de  Bavière,  avait  mis  sur  sa 
tête  le  plus  de  mitres  qu'il  avait  pu 
s'approprier.  Il  était  électeur  de  Co- 
logne, évêque  de  Munster,  de  Pader- 
born,  d'Osnabruck,  et  de  plus,  grand- 
mattre  de  l'ordre  Teutonique  ;  il  en- 
tretenait huit  à  douze  mille  hommes, 
dont  il  trafiquait  comme  un  bouvier 
avec  ses  bestiaux.  Alors  il  s'était  vendu 
à  la  maison  d'Autriche.  L'électeur  de 
Mayence,  doyen  du  collège  électoral , 
n'a  pas  les  ressources  de  celui  de  Co- 
logne. Celui  de  Trêves  est  le  plus  mal 
partagé  de  tous.  Le  baron  d'Ëltz,  alors 
électeur  de  Maycm^,  passait  pour  bon 
citoyen,  honnête  homme  et  attaché  à 
sa  patrie.  Comme  il  était  sans  passions 
et  sans  préjugés,  il  ne  se  livrait  pas 
aveuglément  aux  caprices  de  la  cour 
de  Vienne.  L'électeur  de  Trêves  ne 
savait  que  ramper.  L'électeur  palatin 
ne  jouait  pas  un  grand  rôle  ;  il  avait 
soutenu  la  neutralité  dans  la  guerre  de 
1733,  et  son  pays  souflrit  des  désor- 
dres que  les  deux  armées  y  commi- 
rent. 11  entretient  huit  à  dix  mille 
hommes  ;  il  a  deux  forteresses,  Man- 


heim  et  Dusseldorff;  mais  il  manque 
de  soldats  pour  les  défendre.  Le  reste 
des  ducs,  des  princes  et  des  Etats  de 
l'empire  était  gouvemS  par  la  cour 
impériale  avec  un  sceptre  de  fer.  Les 
faibles  étaient  esclaves,  les  puissans 
étaient  libres.  Bans  ce  temps  le  duc  de 
Mecklenbourg  avait  un  séquestre  :  les 
commissaires  de  la  coi^r  d^  Vienne  fo- 
mentaient la  désunion  entre  le  duc  et 
ses  Etats,  et  consumaient  les  uns  et  les 
autres.  Les  petits  princes  portaient  le 
joug,  faute  de  pouvoir  le  secouer; 
leurs  ministres,  qui  étaient  gagés  et 
titrés  par  les  empereurs,  assujettis- 
saient leurs  maîtres  au  despotisme  au- 
trichien. Le  corps  germanique  est  puis- 
sant, si  vous  considérez  le  nombre  de 
rois,  d'électeurs  et  de  princes  qui  le 
composent  ;  il  est  faible,  si  vous  exa- 
minez les  intérêts  opposés  qui  le  di- 
visent. Les  diètes  de  Ratisbonne  ne 
sont  qu'une  espèce  de  fantôme  qui 
rappelle  la  mémoire  de  ce  qu'elles 
étaient  jadis.  C'est  une  assemblée  de 
publicistes  plus  attachés  aux  formes 
qu'aux  choses.  Un  ministre  qu'un  sou- 
verain envoie  à  cette  assemblée,  est 
l'équivalent  d'un  mâtin  de  basse-cour 
qui  aboie  à  la  lune.  S'il  est  question 
de  faire  la  guerre,  la  cour  impériale 
sait  confondre  habilement  sa  querelle 
particulière  avec  les  intérêts  de  Tem- 
pire,  pour  faire  servir  les  forces  ger- 
maniques d'instrument  à  ses  vues  am- 
bitieuses. Les  religions  différentes,  to- 
lérées en  Allemagne ,  n'y  causent  plus 
des  convulsions  violentes  comme  autre- 
fois. Les  partis  subsistent,  mais  le  zèle 
s'est  attiédi.  Beaucoup  de  politiques 
s'étonnent  qu'un  gouvernement  aussi 
singulier  que  celui  de  l'Allemagne  ait 
pu  subsister  si  long-temps,  et  par  un 
jugement  peu  éclairé,  ils  attribuent  sa 
durée  au  phlegme  national.  Ce  n'est 
point  cela.  Les  empereurs  étaientélec- 


INTRODUCTION. 


tifs,  et  depuis  Textinctiou  de  la  race  de 
r.harlemague  on  voit  toujours  des  prin- 
ces  d'une  famille  différente  élevés  à 
cette  dignité  ;  ils  avaient  des  querelles 
avec  leurs  voisins ,  ils  eurent  ce  fa- 
meux démêlé  avec  les  papes  touchant 
l'investiture  des  évèques  avec  la  crosse 
et  l'anneau  ;  ils  étaient  obligés  de  se 
faire  couronner  à  Rome  :  c'étaient  au- 
tant d'entraves  qui  les  empêchaient 
<rétablir  le  despotisme  dans  l'empire. 
J>*uutre  part,  les  électeurs,  quelques 
princes  et  quelques  évêques  étaient 
assez  forts  en  se  réunissant  pour  s'op- 
poser à  l'ambition  des  empereurs; 
mais  ils  ne  Tétaient  pas  assez  pour 
chaDger  la  forme  du  gouvernement. 
Depuis  que  la  couronne  impériale  se 
perpétua  dans  la  maison  d'Autriche, 
le  danger  d*un  despotisme  devint  ])lus 
api>arent.  Charles  Quint,  après  la  ba- 
taille de  Miihlberg ,  put  se  rendre  sou- 
verain; il  négligea  le  moment,  et 
lorsque  les  Ferdinand  ses  succès 
seurs  voulurent  tenter  cette  entre- 
prise, la  jalousie  des  Français  et  des 
Suédois,  qui  s'y  opposèrent,  leur  Ot 
manquer  leur  projet;  quant  aux  prin- 
4^;es  de  l'empire ,  l'équilibre  réciproque 
et  une  envie  mucuelle  les  empêchent 
de  s'agrandir. 

En  allant  au  midi  de  l'Allemagne 
versFoccident,  on  trouve  cette  répu- 
blique singulière,  annexée,  pour  ainsi 
dire,  au  corps  germanique,  en  quel- 
que manière  U'ore.  La  Suisse,  depuis 
le  temps  de  César,  avait  conservé  la  li- 
berté, à  l'exception  d'un  court  espace, 
où  la  maison  d'Hapsbourg  l'avait  sub- 
juguée. £ile  ne  porta  pas  long-temps 
ce  joug;  les  empereurs  autrichiens 
tentèrent  vainement  à  difiërentes  re- 
prises d'assujettir  ces  montagnards  bel- 
liqueux :  l'amour  de  la  liberté  et  leurs 
rochers  escarpés  les  défendent  contre 
ramlMtion  de  leurs  voisms.  Durant  la 


guerre  de  la  succession  d'Espagne,  le 
comte  de  Luc,  ambassadeur  de  France, 
y  suscita,  sous  le  prétexte  de  la  reli- 
gion, une  guerre  intestine,  pour  em- 
pêcher cette  république  de  se  mêler 
aux  troubles  de  l'Europe.  Tous  les  deux 
ans,  les  treize  cantons  tiennent  une 
diète  générale,  où  préside  alternative 
ment  un  ^hultheiss  de  fieme  ou  dn 
Zurich.  Le  canton  de  Berne  joue  dan!^ 
cette  république  ]e  rôle  de  la  ville 
d'Amsterdam  dans  la  république  de 
Hollande;  il  y  jouit  d'une  prépondé^ 
rance  décidée.  Les  deux  tiers  de  h 
Suisse  sont  de  la  religion  réformée,  le 
reste  est  catholique.  Ces  réformés,  par 
leur  rigidité,  ressemblent  aux  presbyté- 
riens de  r  Angleterre,  et  les  catholiques, 
à  ce  que  l'Espagne  produit  de  plus  fa- 
natique. La  sagesse  de  ce  gouverne- 
ment consiste  en  ce  que  les  peuples 
n'y  étant  pas  foulés,  sont  aussi  heu- 
reux que  le  comporte  leur  état,  et  que 
ne  s'écartant  jamais  des  principes  de 
la  modération,  ils  se  sont  toujours  coih 
serves  indépendans  par  leur  sagesse. 
Cette  république  peut  rassembler  sans 
effort  cent  mille  hommes  pour  sa  dé- 
fense, et  elle  a  accumulé  assez  de  ri- 
chesses pour  soudoyer  pendant  trois 
années  ce  nombre  de  troupes.  Tant 
d*arrangemens    sages   et    estimables 
semblent  avilis  par  l'usage  barbare  de 
vendre  leurs  sujets  à  qui  veut  les 
payer  :  d'où  il  résulte  que  les  Suisses 
d'un  même  canton  au  service  de  la 
France  font  la  guerre  à  leurs  proches 
au  service  de  la  Hollande  ;  mais  qu'y 
a-t-il  de  parfait  au  monde? 

Si  de  là  nous  descendons  en  Italie^ 
nous  trouvons  cet  ancien  empire  ro-» 
main  divisé'  en  autant  de  parties  qui 
l'ambition  des  princes  a  pu  la  démenh 
brer.  La  Lombardie  est  partagée  entii 
les  Vénitiens,  les  Autrichiens»  les  Sa* 
vpjards  et  les  Génois.  De  ces 


W  f  HUIBRII!  If. 

éws ,  celles  dv  fol  de  Snrdslgnc  pa-  |  ment  du  comte  de  ÎKdffebols;  ces  » 
laissent  les  plus  consMérabléis.  YMôr- 
âmédée  sortait  alors  de  le  gi^^Yre  qa'il 
trvaît  sontemie  eèirtre  hr  maison  d'An- 
triciie ,  par  IttcpieHe  il  atait  écorné  le 
doehé  de  MAan.  Ses  États  hrf  rappor- 
taient environ  ôÈiq  mHiîons  de  reve- 
BBS ,  avec  lesquels  il  eittretenait  en 
lemps  de  paii  treurte  mffl^  hommes , 
qu^il  poûraît  porter  à  ({oarante  mille 
en  temps  de  guerre.  Yictor-Amédée 
passait  en  Italie,  parmi  les  connais- 
seors,  pour  nn  prînoe  verse  dans  la 
pofitiqne  et  bien  éclairé  sur  ses  inté- 
rêts. Son  ministre,  le  marqtiis  d'Or- 
mée,  avait  la  réputation  de  n'avoir 
pas  mal  profité  h  l'école  de  Machiavel. 
La  politique  de  cet  État  consistait  à 
tenir  la  balance  entre  la  maison  d'Au- 
triche et  les  deux  branfches  de  la  mai- 
son de  Bourbon,  afin  de  se  ménager, 
par  cet  équilibre,  les  moyens  d'éten- 
dre et  d'augmenter  ses  possessions. 
Gharies-fimmanuel  av^rit  souveAt  dit  : 
c  Mon  fils,  le  MHanals  est  comme  un 
»  artichaut,  il  faut  le  manger  feuille 
»  par  feuille,  n  t)atis  Ce  temps,  le  roi 
de  Sardisigne,  rmfisposé'  contre  les 
Bourbons  au  s<rj^  de  là  pafx  de  1737, 
que  le  cardinal  de  Fleuri  avait  conclue 
à  son  însQ,  pefrchait  pour  la  maison 
d'Antricfae. 

Le  reste  de  la  Lombardie  était  par- 
tagé eomme  nous  Tavotis  dit .  L'empe- 
reur 7  possédait  le  Milanais ,  le  Man- 
louan,  le  Plaisatotin,  ef  on  avait  établi 
en>  Toscane  son  gendre  le  duc  de  Lor- 
raine. La  répHbliqut;  âc  Gènes ,  située 
à  l'occident  de  la  Savoie ,  était  encore 
fameuse  par  sa  banque,  par  un  reste 
de  commerce  et  par  ses  beaux  palais 
de  marbre.  La  Cors>^  s'était  rêvoff^e 
centime  elle.  La  première  rébellion  fui! 
apaisée  par  les  troupes  (pïc  Tempereur 
y  éaftfY^  rànnée  17%;  la  secoùde, 
po^  Ito  FMi^a  soini  lé  cottkiUftitife- 


eours  étrangers  étouflgfent  te  feu  pour 
un  temps,  sans  pouvoir  f  étef  Adrè  toût- 
à-fait. 

yeirfsé ,  située  du  cMé  de  Torfent , 
est  frfus  considérable  que  Gènes.  Cette 
stf^erbe  cité  s'élève  âur  soiiante-doute 
lies ,  qtii  contiennent  deul  cefrt  mille 
habitans;  elle  est  gouvernée  par  ut 
conseil ,  à  la  tète  duquel  est  un  doge 
soumis  à  la  ridicule  cérémonie  de  se 
marier  tous  les  ans  avec  fa  mer  Adria- 
tique. Au  dix-septième  siècle ,  la  ré- 
publique perdit  l'île  de  Candie  ;  et , 
alliée  des  Autrichiens  au  dix-huitième 
siècle,  lorsque  le  grand  Eugène  con- 
quit Belgrade  et  Témeswar ,  elle  per- 
dit la  Morée.  Venise  a  des  vaisseaux, 
sans  qu'ils  soient  assez  nombreux  pour 
former  une  flotte.  Elle  entretient 
quinze  mille  hommes  de  tfoupes  de 
terre;  le  général  qui  les  commande 
est  ce  même  Schulenbourg  qui ,  dans 
la  guerre  de  Pologne,  échappa  par  son 
habileté  à  Charles  Xît  à  la  bataille  de 
Franstadt,  et  fit  cette  belle  retraite 
en  âilésie ,  au  passage  de  la  Bartsch. 

Les  TénîUens  et  les  Génois,  avant 
la  découverte  de  la  boussole ,  foumis- 
saietit  l'AHemagne  de  foutes  les  mar- 
chandises que  le  luxe  fait  ramasser  aux 
extrémités  de  l'Asie;  de  nos  temps, 
ce  sont  les  Anglais  et  tes  Hollandais 
qui,  leur  ayant  enlevé  ce  négoce,  s'en 
sont  attribué  les  avantages. 

La  guerre  de  1733  avaiï  fait  passer 
don  Carlos  de  toscane  sur  te  trâne  de 
Naples.  Ce  royaume  avait  été  conquis 
sur  Louis  XIÏ  par  Gonsalve  de  Cor- 
doue ,  surnommé  (e  grand  capitaine , 
pour  Ferdinand-le-Catholique.  La  mort 
de  Cfiaries  lt,  roi  d'Espagne,  le  fit  pas- 
ser, durant  la  guerre  de  succession, 
sous  la  domination  autrichienne,  et 
<furant  la  guerre  de  1733,  le  succès  de 
f  aflfaire  de  Bîfonto  le  remit  de  nouveau 


INTHMUC^I'ION .  31 

foos  les  lois  de  don  Carlos.  Ce  prince ,  l  dans  les  affiiîfo?  fWfWf fqiiê<.  La  f enaiV 
trop  jeune  pour  gouverner,  était  dirigé  |  sauce  des  lettreî^  et  h  réforme  avaient 


par  le  comte  de  Saint-£stevaa,  qui  ne 
faisait  qu'exécuter  dans  ce  royaume 
les  ordres  de  la  reine  d'Espagne.  Le 
royaume  de  Naples,  y  compris  la  Si- 
cile, rapportait  environ  quatre  millions 
à  son  souverain  ;  l'État  n'entretenait 
que  douze  noâlle  homme« 

Nous  ne  faisons  poîr>t  ratention  dans 
ce  résumé,  ni  du  duc  de  Modène ,  ni 
de  la  république  de  Lucques,  ni  de 
celle  de  Raguse  :  ce  sont  des  miniatu- 
res déplacées  dans  une  grande  galerie 
de  tableaux. 

Le  ^int^iégef  venait  alors  de  va- 
quer par  la  mort  de  Clément  XII,  de 
la  maison    de  Corstnî;   le   conclave 
dura  un  an.  Le  Saint-Esprit  denieura 
incertain  jusqu'au  jour  que  les  factions 
des  couronnes  purent  s*accommoder. 
Le  c^dinal  Lanbertini,  ennuyé  de  ces 
longueurs,  dit  aux  autres  cardinaux  : 
«  Décidez-vous  enfin  sur  le  choix  d'un 
»  pape.  Voulez-vous  un  dévot?  prenez 
»  Aldobraudi  ;  voulez- vous  un  savant? 
»  prenez  Coscia  ;  ou  si   vous  voulez 
»  un  bouffon,  me  voici.  »  Le  Saint- 
Esprit  choisit  celui  qui  était  de  sï  belle 
humeur.  Land^ertini  fut  éhi  pape  et 
prit  le  nom  de  BenoH  XÏV.  A  son  avè- 
nement au  pontiGcat,  Rome  et  tes  pa 
pes  no  gouvernaient  plus  le  monde 
comme  autrefois;  les  empereurs  ne 
servaient  plus  de  marchepied  aux  pon- 
tifes, et  n'allaient  phis  s'avilir  à  Rome 
comnae  les  Frédéric  Rarberousse  ;  Char- 
les-Quint leur  avait  fait  sentir  sa  puis- 
sance, et  l'empereur  Joseph  ne  les 
trtt4a  pas  plus  doaceAient,  lorsque, 
durant  la  guerre  de  succession,  il  s'em- 
para de  Coraachio.  Le  pape  n'étaît,  en 
Tannée  17W^,  qtue  îe  premier  évoque 
de  la  chrétienté;  il  avait  le  départe- 
ment de  la  foi,  qu'on  lui  abandonnait; 
mais  il  ninfluait  plus  comm€i  autrefois 


porté  un  coup  mortel  à  la  suporstîfion. 
On  canonisait  quefqnefois  des  saints , 
pour  ifetk  pas  perdre  l'usage  ;  mais  un 
pape  qui  aurait  voulu  prêcher  des  croi- 
sades dans  le  dix-huitième  siè(!le,  n'eût 
pas  attroupé  vingt  polissons.  Il  était  ré- 
duit à  l'humiliant  emploi  d'exercer  les 
fonctions  de  son  sacerdoce  et  de  faire 
en  hftte  la  fortune  de  ses  neveux.  Tout 
ce  que  le  pape  put  faire  pour  l'empe- 
reur, engagé  dans  la  guerre  des  Turcs, 
l'année  1737,  fut  de  l'autoriser  par  i>os 
brefs  à  lever  des  dîmes  sur  les  biens 
ecclésiastiques,  et  à  faire  planter  des 
croix  de  mission  dans  toutes  les  villes 
de  sa  dépendance,  on  le  peuple  courait 
en  foule  vomir  de  saintes  imprécations 
j  contre  les  Turcs.  L'empire  ottoman  ne 
s'en  ressentit  pas  ;  s'il  avait  été  battu 
par  les  Russes,  il  fut  partout  victorieux 
des  Autrichiens. 

Ronneval,  ce  fameux  aventurier, 
se  trouvait  alors  à  Constantinople;  du 
service  de  France  il  avait  passé  à  celui 
de  l'empereur,  qu'il  quitta  par  légèreté 
pour  se  faire  Turc.  Tl  n'était  pas  dé- 
pourvu de  talens  ;  il  proposa  au  grand- 
visir  de  former  l'artillerie  sur  le  pied 
européen,  de  discipliner  les  janissaires, 
et  d'introduire  de  Tordre  dans  cette 
multitude  innombrable  de  troupes  qui 
ne  combat  qu'en  confusion.  Ce  projet 
pouvait  devenir  dangereux  pour  les 
voisins;  mais  il  fut  rejeté  comme  con- 
traire à  FAlcoran,  dans  lequel  Maho-* 
met  recommande  surtout  de  ne  jamais 
toucher  aux  anciennes  coutumes.  La 
nation  turque  a  naturellement  de  l'es*- 
prit;  c'est  F  ignorance  qui  l'abrutit. 
Elle  est  brave  sans  art  ;  elle  ne  con- 
naît rien  à  ta  police,  sa  politique  est 
encore  plus  pitoyable.  Le  dogme  de  la 
fatalité ,  qui  chez  elle  a  beaucoup  de 
créaTice,  fait  qu'ils  rejettent  la  cause 


32  PAiuteic  n. 

de  tous  leurs  malheurs  sur  Dieu ,  et  |  veut,  et  qu'il  n*y  a  qu'à  y  dianger  le 

nom  des  acteurs;  mais  suivre  la  dé- 
couverte de  vârités  Jusque  là  incon- 
nues, saisir  les  causes  qui  ont  produit 
le  changement  dans  les  mœurs  et  ce 
qui  a  donné  lieu  à  dissiper  les  ténèbres 
de  la  barbarie,  qui  empêchaient  d'é- 
clairer les  esprits,  ce  sont  certaine- 
ment là  des  sujets  dignes  d'occuper 
tous  les  êtres  pensans.  Commençons 
par  la  physique.  Il  y  a  à  peine  cent 
ans  qu'elle  est  bien  connue.  Descartes 
publia  ses  principes  de  physique  l'an- 
née 1644..  Newton  vin»  ^suite  et  ex- 
pliqua les  lois  du  mouvement  (1]  et 
de  la  gravitation  ;  il  exposa  la  méca- 
nique de  l'univers  avec  une  précision 
étonnante.  Long-temps  après  lui,  des 
philosophes  (S)  ont  été  sur  les  lieux  et 
ont  vérifié ,  tant  en  Laponie  que  sous 
réquateur,  les  vérités  que  ce  grand 
honune  avait  devinées  sans  sortir  de  son 
cabinet.  Depuis  ce  temps,  nous  savons 
avec  certitude  que  la  terre  est  aplatie 
vers  ses  pôles.  Newton  fit  plus  :  à  l'aide 
de  ses  prismes  (3),  il  décomposa  les 
rayons  de  la  lumière  et  y  trouva  les  cou- 
leurs primitives.  Toricelli  pesa  l'air  (&], 
et  trouva  l'équilibre  de  la  colonne  de  l'at- 
mosphère et  de  la  colonne  du  mercure  ; 
on  lui  doit  encore  l'invention  des  ba- 
romètres. La  pompe  pneumatique  (5) 
fut  inventée  à  Magdebourg  par  Otton 
Guericke  ;  il  s'aperçut,  à  l'occasion  de 
la  friction  de  l'ambre ,  d'une  nouvelle 
propriété  de  la  nature,  celle  de  l'élec- 
tricité. Dufay  (6)  fit,  à  Toccasion  de 
cette  découverte ,  des  expériences  qui 
démontrèrent  que  la  nature  recèle  des 
secrets  inépuisables.  Il  paraît  très  pro- 

^1)  En  1687. 

(2)  La  Gondamine  el  MMipefftMJs.    * 

(3)  En  1704. 

(4)  En  1704. 

(5)  En  1648. 
^6)  En  1738. 


qu'ils  ne  se  corrigent  jamais  de  leurs 
fautes.  La  ville  de  Constantinople  con- 
tient deux  millions  d'habitans.  La 
puissance  de  cet  empire  vient  de  sa 
grande  étendue  ;  cependant  il  ne  sub- 
sisterait plus,  si  ce  n'était  la  jalousie 
des  princes  de  l'Europe  qui  le  soutient. 
Le  padichach  Mahomet  Y  régnait  alors. 
Une  révolution  l'avait  tiré  des  prisons 
du  sérail  pour  le  placer  sur  le  trône. 
La  nature  l'avait  rendu  aussi  impuis- 
s{int  que  ses  eunuques  ;  ce  ftat,  pour 
les  beautés  du  sérail,  le  règne  le  plus 
malheureux.  Le  voisin  le  plus  redou- 
table des  Turcs  était  le  schah  Nadir, 
connu  sous  le  nom  de  Tharoas-Couli- 
kan.  Ce  fut  lui  qui  asservit  la  Perse  et 
subjugua  le  Mogol  ;  il  occupa  souvent 
la  Porte,  et  servit  de  contre-poids  ans 
guerres  qu'elle  aurait  peut-être  entre- 
prises contre  les  puissances  chrétien- 
nes. 

Voilà  le  précis  de  ce  qu'étaient  les 
forces  et  les  intérêts  des  cours  de  l'Eu- 
rope vers  Tannée  1740.  Ce  tableau 
était  nécessaire  pour  répandre  de  la 
clarté  sur  les  mémoires  suivans  ;  il  ne 
nous  reste  qu'à  rendre  compte  des 
progrès  de  l'esprit  humain,  tant  pour 
la  philosophie  que  pour  les  sciences, 
les  beaux-arts,  la  guerre  et  ce  qui  re- 
garde directement  f;ertaines  coutumes 
établies.  Les  progrès  de  la  philosophie, 
de  l'économie  politique,  de  l'art  de  la 
guerre,  du  goût  et  des  mœurs,  est 
sans  doute  une  matière  à  réflexion 
plus  intéressante  que  de  se  rappeler 
1rs  caractères  d'imbéciles  revêtus  de  la 
pourpre ,  de  charlatans  couverts  de  la 
tinre,  et  de  ces  rois  subalternes  appe- 
lle ministres ,  dont  bien  peu  méritent 
d'être  signalés  dans  les  annales  de  la 
postérité.  Quiconque  veut  lire  l'his- 
toire avec  application,  s'apercevra  que 
les  mêmes  scènes  se  reproduisent  sou- 


l!<TilOWTCnO!f. 


ss 


table  q«e  oe  De  sera  qa*à  forc^  de  mul- 
tiplier les  expériences  de  réiectricité 
qu'on  parriendra  à  en  tirer  des  con- 
naissances utiles  à  la  société.  M.  £1- 
\ert  (1),  en  mêlant  deux  liqueurs  d'une 
Dlancheur  transparente,  a  produit  une 
eau  colorée  en  bleu  foncé;  le  même  a 
fait  des  expériences  sur  la  transforma- 
tion des  métaux  et  sur  les  parties  soli  - 
dese t  nitreuses  des  eaux.  liberkiihn  (3) , 
par  le  moyen  d'injections,  a  rendu  pal- 
pables les  ramifications  les  plus  fines 
des  fibren  et  des  veines,  dont  la  tissure 
déliée  sert  de  canal  à  la  circulation  du 
sang  humain  ;  c'est  le  géographe  des 
corps  organisés.  Boerhaave  (3)  aorès 
Ruysh,  découvrit  la  liqueur  volatile 
qui  drenle  dans  les  nerfs  et  qui  s'éva- 
pore aiNTès  la  m<Hrt  des  hommes  ;  on  ne 
s'en  était  jamais  douté.  Sans  doute  que 
cette  liqueur  sert  de  courrier  à  la  vo- 
lOnlé  de  rhoDunOt  pour  lui  faire  mou- 
voir les  membres  à  l'égal  de  la  vitesse 
de  la  pensée.  HartsoBcker  (k)  trouva 
dans  le  qierme  humain  des  animaux 
qui  peut-être  servent  de  germe  à  la 
INTopagation.  Lœwenhceek  et  Trem- 
bley  (5)  prouvèrent ,  par  leurs  expé« 
riences  sur  le  polype,  que  cet  étrange 
animal  se  multiplie  en  autant  de  piè- 
ces qu'on  le  coupe.  La  curiosMé  des 
honmies  les  a  poussés  à  des  recher- 
ches immenses  ;  ib  ont  fieJt  des  efforts 
étonnans  pour  découvrir  les  premiers 
principes  de  la  nature,  mais  vaine- 
ment; ils  sont  placés  entre  deux  infi- 
ni, et  il  parait  démontré  que  l'auteur 
des  choses  s'en  est  réservé  à  lui  seul  le 
secret. 

La  physique  perfectionnée  porta  le 
flambeau  de  la  vérité  dans  les  ténèbres 

(1)  En  1746. 

(2)  En  1743. 

(3)  En  1707. 

(4)  En  107B. 

(5)  En  1678  et  1706 

V, 


de  ta  métaphysique.  Il  parut  un  sage 
en  Angleterre ,  qui ,  se  dépouillant  de 
tout  préjugé,  ne  se  guida  que  par  l'ex- 
périence. Locke  fit  tomber  le  bandeau 
de  l'erreur  que  le  sceptique  Bayle, 
son  précurseur,  avait  déjà  détaché  en 
partie.  Les  Fontenelle  et  les  Voltaire 
parurent  ensuite  en  France,  le  célèbre 
Thomasius  (1)  en  Allemagne,  les  Hob- 
bes,  les  Colin,  les  Shaftesbury ,  les  Bo* 
linbroke  en  Angleterre.  Ces  grands 
hommes  et  leurs  disciples  portèrent  un 
coup  m(Mrtel  à  la  religion.  Les  hommes 
commencèrent  à  examiner  ce  qu'As 
avaient  stupidement  adoré.  La  raison 
terrassa  la  superstition;  on  prit  du  dé- 
goût pour  les  fables  qu'on  avait  crues , 
et  l'on  eut  horreur  des  blasphèmes 
auxquels  on  avait  été  pieusement  atta^ 
ché.  Le  déisme,  ce  culte  simple  de 
l'Etre  suprême,  fit  nombre  de  secta- 
teurs. Avec  cette  religion  raisonnable 
s'établit  la  tolérance,  et  l'on  ne  fut  plus 
ennemi  pour  avoir  une  façon  différente 
de  penser.  S:  l'épicuréisme  devint  fii^  ' 
neste  au  culie  idolAtire  des  païens,  le 
déisme  ne  le  fut  pas  moins  de  nos 
jours  aux  visions  judaïques  adoptées 
par  nos  ancêtres.  La  liberté  de  penser 
dont  jouit  l'Angleterre  avait  beaucoup 
contribué  aux  progrès  de  la  philoso- 
phie, n  n'en  était  pas  de  même  des 
Français  :  les  ouvrages  de  leurs  philo- 
sophes se  ressentaient  de  la  contrainte 
qu'y  mettaient  les  censeurs  théologi- 
ques. Un  Anglais  pense  tout  haut ,  un 
Français  ose  à  peine  laisser  soupçon- 
ner ses  idées.  En  revanche,  les  auteurs 
français  se  dédommageaient  de  la  har- 
diesse qui  était  interdite  à  leurs  ou- 
vrages, en  traitant  supérieurement  les 
matières  de  goût  et  tout  ce  qui  est  du 
ressort  des  belles-lettres  ;  égalant  par  ^ 
la  politesse ,  les  grâces  et  la  légèreté    ^ 

(l}ÀH«lle. 


3& 


FRÉDÉRIC  II. 


tout  ce  que  le  temps  nous  a  ,  on^Livé 
de  plus  précieux  dc^s  î'»critj  de  Taiili- 
quité.  Un  homme  sans  passion  préfiV 
rera  la  Henridde  au  poème  d*IIomère. 
Heiu*!  IV  n*cst  point  un  héros  fabu- 
leux ;  Gabrielle  d'Esirées  vaut  bien  la 
princesse  Nnusica.  Vllicde  nous  peint 
Içs  mœurs  des  Canadiens  ;  Voltaire  fait 
de  vrais  héros  de  ses  personnages,  et 
son  poème  serait  parfait,  s'il  avait  su 
intéresser  davantage  pour  Henri  ÏV, 
en  rexposant  à  de  plus  grands  dan- 
gers. Boileau  peut  se  comparer  avec 
Juvénal  et  Horace;  Racine  surpasse 
ses  émules  de  Tantiquité;  Chaulieu, 
tout  incorrect  qu'il  est,  l'emporte  sû- 
rement de  beaucoup,  dans  quelques 
morceaux,  sur  Anacréon;  Rousseau 
excella  dans  quelques  odes  ;  et,  si  nous 
voulons  être  équitables,  il  faut  conve- 
nir qu'en  fait  de  méthode,  les  Français 
remportent  sur  les  Grecs  et  sur  hs  Ro- 
mains. L'éloquence  de  Dossuet  appro- 
che de  celle  de  Démosthène  ;  Fléchipr 
peut  passer  pour  le  Cicéron  de  la  Fran- 
ce, -nns  compter  les  Patru,  les  Cochia 
et  i'Mii  d'autres  qui  se  sont  rendus  ce* 
lèbr^'^s  dans  le  barreau.  La  Pluralité  de* 
y  ulcs  et  les  Lettres  persannes  sont 
d'!!ri  genre  inconnu  à  Tantiquité  ;  ces 
é(  î's  passeront  à  la  postérité  la  plus 
reculée.  Si  les  Français  n'ont  aucun 
autour  à  opposer  à  Thucydide,  ils  ont 
le  Dixeovrs  de  Bossuet  sur  IHUtoift 
urivemelle  :  ils  ont  les  ouvrages  djii  sage 
président  de  Thou ,  les  Révolutions  n»- 
.1  aines  par  Vertot,  ouvrage  classique, 
la  Décf'denre  de  t  Entpire  romain  de 
Montesquieu,  enfm  tant  d'autres  mor- 
ceaux, ou  d*histoire,  ou  de  belles-let* 
très,  ou  de  commerce,  ou  d*agrément, 
qu*il  serait  trop  long  d'en  faire  ici  le 
cafalogue.  On  sera  peut-être  surpris 
qu*^  les  lettres,  qui  fleurirent  en  Fran- 
r-.\  on  Angleterre,  en  Italie,  n*aiout 
MUS  brillé  avec  autant  d*éclat  en  Aile- 


magne.  La  raisonren  est  q[ii'«fi  ffaHt 

elles  avaient  été  i  rapportées  uRe  se- 
condes fois  de  la  Grèce,  après  y  avoir 
joui,  sur  la  fin  de  la  république  et 
des  premiers  empereurs,  de  toute  la 
considération  qu'elles  méritent.  I^ 
terrain  était  préparé  pour  les  rece^ 
voir,  et  la  protection  des  Médicis, 
surtout  celle  de  Léon  X ,  contribqa 
beaucoup  à  leurs  progrès.  Les  lettrés 
s'çtendirent  facilement  en  Angleterre, 
parce  que  la  forme  du  gouvernement 
autorise  les  membres  des  Chambres  à 
haranguer  dans  le  pariement.  L'esprit 
de  parti  les  animait  même  à  étodier, 
afin  qu'employant  dans  leurs  discours 
les  secours  de  la  rhétorique,  sorteat 
de  la  dialectique,  ils  se  procurassent 
un  ascendant  sur  le  parti  qui  leur  était 
opposé.  De  là  vient  que  les  Anglais 
possèdent  presque  tous  les  auteun 
classiques,  qu'ite  sont  versés  dans  le 
grec  et  dans  le  latin ,  ainsi  que  dans 
l'histoire  ancienne.  Le  caractère  de 
leur  esprit  sombre,  taciturne,  opiniâ- 
tre, les  a  fait  réussir  dans  la  géométrie 
transcendante.  Les  Français,  du  temps 
de  François  I",  avaient  attiré  quelques 
savans  à  la  cour;  ceux-là  avaient  « 
pour  ainsi  dire ,  répandu  les  germes 
des  connaissances  dans  ce  royaume; 
mais  les  guerres  de  religion  qui  suivi- 
rent, étouffèrent  cette  semooee,  com- 
me une  gelée  tardive  retarde  les  pro- 
ductions de  la  terre.  Cette  crise  dura 
jusqu  u  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII, 
où  le  Giirdinal  de  Kichpiien,  ensuite 

w 

Mazarin ,  et  surtout  Louis  XIV,  doil<^ 
nèrent  une  protection  éclatante  aux 
sci(^nces  comme  aux  beaux-arts.  Les 
Français  étaient  jaloux  des  Espagnob 
et  des  Italiens,  qui  les  devançaient  dans 
cette  carrière,  et  la  nature  fit  naître 
chez  eux  de  ces  génies  heureux  qui 
bientôt  surpassèrent  leurs  émules.  C'est 
surtout  par  la  méthode  et  par  un  goAt 


tlffT90WÇTlO5.  K 

plus  raffiné  quf^  Iqs  auteurs  fraoçaii)  se    langue  lisi  d*ètre  trop  verbeme  ;  il  faut 
Ol^lin^ent.  Ce  (^ui  regarda  le  progrès   la  resserrer,  et  en  adoucissant  quelques 


4es  Qrts  en  Allemagne,  ce  furent  les 
guerres  qui  se  suivirent  depuis  Charles- 
Quint  jusqu'à  celle  de  la  succession 
d*flspagne.  Les  pci^ples  étaient  roal- 
liieureux  et  les  princes  pauvres  :  il  fal- 
lut penser  prepiièrenient  à  s'assiirer 
les  alimens  indispensables,  en  remet- 
tant les  terres  en  culture  ;  il  fallait  éta- 
blir les  manufactures  selon  que  les  pre- 
mières productions  les  indiquaient.  Et 
ces  soins  presque  généraux  empêchè- 
rent que  la  nation  pût  se  tirer  des  res- 
tes de  la  barbarie  dont  elle  se  ressen- 
tait encore  ;  ajoutez  qu'en  Allemagne 
les  arts  manquaient  d*un  point  de  ral- 
liement, comme  étaient  Rome  et  Flo- 
rence en  Italie,  Paris  en  France,  et 
Londres  en  Angleterre.  Les  universi- 
tés avaient,  à  la  vérité,  des  professeurs 
érudits,  pédans  et  toujours  dogmati- 
ques; personne  ne  les  fréquentait  à 
cause  de  leur  rusticité.  Il  n*y  eut  que 
deux  hommes  qui  ae  distinguèrent  par 
leur  génie  et  qui  firent  honneur  à  la 
pation  ;  Tun ,  c'est  le  grand  Leibniti, 
et  Tautre,  le  docte  Thoma&ius.  Je  ne 
fais  point  mcntiop  de  WoUT,  qui  ru- 
minail  le  système  de  Leibnitz,  et  rab^ 
rhnlt  longuement  ce  que  lautre  avait 
écrit  avec  feu.  La  plupart  des  savans 
allemands  étaient  des  manœuvres,  les 
Français  des  artistes.  Cela  fut  (^luse 
que  les  ouvrages  français  s.e  répandi- 
rent sî  universellement,  que  leur  lan- 
^e  remplaça  celle  des  Latins,  et  qu'à 
présont,  quiconque  sait  le  français, 
peut  voyager  par  toute  l'Europe  sans 
avoir  besoin  d'un  interprète.  L'usage 
de  cette  langue  étrangère  fit  encore  du 
tort  à  la  langue  nationale,  qui,  ne  res- 
tant que  dans  la  bouche  du  peuple,  n^ 
prouvait  acquérir  ce  ton  de  politesse 
qu'elle  ne  gagne  que  dans  la  bonne 
compagnie.  Le  ^)rin<MpaI  dçfaut4e  l/^. 


mots  dont  la  prononciation  est  dure, 
on  parviendrait  à  la  rendre  sonore.  La 
noblesse  n'étudiait  que  le  droit  public  ; 
mais  sans  goût  pour  la  belle  littéra- 
ture, elle  remportait  des  universités  le 
dégoût  de  la  pédanterie  et  de  ses  insti- 
tuteurs. Des  candidats  ou  théoiogiens , 
fils  de  cordonniers  et  de  tailleurs, 
étaient  les  Mentors  de  ces  Téléma- 
ques.  Qu'on  juge  do  l'éducation  qu'ils 
étaient  capables  de  donner.  Les  Alle- 
mands avaient  des  spectacles,  mais 
grossiers  et  môme  indécens  :  des  bouf- 
fons orduriers  y  représentaient  des 
pièces  sans  génie  qui  faisaient  rougir 
la  pudeur.  Notre  stérilité  nous  obligea 
d'avoir  recours  à  l'abondance  des  Fran- 
çais, et  dans  la  plupart  des  cours  on 
voyait  des  troupes  de  cette  nation  y 
représenter  les  (iiefs-d'œuvre  des  Mo- 
lière et  des  Racine.  Mais  qu'est-ce  qui 
mérite  plus  l'attention  d'un  philosophe, 
que  l'avilissement  où  est  tombé  ce  peu- 
ple roi ,  cette  nation  roattresse  de  l'u- 
nivers, en  un  mot,  les  Romains?  Dans 
les  mêmes  lieux  où  des  consuls  me- 
naient en  triomphe  des  rois  captifs  du 
temps  de  la  république ,  de  nos  tempi 
les  successeurs  des  Caton  et  des  Emile 
se  dégradent  de  la  virilité  pour  aspirer^ 
l'honneur  de  chanter  sur  les  thùàtret 
des  souve^ins,  qui  du  temps  de  âdpîofi 
étaient  regardés  avec  autant  de  mépriii 
que  nous  eu  inspirent  les  Iroquoi». 
0 temporal  o  mor«#/Les  opéras,  les  tra- 
gédies et  les  comédies  étaient  incon- 
nus en  Allemagne  il  y  a  soixante  ans. 
L'an  17U),  l'industrie  et  le  commerc* 
pltis  raffinés  avaient  rendu  l'Allema- 
gne partie  copartageante  des  trésoie 
que  les  Indes  versent  annuellement 
en  Europe  :  ces  sources  de  l'opulence 
avaient  anieoi&  avec  elles  les  plaisira, 
l'aisapce,  ist  peotrétre  les  déioidres 


PfttoftMC  II. 

gle  :  il  était  trop  zélé  «rotateur  des  for- 
milles  de  l'étiquette  de  Bourgogne  poor 
les  abolir  ;  il  avait  même  dans  sa  der- 
nière maladie,  peu  de  momens  avant 
sa  fin ,  ordonné  les  messes  et  les  hen- 
res  pour  Tappareil  de  sa  pompe  funè- 
bre, et  nommé  les  personnes  qui  de- 
vaient porter  s-^n  cœur  dans  un  étui 
d'or  à  je  ne  sais  quel  couvent.  Les 
courtisans  admiraient  sa  grandeur  et 
sa  dignité  :  les  sages  blâmaient  son  or- 
gueil, qui  semblait  lui  survivre. 

Remarquons  surtout  que  par  un  ef- 
fet de  l'argent  répandu  en  Allemagne, 
et  qui  était  assurément  le  triple  de  celui 
des  temps  antérieurs,  non  seulement 
le  luxe  avait  doublé,  mais  le  nombre 
des  troupes  que  les  souverains  entrete- 


96 

mœurs  qui  en  soDt  une  suite.  Tout  avait 
augmenté,  tes  babitans,  les  équipages, 
les  meubles,  les  livrées,  les  carrosses  et 
la  somptuosité  des  tables.  Ce  qu'on  voit 
de  belle  architecture  dans  le  Nord, 
date  environ  du  même  temps.  Le  châ- 
teau et  l'arsenal  de  Berlin ,  la  chancel- 
lerie de  l'empire,  et  l'église  de  Saint- 
lean-Boromée,  à  Vienne,  le  château  de 
Nymphenbourg  en  Bavière,  le  pont  de 
Dresde,  et  le  palais  chinois  de  cette 
vlUe,  le  château  de  l'électeur  à  Man- 
heim ,  le  palais  du  duc  de  Wiîrtem- 
rberg ,  à  Louisbourg  ;  tous  ces  édifices, 
quoiqu'ils  n'égalent  pas  ceux  d'Athè- 
yiies  et  de  Rome,  sont  pourtant  supé- 
rieurs à  l'architecture  gothique  de  nos 
iincètres.  Dans  les  temps  passés,  les 
cours  d'Allemagne  paraissaient  des  ;  naient ,  avait  augmenté  à  proportion. 
temples  ou  l'on  célébrait  des  baccha-   A  peine  l'empereur  Ferdinand  l'^'avait- 


nales;  actuellement  cette  débauche, 
indigne  de  la  bonne  société,  a  été  relé- 
guée en  Pologne,  ou  bien  est  deve- 
nue l'amusement  de  la  populace.  Il  est 
encore  quelques  cours  ecclésiastiques 
où  le  vin  console  les  prêtres  d'une  pas- 
lion  plus  aimable  à  laquelle  ils  sont 
obligés  de  renoncer  par  état.  Autrefois 
il  n'était  point  de  cour  d'Allemagne 
qui  ne  fAt  remplie  de  bouffons:  la 
grossièreté  de  leurs  plaisanteries  sup- 
pléait à  l'ignorance  des  conviés,  et  l'on 
•ntendait  dire  des  sottises ,  faute  de 
pouvoir  dire  de  bonnes  choses.  Cet 
usage,  qui  est  l'opprobre  éternel  du 
bon  sens,  a  été  aboli,  et  il  n'y  a  que  la 
cour  d'Auguste  II ,  roi  de  Pologne  et 
électeur  de  Saxe,  où  il  se  conservait 
encore.  Le  cérémonial  dans  lequel 
rJmbédUité  de  nos  aïeux  plaça  jadis  la 
science  des  souverains,  parait  essuyer 
un  sort  égd  à  celui  des  bouffons  :  l'é- 
tiquette sonffire  j<mrneDement  des  brè- 
ches; quelques  cours  l'ont  entièrement 
abolie.  Cependant  la  cour  de  l'empe- 
reur Charles  VI  fit  exception  à  la  rè- 


il  entretenu  trente  mille  hommes. 
Charles  VI  en  avait  soudoyé  dans  la 
guerre  de  1733  cent  soixante-dix  mille, 
sans  fouler  ses  peuples.  Louis  XIII  avait 
eu  soixante  mille  soldats.  Louis  XIV  en 
entretint  deux  cent  vingt  mille  et  juir- 
qu'à  trois  cent  soixante  mille  durant  la 
guerre  de  succession.  Depuis  cette  épo- 
que, tous,  jusqu'au  plus  petit  prince 
d'Allemagne,  avaient  augmenté  leur 
état  militaire.  C'était  par  esprit  d'imi- 
tation; car  dans  la  guerre  de  1683, 
Louis  XIV  leva  le  plw»  de  troupes  qu'il 
put ,  pour  avoir  une  supériorité  déci- 
dée sur  ceux  qu'il  voulait  combattre  : 
il  ne  fit  aucune  réforme  après  la  paix  ; 
ce  qui  força  Tempereur  et  les  princes 
d'Allemagne  à  garder  sur  pied  autant  de 
soldats  qu'ils  en  pouvaient  payer.  Cette 
coutume  une  fois  établie  se  perpétua 
dans  la  suite.  Les  guerres  en  devinrent 
beaucoup  plus  coûteuses;  la  dépense 
des  magasins  fut  immense,  pour  entre- 
tenir ces  cavaleries  nomtveuses  et  les 
rassembler  en  quartiers  de  cantonne- 
ment avant  l'ouverture  de  la  campa* 


INTRODUCTION.  HiT 

^ùe  ei  la  saison  de:»  fourrages.  L'jn-  '  dans  la  guerre  de  1G72  que  les  Fran  -. 
ftnterie,  toujours  entretenue,  changea   çais  trouvèrent  l'invention  des  pontons 


l^resque  d'état ,  tant  on  travailla  à  la 
perfectionner.  Avant  la  guerre  de  suc- 
cession, la  moitié  des  bataillons  por- 
tait des  picpies  et  l'autre  des  mous- 
quets, et  ib  combattaient  armés  sur 
six  lignes  de  profondeur;  on  se  servait 
4»  oes  piques  contre  la  cavalerie  ;  les 
raousquets  faisaient  un  feu  faible  et  ra- 
taient souvent  à  cause  des  mèches.  Ces 
incoovéniens  firent  changer  d'armes  : 
on  quitta  les  piques  et  les  mousquets, 
et  OD  les  remplaça  par  des  fusils  armés 
de  baïonnettes  ;  ce  qui  réunit  ce  que  le 
feu  et  le  fer  ont  de  plus  terrible.  Conome 
on  fit  consister  dans  le  fieu  la  force  des 
bataillons ,  on  diminua  peu  à  peu  leur 
fnofoodeur  en  les  étendant.  Le  prince 
d'Anhalt,  qu'on  peut  appeler  un  mé- 
canicien militaire,  introduisit  les  ba- 
guettes de  fer  ;  il  mit  les  bataillons  à 
trois  hommes  de  hauteur  :  et  le  défunt 
roi,  par  ses  soins  infinis,  introduisit 
une  discipline  et  un  ordre  merveilleux 


de  cuivre  transportables.  Cet  usage  fa- 
cile de  construire  des  ponts  rendit  les 
rivières  des  barrières  inutiles.  L'art  de 
l'attaque  et  de  la  défense  des  places  est 
encore  dû  aux  Français.  Vauban  sur^. 
tout  perfectionna  la  fortification;  }\ 
rendit  les  ouvrages  rasans  et  les  couj* 
vrit  tellement  par  les  glacis,  que  poui: 
établir  des  batteries  de  brèche,  si  on 
ne  les  place  à  présent  sur  la  crête  du 
chemin  couvert,  les  boulets  ne  sau- 
raient parvem'r  au  cordon  de  fa  maçon- 
nerie qu'ils  doivent  ruiner.  Depuis 
Vauban  on  a  construit  des  chemins 
couverts  maçonnés  doubles,  et  peut- 
être  a-t-on  même  trop  multiplié  le$ 
coupures.  C'est  surtout  l'art  des  min^ 
qui  a  fait  les  plus  grands  progrès.  On 
étend  les  rameaux  du  chemin  couvert 
à  trente  toises  du  glacis  :  les  places 
bien  minées  ont  des  galeries  majeures 
et  commandantes.  Les  rameaux  sont  à 
trois  étages.  Le  mineur  peut  faire  sau- 


dans  les  troupes,  et  une  précision  jus-   ter  le  même  point  de  défense  jusqu'à 


que  là  inconnue  en  Europe  pour  les 
mouvemens  et  les  manœuvres.  Un  ba- 
taillon prussien  devint  une  batterie 
ambulante,  dont  la  vitesse  de  la  charge 
triplait  le  feu,  et  donnait  aux  Prus- 
siens l'avantage  d'un  contre  trois.  Les 
autres  nitions  imttèreot  depuis  les 
Prussiens ,  mais  ingparfaiteroent.  Char- 
lèa  Xn  avait  introduit  dans  ses  trou- 
pes l'usage  de  joindre  deux  canons  à 
chaque  bataillon.  On  fondit  à  Berlin 
des  canons  de  trois,  de  six,  de  douze 

.  et  de  vingt-quatre  livres,  asaez  légers 
pour  qu'on  pût  les  manier  à  force  de 
bras^  et  les  faire  avancer  dans  lies 
combats  avec  les  bataillons  auxquels  ils 
étaient  attachés.  Tant  de  nouvelles  in- 
ventions transformaient  une  armée  en 

.  une  forteresse  mouvante,  dont  l'accès 
itpH  jnemtrier  et  formidable,  Ce  fut 


sept  fois.  Pour  les  attaques,  on  a  in- 
venté les  globes  de  compression ,  qui^ 
s'ils  sont  bien  appliqués,  minent  tour 
tes  les  mines  de  la  place  A  une  distance 
de  vingt-cinq  pas  du  foyer.  C'est  dans 
les  mines  que  consiste  à  présent  la  vé- 
ritable force  des  places,  c'est  par  leur 
usage  que  les  gouverneurs  pourront  le 
plus  prolonger  la  durée  des  sièges.  De 
nos  jours ,  les  forteresses  ne  se  pren- 
nent plus  que  par  une  nombreuse  ar- 
tillerie. On  compte  trois  pièces  sur 
chaque  batterie  pour  démonter  un  ca- 
non des  ouvrages  :  on  ajoute  à  de  si 
nombreuses  batteries  ceDes  de  rico- 
chet qui  enfilent  les  lignes  de  pro- 
longation ;  et  à  moins  de  pouvoir  dis- 
poser de  soixante  mortiers  employés 
,  à  ruiner  les  défenses,  on  ne  se  ha- 
sarde guère  à  assiéger  une  j^ce  fortç. 


rit«0Éid(i  11. 


Lès  demi-saj^,  l6è  sapes  ordinaires, 
IM  sApes  toornàfites,  les  pla(;es  d'at- 
mes  et  les  cavaliet^  fle  fxnMhéés,  sont 
intant  de  noùtelles  inTëntiotis  dont 
M  6e  sert  pon^  les  attaques ,  qui  en 
é^argnàlit  le  tnoddè,  accélèrent  la  red- 
dition dés  forteMses.  Ce  siècle  a  tti 
MyiviN!  deè  troupe:  armées  ft  la  légère  : 
Ml  pattdoors  èriitricMetiS ,  les  légions 
AMçalses  et  nos  bataillons  francs  ;  les 
ttissards,  originaires  de  la  Hofigrfe, 
ttAis  htiités  par  les  autres  troupes,  rem- 
]jMceiit  6ette  cavalerie  numide  et  parthe 
d  ftmkéMe  du  teidps  des  Roitiains.  Les 
flktltcéâ  anctennes  ne  connaissaient 
^Int  d^uirifbntie  ;  11  ti'y  a  pas  un  siècle 
ipte  lei  habits  d*ordonnftticè  ont  été 
^értlement  admis.  La  marine  eii- 
éftre  à  Mt  beàucdup  dé  progrès,  tant 
|l6tir  Ift  eotaltmction  des  vaisseaux  que 
A6tir  reuA^e  plus  exact  le  calcul  des  pi- 
RfteA:  mais  cette  matière  étant  très 
HUtèi  Je  11  quitte,  de  crainte  (te  m*en- 
gager  iMi  trne  trop  longne  digrea^ 
Hôfl. 
De  toiit  ce  que  bous  tenons  de  rap- 

r^rter  du  pMgrèâ  des  arts  en  Europe, 
résulte  qfuç  les  pays  du  Nord  arAient 
•feàtiMttp  gagné  depuis  la  guerre  de 
iKtttê  Attft.  Albi^la  i^rttncejonissaitde 
n^ntâgè  de  tout  ee  (fui  ef^t  du  ressort 
tés  bénëMeittes  et  du  goAt,  les  An- 
ilàfs  dé  M  géométrie  et  delft  métaphy- 
tt^tte,  \ti  Allemands  de  la  chimie,  des 
Ikpéflénces  de  physique  et  de  l'éruâl- 
ttôtt  ;  lés  ttaliètts  commençaient  à  tom- 
lér,  iûtài  te  Pologne,  la  Russie,  la 
tbèdé  et  le  Oabemtfek  étfiient  encore 
Métès  dHitt  ^dé  ëb  éôttipAraison  des 
bâtions  \^  phii  policéél.  Ge  qui  mérite 
^  beut-ètre  te  pins  nns  reflétions,  c'est 
•  lë  changement  qui  Sé  toit  depuis  l'an- 
née ilM  dan»  te  pttissahce  deè  £tats. 
'  Note  teh  toy<Wié  quelques  -  nnâ  dans 
létar  kcèroistemcnt ,  d*autres  dëmeu- 

Mfit ,  pdffr  tàAû  ^Rfè,  immoMict  dins 


la  même  situation ,  et  d'autres  enfin 
tombent  en  consomption  et  menacent 
ruine.  La  Suède  jeta  son  feu  sous  Gna» 
taye-Adolphe^  elle  dicta  arec  te  Franen 
la  paixde  Westphalie;  sdusCharles  XII, 
elle  vainquit  les  Danois,  les  Russes,  et 
disposa  pour  on  temps  du  tr6ne  de 
Pologne  :  il  aemble  qub  oette  puisBanoè 
ait  alors  rassemblé  tontes  ses  forces 
pour  paraître  oonune  une  comète  qià 
jette  un  ;prand  éctot  et  se  perd  ensuite 
dans  l'immensité  de  l'espace;  ses  en* 
nemis  te  démembrèrent  en  lui  arm- 
chant  l'Estonie,  la  LîTonie,  les  princi- 
pautés de  Brème  et  de  Verden  <  et  une 
grande  partie  de  la  Poméranie.  La 
chute  de  te  Suède  fut  l'époque  de  l'é- 
lévation de  la  Russie  :  cette  puissance 
semble  sortir  du  néant ,  pour  paraître 
tout-àHX)up  avec  grandeur,  pour  se 
mettre  peu  de  temps  après  au  niveau 
des  puissances  les  plus  redoutées.  On 
pourrait  appliquer  à  Pierre  I*'  ce  qu'Ho- 
mère dit  de  Jupiter  :  il  Tit  trois  pas,  et 
fl  fut  au  bout  du  monde.  En  eSèt, 
abattre  la  Suède,  donner  successive- 
ment des  rois  à  la  Pologne,  abaisser  te 
Porte  Ottomane  et  envoyer  des  troupes 
pour  combattre  les  Français  sur  leurs 
frontières,  c'est  bien  aller  au  binit  du 
monde.  On  vit  de  même  la  maison  de 
Brandebourg  quitter  le  banc  des  élec  - 
teurs  pour  s'asseoir  parmi  les  rois  ;  eUe 
ne  figurait  aucnne|pent  dans  te  guerre 
de  trente  ans.  La  paii  de  Westphalie 
lui  valut  des  provinces  qu'une  bonne 
admhiistration  rendit  opulentes.  La 
paii  et  la  sagesse  du  gouvernement 
formèrent  une  puissance  naissante, 
presque  ignorée  de  l'Europe,  parce 
qu'elle  travaillait  en  silence,  et  que  ses 
progrès  n'étaient  pas  rapides,  mais 
l'ouvrage  du  temps.  On  parut  étonné 
lorsqu'elle  commença  à  se  développer. 
Les  agrandissemens  de  te  ftance, 
dus  tant  è  Ses  nrmes  qu'à  sa  pniitifWr 


IHlIlOWHiHI. 


89 


ftanent  phis  prompts  et  phii  ccHisMénh- 
bies.  Louis  XY  le  trwTa  ptt*  sespo^ 
sessions  supérieur  d'QA  tiers  à  celles 
de  Louis  XlU  ;  la  Fnnch&Cmnté,  l' Al- 
sace, la  Lorraine  el  une  jNirtie  de  la 
Flandre  aiiiiéxée  à  oet  empire,  M  don- 
naient une  forée  falen  supérieure  à  celle 
des  temps  passés;  ajoutet-y  surtout 
I^Bsftagné,  sôumiflB  à  une  branche  de  la 
maison  de  Bourbon,  qui  ta  délivrant, 
m  moins  poui*  long-ietnps,  des  diver- 
sions (|tt*elle  avait  toujours  à  craindre 
des  rois  diSspaghe  de  la  branche  au- 
tricUiëniie,  lui  donne  à  présent  la  fh- 
eulté  de  se  servfa'  de  ses  forces  entières 
eontre  celui  de  ses  volsiiis  qu'elle  juge 
nécessaire  dé  cimibattre.  Les  Anglais, 
de  leur  côté,  ne  se  sont  pas  oubliés.  Gl- 
hhdtar  et  Fort-M ahon  sont  des  aoquisi- 
tUms  importantes  pour  une  nation  com- 


Teitincfion  de  la  brandie  de  cnanesi» 
Quint  en  Espagne,  la  maison  d'Audi»- 
die  avait  perdu  pi-emièrement  FËSK 
pagne,  passée  entre  les  mains  ddi 
Boilrbons  ;  une  partie  de  la  Flandrai; 
depuis,  le  royaume  de  Naples  et  uée 
partie  du  Milanais.  H  ne  resta  donc  à 
Charles  VI ,  de  k  succession  de  Ghaè- 
les  H ,  que  quelques  villes  en  Flandfi 
et  une  partie  du  MUanais.  Les 
hd  enlevèrent  encore  la  Servie,  qal 
également  cédée  par  la  pait  de  Bel- 
grade. La  seule  chose  que  la  mi 
d'Antriche  ait  gagnée,  c'est  d'i 
établi  un  préjugé  en  sa  faveur  qui  fè» 
gne  asse2  généralement  dans  Tempift, 
en  Angleterre,  en  Hollande,  même  m 
Danemarck ,  que  la  liberté  de  rËurope 
est  attachée  au  destin  de  cette  maison. 
Le  Portugal,  laHollande,  le  Danemah% 


therfatite;  ib  m  sont  enrldûs  prodl-  \  la  Pologne,   étaient  demeurés  teb 


gieiisement  tMtf  bMlte  sorte  de  traflea  : 
fetlt-étre  qne  rélectoint  de  Hanovre; 
Mujéttt  i  leitf  dotnination ,  ne  leur  est 
fM  Ifetttlte,  pÊlf  l'influence  qu'il  leur 
deitoedatiS  les  MTaires  d'Allemugne, 
âuiqueHes  ils  ne  prenaient  autrefois 
Mcnne  patt.  On  ermt  généralement 
que  la  nation  «Églaise,  à  présent  sus- 
eeptlble  de  eorrnptioti ,  en  est  devenue 
moins  lib^e;  tu  Moltis  en  esl-elle  frins 
frailquille;  La  maison  de  Savoie  ne  s'est 
paii  onUiée  mHi  fAus  :  elle  acquit  la 
•irtMgneetki  royatM;  elle  écorna  le 
HHinaiS)  et  les  p<ditiques  la  regardent 
comme  uii  cancer  qui  ronge  la  Lom- 
Imrdie.  L'Espagne  avait  établi  don 
Ottttôfc  dans  le  rayaunie  de  naplea.  La 
maison  d' Aulrl^  ne  jouissait  pas  des 
Mêmes  avantagea;  La  guerre  de  suc- 
aesslon  nvalt  (M  de  rempicreor  Char- 
Mi  Tt  tAderipUis  puissans  princes  de 
l'Europe  ;  mais  l'envie  de  sel  voisins  le 
«i|>#àilhi  MdiiMI  dîme  partie  de  ses 
'kàftàMmèm^  févM  lÊà  niveau  de  la 


qu'ils  avaient  été^  sans  augmentathm 
ni  perte.  De  toutes  ces  puissances,  la 
France  et  l'Angleterre  avaient  une  pré- 
pondérance déddée  sur  les  autresr; 
l'une  par  ses  troupes  de  terre  et  ads 
grandes  ressources,  l'autre  par  ses  flkA- 
tes  et  les  ridiesscs  qu'elle  devait  à  adh 
conunerce.  Ces  puissances  étaient  vft- 
vales,  jalouses  de  leur  agrandissemenè: 
elles  pensaient  tenir  la  bdance  de  l'Eu- 
rope, et  se  regardaient  comme  detfi 
chefs  de  parti ,  auiquels  devaient  s'at- 
tadier  les  princes  et  les  rois.  Outle 
l'andenne  habie  que  la  France  con- 
servait eontre  les  Angla!<i,  elle  avAt 
une  inimMé  égale  contre  la  maiséii 
d'Atitriche,  par  une  suite  des.  guerres 
continuelles  entre  ces  deux  maismls 
depuis  là  mort  de  Charies-le-TémM- 
nrire,  duc  de  Bourgogne.  La  Frante 
avBit  voulu  ramger  la  Flandre  et  le^ 
Bràbant  sous  ses  lois  et  pousser  laa 
limites  de  sa  domination  Juaqn'iu 
ImMs  du  Rhin.  On  td  pn^el  M  pii- 


fiO 

que  le  temps  le  mArtt  et  que  les  ooca*^ 
^ons  le  favorisassent.  Les  Français  yen- 
lent  vaincre  ponr  faire  des  conquêtes  ; 
les  Anglais  veulent  acheter  des  princes 
pour  en  faire  des  esclaves  ;  tous  deux 
donnent  le  change  au  public,  pour  dé^ 
tourner  les  regards  de  leur  propre  am- 
bition. L'Espagne  et  1* Autriche  étaient 
à  peu  près  égales  en  force.  L'Espagne 
ne  pouvait  faire  la  guerre  qu'au  Por- 
;togal»  ou  bien  à  l'empereur,  en  Italie. 
L'empereur  pouvait  la  porter  de  tout 
côté;  il  avait  plus  de  sujets  que  l'Es- 
^  pagne,  et  par  l'intrigue  il  pouvait  join- 
dre à  ses  forces  celles  de  l'empire  ger- 
manique ;  l'Espagne  avait  plus  de  res* 
sources  dans  ses  richesses;  l'Autriche 
n'en  avait  guère,  et  quelque  impôt 
qu'elle  eût  établi  sur  les  peuples,  il  hii 
iallait  des  subsides  étrangers  pour  sou- 
tenir quelques  années  ses  troupes  en 
campagne.  Alors  elle  était  épuisée  par 
la  guerre  des  Turcs,  et  surchargée  de 
dettes  que  ces  troubles  lui  avaient  fait 
contracter.  La  Hollande,  quoique  opu- 
lente, ne  se  mâait  d'aucune  querelle 
étrangère,  à  moins  que  la  nécessité  ne 
•l'obligeât  à  défendre  sa  barrière  contre 
la  France  :  elle  n'était  occupée  qu'à 
éloigner  l'occasion  de  faire  élire  un 
nouveau  stadhouder.  La  Prusse,  moins 
forte  que  l'Espagne  et  l'Autriche,  pou- 
vait cependant  paraître  à  la  suite  de 
ees  puissances,  sans  cependant  se  me- 
aorer  à  elles  d'égal  à  égal.  Les  revenus 
de  l'État ,  comme  i|pus  l'avons  dit ,  ne 
j    dépassaient  pas  sept  mOlions.  Les  pr(>- 
vinces,  pauvres  et  arriérées  encore  par 
les  malheurs  qu'elles  avaient  soufferts 
de  la  guerre  de  trente  ans,  étaient  hors 
d'état  de  fournir  des  ressources  au  sou- 
verain ;  il  ne  lui  en  restait  d'autres  que 
.  tes  épargnes  :  le  feu  roi  en  avait  fait , 
'  et  quoique  les  moyens  ne  ftisseat  pas 
fiMt  eoosidénihles,  ib  pouvaient  sofire 
wimlebesdtapourM  pisMsser  édiay* 


per  uoeoecafliM  qui  se  présenfarit 
0  fallait  de  la  pradence  dans  la  con-t 
duite  des  albiies,  ne  pas  traîner  les 
guerres  en  longueur,  et  se  hâter  d'exé- 
cuto'  ses  desseins.  Ce  qu'il  y  avait  de 
plus  ftcheux,  c'est  que  l'État  n'avait 
point  de  forme  régulière.  Des  provin- 
ces peu  larges,  et  pour  ainsi  dire  épar- 
pillées, tenaient  depuis  la  Gouriande 
jusqu'au  Brabant.  Cette  situation  en- 
trecoupée multipliait  les  voisins  de 
rÉtat ,  sans  lui  donner  de  consistance, 
et  faisait  qu'il  avait  bien  plus  d'enne- 
mis à  redouter  que  s'il  eût  été.  ar- 
rondi. La  Prusse  ne  pouvait  agir  alon 
qu'en  s'épauhmt  de  la  France  on  de 
l'Angleterre.  On  pouviut  cheminer 
avec  la  France,  qui  avait  fort  i  ccnir 
la  gloire  et  l'abaissement  de  la  maison 
d'Autriche.  On  ne  pouvait  tirer  des 
Anglais  que  des  subsides  destinés  à  se 
servir  des  forc^  étrangères  pQur  leurs 
propres  intérêts.  La  Russie  n'avait 
point  alors  assez  de  poids  dans  la  po- 
litique européenne  pour  dâerminear 
dans  la  balance  là  supériorité  du  parti 
qu'elle  embrassait.  L'influence  de  ce 
nouvel  empire  ne  s'étendait  epcore  que 
sur  ses  voisins  les  Suédois  et  les  Po- 
lonais. Et  pour  les  Turcs,  la  politique 
du  temps  avait  établi  que  lonque  les 
Français  les  excitaient  ou  contre  l'Au- 
triche ou  contre  la  Russie,  ces  deux 
puissances  recouraient  à  Tluunaa~KM- 
lican ,  qui ,  pu*  le  moyen  d'une  diver- 
sion ,  les  délivrait  de  ce  qu'ils  avaient  à 
craindre  de  la  part  de  là  Poite.  Ce  que 
nous  venons  d'indiquer  était  l'allnie 
commune  de  la  politique.  Il  y  avait 
sans  doute  de  temps  à  antre  des  ex- 
ceptions à  la  règle;  mais  nous  ne  nous 
arrêtons  ici  qu'an  oalcal  ordinaire  ém 
probabilités. 

L'objet  qui  intéreandt  alon  le  ptai 
l'Europe,  c'était  la  mmomkm  de  k 
maii^n  d'AnIrtdb»,  qof  4te«it  anirer 


INTIIOBUCTION. 


M 


à  la  mort  de  Tempereur  Charles  VI ,  | 
dernier  mâle  de  la  maison  de  Habs- 
bourg. Nous  avons  dit  que  pour  préve- 
nir le  démembrement  de  cette  monar- 
chie, Charles  VI  avait  fait  une  loi  do- 
mestique sous  le  nom  de  pragmatique 
sanction ,  pour  assurer  son  héritage  à 
safiDe  Marie-Thérèse.  La  France,  l'An- 
gleterre, la  Hollande,  la  Sardaigne,  la 
Saxe,  l'empire  romain  avaient  garanti 
cette  pragmatiaue  sanction  ;  le  feu  roi 
Frédéric-Guillaume  même  l'avait  ga- 
rantie, à  condition  que  la  cour  de 
Vienne  lui  assurât  la  succession  de  Ju- 
lîers  et  de  Bergue.  L'empereur  lui  en 
promit  la  possession  éventuelle  et  ne 
remplît  point  ses  engagemens  ;  ce  qui 
dispensait  le  roi  de  la  garantie  de  la 
pragmatique  sanction,  à  laquelle  le  feu 
roi  s'était  engagé  conditionnellement. 
La  succession  des  duchés  de  Juliers 
et  de  Bergue,  dont  le  cas  paraissait  pro- 
che l'an  i7W,  faisait  alors  l'objet  le  plus 
intéressant  de  la  politique  de  la  maison 
de  Brandebourg.  Frédéric-Guillaume 
n'avait  point  contracté  d'alliance,  sen- 
tant sa  fin  prochaine,  pour  laisser  à 
son  successeur  la  liberté  de  former  des 
liaisons  selon  que  les  circonstances  et 
Foccasion  l'exigeraient.  Après  la  mort 
du  roi ,  la  cour  de  Berlin  entama  des 
négociations  à  Vienne,  à  Paris,  comme 
à  Ï-X)ndres,  pour  pressentir  laquelle  de 
ces  puissances  se  trouverait  le  plus  fa- 
vorablement disposi^  pour  ses  intérêts. 
Elle  les  trouva  également  froides,  parce 
que  les  vues  ne  s'unissent  que  lorsque 
les  besoins  réciproques  forment  les 


liens  des  alliances,  et  l'Europe  se  sou-* 
ciait  peu  que  le  roi  ou  quelque  autre 
prince  eût  le  duché  de  Bergue.  La 
France  consentait,  à  la  vérité,  à  ce  que 
le  roi  démembrât  une  lisière  de  ce  du- 
ché ;  c'était  trop  peu  pour  contenter  les 
désirs  d'un  jeune  roi  ambitieux ,  qui 
voulait  tout  ou  rien.  Remarquons  sur 
toute  chose  que  l'empereur  Charles  VI 
ne  s'en  était  pas  tenu  à  une  simple  ga- 
rantie du  duché  de  Bergue,  mais  qu'il 
en  avait  promis  la  possession  au  roi  de 
Pologne,  électeur  de  Saxe,  et  que  du- 
rant l'ambassade  du  prince  de  Lichten- 
stein  à  Paris,  il  avait  donné  une  pro- 
messe toute  pareille  au  prince  de  Sulz- 
bach,  héritier  de  l'électeur  palatin. 
Fallait-il  se  laisser  sacrifier  par  la  cour 
de  Vienne?  fallait-il  se  contenter  de 
cette  lisière  du  duché  de  Bergue  que 
la  France  permettait  à  la  Prusse  d'oc- 
cuper? ou  fallait-il  en  venir  à  la  voie 
des  armes  pour  se  faire  soi-même  rai- 
son de  ses  droits?  Dans  cette  crise,  le 
roi  résolut  de  se  servir  de  toutes  ses 
ressources  pour  se  mettre  dans  une  si- 
tuation plus  formidable  :  ce  qu'il  exé- 
cuta sans  difiérer  davantage.  Par  le 
moyen  d'une  bonne  économie,  il  leva 
quinze  nouveaux  (1)  bataillons,  et  il 
attendit  dans  cette  position  les  évène- 
mens  qu'il  plairait  à  la  fortune  de  lui 
fournir,  pour  se  rendre  à  lui-même  la 
justice  que  d'autres  lui  refusaient. 


(1)  Régimens  de  Gaincf,  Munchow,  MiBiu 
Heori,  Penod,  Bnniswlck,  Eifenaek  el 
fledel 


u 


M. 


rempereur  loi  promettait ,  pour  favo- 
riser ses  droits  à  la  succession  des  du- 
chés de  Joliers  et  de  Bergue.  Cet  ex- 
posé montre  combien  les  circonstances 
'  étaient  peu  favorables  à  la  maison  de 
Brandebourg,  et  ce  sont  les  raisons 
qui  déterminèrent  le  roi  à  s'en  tenir 
au  traité  provisionnel  que  son  père 
avait  conclu  avec  la  France.  Mais  si  des 
raisons  aussi  fortes  modéraient  les  dé- 
sirs de  la  gloire  dont  le  roi  était  animé, 
des  motifs  non  moins  puissans  le  pres- 
saient de  donner  au  commencement 
de  son  règne  des  marques  de  vigueur 
et  de  fermeté,  pour  faire  respecter  sa 
nation  en  Europe.  Les  bons  citoyens 
avaient  tous  le  cœur  ulcéré  du  peu  d'é- 
gard que  les  puissances  avaient  eu  pour 
le  feu  roi,  surtout  dans  les  dernières 
années  de  son  règne,  et  de  la  flétris- 
sure que  le  monde  imprimait  au  nom 
prussien.  Comme  ces  choses  influèrent 
beaucoup  sur  la  conduite  du  roi ,  nous 
nous  croyons  obligés  de  répandre 
cpielques  éclaiicissemens  sur  cette  ma- 
tière. 

La  conduite  sage  et  circonspecte  du 
feu  roi  lui  avait  été  imputée  à  faiblesse. 
Il  eut,  l'année  1727,  des  brouilleries 
avec  les  Hanovriens  sur  des  bagatelles 
qui  se  terminèrent  par  conciliation  : 
peu  de  temps  après  survinrent  des  dér 
niùlés  aussi  peu  importans  avec  les  Hol- 
landais, qui  de  même  furent  accommo- 
dés à  l'amiable.  De  ces  deux  exemples 
de  modération ,  ses  voisins  et  ses  envieux 
conclurent  qu'on  pouvait  Tinsulter  im- 
punément ;  qu'au  lieu  de  forces  réelles, 
les  siennes  n'étaient  qu'apparentes; 
qu'au  lieu  d'ofliders  entendus,  il  n'a- 
vait que  des  maîtres  d'escrime,  et  au 
lieu  de  braves  soldats,  des  mercenaires 
peu  affectionnés  à  l'État ,  et  que  pour 
hii,  U  menaçait  toqjours  et  ne  frappait 
jamais.  Le  monde,  superficiel  et  léger 
4vn^  ses  jogemens^  accréditait  de  pa- 


•     '  t  .••    #••      ••••    •    -•" 

reils  discours,  et  ces  préjugés  se  répan* 
dirent  dans  toute  l'Europe.  La  gloire 
A  laquelle  le  feu  roi  aspirait  (plus  juste 
que  celledes  conquérans) ,  avait  pour  ob- 
jet de  rendre  son  pays  heureux,  de  dis- 
cipliner son  armée  et d'administrersesfi- 
nancesavec  l'ordre  et  l'économie  la  plus 
sage.  Il  évitait  la  guerre  pour  ne  point 
être  distrait  d'aussi  belles  entreprises  ; 
par  ce  moyen  il  s'acheminait  sourde- 
ment à  la  grandeur,  sans  éveiller  l'en- 
vie des  souverains.  Dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  les  infinnités  du  corps 
avaient  entièrement  ruiné  sa  santé,  et 
son  ambition  n'eût  jamais  consenti  à 
confier  ses  troupes  à  d'autres  mains 
qu'aux  siennes.  Toutes  ces  diflférentes 
causes  réunies  rendirent  so^  règne 
heureux  et  pacifique.  Si  l'opinion  que 
l'on  avait  du  roi  n'avait  été  qu'une 
erreur  spéculative,  la  vérité  aurait  tôt 
ou  tard  détrompé  le  public  ;  mais  les 
souverams  présumaient  si  désavanta- 
geusement  de  son  caractère,  que  ses 
alliés  gardaient  aussi  peu  de  ménage- 
ment envers  lui  que  ses  ennemis. 
Preuve  de  cela,  la  cour  de  Vienne  et 
celle  de  Russie  convinrent  avec  le  feu 
roi  de  placer  wi  prince  de  Portugal  sur 
le  trône  de  Pologne.  Ce  projet  tomba 
subitement,  et  elles  se  déclarèrent  pour 
Auguste  II ,  électeur  de  Saxe,  sans  dai  - 
gner  même  en  donner  la  moindre  con- 
naissance au  roi.  L'empereur  Char- 
les YI  avait  obtenu,  à  de  certaines  con- 
ditions, un  secours  de  dix  mille  hom- 
mes que  le  feu  roi  envoya  l'année  17% 
sur  le  Rhin  contre  les  Français,  et  il 
se  crut  au-dessus  de  l'obligation  de 
remplir  ces  chétifs  engagemens.  Le  roi 
Ceorge  II  d'Angleterre  appelait  le  feu 
roi  son  frère  le  caporal  ;  il  disait  qu'il 
était  roi  des  grands  chemins  et  l'archi- 
sablier  de  l'empire  romain  :  tous  les 
procédés  de  ce  prince  portaient  Tem- 
preinte  du  phis  profond  mépris.  Le# 


HISTOiHi:  UE  MO\   TEMPS* 


ts 


pffkiers  prussiens,  qui,  selon  les  pri- 
vilèges des  électeurs,  eurôlaient  des 
soldats  dans  les  villes  impériales ,  se 
:  trouvaient  exposés  à  mille  aranies  :  on 
les.- arrêtait,  on  les  tratnait  dans  des 
cachots  où  on  les  confondait  avec  les 
pins  vils  scélérats  :  enfin  ces  excès  al- 
laient à  on  point  qu'ils  n'étaient  plus 
soutenaUes*  Un  misérable  évèque  de 
Liège  se  faisait  honneur.de  donner  des 
mortifications  au  feu  roi.  Quelques  su- 
jets de  la  seigneurie  de  Herstall ,  ap- 
partenant à  la  Prusse,  s'étaient  ré- 
voltés ;  révèque  leur  donna  sa  protec- 
tion. Le  feu  roi  envoya  le  colonel 
Creutz  à  Liège,  muni  d'une  lettre  de 
iTéance,  pour  accommoder  cette  af- 
faire. Qui  ne  voulut  pas  le  recevoir?  ce 
lut  monseigneur  Tévéque  :  il  vit  arri- 
ver trois  jours  de  suite  cet  envoyé  dans 
la  cour  de  sa  maison ,  et  autant  de  fois 
il  lui  en  interdit  l'entrée. 

r.et  événement  et  bien  d'autres  en- 
core qu'on^omet  par  amour  de  la  briè- 
veté, apprirent  au  roi  qu'un  prince 
doit  faire  respecter  sa  personne,  sur- 
^tont  sa  nation  :  que  la  modération  est 
une  vertu  que  les  hommes  d'Etat  ne 
doivent  pas  toujours  pratiquer  à  la  ri- 
gueur, à  cause  de  la  corruption  du  siè^ 
de,  et  que  dans  un  changement  de  rè- 
gne, il  était  plus  convenable  de  donner 
des  marques  de  fermeté  que  de  dou- 
ceur. 

Pour  rassembler  ici  tout  ce  qui  pou- 
vait animer  la  vivacité  d'un  jeune  prince 
parvenu  à  la  régence,  ajoutons  que  Fré- 
4éricl*'%  en  érigeant  la  Prusse  en  royau- 
joe,  avait ,  par  cette  vaine  grandeur, 
mis  un  g^me  d'ambition  dans  sa  pos^ 
térité;  eHe  devait  fimctifier  tdt  ou  tard. 
La  iBonarchie  qu'il  avait  laissée  à  ses 
descendans  était ,  s'il  m'est  permis  de 
m'exprimer  ainsi ,  une  espèce  d'her- 
maphrodite qui  tenait  (dus  de  l'électo- 
rat  que  du  royauBie.  11  y  avait  de  la 


gloire  à  décider  cet  être,  et  ce  senti- 
ment (ut  sûrement  un  de  ceux  qui  for- 
tifièrent le  roi  dans  les  grandes  entre- 
prises où  tant  de  motifs  l'engageaient. 
Quand  même  l'acquisition  du  duché  de 
Bergue  n'eftt  pas  rencontré  des  obsta- 
cles presque  insurmontables,  le  sujet  en 
était  si  mince ,  que  la  possession  n'en 
agrandissait  que  très  peu  la  maison  de 
Brandebourg.  Ces  réflexions  firent  que 
le  roi  tourna  ses  vues  sur  la  maison 
d'Autriche,  dont  la  succession,  après  la 
mort  de  l'empereur,    devenait  liti- 
gieuse, et  le  trône  des  Césars  vacant. 
Cet  événement  ne  pouvait  être  que  fa- 
vorable par  le  rôle  distingué  que  le  roi 
jouait  en  Allemagne,  par  les  différens 
droits  des  maisons  de  Saxe  et  de  Ba- 
vière à  ces  Etats,  par  le  nombre  dés 
candidats  qui  postuleraient  la  couronne 
impériale,  enfin  par  la  politique  de  la 
cour  de  Versailles,  qui  dans  une  pa- 
reille    occasion  ,   devait    naturelle- 
ment s*en  saisir  pour  profiter  des  trou< 
Mes  que  la  mort  de  l'empereur  Char- 
les YI  ne  pouvait  manquer  d'exciter. 
Cet  évènenaent  ne  se  fit  point  attendre 
L'empereur  Charles  YI  tennina  ses 
jours  à  la  Favorite,  le  25  octobre  de 
l'année  17&0.  Cette  nouvelle  arriva  à 
Reinsberg ,  où  le  roi  était  attaqué  de 
la  fièvre  quarte.  Les  médecins,  infatués 
d'anciens  préjugé»  ue  voulurent  pofnft 
lui  donna*  du  quraquina;  il  en  prit 
malgré  eux,  parce  qu'il  se  iM^posait 
des  choses  plus  importantes  que  de 
soigner  la  fièvre.  Il  résolut  aussitôt  de 
revendiquer  les  principautés  de  la  8i- 
lésie,  auxquelles  sa  maison  avait  des 
droits  incontestables,  et  il  se  prépara 
en  même  temps  à  soutenir  ses  préten- 
tions, s'ille  fdait,  parla  voie  des  ar^ 
mes.  Ce  projet  femplissait  toutes  ses 
vues  politiques  ;  c'était  un  moyen  d'ac^ 
quérir  de  la  réputation,  d'augmenMr 
la  puissancede  ratatel de  temrinei^eè 


»e 


VmÉDÉUC  B. 


en  résulte  que  ce  goavefuemeiit  Wê 
éBWÙt  fBS  paraitre  redoutable.  SfA» 
lenrsffléCaiiimpeasibleqiielereiBm-  ^ 
quàl  d'dliéfl.  U  rirritté  qui  mbiMall  ) 
entre  la  France  et  TAnglaterie  asHH 
rait  néceaBairement  an  roi  nne  de  eei 
deux  puisaanees;  et  de  pta»  taoi  kt 
prétendans  i  la  ancceasioa  de  la 


qui  r«^gardait  cette  mcoeMÎon  lîtiipeafle 
4p  duché  de  Bergue.  Cepeadait,  avant 
qM0  de  se  déterminer  eatièfement,  le 
fiei  init  en  balance  les  risques  qn*il  y 
avait  à  courir  en  entrefirenant  une 
pareille  guerre,  et  de  l'autre  les  avan- 
tages qu'il  pouvait  en  espérer. 

Dm  côté  se  présentait  la  puissante 
maitHHi  d'Autriche,  qui  ne  pouvait  pas  j  son  #Autnche  devaient  unir  leva  tan 
manquer  de  ressources  avec  tant  de  j  térèts  à  ceux  de  la  Vrasse.  Le  roi 
vastes  provinces  ;  une  ûUe  d'empereur  j  disposait  de  sa  voix  pow  Féteetioii 
attaquée,  qui  devait  trouver  des  alliés:  impériale;  il  pouvait  s'acconnoder, 
dans  le  roi  d'Angletecre,  dans  la  répn-  »  quant  à  ses  prétentions  sur  le  dncMin 
blique  de  Hollande  et  chez  la  plupart  Bergue,  soit  avec  la  France,  soit  avec 
des  princes  de  l'empire  qui  avaient  ga-  l'Autriche  ;  et  enfin  la  guerre  qu'il 
i^ti  la  pragmatique  sanction.  Ce  duc 
de  Courlande,  qui  gouvernait  alors  la 
Knsaie,  était  aux  gages  de  la  cour  de 
Tienne  ;  et  de  plus  la  jeune  reine  de  j  était  à  portée  de  ses  frontières,  et  que 
Hofigrie  pouvait  mettre  la  Saxe  dans  i  l'Oder  lui  fournissait  une  conummiea- 
aes  intérêts,  en  lui  cédant  quelques  j  tion  tou|oun>  sûre, 
cercles  de  la  Bohème  :  et  quant  au  dé-  ;  Ce  qui  acheva  de  détemiiDer  le  rai 
tail  de  Texécution,  la  stérilité  de  Tan-  j  à  cette  entreprise ,  ce  ftit   la  mort 


vait  entreprendre  en  Sîlésie,  était  Pu- 
nique espèce  d'ofiensive  qne  favorisait 
la  situation  de  ses  £tats,  m  qn'eUe 


née  17M  devait  faire  craindre  de  man- 
quer dfi  moyens  pour  former  des  ma- 
gasins et  fournir  des  vivres  anx  trom- 
pes. Les  risques  étaient  grands.  U  fallait 
craindrn  les  vicissitudes  des  armes.  Une 
J^ttaille  perdne  pouv^  être  décisîvf . 
Le  pÀ  n'avait  point  d'alliés,  et  il  ne 
foavait  apposer  que  des  troupes  sans  j  étaient  que  dorant  la  minorité  du 


d'Anne,  ImpéraUioe  de  Rnssie,  qui 
suivit  de  près  celle  de  l'em|ierear.  Par 
am  décès,  la  ceovonne  retombait  au 
jeune  iwan ,  grand-dnc  de  Russie,  fUs 
d'une  princesse  de  MecUenbourg  et 
du  iHrinoe  Antoine  Ulric  de  Brunswick» 
beau-frère  du  roi.  Les  nppënmm 


expérience  à  4e  vieux  soldats  autrî- 
chiens  Vlancbis  sooa  le  harnais  et 
aguerris  par  niQt  de  campagne^. 

D'autre  part ,  une  foule  de  réflexions 
nnimaient  (eules  les  espérances  du 
roi.  La  situation  de  la  cmir  de  VÂsnne, 
apr^  hi  mort  de  l'empereur,  était  des 
phis  ftdmusei.  Les  finano^  étaient 
dérangées,  l'armée  était  délabrée  et 
dfdQpuragée  par  les  maiivais  sui-cès 
4«'^  avait  eps  cd^nti^  Im  Tvrcs,  le  mî- 


I 


jeune  emperanr,  la  Russie  aérait  pins 
occupée  i  maintenir  la  IranqniHllé 
dans  son  empire  qu*à  soutenir  la 
pragmatique  sanotion,  pour  laqoeDa 
l'Allemagne  ne  poovait  manquer  d^é- 
prouver  des  troublea;  ajeataa  à  cas 
raisons  une  «rmée  tonla  pvMe  à  ag^, 
des  fonds  tont  taenvéa,  et  penl-éln 
l'envie  de  se  ftJrn  un  nom;  ton!  cela 
fut  cause  de  la  gnem  qpe  le  rai  dé- 
clara i   Marie -niéièse  #A«ilvlclm, 


Histèio ptait désim ;  avitdcceia  pkvDei  a  |  reine  de  ttoafriie  et  de  Bohème.  B 
la  t^t#  de  ce  gpiivfmetmei4  ime  jeime 
pJMMa  9«n9  «qpMepee,  qui  doit  dé^ 


semblait  que  ce  fût  Pépoqne  des 
gemens  et  def  révoluliona.  La  prin- 


iJtigJWUflt  ot  li  cesse  de  Mt^kienbMrg- 


HISTOIPB   n  «ON  TRUTPS. 


kl 


mère  de  Tempereur  Iwçn ,  >e  irow-  voyé  de  Temperpur  à  Berlm .  «?erHt  sa 
vait ,  elle  et  son  fils,  sous  la  t^l^Ue  da  cour  qu*un  orage  la  menaçait ,  of  qu'il 
duc  de  Courtaude,  auquel  riropératrice    pourrait  bien  fondre  sur  In  Sih^sle.  Le 


Anne,  en  mourant ,  avait  cpnQé  l'qd- 
mînistration  de  Fcmpire.  Cette  prin- 
cesse pensait  qu'il  étajt  au-dessous  de 
sa  naissance  d*obéir  à  un  autre  elle 
crut  que  la  tutelle  lui  convenait  plus 
en  qualité  de  mère  qu'à  Biron,  qui 
n'était  ni  Russe  ni  parent  de  Tempe- 
reur.  Elle  employa  habilement  le  nia- 
réchal  Munich ,  dont  elle  mit  Tambi- 
tion  en  jeu.  Biron  fut  arrêté,  puis  exilé 
an  fond  de  la  Sibérie,  et  la  princesse  de 
Meckicnbourg  s'empara  du  gouverne- 
ment. Ce  changement  paraissait  avanta- 
geux à  la  Prusse  ;  car  Biron  son  ennemi 
ftit  exilé,  et  le  mari  de  la  régente,  An- 
toine de  Brunswick,  était  beau-frère  du 
roi.  La  princesse  de  Mccklenbourg  joi- 
gnait à  de  l'esprit  tous  les  caprices  et  tous 
les  défauts  d'une  femme  mal  élevée  ; 
son  mari ,  faible,  sans  génie,  n'avait  de 
méf  ite  qu'une  valeur  distincte .  Munich, 
le  mobile  de  leur  élévation ,  le  vrai  hé- 
ros de  la  Russie,  était  en  même  temps 
le  dépositaire  de  l'autorité  souveraine. 
Sous  le  prétexte  de  cette  révolution,  le 
roi  envoya  le  baron  de  WinterOcld  en 
ambassade  en  Russie,  pour  féliciter  le 

K'ince  de  Brunswick  ^t  son  épouse  de 
eurcux  succès  de  cette  entreprise.  Le 
frai  motif ,  Tobjet  caché  de  cette  mi$-r 
sipn,  était  de  gagner  Munich,  beau- 
père  de  Winterfield ,  et  dp  le  reiidre 
Aivor^le  aux  desseins  qu'on  était  sur 
le  point  d'exécuter,  à  quoi  Wipterlield 
réassit  aussi  heureusement  qu'on  le 
pouvait  désirer. 

Quelque  précaution  que  Ton  prit  à 
Beriin  pour  cacher  l'expéditioi)  que 
Ton  mettait,  il  était  impossible  4^ 


non  et  de  mouvoir  des  tfPUP^  Ircq- 
gnilo  ;  déjà  le  public  se  4oii|ai(  4^ 
quelque  entreprise  M.  D^ipnith ,  e.i|- 


cooseîl  de  la  reine  lui  répondit  de 
Vienne  :  a  Nous  ne  voulons  ni  ne  pou- 
vons ajouter  foi  aux  nouvelles  que 
vous  nous  mandez.  »  On  envoya  pour- 
tant le  marquis  de  Botta  à  Berlin,  pour 
complimenter  le  roi  sur  son  avènement 
au  trône,  mais  plus  encore  pour  juger 
si  Ilamrath  avait  donné  de  fausses 
alarmes.  Le  marquis  de  Botta,  fin  et 
pénétrant,  s'aperçut  d'abord  de  quoi 
il  était  question ,  et  après  avoir  fait,  le 
jour  de  son  audience,  les  complimens 
d'usage,  il  s'étendit  sur  les  incommo- 
dités de  la  route  qu'il  avait  faite  et 
s'appesantit  un  peu  sur  les  nuiuvais 
chemins  de  la  Silésie,  que  les  inonda- 
tions avaient  tellement  rompus,  qu'ils 
étaient  devenus  impraticables.  Le  roi 
ne  fit  pas  semblant  de  le  comprendre, 
et  répondit  que  le  pis  qui  pût  arriver 
k  ceux  qui  auraient  ces  chemins  à  tra- 
verser, serait  d'être  des  voyageurs 
crottés. 

Quoique  le  roi  fût  fermement  déter- 
miné dans  le  parti  qu'il  avait  pris ,  il 
jugea  qu*il  était  cependant  convenable 
de  faire  des  tentatives  d'acconunode- 
ment  avec  la  cour  de  Vienne.  Dans 
cette  vue ,  le  comte  de  Gotter  y  fut 
eQvoyé.  Il  devait  déclarer  à  la  reine  de 
Hongrie  :  qu'en  cas  qu'elle  vonlAt  AJre 
raison  des  droits  que  le  roi  avait  sur  la 
Silésie,  ce  prince  lui  offrait  son  assis- 
tance contre  les  ennemis  ouverts  ou 
secrets  qui  voudraient  démembrer  la 
sMcçessioa  de  Chartes  VI ,  et  sa  voix  à 
la  diète  de  l^élection  impériale  au  grand 
duc  de  Toscane.  Comme  il  était  à  sup- 
poser que  ces  offres  seraient  rejetées. 


filtre  4es  majjasins,  de  préparer  du  ca-   danf  ce  cas  te  comte  de  Gotter  était  au- 


toriié  à  déclarer  la  guerre  à  la  reine  de 
Hongrie.  L'armée  fut  plus  diligente 
que  cette  ambassade  ;  elle  entra  en  Si- 


w 


FftÉnimc  II. 


iéiie,  comme  on  le  verra  daBà  la  suHe,  I  nageaient  la  chate  de  TEtat ,  d'autres 


deux  jours  avant  l'arrivée  du  comte  de 
Gotter  à  Yieune. 

Vingt  bataillons  (1)  et  trente-six  es- 
cadrons furent  mis  en  marche  pour 
s'approcher  des  firontiores  de  la  Silé- 
sie  ;  ils  devaient  être  suivis  de  six  ba* 


croyaient  que  le  prince  abandonnait 
tout  au  hasard,  et  appréhendaient 
qu'il  ne  prit  pour  modèle  Charles  Xn. 
Le  militaire  espérait  de  la  fortune  et 
prévoyait  de  l'avancement.  Les  fron- 
deurs, dont  il  se  trouve   dans  tout 


taillons  destinés  au  blocus  de  la  forte- 1  pays,  enviaient  à  l'Etat  les  accrois- 

semens  dont  il  était  susceptible.  Le 
prince  d'Anhalt  était  furieux  de  ce 
qu'il  n'avait  pas  conçii  ce  plan  et  n'é- 
tait pas  le  premier  mobile  de  l'exéco- 
tion;  il  prophétisait,  f:omme  Jonas, 
des  malheurs  qui  n'arrivèrent  ni  à  Ni- 
nîve  ni  à  la  Prusse.  Ce  prince  regardait 
l'armée  impériale  comme  son  berceau; 
il  avait  des  obligations  à  Charles  Vi , 
qui  avait  donné  un  brevet  de  princesse 
à  sa  femme,  et  il  craignait  avec  cela 
l'agrandissement  du  roi ,  qui  réduisait 
un  voisin  comme  le  prince  d'Ânbalt  au 
néant.  Ces  sujets  de  mécontentement 
rengagèrent  à  semer  la  déCance  et  l'é- 


resse  de  Glogau.  Ce  noml»e,  tout 
ble  qu'il  était ,  parut  suffisant  pour 
s'emparer  d'un  pays  sans  défense  ;  il 
donnait  d'ailleurs  l'avantage  de  pou- 
voir amasser  pour  le  printemps  pro- 
chain des  magasins  qu'une  grosse  ar- 
mée aurait  consumés  pendant  l'hiTer. 
Avant  que  le  roi  partit  pour  joindre 
ses  troupes,  il  donna  audience  au  mar- 
quis de  Botta,  auquel  il  dit  les  mêmes 
choses  que  le  comte  de  Gotter  devait 
déclarer  à  Vienne.  Botta  s'écria  :  «  Vous 
allex  ruiner  la  maison  d'Autriche,  Sire, 
et  vous  y  abîmer  en  même  temps.  —  Il 
ne  dépend  que  de  la  reine,  reprit  le  roi, 
d'accepter  les  offres  qui  lui  sont  faites.» 
Cela  rendit  le  marquis  rêveur;  il  se  re- 
cueillit cependant ,  et  reprenant  la  pa- 
roled'nn  tonde  voixetd'unair  ironique, 
il  dit  ;  «  Sire,  vos  troupes  sont  belles, 
j'en  conyiens  ;  les  nêtres  n'ont  pas  cette 
apparence,  mais  elles  ont  vu  le  loup  ; 
pe^isex ,  je  vous  en  oonjure,  à  ce  que 
vous  allez  entreprendre.  »  Le  roi  s'im- 
patienta et  n^prit  avec  vivacité  :  «Vous 
trouve!  que  mes  troupes  sont  belles, 
et  je  vous  ferai  convenir  qu'elles  sont 
bonnes.  »  Le  marquis  fit  encore  quel- 
ques instances  pour  qu'on  différât 
l'exécution  de  ce  projet.  Le  roi  lui  fit 
comprendre  qu'il  était  trop  tard  et  que 
'e  Rnbicon  était  passé.  Tout  le  projet 
nr  la  Silésie  ayant  édaté,  une  entre- 
prise aussi  hardie  causa  une  efferves- 
cence singulière  dans  l'esprit  du  pu* 
hlic.  Les  Ames  faiUes  et  timovées  pré- 


(1) 


•o"o 


pouvante  dans  tous  les  esprits  ;  il  aurait 
voulu  intimider  le  roi  lui-même,  si  cela 
aviit  été  faisable  ;  mais  le  parti  était 
trop  bien  pris  et  les  choses  poussées 
trop  avant  pour  pouvoir  reculer.  Ce- 
pendant, pour  prévenir  le  mauvais 
effet  que  des  propos  d'un  grand  géné- 
ral comme  était  le  prince  d'Anhait 
pouvaient  faire  sur  les  ofQciers,  le  roi 
jugea  à  propos  d'assembler,  avant  son 
départ ,  les  ofQciers  de  la  garnison  de 
Berlin,  et  de  leur  parler  en  ces  termes: 
«  J'entreprends  une  guerre,  Messieurs, 
»  dans  laquelle  je  n'ai  d'autres  alliés 
»  que  votre  valeur  et  votre  bonne  vo- 
»  lonté  :  ma  cause  est  juste,  et  mes 
»  ressources  sont  dans  la  fortune.  Sou- 
»  venez-vous  sans  cesse  de  la  gloire  que 
D  vos  ancêtres  se  sont  acquise  dans  les 
»  pfaunes  de  Varsovie,  à  Fehrbellin  et 
»  dans  l'expédition  de  la  Prusse.  Votre 
»  sort  est  entre  vos  mains  ;  les  distinc- 
»  tiens  et  les  récompenses  attendent 


mSTOlE^  l>b  HO>    iL\kys. 


ï9 


M  que  vos  belles  actioai»  les  inériteut. 
»  Mais  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  esci- 
»  ter  à  la  gloire  ;  vous  n'avez  qu'elle  de- 
0  vaut  les  yeux ,  c'est  le  seul  objet  di- 
^  gne  de  vos  travaux.  Nous  allons  af- 
o  fronter  des  troupes  qui,  sous  le  prince 
»  Eugène»  ont  eu  la  plus  grande  repu- 
»  tation  :  quoique  ce  prince  n'existe 
»  plus,  d'autant  plus  d'honneur  y  aura- 
»  t-il  à  vaincre,  que  nous  aurons  à  me- 
nsurer  nos  forces  contre  de  braves 
»  soldats.  Adieu  !  partez.  Je  vous  <iui 
i>  vrai  incessamment  au  rendez-vous  dt 
r  la  gloire  qui  nous  attend.  » 

Le  roi  partit  de  Berlin  après  un  grand 
bal  masqué  ;  il  arriva  le  21  décembre  à 
Crossen.  Une  singularité  voulut  que  ce 
jour  même  ,  unç  corde  ,  apparem- 
ment usée,  à  laquelle  la  cloche  de  la 
cathédrale  était  siispenduc,  se  rompit. 
La  cloche  tomba,  el  cela  fut  pris  pour 
an  sinistre  présage  ;  car  il  régnait  en- 
core dans  l'esprit  de  la  nation  des  idées 
superstitieuses.  Pour  détourner  ces 
mauvaises  impressions,  le  roi  expliqua 
ces  signes  avantageusement.  Cette  clo- 
che tombée  signifiait ,  selon  lui ,  l'a- 
baissement de  ce  qui  était  élevé;  et 
coDune  la  maison  d'Autriche  l'était  in- 
finiment plus  que  celle  de  Brande- 
bourg ,  cela  présageait  clairement  les 
avantages  qu'on  remporterait  sur  elle. 
Quiconque  conuait  le  public,  sait  que 
de  telles  raisons  sont  suffisantes  pour 
le  convaincre. 

Ce  fut  le  23  décembre  (1)  que  l'ar- 
mée entra  en  Silésie.  Les  troupes  mar- 
chèrent par  cantonnement,  tant  parce 
qall  n'y  avait  point  d'ennemi,  que 
parce  que  la  saison  ne  permettait  pas 
de  camper  :  elles  répandirent  sur  leur 
passage  la  déduction  des  droits  de  la 
maison  de  Brandebourg  sur  la  Silésie. 
On  publia  en  même  temps  on  mani- 


feste  contenant  en  substance  :  que  les 
Prussiens  prenaient  possession  de  cette 
province  pour  la  garantir  contre  l'ir- 
ruption d'un  tiers,  ce  qui  marquait  as* 
sez  clairement  qu'on  n'en  sortirait  pas 
impunément.  Ces  précautions  firent 
que  le  peuple  et  la  noblesse  ne  regar-* 
dèrent  point  l'entrée  des  Prussiens  en 
Silésie  comme  l'irruption  d'un  en- 
nemi, mais  comme  un  secours  offi- 
cieux qu'un  voisin  prêtait  à  son  allié. 
La  religion  encore,  ce  préjugé  sacré 
chez  le  peuple,  concourait  à  rendre  les 
esprits  prussiens  ;  parce  que  les  deux 
tiers  de  la  Silésie  sont  composés  de 
protestans  qui,  long-temps  opprimes 
par  le  fanatisme  autrichien,  regar- 
daient le  roi  comme  un  sauveur  que  le 
ciel  leur  avait  envoyé. 

£n  remontant  TOder,  la  première 
forteresse  qu'on  rencontre,  c'est  Glo- 
gau.  La  ville  est  située  sur  la  rive  gau- 
che de  cette  rivière  ;  son  enceinte  est 
médiocre,  environnée  d*un  mauvais 
rempart  dont  la  moindre  partie  était 
revêtue.  Son  fossé  pouvait  se  passer 
en  plusieurs  endroits  ;  la  contrescarpe 
était  presque  détruite.  Comme  la  sai- 
son rigoureuse  empêchait  d'en  faire  le 
siège  dans  les  formes,  on  se  contenta 
de  la  bloquer  ;  d'ailleurs  la  grosse  ar- 
tillerie n'était  point  encore  arrivée.  L^ 
cour  de  Vienne  avait  donné  des  ordres 
précis  à  Wenzel  Wallis,  gouverneur 
de  la  place,  de  ne  peint  commettre  les 
premières  hostilités  ;  il  crut  que  de  le 
bloquer  n'était  pas  l'assiéger,  et  il  se 
laissa  paisiblement  enfermer  dans  ses 
remparts.  Depuis  la  paix  de  Belgrade, 
la  plus  grande  partie  de  l'armée  autri- . 
chienne  était  demeurée  en  Hongrie. 
Au  bruit  de  la  rupture  des  Prussiens, 
le  général  Braun  fut  envoyé  en  Silésie^  ^^ 
où  il  put  rassembler  à  peine  trois  mille 

1  hommes  ;  il  tenta  de  s*cmparer  de  Bres- 
lau  tant  par  la  rit  -c^  que  par  h  force. 


M 


FR&D^EIC  If. 


jnais  inotilement.  Cette  ville  jouissait 
4e  privilèges  semblables,  à  ceux  des 
villes  impériales  :  c'était  une  petite  ré- 
publique gouvernée  par  ses  magistrats, 
et  qui  était  exempte  de  toute  garnison, 
{/amour  de  la  liberté  et  du  luthérianis- 
i^e  préserveren  t  ses  habi tans  des  fléaux 
de  la  guerre  ;  ils  résistèrent  aux  sollici- 
tiitions  du  général  Braun ,  qui  Taurait 
pourtant  à  la  fin  emportée,  si  le  roi 
0*eût  hftté  sa  marche  pour  l'obliger  à 
la  retraite.  Dans  ces  entrefaites,  le 
prince  Léopold  d'Anhalt  arriva  à  Glo- 
gau  avec  rix  bataillons  et  einq  esca- 
drons ;  il  releva  les  troupes  du  blocus, 
et  le  roi  partit  sur-le-chonp  avec  les 
grenadiers  de  Tarmée,  six  bataillons  et 
dix  escadrons,  pour  gagner  Breslau 
sans  perte  de  temps.  Après  quatre 
jours  de  marche,  il  se  trouva  aux  por- 
tes de  cette  capitale,  tandis  que  le  ma- 
réchal de  Schwérin  longeait  le  pied 
des  montagnes  et  dirigeait  sa  marche 
par  Liegnitz,  Schweidnitz  et  Franc^ 
kenstein,  pour  purger  d'ennemis  cette 
partie  de  la  Silésie. 

JLe  premier  de  janvier,  le  roi  s*empara 
des  faubourgs  de  Breslau  sans  résis- 
tance, et  envoya  les  colonels  de  Borck 
et  de  Goitz  pour  sommer  la  ville  de  se 
reudre  :  en  même  temps  quelque» 
troupes  passèrent  TOder  et  se  eanton- 
lièrent  au  dôme.  Par  là,  le  roi  se  trou- 
vait maître  des  deux  côtés  de  la  rivière 
et  bloquait  effectivement  cette  ville  mal 
approvisionnée,  qui  fut  forcée  d'entrer 
en  composition.  H  faut  observer  que 
les  fossésde  la  ville  étant  gelés,  la  bour^ 
geoisie  pouvait  craindre  d'être  em^ 
portée  par  un  assaut  général.  Le  2èle 
de  la  religion  luthérienne  abrégea  tou- 
tes les  longueurs  de  cette  négociation  : 
un  cordonnier  enthousiaste  subjugua 
le  petit  peuple,  lui  communiqua  son 
fanatisme  et  le  souleva  au  point  d'o- 
bliger les  nNfistrats  à  signer  uo  acte 


de  neutraHté  avee  les  PMèsfètls,  et  i 
leur  ouvrir  les  portes  de  la  ville.  t)ês 
qtie  le  roi  fut  entré  dans  cette  capi- 
tale, Il  licencia  toutes  les  personnes  en 
place  qui  se  trouvaient  au  service  de 
la  reine  de  Hongrie.  Ce  coup  d'autorité 
prévint  toutes  les  menées  sourdes  dont 
ces  anciens  serviteurs  dé  la  maison 
d'Autriche  auraient  fait  usage  dans  la 
soite  pour  cabaler  contre  les  intérêts 
des  Prussiens.  Cette  aBhire  terminée, 
un  détachement  d'infanterie  passa  l'O- 
de^ pour  chasset*  de  Naraslau  une  gar- 
nison autrichienne  de  trois  cents  hom- 
mes,  qui ,  quinze  jours  après,  se  rendit 
prisonnière  de  guerre.  On  ne  laissa 
qu'uti  régiment  d'Infanterie  dans  les 
faubourgs  de  Breslau ,  et  le  roi  dirigea 
sa  marche  sur  Ohiau ,  où  Braun  avait 
jeté  le  colonel  Formentini  avec  quatre 
cents  hommes.  Cette  ville  prend  son 
nom  d'une  petite  rivière  qui  passe  sotis 
ses  murs;  elle  était  entourée  d'un 
mauvais  rempart  à  demi  éboulé  et  d'un 
fossé  sec  :  le  château ,  qui  Vaut  un  peu 
mieux ,  ne  peut  se  prendre  qu'avec  du 
canon.  Pendant  qu'on  se  disposait  à 
donner  un  assaut  général  à  cette  bico- 
que, le  commandant  capitula.  Là  gar- 
nison se  débanda  en  sortant,  et  il  ne 
hH  resta  que  cent  vingt  hommes,  aveé 
lesquels  il  fut  envoyé  à  Kelsse.  Les  en- 
nemis avaient  à  Brieg  une  garnison  de 
douse  cents  hommes,  et  pour  la  blo- 
quer, ainsi  que  les  autres  places,  le  gé- 
néral Kteist  en  fit  rinvestissement  avec 
cinq  bataillons  et  quatre  escadrons. 
Pendant  que  le  roi  avait  pris  ou  bloqué 
les  places  le  long  de  l'Oder,  le  maré-j^ 
chai  de  Schwérin  était  arrivé  à  Franc- 
kenstein ,  en  approchant  de  la  rivière 
de  Neis^,  qui  sépare  la  haute  Silésie  de 
la  basse  ;  il  tomba  sur  les  dragons  de 
Lichtehstein ,  qu'il  poussa  sur  Ottma- 
chau  :  ce  chftteau  é|tiscopal  a  un  pont 
sur  la  Neisse.  M.  A^  Braun  ,  |>oiir 


HfSTOIHË  tTE  MO^   TKMPS. 


81 


couvrir  et  facllîter  sa  retraite ,  y  jeta 
trois  compagnies  de  grenadiers.  Le 
maréchal  de  Schwérin  les  bloqua  ;  ie 
lendemain ,  le  roi  le  joignit  avec  des 
mortiers  et  quelques  pièces  de  douze 
Hvres.  Dès  que  le^  batterieis  ftarent  en 
état  de  jouer,  le»  major  Mussiing ,  corn- 
mandjamt  de  h  garnison,  se  rendit  à  dis- 
crétion, n  ne  restait  plus  que  fa  ville  de 
Ifèisse  à  prendre  i  mois  eUe  valait 
lËieux  |Nnir  sa  force  que  toutes  les  au- 
tres. Cette  yille  est  située  au-delà  de 
Neisse,  roftifiée  d*un  bon  rempart  de 
terre  et  d*un  fossé  qui  A  sept  pieds  d'eau 
de  profondeur,  environnée  d*un  ter- 
Mn  bas  et  marécageux ,  où  Roth ,  qui 
M  était  commandant ,  avait  pratiqué 
une  inondation.  Du  côté  de  la  basse 
Bilésie,  cette  place  est  commandée  par 
une  hauteur  qui  en  est  éloignée  de  huit 
cents  pas.  La  saison  rigoureuse  s'oppo- 
ttit  aux  opérations  d'un  siège  formef; 
il  ne  restait  donc  pour  s'en  emparer 
qne  l'assaut  t  le  bombardement  ou  le 
Uecna.  Roth  avait  rendu  l'assaut  im- 
praticable ;  il  faisait  tous  les  matins  ou- 
vrir les  glaces  du  fossé  ;  il  faisait  arro- 
ser le  rempart  d'eau  qui  se  gelait  tout 
de  fuite;  il  avait  meublé  lesbastiotis  et 
las  courtines  de  quantité  de  solives  et 
de  faulx  pour  repousser  les  assaillans» 
ee  qui  fit  renoncer  à  l'assaut.  On  essaya 
de  bombarder  la  ville  ;  on-  y  jeta  douze 
tenta  bombes  et  trois  tnHIe  boulets  rou- 
ges, le  tout  en  vain  ;  la  fermeté  de  ce 
eommandant  obligée  les  Prussiens  d'a- 
budonner  cette  entreprise  et  d'entrer 
en  quartiers  d'hiver.  En  même  temps 
le  colonel  Camas ,  chargé  d'une  expé- 
ditim  sorGlatz,  rejoignit  l'armée;  Il 
Ktait  manqué  son  coup  faute  de  bonnes 
mesures.  Pendant  que  les  Pmsriens  se 
cmtomiaieni  autour  de  Neisse,  le  ma- 
rédnl  de  Schwérin ,  à  la  tAte  de  sept 
bataillons  et  dix  escadrons,  descendit 
en  liante  âilésie  ;  il  délogea  le  général 


Braun  de  JîEgorndoriT,  de  Troppau  et 
du  château  de  Grœtz.  Les  xKulridiiens 
se  retirèrent  en  Moravie;  les  Prussiens 
prirent  leurs  quartiers  derrière  rOppa, 
et  s'étendirent  jusqu'à  Jublunka ,  sur 
les  frontières  de  la  Hongrie.  Durant 
tes  opérations  militaires,  le  comte  de 
Gotter  se  trouvait  à  Vienne  ;  il  y  négo- 
ciait, plutét  pour  se  conformer  k  l'u- 
sage, que  dans  l'espérance  de  pouvoir 
réussir.  Il  avait  tenu  un  langage  assez 
imposant,  capable  d'intimider  tonte 
autre  cour  que  celle  de  Charles  YL 
Les  courtisans  de  la  reine  de  Hongrie 
disaient  d*un  ton  de  hauteur,  que  ce 
n'était  point  à  un  prince  dont  la  fonc- 
tion était ,  en  qualité  d'archi-chambel- 
lan  de  l'empire,  de  présentera  Tempe- 
reur  le  bassin  à  laver  les  mains,  de 
prescrire  des  lois  à  sa  fille.  Le  comte 
de  Gotter,  pour  enchérir  sur  ces  pro- 
pos autrichiens  f  eut  l'effronterie  de 
montrer  au  grand -duc  une  lettre  que 
le  roi  lui  avait  écrite ,  où  se  trouvaient 
ces  mots  :  a  Si  le  grand-duc  veut  se 
perdre,  qu'il  se  perde.  »  Le  grand-duc 
en  parut  ébranlé.  Le  comte  Kinsky» 
chancelier  de  Bohème,  Thohime  le  plus 
fier  d'une  cour  ou  la  vanité  dominait , 
prit  la  parole  ;  il  traita  toutes  les  pro- 
positions du  comte  de  Gotter  de  flé- 
trissantes pour  les  successeurs  des  Cé- 
sars ;  ranima  le  grand-duc  et  contribua 
plus  que  tous  les  autres  ministres  à  rom- 
pre cette  négociation.  LIEùrope  était 
dans  la  surprise  de  l'invasion  inopinée 
de  la  Silésie.  Lesuns  taxaient  d'étourde 
rie  cette  levée  de  boncliers  ;  d'autres  re-  *  ' 
gardaient  cette  entreprise  comme  une  '\ 
chose  insensée.  Le  ministre  d*ÂngIe- 
terre,  Robinson  «  qui  résidait  à  Vienne, 
soutenait  que  le  roi  de  Prusse  méritait 
d'être  excommunié  en  politique.  En 
même  temps  que  le  comte  de  Gotter 
partit  pour  Vienne,  le  roi  envoya  le 
général  Wf  nterféld  en  Rùiàle  ;  il  / 


52 


FRÉDÉRIC  U. 


truîjva  le  œarnuis  de  Kutta,  qui  )  sou-  [  écrit  au  cardital  de  Fleury ,  et  quoi- 


teiitUt,  avet-  toute  (a  vivacité  de  son  ca- 
ractère, les  intérêts  de  la  cour  de 
Vienne.  Cependant,  en  cette  occa- 
sion, le  bon  sens  poméranien  rem- 
porta sur  la  sagacité  italienne,  et  M.  de 
Wînterfeld  parvînt ,  par  le  crédit  du 
maréchal  Munnich ,  à  conclure  avec  la 
Russie  une  alliance  défensive  ;  c'était 
tout  ce  qu'on  pouvait  désirer  de  plus 
avantageux  dans  ces  circonstances  cri- 
tiques. Après  que  les  troupes  furent 
entrées  dans  leurs  quartiers  d'hiver,  le 
roi  quitta  la  Silésie  et  vint  à  Berlin  pour 
faire  les  dispositions  convenables  pour 
la  campagne  prochaine.  On  fit  partir 
pourl'armée  un  renfort  dedixbataillons 
et  de  vingt-cinq  escadrons.  Et  comme 
les  intentions  des  Saxons  et  des  Hano- 
vriens  paraissaient  équivoques,  il  fut 
résolu  d'assembler  trente,  bataillons  et 
quarante  escadrons  auprès  de  Brande- 
bourg, sous  les  ordres  du  prince  d'An- 
halt ,  pour  veiller  sur  la  conduite  de  ces 
princes  voisins.  Le  prince  d'Anhalt 
choisit  Genthin  comme  l'endroit  le 
plus  propre  pour  son  campement,  et 
d'où  il  tenait  également  en  écti^c  les 
Saxons  et  les  Hanovriens.  La  plaparC 
des  souverains  étaient  encore  dans 
l'incertitude,  et  ils  ne  pouvaient  point 
débrouiller  le  dénouement  qui  se  pré- 
parait. La  mission  du  comte  de  Gotter 
à  Vienne,  d'autre  part  l'entrée  des 
troupes  prussiennes  en  Silésie,  leur 
présentaient  une  énigme,  et  ils  s'effor- 
çaient à  deviner  si  la  Prusse  était  l'al- 
liée ou  l'ennemie  de  la  reine  de  Hon- 
grie. De  toutes  les  puissances  de  l'Eu- 
rope, la  France  était,  sans  contredit,  la 
plus  propre  pour  assister  les  Prussiens 
dans  leur  entreprise.  Tant  de  raisons 
rendaient  les  Français  ennemis  des 
Autrichiens,  que  leur  intérêt  devait  les 
porter  à  se  déclarer  les  amis  du  roi.Ce 
pripce,  jpoiir  sonder  le,  terriin ,  avait 


qu'il  n'eût  fait  qu'effleurer  les  objet», 
il  en  disait  assez  pour  être  entendu.  Le 
cardinal  (1]  s'ouvrit  davantage  dans  sa 
réponse  ;  il  lui  dit  sans  détour  :  «  Qm 
»  la  garantie  de  la  pragmatique  saoe^ 
»  tion  que  Louis  XV  avait.donnée  à  fea 
D  l'empereur  ne  l'engageait  à  rien ,  par 
»  ce  correctif  sauf  Us  droiu  d^un  titré  : 
9  de  plus,  que  feu  l'empereur  n'avait 
»  pas  accompli  l'article  principal  de  oe 
»  traité,  par  lequel  il  s'était  chargé  de 
»  procurer  à  la  France  la  garantie  4e 
»  l'empire  du  traité  de  Vienne.  »  Le 
reste  de  la  lettre  contenait  une  déclar 
mation  assez  vive  contre  l'ambition  de 
l'Angleterre,  uq  panégyrique  de  U 
France  et  des  avantages  qu'on  ren-* 
contrait  dans  son  alliance,  avec  un  dé* 
tail  circonstancié  des  raisons  qui  de^ 
valent  porter  les  électeurs  à  placer  l'é^ 
tecteur  de  Bavière  sur  le  trdne  impé- 
riale Le  roi  continua  cette  eorrespon- 
danee;  il  marqua  aa  cardinal  le  décnr 
sincère  qu'il  avait  de  s'unir  au  rOi 
très  chrétien ,  en  rassurant  de  toute  la 
facilité  qu'il  apporterait  de  sa  part  pour 
terminer  fort  promptement  cette  né-* 
gociatîon.  La  Suède  voulait  aussi  jouer 
un  rêle  dans  les  troubles  qui  aiiaient  sur* 
venir  ;  elle  était  alliée  de  la  France,  et 
par  l'instigation  de  cette  puissance,  eHa 
avait  fait  passer  un  corps  de  troupes  en 
Finlande,  sous  les  ordres  du  général 
Buddenbrpek  :  ce  corps,  qui  avait  ioa- 
piré  de  la  jalousie  à  la  Russie,  accéléra 
l'alliance  qu'elle  fit  avec  la  Prusse; 
mais  ces  engagemens  pensèrent  être 
détruits  aussitêt  que  formés.  Le  roi  de 
Pologne  venait  d'envoyer  le  beau  comte 
Lynar  à  Péterd)ourg.  Ce  ministre  plut 
à  la  princesse  de  Meclclenbourg ,  ré* 
geote  de  la  Russie  ;  et  oonune  les  pas- 
sions ducoBur  iafluait  sur  les  déUbé^ 

(1)  LMtM  d«té«  (fia  «^  jMvJpr  iHé. 


H1STOIRK  DE  M05  TEMPS. 


rations  de  l'esprit ,  la  régente  fut  bien- 
tAt  liée  avec  le  roi  de  Pologne.  Cette 
passion  aurait  pa  devenir  aussi  funeste 
à  la  Prusse  que  Tamour  de  Pflris  et  de 
la  belle  Hélène  le  fiit  à  Troie.  Une  ré- 
volution que  nous  rapporterons  en  son 
lieu  en  prévint  les  eflets. 

Les  plus  grands  ennemis  du  roi, 
conune  c'est  Tordinaire,  étaient  ses 
pins  proches  voidns.  Les  rois  de  Polo- 
gne et  d'Angleterre,  qui  se  reposaient 
sur  les  intrigues  que  Lynar  liait  en 
Russie,  condurent  entre  eux  une  al- 
liance offensive,  par  laquelle  ils  se  par- 
tageaient les  provinces  prussiennes; 
leur  imagination  les  engraissait  de 
cette  proie,  et  tandis  qu'ils  déclamaient 
contre  Fambition  d'un  jeune  prince 
leur  voisin ,  ib  croyaient  déjà  jouir  de 
ses  dépouilles,  dans  l'espérance  que  la 
Russie  et  les  princes  de  l'empire  con- 
courraient pour  faire  réussir  leurs  des- 
seins ambitieux.  C'était  le  moment 
qu*aurait  dû  saisir  la  cour  de  Vienne 
pour  s'accommoder  avec  le  roi.  Si  alors 
elle  lui  avait  cédé  le  duché  de  Glogau,  le 
roi  s'en  serait  contenté  et  Taurait  as- 
sistée envers  et  contre  tous  ses  autres 
ennemis;  mais  il  est  bien  rare  que  les 
hommes  cèdent  ou  se  raidissent  tou- 
jours à  propos.  Le  signal  de  la  guerre 
fut  donc  donné  à  l'Europe.  Partout  on 
se  ta  tait ,  on  négociait ,  on  intriguait 
pour  s'arranger  et  former  des  alliances  ; 
mais  les  troupes  d'aucune  puissance 
n'étaient  mobiles  ;  aucune  n'avait  eu 
le  temps  d'amasser  des  magasins,  et  le 
roi  profita  de  cette  crise  pour  exécuter 
SCS  grands  projets. 

CHAPITRE  II. 

Gampagoe  de  1741.  —  NégpciatioDS  de  paii.  — 
Hommage  de  Breslau.  —  Eelonr  ï  Berlin. 

léÊê  i«nfort«  de  Tarmée  de  Silésie 


arrivèrent  à  Schweidnitz  au  mois  de 
février.  De  leur  côté ,  les  Autrichiens 
se  préparaient  également  pour  la 
guerre  ;  ils  tirèrent  le  maréchal  Neu- 
perg  des  prisons  de  Brunn ,  où  il  avait 
été  détenu  depuis  la  paix  de  Belgrade, 
pour  lui  confier  le  commandement  de 
cette  armée,  qui  devait  reconquérir  la 
Silésie.  Ce  maréchal  assembla  ses  trou- 
pes aux  environs  d'Olmutz,  et  il  défa- 
dia  le  général  Lentulus  avec  un  corpf 
pour  occuper  les  gorges  de  la  prind^ 
pauté  de  Glatz,  par  on  Lentulus  si 
trouvait  à  portée  de  couvrir  la  Bo- 
hème et  de  joindre  l'armée  de  Neu- 
perg  dans  les  opérations  qu'il  méditait 
sur  Neisse.  Les  hussards  autrichiens 
préludaient  déjà  sur  la  guerre;  ibse 
glissaient  entre  les  postes  des  Pros- 
siens,  tâchaient  d'enlever  de  petits  dé» 
tachemens  et  d'intercepter  des  con- 
vois. 11  se  passa  de  petites  actioM. 
toutes  aussi  favorables  à  l'infanterie  do 
roi  que  fâcheuses  pour  sa  cavalerie.  G^ 
prince,  en  arrivant  en  Silésie,  se  pro- 
posa de  faire  le  tour  de  ses  quartiers, 
pour  se  procurer  la  connaissance  d'uta 
pays  qui  lui  était  nouveau.  Il  partit 
donc  de  SchwidnUz  et  vmt  à  Franckèn» 
stein.  Le  général  Derschau,  qui  con»> 
mandait  dans  cette  partie,  avait  poussé 
deux  postes  en  avant  ;  Tun  était  à  Sil- 
berberg  et  l'autre  à  Wartfaa,  tous  dent 
dans  les  gorges  des  montagnes.  Le  fol 
voulut  les  visiter  ;  les  ennenris  en  en* 
rent  vent ,  et  tentèrent  de  l'enlever. 
Ils  tombèrent,  par  méprise  «  sur  une 
escorte  de  dragons  postés  en  relais  a«* 
près  du  village  de  Banmgarten,  entre 
Silberberg  et  Franckenstein.  Le  cohH 
nel  Ditfort,  qui  commandait  cette  es^ 
oorte,  ignorait  trop  la  guerre  pour  roa^ 
nœuvrer  avec  avantage  contre  des 
troupes  légères  ;  il  fut  battu  et  perdit 
quarante  maîtres.  On  entendit  cette 
tiraillerie  à  Wartha  :  le  roi,  qui  s'y 


tfpmaiU  rassembla  quelques  troupes  à 
I4  hAte^  pour  accourir  au  secours  des 
dragons  qui  étaient  h  un  mille  de  là  ; 
mm  il  arriva  après  coup.  C'était  uoe 
é^ourderic  de  la  port  d'un  souverain 
de  ^'aventurer  si  mal  accompagné.  Si 
le  roi  avait  été  fait  prisonnier  dans 
cette  occasion,  la  guerre  était  termi- 
née, les  Autricbieni  auraient  triomphé 
sans  ooi^)  fiirir,  la  bonne  infanterie 
prussienne  serait  devenue  inutile,  ainsi 
que  tous  les  projets  d'agrandissement 
que  le  roi  se  proposait  d*exécuter. 

plus  on  ai^urodiait  de  l'ouverture  de^ 
la  campagne  (1),  plus  les  affaires  de* 
Tenaient  sérieuses.  Le  rapport  des  es- 
pfpju  s'accordaii  unanimement  à  con- 
ftrquer  qne  les  ennemis  se  renforçaient 
ÔIIM  leurs  postes,  qu'il  leur  arriverait 
de  noavell^  troupes  »  et  qu'ils  médi* 
latent  de  surprendre  les  Prussiens  dans 
leurs  quartiers,  en  j  pénétrant  ou  par 
G|ati  ou  par  Zukmantel.  Vers  le  m^me 
(empift  cent  dragons  et  trois  cents  hus- 
sards autrichiens  s'étaient  jetés  dans 
Naisse.  Cet  indice  seul  était  suffisant 
pour  dévoiler  en  partie  les  desseins  des 
yanemis ,  et  cela  fut  cause  que  le  roi 
donna  des  ordres  pour  resserrer  ses 
qwrtiers.  Il  aurait  dû  sur*le-cbamp  les 
igMseoibler  tous:  mais  il  manquait 
alors  d'eiférience,  et  c'était  propre- 
m^t  sa  premère  campagne.  La  sai* 
Ipn  n'était  pas  assez  avancée  pour  que 
las  blocus  de  Glogau  et  de  Bricg  pus- 
sent  se  convertir  en  sièges.  11  y  avait 
cependant  un  projet  tout  arrangé  pour 
prendrp  Glogau  d'emblée,  et  le  prince 
Libopold  d'Anhalt  eut  ordre  de  Vexé- 
cuter  sans  perte  de  temps.  Ce  fut  le  9 
de  mars  que  la  ville  fut  attaquée  par 
ciaq  endroits  à  la  fois  et  prise  en 
nsoins  d'une  heure  de  temps  ;  la  cava* 
lerie  même  franchit  les  remparts,  tant 


;  les  ouvrages  étiiient  tombés  en  ruine. 
Aucune  maison  im  fut  pillée,  aucun 
bourgeois  ne  fut  insultt'^ ,  et  la  disci- 
pline prussienne  brilla  dans  tout  sou 
éclat.  Wallis  et  toute  sa  garnison  de- 
vinrent prisonniers  de  guerre.  {In  ré- 
giment de  la  nouvelle  création  en  prit 
possession  ;  on  Gt  travailler  d'abord  à 
perfectionner  lesouv^-ages,  et  le  prince 
Léopold,  avec  le  corps  qu'il  comman- 
dait, joignit  le  roi  à  Schwcidnitz.  Ce 
n'était  pas  le  tout  que  d*avoir  pris 
Glogau;  les  troupes  étaient  encore 
trop  éparpillées  pour  se  joindre  au  bo- 
$oin  ;  surtout  les  quartiers  qu'occupait 
le  maréchal  de  Schwérin  en  haute  Si- 
lésie,  étaient  ceux  qui  causaient  le 
plus  d'inquiétude.  Le  roi  voulut  que  le 
maréchal  les  levât  et  qu'il  se  repliât 
sur  la  Neisse,  où  le  roi  voulait  le  join- 
dre avec  toutes  les  troupes  de  la  basse 
Sîlésie.  Schwérin  n'était  pas  de  ce  sen- 
timent ;  il  écrivit  que  si  on  voulait  le 
re;^forcer,  il  promettait  de  soutenir 
ses  quartiers  jusqucs  au  printemps. 
Pour  cette  fois  le  roi  en  crut  plus  son 
maréchal  que  lui-même.  Sa  crédulité 
pensa  lui  devenir  fatale  ;  et  comme  s*il 
eût  fallu  accumuler  ses  fautes,  il  se  mit 
lui-même  à  la  tèt«  de  huit  escadrons 
et  de  neuf  bataillons  pour  se  rendre  à 
Jfipgerndorff;  il  rencontra  le  maréchal 
à  Keustadt.  La  première  question  fut  : 
a  Quelle  nouvelle  avez-vous  des  enne- 
»  mis  ?  —  Aucune,  reprit  le  maréchal , 
»  sinon  que  les  troupes  autrichiennes 
»  sont  dispersées  le  long  des  frontières 
»  depuis  la  Hongrie  jusqu'à  Braunau 
»  en  Bohême,  et  j'attends  à  tout  mo- 
»  ment  le  retour  de  mon  espion.  »  Le 
lendemain  le  roi  arriva  à  JtTgerndorff  ; 
son  dessein  était  d'en  parlir  le  jour 
suivant,  pour  ouvrir  la  tranchée  de- 
vant Neisse,  où  le  maréchal  Kalcksteîn 
l'attendait  avec  dix  bataillons  et  au- 
tant d'eseadroos.  Le  due  de  Holatein , 


*  ^■•-.1*   o-^   ■-     . 


mSTOlBE  DE  MON    ri:jiP0. 


qui  "(ail  alord  a.Fraiicki'iistein«  devait 
>  jc.indrc  le  roi  cgaleinent  avec  sept 
li  'i.iilioas  ot  quatre  escadrons.  Lors- 
4;ue  le  roi  toMchait  au  moment  de  son 
(i;}part  (1),  jSt  quji  donnait  ses  derniers 
(;i(lres  au  n^échal  comme  au  prince 
Ltl'opold,  ^pt  df^gODS  autrichiens  ar- 
rivèrei^t;  Qp  apprit  de  ces  déserteurs 
qix*ils  avaief^t  q^tté  Tarmée  à  Freu- 
d^thal  (qui  n*c$tqu*à  up  mille  et  demi 
de  Jaegerndorff],  que  leur  cavalerie  y 
campait  et  qu'elle  y  attendait  rarrivée 
de  Tinfanterie  et  dii  canon  pour  tra- 
verser les  quartier»  prussiens  et  les 
obliger  à  lever  le  blocus  de  Neisse. 
Dans  ce  temps  même»  on  entendit  esr- 
carmouclier  devant  la  ville;  tout  le 
monde  crut  que  Tavant-garde  de  M.  de 
Meuperg  était  sur  le  point  d'investir 
ia*gemdorir.  Il  n'y  avait  que  cinq  ba- 
taiUons  dajfis  cette  mallieureuse  ville , 
ç'î^q  pièces  de  trois  livres  et  assez  de 
poifdre  pour  quarante  charges.  La  si- 
tuation aurait  été  désespérée,  si  M.  de 
Neppeii;  avait  ^  en  proQter  ;  mais  la 
OiontPgne  n'ei^fanU  qu'une  souris.  Les 
eweipis  voulaier^t  savoir  si  les  Prus- 
sieps  étaient  encore  dans  leur  quar- 
tier ;  pour  s'en  instruire,  leurs  troupes 
légères  allaient  escarmoucher  devant 
cji»^ue  ville,  aQi^  de  rapporter  à  leurs 
ptficiers  ce  nm  ep  était.  Les  dessoins 
lies  ejD9^ms  i^*étaii(  tout-àrfait  mani- 
festés, lis  roi  ne  b9]ança  plus  un  mo- 
ment pour  rassembler  l'armée.  Les 
troupes  de  la  basse  Sjlésie  eurent  or-r 
dre  de  passer  (a  Xeisse  à  Sorge,  et 
celles  fjo  la  hante  Silésie  de  joindre  le 
ror  à  jAgerikdorff.  Le  k  avril,  le  roi 
liartit  ptur  Neiistadt  avec  tous  ces 
mrf^  nssemblés,  m  côtoyant  l'armée 
efio^roie,  4[}i|  Awrebajt  par  Zuckmao- 
t§i  ^t  ^^i^nhals  vers  Keisse.  Le  le»- 
dffiWip  (-2),  il  m  porta  mit  Steinau, 

(f)«atfit. 

--p)4^i#  ............ 


éloigné  d'un  mille  de  Sorge,  où  il 
avait  fait  construire  des  ponts  sur  la 
i  rivière  de  jNcisse.  Il  fallut  lever  le  blo- 
cus de  Brieg,  et  le  général  Kleist  reçut 
ordre  de  joindre  l'armée  avec  son  dé- 
tachement ;  le  duc  de  ilolstein  regut 
des  ordres  pareils,  réitérés  à  plusieurs 
reprises  ;  ceux  qui  en  étaient  chargés 
ne  purent  les  lui  rendre,  et  il  demeura 
tranquilIcmentàFranckcnstein,  voyant 
passer  l'ennemi  à  sa  droite  et  à  sa  gau- 
che sans  s'en  enibarrasser.  Des  déser^ 
teurs  de  l'armée  autrichienne  arrivè- 
rent ù  Steinau  ;  ils  déposèrent  que  le 
général  Lentulus  avait  joint,  le  même 
jour,  le  maréchal  Neuperg  auprès  de 
Neisse.  Sur  cette  nouvelle,  les  quarr 
tiers  prussiens  furent  resserrés  à  l'ins- 
tant a  l'entour  de  Steinau,  et  le  roi 
choisit  un  poste  où  il  put  recevoir 
l'ennemi  au  cas  qu'il  voulut  se  porter 
siu*  les  Prussiens.  PoMr  comble  d'em- 
barras, le  feu  prit  sur  le  soir  au  quar- 
tier de  Sleinau  ;  ce  ne  fut  que  par 
bonheur  (fu'on  sauva  le  canon  et  les 
munitions  de  guerre  par  des  rues  étroi- 
tes dont  toutes  les  maisons  étaient  en- 
fiaminf'es.  Les  troupes  passèrent  la 
nuit  au  bivoyac  sur  le  terrain  que  le 
roi  avait  choisi  pour  son  camp.  L^ 
lendemain  (1),  ce  petit  corps  de  treize 
bataillons  et  de  quinze  escadrons, 
après  une  marche  assez  fatigante,  ar- 
riva a  Faickenberg,  où  Ton  apprit  que 
le  colonel  Stechow,  qui  couvrait  le 
pont  de  Sorge  avec  quatre  bataillons, 
avait  aperçu  un  gros  corps  d*ennemis 
qui  se  fortifiait  de  l'autre  côté  de  la 
rivière ,  el  faisait  même  un  feu  assez 
vif  sur  les  Prussiens.  Le  {.lince  Charles 
y  marcha  aussitôt  avec  quatre  batail- 
lons, et  il  avertit  le  roi  que  Lentulus 
se  trouvait  sur  lautre  bord  de  la 
Ijeisse  ayi^c  cfftqnqfftfi  escadrons ,  et 

(1)  6  a?  ni 


Ty'\ 


FïlÉDÈnTC  11. 


Tcrtdoit  le  passage  absolument  impra- 
liwblc,  parce  que  le  terrain  était  trop 
étroit  pour  déboucher.  Cela  obligea  de 
changer  la  direction  de  la  marche  ;  on 
prit  la  route  de  Michelau,  autre  pont 
sur  la  Neisse  ,  où  le  général  Marwitz 
était  déjà  avec  les  troupes  rassemblées 
des  quartiers  de  Schweidnitz  et  du 
blocus  de  Brieg.  Le  pont  de  Sorge  fut 
levé  sans  perte  de  temps,  et  le  soir 
tous  ces  différens  corps  joignirent  le 
roi.  Le  lendemain  (1),  Tarmée  passa 
la  Neisse  à  Michelau  dans  le  dessein 
de  marcher  sur  Grotkau.  Un  courrier, 
qui  avait  passé  cette  ville,  apporta  des 
dépèches  au  roi,  de  sorte  qu'il  ne  se 
doutait  de  rien.  Une  neige,  qui  tom- 
bait à  gros  flocons  pressés,  intercep- 
tait la  lumière  et  empêchait  de  discer- 
ner les  objets.  On  marchait  toujours. 
Les  hussards  de  Tavant-garde  entrè- 
rent dans  le  village  de  Leipe,  qui  est 
sur  ce  chemin,  et  donnèrent,  sans  le 
savoir,  sur  un  régiment  de  hussards 
ennemis  qui  y  cantonnait.  Les  Prus^ 
siens  prirent  quarante  des  ennemis, 
tant  h  pied  qu'à  cheval,  et  l'on  apprit 
d'eux  qu'une  demi-heure  auparavant 
M.  de  Neuperg  avait  pris  Grotkau  ;  un 
lieutenant,  nommé  Mitzschefahl ,  y 
commandait  avec  soixante  hommes  :  il 
se  défendit  trois  heures  contre  toute 
l'armée  autrichienne.  Les  déserteurs 
déposèrent,  de  plus,  que  le  lendemain 
l'ennemi  marcherait  à  Ohlau,  pour  y 
prendre  la  grosse  artillerie  que  le  roi 
y  avait  mise  en  dépôt.  Sur  cette  nou- 
velle, les  différentes  colonnes  de  l'ar- 
mée ,  qui  étaient  toutes  en  marche , 
furent  aussitôt  assemblées.  Le  roi  la 
partagea  en  quatre  divisions,  qui  can- 
tonnèrent dans  quatre  villages,  assez 
près  les  unes  des  autres  pour  qu'en 
moins  d'une  heure  elles  pussent  être 

(1)  8  aTril. 


assemblées  à  leur  rendez-vous.  Le  roi 
prit  son  quartier  dans  les  villages  de 
Pogrel  et  d'Alsen,  d'où  il  dépêcha  dif- 
férens officiers  à  la  garnison  d'Ohlau, 
pour  l'avertir  de  son  approche  et  pour 
attirer  à  lui  deux  régimens  de  cuiras- 
siers qui  venaient  d'arriver  dans  ces 
environs  ;  aucun  de  ces  officiers  ne  put 
s'y  rendre  à  cause  des  partis  ennemis 
qui  infestaient  ces  contrées.  Le  jour 
suivant,  la  neige  ftit  si  épaisse  qu'à 
peine  distinguait-on  les  objets  à  vingt 
pas;  cependant  on  apprit  que  l'en- 
nemi s'était  approché  de  Brieg.  Si  ce 
mauvais  temps  avait  continué ,  l'em- 
barras des  Prussiens  n'aurait  bit  que 
s'accroître;  les  vivres  commençaient 
à  devenir  r(u^s,  il  fallait  secourir  Oh- 
lau, et  en  cas  de  malheur,  il  n'y  avait 
aucune  retraite  ;  mais  la  fortune  sup- 
pléa à  la  prudence.  Le  lendemain, 
10  d'avril,  le  temps  parut  clair  et  se- 
rein ;  et  quoique  la  terre  fût  couverte 
de  deux  pieds  de  neige,  rien  ne  s'op- 
posait à  ce  qu'on  voulait  entreprendre. 
Dès  les  cinq  heures  du  matin,  l'armée 
se  rassembla  auprès  du  moulin  de  Po- 
grel ;  elle  consistait  en  vingt-sept  ba- 
taillons, vingt-neuf  escadrons  de  ca~ 
Valérie  et  trois  de  hussards;  elle  se 
mit  en  marche  sur  cinq  colonnes  ;  celle 
du  milieu  était  d'artillerie,  les  deux 
plus  voisines  du  centre,  d'infanterie,  et 
les  deux  aux  extrémités  des  ailes ,  de 
cavalerie.  Le  roi  savait  que  l'ennemi 
lui  était  supérieur  en  cavalerie  :  pour 
obvier  à  cet  inconvénient,  il  mêla  en- 
tre les  escadrons  de  chaque  aile  deux 
bataillons  de  grenadiers;  c'était  une 
disposition  dont  Gustave-Adolphe  avait 
fliit  usage  à  la  bataille  de  Lutzen ,  et 
dont,  selon  toute  apparence,  on  ne  se 
servira  plus.  L'armée  s'avança  dans 
cet  ordre  vers  l'ennemi,  en  suivant  la 
direction  du  ciiemin  qui  mènie  à  Ob- 
lau.  Le  général  Rottemboui|;<|  qn 


HISTOIRE  im  MoA  Tnm. 


naft  l'avant-garde,  en  passant  auprès 
du  village  de  Pampitz,  prit  une  ving- 
taine de  prisonniers,  qui  conHnnèrent 
ravis  que  des  paysans  du  viUage  de 
Moiwitz  étaient  venus  donner  au  roi , 
que  Tarmée  ennemie  était  cantonnée 
dans  Moiwitz ,  Grunigen  et  Hûneren. 
Dès  que  les  colonnes  se  trouvèrent  à 
deux  mille  pas  environ  de  Moiwitz, 
Tannée  se  déploya  pour  se  mettre  en 
bataille,  sans  qu'on  vtt  paraître  d'en- 
nemis en  campagne.  La  droite  devait 
s*appuyer  au  village  de  HerrendorfF. 
M.  de  Schulenbourg,  qui  commandait 
la  cavalerie  de  cette  aile,  s*y  prit  si 
maladroitement,  qu'il  n'y  arriva  point; 
la  gauche  était  appuyée  au  ruisseau  de 
Lauchwitz,  dont  les  bords  sont  maré- 
cageui  et  profonds.  Cependant,  comme 
la  cavalerie  de  la  droite  n'avait  pas 
donné  assez  de  champ  pour  l'infante- 
rie t  on  fnt  obligé  de  retirer  trois  ba- 
taillons de  la  première  ligne,  dont, 
par  un  heureux  hasard,  on  forma  un 
flanc  pour  couvrir  la  droite  des  deux 
lignes  d'infanterie.  Cette  disposition 
ftat  la  principale  cause  du  gain  de  cette 
bataille,  f.e  bagage  fut  parqué  auprès 
du  village  de  Pampitz,  environ  à  mille 
pas  derrière  les  lignes ,  et  le  régiment 
de  La  Motte  (1),  qui,  dans  ce  moment, 
Tenait  joindre  l'armée,  le  couvrit.  Rot- 
tembourg,  avec  l'avant-garde,  s*ap- 
prodia  de  Moiwitz ,  d'où  il  vit  débou- 
cher les  Autrichiens  ;  il  aurait  dû  les 
attaquer  dans  ce  désordre,  s'il  n'avait 
en  des  oi'dres  précis  de  ne  rien  enga- 
gea ;  ainsi  il  ramena  sa  troupe  à  l'aile 
droite ,  dont  elle  faisait  partie.  Il  doit 
paraître  étonnant  qu'un  général  expé- 
rimenté conune  H.  de  Neuperg  se  fût 
'  laissé  surprendre  de  cette  manière.  Il 
était  cependant  excusable;  il  avait 
'  donné  des  ordres  à  différens  officiers 

(I]  il  wTïnw  fi*Or»p«fD. 


de  hussards  de  battre  la  campagne, 
surtout  vers  le  diemin  de  Brieg.  Soit 
paresse,  soit  négligence,  ces  officiers 
ne  s'acquittèrent  pas  de  leur  devoir,  et 
le  maréchal  n'eut  des  nouvelles  de 
l'approche,  du  roi  qu'en  voj'ant  son 
armée  en  bataille  vis^-vis  de  ses  cm?- 
tonnemens.  M.  de  Neuperg  ftit  réduit 
à  mettre  ses  troupes  en  bataille  sous  le 
feu  du  canon  prussien,  qui  était  pnunp- 
tement  et  bien  servi  ;  son  aile  droite 
de  cavalerie,  sous  les  ordres  de  M.  de 
Rœmer,  arriva  la  prenuère.  Cet  offi- 
cier intelligent  et  déterminé  vit  que 
Taile  droite  des  Prussiens  était  plos 
près  de  Moiwitz  que  la  gauche;  il 
comprit  qu'en  restant  dans  son  poste, 
M.  de  Neuperg  risquait  d'être  battu 
avant 'que  la  cavalerie  de  sa  gauche 
fût  arrivée,  et  sans  attendre  l'ordre  de 
personne,  il  résolut  d'attaquer  la  droite 
des  Prussiens.  M.  de  Schulenbouig , 
pour  gagner  le  village  de  Herrendorif  . 
fit  très  maladroiteaieDt  par  escadrons 
un  quart  de  conversion  à  droite;  M.  de 
Rœmer,  qui  s'en  aperçut,  sans  se  for^ 
mer,  donna  à  bride  abattue  et  en 
colonne  sur  cette  aile  que  M.  de  Schu- 
lenbourg  commandait  ;  les  trente  ea-- 
cadrons  des  troupes  de  la  roine  qu'il 
menait,  culbutèrent  dans  l'instant  les 
dix  escadrons  prussiens,  dont  cbaciiii 
leur  prétait  le  flanc  gauche.  Cette  ca- 
valerie en  déroute  passa  devant  et  en- 
tre les  lignes  de  Imfanterie,  qu'ils 
auraient  culbutée  si  celle-ci  n'avait  fait 
feu  sur  ces  fuyards;  ce  qui  en  même 
temps  écarta  les  ennemis.  M.  de  Roa- 
mer  y  fut  tué;  mais  ce  qui  doit  sur^ 
prendre  tout  militaire ,  c'est  que  ces 
deux  bataillons  de  grenadiers  ^  qui 
avaient  été  entrebcés  entre  les  esca- 
drons de  la  droite,  se  soutinrent  seuls 
et  se  joignirent  en  bon  ordre  à  la 
droite  de  l'infanterie.  Le  roi,  qui 
I  croyait  rallier  l|i  cavalerie  comme  on 

m 


u 


niséMG  n. 


arréti  nh^^  «neate  ds  dûenf ,  fui  cn- 
traioé  dans  leur  déroate  jusqu'au  cen- 
tre de  rannéCv  où  il  parvint  à  rallier 
quekpies  escadrons  qu'il  ramena  à  la 
droite.  Ils  furent  obligés  d'attaquer 
les  Autriehiens  à  leur  tour  ;  mais  des 
troupes  battues  et  ramassées  à  la  hâte 
ne  tiennent  guère  ;  ils  se  débandèrent, 
et  M.  de  Schuienbourg  périt  dans  cette 
charge.  La  cavalerie  ennemie  victo- 
rieuse tombent  alors  sur  le  flanc  drmt 
de  l'inCinterie  prussienne,  où  nous 
avons  dit  qu'avaient  été  placés  trois 
bataillons  qai  n'avaient  pu  entrer  dans 
la  première  ligne  ;  cette  infanterie  fut 
vigoureaiement  attaquée  à  trois  re- 
prises; des  officiers  autrichiens  tom- 
bèrent Uessés  entre  ses  rangs;  elle 
désarçonna  i  coups  de  baïonnette  des 
cavaliers  ennemis,  et  à  force  de  valeur, 
elle  repoussa  les  Autrichiens ,  qui  per- 
dirent beaucoup  de  monde.  M.  de 
lleupog  saisit  ce  moment  ;  son  infan- 
terie s'ftranla  pour  entamer  la  droite 
des  Pnisiiens  dépourvue  de  cavalerie, 
ëccondé  de  sa  cavalerie  auiridûenne , 
H  fit  des  aflbrts  incroyables  pour  en- 
foncer les  tnmpes  du  roi,  mais  inuii- 
Imeat.  Cette  valeureuse  infanterie  ré- 
sistait comme  nn  rocher  à  leurs  atta- 
ques, et  par  son  feu  leur  détruiflait 
beancoup  de  monde.  A  la  gaudie  des 
Prussiens  les  choses  étaient  moins  iia- 
sardées  ;  cette  aile,  qu'on  avait  refusée 
i  l'ennemi,  était  appuyée  au  ruisseau 
ée  Lauchwitx;  au^ielà  de  ce  marais, 
h  cavalerio  du  roi  avait  chargé  celle 
de  la  reine  de  Hongrie  et  l'avait  battue. 
i::ependant  fe  feu  de  l'infanterie  de  la 
droHe  durait  depuis  piès  de  cinq  heu- 
res avee  beaucoup  de  vivacité  ;  les  mta- 
bWous  des  soldats  étaient  consumées , 
et  ils  dépouillaient  tes  fournitures  des 
morts  pour  trouver  de  la  poudre  à 
charger.  La  crise  était  si  violente  ^pie 


sans  ressource,  et  prévoyaient  le  mor 
meut  où  ce  corps  sans  munition  serait 
obligé  de  se  rendre  à  l'ennemi  ;  mais 
il  n'en  fut  pas  ainsi,  et  cela  doit  ap^ 
prendre  aux  jaunies  militaires  à  ne  pa^ 
désespérer  tfop  vite;  car  non  seule;- 
ment  l'infanterie  se  soutint,  mais  eJlÎQ 
gagna  du  terrain  sur  rennemî.  (^  0% 
réchal  de  Schwériu,  qui  sep  fl^cricuti, 
fit  alors  un  mouvement  avec  sa  ^^^rr 
che,  qu'il  porta  sur  le  flanc  droit  diy 
Autrichiens.  Ce  mouvemiont  fut  le  si- 
gnal de  ]^  victoire  et  de  la  défaite  dey 
ennemis;  leur  déroute  tut  totale JaL^ 
nuit  empêcha  les  Prussicus  de  pour*- 
suivre  leurs  avantages  aiHiclà  du  vil- 
lage de  hmchwiti.  Alojrs  arrivèrent 
ces  dix  escadrons  d'Oblau,  mais  trop 
tard  ;  une  chaussée ,  qu'ils  avaient  à 
passer  pour  joindre  l'armée,  leur  av^it 
été  barrée  par  les  jhussards  autricbieqfi» 
qui  les  arrêtèrent  iongrtemps  à  ce  d^ 
bouché,  et  ils  ne  l'ahandoupèrent  qsfi 
lorsqu'ils  virent  les  leurs  ,en  fuUe. 
Cette  journ^  co^ta  à  l'armée  dç  j|p 
reine  cent  quatre-vingts  oflSciers,  sept 
mille  morte,  tant  cavalieis  que  fant^ 
sins;  les  ennemis  perdirent  sept  pîèofs 
de  canon,  trois  étendards  et  donne 
cents  hommes  qui  fnrent  Ciits  priso|9p 
niers.  Du  côté  des  Prussiens,  do  compta 
deux  mille  cinq  c^t^  vx^ts,  panpi 
lesquels  était  te  margrave  Frédér^, 
cousin  du  roi,  et  trojs  ni|ie  tdesiés.  ifi 
premier  bataillon  dfifk  gardes,  sur  Ifi^ 
quel  tomba  i'eifori  principal  K^e  l'eiH 
nemi,  y  perdit  la  m^îé  de  ses  oIS- 
ciers  ;  et  de  huit  cents  hoypiunes  dont  fl 
était  composé,  il  n'en  resta  que  cept 
quatre-vingts  on  ét^t  #  fau^  le  ^f^ 
vice. 

C^U  jipuroée  devint  inp^  des  j/ffê 
mémorables  de  ce  siècle»  parce  m/m 
deu^  petites  armées  y  di^cidèfi^  j|a 
sort  de  la  Silésie ,  et  que  les  troupes 


de  vieun  officiers  croyaient  ies  aSiBÛres^  'iu  roi  y  acqmrent  npe  réput^fîo|i|/iQe 


^  BlSTOULfi  nf, 

It  temps  .ni  Vmvit  oe  pouFroot  leur 
ra?ir, 

lie  lecteur  «im  remarvié  tans  doute, 
dans  te  réoit  ée  cette  ouverture  de 
caiBpafiief  ^le  c'était  à  qui  ferait  le 
pks  ib  iMit^a,  duroi  ou  (tai  maréobal 
Neoperg.  Si  le  généqil  autricbien  était 
supéinear  |>ar  set  projets ,  les  Prussiens 
rélaieoi  par  raxécdtioo.  Le  plan  de 
M«  de  Meaperg  était  sa^s  et  judicieux  : 
ea  entrant  en  SUésie,  il  sépare  ief 
quartiem  ds  rûl  ^.ti  pénMne  à  Neissc, 
où  Lâotulus  le  joiiit»  et  il  est  sur  le 
point  Rpn  swfciiunt  de  s'enpaier  de 
Tartitterie  sosrele^  assis  eneeoe  d'enlO"- 
veraui  Rnûsieni  ieui^s  anagasias  de 
Brodaii  ^lea  seuls  qu'ils  eussent.  Mais 
M.  de  Itaiperg  aurait  fm  surprradre  icf 
rai  à  Jseearndorff,  et  pat  ce  coup  seul 
teraûoer  toute  cette  gneire  ;  de  Neisse, 
il  aurait  pu  enlever  ie  cerps  du  due  de 
Heistein^  qui  cantonnait  à  an  mille  de 
là;  avec  19  peu  pins  d^activité^  il  au-i 
rait  pn  empédiet  le  roi  de  passer  la 
Naisse  à  Mi^halan;  de  Giotfcau  racore, 
il  aurait  dé  mardier  Jour  el  nuit  poor 
prendra  Ohian  et  eonper  le  rel  de 
Bl^stan.  An  lien  de  saisir  eBseeoasioM» 
par  une  séoMlé  impardennaUe ,  11  se 
tadisa  surprendre ,  et  ftit  battu  en 
grande  paitie  paraa  prepre  Oiate.  Le 
roi  denaa  encore  pins  de  prise  qne  kû 
àlicénaiHe;  H  fat  averti  à  temps  en 
pÉejrt  deaemémfs,  et  il  ne  prit  ao- 
èiÉie  flMsnre  snfBsante  pour  sfen  ga-* 
nniCir.  Au'Hen  de  narflier  à  Jœgem- 
dorff  pour  éparpiller  encore  phis  ses 
tftMqpês,  t  aurait  de  rasseiuMef  tonte 
sM  armée,  et  la'ptaeer  en  eanfonno*' 
eaènsresseirés  àni  environs  de  Neisse  ; 
a  se  laissa  couper  du  duc  de  Hototcn^ 
et  ee  nrtt  dans  la  nécesrité  deeomtiat- 
tre  dans  tmé  |MKdtion  eè ,  en  cas  de 
nsAiéurllI  if  aratt  aucune  retraite,  oi 
il  risquait  de  perdre  Tarmée  et  de  se 
perdre  lui-même.  Arrivé  à  M4fw1tx,  où 


MOK  TEMPS*  )(^ 

rennemi  caotounait,  au  Ken  de  maiH 
cher  avec  vivacité  pour  séparer  1^ 
.  cantonnemens  des  troupes  de  la  reine; 
il  perd  deux  heures  à  se  former  méri 
tliodicpiemeiit  devant  un  vilage  m 
aucun  icnneoû  ne  paraissait  ;  s'il  avait 
seulement  attaqué  ce  village  da  Mo^ 
witz,  il  y  eût  pris  toute  «ntte  iofenfme 
autrichienne,  à  peuplés  de  même  que 
vingt-quatre  hataUIona  firapçail  furei4 
pris  à  Blindheim  :  mais  il  n*y  amrit 
dans  son  armée  qne  le  marédial  d# 
Sdiwérin  qui  fiât  un  homme  de  tète  et 
un  général  espérimenté.  Il  régnait 
beaucoup  de  liênne  volonté  dans  Isa 
tieupes.1  mais  eHes  ne  connaissaient 
que  les  peUta  détaHa,  et  fauie  d'avoir 
bit  la  guerm,  #lles  n'allaient  qu*an  tàr 
tonnant  et  araignaient  les  partiadéd-* 
sifs.  Ce  qnî  sauva  proprement  kf 
Frassiens ,  ce  fiit  leur  vdeur  et  leur 
discipline.  Molwiti  fat  l'école  dn  roi  et 
de  ses  .troupes.  Ce  prince  fit  des  ré* 
lexiona  pretaides  sur  toutes  les  lautes 
qu'il  «mit  fsîtea,  et  y  tâcha  4e  a^en 
corriger  danalasuile.  LeduedejBoir 
stein  avait  en  occasion  de  frapper  un 
grand  aoup;  mais  peur  Ip  tes  occa- 
sions étaient  perdues.  N'af  ant  point 
reçu  d'eedre  en  roi»  il  avait  mandié  « 
sans  trop  saveir  pourquoi ,  d'Ottma* 
chae  à  fitreUen  ;  il  s'y  tnwva  précisé*- 
ment  le  jour  de  la  bataille  et  entendît 
le ;feu  des  deui  aimées.  Le  il^  tontes 
les  tronpes  des  Autrichiena  en  déroute 
passèrent  à  im  milleée son  poate.  U 
en  narait  pu  détnibe  les  restes;  mais 
fente  de  savoir  prendM  une  réaohiÉion^ 
a  laissa  te  champ  libre  à  M.  de  lie^ 
peif ,  qui  masemUa  ses  fuyards  4e 
KnitraêMédate  viHe de  Neisse,  ette 
dueda  Mebtein  joignit  tranquiHemait 
Pennée  4u  roi  anpr^  d'OUau.  Après 
sa^mstion  eft  Parrifée  d'entrés  ren<^ 
SofiSy  ea  eofps  masamMe  œnsiaiSiK'en 


éd 


l'UfiDÉlIfC   )t 


Mcadronsde  cavalerie  et  trois  de  biUH 
sards;  Pour  profiter  de  cette  victoire , 
il  fut  résolu  d'entreprendre  le  siège  de 
Brieg.  Le  maréchal  de  Klackslein  ftit 
chargé  de  la  conduite  de  ce  siège,  et 
l'armée  du  roi  se  campa  auprès  de 
Moiwiti  pour  le  couvrir.  Huit  jours 
après  Fouverture  de  ki  tranchée, 
M.  Piccolonnni,  qui  était  commandant 
de  la  place ,  capitula,  avant  que  son 
chemin  couvert  fût  emporté  et  lors- 
qu'il n'y  avait  encore  aucune  brèche 
aux  ouvrages.  L'armée  resta  trois  se- 
midaes  au  camp  de  Moiwiti ,  pour 
donner  le  temps  de  combler  les  tran«- 
Cbées  et  de  ravitadler  la  pkice  de 
Brieg,  dont  toutes  les  munitions  avaient 
été  consumées.  Le  roi  profita  de  cette 
inaction  pour  exercer  sa  cavalerie, 
pour  lui  apprendre  à  manœuvrer  et  à 
changer  sa  pesanteur  en  célérité  ;  elle 
Ait  souvent  envoyée  en  parti,  pour 
que  les  officiers  apprissent  à  pn^ter 
du  terrain  et  qu'ils  prissent  plus  de 
confiance  en  eux-mêmes.  Dans  ce 
temps,  Winterfeld,  le  mèAie  (fui  avait 
négocié  une  alliance  en  Russie,  fit  un 
si  beau  coup  à  la  tète  d'un  détacha* 
ment,  qu'il  acquit  la  réputation  d'être 
aussi  bon  officier  que  bon  négociateur. 
11  surprit  et  battit  le  général  Baranay 
à  Rothichlot  et  lui  prit  trois  cents  pri- 
sonniers. Comme  les  Prussiens  jouis^ 
saient  de  la  faveur  du  pays,  ils  avaient 
les  meifienres  nouvelles;  ce  qui  leur 
procura  à  k  petite  guerre  phisteurs 
avantages.  Cependant  nous  ne  rappor- 
terons point  toutes  les  actions  sem*- 
blaUes  ;  par  exemple ,  comment  les 
Autrichiens  ruinèrent,  auprès  de  Leu- 
Inis,  un  nouveau  régiment  de  hussards 
de  Banderaer,  comment  ils  prirent  une 
centaine  de  houlans  auprès  de  Streh- 
en ,  comment  ils  brAlèreot  Zobten , 
«MMient  les  Prussiens  les  battirent  à 
Friedivalde  et  en  d'autres  renoofitres  ; 


parce  que  oe  n'est  pas  l'histoire  des 
liussards,  mais  celle  de  la  conquête  de 
la  Silésie  que  nous  nous  sommes  iMt>- 
posé  de  décrire.  La  bataille  qui  en 
avait  presque  décidé,  causa  des  sensa- 
tions bien  difEèrentes  en  Europe.  La 
cour  de  Vienne,  qui  s'attendait  à  des 
succès,  s'irrita  et  s'aigrit  de  ses  pertes; 
dans  l'espérance  d'avoir  sa  revanche , 
elle  tira  des  troupes  de  la  Hongrie  et 
quantité  de  milices  dont  elle  renforça 
H.  de  Nenperg.  Le  roi  d'Angleterre  et 
celui  de  Pologne  commencèrent  à  res^ 
pecter  l'armée  commandée  par  le 
prince  d'Anhalt,  qued'abord  ils  avaient 
méprisée.  L'empire  étai  tcomme  étouidl 
d'apprendre  que  de  vieilles  bandes  au* 
trichiennes  avaient  été  débites  par 
des  troupes  peu  expérimentées.  En 
France  on  se  réjouit  de  cette  victoire  ; 
la  cour  se  flattait  qu'en  se  mêlant  de 
cette  guerre,  elle  arriverait  à  temps 
pMur  donner  le  coup  de  grâce  A  la 
maison  d'Autriche.  Par  une  suite  de 
cette  disposition  favorable,  le  maré^ 
dial  de  Belle-Isie,  ambassadeur  de 
France  à  la  diète  d'élection  qui  se  te- 
nait à  FrancfiDrt,  vint  dans  le  camp  (1) 
du  roi  lui  proposer,  de  la  part  de  son 
maître,  un  traité  d'aDiance,  dont  les 
articles  principaux  roulaient  sur  l'é- 
lection de  l'électeur  de  Barière,  smr  le 
partage  et  le  démembrement  des  pro- 
vinces de  la  reine  de  Hongrie,  et  sur 
la  garantie  que  la  France  promettait 
de  donner  de  la  basse  Silésie,  à  condi- 
tion que  le  roi  renonçât  à  la  succession 
des  duchés  de  Julien»  et  de  Bergue»  et 
qu'il  promit  sa  voix  à  l'électeur  de  Ba- 
vière. Ce  traité  fut  ébauché,  et  il  fut 
stipidé  de  plus  que  la  France  envjerrait 
deux  armées  dans  l'empiio,  dont  une 
irait  au  secours  de  l'électeur  de  Ba- 
vière, et  l'autre  s'établirait  en  West-* 

|1)  MohritB. 


UJSTOlHi^:    DE   MON    lEillS. 


M 


phalk',   pour  en  luipo^er    ei\  même 
temps  aux  Hanovrieus  et  aux  Saxons  ; 
et  qu'enfin ,  préférablement  h  tout,  la 
Suède  déclarerait  la  guerre  à  la  Russie, 
pour  lui  doniier  de  ToccupationSur  ses 
propres  frontières.  Ce  traité,  tout  avan- 
tageux qu'il  paraissait ,  ne  fut  pas  si- 
gné. Le  roi  ne  voulait  rien  précipiter 
dans  des  démarches  d'ausji   grande 
conséquence,  et  il  se  réservait  ce  parti 
comme  une  dernière  ressource.  Le 
maréchal  de  itelii^Isle  se  livrait  sou- 
vent trop  à  son  imagination  ;  ou  au- 
rait dit,  à  l'entendre,  que  toutes  les 
provinces  de   la  reine   de   Hongrie 
étaient  à  l'encan.  Un  jour  qu'il  se  trou- 
vait iiuprès  du  roi ,  ayant  un  air  plus 
occupé  et  plus  rêveur  que  d'ordinaire , 
ce  prince  lui  demanda  s'il  avait  reçu 
quelque  nouvelle  désagréabh'.  «  Au- 
n  rune,  répondit  le  maréchal;  mais  ce 
y>  qui  m'embarnisse,  sire,  c'est  que  je 
»  lie  sais  ce  que  nous  ferons  de  cette 
»  .Aloravie.  »  Le  roi  lui  proposa  de  la 
donner  à  la  Saxe,  pour  attirer  par  cet 
cippflt  le  roi  de  Pologne  dans  la  grande 
alliance.  Le  maréchal  trouva  l'idée  ad- 
mirable et  l'exécuta  dans  la  suite.  Ce 
n'était  pas  à  la  France  seule  que  se 
bornaient  les  négociations  des  Prus- 
siens ;  elles  s'étendaient  en  Hollande, 
en  Angleterre  et  par  toute  l'Europe. 
Sur  quelques  propositions  qui  avaient 
été  jetées  en  avant  dans  une  lettre  que 
le  roi  avait  écrite  au  roi  d'Angleterre, 
ce  prince  avait  répondu  que  ses  enge- 
gemens  l'obligeaient,  à  la  vérité,  à  sou- 
tenir l'indivisibilité  de  la  succession  de 
Charles  YI,  et  qu'il  voyait  avec  peine 
la  rupture  de  la  bonne  intelligence  en- 
vre  les  Prussiens  et  les  Autrichiens; 
qu'il  ofirait  cependant  volontiers  ses 
bons  offices  pour  moyen  ner  une  ré- 
conciliation entre  ces  deux  cours  ;  il 
envoya  le  lord  Hindfort  comme  mi- 
nistre d'Angleterre,  et  le  sieur  Sçhwic- 


helt  comme  ministre  de  HaiK)vre.  Ces 
deux  négociateurs  étaient,  quoiqu'aa 
service  du  même  prince,  chargés  d'ins- 
tructions toutes  différentes.  Le  Hano- 
vrien  voulait  qu'on  achetât  la  neutra- 
lité de  son  maitre  en  lui  garantissant 
les  évêchés  de  Hildesheim,  d'Osna- 
bruck  et  les  bailliages  qui  lui  sont  hy- 
pothéqués dans  le  Mecklenbourg  ;  on 
lui  donna  un  contrcprojet,  dans  lequel 
les  intérêts  de  la  Prusse  étaient  mieux 
ménagés.  L'Anglais  offrait  les  bons  of- 
fices de  son  maître  pour  engager  la 
reine  de  Hongrie  à  la  cession  de  quel- 
ques principautés  de  la  basse  Silésie  ; 
on  éluda  d'entrer  sur  ces  points  dans 
une  négociation  formelle,  avant  d'être 
préalablement  instruit  des  dispositions 
où  se  trouvait  la  cour  de  Vienne.  Ces 
ministres  étaient  dans  le  camp  du  roi , 
et  il  paraissait  singulier  que  le  lord 
Hindfort  donnât  plus  d'ombrage  au 
sieur  Schwicheit  que  le  maréchal  de 
Befie-Isle,  d'autant  plus  que  ce  Uano- 
vrien  recommandait  sur  toute  chose 
qu'on  fit  un  mystère  de  ses  négocia- 
tions au  ministre  d'Angleterre.  Ces 
Anglais  et  ces  Hanovriens,  qui  flat- 
taient le  roi  dans  son  camp»  ne  vou- 
laient que  l'endormir  ;  ils  n'agissaient 
pas  de  même  dans  les  autres  cours  de 
l'Europe.  En  Russie,  Finch,  ministre 
anglais,  y  soufflait  la  guerre  ;  les  in- 
trigues du  comte  de  Botta  et  les  char- 
mes du  beau  Lynar  perdirent  le  brave 
l^lunnich.  Le  prince  de  Brunswick,  gé- 
néral en  chef  de  la  Russie,  poussé  par 
sa  grand'mère,  par  l'impératrice  douai- 
rière et  par  ces  ministres  étrangers , 
qui  étaient  autant  de  boute-feux,  al- 
lait incessamment  engager  la  Russie  à 
déclarer  la  guerre  à  la  Prusse.  Les 
troupes  s'assemblaient  déjà  en  Livo- 
nie  ;  le  roi  en  était  informé,  et  c'est  ce 
qui  lui  inspirait  de  la  méfiance  pour 
les  Anglais,  dont  il  découTrait  la  du- 


is 


nhnàtiic  11. 


pWdtft.  Leurs  intrigues  avaient  égale- 
inent  extorqué  du  grand  pensionnaire 
de  Hollande  une  lettre  (1)  cxhorta- 
toire  pour  engager  le  roi  à  retirer  ses 
troupes  de  la  Silésic.  Toutes  ces  ma- 
chinations des  Anglais,  et  surtout  ce 
i|u'on  prévoyait  en  Russie,  détermi- 
tièrent  enfin  le  roi  A  signer  Sun  traité 
avec  la  France,  aux  conditions  dont  il 
était  convenu  avec  le  maréchal  de 
Belle-Isle.  ^n  y  ajouta  les  deux  arti- 
cles suivans  :  que  les  Français  com- 
menceraient leurs  opérations  avant  la 
fin  d*aoùt,  et  que  ce  traité  serait  tenu 
secret  jusqu*à  ce  que  sa  publication  ne 
pût  porter  aucun  préjudice  aux  inté- 
rêts des  Prussiens.  On  ne  i)erdit  pas  de 
temps  à  conclure  cette  alliance.  Il  fal- 
lait se  presser;  on  voyait  éclater  la 
mauvaise  volonté  des  Russes  ;  on  vovait 
six  mille  Danois  et  six  mille  Hessois 
auxquels  l'Angleterre  donnait  des  sub- 
sides, joints  aux  troupes  hanovriennes 
qui  campaient  déjà  depuis  le  mois  d'a- 
vril. Les  Saxons  de  leur  cAté  se  pré- 
paraient de  même,  et  il  était  question 
de  joindre  leurs  troupes  h  celles  des 
HanoVriens  ;  il  ne  restait  donc  qu'à 
gagner  du  temps,  jusqu'à  l'arrivée  du 
secours  des  Français,  en  amusant  le 
mieux  qu'on  pourrait  le  lord  Ilindrord 
et  le  sieur  Schwicheit,  pour  qu'ils  ne 
pussent  pas  même  soupçonner  le  traité 
qu'on  venait  de  signer  avec  la  France. 
Le  roi  et  ses  ministres  y  réussirent  si 
bien,  que  cette  négociation,  qui  pa- 
raissait toujours  sur  le  point  d'être 
terminée,  s'accrochait  toujours  à  quel- 
que nouvelle  circonstance ,  qui  obli- 
geait l'Anglais  de  demander  &  sa  codr 
de  plus  amples  instructions  :  on  était 
sur  le  point  do  ronrlnre  et  on  ne  fi- 
m'ssait  jamais.  Le  cnmp  du  roi  avait 
pris  fai  forme  d'un  congrès  ;  mais  l'ar- 

(1)  MiHMl  piT  GittksI  te  Iftjlii. 


mée  se  mit  en  mouvement  et  elle  re- 
prit le  ton  militaire.  Dès  que  la  ville 
de  Brieg  fut  ravitaillée^,  l'armée  se  mit 
en  marche  et  vint  camper  auprès  de 
Grotkau.  M.  de  ^^euperg  était  à  trois 
milles  de  là,  derrière  la  ville  de  Keisse, 
où  il  s'était  mis  dans  un  camp  inexpu- 
gnable. On  changea  de  camp  pour  la 
commodité  des  subsistances  ;  l'armée 
occupa  les  hauteurs  de  Strehlen ,  d'où 
en  s'approchant  de  Breslau,  elle  pou:- 
vait  tirer  ses  vivres  et  nourrir  la  ca- 
valerie à  sec  le  reste  de  la  campagne. 
De  ce  poste,  elle  était  à  une  égale  por- 
tée de  Brieg  et  de  Schweidnitz  et  cou- 
vrait toute  la  basse  Silésie.  On  pro- 
fita des  huit  semaines  qu'on  resta  dans 
cette  position ,  pour  recruter  l'infan- 
terie et  remonter  la  cavalerie  ;  ce  qui 
se  fit  avec  tant  de  succès,  que  l'armée 
n*avait  pas  vie  plus  complète  en  en- 
trant en  campagne  qu'elle  ne  l'était 
alors. 

Tandis  que  le  roi  s'occupait  à  ren- 
dre son  arm('*e  plus  formidable.  M*  de 
Neuperg  formait  dos  projets  qui  au- 
raient été  dangereux ,  si  on  lui  avait 
laissé  le  temps  de  les  exécuter.  Nous 
croyons  qu'il  ne  sera  pas  hors  de  pro- 
pos de  rapporter  de  quelle  façon  le  roi 
parvint  à  les  décimvrir.  Il  y  avait  à 
Breslau  un  nombre  considérable  de 
vieilles  dames  natives  de  l'Autriche  et 
de  la  Bohême ,  et  depuis  long-temps 
établies  en  Silésie  :  ^lu's  parens  étaient 
à  Vienne,  à  Prague  ;  quelques-uns  ser- 
vaient dans  l'armée  de  Neuperg.  Le 
fanatisme  de  la  religion  catholique  et 
l'orgueil  autrichien  augmentaient  leur 
attachement  pour  la  reine  de  Hongrie; 
elles  frémissaient  de  colère  au  seul 
nom  pnissien  :  elles  rabalaient  souN 
dément,  elles  intriguaient,  elles  en- 
tretenaient des  correspondances  dans 
Tannée  de  H.  de  Neuperg  par  des  nsoi- 
nes  dt  dès  |[MWiei  qot  lélur  semiient 


» 


HlSTOme  DE  MO.X  TFMM. 


es 


d'érnissaires;  elles  étaient  înstrnîtrîi  de 
tons  le»  desseins  des  enTi(»Tnis.  r.es  fom- 
tnes,  poar  se  conforter  entre  elles, 
avaient  établi  ce  qu'elles  appelaient 
leurs  assises ,  où  presque  tous  les  soirs 
elles  s'assemblaient ,  se  communi- 
quaient leurs  nouvelles,  et  délibéraient 
•tir  les  moyoTi's  qu'on  pourrait  em- 
ployer pour  expulser  une  armée  héré- 
tique de  la  Sîlésie  et  détruire  tous  les 
mécréans.  Le  roi  était  instruit  en  gros 
de  ce  qui  se  passait  dans  ces  convcnti- 
niles,  et  il  n'épargna  rien  pour  faire 
glisser  dans  ces  assises  une  fausse 
soeur  qui ,  sous  prétexte  de  haine  pour 
les  Prussiens,  y  serait  bien  reçue,  et 
pourrait  avertir  de  tout  ce  qui  s'y  tra- 
mait. C'est  par  ce  canal  qu'on  apprit 
que  M  de  Neuperg  s'était  proposé, 
par  ses  mouvemens,  d'éloigner  le  roi 
de  Breslau,  de  s'y  rendre  alors  par  des 
marches  forcées,  et,  par  le  moyen  des 
intelligences  qu'il  avait  dans  cette  ca- 
pitale, de  s'en  emparer.  C'était  pren- 
dre aux  Prussiens  tous  leurs  magasins 
et  leur  couper  en  même  temps  la  com- 
munication qu'au  moyen  de  l'Oder  ils 
conservaient  avec  l'électorat.  il  fut 
aussitôt  résolu  de  prévenir  I  ennemi  à 
tout  prix  et  de  rompre  à  l'égard  de 
Breslau  une  neutralité  à  laquelle  ses 
magistrats  avaient  porté  plus  d'une 
atteinte.  Sur  œla,  les  syndics  et  les 
échevins  les  plus  attachés  à  la  maison 
d'Autriche  furent  mandés  au  camp  du 
roi  ;  on  y  invita  en  môme  temps  les 
ministres  étrangers,  pour  ne  point  ex- 
poser leur  personne  aux  désordres  aux- 
quels une  surprise  peut  donner  lieu. 
On  détacha  en  même  temps  quelques 
bataillons,  qui  arrivèrent  par  difTéren- 
tes  routes  au  faubourg  (1).  On  de- 
manda è  la  ville  le  passage  pour  un 
légknent;  pendant  qu'il  entrait  par 


«ir 


une  porte ,  un  rhariof  s'embarrassa 
dans  un  autre  ;  trois  bataillons  et  cinq 
escadrons  en  profitèrent  pour  se  glis- 
ser dans  la  ville.  L'infanterie  occupa 
les  remparts,  les  places,  et  consigna 
les  postes.  La  cavalerie  nettoya  les 
rues  principales  :  en  moins  d'une  heu- 
re tout  fut  soumis;  on  ne  commit  an> 
cun  désordre ,  ni  pillage,  ni  meurtre  : 
la  bourgeoisie  prêta  Thommage.  Trois 
bataillons  y  restèrent  en  garnison  (1) 
et  les  autres  vinrent  rejoindre  l'armée. 
M.  de  Neuperg,  qui  ne  se  doutait  pas 
qu'il  fût  découvert,  s'était  porté  sur 
Franckenstein,  dans  l'espérance  que  le 
roi  tomberait  tout  de  suite  sur  Neisse, 
et  qu'alors  il  exécuterait  son  projet  sur 
Breslau  ;  mais  s'apercevant  que  son 
coup  avait  manqué ,  il  voulut  s'en  dé- 
dommager en  enlevant  le  magasin  que 
les  Prussiens  avaient  a  Schweidnitz. 
Cela  encore  ne  lui  réussit  pas,  car  il 
fut  prévenu.  L'avant-garde  du  roi  ar- 
riva en  même  temps  que  la  sienne  à 
Reichenbach  ;  celle  des  Autrichiens  n»- 
broussa  chemin  et  se  replia  sur  Franc- 
kenstein. Le  roi  fut  joint  à  Reichen- 
bach par  de  nouvelles  levées,  consis- 
tant en  dix  escadrons  de  dragons  et 
treize  de  hussards.  M.  de  Neuperg  avait 
judicieusement  choisi  sa  position  :  il 
entretenait  sa  communication  avec  la 
forteresse  de  Neisse  par  Patschkau, 
tirait  ses  vivres  de  la  Bohême  par  Glatz, 
et  fourrageait  un  pays  qu'i»  oe  pouvait 
pas  consener  ;  sa  droite  était  appuyée 
à  Franckenstein ,  sa  gauche  sur  des 
collines  non  loin  de  Silberberg ,  deux 
ruisseaux  couvraient  «on  front  et  le 
rendaient  inabordable.  Ces  difficultés 
animèrent  le  roi  ;  il  voulut  avoir  Thon- 
neur  de  faire  décamper  les  Autrichiens 
et  de  les  renvoyer  en  haute  Silésie. 
Mais  avant  que  d'en  venir  à  cette  opé- 

(9)  JLe  léAértl  Mtnvito  en  devint  goover-* 
Item. 


M 


^HÊbÉaii:  11. 


ration,  il  ne  nera  pas  hors  dv  propos 
de  jeter  auparavant  un  coup-d'œil  sur 
ce  qui  se  passait  dans  le  reste  de  TEu- 
-ope. 

La  reine  de  Hongrie  commençait 
alors  à  voir  le  péril  qui  la  menaçait. 
Les  Français  passaient  le  Rhin  et  lon- 
geaient le  Danube  à  grandes  journées. 
La  peur  abattit  sa  fierté  ;  elle  dépêcha 
le  sieur  Robinson,  qui  était  ministre  à 
sa  cour  de  la  part  du  roi  d*Angleterre, 
|)our  essayer  quelques  propositions 
d'accommodement.  Ce  Robinson,  pre- 
nant le  ton  de  hauteur,  dit  au  roi  que 
la  reine  voulait  bien  oublier  le  passé, 
qu'elle  lui  offrait  le  Limbourg,  la  Guel- 
dre  espagnole  et  deux  millions  d*écus 
en  dédommagement  de  ses  préten- 
tions  sur  la  Silésie ,  a  condition  qu'il 
fît  la  paix  et  que  ses  troupes  évacuassent 
incessamment  ce  duché.  Ce  ministre 
était  une  espèce  d'enthousiaste  à  l'é- 
gard de  la  reine  de  Hongrie  ;  il  négo- 
ciait avec  l'emphase  dont  il  aurait  ha- 
rangué dans  la  chambre  basse.  Le  roi, 
assez  enclin  à  saisir  les  ridicules,  prit 
le  même  ton  et  lui  répondit  :  «  Que 
»  c'était  à  des  princes  sans  honneur  à 
»  vendre  leurs  droits  pour  de  Targent; 
»  que  ces  offres  lui  étaient  plus  ioju- 
»  rieuses  que  n'avait  été  la  méprisante 
»  hauteur  de  la  cour  de  Vienne  ;  »  et 
haussant  le  ton ,  «  mon  armée,  dit-il , 
»  me  trouverait  indigne  de  I)  com- 
n  mander ,  si  je  perdais  par  un  traité 
ïi  flétrissant  les  avantages  qu'elle  m'a 
»  procurés  par  des  actions  de  valeur 
»  qui  l'immortalisent.  Sachez  de  plus 
A  que  je  ne  puis  abandonner ,  sans  la 
D  plus  noire  ingratitude ,  mes  nou- 
n  venux  sujets,  tous  ces  protestans  qui 
»  m'ont  appelé  par  leurs  vœux.  Vou- 
fi  lez-  vous  que  je  les  livre  conune  des 
»  victimes  à  la  tyrannie  de  leurs  per«- 
»  sécuteurs,  qui  les  sacrifieraient  a  leur 
9  vengeance?  Ah  !  corament  démenti- 


»  rai-je  en  un  seul  jour  les  seatioieiis 
»  d'honneur  et  de  probité  avec  ie»- 
»  quels  je  suis  né  ?  et  si  j'étais  capable 
D  d'une  action  aussi  lâche,  aussi  in-- 
»  fâme,  je  croirais  voir  sortir  mes  aii- 
»  cëtres  de  leurs  tombeaux  :  Non,  me 
»  diraient-ils,  tu  n'es  plus  notre  sang  ; 
»  tu  dois  combattre  pour  les  droits 
»  que  nous  t'avons  transmis,  et  tu  les 
»  vends  !  tu  souilles  l'honneur  que  noua 
»  t'avons  laissé  comme  la  partie  la  plua 
»  précieuse  de  notre  héritage;  indî- 
D  gne  d'être  prince,  d'être  roi,  tu  n'es 
»  qu'un  infâme  marchand  qui  préfère 
»  le  gain  à  la  gloire.  Non,  jamais,  ja-> 
»  mais  je  ne  mériterai  de  tels  reprc- 
»  ches  ;  je  me  laisserai  ensevelir,  moi 
>;  et  mon  armée,  sous  les  ruines  de  la 
»  Silésie,  plutôt  que  de  permettre  que 
r  l'honneur  et  ki  gloire  du  nom  prus- 
>:  sien  reçoiventla  moindre  tache.  C'est 
r  la  seule  réponse,  Monsieur,  que  je 
»  puisse  vous  donner,  d  Robinson  fut 
étourdi  de  ce  discours,  auquel  il  ne 
s'attendait  pas.  II  retourna  le  porter  à 
Vienne  ;  mais  en  renvoyant  le  fanati- 
que ,  le  roi  continuait  à  flatter  le  lord 
Hindford  et  à  l'endormir  dans  une  par* 
faite  sécurité.  Il  n'était  pas  encore 
temps  de  se  découvrir  ;  et,  pour  ména- 
ger les  puissances  maritimes,  on  leur 
communiqua  les  propositions  du  sieur 
Robinson  ;  on  excusa  le  roi  sur  son  re* 
fus,  en  alléguant  que  sachant  que  le 
traité  de  Bavière  liait  les  mains  à  la 
reine  de  Hongrie,  on  n'avait  pas  ac- 
cepté les  cessions  qu'elle  voulait  faire 
du  Limbourg  et  de  la  Gueldre  ;  ce  fut 
surtout  en  Hollande  qu'on  appuya 
beaucoup  sur  la  déférence  que  le  roi 
marquait  pour  les  intérêts  de  cette  ré- 
publique, déférence  qu'il  pousserait 
jusqu'à  refuser  le  Brabant  même ,  si 
on  voulait  le  lui  offrir.  Ce  fut  environ 
alors  que  ta  Prusse  signa  son  traité 
avec  la  Bavière  ;  elle  lui  promit  sa  voix 


HlftTOIHb  m  MUX    I 


C6 


à  la  diète  d'éiectioD.  des  deux  princeii 
se  garantirent  arataellement ,  Tuu  la 
Silésie  à  k  Prmse,  Paatre  la  haute  Au- 
triche, le  Tyrol,  le  Brisgau  et  la  Bo- 
hème à  la  Bavière.  Le  roi  adieta  de 
cet  électeur  la  inindpauté  de  Glatz  au 
prix  de  quatre  ceot  mille  écus ,  et  le 
Bavarois  la  vendit  sans  l'avoir  jamais 
possédée.  Mais  un  des  évènemens  les 
pios  avantageux  et  les  plus  décisib  qui 
arrivèrent  alors,  éclata  dana  le  Nord  : 
la  Suède  déclara  la  guerre  à  la  Russie, 
et  détruisit,  par  cette  diversion,  tous 
les  desseins  du  roi  d'Angleterre,  du 
roi  de  Pologne  et  du  prince  Antoine 
Ulric  contre  la  Prusse.  Le  roi  Auguste, 
déchu  des  belles  espérances  de  parta- 
ger avec  le  roi  d'Angleterre  les  États 
4ta  roi ,  se  laissa  entraîner  au  torrent, 
•t»  bute  de  mieux ,  se  ligua  avec  Té- 
lecteur  de  Bavière  pour  anéantir  la 
.maiioii  d'Autriche.  Le  maréchal  de 
BeHerlsle,  qui  n'avait  su  que  faire  de 
lalfoiavie  et  de  l'Ober-Mannharstberg, 
les  érigea  en  royaume  et  les  donna 
AUX  Saxons,  qui,  ntoyennant  cette  au- 
baiœ,  sign^^tleur  traité  le  31  d'août. 
La  courde  Vienne,  qui  ne  pouvait  plus 
compter  sur  la  divmion  des  Russes , 
ffesâée  d'ailleurs  de  tous  côtés ,  ren- 
vof  a  dans  le  camp  prussien  son  négo- 
ciateur anglais  ;  il  y  apporta  une  carte 
à»  la  Sîlésie,  où  la  cession  de  quatre 
priodpautés  était  marquée  d'un  trait 
ë'eocre.  n  fut  froidement  reçu,  et  on 
bii  donna  à  connaRi^  que  ce  qui  peut 
4tre  bon  dans  un  temps ,  ne  l'est  plus 
dana  un  autre.  Les  cours  de  Londres 
et  de  Vienne  avaient  trop  compté  sur 
le  aecours  des  Russes  :  selon  leur  cal- 
cul, il  fallait  infailliblement  que  le  roi 
hunilié,  rabaissé,  lew  deraandét  la 
paix  à  genoux  ;  il  s'en  fallut  peu  que 
le- contraire  n'arrivAt.  Teb  sont  ces 
)eox  de  la  fortune  si  communs  à  la 


guerre,  et  qui  déroutent  l'art  conjec- 
tural des  plus  habiles  politiques. 

Déjà  les  Français  et  les  Bavarois 
étaient  en  pleine  action.  L'Autriche 
était  entamée,  les  troupes  s'appro- 
chaient de  Lintz.  Ce  n'était  que  par 
des  elForts  communs  et  unanimes  qu'on 
pouvait  espérer  de  terrasser  la  reine 
de  Hongrie.  Il  n'était  plus  temps  de 
rester  dans  un  camp  les  bras  croisés. 
Le  roi,  qui  brûlait  d'impatience  d'agir, 
tenta  de  couper  H.  de  Neuperg  de  la 
forteresse  de  Neisse  et  de  le  combat- 
tre en  marche.  Ce  projet  n'était  pas 
mal  imaginé,  mais  ii  manqua  par  l'exé- 
cution. M.  de  Kalkstein  fut  commandé, 
avec  dix  mille  hommes  et  des  pontons, 
pour  se  porter  avec  célérité  au  village 
de  Woitz  et  y  jeter  un  pont,  afln  que 
l'armée,  qui  le  suivait  de  près,  le  pût 
passer  à  son  arrivée.  II  partit  au  cou- 
cher du  soleil,  marcha  toute  la  nuit  et 
se  trouva  le  lendemain  à  une  portée 
de  canon  du  camp.  Soit  lenteur  ou 
mauvaise  disposition,  soit  que  les  che- 
mins, gâtés  et  rompus  par  les  pluies, 
l'eussent  arrêté,  l'armée  dépassa  son 
avant-garde,  et  arriva  même  avant  lui 
au  camp  de  Toupadel  et  de  Siegroth. 
Ce  jour  de  perdu  ne  put  se  réparer  ;  le 
roi  marcha  lui-même  à  Woitz  (1)  et 
fit  établir  ses  ponts  sur  la  Neisse  ;  mais 
l'armée  autrichienne,  rangée  en  ordre 
de  bataille,  se  présenta  environ  à  huit 
cents  pas  de  la  rivière.  Par  quelques 
prisonniers  que  l'on  fit,  on  apprit  que 
M.  de  Neuperg  n'avait  devancé  le  roi 
que  de  quelques  heures.  L'armée  ne 
pouvait  arriver  à  ce  pont  qu'en  deux 
heures  de  temps  ;  on  aurait  pu  le  pas- 
ser, si  l'ennemi  n'avait  pas  prévenu  le 
roi;  mais  c'aurait  été  de  toutes  les  im- 
prudences la  plus  grande,  que  de  pas- 

L%  iSepteinbra 


pBteénc  fli 


•er  5or  an  pool  en  présence  d'une  tf- 
m^'p  qui  certiînenient  eàt  battu  les 
troupes  en  détail,  et  à  mesore  qu'elles 
auraient  pris  du  terrain  pour  se  fonner. 
CelaQt  résoudre  de  se  poster ponree 
jour  sur  les  hauteurs  de  Woitz.  Pen  de 
temps  après ,  les  Prussiens  prirent  le 
camp  de  Neudorff;  et  pov  tirer  leois 
subsistances  de  la  ville  de  Brîeg,  Hs  en 
assurèrent  la  comnmnicatîon ,  en  oc- 
cupant les  postes  de  Loewen  et  de  Mi- 
chelau.  Les  orales  qui  nenaçaicot  la 
maison  d'Auftriehe ,  et  les  dangers  qui 
devenaient  pins  pressans  de  jour  en 
jour,  firent  enfin  résoudre  sérieuse- 
ment la  reine  de  Hongrie  à  se  débar- 
rasser d'un  de  ses  ennemis,  ponr  rom- 
pre la  Ugue  formidable  qui  allait  Tao- 
cabler.  Elle  demanda  sérieusement  la 
paix  ;  elle  ne  chicana  phis  sur  la  rilte 
de  Breslan  ;  elte  insista  seulement  pom* 
conserver  celle  de  Neisse.  Le  lord 
Hindford,  qui  négociait  alors  en  son 
nom,  prétendait  q«e  le  roi,  en  Eaveùr 
d'aussi  grandes  oessioM,  assistai  la 
reine  de  Hongrie  de  tontes  ses  forces. 
Le  roi  taâ  tépoodit  qu*it  était  fâché  de 
%e  trouver  dans  la  nécessité  de  rejeter 
ces  offires  i  mais  qu'il  ne  pouvait  pas 
violer  la  foi  des  traités  qu'il  venait  de 
aligner  avec  la  France  et  la  Bavîèrew 
1a  désolation  était  si  gi«nde  k  Vieiinev 
qooii  y  attendait  les  Bavarois  d'un 
moment  à  l'autre.  Les  chemins  n'é^ 
taieai  remplis  que  de  gens  q«i  pre^ 
oaicQt  la  fuite  ;  la  cour  était  sur  son 
départ.  Dan^  cette  constemaiion  gé-^ 
nérale,  l'impcratrice  douwrière  écrivit 
au  prince  Ferdinaod  de  Brunswick  > 
qui  servait  dans  l'armée,  la  lettre  sui-^ 
vauie;  elte  est  trop  singulière  pour 
la  passer  sous  silence  : 

»  Mon  cher  neveu, 

V  I 

»  Je  roi|ips  un  silence  cruel,  que  vo- 


tre condnite,  m  stnanteofetreiiMi, 
m'a  impoaé,  ni  |eie  ferafa,  si  favib 
d'antres  votes  ponrennimei  te  rai  de 
Pmsse  de  oie  rendre  en  hd  nnnèven 
que  Je  ne  puis  nommai  cher  ni  di- 
gne d'estime  mèsK  aprèa  l'Mflidlmi 
que  vous  deuK  me  caoeik  La  toMt- 
htion  en  est  entre  lea  mains  itami. 
La  reine,  ma  fiUe,  loi  ■ccordi  IMt 
ce  que  persomie  ne  sasmil  gaïaMtti 
qn-elle-mème,  s'il  aMé  à  la  meure 
en  cet  état  ^  entière  tranquiHitA,  «t 
que  le  roi  ahle  à  éteindre  le  fNi  qnll 
a  lui  même  allumé,  et  n'agrandlase 
yi  IttHnéme  ses  propres  ennemis;  ear 
»  il  ne  faut  qlie  ta  mort  de  l'éleeten- 
palatîn  pour  lui  en  attirer  d'antres; 
plus,  que  Tagrandissement  de  Ba- 
vière et  de  ^xe  ne  pent  semAfr 
qu'il  possède  tranqniHement  ee  ^ 
la  reine  lui  a  laissé  en  Silésle.  AM, 
persoadeale  roi  de  devenir  notre  bon 
allié,  d'Msister  ta  reine  de  tttwpès  I 
eonaenwr  des  fitM  que  tant  tfenne- 
mis  accablent;  ear  c'est  ttéfHe  IV 
vantage  des  denx  maisons  s'ils  sotit 
en  étroite  aRfatiee^  lenrpays  étante 
portée  de  se  pouvoir  aider  i  sdih- 
»tenif  leurs  droits  fécip»oq<Des.  M 
n  compte  ton!  sur  votre  t^aprésenlatMl 
»>et  sin*  les  beHes  qualités  que  piosAift 
»  le  roi,  qui,  nous  afent atUré  le  mil , 
a  vondra  aussi  «vnir  rbonnem*  de  MIS 
»  sauver  en  son  temps  du  préal|riee,  Ct 
a  avoir  qnehfneB  égBÊÛê  Même  ftfèt 
»  ses  propres  intérto.  pour  Me  tlièM 
a  et  tante  eflUgée ,  qui  apt^s  pbdfM 
a  sans  mncuneae  dire  votre  aftetlM'^ 
a  née  tante  ËiiBAaiTB.^LeprintePei^ 
dtoand  répondit  en  sob^anee  A  fkâi^ 
pératrice  donairi6re>  que  le  roi  «a 
poisnraît  pas  avec  honnenr  se  dépMtt 
des  engageÉMis  qu'il  avnit  pris  aveek 
France  et  ta  Bavière^  quil  ptaignail 
sfocèremeot  l'impératrice  ;  qu'il  ma^ 
drnît  ])ouvoir  changer  sa  situation  et  y 


mSTOlRX  BB  «ON  TEMPS. 


«7 


MiDpatiflflUi,  BMto^qiie  les  tBttps  m  il 
élAit  libre  de  saBoeamoder  atec  la 
«Mr  de  ViesM  étaient  fasses.  Od  in-^ 
tercepta,  à  pe«  de  Jdiis  de  diffhmce, 
«ne  lettre  411e  rin^èi^tnce  dowiffère 
darifttkwL  priBce  Lmris  dtt-Bransviek, 
fiî  se  Ireofait  alevA  m  Snsia;  elle 
.  était  ptas  siBSère,,  ^aoîfne  le  siyle  s'en 
lattt  pas  mieux;  «i  Teiei  la  copie  ti- 
lée  sv-lWigioal  : 

«  ai  MiMsmlpre  im. 

»  MoD  cher  neveu, 

»  L'état  de  ms  albéres  t  pris  on 
pli  si  accablant,  <pie  Ton  peut  dire 
aetre  cas  an  abandon  général  ;  car 
plus  aucun  n'est  pour  nous.  Ce  qui 
uous  conaole  dans  notre  oialfaeur, 
est.^pie  Dieu  prédpRera  plus^  d'un 
PbBiuou  dans  la  mer  Rouge,  et  con- 
fimdra  nos  fau^i  simulés  -amis.  Il 
n'est  jias  possible  ipie  la  plupart 
croient  pbis  qu'il  y  a  un  Bien.  Vrai 
estHÏ»  les  busses  a^areoces  ne 
m'ont  pas  endormie,  et  malgré  ^e 
rélecteur  da  Batière  nous  a  attiré 
les  Fraofiajs  et  me  chasse  d'ici  «  je 
l'estime  un  digne  prince  ;  il  n'a  point 
simidé  ni  été  finu,  il  s'est  démasqué 
d*abonl  et  agit  honnêtement.  Je 
doute  de  tous  écrire  plus  d'ici.  C'est 
une  triste  année  pour  moi«  Cooser- 
ves-nous  l'alliance,  et  qu'ils  se  gar- 
dent de  taux  €t  simulés  amis,  qui 
suis  votre  affectionnée  tante  Éusà- 
Bvna»  a 

Le  style  de  ces  lettres  découvre 
^x>mbien  la  coir  de  Vienne  avait  le 
oœiir  ulcéré  des  progrès  des  Prussiens 
en  Silésie,  et  que  cette  cour  ne  respi- 
rait que  la  vengeance.  Mais  quelle  dia- 
lectique !_  Quiconque  attaque  la  mai- 
son d'Autriche  ne  saurait  croire  en 
Dieu  !  Offrij:,la  paix  lorsqu'on  est  libre 
de  la  &^ire,  et  refuser  des  conditions 
propesée;s.  apr^  d'autre  tr^f^.  ^gnés , 


s'appeHe  ftiusseté ,  perfidie  !  C'est  le 
langage  de  l'amour  «propre  et  de  l'or- 
gueil ,  qui  suppridie  f^^netHnde  du 
raisonnement.  Ainsi  I  Vimmé  an  en- 
visageait l'alianœ  fermée  oonM  la 
pragmatique  sauctioh  eonune  la  gairre 
4ei  TitoBsqni  voulaient  Msaitatar  les 
cieui  pour  détrôner  Jupiter. 

De  leur  cAté,  les  Suédois  Estaient 
pas  aussi  heurena  que  lam  allé*.  Un 
détachement  de  douKo  mille  hommes 
avait  été  taillé  en  pitees  pm-  ka  lus- 
sesauprès  de  Wilfenaustraod.  Cet  éeltec 
était  conoidérabla  pour  ee  tvyÉÉme 
affaibli  et  niiné  depuis  Gharim  UI. 
La  Franoe  en  fet  mmtifiée;  «Hé  se 
proposa  de  réparer  d'un  autre  celé  le 
revers  qu'avaient  essuyé  ses  aiKés; 
elle  voulut  que  le  marécM  de  MaiBe- 
bois ,  avec  l'armée  qu'il  eonmmudait 
en  Westpbalie,  pénétrât  dans  Télec- 
torat  de  Hanovre,  pour  se  tendre  met- 
tre de  ces  Étato.  Le  roi  fit  une  grande 
fauta  alon  en  employant  toirt  sm  eié- 
,  dit  pour  dissuader  les  Français  de  ce 
dessein,  alléguant  que  par  cette  entre- 
prise ils  se  rendraient  odieux  à  l'Eu- 
rope, révolteraient  contre  eux  loua  les 
princes  d'Allemagne,  etqu'iVanta'aC- 
taçher  à  un  objet  de  peu  d' taupertaoMe, 
ils  négligeraient  l'objet  prâcipal ,  ^ 
était  d'écraser  la  reine  de  Hongrie 
avec  toutes  leurs  forces.  Les  FrMcais 
auraient  pu  réfliter  fsçilenMnt  mi  «ai- 
sonnement  aussi  faiUa.  Slls  uvafeat 
pris  alors  Télectûrat  de  Haupvre^  la- 
mais  le  roi  d'Angleterre  n'aurait  pu 
faire  des  diversionsaur  ta  BJUn 
en  Flandre.  Jl  ne  nmnqnait  pfais 
la  garantie  de  la  Franoe  au  Craitf 
le  roi  avait  Gût  avec  l' électeur  de 
vière.  On  pressait  M.  de  Valeri  4a  ta 
procurer.  8a  cour  taisait  «Maeore 
difficultés  sur  ta  eessioB  de  ta 
pauté  de  data  et  sur  quelques  par- 
tions deU^uteâilèue^Uluimitan, 


68 

édant  auprès  du  roi,  de  laisser  tomber 
par  kaaard  un  billet  de  sa  poche;  saus 
.    bite  flOBUant  de  rien,  le  roi  mit  le 
j^ied  dessus ,  H  congédia  le  ministre  au 
plus  vite.  Ce  biHet  était  de  M.  Ame- 
ktt  secrétaire  des  aflhires  étnoigferes  ; 
SportaitdeB'aooorderGlatzet  la  haute 
Silésie  à  la  Prusse  qu'en  cas  qu'il  en 
résultât  un  phis  grand  ineonvénient 
s'il  lés  refteait  Après  cette  décou- 
verte, M.  de  Yalori  ftit  obligé  d'en 
passer  par  oà  Ton  voulut.  Les  desseins 
dea  Françms  sur  le  pays  de  Hanovre 
a'ébrailèrent  et  parvinrent  foîentM  au 
roi  d'Angleterre.  Ce  prince  crut  son 
étectorat  perdu  ;  il  n'avait  pas  le  temps 
de  parer  ce  coup  qui  le  menaçait  de  si 
prts.  Les  mesures  qu'il  avait  prises 
avec  la  Russie  et  la  Saxe  lui  ayant  éga- 
lement manqué,  il  voulut  tout  de  bon 
travailler  à  moyenner  la  paix  entre  le 
roi  de  Pru»e  et  la  reine  de  Hongrie. 
En  conséquence  de  cette  résolution, 
le  lord  Hindford  se  rendit  au  camp  au- 
trichien ;  de  là  il  fit  dés  remontrances 
si  fortes  à  la  cour  de  Vienne,  il  la 
pressa  avec  tant  d'énergie,  en  lui  ex* 
•^liosaiit  <pie  pour  sauver  le  reste  de  ses 
Âtats,  H  fjBflait  savoir  en  perdre  à  pro- 
.  pm  une  partie,  que  cette  cour  consen- 
tit à  h  cesdon  de  la  Silésie,  dé  la  ville 
de  Netsse  et  d*une  lisière  en  haute  Si- 
«Maie,  en  renonçant  à  toute  assistance 
donire  des  ennemis.  Le  roi  qui  con- 
'  naissait  la  dupUcHé  des  Anglais  et  des 
Autrichiens,  prit  ces  oOres  pour  des 
"-pièges;  et  pour  ne  point  se  laisser 
-  aimuser  par  de  belles  paroles,  qni  Tau- 
-fuient  retenu  oisif  dans  son  camp,  il 
'>Mroba  une  marche  à  l'ennemi,  passa 
la  Naisse  à  Michelau  et  vint  le  tende- 
'ttain  camper  à  Katsdier,  tandis  qu'un 
•^détachement  s'empara  d'Oppéln ,  où 
Pmi  établit  le  dépAtdes  vivres.  Sur  ces 
Manvemens,  M.  de  Neuperg  quitta 
IMfib  et  16  {Mirta  sur  OppersdorfT.  Le 


F«tnÉuc  u. 

roi  le  tourna  par  Friedlatid  «et  se  campa 
à  Steinan.  ^evt^tre  que  ces  difér en- 
tes manmuvrai  accéléièrent  la  négo- 
ciation du  lord  Hindford  ;  il  vint  aver- 
tir le  roi  que  «a  négoeiatioii  avait  si 
bien  réussi ,  que  M.  de  Neuperg  était 
près  d'abandonner  la  SBétie,  pourvu 
que  le  roi  lui  dédarftt  verbatement 
qu'il  n'entreprendrait  rien  contré  la 
reine.  Les  ennemis  se  contentaient 
d'un  pourparler  quj  valait  des  pro- 
vinces à  l'État  et  des  quartiers  d'hiver 
tranquilles  aux  troupes  fatiguées  de 
onze  mois  d'opérations.  La  tentation 
était  forte  ;  le  roi  voulut  essayer  ce  qui 
pourrait  résulter  de  cette  conférence. 
n  se  rendit  en  secret,  accompagné  du 
seul  colonel  Goitz,  à  Oberschnellen- 
dorff,  où  il  trouva  le  maréchal  Neu- 
perg, te  général  Lentulus  et  le  lord 
ffindford.  Ce  ne  fut  pas  sans  réflexion 
que  ce  prince  fit  cette  démarche.  Quoi- 
qu'il eût  quelque  sujet  de  se  plaindre 
de  ia  France,  ces  mécontentemens  n*é- 
taient  pas  assez:  fbrts  pour  rompre  avec 
elle;  il  connaissait  par  son  expérience 
les  dispositions  de  la  cour  de  Tienne  ; 
il  n'en  pouvait  rien  attendre  d'amiable  ; 
il  était  clair  que  la  reine  de  Hongrie 
ne  se  prêtait  à  cette  convention  que 
pour  semer  là  méfiance  entre  les  alliés 
en  l'ébruitant;  il  fallait  donc  exiger 
des  Autrichiens,  comme  une  condition 
êine  qud  non^  que,  S^ils  divulguaient  le 
moins  du  monde  les  conditions  dont 
on  conviendrait ,  ce  serait  autoriser  le 
roi  à  rompre  cette  convention  ;  le  roi 
était  bien  sûr  que  cela  ne  manquerait 
pas  d'arriver.  Le  lord  Hindford  tint  le 
protocole  au  nom  de  son  mattre.  On 
convint  que  Neisse  ne  serait  assiégée 
que  pour  la  forme,  que  les  troupes 
prussiennes  ne  seraient  point  inquié- 
tées dans  les  quartiers  qu'elles  pren- 
draient  en  Silésie  comme  en  Bohème, 
et  surtout  que ,  sans  le  secret  le  plus 


RMTOtRi:    M  MM    tBlIN. 


ripde,  tout  ôe  qu'on  venot  <le  ré^br 
serait  bqI  ,  de  lonle  DalUté.  H  CmiI 
arooer  qae  s'il  y  a  une  fataKté ,  elle 
9'ert  sortoat  manifeltée  sur  M.  de 
Neoperg,  qui  paraisadtt  destiné  à  faire 
ks  traités  les  plus  honilians  pour  ses 
soaferains.  Pe«  après,  M.  de  Neuperf 
St  prendre  à  son  armée  ia  roote^e  la 
Moravie.  Le  siège  de  Neisse  ftit  anasi- 
tM  coaunencé;  la  fUe  ne  tint  q«e 
donse  jours.  La  garnison  antridiieiMie 
n'en  était  pas  encore  sortie^  que  les 
iogénienrs  pmsnens  y  traçaient  déjà 
les  noBveaax  ouvrages  qui,  |>ar  la  snite , 
la  rendirent  une  des  bonnes  plaoes  de 
HEurope.  La  ville  prise ,  on  sépara 
rarmée;  nne  partie  mard»  en  Bo- 
hème sous  les  ordres  du  prince  Léo- 
poid  d' Anhalt  ;  quelques  régîmens  fo- 
rent employés  au  iû)cm  de  Glatz ,  et 
le  reste  des  troupes,  aux  ordres  du 
maréchal  Sdiwérin ,  s'établit  dans  la 
haute  Silésie. 

Le  duc  de  Lorraine,  qui  se  trouvait 
à  Presbourg,  se  flattant  que  le  roi  re^ 
garderait  des  pourparlers  comme  des 
traités  de  paix,  lui  écrivit,  demandant 
M  voix  polir  l'élection  à  Tempire.  La 
réponse  fut  obligeante,  mais  conçue 
dans  un  style  obscur  et  si  embrouillé , 
«pie  l'auteur  même  n'y  comprenait 
rien.  La  campagne  terminée  onze  mois 
après»  l'entrée  en  Silésie,  le  roi  reçut 
rhommage  de  ses  nouveaux  sujets  à 
Breslau,  d'où  il  retourna  à  Berlin.  H 
commençait  à  apprendre  la  guerre  par 
^^  fautes;  mais  les  difficultés  qu*n 
avait  surmontées  n'étaient  qu'une  par* 
tie  de  celles  qui  restaient  à  vaincre 
pour  mettre  le  comble  au  grand  ou- 
vrage qu'il  avait  entrepris  de  perfec- 
tionner. 


CUAPITaS  IIL 

Bii60M  poHlJqoM  de  to  lrè?e.  ^  (f nerrc  de» 
Françaii  etdei  Bavarois  en  Bobéine*—  L'Ei* 
pagne  te  déclare  cootre  rAutriche.  —  piéle 
de  l'empire.  «^  Bérolollon  en  EoïKle.  -^  M- 
v»nes  aégoeiatlMu.  ^ 

Ponrnepas  trop interrompEe  le  Sa- 
des  évènemens  mSitaires,  nous  nous 
sommes  contentés  de  ne  toucher  que 
snccim^tement  les  causes  qpû  occasion* 
nèrent  cette  espèce  de  suspensien 
d'armea  entre  la  Prusse  et  rAutriche. 
Cette  matière  est  déiieate.  La  démar- 
che du  roi  était  scabreuse;  il  est  né* 
cessaire  d'en  développer  los  motifs  ks. 
ptas  secrets.  Le  lecteur  nous  pardon^ 
nera  de  reprendre  les  chaaes  d'mi  pcsL 
phv  haut,  afin  de  les  éclairair  davan- 
tage. 

Le  but  de  la  guerre  que  le  roi  avaiti 
entreprise  était  de  conquérir  la  Siiéale  r 
s'il  prit  des  enga^amens  avec  la.Ba-> 
vière  et  la  Frimoë,  ce  n'était  que  pouri 
remplir  ce  grand  objet  ;  mais  la  France 
et  ses  alliés  visaient  à  des  fins  lovtes 
diBérentes.  Le  ministère  de  V^saiUes 
était  dans  lapersuaaioB  qim  c'en  était 
fait  de  la  puissance  autrichienne  <  et 
qu'on  allait  la  détrain  pour  jamais.  Il 
voulait  élever  sur  les  rainea  de  cet  em* 
pire  quatre  souverafam,  dont  les  fomat- 
pourraient  se  bdaneer  wMpMfÊù^ 
ment,  savoir  :  la  reine  de  Hongrie,  fM 
gtfderait  ce  royaume,  l'Autriche,  te 
Styrie,  la  CarlntMe  et  la  Camioler 
l'électeur  de  Barière,  maître  de  la  Bo« 
héme,  du  Tyrol  et  du  Brisgau;  hr 
Prusse  atec  la  basse  Silésie;  enfin  I» 
Saxe  Joignant  la  haute  SilMe  et  la 
Mèravie  à  ses  autres  possessions.  Ces 
quatre  voisins  n'auraient  jamais  pu 
s'entendre  à  la  longue,  et  la  France  te 
préparait  à  jouer  le  riMe  d'arbitre  et  à 
donrifier  sur  des  despotes  qu'eNe  ai^" 


! 


rait  établis  elle-même.  C'était  renou- 
veler les  usages  éé  k  politicpie  des 
Romains  dans  les  temps  les  plus  floris- 
sa&s  dé  cette  répnbHque.  Ce  projet 
était  Incoippatlblp  avec  ta  liberté  ger- 
niftnique«  ne  copy^aU  en  mcxmt 
manière  an  roi,  qui  tmv9iUait  poor 
réiévation  de  sa  maison,  et  qui  était 
Ùsn  éMgBé  de  Meriflèp  aef  troupes 
pvmrse  flamer  m  se  créer  des  liraux* 
St  le  mU^était  tendu  i^bntraamil  iem 
vile  de  la  petKlqw  françatoe,  H  «vûl 
pféfoé  irt-méme  le  foùg  fii'il  se  te» 
railtaqioaé;  M  enrarit  tout flrit  poor la 
Fmeeetrien  pe«r  hiHeème,  el  pei^ 
AtieLeeii  XV  aaiettil  parvint  à  ié»t 
Uttr  etlle  imiiar^iie  imivcneliei  dent 
oû  ffwk  attiOmei  le  projet  oUmériqM 
àCkaiiaaHîrial.  AjoolOBa  à  i«€i,  pei^ 
qofl  ftml^Oi*  dire,  qM  liie  foi  bmH 
secondé  avec  trop  de  chaleur  les  opè^ 
rMiMa  des  toenpet  françaiMa,  leur 
CmIsm  eteairife  Taurail  sehjo^Bé; 
d'aKéfl  aarait  deveaQ  anjet;  en  l'aur 
rril  «nliilAé  ae-^detà  de  aea^nMa,  et  U 
se  tarait  trowé  dans  Ut  nécessité  do 
osMMtir  à  UNites  les  velontéa  de  la 
Fraeeei  Mute  d'être  par  la  suite  en  état 
de  lui  résister  cm  de  tronfor  des  alliée 
ifsà  piMMaft  If eidv  à  aattir^  eétéKla». 
vege^  Uk  f  md^iee  aeadriaft  iimc  exHi 
git  dtt  roi  mee  eeedliite  nîtigée,  par 
le^edeil  Atridit«ie  aorte  d'évOUbue 
«ÂpfleapiÉiBOM^iàMtriche  etde  Bam^ 
be».  Jte  Mirt  de  Heagrie  était  au  boi4 
M  pfédpte;  line  taère  hii  douait  le 
MyMilaYei|)irer»  el  le  rei  était  sâr  di^ 
kiMipra  qamà  îl  le|egiraîtÀ  prepot, 
jHirce  ipie  la  pelitique  de  la  eour  4e 
Ytenae  la  preaâaH  deéimlgner  eo  asya^ 
tère.  Aje^toes,  peer  la  pies  graiûde 
jestifiaetîM  dtt  roî%  «l'il  avait  déoeun 
eatt  lea  liaisoMaeerètes  qee  ie  eardir» 
nà deHeory  entietenaît avee  M.  de 
atainfiBei  finwMre  de  «rfiecV4iii&'4e 
Teacaae  à  Vienna  i  il  «a^  iRie.^ 


icn. 


•  >  ■ 


caviinal  était  tout  lisposé  à  aacrilêfl^ 
les  élUés  dek  France,  si  la  oeur  de 
Vienne  loi  effirait  le  Lnienriieiiri^  eti 
une  partie  dn  Brebaat.  Il  '  a'agisaeit 
done  de  RuaMBavflnr  adrûJteeBent^sinN' 
teet  de  ne  iMMit  se  làîsaer  piévenir 
par  WÊk  viees  pelitiqee  qpri  l'était  jeeé, 
danaladamièfeineire  deidead'we 
tèle  cauiaiHMie. 

i/évèaenaent  ^i8a  bieetèt  ce  ^pm. 
levii  ateit  prévu  de  l'iediserét«Mrde^ 
le  txmt  de  Vienne  ;  elle  diveJgiie  le  : 
prétend»  traité  aveeJa  Praïae,  eeSaaer 
en  B«nire%  à  FmMbri  aer  le  lieîiié  elP 
pertoet  eà  eHe  evait  des  èmiaaMi^ 
I^  epante  de  Pedewîli,  ministra  ém  ^ 
affairea  étungtees,  avait  été  chartes 
à  len  retwr  de  la  Silésie,  de  pasaar 
par  OrasA^  poor  sonder  cette  contt. 
qfii  a^;eiarqué  sens  eeiie  beaueoep 
de  jalopie  et  do  mauvaise  voleeté 
pour  tout  ee  vu  intéressait  la  Pnwe  ; 

il  y  trouva  le  maréchal  de  Belleflflefo* 
rîaei  de  ce  <|tt*il  vouait  d'apprendre 
d'un  aertahi  Kecbt  émtssaîrQ  délateur 
de  Yieeoe,  qui,  après  lui  avoir  fait  dea 
prepolîtiens  de  paix  ^e  (e  marédml 
rcyi^ta«')|ii  déclara  ifae  sa. cour  s'était, 
à  tout  basardt  acoMnuodée  avec  le  rei . 
de^^ruise.  tten  plea,  toute  la  ville  de 
Dn^de  ^t  inondée  de  billets  que 
feawti98«lont  les  $mm^  de  suspendre 
UmarcjlMi  de  leurs  troupes  peur  la  Bo« 
lii^me,.p^rGeque  le  roi  de  Prusse^  ré« 
concilié  arec  le  rfiue  de  Hongrie ,  se. 
pp^areit;4  ftire  eue  iavasiou  eu  Ii^i- 
aeeo.  La  |iD|i4ité  oinbrageuse  du  comto. 
de.  $nîU  fut  n^surée  par  la  Earniet4 
hardie  du  co^te  de  pôdewfls*  et  lei) 
Sa^ns  inerçbi^eeV  ^n  bohème.  ^ij( 
ces  entrefeitoif»  V4|ecteuir  de  £avi^ 
communiqua  au  roi  une  lettre  dçj'jp 
pératrice  Amélie,  qui  Teihortait  à  s'ac 
commoder  avec  la  reine  de  Hongrie 
avant  le  mois  de  décembre,  sans  quoi 
cette  princesse  se  trouverait  obligée  de 


ij 


BBTOim  M  nos   TKHPS: 


Tl 


ratiier  les  préliniiiiairefi  dont  elle  était 
convenue  avec  les  Prosuena.  Cette 
conduite  de  la  cour  de  Vienne  déga-^ 
geait  le  roi  de  toutes  ses  promesses. 
On  Yenra>  dans  la  suite  de  cet  ouvrage, 
que  cette  oow  fMiya  cher  son  indisoré^ 

liOB. 

iM  guaife  avait  souvent  changé  de 
tbéàtie  pendant  ees  négociations  ;  alocs 
tMles  les  armées  parurent  s*étre  donné 
rendez-vous  en  Ikihèaie.  L'électeur  de 
Bavttre  avait  été  à  deux  marches  de 
Viemie;  s'il  eii  avancé,  il  sa  serait 
trouvé  au  portes  de  cette  capitale, 
qui,  usai  fournie  de  troupes,  ne  lui  au- 
rait, opposé  qu'une  faiûe  résistiiuce. 
L'électeur  abandonna  ce  grand  objet 
par  raïqiréhension  puérile  que  les 
Éiaxons  étant  seuls  en  Bohème,  ils 
pemvaient  conquérir  ee  royaume  et  le 
garder.  Les  Français,  par  une  Qneiae 
mal  entendue,  s'imaginaient  qu'Qn 
prenapt  Vienne,  le  Bavarois  devieq^ 
drait  trop  puissant;  ils  foniOèrent 
donc,  iiaur  l*ea  éloigner,  sa  méfiance 
contre  les  Saigna.  Cette  fiante  capitale 
fut  la  source  de  tous  les  malheurs  qiM 
accablèrent  ensuite  la  Bavière.  Cette 
armée  de  Fnngais  et  à»  Bavarois  fut 
partagée  ;  on  en  donna  quinze  mille 
hommes  à  H»  de  Ségur,  pour  couvrir 
l'AutHcte  et  rélectorat;  Télecteur, 
avec  le  gros  de  ses  ferœs,  f'euipara  de 
Takwff,  de  Bu4wei9  et  marcha  droit  à 
Prague,  où  les  Saxons  le  joignirent,  de 
mè9m  de  Mt  d^  (îOSMon,  ks  premiers 
vewnt  de  Low^nnUx,  le  dernier  de  Pif- 

iA  wmkM  Toarring  et  M.  de  )a 
LwvîBe,  qui  commandaient  à  Tajln^r 
et  à  Bodwei^  f^hmlennère^t  ces  villes 
i  l'approche  des  Autrichiens  ;  non  seu- 
leanent  \fs  ^oemis  y  trouvèrent  un 
magasii  CMsidérable,  mais^^  par  cette 
pafilîin  i»*lbiMeiw^«i\tt  11-  de  S^- 
npmi>iraya  ai»p^  <s  Tamée  de  Bo- 


hême. M.  de  Bieuperg  e|  le  prince  de 
Lobkowitz,  qui  venaient  tous  deux  de 
Moravie,  se  rorlifièrent  dans  ce  poste. 
L'électeur  de  Bavière,  qui  se  trouvait, 
alors  devant  Prague,  ne  pouvant  Ta^- 
Siég^  dans  les  règles  à  cause  de  ia  ri- 
gueur de  la  saison,  se  détermina  à  la 
prendre  par  surprise.  La  place  éUkH 
d'une  vaste  enceinte  ;  elle  était  défeu* 
due  par  une  garnison  trop  faible  ;  en 
multipliant  les  attaques ,  il  fallait  nc-t 
cessairement  qu'il  se  trouvât  quelque 
endroit  dans  la  ville  sans  rt^sistance,  et 
cela  suifisait  pour  l'emporter.  Prague 
fut  donc  assaillie  de  trois  côtés  diQ'é-r 
reus.  Le  comte  de  Saxe  escalada  Tan-* 
gle  flanqué  du  bastion  Saint-Nicolab , 
vers  la  porte  Neuve;  il  fit  baisser  le 
pont-4evis  et  introduisit  par  cette  porte 
la  cavalerie  qui ,  nettoyant  les  rues, 
obligea  la  garnison  d'abandonner  la 
porte  de  Igainti-Charles  que  le  comte 
Rutoswsl^y  essayait  vainement  de  for- 
cer; il  ne  fit  donner  l'assaut  qu'après 
que  les  eunemis  eurent  quitté  le  rein- 
part.  Les  Autrichiens ,  accablés  d'en*- 
nemis,  furent  contraints  de  mettre  bas 
les  armes.  Une  troisième  attaque,  que 
M.  de  Polastron  devait  diriger,  man- 
qua tout-à-fait.  Le  duc  de  Lprrainc , 
grand-duc  de  Toscane,  voulut  alors  se 
mettre  à  la  tèle  des  armées,  et  il  s*a- 
vançait  à  grondes  journées  pour  se- 
courir Prague.  A  peine  arrivé  à  Km- 
nigssaal,  il  apprend  que  les  alliés 
étaient  déjà  moitres  4q  cetto  ville.  Ce 
fut  pour  lui  comme  uu  coup  de  fou- 
dre ;  il  retourna  avec  précipitation  sur 
ses  p^s;  ce  fat.  moins  une  retraite 
qu'une  fuite^  I^es  soldats  se  déban- 
daient, pillaient  )cs  villages  et  se  ren- 
daient par  bandes  aux  Français.  M  M .  de 
Neupcrg  et  de  Lobkowitz  se  réfugié* 
rent,  ^VQP  leurs  troupes  découragée^ 
derrière  les  marais  de  Budweis,  Tabof*, 

^eubaui  et  WittiugeVt  <^mps  fiHpeiit 


FâtttÉtfIC  If. 


J'où  Zfska,  dief  des  BiMites ,  atait 
braré  les  forces  de  tous  ses  ennemis. 
Le  maréchÀl  de  Belle^IsIe,  que  la  scia^ 
tique  avait  retena  à  Dresde ,  tant  que 
les  aflfkires  parurent  critiques  en  Bo* 
hème,  se  rendit  à  Prague  d'abord 
après  sa  reddition.  Il  détadia  Polas- 
trou  à  Teutschbrod,  le  comte  de  Saxe 
à  Picheli,  pour  nettoyer  les  bords  de 
la  Sassawa,  et  d'Aubigné  se  porta  sur 
la  Wotawa  avec  vingt  bataillons  et 
trente  escadrons.  L'intention  du  ma:- 
réchal  était  de  pousser  jusqu'à  Bud- 
veis  :  mais  la  circonspection  de  ce  gé- 
néral l'arrêta  à  Piseck.  Ainsi  l'inacti- 
vité des  généraux  français  donna  aux 
Autrichiens  le  temps  de  respirer  et  de 
se  fortifier  dans  leurs  quartiers.  Le 
maréchal  deBelle-Tsle,  plus  flatté  de  la 
représentation  de  l'ambassade  que  du 
commandement  des  armées,  manda 
au  cardinal  que  sa  santé  ne  lui  permet- 
tant pas  de  fournir  aux  fatigues  d'une 
campagne,  il  demandait  d*ètre  relevé. 
Le  cardinal  donna  ce  commandement 
au  maréchal  de  Broglie,  aflïtibli  par 
deux  apoplexies;  mais  se  trouvant  à 
Strasbourg,  dont  il  était  gouverneur, 
il  parut  être  celui  de  tous  les  généraux 
qui  pourrait  joindre  le  plus  vite  l'ar- 
mée de  Bohême.  Dès  son  arrivée,  ce 
maréchal  se  brouilla  avec  M.  de  Belle- 
Isle.  Broglie  changea  toutes  les  disposi- 
tions de  son  prédécesseur  ;  il  rassem- 
bla une  masse  de  troupes,  avec  les- 
quelles il  se  rendit  a  Piseck.  Le  grand- 
duc  fit  mine  de  l'attaquer  ;  sa  tentative 
fut  inutile  :  Lobkowitz  ne  réussit  pas 
mieux  sur  Frauenberg.  Enfin  les  Au- 
trichiens, fatigués  inutilement,  re- 
tournèrent à  leurs  quartiers.  Les  Fran- 
çais, qui  aimaient  leurs  commodités, 
trouvaient  fort  à  redire  que  les  enne- 
mis les  inquiétassent  si  souvent;  ils 
auraient  bien  voulu  que  les  Prussiens 
^  missent  en  avant  pour  les  couvrir  ; 


mais  il  aurait  fiillu  Atre  imbécUle  pcHir 
souscrire  à  de  telles  prétentions.  M.  de 
Yalori,  qui  était  ministre  de  France  à 
Beriin,  s'exhalait  en  plaintes  ;  il  sinite- 
nait  que  les  Allemands,  qui  n'étaient 
bons  qu'à  se  battre,  devaient  ferrailler 
contre  les  Autrichiens ,  pour  donner 
du  repos  aux  Français,  qui  leur  étaient 
supérieurs  en  toute  chose.  On  réeonta 
tranquillement,  et  à  la  fin,  il  se  laisa 
de  ses  vaines  importunités. 

Tant  de  puissances,  qui  s'étaient  al* 
liées  contre  la  maison  d'Autriehe  et 
qui  voulaient  partager  ses  dépouilles, 
avaient  excité  la  cupidité  de  priooes 
qui  jusqu'alors  s'étaient  tenus  tran- 
quilles.  L'Espagne  ne  voulut  pas  de- 
meurer oisive,  tandis  que  tout  le  mon- 
de pensait  à  son  agrandissement.  La 
reine  d'Espagne,  qui  était  de  Parme , 
forma  des  prétentions  sur  eette  prin* 
cipauté  et  sur  celle  de  naisaoce, 
qu'elle  appelait  son  eotillon,  poar  y 
étabbr  son  second  fib  don  Philippe. 
Elle  fit  passer  vingt  mille  Espagn<ris , 
sous  les  ordres  de  M.  de  Mootemar, 
par  le  royaume  de  Ma]^es ,  en  même 
temps  que  don  Philippe,  avec  un  au- 
tre corps,  passait  par  le  Dauphiné  «t  la 
Savoie  pour  pénétrer  en  Lombardie. 
Ainsi  un  feu  qui,  dans  son  origine,  ne 
parut  qu'une  étincelle  en  Mésîe,  se 
communiqua  de  prodie  en  proche,  et 
causa  bientôt  en  Europe  un  embraae- 
ment  universel. 

Tandis  que  tant  d'armées  cobhmI- 
taient,  les  unes  vis-i-vis  des  autres, 
plus  de  sottises  que  de  belles  actions , 
la  diète  de  l'empire,  assemblée  A  Franc- 
fort ponrrétectiond'nn  empereur,  per- 
dait son  tempsen  fri  volesdâibéntitions  ; 
au  lieu  d'élire  un  chef,  elle  disputait 
sur  des  pourpoints  ou  aur  des  dentel- 
les d'or  que  les  seconds  ambassadeurs 
prétendaient  porter  ainsi  fue  lat  pre- 
miers. Cette  diète  était 


mSTOlRK    DB  MON    TEMPS, 


7a: 


deax  partis  ;  les  uns,  partisans  fanati- 
qaes  de  la  reine  de  Hongrie ,  les  an- 
tres, ses  ennemis  outrés.  Les  premiers 
voulaient  le  grand-duc  pour  empereur, 
les  autres  désignaient,  avec  une  sorte 
d'obstination,  l'électeur  de  Bavière. 
La  fortune,  qui  favorisait  encore  les 
armes  des  alôés,  l'emporta,  et  leur 
parti  gagna  enfin  l'ascendant  qu'ont 
les  heureux.  La  diète  de  Francfort, 
cependant,  n'avançait  guère.  Pour  se 
faire  une  idée  de  cette  assemblée  et  de 
la  lenteur  de  ses  délibérations ,  il  ne 
sera  pas  inutile  d'en  donner  une  es- 
quisse. La  bulle  d'or  est  regardée 
comme  la  loi  fondamentale  de  TAlle- 
niagne  ;  c'est  à  elle  qu'on  en  appelle 
en  toute  occasion,  et,  s'il  y  a  des  chi- 
canes, elles  naissent  do  la  façon  de 
l'expliquer.  Les  princes  choisissent 
donc  les  docteurs  les  plus  instruits  de 
cette  loi ,  les  pédans  les  plus  lourds  et 
les  plus  consommés  dans  les  vétilles 
de  la  formalité,  pour  les  envoyer,  com- 
me leurs  repr^ntans,  à  ces  assem- 
blées générales.  Ces  jurisconsultes  dis- 
cutent sur  la  forme  des  choses,  et  ont 
Tesprit  trop  rétréci  pour  envisager  les 
objets  en  grand;  ils  sont  enivrés  de 
leur  représentation ,  et  pensent  avoir 
la  même  autorité  que  celle  dont  cet 
auguste  corps  jouissait  du  temps  de 
Dharles  de  Luxembourg.  Enfin ,  dans 
cette  diète,  au  !•'  décembre  de  l'an- 
née 171^1,  on  était  aussi  peu  avancé 
qu'avant  la  convocation  de  cette  illus- 
tre assemblée,  Siles  Autrichiens  avaient 
eu  quelques  succès  par  leurs  armes,  le 
grand-duc  aurait  emporté  la  pluralité 
des  voix  ;  il  fallait  donc,  dans  ces  con- 
jonctures, brusquer  l'élection,  pour 
profiler  de  la  supériorité  des  suffrages, 
empêcher,  par  l'élévation  d'une  autre 
famille  au  trône  impérial ,  que  c^tte 
dignité  ne  devint  héréditaire  dans  la 
nonvello  moisoncJ'Autrirhe.  Pourache^ 


miner  les  choses  k  ce  but,  le  roi  pro- 
posa de  fixer  un  terme  pour  le  jour  de 
réiection.  Cet  expédient  fut  approuvé, 
et  la  diète  fixa  pour  ce  choix  le  âb  jan- 
vier 1742. 

Cette  diète  et  ses  délibérations  fai- 
saient moins  d'impression  sur  le  roi 
d'Angleterre  que  ce  qui  le  toudiait  de 
plus  près  ;  la  crainte  qu'il  avait  de  cette 
armée  de  Maillebois,  qui  menaçait  son 
électorat,  fut  si  vive,  qu'il  se  résolut  à 
faire  le  suppliant  à  Versailles  pour  ga- 
rantir ses  possessions.  Il  y  envoya , 
comme  son  ministre ,  M.  de  Harden- 
berg,  pour  signer  un  traité  de  neutra-* 
lité  avec  la  France.  Le  cardinal  de 
Fleuri  demanda  au  roi  ce  qu'il  augu- 
rait de  cette  négociation.  Ce  prince 
lui  répondit  qu'il  était  dangereux  d'of- 
fenser à  demi ,  et  que  quiconque  me- 
nace doit  frapper.  Le  cardinîd,  pins 
patelin  que  ferme,  n'avait  pas  un  ca- 
ractère assez  mâle  pour  prendre  des 
partis  décisifs  ;  il  croyait  ne  rien  don- 
ner au  hasard  en  tenant  les  choses  en 
suspens  ;  il  signa  ce  traité.  Ces  tempé- 
ramens  et  cette  conduite  mitigée  ont 
souvent  nui  aux  aflUres  de  la  France  ; 
mais  la  nature  dispense  ses  talens  à 
son  gré  :  celui  qui  a  reçu  pour  lot  la 
hardiesse  ne  saurait  être  timide,  et  ce- 
lui qui  est  né  avec  trop  de  circonspec- 
tion ne  saurait  être  audacieux. 

Cette  année  était  comme  l'époque 
des  grands  évènemens.  Toute  l'Eu- 
rope se  trouvait  en  guerre  pour  une 
succession  litigieuse;  on  s'assemblait 
pour  élire  un  empereur  d'une  autre 
maison  que  de  celle  d'Autridie,  et  en 
Russie,  on  détrônait  un  jeune  empe^ 
reur  encore  au  berceau  ;  une  révolu- 
tion plaça  la  princesse  ËHsabeth  sur  ce 
trône.  Un  chirurgien  (1),  Français  de 
naissance,  un  musicien,  un  gentilhonh 


%  FRgufiBic  n. 

IM  de  M  chanhfe  et  eemt  gardes  préo-  ,  roo,  Courlaodaiii  el  étranger  comipc 
hfazeMki.  conompos  par  Targeot  de  Lynar  ;  tant  il  e»t  vrai  que  les  mèaiea 
la  Fram» ,  conduiaeet  Elisabeth  au  .  choses  cessent  d'être  les  mêmes,  quapd 
palais  npèrial.  Ils  surpreomat  les 
gardes  et  les  désarment.  Le  jeune  em- 
pereur. iOB  phre,  le  priuee  Antoine 
de  Bnuiswick,  el  sa  mère,  la  piincesse 
de  MfickluaboiiffB  sont  arrêtéi.  On  as- 
semble Im  Iroopes;  eDes  prêtent  le 
sermeal  i  Elisabeth,  qu'ils  reoonnaîft- 
Si'Di  pour  leur  impératrice.  La  famille 
malheureuse  est  enfermée  dans  les 
ITisaus  de  Riga.  Oslermann,  après 
avuir  été  traité  avec  ignominie,  est 
c^ik;  en  Sibérie  :  tout  cela  n'est  lou- 
\r.ise  que  de  quelques  heures.  La 
Ff  attire ,  qui  espérait  profiter  de  cette 
révolution,  qu'elle  avait  amenée,  vit 
bieutit  après  ses  espérances  s'éva- 
nouir. 

Le  demain  4q  cardinal  de  Fleuri 
était  de  dégager  la  Suède  du  mauvais 
pas  ou  il  l'avait  engagée.  Il  crut  qu*un 
changement  de  règne  en  Russie  ren- 
drait le  Qonveau  souverain  facile  à 
conclure  une  paix  Earorable  à  la  Sdè- 
de;  dana  cette  lue,  il  avait  envoyé  un 
nommé  d'Avennea,  avec  des  ordres 
verbaux ,  an  marquis  de  la  Chétardie , 
ambassadeur  i  Pétenbourg,  afin  qu'il 


elles  se  font  en  d'autres  temps  et  par 
d'autres  personnes.  Si  Tamour  pcidit 
la  régente,  l'amour  plus  populaire, 
dont  la  princesse  Elisabeth  fit  sentir  les 
efléts  aux  gardes  préobraienski ,  re- 
leva sur  le  trône.  Ces  deux  princesses 
avaient  le  même  goût  pour  la  volupté; 
celle  de  Mecklenboorg  le  couvrait  dn 
voile  de  la  pruderie  ;  son  cceur  seul  la 
trahissait.  La  princesse  ÉUsabeth  por- 
tait la  volupté  jusqu'à  la  débauche  ;  la 
première  était  capricieuse  et  méchan- 
te; la  seconde,  dissimulée,  mais  facile; 
toutes  deux  baissaient  le  travail  ^  tou- 
tes deux  n'étaient  pas  nées  pour  le 
gouvernement. 

Si  la  Suède  avait  su  profiter  de  Toc- 
casiou,  elle  aurait  frappé  quelque  grand 
coup  pendant  que  la  Russie  était  agi- 
tée par  des  troubles  intestins.  Tout  lui 
présiaigeait  d'heureux  succès;  mais  le 
destin  de  la  Suède  n'était  point  de 
triompher  de  ses  ennemis.  Elle  dçr 
meura  dans  une  espèce  d'engourdisse- 
ment pendant  et  après  cette  révolu- 
tion; elle  laissa  échapper  l'occasion, 
I  cette  mère  des  grands  évèneroens;  la 


employât  tous  les  moyens  possibles  !  perte  de  U  bataille  de  Pultawa  ne  lui 


pour  culbuter  la  régente  et  le  généra- 1  fut  pas  plus  fatale  qu'alors  la  moDe 
Iis>ime.  De  telles  entreprises,  qui  pa-  ;  inaction  de  <es  armé^.  Dès  que  Ilm- 
raitraient  téméraires  dans  d'autres  pératrice  Elisabeth  se  crut  assurée  sur 
gOttvememens ,  peuvent  quelquefois  :  le  trdne,  elle  distribua  les  premières 


l'exécuter  en  Russie.  L'esprit  de  ia  na- 
tion est  endin  aux  révoltes.  Les  Rus- 
ses ont  oela  de  commun  avec  les  au- 
tres peuples,  qu'ils  sont  mécontens  du 
présent  et  qu'ils  espèrent  tout  de  l'a- 
vanir.  La  régente  s'était  rendue  odieuse 
par  Ica  faiblesses  qu'elle  avait  eu.-s 


places  de  l'empire  à  ses  partisans.  Les 
deux  frères  Bestuchew,  Woronzow  et 
Trubetzkoi  entrèrent  dans  le  conseil. 
Lestoc.  le  iMt>motrur  de  TélL^vation 
d'Elisabeth,  devint  une  espèce  de  mi- 
nistre subailerno,  quoique?  chirurgien. 
Il  était  porté  pour  la  France,  Bestu- 


poor  on  étranger,  le  beau  comte  de  chew  pour  l'Angleterre  :  de  là  naqoi- 

Lynar,  envoyé  de  Saxe;  mais  sa  de-  reiit  des  divisions  dans  le  conseil  el 

vancière,  Fimpératrice  Anne,  nvaiten-  de<  intrigues  interminables  à  la  cour. 

con*  rîi»  ouvprfpmf^n»    li-tiiiii:     B»-  I.'imf«^nitT  "mvjit   1a  prMiWtJon 


mSTOIRB    M    MON  TEMM. 


ponr  aucune  des  puissances  ;  mais  eDe 
se  sentait  de  l'éloîgnement  pour  la 
cour  de  Vienne  et  pour  celle  de  Ber- 
lin. Antoine  llric,  p^re  de  l'empereur 
qu'elle  arait  détrôné,  était  cousin  ger- 
main de  la  reine  de  Hongrie,  neveu  de 
rimpératrice  douairière  et  beau-frère 
du  roi  de  Prusse,  et  elle  appréhendait 
que  les  Ifens  du  sang  ne  fissent  agir 
ces  puissances  en  faveur  de  la  famille 
sur  la  ruine  de  laquelle  elle  avait  éta- 
bli sa  grandeur.  Cette  princesse,  pré- 
férant sa  liberté  aux  lois  du  mariage, 
trop  tyranniques  selon  sa  façon  de 
penser,  pour  affermir  son  gouverne- 
ment, appela  son  neveu,  le  jeune  duc 
de  Ilo.steîn,  à  sa  succession.  Elle  le  (ît 
élever  a  Pélersbourg  en  qualité  de 
grana-nuc  de  Russie.  Ix  public  croit 
assci  légèrement  que  les  évènemens 
qui  tournent  à  t'avantage  des  princes 
sont  res  fruits  de  leur  prévoyance  et  de 
leur  babileté  ;  par  une  suite  de  cette 
prévention,  l'on  soupçonna  le  roi  d'a- 
voir trempé  dans  cette  révolution  ar- 
rivée en  Russie  ;  mais  il  n'en  était  rien. 
Le  roi  n*y  eut  aucune  part,  et  n'en  fut 
informé  qu'avec  le  public.  Quelques 
mois  auparavant,  lorsque  le  maréchal 
de  Belle-Isie  se  trouvait  au  camp  de 
Molwitz ,  la  conversation  avait  tourné 
sur  le  sujet  de  la  Russie.  Le  maréchal 
parut  très  mécontent  de  la  conduite 
du  prince  Antoine  et  de  sa  femme  la 
Té|[ente;  et,  dans  un  moment  où  sa 
colère  s*aUumait,  il  demanda  au  roi 
s'}}  verrait  avec  peine  qu'il  se  (It  une 
révolution  en  Russie  en  fhveur  de  la 
princesse  Elisabeth,  au  désavantage  du 
JL  jeune  empereur  Iwan,  qui  était  son 
j  neveu.  Sur  quoi  le  roi  répondit  qu'il 
ne  connaissait  de  parens  parmi  les  sou- 
verailis  que  ceux  qui  étaient  ses  amis. 
La  conversation  finit*  et  voilà  tout  ce 
qui  se  passa. 

Beriin  fut,  pendant  cet  hiver,  le 


centre  des  négociations.  La  France 
pressait  le  roi  de  faire  agir  son  armée; 
rAnglcterre  Texhorlail  à  conclure  la 
paix  avec  l'Autriche  ;  TEspagne  solli- 
citait son  alliance,  le  Danemarit  ses 
avis  pour  changer  de  parti  ;  la  Suède 
demandait  son  assistance,  la  Russie 
ses  bons  offices  à  Stockholm  ;  et  Tem- 
pire  germanique ,  soupirant  après  la 
paix,  faisait  les  plus  vives  Instances 
pour  que  les  troubles  s'apaisament. 

Les  choses  ne  restèrent  pas  long- 
temps dans  cette  situation.  Les  trou- 
pes prussiennes  passèrent  à  peine  deux 
mois  dans  leurs  quartiers  d'hiver.  La 
destinée  de  la  Prusse  entraîna  encore 
le  roi  sur  ce  théAtre  que  tant  de  ba- 
tailles devaient  ensanglanter,  et  où  les 
vicissitudes  de  la  fortune  se  firent  sen- 
tir tour  à  tour  aux  deux  partis  qui  se 
faisaient  la  guerre.  Le  plus  grand  avan- 
tage que  le  roi  retira  de  cette  espèce 
de  trêve  avec  les  Autrichiens ,  (bt  de 
rendre  ses  forces  plus  formidables. 
L'acquisition  de  la  Silésie  hii  procura 
une  augmentation  de  revenus  de  trois 
miUions  six  cent  mille  écus.  La  plus 
grande  partie  de  cet  argent  ftat  em- 
ployée à  l'augmentation  de  l'armée; 
elle  était  alors  de  cent  six  bataifions  et 
de  cent  quatre-vingt-onze  escadrons, 
dont  soixante  de  hussards.  Nous  ver- 
rons bientôt  l'usage  qu'il  en  fit. 


CHAPITRE  IV. 

brupcioa  dei  AatrMiiim  en  Itofiér».  —  Dé- 
part du  Bot.  -  Ce  (|ui  fo  paisa  à  Drcj<)f , 
Prague  et  Olmud.  —  Négociation  de  Filmer. 
-  £xp(<di(ion  de  Moravie,  Aalriche  et  Hon- 
grie. —  Néfrocialion  df  lanlni.  —  Blocus  de 
BriefT.  —  Le  roi  quitta  la  Mon? ia  et  Joint 
•on  année  da  Bolilina  à  Chnidin.  —  Ce  qui 
•e  pyia  en  Moravie  après  son  départ.  — 
Ghcugemenl  de  ministère  i  Londres.  *  1*1^ 
gociatinn  infroctaenif  et  TlipadlH,  qpl  M 


FRÉDÉRIC  11. 


prendre  le  ptrti  de  décider  itt  rê kOluUoa  d» 
Aatrichiens  pir  ane  bstaill  *. 

Quoique  les  Français  fussent  ma! 
ires  de  Pragne,  qu'ils  occupassent  les 
bords  de  la  Votawa ,  de  la  Muldau  et 
de  la  Sassava,  les  Autrichiens  ne  dé- 
sespéraient point  de  leur  salut;  ils 
avaient  tiré  dix  mille  honunes  dltalie, 
sept  miDe  de  Hongrie,  auxquels  ils 
joignirent  trois  mille  hommes  du  Bris- 
gau,  arrivant  par  le  Tyrol.  Ce  corps, 
qui  montait  au  nombre  de  vingt  mille 
honunes,  avait  le  maréchal  Kheven- 
hûller  à  sa  tète.  Ce  général  forma  aus- 
sitôt le  plan  de  tomber  sur  les  quar- 
tiers de  M.  de  Ségur  et  de  le  chasser 
des  bords  de  FEns.  Nous  ne  saurions 
nous  dispenser  de  rapporter  à  ce  sujet 
un  mémoire,  en  date  du  29  juin  17^1, 
que  le  roi  envoya  à  l'électeur  de  Ba- 
vière. Le  lecteur  verra  que  tout  le  mal 
qui  arriva  avait  été  prévu,  et  que  les 
princes  qui  ne  corrigent  pas  avec  célé- 
rité les  mauvaises  dispositions  qu'ils 
font  dans  leurs  opérations  de  campa- 
gne, en  seront  toujours  punis;  car 
l'ennemi  est  mauvais  courtisan  :  loin 
d'être  flatteur,  il  chAtie  sévèrement  les 
fautes  de  celui  qui  lui  est  opposé,  fût- 
il  roi  ou  empereur  même.  Voici  ce 
mémoire  :  . 

Baitom  qui  doivent  engager  l'électeur 
de  Bavière  à  pousser  la  guerre  en 
Auiriehe. 

«  La  position  des  troupes  prussien- 
»  nés  occupant  une  partie  considérable 
»  des  forces  autriddennes,  on  contient 
»  le  maréchal  de  Neuperg  en  Silésie. 
»  L'année  des  alliés ,  qui  n'a  point 
»  d'ennemi  devant  elle ,  devrait  pous- 
»  ser  ses  opérations  le  long  du  Danube 
i  H  gabier  promptement  l'Autriche. 
#  L'^Mcteur  trouve  son  ennemi  au  dé- 


»  pourvu  ;  il  peut  s'emparer  iuds  r/sis- 
»  tance  de  Passau,  de  Linti,  dISna,  et 
»  de  là  se  porter  sur  Vienne,  sans  reu- 
»  contrer  aucun  obstacle.  Si  Ton  n 
»  rend  maître  de  cette  capitale,  oa 
»  coupe,  pour  ainsi  dire,  la  puissance 
»  autrichienne  dans  ses  racines.  La 
»  Bohème,  qu'mi  en  sépare  par  cette 
»  marche,  dégarnie  de  troupes  et  pri- 
»  vée  de  tout  secours ,  doit  tomber 
»  d'elle-même.  11  faut  établir  le  théê- 
»  tre  de  la  guerre  en  Moravie,  en  An- 
»  triche  et  en  Hongrie  même.  Dans 
»  les  circonstances  présentes ,  cette 
»  q[)ération  est  aussi  aisée  que  sire,  et 
»  il  est  incontestable  qu'elle  obligera 
»  la  reine  de  Hongrie  d'accepter  sans 
»  délai  les  conditions  de  la  paix  qu'on 
»  voudra  lui  prescrire.  Si  l'électeur 
»  diffère  de  profiter  des  conjonctures 
»  avantageuses  où  il  se  trouve,  il  donno 
»  à  l'ennemi  le  temps  de  rassembler 
»  ses  forces.  Ce  qui  est  sûr  auyour- 
»  d'hui ,  ne  le  sera  plus  demain.  En 
»  tournant  vers  la  Bohême,  l'électeur 
»  expose  ses  États  héréditaires  au  ca- 
»  price  des  évènemens  ;  il  offre  un  ap- 
»  pàt  aux  ennemis ,  qui  sauront  bien 
»  en  profiter.  Mon  avis  est  qu'on  ne 
»  prendra  jamais  les  Romains  que  dans 
»  Rome  ;  qu'on  ne  laisse  donc  point 
»  échapper  l'occasion  de  s'emparer  de 
»  Vienne.  C'est  le  moyen  unique  de 
»  terminer  ces  différends  et  de  parve- 
»  nir  à  une  paix  glorieuse.  » 

Ce  mémoire  fut  lu  et  aussitôt  oubBé. 
L'électeur,  qui  n'était  pas  du  tout  mi- 
litaire ,  crut  que  des  raisons  supérieu- 
res l'engageaient  à  prendre  un  auùt 
parti .  Khevenhiiller  profita  de  ces  ftiih 
tes.  Vers  la  fin  de  décembre  (1),  il  passi 
l'Ens  en  trois  endroits.  Ségur,  au  lieu 
de  tomber  avec  toutes  ses  forces  sur 
un  de  ces  trois  corps  pour  les  détnûrt 

i)  nu. 


HISTOIAE   DB  MON    TEMPS. 


Tr 


(^^  détail,  ie  retira  vers  la  vUle  d'Ens; 
'^  Ht)  >v  crut  pas  même  en  sûreté. 
l'Ue  terreur  panique  hâta  sa  fuite;  il 
courut  d'une  haleine  à  JJntz,  où  il  se 
forlitla.  M.  de  Khevenhûlier  ne  hii 
donna  pas  le  temps  de  reprendre  ses 
esprits  ;  il  le  poursuivit  avec  vivacité  ; 
et  le  monde  apprit  avec  étonnement 
que  quinze  mille  Autrichiens  blo- 
quaient à  Lintz  quinze  mille  Français: 
tant  un  seul  homme  peut  donner  d'as- 
cendant i  ses  troupes  sur  celles  de  son 
ennemi. 

L'électeur  de  Bavière,  consterné 
d'un  reversauquel  il  ne  s'attendait  pas, 
eut  recours  à  l'amitié  du  roi;  il  le  con- 
jura dans  les  termes  les  plus  tendres 
tte  ne  le  point  abandonner  et  de  sau- 
ver son  État  et  ses  troupes  par  une 
puîBsantediversion:  il  désirait  que  les 
Prussiens  pénétrassent  par  la  Moravie 
en  Autriche*  pour  donner  à  M.  de  Sé- 
^ur  le  temps  de  respirer.  Il  faut  se 
rappeler  pour  un  moment  la  situation 
où  se  trouvaient  les  années.  La  posi- 
tion de  l'année  principale  de  la  reine 
de  Hongrie  était  très  judicieuse  :  elle 
avait  le  dos  tourné  vers  le  Danube,  sa 
droite  couverte  par  les  marais  de  Wit- 
tingau^  sa  gauche  par  la  Muldau  et  par 
Bodweis,  son  liront  par  Tabor.  Les  alliés 
décrivaient  avec  leurs  troupes  comme 
110  denû-eerde  autour  de  ces  quartiers, 
de  sorte  que  dans  leurs  opérations  ils 
avaient  l'are  à  décrire,  et  les  Autri- 
cliiens,  qui  étaient  au  'xsntre,  la  corde  : 
de  plus,  leurs  troiqie^  étroitement  res- 
serrées dans  leun  quartiers,  couvraient 
les  opérations  de  M.  de  Khevenhiiller 
contre  les  Français;  ils  tenaient  à  l'Au- 
triche, d'où  ib  tiraient  leurs  vivres  et 
leurs  secours  ;  Os  gardaient  un  pied  en 
ilobAme ,  de  sorte  qu'à  l'ouverture  de 
la  campagne  îb  pouvaient  se  flatter  de 
rétablir  leun  aflaires.  Pour  déloger 
0rtte  MWÊfk  dhm  poste  aussi  avanta- 


geux ,  il  était  de  la  dernière  nécessité 
que  les  alliés  lissent  un  effort  général, 
pour  que  les  Autrichiens  ,  attaqués 
de  tous  côtés,  succombassent  sous  le 
nombre  de  leurs  ennemis.  Le  plan  fut 
proposé  à  M.  de  Broglie ,  sans  qu'on 
pût  jamais  hii  persuader  d'y  concourir. 
Quoique  le  peu  de  concert  et  de 
bonne  volonté  qui  régnait  entre  les  al- 
liés, obligeât  d'abandonner  le  projet  le 
plus  décisif  pour  rendre  la  supériorité 
aux  années  des  Français  et  des  Bava- 
rois, il  n'en  était  pas  moins  important 
de  soutenir  l'électeur  à  la  veille  d'ob- 
tenir la  couronne  impériale.  Les  partis 
mitigés  n'étaient  plus  de  saison.  On  il 
fallait  s'en  tenir  à  la  trêve  verbale  ou* 
n'assurait  de  rien  et  que  les  Autr^ 
chiens   avaient  si  ouvertement  en** 
freinte,  ou  ilfallaitdeirumperies  sM^^a 
de  la  Prusse  de  leurs   soupçons  par 
quelque  coup  d'éclat.  L'expédition  en 
Moravie  était  la  seule  que  les  clrcon'^- 
tances    permissent   d'entreprendre , 
parce  qu'elle  rendait  le  roi  plus  nécev 
salre  et  le  mettait  en  situation  d'être 
également  recherché  des  deux  partis  : 
ce  prince  s'y  détermina,  en  même 
temps  bien  résolu  pourtant  de  n'y 
emirioyer  que  le  moins  de  ses  troupes 
qu'il  pourrait  et  le  plus  de  celles  que 
ses  alliés  voudraient  lui  donner.  Les 
Saxons,  qui  gardaient  alors  les  bords  de 
la  Sassava,  étaient  à  portée  de  se  join- 
dre à  un  corps  de  Prussiens  qui  devait 
entrer  en  Moravie.  De  là  cette  petite 
armée  pouvait  se  porter  sur  Iglau, 
en  déloger  le  prince  de  Lobkowitz,  qui 
y  commandait,  et  pousser  en  avant 
jusqu'à  Hom,  en  ba^  Autriche.  Cette 
manœuvre  devait  ou  forcer  M.  de 
Khevenhûlier  d'abandonner  M.  de  Se- 
gur,  ou  obliger  l'armée  principale  de 
la  reine  de  quitter  Wittingau,  Tabor 
et  Bodweis ,  auquel  cas  M.  de  Broglie, 
n'ayant  rien  devant  hil ,  pouvait  aUar 


.  f 


aBTOlUB  M    Bim  TKMM. 


.'fÔ 


U,  el^êe  reipédittoB  d*Igiaii  «nAi- 
quertit  fanle  de  fotutiiges  et  de  fttb- 
fisUnce,  La  {N-enmèrt  objeelion  était 
«ins  relique  ;  quant  è  ia  sei^née^  le 
roi  sa  chargea  de  la  tef^r,  d^idter  à 
Fragne  se  conaerler  avee  M^  de  Se- 
dteUea,  intendatil  dé  l'année^  sur  les 
moyena  de  fournir  de&  Tivres  aox 
Saxons^  Sur  ces  eRlrefaMea  le  rat  de 
Pologiie  eo^  daiia  la  chambre.  Aprts 
qaelqiies  cîYiUiés,  le  rai  ?oafait  du 
moins  lui  faire  Thoiitifar  de  lui  com- 
muniquer à  quel  usage  en  destînail  ses 
troupes.  Le  comte  ***  avait  vite  plié  la 
carte  de  la  Moravie  ;  le  roi  la  lui  re- 
demanda, 9B  rétala  de  nouveau,  et  ce 
pnoee  fit  en  quelque  sorte  le»  vendeur 
d'orviéian ,  déûtant  sa  mwcfaandfse  le 
mieux  qu'il  était  possible.  Il  appuyait 
principalement  sur  ce  que  le  roi  de  Po- 
logne n'aurait  jamûs  la  Moravie,  s'il  ne 
fie  donnait  la  peine  de  la  prendre.  Au- 
guste m  répondait  oui  à  tout,  avec  un 
air  de  couvictîoii  mêlé  de  quelque  cho- 
se dans  le  regard  qui  dénotait  l'ennui. 
*'\  qne  cet  entretien  iaq^atientait 
rioterrenipit  en  annonçant  à  son  maî- 
tre que  l'opéra  allait  commencer.  Six 
royaumes  è  conquérir  n'eussent  pas 
reteott  le  roi  de  Pologue  une  minute 
de  plus.  On  alla  donc  i  l'Obéra,  et  le 
rai  obtint,  QMdgré  tous  eeu  qfii  s'y 
opposaient,  une  résolution  finale»  Il 
fallait  brusquer  l'aventure ,  comme  on 
prend  nue  ptace  d*assaut;  c'était  le 
seul  moyen  de  réu^r  è  oetie  cour.  Le 
lendemain  «  à  six  hem^  du  matin^  te 
roi  fit  inviter  te  père  Guarini,  qui  était 
eoffiéme  temps  une  espèce  de  fisvm  y 
de  ministre  4  de  bouffon  et  de  coufes* 
saur.  Ce  prince  lui  parh  de  façon  i 
lui  persttader  qu'il  ne  voulait  réussir 
que  par  hiî.  La  flnasse  de  cet  UaKeii 
fat  la  dupe  de  «on  orgueils  Le  pèna 
Gaarini,  en  quittant  le  roi,  se  rendit 
ioprès  de  aoB  maître,  qu'il  acheva  de 


eonfirmer  dans  la  h^Muilon  <fn'il  svAit 
prise.  Enfin  te  roi  partit  de  Dn;^^ 
après  avoir  vaincu  tous  les  obstadf^ , 
la  mauvaise  votenie  du  oomie  du  ***, 
le  peu  de  résolution  d'Auguste  Ilf  ^ 
les  teif  ivosatione  du  cotoilf»  de  Sait* , 
qid,  peu  occupé  di>  la  Bivière,  avait 
eneore  les  chiâsères  de  la  Gouriande 
eu  tAte,  et  croyait,  pour  Mre  sa  «our, 
être  dans  la  nécessité  de  coutr^ear- 
rer,  autant  qu'H  était  en  lui,  les  Prus- 
siens^ 

Lorsque  le  roi  arriva  à  Prague,  linti 
tenait  encore  ;  mets  le  comte  de  Tœr - 
ring,  par  son  inconsfAèraltou,  s'était 
iaiaié  battre  par  les  Autrichiens.  On 
fit  encore  quelques  tentatives  pour 
inspirer  de  l'activité  au  maréchal  Ae 
Broglîe,  mais  inutilement.  Le  roi  con- 
vint tout  de  suite  avec  M.  de  Sèdvèlles 
pour  fournir  de  subsistmices  aux 
Saxons;  il  dit  ;  «je  ferai  rimpof^silMe 
possible;»  Sentence  qui  devrait  être 
écrite  en  lettres  d'or  sur  le  bufeftu  de 
t8«s  lesintendann  d'armée.  M.  de  8e- 
cheiles  ne  se  contenta  pas  de  te  dire, 
mais  il  exécuta  tout  oa  quil  avait  pra^ 
mis.  De  Prague,  le  roi  passa  par  seft 
quartiers  de  Bohème.  Il  apprit  en  dhe^ 
miu  que  Glats  s'était  fendu,  et  fi  la» 
dmmina  vers  la  Moravie.  H  «vaR  ap- 
pointé le  chevalier  de  Saxe  et  M.  de 
Pulastron  à  Landseron^  pour  eaneeftfêt 
avec  eux  les  t^éretiens  auxqueliés  on 
se  préparait.  M.  de  Polasiron  était  un 
homme  confit  en  dévotion,  qui  seAi- 
Mait  ph»  né  pour  dire  son  chapelet 
que  pour  aller  4  lAgncffre.  De  là  te  roi 
se  rendit  à  OtauntK,  qde  le  manisM 
de  Sobwerin  venait  d'occuper.  On  de- 
vait étàbHr  des  magasins  dans  oelta 
ville  ;  mais  Mi  de  SuobélM  u'y  amfl 
pm  préaidé.  Le  séjour  du  Mi  dans 
cette  vBte  Ait  trop  cMrt  pour  ui)vîur  i 
wt  jnaouvéMMt,  utl*ouprit4m  afesH* 
leurns  mesures  que  i#u  pint  pour  y  ffoii 


fcHÉDÉaiC  u. 


roédier.  Fendant  que  ie  roi  était  À  01- 
iDutz,  il  y  arriva  un  certain  Fitzner, 
conseiller  du  Grand  Duc  de  Toscane  ; 
il  était  cliargé  de  cpiclques  propositions 
de  la  cour  de  Vienne.  Le  roi,  qui  se 
livrait  trop  à  sa  vivacité,  sans  entendre 
ce  que  Fitzner  avait  à  lui  dire,  lui  par- 
la sans  mettre  de  points  ni  de  virgules 
à  son  dicours  :  Taute  impardonnable 
en  négociation,  où,  la  pradence  veut 
(|u*on  entende  patienunent  les  .autres 
et  qu'on  ne  réponde  qu'avec  poids  et 
mesure.  11  lui  rappela  toutes  les  infrac- 
tions que  sa  cour  avait  faites  à  la  trêve 
d'Oberschnellendorff,  et  il  exhorta  la 
reine  à  s'accommoder  [»t>mptement 
avec  ses  ennemis.  Fitzner  apprit  au 
roi  la  capitulation  flétrissante  que  H. 
de  Ségur  venait  de  signer  à  Lintz,  d'où 
le  roi  prit  occasion  de  tirer  de  nou- 
velles raisons  pour  hAter  la  paix,  en 
lui  insinuant  que  les  Anglais  n'avaient 
que  leur  propre  intérêt  en  vue  et  sa- 
crifieraient enCn  la  reine  aux  avanta- 
ges qu'ib  t&dieraient  d'obtenir  pour 
leur  commerce.  Fitzner  ravala  ainsi  les 
choses  qu'il  était  chargé  de  dire,  et 
l'on  convint  de  part  et  d'autre  d'entre- 
tenir une  correspondance  secrète  par 
le  canal  d'un  certain  chanoine  lanini. 

Sur  ces  entrefaites  on  reçut  des  nou- 
velles de  Francfort  sur  le  Mein  qui 
annonçaient  l'élection  et  le  couronne- 
ment de  l'électeur  de  Bavière,  qu'on 
nonuna  Charles  VIL  Cependant  la  cour 
de  Vienne  ne  restait  pas  les  bras  croi- 
sés. Si  elle  négociait  avec  ardeur,  elle 
ne  négligeait  pas  non  plus  de  faire 
usage  de  toutes  ses  ressources  pour  se 
dégager  par  la  force  de  tant  d'ennemis 
qui  l'accablaient.  Elle  leva  en  Hongrie 
quinze  mille  honmie  de  troupes  régu- 
lières ;  elle  convoqua  dans  ce  royaume 
le  ban  etTarrière-ban,  qui  devaient  lui 
valoir  quarante  mille  hommes  à  peu 
prèii.  Sou  intention  était  d'en  former 


deux  corps^  d'armét',  dont  Vxïiï  devait 
pénétrer  par  Hradisch  en  Moravie,  et 
l'autre  devait  passer  par  la  labluuka,  et 
gagner  en  haute  Silésie  les  derrières  de 
l'armée  prussienne,  tandis  que  ie  prin- 
ce de  Lorraine  s'avancerait  de  la  Bo- 
hême pour  combattre  de  front  les  trou- 
pes du  roi.  Ce  prince  n'avait  pris  que  la 
moitié  des  troupes  qui  hivernaient  en 
haute  Silésie,  qui  faisaient  quinze  mille 
hommes,  à  la  tète  desquelles  il  joignit 
les  Français  <ît  les  Saxons  auprès  de 
Trebisch.  Un  autre  corps  occupa  par  ses 
ordres  Wischau,  Hradisch,  Krenutir  et 
les  frontières  de  la  Hongrie,  pour  cou- 
vrir ses  opérations.  La  lenteur,  jointe 
a  la  mauvaise  volonté  des  Saxons,  fit 
perdre  dans  cette  expédition  des  joiun 
et  même  des  semaines  ;  ce  qui  nuisit 
beaucoup  au  bien  des  affaires.  Tn  seul 
exemple  suffira  pour  preuve  de  ce  que 
nous  disons.  Budishau  est  une  maison 
de  plaisance,  riche  et  bien  ornée,  qui 
appartient  à  un  comte  Bur  :  on  avait  as- 
signé par  galanterie  ce  quartier  aux 
Saxons.  Le  comte  Rutowsky  et  le  che- 
valier de  Saxe  s'y  trouvèrent  si  bien, 
que  januiis  on  ne  put  faire  avancer 
leurs  troupes;  ils  y  demeurèrent  trois 
jours.  Cet  empêchement  fut  cause  que 
le  prince  de  Lobkowitz  eut  le  tempii  de 
retirer  ses  nuigasins  d'Iglau,  et  qu'à 
l'approche  des  alliés  il  se  replia  sur 
Wittingau.  Les  Saxons  occupèrent 
Iglau;  mais  il  fut  impossible  de  les 
faire  avancer  ni  sur  la  Taya  ni  vers 
Hom,  en  Autriche.  C'est  le  cas  de  la 
plupart  des  généraux  qui  commandent 
des  troupes  auxiliaires,  de  voir  échouer 
leurs  projets  faute  d'obéissance  et 
d'exécution.  Les  Saxons,  qui  étaient 
les  plus  intéressés  à  cette  expédition, 
étaient  ceux-là  même  qui  employaient 
le  plus  de  mauvaise  foi  pour  la  contre-* 
carrer. 
Ces  contretemps  obligèrent  le  roi  à 


HUT01⣠  l>&   MON  T£JIFf 


itffofidre  Mtditpositionâ.  Il  donna  aux 
Saioos  lei  quartiers  les  plus  voisins  de 
b  Boiième,  elles  Prassiens  occupèrent 
tes  bordff^de  la  Taya,  de  Znaym  josqa'à 
Gonfingen,  petite  ville  qui  est  sur  les 
frootiëres  de  la  Hongrie.  Bientôt  un 
déCachement  de  cinq  nulle  hommes 
partit  de  Znaym  et  fit  une  irruption 
dans  la  haute  Autriche;  la  terreur  s*en 
répandit  jusqu'aux  portes  de  Vienne. 
La  cour  rappela  sur-Ie-<hamp  dix  mille 
hommes  de  la  Bavière  au  secours  de 
cette  capitale.  Les  hussards  de  Ziethen 
poussèrent  jusqu'à  Stockerau,  qui  n'est 
qn*à  une  poste  de  Vienne.  Cette  irrup- 
tion mit  les  troupes  à  leur  aise  par  la 
quantité  de  subsistances  qu'elle  leur 
procura.  Mais  les  Saxons  s'inquétaient 
dans  leiu^  quartiers  ;  ils  voyaient  par- 
tout l'ennemi,  la  peur  grossissait  pour 
eux  tous  les  objets,  ils  demandèrent 
qu'on  leur  laissât  occuper  les  quartiers 
des  Prussiens  ;  ce  qui  leur  fut  accordé. 
M.  de  Polaatron ,  rappelé  en  Bohème  par 
les  ordres  de  M.  de  Broglie,  avait  quit- 
té l'armée,  de  sorte  que  ce  qui  restait, 
formait  à  peine  trente  mille  hommes. 
Leroidécouvritpardes lettres  intercep- 
tées que  les  Hongrois  commençaient 
ise  rassembler  sur  les  frontières  de  la 
Moravie.  Il  n'y  avait  pas  de  moment  à 
perdre  ;  il  fallait  dissiper  cette  miUce 
avant  que  le  nombre  en  devint  trop 
considérable.  Cette  commission  tomba 
sur  le  prince  Thierry  d'Anhalt,  qui 
avec  dix  bataillons,  autant  d'escadrons 
et  nulle  hussards,  entra  en  Hongrie, 
enleva  trois  quartiers  de  pandours, 
leur  prit  douze  cents  hommes  et  ré- 
pan<fit  une  telle  alarme  dans  ce  royau- 
me, qu'une  partie  de  l'arrière-ban  se 
sépara.  Cette  expédition  si  heureuse- 
ment terminée,  ce  prince  vint  rejoin- 
dreFarmée  aux  environs  de  Brunn.  Car 
les  Saxons  étaient  à  Znaym,  Sab,  Nie- 
kehbourg,  et  les  Prussiens  à  Bohrlitz, 

V. 


Austeriitz,  Schlowitz  et  aux  environs 
de  Brunn.  On  avait  demandé  du  canon 
au  roi  de  Pologne  pour  assiéger  cette 
ville  :  ce  prince  le  refusa  faute  d'ar- 
gent, n  venait  de  dépenser  quatre  cent 
mille  écus  pour  acheter  un  gros  dia- 
mant vert  :  il  voulait  la  chose  et  se  re- 
fusait au^  moyens.  L'expédition  du  roi 
manqua  donc  par  bien  des  raisons.  M. 
de  Ségur  s'était  laissé  prendre  avant 
qu'on  le  pût  secourir  ;  M.  de  Broglie 
était  paralytique;  ***  craignait  plus 
mademoiselle  de  Kling  qu'il  ne  se  sou- 
ciait de  la  Moravie  ;  Auguste  HI  vou- 
lait un  royaume,  mais  il  ne  voulait  pas 
prendre  la  peine  de  le  conquérir.  Ce- 
pendant sans  la  prise  de  Brunn,  les  al- 
liés ne  pouvaient  pas  même  se  soute- 
nir en  Moravie.  Ce  qu'il  y  avait  de  pire, 
c'était  que  le  roi  ne  pouvait  faire  aucun 
fond  sur  la  fidélité  des  Saxons,  et  il 
devait  s'attendre  qu'ils  Tabandonne- 
raient  à  l'approche  de  l'ennemi. 

Un  beau  jour,  lorsqu'on  s'y  atten- 
dait le  moins,  tous  les  Saxons  aban- 
donnèrent leurs  quartiers  et  se  jetè- 
rent avec  précipitation  sur  ceux  que 
les  Prussiens  occupaient.  Un  millier 
de  hussards  autrichiens  leur  avait  don- 
né une  terreur  panique  ;  on  leur  pro- 
cura des  quartiers  et  Brunn  fut  serré 
de  plus  près.  Le  commandant  de  cette 
place  était  un  homme  intelligent;  il 
envoyait  des  gens  déguisés  pour  met- 
tre le  feu  aux  villages  que  les  troupes 
occupaient.  Toutes  les  nuits  il  y  eut 
des  incendies  ;  on  compta  plus  de  seize 
bourgs,  villages  ou  hameaux  qui  péri- 
rent par  les  flammes.  Un  jour,  trois 
mille  hommes  de  la  garnison  de  Brunn 
attaquèrent  le  régiment  de  Truchsess 
dans  le  village  de  Lesch  ;  ce  régiment 
se  défendit  pendant  cinq  heures  avec 
une  constance  et  une  valeur  admira* 
blés.  Le  village  fut  brûlé  ;  mais  les  en* 
nemis  forent  chassés  "ums  avoir  rem  « 


8? 


FRiDÉBIC  n. 


porté  le  moindre  avantage.  Truchsess, 
Varennc  et  quelques  officiers  y  furent 
blessés  en  se  couvrant  de  gloire.  Enliii 
les  efforl^  ^u'on  avait  Taits  pour  déga- 
ger M.  de  SégUT  attiraient  naturelle- 
Qient  les  Autrichiens  en  Moravie.  Le 
duc  de  Lorraine  allait  se  mettre  en 
marche  pour  dégager  Brunn;  il  fallait 
choisir  un  lieu  d^assembléc  pour  les 
troupes,  et  qui  fût  en  mënxe  temps  un 
camp  avantageux.  Ces  qualités  se  Irou- 
vaienl  réunies  dans  le  lorrain  qui  en- 
vironne la  ville  de  Bohrlttz.  Le  roi 
communiqua  au  chevalier  de  Sa&e  son 
dessein  d'attendre  l'ennemi  dans  cette 
position,  ce  qui  pouvait  s'exécuter  avec 
d'autant  plus  de  sûreté,  que  le  roi  avait 
été  joint  par  six  bataillons  et  trente 
escadrons  de  renfort  de  ses  troupes. 
Le  chevalier  donna  une  réponse  am- 
biguë ,  qui  préparait  dè^lors  aux  ex- 
cuses de  sa  désobéissance.  La  raison  la 
plus  spécieuse  qu'il  alléguait  se  fon- 
dait sur  le  nombre  de  ses  troupes,  qu'il 
ne  disait  monter  qu'à  huit  mille  corn- 
baltans.  Le  peu  de  fonds  qu'on  pouvait 
faire  sur  ces  troupes  saxonnes  donna 
à  réfléchir  au  roi  sur  la  situation  où  U 
se  trouvait.  Ses  propres  troupes  ne 
consistaient  qu'en  vingtrsix  mille  hom- 
mes ;  c'étaient  les  seules  sur  lesquelles 
il  pût  compter,  et  c'était  trop  peu  pour 
faire  tête  à  Tannée  du  duc  de  l^rr^i- 
ne.  Après  tout ,  pourquoi  s'opiniùtrer 
à  conquérir  cette  Moravie,  pour  la- 
quelle le  roi  de  Pologne,  qui  devait 
ravoir,  témoignait  tanld'indiQ'érence? 
Le  seul  parti  à  prendre ,  c'était  de  se 
jpiudre  aux  troupes  prussiennes  qui 
étaient  en  Bohémo;  et,  pour  couvrir 
Ohnutz  et  la  haute  Silésie,  on  pouvait 
se  servir  do  l'armée  du  princ(î  d'An- 
halt,  qui  devenait  inutile  auprès  de 
Brandebourg.  11  reçut  donc  iucessam- 
miMit  l'ordre  de  la  partager,  d'en  en- 
vnvi  r  une  piirtie  à  i^hnidim,  en  Bohè- 


me, et  de  mener  dix-i^pt  bataiUoDS  et 
trente-cinq  escadrons  dans  la  haute 
Siiésie,  où  il  serait  joint  par  sou  Qls,  le 
prince  Didier,  avec  les  troune«  qne  k 
roi  laisserait  dans  cesi  environs.  Mal- 
gré toutes  ceH  dispositions  le  roi  se 
trouvait  dans  un  pas  scabreux.  Il  avait 
tout  lieu  de  se  défier  des  Saxons  ;  noMiis 
leur  mauvaise  foi  u'était  pas  assez  ma- 
nifeste. M.  de  Broglie  le  tira  de  cet 
embarras^  en  demandant  les  troupes 
saxonnes,  pour  le  renforcer,  a  ce  qu'il 
disait,  contre  le  prince  de  Lorraine, 
qui  voulait  l'attaquer  dans  le  temps 
que  ce  prince  prenait  le  chejooiin  de  la 
Moravie  avec  sou  armée.  Le  roi  fit 
semblant  d'ajouter  fol  au  faux  avia  du 
maréclial  de  Broglie ,  pour  se  défaire 
d'alliés  suspects.  Le  départ  de  la  .\lo- 
ravie  fut  résolu;  quinze  escadrons  et 
douze  bataillons  suivirent  le  roi  en 
Boluime  ;  vingt-cinq  escadrons  et  dix- 
neuf  bataillons  demeurèrent,  sous  Un 
ordres  du  prince  Thierry,  dans  un 
càvàf  avantageux  auprès  dX)lmutz>  où 
ce  prince  aurait  pu  se  soutenir,  si  le 
maréchal  de  Schwerin  avait  veillé, 
comme  il  le  devait,  à  anoAsser  suffi- 
samment de  vivres  pour  les  troupes. 
M.  de  Bulow,  qui  suivait  le  roi  en  qua- 
lité de  ministre  de  Saxe,  le  voyant  sur 
son  départ  de  la  Moravie,  lui  dit  :  «  Mais, 
)>  sire,  qui  couronnera  donc  mon  mai- 
»  tre?  »  Le  roi  lui  répondit  qu'on  ne  ga- 
gnait les  couronnes  qu'avec  du  groA 
canon,  et  que  c'était  la  faute  des 
Saxons  s'ils  en  avaient  manqué  pour 
prendre  Brunn.  Ce  prince ,  bien  n^ 
soin  de  ne  commander  désormais  qu'4 
des  troupes  dont  il  put  disposer  et  ca- 
pables d'obéir»  poursuivit  sa  route  pat- 
sant  par  Swittau  et  Leutomischet,  ei 
il  arriva,  le  17  avril,  à  Chnidim  aupite 
du  prince  I.éopold,  où  il  mit  ses  trou- 
l>es  en  quartier  de  rafraichissemena. 
Les  Saxons  essuyèrent  un  petit  écheo 


dans  cette  retraite;  les  hussards  en-  ^  dans  un  village  où  ri'.uueiin  avait  mis 
nëinis  leur  enlevèrent  un  bataillon  qui  le  feu.  La  moitiù  dc^  esimUrim^^  se 
fili^ait  leur  arrière-garde.  Vainement   battit  à  pied  au  uiiUeu  de:i  Huiniue«. 


YQuIut-on  leur  persuader  de  se  joindre 
«m  Français,  iUtrav^isèrent  les  quar- 
tiers des  Prutôieps  pqur  se  cantonner 
dans  le  cercle  de  Saiz«  sur  les  frontiè- 
res de  levr  électorat,  Par  (eur  dofec- 
Uon,  les  Français  affaiblis  demeurè- 
rent à  Pi^ck  sao^  secQiirs.  Le  fardeau 
i»  la  guerre  pesait  presque  unique^ 
ment  sur  les  épaules  des  Prussiens,  et 
les  ennemis  puisaient,  dans  Taffaiblis- 
sèment  des  alliés,  les  espérances  les 
plus  flatteuses  de  leurs  succès. 

Pendant  que  les  Prussiens  se  refai- 
saient en  Bohême  de  leurs  fatigues, 
que  les  Français  sommeillaient  à  Pi- 
seck  et  que  les  Saxons  s'éloignaient,  le 
plus  vite  qu'ils  pouvaient  des  hasards 
de  la  guerre,  le  prince  de  Lorraine  ren- 
trait en  Moravie;  le  prince  Thierry 
d'Anhalt  lui  présenta  la  bataille  au- 
près de  Wischau.  Son  poste  était  si 
bien  pris ,  que  les  troupes  de  la  reine 
n'osiVent  le  brusquer.  Les  Prussiens 
restèrent  dans  cette  position,  et  ne  la 
quittèrent  qu'après  avoir  consumé  le 
dernier  tonneau  de  farine  qui  restait 
dans  leur  magasin.  Le  priuce  Thierry 
passa  les  montagnes  de  la  Moravie,  et 
assit  son  camp  entre  Troppau  et  J«- 
gerndorir,  sans  que  l'armée  ennemie 
fit  mine  de  le  suivre.  Pans  cette  re- 
traite, les  dragons  de  Nassau,  nouvel- 
lement levés,  eurent  une  affaire  (1) 
avec  les  hussards  autrichien?,  où  ils  se 
signalèrent  par  leur  valeur  et  par  leur 
conduite.  En  même  temps  le  régiment 
de  Canneberg  (2)  se  Qt  jour  à  travers 
trois  mille  ennemis  qui  voulaient  le 
couper  de  l'armée,  et  s'acquit  beau- 
coup de  gloire.  Les  gendarmes  qui 
cantonnaient  furent  attaoués  de  nuit 

[i)  \  Napagedell. 

^2/  Entr^*  Prerau  et  Grals. 


pour  donner  aux  autce$  le  temps  (A^ 
montera  cheval;  alors  ils  douuèreut 
sur  les  Autrichiens ,  iça  tuittifcul  el 
^eu(  firent  des  pi:isonQîer«  ;  un  CQloucl 
Vrédow  les  coauoandait.  Ces  Coati  ne 
sout  pas  impprtans;  mai^  copuwvt 
laisser  périr  daa«  l'oubli  d'auasi  bi^lten 
actions,  surtout  dans  un  ouvrage  ^<' 
la  reconnaissance  consacre  à  la  gloirt; 
de  ces  brave»  troupes?  Cependant  que 
pouvait-on  prévoir  de  cette  guerre,  en 
réfléchissant  sur  le  peu  d'accord  qui 
régnait  entre  les  alliés,  sur  les  pitoya- 
bles généraux  qui  conduisaiont  les 
Français,  sur  la  faiblesse  de  leur  ar- 
mée,  sur  la  faiblesse,  plus  grande  en- 
core, de  celle  de  rempereur,  sinon 
que  les  vastes  projets  du  cabinet  de 
Versailles,  qui  semblaient  devoir  s'ac- 
complir l'année  précédente,  étaient 
alors  plus  que  douteux. 

De  tels  pronostics ,  fondés  sur  des 
faits  certains,  avertissaient  le  roi  de  ne 
pas  s'enfoncer  trop  avant  d^ns  ce  laby- 
rinthe ,  mais  d'en  chercher  l'issue  au 
plus  tôt  ;  bien  d'autres  raisons  se  joi- 
gnaient encore  à  ceUea  que  nous  ve- 
nons de  rapporter  pour  renouer  la  né- 
gociation de  la  pai^  avec  la  reine  de 
Hongrie.  Le  lord  Uiqdfort  fut  employé 
pour  moyenoer  cet  accommodement  ; 
il  y  était  plus  propre  qu'm  wtie,  vu 
qu'il  avait  déjà  travaillé  ù  la  réconcilia- 
tion des  deux  puissances ,  et  que  son 
amour-propre  se  trouvait  intéressé  à 
couronner  son  ouvrage.  U  trouvala  cour 
de  Vienne  moins  docile  que  par  le  pas- 
sé; l'affaire  de  Lints,  l'évaciiatioD  de  la 
Moravie  et  la  défection  des  Saxcms  lui 
avaient  rendu  son  ancienne  fierté.  Ses 
négociations  secrètes  à  fai  cour  de  Ver* 
saitfes  hii  {gisaient  même  porter  ses 
\ues  plus  loin.  On  a  vu  de  tout  temps 


-3% 


FRiDÉRlC   IJ. 


l'esprit  de  la  cour  d'Autriche  suivre  les   il  s*accommodaU  assez  de  la  conduite 
impressions  brutes  de  la  nature  ;  en-   modérée  de  Walpole ,  et  il  craignait 


fiée  dans  la  bonne  fortune  et  rampante 
dans  radyersité,  elle  n'a  jamais  pu 
parrenfr  à  cette  sage  modération  qui 
rend  les  hommes  impassibles  à  l'égard 
des  Mens  et  des  maux  que  le  hasard 
dispense.  Alors  son  orgueil  et  son  as- 
tuce reprenaient  le  dessus.  Le  mau- 
rais  succès  de  la  tentative  de  lord 
Hindfort  fortifia  le  roi  plus  que  jamais 
dans  l'opinion  où  il  était,  que  pour 
qu'une  négociation  de  paix  réussît  avec 
les  Autrichiens,  il  fallait  auparavant  les 
avoir  bien  battus.  Une  armée  belle  et 
reposée  l'invitait  à  tenter  le  sort  des 
armes  ;  elle  était  composée  de  trente- 
quatre  bataillons  et  de  soixante  esca- 
drons, ce  qui  faisait  à  peu  près  le  nom- 
bre de  trente-trois  mille  hommes.  Avant 
que  l'on  en  vint  à  cette  décision,  il  ar- 
riva un  changement  dans  le  ministère 
anglais.  Cette  nation  inquiète  et  libre 
était  mécontente  du  gouvernement, 
parce  que  la  guerre  des  Indes  se  faisait 
à  son  désavantage,  et  que  la  Grande- 
Bretagne  ne  jouait  pas  un  r6le  conve- 
nable sur  le  continent.  On  fouetta  le 
roi  sur  le  dos  de  son  minisU'e  ;  il  fut 
obligé  de  chasser  sir  Walpole,  que  lord 
(^arteret  remplaça.  Un  mécontement  à 
peu  près  semblable,  dans  le  siècle  pas- 
sé, coûta  la  vie  au  roi  Charles  l«'  ;  c'é- 
tait l'ouvrage  du  fanatisme,  et  la  chute 
de  Walpole  ne  peut  s'attribuer  qu'à 
une  cabale  de  parti.  Tous  les  seigneurs 
voulaient  parvenir  au  ministère  ;  Wal- 
()Ole  avait  occupé  cette  place  trop  long- 
temps. Après  l'avoir  culbuté,  la  possi- 
bilité de  réussir  donna  une  nouvelle 
effervescence  à  l'ambition  des  grands  ; 
ce  qui  fit  que ,  dans  la  suite ,  cet  em- 
ploi passa  de  main  en  main  et  devint , 
do  toutes  les  places  du  royaume,  la 
moins  amovible.  Le  cardinal  de  Fleuri 
'  (bt  très  mécontent  de  ce  changement  ; 


tout  de  l'knpétuosité  de  Carteret,  qnl, 
à  l'exemple  d*Annibal ,  avait  juré  une 
haine  implacable  à  tout  ce  qui  portait 
le  nom  français.  Cet  Anglais  ne  dé- 
mentit pas  l'opinion  qu'on  avait  de  lui  : 
il  fit  payer  des  subsides  à  la  reine  de 
Hongrie ,  il  la  prit  sous  sa  protection, 
il  fit  passer  des  troupes  an^^aises  en 
Flandre  ;  et,  pour  diminuer  le  nombre 
des  ennemis  de  l'Autriche ,  il  s'enga- 
gea envers  le  roi  à  lui  procurer  une 
paix  avantageuse.  Ces  ofires  furent  re* 
çues  avec  reconnaissance ,  quoique  le 
roi  fût  bien  déterminé  à  n'avoir  l'obli- 
gation de  la  paix  qu'à  la  valeur  de  ses 
troupes,  et  à  ne  point  fonder  ses  espé- 
rances sur  l'incertitude  d'une  négocia- 
tion. M.  de  Broglie,  qui  se  trouvait  à 
Piseck,  avec  une  douzaine  de  ducs  et 
pairs,  à  la  tète  de  dix  mille  hommes , 
fit  tant ,  par  ses  représentations ,  que 
le  cardind  résolut  de  lui  envoyer  quel- 
ques secours.  On  ne  les  rassembla 
qu'au  printemps,  et  ils  arrivèrent  trop 
tard  :  faute  Souvent  reprochée  aux 
Français,  de  n'avou*  pas  pris  leurs  me- 
sures à  temps.  Amis  des  Autrichiens , 
ils  leur  avaient  fait  perdre  Belgrade  ;  à 
présent  qu'ils  étaient  leurs  ennemis, 
ils  ne  leur  faisaient  aucun  mal.  Cette 
dernière  paix  ressemblait  à  la  guerre, 
et  cette  dernière  guerre  à  la  paix.  C'est 
par  cette  conduite  molle  qu'ils  perdi- 
rent les  afialres  de  l'empereur,  et  que 
la  prudence  engagea  la  plupart  de 
leurs  alliés  à  les  abandonner.  Ce  siècle 
était  stérile  en  grands  hommes  pour 
la  France;  celui  de  Louis  XIV  en 
produisait  en  foule.  L'administration 
d'un  prêtre  avait  perdu  le  militaire. 
Sous  Mazarin,  c'étaient  des  héros,  sous 
Fleuri,  c'étaient  des  cosLctisans  syba- 
rites. 


HISTOIRE    D£  MON   TBIfPS. 


85 


CHAPITRE  V. 

ÉféDHMiif  qui  précèdéot  k  bataille  de  Cho- 
Imiti. — 1Mt|Milti0ii  de  l«  l»auille«  —  Alblra 
de  8dié.  -^  M.  do  Mto-Isle  ttent  m  emp 
prasrieD;  n  part  pour  la  Sasa.  —  Pldx  de 
Breslaa. 

L'armée  da  roi  en  Bohèoie  était  par* 
tagée  en  trois  divisions  :  seize  batail- 
kms  et  vingt  escadrons  couvraient  le 
qaartier  général  de  Chnidim  :  dix  ba- 
taillons et  vingt  escadrons  anx  ordres 
de  M.  de  Gœtz  étaient  aux  environs  de 
Lentomischel,  et  M.  de  Kalckstein  oo- 
copait  avec  an  nombre  pareil  Kntten- 
berg*  Ces  trois  corps  pouvaient  se  join- 
dre en  deux  fois  vingt-quatre  heures. 
Il  y  avait  outre  cela  deux  bataillons 
dans  la  forteresse  de  Glatz,  un  l>atail* 
loD  gardait  les  magasins  de  Kcanigs- 
grasU  et  trois  autres  couvraient  les 
dépéts  de  Pardubitz^  de  Podiebrad  et 
de  Nienbourg;  de  sorte  que  TElbe  cou- 
lait en  ligne  parallèle  derrière  les  quar- 
tiers des  Prussiens^  et  les  magasins 
étaient  distribués  de  telle  sorte,  que 
de  quelque  côté  que  vint  l'ennemi, 
rarméepouvaitseporterà  sa  rencon- 
tre. Le  ^nce  d' Anhalt,  plus  fort  qu'il 
n'était  nécessaire,  n'ayant  point  d'en- 
nemi devant  lui,  garda  dix-huit  batail- 
loos  et  soixante  escadrons  pour  cou- 
vrir la  haute  Silésie  ;  il  détacha  le 
général  Derschau  avec  huit  batailkMis 
et  trente  escadrons  ponrrenforcer  Tar- 
mée  de  Bohème.  Ce  renfort  était  eu* 
oore  en  oiarche,  qu'on  apprit  que  le 
prince  de  Lorraine  quittait  la  Moravie 
et  niarc;bait|»r  Teutschbrod  etZwittau 
pour  entrer  en  Bohème.  On  sut  même 
que  le  maréchal  de  Kœnigseclc ,  qui 
commandait  cette  armée  a  laiar^,  avait 
ditqu'ilfaBait  tirer  <^^it  vers  Prague  et 
combattre  les  Prussieuachemin  faisant; 
il  ne  les  croyait  forts  que  de  quinze 


mille  honunes  et  jugeait  sa  supéri<»ité 
assez  considérable  pour  attaquer  un 
corps  aussi  faible  sans  rien  hasarder. 
Bien  des  personnes  condamnèrent  le 
maréchal  de  ce  que  faisant  Vi  guerre 
dans  les  propres  états  de  la  reine,  il  était 
aussi  mal  informé:  ce  n'était  pas  tou*<- 
à-fait  sa  faute:  la  Bohème  penchait  plus 
pour  les  Bavarois  que  pour  les  Autri- 
chiens ;  d'ailleurs  les  Prussiens  étaient 
vigilans  et  observaient  attentivement 
les  personnes  qui  pouvaient  les  trahir; 
et  enfin,  des  troupes  arrivaient,  d'au- 
tres partaient,  de  façon  que  cesmouve- 
mens  compliqués  ne  pouvaient  guère 
être  débrouillés  par  des  campagnards 
ou  par  des  gens  du  peuple.  M.  de  Kœ- 
nigseck  pouvait  être  mal  servi  en  es- 
pions; mais  il  ne  fallait  pas  légèrement 
condamner  sa  conduite.  Ce  général 
croyait  peut-être  que  si  par  sa  faute 
M.  de  Neuperg  avait  été  battu  à  Mol- 
witz,  ce  n'était  pas  une  raison  de  croire 
les  Prussiens  invincibles,  et  son  projet 
était  beau ,  d'expédier  chemin  faisant 
les  Prussiens,  puis  de  prendre  Prague 
d'emblée.  A  l'approche  des  Autrichiens 
le  roi  avait  le  choix  de  deux  partis,  ou 
de  mettre  l'Elbe devantfoi ,  ou  d'aller 
à  la  rencontre  du  Prince  de  Lorraine 
et  de  le  combattre.  Ce  dernier  parti 
prévalut,  non  seulement  comme  le  plus 
glorieux,  mais  encore  comme  le  plus 
utile ,  parce  qu'il  devait  hâter  la  paix  ; 
les  négociations,  conune  nous  l'avons 
dit,  demandant  un  coup  décisif.  L'ar- 
mée (1)  du  roi  s'assembla  aussitôt  au- 
près de  Chrudim  qui  en  faisait  le  cen* 
tre  ;  la  droite  fut  appuyée  à  Tnentti 
et  la  gauche  au  ruisseau  de  la  GhnH 
dimka.  Les  batteurs  d'estrade,  /es  es- 
pions, et  les  déserteurs  de  l'ennemi 
avertirent  que  le  prince  de  Lorraine 
allait  camper  ce  même  jour  è  betach 

(Il  fSmat. 


YfttntVAr  II. 

él  iBojnnof ,  «!l  <\n*\\  Toulait  y  séjonr-  main  '1  ,  à  la  poîr?<?  du  jour,  les  hu»- 
n«r  Ir»  15.  On  apprît  d'anlre  part  qa'nti  sards  rapp^irUrenl  que  le  camp  qu'on 
dtoirrh<^ment  de  l'ennemi  avait  occupé  avait  vu  la  veille  à  Wiliocor  avait  dis* 
(!za<dan ,  ^u^un  autre  corps  marchait  à  para.  Ces  trouDes,  qu'on  avait  prises 
Rnttenlierg  et  que  ses  hussards  s*é-  pour  celles  an  prince  de  Lobko^itc, 
mîent  pmparés  du  pont  de  KoHIn.  '  étaient  eflecthement  revant-g«rde  do 
Txî  ^lesseîn  de  M.  de  Kœntgseck  ;  prince  de  Lorraine,  qui,  pour  ne  rien 
paraissait  être  d'enlever  le  magasin  ■  risquer,  s'était  retiré  à  l'approche  des 
phissfen  de  Nlenbourg  et  de  s'avancer  ,  Prtossîe*».  AUSiMAt  que  le  )>rinee  Léo- 
ensttlte  fers  Prague.  Vour  le  contrecar-  ■  poH  eut  passé  le  *fi!é  de  Ilom»- 
rcr,  le  roi  partit  le  15  avec  Tavant-  |  nfcsitt,  l'UVant-gMile  continua  sa  maN 
gunfc,  suivi  dfi  rarttiéc,  pour  gagner  |  chc.  Le  roi  rhoisit  en  itMite  une  posî* 
le  podte  de  Knltenberg  avant  l'en-  ;  Hon  pour  l'aimée,  et  il  fit  avertir  fe 
netni  :  îl  falhrt  presser  cette  toarchc ,  |  prince  LéopoM  de  ramier  ta  droite  à 


pour  arranger  lo  boulangerie  de  Tar- 
llêe  %  lN)dfebrad.  Cette  avant-garde 
Àftit  composée  de  dit  bataillons,  d*Qu- 


Czaslau  et  la  gauche  au  village  de  Cho* 
tusftc.  L'avantngaréte  tte  devançait  l'ar^ 
mée  que  d*m  demi-mille  ;  elle  prit  des 


tant  tf  escadrons  de  dragons  et  d*au-  j  cantonnemens  entre  Neuhof,  n  la  drùi- 
tâtit  de  hussards,  tjtt  roi  cdmpa  ces  !  te  4e  l'armée  prussienne ,  et  de  Kut- 
tn>u][>e8  sur  la  hauteur  de  Podcrtttiu,  !  tenberg;  on  trouva  dans  cette  viOe 


flttprfes  de  Colibortz,  où  ce  corps,  quoi- 
que faible,  était  dans  on  poste  inex- 
Îûghable.  Ce  prince,  pour  s'oricYiter 
ans  ^  tierfain,  alla  à  la  découverte  ; 
1  apetçut  d'une  hauteur  un  corps  à 
peu  près  de  sept  à  huit  mille  hotnines 
qui  Inmipaft  h  un  deml-ntitle  de  1à, 
têts  Wllîticoir.  En  combinant  avec  la 
ihatrhe  yl\i  prince  de  lorraine  le  corpi 
qtt\>n  li|i^rcevait,  on  jttgea  qttc  ce  pou- 
vait être  le  prince  dé  t^bkowlU ,  qui 
miaît  *ft  Budvcis  potaf  se  joindre  A 
h  glufidé  arMi^e. 

!^  prince  Léopold,  qui  suivait  le  rot, 
ftul  oitlre  d'avancer  le  tcndemnin,  pour 
q(!e  r«s  Aeut  corps  ftesenl  h  portée  de 
M^  ^ercHûffr  riWproquement.  Cepen- 
dftW  Wi  Yie  Vit,  anit  envtrons  de  Po- 
àmMi  que  bea«cnup  de  petits  |)ar- 
f»,  que  r^nn^tnl  envoyait  probnblc- 
Ift^nl  pour  reconnaître  ce  camp.  Les 
fMfmRl^s  de*  Prussiens  allèrent  pen- 
dant toute  la  irtrft;  les  chevaux  de  la 
riii^lerié  «aient  sriirs  et  les  soldats 

ttahilh^s,  ce  qui  mit    Tavant-garde   & 
I'iIti*  lit»  toute  <inr|ir!s<».    Le  hnHle- 


une  cuisson  tie  paîn  préparée  pour  les 
Autrichiens,  ainsi  que  tons  les  secours 
dont  les  troupes  peuvent  avoir  besoin. 
L'avnnt-gardc  devait  s'assembler,  a» 
signal  de  trois  coups  de  canon ,  sur  Hi 
hanty«r  de  Neuhof  ;  ce  qui  était  fadlé, 
pM^  que  les  régimcns  lea  plus  éloi- 
gnés n^étaient  qu*è  un  quart  de  milfe 
des  autres.  Vers  le  soir,  le  prince  Léo- 
ffM  envoya  un  efflrier  pour  rapporter 
au  roi  (fié  la  mafciie  de  l'armée  aj'ant 
été  retardée  par  l'artillerie  et  par  le 
groft  bagage ,  il  n'était  arrivé  au  camp 
(fa'uu  fMiieH  couchant,  ec  qui  l'avait  em- 
pèdié  de  prendre  Htashm  ;  il  avait  ap* 
pris  que  te  prfMe  Otaries  campait  A 
Wflincof,  c'est-è^ire  A  un  mille  da 
camp  prussien.  Tout  rela  préparait  fe 
bataille  qui  devait  se  donner.  Danï 
cette  intention ,  le  roi  partit  le  17,  à 
quatre  heures  du  matin ,  pemr  joindre 
le  prince  l^éepold.  Rn  arrivant  aux 
hauteurs  de  Nenhof,  on  di^couvrit  ton- 
te l'armée  autrichienne,  qui,  pêmlMit 


msToifift 

la  nuit,  aTait  fçnf^é  Cnmhia,  et  qui  s'a- 
vançait sur  quatre  colonnes  pour  atta- 
quer les  Prussien*.  Voici  l'ordre  deins 
lequel  le  i>rince  Léopold  ayait  rangé 
les  trou|[)cs  ;  elles  étaient  dans  une 
(Haine  dont  la  gauche  tire  vers  le  parc 
de  ^pislau  ;  entre  Ce  parc  et  le  village 
de  ^^hotusitx,  le  terrain  était  maréca- 
geux et  traversé  par  quelques  petits 
tuisseaux.  La  droite  aboutissait  au  voi- 
sinage de  Nenhof  et  s'appuyait  à  une 
chaîne  d'étangs,  ayant  une  hauteur 
dfevaht  elle.  Le  roi  fit  avertir  le  maré- 
chal de  Ruddenbrock  d'occuper  cette 
héutèur  avec  sa  cavalerie ,  au  prince 
Léopold  de  détendre  promptement  les 
tentes,  de  mettre  les  deux  tiers  de  l'in- 
ftmterie  en  première  ligne,  et  de  lais- 
ser, n  la  droite  de  la  sccotule  ligne,  du 
terrain  pour  y  former  l'infanterie  de 
ravant-garde.  Toute  cette  arant-gar- 
de,  tant  cavalerie  qninfanterie,  arriva 
Ali  grand  trot  pour  joindre  l'armée. 
Les  dragons  furent  mis  en  seconde 
fSftre  h  l'aile  que  le  maréchal  de  Bud- 
denbrock  commandait,  les  hussards 
sur  les  flaAcs  ;  et  en  troisième,  Tinfan- 
terie  forma  le  flanc  et  la  seconde  ligne 
de  Tafle  droite;  car  les  Prussiens 
avaient  appris  à  connaître,  par  la  ba- 
taille de  Mdwitz,  l'importance  de  bien 
garnir  les  flatics.  A  peine  les  troupes 
fbretit-^llcs  Incorporées  à  l'armée  que 
la  canonnade  commença.  Les  quatre- 
1rtngt-4eux  pièces  de  l'armée  prussien- 
ne firent  un  feu  assez  nf.  Le  maréchal 
ie  Btiddenbrock  avait  formé ,  sur  la 
ftauteuf  qui  était  devant  lui,  son  aile 
le  cavalerie,  de  sorte  que  sa  droite  dé- 
bordait celle  du  prince  dé  Lorraine.  11 
attaqua  fennCMi  avec  tant  dtmpétuo- 
rfté,  qu  1  renversa  tout  ce  qu'il  trouva 
Yl^th  de  hii.  La  poussière  était  pro- 
d^ieniie  :  elle  ht  cause  que  la  cavalc- 
tfe  ne  put  ^  ^fiter  de  9ès  avantu- 
flM^ûMirt  ^'dh  é&tmiiy  attendre. 


ii<^!t  'TEMPS.  gr 

fjes  hussards  de  Bronikowsk) ,  fiouvel- 
lement  formés ,  faisaient  partie  do  l'a- 
\iint-garde  du  roi  ;  la  cavalerie  ne  les 
connaissait  pas  ;  ils  étaient  habillés  de 
vert,  on  les  prit  pour  des  ennemis.  In 
cri  s'éleva  :  Nuus  H&mmté  toupes^  et 
celte  première  ligne  victorieuse  s'en- 
fuit à  vauHle-route.  Le  comte  de  Hoir* 
tembourg ,  qui  était  avec  les  dragons 
de  la  seconde  ligne ,  renversa  cepen* 
dont  im  gros  de  l'ennemi  qui  tenait 
encore;  ensuite  il  donna  sur  le  flanc 
de  Tinfanterie  autrichienne,  qu'il  mal- 
traita beaucoup  et  qu'il  aurait  toute 
hachée  en  pièces ,  si  quelques  cuiras- 
siers et  hussards  autrichiens  ne  lui 
étaient  tombés  à  dos  et  en  flanc.  RfÊ^ 
tembourg  fut  blessé,  et  sa  troupe,  vahé 
en  confusion,  se  retira  de  la  mêlée 
avec  peine.  La  cavalerie ,  cependant, 
se  rallia.  Lorsque  la  poussière  fut  dis- 
sipée ,  il  ne  parut  sur  ce  terrain,  où 
tant  de  monde  s'était  battu,  que  cinq 
escadrons  de  Fcnnemi  :  c'étaient  ks 
dragons  de  Wurtemberg,  commandés 
par  ie  colonel  firctiach.  Pendant  ce 
combat  de  cavalerie ,  il  parut  un  cer- 
tain flottement  dans  Tinfuntcrie  enne- 
mie et  qui  annonçait  son  incertitude , 
lorsque  M.  de  Kœnîgseck  résolut  de 
faire  avec  sa  droite  un  efibrt  sur  la 
gauche  des  Prussiens.  Ce  parti  était 
judicieusement  pris,  parce  que  le  prin- 
ce Léopold,  ayant  trop  tardé  à  mettre 
les  troupes  en  bataille,  n'avait  pas  eu 
le  temps  de  former  cette  gauche  sur  ie 
terrain  le  plus  avantageux.  Il  nvriit 
garni  en  hâte  le  village  de  Chotusitz;  le 
régiment  de  Schwerin  l'occupait,  mais 
mal  et  sans  observer  de  règle.  Son  ré- 
giment était  à  la  gauche  de  ce  village, 
mais  en  l'air,  parce  qu'il  avait  supposé, 
sans  exameu  du  teirain,  que  ïa  cava- 
lerie de  la  gauche  devait  occuper  l'es- 
pace qui  se  trouvait  entre  son  régi- 
ment et  le  parc  de  Spislau  ;  mais  ce 


terrain  éUot  eoopé  de  ruMienx,  il  ne 
fat  pas  posMble  à  la  ca^'alerie  de  Yoe- 
coper,  d'on  il  réralta  que  le  régimeot 
a?ait  raile  gauche  eo  Tair.  Cependant 
la  bonne  Tolonté  de  la  cavalerie  lui  fit 
tenter  rimpoMble  ;  elle  défila  en  par- 
tie par  le  YiUage  de  Chotusitz  et  en 
partie  par  des  ponta  pour  le  former. 
En  débouchant,  elle  trouva  M.  de  Ba- 
thyani  tout  formé,  avec  la  cavalerie 
autrichienne  devant  elle.  Alors  les  ré- 
gimens  de  Prusse,  de  Waldau  et  de 
Brédow  pénétrèrent  à  travers  la  pre- 
mière et  la  seconde  ligne  de  l'ennemi, 
hachèrent  en  pièces  les  régimens  d'in- 
fanterie hongroise  de  Palfy  et  de  Ve- 
lÉktch ,  qui  formaient  la  réserve  des 
autrichiens  ;  et,  s'aperoevant  que  leur 
ardeur  les  avait  emportés  trop  loin,  ils 
se  firent  jour  par  la  seconde ,  ensuite 
par  la  première  ligne  de  l'infanterie 
ennemie,  et  revinrent,  ainsi  chargés 
de  trophées,  rejoindre  l'armée.  La  se- 
conde ligne  de  Taile  gauche  de  la  ca- 
valerie prussienne  (ùt  attaquée  par  un 
corps  autrichien  dans  le  temps  qu'elle 
débouchait  de  Chotusitz  ;  elle  n'eut  pas 
le  temps  de  se  former  et  fut  battue  en 
détail.  M.  de  Kœnigseck,  qui  s'aperçut 
que ,  par  l'abandon  de  la  cavalerie ,  le 
régiment  de  l^pold  n'était  plus  ap- 
puyé de  rien ,  dirigea  tous  les  efibrts 
do  son  infanterie  de  ce  cAté-là.  Ce  ré- 
giment fut  contraint  de  reculer.  L'en- 
nemi profita  de  ce  mouvement  pour 

'     mettre  le  feu  au  village  de  Chotusitz  ; 

i  en  quoi  il  conunit  une  grande  sottise , 
parce  qu'il  ne  faut  pas  embraser  un 
Tillai;e  qu'on  veut  prendre,  les  flammes 
vous  empêchant  alors  d'y  entrer  ;  mais 
il  est  prudent  de  mettre  le  feu  à  un 
village  qu'on  abandonne,  pour  empê- 
cher Tonnemi  de  vous  poursuivre.  Le 
régiment  de  Schwerin,  qui  s'aperçut  à 
temps  de  cet  incendie,  abandonna  le 
village  of  forma  le  flanc  de  hi  gauche. 


Ce  feu  éleva  eomme  une  barri»? re  4ui 
empêcha  les  deux  armées  de  s'aseaillir 
de  ce  cAté.  Malgré  cet  obstacle,  l'en- 
nemi attaqua  la  giaudie  des  Prussiens 
à  la  droite  du  Tillage  ;  entre  dutres,  uo 
régiment  d'inbnterie  hongroise  vou- 
lut entrer,  le  sabre  à  la  main,  dans 
cette  ligne;  cet  essai  lui  réiOiit  si  mal  « 
que  soldats  et  officiers,  de  même  que 
le  régiment  de  LéopoM  Daun,  étaient 
couchés  devant  les  tataïUons  prussieiis  % 
comme  s'ils  avaient  mis  les  armes  bas, 
tant  le  fosil  bien  manié  est  devenu  une 
arme  redoutable.  Le  roi  saisit  ce  mo- 
ment pour  donner  avec  promptitude 
sur  le  flanc  gauche  de  l'infanterie  au- 
trichienne. Ce  mouvement  décida  la 
victoire.  Les  ennemis  se  rejetèrent  sur 
leur  droite,  où  ils  se  trouvèrent  acculés 
à  la  Dobroya;  ils  s'étaient  engagés 
dans  un  terrain  où  ils  ne  pouvaient 
combattre ,  ce  qui  rendit  leur  confo- 
sion  générale.  Toute  la  campagne  fut 
couverte  de  fuyards;  le  maréchal  de 
Buddenbrock  les  talonna  vivement 
dans  leur  déroute;  il  les  poursuivit 
avec  quarante  escadrons,  soutenus  de 
dix  bataillons,  jusqu'à  un  mille  du  ^ 
champ  de  bataille.  Les  trophées  des 
Prussiens  consistèrent  eu  dix-huit  ca- 
nons et  deux  drapeaux  ;  ils  firent  douze 
cents  prisonniers.  Quoique  cette  af- 
faire n'ait  pas  été  des  plus  considéra- 
bles, l'ennemi ,  perdit  quantité  d'offi- 
ciers ;  et,  si  l'on  voulait  évaluer  leur 
perte  en  comptant  morts ,  prisonniers 
blessés  et  déserteurs,  on  pourrait  la 
faire  monter  sans  exagération  à  sept 
mille  hommes.  On  leur  aurait  égale- 
ment enlevé  quantité  d'étendards,  si, 
par  précaution ,  ils  ne  les  avaient  tous 
laissés  en  arrière  sous  la  garde  de  trois 
cents  maîtres;  les  Prussiens  eniperdi- 
rent  onze,  ce  qui  doit  d'autant  moins 
surprendre,  que  l'usage  de  la  cavale- 
rie ^mtrfehieaae  était  alors  dt  iirer  à 


HISTOIRK   Ufi   MON    TEMPS. 


86 


cheval;  elle  était  toujours  battue,  mais 
cela  ne  laissait  pas  d*ètre  meurtrier 
pour  les  chevaux  des  assaillans.  Les 
morts ,  du  cAté  des  Prussiens ,  montè- 
rent à  neuf  cents  cavaliers  et  à  sept 
cents  fantassins  ;  il  y  eut  bien  deux  mille 
Uessés.  Les  généraux  de  Werdeck  et 
de  Wédel,  les  colonels  Bismarck,  Mal- 
ahn,  Kortzfleisch  et  Britz  y  perdirent 
la  vie  en  se  couvrant  de  gloire,  et  les 
troupes  y  firent  des  prodiges  de  va- 
leur. L'action  ne  dnra  que  trois  heu- 
res. Celle  de  Molwitz  avait  été  plus 
vive,  plus  acharnée  et  plus  importante 
pour  les  suites.  Si  les  Prussiens  avaient 
été  battus  à  Chotusitz ,  FÉtat  n'était 
pas  sans  ressources  ;  mais  en  rempor- 
tant la  victoire,  on  se  procurait  la  paix. 
I..es  généraux  des  deux  partis  firent 
des  fautes  qu*il  est  bon  d'examiner, 
pour  n*en  pas  commettre  de  pareilles, 
i^ommençons  par  M.  de  Kœnigseck.  Il 
forme  le  projet  de  surprendre  les 
Prussiens;  il  s'empare  de  nuit  de  Czas- 
lau,  et  ses  troupes  légères  escarmou- 
chent,  jusqu'au  lever  de  l'aurore,  avec 
les  grands  gardes  des  Prussiens.  Était- 
ce  à  dessein  de  les  tennr  alertes  et  de 
les  empêcher  d'être  surpris,  ou  de  les 
avertir  du  projet  qu'il  méditait?  Le 
jour  de  l'action  (1),  il  pouvait,  dès 
l'aube  du  jour,  tomber  sur  le  camp  ^tx 
prince  Léopold,  que  le  roi  ne  joignit 
qu'A  six  heures.  Que  fait-il?  il  attend 
jusqu'à  huit  heures  du  matin  pour  se 
mettre  en  mouvement,  et  l'avantrgar- 
de  arrive.  Qudies  fautes  fait-U  dans  la 
bataille  même?  Il  laisse  au  maréchal 
de  Buddenbrock  la  liberté  de  se  saisir 
d*ane  hauteur  avantageuse,  d'où  la 
eavfderie  prussienne  fond  sur  son  aile 
gauche  et  r accable;  U  prend  le  village 
de  Chotusitz  ;  et ,  au  lieu  de  s'en  ser- 
vir pour  tourner  entièrement  le  flanc 

(1    17  mai: 


gauche  de  son  ennemi ,  il  se  prive  de. 
cet  avantage  en  y  mettant  le  feu  et  en 
empêchant  lui-même  ses  troupes  de  le 
passer,  ce  qui  protège  la  gaudie  des 
Prussiens  ;  il  fixe  toute  son  attention 
sur  sa  droite ,  et  il  néglige  sa  gauche , 
que  le  roi  déborde  et  force  de  reculer 
jusqu'au  ruisseau  de  la  Dobrava,  où  la 
confusion  de  celte  aile  se  communique 
à  toute  l'armée.  Ainsi,  dans  le  mo- 
ment qu'il  tient  la  victoire  entre  ses 
mains,  il  la  laisse  échapper,  et  se  trou- 
ve réduit  à  prendre  la  fuite  pour  éviter 
l'ignominie  de  mettre  bas  les  armes. 
Ce  qu'on  peut  censurer  dans  la  con- 
duite du  roi ,  c'est  de  n'avoir  pas  re- 
joint son  armée  dans  ce  camp  ;  il  pou^ 
vait  confier  son  avant-garde  à  un  autre 
officier,  qui  l'aurait  menée,  aussi  bien 
que  lui,  à  Kuttenberg  ;  nuiis  ce  qu'on 
peut  reprendre,  à  la  manière  dont  le 
terrain  fut  occupé,  ne  doit  s'attribuer 
qu'au  prince  Léopold  ;.  il  aurait  dû  exé- 
cuter à  la  lettre  les  dispositions  que  le 
roi  lui  avait  prescrites;  il  aurait  dû 
sortir  de  sa  sécurité ,  étant  averti  des 
desseins  de  l'ennemi  par  de  continuel- 
les escarmouches ,  qui  durèrent  toute 
la  nuit.  11  n'avait  pas  fait  un  usage  ju- 
dicieux du  terrain  ou  il  devait  combat- 
tre; ses  fautes  consistaient  à  n'avoir 
pas  jeté  quelque  infanterie  dans  le 
parc  de  Spislau,  qui  couvrait  la  gau- 
die ;  elle  aurait  bien  empêché  M.  de 
Bathyani,  avec  sa  cavalerie,  d'en  ap- 
procher. La  cavalerie  du  roi  aurait  dû 
s'appuyer  à  ce  parc  ;  s'il  avait  été  assez 
vigilant  pour  le  faire  à  temps,  la  chose 
n'était  point  impraticable.  Son  ordre 
de  bataille  sur  la  droite  était  moins  dé- 
fectueux. £n  faisant  les  changemens 
que  l'on  vient  d'indiquer,  sa  cavalerie 
de  la  gauche  aurait  laissé  loin  derrière 
elle  ces  petits  ruisseaux  qu'elle  fut 
obligée  de  passer  en  présence  de  Teo- 
iMiitt«  et  seMGiittro«?éedansttiiiter- 


60 


FRÉDÉRIC  0. 


rafn  où  rieo  ne  Taurait  empêché  d^a- 
glr  librehient.  Ajoutons  encore  que 
le  vîlïage  dfe  ChotusiU  n'àvafl  tout  au 
plus  que  Tapparence  d*un  poste  ;  le  ci- 
melière  6iail  le  seul  lieu  tenabte,  mais 
il  était  entouré  de  chaumières  de  bôfs 
qui  se  seraient  embrasées  aussilAt  que 
te  feu  dinfanterle  aurait  commencé. 
Le  âeul  moyen  de  défendre  ce  village 
était  de  le  retrancher  ;  et ,  comme  le 
temps  manquait  pour  cet  ouvrage»  il 
ne  fallait  pas  penser  à  s'y  soutenir.  La 
faute  principale  que  le  prince  Léopold 
commit  dans  Cc  qui  précéda  cette  ac- 
tion, fut  qu'il  ne  voulut  croire  qtie  les 
ennemts  venaient  pour  Tattaquer  que 
lorsque!  Vît  leurs  colonnes  commen- 
cer à  se  déployer  devant  son  front. 
Alors  n  était  bien  tard  pour  penser  à 
de  bonnes  dispositions;  mais  la  valeur 
des  troupes  triompha  des  ennemis,  des 
obstacles  du  terrain  et  des  fautes  dans 
lesquelles  tombèrent  ceux  qui  les  com^ 
mandaient.  Une  pareille  armée  était 
capable  de  tirer  tm  général  d'embarms, 
et  le  roi  est  lui-même  convenu  qu*ll 
lùî  avilit  phis  d*une  obligation  de  ce 
genre. 

Les  Autrichlôns,  après  leur  défaite, 
ne  s'arrêtèrent  qu'à  trois  mBles  du 
cliamp  de  bataille ,  auprès  du  village 
de  Babor,  où  ils  prirent  un  camp  for- 
tiOé  sur  la  croupe  des  Ynonlagncs.  Le 
prince  dô  Lorraine  y  fût  joint  par  uti 
renfort  de  quatre  mille  hommes;  le 
roi  en  reçut  m  en  même  temps  de  Sft 
mille  ^  que  le  prince  d'Anhalt  tui  en- 
voyait de  la  haute  Siléste,  sous  la  con* 
âuite  du  général  t)erschau.  Les  Prus- 
siens suivirent  les  ennemis  ;  mais  toni- 
que leur  avantHSarde  parut;  vers  le 
soir,  aut  environs  xiè  Habor,  dès  la 
nuit  même  le  prince  de  Lûrràîtie  en 
dtcampa ,  ^i  se  jeta,  ]^ar  de  grands  Ms« 
tar  Te  chemin  éb  YMMkhbnMk  Les 
t^6ût>e^lprUSitM)fM9'/«M  IMP  libtffitetit  I 


pas  s'enfbncer  plus  avant  ^  BoMni 
faute  de  vivres:  allèrent  m  ca Afier  i 
Kuttenberg,  pour  étm  è  portée  de 
leurs  ttvagasins.  Tamife  qite  h  prinoe 
de  Lorraine  se  faisait  badro  v»  lei 
Pnissiens,  Loblmwitz  pnss  ki  MCMm 
à  la  tète  de  sept  milte  hommes,  ^ 
vint  audacteusemiMt  faire  le  alége  do 
Prauenberg ,  dont  te  ehàlon  pomoi* 
leRif  huit  Jouni  (1).  llroglie>  qal  avoit 
reçu  nn  i^nforl  de  dix*nBle  hoimet 
el  qiie  te  maréchal  de  Mte-Isle  vînt 
joindre^  pareo  que  la  dfète  de  iPranc- 
fort  était  finie,  Broglie^  dls-je,  se  mit 
en  devoir  tie  secourir  celte  ville  ;  îl  filr 
passer  tout  son  corps  ^  ps-  on  défilé 
très  étroit^  eaprèa  deSriié,  et  qwe  Lol>« 
kmrjttafuftginii  dequelqaetnfan^erie. 
Les  premiers  eseadronsfronçuaqui  dé^ 
booehèrentsamordre  ni  disposition  ,«1^- 
t«q«èmit  losoilirMriers  de  Holienzûi-* 
lern  etido  Bertiia^  qui  fUsaîent  I  «nière* 
farde  do  Lobkowjlz,  et  les  battimuti 
Los  Atttifchiens  avoiont  à  dos  vu  bois  oé 
tia  m  loHfèrottt  è  difiSkioBtea  repriaoo; 
mais  eomine  ta  nomkio  dea  Françm 
flogmeMait,  lia  eofonoèreiit  enfin  loo 
onnemiss  etM.de  Lobkôwitmeoecrat 
OÉ  aûrelé  qu'en  gagnant  en  Mte  Bvd^ 
w^is.  Les  cnirasfliers  oatrichiens  pas- 
saient aatrelbis  pour  ko  piliers  de 
r empire;  les  bataiUes  do  Qmtkaet  de 
Molwîtc  les  privèmt  do  leurs  laeil** 
loors  ôfficiertç  on  les  romplaçi  mal. 
Alora  cette  cavolerie  tireit  ou  «tiae* 
qoaît  à  la  débandade^  ot  fut  par  cqa- 
séqoonl  aooiottt  batUio;  elle  .perdit 
cette  confianee  cb  Ses  feiiaes  qoî  a^t 
d%i6tiiict  à  la  voleoT.  Les  Fiançais  flr« 
rent  valoir  Tafiaire  de  Sabé  oanuMa  la 
plus  grande  victoifet  la  batattle  4e 

Piiai«ale  ne  fit  pis  ploa  de  hnitt  à  Roiae 
que  ce  polit  oiMnbat  n'en  fit  è  Parte. 
La  faihIflwedB  caidiBaldo  Flottri  aradit 


1)  RpUtion  de  wnileta. 


HISTOIIIE  DE 

besoin  il*ètrc  corroborée  par  quelques 
heureux  succès,  et  les  deux  maréchaux, 
qui  s'étaient  trouvés  à  ce  choc,  vou-  ; 
laient  rajeunir  la  mémoire  de  h'ur  an-  ; 
cienne  réputation.  Le  maréclial  de  '■ 
BèDe-lsIe,  ivre  de  ses  succès  tant  à 
Fri|iicfoit  sur  If  Mein  qu*à  Sahé,  vain 
(Tavotr  donné  un  empereur  à  TA  11e- 
magûc,  se  nmdit  au  camp  du  roi  pour 
concerter  avec  ce  prince  les  moyens 
de  tirer  les  Saxons  de  leur  paralysie. 
Mm  de  Belle-Isle  avait  mal  choisi  son 
temps  ;  le  roi  était  bien  éloigné  dVn- 
trer  dans  ses  vues.  Tant  de  négocia*- 
tkMis  sourdes,  que  les  Autrichiens  en- 
tretenaient avec  le  cardinal  de  Fleuri , 
et.  des  anecdotes  qui  dénotaient  sa 
duplicité ,  avaient  dissipé  la  conOunce 
dç  ce  prince  ;  on  savait  que  la  Chétar- 
die  avait  dit  a  Timpératrice  de  Russie 
que  le  moyen  le  plus  sur  de  la  récon- 
cilier avec  la  Suède  était  d'indemnîsef 
cette  dernière  puissance  en  Poméra- 
nie  aux  dépens  du  roi  de  Prusse  (1). 
Limpératrice  reAnii  cet  eipt^dient,  et 
en  fit  part  au  ministre  de  Prusse  qui 
éMt  à  sa  cour.  En  mi^e  temps  le 
cardinal  Tencin  déclara  au  pape,  au 
nom  de  sa  cour,  qu'il  ne  devait  pas 
s'embairasser  de  rélévatioH  de  h  Pms- 
§e ,  <iu*eii  tenfs  et  lieu  hi  France  y 
saurait  mettre  ordïi?,  et  humilier  ces 
hëfètiquels  comme  elle  avait  su  les 
agrandir.  Ce  qui  rendait  le  cardinal 
digne  de  la  plus  grande  méfiance,  c'é- 
tait sa  cetidulte  ténébreuse  ;  îl  entre- 
tenait à  Vienne  un  nommé  Dnrargis , 
^f  était  son  émissaire  et  son  négocia- 
teur, n  était  donc  indispensablement 
nécessaire  de  le  prévenir,  surtout  si,  à 
tant  de  raisons  politiques,  on  ajoute 
celle  des  finances,  la  plus  forte  et  la 
plus  décisive  de  toutes;  il  y  avait  à 
peine  cent  cinquante  mille  écus  dans 


MOK  TEMPS.  dl 

les  épargncM.  11  ilail  impossible ,  avec 
une  somme  aussi  modique,  d'arranger 
K»s  apprêts  pour  ta  campagne  suivante. 
Point  d(,»  ressources  pour  des  emprunts, 
ni  aucun  de  ces  exptuliens  auxquels 
les  souverains  ont  recours  dans  lespaj  s 
où  règncî  l'opulence  et  la  rich(*sse. 
Toutes  ces  raisons  résumées  firent  ex- 
pédier des  pleins-pouvoirs  au  comte 
Poi!cwils,  qui  était  alors  à  Brcslau, 
pour  l'autoriser  à  signer  la  paix  avec  le 
lord  Ilindfort,  qui  avait  des  pleins-pou- 
voirs de  la  cour  de  Vienne.  Tout  ceci 
fut  cause  que  le  roi  n'entra  dans  au* 
cune  des  mesures  que  le  maréchal  de 
Belle-Isie  lui  proposait,  et  que  les  au- 
diences ne  se  passaient  qu'en  compli- 
meus  et  en  éloges.  On  pouvait  prévoir, 
par  la  situation  où  s'était  mis  le  maré- 
chal de  Broglic,  qu'il  s'exposait  à  re- 
cevoir quelque  échec  ;  il  ne  convenait 
pas  aux  intérêts  de  la  Prusse  que  les 
Autricliiens  pussent  s'enfler  de  quel- 
ques nouveaux  avantages  avant  que  la 
paix  fût  signée.  Pour  prévenir  de  pa- 
reils contre-temps,  le  roi  avertit  le  ma- 
réchal de  BrogUe  des  mouvcmens  du 
prince  de  Lorraine ,  qui  tendait  à  se 
joindre  au  prince  Lobkowitz  ;  il  lui  re- 
présenta qu'il  devait  s'attendre  a  être 
assailli  par  toutes  les  forces  réunies  des 
Autrichiens,  et  que  s'il  ne  voulait  pas 
pousser  vigoureusement  M.  de  Lob- 
kowitz avant  l'arrivée  du  prince  de 
Lorraine,  il  devait  au  moins  ravitailler 
Frauenbcrg.  ^I.  de  BrogUc  se  moqua 
des  avis  d'un  jeune  liomme  ;  il  n'en 
tint  aucun  compte,  et  resta  tranquille- 
ment à  Frauenbcrg  sans  trop  savoir 
pourquoi.  Bientôt  les  Autrichiens  ar- 
rivèrent; ils  lui  enlevèrent  un  déta- 
chement à  Tein,  passèrent  la  Miildau 
et  pillèrent  tout  le  bagage  des  Fran- 
çais. M.  de  Broglie,  fort  étonné  de  ce 
qui  lui  arrivait,  ne  sut  que  fuir  à  Pi 
seck  ;  de  la,  ayant  donné,  porr  tonte 


H 

disposition, 

marcher,  »  il  se  retira  à  Braunau,  d'où 
trois  mille  Croates  le  chassèrent  et  le 
poursuivirent  jusque  sous  les  canons 
de  Prague.  Ces  mauvaises  nouvelles 
firent  expédier  un  courrie'r  à  Breslau 
pour  h&ter  la  conclusion  de  la  paix. 
L'éloquence  du  lord  Hindfort,  fortifiée 
du  gain  d'une  bataille,  parut  plus  ner- 
veuse aux  ministres  autrichiens  qu'elle 
ne  leur  avait  semblé  auparavant;  ils  se 
prêtèrent  aux  conseils  du  roi  d'Angle- 
terre, et  voici  les  articles  des  prélimi- 
naires qui  furent  signés  à  Breslau  : 
1*  la  cession  que  la  reine  de  Hongrie 
fait  au  roi  de  Prusse  de  la  haute  et  de 
la  basse  Silésie  et  de  la  principauté  de 
Glatz,  excepté  les  villes  de  "rroppau, 
de  JœgendortTet  des  hautes  montagnes 
situées  au-delà  de  FOppa;  2*  les  Pru^ 
siens  seront  chargés  de  rembourser 
aux  Anglais  dix-sept  cent  mille  écus 
hypothéqués  sur  la  Silésie.  Les  autres 
articles  étaient  relatifs  à  la  suspension 
d'armes,  à  réchange  des  prisonniers,  à 
la  liberté  de  rdigion  comme  au  com- 
merce. Ainsi  la  Silésie  fut  réunie  aux 
États  de  la  Prusse.  Deux  années  de 
guerre  suffirent  pour  la  conquête  de 
cette  importante  province.  Le  trésor 
que  le  feu  roi  avait  laissé  se  trouva 
presque  épuisé;  mais  c'est  acheter  à 
bon  marché  des  États,  quand  il  n'en 
n'en  coûte  que  sept  ou  huit  millions. 
Les  conjonctures  secondèrent  surtout 
cette  entreprise  ;  il  fallut  que  la  France 
se  laissât  entraîner  dans  cette  guerre  : 
que  la  Russie  fût  attaquée  par  la  Suè- 
de ;  que,  par  timidité,  les  Hanovriens 
et  les  Saxons  restassent  dans  l'inao- 
tion  ;  que  les  su^ès  fussent  non  inter- 
rompus, et  que  ie  roi  d'Angleterre, 
ennemi  des  Prussiens ,  devint  malgré 
lui  l'instrument  de  leur  agrandisse- 
ment. Ce  qu?  contribua  le  plus  à  cette 
conquête,  fui  une  armée  qui  s'était 


a  c  armée  doit  |  formée ,  pendant  TiiigvHiciix  aos ,  par 

une  admirable  discipline,  et  supérieure 
an  reste  du  militaire  de  l'Europe;  des 
généraux  vrais  citoyens,  des  ministres 
sages  et  incorruptibles,  et  enfin  un 
certain  bonheur  qui  accompagne  sou- 
vent la  jeunesse  et  se  refuse  à  Fâge 
avancé.  Si  cette  grande  entreprise 
avait  manqué,  le  roi  aurait  passé  pour 
un  prince  inconsidéré,  qui  avait  entre- 
pris au-delà  de  ses  forces  ;  le  succès  le 
fit  regarder  comme  heureux.  Réelle- 
ment ce  n'est  que  la  fortune  qui  décide 
de  la  réputation  :  celui  qu'elle  favorise 
est  applaudi,  celui  qu'elle  dédaigne  est 
blftmé.  Après  l'échange  des  ratifica- 
tions, le  roi  retira  ses  troupes  de  la 
Bohème.  Une  partie  passa  par  la  Saxe , 
pour  rentrer  dans  ses  pays  héréditaires  ; 
l'autre  partie  nuu'cha  en  Silésie ,  et  fut 
destinée  à  garder  cette  nouvelle  con- 
quête. 


CHAPITRE  YL 

D«  1«  ptix.  -  NottUcaUon  au  aUiéf.  -  Gaem 
d*Ita]ie.  —  Les  HtDovrient  Joignent  Icb  An- 
glais fn  Flandre.  —  Guerre  de  Finlande.  >- 
Capitulation  de  Frîedrichsbamm.—  Le  duc  de 
HdtteiD  appelé  à  la  racceiiion  de  Suéde.  — 
MaiJIebota  marehe  en  Bohême,  de  là  en  U*- 
viére.  —  NégoclatiODS  dea  Français  et  An- 
glais à  Berlin.  —  ÉTtoemens  Jusqu'à  Tannée 
1743. 


La  bienséance  demandait  que  cette 
paix ,  que  l'on  venait  de  conclure ,  se 
notifi&t  aux  anciens  alliés  de  la  Prusse. 
Le  roi  avait  eu  de  bonnes  raisons  pot! 
en  venir  là  ;  mais  les  unes  étaient  dn 
nature  à  ne  point  être  publiées ,  et  h% 
autres  ne  pouvaient  se  dire  sans  acc^ 
hier  la  France  de  reproches,  le  ro. 
loin  d'avoir  intention  d'offenser  cette 
puissance,  voulait  conserver  tous  \en 
dehors  de  la  bienaéanee  enren  eBe  ; 


HISTOIRE   UB  MON  TBIIM. 


93 


fteulement  il  se  bornait  à  ne  point  cou- 
rir la  carrière  périlleuse  où  elle  était 
engagée,  et  à  devenir  simple  specta- 
tettr,  d'acteur  qu'il  avait  été.  L'on  pré- 
voyait combien  le  cardinal  serait  sen- 
sible à  ce  revirement  de  système,  qui 
ftJsait  manquer  ses  desseins  les  plus 
cadiés  ;  ib  étaient  bien  difiérens  de 
ceux  qu*il  affichait  en  public  ;  car  void 
quelle  était  sa  vraie  marche.  Il  présu- 
mait si  bien  du  nom  français,  qu'il  pen- 
sait qu'une  poignée  d'hommes  suffirait 
pour  soutenir  la  Bohème.  Son  intention 
était  de  faire  porter  tout  le  poids  de 
cette  guerre  aux  alliés,  et  de  fortifier 
ou  de  ralentnr,  selon  les  intérêts  de  la 
France,  les  opérations  militaires,  pour 
dhiger  par  cette  conduite  les  négocia- 
tions de  la  paix  au  plus  grand  avantage 
de  f-ouis  XV.  Cette  conduite  était  bien 
différente  de  celle  que  le  traité  d'al- 
liance l'obligeait  de  tenir.  De  tous  les 
alliés  de  la  France,  l'empereur  était  le 
plus  à  plaindre,  parce  que  M.  de  Bro- 
glîc  n'était  ni  un  Catinat  ni  un  Turen- 
ne,  et  que  le  maréchal  Tœrring  et  les 
troupes  bavaroises  n'étaient  pas  des 
gens  sur  lesquels  on  pût  compter.  Pour 
rélecteur  de  Saxe,  tout  jaloux  qu'il 
était  de  Fagrandissement  de  la  maison 
de  Brandebourg,  il  avait  l'obligation  au 
roi  de  ce  que  l'ayant  compris  dans  la 
paix  de  Breslau,  il  pouvait  se  tirer  ho- 
norablement d'un  mauvais  pas  ;  de  plus, 
Auguste  III  était  si  peu  instruit  de 
remploi  qu'on  faisait  de  ses  troupes , 
que  lorsque  le  comte  de  Wartensleben 
fut  envoyé  à  ce  prince  pour  lui  annon- 
cer, au  nom  de  son  allié,  le  gain  de  la 
bataille  de  Czaslau,  il  demanda  k  War- 
tenslebeo  si  ses  troupes  y  avaient  bien 
fait.  Wartensleben  lui  répondit  qu'el- 
les tfy  avaient  point  été,  et  que  long- 
temps avant  la  bataille,  elles  s'étaient 
retirées  dans  le  cercle  de  Saatz,  sur  les 
frontières  de  la  Saxe.  Le  roi  en  parut 


étonné;  il  appela  ***,  qui  sut  l'apaiser 
par  de  mauvaises  raisons.  Avec  aussi 
peu  de  bonne  volonté  de  la  part  de  ses 
alliés,  le  roi  n'était  pas  embarrassé  de 
faire  son  apologie.  Voici  la  copie  de  la 
lettre  (1)  qu'il  écrivit  au  cardinal  de 
Fleuri: 


a  Monsieur  mon  cousin, 
x>  Il  vous  est  connu  que  depuis  que 
»  nous  avons  pris  des  engagemens  en- 
»  semble,  j*ai  secondé,  avec  une  fidé- 
»  lité  inviolable,  tous  les  desseins  du 
<x  roi  votre  maître.  J'ai  aidé,  par  mes 
»  remontrances,  à  détacher  les  Saxons 
»  du  parti  de  la  reine  de  Hongrie  ;  j'ai 
»  donné  ma  voix  à  l'électeur  de  Bavière, 
»  j'ai  accéléré  son  couronnement  ;  je 
»  vous  ai  aidé,  de  tout  mon  pouvoir,  à 
»  contenir  le  roi  d'Angleterre  ;  j'ai  en- 
D  gagé  celui  de  Danemark  dans  vos  in- 
»  téréts  ;  enGn,  par  les  négociations  et 
j»  par  l'épée,  j'ai  contribué,  autant  qu'il 
D  a  été  en  moi,  à  soutenir  le  parti  de 
D  mes  alliés,  sans  que  les  effets  aient 
x>  jamais  assez  répondu  aux  désirs  de 
»  ma  bonne  volonté.  Quoique  mes 
»  troupes ,   cpuisées  par  les  fatigues 
»  continuelles  de  la  campagne  de  1741, 
»  demandassent  à  prendre  qudque  re- 
»  pos,  qui  semblait  leur  être  dû,  je  n'ai 
D  point  refusé  aux  pressantes  soUicita- 
x»  tions  du  maréchal  de  Belle-Isle  de  les 
D  employer  en  Bohème,  pour  y  couvrir 
x>  l'aile  gauche  des  alliés.  J'ai  plus  (ait  : 
x»  pour  dégager  M.  de  Ségur,  bloqué 
»  dans  Lintz,  le  zèle  pour  la  cause  oom- 
»  mune  m'a  transporté  en  Saxe,  et,  à 
x>  force  d'importunités,  j'ai  obtenu  du 
x»  roi  de  Pologne  que  ses  troupes,  de 
»  concert  avec  les  miennes ,  feraient 
»  une  diversion  en  Moravie.  On  s'est 
x»  porté  sur  Iglau ,  dont  M.  de  Lobko- 
»  witz  s'est  retiré  en  hâte.  Cette  diver«- 
»  sion  aurait  eu  un  effet  dédaf ,  A 


(1)  10  lutn  i'HÊ. 


t 

4 


M.  de  S^r  avait  eu  U  |iatieiKY 
(I*attr'ndrc  le»  ouïtes  de  cette  opéra- 
tion, et  «î  M.  de  Broglie  av^ait  clé  as- 
sez en  forie  sur  la  Wf.tavn  pour  se- 
conder me«»  efforts  ;  mai?  la  pr^ifû- 
tation  du  premier,  le  peu  de  îroup«> 
de  Tautre,  la  mauvais*:-  miIodIa:  ôe» 
frvnOraux  sa\on>.  enrïn  le  défaut  J'ar- 
till"rie  pour  assiéger  Bninn.  ont  fait 
échouer  cette  entreprise .  et  m'ont 
obligé  de  quitter  une  province  que 
les  Saxons  devaient  p«)«>Jder  et  qu'ils 
n'avaient  pas  la  volonté  de  conqué- 
rir. De  retour  en  Bohême,  j'ai  mar- 
ché contre  le  prince  de  Lorraine  :  je 
Tai  attaqué  pour  sauver  la  ville  de 
Prague,  qu*il  aurait  assiégée  s'il  n'a- 
vait été  mis  en  déroute  ;  je  Tai  pour- 
suivi autant  que  les  livres  me  Font 
permis.  Aussitôt  que  j'appris  que  le 
prince  de  Lorraine  prenait  le  chemin 
de  Tabor  et  de  Budweis,  j'en  avertis 
M.  de  Broglie,  en  lui  conseillant 
d*expédier  M.  de  Ix)bkowjtz,  qu'il 
venait  de  battre  à  Sahé,  avant  que 
l'armée  de  la  reine  de  Hongrie  pût  le 
joindre.  M.  de  Broglie  ne  jugea  pas 
à  propos  de  prendre  ce  parti  ;  et,  au 
lieu  de  retourner  à  P!sei:k,  où  le  ter- 
rain le  favorisait,  il  partagea   ses 
troupes  en  différens  di'târhemens. 
Vous  êtes  informé  quelles  en  furent 
les  suites  et  tout  ce  qu*il  en  est  ré- 
sulté de  ncbeux.  Maintenant  la  Ba- 
vière est  coupée  de  la  Bohème  ;  et 
les  Autrichiens,  maîtres  de  Pilsen. 
Interceptent  en  quelque  sorte  les  se- 
(X)urs  que  le  maréchal  de  Broglie 
peut  attendre  de  la  France.  ^ïalgré 
les  promesses  que  les  Saxons  ont  fai- 
tes au  maréchal  de  Belle-lsle,  loin  de 
se  préparer  à  les  remplir,  &  se  join- 
dre MU  Français,  j'apprends  qu'ils 
n  quittent  la  Bohême   et  retournent 
«dans  h^r électoral.  I>ans cette  sitna- 
Uun,  où  In  conduite  drs  Saxons  «^1 


I 
I  » 

» 

i» 

» 


u. 

phi?»  qot  susp»-!  te.  trt  iiu  il  n'y  a 
a  rs{»ércr  ue  M.  a  U'ircùurt.  ravenir 
ne  me  prés^ote  qu'ube  guerre  lon- 
gue et  inlefinji)Ue,  dODtle  princi- 
pal fardeau  retomberait  sur   moi. 
D'un  cdté  largeut  de»  Angiai»  net 
toute  Sa  Hongrie  en  arme^,  d'iui  an- 
tre c6té  les  eflbrtâ  de  l'iapératrice- 
reine  font  que  ses  protioces  eoEan- 
lent  des  soldat».  Les   Hongroiâ  ae 
préparent  a  tomber  sur  la  haute  Si- 
lésie  :  les  âaxons«  dans  les  mauvaistf 
dispositions  que  je  leur  connais,  sont 
capables  d'agir  de  concert  avec  ks 
Autrichiens,  et  de  faire  une  difer- 
sion  dans  mes  pays  héfêditaires ,  à 
présent  sans  défense.  L'avenir  ne 
m'offre  que  de»  perspectif  es  funes- 
tes ;  et,  dans  une  »itualion  aussi  cri- 
tique (quoique  dans  l'amertume  de 
mon  cœur  >,  je  me  suis  vu  dans  la 
nécessité  de  me  sauver  du  naufrage 
et  de  ga^er  un  asile.  Si  des  oonjonc^ 
tures  fAcheuses  m'ont  obligé  de  pren- 
dre un  parti  que  la  nécessité  justifie, 
vous  me  trouverei  toujours  fidèle  à 
remplir  les  engagemens  dont  l'exè- 
cution  ne  dépend  que  de  moi.  Je  ne 
révoquerai  jamais  la  renonciation 
que  j'ai  souscrite  des  pays  de  JuUen 
et  de  Bergue;  je  ne  troublerai  ni  di- 
rectement ni  indirectement  l'ordie 
établi  dans  cette  succession  ;  plutAt 
mes  armes  tourneraient  contre  mot- 
mëme  que  contre  les  Français.  On 
me  trouvera  toi^jours  un  empresse  • 
ment  égal  à  concourir  à  l'avantage 
du  roi  votre  maitre  et  au  bien  de  son 
royaume.  Le  cours  de  cette  guerre 
n'est  qu'un  tissu  des  marques  de 
bonne  volonté  que  j'ai   données  A 
mes  alliés  ;  vous  en  devez  ^tre  cou* 
vniocu«  ainsi  que  de  rauthenticiié  de^ 
faits  que  je  viens  de  vous  rappeler* 
Je  suis  persuadé,  Monsieur»  que  voua 
regrettez  avec  moi  que  le  ci^ce  dn 


• 


XL 
». 


9 
Ji 


HISTOUIK   HE 

tort  ait  fait  avorter  des  Uesseins  aussi 

Htilutaires  à  l'Europe  qu'étaient  les 

fidlres. 

»  Je  suiî^,  etc.  » 

Voici  la  réponse  du  cardinal  (1)  : 
«5>îre, 

a  Votre  M^csté  jugera  aisément  de 
la  vive  impression  de  douleur  qu'a 
faite  sur  moi  ia  lettre  dont  il  lui  a  plu 
m'booorcr  le  10  de  ce  mois.  Le  triste 
événement  qui  renverse  tous  nos  pro- 
jets en  AUemagno  n'eût  pas  été  sans 
ressource ,  si  Votre  lUcûesté  avait  pu 
secourir  M.  de  Broglie  et  sauver  du 
moins  la  ville  de  Prague;  mais  Elle 
n'y  a  pas  trouvé  de  possibilité ,  et 
e'esX  à  nous  à  nous  conformer  à  ses 
lumières  et  à  sa  prudence.  On  a  fait 
de  grandes  foutes,  il  est  vrai,  il  se- 
rait inutile  de  les  rappeler  ;  mais  si 
nous  eussions  réuni  toutes  nos  trou- 
pes, le  mat  n*eùt  pas  été  sans  remè- 
de,  U  ne  faut  plus  y  songer  et  ne 
penser  qu'à  la  paix,  puisque  Votre 
Majesté  la  croit  nécessaire  ;  et  le  roi 
ne  la  désire  pas  moins  que  Votre 
M(yesté  ;  c'est  à  Elle  à  en  régler  les 
conditions,  et  nous  enverrons  un 
plein-pouvoir  au  maréchal  de  Belle- 
Isle  pour  souscrire  à  tout  ce  qu'Elle 
aura  arrêté.  Je  connais  trop  sa  bonne 
foi  et  sa  générosité  pour  avoir  le 
moindre  soupçon  qu'Elle  consente  à 
nous  abandonner  après  les  preuves 
authentiques  que  nous  lui  avons  don* 
nées  de  notre  Gdélité  et  de  notre  zèle 
pour  ses  [utéréts.  Votre  Majesté  de- 
vient Tarbitre  de  l'Europe,  et  c'est  le 
personnage  le  plus  glorieu\  que  Vo^ 
tre  Majesté  puisse  jamais  faire.  Ache^ 
vez,  sire,  de  le  consommer,  eu  mé- 
IMgeant  vos  alliés  et  l'intérêt  de  Tem- 
pereur  autant  que  possible  ;  c'est  tout 
ee  quo  je  puis  avoir  rhouneur  de  lui 


(1)  ÎQ^vv  xiït 


aiON    TEMPS.  95 

»  dire  d^ns  L'aci'^btement  ou  îp  «n»; 
»  trouve.  Je  ne  cesserai  de  fair^  4}es 
A  vœux  pour  la  prospérité  de  Yolre 
»  Majesté,  et  d'être  avec  tout  to  i^s- 
»  pect,  etc.  » 

Ce  fut  ainsi  que  se  termina  cette  al- 
liance, ou  chacun  de  ceux  qiu  la  for- 
maient voûtait  jouer  au  plus  fin  ^  an  les 
troupes  de  difKrens  souverains  étaient 
aussi  désobéissantes  à  ceux  qui  étaient 
à  la  tête  des  armées,  que  si  on  les 
avait  rassemblées  pour  désobéir;  ouïes 
camps  ne  présentaient  qu'anarekio;  où 
tous  les  projets  des  généraux  étaient 
soumis  à  la  révision  d'un  vioux  prêtre, 
qui,  sans  connaissance  ni  de  la  guerre 
ni  des  lieux,  rejetait  ou  approuvait 
souvent  mal  à  propos  les  projets  im- 
portansdont  il  devait  décider;  ce  f\il 
là  le  \rai  miracle  qui  sauva  la  maison 
d'Autriche  :  une  conduite  plus  pruden- 
te rendait  sa  perte  inévitable. 

Dès  que  les  ratifications  de  la  paix 
furent  échangées  entre  les  Prussiens  et 
les  Autrichiens,  le  roi  d'Angleterre  la 
garantit  dans  la  forme  la  plus  solennel- 
le, avec  la  sancrtion  du  parlement,  con^ 
fermement  aux  vœux  de  toute  la  na- 
tion, qui  le  désirait  ainsi.  Le  lord  Car- 
teret  fut  le  principal  promoteur  de  cet 
ouvrage,  parce  qu'il  se  flattiiit  d'enga- 
ger incessanunent  la  Prusse  dans  la 
guerre  qu'il  méditait  contre  la  France. 
Ilavait  déjàrassemblé  en  Flandre, con^ 
me  nous  l'avons  dit,  sei^  mille  Anglais, 
autant  de  Uanovriens,  auxquels  six 
mille  Uessois  se  joignirent.  JLe  roi  de 
Suède  «  landgrave  de  Uesse,  en  avail 
un  nombre  pareil  au  service  de  l'em- 
pereur, et  il  eût  pu  arriver  que  Heasois 
contre  Uessois  eussent  été  engagés  par 
honneur  à  s'entredétruire  ;  tuUt  l'inté-^ 
rêt  sordide  aveugle  les  hoounes  !  Ceti 
troupes,  qui  s'assemblaient  en  Brabant, 
ne  donnaient  pas  assez  d'inquiétude 
aux  Franchis  poi^  qu'ils  né|^aa{iiei|( 


FHÉDÉRIC  II.    ' 

de  iauver  M.  de  Broglie.  On  envoya  !  parraffreusemisèreàlaquelleilsétaifliil 


M.  de  Maillebois  avec  son  année  en 
Miëme  pour  secourir  on  maréchal  et 
une  armée  française  assiégés  dans  Pra- 
pie.  Les  Parisiens,  qui  aiment  assez 
à  plaisanter  sur  toat,  appelèrent  cette 
armée  celle  des  Hathorins,  parce  qa*el* 
le  devait  délivrer  des  prisonniers.  M.  de 
Maillebois  passa  le  Rhin  à  Manheim  et 
dirigea  sa  marche  sur  Éger.  Depuis  que 
Ips  Prussiens  avaient  fait  leur  paix  et 
que  les  Saxons  s'étaient  retirés  chez 
eux,  la  fortune  s'était  entièrement  dé- 
clarée pour  la  reine  de  Hongrie.  Le 
prince  de  Lorrame,  après  avoir  pris 
Pilsen,  vint  se  camper  proche  de  Pra- 
gue. M.  de  Broglie  avait  pris  auprès  de 
Bubenitz  une  position  qui  lui  était  très 
désavantageuse.  Le  canon  des  ennemis 
Tobligea  de  l'abandonner,  et  de  se  ré- 
fugier dans  Prague  avec  toutes  ses 
troupes  ;  il  ne  tarda  pas  à  s'y  voir  as- 
siégé. Les  troupes  allemandes  de  la 
reine  formèrent  l'investissement  du 
petit  côté  ;  les  Hongrois,  les  Croates  et 
les  troupes  irrégulières  l'enfermèrent 
depuis  le  Radschin  jusqu'à  la  porte 
Neuve  ;  ils  établirent  dos  communi- 
cations par  des  ponts  sur  la  haute  et  la 
basse  Miildau.  On  regarde  comme  l'é- 
vénement le  plus  mémorable  de  ce  si(^- 
ge  la  grande  sortie  des  Français,  dans 
laquelle  ils  tuèrent  et  prirent  trois  mille 
hommes  aux  ennemis,  et  leur  enclouè- 
rent  le  canon  qu'ils  avaient  en  batterie. 
Les  maréchaux  de  Belle-Isie  et  de  Bro- 
glie rentrèrent  triomphans  dans  Pra- 
gue au  retour  de  cette  expédition,  sui- 
vis de  leurs  prisonniers  et  des  trophées 
qu'ils  venaient  d'emporter.  Si  les  Fran- 
çais se  rendaient  redoutables  aux  Au- 
trichiens par  la  vigueur  de  leur  défen- 
se, ils  I  en  étaient  pas  moins  à  plaindre 
dans  I  Intérieur  de  leur  armée  :  leur 
situation  était  digne  de  pitié,  tant  par 
la  mésitfitelligence  de  leurs  chefs  que 


exposés.  La  disette  était  si  grande  qttli 
tuaient  et  mangeaient  leurs  chevani , 
pour  suppléer  à  la  viande  de  booche* 
rie,  qu'à  peine  on  sen'ait  à  la  table  des 
maréchaux.  Dans  cette  situation  déaet- 
pérée,  où  ils  ne  voyaient  dans  l'aveiiir 
que  la  mort  ou  l'ignominie,  M.  de 
Maillebois  vint  à  leur  secours  pour  lèi 
délivrer.  Si  l'on  avait  donné  carte  blan- 
che à  ce  maréchal,  le  destin  de  la  Bo- 
hème aurait  pu  changer;  mais  de  Ver- 
sailles, le  cardinal  le  menait  à  la  lisière. 
Les  occasions  étaient  perdues  pour  ce 
maréchal,  parce  qu'il  n'osait  en  profi- 
ter. La  cour  de  Vienne  sentit  le  ooop 
que  le  cardinal  pouvait  Ini  porter;  trop 
faible  pour  le  parer,  elle  eut  recours  à 
la  ruse,  qui  suppléa  à  ce  qui  lui  man- 
quait en  force.  Le  comte  Ulefeld,  mi- 
nistre des  affaires  étrangères  de  la  relile 
de  Hongrie,  connaissant  le  caractère 
du  cardinal ,  sut  si  bien  l'amuser  ptr 
des  négociations,  qu'il  donna  &  M*,  de 
Khevenhiiller  le  temps  d'accourir  de  la 
Bavière  et  de  joindre  le  prince  de  Lor- 
raine. Les  Français  se  laissèrent  si  bieii 
amuser,  que  les  Autrichiens  gagnèrent 
une  marche  sur  eux  et  rédultiiènt 
M.  de  Maillebois  à  choisir  entre  le  com- 
bat ou  la  retraite  ;  il  fut  blAmé  généra- 
lement de  n'en  être  pas  venu  aux  mains 
avec  le  prince  Charles.  Cependant  il 
était  innocent;  nous  savons  avec  cer- 
titude que  sa  cour  lui  avait  donné  Tur* 
dre  positif  de  ne  rien  risquer.  M.  de 
Maillebois  obéit  donc;  et^  comme  il 
lui  était  impossible  de  s'approcher  de 
Prague  sans  engager  une  affaire  géné- 
rale, il  retourna  sur  ses  pas  rt  si»  rap- 
procha d'Éger.  Cette  diversion ,  quoi- 
qu'incomplèto ,  produisit  des  eflTels 
avantageux  à  ces  troupes  renfermées 
dans  Prague.  Les  maréchaux  de  Belle- 
Isle  et  de  Broglie,  débarrassés  de  l'ar- 
mée autrichienne,  firent  de  groi  uéta- 


■UTOUJK  0| 

poor  amasser  des  provisions , 
et  raYitailiàrent  la  ville.  M.  de  Maille- 
bois  »  qui  devenait  inutile  en  Bohème , 
où  il  n'avait  presque  aucun  pied,  prit  par 
Ratisbonne  et  Straubingen,et  se  joignit 
avec  le  nuirechal  de  Seckendorfff  qui 
commandait  les  troupes  de  Tempereur 
en  Bavière.  S'ileùt  été  possible  à  l'armée 
de  Maillebois  de  contenir  plus  long- 
temps celle  du  prince  Charles  de  Lor- 
raine en  Bohème,  M.  de  Seckendorff 
aurait  pu  reprendre  Passau ,  Straubin- 
geu  et  toutes  les  villes  qui  tenaient  en- 
core pour  les  Autrichiens.  M.  de  Mail- 
lebois tenta  inutilement  de  reprendre 
liraunau.  Le  prince  de  Lorraine  l'avait 
suivi  en  Bavière  ;  et,  comme  la  saison 
était  avancée  et  les  deux  armées  acca- 
blées de  fatigues,  elles  prirent  leurs 
quartiers  d'hiver. 

Les  affaires  de  U  maison  d'Autriche 
étaient  sur  un  pied  assez  incertain  en 
Italie.  Les  Espagnols,  sous  les  ordres 
de  H.  de  Montemar,  avaient  pénétré 
jusqu'au  Ferrarois.  Le  maréchal  de 
Traun  les  ayant  obligés  de  reculer  un 
peu,  la  reine  d'Espagne,  qui  ne  vou- 
lait pas  que  ses  généraux  mollissent , 
envoya  H.  de  Gages  en  Italie  pour  're- 
lever M.  de  Montemar. 

L'année  17b2  pouvait  s'appeler  ceue 
des  diversions  :  l'invasion  de  M.  de 
Khevenhiiller  en  Bavière,  celle  du  roi 
en  Moravie,  cette  armée  que  les  An- 
glais rassemblaient  en  Flandre,  la  mar- 
che de  M'  de  Maillebois  en  Bohème , 
la  flotte  de  l'amiral  Matthews  qui  me- 
naça de  bombarder  Naples  pour  obli- 
ger le  roi  à  la  neutralité,  le  passage  de 
don  Philippe  par  la  Savoie  pour  enga- 
ger le  roi  de  Sardaigne  à  retirer  ses 
troupes  de  l'armée  autrichienne  sur  le 
Tanaro.  Aucune  de  ces  diversions  ne 
répondit  entièrement  au  but  que  les 
auteurs  s'en  étaient  proposé.  Depuis  la 
retraite  de  M.  de  Mailleboiy    Prague 


MOU  TJBIIPS. 


f7 


fut  resserrée  de  nouf  eau  par  on  corps 
de  troupes  légères  de  Croates  et  de 
Hongrois ,  qui  en  formaient  l'investis- 
sement. 

Pendant  que  tout  ceci  se  passait  au 
midi  de  l'Europe,  le  gouvernement  de 
la  nouvelle  impératrice  s'affermissait  à 
Pétersbourg.  Les  ministres  de  celte 
princesse  furent  assez  adroits  pour  en- 
dormir par  leurs  négociations  et  Tarn  « 
bassadeur  de  France  et  M.  de  Lœweu- 
haupt,  qui  commandait  les  troupc^s 
suédoises  en  Finlande.  Les  Russes  usè- 
rent habilement  de  ce  temps  pour  ren- 
forcer leur  armée.  I>ès  que  M.  de  Las- 
cy ,  qui  commandait  les  troupes  russes, 
se  vit  en  force,  il  marcha  eu  avant;  il 
n'eut  que  la  peine  de  se  montrer,  les 
Suédois  plièrent  partout.  Le  nom  russe 
qu'ils  ne  proféraient  qu'avec  mépris 
du  temps  de  la  bataille  de  Narva,  était 
devenu  pour  euv  un  objet  de  terreur  : 
les  postes  inattaquables  n'étaient  plus 
des  lieux  de  sûreté  pour  eux.  Après 
avoir  ainsi  fui  de  poste  en  poste,  ils  se 
virent  resserrés  à  Friedrichsham  par 
les  Russes,  qui  leur  coupèrent  l'unique 
retraite  qui  leur  restait.  Ces  Suédois 
eurent  enfin  la  faiblesse  de  mettre  les 
armes  bas,  et  signèrent  une  capitula- 
tion ignominieuse  et  flétrissante  «  qui 
imprima  une  tache  à  la  gloire  de  leur 
nation  ;  vingt  mille  Suédois  passèrent 
sous  le  joug  de  vingt-sept  mille  Rus- 
ses. Lascy  désarma  et  renvoya  les  Sué- 
dois nationaux ,  et  les  Finnois  prêtè- 
rent serment  de  fidélité.  Quel  exemple 
humiliant  pour  l'orgueil  et  la  vanité 
des  peuples  !  Ainsi  les  royaumes ,  les 
empires ,  après  s'être  élevés ,  s'afTai- 
blissent,  se  précipitent  vers  leur  clmte. 


I  C'est  bien  à  ce  sujet  qu'il  faut  dire  : 
I  Vanité  des  vanités,  tout  est  vanité!  La 
-  cause  politique  de  ces  cliangemens  se 
;  trouve  vraisemblablement  dans  les  dif- 
férentes formes  de  gouvernement  pïU' 


V. 


%iliDÉlb<;  it 


j  i      ^i 


tè^HelléS  léi  flftétidis  bnt  passé,  tant 
^'ib  formaîeni  une  monarchie,  le  mi- 
litaire était  en  honneur  ;  défensour 
de  rËtat ,  il  ne  pouvait  jamais  lui  être 
redoutable.  Dans  une  république,  c*est 
le  contraire  :  le  goutcmement  doit 
être  pacifique  de  sa  nature  ;  le  militai- 
re n'y  tient  pas  le  premier  ran^  ;  on  a 
tout  &  craindre  de  généraux  qui  pe\i- 
▼cnt  s'attacher  les  troupw  ;  c'est  d'eux 
ipie  doit  venir  ilne  révolution.  Dans 
les  républiques,  l'ambition  se  jette  du 
côté  de  rinlrignè  pour  parvenir  ;  les 
corruptions  avilissent  les  caractères,  et 
le  véritable  point  d'honneur  se  perd, 
parce  qu'on  peut  fhire  fortune  par  des 
voies  qui  n'exigent  aucun  mérite  dans 
le  postulant.  Jamais  le  secret  n'est 
gardé  dans  les  républiques  ;  Tcnncmi 
étant  averti  de  leurs  desseins,  îl  peut 
les  prévenir;  mais  les  Fratiçais  réveil- 
lèrent à  contretemps  l'esprit  de  con- 
qfttête  qui  n'était  pas  encore  entière- 
ment èffhcé  de  l'esprit  des  Suédois , 
pour  les  commettre  avec  les  Russes , 
au  moment  où  les  Suédois  manquaient 
d'argent,  de  soldats  disciplinés  et  sur- 
tout de  bons  généraux.  La  supériorité 
que  les  Russes  avaient  alors  obligea  les 
Suédois  ft  envoyer  dès  sénateurs  à  Pé- 
tersbourg  offrir  la  succession  de  la 
couronne  au  jeune  grand-dùc,  prince 
de  Hotetcîn ,  neveu  de  Tlmpératrice. 
Rien  de  plus  humiliant  pour  cette  na- 
tion que  le  refus  du  grand-duc,  qui 
trouva  cette  couronne  au-dessous  de 
lui.  Le  marquis  de  Botta,  alors  minis- 
tre autrichien  i  Pétersbourg,  dit  au 
grand-duc  en  lui  faisant  compîftnent  : 
«  Je  voudrais  qu'il  fût  aussi  facile  à  la 
»  reine ,  ma  maîtresse ,  de  conserver 
»  ses  royaumes,  qu'il  l'est  à  votre  al- 
"b  tesse  impériale  d'en  refuser.  »  Sur 
ce  refus  du  grand-duc,  les  ()rêtres  et 
les  paysans  qui  ont  voîx  aux  diètes 
voulaient  tpron  choisît  pour  successeur 


dé  leur  foi  le  ïSrfricé  ro^M  dl»  ffetie* 
marck  ;  les  sénateurs  du  parti  français 
donnaient  leurs  suArages  au  prince  de 
Deuxponts  ;  maïs  Tintpératrice  se  dé- 
clara pour  révêque  d'Eutin,  oncle  du 
grand-duc,  et  sa  volonté  l'emporta  sur 
rinfluence  des  antres  partis.  L'élection 
de  ce  prince  ne  se  fit  que  l'année  1743, 
tant  les  cabales  qui  s'étaient  formées  à 
Stockholm  tenaient  les  résoîutîons  de 
là  diète  en  suspens. 

Depuis  la  paix  de  Breslau,  les  négo- 
ciations ne  finissaient  pas.  Les  Anglais 
avaient  dessein  d'entrafner  le  roi  dans 
la  guerre  qu'ils  allaient  entreprendre; 
les  Français  voulaient  l^engager  dans 
des  mesures  incompatibles  avec  hi  neu- 
tralité à  laquelle  il  s*était  obligé.  L'em- 
pereur sollicitait  sa  médiation,  mais  ce 
pririce  resta  inébranbble.  t^lus  la  guer- 
re durait,  plus  la  maison  d'Autriche 
épuisait  ses  ressources:  et  plus  la 
Prusse  testait  en  pah,  phis  elle  acqué- 
rait de  fbrces.  Le  plus  difficile ,  dans 
ces  conjonctures,  était  de  maintenir 
tellement  la  balance  entre  les  parties 
belligérantes,  que  l'ane  ne  prit  pas 
trop  d'ascendant  sur  Tautre.  fl  Mlait 
empêcher  que  l'empereur  né  fût  dé- 
trôné et  que  les  Français  ne  fussent 
chassés  d*  Allemagne  ;  quoique  les  Voies 
de  fait  fussent  interdites  aux  Prussiens 
par  la  paix  de  Breslau,  ils  pouvaient 
par  les  inti  igues  parvenir  aux  mêmes 
fins  que  par  les  armes  ;  Foccasion  s'en 
présenta  promptement.  Le  roi  d'An- 
gleterre s'était  proposé  d'envoyer  ses 
troupes  de  Flandre  au  secours  de  la 
teîne  de  flongrie;  <ie  secours  atiraît 
perdu  sans  ressource  les  aflSaires  de 
rempereur  et  de  la  France.  Un  danger 
aussi  pressant  mit  fe  roi  dans  ta  néces- 
sité d'employer  les  représentaitîons  lej 
plus  fortes  ;  fl  alla  jusque  menacer  1« 
roi  d'Angleterre  d'entrer  dans  s<yi 
.*!.  c'iôrat,  s'il  hasardait  de  feirepmM 


BIST01K£  M  MON  TEMPS. 


te  RhiD  à  des  troupes  étrangères,  pour 
les  introduire  dans  l'empire  sans  le 
consentement  du  corps  germanique. 
Par  des  insinuations  plus  douces ,  les 
Hollandais  se  laissèrent  persuader  de 
De  point  joindre  leurs  troupes  à  celles 
des  alliés  de  la  reine  de  Hongrie,  et  les 
Français,  ayant  le  temps  de  respirer, 
pourvurent  à  leur  défense.  Les  Prus- 
siens ne  réussirent  pas  de  même  dans 
uii  projet  qu*ik  avaient  formé  pour  le 
maintien  de  l'empereur.  Ce  projet  avait 
pour  but  de  soutenir  les  troupes  de  ce 
prince  en  Bavière.  Les  Français  avaient 
deux  raisons  pour  y  concourir  :  la  pre^ 
mière,  c'est  qu'en  abandonnant  la  Ba- 
vière, ils  étaient  contraints  de  repas- 
ser le  Rhin  et  de  songer  à  la  défense 
de  leurs  propres  foyers;  la  seconde, 
qu'ayant  fait  un  empereur,  il  y  avait 
de  la  honte  pour  eux  à  l'abandonner  et 
a  le  livrer,  pour  ainsi  dire,  à  la  merci 
de  ses  ennemis.  Mais  leurs  généraux 
avaient  perdu  la  tète ,  et  la  terreur, 
plus  forte  que  le  raisonnement,  les 
subjuguait.  Pour  remplacer  leurs  trou  • 
pes  en  quelque  manière,  on  avait  des- 
sein de  former  une  association  des 
cercles,  qui  mettrait  sur  pied  une  ar- 
mée de  neutralité.  Sous  ce  prétexte,  le 
roi  aurait  pu  y  joindre  ses  troupes,  et 
cette  armée  aurait  couvert  la  Bavière. 
Cette  affaire  manqua  par  la  crainte 
MTVile  que  les  princes  de  l'empire 
avaient  de  la  maison  d'Autriche.  La 
reine  de  Hongrie  menaça,  les  princes 
tremblèrent  et  la  diète  ne  voulut  rien 
résoudre.  Si  la  France  avait  soutenu 
œ  projet  par  quelques  sommes  distri- 
buées a  propos,  il  aurait  réussi  ;  la  plus 
mauvaise  économie  d'un  prince  est  de 
ne  savoir  pas  dépenser  son  argent  lors- 
que les  conjonctures  l'exigent.  Ainsi 
Unit  Tannée  1742,  dont  les  évènemons 
variés  servirent  de  prélude  à  une  guerre 
qui  se  fit  avec  un  plus  grand  udi.ifmv 


ment.  Les  Français  étaient  les  seuis 
qui  désirassent  la  paix.  Le  roi  d'Angle- 
terre, trop  préoccupé  da  la  faiblesse  du 
gouvernement  français,  croyait  qu'il 
suffisait  d'une  campagne  pour  l'abat- 
tre. La  reine  de  Hongrie  eoBvrait  son 
ambition  sous  le  voile  d'une  défense 
légitime;  nous  verrons  dans  la  suite 
comment ,  de  partie  belligérante,  elle 
devint  Tautiliaire  de  ses  alliés. 

La  Prusse  tâcha  de  proQter  de  la 
paix  dont  elle  jouissait  pcrur  rétablir 
ses  finances.  Les  ressources  étaient 
usées  ;  il  fallait  laborieusement  en  as- 
sembler de  nouvelles,  perfectionner 
[la  hâte  avait  empêché  de  le  faire) 
ce  qû*il  y  avait  de  défectueux  encore 
dans  les  recettes  de  la  Silésie,  payer 
les  dettes  des  Autrichiens  aux  Anglais. 
On  entreprenait  en  même  temps  de 
fortifier  cinq  places  à  neuf  :  Glogau , 
Brieg,  Néisse,  Glatz  et  Cosel;  on  fai- 
sait  dans  les  troupes  une  augmentation 
de  dix-huit  mille  hommes;  tout  cela 
demandait  de  Targent  et  beaucoup  d'é- 
conomie, pour  en  accélérer  l'exécuUon. 
La  garde  de  la  Silérie  était  commise  à 
trente-cinq  mille  hommes  qui  avaiefnt 
servi  d'instrument  à  cette  conquête. 
Ainsi ,  loin  de  profiter  de  cette  tran- 
quillité pour  s'amollir,  la  paix  devint 
pour  les  troupes  prussiennes  Une  école 
de  guerre.  Dans  les  places  se  formaient 
des  magasins;  la  cavalerie  acquérait 
de  l'agilité  et  de  riûtelllgehce,  et  tou- 
tes les  parties  du  miHtaIré  concotunieiii t. 
avec  une  même  ardeur,  &  raffermisse- 
ment de  cette  discipline  qui  rendit  au- 
trefois les  Romains  vainqueurs  ôe  tou^ 
tes  les  nations. 


«    I 


160 


fBBDilLlC  11 


CHAPITRE  VU. 


On  dit  que  c'est  une  faute  capitale 
en  politique  de  se  fier  à  un  ennemi  ré- 
condUé,  et  Ton  a  raison  ;  mais  c'en  est 
une  plus  grande  encore  à  une  puissance 
faible  de.lutter  à  la  longue  contre  une 
monarchie  puissante,  qui  a  des  res- 
sources dont  la  première  manque.  Cet- 
te réflexion  était  nécessaire  pour  ré- 
pondre d'avance  aux  critiques  qui  cen- 
suraient la  conduite  du  roi.  Fallait-il, 
disait- on ,  se  mettre  à  la  tète  d'une 
ligue  pour  écraser  la  nouvelle  maison 
d'Autriche ,  et  laisser  ensuite  repren- 
dre le  dessus  à  cette  même  maison, 
pour  chasser  les  Français  et  les  Bava- 
rois de  l'Allemagne?  Mais  quel  était  le 
projet  du  roi?  N'était-ce  pas  de  con- 
quérir la  Silésie?  Comment  pouvait-il 
l'exécuter,  si  la  guerre  avait  continué, 
n'ayant  pas  assez  de  ressources  pour 
fournir  aux  grandes  dépenses  qu'elle 
entraînait  de  nécessité?  Tout  ce  qui 
dépendait  dé  hii,  c'était  d'agir  par  des 
négociations,  et,  autant  que  cela  était 
faisable,  de  conserver  l'équilibre  entre 
les  puissances  belligérantes.  La  paix 
lui  donnait  le  temps  de  respirer  et  de 
se  préparer  à  la  guerre  ;  d'ailleurs  l'a- 
nimosité  était  si  forte  entre  la  France 
et  l'Autriche ,  et  leurs  intérêts  étaient 
si  opposés,  que  la  réconciliation  entre 
ces  puissances  ennemies  paraissait  en- 
core bien  éloignée  :  il  fallait  se  réser- 
ver pour  les  grandes  occasions.  Les 
mauvais  succès  des  armées  françaises 
avaient  fait  une  assez  forte  impression 
sur  J'esprit  du  cardinal  de  Fleuri  pour 
ouè  sa  santé  s'en  ressentit  ;  une  mala- 
die l'emporta  au  commencement  de 


cette  année.  H  avait  été  ancien  évèqne 
de  Fréjus,  précepteur  de  Louis  XV. 
cardinal  de  l'Église  romaine,  et,  de- 
puis dix-sept  ans,  premier  ministre.  Il 
s'était  soutenu  dans  ce  poste ,  ou  peu 
de  ministres  vieillissent,  par  Tart  de 
captiver  la  confiance  de  son  maître,  et 
en  écartant  avec  soin  de  la  cour  ceux 
dont  le  génie  pouvait  lui  donner  de 
Pombrage.  Il  adoucit  les  plaies  que  la 
guerre  de  succession  et  le  système  de 
Law  avaient  faites  à  la  France.  Son 
économie  fut  aussi  utile  au  royanme 
que  l'acquisition  de  la  Lorraine  lui  fol 
glorieuse.  S'il  négligea  le  militaire  et 
la  marine ,  c'est  qu'il  voulait  tout  de- 
voir à  ta  négociation,  pour  laquelle  il 
avait  du  talent.  Son  esprit  succomba , 
ainsi  que  son  corps,  sous  le  poids  des 
années.  On  dit  trop  de  bien  de  lui  pen- 
dant sa  vie,  on  le  blâma  trop  après  sa 
mort.  Ce  n'était  point  l'ftme  altière  de 
Richelieu  ni  l'esprit  artificieux  de  Ma- 
zarin  semblables  aux  lions  qui  déchi- 
rent des  brebis  :  Fleuri  était  un  pasteur 
sage,  qui  veillait  à  la  conservation  de 
son  troupeau.  Louis  XY  voulut  élever, 
à  la  mémoire  de  ce  cardinal ,  un  mo- 
nument, dont  on  fit  un  dessin  qui  ne 
fut  jamais  exécuté  ;  à  peine  fut-il  mort 
qu'on  l'oublia.  Chauveiin,  que  le  cardi- 
nal de  Fleuri  avait  fait  exiler,  crut,  du 
fond  de  sa  retraite ,  pouvoir  emporter 
ce  poste  vacant  ;  il  écrivit  à  Louis  XV , 
blftmant  l'administration  de  son  enne- 
mi et  se  vantant  beaucoup  lui-même. 
Cette  démarche  précipitée  fit  qu'on  hû 
marqua  pour  son  exil  un  heu  plus  éloi- 
gné de  la  cour  que  Bourges,  où  il  était 
relégué.  Le  roi  de  France  notifia  la 
mort  de  son  ministre  aux  cours  étran 
gères,  à  peu  près  dans  le  style  d'ui^ 
prince  qui  annonce  son  avènement  à 
la  couronne.  Voici  la  lettre  qu'il  écri^ 
vit  au  roi;  nous  l'avons  copiée  nM4 
pour  mot  : 


H1ST01KE   UF.   MON   TKM1f%. 


«  Monsieur  mou  frère, 

0  Après  la  perte  que  je  viens  de  faire 
»  du  cardinal  de  Fleuri,  en  qui  j*avais 
»  mis  toute  ma  conBance  dans  Tadmi- 
»  nistration  de  mes  affaires,  et  dont  je 
»  ne  puis  assez  regretter  la  sagesse  et 
D  les  lumières,  je  ne  veux  pas  différer 
»  de  renouveler  moi-même  à  Votre 
»  Majesté  les  assurances  quil  vous  a 
»  données  en  mon  nom,  et  que  je  l'ai 
»  souvent  diargé  de  vous  réitérer,  de 
»  Tamitié  parfaite  que  j*ai  pour  la  per- 
»  sonne  de  Votre  Majesté,  et  du  désir 
»  sincère  que  j'ai  toujours  eu  de  pou- 
»  voir  concerter  avec  Elle  tout  ce  qui 
»  peut  être  de  nos  intérêts  communs. 
»  Je  ne  puis  douter  que  Votre  Ma- 
»  jesté  n'y  réponde  de  sa  part  comme 
n  je  le  désire,  et  Elle  peut  compter 
M  qu'EUe trouvera  en  moi,  dans  toutes 
»  les  occasions,  la  même  disposition 
»  de  contribuer  à  sa  gloire  et  à  son 
»  avantage,  et  à  lui  marquer  que  je 
»  suis,  etc.  x> 

Le  département  des  affaires  étran- 
gères notifia  en  même  temps  que  le 
roi,  ayant  résolu  de  gouverner  désor- 
mais par  lui-même,  voulait  qu'on  s'a- 
dressât  directement  à  sa  personne.  Jus- 
qu'alors Louis  XV  avait  été  le  pupille, 
et  le  cardinal  de  Fleuri  son  tuteur. 
Après  la  mort  de  Mazarin,  Louis  XIV 
porta  lui-même  le  deuil  de  son  minis- 
tre; personne  ne  le  porta  pour  Fleuri  ; 
il  fut  oublié  avant  qu'on  eût  prononcé 
son  oraison  tunenre.  Pendant  l'ad- 
ministration de  ce  cardinal ,  les  rênes 
du  gouvernement  aboutissaient  tou- 
tes à  lui  et  venaient  se  joindre  dans 
ses  mains  ;  II  était  le  point  de  rallie- 
ment qui ,  réunissant  les  finances ,  la 
guerre,  la  marine  et  la  politique,  les 
dirigeait  au  moins  à  un  même  but. 
Depuis  sa  mort,  le  roi  voulut  travaiUer 
lui-même  avec  les  ministres  qui  étaient 
à  la  tête  de  ces  quatre  déparien^ens. 


fGl 

Son  ardeur  s*éteignil  au  bout  de  bnil 
jours,  el  la  France  fut  gouvernée  par 
quatrCiTois  subalternes,  indépendans 
les  uns  des  autres.  Ce  gouvernement 
mixte  produisit  des  détails  de  départe- 
ment ;  mais  les  vues  générales  qui  réu-' 
nissent  et  embrassent  en  grand  le  bien 
de  l'État  et  son  intérêt,  manquèrent 
dans  les  conseils.  Pour  se  faire  une 
idée  du  choix  des  ministres,  qu'où  se  > 
représente  un  chancelier  du  duc  d'Or-  / 
léans,  rempli  de  Cujas  et  de  Barthole, 
qui  devient  ministre  de  la  guerre  dans 
ces  temps  où  toute  l'Europe  était  en 
feu,  un  ancien  capitaine  de  dragons, 
nommé  On,  qu'on  met  à  la  tête  dés  fi-^ 
nances.  Maurepas  s'imaginait  rendre 
Louis  XV  souverain  des  mers,  et  le  roi 
le  serait  devenu,  si  les  discours  d'un 
homme  aimable  avaient  pu*  opérer  ce 
miracle.  Amelot  était  de  ces  esprits 
rétrécis,  qui,  comme  les  yeux  myopes, 
distinguent  à  peine  les  objets  de  près. 
Cet  aéropage  gouverna  donc  la  France  ; 
c'était  proprement  une  aristocratie,  ou 
bien  un  vaisseau  qui,  naviguant  sans 
boussole  sur  une  mer  orageuse,  ne 
suivait  pour  système  que  l'impulsion 
des  vents.  Les  armées  ne  prospérèrent 
pas  sous  cette  nouvelle  administration. 
Quoique  l'armée  de  Maillebois,  joint 
aux  Bavarois,  fût  encore  sur  les  fron- 
tières de  l'Autriche,  le  prince  de  Lob- 
kowitz,  avec  seize  mille  Hongrois,  te- 
nait toujours  le  maréchal  de  Belle-Isie 
bloqué  dans  Prague  avec  seize  mille 
Français.  Le  corps  de  M.  de  Belle-Isie 
était  presque  entièrement  composé 
d'infanterie,  et  celui  des  Autrichiens 
de  cavalerie.  Cette  situation  inquiétait 
M.  d'Argenson  ;  soit  par  impatience , 
soit  par  humeur,  soit  par  légèreté,  ce 
robin  fit  expédier  au  maréchal  de  Bel- 
le-lsle  l'ordre  d'évacuer  Prague.  Cet 
ordre  était  plus  facile  à  donner*  qu'à 
exécuter.  Le  maréchal  de  Belle-Isif 


IM 


rRtoJ:iuc  II. 


l 


t>- 


prit  ses  dispositions  en  conséquence  ;  il 
Qt  sortir  la  garnison,  le  18  décembre  au 
solTf  par  un  froid  très  piquant  ;  il  ga- 
gna trois  marches  sur  le  prince  Lob- 
kowiti.  Enfilant  un  chemin  difficile, 
qui  donnait  peu  de  prise  à  la  cavalerie 
de  l'ennemi,  il  continua  de  longer  l'Ë- 
gjBT,  et  arriva,  le  dixième  jour  de  mar- 
ijie,  à  la  ville  d'Egor.  Quatre  mille 
iM>mmes  périrent  de  misère  et  de  froid 
par  les  marches  forcées  qu'on  leur  fit 
faire;  et  cette  armée  délabrée,  réduite 
a  huit  mille  combattans,  fut  partagée. 
Ce  qui  était  encore  en  état  de  servir 
joignit  M.  de  Maillebois  en  Bavière,  et 
les  corps  entite^unent  ruinés  furent  en- 
voyés en  Alsace  pour  se  recruter.  La 
Bohème  fut  ainsi  conquise  et  perdue, 
saps  qu'aucune  victoire ,  ni  des  Fran- 
çais ,  ni  des  Autrichiens ,  eût  décidé 
eptre  eux  du  sort  des  empires.  Dans 
tout  autre  pays  que  la  France,  une  re- 
traite comme  ceHe  de  M.  de  Belle-Isie 
aurait  çfiusé  une  consternation  géné- 
rale ;  en  France,  où  les  petites  choses 
se  traitent  avec  dignité  et  les  grandes 
légèrement ,  on  ne  fit  qu'en  rire ,  et 
H.  de  Bellc-Isie  fût  chansonné.  Des 
couplets  ne  mériteraient  certainement 
pas  d'entrer  dans  un  ouvrage  aussi 
grave  que  le  nAtre  ;  mais  comme  ces 
sortes  de  traits  marquent  le  génie  de 
la  nation ,  nous  croyons  ne  point  de- 
voir omettre  celui-ci  : 

Quâtid  Befle-Isle  partit  onc  nuit 
Do  l^fagw  à  p(*tft  bnilt. 
Il  dU  eo  voyaot  ta  kiac  : 
Limiére  de  mes  joun, 
Asire  de  mi  fortune, 
CotiduiMi-inoi  touJoBris. 

En  pareille  occasion,  on  aurait  jeû- 
né &  Londres,  expost^  le  sacrement  à 
Rome,  coupé  des  tôfrs  ;i  Vlonno.  Il 
valait  xsAçxw  sp  consoînr  pnr  unt»  épî- 


le-Islo  eut  le  sort  de  toutes  les  actions 
des  hommes;  il  y  eut  des  fanatiques 
qui,  par  zèle,  la  comparèrent  à  la  re- 
traite des  dix  mille  de  Xénophon; 
d'autres  trouvaient  que  cette  ftiite  hon* 
teuse  ne  pouvait  se  comparer  qu'à  la 
défaite  de  Guinegast.  Hs  avaient  tort 
les  uns  et  les  autres  :  seize  mille  hom- 
mes, qui  évacuent  Prague  et  se  reti- 
rent de  la  Bohême  devant  seize  mille 
hommes  qui  les  poursuivent,  n'ont  ni 
les  mêmes  dangers  à  courir  ni  des  che- 
mins aussi  longs  k  traverser  que  les 
troupes  de  Xénophon  pour  retourner 
du  fond  de  la  Perse  en  Grèce  ;  mais 
aussi  ne  faut-il  pas  outrer  les  choses , 
et  comparer  une  marche  où  les  Fran- 
çais ne  purent  être  entamés  par  les  en- 
nemis, à  une  débite  totale.  Les  dis- 
positions de  M.  de  Belle-Isie  étaient 
bonnes  ;  le  seul  reproche  qu'on  puisse 
lui  faire,  est  de  n'avoir  pas ,  dans  sa 
marche,  assez  ménagé  ses  troupes. 

Dès-lors  la  fortune  de  la  reine  prit 
un  air  plus  riant.  Le  maréchal  Traun 
défit  en  Italie  M.  de  Gages,  qui  pas- 
sait le  Tanaro  pour  l'attaquer.  Cette 
victoire  ne  satisfit  point  la  cour  de 
Vienne  ;  elle  trouva  que  le  maréchal 
Traun  n'en  avait  pas  assez  fait,  elle 
voulait  des  batailles  qui  eussent  de 
grandes  suites.  Enfin  ce  maréchal  fut 
jugé  comme  Apollon  par  Midas,  et  c'é- 
tait cependant  le  premier  de  leurs  gé- 
néraux qui  eût  triomphé  des  ennemis. 
La  maison  d'Autriche  commençait  à 
regagner  des  provinces  perdues,  et  as- 
surait celles  qui  étaient  menacées.  Cela 
ne  l'empêchait  pas  d'être  accablée  par 
le  poids  de  cette  guerre  ;  peut-être  y 
aurait-elle  succombé,  si  ces  premières 
lueurs  de  prospérité  n'eussent  ranimé 
la  bonne  volonté  de  ses  alliés.  Le  roi 
d'Angleterre  donna  des  marques  du 
plus  grand  zèle  pom  le  soutien  de  la 
reine  de  Hongrie.  Les  motifb  quf  te 


HUTOULE  D£  MO.N   iiUfPS. 


103 


faisaient  agir  ainsi  étaient  en  grande  , 
partie  une  haine  invétérée  qu'il  por-  | 
tait  à  la  France.  Il  avait  servi  dans  sa 
jeunesse  contre  cette  puissance;  il  s'é- 
tait trouvé  à  la  bataille  d'Oudenarde , 
où  il  avait  chargé  à  la  tête  d*un  esca-  i 
dron  hanovrien,  en  donnant  des  mar- 
ques d'une  valeur  distinguée  ;  il  ambi- 
tionnait de  se  trouver  a  la  tétc  des  ar- 
mées pour  jouir  de  la  gloire  des  héros. 
L-occasioa  s'en  présentait,  il  avait  des 
troupes  en  Flandre;  en  se  déclarant 
pour  la  reine,  en  passant  la  mer,  per- 
sonne ne  pouvait  lui  disputer  1^  com- 
mandement de  ses  troupes;  de  plus,  il 
allait  augmenter  son  trésor  de  Hano- 
vre par  les  subsides  que  les  Anglais  lui 
paieraient  pour  ses  Hanovricns.  Quant 
à  lord  Carteret,  il  avait  besoin  de  la 
guerre ,  afin  de  se  soutenir  auprès  de 
son  maître  et  auprès  de  la  nation  an- 
glaiso.  Le  commerce  de  ces  insulaires 
était gâné  depuis  qu'ils  étaient  en  guc^ 
re  avec  l'Espagne  :  pour  qu'un  grand 
coup  décidât  ces  affaires  de  commerce, 
il  fisUait  le  frapper  sur  terre  et  en  Eu- 
rope. La  France  passait  pour  à-demi 
ruinée  par  les  efforts  qu'elle  avait  faits 
pour  soutenir  la  Bavière  et  la  Bohème  ; 
elle  était  l'alliée  de  l'Espagne  ;  en  af- 
faiblissant l'une  jde  ces  puissances,  on 
affaiblissait  l'autre.  II  faUait  donc  bat- 
Ire  les  FrancaM,  soit  en  Allemagne, 
èuit  en  Flandre»  pour  gagner  sur  mer 
nue  supériorité  qui  put  produire  un 
avantage  réel  au  commerce  de  l'An- 
gieierre.  Le  roi,  son  ministre  et  la  na- 
tion tendant  au  même  but ,  quoique 
par  des  Tues  différentes,  il  fut  résolu 
d'esTOf or  an  ccaur  de  l'Allemagne  les 
iffiHifiesaoglaîses,  banovriennes  et  hes- 
floises  qui  se  trouvaient  eu  Flandre. 
.  Alitant  ce  projet  pouvait  convenir  au 
,  rai  d'Angleterre,  autant  convenait-il 
ptaouroi  49  Prusse;  il  ne  devait  pas 
•  foi4re40  ym  ^  équilibre  poUt^pe 


que,  pendant  la  ^ui^*! rt'  même,  8QD  in- 
térêt robligenil  do  maintenir  entre  les 
puissances  belligiTantes.  Si  la  maison 
d'Autriche  gagnait  une  supériorité  dé- 
cidée dans  l'empire  sur  la  maison  de 
Bavière,  la  Prusse  perdait  son  influen- 
ce dans  les  affaires  générales  ;  il  fallait 
donc  empêcher  que  le  roi  d'Angleterre 
et  la  reine  de  Hongrie,  aveuglés  par 
les  succès  auxquels  ils  devaient  s'atten- 
dre, ne  détrônassent  l'empereur.  La 
voie  des  représentations  était  la  seule 
qui  convint  au  roi  de  Prusse  ;  et ,  se 
servant  des  argumens  que  peut  em- 
ployer un  prince  allemand,  zélé  pour 
sa  patrie  et  pour  la  liberté  du  corps 
germanique,  il  conjura  le  roi  d'An^jb- 
terre  de  ne  pas  rendre,  sans  des  rai- 
sons très  importantes,  l'empire  théâ- 
tre d'une  guerre  qui  était  près  de  s'al- 
lumer, et  de  se  souvenir  qu'il  n'est 
point  permis  à  un  membre  du  corps 
germanique  d'introduire,  sans  la  sanc- 
tion de  la  diète,  des  troupes  étrangères 
dans  sa  patrie.  C'était  tout  ce  que  ce 
prince  pouvait  faire  dans  les  conjonc- 
tures où  il  su  trouvait.  Il  ne  devait 
pas  compter  sur  la  France,  qu*il  avait 
indisposée  contre  lui  par  la  paix  de 
Breslau  ;  il  ne  pouvait  se  brouiller  avec 
les  Anglais ,  qui  étaient  les  seuls  ga- 
rans  qu  il  eût  de  cette  paix.  Les  choses 
n'en  étaient  pas  venues  à  une  extrémi- 
té assez  grande  pour  replonger  ses  États 
dans  une  nouvelle  guerre;  il  fallait 
donc  se  contenter  de  la  promesse  du 
roi  d'Angleterre,  qui  s'engagea  de  ne 
rien  entreprendre,  ni  contre  la  dignité 
de  l'empereur,  ni  contre  ses  États  pa- 
trimoniaux. 

Ce  n'était  pas  avec  les  Anglais  seuls 
qu'on  négociait.  Le  roi  avait  entamé 
une  autre  affaire  à  Pétersbourg  et 
pour  des  intérêts  qui  le  touchaient  plus 
directeoaent  ;  il  s'agissait  d'obtenir  de 
l'impératq(De  de  Russie  la  garantie  du 


iOk 


FRÉI>ÉniC  11. 


traité  de  fireslaa.  Ce  Airent  les  Anglafs 
et  les  Autrichiens  qui  s* y  opposèrent 
de  toutes  leurs  forces,  quoique  sous 
main.  Les  deux  frères  Bestuchew,  mi- 
nistres de  rimpératrice ,  trouvèrent, 
par  les  difficultés  qu'ils  Grent  naître, 
le  moyen  d'accrocher  continuellement 
la  Gn  de  cette  affaire.  La  reine  de 
Hongrie  regardait  la  cession  qu'elle 
avait  faite  de  la  Silésie  comme  un  acte 
de  contrainte ,  dont  elle  pouvait  ap- 
peler avec  le  temps,  en  rejetant  sur  la 
nécessité  ce  que  la  rigueur  des  con- 
jonctures l'avait  forcée  d'accepter.  Les 
Anglais  voulaient  isoler  le  roi  de  Prusse 
q^  priver  de  tout  appui,  pour  l'avoir 
efiferement  sous  leur  dépendance.  De 
quelque  façon  que  les  princes  cachent 
ces  sortes  de  vues,  il  leur  est  bien  df f- 
iicile  de  les  rendre  impénétrables.  Ce 
fut  alors  que  la  paix  de  Friedrichsham 
fui  ratifiée  entre  la  Russie  et  la  Suède. 
La  perte  d'une  partie  inculte  de  la  Fin- 
lande fut  le  moindre  mal  dont  la  Suède 
eut  à  se  plaindre.  Le  despotisme  que 
les  Russes  exercèrent  à  Stockholm  mit 
le  comble  à  l'opprobre  de  cette  nation. 
Un  sujet  de  Timpératrice  était  consi- 
déré en  Suède  conune  un  sénateur  ro- 
main du  temps  de  César  pouvait  l'être 
dans  les  Gaules.  Une  nation  malheu- 
reuse ne  manque  jamais  d'ennemis. 
Les  Danois  voulurent  profiter  des  ca- 
lamités de  la  Suède.  La  diète  de  Stock- 
holm était  assemblée  pour  ratifier  la 
paix  qui  venait  de  se  conclure  avec  ht 
Russie  et  pour  nommer  un  successeur 
au  trône  ;  le  roi  de  Danemarck ,  dans 
le  dessein  d'unir  les  trois  couronnes 
de  la  Suède,  du  Danemarck  et  de  la 
Norvège  sur  la  tête  de  son  fils,  le  prin- 
ce royal,  excita  une  rébellion  dans  la 
Carélie,  souleva  des  prêtres ,  corrom- 
pit quelques  bourgeois  ;  mais  il  trouva 
tant  de  diffleultés  dans  Peiécution  de 
Wm  plan,  qu'il  avorta  af||pt  sa  nais- 


sance. Les  troupes  danoijH^s  et  suédci^ 
ses  s'assemblaient  déjà  sui  ^s  frontiè- 
res ;  la  diète  de  Stockholi  s'empres- 
sait à  trouver  des  secours;  %  ^  deman- 
da les  bons  offices  du  roi  r*.  Pmaae 
pour  moyenner  un  accomnk  ^tment 
avec  ses  voisins.  Le  roi  s'intéreaaa  poor 
eux  ;  le  roi  de  Danemarck  lui  répondit 
qu'eu  égard  à  ses  exhortations,  il  ne 
précipiterait  pa»  tes  choses.  Mais  ce 
qui  paraîtra  presque  incroyable ,  c'est 
que  ces  mêmes  Suédois ,  qïii  venaient 
de  faire  une  paix  si  déshonorante  avec 
la  Russie,  implorèrent  la  protection  de 
rimpératrice  contre  les  Danois.  Elisa- 
beth la  leur  accorda  ;  eUe  fit  partir  le 
général  Keith  sur  des  galères  qni  por- 
taient dix  miUe  hommes  de  secoors. 
Ce  fut  alors  qu'à  la  faveur  de  ces  trou- 
pes, le  prince  de  Holstein,  évêque  de 
Lubeck,  fut  élu,  au  Ueu  du  prince  da- 
nois, successeur  du  vieux  roi  de  Suède, 
landgrave  de  Hesse.  Ainsi,  à  peu  près 
dans  le  cours  de  la  même  année ,  la 
Suède  fut  battue,  protégée,  enfin  doiH 
née  au  prince  de  Hobtein  par  l'inapé- 
ratrice  de  Russie.  Le  sénat  de  Stoclfr- 
holm  se  consola  de  tant  d'infortmea 
par  des  cruautés  ;  il  fit  périr  les  géné- 
raux de  Buddenbrock  et  de  Lcewea- 
haupt  sur  l'échafaud.  On  les  accusa  de 
trahisons,  de  perfidies,  mais  rien  ne 
fut  prouvé  ;  ils  n'étaient  coupables  que 
d'ignorance  et  de  trop  de  faiblesse. 

Mais  il  est  temps  de  quitter  ces  scè- 
nes tragiques  du  Nord  pour  retourner 
au  Sud,  et  voir  ce  qui  se  passa  dans  la 
Bohême  après  que  les  Français  Tenreiit 
abandonnée.  La  reine  de  Hongrie  se 
rendit  à  Prague  pour  recevoir  l'hom- 
mage de  ce  royaume,  au  recouvrement 
duquel  sa  fermeté  avait  autant  et  plus 
contribué  que  la  force  de  ses  armes. 
Le  jour  même  de  son  couronnement  ^ 
elle  apprit  que  le  maréchal  de  HheWH 
hfiller  ayant  marché  de  Sehsrdfnf  à 


UISTOIHE  DE  MOH  TEMPS. 


Ifrannau,  en  nvnit  chassé  le  général 
Miniiccî,  qui  commandait  un  corps  de 
sept  à  huit  mille  impériaux.  Les  dé- 
tails de  cette  affaire  nous  sont  parvenus 
par  des  officiers  prussiens,  qui  firent 
cette  campagne,  en  qualité  de  volon- 
taires, avec  les  Autrichiens.  M.  de 
Khevenhiiller  s'avança  vers  Scharding, 
place  située  sur  Tlnn,  proche  des  fron- 
tières de  l'Autriche  *  ^s  troupes,  sor- 
tant de  leurs  quartiers  d'hiVer  h'v  ren- 
dirent par  différentes  routes.  Malgré 
les  précautions  que  cet  habile  officier 
prit  de  cacher  ses  desseins ,  le  maré- 
dial  de  Seckendorff  en  fut  informé,  et 
il  donna  ordre  à  M.  de  Minucci  de  se 
retirer  de  Braunau.  Ce  général  peu  in- 
telligent ne  sut  nt  disposer  sa  retraite 
pour  obéir  aux  ordres  de  son  chef,  ni 
choisir  un  terrain  avantageux  pour  at- 
tendre l'ennemi  et  pour  lui  résister. 
M.  de  Khevenhiiller  se  trouva  bientôt  en 
présence  des  Bavarois  ;  il  reconnut  que 
le  front  de  Minucci  était  inattaquable, 
ayant  un  profond  ravin  qui  séparait  les 
deux  armées  ;  sa  droite  était  appuyée 
à  Braunau ,  que  Ton  avait  fortifié  en 
hâte  durant  le  dernier  hiver.  Mais  au- 
tant ce  poste  était  fort  par  sa  droite  et 
par  son  front,  autant  était-il  faible  sur 
sa  gauche.  M.'  de  Khevenhiiller  s'en 
aperçut  au  premier  coup-d*œil  ;  il  dé- 
tacha M.  de  Beriichingen  avec  un  gros 
de  cavalerie»  qui  tourna  les  impériaux, 
et,  prenant  des  chemins  détournés, 
tomba  sur  cette  aile,  qui  était  en  Fair, 
tandis  que  NadasU ,  avec  ses  hussards , 
attaqua  les  troupes  de  Minucci  de  front. 
Ce  ne  fut  point  une  bataille  :  les  Bava- 
rois s'enfuirent  sans  s'être  défendus  ; 
une  partie  de  leur  cavalerie  se  sauva 
dans  Braunau,  leur  infanterie  se  réfu- 
gia sur  les  glacis  de  la  ville.  Minucci, 
la  plus  grande  partie  de  ses  troupes  et 
la  ville  de  Braunau  se  rendirent  tout 
de  suite  à  leur  vainqueur;  quelques. 


106 

débris  de  cette  cavalerie  prirent  le 
chemin  de  Burgfaausen,  où  les  impl^ 
riaux  avaient  encore  un  corps  de  trou- 
pes. Les  Français,  qui  étaient  à  Oster- 
hofen,  n'attendirent  pas  rapproche  des 
Autrichiens.  Le  vieux  Broglie,  qui 
commandait  cette  armée  avec  les  ma- 
réchanx  de  Maillebois  et  de  Secken- 
dorff, avait  été  vivement  pressé  par 
Seckendorff  de  prévenir  l'ennoni  et 
d'assembler  ses  troupes  avant  que  M.  de 
Khevenhuller  f At  en  état  de  rien  en- 
treprendre; mais  ce  fut  en  vain.  Se» 
ennemis  prétendaient  même  qu'il  n'é- 
tait pas  fikhé  de  voir  le  mauvais  suc- 
cès d'une  guerre  à  laquelle  le  maréphal 
de  Belle-Isle  avait  le  plus  oontribné  ; 
d'autres  soutiennent,  avec  plus  d'ap- 
parence ,  qu'il  avait  des  ordres  de  la 
cour  de  retourner  en  France  et  d'à  • 
bandonner  la  Bavière.  Quoi  qu'il  en 
soit,  sa  conduite  sembla  autoriser  cette 
dernière  opinion,  et  la  cour  ne  lui  té- 
moigna aucun  mécontentement  à  son 
retour.  Les  Autrichiens  surent  profiter 
de  l'avantage  qu'ils  avaient  d'agir  en 
corps  contre  des  troupes  séparées  par 
bandes.  Le  prince  de  Lorraine  arriva 
au  camp,  et,  sans  s'arrêter,  délogea 
les  Français  de  Deckendorff.  To«t  plia 
devant  lui  ;  à  mesure  qu'il  s'avançait , 
les  troupes  françaises  recevaient  ordre 
de  se  retirer.  Quelques  rivières  assez 
considérables,  qui  ont  leur  source  dans 
le  Tyrol,  qui  traversent  la  Bavière  et 
vont  se  jeter  dans  le  Danube,  fournis- 
sent aux  généraux  qui  veulent  se  dé- 
fendre la  facilité  d'en  disputer  les 
bords  ;  mais  le  prince  de  Lorraine  les 
passa  sans  y  trouver  de  résistance. 
Broglie  décampa  deStraubingen,  où  il 
avait  un  gros  magasin ,  en  y  laissant 
une  faible  garnison,  qui  fut  sacrifiée  à 
l'ennend.  Un  secours  de  dix  mille 
Français  était  déji  arrivé  k  Donawerlh 
pour  le  Joindre  ;  ib  definrmt  les 


106 


FlUÊOilllC  IK. 


pagnmis  de  sa  faite;  et,  malgré  les 
plos  fortes  représentations  de  M.  de 
Seekendorff;  les  Français  l'abaiidonnè- 
rent  et  ne  s'arrêtèrent  qu'à  Strasbourg, 
oo  M.  de  Broglie  donna  an  bal  le  joar 
de  son  arrirée ,  apparemment  poor 
rélébrer  la  campagne  brillante  qu'il 
venait  de  terminer.  Le  '  malheureux 
Seckendorff,  s*ocrupant  à  rassembler 
les  débris  de  ses  impériaux,  qui  s'é- 
taient si  mal  conduits  à  Braunau,  les 
joignit  au  corps  qui  était  à  Burgfaansea, 
et  se  retira  en  hAte  sur  Munich,  qu'il 
abandonna  pour  se  joindre  à  Tarmée 
française;  mais,  assuré  que  ces  troupes 
voulaient  repasser  le  Rhin,  il  écrivit  au 
maréchal  de  Broglie  que ,  comme  les 
Français  abandonnaient  l'empereur,  ce 
prince  se  foyaît  contraint  de  les  aban- 
donner de  Bième,  et  de  cher<:her  ses 
sAretés  où  il  les  trouverait.  Aussitàt  il 
demanda  au  prince  de  Lorraine  et  à 
M.  de  KhevenhuUer  de  convenir  avec 
lui  d'une  sospension  d'armes ,  dont  il 
obtint  l'équlvaleat;  car  les  Autrichiens 
lui  promirent  de  respecter  les  troupes 
Impériales  tant  qu'elles  occoperaieut 
on  territoire  oeotre  de  l'empire.  Les 
Aatricfaiens,  d<^euglés  par  leurs  succès, 
fliéprkaienC  trop  ces  troiq)e8  pour  vou- 
loir les  désarmer  ;  ils  voiaicat  vers  le 
Rhin,  soutenus  de  la  chimérique  espé- 
rance de  reconquérir  la  Lorraine.  La 
prospérité  est  à  la  guerre  souvent  phis 
dangerease  que  l'infortune;  aux  uns 
elle  inspire  one  trop  grande  sécurité , 
aux  autres  trop  de  témérité.  Le  plus 
grand  général  du  monde  serait  celui 
qui,  dans  les  diverses  fortunes,  conser- 
verait un  esprit  égal,  et  qui  ne  sépare- 
rait jamais  l'activité  de  la  prudence. 
Tandis  que  le  prince  de  Lorraine  s*a- 
cheminait  vers  le  Rhin,  TAUemagne 
était  inondée  d*une  nouvelle  armée 
tinngère,  qui ,  sous  prétexta  de  la 
fnitégar,  concourait  à  sa  raine.  Le  roi 


d'Angleterre  avait  envoyé  vers  le 
Rhiu  ses  troupes  hanovriennes  et  an* 
glaises,  sous  le  eommandemeut  du  lord 
Stairs.  tieorges  paâsa  lui-même  la  loer 
et  vint  à  Hanovre,  pour  se  mettre  en- 
suite à  la  tête  de  sou  armée.  Le  Ion) 
Stairs,  qui  était  à  Uœcbst,  risqua  de 
passer  le  Mein  ;  les  Français,  qui  l'é- 
piaient, roUigèrent  d'abord  à  repren- 
dre sa  première  position   Ce  pas  die 
clerc  fit  appréhender  au  roi  d'Angle- 
terre que  son  général,  trop  fongueux 
par  tempérament,  ne  commit  quelque 
imprudence  plus  forte;  il  se  hâta  de 
prendre  hii-mémc  le  eommandemeut 
de  ses  troupes.  Ce  corps  était  conipusé 
de  dix-«ept  mille  Aurais,  seixc  iiùlU: 
Ilanovriens  et  dix  mille  Autrichii'hs , 
ce  qui  faisait  quarante-trob  mille  coiu- 
baltaiis;  six  mille  Uessois  et  quoi,4L;.s 
régimens  banovriens  étaient  encofi.'  m 
marche  pour  le  joindre.  Le  lord  ^rU:^  ^ 
avait  agi  avec  si  peu  de  prudence,  q^.:» 
ses  soldats  manquaient  de  pain  e(  s  s 
chevaux  de  fourrage.  Pour  subvenir  î\ 
cet  inconvénient,  le  roi  vint  se  cam- 
per auprès  d'Aschafleubourg  ;  mais  re 
moyen  ne  suffit  pas  pour  remédier  a 
la  négligence  qu'on  avait  eue  de  ne 
pas  amasser  assez  de  vivres.  Le  Rhin 
pouvait  fournir  des  $ei*ours«.  et  le  roi, 
s'éloignant  de  cette  rivière,  se  trouva 
plus  resserré  qu'auparavant  par  le  Mein 
et  par  les  Français,  qui  gardaient  l'au- 
tre bord,  et,  sur  ses  derrières,  par  les 
montagnes  arides  du  Spesshart  ;  il  ne 
s'aperçut  que  trop  tôt  de  sa  faute.  Le 
naaréchal  de  Noailles  aOama  le  monar- 
que anglais  dans  son  eamp;  et,  comme 
il  prévit  qu'il  ne  pouvait  y  rester  que 
peu  de  jours,  Noailles  conçut  un  des- 
sein digne  du  plus  grand  capitaine.  Il 
prit  Dettingen,  et  Ot  construire  deux 
ponts  sur  le  Mein  et  préparer  h  côté  des 
guets  pour  sa  cavalerie.  Tontes  ces 
choses  s'exécutèrent  sans  que  le  roi 


HISTOIRE  1>B  MON  TEMPS. 


i(fl 


d*Aiigletem  en  eAt  vent  :  c'élail  le 
préhide  de  la  bataille  qui  devait  se  don- 
ner bientAt.  Pour  en  avoir  une  idée 
précise,  il  est  bon  de  savoir  que  Tar- 
méc  anglaise,  affamée  vers  les  sources 
iu  Mei^ ,  ne  pouvait  trouver  de  sub- 
Bistances  qu'en  prenant  le  diemin  de 
Hanau.  Sa  gauche,  longeant  toujours 
le  Mein  au  sortir  de  ces  monticules , 
traversait  la  petite  plaine  de  Dettingi  ik 
M.  de  Koailles,  en  conséquence,  te- 
nait un  détachement  tout  prêt  pour 
occuper  Aschaffenbourg  au  moment  où 
les  Anglais  en  sortiraient.  Il  avait  fait 
dresser,  tout  le  long  du  Mein,  des  bat- 
teries masquées  dont  il  pouvait  tirer  a 
booi-portanl  sur  les  colonnes  des  al- 
liés en  marche.  La  plus  forte  partie  de 
son  armée  devait  passer  le  Mein,  pour 
se  ranger  derrière  un  ruisseau  qui,  du 
Spesshart,  coule  devant  ce  front  et  va 
se  jeter  dans  le  Mein  ;  c^s  troupes  cou- 
paient précisément  le  chemin  de  Ha- 
ni^u.  Le  roi  d'Angleterre  trouvait  donc 
à  ce  débouché  une  armée  en  face  et 
des  iNitteries  ea  flanc.  Si  le  maréchal 
deMoaiiles  avait  aussi  exactement  exé- 
cuté ce  prcjet  qu'il  l'avait  conçu  avec 
spgesse.  le  roi  d'Angleterre  aurait  été 
forcé  ou  d*^taquer  l'armée  française 
dans  un  poste  très  avantageux ,  pour 
s'ouvrir,  l'épée  à  la  main,  le  passage  à 
Haiiau,  ou  de  se  retirer  par  les  déserts 
du  Spesshart  ce  qui  infailliblement  au- 
rait tait  débanaer  les  troupes  faute  de 
8«d»si6tances.  Ia  faim  chassa  les  An- 
glais d' Aschaffenbourg,  comme  Noail- 
Ica  l'avait  prévu.  Les  troupes,  qui 
lYaient  campe  par  corps,  ne  mar- 
cliaient  point  par  colonnes,  mais  se 
suivaient  à  distance ,  d'abord  les  Ha- 
DOvriens,  puis  les  Anglais  et  enGn 
les  Autrichiens.  Le  roi  était  dans  son 
cwnroase  auprès  des  troupes  de  Bano- 
m;  ou  Taverlit,  pendant  la  miirchç, 
4Qe  son  avant-garde  était  attaquée  par 


un  gros  de  cavaierle  françafee,  et  bien- 
tôt après ,  que  toute  l'armée  française 
avait  passé  le  Mein  et  se  trouvait  en 
bataîllo  vîs-à-vîs  ^^  'ni.  Le  roi  monte 
à  cheval,  il  v(3iit  voir  par  lui-même.  I^ 
canonade  des  Français  commence  ;  son 
cheval,  prenant  l'épouvante,  allait 
remporter  au  milieu  des  ennemis ,  si 
un  écuyer  ne  se  f&t  jeté  en  avant  pour 
l'arrêter.  Georges  renvoya  le  cheval , 
et  combattit  à  pied  à  la  tête  d'un  de 
ses  bataillons  anglais.  Les  troupes 
avaient  un  petit  bosquet  à  passer,  ce 
qui  leur  donna  le  temps  d'avertir  les 
autres  corps  du  danger  qui  les  mena- 
çait. Le  duc  d'Aremberg  et  M.  de  Neu- 
pcrg  accoururent  avec  leurs  Autri- 
chiens, et  formèrent  leur  armée  vis-à- 
vis  de  celle  des  Français,  aussi  bien 
que  les  circonstances  le  permettaient. 
Ce  champ  de  bataille,  n'ayant  que 
douze  cents  pas  de  front ,  obligea  les 
alliés  à  se  mettre  sur  sept  ou  huit  li- 
gnes. Les  Français  ne  leur  laissèrent 
pas  le  temps  de  finir  tranquillement 
leur  disposition  ;  la  maison  du  roi  les 
attaqua,  perça  quatre  lignes  de  cava- 
lerie, renversa  tout  ce  qu'elle  rencon- 
tra et  Gt  des  prodiges  de  valeur.  Elle 
aurait  peut-être  remporté  l'honneur  de 
cette  journée ,  si  elle  n'avait  pas  sans 
cesse  trouvé  de  nouvelles  lignes  à  com- 
battre. Ces  attaques  réitérées  l'ayant 
mise  en  désordre,  le  régiment  de  Stir- 
heim  autrichien  s'en  aperçut  et  la  fit 
reculer  à  son  tour.  Cela  n'aurait  pas 
fait  perdre  la  bataille  aut  Français;  lu 
véritable  cause  ne  doit  s'attribuer  qu'au 
mouvement  imprudent  de  M.  d'Har- 
court  et  de  M.  de  Grammont.  Ils 
étaient  à  la  droite  de  l'armée  avec  la 
brigade  des  gjBu*des  françaises  ;  ils  qm't- 
tent  leur  poste  sans  ordre,  et  s'avisent 
de  prendre  en  flanc  la  gauche  des  al- 
liés, qui  tirait  vers  le  Mein.  Pai  cette 
manœuvre,  ils  énipèchèrent  leurs  bai« 


10B 


1  Ji£D£iaC  u. 


teries,  qui  étaient  au-delà  da  Mein  et 
qui  inccHiiiiiodaient  beaucoup  les  al- 
liés^  de  tirer.  Les  gardes  françaises  ne 
soutinrent  pas  la  première  décharge 
des  Autrichiens;  elles  prirent  la  fuite 
d*une  manière  honteuse  et  se  précipi- 
tèrent dans  le  Mein,  où  elles  se  noyè- 
rent; d'autres  portèrent  le  décourage- 
ment et  répouvante  dans  le  reste  de 
Farmée.  Le  prince  Louis  de  Brunswick, 
qui  servait  dans  les  troupes  autrichien- 
nes, eut  toutes  les  peines  du  monde  à 
persuader  au  roi  d'Angleterve  de  faire 
avancer  les  Anglais  ;  ce  furent  cepen- 
dant eux  qui  décidèrent  les  Français  à 
la  retraite  et  à  repasser  le  Mein.  Les 
Français  plaisantèrent  là-dessus.  On 
appela  cette  action  la  journée  dc$  M- 
tons  rompus,  parce  que  M.  d'Harcourt 
et  H.  de  Granunont  n'avaient  attaqué 
que  dans  l'espérance  d'obtenir  le  b&ton 
de  maréchal,  comme  une  récompense 
due  à  leur  valeur.  On  donna  aux  gar- 
des françaises  le  sobriquet  de  eanard$ 
du  Mein  ;  on  pendît  une  épée  à  l'hôtel 
de  Noailles  avec  l'inscription  :  Point 
homicide  ne  $er€u.  Sans  doute  que  ce 
maréchal  ne  devait  pas  se  tenir  auprès 
de  sa  batterie  au-delà  du  Mein.  S'il 
avait  été  présent  à  l'armée,  il  n'aurait 
jamais  permis  aux  gardes  françaises 
d'attaquer  si  mal  à  propos,  et  si  les 
troupes  étaient  demeurées  dans  leur 
poste,  jamais  les  alliés  ne  les  y  auraient 
forcées.  Cette  tournée  ne  valut  au  roi 
d'Angleterre  que  des  subsistances  pour 
ses  troupes.  Le  canon  des  Hanovriens 
fut  bien  servi  ;  quelques  régimens  de 
leurs  troupes  et  quelques  régimens  au- 
trichiens, surtout  celui  de  Stirheira,  se 
distinguèrent.  M.  de  Neuperg  eut  le 
plus  de  part  au  gain  de  cette  bataille , 
et  fut  bien  secondé  par  le  prince  Louis 
de  Brunswick.  Je  sais,  d'un  oiBcier  qui 
se  trouva  sur  les  lieux,  que  le  roi  d'An- 
f^aterre  se  tint,  pendant  toute  la  ba- 


taille, devant  son  bataillon  hanofrien , 
le  pied  gauche  en  arrière,  Fépée  à  la 
main  et  le  bras  étendu,  à  peu  près 
dans  l'attitude  où  se  mettent  les  maî- 
tres d'escrime  pour  pousser  la  quarte  ; 
il  donna  des  marques  de  valeur,  mais 
aucun  ordre  relatif  à  la  bataille.  Le  duc  ' 
de  Cumberland  combattit  avec  les  An- 
glais à  la  tète  des  gardes  ;  il  se  fit  ad*  ' 
mirer  par  sa  bravoure  et  par  son  hu- 
manité. Blessé  lui-même,  il  voulut  que 
le  chirurgien  pansftt  avant  lui  un  pri- 
sonnier français  criblé  de  coups.  Les 
alliés  ne  pensèrent  pomt  à  poursuivre 
les  Français  ;  ils  ne  s'occupèrent  qn*à 
tirer  des  subsistances  dans  leur  maga- 
sin de  Hanau.  Le  vainqueur,  après 
avoir  soupe  sur  le  champ  de  bataille , 
poursuivit  incessamment  sa  route  pour 
se  rapprocher  de  ses  vivres.  Ce  qu'il  y 
eut  de  fort  extraordinaire,  c'est  qu'a- 
près cette  bataille  gagnée,  le  lord  Stairs 
pria,  par  un  billet,  le  maréchal  de 
Noailles  d'avoir  soin  des  blessés  qui  se 
trouvaient  sur  le  champ  de  bataille,  que 
les  vainqueurs  abandonnaient.  Comme 
les  alliés  portaient  tous  des  rubans 
verts  sur  leurs  chapeaux ,  on  attacha 
une  branche  de  laurier  à  celui  du  roi , 
qui  la  porta  sans  scrupule  ;  ce  9ont  des 
misères,  mais  elles  peignent  les  hom- 
mes. Cette  victoire  ne  fit  pas  autant  do 
plaisir  au  roi  de  Prusse  qu'en  avait 
ressenti  le  roi  d'Angleterre.  Il  était  *è 
craindre  que  le  ministère  Grançais,  peu 
ferme  et  découragé  par  une  suite  de 
revers,  ne  sacrifiât  la  gloire  de  Louis  XV 
et  les  intérêts  de  Fempereur  pour  se 
tirer  des  embarras,  toujours  renaissans, 
qui  l'environnaient.  Dans  le  but  d'é- 
clairer les  démarches  des  alliés,  le  roi 
fit  partir  le  jeune  comte  Finck,  sous 
prétexte  de  féliciter  le  roi  d'Angleterre 
sur  sa  victoire,  mais  réellement  pour 
veiller  à  la  conduite  de  lord  Carteret . 
et  pour  découvrir  les  négociations  ooî 


uisToiHK  D£  Mon  tkmps. 


to» 


ponmient  s'eotamer  daus  ce  camp. 
Le  prince  de  Hesse,  GuiUaame,  frère 
du  roi  de  Suède,  était  très  bien  inten- 
tionné pour  les  intérêts  de  l'empereur. 
On  se  servit  de  son  canal  pour  faire 
parvenir  à  lord  Carteret  quelques  pro- 
positions d'accommodement ,  tendant 
à  eondiier  la  Bavière  et  rAutricfae; 
mois  oet  Anglais  ne  fut  pas  asses  fin 
pour  dteslumier  le  fond  de  ses  pensées, 
ei  l'on  s'aperçut  qu'il  n'entendrait  à 
soenn  accommodement,  que  son  maî- 
tre voulait  la  guerre,  la  reine  de  Hon- 
grie le  trdne  impérial  pour  son  époux , 
ei  que  les  uns  et  les  autres  désiraient 
également  la  rume  du  Bavarois.  Le  roi 
d'Angleterre  abandonna  bientôt  le  ea- 
raotère  de  protecteur  de  l'empire  qu'il 
avait  pris;  un  r61e  d'emprunt  est  dif- 
ficile à  soutenir,  on  n'est  jamais  bien 
cpie  soi-même.  Il  refusa  avec  fierté  les 
dédmamagemens  que  divers  souve- 
rains lui  demandaient  pour  le  dégât 
que  ses  troupes  avaient  commis  dans 
leur  pays;  fi  refusa  de  même  le  paie- 
ment des  denrées  et  des  fourrages  que 
ces  princes  lut  avaient  livrés.  Il  se  ser- 
vit d'une  expression  singuUère  dans 
une  pièce  qu'fi  fit  imprimer  pour  élu- 
der ces  bonifications  ;  il  y  dit  «  que 
»  c'est  le  moins  que  les  princes  de 
»  l'empire  puissent  faire  que  de  dé- 
»  frayer  l'armée  de  leur  libérateur  et 
V  de  leur  sauveur;  que  cependant  Q 
»  aviserait  à  les  payer  selon  que  ces 
»  ÉtatB  se  conduiraient  envers  hou.  » 
Cette  hauteur  acheva  d'aUéner  les  es- 
prits. Le  monarque  le  plu»  despoti- 
que ne  s'exprime  pas  en  termes  plus 
impérieux.  Le  roi  agissait  par  intérêt  ; 
Carteret  était  violent  ;  ces  sortes  de  ca- 
ractères n'emploient  que  rarement  des 
expressions  modérées. 

Pendant  que  tous  ces  évènemens 
a'étaient  passés  sur.  le  Mein,  le  prince 
M  Lonaine  poursuivait  les  Français 


jusqu'au  bord  du  Rhin.  Son  armée 
était  partagée  en  trois  colonnes  ;  tan^ 
dis  qu'eUe  s'avançatt  vers  les  frontiitfes 
de  l'Alsace,  lui  et  le  maréchal  de  Khe- 
venhuller  se  rendirent  à  l'armée  an- 
glaise ;  ce  qui  était  d'autant  plus  facile 
que  M.  de  NoaiUes  avait  repassé  le 
Hhin  à  Oppenheim.  Le  roi  d'Angle- 
terre voulut  établir  un  concert  moyen- 
nant lequel  les  mouvemens  des  deux 
armées  seraient  si  bien  compassés  les 
uns  avec  les  autres,  qu'Os  tendraient 
au  même  but,  qui  était,  selon  le  pro- 
jet dont  on  convint,  de  reprendre  la 
Lorraine.  A  cette  fin,  le  roi  d'Angle- 
terre devait  passer  le  Rhin  à  Mayence, 
et  se  porter  en  droiture  sur  l'Alsace , 
pour  faciliter  au  jNince  de  Lorraine  les 
moyens  de  passer  le  Rhin  à  Bftle ,  de 
prendre  la  Lorraine,  et  ensuite  de  dis- 
tribuer les  troupes  victorieuses  en 
quartiers  d'hiver,  tant  en  Bourgogne 
qu'en  Champagne.  Ces  desseins  étaient 
Tastes  ;  l'exécution  répondit  mal  à  leur 
grandeur.  Le  roi  d'Angleterre,  qui 
ne  se  voyait  arrêté  par  aucune  diffi- 
culté, passa  le  Rhin  à  Mayence  et  se 
porta  sur  Worms.  Le  prince  de  Lor- 
raine, moins  heureux,  fit  passer  quel- 
ques troupes  dans  une  tle  du  Rhin  et 
quelques  Hongrois  à  Tautre  bord  ;  cel- 
les-là furent  repoussées  avec  perte. 
L'ile  du  Rhin  fht  abandonnée,  et  ce 
prince  traîna  langutssamment  dans  le 
Brisgau  la  fin  d'une  campagne  dont  les 
ccmimencemens  avaient  été  si  briHans. 
Le  camp  de  Worms  devint  alors ,  par 
l'inaction  des  troupes,  le  centire  des 
négociations.  Lés  Français  se  servirent 
de  toutes  sortes  de  voies  pour  tAter  le 
terrain  ;  ils  firent  des  ouvertures  à  lord 
Carteret  ;  ils  hasardèrent  quelques  pro- 
pos pour  sonder  le  guet,  et  voir  à  quel- 
les conditions  on  pourrait  convenir  de 
la  paix.  Les  desseins  du  roi  d'Angle- 
terre atlaienf  beaucoup  au-dett  de  teut 


et  cpie  la  France  pouvait  lui  offrir  avec  j  et  de  se  rendre  lui-même  rartiiaa  de 
iMenséaace.  Le  roi  George»,  qui  savait  |  la  grandeur  de  la  maisoD  d'AutrictMs, 
que  le  roi  de  Psusae  était  informé  de  ,  que  les  intérêts  permaneos  de  aon 


les  pourparlersi  voulut  se  servir  de  ces 
circonstances  pour  lui  faire  illusion.  U 
lui  communiqua  un  projet  de  pacifica- 
tion, par  lequel  la  France  s'offrait  d'as- 
Éster  la  reine  de  Hongrie  dans  la  con- 
quête de  1^  Silésie,  à  condition  que 
oeUoHù  reconnût  Tempereur,  et  le  re- 
mit dans  la  paisible  possession  de  la 
Bavière.  Lord  Uindfort  se  rendit  en 
Silésie,  où  le  roi  était  alors,  pour  lai 
faire  cette  ouverture  ;  mais  c'était  d'un 
air  si  empressé,  qu'au  lieu  de  con- 
yaincre  ce  prince  de  la  vérité  de  la 
chose,  on  lui  fit  soupçonner  que  ces 
propositions  de  la  France  étaient  faus- 
ses et  controttvées.  Les  dispositions  du 
roi  d'Angleterre  envers  la  Pmsseétaient 
trop  connues  ;  sa  mauvaise  volonté  'se 
manifestait  à  l'égard  du  comte  de  i  Hertxei,  émissaire  de  la  France,  était 


Finck.  Tout  cela  confirma  le  roi  dans 
l'opinion  que  cette  communication  cor- 
diale était  un  piège  que  lui  tendait  la 
politique  rusée  de  Carteret;  il  répons- 
dit  cependant  à  lord  Hindfort  qu'il 
était  très  sensible  aux  marques  d'ami- 
tié que  le  roi  d'Angleterre  lui  donnait 
dans  cette  occasion,  mais  que  comptant 
#ur  la  bonne  foi  de  la  reine  de  Uon- 
gne,  sur  la  sagesse  du  roi  Georges  et 
sur  sa  garantie  même,  il  était  sûr  que 


mais  dans  des  vues  ausri  opposées  à 
leurs  engagemens,  et  dont  l'accomplis- 
semeaf  3erait  plus  difficile  à  effectuer 
qu'on  ne  le  pensait.  Le  ministre  an<- 
glais  ne  s'attendait  pas  à  cette  réponse, 
et  ne  put  empêcher  que  son  mécon- 
tentement n'édatêt  sur  son  visage. 
Mais  quelle  apparence  que  la  roi  de 
France  eût  recours  à  un  expédient 
aussi  ridicule  pour  moyenner  sa  paix 
•vec  l'impératrice-reine,  que  celui  de 
f9  plonger  dans  une  noureUe  gnene , 


royaume  l'obligeaient  à  rabaisser  7  N'é* 
tait-il  pas  plus  naturel  de  supposer  qua 
c'était  une  fable  inventée  par  lord  Car* 
t^et,  pour  indisposer  le  roi  de  Prusse 
contre  la  France)  Garteret  ne  pou-^ 
vait-il  pas  raisonner  ainsi  :  Le  roi  de 
Prusse  est  vif,  il  prend  fw  anémeot; 
une  ouverture,  pareiUe  àceUe  que  nous 
lui  faisons,  le  transportera  de  colère  ; 
lord  Hindfort  en  profitera  en  l'aigris- 
sant au  point  de  le  foire  déclarer  con- 
tre la  France  (  et,  en  ce  cas,  nous  au- 
rons acheté  ce  secours  à  bon  marché  ? 
U  faut  avouer  cependant  que  cet  avis 
de  lord  Hindfort  était  accompagné  de 
détails  si  spécieux,  qu'U  méritait  qu'on 
s'en  éclairdt  avant  de  le  rejeter  tottt- 
&-fait.  Voici  ces  détails  :  un  certain 


venu  cbei  l'électeur  de  Mayence  pour 
insinuer  à  ce  prince  les  propositions 
qu'il  vouMt  faire  parvenir  aux  Anglais. 
Les  intrigues  des  AutrichieDS  avaient 
fait  élire  le  comte  d'Olstein  électeur 
de  Mayence  à  la  place  de  Schombom, 
qui  avait  couromié  Chartes  VU.  C'était 
mie  créature  des  Autrichiens;  il  était, 
de  irius,  soudoyé  par  les  Anglais,  aux- 
quds  il  s'était  vendu  sans  réserve.  On 
envoya  le  comte  de  Ftodc  à  Mayence 


ces  deux  pmssances  n'entreraient  ja-   pour  éclaircir  ce  fait,  et  Ton  mit  tout 


en  mouvement  en  France  pour  voir  s'il 
y  aurait  moyeu  de  pénétrer  la  vérité  : 
toutes  ces  peines  furent  perdue»,  Peut- 
être  <pie  Hertsel  avait  tenu  de  luiHBBê- 
me  des  propos  qui  donnèrent  lîe«  à 
cette  histoire;  c'était  un  aMoM  de 
mauvaise  foi  ;  il  aurait  fslhiim  Msvel 
(XSdipe  pour  expliquer  ce  mystère.  , 
Une  négociation  plus  MiperlMte 
commençait  à  se  lier  alors.  La  eottr  de 
Versaillea  se  proposait  de  fairo  eMper 
le  roi  de  Sardaîgue  daus  laaiiftiffêiade 


mSTOIflE   DK   MOIf  TFMPS. 


tâchait  d'adoucir  les  unes  et  d'arrêter 
iea  autres.  C'était  beaucoup  que  d'eip* 
pécher  qu'on  ne  jetât  de  i'Iiuile  dam 
nala  conçu  arec  tant  d'ambi^ité ,  en  1 4e  feu  ;  il  ae  serait  éteint  A  io  fln  faute 


lu  France  et  de  TEapagne.  Il  subsistait, 
*  la  vérité,  un  traité  provisionnel  entre 
Cbarles-Emnianuel  et  Marie-Thérèse , 


termes  si  généraux,  qu'on  pouvait  le 
rompre  sans  manquer  de  foi.  La  né- 
fodation  des  Français  avançait  h  Tu- 
rin, et  aurait  pu  se  conclure,  si  les 
-Français  et  les  Espagnols  n'eussent  pas 
trop  marchandé  sur  de  petits  intérêts. 
Lord  Carteret  fut  informé  de  ce  (|ui  se 
tramait  à  Turin.  Il  ne  marchanda 
poiiit  :  ses  offres,  aux  dépens  des  Au- 
trichiens; surpassèrent  celles  des  Fran* 
tais,  et  il  remporta  auprès  du  roi  de 
Sardaigne.  Par  ce  traité ,  la  reine  de 
Hongrie  lui  cédait  te  Vigévanasc ,  le 
Tortonois,  une  partie  du  duché  de 
Parme,  et  le  roi  de  Sardaif^e  lui  ga- 
rantissait tout  ce  qu'elle  possédait  en 
Italie,  s'engageant  A  la  défendre  de 
tontes  ses  forces.  Ce  traité  fut  ainsi 
arrangé  et  conclu  à  Worms.  La  cour 
de  Vienne  était  outrée  des  cessions 
que  les  Anglais  l'oUigeaient  de  faire 
sans  cesse;  on  y  envisageait  les  An- 
glais comme  de  plaisans  garans  de  la 
pragmatique  sanction ,  qui  Tébréchnien t 
sans  cesse.  Le  roi  de  Prusse  jugea  cette 
disposition  favorable  pour  inspirer  aux 
Atitrichiens  des  sentimens  pins  pacifi- 
ques; il  leur  flt  représenter  que  le 
rôle  quHs  jouaient  en  Europe  ne  leur 
était  pas  convenable  ;  que  si  l'empe- 
reur passait  poilr  la  marionette  de 
Louis  XV,  ils  passaient,  eux,  pour  être 
relie  de  Georges  II,  et  que  la  paix  était 
pour  dix  le  seul  moyen  de  se  tirer  de 
là  tutéfle  de  l'Angleterre.  Ces  repré- 
^Nsntati'ons  tes  piquèrent  d'autant  phis 
'que  fies  faftis  étaient  véritables  ;  mais 
eela  n'erapèeiia  pas  que  l'espoir  de 
conquérir  la  Lorrahie  ne  les  entraînât 
è  poursuivre  letors  mesures.  Le  roi  de 
Prîisaê  voulait  la  paix  ;  il  prêchait  la 
m  A  tontes  les  puissances  ;  il 


d'aliment.  Mais  les  meilleures  inteiv 
tiona  ne  s'accomplissent  pas  toujours. 
Les  guinéea  anglaises  commençaient  à 
mettre  en  fermentation  la  répubiiqno 
de  Hollande.  Ceux  qui  étaient  du  pari  i 
d'Orange  voulaient  la  guerre  :  les  vrais 
républicains  voulaient  le  maintien  ric 
la  paix.  La  force  des  guinées  l'emporU) 
enfin  sur  l'éloquenoe  des  meilleurs  ci- 
toyens; les  provinces  unies  épousèrei  t 
les  mtérèts  de  la  reine  de  Hongrie,  qu 
leur  étaient  étrangers,  et  les  desseins 
de  Carteret  qu'ils  ignoraient  ;  ils  en^ 
voyèrent  (1)  vingt  mille  hommes  pout 
renforcer  l'armée  de  Wonns;  qua- 
torze mille  la  joignirent,  le  reste  t^i^ 
débanda. 

Le  maréchal  de  Noailles,  après  airoir 
passé  une  partie  de  cette  campagnr 
derrière  le  Speyerbach,  abandonna  cet- 
te position  pour  se  rapprocher  de  Lan- 
dau, et  se  trouver  A  portée  de  joindre* 
le  maréchal  de  Coigni,  qui  avait  pris 
le  commandement  des  troupes  du  vieux 
Brogiie,  au  cas  que  1^  prince  de  Lor- 
raine forçAt  le  passage  du  Rhin  et  pé- 
nétrêt  en  Alsace.  Le  roi  Georges  sui- 
vit les  Français  Jusqu'au  Speyerbach , 
où  il  tennina  les  opérations  de  cette 
cantpagne,  après  avoir  fait  raser  les 
lignes  que  tes  Françafs  avatent  ftiit 
construire  sur  ses  bords.  H  retourna  k 
Hanovre  ;  les  troupes  prirent  des  quar- 
tiers dans  le  Brabant  et  dans  l'évêché 
de  Munster.  Georges,  pendant  son  sé- 
jour A  Hanovre ,  maria  sa  fille  Marie 
avec  le  prince  royal  de  Danemarck  ; 
après  quoi  il  prit  le  chemin  de  Lon- 
^h^,  pour  y  faire  A  son  pàriemerit, 
dans  une  harangue  pompeuse,  le  récit 

(1    Août  •. 


N 


ttà 


rateiuc  u, 


lift  «es  expMtg.  Mur  se  convaiuae  du 
pea  de  raile  ^û  y  a  dans  les  aetions 
iefi  hommea,  il  suffit  de  foire  ranalyse 
4e  cette  canipagoe.  Od  assemble  une 
armée  sur  le  liein ,  saos  pomiroîr  à  ses 
sobsistoncee  :  la  faim  et  la  surprise 
sUigeot  les  alliés  à  se  i>attre;  ib  sont 
▼ainqoem^  des  Français';  ib  passent  lé 
Rhin ,  ils  vont  i  Wonns  ;  le  Speyer- 
bach  les  anéte,  sans  qu'ils  trouvent 
des  expédions  pour  en  dépester  les  en- 
neans  ;  ib  avancent  enfin  sur  le  Speyer- 
bach,  qne  M.  de  NoaiBes  leur  aban* 
donne*  et  ils  ne  reçoivent  les  secours 
des  Hollandais  que  pour  prendre  des 
quartiers  d'hiver  en  Bnî>ant  et  en 
Westpfaalie.  Rien  n'est  c<Hiséquent 
dans  cette  conduite  ;  elle  ressemble  à 
Topération  d'un  cbimbte  cpù,  cher- 
chant la  pierre  ]^losopbaie«  trouve 
une  couleur  dont  il  pouvait  se  passer. 
Ce  n'est  point  dans  l'intention  de  cri- 
tiquer la  conduite  du  roi  d'Angleterre 
que  nous  foisons  ces  réOeiions ,  car 
bien  d'autres  généraux  en  ont  foit  au- 
tant; mais  seulement  pour  convaincre 
les  lecteurs  que  l'espèce  humaine  n'est 
pas  aussi  rusonnable  qu*on  voudrait 
le  persuader.  Le  peu  de  succès  qu'eu- 
rent les  Autrichiens  et  les  An^^s  dans 
cette  canqwgne  de  i^k3^  donna  aux 
Françab  le  temps  de  se  reconnaître  et 
de    (Nrendre  quekpies  mesures.    Ib 
avaient,  à  h  vérité,  perdn  la  Ravière  ; 
mab  leur  amour-propre  était  flatté  d'a- 
voir empoché  leurs  ennemis  de  passer 
le  Rhin  et  de  pénétrer  en  Alsace.  Si  la 
fortune  cliangea  souveni  de  parti  dans 
cette  guerre,  Tintérét  ne  changea  pas 
moins  la  politique  des  souverains.  Nous 
avons  dit  que  le  roi  de  Sardaigne  avait 
signé  le  traité  de  Worms.  Ce  traité  fiât 
publié  dans  le  temps  même  qu'il  négo- 
ciait encore  avec  la  France  et  l'Espa- 
i^e,  et  qu'on  s'attendait  à  Versailles 
ainoevour  d'un  jour  à  l'aulre  des  nou- 


Vdles  de  la  <90iiuhiaito  dft  InMé.  Les 
mimstnisde  Loub  KV  ne  ftarent  pas 
les  maîtres  de  dissimuler  km  tm/eat- 
timent;  et,  trouvant  danslaeenMte 
du  roi  de  Sardaigne  des  marques  de 
duplicité  et  de  méprb,  ib  édalèmit. 
Le  ministre  de  Flrance  fut  inceasam* 
moKt  rappelé  de  Turin  ;  un  oorpa  de 
dix  mille  hommes  de  tronpos  françai- 
ses se  ioigntt  au  maïqub  de  la  Mina , 
qui  commandait,  sous  don  Philippe, 
dans  la  rivière  de  Gènes.  La  Mina, 
pour  fweer  les  passages  du  Piémont, 
tenta  de  pénétrer  par  Ch&teau-Dau- 
phin,  mais  le  roi  de  Sardaigne  l'avait 
prévenu  ;  il  s'y  était  retrandié  et  oc- 
cupait deux  forts  qui  sont  sur  des  col- 
lines à  droite  et  à  gauche  du  passage. 
Les  Sardes  défendirent  si  vigoureuse- 
ment cette  gorge,  que  les  Français  et 
les  Espagnob  repoussés  de  tous  c6tés 
se  retirèrent  eaDaupbiné,  après  avoir 
perdu  six  mille  hommes  dans  cette  ex- 
pédition infructueuse.  La  facilité  qu'eut 
la  cour  de  Vienne  à  faire  entrer  le  roi 
de  Sardaigne  dans  son .  alliance ,  lui 
persuada  qu'elle  pourrait  se  procurer 
un  avantage  sembU>le  en.  Russie,  pour 
fortifier  par  son  assistance  ce  qu'elle 
appelait  la  bonne  cause*  La  France  (e 
sut  et  renvoya  le  marqub  de  la  Cbé- 
tardie  à  Pétersbourg  pour  s'opposer 
aux  desseins  de  ses  ennemb.  Cet  en- 
voyé, qui  par  son  adresse  avait  placé 
Elisabeth  sur  le  trône  compta  de  re- 
cevoir dans  sa  mission  des  marques  de 
reconnaissanee  de  cette  oour  ;  il  n'en 
emporta  que  des  témoignages  d'ingra- 
titude. Ce  pays  était  en  grande  fer* 
mentation.  Tant  de  souverains  déposés 
avaient  indisposé  ceux  des  grands  qui 
avaient  tenu  à  lenr  fortune  ;  il  ne  man- 
quait qu'un  chef  à  la  rébellion  ponr  la  1 
faire  éclater.  Les  puissances  qui  von-  ^ 
laient  à  tonte  force  des  secours  de  la 
Russie  et  qui  ne  pouvaient  les  obtenir. 


HISTOlliE   li^   MON   TE 


profitèrent  de  cei  germes  de  mé- 
:»Dtenteinent  qui  commençaient  à 
fermenter,  pour  tramer  contre  Fimpé- 
ratrice  une  conspiration  qui,  par  bon- 
heur pour  cette  princesse,  fut  décou- 
verte.Pourdéveloppercette  dangereuse 
intrigue ,  il  faut  rappeler  que  la  cour 
de  Vienne  avait  vu  avec  chagrin  la  ca- 
tastrophe qoi  perdit  le  prince  Antoine 
de  Brunswick  et  son  épouse;  c'était 
aflseï  que  la  France  eût  travaillé  à  cette 
févolttUon  pour  la  rendre  odieuse, 
d'autant  plus  qu'il  était  à  présumer  que 
rirapératrice  Elisabeth  n'oublierait  pas 
le  service  que  la  France  lui  avait  ren- 
du, et  marquerait  plus  de  prédilection 
pour  cette  puissance  que  pour  l'Au- 
tridie,  surtout  a  cause  de  la  proche 
parenté  de  la  reine  de  Hongrie  avec 
la  fomille  détrônée.  Cette  supposition 
était  suflSsante  pour  que  le  ministre  de 
Vienne  se  crût  en  droit  de  tout  entre- 
prendre pour  travailler  à  la  rume  de 
l'impératrice  de  Russie.  Le  marquis  de 
Hotta  Adomo,  envoyé  de  la  reine  de 
Hongrie  à  Pétersbourg,  avait  des  ins- 
tructions secrètes  pour  ourdir  cette 
trame;  il  était  dans  cette  cour  comme 
un  levain  qui  aigrissait  les  esprits  iif> 
ceux  qu'il  fréquentait;  il  excita  des 
femmes,  et  s'associa  avec  des  person- 
nes de  tout  rang  et  de  tout  caractère* 
II  8\|outa  la  calomnie  à  la  trahison,  en 
assurant  de  la  protection  du  roi  de 
Prusse  ceux  qui  travailleraient  pour 
son  beau-frère  et  pour  son  neveu,  le 
jeune  empereur  détrôné.  L'intention 
du  marquis  de  Botta,  en  se  servant  du 
nom  du  roi  dans  cette  intrigue ,  était 
de  brouiller  ce  prince  avec  la  Russie , 
en  cas  que  la  conjuration  fût  décou- 
verte. Elle  le  fut  effectivement  ;  mais 
le  knout  apprit  à  l'impératrice  de  Rus- 
sin  que  Botta  en  était  l'auteur.  La 
chose  se  découvrit  par  un  Russe  étourdi 
et  plein  de  vin,  qui  tint  i|uelques  pro-* 

V. 


lis 

pos  séditieux  dans  uu  da  cafés  dp 
Pétersbourg.  Il  fut  arrêté  par  la  pot- 
lice  ;  lui  et  ceux  de  ses  complices  qu'on 
arrêta  avouèrent  tout  par  la  crainte 
des  tourmens.  On  arrêta  quarante  per- 
sonnes à  Moscow,  dont  la  déposition 
fut  semblable  à  celle  des  premiers.  La 
comtesse  Bestuchi;w  eut  la  langue  cou- 
pée, la  femme  d'un  Bestuchew,  frère 
du  ministre,  fut  reléguée  en  Sibérie  ; 
un  grand  nombre  de  personnes  du- 
rent les  jours  infortunés  qu'elles  pas- 
sèrent dans  la  suite  aux  séductions  du 
marquis  de  Botta.  Ce  ministre  avait  eu 
la  précaution  de  se  faire  relever  par 
un  nouveau  ministre  avant  que  la  con- 
juration éclatât,  pour  ne  point  exposer 
sa  personne  et  son  caractère,  au  cas 
que  les  choses  ne  réussissent  point.  Il 
était  accrédité  à  la  cour  de  Berlin  lors- 
que la  conjuration  se  découvrit.  Le 
roi.  ayant  appris  ce  qui  se  passait  en 
Russie,  lui  Gt  défendre  la  cour,  et  il  se 
juiguit  à  l'impératrice  de  Russie  pour 
en  demander  satisfaction  à  la  reine  de 
Hongrie,  parce  que  Botta  avait  égale- 
ment offensé  l'impératrice  et  le  roi  de 
Prusse.  Ce  qu'il  y  avait  d'odieux  dans 
la  conduite  de  Botta  rejaillit  en  partie 
sur  sa  cour.  Si  les  Français  donnèrent 
l'exemple  d*une  semblable  entreprise, 
les  Autrichiens  ne  devaient  pas  les 
imiter. 

Que  deviendraient  la  sûreté  publi- 
que et  celle  des  rois  mêmes,  si  l'on 
ouvrait  la  porte  aux  rébellions ,  aux 
empoisonnemens ,  aux  assassinats  ? 
Quelle  jurisprudence  autorise  de  telles 
entreprises?  La  politique  n'ar-t-elle 
pas  des  voies  honnêtes  dont  elle  peut 
se  servir?  faut-41  perdre  tous  les  sen- 
timens  de  probité  et  d'honneur  pour 
des  vues  d'intérêt  qui  même  sont  trom- 
peuses? Il  est  fAcheux  que  dans  ce  dix- 
huitième  siècle,  plus  humain,  plus 
éclairé  que  ceux  qui  l'ont  précédé,  la 

9 


114 


FâiDiAic  it. 


France  et  rAotricbe  aient  de  sembla- 
Mes  reproches  à  se  faire. 

La  reine  de  Hongrie  n'arona  ni  ne 
désavoua  son  ministre.  Cette  fausse 
démarche  de  la  cour  de  Vienne  pou- 
vait fournir  h  celle  de  Berlin  les  moyens 
de  i>mir  ph»  étroitement  avec  celle 
de  Pétersbourg.  Le  roi  en  écrivit  à 
M.  tk  Mardefeld,  son  ministre  auprès 
de  rimpératrice.  Cet  habile  négocia- 
teur essaya  de  donner  plus  d'étendue 
m  traité  qui  subsistait  entre  les  deux 
puissances.  Aiȏs  bien  des  longueurs , 
fl  ne  put  obtenir  qu'une  garantie  assez 
fague  des  États  prussiens ,  conçue  en 
termes  si  ambigus,  qu'il  ne  valait  pas 
la  peine  de  Tavoir.  QiK>ique  ce  traité 
n'eAt  aucune  force,  il  pouvait  en  im- 
poser aui  COUTS  malintentionnées  à 
regard  de  la  Prusse;  pour  faire  iikh 
fion,  un  stras  vaut  un  diamant.  C'était 
le  comte  Bestuchew  qui  dissuadait 
rimpératrice  de  conclure  une  alliance 
Iphis  intime  avec  le  roi  de  Prusse.  M.  de 
la  Chétardie,  mécontent  de  ce  minis- 
tre ,  travaillaft  A  le  déplacer  ;  M.  de 
Mardefeld  fut  autorisé  à  le  seconder  ; 
rexpérfence  de  Mardefeld  ne  put  rien 
eontre  l'étoile  de  Bestncliew.  Nous 
nous  réservons  de  parler  plus  ample- 
ment, dans  la  wîle  de  cet  ouvrage,  de 
toutes  les  Intrigues  des  ministres  à  la 
cour  de  Russie.  Les  cours  étrangères 
intriguaient  également  è  Beriîn.  Les 
Anglais  ne  quittaient  pas  leur  prej«it 
d'engager  insensiblemenl  le  rei  dans 
la  guerre  qu'ils  faisaient  à  ta  (^anee  ; 
les  Français  défraient  qu'il  vint  A  leur 
leoeurs  et  les  assiaUitpar  quelque  di-^ 
muou.  Sur  ces  enU^ites,  Voltaire 
•iriva  A  Beriin.  €omme  il  avait  quei- 
qHi  protecteurs  A  Versailles ,  H  crut 
que  cela  suffisait  pour  se  donner  les 
airs  de  négociateur.  Son  Imagination 
brillante  s'élançait  sans  retenue  dans 
le  vaste  champ  de  la  poliMqM.  ■ 


vait  pohit  de  lettre  de  créance  ;  sa  mis- 
sion devint  un  Jeu,  une  simple  plai- 
santerie. 

Dans  cette  paix  dont  jouissait  11 
Prusse,  deux  objets  intéressans  étaient 
toujours  présens  au  roi  :  le  soutien  âê 
l'empereur  et  la  paix  générale.  PO10 
ce  qui  regardait  l'empereur,  comme  la 
Francel'avaitabandonnéfleseul  moyen 
de  le  soutenir  était  de  former,  conune 
nous  l'avons  dit,  une  ligue  desprincas 
de  FAUemagne,  qui  levassent  l'éten- 
dard pour  secourir  le  chef  de  l'empire 
germanique.  On  avait  déjà  essayé  dîna- 
pirer  ces  sentimens  aux  souverains  de 
l'Allemagne,  mais  en  vain.  Le  roi 
pour  essjkyer,  par  de  nouveaux  effofti. 
s'il  ne  pourrait  pas  les  déterminer  à  ce 
que  leur  intérêt  et  la  gloire  deman- 
daient d'eux,  entreprit  lui-même  de 
s'aboucher  avec  quelques-uns.  Sous 
prétexte  de  rendre  visite  aux  margra-> 
ves  de  Bareuthetd'Anspach»  sessœuri» 
U  se  rendit  dans  l'empire;  fl  poosM 
même  jusqu'à  Hohen-Oettingeti,  fel*- 
gnant  la  curiosité  de  voir  les  débris  de 
l'aimée  bavaroise,  mais,  dans  le  fond, 
pour  délibérer,  avec  le  maréchiS  de 
SeckcndorflT,  sur  les  ressorts  qu'oft 
pourrait  mettre  en  jeu  ponr  assister 
l'empereur.  Toutes  les  tentatives,  tosh 
tes  les  représentations,  toutes  les  rat- 
aons  furent  inutiles.  Les  entliousiaales 
de  la  maison  d'Autriche  se  siéraient  tt- 
crifiés  pom-  elle ,  et  ceux  qui  étaiettt 
attachés  à  l'empereur  étaient  li  întf^ 
midés  par  tant  de  revers  qui  aoca- 
Uaient  ce  prince,  qu'ils  croyaient  per» 
dre  leurs  États  au  moment  même  ni 
ils  8e  résoudraient  A  le  secourir.  La 
éucheise  douairière  de  Wnitembeig 
se  trouvait  alors  A  Bareutk;  éle  déiki 
que  le  roi  kii  rendit  ses  Mi,  dout^lle 
lui  avait  conQé  l'éducation.  Le  roi  jtt- 
gea  qu'il  serait  plus  déeeot  que  ces 
princes  parttemnt  soos  dé  pkB  ftrfUiu^ 


HlSTpiKï  im  HON   TEMPS. 


113 


}^s  auspices  ;  pour  cet  çff^,  il  obtint 
df  l'emp^eur  une  ^û^pense  4* Age  avant 
le  lerme  ordioaire.  C'était  un  moyen 
4*attacber  ces  jeup^^  prioccfi  aux  inté- 
rêts de  la  Friiuce  et  d^^  la  Jtovière. 

^  «'occupant  de  la  politique,  lu  roi 
pe  Qt^Ugeait  pa^  le  gouveruam^nt  in- 
teneur  da  &es  J^ts.  Las  fortifications 
l|e  M  Silésie  avançaiantà  vue  d'iBîl. 
po  fit  le  grand  canal  de  Plauen  pour 
abréger  la  conununicatiofi  de  TEIbe  à 

.  roder.  On  avait  creusé  le  port  de  Sfcet- 
Un  et  rendu  navigable  le  canal  de  la 
Svine.  Pes  manufactures  de  soie  s*é- 
bavèrent;  Tinsectc  qui  produit  cette 
fpatière  précieuse  devint  une  source 
nouvelle  de  richesses  pour  llb  habitans 
4e  la  campagne,  et  Ton  ouvrit  toutes 
les  portes  à  l'industrie.  L'Académie  des 
sciences  fut  renouvelée  ;  les  £uler,  les 
Lieherkubn,  les  Pott,  les  Marggraf  en 
4eyiiureut  les  oruemens.  M,  de  Um- 

,  peituis,  si  célèbre  por  ses  connaissan- 
ces et  par  so^  voyage  de  Lapouie,  de- 
vint le  président  de  cette  compagnie  : 
ajnsi  finit  l'aimée  ilki.  L'Europe  était 
an  guerre,  tout  le  moude  intriguait* 
Los  cabinets  dJes  princes  agissaient 
avec  plus  d'activité  que  les  armées.  La 
guerre  av^it  changé  de  cause.  U  ne 
^'j3igijKs^t  au  comn^ancement  que  en 
soutien  de  la  maison  d'Autriche,  que 
de  ses  F^jets  de  conquête.  L'AngIe<- 
t^re  comniencajt  à  gagner»  daus  ia 
Jl^alance  des  pouvoirs,  un  ascendant  qui 
ju.'  pronostiquai);  que  des  malheurs  à 
la  France  ;  la  fermeté  dis  l'impératrii^^- 
n^'mid  dégénérait  eu  opiniâtreté,  et  bu 
jt^cnérQiiité  apparente  du  roi  d'Augli»^ 
tarrc  Jdu  vil  intér^  pour  son  électorat. 
J^Iuis  la  Russie  4fimeurait  encore  en 
^aix.  Is  roi  4e  Prusse,  toujours  ocr- 
cupé  à  tenir  en  équilibre  le»  ppjssauces 
li^Mgérontes  •  se  jlattait  d'y  ^parvenir, 
i^jt  par  dies  Insipuatjou;^  mk^i^,  soH 


même  par  quelque  démonstration. 
Mais  que  sont  les  projets  des  bomines  ! 
L'avenir  leur  est  caché:  ils  ignorent 
ce  qui  doit  arriver  le  lendemain,  com- 
mept  pourraient-ils  prévoir  les  évèue- 
mpns  que  l'enciiainement  des  causes 
iu^condos  amuènera  dans  six  mois?  Les 
conjonctures  les  forcent  souvent  d'agir 
malgré  leiur  volonté.  Dans  ce  Aui  et 
reflux  de  la  fortune,  la  prudence  ne 
peut  que  s'y  prêter,  agir  en  consé- 
quence, ne  point  perdre  son  système 
de  vue  ;  mais  jaflpiais  eHe  pe  pourra 
tout  prévoir. 


VHL 


IMgoalaliOM  de  ranné^  ITU,  «l  ee  qui  précMa 
(a  gaerre  qime  Ja  9vm9  M/n^tli  fAMTt  la 
OMMOP  d'Aatrictia. 

Les  affaires  de  l'empire  s'^mbrouH- 
lainat  de  pto  en  plus.  Im  SMacès  dns 
Autrichiens  £|is«ent  édater  leur  am- 
bition. 11  n'était  plus  doutons  qu'ils  ne 
voubtssent  détrAner  l'emperenr  ;  In  mi 
d'Angleterre  travaillait  sourdement  au 
même  but.  La  faiblesse  de  Charles  VU 
et  l'énormité  des  prétentions  de  la 
reine  de  Hongrie  avertissaient  surtout 
les  princes  amoureui^  de  leur  Ubeité , 
qu'ils  ne  seraient  pas  long-temps  spia- 
tateurs  4*nne  guerre  où  leur  intésêt  <t 
leur  gloire  ei^igeaient  de  ne  pas  laiistf 
prendre  le  dessus  mt  auciena  nuqn- 
mis  de  la  liberté  germanique*  A  cas 
considérations  générales ,  il  s'en  joi- 
gnait de  plus  fortes  pour  le  roi  de 
Prusse.  Ni  la  reine  de  Hongrie,  ni  i^ 
roi  d'Angleterre  ne  savainnt  asseabinii 
dissimuler  leur  mauvaîsa  rolonb^  ;  nlli 
se  manifestait  en  toute  rencontre^  Mer 
ri(^Thérâse  se  plaignant  au  m  Goorgaa 
des  cessions  ^u'U  l'oUigeait  de  &îre , 
suEtout  deoetleAe  la  SUéaie,  finoiyM 


ilÔ 


raiotuc  u. 


lui  répondu  :  «  Madame ,  ce  qui  est 
»  bon  à  prendre,  est  bon  à  rendre.  » 
Cette  anecdote  est  certaine,  et  l'auteur 
a  vu  la  copie  de  cette  lettre.  Enfin 
l'on  savait  que  l'Angleterre  etrAutri- 
die  se  proposaient  de  forcer  la  France 
à  faire  sa  paii,  de  manière  que  la  ga- 
rantie de  la  Silésie  n'y  fût  pas  insérée. 
Qu'on  ajoute  à  ces  choses  la  conduite 
du  marquis  de  Botta  à  Pétersbourg,  et 
il  paraîtra  clair  que  le  roi  de  Prusse 
n'avait  pas  tort  d'être  sur  ses  gardes , 
et  de  se  préparer  même  à  la  guerre,  si 
la  nécessité  la  rendait  nécessaire.  Com- 
me le  roi  s'était  toujours  défié  des  en- 
nemis avec  lesquels  il  avait  fait  la  paix, 
il  avait  eu  une  attention  particulière  à 
se  préparer  à  tout  événement.  Une 
bonne  économie  avait  en  quelque  ma- 
nière réparé  les  brèches  de  la  dernière 
guerre,  et  l'on  avait  amassé  des  som- 
mes qui  pouvaient  suffire,  en  les  em- 
ployant avec  prudence,  aux  frais  des 
deux  campagnes.  A  la  vérité  les  forte- 
resses étaient  phitAt  ébauchées  qu'en 
état  de  défense  ;  mais  les  augmenta- 
tions dans  l'armée  étaient  achevées, 
tes  munitions  de  guerre  et  de  bouche 
amassées  pour  une  campagne.  En  un 
mot,  l'acquisition  de  la  Silésie  ayant 
tlonné  de  nouvelles  forces  à  l'État ,  la 
Prusse  était  capable  d'exécuter  avec 
vigueur  les  desseins  de  celui  qui  la 
gouvernait.  Il  restait  à  prendre  des 
mesures  pour  ne  rien  appréhender  de 
ses  voisins ,  surtout  pour  se  conserver 
le  dos  libre,  si  l'on  se  proposait  d'agir 
d'un  autre  c6té.  De  tous  les  voisins  de 
la  Prusse,  Tempire  de  Russie  mérite  le 
^UB  d'attention,  comme  le  plus  dan- 
gereux :  il  est  puissant.  Le  roi  appré- 
hendait moins  le  nombre  de  ses  trou- 
pes que  cet  essaim  de  Cosaques  et  de 
Tartares  qui  brûlent  les  contrées,  tuent 
les  habilans  ou  les  amènent  en  escla- 
vage ;  ils  font  la  ruine  des  États  qu'ils 


inondent.  D'ailleurs,  à  d'autres  enni>- 
mis  on  peut  rendre  le  mal  pour  le  mal, 
ce  qui  devient  impossible  à  Tégard  de 
la  Russie,  à  moins  d*avoir  une  flotte 
considérable  pour  protéger  et  nourrir 
l'armée  qui  dirigerait  ses  opérations 
sur  Pétersbourg  même.  Dans  la  vue 
de  se  concilier  l'amiUé  de  b  Russie,  le 
roi  mit  tout  en  œuvre  pour  y  parve- 
nir ;  il  poussa  même  ses  négociations 
jusqu'en  Suède.  L'impératrice  Elisa- 
beth se  proposait  alors  de  marier  le 
grand-duc,  son  neveu,  afin  de  s'assu- 
rer d'une  lignée.  Quoique  son  choix 
ne  fût  pas  fixé ,  son  penchant  le  por- 
tait à  donner  la  préférence  à  la  prin- 
cesse UMque,  soeur  du  roi.  La  cour  de 
Saxe  avait  dessein  de  donner  la  prin- 
cesse Marianne ,  seconde  fille  d'Au- 
guste, au  grand-duc,  pour  gagner  du 
crédit,  à  la  faveur  de  cette  alliance, 
auprès  de  l'impératrice.  Le  ministre 
de  Russie,  dont  la  vénalité  aurait  mis 
sa  maîtresse  A  l'enchère,  s'il   avait 
trouvé  quelqu'un  assez  riche  pour  la 
lui  payer,  vendit  aux  Saxons  un  con- 
trat de  mariage  précoce.  Le  roi  de 
Pologne  le  paya,  et  n'eut  que  des  pa- 
roles pour  son  argent.  Rien  n'était 
plus  contraire  au  bien  de  l'État  de  la 
Prusse  que  de  souflrir  qu'il  se  formât 
une  alliance  entre  la  Saxe  et  la  Russie  ; 
rien  n'aurait  paru  plus  dénaturé  que 
de  sacrifier  une  princesse  du  sang 
royal  pour  débusquer  la  Saionne.  On 
eut  recours  à  un  autre  expédient.  De 
toutes  les  princesses  d'Allemagne  en 
Age  de  se  marier,  aucune  ne  convenait 
mieux  à  la  Russie  et  aux  intérêts  prus- 
siens que  la  princesse  de  Zerbst.  Son 
père  était  maréchal  des  armées  du  roi, 
sa  mère,  princesse  de  Holsteîn,  sœur 
du  prince  successeur  au  trône  de  Suè- 
de, et  tante  du  grand-duc  de  Russie. 
Nous  n'entrons  pas  dans  les  détails 
minutieux  de  cette  négociation  ;  il  suf- 


HISTOIRE   m:  ftlO.N   TEMP». 


117 


It  de  savoir  qu'il  fallut  employer  plus 
de  peine  pour  lui  faire  prendre  de  la 
eonsistance ,  que  s'il  se  fût  agi  de  la 
chose  du  monde  la  plus  importante. 
Le  père  de  la  princesse  même  y  répu- 
gnait ;  luthérien ,  comme  on  l'était  du 
temps  de  la  réforme,  il  ne  voulut  con- 
sentir avoir  sa  Dite  se  faire  schismati- 
qoe,  qu'après  qn'un  prêtre  plus  traita- 
Ûe  lui  eut  démontré  que  la  religion 
grecque  était  à  peu  près  la  même  que 
la  luthérienne.  En  Russie,  H.  de  Mar- 
defeld  cacha  si  bien  au  chancelier  Bes- 
tucbew  les  ressorts  qu'il  mettait  en 
Jeu,  que  la  princesse  de  Zerbst  arriva 
à  Pétersbourg  an  grand  étennement 
de  l'Europe,  et  que  l'impératrice  la 
reçut  à  Moscow  avec  de  sensibles  mar- 
ques de  satisfaction  et  d'amitié.  Tout 
n'était  pas  aplani;  il  restait  encore 
une  difficulté  à  vaincre  :  les  jeunes 
promis  étaient  parens  au  degré  de 
cousinage.  Pour  lever  cet  empêche- 
ment ,  on  gagna  les  popes  et  les  évé- 
ques,  qui  décidèrent  que  ce  mariage 
était  tiès  conforme  aux  lois  de  l'Eglise 
grecque.  Le  baron  de  Mardefeld,  non 
content  de  ce  premier  succès,  entre- 
prit de  transférer  la  prison  de  la  fa- 
mille malheureuse,  de  Riga  dans  quel- 
que autre  lieu  de  la  Russie  ;  il  y  réus- 
sît. Ld  sûreté  de  l'impératrice  deman- 
dait qu'on  éloignât  du  voisinage  de 
Pétersbourg  ces  personnes,  qu'une 
révolution  avait  fait  descendre  du  trô- 
ne, et  qu'une  autre  révolution  pouvait 
y  replacer.  On  les  mena  au-delà  d'Ar- 
changel,  dans  un  lieu  si  barbare,  que 
le  nom  même  en  est  inconnu.  Dans  le 
temps  que  nous  écrivons  ces  mémoi- 
res, le  prince  Antoine-Ulric  de  Bruns- 
wick s'y  trouve  encore.  M.  de  Marde- 
feld  et  le  marquis  de  la  Chétardie,  qui 
te  crurent  forts  après  Tarrivée  de  la 
princesse  de  Zerbst,  voulurent  oouron- 
nfot  l'es^vre  en   faisant  renvoyer  le 


grand-chancelier  Bestuchew,  ennemi 
de  la  France  par  caprice  et  attaché  à 
l'Angleterre.  C'était  un  homme  sans 
génie,  peu  habile  dans  les  affaires,  fier 
par  ignorance,  faux  par  caractère,  don* 
ble  même  avec  ceux  qui  l'avaient  adie* 
té.  Les  intrigues  de  ces  ministres  eu- 
rent assez  dlnfluence  pour  séparer  les 
deux  frères.  Le  grand-maréchal  Bes- 
tuchew fut  envoyé  à  Berlin  en  qualité 
de  ministre  plénipotentiaire  de  la  Rus- 
sie ;  mais  le  chancelier,  trop  bien  an- 
cré à  la  cour,  se  soutint  contre  tous 
les  assauts  qu'on  lui  donna.  M.  de 
Mardefeld  fut  assez  habile  pour  ne 
point  paraître  mêlé  dans  ces  intrigues. 
M.  de  la  Chétardie,  moins  prévoyant, 
s'y  montra  à  découvert.  Dès-lors,  sans 
que  la  cour  eût  d'égard  pour  son  ca- 
ractère ni  pour  les  services  qu'il  avait 
rendus,  on  l'obligea  de  quitter  la  Rus- 
sie avec  précipitation  et  d'une  manière 
peu  honorable.  Après  que  l'impéra- 
trice se  fut  déterminée  au  choix  de  la 
princesse  de  Zerbst  pour  le  mariage 
du  grand-duc,  on  eut  moins  de  peine 
à  la  faire  consentir  à  celui  de  la  prin- 
cesse de  Prusse  Ulrique  avec  le  nou- 
veau prince  royla  de  Suède.  C'était  sur 
ces  deux  alliances  que  la  Prusse  fon^ 
dait  sa  sûreté.  Une  princesse  de  Prusse, 
près  du  trône  de  Suède ,  ne  pouvait 
être  l'ennemie  du  roi  son  frère,  et  une 
grande-duchesse  de  Russie ,  élevée  el 
nourrie  dans  les  terres  prussiennes, 
devant  au  roi  sa  fortune,  ne  pouvait  le 
desservir  sans  ingratitude.  Quoiqu'on 
ne  pût  alors  rendre  l'alliance  de  la 
Russie  plus  solide,  ni  remplacer  le 
chancelier  Bestudiew  par  un  ministre 
mieux  intentionné,  on  eut  recours  à 
d'autres  moyens  pour  ouvrir  un  cœur 
à  portes  de  fer  :  ce  fut  là  la  rhétorique 
dont  M.  de  Mardefeld  se  servit  jusqu'à 
l'année  i  7i5,  pour  tempérer  lamauvaise 
volonté  d'un  homme  aussi  mal 


118 


FRÊDÉnir,  ir. 


\» 


ToM  ces  faits*  (pie  tioM  v«non{t  de  dé-   tôt  la  n»''gochition  ne  rencontra  pl(ti 


tailfef ,  IIH)Tttrefil  bien  que  te  foi  de 
Pnme  n'atait  pas  parfaitemenl  réitsêi 
daiH  ses  iiitrigties,  et  que  ce  qu'il  put 
ôMetiir  de  la  Russie  ne  répondait  pas 
entièretnetit  à  ses  espérances.  C'était 
tetijottrs  beascoiip  qtie  d'avoir  assoupi, 
pour  un  temps,  la  maUfâise  voiotité 
d'mè  pttissaiiee  aussi  dangereuse  ;  qui 
gigité  du  temps  a  tout  gagné.  On  fit 
enoote  nû  essai  pour  une  association 
des  princes  de  l'empire.  On  pouvait 
compter  sur  le  landgrave  de  Hesse^ 
sur  le  duc  de  Wurtemberg,  sur  l'éleo^ 
têor  de  Cologne  et  l'électeur  palatin  ; 
00  avait  ébranlé  l'évèque  de  Bamberg  ; 
mais  11  fallait  acheter  leur  assistance  s 
point  d'argent,  point  de  prince  d'Al- 
lemagne. La  France  ne  voulut  pas 
cOttSeritir  an  subsides  qu'il  lui  en  eût 
ccêié,  et  la  diose  manqua  une  troi^ 
slftme  fois.  It  aurait  été  à  souhaiter 
qu'on  eAt  pu  s'entendre  avec  la  cour 
de  Saxe;  mais  on  y  rencontra  phis 
d'obstacles  que  partout  ailleurs.  Le  roi 
de  Mogne  étrit  mécontent  de  ce  que 
la  pait  de  Bresiau  ne  l'avait  pas  mis  en 
posses^on  de  la  Motavie;  il  croyait 
(Sanquérlr  des  prt)vinces  à  eoups  de 
plume.  D  était  jaloux  de  ce  que  la  mai- 
son dé  Brandebourg  avait  acquis  la 
9flésie,  et  de  ce  qu'il  n'avait  rien  ga- 
gné à  cette  guerre  ;  il  croyait  que  ses 
prétentions  sur  la  succession  de  Char^ 
les  TI  étaient  les  mieux  fondées;  il 
envfett  la  couronne  impériale  h  Télec- 
teuf  te  Bavière,  et  délestait  les  Fran^ 
çais,  qu'il  aoeusait  de  l'avoir  tfompé. 
Dés  dispositions  aussI  favorables  n'é^ 
chappèrent  pas  d  la  eonr  de  Vietme. 


d'obstacles.  On  conchit  une  alliance 
défensive  entre  r Autriche,  fAngte» 
terre  et  la  Saxe ,  dont  les  artidef  ii^ 
crets  furent  signés  h  Varsovie.  Lea 
parties  contractantes  se  gardarent  Mes 
de  les  publier.  Cela  n'empêcha  paaqM 
le  roi  de  Prusse  ne  s'en  proeurèt  tme 
copie  ;  et^  comifie  ce  traité  fUt  une  des 
causes  principales  de  hi  gum*e  qde  kf 
roi  déclara  dans  la  suite  ft  la  retoè  de 
Hongrie,  il  sera  néce^aire  que  Mvâ 
en  f apportions  quelques  articles,  4M 
justifieront,  aux  yeux  de  la  postêrHé  « 
la  guerre  qu'elles  prodoisn*ent  s 

n  Art.  S.  Pour  cet  cffMi  tes  attél 
)»  s'engagent  derechef  à  une  garantie 
f)  tout  eapresse  de  tous  royaume  ^ 
»  états^  pays  et  domaines  qu'ils  posaè^ 
n  dent  actuellement  on  doittnt  pbêèê^ 
»  dèrm  i^ntu  du  traité  d'aViaMê  faii  é 
y^  Turin  en  1703  ;  des  traités  de  paht 
>i  d'Utrecht  et  dé  Bréda  ;  du  traité  de 
n  paix  et  d'alliance  communément  ap* 
»  pelé  la  quadruple  alKance  ;  du  traité 
9  de  pacification  et  d'alliance  condtt  à 
»  Tienne  le  10  mars  1T31;  de  VûM 
))  de  garantie  donné  eh  conséquence , 
»  et  passé  en  loi  de  femphi;  le  11  f^ 
»  vrier  lT3Si  ;  de  l'acte  ffaciîesMon  s^ 
»  gné  pareillement  en  conséifuenoe  I 
»  La  Haye  le  20  février  1788  ;  du  traitt 
D  de  paix  signé  à  Vienne  le  18  UO^ 
»  vembre  1798  ;  de  ractessîon  qui  y  a 
»  été  faite  et  signée  a  Versailles  te  8 
»  fétrier  If  S9  ;  tous  lesquels  traités 
»  sont  pleinement  rappelés  et  confira 
»  mc'^s  id,  autant  qu'ils  peuvetot  coti- 
»  cerner  les  alliés,  et  qu'ils  n'y  ont  pas 
t  dérogé  Spécialement  par  )e  présent 


Ce  négociateur  féminin,  la  vieille  de-^  !  »  traité,  n 


moiselle  Kling,  était  toujours  A  nresde  t 
elle  ménagea  si  bien  l'esprit  du  rof ,  dé 
la  reine,  du  comte  •*•  et  dd  confesseur, 
qtf*«He  les  amena  ft  la  résolution  de 
s'alHar  Êtm  la  rrtne  dé  Rf^n^rle.  Wén- 


Qniconque  lit  cet  article  avec  Im^ 
partialité ,  doit  y  trouver  le  germe 
d'une  alliance  oflfensive  pi^éperée  eoH*"» 
tre  lé  roi  de  Pnisse.  1  a  i^ine  de  Bmm 

jgrfe  se  fMt  gatSIIintfr  dèS  BMi  ^U'éH6 


mSTOIRK  DB  «Oïl  JBMPS, 


possédait  dn  temps  de  ces  traités  allé- 
rués  et  qu'elle  a  perdus  par  la  suite.  Si 
cette  princesse  et  le  roi  d'Angleterre 
avaient  agi  de  bonne  foi,  ne  devaient* 
ils  pas  rappeler  également  dans  cette 
alliance  le  traité  de  Breslau?  8i  nous 
dépouillons  cet  artiele  du  style  énig- 
natique  dont  il  est  enveloppé,  on  y 
voit  une  garantie  formelle  des  États 
que  rimpéffitrio^^reine  doit  posséder 
conformément  à  la  pragmatique  sanc-* 
lion,  et  pai  conséquent  de  la  Silésie. 
Mais  Tartidd  13  de  ce  traité  de  Worms, 
auquel  le  roi  de  Pologne  avait  accédé , 
eiplique  même  les  moyens  dont  la 
eour  de  Vienne  se  servira  pour  récu- 
pérer ses  provinces  perdues.  Le  voici  : 
«  Art  18.  Et  aussitôt  que  l'Italie  sera 
délivrée  d'ennemis,  et  hors  de  dan- 
gers ai^parens  d'être  envahie  dere- 
chef, non  seulement  Sa  Majesté  la 
reine  de  Hongrie  pourra  en  retirer 
une  partie  de  ses  troupes,  bmIa,  si 
elle  le  demande,  le  roi  de  Sardaigne 
lui  fuumira  ses  propres  troupes  pour 
les  employer  à  la  sûreté  des  États  de 
Sa  Miijeeté  la  reine  en  Lombardie , 
Êàn  qu'elle  ppisse  se  servir  d'un  plus 
grand  noaiÂre  des  siennes  «n  AlU- 
meffia;  tout  eorame,  h  hi  réquisition 
du  roi  de  Sardaigne,  la  reine  de 
Hongrie  fera  passer  ses  troupes  dans 
les  États  dadit  roi,  s'il  le  fallait,  pour 
en  défendre  les  passages  qu'une  ar- 
mée eftoemie  entreprendrait  de  for< 
eer,  et  pour  délivrer  d'ennemis  tous 
les  États  du  roi  de  Sardaigoe,  et  les 
mettre  hors  de  danger  d'être  enva- 
his derechef.  » 
Voilà  donc  la  reine  de  Hongrie  qui 
teut  retirer  ses  troupes  d'Italie  pour 
les  employer  en  Allemagne.  Contre 
f|ttt  sera-eef  eontre  la  Saxe?  die  a  fait 
une  aIRamre  avee  te  roi,  électeur  de  ce 
f&fi.  Contre  la  Savière Telle  a  si  bien 
'%umRié  Teitopereur,  qu'elle  possède 


son  patrimoine.  Ce  ne  peut  donc  êtrci 
que  contre  le  roi  de  Prusse  qu'elle  mé- 
dite une  nouvelle  guerre*  Le  roi  d'An- 
gleterre ,  selon  les  engagemens  qu'il 
avait  pris  par  le  traité  de  Breslau,  de-- 
vait  communiquer  fidèlement  à  celui 
de  Prusse  tous  les  traités  qu'il  ferait. 
Il  se  garda  bien  de  rien  dire  de  celui* 
ci.  La  raison  en  était  claire  :  ce  qui 
s'était  forgé  à  Worms  et  ce  qui  fut  ra- 
tifié à  Turin  et  4  Varsoyie,  renversait 
tant  ce  que  le  roi  d'Angleterre  mênM 
avait  stipulé  par  le  traité  de  Breslau 
Ces  nouvelles  aUiances  furent  commur 
niquées  aiu  États-généraux,  et  ce  fut 
de  La  Haye  qu'on  apprit  ce  qui  en  fai- 
sait la  teneur.  Selon  les  règles  de  \fi 
saine  politiquot  les  cours  de  Vienne  ef 
de  Londres  n'auraient  pas  dû  démas- 
quer si  vite  leurs  desseins.  Ces  cours 
avaient  encore  les  armes  à  la  main,  et 
eombattaient  eontre  la  France  et  l'Es- 
pagne, de  la  Lombardie  au  Rhin  et 
même  eo  Flandre.  Ne  pouvait-on 
pas  préfoir^  À  moins  que  le  roi  de 
Prusse  ne  fût  devenu  entièrement  stu- 
pide,  qu'il  n'attendrait  pas  de  sang- 
froid  qu'on  prit  des  mcsuies  pour  l'ac- 
cabler, et  que  plutôt  il  ferait  les  der- 
niers eflTorts  pour  prévenir  les  desseins 
de  ses  ennemis.  Il  est  évident  que  la 
Prusse  ne  to'ouvait  plus  de  sûreté  dans 
la  paix  de  Breslau;  il  fallait  donc  en 
chercher  ailleurs.  La  situation  était 
oritiquo.  Il  fallait,  ou  que  le  roi  s'aban- 
donnât au  hasard  des  évènemens,  ou 
qu'il  prit  un  parti  violent ,  sujet  aux 
phis  grandes  vicissitudes.  Les  minis- 
tres représentaient  à  ce  prince  que 
quiconque  se  trouve  bien,  ne  doit  pas  ^ 
se  mouvoir;  que  c'est  une  mauvaise  ( 
assertion  en  politique  de  faire  la  guerre 
pour  l'ériter,  et  qu'fi  follait  tout  at- 
tendre da  bénéfice  du  temps.  Le  roi 
leur  r^ondait  qu»  tour  tiîiiidité  les 
•vei^tMps  t'élaît  une  grande  iy- 


IW 


Fntoftiuc  n. 


pradence  de  ne  pas  prévenir  à  temps 
mn  malheur,  quand  on  a  les  moyens 
de  s'en  garantir;  qu'il  sentait  qu'en 
faisant  la  guerre,  il  exposait  sa  nobles- 
se^  ses  sujets,  son  Etat  et  sa  personne 
à  des  hasards  inévitables;  mais  que 
cette  crise  demandait  une  décision,  et 
qu'en  pareils  cas,  le  plus  mauvais  parti 
était  celui  de  n'en  prendre  aucun. 

Pour  voir  d*un  coup-d'œil  les  rai* 
sons  que  le  roi  crut  avoir  de  déclarer 
la  guerre  è  la  reine  de  Hongrie,  et  les 
raisons  que  lui  opposaient  ses  minis- 
tres, nous  ferons  usage  d'un  mémoire 
qu'il  leur  envoya  écrit  de  sa  main  ;  en 
voici  la  copie  : 

«  Ponr  prendre  un  parti  jndidenx , 
D  il  ne  faut  point  se  précipiter.  J'ai 
»  mûrement  réfléchi  sur  la  situation 
V  où  nous  nous  trouvons,  et  voici  les 
n  remarques  que  je  fais  sur  la  conduite 
»  de  mes  ennemis,  en  la  résumant 
9  pour  mieux  constater  leurs  desseins. 
B  1"*  Pourquoi,  par  la  paix  de  Breslau , 
»  la  reine  de  Hongrie  s'est*elle  si  obs- 
»  tinément  opiniAtrée  à  se  réserver  les 
)»  hautes  montagnes  de  la  haute  Silé- 
>  sie,  qui  sont  d'un  si  modique  rap- 
»  port?  Certainement  l'intérêt  n'y  a 
»  aucune  part.  J'y  découvre  un  autre 
»  dessein  c'est  de  se  conserver,  par 
»  la  possession  de  ces  montagnes,  des 
1»  chemins  avantageux  pour  s'en  as- 
>i  surer  l'entrée  lorsqu'elle  le  jugera  à 
»  propos.  S*"  Quelle  raison  a  obligé  les 
»  Autrichiens  et  les  Anglais  a  s'oppo- 
)>  ser  sous  main  à  la  garantie  du  traité 
»  de  Breslau  que  Mardofeld  négociait 
»  à  Pétersbourg,  si  ce  n'est  que  cette 
D  garantie  empêchait  ces  puissances 
»  de  rompre  le  traité  1  Vous  répondez 
»  que  la  politique  des  Anglais  est  sim- 
»  pie  ;  qu'ils  veulent  m'isoler,  afin  que, 
»  n'ayant  d'autre  garantie  que  la  leur, 
»  je  dépende  uniquement  d'eux.  J'ose 
»  demander  <  messieurs  les  ministres 


»  si,  supposant  aux  Anglais  l'une  ou 
»  Tautre  de  ces  intentions,  elles  nous 
»  sont  favorables  ou  désavantageuses? 
3*  Pourquoi  lord  Carteret  ne  se  hà- 
te-t-il  pas  de  terminer  les  petits  dif- 
férends au  sujet  de  quelques  frontiè- 
res litigieuses  entre  le  pays  de  Min- 
den  et  celui  de  Hanovre,  pour  un 
péage  des  Hanovrienssur  TËlbe.  en- 
fin  pour  les  bailliages  qui  nous  soni 
hypothéqués  dans  le  Mecklenbourf^  ? 
C'est  qu'il  ne  se  soucie  point  du  tout 
d'établir  une  bonne  harmonie  entre 
nos  deux  cours.  Le  comte  de  Pode- 
wils  suppose  que  la  maison  de  Ha- 
novre a  autant  d'intérêt  que  celle  de 
Brandebourg  à  terminer  ces  diffé- 
rends. Pourquoi  donc  ne  le  fait-elle 
pas?  Mais  le  roi  d'Angleterre  vou- 
drait envahir  le  Mecklenbourg,  Pa 
derbom,  Osnabruck  et  l'évêcbé  de 
Hildesheim  ;  il  voit  que  ces  vues  d'a- 
grandissement sont  incompatibles 
avec  une  étroite  liaison  entre  la 
Prusse  et  l'Angleterre.  4«  Peutr*on 
»  compter  sur  les  promesses  d'un  prin- 
D  ce  qui  manque  è  ses  engagemens? 
D  Le  roi  d'Angleterre  promit,  lorsqu'il 
assembla,  l'année  1743,  son  armée 
sur  le  Rhin,  de  ne  rien  entreprendre 
ni  contre  les  États  héréditaires  de 
l'empereur  ni  contre  sa  dignité  ;  à 
présent,  conjointement  avec  la  reine 
de  Hongrie,  il  prend  des  mesures 
pour  le  forcer  à  l'abdication.  5"*  Rap- 
peles^vous  les  intrigues  du  marquis 
de  Botta  à  la  cour  de  Pétersbom^  ; 
ne  tendaient-elles  pas  à  remettre  la 
famille  exilée  sur  le  trêne?  Pour- 
quoi? parce  qu'il  savait  que  l'impé- 
ratrice Elisabeth  était  dans  nos  inté- 
rêts, et  qu'il  s'attendait  que  le  prince 
Antoine  devant  le  rétablissement  de 
sa  famille  à  la  cour  de  Vienne,  il  lui 
serait  à  jamais  dévoué,  et  partage- 
rait sa  haine  pour  tout  ce  qui 


UIS  loi  liL  DE  UON  TJBIfVS. 


lîl 


m  prussien.  De  plus,  à  quel  dessein  flt- 

>  il  usage  de  mon  nom  dans  celte  abo- 
li minable  conjuration ,  si  ce  n'était 
»  pour  me  brouiller  avec  riropératrice, 
»  au  cas  que  sa  trame  fût  découverte? 
»  C'était,  dites-Yons,  par  un  effet  de  la 
i>  tendresse  que  la  reine  de  Hongrie  a 
»  pour  ses  parens.  Hélas  !  trouvez-moi 
»  de  grands  princes  qui  respectent  les 
9  liens  du  sang.  6""  Vous  croyez  qu'on 
A  ne  doit  pas  mépriser  la  garantie  du 
»  traité  de  Breslau  qu*a  donnée  le  roi 
p  d'Angleterre.  Et  je  vous  réponds 
»>  que  toutes  les  garanttes  sont  comme 
»  des  ouvrages  de  flligrane,  plus  pro- 
»'  près  h  satisfaire  les  yeux  qu'à  être 
i'  tie  quelque  utilité.  T""  Mais  je  veux 

>  bien  vous  abandonner  tout  ce  que  je 
>»  viens  de  vous  marquer.  Vous  sera- 
»  t-il  possible  de  donner  une  bonne 
i>  interprétation  au  traité  de  Worms 
V  el  i\  relui  de  Varsovie?  Le  langage 
»  îles  ministres  aulrichiens  est  que  ce 

Imité  n'a  pour  objet  que  l'Italie.  Li- 
><•/.  les  deux  articles  que  j'ai  cités,  et 
\  ous  verrez  clairement  qu'ils  regar- 
r  (lent  l'Allemagne  en  général,  et  qu'en 
»  particulier  ces  articles  m'ont  direc- 
»  tement  en  vue.  8"  Cette  alliance  avec 
»  la  Saxe  est  encore  moins  innocente; 
y»  elle  livre  aux  Autrichiens  un  passage 
9  et  des  secours  pour  m'attaquer  dans 
9  mes  pro{M^s  foyers.  Vous  soutenez 
»  que  cette  alliance  ne  s'est  faite  q^ie 
9  pour  procurer  des  présens  récipro- 
»  qnes  aux  ministres  qui  sont  à  la  tète 
9  des  affaires  dans  les  deux  cours.  En 
venté  je  ne  m'y  attendais  pas;  il 
faut  avouer  que  vous  avez  l'esprit 
•  transcendant.  9*"  Voici  une  autre 
question  :  attendra-t-on  que  la  reine 
de  Hongrie  soit  délivrée  de  tous  ses 
p  embarras,  qu'elle  ait  la  paix  avec  les 
9  Français,  qu'elle  force  l'empereur  à 
9  rabdieation  ?  Attendra*tron,  dis-je, 
1^  ^*eHe  poisse  se  servir  de  toutes  ses 


}i 


)> 


D  forces,  de  celles  des  Saxons  et  de 
»  l'argent  de  l'Angleterre,  pour  nous 
»  attaquer,  avec  tous  ces  avantages, 
0  au  moment  que  nous  serons  dépour- 
»  vus  d'alliés,  et  que  nous  n'aurons 
»  d'autres  ressources  que  celles  de  nos 
x>  propres  forces?  Vous  soutenez  qui* 
»  la  reine  de  Hongrie  ne  terminera 
0  pas  cette  guerre  dans  une  seule  cam- 
»  pagne,  que  ses  pays  sont  ruinés,  s(*s 
»  revenus  arriérés  de  dix  ans,  ^  qu'elle 
9  ne  sentira  son  épuisement  qu'après 
9  la  paix.  Je  réponds  que  tout  le  mon- 
9  de  ne  convient  pas  que  ses  finances 
9  soient  aussi  épuisées  que  vous  le 
9  supposez.  De  vastes  Etats  lui  four- 
9  nissent  dé  grandes  ressources.  Qu'on 
9  se  souvienne  qu'à  la  fin  de  la  guerre 
9  de  succession,  guerre  qui  avait  en- 
»  glouti  des  trésors,  l'empereur  Cbar- 
9  les  VI  soutint  encore  toute  une  cam- 
9  pagne  contre  les  Français  sans  sub- 
9  sides  étrangers,  lorsque  la  reine  Anne 
»  fit  la  paixd'Utreclit  séparément.  Faut- 
9  il  attendre  qu' Annibal  soit  aux  portes 
»  pour  se  déclarer  contre  lui?  Qu'on 
9  se  souvienne  qu*en  l'année  1788  le 
9  comte  Zinzendorff  pariait  que  les 
fl  Français  ne  passeraient  pas  le  Rhin, 
9  pendant  qu'ils  bombardaient^t  pre- 
9  naient  Kehl.  La  sécurité  ajoute  que 
»  lorsque  le  feu  roi  acquit  la  Poméra* 
»  nie  ultérieure,  tout  le  monde  crut 
9  que  la  Suède  ferait  revivre  tôt  ou 
9  tard  ses  droits  sur  cette  province,  et 
9  cependant  cela  n'arriva  pas.  Cette 
9  comparaison  est  fausse,  et  ce  raison- 
9  nement  tombe  de  lui-même.  Corn- 
9  ment  mettre  en  parallèle  un  royaume 
9  ruiné,  épuisé,  démembré  tel  que  la 
9  Suède,  avec  la  puissante  maison d'Au- 
9  triche,  qui,  loin  d'avoir  fait  des  pertes, 
0  médite  actuellement  des  conquêtes? 
9  Les  partisans  outrés  de  la  reine  de 
9  Hongrie  soutiennent  qu'il  n^y  a  point 
3  d'exenqiletiue  la  iiMison  d'Âutriehe 


in 


]:;:.<  KKu;  il. 


■y 


i>  ait  oommencé  one  guerre  pour  ré- 
D  eupérer  des  prorinoes  perdues.  li  ne 
»  faut  citer  de  tels  foits  qu'à  des  igno- 
»  mns.  Cette  maison  nVt^Ue  pas 
»  fouin  reconquérir  la  Suisse?  Com*- 
»  bien  de  guerres  n'a-t-elle  pas  faites 
»  pour  rendre  la  Hongrie  héréditaire? 
»  Et  quelle  était  cette  guerre  entre- 
»  prise  par  Ferdinand  H  pour  chasser 
»  Frédéric  Y,  électeur  palatin,  de  la 
»  Bohème*  dont  II  avait  été  élu  roi  par 
»  les  voBux  des  peuples?  Ne  fut-ce  pas 
»  une  ^erre  sanglante  que  la  maison 
»  d* Autriche  fit  à  Bethlem  Gabor  pour 
Y»\ul  ravir  la  Transylvanie?  Enfin, 
»  qu'est'^e  qui  excite  à  présent  la  rei« 
n  ne  de  Hongrie  à  presser  lés  Français 
»  avec  téht  d'ardeur,  si  ce  n'est  l'espé- 
»  rance  de  reconquérir  l'Alsace ,  la 
XI  Lorraine,  et  de  détrôner  l'empereur? 
»  Haisonnalt-on  bien  à  Vienne  quand 
B  on  y  disait  :  H  est  impossible  que  le 
9  roi  de  Pmsse  nous  attaque  ;  car  a'i* 
»  tan  de  ses  aïeui  ne  nous  a  fait  la 
3  guerre  Y  Ne  nous  trompons  point  :  les 
a  exemples  du  passé,  fussent*ils  môme 
9  vrais,  ne  prouvent  rien  pour  l'avenir. 
»  L'assertion  suivante  est  plus  sûre  : 
»  tout  ce  qui  est  possible  peut  arriver. 
19 10*"  lour  fortifier  ces  argumens  par 
s  des  preuves  plus  palpables ,  je  n'ai 
i>  qu'à  vous  rappeler  un  propos  que 
»  M.  de  Mole,  général  autrichien  pas- 
I»  sant  par  Berlin,  tint  à  M.  de  Schmet- 
»  tau.  Ma  cour  n'est  pas  assez  mal 
»  avisée  pour  attaquer  la  Silésie  ;  nous 
kl  sommes  alliés  avec  la  cour  de  IXres- 
v  de  ;  le  chemin  de  la  Lusace  mène  i 
»  Berlin  le  plus  directement;  c'est  là 
n  ou  il  nous  convient  de  faire  la  paix. 
»  Vous  diret  que  Mole  parlait  an  ha- 
*  tmrd  ;  mais  voyex  ce  qui  confirme  que 
»  le  dessein  de  faire  la  paix  à  Berlin 
»  étaK  celui  de  la  cour  de  Vienne.  Le 
»  prince  Louis  de  Bnmswick  avait  en- 
»  tendu  parier  deee  mèoieplaaà  la 


»  reine  de  Hongrie,  au  service  de  Ift- 
»  quelle  il  était  ;  il  en  avait  (ait  gqb#- 
9  dence  à  son  frère  le  duc  régnant,  ft 
D  celui-là  me  l'avait  communiqué»  Ua 
9  aveu  de  la  bouche  de  l'ennemi  tient 
»  Ueu  d'une  démonstration.  le  oon- 
»  cIiM  que  nous  n'avons  rien  à  gagnai 
»  en  attendant,  mais  tout  à  perdra» 
x>  qu*il  faut  donc  faire  la  guerre,  et  qu*il 
»  vaut  mieux  périr  avec  booneur  que 
)»  de  se  laisser  accabler  avec  bonté 
»  quand  on  ne  peut  plus  ae  défendre,  n 

Cependant  le  roi  ne  se  précipita 
point.  Le  temps  n'était  pas  encore 
venu  d'éclater;  il  attendait  des  cou 
jonctures  favorables^  pour  le  faire  avec 
tout  Tavantage  passible.  Dans  ce  temps- 
là,  l'empereur,  croyant  ses  affaires  dé- 
sespérées, envoya  le  comte  de  Seckeu- 
dorflTà  Berlin,  pour  engager  le  roi  de 
Prusse  à  le  soutenir.  Seckendorff  se 
^;royait  assez  fort  pour  obliger  la  Saxe 
a  changer  de  parti.  Il  assura  que  les 
Français  agiraient  avec  vigueur,  que 
leurs  intentions  étaient  sincères;  H 
pressa  beaucoup  le  roi  de  se  déclarer  ; 
l'heure  n'en  était  pas  encore  venue  ; 
il  lui  fit  la  réponse  contenue  dans  ces 
points  : 

V  Avant  de  s'engager  avec  l'empe- 
reur et  la  France,  Sa  Majesté  regarde 
comme  un  préalable  que  l'alliance  du 
roi  avec  la  Hussie  et  la  Suède  soit  cm- 
due.  2*  La  Suède  promettra  de  faim 
une  diversion  dans  le  pays  de  Brèm, 
en  même  temps  qu'une  armée  fran- 
çaise attaquera  le  pays  de  Hanovre. 
S^"  La  France  promettra  d'agir  oflensi- 
vement  sur  le  Hhin  et  de  poursuivre 
vivement  les  Autrichiens,  lorsque  la 
diversion  que  le  roi  se  propose  de  faire 
les  attirera  en  Bohême,  i*  La  Bohème 
sera  démembrée  des  Etats  de  la  raipe 
de  Hongrie;  le  roi  en  possédera  les 
trois  cerdes  les  ptais  voisins  do  lu  8Ai- 
sie.  B"  Les  puissances  alliées  m  fapMt 


HISTOIRE  DE  MON  TEMPS. 


I9i 


ptfhit  de  part  séparée,  mais  resteront 
coiistMfMtit  mties  poar  travailter  à 
rabaisseittent  de  la  noarelle  maison 
(TAuMSIe.  L'afflclé  des  odnqoètes  n'é^ 
taX  aJAtté  à  0è  pfbjet  qti'à  tout  hasard, 
atf  eas  qtte  ta  fbrtutté  favorîsftt  cette 
cfltntifisp.  11  était  pr»dent  de  s'accor- 
der d'iràne^  siir  titi  partage  qui,  dans 
bSËîte,  attrait  po  brouiller  les  alliés. 
CêSftiesiirés  se  prenaient  cependant 
aréc  béaucoop  de  cîrcoîisp<;ction.  Le 
roi  eonfiaissait  la  mollesse  d«s  Français 
dans  léttri  opérations  de  gtierre,  et  le 
peu  d'attachement  qu'Hs  avaient  nion- 
tré  pour  les  intérêts  de  leurs  alliés  ;  il 
n*y  avait  que  la  nécessité  qui  pût  ame- 
ner cette  nouvelle  Hatson.  II  fallait  se 
préparer  aux  oppositions  qu'on  éprou- 
Teraft  de  la  paft  de  rAnftoterre,  bwk 
\ernée  par  un  roi  Vindicatif  et  un  mi- 
nistre fougueux.  Le  parlement  avait 
accordé  àtt  roi  toutes  leS  sommes  qu'il 
lai  avait  demandées;  soutenu  de  cei 
richesses,  le  roi  pouvait  faire  sortir  des 
armées  de  terre ,  et  porter  la  guerre 
jof(qti'au  bout  du  tnonde.  Cependant 
ces  premières  propositions  d*allfancé 
ne  forent  pas  reçues  à  Versailles  atcc 
l'arctiell  auquel  on  devait  s*attettdre. 
On  continua  néanmoins  à  négocier, 
pour  cbndtiire  cette  crise  politique  & 
afm  bétu^use  fin.  I)eut  pédans,  l'un 
Ffança)^  ël  l'autre  Allemand,  s'étaient 
afîsés  de  fbrmer  un  projet  d'associa- 
thîn  pont  h»  cerdes  de  l'ettipire  ;  l'un 
était  te  sienr  de  Chavigni  et  l'antre  le 
sh?nr  de  fionau  ;  ils  y  procédèrent  avec 
ttmtes  tes  restrictions  des  fbrifiaKfés, 
selon  lés  lois  de  fempire  et  la  bulle 
d'or.  Cet  ouvrage  lourd  et  pesant  fut 
aossitM  oublié  que  Nk.  Au  lien  de  pen- 
ser è  cette  askocia'ion,  la  cour  de  Ver- 
sailles prit,  Moyennant  des  subsides, 
Ir^  thmpcfS  1ieÂsol!i69  au  serrltsê  ûè 

l'empereur.  Cela  dérangea  les  mesures 
du  roi  d'Angleterre ,  qui  votMt  les 


joindre  à  son  atiaée.  On  estftyi  encwn  ' 
de  dissuader  le  duc  'e  Ootht  le  dtm^ 
net  ses  troupes  auî  puissaiMa  nar^ 
times  ;  œla  ne  réussit  pas,  éaf  to  dM 
avait  d^jà  reçu  des  subsides.  Le  minis- 
tère de  Versailles  était  nouveau;  il 
s'était  lien  mis  au  fait  des  a&hes,  de 
sorte  qfo'il  attribuait  la  paît  séparée, 
que  le  roi  avait  faite  avec  la  reine  de 
Hongrie,  ft  la  iégèreié  de  son  esprii. 
Vn  préalable  nécessaire,  dès  qu'on 
voolaK  se  lier  avec  hi  France,  était  de 
rectifier  les  idées  des  ministres  sur  ce 
points  Le  baron  de  Charabrier,  depuis 
vingt  ans  ministre  de  Prwse  à  la  cour 
de  Versailles ,  étant  âgé,  et  n'ayant 
pas  assez  de  liaisons  avec  les  gens  en 
plaee  pour  se  mnk  auprès  du  roi  de  leur 
crédit  4  avait  d'ailleurs  peu  traité  de 
grandes  choses;  Il  était  scrupuleuse- 
ment clrconspeol.  Cela  Bt  Juger  au  roi 
qu'il  fallait  envoyer  à  cette  coof  quel^ 
qu'on  qui  fttt  plus  délié  et  plus  actif, 
pour  savoir  à  quoi  s'en  tenir  avec  elle. 
Son  choit  tomlm  sur  le  comte  de  Rot- 
tembonrg.  En  17M ,  il  avait  passé  do 
service  de  Franee  è  cehti  de  Prusse  ;  il 
était  en  liaison  de  parenté  avec  tout  ce 
quil  y  avait  de  plus  illustre  à  la  cour; 
il  pouvait,  par  ces  raisons,  se*proeurer 
des  connaissances  qui  auraient  échap- 
pé è  d'autres,  et  par  conséquent  in- 
ftmner  le  roi  de  la  fa^n  de  penser  de 
Louis  XV,  de  ses  ministres  et  de  ses 
mattresses  ;  car  il  fallait  une  boussole 
pour  s'orienter.  Le  liop  grand  feu  du 
comte  de  ^oHembonrg  était  tempéré 
par  le  flegme  de  Mi  deChambrier  ;  tons 
deux  pouvaient  rendre  des  services 
utiles  è  rEtat.  Le  eomle  de  Kotlem-* 
bourg  partR  doue  pour  Versailles.  Il 
fit  faire  ses  premières  insinuations  par 
le  due  de  llichelieu  et  pur  la  Aichesse 
dé  CMleauront  )  on  l'envoyé  à  M.  Ane« 
lot,  ministre  des  affaires  étrangères, 
qui  ne  passait  pas  pour  parMsm  ilo  la 


Pruflse.  Mais  le  cardinal  Teocin ,  le 
marédial  de  Belle*lsle ,  d*ArgensoD , 
niiiiistre  de  la  guerre,  Richellea  et  la 
maîtresse  da  roi  se  décl»*èrent  pour  le 
oomte  de  Rottembourg.  Les  articles 
proposés  aa  maréchal  de  Sedceadorff 
servireot  de  base  à  la  négociation  qui 
s'entama  a?ec  la  France.  On  insistait 
le  plus  sur  ce  que  l'armée  française 
de  l'Akace  poursuivit  les  Autrichiens, 
leur  reprit  la  Bavière,  et  qu'une  autre 
armée  françaîse  entrât  en  même  temps 
eu  Westphalie.  Le  roi ,  de  son  cAté , 
se  réservait  de  n'entrer  en  jeu  qu'a- 
près avoir  conclu  son  alliance  avec  la 
Suède  et  la  Russie.  Ce  dernier  article 
lui  laissait  la  liberté  d*agir  ou  de  n'agir 
pas,  selon  que  les  évènemeos  lui  pa- 
raîtraient fovorables  ou  contraires.  Il 
se  flattait  de  suspendre  encore  le  mo- 
ment de  la  rupture  ;  mais  la  tournure 
que  prirent  les  affaires  générales,  ainsi 
que  les  succès  des  armées  autrichien- 
lies  en  Alsace,  l'obligèrent  bientôt  à  se 
déclarer  contre  la  reine  de  Hongrie. 
L'alliance  des  Prussiens  était  tout  ce 
qui  pouvait  arriver  alors  de  plus  avan- 
tageux à  la  France.  Son  pro|Nre  intérêt 
devait  le  plus  fortement  l'animer  à  fa- 
ciliter ces  arrangemens  ;  mais  qui  peut 
compter  sur  le  système  d^une  cour 
gouvernée  et  ballottée  par  des  intri- 
gues, et  sur  la  vigueur  et  l'activité  des 
troupes,  lorsque  des  généraux  timides 
et  sans  nerf  les  commandent?  Vers 
l'été  (1)  de  la  même  année,  le  comte 
de  Tessin  vint  à  Berlin,  en  qualité 
d'ambassadeur  de  Suède,  demander  la 
princesse  de  Prusse  Ulrique  en  oB^riage 
pour  le  prince  de  Holstein,  élu  succes- 
seur au  trAne  de  Suède.  Il  était  suivi 
par  la  fleur  de  la  noblesse  ;  il  avait  tou- 
tes les  qualités  qu'il  faut  pour  la  re- 
présentation, de  la  dignité,  même  de 


et) 


MILOUUC  il. 


l'éloquence,  mais  i'espril  frivole  et  su- 
perQciel.  Les  noces  se  célébrèrent  (1) 
à  Beriin  avec  magnificence.  Le  prince 
Guillaume,  frère  du  roi,  épousa  la 
princesse  par  procuration  du  prince 
royal.  On  remarqua  pius  de  magnifi- 
cence dans  ces  fêtes  que  dans  les  pré- 
cédentes :  tenir  un  juste  milieu  entre 
la  frugalité  et  la  profusion  est  ce  qui 
convient  à  tous  les  princes.  Mais  pen- 
dant qu'on  dansait  et  qu'on  se  réjouis- 
sait à  la  cour,  on  travaillait  aux  prépa- 
ratifs de  la  campagne  qu'on  était  sur 
le  point  d'ouvrk. 


CHAPITRE  IX. 

GmiMgoef  dlUlto»  ea  Flandn*  mt  le  Rhin, 
ci  «dSb  celle  da  roi. 

La  campagne  d'Italie  s'ouvrit  au 
mois  d'avril  par  le  passage  du  Tanaro, 
la  prise  de  Nice  et  celle  de  Yillefran- 
che.  Les  généraux  français  et  espa- 
gnote  ne  purent  s'accorder  sur  lâirs 
opérations  ultérieures.  Le  prince  de 
Conti  prétendait  que  les  passages  qui 
conduisent  de  Nice  en  Piémont  n'é- 
taient pas  praticables  et  qu'il  fallait 
chercha  d'autres  chemins.  Dans  cette 
vue,  il  enfile  le  col  de  Tende,  attaque 
les  troupes  savoyardes  à  Montalbon, 
force  leurs  barricades  et  la  nature  mê- 
me, prend  d'assaut  le  fort  Dauphin,  et 
pénètre  ainsi  en  Piémont.  Il  faut 
avouer  que  ce  début  de  campagne  est 
un  des  pbis  brillans  qu'on  ait  vus  dans 
cette  guerre.  Le  prince  de  Conti  avan- 
ce ;  il  assiège  Coni.  Le  roi  de  Sardai*- 
gne,  pour  faire  lever  ce  siège,  mar~ 
che  a  lui.  Conti  le  bat;  mais  la  crue 
des  eaux,  la  vigoureuse  résistance  des 
assiégés  et  le  manque  de  subsistances, 


Ul»T01|t£  Ofi  MON   TEMPS. 


ttS 


obligent  ce  prince  à  lever  le  siège  et  à 
se  retirer  en  Savoie,  après  avoir  fait 
sauter  les  fortifications  de  Démont. 
Cette  campagne  fit  plus  dlionneur  à 
ses  talens  qu'elle  ne  fut  utile  à  la  Fran- 
ce. Le  prince  de  Lobkowitz,  qui  alors 
était  en  fdeine  marche  pour  attaquer 
le  roi  de  Napies,  informé  des  succès  du 
prince  de  Conti,  se  décontenance  ;  il 
désespère  de  sa  fortune ,  se  retire  à 
Monte  Rotondo  et  de  là  à  Florence , 
toujours  talonné  par  don  Carlos  et  le 
marquis  de  Gages.  Nous  supprimons 
les  petits  avantages  que  les  Français 
et  les  Espagnols  eurent  sur  les  Autri- 
chiens, pour  en  venir  aux  expéditions 
maritimes.  Les  flottes  française  et  es- 
pagnole sortirent ,  au  commencement 
du  printemps,  de  la  rade  de  Toulon  ; 
eOes  attaquèrent,  dans  la  rade  de  Tou- 
lon, la  flotte  anglaise  commandée  par 
l'amiral  Malhews.  Après  la  bataille,  les 
Français  et  les  Espagnols  se  retirèrent 
à  Carthagène  et  les  Anglais  à  Port-Ma- 
hon.  L'action  fut  sans  doute  indécise, 
puisque  les  deux  flottes  se  retirèrent  ; 
cependant  elle  ne  laissa  pas  de  faire 
honneur  à  l'amiral  espagnol  Navaro  et 
au  capitaine  français.  La  cour  de  France 
envoya  l'amiral  Court  en  exil  ;  en  pu  - 
niasant  difiérens  ofllciers  qui  avaient 
servi  sur  cette  flotte,  elle  témoigna 
son  mécontentement.  De  leur  c6té,  les 
Anglais  traduisirent  l'amiral  Mathews 
devant  le  conseil  de  guerre.  Le  vice- 
amiral  fut  conduit  en  prison  ;  aucun 
de»  deux  partis  n'était  donc  satisfait 
d'ime  bataille  Uidécise,  dont  les  Fran- 
çais et  les  Anglais  eurent  la  honte  et 
Wa  Espagnols  la  réputation .  Ces  actions 
de  mfif  n'étaient  que  le  prélude  des 
grands  oou]^  que  la  cour  de  Versailles 
se  proposait  de  frapper  dans  cette  cam- 
pagne. Son  objet  capital  était  d'obliger 
lea  Anglais  à  rappeler  dans  leur  tle  les 
troiipeaquila  avaient  en  Flandre.  Pour 


cet  eOet,  avant  même  l'ouverture  de 
la  campagne ,  le  comte  de  Saxe  con« 
duisit  à  Dunkerque  dix  mille  honunes  ; 
le  Gis  du  prétendant,  nommé  le  prince 
Edouard ,  s'y  rendit  aussi.  On  fit  dei 
préparatifs  pour  un  embarquement. 
L'Angleterre,  alarmée,  appela  des  se-t 
cours  étrangers;  six  mille  Hollandais 
et  six  mille  Anglais,  des  troupes  du 
lord  Stairs  furent  transportés  dans  ce 
royaume.  Les  Hollandais,  qui  man- 
quaient de  vaisseaux  de  guerre,  armè- 
rent des  vaisseaux  marchands,  et  les 
envoyèrent  à  leurs  alliés  pour  remplir 
leurs  engagemens.  Le  roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne, saisi  d'épouvante,  récla- 
ma même  le  contingent  prussien.  Le 
roi  répondit  qu'il  se  mettrait  à  la  tète 
de  trente  mille  hommes  pour  passer 
dans  cette  île,  si  le  roi  était  attaqué. 
Georges  trouva  ce  secours  trop  fort  et 
se  désista  de  ses  poursuites.  C'était 
pour  r£uro|)e  un  problème  politique 
que  les  intentions  du  conseil  de  Ver- 
sailles dans  cette  entreprise.  Voulait-il 
établir  le  prince  Edouard  en  Angle- 
terre, ou  était-ce  un  leurre  pour  aSiai- 
Uir  les  troupes  alliées  en  Flandre  ?  Ces 
simples  préparatifs  d'une  descente  va- 
lurent aux  Français,  pour  le  commen- 
cement de  la  campagne,  tout  ce  qu'au- 
rait produit  une  diversion  réelle.  Quant 
au  projet  d'étal^lir  le  prince  Edouard 
en  Angleterre,  il  avait  été  formé  par 
le  cardinal  Tencin  ;  il  tenait  son  cha- 
peau de  la  nomination  du  prétendant, 
et,  pour  lui  témoigner  sa  reconnais- 
sance, il  essaya,  autant  qu'il  était  en 
lui,  de  procurer  à  son  fils  la  couronne 
d'Angleterre.  L'expédition  manqua, 
parce  que  les  vents  furent  contraires  : 
excuse  banale  de  tous  les  marins.  Ca 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  l'amiral 
de  cette  flotte,  nommé  Roquefeuille , 
n'osa  tenter  le  passage  de  la  Mandie 
CD  préfence  d'uie  flotte  ^iqpéieQre, 


1%  Kitf:i>£BtL  11. 

Les  Croupes  fmn^dlsts  iravaient  point  '  avons  quittés  pour  un  temp».  Les  trou- 
Yu  de  roi  à  leur  tète  depuis  que  I  pes  que  le  roi  d'Angletenre  avait  eon- 
LMis  XIV  avait  cessé  d'y  paraître.  !  mandées  l'aiiDée  précédente  avaieiit 
Qoeiqiies  campagnes  malbeorenses  |  hivemé,  comnie  nous  l'avons  dit,  dam 
avaient  découragé  les  années  ;  on  crut  { le  Brabant  et  en  WestphaUe*  Lei 
^ne  la  présence  du  naître  serait  le  |  troupes  du  prinee  de  Lorraint  at aieol 
aeal  aigoillon  capable  de  réveiUer  dans  |  pris  lenre  quattiers  dlrivar  dans  k 
les  troapes  rinstinct  de  l'honnear  et  i  Brisgm  et  dans  la  Bavière.  Le  maié- 
de  la  gloire.  Lae  fname,  par  amour  I  obal  de  Goigiri  comoMBdait  en  Aisaoe. 
poar  la  patrie ,  eatreprit  de  tirer  t  Les  débris  des  troupes  impériales 
Loais  JkV  de  la  vie  oisive  qu'il  oMnait,  •  étaient  distribués  chei  des  amis  de 
poar  l'envoyer  co—ninder  ses  armées;  '  Tempereur,  la  phipart  cependant  aai 
elle  sacrifia  à  la  France  les  intérêts  de  î  caviionb  d*Oettingea.  La  cour  de  Yiea- 
foa  cœur  et  de  sa  fortune  :  c'était  •  ne  perdit  cet  hiver  le  nuréchal  de 
M"*  de  Chàleaiirooi.  EUe  paria  avec  Khevenhiiller;  la  reine  de  Hongrie 
tant  de  farce,  elle  eihorta,  elle  pressa  «  honora  sa  mémoire  de  qaelqaei  lai^ 
£  vivaannt  le  roi .  que  le  voyage  de  ;  bms.  Le  maréchal  Trasa  le  lemalaci, 
Flandre  fat  résohi.  Une  action  aussi  I  et  reçat  le  commandement  de  la  grm- 
générease  et  mèaw  héroïque  mérite  ;  de  armée,  qui  poriait  le  nom  da  priaee 
d'autant  plus  de  trouver  place  dans  les  '  de  Lorraine,  aoaisdont  en  alèt  il  éWt 
fastes  de  l'hisloire.  que  les  maîtresses  le  chef.  Coauiie  ce  prince  de  Larrriae 
qui  Font  piêcédée  n'ont  employé  leur  <  jouera  un  grand  rôle  dans  cette  iris- 
crédit  que  pour  le  malheur  du  royaa-  i  toire,  nous  croyons  qu'A  ne  «ra  pm 
me.  Louis  XV  oamt  la  campagne  en  i  ioatlle  de  le  frire  comialtro.  11  élrit 
Flandre  par  le  sié^  de  Menm.  Le  |brave«  aimé  des  troupes,  possédai tUea 
gouverneur  de  la  place,  pan  versé  dans  t  le  détail  des  vivres,  était  peaUte 
son  métier,  la  rendit  après  une  légère  j  trop  facile  à  fliivre  les  impreaaioHfae 
résistance.  lauiiédialement  après,  les  |  ses  favoris  lai  donaaîeat  ;  se  Hnaal 
Français  entreprirent  le  siège  d'Vpres.  j  miK  channes  de  la  société.  I  paarit 
qui.  quoique  BMeax  défendue,  essuya  !  pour  boire  qaelqaefois  avec  eicèa.  Ct 
kt  même  destia.  Im  force  des  araKs  j  prince  épousa  à  Vienne  rardndodiaw 
friBfiiifi  ooDsiite  dans  les  sièges:  ils  !  Marianne,  mnir  cadette  de  la  reine;! 
ont  les  phis  hatwies  ingénieurs  de  TEa-  j  conduisit  sa  nea!v<4le  épn«e  dan  le 
rope:rartiilerieBombreasequ'ibeaa-|lrabaal,  dont  on  Tavait  fait  %mm 
ploient  dans  lews  opérations,  les  as-  j  neor:  après  qnai  il  revint  a  Vieillie  ta- 

cevair  les  ordres  de  la  eoar  fioar  b 
qui  alaît  s'avnir.  Le 
des  Aalrichiiiat  était  de 


sure  dala  rcagaÉc  de  lean  entreprises. 
Le  Jhaaant  et  la  Flandre  sont  le  théi- 
Ire  de  leus  eipfaits.  parce  qtfBs  y 
peavdit  étaler  laal  Fart  de  lears  înaé-  dra  la  Larraine.  et  de  porter  P 
nieors.  Quantité  de  canan  c4  de  ri- 
vières fadblent  le  transport  des  an- 
nitîons  de  «nerre.  r!  ils  ont  Irtaa  faaa- 
liens  à  dos.  Us  rénadaient 


à  rabdicalion  de  H 
par  ce 


msTome  tm  «on  T!:hps. 


ttt 


■êti  prinee  4e  Lorraine,  M.  de  Coigni 
fienforça  les  troupes  impériales  des  ré- 
fijnevs  «Hemands  qui  senraient  dans 
ton  armée.  Tous  les  préparatifs  du 
prince  de  Ijonraine  annonçaient  qu'il 
t?aft  intefition  de  passer  le  Rhin;  ce 
passage  lui  était  fectlité  par  le  traité 
4|iie  le  roi  d'Angleterre  venait  de  con- 
dure  e^ec  rélecteur  de  Mayence.  La 
Ipirtialitè  de  ce  prince  pour  la  cour  de 
Vienne  était  trop  marquée  pour  qu*ou 
t'y  trompât,  et  les  subsides  qu'il  tirait 
des  Angiais  ae  laissaient  aucun  doute 
que,  malgré  sa  neutralité,  il  n'accordftt 
au  troupes  de  la  reine  te  passage  par 
ltoy«iioe,  si  <hi  l'exigeait  de  lui. 

Les  AUtrichieiis,  qui  jouissaient  déjà 
e«  imagination  de  leur  fortune ,  ne 
pouvaient  s'empêcher  de  laisser  échap- 
per de  temps  en  temps  des  traits  de 
liarté  et  d'arrogance.  Ils  faisaient  cons- 
Iruire  on  port  k  Manhetm,  et  agis- 
Mûetit  despotiquement  dans  le  palati- 
nai.  l'électeur  s'en  trouva  offense, 
comme  de  raiaon.  Cela  donna  lieu  à 
des  brouilleries,  et  finit  par  un  mes^ 
Mge  du  prince  de  Lorraine  à  l'électeur, 
foor  hii  signifier  que  6*11  ne  donnait 
pamnon  pont  de  Manbeim  sur-le-champ, 
îl  leloi  ferait  enlever  de  force.  En  at- 
tendant le  maréchal  de  Ooigni ,  dont 
l'intention  était  de  défendre  les  bords 
du  Khôl  depuis  Mayence  jusqu'à  koti- 
Louis,  s'était  posté,  avec  ses  forces 
piincipales,  sur  les  twrds  de  la  Quiecfa, 
-d'où  Û  s'avança  vers  Spire ,  et  poussa 
Mm  déUdMsaeBS  jusqu'à  Worma  et 
mtÊmt  jusqu'à  Oppeoheim.  Ce  mouve- 
Mont-aa  fit  sur  ee  qu'il  apprît  que  M •  de 
BBnenklau,  nvec  nn  d^aoberaent  de 
rarjtoée  de  la  r<;ine,  avait  manche  à  Ger- 
40effBhaim,  vers  Fribourg.  Biereoklau 
At  jeter  un  fiont  aur  un  bras  du  JUiin, 
#rès  do  SUHàBièdi,  poiv  dowicr  ie 
change  aui  Français  et  les  attirer  de  ce 
€6té4à.  En  même  temps,  le  pdnfi^  de 


Lorraine  fit  un  mouvement  avec  son 
armée ,  comme  s'il  avait  intention  de 
passer  le  Necker  avec  sa  droite,  pour 
se  joindre  à  Bsrenklau.  Le  manVhal 
de  Goigni,  trop  crédule,  se  laissa  nbii- 
ser  par  ces  vaines  démonstrations ,  c( 
commit  deux  fautes  de  suite  :  l'un^;, 
en  faisant  passer  le  Hhin  à  Serkendorfl, 
qu'il  chargea  de  défendre  la  partîo  di» 
cp  fleuve  qui  coule  entre  Spire  et  Ln\h 
tert)ourg;  l'autre,  en  sa  portant  avr( 
son  armée  vers  Worms  et  Franken- 
thal.  Il  lui  était  facile  de  juger  que  le 
prince  de  Lorraine  avait  résoin  de  p«';- 
nétrer  en  Alsace,  et  d'user  de  toutes 
tes  ruses  de  la  guerre  pour  l'en  éloi- 
gner te  plus  qu'il  lui  serait  possible.  Il 
devait  savoir  d'ailleurs  que  ce  prince 
pouvait  disposer  du  pont  de  Mayence , 
à  quoi  l'armée  française  n'était  en  état 
de  porter  aucun  obstacle.  Il  semble 
que  son  projet  de  défense  étatt  défec- 
tueux en  tout  point.  Son  mnée  était 
séparée  par  corps,  cpii  n'oocupatent 
pas  mèiae  les  vrais  postes  d'où  ils  au- 
raient pu  disputer  aux  ennemis  te  pas- 
sage du  Rhin.  Les  experts  ont  été  de 
l'opinion  qu'il  aurait  dû  rassembler  en 
un  corps  tes  troupes  tant  impériales 
que  françaises;  qu'il  devait  se  camper 
entre  la  Quiech  et  te  Speyerbaeh,  gar- 
nir de  petits  détachemeus  les  bords  du 
Mûu  depuis  Fort-Louis  jasqu  à  Md- 
Upsbourg ,  faire  battre  l'estrade  par 
celte  cavalerie ,  pour  Être  averti  à  temps 
de  l'endroit  où  les  ennemis  se  prépa- 
ratent  à  passer,  tenir  ses  troupes  prèi 
tes  à  marctier  au  premter  ordre,  at  a^ 
taquer,  sans  bahooer,  avec  toatea  aei 
forces,  le  pr&aàear  corps  autriebten  qui 
aurait passéte  Rhin.  8i  tefrinœ  Chaf* 
les  passait  ce  fleuve  à  Mayeaee,  il  raa^ 
tait  à  H.  de  Goigni  à  choisir  les  postes 
de  la  Qttiech  ou  du  SpeyeriMah,  que 
le  prince  n'aurait  osé  attaquer.  De  plus, 
M.  de  Coîîqni  couvrait  égalaBSant,  4)ar 


1! 


KRiDÉBIC  n. 


cette  positioD ,  la  bas^e  Alsace  et  la 
Lorraine.  Ce  maréchal ,  dont  l'armée 
n'était  pas  aussi  forte  qne  celle  des  en- 
nemis, et  qui  avait  des  ordres  trop 
restreints,  prit  des  mesures  bien  dif- 
férentes. Dès  que  le  prince  de  Lor- 
raine et  Traun  furent  informés  des 
fausses  démarches  des  Français,  ils 
détachèrent  M.  de  Nadasti  par  leur 
gauche,  avec  tous  les  bateaux  qu'ils 
avaient  assemblés  à  la  sourdine,  pour 
jeter  des  ponts  sur  le  Rhin,  à  un  vil- 
lage appelé  Schreck.  Nadasti  fit  aussi- 
tôt passer  le  Rhin  en  bateau  à  deux 
mille  pandours,  sous  les  ordres  du  par- 
tisan Trenck  ;  ils  surprirent  et  défirent 
un  détachement  de  trois  régimens  im- 
périaux, qui,  par  une  négligence  im- 
pardonnable ,  ne  s'étaient  en  aucune 
manière  précautionoés  contre  les  sur- 
prises. Nadasti  lui-méone  avait  déjà 
passé  le  Rhin  (1),  à  la  tète  de  neuf 
mille  hussards ,  tandis  que  Ton  ache- 
\  ait  tranquillement  derrière  lui  la  cons- 
truction  des  ponts.  Au  bruit  de  ce 
passage,  Seckendorff,  avec  vingt  mille 
hommes,  se  joignit  à  un  corps  de 
Français  que  le  jeune  Coigni  comman- 
dait; ils  volèrent  au  secours  de  ces 
Iroia  régimens  impériaux  dont  nous 
avons  fait  mention,  avant  que  le  prin- 
ce de  Waldeck  eût  levé  son  camp  de 
Hetinghetm  pour  joindre  Nadasti.  Tous 
les  officiers  de  cette  armée  conjurèrent 
SedKendorff  d'attaquer  Nadasti ,  qu'il 
aurait  pu  facilement  culbuter  dans  le 
Rhin  ;  par  ce  seul  coup,  il  aurait  anéanti 
4e8  desseins  du  nrince  de  Lorraine. 
Seckendorff  ne  voulut  jamais  s'y  prê- 
ter ;  il  se  contenta  d'engager  une  lé- 
gère escarmouche  avec  les  Hongrois; 
et,  comme  il  apprit  que  le  maréchal 
de  Coigni  s'était  retiré  à  Landau,  il 
marcha  par  Germersheim  pour  le  join- 

j)  l«')ailtoi. 


dre  au  plus  tôt.  l>ès  le  2  de  juillet,  le 
prince  de  Lorraine  se  vit  maître  dn 
cours  du  Rhin  depuis  Schreck  jusqu'à 
Mayence.  Nadasti  et  le  prince  de  Wal- 
deck étaient  déjà  à  l'autre  bord.  Baa- 
renklau  avait  de  même  passé  ce  Ocnva 
du  côté  de  Mayence.  Le  prince  de 
Lorraine  employa  trois  jours  à  passer 
ses  ponts  avec  la  grande  armée.  A 
peine  y  eut-il  une  tête  sur  l'autre  bord, 
qu'il  envoya  un  détachement  pour 
prendre  Lauterbonrg  et  s'emparer  de 
ses  lignes.  Nadasti  poussa  jusqu'à 
Weissenbourg;  il  le  prit  de  même  et 
se  posta  dans  ses  lignes.  Les  Autri- 
chiens firent  seize  cents  prisonniers 
dans  cette  expédition.  M.  de  Coigni 
s'aperçut  alors  cond:>ien  il  lui  impor- 
tait de  gagner  la  basse  Alsace  avant  le 
prince  de  Lorraine,  et  il  le  prévint  en 
prenant  Weissenbourg  par  escalade, 
et  en  forçant  les  retranchemens,  où  il 
éprouva  une  résistance  vigoureuse. 
Nadasti,  délogé  de  ce  poste,  se  retira 
sur  kl  grande  armée  qui  campait  au- 
près de  Lauterbonrg,  et  qui  n'osa  se- 
courir Weissenbourg,  parce  que  les 
détachemens  de  Râerenklan  et  de  Léo- 
pold  0ann  ne  l'avaient  pas  encore  join- 
te. M.  de  Coigni  tira  parti  de  ces  dé- 
lais et  de  la  crue  du  Rhin ,  qui  empê- 
chait la  jonction  des  corps  ennemis  ;  il 
passa  la  Motter  auprès  de  Uaguenau , 
et  se  campa  a  Bischweiler.  L'éloigné- 
ment  de  M.  de  Coigni  fit  nattre  l'idée 
au  prince  de  Lorraine  de  bloquer  Fort- 
Louis,  qu'on  disait  mal  approvisionné. 
En  conséquence  Nadasti  et  Bcerenklau 
prirent  poste  (1)  à  Wœrd,  à  Beinheim 
et  sur  les  fies  qui  entourent  Fort-Lou»- 
La  crue  du  Rhin  sauva  cette  place.  La 
gamisqn  regagna  la  communication  de 
Strasbourg  ;  on  la  renforça  et  on  la 
pourvut  de  vivres.  Ce  coup  manqué,  le 

(1}  IS  Juillet. 


HISlUlliJK  HH  JMa   XfilfPS. 


prince  de  Lomniie  porta  ses  troapes 
légères  sar  les  ailes  de  rarmée  fran- 
taise  et  dans  le  bois  de  Haguenau,  ce 
qui  empêchait  celle-ci  d'envoyer  des 
partis  au-delà  de  la  Motter.  Le  maré- 
chal de  Coigni,  embarrassé  de  la  situa- 
tion où  il  se  trou\ait,  en  avait  informé 
la  cour.  Louis  XV  pour  sauver  l'Al- 
sace* résolut  de  mener  lui-même  quar 
cante  mille  hommes  de  l'élite  de  son 
amée  de  Flandre  an  secoure  de  M.  de 
Coîgni»  à  qui  l'on  ordonna  de  tempo* 
riser,  et  surtout  de  conserver  ses  trou- 
pes. Ce  fut  ce  qui  détenniriP  V«  de 
Coignt  à  changer  de  mesures  et  à  évi- 
ter tout  engagement.  Nadasti,  renfor- 
forcé  de  troupes  réglées,  commençait 
à  s'étendre  vers  les  hauteurs  de  Reichs- 
hofen  et  Weissenbourg ,  comme  s'il 
avait  dessein  de  tourner  le  camp  lan- 
çais par  Lichtenberg  et  Buchsweiler  ; 
sur  quoi  M.  de  Coigni  se  retira  par 
Mmat  à  Strasbourg  (1).  Il  se  posta 
sur  le  canal  de  Molsheim,  qu'il  aban- 
donna bientôt  pour  gagner  les  déGlés 
lie  Phaisbourg  et  de  Sainte-Marie -aui* 
Uines,  Il  se  décida  à  ce  mouvement 
pour  empêcher  le  prince  de  Lorraine, 
qui  était  à  Briimat,  et  qui  faisait  cons- 
truire des  ponts  sur  la  Motter,  d'occu- 
per les  gorges  des  montagnes  par  les- 
({uelles  l'armée  du  roi  devait  passer 
pour  le  joindre.  Le  rôi  de  France  était 
arrivé  le  k  août  i  Metz,  où  il  atten- 
dait les  troupes  de  Flandre,  pour  fon- 
dre, i  leur  tête,  sur  l'armée  du  prince 
de  Lcvraine ,  et  la  détruire  s'il  était 
possible.  Le  maréchal  de  Schmettau 
avait  été  envoyé  par  le  roi  de  Prusse 
aoprrs  de  Louis  XY ,  tant  pour  rendre 
compte  des  mouvemens  de  farmée 
française,  que  pour  presser  le  roi  de 
remplir  ses  engagemens,  en  poursui- 
vant jusqu'en  Bavière  les  troupes  de  la 

(1}  aijuiUtt. 

T. 


reine  lorsqu'eUeSr^fpasaèraieiitle  Rhia« 
Schmettau  apprit  au  roi  très  chrétiet 
que  le  roi  de  Prusse  entrerait  en  cani« 
pagne  le  17  août,  et  qu'il  emploierait 
cent  mille  hommes  à  la  diversion  qu'il 
allait  faire  en  faveur  de  l'Alsace.  Go 
maréchal  mit  tout  en  usage  pour  doo* 
ner  aux  armées  françaises  plus  d'acti* 
vite  et  de  vigueur  ;  et  peut-être  y  se* 
rait-il  parvenu,  si  Louis  XY  ne  fttt 
paê  tombé  malade  à  Metz.  Cette  mida* 
die  commença  par  des  maux  de  tète, 
que  ses  médecins  et  chirurgiens  coh  ' 
rent  provenir  d'un  abcès  dans  le  cer- 
veau :  ils  déclarèrent  le  mal  sans  rea** 
source.  Aussitôt  on  entoura  le  roi  de 
confesseurs,  de  prêtres,  et  de  toutes 
les  ressources  dont  se  sert  l'Église  ro*» 
maine  pour  préparer  les  mourans. 
L'évêque  de  Soissons,  n'écoutant  que 
son  zèle,  dont  on  lui  sut  peu  de  gré 
dans  la  suite,  exigea  du  prince,  pour 
recevoir  les  sacremens,  le  renvoi  dt 
M"«  de  Chflteauroux.  La  duchesse  fut 
obligée  de  partir  de  Metz,  ayant  reçu 
l'ordre  rigoureux  de  ne  jamais  repa* 
raitre  devant  le  roi.  Ce  sacriGce  ac- 
compli, Louis  XY  reçut  les  sacremens. 
Le  danger  devenant  pressant,  un  chi- 
rurgien très  ordinaire  se  présenta,  et 
assura  qu'il  le  tirerait  d'affaire,  pourvu 
qu'on  lui  donnât  la  liberté  d'agir  ;  il  ne 
trouva  point  de  concurrent,  et,  moyen- 
nant une  bonne  dose  d'émétique,  ce 
prince  releva  de  cette  maladie,  qui 
n'avait  été  causée  que  par  une  indi- 
gestion. Les  médecins  de  la  cour  per- 
dirent leur  réputation;  mais  les  affai- 
res générales  en  souffrirent  davantage. 
Pendant  la  maladie  du  roi,  le  due 
d'Harcourt  était  arrivé  à  Pltalsbourg. 
Nadasti  avait  déjà  pris  Saverne,  et  se 
disposait  à  pénétrer  par  les  gorges  que 
le  duc  occupait,  mais  infructueuse- 
ment. Quoique  souvent  attaqué,  le 
duc  Y  tint  jusqu'au  16,  que  le  secouis 

9 


pftintaïc  tf. 


de  Flandre  «'effroi  pMr  Joindre 
famiée.  Le  prince  de  Lorraine  avait 
di^  reçu  l'ordre  de  ae  retirer  ;  il  pre- 
nait dea  mesures  pour  Teiécater.  II 
ne  tenait  qu'au  maréchal  de  Noâilles 
Cen  profiter;  mais  sa  circonspection 
entrée  fàta  tool.  Schmeitau  perdait  sa 
peine  et  son  temps  à  l'encourager.  Et 
quel  risque  courait  la  France?  Quand 
M  de  NoaiUes  aurait  été  battu,  les 
troupes  de  la  reine  étaient  également 
obligées  de  quitter  l'Alsace,  et  si  les 
'  Français  étalent  Yictorieux,  ils  détrut- 
aaient  l'armée  autrichienne,  qui,  vive- 
ment poursuivie,  au  lieu  de  repasser 
ses  ponts  do  Rhin,  se  serait  nojée 
dans  ce  fleuve.  Alors  les  Français  et 
les  Bavaniis  s'avancèrent  à  pas  letits 
vers  Hochfeld,  oà  Nadasti  s'était  déjà 
fotiré.  Noâilles  fit  trois  détachemens 
aur  la  Motter,  et  11  apprit  par  M.  de 
Lœwendahl,  qui  avait  marché  vers  Dru- 
lenheim,  que  tes  Autrichiens  avaient 
abandonné  leur  camp  de  Brihnat,  pour 
a'approdier  de  leurs  ponts  de  Bein- 
heim.  Le  comte  de  Belte-Isle  fut  alors 
envoyé  de  Bufielsheim  avec  un  corps  ; 
les  Français  passèrent  la  Motter  et  sui- 
vu-ent  les  Autrichiens.  M.  de  Belle- 
Isle  obligea  Tennemi  è  quitter  le  vil- 
lage de  Suffelsheim  avec  perte,  et 
M.  de  NoaiUes  se  mit  en  mardie  pour 
joiadre  M.  de  Lœwendahl.  Le  Soir 
Kéme,  les  grenadiers  fhinçaîs  attaquè- 
rent le  village  d'Aschenhelm ,  défendu 
par  dea  grenadiers  autrichiens  et  des 
tfoupes  hongroises.  Les  Français  em- 
portèrent le  village,  et  s^amusèrent  à 
des  formalités  superflues,  tandis  qnc  le 
prince  do  Lorraine  mit  ce  temps  à 
profit  pour  repasser  le  Rhin  sur  ses 
ponts  de  Beinheim,  quHl  rompit  avant 
l'aube  du  jour.  Les  Français  firent  son- 
ner cette  aflhire  fort  haut  :  c'étaient 
dea  rodomontades;  la  perte,  de  part 
j^  d'autre,  ne  monta  pas  à  Six  cents 


hommes,  et  le  ptinée  dé  tbrfaine  con- 
tinua paisiblement  sa  barche  par  ta 
Souabe  et  le  haut  paiatinat ,  pour  en- 
trer en  Bohème.  Schmettau,  qui  Se 
trouvait  auprès  de  la  personne  du  roi , 
était  désespéré  de  la  mollesse  des  Fran- 
çais. Il  ittî  présentait  des  mémoires,  il 
pressait  les  ministres,  il  écrivait  aui 
maréchaux  ;  mais  fl  eût  plutôt  trans- 
porté des  montagnes  que  de  tirer  cette 
nation  de  son  engourdissement.  Le 
moment  décisif  où  les  Français  pou- 
vaient ruiner  l'armée  de  la  reine  étant 
passé  sans  qu'ils  daignassent  en  profit 
ter,  Schmettau  Ifteha  de  dissuader  tea 
maréchaux  du  dessein  qu'ils  avaient  de 
mettre  le  siège  devant  Fribourg;  ee 
fut  encore  en  vain.  Tout  ce  qu*il  put 
obtenir,  ce  furent  quelques  renForts 
de  troupes  allemandes  qu'on  s'engagen 
de  donner  aux  troupes  impériales, 
pour  que  M.  de  SeckendoriT  pût  délo- 
ger les  Autrichiens  it  la  Bavière.  Lu 
cour  promit  qu'au  printemps  de  l'an- 
née 17^5,  on  porterait  ces  troupe$  an 
nombre  de  soixante  mille.  Ainsi ,  dès 
le  commencement  de  râlitance  dea 
Prussiens  et  des  Français,  ces  derniers 
manquèrent  atix  deux  articles  princi- 
paux de  leur  traité.  Ils  laissèrent 
édiapper  le  prince  de  Lorraine  sans  le 
poursuivre,  et  cette  armée,  qu'ils  de- 
vaient envoyer  en  Westphalie,  n'y  pa- 
rut point.  Cependant  M.  de  Secken- 
dorff  marcha  pesamment  et  à  pas 
comptés  pour  s'approcher  du  Lech; 
Louis  XV,  è  la  tête  de  Mixante-dti 
mille  Français,  fit  lé  siège  de  Fribourg; 
prit  cette  place  à  la  fin  de  ta  campa- 
gne, et  en  rasa  les  fortifications. 

Les  avantages  du  prince  de  Lorraine 
en  Alsace  engagèrent  le  rai  dé  Prusse 
è  se  déclarer  plui  tôt  qu'il  ne  Tavalt 
projeté,  n  était  fort  è  craindre  que 
l'ascendant  des  troupes  autrichiennes 
ne  forçât  les  Français  à  en  passer  par 


HISTOIRE    M    mon   TEMPS. 


fei  oondilleii»  qM  PatTOganoe  de  ses  en- 
Bemis  kur  voudrait  prescrire  ;  dans  ec 
cas,  il  n'était  pas  doateax  que  la  reine 
D*eAt  emidoyé  toates  «es  forées  pour 
re|>reiidre  la  Silésie.  Gopendantles  ar- 
fangeoieoa  poUtiqoes  que  la  cour  de 
Beriitt  le  proposait ,  étaient  encore 
bien  éloignés  de  se  réaliser.  Le  comte 
Beatochew,  qui  se  crut  affermi  depuis 
9i*il  avait  fait  chasser  de  Russie  M.  de 
la  Cbétardle,  engagea  l'impératrice 
Elisabeth  à  faire  le  voyage  de  Moscow 
pour  s'y  faire  couronner,  et  ensuite  à 
•otreprendre  le  pèlerinage  de  Kiowie 
en  faveur  de  je  ne  sais  quel  saint. 
L'impératrice  avait  des  favoris;  fiestu- 
ehew  voulut  leur  susciter  des  rivaui. 
Une  nouvelle  occupation  rendit  Tim- 
pératrice  iuvisible  à  sa  cour  :  c'était  le 
trîMophe  du  ministre.  Bientôt  les  or- 
dres forent  donnés  que  ceux  qui  avaient 
à  négocier  avec  la  Russie,  au  lieu  de 
s'adresser  directement  à  l'impératrice, 
eommuniquassent  dorénavant  avec  son 
Hiinistre.  Ce  nouvel  arrangement  va- 
lut de  grosses  sommes  au  comte  de 
Bestuchew  ;  H.  de  Mardefeld  s'aperçut 
à  regret  que  les  guinées  anglaises  com- 
mençaient à  prévalois,  chez  ce  minis- 
tre, sur  les  écos  prussiens.  Dans  tous 
les  projets  que  l'on  forme,  il  faut  se 
contenter  des  à  peu  près.  L'alliance 
de  la  Russie  n'était  pas  telle  qu'on  au- 
rait pu  la  désirer  ;  mais  en  poussant  la 
guerre  avec  vigueur,  le  roi  pouvait  es- 
férer  de  la  terminer,  avant  que  la 
lUusie,  lente  dans  ses  résolutions,  en 
eût  pris  d'assez  décisives  pour  le  gêner 
dans  ses  opérations  de  campagne. 

Voici  l'arrangement  général  qui  fut 
dt'ïcidé  pour  entrer  en  Bohême,  et  pour 
forcer  la  reine  à  rappeler  ses  troupes 
de  l'Alsace.  La  grande  armée  prus- 
sienne entrerait  sur  trois  colonnes  en 
Bohême.  Celle  que  le  roi  voulut  oon- 
iluire  devait  longer  la  rive  gaiKhe  dft 


i31 

l'Elbe ,  en  la  remontant  Jusqu'à  Pra  • 
gne;  la  seconde,  sous  la  conduite 
du  prince  Léopold  d'Anhatt,  devait 
traverser  la  Lusace,  et,  gardant  l'Elbe 
à  droite,  se  rendre  eb  même  temps  à 
Prague.  Ces  colonnes  couvraient  Ykt- 
tHIerie  et  des  vivres  pmt  tfolÉ  mois, 
qu'on  avait  embarqués  sur  FElbe,  ain 
de  les  conduire  à  Leutmeritr.  Le  ma- 
réchal de  Schwérinf  avec  une  tmfsiMie 
colonne,  devait  déboucher  de  la  Silésie 
par  Braunau,  et  se  joindre  au  reste  de 
l'armée,  pour  former  en  même  temps 
l'investissement  de  Prague.  Outre  cette 
armée,  le  vieux  prince  d'Anhalt  avait 
un  corps  de  dit -sept  miHe  hommes 
dont  il  couvrait  l'électorat,  et  M.  de 
Marwitz  commandait  vingt-deux  mille 
hommes  destinés  à  la  défense  de  la 
haute  Silésie.  L'empereur  avait  ùài 
expédier  des  lettres  réquisitoriales  au 
rui  de  Pologne,  électeur  de  Saxe,  par 
lesquelles  il  lui  demandait  le  passage 
par  ses  États  pour  ses  troupes  attxi^ 
liaires  de  Prusse,  qui  devaient  entrer 
en  Bohême.  Auguste  éuit  alors  à  Var- 
sovie. Ces  lettres  furent  remises  à  ses 
ministres,  qui  gouvernaient  la  Saxe  et 
son  absence,  par  ce  même  WinterfeM 
qui  avait  négocié  à  Pétersbourg,  el 
s'était  si  fort  distingué  dans  les  pre-^ 
mières  campagnes.  Les  Saxons  furent 
étourdis  de  cette  proposition  ;  ils  vou- 
laient gagner  du  temps,  mais  les  Prus^ 
siens  étaient  déjà  sur  leur  territoire. 
Ils  protestèrent  et  se  récrièrent  inut^ 
lement  contre  une  démarche  dont  la 
but  principal  était  d'empêcher  quê 
l'empire  ne  reçût  l'aflOront  de  voir  op* 
primer  et  détrôner  son  empereur.  Pen« 
dant  qu'on  nuirmurait  à  Dresde,  qu'on 
était  furieux  à  Varsovie,  qu'à  Londres 
on  se  voyait  prévenu,  et  que  la  craints 
se  répandait  à  Vienne,  le  roi  marcha 
droit  sur  Piraa,  oà  les  régimeos  ds 
duché  et  Magdebourg,  qêà  «vrin» 


131 


moulin  à  eau,  cl  détruisirent  les  éclu- 
seide  la  Muldau.  Les  eaux  en  devin- 
rent si  basses,  qu^elle  était  partout 
gnéable,  et  cpi'on  pouvait  prendre  la 
fille  d'emblée,  y  ayant  do  ce  câté4à 
«n  assez  grand  espace  sans  rempart  et 
r  sans  muraille.  M.  de  Uarsch,  qui  com- 
mandait dans  la  ville,  commença  à  dé- 
sespérer de  rK>ii  salut.  Ce  gouverneur 
s-aperçut  que  le  16,  de  grand  matin, 
un  gros  corps  de  grenadiers  défilait  du 
«:ôté  de  Bubenitz;  il  prévit  Tassant 
qu'on  se  préparait  à  lui  donner,  de- 
manda de  capituler,  et  se  rendit  pri- 
sonnier de  guerre  avec  sa  garnison, 
qui  consistait  en  douze  mille  hommes. 
Ce  siège  ne  dura  que  six  jours:  il  coû- 
W  ta  aux  assiégeans  quarante  morts  et 
quatre-vingts  blessa.  Le  même  jour, 
les  portos  furent  consignées,  et  la  gar- 
oison  conduite  en  Silésie,  où  elle  fut 
distribuée  dans  les  places.  La  prise  de 
Prague  faisait  un  beau  commencement 
de  canipagne.  On  devait  supposer  qu'il 
ferait  impression  sur  les  Saxons ,  et 
qu'ils  se  déclareraient  moins  que  ja- 
mais pour  la  reine  de  Hongrie  ;  il  était 
à  présumer  qu'en  dégarnissant  leur 
«  étectorgt,  ils  ne  le  livreraient  pas  eux* 
iqémes  w  prince  d'Anhalt,  qui  pou* 
vpit  ruiner  Leipsîg ,  le  siège  de  leur 
coHuneree,  le  nerf  de  leur  État  et  la 
ressource  de  leur  crédit;  mais  Tor  des 
Anglais  l'emporta  i  Dresde  sur  des  in- 
térêts plus  durables.  Il  se  présentait 
alors  pour  l'armée  prussienne  le  choix 
de  deui  opérations  :  l'une,  que  le  roi 
préférait,  était  de  passer  la  Béraun,  de 
chasser  M.  de  Bathyani  de  la  Bohême, 
de  s'emparer  de  PiUen ,  du  magasin 
considérable  qu'on  y  formait  pour  Tar- 
mée  du  prince  de  Lorraine,  et  de  pous- 
ser jusques  aux  gorges  de  Com  et  de 
Fort,  qui  ouvraient  les  chemins  de  la 
Bohème  aux  AutrlcbieBS  du  oAté  du 
hmit  palattut.  Il  est  sAr  que  le  prince 


de  Lunaiiie  pouvait  se  jeter  sur  Éger, 
où  les  Saxons  Tauraient  joint;  qu'il 
pouvait  suivre,  en  longeant  l'Éger,  le 
chemin  que  le  maréchal  de  BeUe-Isie 
avait  pris  dans  sa  retraite  de  Pragae; 
mais  d'où  seraient  venues  les  subsis- 
tances pour  cette  armée?  Le  margim- 
viat  de  Bareuth  était  trop  stérile  pour 
en  fournir,  et,  de  plus,  qui  aurait  dé- 
fendu rAutriche,  dont  M.  de  Marwili 
était  en  état  de  faire  seul  la  conquête, 
ne  trouvant  rien  devant  lui  qui  pAt 
larrôler?  C'était  donc  sans  contredit^ 
le  projet  qu'on  aurait  dû  exécutera 
L'empereur,  le  roi  de  France,  partioai^ 
lièrement  le  maréchal  de  Belle-Ide, 
insistèrent  pour  que  les  Prussiens  se 
portassent  du  côté  de  Tabor,  de  Bnd* 
weis,  de  Neuhaus,  afin  d*établîr  vne 
communication  avec  la  Bavière,  et  de 
donner  au  prince  de  Lorraine  de  la  ja- 
lousie au  sujet  de  l'Autriche.  Le  ma- 
réchal de  Belle-lsie  soutenait  qoe  la 
faute  de  n'avoir  pas  occupé  ces  postes 
l'année  171^1,  avait  été  cause  de  tons 
les  malheurs  que  les  Français  et  tas 
Bavarois  avaient  essuyés  :  mais  ce  qui 
est  bon  dans  une  conjoncture,  pcsMI 
de  même  dans  une  autre?  Sans  doele 
que  ces  postes  étaient  nécessaires  ee 
1741  aux  alliés,  qui  possédaient  eneere 
la  Bavière  et  même  la  haute  Atriche; 
mais  en  1744,  il  n'y  avait  que  des  Ae- 
trichions  dans  ces  provinces  ;  d'aiHeoM 
c'était  donner  beau  jeu  aux  ennemis 
que  de  pousser  une  pointe  qui,  éldi^ 
gnant  l'armée  du  roi  de  Prusse  de  ses 
frontières,  donnait  aux  Saxons  la  li- 
berté de  se  joindre  au  prince  de  Lor- 
raine, ou  de  faire  même  quelque  en* 
treprise  sur  Prague.  De  tous  les  partis 
le  plus  sage  aurait  été  de  ne  point  Ifop 
s'éloigner  de  Prague,  d'amasser  dans 
cette  capitale,  ainsi  qu'à  Pardubiti  et 
dans  d'autres  villes,  des  tivres  pew 
les  troopas  et  de  voir  %enir  les  enne-> 


msTonfi  m^ 

nb.  Le  foi  inarqua  dans  ce  moment 
trop  de  faiblesse  ;  par  coiideseeDdaiice 
pour  ses  alliés*  il  déféra  trqp  à  leurs. 
seoUmeos,  et  craignant  d*6tre  accusé , 
s'il  tenait  son  amiée  douée  à  Prague, 
de  n*avQir  d'autre  objet  que  de  s'assit- 
ror  des  trois  cercles  qu'on  lui  avait 
ptomis,  il  entreprit  cette  malheureuse 
eipédilion.  On  ne  fit  pas  moins  de 
fiMites  dans  l'eiécution  dd  oe  projet 

On  néi^îgaa  le  transport  d^  farines 
de  LeutmentE  à  Prague  ;  on  ne  ren- 
voya point  en  Stlésie  l'artillerie  qui 
ataît  servi  au  siège  de  Prague  ;  l'on  ne 
lama  en  garnison  dans  cette  viUe  im- 
menae  que  six  bataiUons,  qui  ne  sni&- 
saient  pas  pour  en  défendre  la  moitié. 
Quand  vous  remontei  à  la  droite  de 
la  MuMati,  laissant  Prague  derrière, 
wus  trouves  un  pays  raontueux,  dif* 
fieile^  aussi  nml  peuplé  qu'aride.  Si 
«•oa  avancez  onae  milles  an  tirant  vers 
Parient,  vous  découvrez  la  ville  de  Ta- 
tar,  située  sur  un  rocher,  bâtie  au 
onzième  siàele  par  Ziska,  ce  fameux 
hngand  bnssitey  qui  ravagea  sa  patrie 
«I  combattant  pour  eHe.  Dons  ces 
leaspa  reculés,  Tabor  passait  pour  ira- 
fvtnaUe  ;  4e  nos  jours  elle  serait  em- 
portée d'emblée.  La  situation  est  avan- 
tageuse ;  mais  ta  ville  est  petite  et  n'a 
pool  dtfenm  qu'une  mauvaise  mu- 
faiiie.  De  là,  eu  tirant  vers  le  midi, 
UOM  teOQves  la  Luschnits,  petite  ri- 
lièit  gnéaUe  suntous  les  points,  mais 
é9Êi  les  borda,  dans  beaucoup  d'en- 
émtA^  sont  escarpés  ;  après  Tavoir  pas- 
•éo,  vous  Iravorseï,  dans  l'espace  de 
taais  miHea,  des  bois  et  des  rochers, 
ma  sortir  desquels  vous  entrez  daus  une 
plaiM  abondante,  et  trouvez  Budweis 
à  deux  milles  devant  vous.  Cette  ville 
•al  aitttée  sur  la  Hiddau,  fortifiée  d'ou- 
fiagoa  de  terve-,  et  d'une  enveloppe 
^fÊê  éham  eété  |k>B  «vait  rMwpaBrdn 
dèBoÉMia,  wnMmàkk 


mon  rsHPs.  m 

trois  quarts  de  mille,  de  l'autre  o6té  do 
la  Muldau,  se  trpuve  Frauenberg.  Ce 
château  occupe  le  haut  d'une  colline} 
il  est  devenu  fameux  par  un  siège  de 
six  mois  que  les  Français  y  ont  soute- 
nu. Tel  était  le  pays  ou  l'armée  prus- 
sienne allait  agir. 

Comme  les  Saxons  ne  s'étaient  point 
encore  déclarés,  l'armée  se  mit  en 
marche,  le  17  septembre,  pour  Coo^ 
raditz.  De  la  le  général  de  Nassau  fut 
détaché,  avec  dix  bataillons  et  quaran- 
te escadrons,  pour  faire  ravant''gardo 
de  l'armée  ;  celle-ci  fut  partagée  en 
deux  colonnes  :  la  droite,  sous  les  oiv 
dres  du  prince  Léopold,  côtoyait  la 
Muldau  et  fot  obligée  de  so  faire  des 
chemins  ;  la  colonne  de  gauche,  con- 
duite par  le  maréchal  Schwérin,  enfi^ 
lait  le  grand  chemin  de  Prague  à  Ta- 
bor, en  suivant  pied  à  pied  l'avant- 
garde.  On  avait  réglé,  de  plus,  que  ces 
colonnes  ne  laisseraient  entre  leurs 
camps  qu'une  étendue  au  plus  d'un 
demi-mille  d'Allemagne;  derrière  la 
colonne  de  gauche  suivaient  les  cais- 
sons de  farine  couverts  par  quinze  cents 
hpmrocs,  sous  la  direction  du  général 
Posadowsky  .Tabor,Biid  weis  etFrauen- 
berg  se  rendirent,  presque  sans  se  dé- 
fendre, au  général  Nassau.  L'armée 
arriva  le  26  a  Tabor,  où  les  colonnes  se 
rejoignirent  ;  mais  Posadowsky  n'ame- 
na que  la  moitié  de  ses  caissons,  c'est- 
à-dîre  pour  quinze  jours  de  farine  ;  les 
chevaux  et  les  bcsuft  de  cet  attirail 
avaient  été  négligés  au  point  que  la 
moitié  avait  péri,  sans  cependant  qu'on 
eût  vu  d  ennemi  pendant  toute  la  mar- 
che. Ce  fut  là  le  principe  de  tous  les 
malheurs  qui  arrivèrent  depuis.  A  pei 
ne  l'armée  était-elle  «  deux  marches 
de  Prague,  que  M.  de  Bathyani  envoya 
on  détachement  de  quelques  millîm 
de  Croates  et  do  hussards  à  Béraun  el 
♦  Kfiuigmal;  eilte:diffM*M  éb»  e4 


♦ 


«. 


iS6  PKiniMG 

srtuée  au  confluent  de  la  Béraun,  dans 
la  Muldau,  à  deux  milles  aa*dessiis  de 
Prague.  Ces  troupes  légères  infestèrent 
teUement  les  avenues,  q:i*elles  inter- 
ceptèrent toutes  les  livraisons  que  le 
plut  pays  devait  faire,  et  que  les  com- 
munications étant  coupées,  Tannée 
prussienne  fut  quatre  semaines  sans 
recevoir  de  nouvelles  ni  de  Prague  ni 
de  ce  qui  se  passait  dans  le  reste  de 
l'Europe.  On  enleva  deux  malles  des- 
tinées pour  le  roi,  de  sorte  qu*il  igno- 
mit  non  seulement  la  marche  des 
Saxons,  mais  encore  où  pouvait  être 
Tiurmée  du  prince  de  Lorraine.  Il  doit 
paraître  étrange  qu'une  armée  aussi 
forte  que  l'armée  prussienne  n'ait  pu 
tenir  le  plat  pays  en  respect,  le  cou- 
trairtdre  aux  livraisons  nécessaires,  se 
procurer  des  subsistances,  et  avoir  des 
espions  en  abondance  pour  être  infoi^ 
mée  du  moindre  mouvement  des  en- 
nemis ;  mais  il  faut  savoir  qu'en  Bo- 
hème la  grande  noblesse,  les  prêtres 
et  les  baillis  sont  très  affectionnés  à  la 
maison  d'Autriche  ;  que  la  différence 
de  religion  inspirait  une  aversion  in- 
vincible à  ce  peuple,  aussi  stupideque 
superstitieux,  et  que  ta  cour  avait  or^ 
dooné  aux  paysans,  qui  tous  sont  serfs, 
d'abandonner  leurs  chaumières  a  l'ap- 
proche des  Prussiens,  d'enfouir  leurs 
blés,  et  de  se  réfugier  dans  les  forêts 
voisines  ;  elle  avait  ajouté  la  promesse 
de  réparer  tout  le   dommage  qu'ils 
pourraient  souffrir  de  hi  part  des  Prus- 
siens. L'armée  ne  trouvait  donc  que 
des  déserts  sur  son  passage,  des  villa- 
ges vides;  personne   n'apportait  au 
camp  des  denrées  à  vendre,  et  le  peu- 
ple, qui  craignait  les  punitions  rigou- 
reuses des  Autrichiens,  ne  pouvait  être 
engagé,  par  quelque  somme  que  ce 
ftt,  à  donner  les  nouvelles  qu'on  lui 
demandait  des  ennemis.  Ces  embarras 
f  frrant  enooie  augmentés  par  un  oorps 


de  dix  mille  hussards  que  les  Autri» 
chiens  avaient  fait  venir  de  Hongrie, 
et  qui  coupèrent  les  communications 
à  l'armée,  dans  un  pays  qui  n'était 
qu'un  composé  de  marais,  de  bois,  de 
rochers  et  de  tous  les  déniés  qu'un  ter- 
rain peut  renfermer.  L'ennemi  avait, 
avec  cette  supériorité  en  troupes  légè- 
res, l'avantage  de  savoir  tout  ce  qui  se 
faisait  dans  le  camp  du  roi,  et  les  Prus- 
siens n'osaient  aventurer  leurs  batteurs 
d'estrade,  à  moins  de  les  compter  pour 
perdus,  vu  la  supériorité  de  ceux  des 
ennemis  ;  de  sorte  que  l'armée  du  roi« 
toujours  retranchée  à  la  romaine,  était 
réduite  à  l'enceinte  de  son  camp.  Le 
manque  de  vivres,  joint  à  cette  gène 
où  se  trouvaient  les  Prussiens,  les 
obligea  de  retourner  sur  leurs  pas.'  Le 
maréchal  de  Schwérin  était  d'avis  de 
se  porter  sur  Neuhaus,  pour  augmenter 
la  jalousie  que  les  ennemis  pouvaient 
avoir  à  l'égard  de  l'Autriche.  Le  prinoe 
Léopold  soutenait  qu'il  fallait  se  por* 
ter  sur  Budweis,  qui  était  occupé  par 
M.  de  Nassau.  Sur  ces  entrefaites,  un 
espion  apporte  la  nouvelle  que  l'armée 
du  prince  de  Lorraine  se  trouvait  à 
Protiwin.  Cet  avis  décida  sur  le  parti 
qu'il  y  avait  à  prendre.  L'armée  re- 
passa la  Muldau  et  se  campa  sur  les 
hauteurs  de  Wodnian  ;  mais  a  peine  y 
fut^on  arrivé,  qu'on  reconnut  la  ftius- 
seté  de  l'avis.  Cela  mit  de  la  mésiotel- 
Ugenoe  entre  M.  da  Schvérin  et  le 
prince  Léopold  ;  le  roi  fut  souventdans 
le  cas  d'interposer,  son  autorité  pour 
empêcher  que  la  jalousie  de  ces  deux 
maréchaux  ne  nuisit  au  bien  généraL 
M.  de  Janus,  lieutenant-colonel  dans 
les  hussards  de  Thierry,  avait  été  dé- 
taché pour  presser  les  livraisons  que 
les  habitans  de  ces  contrées  devaieat 
faire  à  Tabor  ;  le  besoin  en  était  d'au- 
tant phis  pressant,  que  les  farines  de 
rangée  tînsent  ver^.lfur  fin*  Janiia 


mSTOlEfi    OK   JilON    TEMPS. 


lar 


marcha,  avec  deux  cents  hussards,  à 
na  village  nommé  Mûlhausen,  situé  au 
bord  de  la  Muldau.  L'ennemi  en  fut 
informé  ;  un  corps  considérable  de  hus- 
sards tomba  sur  lui  :  c'était  un  brave 
bomme,  et  il  perdit  la  vie  pour  que 
Ton  pût  dire  qu'il  avait  été  battu  ;  son 
corps  fut  dissipé.  Nadasti  Ot  des  ponts 
i  cet  endroit  même,  et  s'avança  droit 
à  Tabor  pour  l'attaquer.    Le  prince 
Henri,  frère  du  roi,  qui  y  était  tombé 
malade,  et  le  colonel  Kalnein ,  qui  y 
commandait,  lui  firent  comprendre 
qa'on  ne  s'empare  pas  d'une  ville  dé- 
fendue par  des  Prussiens,  avec  de  la 
cavalerie  légère.  Ce  fut  alors  qu'on  ap- 
prit que  le  prince  de  Lorraine  occupait 
un  camp  fort,  derrière  la  Wotawa,  à 
denx  milles  de  Pisek  ;  que  les  Saxons 
Pavaient  joint,  et  que  son  intention 
était  de  couper  les  Prussiens  de  la  Sa- 
sawa  et  par  conséquent  de  Prague,  en 
passant  ta  Muldau  derrière  l'armée.  Le 
manque  de  subsistances,  l'obstacle  que 
NadastI  mettait  à  en  amasser,  la  possi- 
bilité pour  les  Autrichiens  de  faire  ce 
monv^nent,  détermina  les  Prussiens  à 
s'approcher  de  Tabor;  Ils  passèrent,  le 
8  octobre,  la  Muldau  sur  le  pont  de 
Teyn.  L*arrière-garde  fut  vivement 
harcelée  par  des  pandours  et  des  hus^ 
sards;  ils  ne  réussirent  point  à  l'enta- 
mer, comme  ils  s'y  étaient  attendus. 
Le  brave  colonel  Ronch,  des  hussards, 
leur  prit  un  bataillon  de  Dalmatiens 
qui  s'aventura  trop,  et  rejmgnit  l'ar- 
mée, triomphant  d'un  corps  bien  su*- 
périenr  au  sien .  et  qui  l'avait  attaqué. 
L'armée  reprit  le  camp  de  Tabor,  pom* 
donner  an  général  Du  Moulin,  qui  était 
détaché  à  Neuhaus,  le  temps  de  h  re- 
joindre. Les  Autrichiens  étaient  si  sûrs 
de  couper  l'armée  prussienne  de  Pra- 
gue, que  par  leurs  ordres  on  amassait 
des  migasios  pour  eux  i  Beneaehau 
fl  mêivia  dtns  le  œrde  de 


Le  roi  se  repentit  trop  tard  de  n'dvoh* 
pas  mieux  garni  la  ville  de  Prague  de 
troupes.  Le  projet  de  prendre  des 
quartiers  d'hiver  entre  Tabor,  Nen* 
haus,  Bndweis  et  Fratienberg  était  mal 
conçu  ;  il  n'y  avait  de  là  à  Prague  au- 
cune ville  qui  eût  seulement  des  mu- 
railles, et  dont  on  pût  par  conséquent 
se  servir  pour  établir  la  communica- 
tion avec  la  capitale.  La  Muldau  était 
partout  guéable,  et  couverte  sur  la  rive 
gauche  de  forêts  impénétrables,  dont 
des  troupes  légères  pouvaient  tirer 
parti  pour  harceler  sans  cesse  les  quar- 
tiers des  Prussiens.  Si  cependant  les 
vivres  n'eussent  pas  manqué,  le  roi 
aurait  pu  se  soutenir  entre  la  Sasawa 
et  la  Luschnitz;  mais  le  manque  et 
vivres  est  le  pins  fort  argument  à  la 
guerre,  et  le  danger  de  perdre  Prague 
s'y  joignant,  l'armée  prussienne  ht 
obligée  de  rétrograder.  On  était  encore 
irrésolu  »  l'on  abandonnerait  ou  con- 
serverait les  postes  de  Tabor  et  de 
Budweis ,  en  s'en  éloignant  entière-^ 
ment  avec  l'année.  On  avait  saos  dou- 
te à  craindre  que  rennemi  ne  forçlt 
ces  villes;  d'autre  part,  il  fallait  oonai» 
dérer  qu'on  avait  été  obligé  de  laisser 
à  Tabor  trois  cents  malades  ou  blessés 
qu'on  n'avait  pu  transp<Mter  faute  de 
voitures.  On  ne  voulait  pas  abandon- 
ner ces  braves  gens;  on  résolut  donc 
de  laisser  garnison  dans  ces  deux  en- 
droits ;  l'on  espérait  que,  si  l'on  en  ve* 
naît  à  une  ImtaiUe  avec  les  Autrichiens, 
conune  cela  paraissait  probaUe  aprèi 
leur  jonction  avec  les  Saxons,  \^  éfr* 
nemis  battus  trouveraient  ces  postes 
sur  leur  chemin,  et  seraient  contraints 
de  se  rejeter  vers  Pilsen.  Ce  raisonne* 
ment  était  entièrement  faux  ;  car  dans 
un  cas  pressant,  il  vaut  mieux  pwira 
tiois  cents  malades  que  de  hasarder 
quelques  milliers  d'hommes  dons  dei 
villes  oà  M  pe  p^v^pt  se  détendre. 


lS9  '  FRÉDÉRIC  II. 

Au  contraire,  si  l'on  se  proposait  de  se  |  dire,  abandonné  ces  régimcns,  envoya 
battre,  il  fallait  rassembler  toutes  ses 
forces  pour  être  mieux  en  état  de  bat- 
tre Tennemi.  Ces  deux  misérables 
trous  ne  pouvaient  pas  empêcher  le 
prince  de  Lorraine  de  faire  sa  retraite 
conune  il  h  jugerait  a  propos.  Mais , 
disait-on,  le  maréchal  de  Seckendorff 
était  déjà  arrivé  en  Bavière  ;  il  avait 
rejeté  Bœr^nklau  en  Autriche,  il  avait 
nettoyé  d'ennemis  tout  cet  électoral, 
a  la  réserve  dlnglostadt,  de  Braunau 
et  de  Straubingen.  Soit;  mais  les  suc- 
cès des  impériaux  ne  devaient  pas  em- 
pédier  les  Prussiens  de  se  conduire 
prudemment,  et  ces  avantages  n'é- 
taient pas  assez  forts  pour  qu'on  pût 
impunément  commettre  des  fautes. 
Bans  cette  situation  le  poste  de  Be- 
neschau  devenait  de  la  dernière  im- 
portance ;  il  fallait  l'occuper  avant  le 
Prince  de  Lorraine,  parce  qu'il  était 
inattaquable  et  qu'il  pouvait  décider 
entre  les  mains  des  ennemis  du  destin 
de  l'armée  :  la  seule  ressource  qu'on 
aurait  eue  encore,  était  de  passer  la 
Sasawa  à  Rottay,  pour  tirer  des  vivres 
de  Pardobiti.  Le  maréchal  de  Schwérin 
se  mit  pour  cet  effet  à  la  tâte  de  quinze 
BiUe  homme  ;  il  prit  non  seulement 
le  camp  de  Beneschau,  mais  il  s'em- 
para encore  des  magasins  considéra- 
bles qu'on  y  avait  amassés  pour  les 
Autrichiens.  Le  roi  le  joignit  le  ik  ocr 
tobre  ;  l'avant^rde  de  l'ennemi  était 
déjà  en  marche  pour  s'y  rendre.  L'ar- 
mée séjourna  huit  jours  entre  Benes- 
i;hau  et  Konopitz.  On  y  apprit  la  nou- 
velle désagréable,  A  laquelle  cependant 
on  devait  s'attendre,  qu'un  détache- 
ment de  dix  mille  Hongrois  avait  fait 
prisonnier  à  Budweis  le  régiment  de 
CteBïi  et  à  TaboT  celui  des  pionniers. 
Ainsi,  pour  sauver  trois  centa  naïades, 
on  perdit  trois  mille  hommes.  Le  roi. 


ordre,  par  huit  personnes  différentes 
au  général  Creutz  qui  commandait 
dans  Budweis,  d'évacuer  la  ville  et  je 
suivre  l'armée;  mais  aucune  n'arrivl| 
jusqu'à  lui.  Budweis  se  rendit,  aprèA 
avoir  consommé  toutes  les  munitionf 
que  les  circonstances  avaient  permis 
d'y  laisser.  Tabor  fut  pris  à  tranchée 
ouverte,  par  une  brèche  que  l'ennemj 
avait  faite  à  la  muraille.  La  première 
de  ces  villes  soutint  un  siège  de  huit 
jours,  Tabor  un  de  quatre  et  Frauen- 
bcrg  se  rendit,  parce  que  les  Autri- 
chiens avaient  coupé  le  seul  canal  par 
lequel  la  garnison  recevait  ses  eatujL 
Gomme  il  était  à  craindre  que  les  vivres 
ne  manquassent  à  l'armée ,  M.  de 
Winterfeld  fut  détaché,  avec  quelques 
bataillons  et  un  régiment  de  hussanil, 
pour  assurer  la  communication  avec  le 
magasin  d&Leutmeritz.  Mais  l'avant- 
garde  du  prince  de  Lorraine  dont  nom 
avons  parlé ,  s'étant  aperçue  que  les 
Prussiens  les  avaient  prévenus  i  B^ 
nefchau,  se  retira  sur  Neweclow  et  40 
là  sur  Marscbowitz,  où  elle  fut  jointi 
par  l'armée  combinée  des  Autrichieii 
et  des  Saxons.  Le  roi  apprit  cette  nou- 
velle avec  plaisir,  dans  l'espérance  qna 
le  moment  de  venger  les  affronts  qQ'H 
avait  reçus  à  Tabor  et  à  Budweis  éUilt 
arrivé.  Dans  cette  vue,  le  2k  ocloto 
après  midi,  il  mit  l'armée  en  marché 
sur  huit  colonnes,  pour  attaquer  l'ao- 
nemi,  après  avoir  passe  des  chen^pt 
que  jamais  troupes  n'avaient  travfp- 
sés  ;  il  arriva  au  déclin  du  jour  sur  une 
hauteur  qui  n'était  qu'à  un  quart  de 
mille  de  l'armée  autrichienne;  les 
Prussiens  s'y  formèrent  et  y  passèrent 
la  uuit.  Le  lendemain  le  roi  et  tv 
principaux  ofliciers  allèrent  reconnit- 
tre  Teonemi  dès  la  pointe  du  jour,  Qn 
trouva  qu'il  avait  changé  de  loninii  ft 


qui  se  fcpeulait  devoir,  pov  emai><itt*iisétaîtpeité»is»¥Îs4ttfltB0iliMpf 


BISTOIEE   OE  MÔH   TBMPS. 


im  VnaâeùS^  sor  une  bautew  eicar* 
pée,  ao  pied  de  laquelle  dans  mi  ter* 
rain  marécageox  eoQlait  une  eau  bour- 
beose  ;  ce  fond  séparait  les  den  ar- 
mées. Ce  cAté  était  entièrement  inat- 
taquable. On  plaça  quelques  bataillons 
de  grenadiers  dans  un  taillis  d'où  la 
droite  de  l'ennemi  pouvait  être  vue  ; 
ofl  ia  trouva  aussi  avantageusement 
placée  que  sa  gauche.  L'impossibilité 
de  réussir  dans  une  telle  attaque  en 
fit  abandonner  le  dessein,  et  l'on  résolut 
de  retourner  au  camp  de  Beneschau. 
Les  grenadiers  qui  avaient  servi  è  re- 
counattre  Tennemi ,  firent  rarriëre- 
garde.  Les  Autrichiens,  qui  s*attcn- 
daient  â  être  attaqués,  ne  s*apperçu- 
reot  pas  de  la  retraite  de  leurs  enne- 
mis, dont  une  montagne  leur  dérobait 
les  mouveroens  :  il  n'y  eut  qu'une  lé- 
gère escarmoche  à  Tarrière-garde,  et 
les  Prussiens  reprirent  paisiblement 
lear  poste  de  Beneschau.  Lorsqu'une 
année  oA  il  se  trouve  cent  cinquante 
eseaArons,  séjourne  aunlelà  de  huit 
jûQTS  dans  le  même  camp,  il  n'est  pas 
étonnant  que  les  fourrages  viennent  à 
loi  manquer,  surtout  lorsque  c'esl  un 
pays  de  montagnes  et  de  bois,  et  qu'il 
est  hnpossible  d'obliger  le  plat  pays  à 
Ihrrer  des  subsbtanees.  C'est  ee  qui 
força  le  roi  à  choisir  un  autre  camp, 
«A  il  pAt  trouver  des  fourrages  et  qui 
en  même  temps  <e  rapprochât  4e  sa 
boidangerie.  L'armée  déeampa  donc 
le  lendemain,  passa  fat  Sasawa  à  Bors- 
dittz  et  vint  se  poster  auprès  de  Pys- 
eheli.  En  même  temps  M.  de  Nassau 
ht  détaché  avec  dii  bataillons  et  trente 
escadrons,  pour  déloger  de  Kamei^ 
bourg  un  corps  ennemi  de  dii  mille 
hommes,  tant  troupes  réglées  que  hon- 
groises. H.  de  Nassau  Pattaqua  sur 
uoe  hauteur  avantageuse  qu'il  occu- 
pait ;  quelques  coups  de  canon  mirent 
l'eiinemi  en  désordre  ;  il  abandonna 


son  poste  pour  rcpagner  |a  Siisawa  à 
Rattay.  M,  de  Nassau  les  cot6ya  et 
s'apporcevaat  qu'ils  voulaient  gagner 
Kolin  avant  lui,  il  les  prévint,  et  s'em^ 
para  de  ce  poste.  Depuis  l'escarmouche 
de  Kameihonrg,  personne  n'eut  des 
nouvelles  de  M.  de  Nassau  qui,  de  soq 
cêté ,  ne  put  en  foire  parvenir  aucune* 
tant  les  troupes  légères  dos  Autrichiens 
avaient,  par  leur  nombre*  la  sppénprité 
sur  celles  des  prussiens  :  ils  étaiep^ 
dans  un  terrain  fourré,  avai#nt  la  fa* 
veur  du  pays,  étaient  informés  de  tout, 
tandis  que  les  Prussiens  n'ètaieiit  iit  • 
struits  de  rien,  fxs  Autrichiens  agis- 
saient de  tous  les  isùtés  pour  se  procurer 
cette  supériorité  sur  les  Prussiens;  iU 
pensèrent  surpraudre  à  Pardubitz  avec 
son  régment  le  colonel  Zimmernau, 
qui  avait  dans  ee  fort  la  garde  du  ma- 
gasin :  quinte  cents  grenadiers  et  six 
cents  hussards,  vomis  de  la  Moravie, 
se  déguisèrent  en  paysaqs,  et  sous 
préteite  de  livrer  au  magasin»  ib  eiH 
sayénsnt  da  s'introduire  dans  la  ville 
au  moyen  de  leurs  chariots.  La  trame 
fut  découverte  par  un  Autrichien  qui 
lâcha  imprudemment  un  coup  de  pis* 
Met;  les  gardes  des  portes  et  des  ra* 
veiins  firent  feu  sur  cette  troupe,  qui 
perdit  soixante  honimes.  Cette  défense 
àt  beaucoup  d'honneur  à  la  vigilance 
de  H.  de  Zimmemau,  et  laissa  aux  en«- 
nemis  le  regret  d'avoir  inutilemeta 
perdu  du  monde.  Peu  après  que  le  roi 
eut  pris  la  camp  de  Pyscheli,  le  prince 
de  Lorraine  prit  eehii  de  Beneschau  ; 
il  avait  le  pays  à  sa  dévoiion,  les  cer- 
cles lui  livraient  ses  vivres  et  il  ptirviul 
à  subsister  qudques  jouis  encore  là  où 
les  Prussiens  anraienl  péri  de  faim  siis 
y  fussent  restés  :  il  se  porta  ensulU^ 
sur  KameiiH>ttrg,  où  il  passa  ia  JiMisai»ii, 
dirigeant  sa  marche  sur  JanowiU  en 
gardant  ces  maraiti  è  dos.  La  dosstjti 
du  prince,  ou  pour  oùeut  dire  du 


▼leui  maréchal  Traan,  était  d'obliger 
»e  roi  d*opter  entre  la  Silésie  oa  la 
Bobème.  Si  le  roi  restait  auprès  de 
Prague,  les  ennemis  lui  coupaient  la 
communication  avec  la  Silésie,  et  si  le 
roi  tirait  vers  Pardubitz,  Prague  et  la 
Bohème  étaient  perdus.  Ce  projet  était 
beau  et  digne  d'admiration  :  le  maré- 
chal Traun  y  ajoutait  la  sage  précaur 
tion  de  dioisir  toujours  des  camps 
inattaquables,  pour  ne  point  être  obli- 
gé de  combattre  malgré  lui.  Si  le  roi 
avait  pu  marcher  aux  ennemis  au  mo- 
ment où  ils  décampèrent,  il  les  aurait 
forcés  au  combat,  ou  il  aurait  gagné 
sur  eux  le  poste  de  Kuttenberg,  ce  qui 
aurait  ruiné  tous  leurs  desseins.  Le 
manque  de  pain,  raison  si  souvent  al- 
léguée dans  le  récit  de  cette  campagne, 
empêcha  cette  opération.  Cependant , 
pour  tenter  Timpossible,  le  roi  avança 
le  lendemain  avec  Taile  de  l'armée  ;  le 
prince  Mopold  devait  suivre  avec  le 
pain  qu'on  attendait  de  Prague.  Le  bon- 
heur voukit  qu'à  Kosteletz,  où  le  roi  prit 
son  camp,  il  trouvât  pour  trois  jours 
du  pain,  du  vin  et  des  viandes  desti- 
nés aux  ennemis  ;  il  fit  distribuer  ces 
provisions  A  ces  troupes.  Son  intention 
était  de  gagner  le  lendemain  Janowitz  ; 
mais  il  fut  trompé  par  des  espions  qui 
assurèrent  que  le  prince  de  Lorraine  y 
était  déjà.  On  tourna  donc  sur  la  gaur 
chc,  et  l'armée  se  campa  àKaurzim,  à 
un  mille  de  l'Elbe.  Ce  ne  fut  qu'alors 
qu'on  apprit  que  M.  de  Nassau  était  à 
Kolin  et  qu'un  convoi  de  pain  arriverait 
incessanunent  de  Leutmeritz  à  l'ar- 
mée ;  pour  en  faciliter  le  transport,  on 
garnit  de  grenadiers  Brandeis  et  Nien- 
burg.  Le  lendemain  le  prince  Léopold 
rejoignit  l'armée  ;  le  jour  d'après  on 
se  posta  sur  Planiany.  L'ennemi  avait 
eu  dessein  d'y  venir  ;  aussi  y  trouva- 
trUffi  d'abondantes  subsistances.  L*aile 
droite  des  Pmasieps  était  an  convept 


de  Zasmuky,  éteigne  d'un  quart  de 
mille  de  la  gauche  des  Autrichiens  : 
des  marais  et  des  bois  séparaient  les 
deux  armées.  Cependant  il  y  avait  tout 
à  craindre  pour  PardubilE  ;  les  Autri- 
chiens en  étaient  plus  près  d'une 
demi-marche  que  les  Prussiens.  On  y 
envoya  avec  huit  bataillons  et  dix  es- 
cadrons, M.  Du  Moulin,  qui  passa  par 
Kolin  et  couvrit  Pardubitz  et  les  maga- 
sins. Le  point  principal  alors  était  de 
gagner  Kuttenberg  :  il  n'y  avait  pas  de 
temps  a  perdre,  si  Ton  y  voiUait  de- 
vancer les  ennemis.  Quoique  les  trou- 
pes fussent  fatiguées  de  trois  marches 
consécutives,  il  fut  résolu  que  par  un 
effort  ou  arriverait  le  lendemain  à 
Kuttenberg,  ou  que  l'on  forcerait  le 
prince  Charles  au  combat,  ^i  l'un  ni 
l'autre  n'arriva.  Un  brouillard  épais 
qui  dura  depuis  six  heures  du  matin 
jusqu'à  midi,  Qt  perdre  la  moitié  de 
cette  journée,  et  quelque  diligence 
qu'on  fit  dans  la  suite,  il  fut  impossible 
d'arriver  à  la  fin  du  jour  plus  loin  que 
Gross-Gubel,  où  l'on  dressa  les  tentes. 
L'armée  avait  la  ville  de  Kolin  et  r£lbe 
à  dos  à  la  distance  d'un  demi-mille  ; 
ses  deux  ailes  étaient  appuyées  à  des 
villages  ;  une  petite  plaine  était  devant 
le  front,  bornée  par  un  bois  touffu,  où 
campait  le  prince  de  Lorraine  :  ce 
prince  se  servit  de  l'avance  que  sa  po- 
sition lui  donnait  sur  celle  des  Pru^ 
siens,  et  dès  le  soir  il  envoya  un  gros 
détachement  pour  occuper  la  hauteur 
de  Jean-Baptiste,  fort  escarpé  et  qai 
domine  tous  les  environs.  Le  roi  aurait 
voulu  se  battre  avant  d'avoir  consom- 
mé ses  magasins  ;  une  affaire  généraU 
convenait  à  ses  intérêts  ;  mais  elle  ne 
convenait  pas  à  ceux  des  Autrichiens, 
et  ils  l'évitèrent  soigneusement.  Tandis 
que  le  prince  de  Lorraine  et  Traun 
s'établissaient  sur  la  cime  des  rochers, 
Nadasti  ^jot  se  ^cer  sur  la  droite  dos 


HISTOIRS   DM  MOM    TEMPS. 


Ul 


Pnissieiis  avec,  six  mille  Hongrois  ; 
GiiilaD,  avec  an  corps  de  la  même  for- 
ce, se  mit  dans  le  bois  qui  bornait  le 
front  de  la  plaine  ;  Trenck  et  Moratz 
se  mirent  sur  la  gauche  avec  leurs 
troupes  légères,  pour  resserrer  l'armée 
dans  son  camp  et  l'empêcher  d'en 
sortir  pour  aller  fourrager.  11  paraîtra 
peut-être  étrange  que  les  Prussiens 
n'aient  rien  tenté  pour  déloger  ces 
corps  de  leur  voisinage  ;  mais  ces  corps 
avaient  des  déQlés  devant  eux,  et  on 
ne  pouvait  les  aborder  qu'avec  désa- 
vantage. La  mauvaise  nourriture  des 
troupes,  la  misère  et  les  fatigues  qu'el- 
les avaient  souflfertes,  occasionnèrent 
on  grand  nombre  de  maladies;  il  n*y 
avait  pas  cent  hommes  par  régiment 
exempts  de  la  dissenterie  ;  les  officiers 
n'étaient  pas  mieux  ;  les  fourrages  du 
camp  étaient  consommés  ;  on  ne  pou- 
vait avoir  des  vivres  que  de  l'autre 
côté  de  l'Elbe  ;  la  saison  devenait  plus 
rude  de  jour  en  jour  ;  toutes  ces  rai- 
sons obligèrent  à  repasser  l'Elbe  à  Ko- 
Ho  et  à  cantonner  les  troupes  pour 
conserver  et  rétablir  les  malades. 

L'armée  décampa  le  9  novembre, 
el  fit  sa  retraite  en  si  bon  ordre,  que 
q;aand  même  le  prince  de  Lorraine 
aurait  voulu  l'entamer,  on  aurait  pu 
sur  ce  terrain  engager  avec  avantage 
une  affaire  générale.  Dix  bataillons 
garnirent  la  ville  de  Kolin,  postés  der- 
rière des  murailles  qui  formaient  un 
retranchement  naturel:  on  plaça  les 
batteries  sur  des  éminences  plus  près 
de  la  villa,  d'où  elles  dominaient  sur 
tout  le  tesraitt.  Kolin  et  Pardubitz  de- 
venaient alors  des  postes  importans , 
parce  qu'ils  assuraient  la  communica- 
tkm  avec  la  Silésie  comme  avec  Pra- 
gue. Botre  ces  deux  têtes,  on  établit 
des  postes  le  long  de  la  rivière,  et  der- 
rière cantonnaient  les  troupes.  A  pei- 
na laa  Prusriens  eureni4s  passé  l'Elbe, 


que  les  pandours  attaquèrent  Kolin; 
mais  ils  y  furent  si  mal  reçus,  qu'ils 
perdirent  l'envie  d'y  revenir.  La  nmt 
du  12,  les  grenadiers  de  la  reine,  avec 
toutes  les  troupes  hongroises,  tentè- 
rent une  nouvelle  attaque  et  furent 
partout  repoussés  vigoureusement;  ils 
y  perdirent  trois  cents  soldats  tués; 
Trenck,  ce  fameux  pillard,  y  fut  Uessé. 
Le  prince  de  Lorraine  croyait  la  cam- 
pagne Unie ,  et  aurait  voulu  donner 
aux  troupes  un  repos  qu'elles  avaient 
bien  mérité  par  les  fatigues  essuyées 
en  Alsace  et  en  Bohême.  La  cour  de 
Vienne  pensa  autrement  ;  elle  donna 
des  ordres  exprès  au  prince  de  Lorrai- 
ne de  continuer  les  opérations.  Le  roi 
se  flattait  de  Tidée  que  Tennemi  pren- 
drait ses  quartiers  entre  l'Elbe  et  la 
Sasawa  ;  dans  le  dessein  où  il  était  de 
tomber  dessus  par  Pardubitz  et  Kolin, 
et  de  nettoyer  d'Autrichiens  les  cer- 
cles de  Czaslau  et  de  Chnidim ,  il  avait 
pris  son  quartier  &  Turnow,  proche  de 
Pardubitz;  celui  du  prince  Léopold 
était  peu  éloigné  de  Kolin.  L'ennemi 
et  dans  ce  temps-là  des  mouveroens 
qui  semblaient  dénoter  qu'il  avait  quel- 
que  dessein  sur  Pardubitz  ;  ce  qui  en- 
gagea ce  prince  à  s'approcher  davan- 
tage des  quartiers  de  la  gauche.  Sur 
ces  entrefaites,  on  intercepta  des  let- 
tres de  Vienne;  elles  annonçaient  un 
grand  dessein,  qui  devait  s'exécuter 
le  18  novembre.  Le  général  d'EinOe- 
del,  qui  commandait  à  Prague,  man- 
dait que  l'ennemi  faisait  travailler  à 
des  échelles  dans  tous  les  villages  voi- 
sins, et  le  général  Nassau  avertissait 
qu'il  s'attendait,  dans  quelques  jours, 
à  être  attaqué  à  Kolin.  Il  n'y  avait  rien 
è  craindre  pour  Pardubitz,  où  se  trou- 
vait l'aile  gauche  de  l'armée. 

De  mille  en  mille,  le  long  de  l'Elbe, 
il  y  avait  des  postes  d'infanterie,  et 
Quarante  escadrons  de  hussards  êtaiafit 


Astriboés  entre  deui,  pour  renier  an  les  bois  voisinf,  faute  de  Moiih  il 
patrouilles  et  sar  les  moindres  moiife-  s'était  retiré  en  bon  ordre,  par  lâ  fbrA 
mens  des  troupes  dé  la  reine.  Par  ces  de  Wfschejowilz,  pour  rejoindre  Tà^ 
précaatioDS,  le  roi  doTait  tonjours  être  *  mée.  Ce  passage  de  FElbe  était  A- 
averti,  an  cas  qne  l'ennemi  tentât  le  '■  chenx,  soit  qne  la  négligence  deft  hA 


passage  de  l'Elbe;  Il  n'j  a^ait  donc 
proprement  que  la  ville  de  Prague  pov 


sards  en  Ittt  cause  on  non  ;  et  oetM  èH 
treprise  décidait  de  tonte  h  campâgiM 


laqaeHe  on  pftt  appréhender.  Le  roi  y  |  Le  temps  empioté  à  se  pUlMM  db 
envoya  M.  de  hottembourg,  avec  ses  |  destin  aurait  été  perdu;  on  ne  sottgHs 
dragons  et  trois  bataillons,  pour  ren- 1  qn^à  remédier  au  mal  autant  qM  ks 
forcer  la  garnison.  Ce  jour  critique,  le  |  circonstances  le  permettaient.  VÈt- 
18,  arriva  enfin,  et  ne  produisit  de  la  i  mée  reçut  d'abord  ordre  de  se  rtaseltt- 
part  deVennemi  qne  beaucoup  de  mar-  \  Mer  à  MMschejowitz,  qui  était  ad  ced- 
ches,  de  contremarches  ;  le  19  parut  !  tre  de  ses  cantonnemens  ;  on  ne  faMs 
phu  décisif.  On  entendit,  dès  les  cinq  ;  à  Pardubitz  que  trois  batailloiis ,  sotk 
heures  du  matin,  des  décharges  de  gros  i  les  ordres  du  colonel  Retlow.  L*ardiée 
canon  et  un  feu  d*infanterie  assez  vif.  I  se  trouva  à  son  rendez-vous  le  soil;  i 
Le  roi  envoya  de  tous  côtés  pour  sa- 1  neuf  heures,  campée,  en  front  de  IMÉ- 
^  oîf  oà  l'on  tirait  ;  tout  le  monde  était  |  dière,  à  l'exception  du  corps  de  If .  4e 
dans  la  prévention  que  c*était  quelque  I  Nassau,  qui  était  à  Kolin,  et  de  derii 
nouvelle  tentative  sur  Kolin.  Les  coups  i  bataillons  détachés,  l'un  k  B^ndeb  et 


qu'on  entendait  se  tiraient  à  la  droite 
de  l'armée  ;  et,  comme  le  général 


l'autre  h  5ienbourg.  Le  bataiHoB  et 
Wédel  perdit  deux  officiers  et  ceM 
saus*étaitattenduàqueh|ueentreprise(  hommes,  tant  morts  qne  Measéa,  A 
du  prince  de  Lorraine  sur  son  poste  et 
qu*on  ne  recevait  point  d*autre  nou- 
velle, on  ajouta  trop  légèrement  foi  à  j  Cettebelleactionvahit  A  WédelleiMfe 


raflhire  de  SoMnitz,  qui  sert  i 
mémorable  dans  les  fastes  praarielfL 


ce»  apparences.  On  demeura  dansoette 
incertitude  jusqu'à  midi,  qu*un  officier 
de  hussards  Gt  au  roi  le  rapport  :  que, 
pendant  la  nuit,  les  troupes  de  la  rei- 
ne avaient  fait  des  ponts  auprès  de 
Boidnitz;  que  la  négligence  des  pa- 
tiouilles  avait  été  cause  qu*on  ne  s'en 
était  aperçu  qu*à  la  pointe  du  jour; 
que  le  lieutenant-colonel  de  Wèdel, 
dont  le  bataillon  se  trouvait  le  ptas 
proche,  y  avait  marché  ;  que  malgré  le 
feu  de  cinquante  canons,  il  avait  re- 
poussé trois  fois  les  grenadiers  autri- 
chiens; que  pendant  cinq  heures,  il 
avait  disputé  ce  passage  au  prince  de 
Lorraine  ;  que  les  husîtards,  qu*il  avait 
envoyés  i  Tarmée  pour  l'avertir  de  sa 
aitnation«  ayant  été  tués  en  chemiD 
yar  dca  hnlani  qui  s'étaient  glissés  dan» 


de  Léonidas.  Le  prince  de  Lerrahe, 
surpris  qu'un  seul  bataillon  praasien  M 
eèt  di^uté,  pendant  cinq  heunraa^  le 
passage  de  l'Elbe,  dit  aux  oAcien  (|Bi 
ïaocorapagfiaienl  :  «  La  reine  aenlt 
»  trop  heureuse  si  elle  avait  dans  ath 
a  armée  des  officiers  eomnM  ee  M^ 
»  ros.  a 

La  situation  critique  où  se  tmevaHit 
les  affaves  porta  le  roi  i  ramcmMe*  ks 
prindpanx  offideta  Je  ses  iRtapaa^ 
pour  délibérer  avet  eut  s»  le  part 
qu'il  y  avait  i  prendre.  La  qneakaa 
roulait  sur  deux  objela  :  maiîhairit 
on  à  Pragae  pour  se  maintenir  danatl 
royaume,  m  évacneraii-on  tfeign  il 
la  Bohèflse  pour  se  retirer  tm  ttàèâlb. 
Chacun  de  lea  partis  avait  ése  iosfll^ 
venions.  Le  prince  LéopaU  él^l  dT»- 


UISTOÎHI:   DE   MOS  TIlMIS. 


ni 


▼is  (!e  marcher  à  Prague,  puisqu'il  so 
trouvait  encore  quelque  amas  de  fa- 
rine a  Leutmcritz,  et  qo*en  évacuant 
Prague,  on  serait  en  même  temps 
oblige  d'abandonner  la  grosse  artille- 
rie, que  le  mauvais  état  des  chemins 
ne  permettrait  pas  de  traîner  avec  soi, 
outre  le  risque  que  la  garnison  avait  h 
courir  par  une  retraite,  au  moins  de 
trente  mille  (  soiiante  lieues  ),  jusqu'à 
ce  qu'elle  pût  regagner,  par  Leutmc- 
ritz et  U  Lusace,  les  frontières  de  la 
Silésie.  Le  roi  était  du  sentiment  qu'il 
fallait  marcher  en  Silésie,  parce  que 
c'était  h  parti  le  plus  sûr.  Le  projet  de 
se  maintenir  a  Prague  donnait  a  l'en- 
nemi la  facilité  de  couper  à  l'armée 
toute  communication  avec  la  Silésie. 
Les  Saxons  en  auraient  fait  autant  sur 
leurs  frontières,  de  sorte  que  cette  ar- 
mée aurait  été  ruinée  avant  le  prin- 
temps, faute  de  vivres,  de  recrues, 
d'armes,  de  munitions  de  guerre  et  de 
chevaux  de  remonte  pour  la  cavalerie. 
D'ailleurs,  les  conununications  fer- 
mées, d'où  seraient  venues  les  som- 
mes pour  payer  les  troupes,  acheter 
des  magasins,  etc.  Comment  le  géné- 
ral de  Marwitz,  avec  vingt-deux  mille 
liommes,  pouvait-il  couvrir  les  deux 
Silésîes  contre  l'armée  du  prince  de 
Lorraine?  Ces  raisons  décidèrent  le 
retour  en  Silésie,  où  l'armée  trouvait 
toutes  les  ressources  dont  elle  avait 
besoin  pour  se  rétablir,  où  les  places 
fortes  étaient  remplies  de  magasins,  le 
pays  de  subsistances,  où  l'on  regagnait 
la  communication  avec  le  Brande- 
bourg, où  enGn  ni  argent,  ni  chevaux, 
ni  ressources  ne  pouvaient  manquer. 
Et  pour  prendre  les  choses  réellement 
telles  qu'elles  étaient,  le  roi  ne  faisait 
de  perte,  en  se  retu^nt  de  la  Bohème, 
que  celle  de  sa  grosse  artillerie.  Tous 
les  généraux  se  rangèrent  de  cet  avis. 
La  résolution,  qui  avait  été  prise 


sur-le-champ,  Jnv/.îl  être  elécutée  de 
même.  Le  roi  Ht  partir  un  homme  de 
conflance  et  de  ressource,  nommé  Ru- 
iow,  son  aide-de-camp,  pour  porter  à 
tous  les  corps  détachés,  ainsi  qu*à  la 
garnison  de  Prague,  l'or  Ire  d'évacuer 
la  Bohême.  M.  de  Nassau  ftit  instruit 
de  prendre  le  chemin  de  Chlumetz  ou 
de  Néchanitz  pour  rejoindre  l'armée , 
tandis  que  le  roi  ferait  vis-à-vis  du 
prince  de  Lorraine  les  mouvemens  les 
plus  convenables  pour  faciliter  cette 
jonction.  Bulow  fut  assez  heureux  pour 
traverser  des  détachcmens  de  hussards 
ennemis,  et  pour  porter  ses  ordres  à 
ceux  auxquels  il  devait  les  rendre.  Ce 
parti  devenait  d'autant  plus  nécessaire, 
que  la  garnison  de  Prague  n'avait  de 
subsistances  que  pour  six  semaines,  et 
que  la  faim  l'aurait  contrainte  de  se 
rendre,  si  l'on  avait  attendu  ce  terme. 
Le  20  novembre,  le  roi  s'approcha  de 
Chlumetz,  alin  de  seconder  les  mouve- 
mens de  M.  de  Nassau;  il  demeura 
dans  ce  poste,  pour  laisser  à  ce  déta- 
chement le  temps  de  gagner  Bitschow 
et  Néchanitz.  Le  22,  l'armée  se  mit  en- 
tre Pardubitz  et  Kœnigsgrxtz,  au  vil- 
lage de  Woititz,  qui  couvrait  le  défilé 
de  Néchanitz.  Les  malades  et  le  baga- 
ge, sous  une  bonne  escorte,  prirent 
les  devans  pour  la  Silésie,  afm  d'alléger 
la  marche  des  troupes.  M.  de  Rctzow 
évacua  Pardubitz  ;  le  2i,  toute  la  ca- 
valerie marcha  u  la  rencontre  de  M.  de 
Nassau,  et  l'amena  rejoindre  l'armée. 
On  fit  déiilcr  l'infanterie  par  Kœnigs- 
gnetz,  pour  se  cantonner  dans  les  vil- 
lages qui  sont  en  deçà  de  l'Elbe.  On 
resta,  le  25  et  le  26,  dans  cette  posi- 
tion. Le  27,  l'armée  se  partagea  en 
trois  colonnes,  dont  Tune  prit  le  che- 
min du  comté  de  Glatz;  la  seconde, 
que  le  roi  conduisait,  passa  par  les 
gorges  de  Braunau  ;  et  la  troisième , 
conduite  par  M.  Du  Moulin,  enflla  U 


ikk  FRÉDÉRIC  11. 

diemin  de  Trautenau  à  Schatziar.  La  en  respect.  La  garuison  de  Prague  ne 


première  colonne  ne  fat  point  inquié- 
tée dans  sa  marche.  La  brigade  de 
Trachses,  qui  était  à  la  seconde  co- 
lonne et  qui  en  faisait  l'arrière-garde , 
fut  attaquée  en  passant  le  ruisseau  de 
la  Métau,  proche  du  village  de  Pless. 
Trachses  s*amusa  mal  à  propos  à  es- 
carmoucher  avec  les  pandours ,  et  il 
eut  quarante  hommes  tant  morts  que 
blessés.  Ce  qui  caractérise  bien  Tesprit 
hongrois,  c'est  qu*au  milieu  de  cette 
escarmouche,  quelques  cochons  se  mi- 
rent à  crier  dans  le  village  de  PIcss; 
ce  fut  le  signal  de  la  trêve  :  les  pan- 
dours abandonnèrent  les  Prussiens,  et 
coururent  tous  au  village  égorger  des 
bètes  qu'ils  aimaient  mieux  manger 
que  de  se  battre.  11  y  a  sûrement  dans 
rhistoire  peu  d'exemples  d'escarmou- 
ches aa«si  vives,  qui  aient  eu  un  dé- 
nouement aussi  grotesque.  La  colonne 
de  M.  Du  Moulin  fut  attaquée  au  vil- 
lage d*£lse,  mais  avec  si  peu  de  vi- 
gueur, que  cela  ne  mérite  aucune  con- 
sidération. La  colonne  où  était  le  roi 
arriva  le  4>  décembre  à  Tannhausen  ; 
le  vieux  prince  d'Anhalt  y  fut  rendu 
presque  en  même  temps.  Le  prince 
Léopold  était  attaqué  d'une  maladie 
qui  falsait*craindre  pour  ses  jours.  Le 
maréchal  de  Schwérin  avait  pris  de 
l'humeur  et  quitta  l'armée  avant  le  re- 
tour en  Silésie.  Le  roi  fut  obligé  de 
se  rendre  i  Berlin ,  afin  d'y  régler  les 
arrangemens  nécessaires  pour  la  cam- 
pagne pr(»<,hame,  et  de  préparer  en 
même  temps  les  voies  à  quelques  né- 
gociations, que  l'on  pouvait  rendre  plus 
vives  au  cas  que  les  circonstances  l'exi- 
geassent. Voici  ce  qui  arriva  aux  autres 
corps  dans  leur  retraite.  M.  de  Win- 
terfeld  ramena  heureusement  son  dé- 
tachement de  Leutmeritz  en  Silésie  ;  il 
fut  harcelé  en  chemin,  mais  ses  bon- 
nes dispositions  tinrent  les  Hongrois 


suivit  pas  littéralement  les  ordres 
qu'elle  avait  reçus.  M.  de  Einsiedel  de- 
vait faire  sauter  les  ouvrages  du  Wis- 
cherad  et  de  Saint-Laurent  ;  il  devait 
faire  crever  les  canons  de  la  grosse  ar- 
tillerie et  en  brûler  les  affûts,  jeter  dans 
l'eau  les  fusils  dont  la  garnison  de  la 
reine  avait  été  armée.  M.  de  Einsiedel 
crut  faussement  que  ce  premier  ordre 
serait  révoqué  ;  il  en  suspendit  l'exécu- 
tion jusqu'au  moment  de  son  départ  : 
il  fut  trop  tard  alors.  Lorsqu'il  vit  que 
le  moment  d'évacuer  la  ville  appro- 
chait, il  rassembla  tous  les  chevaux 
qu'il  put  trouver,  pour  amener  avec  lui 
quarante-deux  pièces  de  campagne  au- 
trichiennes, à  la  place  du  gros  canon 
qu'il  fallait  abandonner  Ce  fut  le  26  de 
novembre  que  la  garnison  sortit  de 
Prague.  M.  de  Einsiedel  avait  si  mal 
pris  ses  précautions,  que  ses  troupes 
défilaient  encore  par  la  porte  Saint- 
Charles,  que  déjà  quatre  cents  pan- 
dours s'étaient,  d'un  autre  cûté,  intro- 
duits dans  la  ville.  Ces  Hongrois  atta- 
quèrent l'arrière-garde.  M.  de  Rottem- 
bourg,  qui  s'y  trouvait,  fit  tirer  sur  eux 
queli;ues  canons  chargés  à  mitraille  qui 
les  continrent.  Cette  garnison  arriva  le 
30  à  Leutmeritz.  On  s'y  arrêta  quel- 
ques jours,  afin  de  s'y  pourvoir  de  pain 
et  de  provisions.  Quand  M.  de  Einsie- 
del arriva  à  Lcipe,  il  apprit  que  les 
Saxons  voulaient  lui  disputer  le  chemin 
de  la  Silésie  :  car  le  prince  de  Lorraine 
n'avait  suivi  le  roi  que  jusqu'à  Nachod, 
d'où  il  avait  pris  la  route  de  la  Moravie, 
et  les  Saxons  celle  des  cercles  de  Buntz- 
lau  et  de  Leutmeritz.  Il  y  eut  quelques 
escarmouches  en  chemin  avec  les  trou* 
pes  légères  des  ennemis,  mais  peu  im« 
portantes.  Comme  il  arriva  à  Hoch wald . 
bourg  situé  è  deux  milles  de  Friediand 
et  A  trois  des  frontières  de  la  Silésie* 
il  aperçut  un  gros  corps  et  apprit  par 


flinwu  M  non  n 


des  treMAige»  et  4W  espions  <)ae  C'é- 
lart QM  partie  du  eofp» saton  aax  or- 
Ac9  Ai'die^ier  éc  Saxe,  annuel  dem 
miUe  grenacHeis  antridiiens  s'étaient 
joifils.  M.  de  Einsiedel,  qui  ne  s'était 
jamait  tronvé  en  pareH  cas,  perdit  en- 
tièrenienl  contenance  ;  il  fut  longtemps 
indécis  s*il  attaqnenîl  eea  Salons ,  qui 
s'élaienl  bit  des  relr»eheniens  avec 
de  la  neige  entassée,  ou  sll  traverse- 
rait la  Liiaace  poor  rentrer  en  Stiésie. 
Les  eaoemia  avaient  fait  de  si  jB^nds 
abatis  sur  le  dieAHi  de  Frîedinnd , 
fi'il  était  devenu  iraprattcabit'  dans 
oelte  sataoo.  M.  de  Rotterobourg, 
foyant  que  Tincertitude  de  M.  de  Ein- 
«iedel  laiaaec&il  périr  les  troupes  de 
troid  et  de  nîstee,  fit  reconnaître  les 
chemins  de  la  Lusace  et  prit  en  même 
temps  la  résolution  d'attaquer  le  che- 
valier de  Saxe,  en  se  chargeant  de  Té- 
Ténement.  Un  capitaine,  nommé  Cott- 
witz.  Saxon  de  naissance ,  dcserta  la 
uuit  et  avertit  le  chevaUer  det»  desseins 
de  Hotleoiboiirg.  Ce  dernier  se  voyant 
(rahi«  profita  de  la  trahison  même  :  il 
se  mît  le  lendemain  de  bon  malin  en 
marche  par  sa  gauche  et  entra  en  Lu- 
sace. Les  Saxon»  n'étaient  occupés 
(ja'i  leur  défense,  et  ils  furent  instruits 
en  même  temps  qu'un  gros  corps  prus- 
sien, aux  ordres  de  M.  de  Nassau,  dé- 
filait par  la  Silésie  pour  leur  toml>er  à 
dos;  ils  étaient  si  occupés  de  ces  nou- 
velles, que  la  garnison  de  Prague  leur 
échappa  hi^reusement.  M.  de  Rottem- 
bourg  cheminait  toujours  ;  un  colonel 
Vitzlhom^  qui  commandait  sur  la  fron- 
tière de  la  Lii^ace,  voulut  s'opposor  è 
^00  passage  ;  mais  lorsqu'il  vit  le  nom- 
bre des  Prussiens  auquel  il  aurait  & 
faire,  il  se  désista  de  son  opposition. 
U  général  saxon  Amheim,  sous  les 
ordres  duquel  il  était,  envoya  un  autre 
onicier  pour  interdira  le  passage  aux 
Pnissiens;  mai^  RiUtettbporg»  en  l'âc- 


eaUant  de' poHtésses  ;  poursuivK  sa 
route  et  artiva  le  13  décembre  aux 
frontières  de  In  Sîlésie,  où  ces  trotrp^ 
furent  employées  à  former  la  chaîne 
des  quartiers  depuis  la  Lusace  jusqu'ati 
comté  de  Glatz.  Telle  fut  la  fin  de  cette 
campagne,  dont  les  préparatifs  annoil» 
çaient  de  plus  heurcmx  succès.  €e 
grand  armement,  qv")  devait  engloutir 
la  Bohème  et  même  monder  l'Autri- 
che, eut  le  sort  de  cette ffotte,  nommée 
l'invincible,  que  Philippe  TI  d'Espagne 
miten  mer  pour  conquérir  l'Angleterre. 
Il  faut  convenir  qu*i!  est  plus  diffi- 
cile de  faire  la  guerre  en  Bohème  que 
partout  ailleurs.  Ce  royaume  est  envi- 
ronné d*une  chaîne  de  montagnes  qui 
en  rendent  rentrée  et  la  sortie  égale- 
ment dangereuses.  Prit-K)n  même  la 
ville  de  Prague,  il  faudrait  une  armée 
poor  le  garder  ;  ce  qui  affaiblit  trop  fe 
corps  qui  doit  agir  contre  l'ennemi. 
On  n'y  peut  assembler  de  magasins 
qu'en  hiver,  oâ  tes  habitans  sont  con- 
traints, par  la  rigueur  de  la  saison ,  de 
demeurer  dans  leurs  villages.  Quel- 
ques contrées  fertiles  peuvent  fournir 
des  subsistances  pour  de  grandes  ar- 
mées ;  tes  fourrages  secs  et  le  fourrage 
vert  oe  sauraient  y  manquer  :  mais 
d'antres  cercles  montueux  et  chargés 
de  bois  sont  trop  stériles  pour  qu'une 
armée  y  s^ourne  long-temps.  D'alK 
leurs  on  n'y  trouve  aucune  "place  te^ 
naUe,  et  si  les  Autrichiens  '  reolent 
cliasser  l'ennemi  de  ce  royaume  sans 
en  venir  à  une  bataille,  ils  sont  maftres 
de  Vaffamer  en  lui  coupant  ses  com- 
niunicMions  ;  à  quoi  cette  chaîne  de 
monlagneâ  dont  )a  Kohème  est  envi*^ 
ronnée,  fournit  tout  ce  qu'un  officier 
intellrgenl  fient  désirer  en  fait  de  gor- 
ges et  de  postes  propres  à  intercep- 
ter les  convois.  Il  n'y  a  qu'une  seule 
méthode  ensuivre  pour  prendre  ce 

royaume. 

• 

10 


4- 


Traun  y  joua  le  rMe  de  iertorioft,  et 
le  roi  oekii  de  Pompéei  Là  eondnile 
de  M.  de  Trami  est  m  laodMe  de  par- 
fèotion  i|tte  taitl  miiKaire  qui  aime  smi 
méiier  doit  étudier^  pour  riiaiter,  s*U 
en  a  les  talenSi  Le  roi  est  ma^eau  lui 
mètmt  qu*ll  regardait  49eite  eampagoe 
comme  son  étole  dans  l*art  de  lagoer 
re«  et  M.  de  Tranti  cMHBe  son  préce^ 
teur.  La  fortune  est  loufeiit  plus  fth- 
neste  aut  priiieea  (|oa  rodfersilé  :  la 
première  les  enhrro  de  préioai|Mloti  ; 
la  seconde  les  rend  cireeMpOcti  et  ■!•• 
dettes. 


U6  .    nifiimcu^ 

Au:tta  gén&Bl  .ne  commit  plus  de  i  Enfin  étaifrftiHeapewii 
fautes  que  n'en  fit  le  roi  dans  cette  armée  en  oantonneoKna,  4*eiiaemi  ne 
campagne.  La  première  fut  certaine-  |  campant  qn'à  une  mar^be  de  osa 
ment  de  ne  s*étre  pas  pourvu  de  maga-  tiers?  Tout  Tavaslaga  deeette 
sins  assez  considéraiiles  pour  se  soute-  pagne  fut  pour  tes  Atttrnàidils.  M.  de 
Qir  au  moins  six  mois  en  Bol)ème«  On 
lait  que  pour  b&tir  l*édiOce  d'une  ar- 
mée ,  il  faut  se  souvenir  que  le  ventre 
pn  est  le  fondement  v  mais  ce  n'est  pas 
tout.  Il  entre  en  Saxe,  sans  ignorer 
que  les  Saxons^  avaiont  accédé  au  trai- 
té de  Wormi  :  ou  il  fallait  les  forcer  à 
changer  de  {Uirti,  ou  les  écraser  avant 
de  mettre  le  pied  en  Bohème,  11  fait 
le  siège  de  Prague  et  envoie  on  faible 
détachement  à  fiéraun  contre  M.  de 
Bathyani;  si  les  troupes  n'avaient  pas 
fait  des  prodiges  de  valeur,  il  aurait  été 
cause  de  leur  perte.  Prague  une  fois 
prise*  il  était  certaincmenlde  la  bonne 
politique  de  marcher  avec  la  moitié  de 
l'armée  droit  à  M.  de  Baliiyaoi,  de 
récraser  avant  l'arrivée  du  Prince  de 
Lorraine  et  de  prendre  le  magasin  de 
Pilscn  ;  cette  perte  aurait  empêché  les 
Autrichiens  de  retourner  en  Bohème  : 
ils  auraient  été  obligés  d'amasser  de 
nouveau  de^  subsistances^  ce  qui  de* 
mande  dû  temps  ;  de  sorte  que  cette 
campagne  eut  été  perdue  pour  euxi  Si 
l'on  ne  s'y  est  pas  pris  avec  aaaea  de 
fêle  pour  remplir  les  rengaains  prus- 
siens, il  ne  faut  point  l'imputer  au  roi, 
mais  aux  commis  des  vivres,  qui  se 
faisaient  payer  le^i  livraisona  et  lais*- 
saient  les  magasina  vidcai,  Mais  oomk 
ment  ce  Prince  eat-H  la  faiblesse  d'a- 
dopter le  projet  de  campagne  du  Ma- 
réclial  de  Relle«Isle  qui  le  mena  à  Ta- 
bor  et  à  Budiveis,  lor^u'il  convenait 
lui-même  que  ce  projet  n'était  cohh 
forme  ni  aux  conjonciures,  ni  à  ses  in* 
teréis,  ni  aux  lois  de  la  guerre  ?  Il  n'est 
pas  permis  de  pousser  la  condescen- 
dance aussi  loin.  Cettei  faute  en  en- 
traîna  une  foule  d'autres  à  sa  suites 


€iiAprniB  X. 

las  AauicMcfii  faut  «m  invulafi  «fsm  ta  iMoia 
SiiMe  et  <Ims  I«  rimié  es  IBau  c  W 
repousses  par  lejtrioce  (TAnliaU  el  le 
rai  Lehwflld.  —  N<^gocialloiis  pu  Frame.  •-— 
Mnri  de  Chare*  Vfl.  —  In'n'gufs  des  Frain 
caU  ft\  Saie.  ^  Atttrfé  aég^tcia lions  avec  Yes 
fracyaid.  -»  hégoeiaMns  irrc  Im  Aaglafs 
mwir  la  pais  ;  dimctilté  ^'y  ait I  1»  l Att«S.tfi 
Tarovi»'.  —  L'Angleterre  prami  f«a  boM 
orilcoji.— Prépara  l'fs  pour  la  campagne.— 
Le  roi  part  pour  ta  Sflésîe  —  Le  Jeune  élec- 

ie«r  do  naiièré  Siii.  ea  itia,  la  pdt  as 

Fasaaa  avac  r  Aalficke. 

A  peine  le  roi  eut^H  quitté  Pàrflaée , 
que  les  Autrichiens  vouittrent  proSter 
de  ce  qu'ils  appelaient  la  terreur  des 
Prussiens.  lia  entrèrent  dans  la  haute 
Silésie  et  dans  le  comté  de  Glatt. 
M.  de  Marwitt,  dont  le  forps  Canton-» 
liait  aui  envimns  de  Troppau,  se  re^ 
tira,  avant  l'approclie  de  Tennemi,  A 
Ratibor,  oà  il  monmt.  Le  prince 
Thierry  reconduisit  ce  corps  par  Co^ 
sel  et  Brleg,  pour  joindre  l'armée  eut 


mtToiRK  m  MON  TRtfra. 


Ifc7 


environ»  de  Neisse.  M.  deLehwald,  :.d«  TOder;  mai»  la  foule«  qui  m»  prt>9- 
qui  commandait  dans  le  comté  de  |  sait  pour  y  passer,  le  til  rompre;  en 
(îlatz,  se  retira  de  mfime  vers  la  capi-  i  même  temps  les  Prussiens  forcèrent  la 
taie,  avant  que  Teonemi  fût  à  portée.  IjîUe,  et  ce  qu'ils  ne  passèrent  pas  au 
Ces  retraites  s'exécutèrent  sans pert^,  Wl de  lepi^e  se  noyo  ou  fut  pris.  Un  au- 
paroe  qu'en  nitrogradant  à  propos,  on  |  tre  corps  hongrois,  commandé  par  le 
fitnuinquer  aux  Autriduens  l'occasion  général  Caroli,  n'attendit  pas  l'appro'- 
d'en  profiter.  Le  roi  se  vit  alors  obligé  ,  che  de  M.  de  Nassau»  et  se  retira  de 
de  retourner  en  Silésie*  pour  prendre,  Plesse  dans  la  principauté^  de  Te«:heo. 
ttvec  le  vieux  prince  d'Anhalt,  des  lAe-  |  Vans  ce  lemp^-là,  >L  de  Ubwald  s'a* 
tures  capables  de  déranger  les  projets  I  vançait  vers  WenzelrWallis»  qui  s'é- 
du  prince  de  Lorraine.  Le  prince  ;  tait  porté  sur  Uabeischwerd.  Cette 
d'Anhalt  amassa  un  gros  corps  auprès  ville  est  située  dans  une  vallée  qui  cou- 
de Keisse.  Le  7  janvier  (l)i  il  passa  la  jfine  a  la  Moravie.  Lehwald  entra  par 
rivière  et  marcha  droit  à  l'ennemi  ;  ses  >  Jobannesbcrg  dans  le  pays  de  Glatz, 


troupes  s'assemblaient  &  la  pointe  du 


et  se  trouva  bientAl  vi^^-^vis  des  en- 


jour,  et  passaient  les  nuits  en  canton-  ■  pemis,  postés  dans  un  terrain  avantlp* 


nomens  resserrés.  A  son  opproche, 
Traun  abandonna  le  poste  de  Neustadt, 
et  reprit  le  chemin  de  la  Moravie.  Dans 
cette  retraite,  les  Autrichiens  eoucliè^ 
rent  cinq  jours  sur  la  neige  ;  il  en  pé- 
rit beaucoup  de  froid  el  beaucoup  dé*- 
serlèrcnt.  Le  prince  d'Anlialt  ne  put 
entamer  qu'une  partie  de  leur  nrrièro- 
garde,  sur  laquelle  il  fit  quelques  pri- 
aonnicrs,  après  quoi  il  prit  poste  à 
Jsgendorff  et  i  Tropp<iu.  M.  de  Nas- 
sau, avec  un  corps  de  six  mille  hom- 
mes, nettoya  hi  haute  Silésie,  vers 
RAtibor,  et  de  lautrc  cUé  de  l'Oder, 
des  Hongrois  qui  Tinfestaicnt;  Mb  de 
Lehwaldi  avec  un  nombre  pareil  de 
troupes,  revint  à  filatx,  pour  cliasser 
de  ce  comté  les  Autrichiens  qui  vou- 
laîcot  s'y  établir.  Nassau  drlogea  aans 
peine  les  Hongrois  de  Troppau,  et  fon- 
dit brusquement  sur  (Oderbcrg  et  de 
là  sur  Kntibor,  dès  que  M.  de  Traun 
fut  de  retour  en  Moravie  ;  trois  mille 
ennemis  furent  surpris  dans  Katibor. 
les  Hongrois,  ayant  vainement  tenté 
de  s'ouvrir  un  passage  à  la  pointe  de 
répée,  voulurent  se  sauver  par  le  pont 


geux,  auprès  du  village  de  Plomniti  ; 
devant  leur  front  serpentait  un  ruis- 
seau dont  les  bords»  en  bien  des  en- 
droits, étaient  d*un  accès  dilOcile.  Hien 
n'arrêta  M.  de  Leliwald  ;  il  (1)  attaqua 
les  Autrichiens  :  les  troupes  surmon- 
tèrent tous  los  obstacles  ;  elles  franchi- 
rent le  ruisseau»  gravirent  la  monta- 
gne, et  fondirent  si  brusquement  et 
uvec  tant  d*audace  sur  l'ennemi,  qu'ils 
le  chassèrent  de  son  poste.  Les  Autri- 
chiens tentèrent  de  se  reformer  dans 
un  bois  qui  était  derrière  le  cliamp  de 
bataille;  mais  ils  en  furent  empêchés 
par  les  f^reuadiurs  prussiens,  qui  les 
poursuivirent  la  baïonnetti;  au  bout  du 
fusil.  Derrière  ce  bois,  il  y  avait  uue 
petite  plaine,  puis  un  taillis,  dont  l'ee- 
nemi  tentn  pour  la  seconde  fois  de 
profiter;  mais  on  l'attaqua  si  impé- 
tueusement» que  la  confusion  devint 
entière  et  la  fuite  générale.  Lehwald 
n'avait  que  quatre  cents  hussards, 
qu'on  avait  jugés  suffisans  dans  un 
pays  montueux  et  dilBcile;  s'il  avait 
eu  plus  de  cavalerie,  peu  d'ennemis 
auraient  ucbaHrà,  Ce  corps,  qui  s'en* 

(DUfévHer,    ...  •    ■ 


tu» 


FMÉMllC  U. 


Ml  en  fiobème,  perdit  neof  cents 
hommes  à  cette  alTaire.  Les  Prussiens 
pnrent  trois  canons  et  Orent  cent  hom- 
mes prisonniers  ;  il  ne  leur  en  coûta 
que  trente  soldats,  tant  morts  que  bles^ 
ses.  On  regretta  beaucoup  le  bra?e 
colonel  Gandi,  officier  de  réputation; 
il  af  ait  rendu  un  service  important  au 
feu  roi  lors  du  iiege  de  Straisund  ;  il 
indiqua  un  pas<«ge  par  lequel  on  se 
rendit  maître  du  retranchement  des 
Suédois  en  le  tournant  du  cAté  de  la 
iher,  qui  alors  était  basse.  Tant  de  suc- 
cès, aussi  rapides,  encouragèrent  les 
Prussiens,  et  Atèrent  aux  troupes  de 
la  reine  l'envie  de  prolonger  cette 
campagne.  Chacun  retourna ,  de  son 
cAté,  dans  les  quartiers  d*hiyer,  et  de«- 
meura  tranquille  chet  soi. 

La  fortune  avait  encore  marqué  sa 
faveur  aux  Prussiens  par  la  naissance 
d'un  fils  dont  la  princesse  de  Prusse 
était  accouchée  (1),  ce  qui  assurait  la 
succession  à  la  branche  régnante,  qui, 
jusqu'alors,  ne  s'était  étendue  qu'aux 
trois  frères  du  roi.  A  Berlin,  la  cour 
attendait  l'arrivée  du  maréchal  de  Bel- 
le-*Isle,  que  Louis  XV  envoyait  à  ses 
alliés,  pour  concerter  avec  eux  les  me- 
sures à  prendre  pour  l'ouverture  de  hi 
campagne  prochaine.  Le  maréchal  s'é- 
tait rendu  à  Munich,  de  là  à  Cassel, 
où  H  fai  averti  d'éviter,  pour  se  rendre 
à  Berlin,  le  chemin  par  le  pays  de  Ha- 
novre. On  lui  indiqua  une  route  plus 
sûre ,'  qui  menait  par  ie  Eichsfeld  à 
fillberstadt.  Le  maréchal,  imbu  de 
^son  caractère  d  ambassadeur  et  du  ti- 
i|re  de  prince  d'Allemagne,  rejeta  cet 
,atfs,  et,  par  une  suite  de  cet  aveugle- 
ment, prit  le  chemin  ordinaire.  A  pei- 
■nearrive-t-fl  A  Elbingerode,  que  des 
^dragons  hanovriens  l'arrêtent  ;  il  a  la 
pn^nce desprit  de  déchirer  tous  ses 

vli  u  aa  M^lonbia  170. 


papiers.  On  le  mène  en  triomphe  à 
Hanovre,  où  le  conseil  s'applaudit  d'a- 
voir pris  un  maréchal  de  France, 
l'homme  de  conflance  de  la  ligue  dé 
Francfort,  enfin  un  homme  qui  jouait 
un  si  grand  rôle  en  Europe.  Il  esl 
transféré  en  Angleterre  ;  on  lui  donne 
pour  prison  le  château  de  Windsor,  où 
il  reste  quelques  mois,  et  il  n'est 
échangé  qu'après  la  b^^aHIe  de  Fonte- 
noy.  La  fletté  du  roi  de  France  souf- 
frait de  TaOront  que  les  Hanovricns 
hii  faisaient  dans  la  personne  de  son 
ambassadeur.  On  disait  à  Yersailles 
que  les  Hanovriens  avaient  manqué, 
dans  cette  occasion,  au  respect  dâ  à  la 
majesté  impériale  et  au  droit  des  gens, 
en  arrêtant  sur  les  grands  chemins,  et 
ainsi  qu'un  voleur,  un  homme  revêtu 
d'un  caractère  public.  On  disait  à  Lon- 
dres qu'après  la  déclaration  de  guerre, 
tout  officier  français,  qui  traversait 
sans  passe-port  les  terres  du  roi  d'An- 
gleterre, pouvait  être  arrêté  de  bon 
droit;  que  le  maréchal  de  Belle-Tsle 
était  officier  et  non  ambassadeur,  ce 
caractère,  d'ailleurs,  n'étant  point  in- 
délébile, et  valable  seulement  a  la  cour 
où  le  ministre  est  accrédité.  Il  n'y 
avait  proprement  que  la  vengeance  du 
roi  d'Angleterre  d'intéressée  A  Thu- 
miliation  du  maréchal  de  Belie-Isle. 
Georges  le  regardait  comme  l'auteur 
de  la  guerre  d'Allemagne,  comme  un 
homme  qui  1  avait  (orcé  A  donner  sa 
voix  à  l'empereur  Charles  VU,  et  qui 
l'avait  contraint,  l'année  i7H,  d'ac- 
cepter la  neutralité  «  lorsque  le  maré- 
thal  de  Maillebois  menaçait  I  électorat 
de  Hanovre.  Le  maréchal  de  Belle-Isie 
était  donc  regardé  comme  Tennemi 
juré  de  la  maison  de  Brunswick.  A 
ces  désagrémens  publics  qu'essuyait 
Louis  XV,  Il  s'en  Joignait  de  particu- 
liers. La  duchesse  de  ChAtcauroux^ 
de  Metz,  mourut  du 


HISTOIRB  M  HDH  TBMPS* 


lit 


dVoir  enoyé  un  traitement  si  rigou- 
reox.  La  convalescence  du  roi  réveilla 
ses  premiers  feax  ;  l'amour,  cpie  la  re- 
ligion avait  oiTensé,  s'en  vengea  à  son 
tour  en  ranimant  plus  vivement  que 
jamais,  dans  le  cœur  du  roi,  sa  passion 
pour  sa  maîtresse.  Dans  le  temps  qu'on 
négociait  son  retour,  il  apprend  qu'elle 
est  morte.  Jamais  sacrement  ne  causa 
tantde  remords  que  celui  que  Louis  XV 
avait  reçu  à  Metz;  il  se  reprocha  la 
mort  d*ane  personne  qu'il  avait  ten- 
drement aimée  :  les  désirs,  qu'il  ne 
pouvait  plus  satisfaire,  et  des  regrets 
inutiles  émurent  si  violemment  sa  sen- 
sibilité, qu'il  se  retira  pour  quelque 
temps  du  monde.  La  maladie  de  ce 
prince,  funeste  à  ses  alliés  et  à  sa 
maîtresse,  lui  procura  au  moins  la  sa- 
tisfaction la  plus  douce  qu'un  souve- 
rain puisse  avoir,  celle  d'obtenir  le 
nom  de  Bien-Aimé,  désignation  préfé- 
rable an  titre  de  Saint  et  de  Grand, 
que  la  flatterie  et  rarement  la  vérité 
donnent  aux  souverains. 

Si  le  roi  de  France  éprouvait  des 
contre-temps,  la  Prusse  était  exposée 
è  des  malheurs  plus  réels,  depuis  la 
fAchcuse  campagne  de  ITU  en  Bohè- 
me :  d'auxiliaire  elle  était  devenue 
partie  belligérante,  et  le  théAtre  de  la 
guerre,  qui  était  en  Alsace,  avait  été 
porté  sur  les  frontières  de  la  Siié- 
sie.  La  mauvaise  volonté  des  Saxons 
s*était  manifestée  assez  ouvertement 
pour  qu'on  pAt  prévoir  que  si  cela  dé- 
pendait d'eux,  ils  tAchcruicnt  d'attirer 
la  guerre  au  cœur  des  anciens  États 
prussiens.  11  fallait,  pour  résister  à  ces 
ennemis,  des  dépenses  exorbitantes, 
et  avec  cela  même,  il  aurait  été  pres- 
que impossible  d'éviter  la  ruine  du 
plat  pays.  Ces  considérations  faisaient 
envisager  la  paix  comme  luoîquc 
moyen  de  se  tirer  d'une  situation  aussi 
•  ritiqut.  1^  Fr^urr  ^èlsU  engagiSe 


d'assister  efficacement  les  Prussfcna, 
Le  roi  écrivit  une  lettre  pathétique  à 
Louis  XV,  pour  lui  rappeler  ses  enga-' 
gemens  ;  il  p^irut,  par  sa  réponse,  qu'il 
était  aussi  froid  pour  l'intérêt  de  ses  ■ 
alliés  que  sensible  aux  siens  propres; 
cependant  la  guerre  de  Bohème  ne 
s'était  faite  que  pour  sauver  l'Al- 
sace. 

Il  ne  manquait  plus,  pour  embrouil- 
ler davantage  la  politique  des  puissan- 
ces européennes,  que  la  mort  de  l'em- 
pereur Charles  VII.  Ce  prince  décéda 
le  18  janvier  de  l'année  1745.  Il  poussa 
la  bienfaisance  à  l'excès,  et  la  libéra- 
lité à  un  tel  point,  qu'il  fvlt  réduit  lujir 
même  à  l'indigence.  Il  perdit  deift 
fois  ses  États,  et  sans  sa  mort,  qui 
prévint  les  malheurs  qui  l'attendaient, 
il  serait  sorti  pour  la  troisième  fois  de 
sa  capitale  en  fugitif.  Ce  fut  là  le  mo- 
ment de  la  dissolution  de  la  ligue  de 
Francfort ,  &  laquelle  les  Français 
avaient  déjà  porté  atteinte  en  ne  rem- 
plissant aucun  des  articles  de  cette  al- 
liance. Le  nom  de  l'empereur  avait 
légitimé  l'association  des  princes  qui 
avaient  pris  sa  défense;  toutes  leurs 
démarches  avaient  été  conformes  aux 
lois  de  l'empire;  dès  qu'il  ne  fut 
plus,  l'objet  de  celte  liaison  se  trou* 
vait  détruit.  Les  princes  de  l'empire 
n'avaient  plus  un  but  commun,  et  les 
mêmes  intérêts  ne  les  attachaient  plus 
à  ceux  de  la  Prusse.  Il  était  facile  de 
prévoir  que  la  nouvelle  maison  d'Au- 
triche tenterait  l'impossible  pour  faire 
rentrer  dans  sa  maison  la  couronne 
impériale.  A  Versailles,  on  regardait 
en  secret  la  mort  de  l'empereur  com- 
me un  heureux  dénouement,  qui  allait 
terminer  les  embarras  de  la  France. 
On  était  las  de  lui  payer  des  subsides 
considérables,  et  l'on  se  dallait  de  faire 
avec  la  reine  de  Hongrie  un  troc  de  la 
r4>uronn#»  impériale  contre  une  bonne 


m 


initwhinc» 


paixv  Ce  4|ai  doontit  to  ftes  d'imnr 
t|ge  i'  la  eouf  de  Vienne  pour  Téloc** 
tien«  c'est  que  le  itéra  des  éleolmirs  se 
tiouy&itiHix  gagea  du  roi  d'Angleterre, 
et  que .  ^élecU^a^  de  Mayence ,  dont 
FinOuence  avait  du  pelda  dans  ka  ié^ 
libéraliona  de  Fempire,  était  dévoué  è 
la  rebie  de  Hongrie.  De  pluf ,  quel 
candidat  pouvait-on  opposer  au  grand* 
duo  île  To94«ue?  L'électeur  palatin 
était  trop  faible,  le  jeuno  électeur  de 
Bavière  e'avait  poiot  encore  l'Age  pre»* 
crit  par  la  buiie  d'or  pour  ^tre  éligt«* 
bjie-  M  U^  jiepértal  étiiit  recafdô 
coipinie  incompatible  avec  celui  da  la 
PologoPi  ce  qui  semblait  escluro  l'é-r 
lecteur  de  Saxe  ;  il  w  restait  danc  que 
le  grand^dpc  dei  Toscane,  aqulenu  par 
le^  anqéaa  d^  la  r^ine  de  UvogriOi  par 
rargcfit  df^  Aoglaia  et  par  lea  intrî- 
gijica  du  clergé.  La  cimr  de  Versailles 
sentait  les  djAicultés  qu'elle  reneon- 
tf erait  cf  lie  fois  à  exclure  le  graod^r 
duc  du  ln)oa  ;  ^  voqlut  cependant 
lui  susciter  des  rivaux,  pour  rendre 
Ifa  <;pndi(io(\s  de  son  accorpmode- 
ip^t  plua  avantageuses.  Le  comte  de 
Sai.e  contribua  le  plua  4  foire  tomber 
le  chpii^  de  la  cour  «ir  Auguste.  Ul, 
tqp,  d^  P^logpe,  M'  d!Arg;en^ou  saisit 
viv(î.q)eut  cctlq  jdée ,  dans  )a  vue  de 
bpouijlcr,  par.  cette  rivalité»  le  roi  de 
Colore  et  h  reinff  de  tiongrie  ;  il  ne 
qc^ltrouxer  d'opposition  à  Icxécutiou 
dff,  cp.  Iffojct  (\^e  de  la  part  de  la 
Pf j^i^t^,  étapt  exactement  inforiné  des 
spjia^  de  mérx)nienleipent  qui  subsis- 
taieotiUnlfc  ce»  de.q?^  princçs^ 
j  ^  eS^i^  le  roi  de  Pologne  q'avait 
rien  pqgligé  pour  se  rendre  le  roi  de 
Jffiêi^  ipconciliable.  Dès  le  commen- 
cemeqt.  fie  l'année  iT*k,  Auguste 
^vait  essayé  de  faire  accéder  la  repu- 
inique  d4^  Pologne  à  l'alliance  qu'il 
irenait  4^  çoc^çiure  avec  la  maison 


qu'au  raicwéBettent  defanitié  4» 
la  pragmatique  sanction.  U  repféaente 
A  In  diète  de  Varsovie  la  oéoeaaiti 
d'augmenter  l'armée  de  la  couronii^ 
de  vingt  mille  hemmea,  pour  réaistar 
aux  desi$eiDs  d'ua  voisin  ambitieux  • 
qui  allait  «fM^ntineut  fondre  sur  la  ré^ 
publiquct  II  conclut  une  aUianre  of^ 
fepsive  et  défensive  avec  la  Huaaîe; 
tout  le  monde  ae  diaatt  A  l'e^iUe  qu^ 
c'était  contre  la  iVusie*  Le  roi  de  Po^ 
logpe  ajant  paàs^  pac  la  Silàîi?  ppur 
<»e  cendre  a  la  diète  de  Pologne^  il  n'y 
eut  poipt  d'impostifrea  quil  «ç  débi^ 
tAt,  tant  à  Varsovie  qii'auJi  autrea 
cours  de  rf;ur9pe,  sur  la  peu  d*égarda 
qu'oq  avaiit  eus  pour  sa  famille  pt  ppi^r 
sa  personne^  qugiqcQ  toui  lea  respecta 
qu'on  doit  ai^x  têtes  couronnéca  IhL 
eus^enr  é(é  rendqs.  Le  paasage  dea 
troupes  prussiennes  par  la  Saxe  fit 
crier  encore  plus;  on  leur  alléguait, 
concerne  exemi^le  pareil,  qu'çp  Tannée 
17U  les  Saxons  avaient  passé  par  le 
Brandebourg  pour  attaquer  les  Sué- 
dois;  Us  trouvaient  m  exemples  bous 
pour  eux  et  mauvais  pour  tes  autres. 
On  avait  oflert  au  roi  de  Pologne  de 
prandrc  win  de  ses  intérêts,  de  marier 
la  princesse  Marianne,  hix  Gllc,  au  ffy 
de  Tempereur.  Les  ministres  français 
et  prpssiens  n'épargnèreu*  pas  môme 
des  pHTrcs  considérables  pour  gagner  le 
cpmte  de  ***,  et  poqr  lui  persuader  de 
prendre  le  parti  de  l'empereur  ^  le  tout 
en  vain.  La  place  était  déjà  occupée 
par  les  Anglais,  les  Autrichiens  et  les 
Uusses.  Tant  de  traits  de  mauvaise  vo- 
lonté, de  la  part  des  Saxons,  n'empê- 
chèrent pas  qu'avant  la  guerre  le  roi 
rie  permît  à  six  ré^imcns,  qu'ils  avaient 
en  Pologne,  de  traverser  la  Silésie 
pour  se  rendre  en  Lusace. 

Stolon  le  traité  du  roi  de  Pologne 
avec  la  reine  de  Hongrie,  il  nç  devait, 


4:Mtric)w,  e^qw  P*i^^t  prw^^ment   en  ca^.  de  guerre,  lui  (burnir  que  aix 


■mon»  B^'MvvEOTs. 


fit 


nMê  hoiMMf*  Bfes  (|M  tat  Pmisfeiw 
forent  en  Bohème,  ringl  deox  mille 
Saions  se  Joignirent  aoi  Autrichiens , 
et  11  Saie  interdit  tnx  Prussiens  le 
passage  en  vivres  et  des  «unitions  4e 
guerre  \  ètÊa  élait  équivalent  i  nne 
déclaration  de  gKfte  dans  les  formes* 
Lo  rai  do  Prusaoemt  devoir  avertir  oea 
foisira«  ai  «diaméa  contre  lui,  dea 
■umvaiaos  airires  ipi'îb  allaient  s'atU-^ 
rot  i  oux^HKénes.  Cette  déclaration , 
poot-4tre  f^ito  à  eontnMorops ,  ré« 
voitt  leur  amn«irMpropre4  et  augmenta 
OMore  la  hame  q»'ils  portaient  aux 
Pmsaloiis;  Lorsque  eeux*H:i  abandon-* 
BèPOdt  in  Bohème,  le  eonite  ***  attri- 
hM  lev  melheoi  h  son  habileté  ;  il  dit 
qa»  in  retno  de  Hongrie  devait  la  Bo* 
kèmeè  4a  valeur  des  troupes  saionnes, 
oèae  VMta  d*ea  avoir  dMssé  les  Pnis- 


7^-**%  non  oonleiii  do  ces  fiinfiirann»* 
des,  avait  surtout  à  ocrar  de  brauillor 
I»  i%i  dé  ItroBSè  evco  la  république  de 
PMêgffé:  H  ftiot  se  rappeler  qu'il  j  a 
liM  toi  ^sévèMv  dons  cette  répubHqoe, 
dMitrocen  qui  eatrompont  un  mem*- 
BMde  lo^dièto.  ^*%  à  force  deréeoro* 
fonflÉ»«  engagée  un  staroate,  nommé 
WilexoirslLy,  è  déclarer  en  pleine  diè- 
te q|M  le  ministre  prussien  Tavalt  cor** 
rémpo  Moyemufnt  lar  somme  de  cinq 
nriMe  dirais;  ce  qu*H  Qt  dHm  air  re^ 
penlant  et  d^nl  Ion  de  irrité  qui  oih 
ftlenVptt  séduire;  mais  il  fut  sévère* 
Mtal  etamind ,  et  confondu  par  ses 
pftéfHM'déposllhms.  La  diète  de  Grod^ 
H»  fM  rompue  itieonlinent,  a|irès 
qjÉ^HofMt  rejeté  PalNmce  de  TAutri- 
dié  «I  rsTÉgiMiilatiion  de  Tarmée.  La 
Mlè^ie  fourmlRaii  alors  de  méeon- 
flMs,  eonfeme  t*est  rordinaire  dans  lei 
éùM  ttfbMeêiïië ,  tfà  H  Hbertô  n^ 
MibsisteMe  pav  les  partis  dMTérens  qui 
«Mtieiimntf  riîeriiAtivemeiit  ramfoi«- 


ooiitpns  offHrenI  an  roi  de  i^russe  do 
faire  une  confédération  contre  les 
Ciartortnsky,  les  Potocky,  ou  propre- 
ment contre  Auguste  III.  C'aurait  été 
le  moyen  de  susciter  bien  des  cmbar*-^ 
ras  au  roi  de  Pologne  ;  mais  le  rot  de 
Prusse,  qui,  loin  de  vouloir  attiser  le 
feu  de  la  guerre,  désirait  de  Téteindre, 
eut  assez  de  modération  pour  conseil* 
1er  à  ces  palatins  de  ne  point  troubler 
la  tranquillité  de  leur  patrie  ;  il  fit  mê- 
me oflnr  a  ce  pnnco,  qui  l'avait  si  vi^ 
vement  oflbnsé,  et  qui  voulait  rctouiv 
ner  en  8aia,  toutes  les  sàrelés  qu'il 
pouvait  souhaiter  pour  son  passage 
par  la  8ilésic.  Les  refus  (Ugiugustc  III 
ne  se  ressentirent  pas  do  la  politesse 
qui  régnait  autrefois  à  sa  cour  ;  il  prit 
lo  chemin  de  la  Moravie,  province  dont 
il  méditait  la  conquête  en  17^2.  Il  s'a* 
boucha  avec  Tcmpcreur  à  Olmutz,  d'où 
il  poursuivit  son  eliemin  par  Prague 
pour  se  rendre  è  Dresde.  ***  et  son 
épouse  se  rendirent  à  Vienne,  où  ils 
re(!ueillirent  les  fruits  de  leur  polili- 
que. 

Dès  que  ^'*  ftil  de  retour  h  I>resdo, 
il  eipédia  son  premier  commis,  son 
homme  de  confiance,  un  certain  Saul, 
à  la  cour  de  Vienne,  pour  régler  avec 
Bartenstein,  ministre  de  la  reine,  le 
partage  de  la  Silésit- .  Ce  fut  un  article 
secret,  qnVin  ajouta  au  traité  de  Var- 
sovie.  On  promettait  an  roi  de  Pologne 
la  principauté  do  itloga*i  et  celle  de 
Sagan  ;  il  s'engageait  è  faire  agir  of- 
fensi ventent  ses  troupes  en  Silésie,  è 
renoncer  à  ses  prétentioiis  à  la  cou- 
ronne impériale,  et  à  donner  sa  voix 
an  grand-duc  de  Toscane;  il  oOrait, 
de  plus,  de  porter  son  corps  d'aoïi- 
Kaires  à  trente  initie  hommes.  On  dif* 
fère  sur  les  avantages  que  la  reine  de 
Hongrie  promit  au  roi  de  Pi>iogne  : 
quelques  personnes  prétendent  que  là 
eeer  es  ^^ieapÉ«e  se^dÉargea  aimplOi- 


■^: 


ment  d'aroir  soin  de  ses  intérêts  i  la  ^ 
pacification  générale,  et  qu*eUe  pro- , 
mit  an  comte  ***  la  principauté  de 
Teschen  avec  la  dignité  de  prince  de  ; 
Fempire.  Quoi  qu*il  en  soit,  il  n'est  pas 
naturel  que  le  roi  ait  été  séduit  par  ces 
dernières  conditions   ta  vraisemblance 
donne  du  poids  an  partage  de  la  Silé- 
sie  stipulé  par  le  traité,  et  ce  qui  aug- 
mente ies  apparences,  c'est  que  le 
comte  de  Saint-Séverin,  qui  était  pour 
lors  ambassadeur  de  France  en  Polo- 
gne, crut  a%'oir  découvert  cette  parti- 
cularité, dont  le  bruit  était  assez  géné- 
ralement répandu. 

Tant  dcMl^ilés,  entre  ta  cour  de 
Vienne  et  oslle  de  Dresde ,  augmen- 
taient les  ombrages  que  ta  Prusse  en 
devait  prendre.  Le  temps  d'ouvrir  ta 
campagne  approchait.  Cagnoni,  chargé 
des  affaires  de  ta  Prusse  i  Dresde,  re- 
çut ordre  de  faire  expliquer  le  comte 
de  ***  sur  l'usage  auquel  il  destinait 
les  troupes  soioune^  qui  se  trouvaient 
en  Bohème,  en  an  mot,  de  tiier  de 
lui  une  déclaration  catégonquc,  si  ces 
troupes  allaqueraient  les  provinces  de 
la  domination  prussienne  ou  non.  *** 
battit  ta  campagne  et  crut  dissimuler 
ses  intentions,  qui  étaient  connues  de 
toute  r£urope.  Ces  deux  cours  étaient 
en  ces  termes,  lorsque  ta  France  fit 
proposer  au  roi  de  mettre  ta  couronna 
impériale  ^ur  ta  tète  d'un  ennemi  qui 
l'avait  si  grièveonent  offensé.  Si  ce 
prince  n'avait  consulté  que  son  resaein 
timent,  il  aurait  rejeté  bien  loin  une 
semblable  proposition.  Il  prit  un  parti 
plus  modéré.  L4  saine  politique  de- 
mandait qu'il  employât  tous  les  moyens 
possibles  de  désunir  deux  cuurs  qui  s'é- 
taient liguées  contre  lui.  Au  cas  que 
le  titre  d'empereur  flattât  le  roi  de 
Pologne,  ses  prétentions  et  celles  de 
ta  reine  de  Hongrie  devaient  les  ren- 
dre jnéconriltablfi  ;  alart  lemaiail 


beau  jeu,  car,  en  s'aeeooMMMiml  wmm 
la  nuiism  d'Aotriche,  il  pouvait  fruH 
trer  Auguste  du  trdoe  qu'il  brîfCHWk 
Mais  ce  qui  rendait  ce  projet  de  \a 
France  impossible  dans  Teiéciilioa^ 
c'est  que  ta  couronne  impériale  el  côml 
de  Pologne  ne  pouvanl  pas  ae  léBBk 
sur  la  même  tète,  il  aurait  falhi 
taUement  qu'Auguste  abdiquAI 
de  Pologne,  ce  qui  ne  hû  élaii  p» 
permis  selon  les  lois  du  roymuBe^  Le 
roi  de  Prusse  ne  fit  don^  fialnt  le  éH^, 
fiole,  se  prêtant  à  tout  ce  que  ta 
ce  exigeait  de  lui  pour  travailler, 
jointement  avec  elle  à  ce  profel 
mérique.  M.  le  chevalier  de  Co«l 
avait  été  chargé  de  cette  négocintioA 
à  Berlin  ;  il  s'était  attendu  A  treaver, 
de  ta  pari  du  roi,  plus  de  réstttaoee  à 
consentir  h  l'élévatioa  de  son  em^Bmà^ 
et  il  regarda  son  consentement  coasom 
une  marque  de  ta  oeodesoeBdanoe  da 
ce  prince  pour  sa  cour. 

Mais  le  roi  n'eut  pas  liead*èlreaB9ri 
satisfait  des  ptans  que  ce  mioislre  poH 
posait  pour  ta  campagne  procheiiiCk  . 
Malgré  ses  parûtes  emmielléea,  oo  aVlr  ^ 
percevait  que  te  dessein  de  ta  Fruit 
n'était  point  de  faire  des  efforts  «t 
faveur  de  ses  aUiés.  On  ne  prenaii  m$t 
cun  arrangement  pour  les  subsislaaoai 
de  l'armée  de  Bavière;  on  vouiaiidîfri 
férer,  le  plus  que  l'on  pomrail,  TMkr 
verture  de  ta  caa^Kigye.  Les  ABeer 
mands  devaient  assiéger  Pasaaa  «  Joi 
Français  Ingoatadt,  et  penonne  q( 
pensait  aux  entreprises  que  les  AiMn 
chiens  pouvaient  tenter  dans  cet  ijirr 
tervallc.  L'armée  de  M.  de  klaiUebo«| 
s'était  reUrée  de  ta  Lahn  derrière  ^le 
Mein  ;  les  Français  voulaient  ta  vp^r 
forcer  et  la  laisser  dans  l'inaction.  Les 
principales  forces  de  cette  monanMv 
devaient  se  porter  en  Flandre»  oà 
Louis  XV  avait  réaola  de  (aire  oip 

La  diversion  deiii 


mSTOIIlK  IIB  MOU  TBlirS. 


1^.-) 


.->(■ 


le  pays  de  Hanovre^  stipulée  par  le 
traité  de  Yersailtes,  fut  absolument  re- 
jletée  alors  par  le  ministère.  Après  que 
le  roi  eut  épuisé  toutes  les  raisons  qui 
auraient  pu  faire  changer  de  sentiment, 
le  ministre  de  France,  il  dressa  une 
espèce  de  mémoire,  qu'il  envoya  à 
Louis  XV,  et  dans  lequel  les  opérations 
militaires  des  armées  étaient  adaptées 
aux  vues  politiques  des  deux  cours, 
et  leurs  mouvemens  compassés  d'a- 
près la  situation  actuelle  on  elles  se 
trouvaient,  d'après  les  conjonctures 
présentes  et  la  possibilité  de  rexécu» 
tion.  Il  y  était  proposé  de  porter  l'ar- 
mée de  M ailiebois  au-delà  de  la  Labn , 
entre  la  Franconie,  la  Westphalie  et 
le  bas  Rhin,  -afin  de  brider  l'électeur 
de  Hanovre  par  ce  voisinage ,  et  de 
l'empêcher  d'envoyer  des  secours  en 
Bohème  pour  favoriser  l'élection  du 
grand-duc.  Cette  armée  servait,  de 
pins,  à  tenir  tous  ces  cercles  en  res- 
pect, de  même  qu'à  protéger  l'étecteur 
palatin,  le  landgrave  de  Hesse  et  tous 
let  alliés  4«  défunt  empereur.  Quand 
même  ce  moyen  n'aurait  pas  été  sulB* 
sant  pour  exdure  entièrement  legrand- 
duc  du  trêne  Impérial,  il  rendait  tou- 
jours les  Français  maîtres  de  traîner 
en  longueur  cette  élection  ;  et  qui  ga^ 
gne  du  temps  a  tout  gagné.  Le  roi  in- 
«fittait  également  pour  qu'on  pourvût 
Tirmée  de  Bimere  de  subsistances, 
^si  que  d'un  bon  général,  et  qu'elle 
sTaBSerobiàt  aussitêt  que  les  Autrichiens 
commenceraient  à  remuer  dans  leurs 
quartiers,  aQn  que  les  Prussiens  et  les 
Bavarois  fissent  leurs  efforts  en  même 
temps  contre  leur»  communs  enne- 
mis. 11  avertissait  nussi  ses  alliés  que 
la  campagne  de  17U  l'ayant  fait  reve- 
nir de  la  maxime  de  poursuivre  avec 
ardeur  sa  pointe,  il  ne  s'enfoncerait 
plus  dans  le  pays  d*;  la  reine  qu'autant 
qa*il  pourrait  être  suivi  de^  ses  subai»- 


tances  ;  qu'ayant  les  Autrichieiih  ci  [<» 
Saxons  sur  les  bras ,  étant ,  de  plu», 
menacé  par  les  Russes,  il  avait  besoin 
do  redoubler  de  prudence,  et  que  si 
les  Français  ne  prenaient  pas  de  bon- 
nes mesures  pour  traverser  Télection 
impériale,  il  se  trouverait  dans  la  né- 
cessité de  faire  sa  paix  avec  lu  reine 
de  Hongrie.  Les  Français  envoyèrent 
sur  cela  M.  de  Valori  à  Dresde,  pour 
persuader  au  roi  de  Pologne  de  bri- 
guer le  trône  impérial  ;  mais  le  traité 
de  Varsovie ,  l'ascendant  des  Russes  à 
cette  cour  et  les.guinées  anglaises 
liaient  les  mains  aux  Saxons. 

Ce  prélude  confirmait  la  cour  de 
Berlin  dans  l'opinion  que  le  granitduc 
deviendrait  empereur,  que  l'armée  des 
alliés  serait  malheureuse  en  Bavière , 
que  les  Français  n'auraient  à  cœur  que 
leur  campagne  de  Flandre,  et  que 
leurs  alliés  feraient  sagement  de  pen- 
ser à  eux-mêmea.  Il  eût  été  à  souhai* 
ter  qu'on  pût  parvenir  à  pacifier  tous 
ces  troubles,  afin  de  prévenir  une  ef* 
fusion  de  sang  inutile  ;  mais  les  tisons 
de  la  discorde  jetaient  de  nouvelles 
étincelles  sur  toute  l'Europe,  et  la 
bourse  des  grandes  puissances  n'était 
pas  encore  épuisée.  Les  Prussiens  en- 
tamèrent, à  tout  hasard,  une  négocia- 
tion avec  les  Anglais  ;  ils  se  fondaient 
sur  Tespérance  de  trouver  alors  les  es- 
prits plus  enclins  à  la  paii ,  et  sur  une 
révolution  qui  venait  d'arriver  dans  le 
ministère  anglais.  Depuis  que  le  lord 
Carteret  avait  fait  le  traité  de  Worms, 
la  nation  anglaise  avait  changé  de  dis- 
positions à  son  égard.  On  lui  repro- 
chait d*être  emporté,  fougueux,  et 
d'outrer  tout  par  un  efiet  de  sa  viva- 
cité. Un  mécontentement  général  obli- 
gea le  roi  à  renvoyer  un  ministre  qui 
était  entré  dans  toutes  ses  vues,  et  qui 
couvrait,  sous  l'apparence  de  l'intérêt 
national,  tant  ce  qote  Geargas  <mait 


1» 


.r^i* 


fMmàÊM  n. 


dans  rintérèt  de  sdb  élèet«rat«  Gd 
prince  ent  la  roortiflcatîon  de  ne  pas 
pouvoir  disposer  des  seeaui ,  et  fut 
obligé  dé  les  remettre  au  dae  de  New- 
caslle.  Lord  Harrington  devint  tntnis^ 
ire  :  le  peuple  appela  ee  oouveaa  con<^ 
sell  la  faeifon  é^  Peihoms,  parce  que 
ceux  qui  \^  composaient  étaient  de 
cette  famille.  Ces  nouveaux  minisirea 
éeerlèrent  toutes  les  créatures  de  Car'- 
teret  ;  mais  ib  ne  pouvaient  rompre 
les  traités  qu^ll  avait  gM€Iqs«  ni  ehaii** 
ger  subitement  le  mouvement  hnpulsit 
qu*tt  avait  donné  au  \  affaires  générales 
de  TEurope.  Carteret  était  faux  ;  Il  ne 
savait  pas  garder  tea  ménogemens  ifue 
lescaraetèrcë  les  plus  maHionnAlesero-* 
pMent  pour  d<^uîser  leurs  vices.  Har* 
rhiglon  avait  la  réputation  d'homme 
de  probité  ;  plus  timide  que  son  pré* 
dé^sseur,  Il  réparait  ce  débnt  par 
toutes  les  qualitéa  d'une  ftme  bien  née. 
Prévenu  par  le  caractère  personnel  du 
aalni^re,  on  tenta  par  son  moyen  de 
trouver  aebemlnement  à  la  paix  gêné- 
mie.  Voici  quelques  idées  esquissées 
qu'ooi  loi  oomannlqua  :  on  pourvoira 
àon  Pliiltppe  d'un  élabHsscmenl  en 
Italie  ;  la  France  gardera  de  ses  oasH» 
qoéiea,  Ypras  et  Furnes,  moyennant 
quoi  fBspagne  prolongera  poor  vingt 
aniiéea,  on  plus,  la  contrebande  des 
Anglais  ;  tous  lea  alliés  recomiattront 
«Mpereuv  le  grand^duo  de  Toscane; 
la  Pmsae  demeurera  en  possession  de 
4a  Silésie,  seien  la  teneur  du  traité  de 
Kreslau.  Les  nàiiatrea  anglaia  dédi^ 
«èrent  la  négouialloo  sur  ces  artides; 
c'est  que  le  roi  désirait  la  coniinuaHen 
de  la  fnem,  et  qn'il  contrecarra  toe^ 
iM  lea  mesurée  des  Felhams  pour  la 
terminer.  La  cause  de  ces  refus  obati^ 
iaés  (ht  enfin  découverte  à  1^  Haye. 
Le  plus  beau  génlOt  et  en  mAme  temps 
ybomme  le  plus  éloquent  de  l'Angle- 
:«Bm,  te-ilenl  GhqsterOeM.  élei^  elora 


ambaaaadeor  en  HoNendet  'A  be  oneha 
point  au  comlede  Podewils,  mlniatre  de 
Prusse  ouprèa  des  &tat»HK^'eu&,  que 
le  traité  de  Varsovie  mellaii  dos  enlra^ 
ves  i  la  benne  volonté  dei  PeUiaiM« 
que  par  oenséqueet  le  roi  de.Pniese 
ne  pouveit  ffbimt  se  fleUar  de  réuasii 
par  des  iiégeokilioDa«  meU  JevaU  &*op- 
poaer  vifonreHaernent  «ux  desseins  do 
ses  emienms,  qui  irawaienfc  sa  perte. 
Cela  n'empAcha  pas  q^  lui  fréquentes 
insinoetiona  ds  ministre  prussien  à 
Londrea  neooneiliasaent  entièrement 
au  roi  de  Prusae  l'affsctiop  d«i  hou  <^ 
veau  ministère,  qui  fit  assurer  ce  prÎH^ 
ce  qu'il  n'attendait  q«e  ke  oceasioiis 
pour  le  servir.  I^  conseil  de  leni  Chee- 
terfleid  était  le  meiHeer  ^u'on  pût  sni^ 
fit. 

On  continua  de  négocier  ;  maia  l'at^ 
tentioii  principale  du  foi  se  tourne  anr 
lea  ob)^  qui  pouvaient  lui  esaum 
d'heureus  snccèa  peur  la  oampagM 
paodNdne.  Un  dea  pkia  Impertam. 
aana  doiHe,  était  de  Corner  en  SUélie 
de  gros  megesina)  rien  «e  fU  épaagnd 
peur  les  rendre  conaidéraUes.  Oo  it 
dea  efforts  peor  reeonpiéter  lea  trwk^ 
pea.  Le  aeldat  était  bngemeiit  entre^ 
tenu  dana  les  ipartieta  d'Mv^r,  la  ca*^ 
Valérie  était  remontée  et  consplète; 
plus  de  sis  miUieea  lurent  tirés  de 
u^éaer  po«f  fouraiff  à  ten^df  fraie;  l^s 
Étata  avancèrent,  à  titef  d*empHint« 
quinie  cent  mlHe  é<|us.  Toutes  eei 
aomeoea  furent  dépenaéea  neur  que  le 
mi  put  réparer  en  Vtk^  lea  fisirtea  qu'il 
avait  faitea  en  Bohème  en  t7H«  Après 
evoir  rois  le  dermèfo  main  à  cea  j^é^ 
peretifs*  lo  roi  partit  (i)  de  Berlip 
pour  se  vendre  en  Silaaie. 

11  apprit  en  chemin  que  l'éleeteer 
de  Bavière  avait  signé,  evee  la  reine 
de UongriOt  le  tiaité de f ùiaen*.  tçîi^ 


W4» 


HurroiRB'Pi  MM  ïïwmn. 


laft 


cenrteeiid  catta  ptix  fut  ammiée.  I»- 
médiatemenl  «près  la  mort  de  Temp^ 
reoTi  SeckeiMlorff  «'élidi  démit  da  com* 
mmdemenl.de  ranaée;  tnai*  il  en 
avait  ai  maldiipoaé  lea  qoariien,  que 
sçfi  ttoupet  élaienl  éparpîliées;  le  ter* 
rtîp.  qu'elle»  oecupateot  é4ait  trop  vaa- 
t|ul^  AutrfchîQii9«  maiires  dea  places 
fqUbaa  et  du  com%  an  IlaDube«  voyaient 
doiiQclle  iinporUticQ  il  était  pour  eux 
de.llQ^d'ttii  e&ie,  avant  de  comoaen* 
cer  leurs  opérations  d'un  autre;  ils  ju«^ 
gèrent,  par  la  position  des  Bavarois  et 
de  leurs  alliés,  qu'ils  en  auraient  bon 
marché.  M.  de  Bathyani  prévint  ses 
ennemis,  qui  étalent  tirois  Tois  plus 
forts  que  lui,  mais  qui  ne  voulaient  se 
rassembler  qu'à  la  fin  de  mai.  A  îà  tète 
de  douze  tuille  homme$«  q^i  compo- 
saient toutes  ses  forces,  il  parait  entre 
Braunau  et  Scharding,  fond  sur  les 
qttartiers  dispemés  dea  alliéa,  leur 
piftnd  Pfjuiiirdien,  Wilshefen  et  I^ud* 
9|iii(«  avec  le  peu  de  magaiiiui  que  lea 
Buvaroia  y  avaient  amassés,  en  même 
limps  qii'im  autre  détachement  d*Au- 
tnebiena  paase  lu  Danube  à  OeckeiH- 
i^rff,  caupe  lea  Hessois  des  Bavarois  ^ 
lef.  oblige  à  passer  Vl^n,  ensutte  à 
iq^Ctva  h9B  les  lutnes,  et  chaeae  les  Bar 
laroia  49giti(a  aunlelè  de  Munich,  Le 
jflIfiei.^lecteilVf  à  peine  souverain,  eat 
qirtigé  <|e  quitter  sa  ci^pitale  a  Texem- 
pli îi^ëon  pare  et  de  son  grand  père; 
iJ49  retire  à  Augsbourg.  M.  de  Ségur, 
•feç  Ifi^  Français  et  les  palatiqs  qu'il 
ayilit  sQua  aon  oommaudenteut  t  n'é* 
prouva^  pa>  un  nort.phis  favorable;  il 
t^  tmUu  en  se  retirant  auprès  de  PCs^ 
feQhofen.  Lea  Autrichiens  occupèrent 
ea  même  temps  le  pont  du  Hhiu ,  ce 
«|iii,le  mit  dans  la  nécessité  de  gagner 
Oopauwert  avant  reanemî.  Tandis  que 
tes  Bavarois,  fuyant  comme  un  trou- 
Pfsau  sons  bef  gcr,  se  sauvaient  à  Fp^d- 
;,  itoqkeiiporff  f)q^ai9it  ^  la  «N|r.d« 


rélecteur  de  Bavièfo  dans  ee  bonle*^ 
versoment  total,  non  point  conune  un 
héros  qui  trouve  des  ressources  dana  • 
son  génie  lorsque  le  vil  peuple  déses- 
père, mais  comme  une  créature  de  ta 
ceur  de  Vienne,  et  avec  Tintention  de 
séduire  un  jeune  prinoe  sans  expè^ 
rience  et  accablé  de  malheurs.  Lea 
Français  avaient  déjà,  dès  1»  eampa«* 
gne  précédente,  soupçonné  ce  nuffé^ 
cbal  de  s'être  labsé  corrompre,  parée 
qu'en  Abace  il  n'avait  pas  agi  centra 
les  Autrichiens  emiformément  à  ce 
qu'on  devait  attendre  de  hii  ;  on  Ta-^ 
vait  trouvé  aana  énergie  lorsqu'il  att»* 
qoait  l'énnemL,  et  flami,  dana  la  pour* 
suite,  lorsqu'il  pouvait  le  détruire.  On 
Taccusait  d'avoir  à  dessein  séparé  lea 
quartiers  des  alliés ,  pour  lea  livrer, 
pieds  et  poings  liés,  à  leurs  ennemis. 
On  avançait  même  qu'il  avait  reçu  de 
la  reine  de  Hongrio  trois  cent  mille 
Horias  des  arréragea  qui  lui  étaient  dua 
par  l'empereur  Charles  VI,  pour  déd^ 
der  rélecteur  de  Bavière  à  faire  aa 
paix.  Il  y  a  apparence  que  ta  cour  de 
Vienne  lui  avait  fait  entrevoir  dea 
avantages  ;  on  pouvait  lui  avoir  promia 
cette  fortune;  mais  alors  In  cour  de 
Vienne  n'était  guère  en  état  de  l'ac^ 
quitter.  Ce  qui  dépose  le  plus  contre 
lui,  ce  sont  lea  mouvemens  qu'il  se 
donna  pour  accélérer  ee  traité  de  Fiis-. 
seu.  H  produisit  de  fausses  pièces  an 
jeune  électeur  ;  il  lui  montra  des  tat» 
très  supposées  du.  r^i  de  Pruase,  dans 
lesquelles  celui«*ci  loi  faisait  part  de  ta 
paix  qu'il  allait  conclure  avec  la  reine 
de  Hongrie  ;  il  fit  valoir  des  avantages 
imaginaires  que  les  armes  de  cotte 
princesse  avaient  remportés  en  Flan^ 
dre  et  en  Italie  ;  enCn  il  le  conjura  de 
terminer  ses  différends  avec  elle,  pour 
éviter  sa  ruina  totale.  L'électeur,  jeo«« 
oeet  saus  ei^péricncet  se  laissa  entrai* 
pjsr  iaa.(;KéatQimidii  tatanoi^te 


116  ndoÉUG  n. 

Yieénev  dont  Sèckendorff  rayait  en-  f  rear  décède,  son  flh  Mt  la  pafx*  afoc 


▼ironné.  L'empereur,  son  père,  lui  dit 
en  mottrant  :  <  N*oubKec  jamais  les 
»  serrices  que  le  roi  de  France  et  le 
»  roi  de  Prusse  vous  ont  rendus,  et  ne 
B  les  payez  pas  d'Ingratitude.  »  Ces 
paroles,  qu*il  avait  dans  Tesprit,  ren- 
dirent un  moment  sa  plume  immobile 
entre  ses  doigts  ;  mais  rablme  où  il  se 
trouTait,  les  impostures  de  Sècken- 
dorff et  l'espérance  d'une  meilleure 
fortune,  le  déterminèrent  à  signer  le 
traité  de  Fiissen  le  S2  avril  de  l'année 
1745.  Par  ce  traité,  la  reine  de  Hon- 
grie renonça  à  tout  dédommagement, 
et  promit  de  rétablir  l'électeur  dans  la 
possession  entière  de  ses  États  ;  de  son 
cété,  l'électeur  renonça,  pour  lui  et 
pour  sa  postérité,  à  toutes  les  préten- 
tions que  la  maison  de  Bavière  avait 
aux  États  de  la  maison  d'Autrichd  ;  il 
adhéra  à  l'activité  de  la  voix  de  Bohè- 
me, et  engagea  la  siai^ne  pour  l'élec- 
tion du  grand^uc  à  la  dignité  impé- 
riale ;  il  promit,  de  plus,  de  renvoyer 
ses  aoiiliaires,  à  condition  qu'ils  ne 
seraient  point  inquiétés  dans  leur  re- 
trace, et  que  la  reine  de  Hongrie  s'en- 
gagerait à  ne  plus  tirer  de  contribu- 
tions de  la  Bavière.  Ces  derniers  arti- 
cles forent  si  mal  observés  par  les 
Autrichiens ,  qu'ils  désarmèrent  les 
Hessois  f^  les  menèrent  prisonniers 
en  Ho.igrie>  et  que  sous  prétexte  d'ar- 
rérages, ils  tirèrent  encore  de  grosses 
contributions  de  la  Bavière.  C'est  ainsi 
que  Gnit  la  ligue  de  Francfort,  et  que 
les  Autrichiens  firent  voir  que  lors- 
qu'ils sont  soutenus  par  la  prospérité , 
rien  n'est  plus  dur  que  le  Joug  qu'ils 
imposent.  Mais  quel  spectacle  plus 
instructif  pour  les  bisognnti  dighria  et 
peur  les  politiques  qui  se  flattent  de 
déterminer  les  futurs  contingens,  que 
le  résumé  de  ce  qui  arriva  au  com- 
uMneraiMt  de  cette  année?  L'empe- 


la  reine  de  Hongrie,  le  granéduc  de 
Toscane  va  devenir  empereur,  le  trai- 
té de  Varsovie  ligue  la  moitié  de  l*En-^ 
rope  contre  la  Prusse,  l'argent  prus- 
sien rétient  la  Russie  dans  TinaetiOn, 
l'A  ngleterm  commence  à  pencher  pour 
la  Prusse.  Le  roi  avait  bien  pris  ses 
mesures  pour  se  défendre  ;  c'était  done 
de  la  campagne  qui  allait  s'ouvrir  qu'al- 
laient dépendre  la  réputation  et  la  for- 
tune des  Prussiens. 


CHAPITRE  XI. 

Campagne  d'Italie.  -  Campagne  de  Flandre. 
—  Ce  qui  «c  pa  sa  »ur  le  lihin.-—  Évéïie- 
mens  qui  précédèrent  lc«  opérations  de  l'an- 
née 1745. 

Pour  ne  point  interrompre  dans  la 
suite  le  fil  de  notre  narration,  nous 
croyons  qu*il  est  à  propos  de  rapporter 
en  abrégé  ce  qui  se  passa  en  Italie,  en 
Flandre  et  sur  le  Rhin,  avant  que  d'en 
venir  aux  opérations  des  troupes  prus- 
siennes en  Silésie.  il  faut  se  rappeler 
que  M.  de  Gages  avait  pris  son  quar- 
tier  à  Teruf ,  et  quil  établit  ses  Espa- 
gnol et  ses  Napolitains  des  deux  côtés 
du  Tibre.  M.  de  Lobkowitz  avait  son 
quartier  à  Imola;  rarmée  de  don 
Philippe  était  en  partie  en  Savoie 
et  en  partie  dans  le  comté  de  Tiice. 
Les  Espagnols  ouvrirent  la  campagne 
par  la  prise  d*Oneglto.  L'armée  fran- 
chaise  et  espagnole  s'asseikinla  aux  envi- 
rons de  Nice.  Le  prince  de  Lobkow/tz 
s'avança  alors  jusqu'à  Césène  ;  M.  de 
Gages  marcha  i  hii,  le  battit,  le  31 
mars,  auprès  de  Rimini,  lui  Ht  sept 
cents  prisonniers,  le  poursuivit  jusqu'à 
Lugo;  le  prince  Lobkowitz  se  retira 
par  Boulogne,  passa  le  Tanaro  et  se 
posta  A  Campo-Santo.  M.  de 


■ISTOUU  UB  MOA    TBJm. 


I«7 


pana  presqoe  en  inènie  temps  le  Ta- 
naro  auprès  de  Modène,  et  s'avança 
sur  les  bords  de  la  Trébia,  d*oii  il  s'ou- 
vrit une  GommunicatioD  avec  Finfant 
par  l'État  de  Gèoes.  M.  de  Lobl^owiU 
marcha  a  Parme,  où  il  assembla  quinze 
mille  hommes,  dan?  J'espérance  d'em- 
pêcher la  jonction  des  deux  armées  ; 
mais  M.  de  Gages  passa  l'Apennin  et 
la  rivière  de  Ma^a,  sans  s'embarrasser 
des  troupes  qui  harcelaient  son  arrière- 
garde,  il  défila  sous  les  murs  de  Gè- 
nes, et  gagna  la  bataille  de  Polsevero  ; 
ce  qui  engagea  les  Autridiicns  à  se 
porter  sur  Tortone.  Don  Philippe  et 
Maillebois  quittèrent  les  environs  de 
Nice  le  1^  de  juin,  marchèrent  le  long 
de  la  mer  en  remontant  la  rivière  de 
Gènes,  et  continuèrent  leur  route, 
sans  s'inquiéter  de  douze  vaisseaux  de 
guerre  anglais  qui  leur  lâchèrent  de 
grandes  bordées  de  canon  à  leur  pas- 
sage et  leur  tuèrent  quelque  monde. 
Les  Espagnols  éprouvèrent  alors  a  la 
fois  les  effets  de  la  bonne  et  de  la 
mauvaise  fortune.  Les  Piémontais  fu- 
rent assez  rusés  pour  leur  brûler  huit 
magasins  aux  environs  de  Vintimiglia. 
Dans  ce  temps  même,  les  Génois  se 
déclarèrent  contre  le  roi  de  Sardaigne, 
et  joignirent  leurs  troupes,  consistant 
en  dix  mille  hommes,  à  celles  de  l'in- 
fant. Les  AutriiJiiens,  qui  ne  connais- 
saient.ni  le  mérite  ni  le  prix  des  bons 
généraux,  avaient  renvoyé  le  maré- 
chal Traun,  qui  s'était  surpassé  l'an- 
née précédente,  tant  en  Alsace  qu'en 
Bohème  ;  ils  choisirent  le  prince  Lob- 
kowitz,  pour  le  placer  à  côté  du  prince 
de  Lorraine.  Lobkowitz  fut  donc  rap- 
pelé d'Italie,  et  le  comte  dn  Schulen- 
boorg  prit  son  poste  jusqu'à  l'arrivée 
du  prince  de  Lichtenstein.  auauel  la 
cow  avait  déféré  le  commandement  j 
de  son  armée  d'Italie  Schulenbourg 
jua  tut  IMS  plus  heureuv'  «atUi^  l*    .U 


'è-ti,   i»»0  '  ■ 


Gages  que  ne  l'avait  été  >ou  prédéces- 
seur, tant  le  génie  do.  cet  Espagnol 
avait  d'ascendant  sur  celui  des  géné- 
raux autrichiens.  De  Giiges  poussa  son 
nouvel  adversaire  de  Novi  jusqu'à  Ri- 
valta,  tandis  que  don  Philippe  péné- 
tra dans  le  Montferrat  par  Cairo,  s'em- 
para d'Aqui,  se  joignit  avec  l'armée 
napolitaine  et  espagnole  à  Asti.  Schu- 
lenbourg passa  le  Tanaro,  et  se  posta 
au  confluent  de  cette  rivière,  dans  le 
Pô,  auprès  d'un  bourg  nommé  Bassî- 
gnano.  L'infant  saisit  cette  occasion  ; 
il  fit  investir  Tortone  et  marcha  aux 
Autrichiens,  qui  se  retirèrent  au-delà 
du  Pô,  brûlant  et  détruisant  derrière 
eux  tous  leurs  ponts.  Tortone,  avec  sa 
citadelle ,  se  rendit  aux  Espagnols.  Un 
secours  de  huit  mille  Espagnols  et 
Napolitains  arriva  de  la  Romagne  sous 
les  ordres  du  duc  de  la  Vieux  ville, 
passa  par  le  grand-duché  de  Florence, 
prit  Plaisance  et  sa  citadelle,  et  con- 
traignit les  Autrichiens  à  quitter  le 
territoire  de  Parme.  De  Gages  passe 
aussitôt  le  Pô  à  Parpanasso,  tandis  que 
l'infant  quitte  Alexandrie,  franchit  le 
Tanaro,  attaque  les  Autridiiens,  le  37 
septembre ,  à  Bassigiiano  et  remporte 
la  victoire;  il  met  le  siège  devant 
Alexandrie,  qui  se  soumet,  à  la  cita- 
delle près  ;  Valence,  Vigevano  et  beaik» 
coup  d'autres  villes,  que  nous  suppri- 
mons, reçurent  la  loi  du  vainqueur. 
Dans  ces  conjonctures,  arrive  le  prince 
de  Lichtenstein,  pour  prendre  le  com- 
mandement d'une  armée  battue,  af- 
faiblie et  découragée.  Il  ne  s'agit  point 
d'examiner  si  la  cour  de  Vienne  au- 
rait pu  faire  un  choix  différent  de  gé- 
néraux ;  il  est  toujours  sûr  que  celui- 
ci  ne  porta  aucun  remède  au  délabre- 
ment des  affaires.  Personne  ne  s'op- 
posa aux  progrès  des  vainqueurs;  ils 
prirent  Casai,  Asti  et  Lodi  au  roi  de 
Sardajgpe. .  L'in^pt  eatm  vidUirieui; 


dans  Milan,  et  blcxiua,  avec  dtx-halt  |  çaisd'outiir  la  tnaickéelti^ite 


ttiillc  hommes,  la  citadelle  de  cette 
yifie.  Les  Espagnols  étaient  donc,  à  la 
Un  de  cette  campa«(ne,  maîtres  de 
presque  toute  la  Lombnrdie,  è  Texcep- 
tion  de  Turin,  de  Mantoue  et  de  quel- 
ques citatlenes  qti*il:i  tenaient  blo- 
quées. Ces  succès  rapides  étaient  dus 
au  génie  de  M.  de  Gages,  et  en  partie 
au  secours  des  Génoist.  La  prospérité, 
tomme  nous  Tâtons  dit,  est  confiante  ; 
die  asSou|rft  ces  Vainqueurs  de  Tltalle 
à  rombrc  de  lèurs  lauriers.  Il  était  in- 
dispensable, pour  assurer  leurs  quar- 
tiers, qu'ils  possédassettt  les  citadelles 
rie  Milan  et  d'Alexandrie.  Un  peu  d'ac- 
tivité aurait  suffi  pt)ur  les  en  rendre 
maîtres;  mais  ils  manquèrent  d'halei- 
ne, lorsqu'il  ne  leur  restait  que  quel- 
ques pas  à  faire  pouf  remporter  le 
prix  de  leur  course. 


rent  cette  année  en  Flandre  comme 
en  Italie.  Louis  XV  s'était  mis  h  la 
tête  de  «on  armée  de  Flandre,  compo- 
sée de  quatre-vingts  mille  hommes  :  le 
maréchal  de  Sa\c  commandait  sous 
liiî.  A  l'ouverture  de  la  catnpagné,  les 
Français  firent  de  Fausses  démonstra- 
tions sur  diflTérentes  places,  et  ils  in- 
Yestirent  subitement  Tournay.  Celle 
ville,  une  des  principales  places  de  la 
barrière,  était  dérendue  par  une  gar- 
nison de  neuf  mille  Hollandais  ;  la  bon- 
té de  ses  ouvrages  et  la  force  de  la  ci- 
tadelte,  que  A^auban  avait  construite, 
préparait  aux  assiegeans  bien  des  obs- 
tacles et  des  diflictiltés  &  surmonter. 
Les  alliés,  sous  le  commandement  du 
duc  de  Cumberiand  et  du  maréchal 
Kœnigseck,  n'avalent  que  cinquante 
mille  hommes  A  oppw^er  aux  forces 
des  Frtnçnis;  ils  s'avancèrent  cepen- 
dant du  cM  de  Tottrtiay,  et  vinrent 
camper  dans  les  plaines  d'Ahderlech. 


Les  alliés,  sentent  de  quelte  impor- 
tance il  était  pour  eux  de  aaMtr 
Tournay,  résolurent  de  lo«t  iMsarder 
pour  obliger  Louis  XV  à  lever  ce  M- 
ge.  Du  cAié  du  Sud,  en  remoritanfrla 
riv^  droite  de  l'Escaut,  estaitoé  léMl- 
iage  de  Fontenoy,  lieu  jusqtt^akrs 
obscur,  mais  qui  est  devenu  célèbre 
par  révènement  qui  perte  son  tiolli. 
Ge  fut  dans  cette  contrée  qee  le  maié- 
chol  de  Saie  choisit  un  leffailt  ^iTil 
crut  assez,  avantageux  po«f  rénvefMr 
les  projets  du  duc  de  Cumberlaiid  ien 
s*y  présentant.  Il  ne  loissa  an  siège 
qu'un  nombre  suffisant  de  trOtapes 
pour  le  continuer  ;  il  appuya  sa  driHle 
è  l'Escaut,  garnit  d'infanterie  et  de 
canons  le  village  d'Antoing,  sittlé  Éa 
bord  de  cette  rivière,  forma  ses  deux 
lignes  d'infanterie  en  poleiice  vert  le 


Les  armes  des  Bourbons  prospéré-   mont  de  la  Trinité,  qui  se  tronvallà 


l'extrémité  de  sa  gauche  ;  sa  cavaierfe, 
rangée  derrière  son  infanterie,  for- 
mait sa  troisième  lignû;  do  plus, 'le 
village  d'Antoing  était  flanqué  d'atte 
batterie  qui  s'élevait  sur  l'autre  rive  le 
TËscaut;  trois  redoutes,  lardées  dtîl- 
fenterie  et  de  canoii,  cotivraieiit  aio 
front  de  bataille;  vers  la  gaoche  de 
son  armée  régnait  un  bots  où  tes  Vrtti- 
Cais  firent  des  abatis  pour  le  renfte 
Impraticable.  Le  11  mai,  dès  Taute  tfai 
Jour,  l'artnéc  des  alliés  déboucha  di 
bois  de  Bary,  et  se  forma  dans  la  pbâ- 
ne,  sur  deux  lignes,  visè-vîs  de  Tar^ 
mée  française.  La  gaurbe  des  alites 
engagea  l'affaire.  Les  troupes  hoAltt- 
daiscs  devaient  attaquer  les  villages 
de  Fontenoy  et  d'Antoing;  elles  l'y 
portèrent  mollement,  et  furent  ddîz 
fois  de  Suite  vigoureusement  repôj^ 
secs  par  les  Français.  Alors  les  Aiij^iis 
détachèrent  quelques  brigades  pour 
s*eraparer  des  redoutes  qui  couviMMit 


Cv  vtrfsMage tf èmpedtà  pas  IM fVèh- 1  le  front  de  Tarmée  rriDi|àlle:leg£B. 


UISIOIRE  D^ 

rai  ;|ai  fiit  chargé  de  cette  commission 
ta  IroaTa  pcnt  être  dangereuse'  et  ne 
l'exécuta  pas.  M.  de  Kœnigseck,  ju- 
geant qu'il  perdait  du  monde  en  détail 
et  qu'il  n'avançait  pas,  voulut  brus- 
quer l'aRaire.  Il  attaqua  Tarmée  fran- 
faise,  en  laissant  les  villages  et  les  re- 
doQted  derrière  lui.  Si  ce  projet  lui 
avait  réussi,  tout  ce  qu'il  y  avait  de 
Français  enrerroés  dans  c^  postes  au- 
Irait  été  fait  prisonnier  après  la  vic- 
toire, ce  qui  aurait  rendu  cette  ba- 
taille le  pendant  de  la  fameuse  bataille 
ûe  Hœchstsdt;  mais  l'événement  ne 
Irépondlt  pas  h  son  attente.  M.  de 
Kœnigseck  forma  deux  lignes  d'infan- 
terie vis-è-  vis  de  la  trouée  qui  est  en- 
tre Artoing  et  le  bois  de  Bary;  en 
tTan(ant,  il  reçut  le  feu  croisé  qui 

Ïartait  du  village  et  des  redoutes  ;  ses 
ancs  en  souflirlrent  et  se  rétrécirent  ; 
^n  centre,  qui  en  soufTr&it  moins, 
continuait  d'avancer;  et,  comme  ses 
ailes  se  repliaient  en   arriére ,    son 
corps  prit  tfne  forme  triangulaire,  qui, 
par  la  continuation  du  mouvement  du 
centre  et  par  la  confusion,  se  changea 
(en  colonne.  Ce  corps,  tout  informe 
qu'il  était,  attaqua  et  renversa  les  gar- 
des françaises,  perça  les  deux  lignes, 
et  aurait  peut-être  remporté  une  vie 
toire  complète,  si  les  généraux  des 
iDiés  avaient  mieux  su  proOter  de  la 
confusion  où  étaient  leurs  ennemis,  lis 
avalent  ouvert  le  centre  de  l'armée 
française  ;  il  était  aisé  de  séparer  leurs 
colonnes  en  deut,  et,  par  un  à  droite 
et  on  à  gauche,  ils  prenaient  en  flanc 
toute  l'infanterie  qui  leur  restait  op- 
posée; ils  auraient  dû  en  même  temps 
faire  avancer  la  cavalerie  pour  soute- 
nir leurs  colonnes  ainsi  divisées  ;  il  est 
probable  que  c'en  aurait  été  fait  des 
François,  si  le!»  alliés  avaient  sui\i  ces 
idées.  Mais  dans  le  temps  que  ceux-ci 
voulaient  femédier  i  leur  propre  con- 


Iv'fc. 


fusion»  le  maréfclMl  de  Sax«  les  til .at- 
taquer par  la  maison  du  roi  et  par  les 
Irlandais  qu*il  avait  mis  en  réserve,  i-t 
il  fortîGa  cette  attaque  par  les  déchar- 
ges de  quelques  batteries  formées  à  la 
b&te.  Les  Anglais  se  virent  ainsi  assail- 
lis à  leur  tour  ;  on  les  pressa  de  tous 
celés,  en  front  comme  sur  leurs  flancs. 
Après  une  vigoureuse  résistance,  ils 
plièrent,  se  rompirent,  et  les  Français 
les  poursuivirent  jusqu'au  bois  de  Bary . 
Seion  Topinion  commune,  a'tte  ba- 
taille coûta  aux  alliés  dix  mille  hom- 
mes, quelques  canons,  et  une  partie 
de  leurs  bagages.  Ils  se  retirèrent  par 
Leusc,  sous  le  canon  d*Atli,  au  camp 
de  Lessines,  abandonnant  aux  Fran- 
çais et  le  champ  de  bataille  et  la  ville 
de  Tournay.  Louis  XV  et  le  dauphin 
se  trouvèrent  en  personne  à  cette  ac- 
tion. On  les  avait  placés  auprès  d*un 
moulin  a  vent  qui  était  en  arrière  ;  de- 
puis, les  soldats  français  n'appelaient 
leur  roi  que  Louis  Dumoulin,  Ce  qu*il 
y  a  de  certain,  c*est  que  le  lendemain 
de  cette  bataille,  Louis  XV  dit  au  dau- 
phin en  passant  sur  le  champ  de  ba- 
taille tout  ensanglanté  et  couvert  de 
morts  :  «  Vous  voyez  ici  les  victimes 
»  immolées  aux  haines  politiques  et 
»  aux  passions  de  nos  ennemis  ;  con- 
A  servez-en  la  mémoire,  pour  ne  point 
»  vous  jouer  de  la  vie  de  vos  sujets,  et 
»  pour  ne  pas  prodiguer  leur  sang  dans 
j»  des  guerres  injustes.  »  Le  maréchal 
de  Saxe,  que  Thydropisie,  dont  il  était 
attaqué,  n'avait  pas  empêché  d*agir  en 
grand  général,  reçut  du  roi  les  éloges 
les  plus  flatteurs;  il  semblait  s'être  ar- 
raché aux  bras  de  la  mort  pour  vaincra 
les  ennemis  de  la  France.  Le  roi  de 
Prusse  le  félicita  sur  la  gloire  dont  11 
venait  de  se  couvrir,  regardant  sa  vic- 
toire comme  un  eDgagement  qu*il  pre- 
nait avec  le  public ,  qui  attendait  de 
plus  grandes  choses  encore  du  maré^ 


....*^**t'  — 


FEÀIIÉMIG  U. 


cbat  de  Saxe  en  santé  qne  da  maréchal 
de  Saxe  à  Fagonie.  L*Europe  se  vH 
inondée  de  gazettes  versIGées,  qui  an- 
nonçaient ce  grand  événement  ;  mais 
il  fant  avouer  qu'en  cette  oiu^asion  le 
temple  de  la  Victoire  l'emporta  sur  ce- 
lai des  Muses.  La  prise  de  Tournay  at- 
testa la  victoire  des  Français.  La  gar- 
nison, qui  s'était  réfugiée  dans  la  cita- 
delle, se  rendît  le  19  de  juin.  La 
capitulation  fut  signée  à  condition  que 
les  quatre  mille  hommes  qui  l'évacué- 
raient  ne  feraient  aucun  service,  pen- 
dant l'espace  de  dix-huit  mois,  contre 
les  Français. 

Louis  XV  renforça  son  armée  de 
Flandre  par  un  détachement  de  vingt 
mille  hommes,  que  lui  fournit  l'armée 
du  Rhin.  Le  prince  de  Conti  en  prit  le 
commandement  à  la  place  de  M.  de 
Maillebois,  qui  servait  en  Italie.  Un 
détachement,  fait  si  mal  à  propos,  cho- 
que également  les  règles  de  la  guerre 
et  de  la  politique  ;  mais  comme  ce  qui 
donna  lieu  à  cette  conduite  demande 
quelque  discussion,  le  lecteur  trouvera 
bon,  pour  son  intelligence,  que  nous 
lui  en  développions  les  motifs.  La 
France  avait  épuisé  tous  les  ressorts  de 
sa  politique  pour  persuader  au  roi  de 
Pologne  d'ambitionner  le  trône  impé- 
rial. Le  peu  de  succès  de  ses  intrigues 
ne  1  avait  point  rebutée  ;  au  contraire, 
elle  continuait  à  négocier  à  Dresde. 
Le  comte  de  Saint-Séverîn ,  qui  avait 
bien  servi  la  France  dans  cette  cour, 
s'était  attiré  la  haine  du  comte  de  •*% 
parce  que  la  finesse  du  Saxon  ne  s'ac- 
commodait pas  de  l'esprit  clairvoyant 
du  négociateur  français.  ***  fit  tant  que 
M.  de  Saint-Séverin  fut  relevé  par  le 
marquis  de  Vaugrenant.  Celui-ci  se 
crut  plus  fin  que  •*•;  réellement  ils  ne 
l'étaient  ni  l'un  ni  l'autre  ;  toutefois , 
dans  cette  négociation,  Vnnî;rf;în»t  i 

Tut  la  dupe  du  Saxon.  *'*  luii^eniUAda^ 


que,  pour  faire  une  paix  avantageuse 
avec  la  reine  de  Hongrie,  l'unique  par- 
ti que  la  France  eût  à  prendre  était 
de  ne  point  s'opposer  a  l'élection  da 
grand-duc  de  Toscane ,  et  de  tenir 
dans  Tinaction  l'année  que  le  prince 
de  Conti  commandait  sur  le  Rbio  ; 
d'autant  plus  que  la  France  pouvait 
tirer  plus  d'utilité  de  ces  troupes  sur 
l'Escaut  que  sur  le  Mein.  Les  ministres 
de  Louis  XV  donnèrent  aveuglément 
dans  ce  piège  ;  ils  n'examinèrent  ni  le 
peu  de  sincérité  de  ce  conseil,  ni  si  le 
parti  qu*on  leur  proposait  était  con- 
forme aux  engagemeos  qu'ib  avaient 
pris  avec  leurs  alliés.  En  alTaiblissant 
ainsi  Tarmée  du  prince  de  Conti^  on  le 
mit  hors  d*état  de  s'opppser  aux  en* 
trcprises  de  la  cour  de  Vienne.  Le 
grand-duc  fut  élu  malgré  la  France  ;  (a 
paix  ne  se  Gt  point,  et  l'amour-propre 
du  ministère  de  Versailles  lui  interdit 
jusques  aux  reproches. 

Les  troupes  tirées  de  cette  armée 
arrivèrent  en  Flandre,  lorsqu*après  la 
réduction  de  la  citadelle  de  Tournay, 
l'armée  française  en  décampait.  Elle  se 
mit  en  trois  corps,  dont  l'un  se  posta  à 
Courtray,  le  second  à  Saiot-Guislain 
et  le  troisième  à  Condé.  M.  du  Chaila 
battit  un  détachement  de  cinq  mille 
hommes,  sous  les  ordres  du  général 
Mole,  que  le  duc  de  Cumberland  avait 
fait  partir  de  son  armée  pour  se  jeter 
dans  Gànd.  Ce  petit  échec  répandit  la 
terreur  dans  Tarmée  des  alÛés;  elle 
décampa  de  Bruxelles  :  Ganf:,  Bruges 
et  Oudenarde,  n'étant  plus  protégées, 
se  rendirent  aux  Français,  et  cette  cani« 
pagne  se  termina),  par  la  prise  de  Nien* 
port,  de  Dendermonde,  d'Ostende  et 
d'Ath,  après  quoi  le  maréchal  de  Saxe 
fit  entrer  ses  troupes  en  quartiers  d'hî* 
ver  derrière  la  Deudire.  Cette  campa-- 
^Mio  rendait  aux  armes  français  l'hon- 
uoiT  que  celle  dé  Bobéma  leur  avait 


«H  IpriN;  fl  Loiris  UV  inbfDgiia 
^  |te  de  tenrafan  en  1872,  il  le  perdit 
«Mi  vite  qa*il  ratait  conquis  ;  au  lieu 
que  Loub  XV  assura  ses  possessions, 
et  ne  perdit  rien  de  ce  qu*il  avait  ga- 
gné. 

L»  Espagnols  et  les  Français  avaient 
ouvert  la  campagne  >en  Italie  et  en 
Flandre  plus  d'un  mois  avant  que  les 
troupes  entrassent  en  action  en  Silésie. 
L'armée  prussienne  et  celle  des  Au- 
tiktiiens  n'avaient  pris  des  quartiers 
pusiUes  qu'à  la  fin  de  février,  et  elles 
avaient  égaEement  besoin  de  n.'pr>s 
pour  se  remettre  de  leurs  fatigues  io 
rai  pouvait  prévenir  ses  ennemis,  il  ne 
dépendait  que  de  lui  de  fondre  sur  les 
quartiers  des  Autrichiens  en  Bohême  ; 
amis  il  risquait  plus  en  s*enfouçant 
.dans  ce  royaume  qu'en  voyant  venir 
reonemi.  Cette  considération  fit  qu'il 
resserra  ses  quartiers  de  cantonnement 
«a  centre  de  la  Silésie  d'une  manière 
qui  rapprochait  également  des  gorges 
dei  montagnes  par  où  rcnnemi  pou* 
vait  déboucher.  C'aurait  été  ui>  projet 
intense  que  de  vouloir  disputer  un  si 
grand  nombre  de  chemins,  qui  con- 
duisent de  la  Bohème  et  de  la  Moravie 
ta  Silésie,  dans  une  étendue  de  vingt- 
quatre  milles  d'Allemagne.  Le  phis 
flèr  était  d'attaquer  le  duc  de  Lorraine 
au  moment  qu'il  sortirait  de  ces  gor- 
gée, de  le  pckirsuivre  en  Bohème,  de 
iaanrager  le  pays ,  à  douze  milles  à  la 
ronde,  le  long  des  Arontières  de  la  Si* 
léaie,  et  d'amener,  à  la  fin  de  l'arrière- 
saison,  les  troupes  dans  ce  duché  pour 
leur  procurer  des  quartiers  tranquilles. 
Ce  projet  était  simple  ;  il  était  propor- 
tiOBné  à  ce  qu'il  était  possible  d'eié- 
coter  et  adapté  aux  conjonctures  ;  il  y 
avait  donc  tout  lieu  d'espérer  qu'il 
réussirait.  L'armée  était  distribuée  de 
Açon  que  dix  bataillons,  dix  escadrons 
%t  dnq  oents  hussards  formaient  une 

r. 


iHw  T£im.  fil 

chaîne  depùtf  hi  Loilce  juAiu'an  com- 
té de  Glati.  Les  patrouilles  allaient 
vers  SchaUlar,  îlraunau  et  Dœhmisch- 
Fricdland  ;  ce  corps  était  sous  les  or- 
dres du  lieutenant-général  Truchses. 
Le  général  de  Lehvald,  avec  dix  ba- 
taillons et  cinq  cents  hussards,  gardait 
le  pays  de  Glatz,  sans  compter  trois 
bataillons  de  garnison  dans  la  forte- 
resse, dont  M.  de  Fouquet  était  gou- 
verneur. Le  margrave  Charles  défen- 
dait les  froniières  de  la  haole  Silésie 
avec  seize  bataillons  et  vingt  escadrons. 
M.  de  Hautcharmoy,  avec  cinq  batail«> 
Ions  et  seize  escadrons,  occupait  et 
couvrait  la  partie  de  la  haute  Silésie 
située  au-delà  de  l'Oder.  Le  gros  de 
l'année  était  entre  Breslau,  Brieg. 
Schweidnitz,  Glatz  et  Neisse.  Le  roi 
établit  son  quartier  dans  cette  dernière 
ville;  il  y  régnait  une  maladie  conta- 
gieuse; des  charbons  donnaient  la 
mort  en  peu  de  jours.  Si  on  avait  dit 
que  c'était  la  peste,  toute  communi- 
cation aurait  été  interrompue,  ainsi 
que  la  livraison  des  magasins;  et  la 
crainte  de  cette  maladie  aurait  été  plus 
funeste  pour  l'ouverture  de  la  campa- 
gne que  tout  ce  que  l'ennemi  pouvait 
entreprendre.  On  adoucit  donc  ce  nom 
redoutable  ;  on  appela  cette  contagion 
une  fièvre  putride,  et  tout  continua 
d'aller  son  train  ordinaire;  tant  les 
mots  font  plus  d'impression  sur  les 
hommea  que  les  choses  mêmes.  Peu 
a|M^  l'arrivée  du  roi,  la  petite  guerre 
recommença  avec  beaucoup  de  viva- 
cité. Les  ennemis  se  flattaient  qu'en 
harcebnt  continuellement  les  Prus- 
siens, ils  les  consumeraient  à  petit  feu. 
Dii  ou  douze  mille  Hongrois,  sous  les 
ordres  du  vieux  maréchal  Esterhazi, 
des  généraux  Caroli,  Festetisch,  Spleni 
etGuillani,faisaientdesincursionsdans 
la  haute  Silésie  et  pénétraient  le  plus 
avant  qu'il  leur  était  possible.  Un  ma- 

il 


M» 

Jor  Sdnfltedt,  qai  était  détaché  avec 
deux  cents  hommes  dans  le  petit  boarg 
de  Uosenbcrg,  Tut  attaqué  par  eux. 
Les  ennemis  mirent  d'abord  le  ft^  au 
bourg;  le  major  Gt  bonne  ctmte^ 
Banco,  mais  environné  de  tous  cdtéi, 
il  ne  put  se  sauver  et  obtint  une  capi- 
tuialion  pour  rejoindre  son  régiment 
à  Greutzbourg.  Il  Tallait  réparer  cet  af- 
front et  rabattre  la  présomption  do  ces 
troupes  hongroises  nouvellement  le** 
vées.  Le  roi  fit  donc  des  détachemens 
contre  eux  ;  il  se  livra  de  petites  be- 
tailles  qui  servirent  de  préhide  aux  ac- 
tions décisives  ;  et  comme  cet  ouvrage 
est  destiné  à  servir  de  monument  à  la 
valeur  et  à  la  gloire  des  oiBdcrs  qui 
ont  si  bien  mérité  de  la  patrie,  nous 
nous  croyons^  par  devoir,  obligé  d'in* 
former  la  postérité  de  leurs  belles  ac» 
tions^  pour  rengager  par  ces  exemples 
de  magnanimité  à  les  imiter. 

Le  rare  mérite  de  M.  de  Winterfeid 
le  fit  choisir  pour  présider  à  cette  ex-^ 
pêdilion.  On  lui  donna  six  bataillonset 
douze  cents  hussards,  avec  lesquels  il 
passa  roder  à  Cosei,  tandis  que  M.  de 
Goltz  avec  un  bataillon  et  cinq  cents 
hussards  passait  la  même  rivière  à  Op- 
pi'ln,  pour  attaquer  de  C3ncert  Ester* 
hazi  et  ses  Hongrois.  Winterfeid  tomba 
sur  le  village  de  Slowentzit,  où  il  fit  cent 
vingt  prisonniers  ;  il  entendit  un  feo  aS* 
it::  vif  sur  sa  gauche,  il  s*y  porta  d V 
Ivrd;  c'était  cinq  mille  llongrots  qui 
entouraient  le  détachement  de  Goltz;  ' 
ils  furent  attaqués  et  Winterfeid  rem»  ^ 
porta  un  avantage  complet  sur  eut. 
S|^eni  se  sauva  avec  ^c$  hussards,  api^ 
avoir  perdu  trois  cents  hommes  et  son  ' 
bagage.  Winterfeid  ne  crut  point  en  i 
avoir  fait  assez;  il  continua  sa  pour-  ; 
suite  et  rencontra  le  lendemain  deux  ' 
mille  hussards  postés  le  dos  contre  un  - 
marais  :  il  les  jeta  dans  ce  m?rais,  où  ' 
va  plupart  périrent  ou  furent  pris.  CUis  j 


•vanlliges  tMuMSoIrttit 
hussards  pnntielia  un  tM  #s  tOpirt^ 
rite  sur  ceux  de  ta  reine.  Le  t^tml 
Wartenberg  des  hussards  btttK  éMMe 
un  gros  d'insurgèi  au^teduCMota- 
bourg  et  les  dissipa  entièrement.  ' 

Pendant  œ  préambutedu  gMM,  le 
printemps  s'avançait,  It  mois  dtMB 
tirait  vers  sa  fia»  îi  était  tempo  4m  Mi- 
sembler  Tarmée  ;  elle  Mira  ûêêb  4ta 
quartiers  de  eahtoniieiMinciilM  MM- 
kau  et  FrabkeuatoiB.  On  pré|Wié^ 
chemins  pour  quatre  ooIobmu  «fr 
cantonnemena  à  iBefernéoriT,  à 
et  à  Schweidnita ,  comme  élHt  tel 
lieux  vers  leaqoels  Temicml 
boucher  des  moiilagnea.  bel 
que  les  Autrichien  avQieatfonmiMv 
lieux  où  leurs  troupes  réglées 
Caient  à  s'assembler,  dénolaieBt 
leurs  desaeiost  oa  lompHiMil  qjil 
œs  insurgés  et  ces  Hongnota  q|Â 
avaient  daM  ta  haute  Sflérfe, 
donner  te  change  aux 
les  attirer  de  ce  e6té,  et 
grande  armée  pénétrerait  eu  6iUtfe|» 
LandshuU  Ce  projet  n'était 
henstUe  en  IwHibème  ;  il  ne 
que  par  l'exécutioii»  Si  lea 
avaient  partagé  taun  forces 
face  à  l'enneoû  de  tous  oftlAu,  ik 
raient  été  trop  faibles 
important  coup  sur  ta 
du  prince  de  Lorraino;  ets'ils 
assemblés,  cette  multitude  do 
légères  qui  M  trouvait  rien  l|ui  ta» 
rétftt,  les  aurait  aOaméa  à  ta  loiigmtfi 
leur  coupant  les  vivres»  Le  ptm 
parti  était  doue  celui  de 
force,  mai^  en  ncièmo  temps  de 
ta  fin  de  cette  crise  pér  1* 
d*une  aSkire  fénéraiOé  Lta 
furent  prises  pour  évacuer  ta  haute  flk 
lésie  vers  la  fin  de  mai*  à  V 
de  ta  forteresse  de  Coad.  Les 
deTroppauel  de 


EUTOlftB  Bft  IHMI  TBMPt. 


im 


Iranfliportés  à  Neisse  :  M»  de  Roehôw 
convrUce  convoi  avec  douze  cents  clic- 
raux  et  «n  bataillon  de  grenadiers; 
quatre  mille  Ilongroift^moiliéhussards, 
moitié  pandours*  ratloquèrent  sans 
pouvoir  Tcntanicr  ;  la  cavalerie  y  fit  la 
première  expérience  de  tes  nouvelles 
Biaaœuvrei  et  en  éprouva  le  solidité. 
n  était  nécessaire  d'inspirer  de  la  sécu- 
rité aux  enaemis^  pour  que  leur  pré- 
ioniption  les  rendit  négligetis  dans  Tex* 
pédilieaquHls  méditaient.  A  ce  dettein 
le  rei  se  servit  d'un  homme  de  Schœn- 
beig  qui  était  un  double  espion  ;  il  le 
fit  largement  payer,  après  quoi  il  lui  dit 
fue  le  plus  grand  service  qu*il  pût  lai 
rendre*  seraK  de  Tavertir  à  temps  do 
b  marche  du  prince  de  Lorraine,  pour 
pouvoir  se  retirer  à  Brcsleu,  avant  que 
les  Autrichiens  eussent  débouché  des 
Montagnes  :  pour  induire  encore  plus 
cet  espion  en  erreur,  on  lit  réparer 
des  chemins  qui  menaient  à  Brelan. 
L'espion  promit  tout;  il  eut  nouvelle 
de  ces  chemins  et  s'empressA  de  re- 
joindre le  prince  de  Lorraine,  pour  lui 
a^iprendce  que  tout  te  monde  s'en  allait 
et  qtt*il  ne  trouverait  phis  d*ennemls  à 
combatUVb  Gomme  Land^hut  devenait 
•lors  Tobjel  principal  dû  Fattention,  le 
roi  détacha  le  générai  Winterfeld  pour 
obeerver  de  ce  poste  les  ihouvemens 
des  Autrichiens;  on  lui  donna  quelques 
fcataillons  et  les  deuk  r^imens  de  hus- 
mti§  de  Rusch  et  de  Bmnîkoirsky  !  il 
ne  tarda  pas  à  se  signaler  ;  il  dispersa 
auprès  de  Uirschbcrg  huit  cents  Hon^ 
grois,  commandés  par  un  partisan 
nommé  Putaschitz,  et  fit  trois  cents 
prisonniers.  Nadasti,  pour  venger  cet 
aiîront  fait  à  la  nation  hongroise,  mar- 
ché à  h  tête  de  sept  mille  hommes, 
dafis  le  dessein  d*attaquer  auprès  de 
r;::::ishiif  Winterfeld,  qui  n'avait  que 
deux  mille  quatre  cents  hommes  sous 
lui.  AprdsiUi  eombat  dequatrn  heures. 


l'infanterie  hongroise  ftat  tbtilemeiiC 
battue,  et  dans  le  moment  tfie  Nâdasti 
se  disposait  à  faire  sa  rethiite,  arrive  le 
général  Still  A  la  tète  de  dix  escadrons 

(fiu  vieui  MœUcndôrlT;  il  fatid  sur  les 
ennemi!},  les  Hongrois  sorit  défaits  et 
ramenés  battant  jusqu'aux  firontfères 
de  la  Bohême.  Le»  Autrichiens  perdl- 

j  rent  six  cents  hommes  à  cette  aObire, 
avec  quelques-uns  de  leun  pnucipaux 
Officier  blessés,  qui  (Virent  pris.  On  sut 
deà  prisonniers  que  H.  de  Nadasti  avait 
ortlre  de  prendre  poste  à  Lahdshut,  et 
que  s'il  avait  réussi,  le  prince  de  Lor- 
raine r«uraft  suivi  infailhUemeutTant 
de  capacité  et  une  conduite  si  sage  va- 
lurent ft  M.  de  Winterfeld  le  grade 
do  tnajor  général.  Il  n'y  avait  plus  un 
moment  A  perdre  pour  irappeler  le 
margrave  Chartes  de  la  haute  Siléste. 
La  milice  hongroise  avait  profité  de  la 
levée  des  quartiers  pour  infester  de 
partis  toute  la  haute  Silésie  ;  six  mille 
hussards  voltigtsaicnt  entns  Ja^gem- 
dorif  et  Neustadt,  dans  intention 
d'empêcher  la  communication  du  mar- 
grave Charles  avec  Varmée.  Pour  lui 
faire  tenir  Tordre  de  se  retirer  sur 
Neissc.  le  roi  lui  détacha  les  hussards 
de  Ziéthen,  ()ut  se  tirent  jour  Tépée  ik  ta 
main  à  travers  les  Hongrois  et  lui  ren- 
dirent sa  lettre.  Le  margrave  se  mit 
en  marche  le  22  mai  ;  les  troupes 
qu'il  commandait  formaient  environ 
douze  mille  hommes.  Les  ennemis,  qui 
prévoyaient  sa  retraite,  s*etaient  ren- 
forcés, jusqu'au  nombre  de  vingt  mille 
hommes,  d'un  ramas  de  nations  barba- 
res, et  de  quelques  troupes  réglées  qui 
leur  étaient  venues  de  Moravie  :  ils  oor 
cupèrent  la  veille  toutes  les  hauteurs 
sur  le  chemin  du  margrave  et  y  établi- 
rent trois  batteries  qui  tiraient  en 
échnrpe,  ce  dont  les  troupes  prussien^ 
nés  furent  fort  incommodées  dans  leur 
marche.  Lô  margrave,  sans  f^'embarrai^ 


IM 


fer  dei  obsUdat  que  l'enneoil  lui  op- 
posait, s'empara  des  hanlenrs  Toisioes 
et*  des  déOlés  les  plus  considérables 
avec  quelques  batalHons,  et  ao  débou- 
ché des  gorges,  il  fornia  les  régimeiis 
de  Gésier  et  de  Louis  cavalerie,  qui 
tombèrent  avec  toute  impétuosité  pos* 
sible  sur  le  régimeut  d*Ogilvi,  en  tail- 
lèrent en  pièces  la  plus  grande  partie, 
puis  fondirent  sur  celui  d*£sterhazy, 
qui  formait  la  seconde  ligne,  le  passè- 
rent au  Gl  de  Tépée,  puis  après  s'être 
ralliés  attaquèrent  les  dragons  de  Go- 
tha, qui  devaient  soutenir  cette  infan- 
terie autrichienne,  les  mirent  en  dé  - 
route  et  firent  un  grand  massacre  des 
fuyards.  Les  ennemis  laissèrent  plus  de 
huit  cents  morts  sur  la  place;  leurs 
troupes  irrégulières,  qui  étaient  spec- 
tatrices de  ce  combat,  ayant  vu  le  triste 
sort  des  troupes  réglées,  s'enfuirent 
dans  le  bois  en  jetant  des  cris  affreux. 
Le  niiargrave  donna  dans  cette  journée 
des  marques  de  valeur  dignes  du  sang 
de  son  grand  père,  Télecteur  Frédéric- 
Guillaume.  Le  général  de  Scfawérin, 
en  chargeant  à  la  tète  de  cette  cavale- 
rie qui  défit  de  suite  trots  corps  diffé- 
rens,  s'acquit  une  réputation  d'autant 
plus  éclatante,  qu'elle  servit  d'époque 
à  celle  de  la  cavalerie  prussienne.  C'est 
une  chose  étonnante  que  la  prompti- 
tude avec  laquelle  l'audace  ou  la  ter- 
reur se  communique  à  la  multitude. 
En  1741  la  cavalerie  des  Prussiens  était 
le  corps  le  plus  lourd  et  en  même  temps 
le  moins  animé  qu'il  y  eût  dans  les  ar- 
mées européennes  ;  en  l'exerçant,  en 
loi  donnant  de  l'adresse,  de  la  vivacité 
et  de  la  confiance  dans  ses  propres 
forces^  le  roi  parvint  à  changer  entière- 
ment la  physionomie  de  ce  corps  qui 
devint  digne  de  Finfanterie.  Les  pei- 
nes«  les  récompenses,  le  blAme  et  la 
louange,  employés  à  propos,  changent 
Pesurit  des  hommes  et  leur  inspirent 


des  sentimens  dont  on  les  aurait  cru 
peu  auceptiblea  dans  Tétat  abruti  de 
leur  nature  ;  joignes  à  eehi  quelques 
grands  exemples  de  valeur  qui  les  frap- 
pent, comme  celui  que  nous  venons  de 
rapporter  :  alors  l'émulation  gagne  les 
esprits,  l'un  veut  l'emporter  sur  Tautre, 
et  des  hommes  ordinaires  deviennent 
des  héros.  Les  talens  sont  souvent  en- 
gourdis par  une  sorte  de  léthargie  ;  des 
secousses  fortes  les  réveillent  ;  ils  s'é- 
vertuent et  se  développent.  Le  mérite 
estimé  et  recompensé  excite  l'amour- 
propre  de  ceux  qui  en  sont  les  témoins. 
Dans  l'ancienne  Rome  les  couronnes 
civiques  et  murales,  et  surtout  les 
triomphes,  aiguillonnaient  ceux  qui 
pouvaient  y  prétendre.  Il  était  donc 
nécessaire  d'exalter  dans  l'armée  la 
glorieuse  action  de  Jœgerndorff.  Le 
margrave,  le  général  Schwérin  et  ceux 
qui  s'y  étaient  signalés ,  furent  reços 
comme  en  triomphe  ;  la  cavalerie  at- 
tendait avec  impatience  Toccasioo  d'é- 
galer, même  de  surpasser  ces  héros  ; 
tous  brûlaient  de  l'ardeur  de  combat- 
tre, de  vaincre.  Sons  ces  heureux  aus- 
pices toute  l'armée  fut  rassemblée  le 
28  mai  dans  le  camp  de  Frankenstein, 
à  l'exception  des  troupes  qui  gardaient 
les  places  et  d'un  corps  de  six  batail- 
lons et  de  vingt  escadrons  avec  lesquels 
H.  de  Hautcbarmoy  qui  faisait  face  à 
Esterhazi,  pouvait  se  retirer  dans  les 
forteresses  de  Cosel,  de  Bricg  et  de 
Neisse,  au  cas  que  la  supériorité  de 
l'ennemi  Ty  forcit. 


CHAPITRE  Xn. 

Satanie  de  Friedberg.  —  Marche  cd  Bohtee; 

ee  qui  s'y  patsa.  —  Baiaitle  de  Son.  —  Ee* 
tour  de»  troupes  en  SItésie. 

La  situation  du  roi  était  toujours  criti- 
que. La  politique  lui  présentait  dpsabi- 


HISTOIRE   i)i:    3I0.\    i!:m:»s. 


18S 


(,  la  goerre  des  hasards,  et  les  flnaii- 
ees  Qii  épuisement  de  ressources  pres- 
que total.  C'est  dans  ces  occasions  où 
rame  doit  déployer  sa  Torce,  pour  envi- 
sager d*un  œil  ferme  les  dangers  qui 
Teolourent  ;  où  il  Faut  ne  point  se  laisser 
troubler  par  les  fantômes  de  l'avenir  et 
le  servir  de  tous  les  moyens  possibles 
piiur  prévenir  sa  ruine,  lorsqu'il  en  est 
encore  temps  ;  mais  il  ne  faut  jamais 
«Técartcr  des  principes  fondamentaux 
ior  lesquels  on  a  établi  son  système  mi- 
lifaiire  et  politique.  Le  projet  de  campa- 
gne du  roi  était  réglé;  cependant  pour 
ne  rien  négliger,  il  s'adressa  à  ses  alliés. 
Il  employa  dans  cette  négociation  tout 
le  feu  imaginable  afln  d'essayer  d'en 
tirer  des  secours.  La  France  était  la 
seule  puissance  dont  il  put  attendre 
qeelque  chose.  Le  roi  lui  fit  représen- 
ter l'impossibilité  où  il  se  trouvait  de 
soutenir  longtemps  cette  guerre,  dont 
tout  le  fardeau  pesait  sur  lui  :  il  la 
somma  de  remplir  ses  traités  à  la  lettre, 
et  comme  l'ennemi  se  préparait  à  faire 
une  invasion  dans  ses  États,  il  pressait 
Louis  XV  de  lui  donner  l'assistance 
qu'il  lui  devait  dans  ce  cas,  ou  de  faire 
ufie  diversion  réelle,  qui  lui  procurAt 
quelque  soulagement.  Le   ministère 
fkmiçais  parut  peu  touché  de  ces  repré- 
sentations ;  il  les  traita  à  la  légère,  il 
voulut  que  la  bataille  de  Fontenoy  et 
la  prise  de  quelques  places  en  Flandre 
passassent  pour  une  diversion  consi- 
dérable. Le  roi  s'adressa  encore  direc- 
tement à  Louis  XV  ;  il  lui  marqua  le 
peu  de  satisfaction  qu'il  avait  de  la  froi- 
deur des  ministres  de  Versailles  ;  qu'il 
se  trouvait  daiM  une  situation  désa- 
gréable ,  embarrassante ,  où  il  s'était 
niiis  par  amitié  pour  sa  majesté  très 
chrétienne  ;  qu'il  croyait  que  ce  prince 
;  lui  devait  quelque  retour  pour  ravoir 
secondé  dans  un  moment  où  les  Au- 
tridiiens  commençaient  k  faire  des 


progrès  en  Alsace  ;  que  la  bataille  de 
Fontenoy  et  la  prise  de  Toumay 
étaient  A  la  vérité  des  événemens  glo- 
rieux pour  la  personne  du  roi  et  avan- 
tageux à  la  France,  mais  que  pour  l'in- 
térêt direct  de  la  Prusse,  une  bataille 
gagnée  aux  bords  do  Scamandre  ou  la 
prise  de  Peckin  seraient  des  diversions 
égales.  Le  roi  ajouta  que  les  Français 
occupaient  h  peine  six  mille  Autri- 
chiens en  Flandre,  et  que  le  péril  où 
il  se  trouvait  ne  lui  permettait  pas  de  se 
contenter  de  belles  paroles,. et  l'obli- 
geait à  demander  instamment  des 
effets  plus  réels.  La  comparaison  du 
Scamandre  et  de  Peckin  déplurent  au 
roi  très  chrétien  ;  son  humeur  perça 
dans  la  lettre  par  laquelle  il  répondit  au 
roi  de  Prusse  ;  celui-ci  se  piqua  à  son 
tour  du  ton  de  hauteur  et  de  froideur 
qui  caractérisait  cette  réponse. 

Pendant  ces  altercations,  nuisibles  è 
l'union  qui  doit  régner  entre  des  alliés, 
les  Autrichiens  étaient  à  la  veille  de 
commencer  leurs  opérations  de  campa- 
gne. Leur  armée,  composée  des  trou- 
pes de  la  reine  et  ijp  celles  de  Saxe , 
s'approchait  insensiblement  des  fron- 
tières de  la  Silésie.  Les  Autrichiens 
étaient  venus  de  Kœnigsgrœtz  et  des 
environs  de  Jaromirtz,  les  Saxons  de 
de  Buntziau  et  de  Kœnigshoff  ;  ils  se 
joignirent  à  Trautenau,  d'où  ils  avan- 
cèrent à  Schatziar.  Ils  ne  devaient  guère 
s'arrêter  en  chemin  ;  on  pouvait  calcu- 
ler leurs  mouvemcns  à  peu  de  chose 
près;  il  était  donc  temps  d'avertir  A 
Landshut  le  général  Winterfeld  de  se 
retirer  A  l'approche  de  l'ennemi,  en  se 
repliant  sur  le  corps  de  Du  Moulin,  et 
de  continuer  ensuite  leur  retraite  jus- 
qu'A  Schweidnitz,  en  semant  le  plus 
adroitement  qu'ils  pourraient  le  bruit 
des  préparatifs  qu'on  faisait  pour  aban 
donner  le  pied  des  montagnes  et  pou? 
se  mettre  sous  1^  canon  de  Broslao.  Ta 


1«8 

doubk;  ^pion  dont  nous  avons  parlé 
l'avance,  recueillit  avidement  ces 
bruils,  et  se  hâta  de  conGrmer  lui-m£me 
lu  prince  de  Lorraine  la  retraite  dot 
Pnûsiens  qu'il  lui  avait  annoncée  quel- 
que tempsi  auparavant.  Les  ruses  ser- 
vent souvent  mieux  à  la  guerre  que  la 
force  ;  il  ne  Tant  pas  les  prodiguer,  do 
pçur  qu'elles  ne  perdent  leur  mérite, 
maïs  en  réserver  Tusage  pour  les  occa- 
sions importantes  ;  lorstiueles  nouvelles 
qu'on  fait  parvenir  à  l'eimemi  flattent 
ses  passions,  on  e^t  presque  sûr  do  Ten- 
tratncr  dans  te  pit^e  qu'on  lui  pré- 
pare. Comme  Winterfeld  et  Uu  Moulin 
avaient  une  marche  d'avance  sur  Ten- 
nemi,  ils  se  replièrent  sur  Scliweidnitz, 
a^ns  avoir  souQert  dans  cette  marche* 
(4'armée  du. roi  quitta  Fraiikenatein  et 
occupa  le  $9  mai  le  camp  de  Keicbon-^ 
bach,  d'où  elle  n'avait  qu'une  petite 
marche  jusqu'à  Schweiilnilz  ;  elle  dé- 
passa cette  forteresse  le  l«'juiu;lescoFps 
de  Du  Moulin  et  de  Wiaterfeld  firent 
son  ^V2uU-garde  et  occupèrent  la  hau- 
teur de  Striegau  en  deçà  du  Strigauer- 
Wasser.  M.  de  Nassau  avec  son  corps 


FRÉDÉRIC  n. 

bourg,  Uoben - Friedberg ,  gchvlMh 
haus  et  Cauder.  Le  roi  fut  reoonnattra 
ces  environs,  pour  examiner  lo$  lieu 
et  le  terrain  où  il  pourrait  plœer  sqq 
armée  ;  ii  employa  trois  jouni  à  fam 
préparer  les  chemins,  afiu  c|u'aiiciHi 
empêchement  n'arrêtât  ses  troupe»,  el 
qu'elles  pussent  voler  &  l'enneni,  lei» 
qu'il  paraîtrait  dans  la  plaine  ;  c*étiu| 
6ter  au  hasard  tout  ce  que  l»  prudeiuii 
lui  pouvait  dérober.  Le  %  juin ,  les  gé» 
nérnux  autrichiens  et  saxon»  Uiirait 
conseil  de  guerre  auprès  du  gibet  de 
Uohen-Friedberg.  Quoiqu'ib  ciiaseï^ 
de  cette  hauteur  la  vue  snr  toute  II 
plaine,  ils  n'aperçurent  que  do  fetill 
corps  de  l'armée  prussienne.  La  pa»» 
tic  la  plus  considérable  était  couverti 
par  le  Nonnen-^Busch  et  par  4ca 
vins,  derrière  lesquels  on  s'était 
exprès  pour  tenir  l'ennemi  danal*igiiat 
rance  des  forces  prussiennea,  et  panr 
le  confirmer  dans  l'opinion  où  il  était 
qu'il  entrait  dans  un  pays  où  il  ne  tieo* 
vorait  aucune  résistance.  Le  prince  da 
Lorraine  clioisit  le  viUage  de  Lange* 
noets  pour  s'y  camper  le  londemaîa. 


garnit  le  Nounen-Busch  et  l'armée  '  Wenzel  Walliseut  ordre  de  s'empa* 
c«impa  dans  U  plaine  qui  est  entre  1  rer  en  même  temps  du  BiaKasIn  da 
Jaueruick  et  Schweidnitï ,  de  sorte  1  Schweidnilz  avec  son  avant*garde  ;  da 
qu'un  terrain  de  deux  milles  qui  sépare   là  il  devait  poursuivre  les  Prussiew  à 


Strie^nu  de  Schwoidnitz,  était  occupé 
par  une  ligne  presque  continue  do 
troupes  prussiennes;  cette  position 
mettait  le  roi  à  portée  de  se  procurer 
les  plus  grg^ds  avantages. 

Le  général  WalHs,  qui  commandait 
l'avant-rgardo  des  (>naerais,  et  Nadasti 
furent  Iqs  premiers  qui  se  présentèrent 
sur  les  liauteufs  de  Vribourg.  Le  prin- 
ce de  Lorraine  avait  pénétré  en  Silésîe 
par  Landsbut  ;  de  là  il  avait  poursuivi 
lia  mardie  sur  ileichenau,  d'où  il  se 
transporta  à  Uohen^Uenncrsdorff.  Il 
l>ouvait  de  oef  camp  descendre  dans  la 
^^ai  i>i».  par  quatre' chcioins,  savoir  Frk 


Kreslau.  I^  duc  de  Wcissenfeb  avea 
9es  Saxons  devait  prendre  Striegau  al 
de  là  se  porter  sur  Glogaa ,  pour  ca 
faire  le  siège. 

Le  prince  de  Lorraine  avait  auUié 
dans  son  projet  qu'il  aurait  à  combattra 
une  armée  de  soixante  et  dix  miUa 
hommes,  bien  résolus  à  ne  hii  paa 
abandonner  un  pouce  de  terrain  aaoa 
Tavuir  défendu  jusqu'à  l'extrémité. 
Ainsi,  tes  desseins  des  Autrichiens  et 
des  Prussiens  se  crobaient,  comme 
dos  vents  contraires  qui  asaemkJeol 
des  nuages  dont  le  choc  produit  la 
foudre  et  lo  tonnerre.  Le  roi 


tfin  kM  J<nus  les  postes  avancés;  U 
était  le  91  sur  we,  hauteur  devant  le 
eanoip  <ic^  Du  Moulin,  d'où  Ton  4c€ou-> 
TTiût  toute  la  campagne»  les  hauleuni 
4e  FunteiMîtçîii  et  méiqie  un  Uout  du 

camp  aul^îçhîm  prà»  de  Rcicbeuau. 
1^  rois'y  élaitarr^  assez  kmg4emp8, 
lovsqu'il  vit  we  puée  de  poussière  i}ui 
l^çvait  dans  M  nontagnea,  quiavan- 
V^(  «t  dMceudait  dans^  la  plaine  et  qui 
«Iliit  ^  serpeptant  de  Cauder  à  Feg^ 
bentelet  Bopstock  ;  la  pousaière  tomba 
«psuilo,  et  1*00  apeiçut  distinaeiuent 
TilKinift  des  Autr îchîeos  qui  était  sortie 
dM  anootagoe^  mr  huit  grandes  cqIoih 
Kis;  iwr  droite  s'appuyait  au  ruisseau 
4e  ^triegaUt  ^t  tirait  de  là  vers  Roas- 
taçk  et  Bausdorff  î  les  Saxons,  qui  fai^ 
aaiimt  la  gauche,  a'éteodaicnt  jusqu'à 
MlgrîBssheim.  M.  Pu  HouUu  reçut 
«iiailAt  ordre  de  lever  le  mmv  ^  huit 
hiuiea  du  soir,  de  passer  le  ruisseau  de 
Slriegau  et  de  ae  poster  sur  uoroi:her 
éwmk  la  ville,  où  il  y  a  uno  carrière 
4a  topsaa  et  qui  en  a  pris  soo  nom. 
lêWrmAù  sa  mit  eu  mouvement  le  soir 
i  boit  hem-est  fltaut  sur  la  droite  en 
4cm  lignes  et  obMrvant  le  plus  grand 
aikiMa;  il  était  même  défendu  au  sot^ 
dit  de  fum^.  La  tête  des  troupes  arri- 
tk.à  asinuit  auprèf  des  ponts  de  Slrie- 
gssi,  où  Ton  attendit  que  tous  les  corps 
fusieot  bien  serrés  ensemble.  Le  k 
Juin,  à  deux  heures  du  matin,  le  roi 
igssamUa  tes  principaux  officiers  de 
Fsmiée,  pour  leur  donner  la  disposi- 
abn  de  cemhat  ;  nous  remettrions,  si 
tnsi  •  ce  qui  a  lappert  à  une  bataille 
dAc&Hve  ii*acquéraîl  de  Timpertanoe. 
Voie!  celte  disposition,  a  L'armée  se 
omettra  «ncassammmit  en  marche  par 
•m  ta  drotto  sur  deux  lignes  ;  elle  passera 
r  te  ruisseau  de  Umgau  ;  la  cavalerie 
»  ae  mettra  en  bataiUe  vis^^à- vis  de  la 
»4!Mehade  A*«sKpemi  du  cétéde  Pil- 
>  glîmshilm't  le  earpé  de  Bu  Iteulin 


m 

couvrira  sa  droite ,  la  droite  de  riu-* 
fanterie  se  Tormcra  à  la  gauclie  de  U 
cavalerie  vis-à-^vis  do:^  bosquets  (ii 
Ronstock  ;  la  cavalorio  do  la  gautbi 
a'appuyera  au  ruisseau  de  Slriegau 
gardant  au  loin  à  dos  la  ville  de  os 
nom  ;  dix  escadrons  de  dragons  al 
vingt  de  hussards  qui  composent  la 
réserve,  se  posteront  derrière  le  c€u* 
tre  de  la  seconde  ligne,  pour  ôtre 
employés  où  il  sera  besoin  ;  derrière 
chaque  aile  de  cavalerie  un  régiment 
de  hussards  se  formera  en  troisième 
ligne,  pour  garantir  le  dos  et  le  Qane 
de  la  cavalerie,  si  le  Hlprain  va  en 
s*élargissant ,  ou  pour  servir  à  la 
poursuite  ;  la  cavalerie  chargera  im- 
pétueusement Tennemi  réi>éo  à  la 
main;  elle  ne  fera  point  «de  prison-- 
niersdans  la  clialeur  de  Faction  ;  elle 
portera  ses  coups  au  visage;  sprès 
avoir  renversé  et  dbpersé  la  cavalerie 
contre  lai|uelle  elle  aura  choqué,  elle 
retournera  sur  Tinfanterie  ennemie 
et  la  prendra  en  flanc  ou  à  dos,  selon 
que  l-occasioB  s*en  présentera;  Tin-i- 
fanterie  prussienne  marchera  à 
grands  pas  à  rennemi  :  pour  peu  que 
les  circonstances  le  permettent ,  elle 
fondra  sur  lui  avec  la  baïonnette  ; 
s*tl  faut  charger,  elle  ne  tirera  qu*à 
cent  cinquante  pas  ;  si  les  généraux 
trouvent  quelque  village  sur  les  ailes 
ou  devant  le  front  de  l'ennemi  qu'il 
n*«it  pas  garni,  ils  Toccuperont  et 
le  borderont  eiilérieuiement  d'iu- 
fanterie,  poui  s*en  senir«  si  les  cir- 
constances le  permettent,  à  prendre 
Tennemi  eM  llapc  ;  mais  ils  pe  place- 
ront de  troupes  ni  dans  les  maisous 
ni  dans  des  jordius,  pour  que  rien  ne 
les  gène  ,  et  w  lès  empêche  do 
poursuivre  ceux  qu'ils  auront  vaiq- 
cus.  a  J>ès  quQ  cliacuu  fut  de  retour 
son  poste,  rarmée  s'ébraola.  A  peiuo 
la  là^  commiitfoiNlte  à  pasier  le 


I«t 


frAoéuc  u. 


raîsseau,  que  M.  Du  Moalin  lit  avertir 
qu'ayant  apperçu  de  l'infanterie  enne- 
mie vis-à-vis  de  lui  sur  une  éminence, 
il  avait  corrigé  sa  position  ;  qu*il  avait 
pris  par  sa  droite,  pour  se  former  sur 
une  hauteur  opposée  à  l'autre  et  par 
laquelle  il  débordait  même  la  gauche 
de  l'ennemi.  C'était  des  Saxons  qu'il 
voyait,  qui,  ayant  eu  ordre  de  prendre 
la  ville  de  Striegau,  furent  fort  éton- 
nés de  trouver  des  Prussiens  devant 
eux.  Le  roi  se  hâta  d'établir  une  batte* 
rie  de  six  pièces  de  vingt-quatre  sur  ce 
mont  Topaze,  laquelle  fut  très  utile 
par  la  grande  confusion  qu'elle  mit 
dans  les  ennemis*  Les  Saxons  venaient 
avec  tous  leurs  corps  pour  soutenir 
l'avant-garde  qui  devait  prendre  Strie- 
gau;  ils  reçurent  cette  canonade,  à 
laquelle  ils  ne  d'attendaient  pas;  en 
même  temps  l'aile  droite  de  la  cava- 
lerie prussienne  se  forma  sous  cette 
batterie,  les  gardes  du  corps  joignant 
le  corps  de  Du  Moulin,  et  la  gauche 
de  l'aile  aboutissant  à  ces  bouquets  du 
bois  de  ilonstock.  Les  prussiens,  après 
deux  charges  consécutives,  culbutèrent 
la  cavalerie  saxonne,  qui  s'enfuit  à  vau 
de  route,  et  les  gardes  du  corps  taillè- 
rent en  pièces  les  deux  bataillons  d'in- 
fanterie qui  s'étaient  présentés   au 
commencement  de  l'affaire  devant  M. 
Du  Moulin.  Alors  les  grenadiers  prus- 
siens et  le  régiment  d'Anhalt  attaqué* 
lent  l'infanterie    saxonne   dans  ces 
bouquets  de  bois  ou  eHe  commençait 
à  se  former  ;  ils  les  poussèrent  et  les 
délogèrent  d'une  digue  où  ils  voulaient 
se  réformer  ;  de  la  ils  traversèrent  un 
étang  pour  attaquer  la  seconde  ligne 
sur  un  terrain  marécageux  :  ce  com- 
bat, plus  meurtrier  que  le  premier,  fut 
terminé  aussi  vite  :  les  Saxons  furent 
encore  obligés  de  s*enfiiir  ;  leurs  géné- 
raux raltièreni  quelques  bataflions  en 


forme  de  triangle  sur  une  hauteur , 


I  pour   couvrir  leur  retraite  ;  mais  !i 
cavalerie  prussienne  de  la  droite,  déjà 
vic^lorieuse,  se  présenta  sur  leur  flanc, 
en  même  temps  que  Tinfanterie  prus- 
sienne déboucha  du  bois  pour  les  as- 
saillir. M.  de  Kakkstein  vint  encore 
avec  quelques  troupes  de  la  seconde 
ligne,  qui  débordait  de  beaucoup  les 
Saxons;  ils  virent  l'extrémité  où  ils 
étaient ,  n'attendirent  pas  l'attaque , 
mais  prirent  bientôt  la  fuite.  Les  Sa- 
xons furent  ainsi  totalement  battus, 
avant  que  la  gauche  de  l'armée  fut 
entièrement  formée.  Il  se  passa  plus 
d'un  quart  d'heure   avant  que  cette 
gauche  s'engageât  avec  les  Autrichiens. 
L'on  avait  averti  le  prince  de  Lor- 
raine à  Uansdorf,  ou  il  avait  son  quar- 
tier, du  feu  de  canon  et  des  petites 
armes  qu'on  entendait  ;  il  crut  bonne- 
ment que  c'était  les  Saxons  qui  atta* 
quaient  Striegau  et  n'en  tint  aucun 
i!ompte;  on  lui  dit  enfln  que  les  Saxons 
étaient  en  fuite  et  que  tous  les  champs 
en  étaient  parsemés  ;  sur  quoi  il  s'ha- 
billa à  la  hAte  et  ordonna  à  l'armée  d  V 
vancer.  Les  Autrichiens  marchaient 
donc  à  pas  comptés  dans  la  plaine  entre 
le  ruisseau  de  Striegau  et  les  bosquets 
de  Ronstock,  qui  n'est  coupée  que  par 
des  fossés  qui  séparent  les  possessions 
des  paysans.  Dès  que  le  margrave  Char^ 
les  et  le  prince  de  Prusse  furent  A  por- 
tée des  ennemis,  ils  les  chargèrent  si 
vivement  qu'ils  plièrent.  Les  grenadiers 
des  Aulrichieos  se  servirent  avec  iotet- 
ligence  de  ces  fossés  dont  nous  avons 
foit  mention,  et  Hs  auraient  pu  mettre 
de  la  règle  dans  leur  retraite,  si  le  ré«- 
giment  des  garde»  ne  les  eAt  chassés 
deux  fois  à  coups  de  baKumette.  Le 
régiment  de  Uacke.  oelni  de  Bévem  et 
tous  ceux  qui  forent  au  fea,  se  dislfn*- 
gnèrent  par  des  adtions  de  valeur. 
Conmie  H  n'y  avait  phisd*nnoenûade- 
vantla  dfioitâ,  1^  rai  Rt  faire  m  quart 


■ISTOIRB  DB 

de  conversion  )X)ttr  se  porter  sur  le 
flanc  gauche,  derrière  les  Autrichiens  ; 
celte  droite  brossa  dans  les  bois,  dans 
les  marais  de  Ronstock,  et  lorsqu'elle 
en  sortit  pour  attaquer  Tenneroi,  la 
gauche  des  Prussiens  avait  déjà  gagné 
QD  terrain  considérable.  La  cavalerie 
de  cette  gauche  avait  essuyé  un  contre- 
temps :  à  peine  Kiàu  avec  sa  brigade 
de  dix  escadrons  avait-il  passé  le  ruis- 
seau de  Striegau,  que  le  pont  se  rom- 
pit. Kieu  prit  le  parti  d*attaquér  la  ca- 
▼aterie  ennemie  avec  la  sienne,  le  gé- 
néral de  Ziethen  le  joignit  avec  la 
réserve,  culbuta  devant  lui  tout  ce  qui 
Toaint  lui  résister,  et  donna  à  M.  de 
Nassau,  qni  commandait  cette  gauche, 
le  temps  de  la  faire  passer  à  gué.  ]>ès 
qae  M.  de  Nassau  eut  formé  son  aile, 
il  dornia  sur  ce  qui  se  trouviyt  encore 
de  cavalerie  ennemie  devant  lui  et  la 
mit  en  déroute,  le  général  Potentz  con- 
trSma  beaucoup  à  ce  succès  ;  il  s*était 
glissé  avec  son  infanterie  dans  le  village 
de  Fegebeutel,  d'où  il  enfilait  la  cava-> 
lerie  autrichienne  ;  quelques  dédiarges 
qa*elle  reçut  eu  flanc,  la  mit  en  confu- 
sioo  et  prépara  sa  défaite.  M.  de  Gés- 
ier, qiB  eommaiidait  la  seconde  ligne, 
▼ayant  qu'il  n'y  avait  là  aucun  laurier 
à  cueillir,  se  tourna  vers  Tinfanterie 
prassienne,  et  trouvant  les  Autrichien» 
en  confusion,  il  Qt  ouvrir  Tlnfanterie 
pour  y  passer,  puis  se  formant  sur  trois 
eolomies,  il  fondit  sur  les  Autrichiens 
rfee  use  vivacité  incroyable,  les  dra- 
gons en  massacrèrent  un  grand  nom- 
bre ;  ils  finent  prisonmers  vingt  et  un 
bataiMons  des  régimens  de  Marchai, 
.  Griuu,  Tungen,  Tmnn,  Coiowrat, 
j  Wnrmhrand  et  d'un  régiment  encore 
'  dont  le  nom  nous  manque  :  il  i  en  eut 
beaucoup  de  tués;'  cependant  on  ât 
quatre  mille  prisonniers  et  Ton  s'em- 
para de  sdiiaûle-aix  èrapeanx.  Un  fait 
anasi  rare,  ansai  glorieux  mérite  d*Mre 


mon  TftMPS.  lit 

écrit  en  lettres  d'or  dans'les  fastes  prus- 
siens. Un  général  de  Schwérin  (cousin 
de  celui  de  Jœgerndorff)  et  une  infinité 
d'ofilciers  que  leur  grand  nombre  noua 
empêche  d'indiquer ,  y  acquirent  un  . 
nom  immortel.  Cette  belle  action  se  fit 
en  même  temps  que  la  droite  des  Prus- . 
siens  se  portait  sur  le  flanc  du  prince 
de  Lorraine  ;  ce  qui  rendit  le  désordre 
de  ses  troupes  complet  :  tout  se  dé* 
banda  et  s'onfuit  dans  la  plus  grande 
confusion  vers  les  montagnes.  Les 
Sasons  se  retirèrent  par  Sey  flersdorf  ; 
le  corps  de  bataille  des  Autrichiens  se 
sauva  par  Kauder  et  leur  aile  par  Ho- 
henfriedberg,  où  heureusement  Wallis 
et  Nadasti  étaient  vraus  pour  couvrir 
leur  retraite  :  les  Prussiens  les  pour- 
suivirent jusque  sur  les  hauteurs  de 
Kauder,  où  ib  s'arrêtèrent  pour  pren- 
dre quelque  repos.  Les  trophées  que 
les  Prussiens  remportèrent  en  cette 
journée  furent»  en  fait  de  prisonniers  : 
quatre  généraux,  deux  cents  oiBciers 
et  sept  mille  hommes  :  en  fait  de  dra- 
peaux, timbales,  canons,  etc.«  soixante- 
seiie  drapeaux ,  sept  étemkrds,  huit 
paires  de  timbales  et  soixante  canons. 
Le  <^mp  de  bataille  était  jonché  de 
morts  ;  les  ennemis  y  perdirent  quatre 
mille  hommes,  parmi  lesquels  il  y  avait 
quelques  OiBciers  de  marque.  La  perte 
de  l'armée  prussienne  en  morts  et  Ces- 
sés allait  à  peine  à  dix-huit  cents  hom- 
mes* Quelques  officiers  qui  devinrent 
dans  cette  journée  les  victimes  de  la 
patrie,  en  mér*1èrent  les  regrets;  do 
ce  nombre  furent  le  général  Truchaes* 
les  colonels  liassow,  Schwérin  et  Du- 
ring. 

Ce  ftit  là  la  troisième  bataille  qui  se 
donna  pour  décider  à  qui  appartien- 
drait la  Silésie,  et  ce  ne  fut  pas  la  der- 
nière. Quand  les  souverains  jouent  des 
proviueee,  les  hoBunea  sont  lea  jetons 
qui  les  parfaat  La  rupo  paipaia  eMi 


17t  rainAticn. 

actionetlavaleurrexéGUta.8ileprince|feu  et  remportèrent  la  Tictoire. 
de  Lorraine  n'avait  pas  été  trompé  |  monde  no  repose  pas  piiu  sùremeiit 
par  ses  espions ,  qui  Fêlaient  eux-  les  épaules  d'AtlaSi  que  la  Pniase 
mêmes,  il  n'aurait  jamais  donné  aussi  |  uue  telle  armée, 
grossièrement  dans  le  piège  qui  lui  t  II  ne  doit  pas  paraître  surpranaiil 
était  préparé  ;  ce  qui  confirme  la  !  que  l'on  no  poursuivit  paa  les  ÂiitfH 
maxime,  de  ne  jamais  s*écarter  des  \  chiens  avec  plus  d'ardeur.  La  buU  du. 
principes  que  Part  de  la  guerre  prescrit,  i  3  au  <h  avait  été  employée  à  marcher  | 
et  de  la  circonspection  qui  doit  obliger  ;  l'ennemi.  La  bataille,  quoique  court^i 
tout  général  qui  commande  à  suivre  \  avait  été  une  suite  dV.flortseontînpellî 
inviolaUement  les  règles  que  la  sûreté  i  les  munitions  de  guerre  étaient  épui« 
exige  pour  Texéeution  de  ses  projets,  secs  ;  les  équipages  et  les  nmnitîom  dl 
Lors  même  que  tout  semble  favoriser  |  bouche  étaient  à  Schweidnity  :  il  r«ilaj| 
les  projets  que  Ton  médite,  le  plus  sûr  |  les  conduire  a  Tarmée.  L'arrièrogardi 
est  toujours  de  ne  pas  assex  mépriser  \  du  prince  de  Lorraine  était  compuaél 
son  ennemi  pour  le  croire  incapable  de  j  des  corps  de  Wallis  et  Je  Kadasti 
résistance.  Le  hasard  conserve  toujours  j  n*avaient  point  combattu;  ils  «  ._ 
ses  droits.  Dans  celte  action  même  un  |  paient  les  hauteurs  de  lIohi^n-*Fried« 
quiproquo  pensa  devenir  funeste  aux  j  berg,  dont  il  aurait  été  téméraire  di 
Prussiens.  Au  eommenoerocnt  du  coow  j  vouloir  les  déloger  :  les  Prussiena  fN3i 
bat  le  roi  tira  dix  bataillons  de  sa  se«  cupaient  la  liauteur  de  Kauiior;  BMii 
conde  ligne  sous  les  ordres  du  lieute*  colle  de  Uuhen-Friedberg  était  à  lew 
nant-généra) de  Kaickstein,  pour  reu-  '  gauche;  il  ne  (allait  donc  paa  penhf 
forcer  le  corps  de  Du  Moulin,  et  il  i  par  une  fougue  imprudente  ce  qiL*«a 
envoya  un  do  ses  aides  de  camp  pour  i  avait  gagné  par  la  8ages$e.  L«  lendf* 
avertir  le  margrave  Charles  de  prendre  j  main  MM.  Du  Moulin  et  WinterMI 
le  commandement  de  la  seconde  ligne  '  furent  détachés  h  la  poursuite  de  V^i^ 
d'inninterie  pondant  Tabsenoe  de  M.  de  |  nomi  ;  ils  atteignirent  le  prineeda  Iji^ 
Kaickstein.  Cet  oflicîer  peu  intelligent  î  raine  auprès  de  i^ndshut.  Ce  prince  aa 
dltau  margrave  de  renforcer  la  seconde  ;  les  attendit  pas;  il  leva  son  canapé 
ligne  de  sa  brigade  qui  était  à  l'extré**  ''\  leur  approche  et  chargea  Nadasiî  da 
mité  de  la  gauche.  Le  roi  s'aperçut  a  î  couvrir  sa  retraite.  Winterfeld  attaqaa 
temps  de  cette  bévue,  il  la  redressa  avec  |  ce  dernier,  le  mit  en  fuite  et  le  pour- 
promplilude.  Si  le  prince  de  Lorraine  \  suivit  jusqu'aux  frontières  de  la  Ba«f 
avait  profité  de  ce  faux  mouvement,  il  ;  héme,  après  lui  avoir  tué  deu^  eaak 
aurait  pu  prendre  en  flanc  la  gauche  des  ;  honvnes  et  fait  cent  trente  priaonnieii^ 
Prussiens,  qui  n'était  pas  encore  ap-  M,  Du  Moulin  occupa  le  camp  nèM 
puyée  au  ruisseau  de  htriegau.  Tant  le  que  les  Autricliiens  venaient  d'abaiH 
sort  des  États  et  lu  réputation  des  géué^  donner.  Après  cette  victoire  le  roi  rapt 
rau\  tiennent  ù  peu  de  rhose.  In  seul  pelaCagnoni,  son  ministre  de  Preadl. 
instant  décide  de  lu  fortune.  Mais  il  faut  |  Bulau«  accrédité  à  fiorlin  de  la  iNirt  di 
aveuer,vulavaleurdes  troupes  qui  corn-  {  roi  de  Pologne,  fut  oUigôd'en  l>arlir« 
battirent  a  Friedb4;rg,  que  l'État  necou-  !  ainsi  qu'un  résident  de  Saxe,  le  ni 
rait  aucun  risquo;  il  n'y  eut  aucun  eqrp^   déclara  qu'il  regardait  l'inviHuoii  dM 


^flpmaapt  seuleBMMtt  iurant  an 


nmta^ 


1 


HISTOIRE   DB 

L'nrniée  suivit  le  6  le  corps  de  Da 
moulin  et  se  porta  sur  Lnndshut.  Lors- 
que le  roi  y  arriva,  il  ftit  entouré  d'une 
troupe  de  deux  mille  paysans,  qui  Ini 
demandèrent  ta  permission  d*égorger 
tout  ce  qui  était  catholique  dans  cette 
contrée.  Cotte  animosité  venait  de  la 
dureté  des  persécutions  que  les  protes- 
tans  avalent  souffertes  de  la  part  des 
curés  dans  le  temps  de  la  domination 
autrichienne,  où  l'un  avait  été  les  égli- 
ses au\  hithérienspour  les  donner  h  des 
prêtres  catholiques.  Le  roi  était  bien 
éloigné  deteur  accorder  une  permission 
aussi  barbare.  Il  leur  dit  qu1ls  devaient 
plutôt  se  confbrmer  aux  préceptes  de 
J'Écriturc,  bénir  ceux  qui  les  offen- 
saient, prier  Dieu  pour  ceux  qui  les  per- 
sécutaient, afin  d*hériter  du  rovaume 
4Î0S  cieux.  Les  paysans  lui  répondirent 
qu*n  avait  raison  et  se  désistèrent  de 
leur  cruelle  prétention.  L*;)vant«garde 
avança  jusqu'à  Starckstadt,  où  elle  ap- 
prit que  les  ennemis  avaient  quitté 
Trautcnau  et  qu'ils  défilaient  à  Jaro- 
mirtz  ;  sur  cehi  elle  se  posta  à  Scalitz. 
L^armée  prit  le  chemin  de  FYiedIand  et 
de  Nachod^  ce  qui  était  plus  commode 
pour  les  subsistances  ;  après  quoi  elle 
déboucha  des  montagnes  et  ^e  déploya 
le  long  de  la  Métau,  petit  ruisseau  dont 
les  bords  sont  escarpés:  il  vient  de  Neus- 
tadt  et  vase  jeter  dans  l'Elbe  auprès  de 
Ptefs.  Le  camp  des  Autrichiens  était 
derrière  l'Elbe  entre  Schmirgit»  et  Jaro- 
mirtz.  NadastI,  dont  le  corps  était  en- 
viron de  six  mille  hommes,  fit  mine  de 
disputer  à  l'avanl-garde  prussienne  le 
passage  de  la  Métau,  mais  M.  de  Leh- 
wald  chassa  tes  Hongrois  sans  eflbsion 
de  sang,  passa  le  ruisseau  et  campa  à  un 
quart  de  mHIe  à  l\xutre  bord.  Le  len- 
dcm<iin  l'avant-garde  fut  renforeée  de 
ouzo  bataillons  et  se  porta  à  Caraval- 
hota,  d*oà  le  roi,  se  mettant  h  sa  téta, 
poussa  jusqu'à  Kcenlgsgrœtz  et  aoettpa 


MON  TBKP9.  171 

le  terrain  entre  Rufeck  qui  est  vers 
l'Elbe  et  Divetz  qui  est  sur  l'Adler; 
ce  ruisseau-ci  vient  des  montagnes  de 
Glatz  et  se  jette  dans  l'Elbe  auprès  de 
Kœnigsgraclz.  L'armée,  sous  le  com- 
mandement du  prince  Léopold,  campa 
à  un  quart  de  mille  derrière  l'avant- 
garde.  Ces  mouvemens  obligèrent  la 
prince  de  Lorraine  à  s'approcher  de 
Kœnigsgrstz.  II  se  i)OSta  sur  une  hau- 
teur au  confluent  de  l'Adlf^r  et  de  l'Elbe 
vis-î-vis  des  Prussiens  ;  il  avait  appuyé 
sa  droite  h  un  marais,  sa  gauche  se  re« 
courbait  vers  Pardubitz  et  à  dos  II  avait 
une  forêt  de  deux  milles  qui  s'étend  vers 
llolitsch  :  ce  prince  avait  établi,  moyen* 
nant  trois  ponts  sur  l'Adler,  sa  com- 
munication avec  KœiiigsgrsBtz,  où  il 
tenait  un  détachement  de  huit  cents 
hommes  ;  il  fit  élever  une  redoute  de- 
vant la  ville  sur  une  petite  hauteur  qui 
en  déflendalt  l'approche  aux  Prussiens. 
Sa  position  était  inattaquable;  le  roi  se 
borna  A  garnir  d'infanterie  les  villes  do 
Jaromirtz  et  de  Smirgitz,  ponr  tenir 
FEIbe  par  des  détachemons  de  dragons 
et  de  hussards,  et  pour  assurer  et  proté* 
ger  ses  fourrages.  A  voir  ces  deux  ar* 
mées  rangées  autour  de  Kœnigsgrffitz» 
on  aurait  dit  que  c'était  un  même  corps 
qui  en  formait  le  siège.  Cependant 
l'avant-garde  et  le  corps  de  iMitaille  des 
Prussiens  étalent  si  nvantagousoment 
placés,  qu'il  aurait  été  impossible  à 
l'ennemi  de  les  entamer.  On  aurait  pa 
tenter  quelque  entreprise  sur  Kœniga- 
grœtz  ;  il  aurait  été  possible  de  pren-^* 
dre  la  ville,  mais  qu*aurait-on  gagné  ? 
La  ville  n'avait  ni  fortifications,  ni  ma- 
gasins, et  Ton  aurait  été  obligé  de  l'a- 
bandonner tôt  ou  tard  ;  c'eut  été  verser 
du  sang  inutilement.  Ceui  qui  ne  ju- 
geaient que  superikicllemcnt  des  cIkh 
ses,  croyaient  que  dans  celte  heureuse 
sltuatien,  le  rei  devait  changer  le  pro- 
jet de  eampagne  qu'il  avait  arrêté  à 


«n 


FaiDtucn. 


Netsse  etqae  ses  Taesdevaient  s'étendre 
avec  sa  fortune.  Il  n'en  était  pas  ainsi 
cependant.  La  bataille  de  Friedberg 
avait  sauvé  la  Silésie  :  rennemi  était 
battu  ;  niais  il  n*était  pas  détruit  :  cette 
bataille  n'avait  pas  applani  les  monta- 
gnes de  la  Bohème  par  lesquelles 
étaienC  obligés  de  passer  les  vivres  pour 
l'armée.  On  avait  perdu  en  17&&  les 
caissons  des  vivres;  les  subsistances 
ne  pouvaient  donc  arriver  au  camp  que 
sur  des  chariots  de  paysans  de  la  Silésie. 
Depuis  le  départ  du  margrave  de  la 
haute  Silésie,  les  Hongrois  avaient  sur- 
pris la  forteresse  de  Cosel,  et  ils  éten- 
daient leurs  courses  jusqu'au  voisinage 
de  Schweidniz  et  deBreslau;  ils  allaient 
se  porter  sur  les  derrières  de  Tarmée  et 
en  intercepter  les  subsistances  ;  d'ail- 
leurs le  roi  ne  pouvait  s'éloigner  que 
de  dix  ou  quinte  milles  de  Scliweidnitz, 
d'où  il  ne  recevait  des  vivres  que  de 
cinq  en  cinq  jours.  S'il  avait  voulu 
transporter  le  théâtre  de  la  guerre  en 
Saxe,  il  aurait  abandonné  la  Silésie  à  la 
discrétion  des  Autrichiens.Tant  décon- 
sidérations importantes  flrent  que  ce 
prince  resta  ferme  dans  son  premier 
projet,  c'est-à<^ire  d'affamer  les  fron- 
tières de  la  Bohème,  pour  empêcher 
l'ennemi  d'y  pouvoir  hiverner. 

Les  Français  firent  encore  quelques 
tentatives  auprès  du  roi  de  Pologne,  lui 
présentant  toujours  comme  une  amorce 
la  couronne  impériale,  a  laquelle  il  avait 
renoncé  pour  long-temps.  La  seule  né- 
gociation qui  convint  alors  aux  Prus- 
siens, c'était  celle  avec  l'Angleterre  ; 
parce  que  cette  puissance  seule  pouvait 
ménager  la  paix  avec  ia  reine  de  Hon- 
grie. Le  roi  d'Angleterre  était  alors  à 
Hanovre  ;  il  avait  mené  lord  Harrington 
avec  lui.  Le  jeune  comte  de  Podewils, 
qui  était  ministre  à  la  Haye,  reçut  or- 
dre de  se  rendre  à  Hanovre  pour  son- 
der l#  twrafn  et  r«ronfiattre  dani 


quelles  oisposmons  étaient  lord  Rtr* 
ritigton  et  la  cour. 

Pour  ce  qui  regardait  les  opérations 
de  la  guerre,  il  fut  résolu  de  se  soute- 
nir le  plus  long-temps  possible  en  Bo- 
hème, de  choisir  avec  soin  les  meilleurs 
camps  qu'on  pourrait  trouver,  d'expo- 
ser d'autant  moins  les  troupes  que 
M.  de  Nassau  allait  être  détaché  pour 
la  haute  Silésie  afin  de  reprendre  Co- 
sel,  d'affecter  en  toutes  les  occasion» 
les  démonstrations  d'une  guerre  offen- 
sive, pour  en  imposer  à  l'ennemi,  et  de 
lui  cacher  le  véritable  dessein  que  l'on 
avait  de  ne  rien  donner  au  hasard. 
M.  de  Nassau  partit  le  25  juin  avec  douze 
mille  hommes;  il  passa  par  Glatz  et 
Reichenstein,  et  rejeta  d'abordies Hon- 
grois sur  Neustadt,  dont  il  les  délogea 
avec  perte  de  leur  cèté  ;  il  s'avança  en- 
suite  jusqu'à  Cosel  et  fit  les  préparatifs 
du  siège.  Cette  place  avait  été  prise  pa. 
la  perfidie  d'un  oiBcier  de  la  garnison 
qui  déserta  :  ce  traître  apprit  aux  en- 
nemis que  le  fossé  n'était  pas  perfec- 
tionné et  qu'il  était  guéable  à  l'angle 
d'un  bastion  qu'il  leur  indiqua.  Avec 
deux  mille  pandours  il  passa  le  fossé, 
escalada  le  bastion  et  la  place,  dont 
Foris  était  commandant ,  il  y  eut  quel- 
que monde  de  massacré  ;  le  reste,  au 
nomlK-e  de  trois  cent  cinquante  hom- 
mes, fut  fait  [H*isonnier;  cela  arriva 
deux  jours  après  que  le  margrave  eut 
évacué  la  haute  Silésie. 

Pendant  que  M.  de  Nassau  était  ainsi 
occupé  dans  la  haute  Silésie,  le  roi 
mettait  tous  ses  soins  à  faire  subsister 
les  troupes.  Pour  cet  effet  il  détacha 
sa  grosse  cavalerie  vers  Opotschna,  qui 
était  à  un  demi-mille  à  la  gauche  des 
deux  corps  de  l'armée  prussienne  ; 
toutes  les  nuits  cette  cavalerie  donnait 
l'allarme  au  prince  de  Lorraine,  pour 
^Mxmver  sa  contenance,  souvent  asaes 
QMiivaiie,  et  pour  le  cpnOnnar  dam 


Hj^TOmii  M  mon  T£I1M. 


m 


rôptiiioa  que  le  ru)  méditait  quelque 
grand  dessein,  qu'il  esécuterait  à  l'im- 
^pre? iste.  Les  Autrichiens  furent  entre- 
tenus dans  ces  inquiétudes  pendant 
quatre  semaines.  Le  roi  avait  sur  sa 
gauche  un  détachement  à  Hohenbnich , 
et  par  la  jalousie  que  ce  camp  donnait 
aux  ennemis,  ils  craignaient  d*étre 
attaqués  par  derrière.  Réellement  les 
prussiens  pouvaient  se  porter  sur  Rei- 
chenau  et  sur  Hohenmath;  le  prince  de 
Lorraine  se  serait  vu  contraint  de  cou- 
f  rir  la  Moravie,  d*où  il  tirait  ses  vivres. 
Set  magasins  étaient  établis  en  éche* 
Ions  ;  le  plus  voisin  était  celui  de  Par- 
dobitx,  derrière  celui-là  venait  celui 
de  Chrudim,  et  plus  vers  la  Moravie 
i  de  Teuschbrod.  Si  cette  marche 
fût  exécutée ,  elle  dérangeait  toute 
réooHomie  des  Autrichiens  ;  elle  met- 
tait Tannée  du  roi  eu  état  de  tirer  ses 
Carioes  de  Glatz,  au  lieu  de  les  faire 
venir  de  Schweidnitz,  ce  qui  était  égal. 
Si  le  roi  préférait  agir  vers  sa  droite,  il 
pouvait  passer  TEIbe  non  loin  de  Smir- 
gitz  et  prendre  le  camp  de  Clumetz, 
qui  était  bon  et  très  avantageux  ;  il 
avait  derrière  lui  de  grandes  plaines, 
qui  fournissaient  des  fourrages  en 
abondance  ;  de  là  il  donnait  de  la  jalou- 
se aux  Autrichiens  sur  Pardubitz,  et 
coupait,  en  quelque  façon,  la  commu- 
nication des  Saxons  avec  la  Lusace.  Ce 
ilemier  parti  fut  préféré  au  premier, 
surtout  a  cause  des  Saxons,  le  roi  ayant 
ta  vent  que  le  comte  de  ***  méditait 
quelque  dessein  sur  la  marche  électo- 
rale. Pour  mieux  cacher  ses  vues  à  l'en- 
Mini,  le  roi  détacna  M.  de  Winterfeld 
avectcois  mille  hommespour  le  campde 
Beidienan,  en  même  temps  que  l'ar- 
fliée  fit  un  mouvement  sur  sa  droite 
pour  passer  l*£lbe  non  loin  de  Jaro- 
oUrlx,  où  tous  ses  détachemens  la 
.itBjoignirent.  Lai  grande  armée  appuya 
«droite  tur  un  bols,  où  Ton  pratiqua 


un  abatis  ;  sa  gauche  «'appuyait à  l*Elbe 
auprès  du  village  de  Néchanitz,  ayant 
l'avantage  des  hauteurs  et  du  glads 
d'un  bout  du  camp  à  Tautre.  M.  Du 
Moulin  repassa  la  Métau  avec  six  ba- 
taillons et  dix  escadrons,  et  se  posta  à 
Skalitz,  pour  assurer  la  cooununicatioD 
des  vivres  entre  Jaromirtzet  Neustadt, 
où  il  y  avait  un  bataillon  en  garnison. 
Peut-être  le  premier  projet  dont  nous 
avons  parlé  aurait-il  été  meilleur  que 
celui  qu'on  exécuta.  On  a  su  depuis 
que  le  duc  de  Weissenfels  n'aurait  pas 
suivi  le  duc  de  Lorraine  vers  les  flronH 
tières  de  la  Moravie.  De  Reichenau  à 
Glatz  il  n'y  a  que  cinq  milles,  au  lieu 
qu'il  y  en  avait  dix  de  Clum  à  Schweid- 
nitz, ce  qui  rendait  le  transport  des 
vivres  plus  difficile  ;  mais  les  hommes 
font  des  fautes,  et  celui  qui  en  fait  le 
moins,  a  des  avantages  sur  ceux  qui 
en  font  plus  que  lui.  Tout  le  temps  que 
l'armée  séjourna  à  Clum  ne  fut  em- 
ployé qu'à  des  fourrages  de  la  part  des 
deux  armées,  et  à  pousser  de  part  et 
d  autre  des  partis  pour  les  empêcher. 
De  tous  les  officiera  autrichiens  il  n'y 
eut  que  le  seul  colonel  Derchofi  qui  se 
signalAt  à  la  petite  guerre  ;  il  fit  quel- 
ques prises,  que  M.  de  Fouquet  vengea 
par  les  partis  qu'il  envoyait  de  Glatz 
sur  les  derrières  de  Farmée  autri- 
chienne, et  qui  les  désolaient  par  de 
fréquentes  prises  qu'ils  faisaient  sur 
eux.  Il  y  avait  un  poste  détaché  i 
Schmireitz,  qui  mit  un  nouveau  stra- 
tagème en  usage  pour  intimider  les 
Hongrois  qui  venaient  tirer  sur  une 
redoute  et  sur  une  senfluelle  placée 
près  du  pont  de  l'Elbe  ;  c'est  une  plai- 
santerie qui  délassera  le  lecteur  de  ta 
gravité  des  matières  qu'il  a  sous  les 
yeux.  Quelques  sentinelles  ayant  été 
blessées  par  des  pandoura,  les  grena- 
diera  de  Kalckstein  s'avisèrent  de  faire 
un  mannequin,  de  l'hahillareD 


m  nu&oàaïc  u.    ^ 

dier  et  de  le  placer  &  Tendroit  où  était  jueuor.  Un  manifeste  parut  en 
la  senlinelle:  ils  faisaient  mouvoir  ■  temps,  lians  lequel  on  déi.larait  qm  le 
cette  poupée  avec  des  cordes,  de  sorte  roi  ayant  devant  lui  Tcxomple  é%  la 
qu*à  une  certaine  dislance  on  la  pre-  reine  de  Hongrie,  qui  avait  traité  €D 
naitpourun  homme;  ils  s*embusqttè-  ennemis  les  alliés  et  tes  troupon  Nii- 
toui  en  même  temps  dans  des  brous-  ■  iiutresdu  défunt  empereur^  savoir  ifs 
laillcs  voisiner.  Les  pandours  arrivent ,  Hessois,  les  Palatins  et  les  PraasieM, 
et  tirent,  ^e  manm^uin  tombe,  les  [  que  le  roi,  dis-je,  se  croyait  autorisé,  i 
voilà  qui  veulent  se  jeter  dessus  ;  nus-  j  traiter  également  en  ennettûa  tel 
•itét  part  un  feu  Ires  vif  des  broussail-  ;  Saxons,  auxiliaires  de  la  reine  de  Haa- 
les,  les  grenadiers  fondent  sur  eux  et  grie,  et  à  leur  faire  éprouver  tout  le 
font  prisonniers  tous  ceux  qu  ils  ;  mal  qu'ils  avaient  fait  ou  médité  de 
avaient  blessés  :  depuis  ce  temps-là  ce  .  faire  aux  États  du  roi.  Le  prince  d'Aa- 
poste fut  tranquille.  j  hait  avait  déjà  te  bras  levé;  il  aUHt 

Mais  revenons  à  des  objets  plus  im-  j  frapper^  lorsgue  la  signatura  de  h 


portails.  Depuis  la  bataille  de  Fried- 
berg,  le  prince  de  Lorraine  n'avait 
cessé  d*imporluner  la  cour  pour  qu'elle 
le  renforçât.  On  lui  envoya  alors  huit 
régimens,  tirés  en  partie  de  la  Bavière, 
de  Tarmée  du  Rhin  et  de  la  garnison 
de  Fribourg,  dont  rechange  venait  do 
se  faire  avec  les  Français;  mais  en 
même  temps  que  ces  secours  arrivè- 
rent, le  duc  de  Weissenfels  le  quitta, 
ne  lui  laissant  que  six  mille  Saxons,  au 
lieu  de  vingt-quatre  mille  qu'il  avait. 
Voici  la  raison  de  cette  retraite  :  le 


convention  de  Hanovre  sabpendft  la 
coup  qu*il  allait  porter. 

U  faut  se  souvenir  que  les  Frinçaii 
n'avaient  accompli  aucun  des  ariMn 
du  traité  de  Versailles  ;  qu'ils  refusateit 
tout  secours  aux  Prussiens;  que  la  le- 
traite  du  prince  de  Conti  abandouniat 
le  trône  impérial  au  premier  oocttpaBl« 
les  Français  rompaient  tous  les  liées 
qui  les  unissaient  aux  princes  d'AOe^ 
magne.  11  faut  joindre  à  cea 
une  raison  plus  forte  encore,  l'épi 
ment  total  des  finances.  Ceê  ndoUb 


roi  avait  éti;  informé  que  le'roi  de  Po-  j  portèrent  le  roi  à  négocier  la  pali;  k 
logne  était  en  négociation  avec  les 
Bavarois,  pour  prendre,  moyennant 
des  subsides,  six  mille  hommes  de  ses 
troupes  à  son  service.  Ces  troupes  au- 
raient pu  faire  une  f&cheuse  diversion 
dans  le  Brandebourg.  Les  voies  d'ac- 
commodement étaient  fennées  en 
Saxe;  la  seule  façon  de  contenir  cette 
cour  était  celle  de  I  intimider.  Pour 
*cet  elFct  le  prince  d*AiihaIt  rassembla 

ses  troupes  auprès  de  Huile;  il  i\it  rcn-  j  ce  traité  le  9A  septembre»  il  puraiflait 
forcé  par  quatre  régimens  d'infanterie  alors  que  la  paetiication  de  l'eiBBÉe 
et  trois  de  cavakrie,  que  M.  de  Gessler  suivrait  immédiutcment  la  conV««lian 
lui  mena  dv  Boliémo.  i.es  Saxons  pou-  !  de  Hanovre;  mais  il  ne  suffisait  pas 


convention  de  Hanovre  avait 
base  la  paix  de  Breslau^  et  le  roi  Gear- 
ges  s'engageait,  de  phis,  d'en  procurer 
la  garantie  de  la  part  de  tontes  ks 
puissances  de  rEuro|>e  h  la  paix  géné- 
rale. Le  roi  promettait,  de  son  oAlé, 
de  reconnaître  eropereilr  te  glBuddac 
de  Toscane.  Georges,  après  avoir  été 
longtemps  ballotté  entre  tes  minirtm 
de  Hanovre  et  lord  Harrîngtoh , 


vai(*nt  s*tiltcn(irc  quv  le  prince  d  An- 
hait  agirait  offensivemcnt  contre  eux  ; 
ea  corps  était  aiset  fort  peur  les  snb- 


d'avoir  calmé  les  passions  du  roi  d'Aa- 
gleterro  ;  il  y  avait  des  ennemis  phs 
irréconciliaMm  qui  voulaient  etalhs 


|i  fKÉÊUnm  nitMite  âm  PtMH^m.  * 
^**  i  i>fie8(te«  et  Bartén^Mn  à  Vtenne 
Jugeaient  fue  le  moment  en  éitti  fe- 
an,  ot  U6  vMiaieni  proflter  des  Hr- 
•M  BtnnocH  qu'ils  croyaient  lenr  être 
favorables.  La  uouronne  imipériaie  re- 
haussait la  fierté  de  la  cour  de  Vienne, 
et  le  désir  de  partager  les  dépouilles 
d'un  ennemi  donnait  de  la  fermeté  à 
celle  de  Dresde^ 

Il  aéra  peat^tre  nécessaire,  pour 
rintelUgeoce  des  faits,  de  rapporter  de 
quelle  manière  la  dignité  impériale 
letouma  à  la  nouvelle  nîaison  d'Au- 
triche. Oepuis  la  paix  de  Funen,  le 
comte  de  Ségur  avait  pris  le  chemin 
du  Necker,  pour  se  joindre  eu  prince 
de  Contik  M.  de  Bathyani  le  auivit  et 
traversa  Tempiro,  aûn  do  ae  joindre  au 
corps  du  duc  d*Âremheiig,  qui  avait 
wom  quartier  à  Weilbourg.  La  France 
«nrait  dù^  dans  ce  moment,  ftûrs  les 
deniers  efforts  pour  empêcher  cette 
Jonction  ;  mais  elle  n^ogissait  pas.  Le 
yréteite  de  la  guerre  était  d'empêcher 
fue  la  dignité  impériale  ne  rentrât 
dans  la  nouvelle  maison  d'Autriche. 
JLa  France  devait  donc  rassembler  des 
larces  aux  environs  de  Francfort,  ce 
4|ni  raurait  rendue  maîtresse  de  l'élec- 
tion ;  il  fallait  autoriser  le  prince  de 
Coati  à  chasser  le  duc  d'Arembeiig  du 
foisinage  de  cette  ville^  et  empêcher 
surtout  sa  jonclion  avec  M.  de  Bathya- 
ai»  qui  donnait  une  supériorité  mar» 
quée  aux  Autrichiens  sur  les  Fran- 
çais» Louis  XV  et  le  prince  de  Conti 
javaicnt  souvent  assuré  le  roi,  dans 
laurs  lettres,  qu'au  risque  d'une  ba» 
taille  ih  s'opposeraient  à  TéleetioA  du 
grand-duc;  c'étaient  de  beliea  paroles. 
La  bataille  ne  se  donna  point»  Le 
prince  de  Conti  fut  oUigé  de  détacher 
qBioce  miUe  homnses  poor  la  Flandre» 
Le  comte  de  Traun  eut  le  comasande» 
peut  de  l'armée  de  l'empire.  U  déta- 


MM  TJBim.  'ftl 

t^  BSBiMkhu ,  «t  M  fit  )M»iGf  ta 
Rhin  à  Biberich.  Lé  prince  de  Conti  en 
prit  Falarme;  fl  Dt  sauter  ton  pont 
d'A^haflhnbottrg ,  rompre  celui  de 
ticeohst ,  et  se  relira  à  Gcrau  sur  le 
Rhin»  Le  grand-duc  se  rendit  en  per* 
sonne  à  son  armée.  Traun  passa  le 
Mein.  Rtfrcnklau  dent  quelques  com- 
pagnies franches  du  prince  de  Cônti 
auprès  d'Oppenhcim.  Sur  cela  les 
Prancttis  n'y  tint^ent  plus.  Le  prince 
de  Conti  repassa  le  Rhin  t  Gormers- 
heîm  et  à  Rhcinturkeim.  Son  équipage 
Ait  pris  par  les  ennemis,  qui  llnqulë- 
tèrent  fort  dans  sa  retraite  ;  il  campa 
i  Worms,  derrière  le  ruisseau  d*Ost- 
hofen,  se  retira  de  là  è  Maulerstadt, 
où  U  Onit  une  campagne  peu  glorieuse 
pour  les  aunes  fhin^ises. 

La  rétraite  du  prince  de  ttenti  fut  lo 
signai  qui  Bt  éclater  Tesprit  de  vertige 
des  princes  de  l'empire  et  leur  attache- 
ment pour  la  maison  d'Autriche.  On  s'é- 
tonne avec  raison ,  i7n  cousMérant  la 
hauteur  et  le  despotisme  Avec  iMquels 
cette  maison  avait  gouverné  l'Alterna- 
gne^  qu'il  se  trouvât  des  esclaves  assez 
vils  pour  se  soumettre  au  joug  qu'elle 
leur  imposait  ;  et  cependant  le  grand 
BKHBbre  était  dans  ces  sentimens.  Le 
roi  d'Angieterro  avait  è  sft  dij^posltton 
tout  le  collège  électoral  ;  tl  était  maf- 
tns  de  la  diète  de  l'empire.  LYIeeteut 
de  Mayence  devait  sa  fortune  à  la  mat- 
son  d'Autridie,  et  n'était  que  l'organe 
de  ses  voiontés^  C'est  un  anden  usage 
que  le  doyen  du  collège  éiecloral  mvlte 
les  électeurs  è  la  diète  d'élection.  Après 
la  mort  de  Charles  VII,  l'électeuf  de 
Mayence  s'inquitta  de  ce  devoir  et  fi  ta 
l'ouverture  de  la  diète  an  1^'  Juin.  Le 
baron  d'firthai,  cliargé  de  celte  ambas- 
sade, se  rendit  à  Prague  et  fit  la  mê- 
me invitation  au  royaume  de  Bohème 
qu'auH  autres  éler,teun,  ce  qui  était 
contraire  aui  dédsiom  de  la  defnièfa 


dMii  f  qvi  portiltDl  qu'oo  hûMiait 
dormic  la  Toix  de  Bohème.  On  avait 
craint  au  comniencement  de  ramiée 
nu,  tant  à  Vienne  qu'à  Hanovre,  que 
I*armée  du  prince  de  Conti  n*emp6chèt 
à  Francfort  les  partisans  du  grand-duc 
de  Toscane  de  lui  donner  leurs  voii,  et 
l'on  avait  jeté  les  yeux  sur  la  ville  d'Er- 
furt  pour  y  assembler  la  diète  ;  cela 
aussi  était  contraire  aux  1<hs  fondamen- 
tales du  corps  germanique,  surtout  à 
la  bulle  d'or  :  la  faiblesse  des  Français 
sauva  cette  transgression  à  la  reine  de 
Hongrie.  La  diète  de  l'empire  s'assem* 
bla  donc  à  Francfort  le  1^'  juin.  La 
France  donna  l'exclusion  au  grand- 
duc  ;  mais  Tarmée  du  prince  de  Conti, 
qui  devait  appuyer  cette  déclaration, 
ayant  déjà  disparu,  c'était  de  la  part 
des  Français  un  aveu  tacite  d'impuis- 
sance qui  leur  aliéna  le  cœur  de  tous 
leurs  alliés.  Les  ministres  de  Brande- 
bourg et  de  réiecteur  palatin  remirent 
un  mémoire  à  la  diète«  lequel  demandait 
l'examen  de  trois  points  :  1*  si  les  am- 
bassadeurs  invités  par  Télecteur  de 
Mayence  éUiient  admissibles  à  donner 
leur  suffrage?  2*  Si  leurs  cours  avaient 
toute  la  liberté  requise  selon  la  bulle 
d'or  ?  S""  si  quelques-uns  ne  s'en  étaient 
pas  privés  eux-mêmes,  ou  par  des  pro- 
messes, ou  par  vénalité  ?  Le  premier  de 
ces  points  regardait  l'ambassadeur  de 
Bohème,  qui  ne  devait  point  être  ad- 
mis; le  second  désignait  l'ambassadeur 
palatin,  dont  le  secrétaire  avait  été  en- 
levé par  les  Autrichiens  aux  portes  de 
Francfort  ;  et  presque  tout  le  collège 
électoral  se  trouvait  dans  le  troisième 
cas.  Us  flnirent  en  protestant  contre 
rassemblée  de  la  diète,  qui  serait  cen« 
lée  illégale  jusqu'au  redressement  de 
tes  grieb,  et  se  retirèrent.  Comme  une 
fausse  démarche  en  entratneune  autre, 
b  cabale  autrichienne  passa  par-dessus 
toutes  tes  bienséaoees  ;  et  saos  avoir 


écARl  à  cm  proteslalloiift,  le  Jour  Ai 
l'élection  fttt  Sxé  ta  18  septembre. 
L'ambassadeur  hrandebMrgeois  et  le 
palatin  se  retirèrent  à  Hanau,  en  pro- 
testant contre  cette  assemblée  illicite 
et  schismatique,  dont  les  résolutions 
et  les  opérations  devaient  être  regar- 
dées comme  nulles. 

Le  grand-duc  fut  élu  le  IS  septen»- 
bre,  au  grand  contentement  du  roi 
d*  Angleterre  et  de  la  reine  de  Hongrie. 
Restait  à  savoir  s'il  convenait  mieux  au 
roi  de  reconnaître  purement  et  simple- 
ment le  nouvel  empereur,  ou  de  lui 
rompre  entièrement  en  yisière,  en  dé- 
clarant qu'il  ne  reconnaissait  ni  élec- 
tion ni  élu.  Ce  prince  ttnt  un  juste  mi- 
lieu entre  ces  deux  partis.  Il  garda  un 
profond  silence ,  parce  que  :  1*  il  ne 
pouvait  mettre  la  France  en  action 
pour  renverser  ce  qui  s'était  fait  à 
Francfort,  et  qu*en  second  Keu  recon  - 
naître  l'empereur  sans  nul  besoin , 
c'eut  été  se  priver  à  la  paix  du  mérite 
d'une  complaisance  qu'on  pouvait  alors 
faire  valoir.  La  reine  de  Hongrie  jouis- 
sait déjà  paisiblement  à  Francfort  dn 
spectacle  de  cette  couronne  impériale 
qu'elle  avait  placée  avec  tant  de  peine 
sur  la  tête  de  son  époux  ;  elle  laissait 
la  représentation  à  l'empereur,  et  ré- 
servait pour  elle  l'autorité  ;  elle  n'était 
pas  même  lâchée  qu'on  remarquât  que 
le  grand-duc  était  le  fantôme  de  cette 
dignité  et  qu'elle  en  était  l'âme.  Cette 
princesse  montra  trop  de  hauteur  pen- 
dant son  séjour  h  Francfort  ;  elle  trai- 
tait les  princes  comme  ses  sujets,  elle 
fut  même  plus  qu'impolie  &  l'égard  du 
prince  Guillaume  de  Hesse.  Elle  an- 
nonçait ouvertement  dans  ses  discours, 
qu'elle  aimerait  mieux  perdre  son  co- 
tillon que  la  Siiésie  ;  elle  disait  du  roi 
de  Plusse,  qu'il  avait  quelques  qualités, 
mais  qu'elles  étaient  ternies  par  l'in- 
constance et   par  l'injustice.  Par  li 


HISTOfRB    l>b    MON    Tfîl^IPS. 


177 


moyen  d'émissaires  secrets  le  roi  avait  ! 
fait  lAcher  à  Francfort  quelques  propos 
ile  paix,  qui  furent  tous  rejetés.  La  fer- 
meté de  l'impératrice  dégénérait  quel- 
quefois en  opiniâtreté  ;  elle  était  comme 
enivrée  de  la  dignité  impériale  qu'elle 
venait  de  remettre  dans  sa  maison. 
Uniquement  occupée  de  perspectives 
liantes,  elle  croyait  déroger  à  sa  gran- 
ur  en  entrant  en  négociation  d'égal 
égal  avec  un  prince  qu'elle  accusait 
se  rébeUion.  A  ce  motif  de  vanité  se 
îoi^iaient  des  raisons  d'État  plus  soli- 
des. Depuis  Ferdinand  I*%  les  principes 
de  la  maison  d'Autriche  tendaient  à 
établir  le  despotisme  en  Allemagne  : 
lien  n'était  donc  plus  contraire  à  ce 
dessein,  que  de  souffrir  qu'un  électeur 
acquit  trop  de  puissance;  qu'un  roi  de 
Prusse,  fortifié  des  dépouilles  de  Tem- 
parenr  Charles  YI,  employant  ses  for- 
ces contre  l'ambition  autrichienne, 
aouttntcontre  elle  avec  trop  de  fermeté 
IfS  libertés  du  corps  germanique. 

Vmlàles  véritables  raisons  qui  empé- 
dièrent  la  cour  de  Vienne  d'accéder  au 
traité  de  Hanovre.  Le  roi  de  Pologne 
avait  des  raisons  différentes.  Son*  objet 
piineipal  était  de  conserver  la  couronne 
ile  Pologne  dans  sa  maison,  et  pour 
sTen  assurer  d'avantage,  il  espérait  par 
eatte  guerre  gagner  une  communica- 
tion de  la  Saxe  en  Pologne  par  la  Silé- 
sie;  il  ambitionnait  la  possession  du 
duché  de  Glogau,  et  plus  même,  s'il 
pouvait  l'obtenir.  ***,  qui  croyait  le  roi 
de  Prusse  aux  abois,  ne  voulait  point 
de  composition.  Les  espérances  bien  ou 
mal  fondées  de  ces  deux  cours  empê- 
chèrent que  la  convention  de  Hanovre 
ne  devint  alors  une  paix  entre  ces  trois 
imissances  belligérantes.  Cependant  le 
roi  d'Angleterre  se  flattait,  à  force  d'in- 
aialer  sur  la  même  chose,  de  ramener 
euGn  l'impératrice  et  le  roi  de  Pologne 
^  «on  ?pnti"*<*»»--  ' '••  ;*!:••»»•'» r'Pj!  qu'il 


on  donnait  au  roi  de  Prusse,  lireiit  - 
pendre  l'expodition  d<»  Sax(*.  ï>:îns  rc% 
circonstances  d'ailleurs  il  n  .mrnit  pas 
été  convenable  d'embrouiller  les  affai' 
res  plus  qu'elles  ne  l'étaient  déjà,  et 
d'entreprendre  une  nouvelle  guerre. 
Cette  modération  que  le  roi  mit  dans 
sa  conduite,  ne  pouvait  tourner  qu'à 
la  confusion  de  ses  ennemis,  qui  tâ- 
chaient, en  calomniant  ses  démarches, 
d'attirer  sur  lui  la  haine  des  souverains 
de  toute  l'Europe. 

Mais  ces  mesures  que  l'on  voulait 
garder  avec  la  Saxe,  n'empêchaient  pas 
de  pousser  la  guerre  avec  vigueur  con- 
tre l'impératrice-reine.  On  se  trompe 
lorsqu'on  croit  fléchir  son  ennemi  en 
le  ménageant  les  armes  à  la  main  ;  les 
victoires  seules  le  forcent  à  la  paii. 
"'est  ce  qui  fit  qu'on  pressa  les  opéra- 
tions de  M.  de  Nassau.  Cosel  lui  oppoi<a 
une  faible  résistance;  il  ouvrit  la  trnn* 
chée  du  côté  du  bas  Oder  ;  le  feu  prit 
par  accident  à  quelques  maisons,  (^ 
qui  obligea  le  commandant  à  se  rendre 
le  6  septembre.  M.  de  Nassau  y  flt  pri- 
sonniers trois  mille  Croates,  et  ne  pei  • 
dit  au  siège  que  quarante-cinq  homme<^ . 
Ce  général,  après  avoir  ravitaillé  la  ville 
et  y  avoir  laissé  une  garnison  de  douze 
cents  hommes,  se  porta  sur  Troppau 
avec  sa  petite  armée  ;  de  là  ses  partis 
mirent  à  contribution  quelques  cercles 
de  la  Moravie  ;  il  eut  de  petites  affaires 
avec  les  Hongrois,  dont  il  sortit  tou- 
jours avec  avantage  et  avec  gloire. 

Mais  il  est  temps  de  retourner  en 
Bohème,  où  nous  avons  laissé  l'armée 
prussienne  au  campdeClum  et  celle  des 
Autrichiens  à  celui  de  Kœnigsgraeti. 
Les  ennemis  tentèrent  deu:  fois  d'em* 
porter  de  vive  force  la  petite  ville  de 
Neustàdt,  où  commandait  le  major 
Tauenzien  ;  mais  ils  furent  toujours  re« 
poussés  par  la  valeur  de  ce  di^ne  of* 
(icier.  Ce  poste  était  très  iiP.;*ortant| 

«3 


178 


FAÉDÉaiC  U. 


parce  qu'il  assurait  la  commuDication 
de  la  Siiesie.  Le  prince  <}e  Lorraine, 
qui  se  croyait  pluç  fort  par  les  secours 
qu*il  avait  rpcus,  qii'affaiMi  par  le  dé- 
part des  Saxpn^,  passa  I- Adier  et  s  éta- 
blie (l^ns  le  pdipp  que  les  Prussiens 
^yaient  eu  en^fc  JÇfpnig^Si'^tz  et  Cora- 
y^liiotfi.  Le^  Bfu^içns  firept  un  mou- 
^  Yçn^pflt  en  PflR^éfluepçe  ;  \\%  mirent 
rçUlc  dcYoqt  leur  frftiit»  lew  droite  à 
§pl)mirsilz  pt  iQHf  g^U^l^p  ^  jaromirtz. 
M.  Du  Moulin  garda  sop  pQS^  de  S!^ka- 
Utf  et  le  gép^ral  L^bw^ld  occupa  la 
hauteur  (}e  f^jf  s  ^u  çopflucnt  4^  la  U^ 
^u  daq^  i*£lbc  ;  ^e  sorte  qpe  les  P4U^ 
f^iensî  tenaient  ce^  deu^  rivièrq^.  M.  de 
Yalq^i  «irait  pris  yp  logement  d<|PS  le 
fauboqrg  de  4^fOîpirt*;  pp  Uv^Ut 
qu'il  valait  {piçpx  cntr^^'  en  Y^le  et  il 
n'ep  voulut  ripn  croire.  (Jn  partisan 
«utn^lûePf  nomna^é  Erai^quipi,  qui  en* 
tre(çnait  (les  intcUlgçnces  avec  VMW 
du  iparquis,  tenta  dç  Tenl^vçr.  II  p^ 
nétra  ^  d^s  granges  çt  de^  jardins  ; 
nia\s  par  piéprisçi  il  wleva  le  sficrétawe 
ax\  lieu  du  miqisti^*  C^  secrétaire, 
nommé  d' Arget,  eut  TpfprU  4e  déchirer 
toutes  ses  lettrçs  ;  pour  ^uvçc  ^q  mat* 
Ue  il  àit\  qwHl  i^Wt  Y^lûri,  et  pe.  dé- 
trçip^pa  Franquli\i  qw  lûr^u*4  «*àtaU 
|pji^s  ^mp^de  pire^dr^le  mini^^ 
pp^jiliop  l'igrmée  prus^ieupe  élait  iuatrr 

taïquablo-  S\iPH9^  ^9^^^  4UC  le  prince 
de  Murraipe  eût  voplu  tepter  l^  passage 
4q  la  If étai]^  à  Valda  de  phiiâieurs  ponts 
construits  sur  T^be,  le  roi  pouvait  sç 
porter  derrière  Te^pemi  et  le  couper 
de  Ksnig^r^tz.  Era^q^i^î  étaUle ^ 
qui  ^nftt  q\]^ek!meii  ipqwétudçs  pppr 
lesjivres;  ils'ét^i  t^tô  daps  vue  (Oh 
rÀt  noD(\méç.  vylgairemept  le  rp^aum^ 
^  SQva  ;  ce  boU  copunuiûque  aui^  dks^ 
paim  de  Braunau,  Slarckatadt  et  Tcau- 
t^oai^;  U  tombait  de  ce  içepaire  wr  tes 
opnvoia  qui  yenaiept  da  lu  SUésie.  GhAr 
que  convoi  avait  uue  petite  bataille  à 


livrer  ;  souvent  il  fallait  y  envoyer 
secours  ;  cela  fatiguait  les  troupes  ci 
Ton  ne  se  pourrissait  que  Tépée  à  h 
main. 

I/iropératrice-roine  eependant  CMh 
mencail  à  s^ennuyer  de  eette  gnem 
qui  sie  décidait  rien.  Biiessée  par  le  ni 
d' Angleterre  de  faice  la  paix,  Mie  w0i- 
lut  an  moin^  tenter  «encore  la  fonrlttiie 
avant  de  quitter  la  irarUe,  et  donna  itt 
prince  de  Lorraine  Tordre  précit  Va- 
gir offcnsivcmcnt ,  et  s'il  le  poonjH 
avec  av£|ntage,  d'engager  une  aAfJrt 
générale  avec  les  Prussiens.  Poof  PH- 
der  dans  une  entreprise  aoasi  impoi^ 
tantp,  elle  lui  avait  formé  oné  espèèa 
de  conseil,  composé  du  duc  d*Aria«- 
berg  et  du  prince  Lobkowitx;  elles  loi 
envoya  toi^s  deux  à  Tarmée,  se  fiêtinîl 
d*avoir  pourvu  à  tout,  et  que  la  forloÉè 
qui  avait  couropné  son  époux  k  ItaM- 
fort,  lui  gagnerait  des  batailles  en  ■»• 
hAme.  On  sut  bicntAt  dans  le  eaM 
prussien  que  M^.  (l'Aremberg  et  A 
Lobkowitz  avaient  joint  le  prihce  et 
Lorraine,  et  Ton  devina  à  peu  près  lis 
inlçntions  de  cette  princesse.  Le  prinss 
Lpbkowitz,  d'un  tempéranent  vioîeÉk 
et  impétueux,  voulait  attaquer  etlsfr 
railler  sans  cesse  ;  il  envoyait  tons  !« 
joprs  les  hussardis  à  la  petite  gnem, 
souvent  même  mal  i  propos,  et  s^esi- 
portait  k^squc  Nadasti  ou  FraaqnlÉj 
avaient  essuyé  quelque  échec.  Le  prinee 
de  lorraine,  qpi  connaissait  les  "tnÊh 
siens  popr  avo^  fait  trois  campanas 
contre  eux,  aurait  préféré  la  gw^n  iê 
chicana  à  celle  qu'on  loi  ordonnait  4s 
(aire  ;  il  sa  serait  contenté  de  dispèltr 
les  subsistances,  de  consumer  son 
nemi  i  petit  feu  et  d^accumuier 
coup  de  petits  avantages,  qnl  féaak 
ton%  l'équivalent  des  phis  ^nands  sée- 
cés.  Pour  le  duc  d'Aremberg^  <Vpt- 
santi  par  l&ge,  H  était  de  l'avis  do  dn^ 
niei  qui  opinait.  Los  deux  années  n'#^ 


talent  distantes  Tune  de  Tautre  quç 
d'une  demi-portée  de  canon.  Le  roi, 
de  sa  tente,  qui  était  sur  une  hauteur, 
voyait  tous  les  jours  les  généraux  en- 
nemis venir  reconnaître  sa  position  : 
on  les  aurait  pris  pour  des  astronomes, 
car  ib  obaervaîcint  les  Prussiens  avec 
de  grands  tubes^  ensuite  ils  délibé- 
raient ensemble  ;  mais  ils  ne  pouvaient 
rien  entreprendre  contre  un  camp  qui 
était  trop  avantageux  et  trop  Tort  pour 
être  brusqué.  Bientôt  les  ennemis  don- 
nant l'alarme  au  corps  du  général 
Lehwald;  quinze  cents  pandours  pas- 
sèrent la  Métavi  pendant  la  nuit  et  se 
retranchèrent  sur  une  hauteur  voisine 
^  celle  des  Prussiens;  un  essain  de 
troupes  légères  devait  les  suivre.  M.  de 
de  Lehwàld  ne  leur  en  laissa  pan  le 
temps  ;  U  marcha  h  eux  à  la  tête  de 
d|enx  bataillons,  les  chassa  b  baïon- 
nette au  bout  du  fusil  de  leur  redoute, 
leur  prit  quarante  hommes  et  les  fit 
poursuivre  par  seç  hussards.  Le  pont 
de  la  Uétau  se  rompit  pendant  leur 
fhite  précipitée  et  plusieurs  se  noyè- 
rent.  Cette   belle  action  de  10.  dq 
Lehwald  empêcha  les  Autrichiens  d'é- 
tablir une  communicatioa  avec  Fran- 
quini,  qui  voulait  empêcher  les  convois 
d'arriver  au  camp  prussien.  Le  prince 
de  Lobkowltz  ne  se  rebutait  pas  pour 
avoir  manqué  quelques  projets  ;  il  en 
fQrmait  sans  cesse  de  nouveaux  et 
tçnta  pour  la  troisième  fbisi  de  prendre 
Meustadt.  La  ville  fût  investie  le  7  sep- 
tembre par  dix  mille  hommes  ;  le  roi 
il*en  fut  informé  que  le  1S.  Il  envoya 
nçontineotDn  Moulin  et  Wînterfeld  è 
sonsecours. Winterfeld,  avec  trois  cents 
fhntassins  dn  régiment  de  Schwérin , 
força  le  passage  d*un  bois  défendu  par 
i]'^'\\\  cents  pandours  ;  les  Hongrois 
y  r«i:rcnt  deux  canons  et  furent  je- 
r's  dans  une  espèce  de  précipice  qu*fls 
^viient  derrière   leur    front.  A  Tap- 


1109  TBMPS.  1*19 

proche  des  Prussiens,  le  siégQ  de  Neut- 
tadt  fut  levé  ;  ils  repassèrent  la  Mé*- 
tau  et  se  retirèrent  dans  leur  campt 
&I.  de  Tauçnzien,  renfermé  dans  une 
bicoque  sans  défense,  dont  la  mu- 
raille était  crevassée  en  beaucoup  d'en- 
droits, avait  soutenu  cinq  }ojm  ^Q 
tranchée  ouverte  contre  dii  millQ  eiH 
nemis  qui  l'assiégeaient  et  qui^  les  dem; 
derniers  jours,  liii  avaient  coupé  lea  ca- 
naux qui  portaient  l'eau  aux  fontainei 
de  la  ville  :  les  murailles  avaient  été 
battues  par  dix  pièces  d'artillerie,  qui 
en  avaicMt  fait  écrouler  un  pan  consi- 
dérable. Nqus  avons  vu  des  places  for- 
tiCées  par  les  Yauban  et  tes  Cœhorn  ne 
tenir  pas  aussi  long-temps  à  propor- 
tion :  ce  n'est  donc   pas  toujours  la 
force  des  ouvrages  qui  défend  les  pla- 
ces, mais  plutôt  la  valeur  et  l'intelli- 
gence de  l'officier  qui  y  commande.  La 
poste  de  Neustadt  ne  pouvait  plus  s^ 
défendre  depuis  que  l'eau  y  manquait; 
mais  en  l'abandonnant  on  perdait  4 
l'égard  de  la  sûreté  des  convois  :  cepen- 
dant les  fourrages  étant  tous  consom- 
més dans  le  voisinage,  il  était  à  propos 
de  changer  de  position,  et  Ton  ruin^ 
les  murailles  de  cette  viD^  Le  18  sep- 
tembre l'armée  passa  l'Elbe  auprès  de 
Jaromîrtiet  campa  à  Kowaikowitz,  sans 
que  l'ennemi  ftt  le  moindre  mouvez 
ment  pour  s'y  opposer.  II  fallut  de  c^ 
camp  détacher  le  généra]  Polentz  avQi( 
mille  chevaux  et  trois  bataillons^  pour 
couvrir  la  nouvelle  U^rcho  et  rOder 
contre  un  corps  de  six  mille  ulaqs  qoM 
le  roi  de  Pologne  avait  levé,  et  qa*Il 
voulait  attirer  en  Saxe,  pour  y  jpindrt 
ses  troupes  ;  les  autres  détachement 
rentrèrent  dans  Parmée  et  M.  PuHoa- 
lin  eoL  couvrit  la  gauche. 

Il  se  Ot  ce  jour-là  un  feu  de  joie  dans 
l'armée  autrichienne,  pour  célébrer 
l'élection  du  grand-duc  ;  le  nom  d'ir- 
mée  impériale  réjouissait  tes  offlders 


180 


pBitoiiuc  n. 


qui  la  comîposaient  ;  deux  jours  se  pas- 
sèrent en  festins  où  le  vin  ne  fut  pas 
épargné.  Peut-être  auraît-ce  été  le  mo- 
ment d'attaquer  ;  mais  le  roi  ne  voulut 
point  s'écarter  de  son  plan  de  campa- 
gne. Il  résolut  donc  de  transporter  son 
camp  à  Staudentz  ;  le  chemin  qui  y  con- 


irinfanterie  pour  couvrir  les  fourra* 
geurs;  chaque  botte  de  paille  coAt^iit 
un  combat.  Moratz,  Trenck,  Nadasti, 
Franquini  étaient  tous  les  jours  aux 
champs  ;  enfin  c'était  une  école  pour  la 
petite  guerre.  De  tous  les  officiers  au- 
trichiens, Franquini  était  celui  qui  avait 


duJt  passe  par  une  vallée  bordée  de  bois    la  connaissance  la  plus  exacte  des  che- 


et  de  montagnes  qui  tiennent  à  la  for6t 
de  Siiva.  Franquini  s'embusqua  auprès 
<ni  village  de  Liebenthal,  sur  le  che- 
min où  la  seconde  colonne  devait  pas- 
ser. Le  nrince  de  Léopold  qui  la  con- 
anisait.  détacha  quelques  bataillons,  qui 
traouèrent  le  bois,  en  même  temps  que 
ane  M.  de  Malachowsky,  à  la  tête  de 
quelques  centaines  de  hussards,  grim- 
pant sur  ces  rochers  escarpés,  aida  Tin- 
faiiterie  à  chasser  ce  partisan  de  son 
embuscade  :  cette  action,  la  plus  hardie 
que  la  cavalerie  puisse  entreprendre, 
combla  M.  de  Malachowsky  de  gloire. 
Il  eut  cependant  vingt  hommes  de  tués 
et  quarante  de  blessés  dans  cette  af- 
faire. L'armée  n'entra  que  sur  le  tard 
dans  le  camp  de  Staudentz.  M.  de  Leh- 
wald  avec  son  corps  occupa  Starckstadt 
et  M.  Du  Moulin  se  rendit  à  Trautenau 
avec  son  détichement,  pour  couvrir  les 
convois  qui  venaient  de  la  Silésie.  Les 
Prussiens  embrassaient  ainsi  toute  la 
chaîne  des  montagnes  qui  côtoient  les 
frontières  de  la  Silésie,  de  Trautenau  à 
Braunau  ;  cette  partie  fut  radicalement 
fourragée,  et  l'ennemi  n'aurait  pas  été 
en  état  d'y  subsister  pendant  Thiver. 
Cela  formait  une  barrière  qui  mettait 
jusqu'au  printemps  prochain  la  Silésie 
à  couvert  d'incursions.  Les  fourrages 
se  faisaient  toutefois  avec  bien  plus  de 
difficulté  que  dans  les  plaines,  par  la 
nature  du  terrain  coupé  et  difficile  qui 
environnait  le  camp  :  a6n  de  ne  point 
mposer  ^es  troupes  à  quelque  affront, 
il  fîilloit  fies  convois  de  trois  cents  che- 


mins qui  vont  de  Bohème  en  Silésie  ; 
il  attaqua  avec  quatre  mille  pandours 
entre  Schatzlar  et  Trautenau  un  con- 
voi de  farine  escorté  par  trois  cents 
fantassins.  Le  jeune  Mœllendorff,  aide- 
de-camp  du  roi,  conduisait  ce  convoi; 
il  soutint  les  efforts  des  ennemis  et 
s'empara  d'un  cimetière  qui  dominait 
le  déGlé,  d'où  il  protégea  les  chariots  et 
se  défendit  pendant  trois  heures  jus- 
qu'à l'arrivée  du  secours  de  Du  Moulin, 
qui  le  dégagea  entièrement.  Les  enne- 
mis laissèrent  quarante  morts  sur  la 
place  :  la  perte  de  l'escorte  fut  légère, 
à  cela  près  que  Franquini  détela  une 
trentaine  de  chariots,  dont  il  emmena 
les  chevaux.  Quoique  ces  petites  ac- 
tions ne  soient  que  des  bagatelles,  elles 
font  trop  d'honneur  à  la  nation  et  à 
ceux  qui  y  ont  eu  part,  pour  laisser  en- 
sevelir dans  l'oubli  ce  qui  peut  devenir 
un  germe  d'émulation  pour  la  posté- 
rité. L'ennemi  tentait  chaque  jour  de 
nouvelles  entreprises  ;  ayant  la  faveur 
du  pays,  il  savait  que  le  dépôt  des  vi- 
vres et  la  boulangerie  de  l'armée 
étaient  établis  à  Trautenau,  et  cette 
connaissance  lui  suffit  pour  faire  met- 
tre le  feu  aux  quatre  coins  de  cette 
malheureuse  ville  ;  en  trois  heures  de 
temps  toutes  Les  maisons  ne  furent  plus 
qu'un  monceau  de  cendres.  Comme  on 
avait  eu  la  précaution  de  placer  les  ton- 
neaux de  farine  dans  des  caves  bien 
voûtées,  on  ne  perdit  que  quelques 
chariots  de  bagages  que  les  flammes 
consiunèrent.  Cette  action  inhumaine 


>aux  et  de  sept  à  huit  mille  bommes  [  retomba  sur  ses  auteurs,  et  Fimpérfr» 


HISTOIRE   DIC  MON   TEMPS. 


!R1 


tike-reiiie,  au  lieu  d'y  {gagner,  eut  en 
Bohème  une  ville  de  plus  de  ruinée. 
Ces  tentatives  n'étaient  que  le  pré- 
lude de  ce  que  la  cour  de  Vienne  et 
ses  généraux  méditaient  depuis  long- 
temps d*exécater.  Le  prince  de  Lor- 
raine voyait  que  les  Prussiens  se  pré-* 
paraient  à  quitter  la  Bohème;  il  les 
suivit  et  vint  camper  a  Kœnigssaal , 
pour.  les  observer  de  plus  près.  Le 
camp  de  Staudentz  n'avait  pas  été  éta- 
bli selon  toutes  les  règles  de  l'art.  Le 
roi  avait  affaibli  son  armée  par  ses  dé- 
iachemens  ;  il  ne  lui  restait  pas  assez 
de  troupes  pour  remplir  l'espace  qu'il 
devait  garnir.  M.  de  Nassau  était  dans 
la  haute  Silésie,  M.  de  Polentz  dans  la 
nouvelle  Marche,  M.  Du  Moulin  à 
Trautenau,  lequel ,  depuis  que  Fran- 
quini  avait  fait  quelques  tentatives  sur 
Schatziar,  obligé  d'y  nMurcher,  fut  re- 
levé par  M.  de  Lehwald  à  Trautenau  ; 
il  ne  restait ,  après  tous  ces  détache- 
miros,  que  dix-huit  mille  hommes  dans 
Tarmée  que  le  roi  conunandait,  et  qui 
ne  suffisaient  pas  à  occuper  tout  le 
terrain  que  le  caprice  de  la  natm*e 
avait  formé  pour  une  plus  nombreuse 
année.  Ce  corps  dominait  en  certains 
endroits  les  hauteurs  voisines ,  mais  la 
droite  était  entièrement  dominée  par 
un  monticule  que  la  faiblesse  de  l'ar- 
mée ne  permettait  pas  d'occuper  ;  ce- 
pendant on  avait  placé  des  gardes  de 
cavalerie  et  des  corps  de  hussards  sur 
ces  hauteurs,  pour  en  être  maître  en 
cas  de  besoin.  La  cavalerie,  à  la  vérité, 
ne  pouvait  guère  aller  à  la  découverte 
au-delà  d*un  demi-mille,  à  cause  des 
bois,  des  défilés  et  des  gorges  des 
montagneb,  rennemi,  en  revanche, 
envoyait  tons  les  jours  des  partis  de 
quatre  à  cinq  cents  chevaux,  qui  rô- 
daient autour  du  camp  prussien  ;  ils 
défilaient,  allaient  et  venaient  le  long 
dfi  la  forêt  de  Silva,  en  tirant  yers 


Marchcndort',  où  Fraïuiuini  avait  m>ii 
petit  camp.  L'armée  autrichienne  n'es- 
tait qu'à  une  marche  de  celle  du  roi. 
ce  qui  fit  appréhender  à  celui-ci  ([ue' 
le  dessein  du  prince  de  Lorraine  ne 
fût  de  gagner  Trautenau  avant  lui. 
Pour  prévenir  l'ennemi ,  qui  aurait 
par  là  coupé  son  corps  de  la  Silésie ,  le 
roi  résoiut  de  se  mettre  en  marche  le 
lendemain  ;  mais,  pour  être  préalable- 
ment mieux  informé  des  mouvemens 
des  Autrichiens,  il  fit  partir  sur-le- 
champ  un  détachement  de  deux  mille 
chevaux ,  commandés  par  le  général 
Katzier,  pour  aller  à  la  découverte  sur 
les  chemins  d'Arnau  et  de  Kœnigssaal, 
avec  ordre  de  faire  des  prisonniers  et 
de  prendre  des  paysans  des  environs, 
afin  de  se  procurer  des  nouvelles  de 
ce  qui  se  passait  dans  le  camp  du 
prince  de  Lorraine.  M.  de  Katzier  s'a- 
vança avor  sa  troupe,  p(  se  trouva, 
sans  le  savoir,  entre  deux  colonnes 
d'Autrichiens  qui  se  glissaient  dans  les 
forêts  pour  lui  dérober  la  connaissance 
de  leur  marche.  Il  aperçut  devant  lui 
un  grand  nombre  de  troupes  légères 
et  un  corps  de  cavalerie,  de  beaucoup 
supérieur  au  sien,  qui  les  suivait;  sur 
quoi  il  se  replia  en  bon  ordre  sur-le- 
champ,  et  rendit  compte  au  roi  de  ce 
qu'il  avait  vu  ;  mais  il  n'avait  pas  vu 
grand'chose.  Les  troupes  reçurent  or- 
dre de  se  mettre  en  marche  le  lende- 
main à  dix  heures,  et  le  trente  sep- 
tembre, à  quatre  heures  du  matin, 
pendant  que  le  roi  avait  auprès  de  lui 
les  généraux  du  jour,  pour  leur  dicter 
la  disposition  de  la  marche,  un  officier 
vint  l'avertir  que  les  grandes  gardes 
de  la  droite  du  camp  découvraient  une 
longue  ligne  de  cavalerie,  et  qu'au- 
tant qu'on  en  pouvait  juger  par  réten- 
due de  la  poussière ,  ce  devait  être 
toute  l'armée  ennemie.  Des  offlden 
vinrent,  un  moment  aprèi,  nppQf- 


in 

ter  que  quelques  corps  autrichiens 
commençaient  k  se  déployer  vis-à-vis 
du  flanc  droit  du  camp.  Sur  ces  nou- 
velles, les  troupes  reçurent  ordre  de 
prendre  incessamment  léi  armes,  et 
lé  roi  se  rendit  auprès  des  grandes 
^rdes,  pour  juger,  par  âeà  propres 
yeux,  de  l'état  des  choses  et  da  parti 
qu'il  7  avait  à  prendre.  Il  faut,  pour 
le  Taire  une  Juste  idée  de  la  iNltâille 
ié  $}orr,  se  représenter  exactement  tô 
tcnain  sur  lequel  elle  se  donna.  Dans 
ta  position  où  était  Tarmée  ftvaùt  la 
bataille,  sa  droite  appuyait  à  uri  petit 
Bois  gardé  par  un  bataillon  de  grena- 
diers; le  village  de  fiurckersdorf  se 
trouvait  sur  te  flanc  droit,  venant  de 
PrDsenitz  au  chetnm  de  Trautenau  ;  il 
n^était  point  occupé,  parce  qu'il  est 
iitué  dans  un  fond  et  que  les  malsons 
en  sont  isolées.  Ce  fond-bas  régnait 
depuis  le  front  jusqu'à  l'extrémité  de 
la  droite ,  et  séparait  le  camp  d'uAe 
Kauteur  assez  élevée,  qui  s'étendait  du 
chemin  de  Burckersdorf  àt^riiseniU,  et 
Inr  laquelle  on  atait  placé  les  hussards 
et  les  gardes  du  camp.  Le  front  de 
f  armée  était  couvert  par  le  village  de 
Staudenfz,  au-delà  duquel  régnaient 
des  montagnes  et  des  bois  qui  te*- 
naient  au  royaume  de  Silvâ.  La  gau- 
iehe  de  la  petite  armée  était  appuyée  & 
un  ravin  Impraticable.  Deux  chemins 
itieuaient  du  camp  à  Trautenau  :  l'un 
jféT  la  droite  du  camp,  laissant  fiurckers- 
dorf i  gauche,  passait  par  un  petit  dé- 
filé, et  conduisait  ensuite,  par  Une 
plaine  unie,  à  Trautenau;  l'autre  par- 
tait de  la  gauche  de  Tarmée,  passait 
par  Une  vallée  pleine  de  défllés  et  par 
le  village  de  lludersdorf,  menant  à 
Trautenau  plutôt  par  des  sentiers  que 
une  route  battue.  Lorsque  le  roi 
.vriva  à  ses  grandes  gardes,  il  vit  que 
Autrichiens  cômnieiicaietit  è  se 
oimier,  et  iî  jugeA  qiilt  vêtait  plus  té- 


ITRÊDÉRIC  it 

mérairc  de  se  retirer  &  travers  deé  M- 
filés,  devant  une  armée  qu'il  avait  al 
près  de  lui,  que  de  l'attaquer  ibalgté 
la  prodigieuse  infériorité  dd  nôfnbfe. 
Le  prince  de  Lorraine  avait  biéi 
compté  que  le  roi  prendrait  le  pêM 
de  la  retraite ,  et  c'était  stir  quoi  il 
avait  fait  sa  disposition  ;  il  voulait  eiK* 
gager  une  affaire  d'arrière-^arde,  et  ff 
est  certain  que  celle-là  lui  aurait  rétâ^ 
si.  Mais  le  roi  prit,  san^  halaficef,  M 
parti  de  l'attaquer,  parce  qu'il  aurtM 
été  plus  glorieux  d'être  écfasé  en  veli«- 
ddnt  ch<!rement  sa  vie,  que  dé  périr 
dans  une  retraite  qui  atirait  assuré^ 
ment  dégénéré  en  fuite  ignomi- 
nieuse. 

Quelque  danger  qu'il  y  ait  à  manoÉ^ 
vrer  en  présence  d'un  ènneiinl  ôêjk 
rangé  en  bataille,  les  Prussiens  pasife*- 
rent  par-dessus  ces  règles,  et  firest 
un  quart  de  conversion  è  droite  pOôf 
présenter  un  front  parallèle  k  celai  de 
Tenneml.  Cette  manœuvre  délicate  ift 
fit  avec  un  ordre  et  une  eélérité  ta-> 
concevables  ;  mais  les  Prassietia  tie  sa 
pffsentërcnt  que  sur  une  liKne  tis4- 
vis  des  Aofrichietis ,  qui  élaiefit 
trois  lignes  de  profondeur;  il 
métne  que  ée  déploiement  s'eiéeMM 
sous  le  feu  de  vingt-huit  pièces  éé  » 
rïôn,  que  les  ennemis  avaient  disposés 
en  deujt  batteries,  et  d'un  bon  nonslifa 
de  grenades  royales  qu'ils  Jetaieat 
parmi  la  cavalerie.  Mais  rien  ne  dé- 
concerta les  Prussiens:  attctm  soMit 
ne  parut  craindre,  aucun  ne  ^fintlB 
son  rang.  Quelque  diligence  qee  l'an 
employât  h  se  former  ainsi,  la  droite 
fht  exposée  près  d'une  demi  heure  au 
canon  de  Tennerfll,  Avant  qm  la  gau- 
che fût  entièrement  sortie  du  eamp. 
Alors  le  maréchal  de  Buddenbmck  ra- 
çut  ordre  d  attaquer  avec  la  cavalerie; 
ee  qu'il  etéeuta  saris  balancer.  1^  ter- 
rain de»  AetrifMens  était  mai  diolM; 


mSTOlUfi  a  9^  TEMPS. 


ISS 


a  caVaterie  avait  une  espèce  de  pféci- 

I)ice  derrière  elle  ;  elle  ëiait  siir  tfdiâ 
i^iies,  auxquelles  le  lerfâiii  ëtrbit  nV 
vàit  pas  periiiis  de  donner  iihe  distaiiCë 
convehdi)tc.  A  pëlïié  y  avdîMl  èîhtfd 
cfiàqiie  ligne  vingt  pas  a'iritcrvahc  ;  lis 
tirèrent  de  là  cdfabihë,  selori  teiir  ûiti- 
;e,  mais  ils  h'cdrèrit  jfhs  le  téiiips  de 
Seitrè  Tépëé  î  la  main,  ayant  été  kal- 
fiiités  en  pârtid  dans  le  fond  (ju^Ild 
Ivâfëht  derrière  eux,  et  eti  ptitiie  jë- 
Us  sûr  léiir  propre  ihfaniërie.  Cela  ne 
pouvait  manquer  d'arriver  ;  car  la  pre- 
ffîiërë  ligné  renversa  deValt  néèessal- 
remëht  se  jeter  sur  la  seconde,  Celle  -là 
nir  la  troisième,  ei  il  n'y  avait  pdiht 
d'espace  où  ces  corps,  qui  foïiriaictit 
éinquahte  escadrons,  pussent  se  f efbr- 
jner.  Là  première  brigade  de  t'itifan- 
Cerié  de  la  droite  dèi  f^fuâsiens,  ani- 
mée par  ce  succès,  se  hfttit  trop  d'atta- 
^(lef  ces  batteries  des  Autricbiens  dont 
nous  avons  parlé;  vingt^hflit  ofhons, 
cargos  à  inilraiilê,  ^'clàirctrcAt  dans 
un  moment  les  rangs  des  assaillans  et 

Îës  firent  plier  :  cinq  bataillons,  ddns 
ësqucis  consistait  la  résen'è ,  arrivè- 
rent fort  &  propos  ;  ceux  qui  avaient 
été  rèpoùssds  se  rcrôrmèrent  auprès 
d'eux,  èid*ùn  effort  commun,  ces  deux 
Sètâlllons  emportèrent  la  batterie. 
II.  de  Èoriin,  lièutenant-gériéraï ,  et 
If.  de  CeisC,  colonel,  eurent  Id  prin- 
cipale p9it  à  cette  belle  action.  Alors 
otr  aperçut  une  grosse  colonne  d'èh- 
nemis  oui  venait  de  leur  droite  et  qui 
aëscehddit  dés  liaùteûrs  pour  s*èmpa- 
fer  de  BurckersdorflT.  Lé  roi  les  pré- 
vînt éh  bordant  ce  viliage  d'un  bàfâil- 
iôn  de  iiàfckstein.  On  mit  lé  feu  aux 
maisons  les  ptùs  écartées  Vers  la  gan- 
cfié.  pour  couvnr  ce*  batallfôri,  pendaint 
[lié  rràfânférié  dé  fâ  gauche  se  for- 
jait  derrière.  Ce  Umûoh  iira  ^r 
Môtons  contre  réânè'mi,  èoîfamé  il 
réS,  fuï  dans  ohé  ^àce  d'éXèrcicé,  et 


là  Colonhè  se  retira  eh  ftiyant.  La  ca- 
valerie dé  là  droite  des  Pmssicos  dé- 
tenait dès-lors  inotile  à  l'endroit  où 
elle  était.  Ce  précipice^  dans  lequel 
elle  arait  jeté  les  Autrichiens,  prenait 
depuis  le  chemin  de  Trautenan,  et  al- 
lait en  diMindant  toujours  de  largeur 
Tcfs  le  centre  des  Prussiehs,  mais  en 
tirant  vers  le  village  de  Sorr,  qui  était 
eri  àvàtit.  On  Mtssa  dotic  les  Guirassier 
de  Bûddéhbroek  et  qdelques  hussards 
^oùr  Suivre  i'ihf^nterie  en  seconde  li- 
^ë.  tés  gendarmes  de  Prusse ,  de 
Ktittembonfg  et  de  Kian,  qui  formaient 
tfhgt  escddrons,  fnrerit  envoyés  à  la 
gauche  de  l'armée,  pour  renforcer  cet- 
te aile,  tandis  que  l'infanterie  de  la 
droite  prenait  celle  de  l'ennemi  en 
flanc,  et  la  menait  battant  devant  elle, 
en  la  faisant  replier  sur  la  droite  des 
impériaux.  Les  gardes,  qui  étaient  au 
contre  de  la  ligné ,  conduites  par  le 
prince  Ferdinand  de  Bi-unswick,  atta- 
quèrent alors  tme  hauteur  que  les  en- 
tièmis  tenaient  encore;  elle  était  es- 
carpée et  chargée  de  bois;  elle  fut 
emportée  cependant;  et  ce  qu'il  y 
avait  de  singtilier,  c'est  que  le  prince 
Louis  de  Brunswick  la  défendait  con- 
tre son  frère.  Le  prince  Ferdinand  se 
distingua  beauroi^p  dafis  cette  occa- 
^n.  f.é  terrain  dd  corhbat  n'était  al- 
térnalivement  que  fonds  et  hauteurs , 
ce  (jui  criga^ait  sansceése  de  nouveaux 
èombats;  ttif  les  Autrichien^  tâchaient 
de  se  falliér  sur  ces  hanteurs;  mais  re- 
pousses &  friûsleufs  reprises,  la  confu- 
sion devint  générale,  et  à  la  retraite 
Hccéda  la  fuite.  Toute  la  campagne 
était  couverte  de  soldai!)  lébandés  : 
cavaliers  et  fantassins,  tout  étùl  mêlé. 
Tandis  qûé  l'armée  ^irussiemie  victo- 
rieuse pourstiiVàit  à  grands  pas  les 
i^ifncus,  lescMHÉSlé^s  de  BronsUedt, 
^i  tortfBMtaient  à  hr  gauche,  enve- 
bppèrénf  le  régimerft  dé  Damniti  et 


tw 


FEiDBttC  a. 


un  bataillon  de  Gollowrat,  prirent  dix 
drapeaux  et  firent  dix  sept  cents  pri- 
sonniers. Le  reste  de  la  cavalerie  de  la 
gauche  ne  put  atteindre  la  cavalerie 
autrichienne,  qui  évita  de  s'engager, 
et  se  retira  en  assez  bon  ordre  dans  la 
forêt  de  Silva.  Le  roi  arrêta  la  pour- 
suite au  village  de  Sorr,  dont  la  ba- 
taille porte  le  nom;  derrière  ce  vil- 
lage est  la  forêt  de  Silva ,  dont  nous 
avons  tant  parié.  Il  ne  fallait  pas  y 
suivre  Tennemi  ;  c'eût  été  risquer  mal 
à  propos  et  sans  nécessité  der  perdre 
tous  les  avantages  qu'on  venait  d'ob- 
tenir :  c'était  bien  assez  qu'un  corps 
de  dix-huit  milla  hommes  en  eût  bat- 
tu au-delà  de  quarante  mille  ;  il  n'y 
avait  rien  à  gagner  en  se  hasardant 
d'aller  plus  loin.  Les  vainqueurs  per- 
dirent le  prince  Albert  de  Brunswick; 
le  général  Blanckensée;  les  colonels 
Brédow,  Blanckenbourg,  Dohna,  Le- 
debourg;  les  lieutenans-colonels  Lan- 
ge et  Wédel,  des  gardes,  et  mille  sol- 
dats; victimes  illustres,  qui  sacrifiè- 
rent leur  vie  pour  le  salut  de  l'État. 
On  comptait  que  le  nombre  des  bles- 
sés montait  à  deux  mille.  Les  vaincus 
perdirent  vingt-deux  canons,  dix  dra- 
peaux, deux  étendards,  trente  oiBciers 
et  deux  mille  soldats  qui  furent  faits 
prisonniers.  Le  prince  Léopold  se  dis- 
tingua dans  cette  journée,  et  surtout 
le  maréchal  de  Buddenbrock  et  le  gé- 
néral Goitz,  qui,  avec  douze  escadrons, 
en  battirent  cinquante.  Si  cette  ba- 
taille ne  fut  pas  aussi  décisive  que  celle 
de  Friedberg,  il  faut  s'en  prendre  au 
terrain  où  elle  se  donna.  L'ennemi 
qui  fiiit  dans  une  plaine  doit  souffrir 
des  pertes  considérables  :  celui  qui  a 
le  dessous  dans  un  pays  montueux  est 
à  Tabri  de  la  cavalerie,  qui  ne  peut 
l'entamer  considérablement;  et  quel- 
que petit  que  soit  le  nombre  de  ceux 


teurs,  ce  nombre  est  suffisant  pour  ra* 
lentir  la  poursuite  du  vainqueur. 

Le  projet  de  cette  bataille ,  conçu 
par  le  prince  de  Lorraine,  ou  par 
Franquini,  auquel  d'autres  l'attribuent, 
était  beau  et  bien  imaginé.  Le  poste 
des  Prussiens  était  sans  contredit  mau- 
vais ;  l'on  ne  peut  les  excuser  de  n'a- 
voir pensé  qu'à  leur  front,  et  d'avoir 
néglige  leur  droite,  qui  était  dans  un 
fond  dominé  par  une  hauteur  éloignée 
de  mille  pas  seulement.  Mais  si  les 
Autrichiens  savaient  imaginer,  ils  n'a- 
vaient pas  le  talent  de  l'exécution  ; 
voici  les  fautes  qu'ils  commirent  :  le 
prince  de  Lorraine^  aurait  dû  former 
sa  cavalerie  de  la  gauche  devant  le 
chemin  de  Trautenau,  à  dos  du  camp 
prussien;  en  barrant  ce  chemin,  l'ar- 
mée du  roi  n'avait  ni  terrain  pour  se 
former,  ni  moyen  d'appuyer  sa  droite. 
Le  prince  de  Lorraine  pouvait  aussi , 
en  arrivant  sur  le  terrain,  lâcher  cette 
cavalerie,  pour  donner  à  bride  abattue 
dans  le  camp  prussien.  Le  soldat  n'an* 
rait  eu  le  temps  ni  de  courir  aux  ar- 
mes, ni  de  se  former,  ni  de  se  défen- 
dre ;  la  victoire  était  certaine.  On  dit 
que  M.  d'Aremberg  avait  égaré  sa  co- 
lonne pendant  la  nuit,  et  qu'il  s'était 
formé  à  rebours,  le  dos  tourné  vers  le 
camp  du  roi.  Cela  ressemble  assez  au 
duc  d'Aremberg,  et  c'est,  dit-on,  ce 
qui  fit  perdre  du  temps  au  prince  de 
Lorraine,  qui  s'occupa  long-temps  à 
réparer  ce  désordre  ;  mais  lorsque  les 
Prussiens  commencèrent  à  se  présen- 
ter sur  le  champ  de  bataille,  qui  em- 
pêchait alors  le  prince  de  Lorraine  de 
les  faire  attaquer  tout  de  suite  avec  sa 
cavalerie?  Cette  gauche  aurait  Tundo 
d'une  hauteur  sur  des  troupes  ooco- 
pées  à  se  former,  et  sur  d^utres  qui 
défilaient  encore.  On  remarquait  que 
le  roi  n'avait  pas  commis  moins  de 


qui  se  rallient  sur  la  crête  des  hau-   feu  tes  que  son  adversaire.  On  lui 


HISTOIRE   DE  MON    TEMPS. 


185 


prochaît  de  s*êtrc  mis,  par  le  choix 
d*un  mauvais  poste,  dans  la  nécessité 
de  combattre ,  tandis  qu*an  général 
habile  ne  doit  se  battre  que  lorsqu'il  le 
juge  à  propos.  On  ajoutait  qu'au  moins 
le  roi  devait  être  averti  de  la  marche 
des  Autrichiens.  II  répondait  à  cette 
accusation  que  l'ennemi  lui  étant  de 
beaucoup  supérieur  en  troupes  légè- 
res, il  ne  pouvait  aventurer  fort  loin 
les  cinq  cents  hussards  qui  lui  res- 
taient après  tous  les  détachemens  qu'il 
venait  de  faire.  Mais,  objectait- on,  il 
ne  fallait  pas  tant  faire  de  détache- 
mens, et  s'affaiblir  si  fort  vis-à-vis 
d'une  armée  supérieure.  H  répondait 
que  le  corps  de  Gésier  et  de  Polentz, 
qui  alla  joindre  le  prince  d'Anhalt, 
pouvait  être  regardé  comme  faisant 
l'équivalent  des  Saxons  qui  s'en  re- 
tournèrent chez  eux  ;  que  le  détache- 
ment du  général  de  Nassau  avait  été 
nécessaire  pour  pouvoir  tirer  de  la  Si- 
lésie  ses  subsistances,  qui   auraient 
manqué  tout-à-fait  si  les  Hongrois, 
qui  infestaient  tout  ce  duché,  n'en 
eussent  été  chassés  :  que  les  détache- 
mens de  Du  Moulin  et  de  Lthwald 
avaient   été   indispensables  dans  les 
gorges  des  montagnes,  qu'il  fallait  gar- 
der. Sous  peine  d'être  affamé  par  l'en- 
nemi. On  n'avait  qu'autant  de  che- 
vaux qu'il  en  fallait  pour  amener,  à 
diaque  transport,  de  la  farine  pour 
cinq  jours.  Si  un  de  ces  convois  eût 
manqué,  l'armée  aurait  été  sans  pain 
et  sans  subsistances.  On  disait  que  le 
roi  aurait  dû  se  retirer  en  Silésie  plu- 
tôt que  de  hasarder  une  bataille  en 
Bohême;  mais  le  roi  était  dans  l'idée 
qtt'mie   batailla  perdue  en  BohAme 
était  de  moindre  conséquence  qu'une 
bataille  perdue  en  Silésie  ;  et  d'ailleurs 
one  retraite  précipitée  aurait  indubi- 
tablement attiré  la  guerre  dans  ce  du- 
ch*^.  Ajoutez  à  cela  que  Ton  consom- 


mait en  Bohème  les  suDST^ranccs  de 
l'ennemi ,  et  qu'en  Silésie  on  aurait 
consommé  les  siennes:  mais  nous  lais- 
sons au  lecteur  la  liberté  de  peser  ces 
raisons  et  d'en  juger.  On  ne  peut  at- 
tribuer le  gain  de  cette  bataille  qu'au 
terrain  étroit  par  lequel  le  prince  de 
Lorraine  vint  attaquer  le  roi  ;  ce  ter- 
rain était  à  l'ennemi  l'avantage  de  la 
supériorité  du  nombre.  Les  Prussiens 
purent  lui  opposer  un  front  aussi  large 
que  celui  qu'il  leur  présentait.  La 
multitude  des  soldats  devenait  inutile 
au  prince  de  Lorraine,  parce  que  set» 
trois  lignes ,  presque  sans  distance , 
pressées  les  unes  sur  les  autres^  n'a- 
vaient pas  la  facilité  de  combattre,  et 
que  la  confusion  s'y  mettant  une  fois, 
elle  rendait  le  mal  irrémédiable.  Mais 
heureusement  pour  la  Prusse,  la  va- 
leur des  troupes  répara  les  fautes  de 
leur  chef,  et  punit  les  ennemis  des 
leurs. 

Pendant  que  les  deux  armées  se  bat- 
taient, les  hussards  impériaux  pillaienf 
le  camp  prussien,  la  gauche  et  le  can 
tre  n'avant  pas  Te  temps  d'abattre 
les  tentes.  Nadasti  et  Trenck  s'en  pré- 
valurent ;  le  roi  et  beaucoup  d'oCBders 
y  perdirent  tous  leurs  équipages;  les 
secrétaires  du  roi  furent  même  pris,  ils 
eurent  la  présence  d'esprit  de  déchirer 
tous  leurs  papiers.  Mais  comment  pen- 
ser ù  ces  bagatelles,  lorsque  l'esprit  est 
occupé  des  plus  grands  objets  d'inté- 
rêt, devant  lesquels  tous  les  autres  doi- 
vent se  taire,  de  la  gloire  et  du  salut  de 
l'État?  M.  de  Lehwald.  atUré  parle 
bruit  du  combat,  vint  encore  à  temps 
pour  sauver  les  équipaijpîs  de  la  droite 
et  mettre  fin  aux  cruautés  affreuses  que 
ces  troupes  de  Hongrois  effrénés  et 
sans  discipline  exerçaient  sur  quelques 
malades  et  sur  des  femmes  qui  étaient 
restés  dans  le  camp.  De  telles  actions 
révoltent  rhmnanité  et  cwvfeot  d'iiH 


ISb 


FRÉDÉRIC  n. 


filmie  ceui  qui  les  font  ou  qui  les  toïè- 
Mtit.  Il  faut  dire  à  la  louange  du  soldat 
pt'tlssien  qù*il  est  vaillant  sans  être 
éHieifCttiu'on  la  souventvu  donner  des 
f)rëutès  d'une  grandeur  d*âme  qu'on  ne 
flôlt  t)as  attendre  de  gens  de  basse  con- 
dition. . 

La  postérité  sera  peut-être  surprise 
Qu'tine  armée,  victorieuse  dans  deux 
bStâittés  rangées,  se  retire  devant  Tar- 
fliée  vdincue  et  ne  recueille  aucun  fruit 
de  sc6  triomphes.  Les  montagnes  qui 
entourent  la  Ëohème,  les  gorges  qui  la 
Séparent  de  la  SHcsie,  la  didiculté  de 
iKirUfrif  les  troupes,  la  supériorité  de 
f  èfineiti!  eh  troupes  légères,  enfin  Taf- 
fâibllsséîhëhtde  l'armée,  fournissent  la 
^(rftiUÔii  de  ce  problème.  Supposé  que 
le  toi  eût  voulu  établir  ses  quartiers 
tf hiver  âûii^  ce  royâurtie,  voici  les  dif- 
Acuftéd  ((\û  se  présentaient  :  le  pays 
était  ch'tiërémeht  fourragé  ;  on  trouve 
dans  ces  contrées  peu  de  villes,  encore 
Mrt-clleâ  petites  et  n'ont  Id  plupart  que 
de  MatftdisôS  niurailtes;  il  aurait  fallu^ 
pdùr  la  sûreté,  y  entasser  les  soldats  les 
fïhi  sot  lès  autres,  ce  qui  aurait  ruiné 
tèfntà^  par  des  maladies  contagieuses  ; 
i  fJèlAè  àvtfit-om  des  ctiariots  i)our  les 

fth-hfës,  cotmnetit  en  âurait-oh  trouvé  faut  user  de  toutes  les  précautions 
^orfr  àstëhët  lè  fourrage  a  la  cavalerie  ?  sibles  pour  y  conduire  les  troupes  avec 
Mafs  en  ({nittaht  la  Bohême  le  roi  pou-  sûreté.  Le  petit  ruisseau  de  Traufes- 
ftfit  rêfA'ÔTiter,  recruter,  équiper  les    bach  coulait  en  ligne  parallèle  derritef 


siens.  On  apprit  dans  ce  camp  que  M.  ds 
Nassau  avait  battu,  le  jour  de  la  bataîHe 
de  Sorr,  un  corps  de  Hongrois  aUptèà 
de  Léobschutz  et  qu'il  avait  fait  eeilt 
soixante-dix  prisonniers.  M.  de  Foih- 
quet  avait  aussi  trouvé  moyen  d'cnle^ 
ver  quatre  cents  hussards  entre  Gmlkh 
et  Ilabelschwert,  ils  furent  conduits  à 
Glatz.  M.  Warneri,  qui  était  avee  trob 
cents  chevaux  à  I^ndshut,  ayant  apprit 
qu'un  nouveau  régiment  hongrois  de 
Léopold  Palfy  a  voit  marché  à  Borii- 
misch-FriedIand,  les  tourna  ^  les  sur- 
prit et  ramena  de  son  expédition  hait 
officiers  et  cent  quarante  soldats  pri- 
sonniers; mais  comme  l'infortune  se 
mêle  souvent  au  bonheur,-  M.  de  Cha- 
zot,  du  corps  de  I)u  Moulin,  ne  fut  pis 
si   heureux   dans  son  entreprise  M 
Marchendorff';  il  fut  attaqué  et  batti 
par  l'ennemi  et  perdit  qnatre-vingli 
hommes.  Après  que  l'armée  eut  acheté 
de  consommer  les  subsistances  des  en- 
virons de  Trautenau.  elle  se  préparai 
retourner  en  Silésie  par  le  diemin  de 
Schatzlar.  Do  toutes  les  gorges  et  de 
tous  les  défilés  de  la  Bohême,  les  ptai 
mauvais  se  trouvent  sur  ce  cheniiii  : 
soit  qu'on  avance,  soit  qu'on  recule^  il 


f^fiupes,  les  mettre  dans  l'abondance 
é<  leur  donner  âtt  repos,  pour  s'en  ser- 
tfr  s'il  le  fallait  le  printemjts  prochain  ; 
èhifé  qu'il  partffésarit  probable  qu'après 
la  bataillé  de  Sorr  l'impératrice  reine 
Êëhiil  pitis  dtspo^ée  qu'atipafâvaht  à 
Kàfèession  au  (rdllé  de  Hanovre. 

kpt^  ài(ni  citttpé  par  honneur  cinq 
Jours  ttir  !è  dtaihp  dé  bàtailfe  de  Sorr, 
.é  rôl  raniéria  ^  ffoupes  à  Trautenau. 
t€  ftfnct  âê  lorraine  était  encore  k 
tntii ,  ptéi  i  retourner  &  Rœnigs- 
frMz  M  brttft  de  YkppGdtie  des  Prus- 


Ic  camp  du  roi  ;  des  rochers  et  des  fc- 
rêts  formaient  l'autre  bord.  Le  Ù  oa- 
tobre  les  bagages  prirent  les  devaw 
sous  bonne  escorte,  pour  rendre  II 
marche  plus  facile.  On  posta  le  15.  rinq 
bataillons  sur  ies  montag:!ies«  pour  pro- 
téger la  retraite  de  l'année  et  lui  servir 
ensuite  d'arrière-garde.  1/année  et- 
campa  le  16  ;  elle  matcha  sur  deni  ae^ 
lonnes.  Le  prince  Léopold^  qui  oondii* 
sait  celle  de  la  gauche  qpii  paaiafif 
Tràutcni)adi  «  arriva  en  Siïérie  sÉM 
avoir  vu  d*enneniis.  La  oalouM  da  k 


.  i< 


HISTOIRE    DE   AiON    TEMPS. 


4rfkifp  dhiht  le  roi  s'était  diargé*  fat 
iMrttdée  par  k  eavalerie  ;  l'infanterie 
piÊêa  l6  imÎ8!>eaa«  avant  que  Franquîni, 
tfaioflti  et  Merftts  fussent  avertis  de  la 
ttarche  d6s  P^siicns  ;  ils  accoururent 
tainitc  ayec  sept  ou  huit  mille  hom- 
ÛMé  Qnoiqile  toutes  les  hauteurs  fust- 
•ènt  garnies  d'infatitierie,  le  progrès  de 
le  ma^die  obligeait  successivement  l'ar- 
rière-gardd  à  les  quitter  ;  les  pandours 
|Nt>Qtaient  alors  de  ces  mfimes  hauteurs 
abandonnées*  pour  faire  feu  sur  Tar- 
rifere-fardei  Cette  tiraillerie  dura  de- 
^is  huit  heures  du  matin  jusqu'à  six 
Iwures  du  soir  ;  ils  tuèrent  un  capitaine 
tt  trente  hommes,  et  en  blessèrent 
environ  quatre-vingts.  Tout  le  corps  de 
tHi  Moulin  avait  été  employé  à  couvrit 
li  dernier  défilé  qui  mène  à  Schatzlaf 
f^  une  vallée*  Ce  corps  arrêta  l'en- 
Mmif  auquel  une  attaque  de  cavalerie 
411e  la  petite  plaine  de  Schatzlar  per-^ 
irit  de  faire«  caosa  une  perte  de  trois 
cents  hommes  ;  il  se  mit  à  l'écart,  et 
ililhi  MouliOfdéGlantà  sa  droite, passa 
fÊt  les  Rehberge  et  entra  dans  le  camp 
pÊt  la  tottte  que  le  Roi  lui  avait  ména- 
geai L'amée  séjourna  à  Schatzlar  ju^ 
trm*me  %9,  qu'elle  vint  camper  à  Liebau 
IfPT  te  territoire  de  la  Silésie«  Le  corps 
4êQiiMoul»n  fut  destiné  à  former  un 
AordoQ  le  kmg  des  frontières.  Le  reste 
ae  rarm(;e  entra  en  quartiers  de  can- 
tMUiement  entre  Ronstock  etSchweid- 
inte;  ebe  powaii  se  rassembler  en  six 
lieoresde  temps  et  se  trouvait  au  large 
pÊà  ia  quantité  de  villes  et  de  villages 
4|i'U  X  A  àtai»  cette  contrée  florissante. 
.  Ce  ttti  lA  que  le  roi  attendit  ia  sépara- 
Hqn  de  l'armée  autrichienne,  avant  de 
prendve  ses  quartiers  d'hiver.  M.  de 
Nassau^  qoi  voukiii  s'en  procurer  dans 
kl  bspte  Silésie,  surprit  un  corps  dé 
Èm^ffoiê  f  Hastehiin  et  chassa  le  ma- 
i(ii|j|i4  .E^te^basi  d'Odérbérg;  les  iias- 
sards  de  Wartenberg,  qui  étaient  de  ce 


corps,  se  distiugaèreiit  également  ;  ilj 
battirent  les  dragons  de  Gotha,  leui- 
enlevèretit  un  étendard  et  flrent  cent 
otiÈé  prisohniers.  Après  <^la  M.  de 
Kë^ftU  Adfcha  &  PonUbd  et  hi  tf6n- 
grois  s'enfuirent  à  ïesclieh  et  de  là 
vers  Jablunka.  U.  de  Fouquet,  qui  ne 
Voulait  t'as  être  inMlle  à  Glats,  m  en- 
leyt*^  deut  bents  httssards  qui  s'était^nt 
trh{)ruddmttictit  ehfeirûesdân^  NàChod. 
Cet  liaLiJe  olTicier  donna  des  marc|lies 
de  génie  et  de  capacité  pendant  tout  le 
cours  de  cette  guerre.  Nous  nous  con- 
tenterons de  dire  que  quarante  partis 
qui  sortirent  de  sa  garnison  durant  cette 
campagne,  enlevèrent  plus  de  huit 
cepts  hommes  à  Tennemi. 

Le  roi  apprit  le  2i  octobre  que  le 
prince  de  Lorraine  avait  séparé  son 
armée  en  trois  corps  ;  il  supposa  que 
c'était  dans  le  dessein  de  les  étendre 
dans  fa  suite,  parce  que  ta  saison  des 
opérations  militaires  était  fiassée  :  il 
laissa  le  commandement  des  tfoupes 
au  prince  Léopold,  en  lui  enjoignant 
de  ne  les  point  séparer  d'avanfâjge, 
avant  d'en  avoir  reçu  les  ordres. 

Le  roi  partit  pour  Éerlin,  oâ  sa  pré- 
sence devenait  nécessaire,  tant  pdur 
réchauffer  les  négociàtioffs  qui  com- 
mençaient à  languir,  qu'àfln  de  trûiiver 
des  fofids  pour  la  campagne  prochaine, 
au  cas  que  la  paix  ne  pot  péri  te  cfin- 
dure  pendant  Thiver. 


CHAPITRE  Xm. 

RévoUittoB  dTcosie,  qui  fait  faillir  tUDOvra 
«tt  roi  d'Angleierre  et  rallenlit  loi  négocia- 
UoDs  de  la  paix.  —  Dessein  des  Autrichiens 
aides  SaiODS sur  le  Brandeboarg  déeoavert. 
—  Contradietions  daos  le  conseil  au  minis- 
tres. —  Projets  de  campagne.  —  Le  prinee 
d'ÀBlMlt  rasiemble  son  année  à  QaUe.  ~Le 
roi  pari  poar  la  Silésie  —  Eipédition  de  la 
tnsaca.  --  Le  prince  d*AnhaIt  marche  à 
Heissen.  —  Bataille  de  Kesselsdorr.  —  Prise 

'  de  Dresde.  —  Négociation  et  condusion  de 
la  paix. 


Si  pendant  l'année  ilib  les  négo-* 
dations  des  Prussiens  eussent  eu  autant 
de  succès  que  leurs  armes,  ib  auraient 
pu  s'épargner  aussi  bien  qu'à  leurs  en- 
nemis une  effusion  de  sang  inutile,  et 
l'on  aurait  eu  la  paix  plutôt  ;  mais  plu- 
sieurs incidens  auxquels  on  ne  pouvait 
s'attendre,  rendirent  les  bonnes  inten- 
tions du  roi  impuissantes.  A  peine  le 
roi  d'Angleterre  eut-il  signé,  presque 
malgré  lui,  la  convention  de  Hanovre, 
que  la  rébellion  d'Ecosse  venant  à  écla- 
ter, elle  Tobligea  de  hftter  plus  qu'il 
n'aurait  voulu,  son  retour  à  Londres. 
Un  jeune  homme,  fils  du  prétendant, 
passe  furtivement  en  Ecosse,  accom- 
pagné de  quelques  personnes  fidèles  ;  il 
se  tient  caché  dans  une  île  vers  le  nord 
des  côtes,  pour  donner  à  ses  partisans 
le  temps  d'assembler  et  d'armer  leurs 
paysans,  d'ameuter  les  montagnards  et 
de  former  une  milice  gui  fût  au  moins 


FRÉDÉRIC  II. 

ment  le  roi  d'Angleterre  et  ses  minis- 
tres méprisèrent  le  jeune  Édeuard.  aoB 
faible  parti  et  cette  rébellion  naisiante. 
On  disait  à  Londres  que  c'était  la  sail- 
lie d'un  prêtre  Jacobite  (le  oardioal 
Tencin  ) ,    et   l'équipée  d'an  Jeune 
étourdi.  Cependant  ce  jeune  étourdi 
battit  dt  chassa  le  général  Cop«  que  le 
gouvernement  avait  envoyé  contre  lui 
avec  ce  qu'on  avait  pu  en  h&te  ras- 
sembler de  troupes.  Cet  échec  ouvrit 
les  yeux  aux  roi  ;  il  lui  apprit  que  dans» 
un  gouvernement  aristocratique  une 
étincelle  peut  allumer  un  incendie.  Les 
affaires  de  l'Ecosse  absorbèrent  toute 
Tattention  de  son  conseil  :  les  négo- 
ciations étrangères  tombèrent  en  lan- 
gueur; les  alliés  de  l'Angleterre  la 
croyant  aux  abois,  n'eurent  plus  pour 
elle  la  même  considération.  Ce  qu*il  y 
avait  de  fâcheux,  c'est  que  la  conven 
tion  de  Hanovre  commençait  à  trans- 
pirer ;  les  Autrichiens  et  les  Saxons  l'a- 
vaient ébruitée,  cela  pouvait  prodonre 
un  mauvais  effet  chez  les  Français,  qui 
étaient  cependant  les  seuls  alliés  qu'eût 
la  Prusse.  Il  arriva  donc  <pie  la  diver- 
sion que  le  jeune  Ëdouaifd  ISùsait  en 
Ecosse,  en  derint  une  pour  la  reine  de 
Hongrie,  en  ce  qu'elle  lui  procura  la 
liberté  de  faire  contre  le  roi  de  Prusse 
les  derniers  efforts,  malgré  le  roi  d'Aii- 
gle terre,  dont  alors  à  Vienne  on  mé- 
prisait les  conseils. 
Le  roi,  qui  se  trouvait  à  Bôiin, 


rombic  d'une  armée.  Par  cette  diver-    épuisait  tous  les  expédiens  pour  trou- 


sion  la  France  armait  l'Angleterre  con- 
tre l'Angleterre  ;  un  enfant,  débarqué 
en  Ecosse  sans  troupes  et  sans  secours, 
force  le  roi  Georges  à  rappeler  ses  An- 
glais qui  défendaient  la  Flandre,  pour 
soutenir  son  trône  ébranlé.  La  France 
se  conduisit  sagement  dans  ce  projet, 
elle  dut  i  cette  diversion  toutes  les 
conquêtes  qu'elle  fit  depuis  en  Flandre 
comme  en  Brabant.  Au  commence- 


ver  des  fonds  qui  le  missent  en  état 
de  continuer  la  guerre.  Les  revenus 
de  la  Silésie  ne  s'étaient  pas  perçus 
comme  en  temps  de  paix,  les  deux 
tiers  en  avaient  manqué  11  fallait 
chercher  des  ressources,  et  il  était 
bien  ditBcile  de  s'en  procurer.  Cet  em- 
barras était  grand  :  les  dangers  que  les 
ennemis  préparaient  à  TÉtst  étaient 
bien  plus  terribles.  Voici  comment  le 


mSTOTRF  DC 

roi  en  fat  informé.  Depuis  le  mariage 
du  prince  successeur  au  trône  de  Suè- 
de, avec  la  princesse  llrique,  sœur  du 
roi,  les  Suédois  étaient  en  partie  por- 
tés pour  les  intérêts  de  la  Prusse. 
M.  de  Rudenschild  et  M.Wulfenstier- 
na,  ministres  de  Suède,  Tun  à  la  cour 
de  Beriin,  Tautre  à  Diesde,  étaient 
particulièrement  attachés  à  la  person- 
ne du  roi.  Wolfenstierna  était  bien 
dans  la  maison  de  Brûhl  ;  il  faisait  la 
partie  de  jeu  du  ministre.  Briihl  n'é- 
tait pas  aussi  circonspect  en  sa  pré- 
sence qu'un  premier  ministre,  déposi- 
taire des  secrets  de  son  maître ,  doit 
l'être  généralement  envers  tout  le 
monde.  Wolfenstierna  découvrit  sans 
peine  que  le  plan  de  la  cour  de  Vien- 
ne et  de  Dresde  était  d'envoyer  l'ar- 
mée du  prince  de  Lorraine  par  la  Saxe, 
d'où ,  joint  aux  troupes  saxonnes,  il 
devait  pendant  l'hiver  marcher  droit 
a  Beriin.  Il  fit  part  de  sa  découverte  à 
Rudenschild,  qui  en  avertit  le  roi  h^  8 
novembre,  jour  où  l'on  suspendait, 
dans  les  églises,  les  trophées  de  Fried- 
berg  et  de  Sorr.  Rudenschild  ajouta 
que  ce  projet  avait  été  fait  par  Briihl , 
corrigé  paf  Bartenstcin,  amplifié  par 
Rutowsky,  envoyé  par  Saul  à  Franc- 
fort à  la  reine  de  Hongrie;  que  Briihl 
était  convaincu  qu'on  écraserait  la 
Prusse  par  ce  coup,  et  que  c'était  cet- 
te ferme  espérance  qui  avait  empêché 
la  cour  de  Vienne  et  celle  de  Dresde 
d*adhérer  aux  sentimens  pacifiques  du 
roi  d'Angleterre  ;  qu'on  avait,  do  plus, 
partagé  les  dépouilles  de  la  Prusse  de 
façon  que  le  roi  de  Pologne  aurait  les 
évèchés  de  Magdebourg ,  de  Halbers- 
tadt,  avecM«^11e  ît  son  territoire,  et 
qoe  l'imperarrice  reprendrait  la  Silé- 
aie.  n  apprit,  de  plus,  au  roi  la  cause  de 
.a  haine  que  Briihl  lui  portait.  Il  avait 
été  outré  d'un  manifeste  que  le  roi 
avait  fait  publier,  et  surtout  de  ces 


MON  TEMPS.  189 

passages  :  «  Pendant  que  tant  d'hor- 
»  reurs  se  commettaient  en  Silésie,  et 
x»  que  le  ciel,  juste  vengeur  des  cri- 
i»  mes,  se  plaisait  à  les  punir  d'une  fa- 
»  çon  si  palpable,  si  éclatante  et  si  se- 
»  vère ,  on  soutenait  froidement  à 
x>  Dresde  que  la  Saxe  n'était  point  en 
9  guerre  avec  la  Prusse,  que  le  duc  de 
V  de  Weissenfels  et  les  troupes  qu'il 
»  avait  sous  ses  ordres  n'avaient  point 
»  attaqué  les  États  héréditaires  du  roi, 
»  mais  seulement  de  nouvelles  acqui- 
I»  sitions.  F.e  ministère  de  Dresde  se 
»  berçait  de  ces  sortes  de  raisonne- 
»  mens  captieux,  comme  si  de  petites 
»  distinctions  scolastiques  étaient  des 
»  motifs  assez  puissans  pour  justifier 
»  l'illégalité  de  ses  procédés.  Rien  de 

>  plus  facile  que  de  réfuter,  etc.;  »  et 
du  passage  suivant  :  a  II  parait  que 
»  c'était  enfin  ici  le  terme  de  la  pa- 
»  tience  et  de  la  modération  du  roi; 
»  mais  Sa  Majesté,  ayant  compassion 
»  d'un  peuple  voisin,  innocent  dés  of- 
»  fenses  qu'elle  a  reçues,  et  connais- 
»  sant  les  malheurs  et  les  désolations 
»  inévitables  qu'entraîne  la  guerre  « 
»  suspendit  encore  les  justes  effets  de 
»  son  ressentiment ,  pour  tenter  de 
»  nouvelles  voies  d'accommodement 
y>  avec  la  cour  de  Dresde.  Il  y  a  Heu  de 

>  présumer,  après  ces  nouveaux  et 
»  derniers  refus  qu'elle  vient  de  rece* 

>  voir,  que  la  confiance  du  roi  de  Po- 
9  logne  a  été  surprise  par  l'indigne 
v  perfidie  de  ses  ministres.  Les  repré- 

^  »  sentatioTis  les  plus  pathétiques  et  les 
»  offres  les  plus  avantageuses  ont  été 
»  prodiguées  en  pure  perte.  »  Il  faut 
avouer  qpe  Briihl  était  vivement  atta- 
qué dans  ces  passages,  et  que  person- 
ne  ne  pouvait  s'y  m<.prendre  ;  car  les 
ministres,  qu'on  nommait  au  pluriel, 
étaient  plutôt  ses  commis  que  ses 
égaux,  f^e  rapport  parut  d'autant  phis 
vrai,  que  le  roi  connaissait  le  caracMrv 


àx^  comte  de  Qruhl  et  k(  fierté  i}e  l'im-  !  commandeipent  de  rwnnée  qui  ^99^ 


pératriç^-feine.  Si  le  projet  des  Saxoqs 
était  dangereux  pour  la  Prusse,  i\  ifé- 
|«it  pas  n^oins  l^sqrdeu^  pour  1^  S>4xe  ; 
fpciis  M  passions,  et  surtQpt  le  désir 
de  Iq  vengeancfî  qveuglcnt  si  fort  les 
hommes,  qu*Us  ^put  capables  de  tout 
flsquçr  4w9  r^spurapce  de  se  satis- 
faire. 

Ce(te  crise  violopte  d^mond^t  doue 
uu  prompt  remè4^«  ).*armée  4u  prince 
d'Anhalt  reçut  qrdre  4^  s'assembler 
mcoutinent  à  Halle  ;  et  comme  il  s'a- 
gisait  c|e  prepdre  uu  pqrti  dùtisif,  le 
roi  crut  que,  sans  déroger  à  sou  aulo- 
n(é,  il  pouvait  assembler  UP  copseil, 
écouter  la  voi^  de  rexp^ricuce,  et  sui- 
yre  ç\;  qu'il  y  aurait  de  sage  daus  l'avis 
de  ceux  qu*il  consultait.  Quiconque  est 
chargé  des  intérêts  d'une  nation ,  ne 
49it  rien  négli{:er  dç»  ce  qui  peut  en 
procurer  le  salut.  Le  prince  d'Anhalt 
fut  un  c|es  premiers  auxquels  le  roi  fit 
l'ouverture  (\u  projet  de  Briibl*  Ce 
prince  était  un  4e  ces  bQmn^es  ^ui, 
prévçr\U8  d'amour-pjcopre^  ahqndçut  en 
leur  sens,  et  sont  pour  la  uégative 
Iprsque  les  autres  ofCrmei^^.  Il  parut 
avoir  pitié  4e  la  facilité  avec  laquelle 
op  ajoutait  foi  à  cette  accusation  con- 
tre Uriilil  ;  il  dit  qu'il  néliait  pas  natu- 
rel qu*un  ministre  du  roi  de  Pologne , 
Saxon  de  naissance  ^  voulut  attirer,  4e 
gaité  de  cœur^  quatre  armées  dans  les 
États  de  son  roaitre^  et  les  c\pojScr  à 
une  ruine  inéyi^ble.  Le  roi  lui.  mon- 
tra une  lettre  qui  portait  que  ^^m 
deux  jours  le  générai  Grun  arrivçfait/ 
avec  son  corps,  ÇL^érai  pour  joindre 
les  Saxons  à  Leipzig;  il  lui  produisit 
dilTércntes  lettres  4e  la  Sifésie,  qui 
(^tes  constataient  que   les  Saxons 


semblait  à  Halle.  (^  prince  d'Ànlnlt 
persista  dans  ^Q  incré4alité  ;  çepep^ 
dant  on  lisait  sur  lion  vi&age  qi|*|l  éluJUL 
(latte  de  se  voir  à  ^a  tâte  d'un  cqf|^ 
qui  pouvait  lui  fournir  le  iRQy^u  4e  n- 
jeunir  son  ancienne  réputatieq.  (# 
cpmt«  Po4eviis  entra  un  moind^ 
après-  Le  roi  le  trouva  touli  auw  in- 
crédule que  le  prince  d'AnJuiit;  oç  ii'^ 
tait  point  par  esprit  de  contradiction 
mais  par  timidité.  Ce  oçûiiistre  fTWl 
quelques  fonds  placés  ^  la  Steuei*,  i 
Leipsig  ;  il  craignait  de  Iqs  perdre  ;  in- 
corruptible d'ailleurs,  sa  faiblesse  KHJJr 

éloignait  de  son  esprit  tou(Q  îd^  4r 

rupture  avec  la  Saxe  coome  uq  çjlf^ 
désagréable,  et  croyant  le^  aijltrçf.  m- 
si  timides  que  lui,  il  jugeait  BruU  U^ 
capable  d'un  projet  si  hardi,  ÇoilU 
dans  ce  beau  conseil,  on  discutait  b 
fausseté  ou  la  vérité  du  fait,  q(  per- 
sonne ne  pensait  à  prévenir  le  msl  qqî 
était  sur  le  point  4'éclater,  (•e  r^  fîilt 
obligé  d'employer  squ  autorité  poigr 
que  le  prince  d'Anbalt  fit  les  4isi|IQak- 
lions  nécessaires  à  la  §iU>sist4pce  dl 
l'armée  4e  Halle,  et  puur  que  le  oonto 
Podewils  dress&t  les  4<^péche9^  gp 
cours  étrangères,  par  lesquelles  Qi|  jp 
avertissait  des  complots  4e  la  Sfl^^e,  Ht 
de  la  résolution  où  étaU  le  rcû  4a  lll 
prévenir. 

£t  conune  si  ce  n'çn  étHiU  pa&  WV 
4e  tant  d'embarras,  il  ei^  siArvi^t  en- 
core de  nouvcaui(.  L'envayé  4e  ^^sÀf 
vint  déclarer  au  rpu  au  nofu  ^  Vint* 
pératriçe ,  qu'elle  espérait  que  \fy  pp 
s'abstiendrait  4'attaquer  V^leclortt  ^ 
Saxe,  parce  qu'une  sensbjlable  tij^fom 
che  l'obligerait  à  envoyer  son  contin- 
gent au  roi  de  Pologne,  com.mç  eUft  y 


ama>sai(M)t  de  gros  mag^ji^sins  eu  Lusa-  ,  était  tenue  par  son  alliance  ai(çc  ff 
ce  pour  les  troupes  du  prince  de  Lor-  |  prince.  Le  roi  lui  fit  répondra  qiCO 
Tainç^  qu'on  y  attendait  sous  peu;  il  {  était  dans  l'intention  de  vivre  en  po^ 
Qiiit  par  lui  dire  qu'il  lui  confiait  le  j  avec  tous  ses  voisins,  n^s  que  fi  .qii||- 


HISTOIEB  M  MON  T£MM. 


IM 


f^'oii  d'eux  couvait  des  dess^tqs  per^  {  M.  de  Haidie  devait  aller  au-^v«nt  de 


Bici^ox  contre  ses  États,  aucune  puis* 
S9Qç^  de  TEurope  m  t'einp^cherait  de 
8^  défcildrç  et  de  confondre  sei  eque- 
■W-  Cepdiidqnl  toutes  les  luttrus  de  la 
S^e  et  de  |a  Silésie  couQrmaîeut  les 
avjf  d?  II.  de  Audeus^bild.  Pour  être 
epcocf!  foieux  |qtpf|né  d^ft  ipouyemens 
4i|  pripçp  0e  Lorraine,  )e  Fpi  forma  un 
cftrp^  dq  (TQtfpes  m^l^es,  cavalerie,  in- 
Ù^\fim  rt  hMftwrd^,  nvep  lequel  M.  de 
>Yiqterffild  l'ayançii  veri^  Friedlund, 
sur  l§f  froqti^re^  ^ç  U  Koh^me  et  de 


FeuDemi  et  le  combattre,  avant  qu'il 
en  approchât.  Cette  précaution  était, 
à  la  vértlé,  insuffisante  ;  poais  les  moyens 
n*en  permettaient  pas  une  meilleure. 
On  fit  des  amingemeni  pour  transpor- 
ter, en  cas  de  malheur,  la  Eunillaroya* 
le,  les  archives,  les  bureaux,  les  con- 
seils suprêmes  è  i^teUin  4:omrae  àwi 
un  asile,  si  la  fort^ne  abandonnait  les 
arip^  prussumnes.  Le  roi  écrivit  i^i- 
core  une  lettre  pathétique  au  vol  de 
France,  dans  laquelle  il  lui  fuirait  une 


)ft  i40aç^«  avec  ordre»  M  le  prince  de  |  vive  peinture  de  sa  situation,  et  lui  de- 


L§rrail»e  entrait  en  Lusace,  de  le  cA- 
tqyer  f^t  de  longer  le  Quies,  qui  coule 
lor  bl  (routière  de  la  Spésie.  Le  des- 
içia  du  rpi  éUit  de  tomber  sur  les 
Smqo^  d^  deui  i^^^i^  è  la  fois.  L'armée 
de  ftilésie  de\Mt  Agir  contre  celle  du 
prince  de  Lorraine,  la  surprendre,  s*il 
se  pouvait  «  dans  le^  cantonnemens 
en  itts^ce,  ou  1^  combattre,  pour  la 
f^diasser  eu  Bohéime.  Ibins  ce  danger, 
tfii  mettait  la  ville  de  Ber Uu  eu  alar- 
nia,  le  roi  nflcictct  la  m^îH^tire  conte- 
«wço  pp^ble,  aQn  de  f^v^uier  le  pu- 
Mc  Sçp  parti  étai^  pris  ;  la  {léclaralion 
des  itu^^  ne  VinquiétaU  point ,  car 
çatte  puissance  ne  pouvait  agir  que 
dftn^  lix  moi^,  el  e*était  plus  de  tenais 
qu  ^  U'W.  faUftit  pour  décider  du  sort 
de^  Fcuiisieus  et  de^  Sa:i^ou^  :  les  cho- 
ies on  i{àm\  k  0?tK  extrémité,  qu*il 
f^^  veiucr^  ou  périr.  Le  roi  appfâ- 
hëK\<V)it  VvwéduUté  et  h  auteur  du 
Kinçe  ^'Aub^l^^  '^9W&^t  %u^  que 
le  corps  de  Gritu ,  q^i  ét^t  de  ^pt 
nûlb^  l&omoies  effectifi,  ue  maccb&t 
dro\t  à  Bediu-  Afin  de  pPUHOir,  aur 
tant  qu'il  se  pouvait,  à  la  sûreté  de 
cette  cupitale,  te  général  Haake  y  était 
resté  avec  une  garoison  de  cinq  nvilte 
huMPjnr^  ;  mais  reuceinte  de  cett^  viHe 
ijant  deux  milles  de  eirconfiérenee,  il 
Maii  impossible  de  la  défendre,  et 


mandait  instamment  les  secours  qu^l 
lui  devait  selon  les  traités,  il  scruil 
bien  difficile  do  deviner  par  quelle 
raison  le  prince  d'Auhalt  Uoha  de  di%- 
suader  le  roi  de  prendre  le  comipan* 
demept  de  l'armée  de  Silésie }  il  pous^ 
sa  si  loin  ses  représentations  importu- 
nes, qu'enfin  le  roi  lui  dit  qu^il  avait 
résolu  de  se  mettre  à  la  tète  de  ses 
troupe^  et  que  lorsque  le  prince  d'Âu« 
hait  enlretiepdri^it  une  armée,  il  pour- 
rait en  donner  le  conunandement  ji 
qui  hou  kii  semhlerfil  ;  après  quoi  il 
fot  obligé  de  se  rendre  à  Uall.  Le  roi 
paçtil  le  U  upvemhr^  pour  la  Silésie, 
laissaut  BerhU  dans  h  constematiou, 
les  Saxons  dans  respérauce,  et  I^Europe 
attentive  k  l'événement  de  cette  caro- 
p»guo  d*hiYer. 

^e  ruî  arriva  le  ih  à  Liguitx:  U  y 
trouva  k  prince  iéupold  et  le  général 
GoUï  (qui  avait  l'inspection  des  vivres). 
9esk  lettres,  du  général  Winterfeld,  ar- 
livée^  eu  m^n»e  temps,  apprirent  que 
sii^  miUe  SaxvM,  qi^  Saisaieni  l'avenl- 
gwfdo  du  prûpce  ^  Lorraine,  étAioi^ 
entvé^en  Lu»aee  par  i^llau,  ut  que  \m 
Uoupea  autrichiennes  allaw^nt  tes  sui- 

VfO-  io  prince  LéofMDild  f^  instowA  (ta 
toutes  tes  opAratioAS  <|na  te  i«i  a^aii 
projetées.  L'armée  de  Sjléete.  était  ol 
fectivemmt  de  trente  mUo  homme». 


IW 


FRtoÉRIC  II. 


tous  vieux  soldats  d'élîte,  accoutumés 
h  vaincre  ;  refaits  par  quatre  semaines 
(le  repos,  ils  étaient  disposés  à  tout  en- 
treprendre. Il  y  avait  cependant  des 
précautions  nécessaires  à  prendre  en- 
core avant  de  quitter  la  Silésie.  On  ne 
pouvait  abandonner  la  ville  de  Schwekl- 
iiiU,  où  il  y  avait  des  magasins,  et  qui 
alors  n'était  pas  fortifiée  ;  il  fallut  donc 
que  M.  de  Nassau  quittât  la  haute  Si- 
lé!<ie,  pour  aller  vers  Landshut  b'oppo- 
ser  au  corps  de  M.  de  Hohenems,  qui 
avait  ordre  de  sa  cour  de  faire  une  in- 
vasion dans  la  haute  Silésie»  du  cdté 
de  Hirschberg.  La  situation  du  roi 
était  à  peu  près  semblable  à  celle  où  il 
se  vit  avant  la  bataille  de  Hobenfried- 
berg  ;  il  eut  recours  aux  mêmes  ruses, 
pour  attirer  les  ennemis  dans  les  mê- 
mes pièges.  On  affecta  de  respecter 
scrupuleusement  les  frontières  de  la 
Saxe,  et  de  borner  son  attention  à  ga- 
gner Crossen  avant  le  prince  de  Lor* 
raine.  Pour  fortifier  cette  opinion, 
Winterfeld  fit  punir  quelques  hussards 
qui  avaient  commis  des  désordres  en 
Lnsace.  On  prépara  des  chemins  à 
Crossen,  on  amassa  des  vivres  sur  la 
route,  en  sorte  que  les  gens  du  pays , 
qu'il  faut  toujours  tromper  les  pre- 
miers, crurent  bonnement  qu'on  n'a- 
vait aucun  autre  objet.  M.  de  Winter- 
feld venait  d'occuper  Naumbourg  sur 
le  Quels,  et  publiait  qu'il  n'était  là  que 
pour  côtoyer  l'ennemi  en  longeant 
cette  rivière,  et  le  prévenir  à  Crossen. 
Le  prince  de  Lorraine,  qui  était 
dans  l'idée  flatteuse  que  les  Prussiens 
se  reposaient  tranquillement  dans  Ipurs 
quartiers  d'hiver,  que  leurs  troupes 
étaient  découragées,  et  qu'il  n'avait  à 
redouter  qu'un  corps  de  trois  mille 
hommes,  qui  l'observait,  s*endormit 
dans  une  dangereuse  sécurité,  et  ce 
même  stratagème  réussit  pour  la  se<- 
çouda  fois.  Tant  il  est  vrai  que  la  dt- 


fiafice  est  mère  de  la  sûreté,  et  qa'i 
général  sage  ne  doit  jamais  méprise*' 
l'ennemi,  mais  veiller  sur  ses  demar 
ches,  afin  qu'elles  lui  servent  de  bous 
sole  dans  toutes  ses  opérations.  Pou  * 
empêcher,  autant  qu'il  était  possible 
que  tes  Autrichiens  ne  fussent  instruit 
des  inouvemens  de  i'armée,  le  rc< 
avait  fait  border  trois  rivières  qu'il 
avait  devant  lui  :  le  Quels  par  M.  de 
Winterfeld,  ta  Neisse  par  des  troupes 
légères,  et  le  Bober  par  d'autres  déta- 
chemens.  Tout  ce  qui  venait  de  la  Lih 
sace  avait  le  passage  libre,  mais  il  était 
interdit  à  tous  ceux  qui  voulaient  pas- 
ser ces  rivières  pour  aller  en  Saxe  ;  de 
sorte  qu*on  se  procurait  des  nouvelles  et 
qu'on  empêchait  Tennemi  d'un  avoir. 
Bientôt,  sur  celles  qu'on  eut  de  Tenne- 
mi,  Tcirmée  s*avança  en  cantonnant  sur 
le  Quels.  Le  roi  prit  son  quartier  à 
Holstein  ;  c'était  le  22  novembre,  et  il 
n'était  qu'à  un  raille  de  Naumbourg. 
On  fit  construire  quatre  ponts  sur  la 
rivière  ,  pour  pouvoir  la  passer  rapi- 
dement sur  quatre  colonnes.  Le  des- 
sein du  roi  était  de  se  laisser  dépasser 
par  les  impériaux,  puis  de  les  prendre 
par  derrière,  pour  leur  couper  les  vi- 
vres, et  les  forcer  ainsi  ou  à  se  battre, 
ou  à  s'enfuir  honteusement  vers  les 
frontières  de  la  Bohême.  Mais  pour 
suivre  le  projet  qu'on  avait  une  fois 
adopté,  on  s'était  interdit  d'envoyer 
des  partis  en  F^usace,  et  l'on  ne  pou- 
vait avoir  des  nouvelles  que  par  des  es* 
pions,  ce  qui  n'est  jamais  aussi  sûr 
que  ce  que  rapportent  les  troupes.  De 
plus,  l'expédition  était  si  importante, 
qu'il  fallait  préférer  la  sûreté  au  bril-> 
lant. 

M.  de  Winterfeld,  instruit  des  pro- 
jets du  roi,  l'avertit  que  les  ennemis 
avançaient  par  cantonnemens ,  mais 
qu'ils  s  étendaient  si  fort,  que  leur 
l^auche  était  à  Lauban  ei  leur  droite  à 


TEMPS. 


IM 


floritti  ;  A  i^oiiti  qu'ib  mucheraient 
le  lendeamio ,  selon  Favis  de  ses  es- 
pions, et  qu'il  croyait  que  le  moment 
tfagir  était  arrivé.  Sur  cela  Tarmoc 
marcha  'e  23  sur  quatre  colonnes, 
chacune  conduite  par  un  lieutenant- 
général.  Le  rendez-vous  de  ces  colon- 
nes était  à  Naumbourg  ;  ce  fut  là  que 
le  roi  leur  donna  les  dispositions  ulté- 
rieeres.  Il  l'éleva  ce  matin  un  brouil- 
lard d'autant  plus  favorable,  qu'il  ca- 
chait à  l'ennemi  jusqu'au  moindre 
mouvement  de  l'armée.  A  Naumbourg 
il  y  a  un  pont  de  pierre  sur  le  Quels , 
et  à  côté,  deux  guets  pour  la  cavalerie  ; 
on  fit  en  hAte  un  pont  pour  la  seconde 
colonne  d'infanterie.  Tout  cela  étant 
arrangé,  les  conducteurs  des  colonnes, 
je  veux  dire  les  généraux,  se  rendirent 
à  Naumlx>urg  ;  ils  eurent  ordre  de  pas- 
ser incessamment  le  Queis.  On  leur 
donna  des  guides  pour  les  conduire 
àCatboUsch  Hennersdorf,  avec  ordre 
de  se  seconder  mutuellement,  selon 
<ia*une  colonne  qui  donnerait  sur  les 
quartiers  de  l'ennemi  aurait  besoin  de 
cavalerie  ou  d'infanterie  pour  réussir 
dans  son  opération  ;  car,  pour  ordon- 
ner des  dispositions  complètes,  on 
manquait  d'infonnations  exactes  sur 
les  lieax  où  l'armée  du  prince  de  Lor- 
raine séjournait.  Le  brouillard  tomba 
an  moment  que  les  colonnes  avaient 
peasé  le  Quels,  cielles  de  la  droite  et 
do  la  gancbe  étaient  de  cavalerie,  les 
deu  dn  centre  étaient  d'infanterie. 
Un  régiment  de  hussards  précédait  la 
marche  de  chacune  d'dles,  pour  avei^ 
tir  à  temps  les  généraux  de  ce  qui  se 
passait  devant  eux.  Le  roi  était  à  la 
tète  de  la  pranière  colonne  d'infante- 
rie;, elle  avait  pour  guide  un  garçon 
naennier,  qui  la  mena  à  un  marais  où 
lea  bestiaux  paissaient  en  été,  et  qui 
n'était  guère  praticable  dans  l'arrière- 
mJson.  On  eut  de  la  peine  à  se  tirer  de 


là  ;  mais  à  loi  ce  de  chercher,  on  tron* 
va  un  chemin  qui  côtoyait  un  bois,  et 
par  lequel  on  pouvait  passer.  Pendant 
que  les  troupes  défilaient,  les  hussards 
de  Ziclhen  donnèrent  dans  le  village 
de  Catholisch  Hennersdorf,  et  averti- 
rent qu*il  élîiit  garni  de  deux  batail- 
lons et  de  six  escadrons  de  Saxons;  ils 
ajoutf-rent  qu'ils  amuseraient  assez 
l'ennemi  pour  donner  a  la  colonne  le 
temps  d'arriver.  On  Qt  à  Tinstant  avan- 
cer deux  régimens  de  cuirassiers  de  la 
quatrième  colonne,  qui  était  la  plus 
proche,  et  M.  de  Rochow  emmena  les 
régimens  de  Gésier  et  de  fiornstœdt  ; 
M.  de  Polentz  fut  commandé,  avec 
trois  bataillons  de  grenadiers,  pour  les 
soutenir.  C'était  ce  soi  disant  marais, 
qu'on  croyait  impraticable,  qui  avait 
trompé  les  Saxons;  ils  n'avaient  aucu- 
ne garde  de  ce  côté,  ce  qui  donna 
moyen  de  les  surprendre.  Le  village 
de  Hennersdorf  a  un  demi-mille  de 
longueur.  L'action  commença  à  qua- 
tre heures*  vers  la  partie  orientale,  et 
flnit  à  six  vers  l'extrémité  qui  est  an 
couchant.  Polentz  prit  les  Saxons  en 
revers,  Rochow  les  attaqua  de  front  et 
Winterfeld  en  flanc.  Les  régimens  de 
Gotha,  de  Daiwitz  et  la  plus  grande 
partie  de  celui  d'Obirn  furent  faits 
prisonniers;  le  général  Daiwitz,  le  co- 
lonel Obim  et  trente  oiHciers  furent 
de  ce  nombre  ;  en  tout  les  Saxons  per- 
dirent onze  canons,  onze  cents  hom- 
mes, six  paires  de  timbales,  deux  éten- 
dards et  trois  drapeaux  ;  leurs  équipa- 
ges tombèrent  en  partage  aux  hus- 
sards, qui  avaient  bien  mérité  cette 
petite  récompeujk*  L'armée  campa  à 
Catholisch  Hennersdorf,  et  l'on  aver- 
tit les  troupes  que  si  l'on  était  obligé 
de  les  fatiguer  pendant  quelques  jours» 
c'était  pour  leur  épargner  des  batailles. 
j.  Quoique  la  moitié  de  Tannée  manquât 
I  de   tentes,  que  plusieurs   légimens 


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'«IttIfUli»  •? 
b  '.:«^*  «I»  £1 

UaUitlonçeti 
b<*r  \\kt  If»  Amcsdc  M 
LiiMfliii  qui;  M.  de  Nafl 
riiMii(|iicr  de  fronU  CcM^ 

lui  ni  hiMircuw,  qu*m 

i|iiiiirf  \\K>\\n\%  il  ne  restifhw 
iliiiMiMon  Sil^sie.  LeednfPi' 
hlM'ii  lumit  di^hits  pirifslii 
W  A\  UMibory,  ot  M.  de  HDtaM 
«iVli  MU  v^riiK^  de  LHielMi 


HISTOimi  ra  MON  TEMPS. 


IM 


itade  de  sa  retraite,  ni  par  la 
f)  tes  bniïages.  Les  troupes  pras- 
'^ui  étaient  en  Lusace  se  roi- 
i  quartiers  do  rafraîi  hissement 
rtrons  de  Gœrlilz,  a  Texception 
de  Lehwnld,  qui  fut  détaché 
9  -bataillons  et  vingt  escadrons 
Mltseu,  avec  ordre  de  pousser 
IMII  TElbc,  afin  de  donner  aux 
jdet  inquiétudes  pour  leur  capi- 
l.  de  faciliter  les  opérations  du 
d'Anhalt.  Le  colonel  Brandis, 
b  deux  bataillons  était  demeuré 
mi,  s'empara  de  Guben,  où  il 
'f;yt>8  magasin  aux  Saxons. 
nt  cette  expédition  de  Lusace 
Mt  aucune  nouvelle  du  prince 
U  ;  mais  les  Saxons  divulguaient 
Griine  avait  passé  r£lbe  h  Tor- 
Ptareliait  à  Berlin.  Pendant  que 
ita  donnaient  lieu  à  d'étranges 
ins,  un  oITIcier  vint  de  Hall  an- 
*  que  le  prince  d*Aiiiialt  s'était 
marche  le  30  novembre,  qu'il 
nmlu  attaquer  les  Saxons  dans 
«tranchemens  de  I^ipzig,  mais 
is  avait  trouvés  abandonnés,  que 
I  l'était  soumis,  et  que  les  Saxons 
ni  vers  Dresde.  Le  roi  renvoya 
d  cet  ofilcier  pour  presser  le 
dWnhalt  de  gagner  Meissen  le 
qu'il  le  pourrait,  et  Tavertir  que 
e  de  Lehwald  n'attendait  que  son 
I  pour  le  joindre.  Lorsqu'on  ap- 
Dreide  que  le  prince  de  Lorraine 
ité  «  vite  expédié,  la  consterna- 
it fi  grande,  qu'on  fit  sur-le- 
F  rebrousser  chemin  an  corps  de 
et  que  le  comte  de  Rutowsky 
lige  de  ramener  son  armée  pour 
r  Dresde. 

dant  que  le  prince  d'Anhalt  mar- 
rers  Meissen  et  que  l'armée  du 
[Reurnit  en  panne,  celui-ci  em- 
ce  temps  à  renouer  avec  les 
I  nne  négociation  tant  df  foia  in- 


terrompue, et  que  les  con  jonctares  pa 
raissaient  éloigner  plus  que  Jamais.  Il 
écrivit  pour  cet  effet  à  M.  de  Villiers, 
minisire  d'Angleterre  à  la  cour  de 
Dresde,  lui  déclarant  que  malgré  Ta- 
nimosité  que  ses  ennemis  venaient  en- 
core do  manifester  si  ouvertement 
coutre  lui,  et  les  avantages  qu'il  avait 
remportés  sur  eux,  il  persévérait  dans 
la  résolution  de  préférer  la  modération 
aux  partis  extrêmes;  qu'il  offrait  la 
paix  au  roi  de  Pologne,  avec  l'oubli  du 
passé,  en  poiMint  la  convention  de  Ha- 
novre pour  base  de  cette  réconciliation . 
Ce  parti  n'avait  été  pris  qu'après  de 
mûres  réflexions,  parce  qu'on  peut  faire 
la  paix  lorsque  les  armes  sont  heureu- 
ses ;  mais  si  l'on  a  du  dessous,  l'ennemi 
ne  se  trouve  guère  dans  la  disposition 
de  se  réconcilier.  La  paix  pouvait  épar- 
gner le  sang  de  tant  de  braves  officiers 
prêts  a  le  verser  pour  remporter  la  vic- 
toire. Il  fallait  considérer  que,  quelque 
heureuse  que  (Vit  la  guerre  en  Saxe, 
c'était  un  incendie  dans  la  maison  du 
voisin  et  qui  pouvait  se  communiquer 
à  la  ndtre  ;  il  fallait  outre  cela  le  plus 
promptement  possible  terminer  cette 
guerre,  afin  d'empêcher  la  Russie  de 
s'en  mêler.  Le  roi  n'avait  rien  à  espé- 
rer des  secours  de  la  France,  et  si  l'on 
ne  mettait  fin  à  ces  troubles  pendant 
l'hiver,  on  devait  s'attendre  au  prin- 
temps que  la  reine  de  Hongrie  rappel- 
lerait du  Rhin  son  armée,  qui  lu!  deve- 
nait inutile,  pour  la  joindre  à  celle  de 
la  Bohême;  ce  qui  lui  aurait  donné  une 
grande  supériorité  :  enfin  le  prétexte 
de  la  guerre  ne  subsistait  plus  depuis 
la  mortdeCharies  YII.  Ajoutez  encore 
que  la  récolte  de  Tannée  ayant  été 
mauvaise,  les  blés  étaient  aussi  rares 
que  chers,  et  que  les  finances  étaient 
entièrement  épuisées.  Tji  paix  deve- 
nait donc  l'unique  remède  à  tous  ces 
maux.  On  s'étonnera  peut-être  que  le 


Uk 


WÈBÈÊM.  1» 


r. 


-tt'eassent  qOe  ûéè  caiattet  de  lotte,  ils 
te  prêtèrent  Um%  de  bonne  grftce  à  ce 
qu'ils  voyaient  que  la  nécessité  eii* 
gcait  d*eux.  Cet  hcnreax  début  fit  au- 
gurer que  le  prince  de  Lorraine  ne 
tiendrait  pas  contre  les  Prussiens.  On 
ie  proposa  de  profiter  de  la  conster* 
nation  que  renlèvement  d'un  de  ses 
quartiers  devait  causer  dans  son  ar- 
mée et  de  la  talonner  de  suite,  pour 
M  lui  pas  laisser  le  temps  d'en  revë- 
tir.  Le  lendemain  Si»,  le  temps  était 
ri  obscur  et  le  brouillard  si  épais, 
qu'on  fut  obligé  d'avancer  en  tftton- 
aant.  On  campa  derrière  le  village  de 
Laopoldshain,  et  pour  plus  de  sûreté , 
on  plaça  qulnie  bataillons  dans  ce  vil- 
lage. Les  coureurs  rapportèrent  que 
l'ennemi  se  retirait  partout;  qu'on  ne 
trouvait  dans  les  chemins  que  chariots 
détdés,  bagages  renversés,  chariots  de 
poudre  abandonnés,  en  un  mot,  tout 
€e  qui  pouvait  attester  leur  fuite.  Les 
déserteurs,  qui  arrivaient  en  grand 
nombre,  disaient  que  la  coofuston  s'é- 
tait mise  dans  leitfs  troupes,  à  cause 
que  les  deux  derniers  jours  on  leur 
avait  donné  vingt  ordres  différons  et 
contradictoires. 

Toutefois  on  apprit  le  95  de  bon 
iuatin  que  le  prince  de  Lorraine  avait 
nssemblé  son  année  à  SchmnreU  à 
«ne  lieue  du  camp  du  roi.  Le  roi  ne 
balança  pas  :  le  Jour  était  serein,  il  se 
ait  iiHNNitioent  en  marche  dans  le  des- 
sein d*attaqtter  les  enfiemis.  Comme  il 
upprochiiitdc  Gmrliti,  ses  partis  lut  rap- 
portèrent qu'ils  avaient  décampé  à  petit 
jMiiit,  en  prenant  le  chemin  de  Zittau. 
L'armée  prussienne  campa  auprès  de 
tiasrlita,  qui  se  rendit  par  composition  ; 
«oiiante  ofliclers  et  deux  cent  cin- 
quante hommes  y  fiorent  faifa  prison- 
niers, parmi  cesoflBciefe  il  y  en  avait  de 
■Mdodes  et  quelquesHina  qui,  ayant 
été  blessés  à  Catboliadi  Heaiimdorr, 


•vuimt  tfeoiéte  moyen  4e  le  sMVur.  n 
m  trouvait  à  Oc^rllta  un  magasin  ifA  M, 
d'un  grand  secoure  pour  faciliter  eetle 
expédition.  Le  iG  l'armée  se  porte  en 
avant  sur  le  couvent  de  RadomlHti,  et 
l'on  mit  les  troupes  en  caotonnemens. 
MM.  de  Bonin  et  de  Winterfeid  (torent 
commandés  avec  soixante-dix  eaci- 
drons  et  dix  bataillons  pour  longer  tme 
petite  rivière  qu'on  nomme  la  Neisse. 
Ce  mouvement,  qui  menaçait  rennemi 
d'être  coupé  de  Zittau,  fit  que  le  prince 
de  Lorraine  abandonna  son  camp  d'O»* 
trits,  pour  gagner  ZitUu  avant  les  Pruf- 
siens.  Comme  cette  retraim  se  (Usait 
à  la  hâte,  les  hussards  prussiens  freot 
des  prises  oonsîdéraUes  sur  les  baga^ 
ges  des  Autrichiens.  I^  roi  i*avin{a 
à  OstriU  le  27,  et  envoya  M.  de  Win* 
terfeld  à  Zittau;  l'arrière -gerde  du 
prince  de  Lorraine  défilait  préoisément 
par  cette  ville.  M.  de  Winterfeid  donna 
dessus  et  fit  trois  cents  prisonniers  :  Isa 
ennemis  perdirent  tous  leurs  bagages» 
et  mirent  eux-mêmes  le  feu  à  lenn 
chariots,  pour  qu'ils  ne  tombassent 
point  eatre  les  mains  de  ceux  qui  les 
poursuivaient.  Cette  expédition   ne 
dura  que  cinq  jours.  Les  Autrichiens  y 
perdirent  des  magasins,  leurs  bagages, 
et  rentrèrent  en  Bohême  aOMblis  dt 
cinq  mille  hommes.  On  laissa  dix  ba^ 
teiilons  et  vingt  esiuidrons  dans  le  vci*^ 
Binage  de  Zittau,  pour  garder  ce  posli 
important,  pt  Itf.  de  WintevAiid  itot 
obligé  de  retourner  en  Mlésfe  avec  cinq 
bataillons  et  cinq  escadrons,  pour  tom** 
ber  sur  les  flancs  de  M  de  UôhoneiM, 
tandis  que  M.  de  Nassau  se  préparait  à 
l'attaquer  de  tr^nU  Cette  expédWet 
fut  si  heureuse^  qu^  moî^s  de  vingt» 
quatre  heures  H  ne  resta  plus  CAutri** 
chiens  en  Silésie.  Lan  dragons  <de  Hà^ 
libert  furent  défUts  par  its  haasardsda 
Wartenberg,  et  M.  de  Mobenanii^e  la 
céda  au  prince  du  LiMtee^  ni  paru 


BlSTOm  ni  MON  TEMPS. 


lU 


promptitude  de  sa  retraite,  ni  par  la 
perte  de  ses  bafirages.  Les  troupes  prus- 
•ienoes  qui  étaient  en  Lusnee  se  mi* 
rent  en  quartiers  do  rarrak  hissement 
AUX  environs  de  Gœriilz,  à  Texception 
de  M.  do  Leliwald,  qui  fut  détaché 
tvee  dix  bataillons  et  vingt  escadrons 
pour  Bautien,  avec  ordre  de  pousser 
4e  là  vera  TEIbe,  afin  de  donner  aux 
ftuons  des  inquiétudes  peur  leur  capi- 
lile«  et  de  faciliter  les  opérations  du 
frince  d'Anhalt.  Le  colonel  Brandis, 
fOi  «voo  deux  bataillons  était  demeuré 
à  Grossen,  s'empara  de  Guben,  où  il 
prit  un  gros  magasin  aux  Saxons. 

Dorant  cette  expédition  de  Lusace 
M  n'eut  aucune  nouvelle  du  prince 
4*Anhalt  ;  mais  les  Saxons  divulguaient 
411e  M.  Griîne  avait  passé  l'Ëlbe  A  Tor- 
fio  et  marchait  a  Berlin.  Pendant  que 
ces  bruits  donnaient  lieu  à  d'étranges 
réflexions,  un  officier  vint  de  Hall  an- 
noncer que  le  prince  d*Anhalt  s*6tait 
mis  en  marche  le  90  novembre,  qu'il 
avait  voulu  attaquer  les  Saxons  dans 
leurs  retranchemens  de  Leipzig,  mais 
qu'il  les  avait  trouvés  abandonnés,  que 
Leipsig  s'était  soumis,  et  que  les  Saxons 
fkifâîent  vers  Dresde.  Le  roi  renvoya 
4'abord  cet  ofBcier  pour  presser  le 
prince  d'Anhalt  de  gagner  Meissen  le 
pkitAt  qu'il  le  pourrait,  et  l'avertir  que 
le  corps  de  Lehwaid  n'attendait  que  son 
arrivée  pour  le  joindre.  Lorsqu'on  ap- 
prit à  Dresde  que  le  prince  de  Lorraine 
«Tait  été  si  vite  expédié,  la  consterna- 
tion fut  si  grande,  qu'on  fit  sur-le- 
ehamp  rebrousser  chemin  an  corps  de 
Gruoe  et  que  le  c^mte  de  Rutowsky 
fut  oblige  de  ramener  son  armée  pour 
eouvrir  Dresde. 

Pendant  que  le  prince  d'Anhalt  mar- 
chait vers  Meissen  et  que  l'armée  du 
roi  domeurnit  en  panne,  celui-ci  em- 
ploya ce  temps  à  renouer  avec  les 

tant  do  fois  fn- 


i';.'ii:ki 


terrompue,  et  que  les  conjonctures  pa- 
raissaient éloigner  plus  que  jamais.  Il 
écrivit  pour  cet  effet  à  M.  de  Villiers, 
ministre  d'Angleterre  à  la  cour  de 
Dresde,  lui  déclarant  que  malgré  Ta- 
nimosité  que  ses  ennemis  venaient  en- 
core de  manifester  si  ouvertement 
coutre  lui,  et  les  avantages  qu'il  avait 
remportés  sur  eux,  il  persévérait  dans 
la  résolution  de  préférer  la  modération 
aux  partis  extrêmes;  qu'il  oflhiit  la 
paix  au  roi  de  Pologne,  avec  l'oubli  du 
passé,  en  poiUint  la  convention  de  Ha- 
novre pour  base  de  cette  réconciliation. 
Ce  parti  n'avait  été  pris  qu'après  de 
mûres  réflexions,  parce  qu'on  peut  faire 
la  paix  lorsque  les  armes  sont  heureu- 
ses ;  mais  si  l'on  a  du  dessous,  l'ennemi 
ne  se  trouve  guère  dans  la  disposition 
de  se  réconcilier.  La  paix  pouvait  épar- 
gner le  sang  de  tant  de  braves  officiers 
prêts  k  le  verser  pour  remporter  la  vic- 
toire. 11  fallait  considérer  que,  quelque 
heureuse  que  fttt  la  guerre  en  Saxe, 
c'était  un  incendie  dans  la  maison  du 
voisin  et  qui  pouvait  se  communiquer 
à  la  nôtre  ;  il  fallait  outre  cela  le  plus 
promptement  possible  terminer  cette 
guerre,  afin  d'empêcher  la  Russie  de 
s'en  mêler.  Le  roi  n'avait  rien  h  espé- 
rer des  secours  de  la  France,  et  si  l'on 
ne  mettait  fln  à  ces  troubles  pendant 
l'hiver,  on  devait  s'attendre  au  prin- 
temps que  la  reine  de  Hongrie  rappel- 
lerait du  Rhin  son  armée,  qui  lui  deve- 
nait inutile,  pour  la  joindre  à  celle  de 
la  Bohême;  ce  qui  lui  aurait  donné  une 
grande  supériorité  :  enfin  le  prétexte 
de  la  guerre  ne  subsistait  pins  depuis 
la  mort  de  Charies  VIL  Ajoutez  encore 
que  la  récolte  de  l'année  ayant  été 
mauvaise,  les  blés  étaient  aussi  rares 
que  chers,  et  que  les  finances  étaient 
entièrement  épuisées.  La  paix  deve- 
nait donc  l'unique  remède  à  tous  ces 
maux.  On  s'étonnera  peutrétre  que  !« 


.¥ 


roi  parût  si  modéré  duis  le»  coiiditions 
qu'il  proposait  pour  la  paii  ;  mais  qu'on 
observe  qu'il  était  dans  une  situation 
qui  l'obligeait  à  calculer  toutes  ses  dé- 
marches et  à  ne  rien  hasarder  légère- 
ment. Premièrement  il  soutenait  les 
principes  de  désintéressement  quil 
avait  annonrés  dans  les  manifestes  de 
l'année  17l(^  et  17^5;  s'il  avait  extor- 
qué quelque  cession  au  roi  de  Pologne, 
il  aurait  confondu  les  intérêts  de  ce 
prince  avec  ceux  des  Autrichiens,  et 
serait  devenu  l'artisan  d'une  union  que 
la  bonne  politique  exigeait  qu'il  tàch&t 
de  dissoudre.  Ensuite  l'Europe  n'était 
que  trop  jalouse  de  l'acquisition  que  le 
roi  avait  faite  d&  la  Silésie  ;  il  fallait  ef- 
facer ces  impressions,  et  non  les  re- 
nouveler. Ajoutez  encoreque  le  moyen 
le  plus  coortde  parvenir  à  la  paix,  était 
de  rétablir  l'ordro  des  possessions  sur 
le  pied  où  elles  étaient  avant  la  dernière 
guerre.  Comme  les  conditions  propo- 
sées n'étaient  ni  dures  ni  onéreuses, 
elles  pouvaient  procurer  une  paix  d'au- 
tant plus  stable,  qu'elle  ne  laissait  au- 
cune semence  ni  d'animosité  ni  de  ja- 
lousie. Ces  principes  servirent  de  loi, 
et  l'on  verra  dans  la  suite  que  malgré 
les  succès  qui  couronnèrent  les  entre- 
prises de  ce  prince,  il  ne  s'en  départit 
jamais.  Qui  n'aurait  cru  que  des  propo- 
sitions aussi  raisonnables  seraient  bien 
accueillies  par  le  roi  de  Pologne  ?  Il  en 
fut  tout  le  contraire  cependant.  Le 
comte  Brîîhl  n'avait  que  son  projet 
en  tète.  Il  avait  fait  revenir  en  Saxe  le 
prince  de  Lorraine,  dans  l'intention  de 
joindre  cette  armée  à  celle  de  Rutowsky 
et  au  corps  du  i  omte  de  Griine  ;  Qer  de 
cef  "orces,  il  se  proposa  de  commettre 
le  ft^  i  de  son  roi  et  le  salut  de  sa  patrie 
à  la  fortune  d'un  combat,  sacriflant 
ainsi  tous  les  intérêts  qui  sont  sacrés 
pour  la  plupart  des  hoounes,  afin  de 
sa  vengeance  particulière. 


F Ateiaic  n. 

Villien»  se  rendit  à  la  cour  avec  l'air 
d'pn  homme  qui  annonce  une  bonne 
nouvelle;  il  demanda  audience  et 
ajouta  aux  propositions  dont  il  était 
diargé,  les  exhortations  les  plus  pathé- 
tiques, pour  porter  Auguste  à  éviter  les 
malheurs  qui  menaçaient  ses  peuples  et 
sa  personne.  Le  roi  lui  répondit  sèche* 
ment  qu'il  aviserait  h  ce  qu'il  y  aurait 
à  faire.  Brilhl  f  erpliqua  plus  clairement 
avec  le  ministre  anglais;  il  fit  sonner 
fort  haut  le  secours  qu'il  attendait  des 
Russes,  parla  avec  emphase  des  gran- 
des ressources  de  la  Saxe,  et  finit  par 
lui  dire  que  par  déférence  pour  le  roi 
d'Angleterre  il  ferait  délivrer  au  S' Vil- 
liers  un  mémoire  contenant  les  condi- 
tions auxquelles  le  roi  de  Pologne  pour- 
rait se  résoudre  à  faire  la  paix.  Le  len* 
demain  1*'  décembre,  le  roi  de  Polo- 
gne partit  pour  Prague,  et  les  deux 
princes  atnés  potir  Nuremberg.  Qael 
contraste  de  hauteur  et  de  faiblesse  ! 
Après  le  départ  de  la  cour,  un  des  con- 
seillers saxons  remit  au  sieur  Villiers 
€^  mémoire,  qui  confenatt  en  subs- 
tance :  que  le  roi  de  Pologne  accéde- 
rait à  la  convention  de  Hanovre,  à  la 
condition  qu'au  moment  même  les 
Prussiens  feraient  cesser  toute  hosti- 
lité, n'exigeraient  plus  de  contribu- 
tions, restitueraient  celles  qu'ils  avaient 
reçues,  évacueraient  la  Saxe  sans  plus 
différer,  paieraient  tous  les  dommages 
précédens  et  ceux  que  causerait  la  re- 
traite des  troupes.  Villiers  augura  mal 
d'une  paix  dont  la  Saxe  dictait  les  con- 
ditions avec  hauteur.  Il  envoya  ce  mé- 
moire au  rof.  en  l'assurant  des  bonnes 
intentions  di^  i  oi  d'Angleterre,  il  ajouta 
qu'il  ne  garantissait  pas  la  déclaration 
des  ministres  de  Saxe  ;  c'était  en  dire 
assez. 

Le  roi  fut  informé  en  même  temps 
que  le  prince  de  Lorraine  avait  passé 
l'Elbe  à  Leatmeritx,  et  qu'il  dirigeait 


L 


HISTOIBB  DK  HOK  TKMPS. 


fWt 


m  mcrdie  vers  Dre&ae.  En  combinant 
le  monvement  de  cette  armée  avec  la 
fuite  précipitée  da  roi  de  Pologne  et 
ceOc  de  se»  enfants,  il  paraissait  évi- 
demment qœ  Briihl  ne  voulait  point  la 
paix.  Pour  être  donc  plus  à  portée  d  V 
néantir  les  projets  d'ennemis  aussi 
acharnés,  le  roi  transporta  son  quartier 
à  Baotzen  et  M.  de  Lebwald  se  porta 
sor  Rcmigsbriîck  k  un  mille  de  Heissen. 
En  attendant,  sa  majesté  répondit  au 
sieor  Yilliers,  qu'elle  avait  fait  venir  le 
comte  Podewils  auprès  de  sa  personne, 
ppor  faciliter  tout  ce  qui  pourrait  con-) 
tribaer  i  la  paix;  qu'elle  se  flattait  que 
le  roi  de  Pologne  voudrai!  bien  égale- 
ment nommer  un  de  ses  ministres, 
pour  qu'on  pût  mettre  la  dernière  main 
à  cet  ouvrage  salutaire,  et  que  les  pré- 
liminaires signés  mettraient  fin  aux 
hostilités;  que  pour  Tarticle  des  four- 
rages et  des  contributions  dont  on  de- 
vait indemniser,  le  roi  pourrait  évaluer 
également  les  dégâts  que  les  troupes 
saionnes  avaient  faits  en  Silésie,  mais 
que  le  plus  sûr  serait  de  rayer  enti^^ 
ment  cet  article.  Le  roi  ajouta  qu*il 
espérait  que  les  ministres  de  Russie  et 
de  Hollande  voudraient  bien  se  rendre 
les  garans  de  ce  traité  de  paix,  il  se 
plaignit  du  départ  du  roi  de  Pologne 
comme  d'une  démarche  peu  aimable, 
injurieuse  k  sa  façon  de  penser,  et  de 
mauvaise  augure  pour  la  négociation 
entamée.  BriUil  avait  conduit  son  maî- 
tre i  Prague,  pour  l'obséder  plus  libre- 
ment, pour  l'empécber  de  voir  les  mal- 
heurs de  la  guerre  et  d'entendre  la 
Toix  de  sa  patrie  gémissante  ;  il  voulait 
le  maintenir,  par  le  secours  des  Autri- 
chiens,dAns  la  disposition  de  continuer 
la  guerre.  C'est  ainsi  que  Briihl  saol- 
fiait  tout  aux  intérêts  de  la  reine  de 
Hongrie* 

Le  roi  vit  bien  qu'H  ne  fUtadt  détor- 
na^  négocier  qu'à  ta  faveur  dit  victoi- 


res. Il  était  temps  de  reprendre  avec 
ardeur  les  opérations  de  la  campagne. 
La  Lusace  était  conquise;  tout  allait 
dépendre  des  entreprises  que  l'armée 
du  prince  d'Anhalt  pourrait  exécuter. 
Depuis  huit  jours  le  roi  n'avait  pasre^u 
de  lettres  de  ce  prince.  Cette  incerti- 
tude l'embarrassait  d'autant  plus,  qu'il 
n'y  avait  pas  un  moment  à  perdre  pour 
être  à  portée  d'agir  de  concert.  Le  pont 
de  Heissen  était  de  la  dernière  impor- 
tance ;  il  fallait  s'en  saisir  avant  que 
l'ennemi  pensât  à  le  ruiner;  mais 
M.  de  Lehwald  ne  pouvait  s'emparer  de 
la  ville  située  sur  la  rive  gauche  de 
l'Elbe,  qu'à  l'aide  du  prince  d'Anhalt. 
Faute  de  nouvelles,  le  roi  supputa  les 
jours  de  marches  de  ce  prince,  et  cal- 
cula qu'il  pourrait  arriver  à  Meissen  le 
8  ou  le  9  décembre  au  plus  tard.  Leh- 
wald s'y  rendit  vers  ce  temps-là  ;  le 
prince  d'Anhalt  n'arriva  point  :  la  ri- 
vière, qui  charriait  des  glaces,  empêcha 
M.  de  Lebwald  d'y  construire  un  pont 
avec  des  pontons  ;  tous  ces  inddens 
retardèrent  cette  expédition. 

Le  sieur  de  Villlers  qui  était  à  Pra- 
gue, expédia  un  courrier  au  roi,  dont 
les  déptehes  portaient, que  le  roi  de  Po- 
logne n'enverrait  aucun  ministro  avec 
des  pleins-pouvoirs  ;  que  bien  loin  delà 
il  attendait  de  nombreux  secours  de  ses 
alliés,  avec  lesquels  il  se  vengerait 
dans  réiectorat  de  Bandebourg  des  dé- 
gâts qu'il  prétendait  que  les  Prussiens 
avaient  faits  en  8axe  ;  qu'il  avait  pensé 
devoir  quitter  Dresde,  s'attendant  à 
être  moins  ménagé  encore  dans  une 
guerre  ouverte  qu'if  ne  l'avait  été  dans 
les  écrits  qui  Pavaient  précédée.  On 
voit  qu'il  s'agit  bien  plus  de  Briihl  dans 
ce  dernier  article  que  du  roi  mêaie.  Le 
roi  répondit  en  substance  au  sieur  Vit» 
tiers  :  qu'il  admirait  la  hauteur  et  l'in- 
fleiibilité  du  roi  de  Pologne  ;  que  saM 
avoir  d'animoiité  eOQtro  et  priMe,  V 


c 


FRÉDimC  II. 


était  impoBMbie  de  nourrir  une  armée 
de  quatre-vingt  mîUc  hommes  dans  un 
pays,  sans  lui  faire  éprouver  des  cala- 
mités; que  si  les  ennemis  avaient  en 
la  fortune  propice,  comme  elle  leur 
était  contraire,  ils  n'auraient  pas  usé 
d'autant  de  modération  dans  le  Bran- 
debourg que  le  roi  en  montrait  en 
Saxe;  qu'ils  auraient  tout  pillé,  brûlé, 
abîmé,  comme  on  en  avait  eu  des 
exemples  en  Silésie  :  mais  que  puisque 
le  roi  de  Pologne  voulait  la  guerre,  on 
la  loi  ferait  plus  vivement  que  Jamais. 
Le  9  arrivent  des  dépêches  du  prince 
d*Anhalt  datées  de  Torgau.  Il  mandait 
qu'il  avait  fait  deux  cents  prisonniers 
dans  cette  ville,  et  rejetait  la  lenteur 
de  sa  marche  sur  les  difficultés  d'amas- 
ser des  vivres  et  des  chariots  ;  c'étaient 
des  prétextes  pour  excuser  ses  délais  ; 
il  employa  neuf  jours  à  faire  neuf 
milles.  Sa  conduite  était  d'autant  moins 
excusable,  qu'il  avait  un  magasin  à  sa 
disposition  à  Hall,  qu'il  en  avait  pris 
un  aux  ennemis  à  Leipzig,  qu'il  n'avait 
point  d'ennemi  devant  lui,  et  que  par 
conséquent  il  était  mattre  des  fourra- 
ges, des  vivres,  des  chevaux  et  des  li- 
vraisons du  pays.  Sa  lenteur  ne  peut 
s'attribuer  qu'à  son  esprit  de  contra- 
diction et  à  son  ège  ;  il  n'aurait  pas  été 
fâché  do  faire  passer  l'expédition  de  la 
Lusace  pour  Iheureuse  étourdcrie  d'un 
jeune  homme;  il  affectait  un  air  de 
circonspection  e^  in  «agesse,  qui,  joint 
à  sa  longue  expérience,  devait  former 
un  contraste  avec  le  feu  que  le  roi 
mettait  dans  ses  opérations.  Le  prince 
d'Anhalt  ne  fut  point  loué  de  sa  len- 
teur. Le  roi  lui  écrivit  qu'elle  était  très 
préjudiciable  ou  bien  do  son  service, 
par  la  raison  qu'il  avait  donné  aux  Au- 
trichiens le  temps  de  se  joindre  aux 
Saxons  et  de  détruire  le  pont  de  Mois- 
sen;  ce  qui  rendait  la  jonction  des 


deux  armées  presque  impossible  ;  il  lui . 


enjoignit  d'user  de  diligence  poor  a^^ 
i  prêcher  le  plus  promptement  qtt*3 
pourrait.  Le  Prince  promit  dans  aa  ré- 
ponse qu*il  serait  le  12  décembre  à 
Mcissen.  Sur  cela  tous  les  quartiers fi^ 
rent  rassemblés.  Le  roi  ne  iaisat  qua 
quatre  bataillons  et  quelques  hussardl 
à  Zittau,  un  bataillon  à  Gœrlitz  et  deu 
à  Bautzen.  Ces  troupes  se  joignirent  lu 
13  à  Camentz,  à  l'exceptioD  de  M.  dt 
Ix'hwald.  qui  était  déjà  vis-à-vis  dt 
Meissen  ;  le  prince  d'Anhalt  y  arriva  lu 
12  ;  mais  la  garnison  saxonne  s'en  était 
sauvée  par  une  poterne,  et  avait  regn- 
gné  le  gros  de  l'armée.  Pendant  qai 

rinfanterie  du  prince  entrait  dans Ueia» 
son,  les  cavaliers,  qui  avaient  un  c1m<* 
mm  creux  a  traverser,  ne  le  passaieitf 
qu'un  à  un.  Les  deux  derniera  régi- 
mens,  savoir  les  dragons  de  Rcebl  al 
de  Uolstein,  mirent  pied  à  terre  pov 
attendre  leur  tour  ;  Sibilsky  s'en  «par» 
eut  ;  il  se  glissa  avec  ses  Saxons  dans  m 
bois  épais,  d'où  il  fondit  à  l'improvirtl 
sur  les  dragons  pnissiensi  leur  enleva 
deux  paires  de  timbales,  trois  éte»^ 
dards  et  cent  quatre-vingts  hommea  | . 
d'autres  escadrons  montèrent  a  cbeval, 
de  nouveau  chassèrent  l'ennemi  ;  mail 
l'alTron  t  était  reçu  et  le  remède  vint  trop 
tard.  Il  en  coûta  la  vie  au  général  RœUi 
qui  était  malade^  et  qui  suivait  la  ea- 
lonnc  en  carrosse.  Il  faut  convenir  qna 
le  froid  était  eicessif,  que  la  cavalôîa 
avait  été  douze  heures  à  cheval  ;  mais 
on  pécha  en  passant  un  boia  que  Ton 
n'avait  pas  fait  reconnaître  d'avanoa. 
Les  moindres  fautes  a  la  guerre  sont, 
punies,  car  l'ennemi  ne  pardonne  pMt 
Le  12  fut  employé  à  réparer  le  pont 
de  l'Elbe,  et  le  13  le  général  LehwaU 
se  joignit  au  prince  d'Anhalt.  < l'est  ca 
pont  do  Meissen  pour  lequel  on  crai« 
gnait  tant,  que  les  Saxons  auraient  dA 
détruire.  Mais  le  ministère  qui  domi- 
nait les  tf^éraux,  ne  oompranaît 


msTonm  ds 

qii*an  pont  peut  contribaer  à  b  perte 
d'un  pays  ;  ce  pont  était  en  partie  con  v 
trait  en  pierre  de  taille,  il  avait  coûté 
cent  cinquante  mille  écus  ;  on  ne  voulut 
jamais  consentir  qu'il  fût  démoli.  Le 
eenseil  était  composé  d*an  mélange  de 
pédana  et  de  parvenus.  Uenecke,  qui 
était  è  leur  tétc«  élevé  par  la  fortune 
de  l'état  de  valet  de  pied  au  grade  de 
miniatre,  joignait  eu  talent  d*un  finan- 
cier Tart  de  fouler  mi^odiquement  les 
a^eta.  Son  éconemie  fournissait  aui 
prodigalités  du  roi  comme  aux  dissipa- 
tîMS  de  SM  fiivori  ;  avec  ce  crédit  il 
geavemait  la  Saxe  ee  suiialterne  sous 
le  eemle  de  Bruhl  ;  de  lui  émanaient 
les  ordres  à  Tarmée,  il  en  dirigeait  les 
opérations,  et  c'est  à  son  incapacité 
qu'il  faut  attribuer  les  fautes  grossières 
des  généraui  aaioos  dans  cette  cam- 
pegee  d*liiver. 

L'erosée  du  roi  arriva  le  1&  A  Kœ- 
eigsbrncke,  et  à  force  d'oigeiilonner  le 
friece  d'AAhalt,  il  s'avança  le  mkne 
jour  A  Neustadti  où  les  troupes  furent 
oUiicées  de  camper  malgré  le  froid  per- 
lent qu'il  faisait  alors.  Le  prince  de 
Lomîee  était  arrivé  le  13  décembre 
avec  aee  areiée  auprès  de  Dresde.  11^ 
aeoke,  qui  réglait  tout,  étendit  si  fort 
les  quartiers  des  ▲utricbiens,  qu'il  leur 
émit  fdta  viogtrquetre  heures  pour 
te  rassembler.  Le  prinoe  de  Lorraine 
il  éas  eepréaentatioos  convenables 
r  qo'ae  nhange&t  cette  dîspositîm  ; 
Heeecke,  accoutumé  è  donner  la 
lel  eux  fcnEiiers  et  eux  traitaas.  n'en 
Ifnteecae  compte.  J>  prince  de  Lor- 
inon  qej  prévo^eit  que  le  comte  Ra«^ 
aiai^  étue  attaqué,  le  pria  de 
reveetirè  tempe  s'il  tvait  besoin  de  lui« 
fmn  iqe'îi  lui  faileit  du  temps  pour 
nBiaamMfr  aee  Éroopca  dispersées  ;  mais 
âasomte  pépoi»dM^*il  ««avait  pas  be- 
4e  motmiK  qu'il  était  essez  iort 
liJpiBle^'Si  4MCupait«  mt  «ne  j»^ 


I 


mtm  Tnpe.  ||^ 

mais  les  Prussiens  n'auraient  l'andaee 
de  l'attaquer.  Depuis  la  bataille  de  Fon* 
tenof  «  que  le  comte  de  Saxe  avait  ga- 
gnée par  la  supériorité  de  son  artillerie^ 
on  vit  beaucoup  de  généraux  suivre  . 
cette  méthode.  La  disposition  des  Au- 
trichiens à  la  bataille  de  Sorr  en  devait 
être  une  copie,  et  le  poste  que  le  comte 
Kutowsky  avait  à  Kesselsdorf  était  de 
même  modelé  sur  celui  4e  Fontenoy, 
La  différence  du  comte  de  Saxe  d  ies 
imitateurs  mit  de  la  diCércnoo  dans  ^ 
leurs  succès  ;  cependant  les  deux  ar^ 
mées  prussiennes  se  mirent  en  marcho  « 
celle  du  prince  d'Anhalt  pour  s'appro- 
cher des  ennemis,  et  celle  du  roi  pour 
passer  l'Elbe  A  Meissen.  Le  roi  fit  en- 
trer quatorze  bataillons  dans  celto  ville  ; 
le  reste  de  Tinfanterie  et  de  la  cavalerie 
était  cantonné  sur  la  rive  droite  de 
l'Elbe,  de  sorte  qu'au  besoin,  en  ras- 
semblant ses  troupes,  le  roi  pouvait  se- 
courir le  prince  d'Anhalt,  et  en  cas 
que  les  Autrichiens  eussent  passé  l'Elbe 
à  Dresde,  le  roi  leur  faisait  tète  de  ce 
côté. 

Il  reçut,  en  arrivant  à  Meissen,  une 
lettre  de  M.  Villiers,  qui  lui  apprenait 
que  le  dclabrcmeut  eitréme  des  aflai  - 
res  d*Au(çuste  III,  et  la  nécessité  où  il 
était  réduit,  l'avaient  cnGn  dclerniiné 
A  donner  les  mains  A  un  accommode- 
ment; que  Saul,  le  mercure  de  Driihl, 
allait  partir  pour  Dresde,  raoni  dlns- 
tructions  et  de  pleins- pouvoirs  pour 
les  mioisU^s,  afin  qu'ils  pussent  tra- 
vailler, avec  les  ministres  prussiens , 
au  rétablissement  de  la  paix  ;  que  la 
reine  de  Uon^ie  voulait  y  accéder 
aussi,  moyen  narit  quelques  adoucisse- 
mens  A  la  convention  de  Hanovre  ;  que 
lui,  Villiers,  se  rendrait  au  plus  tôt  A  • 

Dresde,  pour  intervenir  entre  les  par- 
ties au  cas  qu'il  en  fM  besoin,  et  ren- 
dre leur  récnnciliation  plus  facile.  Le 
iXM.av«t  è  imieecbei^  (le  lire  cet^ 


nilDfikic  u. 


lettre,  qu'on  vint  Tovertir  que  du  cAté 
de  Dresde  toute  l'atmosphère  parais- 
sait embrasée,  et  qu'on  entendait  le 
bruit  d'une  canonnade  terrible.  Le  roi 
se  douta  bien  que  le  prince  d'Anhalt 
était  engagé  avec  les  ennemis.  Incon- 
tinent la  cavalerie  eut  ordre  de  seller, 
rinfanterke  de  se  mettre  sous  les  ar- 
mes, et  je  roi  courut,  avec  une  cen- 
taine de  hussards,  sur  le  chemin  de 
Dresde.  Il  envoya  de  petits  partis  de 
tbus  côtés  ;  Tun  d'eux  lui  amena  six 
fuyards  du  corps  de  Sibilsky,  qui  as- 
surèrent que  les  Saxons  étaient  battus. 
Ce  qui  fit  ajouter  foi  à  leurs  discours, 
c'est  qu'on  ne  vit  paraître  aucun  Prus- 
sien, et  ce!a  serait  arrivé  si  les  affaires 
étaient  allées  mal;  mais  la  nuit,  qui 
survint,  obligea  le  roi  à  retourner  à 
Mcissen,  pour  ne  pas  s'exposera  quel- 
que affront,  satisfait  d'avoir  des  pro- 
babilités de  la  victoire  du  prince.  Si  la 
fortune  n'avait  pas  secondé  le  prince 
d'Anhalt,  le  roi  avait  résolu  de  rassem- 
bler ses  troupes  sur  les  hauteurs  de 
Meissen,  pour  aller  au-devant  des 
troupes  battues,  de  mettre  celles-ci  en 
seconde  ligne,  son  armée  en  première, 
d'attaquer  de  nouveau  les  ennemis,  et 
de  les  vaincre  à  quelque  prix  que  ce 
fût.  Le  prince  d'Anhalt  lui  épargna 
cette  peine  :  le  soir  même,  un  officier 
de  cette  armée  arriva,  et  rendit  compte 
au  roi  des  circonstances  suivantes  de 
cette  glorieuse  bataille. 

Le  prince  d'Anhalt,  ayant  décampé 
le  15  de  grand  matin,  avait  pris  par 
Wilsdruf  le  droit  chemin  de  Dresde. 
Ayant  passé  Wilsdruf,  ses  hussards 
donnèrent  sur  un  gros  de  hulans,  qu'ils 
poussèrent  devant  eux  jusqu'à  Kessels- 
dorf,  où  ils  aperçurent  toute  l'armée 
saxonne  rangée  en  ordre  de  bataille  ; 
ils  en  avertirent  incontinent  le  prince 
d'Anhalt.  Un  profond  ravin,  dont  en 
Mftains  «ndroits  le  fond  était  iparéea  - 


geux,  couvrait  le  front  des  ennemis; 
sa  grande  profondeur  est  du  c6té  do 
l'Elbe;  il  va  toujours  en  s'aplanissanf 
vers  Kesseldorf ,  et  se  perd  entièrement 
au-delà,  vers  la  forêt  du  Tamrot.  Les 
Saxons  avaient  appuyé  leur  gauche  à 
Kesselsdorf  ;  le  terrain  y  était,  comme 
je  l'ai  dit,  entièrement  uni.  Ce  village 
était  défendu  par  tous  les  grenadiers 
de  leur  armée  et  par  le  régiment  de 
Rutowsky  ;  nne  betlene  de  vingtr-qna- 
tre  pièces  de  canon  de  fort  calibre  en 
rendait  l'abord  meurtrier.  Le  corps  de 
Griine  était  à  l'aile  droite  de  cette  w^ 
mée,  qui  s'appuyait  à  Beneridi,  pro- 
che de  l'Elbe.  Ce  lien  était  inattaqna- 
ble,  à  can«e  des  rochers  et  des  préd* 
pices  qui  en  interdisent  TabOrd.  Arant 
la  bataille,  la  cavalerie  saxonne  était  à 
la  gauche  de  Kesselsdorf,  rangée  en 
ligne  avec  le  reste  de  l'armée,  la  gan  - 
che  vers  le  Tarrant  On  ne  sait  pour* 
quoi  le  comte  Rutowsky  la  déplaça,  et 
la  mit  en  troisième  ligne  derrière  son 
infanterie.  Lorsque  le  prince  d'Anhalt 
arriva  sur  les  lieux  avec  la  tète  de  son 
armée,  il  jugea  d'abord  que  le  succès 
de  celte  journée  dépendait  de  la  prise 
du  village  de  Kesselsdorf;  il  Gt  ses  ar- 
rangemens  pour  l'emporter.  Il  com- 
mença par  former  ses  troupes  vis-i-?ii 
celles  de  l'ennemi  ;  l'infanterie,  desti- 
née pour  donner  snr  le  village,  ftat 
mise  sur  trois  lignes,  et  tes  dragons  de 
Bonin  formèrent  la  quatrième.  Dès 
que  ses  troupes  furent  ainsi  disposées, 
trois  bataillons  de  grenadiers,  avec 
trois  de  son  régiment.  attaquèr«)nt  le 
village  de  front.  M.  de  Lehwaid  le  prit 
en  flanc  ;  vingt- quatre  canons,  chargés 
de  mitraille,  les  grenadiers  saxons  et 
le  régiment  de  Rutowsky  firent  recnler 
les  assaillans.  La  seconde  attaque  m 
fM  pas  plus  heureuse,  car  le  fea  était 
trop  violent  ;  mais  le  régiDent  de  R»» 
tcrwsU  sortit  du  fillaia  m  fMPnt 


msTona  w  son  temp5. 


901 


9iifre  les  Prussiens;  il  se  mit  donc 
defSDi  ses  batteries,  qc*il  empAdioit 
de  tirer  Le  prince  dAsIielt  profita  de 
ce  iBomeRl,  et  ordonna  an  colonet 
Loderiti,  qni  eommandaitles  dragons, 
de  cbarg«^.  Cdni-ci  fondit  alors  arec 
impétnosité  sor  les  Saxons;  tout  ce 
qui  résistif  fut  passé  an  fil  de  i'épée;  le 
reste  fui  ^ris.  L'iobnterie  s*enipara 
eo  même  iimpa  du  rillage,  y  entra  de 
tous  les  côtés,  et  prit  la  batterie  qni 
avait  rendu  ce  peste  si  fbmridable.  Le 
général  Lehwald  mit  le  oomUe  à  cette 
nctoire,  en  obligeant  toutes  les  trou- 
pes qfoi  avaient  défendu  le  village  a 
mettre  bas  les  armes.  Le  prince  d'An- 
hait  profita  de  ce  premier  succès  en 
habile  capitaine  ;  il  gagna  aussitôt  le 
flaoc  gauche  de  reunemi.  La  cavalerie 
de  sa  droite  renversa  d'un  seul,  choc  la 
cavalerie  saionne;  et  la  dissipa  de  ma- 
nière qu'elle  ne  put  se  rallier.  Tout 
prit  la  fuite  avec  asseï  de  promptitude 
pour  échapper  à  des  troupes  aoeoulu--* 
méesà  conserver  Tordra  et  à  vie  point 
le  débander.  La  ganche  des  Prussiens , 
sous  les  ordres  du  ^ince  Maurice ,  se 
caooona  avec  l'ennemi,  jusqu'à  ce  que 
k  village  de  Kesselsderf  fût  emporté; 
mais  impatiente  alors  d'avoir  part  à  la 
gloire  de  cette  journée,  die  marcha 
au  Saions  en  bravant  tous  les  obsta- 
des;  des  rochers  à  gsavir,  des  neiges 
qui  rendaient  le  terrain  glissant,  la  di^ 
ikoltè  d'assaillir  et  de  forcer  les  enne- 
mis qfû  combattaient  peur  leurs  foyers, 
tout  cela  fut  entrepris,  et  tout  céda  an 
courage  de%  vainqueurs.  Les  Saxons  et 
les  Autrichiens  furent  diassés  des  ro- 
chers <vc vpés  de  Benerich.  Les  Pma- 
[  nens  i  e  pnrent  conserver  ni  l'ordre 
des  halaihMa  ni  même  des  pelotons 
formés,  tant  cea  hauteurs  qu'ils  esc»^ 
ladaient  étaient  escarpées  :  la  cavale- 
lie  ennemie  les  Attaqua  ainsi  dispeiaés. 
I)  est  eeripin  4^e.si.lv  Sni<ms  avaient 


été  vaieureui ,  vniTontene  prussienne 
aurait  été  taillée  en  pièces  ;  mais  cette 
cavalerie  attaqua  si  moDement  et  fut  si 
mal  soutenue,  qu'après  qudques  d^ 
charges  que  les  Prussiens  firent  sur 
elle,  elle  disparut  et  céda  le  champ  de 
bataille  aux  vdoqueurs.  La  cavalerie 
de  la  ganche  des  Prussiens  n'avait  pu 
agir  pendant  tout  le  combat,  à  cause 
des  précipices impraticables  qui  la  sé- 
paraient des  ennemis;  le  prince  d*An* 
hait  l'envoya  k  la  poursuite  des  ftiyarda, 
sur  lesquels  M.  de  Gésier  fit  encore 
un  bon  nombre  de  prisonniers.  Le 
prince  d'Anhalt  donna  dans  cette  ac- 
tion de  grandes  marques  de  son  ex- 
périence et  de  sa  capacité.  Les  géné- 
raux, les  ofBeiers,  les  soldats,  tous  s'y 
distinguèrent  :  leur  succès  justifia  leur 
témérité.  Du  côté  des  Saxons,  il  resta 
trois  mille  morts  sur  la  place  ;  on  fit 
prisonniers  deux  cent  quinie  oBciers 
et  six  mille  cinq  centa  aoUats  ;  ils  per- 
dirent, de  plus^  cinq  drapeaux,  tmis 
étendards,  une  paire  de  timbales  et. 
quarante-huit  eanona.  Les  Prussiens 
eurent  quarante-un  ofliGiers  et  seiw 
cent  vingt-un  soldats  tués,  et  le  double' 
de  blessés. 

Si  nous  examinons  les  Ikates  com- 
mises des  deux  parts  dans  cette  ba- 
taille, nous  trouvons  premièrement 
que  le  comte  de  Rutowsky  n'avait 
pensé  dans  son  poste  qu'à  la  sAreté  de 
sa  droite  ;  la  gauche  était  en  l'air,  et 
l'on  pouvait  tourner  le  village  de  Kes- 
selsderf. Si  les  Prussiens  avaient  pfais 
pris  par  leur  droite,  le  prince  d'Anhalt 
aurait  pu  tourner  entièrement  le  vil* 
lage  et  remporter  à  moins  de  frais  ; 
mais  M  ne  faisait  que  d'arriver,  et 
n'ayant  pas  en  le  temps  de  reconnaî- 
tre le  terrain^  cela  seul  suffit  pour  lui 
servir  d'exense.  La  i^mi  grande  faute 
des  Saxons  ftit  sina  doute  de  sortir  du 
THh«a;emills 


pra  canon  d'agir  contre  les  Prussiens ,  ' 
et  c'était  leur  meilleure  défense.  Une 
faute  non  moins  considérable  fût  que 
lette  inftinterie,  postée  de  Keaselsdorf 
ï  Benericli,  n'était  pas  sur  la  crête  des 
hanteva,  mais  en  arrière  do  plus  de 
lent  pas,  de  sorte  qu'ils  ne  défendirent 
pas  avec  les  petites  ormes  le  passage 
ta  précipice  et  le  laissèrent  escalader, 
se  réservant  de  tirer  lorsque  l'ennemi 
aurait  vaincu  la  plus  grande  dilBculté. 
Mais  de  pareilles  remarques  peuvent 
avoir  lieu  sur  la  plupart  des  aetiona 
des  hommes;  ils  font  tous  des  fautes, 
parce  qu'aucun  d'eux  n'est  parfait ,  et 
si  nous  résumons  celles  qui  se  sont 
commises  dans  cette  bataille ,  c'est 
pour  que  la  postérité  apprenne  à  n'en 
pas  faire  d'aussi  grossières  que  ceilea 
des  Salons. 

Le  comte  Rutowsky  et  toute  son  ar- 
mée arrivèitnt  à  Dreade  en  pleine 
course;  ils  y  trouvèrent  te  prince  de 
liOcraîDeoceupé  à  rassembler  ses  trou- 
pes éparses.  Ce  dernier  offrit  an  comte 
d'attaquer  le  lendemain  les  Prussiens 
conjointement  avec  lui  ;  mais  le  Saxon 
en  avait  de  reste,  il  allégua  pour  ex- 
cuse que  son  infanterie  était  presque 
détruite,  q«*il  avait  perdu  dix  mille 
hommes,  qu'il  manquait  d'armes ,  de 
munitions,  et  que  ses  soldats  n'étaient 
pas  encore  revenus  de  lt;ur  terreur  ;  il 
ajouta  que  le  roi  de  Prusse  allait  se 
joindre  au  pnnoe  d'Anhalt,  que  Dresde 
manquait  de  provisions  de  bouche  et 
de  munitmis  de  guerre,  que  pour  sau- 
ver les  débris  de  Kesseisdorf,  il  fallait 
se  sauver  i  Zest,  village  voisin  des 
montagnes  qui  regardent  la  Bohème. 
Ce  projet  fut  exécuté.  Les  Saxons  éva» 
cuèrent  Dresde  et  n'y  laissèrent  que 
des  milices  ;  le  16,  ils  campèrent  au- 
prèa  de  Kceuîgstein  et  renvoyèrent 
leur  cwulerie  en  Bohème,  iiuite  de 
mtfwa  your  ia  wmifir  plus  lont^i 


temps  sur  le  territoire  saxon.  L'armée 
du  roi  avança  le  16  Jusqu'A  Wilsdiuf; 
le  17,  ses  troupes  formèrent  la  pr»* 
mière  ligne,  et  se  portèremC  «ur  la 
ruisseau  de  Plauen.  L'heureux  aueeli 
de  celte  expédition  fit  oublier  k  Im^ 
teur  que  le  prince  d'Anhalt  uvolt  tf» 
fectée  a  son  début  ;  la  journée  éè  Kaa» 
selsdorf  avait  jeté  un  beau  voile  mm 
cette  faute.  Le  roi  lui  dit  les  eiioaaa 
les  plus  flatteuses  sur  la  gloire  qnfV 
s'était  acquiae,  et  n'omit  rien  de  tt 
qui  pouvait  flatter  son  aqMmr-^pmpnSi 
Ce  prince  mena  le  roi  sur  le  chîonp  de 
bataille;  Ton  fui  moins  anrpria  dut  dfl^ 
ficultéa,  quoique  grandes,  q^e  les 
troupes  avaient  eu  A  surmonter,  «t 
du  nombre  considérable  dee  priao»-* 
niers,  que  de  voir  toute  cette  cmap^^ 
gne  couverte  d'habilans  de  ITrrairt, 
qui  venaient  tranquillement  à  ta  ra»» 
contre  dea  Prussiens.  Lorsque  le  mt 
traversa  la  Saxe  en  17U,  le  diue  4a 
Weiaseofeb  avait  jeté  dfx  baUHIiW 
dans  Dresde  ;  on  y  élevait  4ea 
ries,  on  Msait  des  coupuret  dum 
rues»  on  mettait  des  palissades  purtaal 
où  un  pieu  pouvait  entrer  en  tiemi 
aucun  Prussien  n'osait  mettre  le  pial 
dans  cette  capitale  ;  et  en  17A5,  le» 
que  le  roi  entra  dans  le  pays  à  la 
de  quatre-vingt  mille  hommes, 
les  troupea  saxonnes  venaient  d*Mn 
battues,  les  portes  de  Dresde  reatèrcil 
ouvertes,  et  les  princes  cadets  de  h 
famille  royale,  les  ministres,  les  eeu- 
seils  suprêmes  du  pays,  tout  se  relÉi 
à  discrétion.  Telles  sont  les  contra^f^ 
tions  dont  l'esprit  humain  mi  capoMe, 
quand  il  n'agit  pas  systéroatiqtiemeflt, 
et  lorsque  ceux  qui  le  gouvernent  mH' 
une  mauvaise  dialectique.  Il  est  vrri» 
semblable  que  la  ville  était  dépovtM 
de  provisions,  et  que  des  délibéfaOeaf 
confosa*  et  la  eooslemalion  qui  ré- 
gnait       X  las  wftindtÊUL  wilniiHua 


BIST01RB  DB 

dn  roi  de  Pologne,  causèrent  cet  aban- 
don général.  Les  princes  pouvaient  se 
sauver,  les  ministres  également;  il  n*y 
avait  qu^à  faire  quatre  milles  pour  ga- 
gner la  Bohème.  Une  chose  non  moins 
étonnante  est  que  ces  Saions,  qui  vou« 
laient  abandonnei  Dresde  y  jetèrent 
six  mille  honmoes  de  leurs  miliciens, 
dont  ils  auraient  pu  se  servir  pour  rc- 
eojDpléter  leurs  troupes.  BientAt  le  roi 
fit  occuper  le  faubourg  de  Dresde,  [.c 
commandant  fut  sommé  de  se  rendre  ; 
il  répondit  qne  Dresde  n*ctait  point 
une  place  de  guerre.  Les  ministres  en- 
voyèrent un  mémoire  qui  devait  tenir 
lieu  d'une  espèce  de  capitulation.  Le 
roi  en  régla  les  conditions  selon  son 
bon  plaisir.  Le  18,  les  Prussiens  cn- 
feteent  dans  la  ville.  La  milice  fut  df'- 
sannéeet  servit  à  recruter  les  troupes  ; 
oa  7  prit  quatre  cent  quinze  officiers 
et  qoinxe  cents  blessés  de  la  bataille 
de  Keasehdorf.  Le  roi  établit  son  quar- 
tier à  Dresde  avec  Tétat-major  des 
4mi  armée».  On  répandit  dans  le 
monde  les  bruits  les  plus  injurieux  au 
«^jet  daa  intentions  du  roi  sur  cette 
capitale.  On  disait  que  le  prince  d*An- 
linlt  avait  deouindé  le  pillage  de  Dres- 
dt  pour  son  armée,  à  laquelle  le  sac 
40  cette  ville  avait  été  promis  pour 
r^icourager  pendant  l'action.  Le  pcn- 
^^hut  des  hommes  à  la  crédulité  pou- 
vait seul  accréditer  de  telles  calomnies. 
iMwis  le  prince  d'Anhalt  n'aurait  osé 
Irire  an  roi  une  proposition  aussi  bar- 
atte |  et  d'ailleurs  ces  sortes  de  pro- 
omnes  peuvent  se  faire  à  des  troupes 
tediadplinées,  et  non  à  des  Prussiens , 
qoi  ne  cooibattent  qne  pour  l'honneur 
et  pour  ia  gloire.  Le  principe  de  leurs 
tnccès  doit  s'attribuer  uniquement  à 
rnmtntion  des  officiers  comme  i  l'o- 
àéiamnoe  dea  «oldata. 

A  peîM  le  roi  futjl  à  Dresde  qu'il 
randît  visite  aux  enfans  du  roi,  pour 


«OH  TUIPS.  M 

calmer  leur  crainte  et  les  rassurer  en- 
tièrement.Tl  tâcha  d'adoucir  leur  Infor* 
tune,  en  leur  faisant  rendre  scrupuleux 
sèment  tous  les  honneurs  qui  leur 
étaient  dus  :  la  garde  du  chAteaa  iîit 
même  mise  à  leurs  ordres.  1^  roirépon* 
dit  ensuite  au  sieur  Vtliiers,  qu'il  avait 
été  assez  étonné  de  recevoir  des  propo* 
sillons  de  paix  un  Jour  de  bataille ,  que 
pour  abréger  les  négociations  il  s'était 
rendu  lui-même  à  Dresde  ;  que  la  for- 
tune qui  avait  secondé  sa  cause,  Tavalt 
mis  en  situation  de  ressentir  vivement 
les  mauvais  procédés,  ia  duplicité  et  là 
];crfldie  dont  le  comte  de  Briîhl  avait 
fait  usage  dans  toutes  ses  négociations  ; 
qu'éloigné  cependant  d'avoir  une  façon 
de  penser  aussi  basse,  il  oflait,  mais 
pour  la  dernière  fols,  son  amitié  au  roi 
de  Pologne;  qu'il  attendait  que  les 
sieurs  de  Bulau  et  de  Rex  eussent  raça 
leurs  pleins-pouvoirs,  pour  qu'on  pût 
conclure  avec  eux  sans  autre  délai; 
qu'enfin  il  ne  se  départirait  en  rien  det 
engagoroens  qu'il  avait  pris  avec  le  roi 
d'Angleterre  parla  convention  de  Ua^ 
notre  ;  que  pour  lui,  loin  d'être  aveu- 
glé par  la  fortune,  il  ne  Imusserait  ni 
ne  baisserait  ses  prétenlion8,et  qu'ainsi 
la  reine  de  Hongrie  ne  devait  pas  s'at- 
tendre à  le  faire  changer  de  résotuUon  : 
le  roi  finit  en  recommandant  à  M.  de 
Villiers  de  lui  rapporter  exactement  le 
dernier  mot  dn  roi  de  Pologne,  afin 
que  dès  ce  moment  rien  ne  mit  d^ 
nouveaux  empèchemens  à  la  pacifica- 
tion de  rAllemàgne  et  du  Nord.  Bien- 
tôt le  roi  fit  frtviter  chez  lui  tous  les 
ministres  saxons;  il  récapitula  tout  ce 
qui  s'était  passé,  leur  exposa  avec  vé- 
rité SCS  aentimens  et  les  conditions  de 
paix  modérées  qu'il  ofl*rait  à  ses  enne- 
mis :  il  fut  assez  heureux  pour  les  con- 
vaincre que  ces  conditions  étaient  telles 
qu'ils  auraient  pu  les  souhaiter  ou  les 
dicter  eux-mêmes,  et  que  leur  roi  n'a-  ^ 


vait  d'autre  parti  à  prendre  que  àe  lei 
ligner.  On  fit  anssi  des  arraogemeiàs 
ponr  qne  les  troupes  observassent  un 
hrès  grand  ordre.  Le  roi  mit  dans  ses 
procédés  toute  la  douceur  possible,  afin 
|tte  ce  pays  voisin  et  malheureux  ne  se 
lessentlt  que  légèrement  des  fléaux 
d'une  guerre  dont  le  peuple  était  in- 
nocent. Poiur  s'accommoder  à  la  cou- 
tume, 00  chauta  dans  les  églises  le  Te 
Deum,  accompagné  d'une  triple  dé- 
charge de  l'artillerie  de  la  ville,  et  le 
soir  on  fit  représenter  l'opéra  d'Armi- 
nhis.  On  ne  fait  mention  de  ces  baga- 
telles qu'à  cause  des  anecdotes  aux- 
quelles elles  tiennent.  Tout  jusqu'à 
l'opéra  devenait  entre  les  mains  de 
Briihl  un  ressort  pour  gouverner  l'es- 
prit de  son  maître  ;  il  avait  fait  repré- 
senter la  clémence  de  Titus  au  sujet  de 
la  disgrâce  de  Sulkofsky  et  des  préten- 
dus crimes  que  le  roi  lui  pardonna.  Ar- 
minius  fut  joué  pendant  cette  dernière 
guerre  ;  ce  qui  devait  faire  allusion  au 
secours  qu'Auguste  III  donnait  à  la 
reine  de  Hongrie  contre  les  Français,  et 
les  Prussiens  qu'on  accusait  de  vouloir 
tout  subjuguer.  Les  louanges  flatteuses 
de  la  poésie  italienne,  rehaussées  du 
charme  de  l'harmonie,  et  rendues  par 
ie  gosier  flexible  des  chAtrés,  persua- 
daient au  roi  de  Pologne  qu'il  était 
l'exemple  des  princes  et  un  modèle 
l'humanité.  Les  musiciens  supprimè- 
^  lent  un  choeur  de  l'opéra,  qu'ils  n'psè- 
lent  produire  en  présence  des  Prus- 
tiens,  parce  que  les  paroles  pouvaient 
être  justement  appliquées  après  ce  qui 
venait  d'arriver  en  Saxe  ;  les  voici  : 

SuUê  rotine  aitrui  olxor  ntm  pemi  il  iofftto 
Coi^ekêaiioi&rgogêiêHàieêogiUvirtk. 

Les  chœurs  des  opéras  d'Auguste  va- 
laient  les    prologues   de    ceux    de 
Louis  XiV. 
Pendant  qu'on  chantait  à  Dresde  des 


Te  Deiun  af  des  opéras,  Hf .  de  VflUera, 
qu'on  y  attendait  avec  impatience,  ar- 
riva de  Prague  avec  les  pleins-pouvoirs 
et  toutes  les  autorisations  nécessaires 
aux  ministres  saxons  pour  conclure  la 
paix  :  il  fut  suivi  par  te  comto  Frédéric 
Harrach,  qui  venait  de  la  part  de  l'im- 
pératrice-reine  pour  le  même  sujet 
Lorsque  tout  se  préparait  à  Dresde  à 
pacifier  les  troubles  de  l'Allemagne,  le 
roi  reçut  la  réponse  suivante  de 
Louis  XV  à  la  lettre  touchante  qu'il 
lui  avait  écrite  de  Berlin  pour  lui  de- 
mander son  assistance.  Cette  réponse 
avait  été  minutée  par  ses  ministres  ;  le 
roi  n'avait  prêté  que  sa  main  pour  la 
transcrire,  la  voici  :  a  Monsieur  mon 
»  frère,  Votre  Majesté  me  confirme, 
»  dans  sa  lettre  du  15  novembre,  ce 
»  que  je  savais  déjà  de  la  convention 
a  de  Hanovre  du  26  août.  J'ai  dû  être 
»  surpris  d'un  traité  négocié,  conclu,  si- 
B  gné  et  ratifié  avec  un  prince  mon  en- 
»  nemi,  sans  m'en  avoirdonné  la  moin- 
»  dre  connaissance.  Je  ne  suis  point 
»  étonné  de  vos  refus  de  vous  prêter  à 
»  des  mesures  violentes  et  à  un  enga- 
»  gement  direct  et  formel  contre  moi  ; 
»  mes  ennemis  doivent  connatt]re  Votre 
»  Majesté.C'est  une  nouvelle  injure  dV 
»  voir  osé  lui  faire  des  propositions  in- 
»  dignes  d'Elle.  Je  comptais  sur  votre 
»  diversion  ;  j'en  faisais  deux  puissan-» 
»  tes  en  Flandre  et  en  Italie  ;  j'occupais 
»  sur  le  Rhin  la  plus  grosse  armée  die  h 
»  reine  de  Hongrie.  Mes  dépenses,  mes 
a  efibrts  ont  été  couronnés  des  plif 
»  grands  succès.  Votra  Majesté  eni 
»  fort  exposé  les  suites  par  le  tralli 
1»  qu'EIle  a  conclu  à  mon  insu.  Si  oetH 
»  princesse  y  avait  souscrit,  toute  so  i 
»  armée  de  Bohême  se  serait  subite* 
»  ment  tournée  contre  moi  ;  ce  ne  sont 
»  pas  là  des  moyens  de  paix.  Je  n'en 
»  ressens  pas  moins  l'horreur  du  péril 
»  que  vous  courex  :  rien  n^tatan  I'ûik 


mgTOlU  1>E  MO>  TKMPi. 


aotî 


M  patieiio0  de  vou^  savoir  en  sûreté,  et 
»  votre  tranquillité  fera  la  mienoe.Vo- 
»  tre  Majesté  est  en  force  et  la  terreur 
m  de  nos  ennemis,  et  a  emporté  sur  eux 
m  des  avantages  considérables  et  glo- 
m  rieux  ;  Thiver  avec  cela,  qui  suspend 
9  les  opérai::- N  militaires,  suffit  seul 
»  pour  la  défeni/e.  Qui  est  plus  capa- 
»  Me  que  Votre  Majesté  de  se  donner 

•  de  bons  eonseils  à  elle-même  ?  Elle 
»  n  a  qu*à  suivre  ce  que  lui  dictera  son 
9  esprit,  son  expérience,  et  par-dessus 
p  tout  son  honneur.  Quant  aux  secours 

•  qui  de  ma  part  ne  peuvent  consister 
»  qu'en  subsides  et  en  diversions,  j*ai 
j»  fait  toutes  celles  qui  me  sont  possi- 
9  blcs,  et  je  continuerai  par  les  moyens 
9  qui  assurent  le  mieux  le  succès. 
9  J'augmente  mes  troupes,  je  .ne  né- 
9  glige  rien ,  je  presse  tout  ce  qui 
»  pourra  pousser  la  campagne  pro- 
9  chaîne  avec  la  plus  grande  vigueur. 
9  Si  Votre  Majesté  a  des  projets  capa- 
9  blés  de  fortifier  mes  entreprises,  je  la 
»  prie  de  me  les  communiquer,  et  je 
9  me  concerterai  toujours  de  grand 
9  plaisir  avec  Elle,  etc.  »  D*abord  cette 
lettre  paraît  douce,  polie  ;  mais  quand 
on  considère  les  circonstances  fftcheu- 
ses  où  se  trouvait  le  roi  de  Prusse,  et  les 
différentes  négociations  avec  la  France 
qui  l'avaient  précédée,  on  y  remarque 
on  ton  d*ironie  d'autant  plus  déplacé, 
que  l'on  n'était  pas  convenu  de  rem- 
plir par  des  épîgrammes  les  engage- 
mens  réciproques  contractés  par  le 
traité  de  Versailles.  Dépouillons  cette 
lettre  de  tout  verbiage,  et  examinons 
ce  qu'eUe  dit  réellement  :  Je  suis  fort 
nché  que  vous  ayez  conclu  le  traité  de 
Hanovre  sans  m'en  avertir,  car  le 
prinee  de  Lorraine  reviendrait  en  Al* 
aeee,  si  la  reine  de  Hoojgrie  l'acceptait. 
Ne  Toyei-vous  pas  que  la  guerre  d'Italie 
et  de  Flandre  que  je  soutiens,  est  une 
Aversion  que  je  fais  en  votre  faveniT 


Car  je  n'ai  nul  intérêt  à  la  conquête  de 
la  Flandre,  et  rétablissement  de  mon 

• 

gendre  Don  Philippe  en  Italie,  me  tou- 
che peu.  Conti  sait  si  bien  contenir  les 
forces  principales  de  la  reine  de  Hod* 
grie  en  Allemagne,  qu'il  a  repassé  h 
Rhin,  .aissé  faire  un  "empereur  à  qui  l'a 
voulu  ;  que  Traun  a  pu  détacher  Gruns 
pour  la  Saxe  et  pourra  le  suivre  avec  h 
reste  de  ses  troupes,  si  la  reine  de  Hon- 
grie trouve  a  propos  de  l'employer  con- 
tre vous.  J'ai  fait  de  grandes  choses 
cette  campagne  :  on  a  aussi  parlé  de 
vous.  Je  plains  la  situation  dangereuse 
où  vous  vous  êtes  mis  pour  Tamour  de 
moi  ;  on  n'acquiert  de  la  gloire  qu'en 
se  sacrifiant  pour  la  France  ;  témoi- 
gnez  de  la  constance  et  souffrez  tou- 
jours ;  imitez  l'exemple  de  mes  autres 
alliés,  que  j'ai  abandonnés  à  la  vérité, 
mais  auxquels  j'ai  fait  l'aumône  lors- 
qu'on les  avait  dépouillés  de  toutes 
leurs  possessions.  Prenez  conseil  de  i§ 
votre  esprit  et  de  la  présomption  avec 
laquelle  vous  vous  êtes  ingéré  quelque- 
fois à  me  donner  des  avis  ;  vous  aurez 
sans  doute  assez  d'habileté  pour  vous 
tirer  d'embarras  ;  d'ailleurs  le  froid  de 
l'hiver  engourdira  vos  ennemis,  et  ils 
ne  pourront  vous  combattre.  Si  cepen- 
dant il  vous  arrivait  malheur,  je  vous 
promets  que  l'académie  française  fera 
l'oraison  funèbre  de  votre  empire,  que 
vos  ennemis  auront  détruit.  Votre  nom 
sera  placé  dans  le  martyrologe  où  se 
trouve  le  nom  des  ^nthousiastes  qui  se 
sont  perdus  pow  le  service  de  la 
France  et  celui  des  alliés  qu'elle  a  daS 
gné  abandonner»  Vous  voyez  que  j'ai 
fait  des  diversions  ;  je  "^^es  ai  offeil 
jusqu'à  un  million  de  hvres  de  subsides 
Espérez  beaucoup  dans  la  belle  camp» 
gne  que  je  ferai  l'été  prochain,  pool 
laquelle  je  prépare  tout  dès  à  préseatt  '  ^ 
et  comptez  que  je  me  concerterai  ^ee 
vous  sur  tous  les  sujets  oà  vous  foih 


flMmCTMW  MILITAIU 


qui  coinmandeiil  les  années  oii  des 
corps  séparés ,  d 'empocher  to  .d^^-r 
lion.  Ce  qui  se  Tait  :  ^^  v   i  1 

1*  En  évitant  des  camps  trop  près 
(i*un  bois  00  d'une  forêt,  si  la  raison 
de  $;ucrre  ne  l'exige  pas;  ^'*  il  • 

2  En  faisant  plusieurs  appela  par 
jour  ; 

3"  En  enT0jAM;4le|^|0Cll«rrré-' 
quentes  de  hussards,  qui  rodent  autour 
du  camp  ; 


\.i' 


k  i 


i  •  En  pbçant  pendant  la  nuit,  des   exacte.  On  dira,  peut-être,  que  le  oo- 


chasseurs  dans  les  blés,  et  en  d()ublant 
les  postes  de  cavalerie  à  l'entrée  de  la 
nuit,  pour  renforcer  la  chaîne  ; 

S*  Si  vous  ne  permettez  point  que 
le  soldat.se  débande,  et  si  l'oflîcier 
mène  sa  troupe  en  règle  à  l'eau  et  à  la 
paille  ; 

G'  En  punissant  rigoureusement  la 
mnraudc,  qui  est  la  source  de  tous  les 
désordres  ; 

7*  En  ne  faisant,  les  jours  de  mar- 
che, retirer  les  gardes  qui  sont  placées 
dans  les  villages,  que  quand  les  trou- 
pes ont  pris  les  armes; 

S""  En  défendant  sous  peine  rigoo- 
reose,  que  le  soldat  quitte  son  rang,  ou 
sa  division,  les  jours  de  marche  ; 

9^  En  évitant  de  faire  des  marches 
de  nuit,  si  des  raisons  Importantes  ne 
Teiigent  pas  absolument  ; 

10^  En  poussant  des  patrouilles  de 
hussards  à  droite  et  à  gauche,  lorsque 
l'infanterie  traversera  un  bois  ; 

11®  Si  vous  placez  les  officiers  à  l'en- 
trée et  s  la  sortie  d'un  dérdé,  qui  obli- 
gent les  soldats  de  reprendre  leurs 
rangs; 

i^  En  cachant  au  soldat  les  marches 
que  vous  éttU  obligé  de  faire  en  ar- 
rière, ou  vous  servant  d'un  prétexte 
spécieux  qui  puisse  le  flatter  ; 

iS^  En  ayant  toujours  attention  que 
k  aubfjataaoo  néoaaaaira  ne  maiigiie 


du  pain,  de  la  viande,  du  brai;. 
dalaitf^re,elç. 

>U*.  Qlifli^d  la  (flSsertloa  se  glisse  dans 
un  régiment  ou  dans  une  compagnie, 
il  faut  examiner  d'abord  la  raison  de 
ce  tnàl  ;'4'informer  si  le  soldat  a  en  son 
prêt,  si  on  lui  donne  les  autres  dou- 
ceurs accordées  ;  et  si  le  capitaine  n*esl 
pas  coiNMiWe  d%  quelyyfc  maiversa- 
tions.  Inie  fant'pas  wofA  taire  soi- 
gneusement observer  une  disdpiine 


^    jpMii»«tipi*onfottrni»emi&treii9eiiTides  eapnHes  de  quei^oei  ftftlw- 


lonel  yj)rètera  son  attention,  mais  cela 
ne  éumà  ^as.  Dans  une  armée,  tout 
doit  tendre  à  la  perfection,  pour  faire 
voir  que  tout  ce  qui  s'y  fait  est  l'ou- 
Vrage  flTfn'lOTl  homme. 

La  plus  grande  pnrUe  d*unc  armée 
est  composée  de  gens  indolens;  si  le 
général  n'est  pas  tonjcilifs  alCftâlif  à  ce 
qu'ils  fassent  leur  devoir,  cette  ma- 
chine, qui  est  arlificidlc  et  ne  peut  pas 
être  parfaite,  sera  bientôt  détraquée, 
il  n'aura  à  la  On  au'me  arméftdiscipK- 
née  en  idée. 

Il  faut  donc  s'aecoutMier  àlravaillar 
sans  relAche ;  rexpérienee deceux* qw 
n'y  manqueront  pas,  leur  fera  voir  qM 
c'est  une  chose  très  nécessaire,  et  qn^il 
y  a  tous  les  jours  à  réprimer  des  ébm 
qui  ne  sont  pas  aperças  de  ceux  qui  ne 
s'appliquent  pas  à  les  connaître. 

Cette  application  continuelle  et  pé- 
nible paraîtra  drue  k  un  général  ;  mais 
il  en  sera  assez  récompensé  par  la  s«ite. 
Quel  avantage  ne  remportera-t-il  pas 
avec  des  troupes  si  braves,  si  belles  et 
si  bien  disciplinées?  Un  général,  qui, 
chez  d'autres  natiens,  passera  pîtMur  un 
téméraire,  ne  sera  chez  nous  qoe  ce 
que  les  règles  ordinaires  exigent-  Il 
peut  hasarder  et  entreprendre  tout  oe 
que  les  hommes  sont  capables  de  met- 
tre  en  exécution.  Outre  que  les  soldats 
ne  souiErent  pas  antre  eux  det  canM- 


!■ 


r.\  ')":  viî'ssr. 


(1),  ce  que  !*cin  ne  relèverait  sûre- 
ment point  dans  d'autres  armées. 

i*al  ?u  des  officiers  et  de  simples 
soldats  dangereusement  blessés,  qui, 
nonobstant  cela,  ne  quittaient  pas  leur 
poste,  ni  ne  voulaient  pas  se  retirer 
pour  Taire  bander  leur  plaie.  Avec  des 
troopes  pareilles  on  ferait  la  conquête 
du  monde  entier,  si  les  victoires  ne 
leur  étaient  pas  aussi  fatales  qu'aux  on- 
Remis.  Car  vous  pouvez  entreprendre 
tout  avec  elles,  pourvu  que  vous  ne  les 
laissiez  pas  manquer  de  vivres.  Si  vous 
marchez,  vousdcvancerez  votre  ennemi 
par  la  vitesse.  Si  vous  l'attaquez  dans  un 
bois,  vous  l'y  forcerez.  Si  vous  leur  fai- 
tes grimper  une  montagne,  vous  en 
cbasserez  ceux  qui  y  font  résistance,  et 
alors  ce  n'est  plus  qu'un  massacre.  Si 
TOUS  faites  agir  votre  cavalerie,  elle 
passera  l'ennemi  au  fil  de  i'épée,  et  le 
détmira. 

Mais,eommeil  ne  suffit  pas  d'avoir  de 
bonnes  troupes,  et  qu'un  général,  par 
son  ignorance,  perd  tout  son  avantage, 
je  parlerai  des  qualités  d'un  général , 
et  donnerai  des  règles,  dont  en  partie 
j'ai  fait  I  expérience  à  mes  dépens,  et 
d*aatresque  de  grands  généraux  m'ont 
fottroies. 


ARTICLE  U. 

leb  MMstance  dea  troupes  ot  des  vivre» 
(feld-commissariai) . 

Certain  général  dit  que,  pour  bien 
établir  le  corps  d'une  armée,  il  faudrait 
commencer  par  le  ventre,  et  que  c'est 

1;  Les  Français  sont  U'è^  poinlillcux  sur  cet 
•ii>cle;suil<oul  leurs  grenadiers  ne  ^ou^^i^oI1l 
jimiis  I  nire  rux  un  camarade  soupçonné  de 
^'•^({w  faiblesse.  GéDéralemeut ,  touie>  les 
inupcs  Mes  dlacifllo^ei,  do  quelque  luiion 


là  la  base  et  le  fondement  de  toutes  lus 
opérations.  Je  ferai  deux  parties  de 
cette  matière.  Dans  la  première,  j'ex-- 
pliquerai  en  quels  endroits,  et  de 
quelle  façon  il  faut  établir  les  magasins  ; 
dans  l'autre,  je  démontrerai  comment 
il  faut  se  servir  de  ces  magasins,  et 
comment  il  faut  les  transporter. 

La  première  règle  est  d'établir  ton- 
jours  les  magasins  les  plus  considérables 
I  sur  les  derrières  de  votre  armée,  et, 
s'il  se  peut,  dans  une  place  fermée. 
Dans  les  guerres  de  Silésie  et  de  Bo- 
hême, nous  avons  eu  notre  grand  ma- 
gasin à  Breslau,  à  cause  de  la  facilité 
que  nous  donnait  l'Oder  de  rafraîchir 
ce  magasin. 

Quand  on  fait  des  magasins  à  la  tète 
de  l'armée,  on  risque  de  les  perdre  an 
premier  échec,  et  alors  on  est  sans  res- 
source ;  mais  si  vous  établissez  ces  ma- 
gasins l'un  derrière  Tautrc,  vous  fnitcs 
la  guerre  avec  prudence,  et  nn  petit 
malheur  ne  peut  causer  votre  ruine  en- 
tière. Pour  établir  des  magasins  dans 
la  Marche  électorale,  il  faudrait  choisir 
Spandau  et  Magdebourg.  Ce  dernier 
servira  à  cause  de  l'Elbe,  dans  une 
guerre  oflensive  contre  la  Saxe,  et  ce- 
lui de  Schweidnitz  contre  la  Bohème. 
Il  faut  avoir  grand  soin  de  choisir  de 
bons  commis  et  commissaires  des  vi- 
vres ;  car,  si  ces  gens-là  sont  ou  fourbes 
ou  voleurs,  l'État  y  perd  considérable- 
ment. Dans  cette  vue,  il  faut  leur  don- 
ner pour  chefs  des  hommes  de  probité» 
qui  les  examinent  de  près,  et  les  con- 
trôlent souvent. 

On  établit  les  magasins  de  deux  ma- 
nières. On  ordonne  à  la  noblesse  et  aux 
paysans  de  faire  charrier  aux  magasins, 
des  grains  qu'on  leur  paie  selon  la  taxe 
de  la  chambre  des  finances,  ou  qu'on 
leur  diminue  sur  les  contributions  im- 
posées. Si  le  pays  n*est  pas  abondan' 
en  fourrage,  on  fait  des  marchés  avrc 


vaÂttÊKii:  u. 


h  iNMt  ittéflie,  voWiM  <te  la  BoliteBe, 
eomme  tet  eerdes  de  HnMhberg,  de 
Btriegeu  et  de  Landsbat.  Mais  c'était  de 
cea  maux  qu'une  bonne  administration 
répare  fiicilement  La  Bohème .  et  la 
5aie  se  ressentirejt  également  du  sé- 
jour de  grandei  armées;  cependant 
rien  n'y  était  totalement  ruiné.  La 
ftlne  de  Hongrie  Ait  obligée  d'em- 
ployer tout  son  crédft  pour  se  procurer 
des  ressources  qui  la  missent  en  état  de 
continuer  la  guerre  :  elle  tirait  i  la  vé- 
rité des  subsides  de  la  nation  anglaise  ; 
niaisib  n'étaient  passuflBsans  pour  l'in- 
demniser des  sommes  qoe  lui  coûtaient 
les  q^tlons  de  ses  armées  en  Flan- 
dre, sur  le  Rhin,  en  Italie,  en  Bohème 
ei  en  Saxe.  La  guerre  coûta  au  roi  de 
Pologne  ai»delà  de  cinq  millions  d'é- 
eus.  Il  paya  ses  dettes  en  papiers,  en 
ccëa  de  nou? eaux  ;  car  Briîhl  possédait 
l'art  de  ruiner  méthodicpiement  son 
maitre. 

Le  roi  de  Prusse  donna  ses  premiers 
Miios  au  rétablissement  de  son  armée  ; 
il  la  recompléta  en  grande  partie  par  les 
prisonniers  autrifrhiens  et  saxons  dont 
il  avait  le  choix.  Les  troupes  furentainsi 


recrutées  aux  dépens  des  éiîfi^fipi^  4t 
U  n'en  coûta  que  sept  mille  hommes  i 
la  patrie  pour  réparer  les  pertes  que 
tant  dti  batailles  sanglantes  avaient  oc* 
casionnées.  Depuis  qu'en  Europe  l'ait 
de  la  guerre  s'est  perfectionné,  dqwîs 
quèf  la  politlqœasu  établir  une  cer- 
taine balance  de  pouvoir  entro  les  sou- 
verains, le  sort  coomuin  des  plus  gran- 
des entreprises  ne  produit  que  xaro* 
ment  les  eflëla  auxquels  on  devrait 
s'attendre  :  des  forces  égales  des  deu 
eûtes  et  ralteroative  des  pertes,  et  des 
succès  font  qu'à  la  fin  de  la  guerre  la 
plusarcharnée,  les  engagés  se  Irouveiit 
à  peu  près  dans  l'état  où  ils  étaient 
avant  de  l'entreprendre.  L'épuisement 
des  finances  produit  enfin  la  paix,  quî 
devrait  être  l'ouvrage  de  l'humanité  et 
non  de  la  uécessîté.En  un  mot,  si  la 
considération  et  la  réputation  des  ai^ 
mes  méritent  qu'on  fasse,  des  efforts 
pour  les  obtenir,  la  Prusse,  en  les  g%« 
gnant,  a  été  récompensée  d'avoir  enif» 
pris  cette  seconde  guerre;. mais  voiÎH 
tout  ce  qu!eile  y  acquit,  et  cette  fumés 
encore  lui  suscitait  des  envieux. 

i 


INSTRUCTION 


MILITAIRE 


DU  ROI   DE  PRUSSE 


FOUB  SES  CtltBlOl 


u 


J 


Se  bien  garder ,  s'entourer  d*un  réseau  impénétrable  de  survéil- 
lAoœ  qui  ne  permette  pas  à  Tennemi  d'obsenrer  ce  qui  se  passe  dans 
Yotre  camp,  dans  vos  lignes^  et  de  pressentir  ainsi  Toe  projets,  c'est 
l'un  des  premiers  devoirs  d'un  général. 

Le  grand  Frédéric  ne  pouvait  le  méconnattre  :  dans  ses  récits  de 
ï Histoire  de  mon  temps  et  de  la  guerre  de  sept  ans^  il  insiste  sur 
les  services  que  la  cavalerie  légère  autrichienne,  les  hussards  et  les 
pandours  ont  rendus  dans  les  armées  de  Marie-Thérèse.  Ce  prince 
Toulut  doter  son  armée  de  ces  immenses  avantages. 

Non  seulement  il  organisa  un  service  qui  répondit  à  ses  vues, 
mais  encore^  dans  sa  prévision,  il  rédigea  deux  instructions  spéciales. 

Lorsque  Frédéric  II  monta  sur  le  trône,  Tinfanterie  prussienne, 
formée  par  les  soins  soutenus  de  son  père,  était  réputée  Tune  des 
meilleures  de  TEurope.  L'artillerie  prussienne  jouissait  d'une  répu- 
tation méritée  ;  la  cavalerie  de  ligne,  et  surtout  la  cavalerie  légère, 
laissaient  à  désirer,  et  l'on  peut  remarquer  que  c'e^  avec  une  sorte 
de  timidité,  et  toujours  en  les  faisant  soutenir  par  de  l'infanterie  ou 
de  rartillerie,  que  le  roi  opposa  d'abord  ces  deux  armes  aux  armes 
ennemies  correspondantes.  C'est  ainsi  que  par  degrés  il  inspira  à  ses 
cavaliers  cette  confiance  sans  laquelle  on  ne  saurait  se  promettre  de 
beaux  résultats  :  les  soins  du  roi  furent  promptement  oouronnén 
l'un  plein  succès  :  les  deux  instructions  qu'il  a  laissées,  et  que  nous 
uous  faisons  un  devoir  de  reproduire,  y  ont  laidement  contribué. 


f 
^ 


DISCOURS 

Jk 

»U   ROI   DE  PRUSSI 

▲  SES  GENERAUX, 


ms  t  ■•▼hdmi  iifo*  thub  •■  !.▲  baiaiuji 


h  Toas  ai  assemblés,  Hessieurs,  dou  pas  pour  tous  demander 
Totre  avis,  mais  pour  tous  dire  que  j'attaquerai  demain  le  maréchal 
Dtim.  Je  sais  qu'il  est  dans  une  bonne  position  ;  mais  en  même  temps 
il  est  dans  un  cul-de-sac  ;  et  si  je  le  bats,  toute  son  armée  est  prise 
ou  aoyée  dans  TElbe.  Si  nous  sommes  battus,  nous  y  périrons  tous^ 
et  moi  le  premier.  Cette  guerre  m'ennuie  ;  nUe  doit  tous  ennuyeiP 
aussi  :  nous  la  finirons  demain.  Ziethen,  je  tous  donne  Taile  droite 
de  mon  armée  ;  votre  objet  sera,  en  marchant  droit  sur  Torgau,  de 
oouper  la  retraite  des  Autrichiens*  quand  je  les  aurai  battus  et  chas* 
sis  des  haotews  de  Siptitz. 


Le  roi  de  Prusse  attaqua,  le  8  noTembre,  à  la  pointe  du  jour;  le 
combat  ne  finit  que  le  soir.  Les  Autrichiens  repassèrent  l'Elbe  dans 
la  nutt  qui  suivit  la  bataille,  et  abandonnèrent  Toigau.  Landon 
quitta  la  Siièsie ;  l'armée  de  l'Empire  se  retira  en  Franconie;  lea 
Suédois  hiveriiérent  à  Stralsund,  et  les  Russes  re|[flgnliiol  U  Viitulei 


«•...Ji^J-iiU 


3l?,è  i;n    A(\    lOH     Ml 


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■  ■    .il. 


INSTRUCTION 


MILITAIRE 


00  AOI  D£  PRUSSE 


m  cteEBiVI. 


IW< 


AITICLBP; 


tu  tfMpef  pniMienBM,  de  leart  défliiits  et  de 
iean  anntegei. 

U  compeAioB  de  met  trwpeft  exige 
vne  attention  inûnîe  de  la  part  de  ceux 
VN  hs  eomaïaiideoL  U  faut  leiur  faire 
okienw  iMjwrê  la  diraplûie  la  (dus 
eucte,  6t«f<iirfniod  «oia  de  leur  coa* 
lervatiao  :  il  faut  aussi  qu'elles  soient 
nieiu  Boumes  q/nM  presque  toutes  les 
toopes  de  rSurii^pe. 

Nos  régioie&ssoiit  oomposés,  moitié 
(le  gens  du  paysi,  moitié  d'étrangers, 
fù  ont  été  enrôlés  pour  de  l'argent. 
Ces  deruiers,  n*ayaot  rien  qui  les  atta- 
die,  n'attendent  que  la  première  occa- 
9m  pour  quitter.  U  s'agît  donc  d'em- 
ptcberladésertion» 

Plusieun  de  nos  généraux  croient 
qu'au  homme  n'est  qu'un  homme,  et 
que  si  la  perte  ea  est  réparée^  cet 
^mm  n'a  point  d'influence  sur  la  to- 
talité; mais  on  no  saurait  faire  à  ce 
^V^t  une  juste  apphcatiop  des  autres 

fi  10  homme  jblen  f^ché  déserte,  et 


qu'il  soit  remplacé  par  un  antre  aussi 
bien  dressé,  la  chose  est  égale.  Mais,  si 
un  soldat  que  l'on  é  formé  pendant 
deux  ans  au  maniement  des  armes, 
pour  lui  donner  un  certain  degré  d'a- 
gilité, vient  à  déserter,  et  qu'il  soit 
i'emplacé  par  un  mauvais  sujet,  ou 
qu'il  ne  le  soit  point  du  tout,  cela  ti- 
É-era,  à  la  longue,  à  conséquence. 

Oii  a  vu  que,  par  la  négligence  des 
officiers  dans  le  petit  détail,  des  régi- 
knens  ont  peirdu  leur  irépula)ion,  et  se, 
sont  trouvés  diminués  par  la  désérliQu. 
ICette  perte  afTaiblit  rarmé(\  uaiis  te 
temps  oùH  cslhî  plus  héccssaît-e  qu'elle 
soit  complète.  Vous  perdrez  par  M  vos 
meilleiures  rorccs,  si  vous  n'y  apportez 
la  plus  grande  et  la  plus  prompte  At- 
tention, ^t  voua  ne  serez  pàâ  en  ^tat 
alors  de  suppléer  à  ce  défaut. 

Quoiqu'il  y  ait  grand  nombre  d?iom- 
mes  dans  moii  pays,  h  est  question  de 
savoir  SI  vous  eti  trouverez  beaucoup 
de  la  taille  de  mes  soldats  ;  bt,  supposé 
même  qu'il  y  en  eiit  àsse^,  sferont-îls 
d*atH)rd  dreâs^sT  c*est  éonc  fati  fles  ilfe- 
y6M\H  phli^  i^isehtiélé  dëé  t»f$hi&x 


I 

i 


OMSMTIM  MILITAIU 


k  i 


qui  commandeiil  les  années  on  des 
rorps  séparés,  d'eropAcliec  to  d^^T 
lion.  Ce  qui  se  fait  :  f^vàï 

1*  En  évitant  des  camps  trop  près 
d*un  buis  ou  d*une  rorèt,  si  la  raison 
de  {guerre  ne  Teiige  pas:  ^^  il  • 

2  £n  faisant  plusieurs  appels  par 
Jour  ; 

S' En  enTojMi;â^f)ai|of|l«rrré- 
queutes  de  hussards^  qui  rodent  autour 
du  camp  ; 

k* En  pliiçanl  pendant  la  nuit,  des 
chasseurs  dans  les  blés,  et  en  dqublaiit 
les  postes  de  cavalerie  à  Tentréér  de  ta 
nuit,  pour  renforcer  la  chaîne  ; 

5*  Si  vous  ne  permettez  point  que 


\.i' 


le  soldat.se  débande,  et  si  roffficier'  Vragte  (Pffn"TOtiI  homme. 


mène  sa  troupe  en  règle  à  Teau  et  à  la 
pnillc  ; 

G*  En  punissant  rigoureusement  la 
maraude,  qui  est  la  source  de  tous  les 
désordres  ; 

7*  En  ne  faisant,  les  jours  de  mar- 
che, retirer  les  gardes  qui  sont  placées 
dans  les  villages,  que  quand  les  trou- 
pes ont  pris  les  armes  ; 

8*"  En  défendant,  sous  peine  rigou- 
reuse, que  le  soldat  quitte  son  rang,  ou 
sa  division,  les  jours  de  marche  ; 

9^  En  évitant  de  faire  des  marches 
de  nuit,  si  des  raisons  importantes  ne 
l'exigent  pas  absolument  ; 

10^  £n  poussant  des  patrouilles  de 
hussards  à  droite  et  à  gauche,  lorsque 
l'infanterie  traversera  un  bois  ; 

11®  Si  vous  placez  les  officiers  à  ren- 
trée et  s  la  sortie  d'un  défdé,  qui  obli- 
gent les  soldats  de  reprendre  leurs 
rangs; 

12<»  En  cachant  au  soldat  les  marches 
que  vous  étél  obligé  de  faire  en  ar- 
rière, ou  vous  servant  d*un  prétexte 
spécieux  qui  puisse  le  flatter  ; 

13»  En  ayant  toujours  attention  que 
k  aabpiitaûoo  néoeaaaira  ne  mangue 


du  pain,  de  la  viande,  du  brat: 
delaltf^re,elç. 

HM  QlàBÊ\i  4a  (|6aertioii  se  glisse  dans 
un  régiment  ou  dans  une  compagnie, 
il  faut  examiner  d'abord  la  raison  de 
ce  mai  ;'4'informer  si  le  soldat  a  eu  son 
prêt,  si  on  lui  donne  les  autres  don- 
oeurs  accordées  ;  et  si  le  capitaine  n'est 
pa»  coumM  d%  quetam%  mtf  versa- 
Ubns.  Il^e  fanf  pas  wofA  taire  soi- 
gneusement observer  une  discipline 
exacte.  On  dira,  peut-être,  que  le  co- 
lonel y  prêtera  son  attention,  mais  cela 
n#  éuÉt^as.  Dans  une  armée,  tout 
doit  tendre  à  la  perfection,  pour  faire 
voir  que  tout  ce  qui  s'y  fait  est  l'ou- 


^    jMiiii,  #t  qu'on  fonrniase  aux  troiqieai  rades  capables  de  quefcpie»  ftttlai» 


La  plus  grande  pnrUc  d*une  armée 
est  composée  de  {;cns  indolens;  site 
général  n'e«t  pas  toujmirs  alfÉmif  à  ce 
qu'ils  fassent  leur  devoir,  cette  ma- 
chine, qui  est  arlificicllc  et  ne  peut  pas 
être  parfaite,  sera  bientôt  détraquée, 
il  n'aura  à  la  fin  du'une  arméadiseiplî- 
née  en  idée. 

Il  faut  donc  s'accoutumer  à  IravaAIœ 
sans  relâche  ;  retpérience  de'ceu  qui 
n'y  manqueront  pas,  leurfera  voirquê 
c'est  une  chose  tnfes  nécessaire,  tî  quHl 
y  a  tous  les  jours  à  réprimer  des  abup 
qui  ne  sont  pas  aperçus  de  ceux  qui  n^ 
s'appliquent  pas  à  les  connaftre. 

Cette  application  continueRe  et  pé- 
nible paraîtra  dure  à  un  général  ;  mais 
il  en  sera  assez  récompensé  par  la  suite. 
Quel  avantage  ne  remportera-t-il  pas 
avec  des  troupes  si  braves,  si  belles  et 
si  bien  disciplinées?  Un  générai,  qui, 
chez  d'autres  nathins,  passera  pour  un 
téméraire,  ne  sera  chez  nous  que  ce 
que  les  règles  ordinaires  exigent*  il 
peut  hasarder  et  entreprendre  tout  ce 
que  les  hommes  sent  capables  de  met- 
tre en  exécution.  Outre  que  les  soldati 
ne  soufGnent  pas.  entre  eux  des  canu- 


là  la  base  et  le  fondement  de  toutes  it*s 
opérations.  Je  Terai  denx  parties  oo 
cette  matière.  Dans  la  première,  j'ei-* 
piiquerai  en  quels  endroits,  et  de 
quelle  façon  il  faut  établir  les  magasins  ; 
dans  l'autre,  je  démontrerai  comment 
il  faut  se  servir  de  ces  magasins,  et 
comment  il  faut  les  transporter. 

La  première  règle  est  d*établir  ton- 
jours  les  magasins  les  plus  considérables 
Bemi3.  Car  vous  pouvez  entreprendre  !  sur  les  derrîôres  de  votre  urmée,  et, 
tout  avec  elles,  pourvu  que  vous  no  les  >  s'il  se  peut,  dans  une  place  fermée, 
laissiez  pas  manquer  de  vivres.  Si  vous  I  Dans  les  guerres  de  Silésie  et  de  Bo- 


tes {!),  ce  que  Yim  ne  relèverait  sûre- 
ment point  dans  d'autres  armées. 

J*ai  vu  des  officiers  et  de  simples 
soldats  dangereusement  blessés,  qui, 
nonobstant  cela,  ne  quittaient  pas  leur 
poste,  ni  ne  voulaient  pas  se  retirer 
pour  faire  bander  leur  plaie.  Avec  des 
troupes  pareilles  on  ferait  la  conquête 
do  monde  entier,  si  les  victoires  ne 
leur  étaient  pas  aussi  fatales  qu'aux  on- 


marchez,  vousde  vancercz  voti  e  ennemi 
par  la  vitesse.  Si  vous  l'attaquez  dans  un 
bois,  vous  l'y  forcerez.  Si  vous  leur  fai- 
tes grimper  une  montagne,  vous  en 
chasserez  ceux  qui  y  font  résistance»  et 
alors  ce  n'est  plus  qu'un  massacre.  Si 
vous  foites  agir  votre  cavalerie,  elle 
pas^ra  l'ennemi  au  fil  de  l'épée,  et  le 
détmira. 

Mais,commeil  ne  suffit  pasd'avoirde 
bonnes  troupes,  et  qu'un  général,  par 
son  ignorance,  perd  tout  son  avantage, 
je  parlerai  des  qualités  d'un  général , 
et  donnerai  des  règles,  dont  en  partie 
j'ai  fait  I  expérience  à  mes  dépens,  et 
d'autres  que  de  grands  généraux  m'ont 
foomies. 


ARTICLE  IL 

AehtaUisUnee  dei  troupes  et  des  Tlvre» 
(feld-Gommissaria  1) . 

Certain  général  dit  que,  pour  bien 
tlablirle  corps  d'une  armée,  il  faudrait 
commeocer  par  le  ventre,  et  que  c*est 

1;  Les  Français  sont  tré^  poiiiiilleux  sur  ccl 
û;.icic;sttilout  leurs  grenadiers  ne  ^ou^^ironl 
jiQiiif  rntre  eux  ufi  camarade  soupçonné  de 
qoelqne  faiblesse.  GénéralemeiK ,  toutes  les 
traifpcs  Mea  diad^oées*  de  quelque  nation 
«i'elMiISBieot, 


héme,  nous  avons  eu  notre  grand  ma- 
gasin à  Breslau,  à  cause  de  la  facilité 
que  nous  donnait  l'Oder  de  rafraîchir 
ce  magasin. 

Quand  on  fait  des  magasins  à  la  tète 
de  l'armée,  on  risque  de  les  perdre  an 
premier  échec,  et  alors  on  est  sans  res- 
source ;  mais  si  vous  établissez  ces  ma- 
gasins l'un  derrière  l'autre,  vous  faites 
la  guerre  avec  prudence,  et  un  petit 
malheur  ne  peut  causer  votre  ruine  en- 
tière. Pour  établir  des  magasins  dans 
la  Marche  électorale,  il  faudrait  choisir 
Spandau  et  Magdebourg.  Ce  dernier 
servira  à  cause  de  l'Elbe,  dans  une 
guerre  oOensive  contre  la  Saxe,  et  ce- 
lui de  Schwcidniti  contre  la  Bohème. 

Il  faut  avoir  grand  soin  de  choisir  de 
bons  commis  et  commissaires  des  vi- 
vres ;  car,  si  ces  gens-là  sont  ou  Tourbes 
ou  voleurs,  l'État  y  perd  considérable- 
ment. Dans  cette  vue,  il  faut  leur  don* 
ner  pour  chefs  des  hommes  de  probité, 
qui  les  examinent  de  près,  et  les  con- 
trôlent souvent. 

On  établit  les  magasins  de  deux  ma- 
nières. On  ordonne  à  la  noblesse  et  aux 
paysans  de  faire  charrier  aux  magasins, 
des  grains  qu'on  leur  paie  selon  la  taxe 
de  la  chambre  des  Gnances,  ou  qu'on 
leur  diminue  sur  les  contributions  im- 
posées. Si  le  pays  n'est  pas  abondan* 
en  fourrage,  on  fait  des  marchés  «vpf 


118 


». 


INSTACClIOiN   ihiiM.iTAIRB 


des  entrepreueun»,  pour  une  certaine  ! 
quantité.  C'est  au  commissariat  à  faire 
ces  marchés  et  à  les  signer. 

On  a  encore  des  bfttimens  construits 
exprès,  pour  transporter  les  farines»  et 
les  fourrages  par  les  canaux  et  les  ri- 
vières. 

11  ne  faut  jamais  se  servir  d'entre- 
preneurs que  dans  le  plus  grand  be- 
soin, parce  qu'ils  sont  plus  usuriers  que 
les  Juifs  mêmes  :  ils  font  augmenter  le 
prix  des  vivres,  et  les  vendent  extrê- 
mement cher. 

On  doit  toujours  établir  de  bonne 
heure  ses  magasins,  pour  être  pourvu 
de  toutes  les  provisions  nécessaires, 
lorsque  l'armée  sort  de  ses  quartiers 
pour  entrer  en  campagne. 

Si  vous  attendez  trop  long-temps,  la 
gelée  vous  empêche  de  les  faire  trans- 
porter par  eau,  ou  les  chemins  devien- 
nent si  mauvais  et  si  impraticables,  que 
vous  ne  sauriez  former  des  magasins 
qu'avec  la  dernière  dlilicullé. 

Outre  les  caissons  des  régimens,  qui 
portent  du  pain  pour  huit  jours,  le  com- 
missariat a  des  caissons  destinés  à  Irans  - 
porter  des  vivres  pour  un  mois. 

Mais,  s'il  y  a  des  rivières  navigables, 
il  faut  en  profiter,  car  ce  sont  elles 
seules  qui  peuvent  procurer  Tabon- 
dance  dans  une  armée. 

Les  caissons  doivent  être  attelés  de 
chevaux.  Nous  y  avons  aussi  employé 
des  bœufs,  mais  à  notre  désavantage.  Il  ! 
faut  que  les  vaguemestres  des  caissons 
fassent  bien  soigner  leurs  chevaux. C'est 
au  général  d'armée  à  y  tenir  la  main  ; 
ear,  par  la  perle  de  ces  chevaux,  on  di- 
minue le  nombre  des  caissons,  et  par 
conséquent  la  quantité  des  vivres. 

Il  y  a  encore  une  autre  raison,  c*est 
que  ces  chevaux  n'étant  pas  bien  nour- 
ris, n'ont  pas  assez  de  force  pour  sou- 
tenir les  fatigues.  Et  quand  vous  mar- 
cherez, vous  perdrez  non  seulement  vos  : 


chevaux,  mais  vos  caissmus,  et  jes  fari* 
nés  qu'ils  porteront.  I>e  par^lles  pertes, 
souvent  répétées,  peuvent uv^oger  les 
projets  les  mieux  concertés.  Il  faut 
qu'un  général  ne  néglige  aucun  de  ces 
détails,  qui  sont  fort  importans  pour 
lui. 

Dans  une  guerre  contre  la  Saxe,  il 
faut  se  servir  de  l'Elbe,  pour  faciliter 
le  transport  des  vivres,  et  eu  Silésîe,de 
roder.  En  Prusse,  vous  aurez  la  mer; 
mais  en  Bohême  et  en  Moravie,  on  ne 
peut  y  employer  que  le  charroi. 

On  établit  quelquefois  trois  et  qua- 
tre dépôts  de  vivres  sur  une  même  li- 
gne, comme  nous  avons  fait,  l'an  \7h% 
en  Bohême.  Il  y  avait  un  magasin  à 
Pardubitz,  un  à  Nienbourg,  un  à  Pod- 
jcbrod,  et  un  autre  a  Brandeiss ,  pour 
être  en  état  de  marcher  à  hauteur  de 
l'ennemi,  et  de  le  suivre  à  Prague,  en 
cas  qu'il  se  fût  avisé  d'y  aller. 

Dans  la  dernière  campagne  que 
nous  avons  laile  en  Bohême,  Breslau 
fournissait  a  Schweidnitz,  celui-ci  à 
Jaroinircz,  et  de  là,  on  transportait  les 
vivres  à  I  armée. 

Outre  les  caissons  de  vivres,  Tannée 
mène  encore  avec  elle  des  fours  de  fer, 
dont  le  nombre,  n'étant  pas  suffisant, 
a  été  augmenté.  A  chaque  séjour,  il 
faut  faire  cuire  du  pain.  Dans  toutes 
les  expéditions  qu'on  Veut  entrepren- 
dra, il  faut  être  pourvu  de  pain  ou  de 
biscuit  pour  dix  jours.  Le  biscuit  est 
très  bon,  mais  nos  soldats  ne  l'aiment 
que  dans  la  soupe,  et  ne  savent  pas 
bien  s'en  servir. 

Quand  on  marche  dans  uîi  priys  en 
nemi,  on  faille  dépôt  de  srs  farî-us 
dans  une  ville  voisine  de  Tarméc,  o;, 
l'on  met  garnison. 

Pendant  la  campagne  de  1745,  no- 
tre dépôt  de  farine  était  au  commen- 
cement à'Neustadt,  puis  à  Jaromircs, 
et  à  la  fin  à  Traatenau.  Si  noua  riom 


DU  UOl   HE   l»Ul    -K. 


919 


liions  plus  avancés,  nous  n'aurions  '  corto  à  une  lieue  en  avant  du  côté  de 
IrouYé  un  dépôt  assuré  qu  a  Pnrdii-  Tohr.^'ini.  r^ntië  inandeuvre  assurera  h 
kiti.  con\oi  el  le  aiasqucrâ. 

J'ai  fiut  faire  des  moulins  ii  bras 
poiD*  Aéqae  compagnie,  qui  leur  se- 


robl  fort  utiles ^  on  em^iioicra  à  ces  | 
mootitas  des  ^oMats,  qui  porleront  ta  ; 
farine  au  dépôt  et  y  recevront  le  paiii. 
Arec  cette  farine  «  vous  ménagerez 
Dan  feulement  vos  magasins,  mais  elle 
TOUS  fera  subsister  .  plus  long-temps 
dana  no  camp^  que ,  sans  cette  res- 
SQiffce,  vous  seriez  obligé  de  quitter. 
De  plus,  on  n*aura  pas  besoin  de  faire 
tant  de  convois,  et  on  fournira  moins 
d'escortes. 

En  parlant  des  convois,  j'ajouterai 
kî  ce  qui  concerne  cette  matière.  A 
proportion  de  ce  qu'on  a  à  craindre  de 
reuienii,  on  augmente  ou  diminue 
les  escortes.  On  fait  enirer  des  déta- 
cbemeos  diufantcrie  dans  les  villes 
ptf  où  passent  les  convois,  pour  leur 
donner  un  point  d'appui.  Souvent  on 
fait  de  gros  détachemens  pour  les  cou- 
vrir^ comme  cela  est  arrivé  en  Bo- 
hème. 

Dàm  tons  les  pays  de  chicane,  il 


ARttCLE  IlL 

De«  vivandiers  dfe  la  bièl^  éX  Hé  reàa-4le-vie. 

Si  \ô\ï?  voulez  (bire  quelque  entre- 
prise sur  Tenncmi,  il  faut  que  le  com- 
missariat fasse  ramasser  toute  la  bière 
et  reàu-rfe-vic  qu'on  trouvera  sur  la 
roule,  afin  que  l'armée  ti'en  manque 
point,  tùi  moins  dans  les  premiers 
jours.  Aussitôt  qtic  l'armée  entrera 
dans  un  pays  ennemi,  il  faut  se  saisir 
de  teuSlos  brasseurs  de  bière  et  d'cau- 
de  vte  qui  se  trouveront  dans  le  voisi- 
nage, et  surloùl  faire  brasser  de  l'eau- 
de-vîc,  afin  que  le  soldat  ne  manque 
pas  d'une  boisson  dont  (f  ne  peut  se 
passer. 

Pour  les  vivandiers,  îl  faut  les  pro- 
téger, particulièrement  dans  un  pays 
où  les  habitans  se  sont  sauvés  et  ont 
abandonné  leurs  maisons,  de  sorte 
qu'on  ne  peut  pas  avoir  des  denrées , 


faut  employer  l'infanterie  pour  l'escor-  i  même  en  payant.  Alors  on  est  eu  droit 
la  des  convois;  on  y  joint  quelques  |  de  ne  plus  ménager  les  paysans. 
hussards,  pour  éclairer  la  marche,  et  On  envoie  des  vivandiers  et  des  fem- 
pour  avertir  des  endroits  où  Tenncmi  '  mes  de  soldats  pour  chercher  toutes 
pourrait  être  en  embuscade.  J'ai  em-  sortes  de  léj^mes  et  du  bétail;  mais 
ployé  aassi  l'infanterie  préférabicment  en  même  temps,  il  faut  faire  attention 
à  la  cavalerie,  pour  en  former  des  es-  que  les  denrées  soietit  vendues  à  un 
oortes  dans  un  pays  de  plaine,  et  je ,  prix  raisonnable,  pour  qtie  le  soldat 
m'en  suis  bien  trouvé.  soit  en  état  de  les  payer,  et  qne  le  vi- 

i«  vous  renvoie  à  mon  règlement  >  vandier  trouve  un  profit  honnête. 
miUtaire  pour  ce  qui  concerne  le  dé-  ,  J'ajouterai  encore  ifi  que  le  soldat  a 
lail  des  escortes.  Un  général  d'armée  j  deux  livres  de  pain  f>ar  jour  et  deux 
lie  saurait  jamais  prendre  assez  de  '  livres  de  viande  par  semaine,  qu'il  re- 
{précautions  pour  assurer  ses  convois,  j  çoit  gratis  en  campagne.  C'est  une 
f4lM  bqone  r^le  pour  couvrir  tes  con-  ;  doucenr  que  te  pauvre  soldat  niérf  te 
▼ois  est  celle  d'envoyer  ^es  troupes  en  j  bien,  surtout  en  Bohème,  où  l'on  cou 
afwt  pour  faire  occuper  les  défilés  par  |  duit  la  guerre  conAie  dans  un  désert. 
M  le  convoi  passerai  et  do  pousser  l'es«  !  Quafiid  6n  fait  venir  de»  coofols  pour 


120 


nfirmucTioN  militaiu 


Tannée,  on  les  fait  suivre  par  qael- 
1068  troupeaux  de  bœub  destinés  à  la 
BDurriture  des  soldats. 


ARTICLE  lY. 
Dttfonmgct  an  Mc  et  an  mn. 

Le  fourrage  sec  est  de  l'avoine,  de 
l'orge,  du  foin,  de  la  paille  hachée,  etc. 
On  le  fait  transporter  au  magasin.  L'a- 
voine ne  doit  être  ni  moisie  ni  puante  ; 
ce  qui  donne  le  farcln  et  la  gale  aux 
chevaux,  et  les  affaiblit  tellement,  qu*à 
l'entrée  même  de  la  campagne,  la  ca* 
Valérie  n'est  pas  en  état  de  faire  le 
service.  La  paille  hachée  ne  fait  que 
remplir  le  ventre  aux  chevaux;  on  leur 
en  donne,  parce  que  c'est  l'usage. 

La  première  raison  qui  détermine  à 
fake  rassembler  le  fourrage  et  le  trans- 
porter au  magasin,  est  pour  prévenir 
l'ennemi  à  l'entrée  de  la  campagne,  ou 
quand  on  veut  faire  quelque  entreprise 
loin  de  là.  Mais  rarement  une  armée 
osera-t-elle  s'éloigner  de  ses  magasins, 
tant  qu'elle  est  obligée  de  donner  du 
fourrage  sec  à  ses  chevaux,  parce  que 
le  transport  est  trop  embarrassant  par 
le  nombre  nécessaire  des  voitures  qu'u- 
ne province  entière  ne  peut  souvent 
pas  fournir;  et  généralement  ce  ne 
sont  pas  les  moyens  dont  on  se  sert 
dans  une  guerre  offensive,  s'il  ù'y  a 
pas  des  rivières  par  lesquelles  on  puis- 
se transporter  les  fourrages. 

Pendant  la  campagne  de  Silésie,  j'ai 
nourri  toute  ma  cavalerie  de  fourrage 
sec  ;  mais  nous  ne  march&mes  que  de 
Strehla  à  SchweidnitE,  où  il  y  avait  un 
magasin,  et  de  là  à  Cracau,  où  nous 
étions  dans  io  voisinage  de  Brieg  et  de 
l'Oder. 

Quand  on  a  formé  le  dessein  de  fai- 
re une  ontreprist  pendant  l'hiver,  on 


fait  ficeler  du  foin  pour  cinq  joiirn , 
la  cavalerie  le  porte  sur  ses  chevnai . 
Si  on  veut  faire  la  guerre  en  Bohême 
ou  en  Moravie,  il  faut  attendre  le  temps 
du  vert,  sinon  vous  ruinerez  toute  vo* 
tre  cavalerie.  On  fourrage  les  herties 
et  les  blés  dans  les  champs,  et  quand 
la  moisson  est  faite,  on  fourrage  dans 
les  villages. 

Quand  on  entre  dans  un  eamp  où 
l'on  a  dessein  de  séjourner  quelque 
temps,  on  fait  reconnaître  les  fourra- 
ges, et  après  en  avoir  évalué  la  quan- 
tité ,  on  en  fait  la  distribution  pour 
le  nombre  des  jours  qu'on  veut  y  res^ 
ter. 

Les  grands  fourrages  se  font  tou- 
jours sous  l'escorte  d'un  corps  de  ca- 
valerie, qui  doit  être  proportionné  an 
voisinage  de  l'ennemi,  et  à  ce  qu'on  a 
à  craindre  de  lui.  Les  fourrages  se  font 
par  toute  l'armée  ou  par  ailes. 

Les  fourrageurs  s'assemblent  tou- 
jours sur  le  chemin  qu'on  veut  pren- 
dre ;  quelquefois  sur  les  ailes,  et  quel* 
quefois  à  la  tète  ou  à  la  queue  de  l'ar- 
mée. Les  hussards  ont  l'avanirgarde. 
Si  c'est  dans  un  pays  de  plaine,  la  ea^ 
Valérie  les  suit;  si  c'est  dans  un  pays 
coupé,  l'infanterie  marche  la  premièrô. 
L'avant-garde  précédera  la  marche  de 
la  quatrième  partie  des  fourrageurs, 
suivis  d'un  détachement  de  l'escorte  « 
toujours  mêlée  de  cavalerie  et  d'infan- 
terie ;  puis  une  autre  partie  des  fourra- 
geurs, suivis  d'un  détachement  do 
troupes  ;  et  puis  les  autres  dans  le  mô- 
me ordre.  Une  troupe  de  huasar'^- 
fermera  la  marche  de  l'arrièi  e-f  ardi  , 
et  aura  la  queue  de  toute  la  ootonoe. 

Nota.  Dans  toutes  les  escortes,  Vin 
fanterie  mènera  son  canon  avec  elle  • 
et  les  fourrageurs  seront  toujours  ar- 
més de  leurs  carabinea  et  de  feut 
épées. 

Lorsqu'on  sera  arrivé  à  Pendrait  eà 


PU  HOl   DIk  PJiUSU. 


ron  v«ut  foorrag-r,  nu  formera  une 
chaîne,  et  on  placera  rinrnnterîe  près 
des  villages,  derrière  les  haies  et  les 
(hemins  creux ,  on  mêlera  des  troupes  | 
de  cavalerie  avec  Finfanterie,  et  on  se 
ménagera  une  réserve,  qu'on  mettra 
au  centre  pour  être  à  portée  de  donner 
du  secours  partout  où  l'ennemi  pour- 
rait tenter  de  percer.  Les  hussards  es- 
rarmoucheront  avec  l'ennemi  pour 
famuser  et  pour  l'éloigner  du  fourra- 
ge. Quand  l'enceinte  des  troupes  sera 
placée,  alors  on  distribuera  par  régi- 
ment les  champs  aux  fourrageurs.  Les 
officiers  qui  les  commanderont  auront 
grande  attention  que  les  trousses  soient 
grandes  et  bien  liées. 

Quand  on  aura  chargé  les  chevaux , 
les  foorrageUTS  s'en  retourneront  au 
camp  par  troupes  sous  de  petites  es- 
cortes ;  et  lorsqu'ils  seront  tous  partis, 
les  troupes  de  la  diatne  s^assemble- 
ront  et  feront  l'arrière-garde,  suivies 
des  hussards. 

Les  règles  pour  les  fourrages,  dans 
les  village,  sont  à  peu  près  les  mê- 
mes. La  seule  différence  qu'il  y  ait  est 
que  l'infanterie  se  placera  autour  du 
wllage,  et  la  cavalerie  en  arrière,  dans 
UQ  terrain  propre  à  la  faire  agir.  On  ne 
fait  fourrager  qu'un  seul  village  à  la 
fois,  et  puis  un  autre,  afin  que  les 
troupes  de  la  chaîne  ne  soient  pas  trop 
dispersées. 

Tes  fourrages,  dans  un  pays  de  mon- 
tagnes, sont  les  plus  difBciles.  II  faut 
que  la  plus  grande  partie  de  leur  es- 
corte ne  soit  composée  jque  d'infante- 
rie et  de  hosnrds. 

Quand  on  occupera  près  de  l'ennemi 
un  camp^  où  Ton  veut  rester  quelque 
temps,  00  tâchera  de  s'emparer  des 
Ibumges  qui  sont  entre  les  deux 
camps;  puis  on  fourragera  à  deux 
lieues  à  la  ronde,  en  commençant  par 
les  champs  les  plus  éloignés,  et  ^ir- 


dant  les  plus  a  portée  pouries  derniers. 
Mais  si  c'est  im  camp  de  passage,  on 
fourragera  dans  le  camp  et  dans  le 
voisinage. 

Quand  on  fait  de  grands  fourrages 
au  vert,  je  ne  voudrais  pas  qu'on  em- 
brassât un  terrain  trop  étendu,  mais 
qu'on  fourrageât  plutôt  deux  fois  con- 
sécutives. De  cette  manière,  votre 
chaîne  sera  plus  resserrée,  et  vos  four- 
rageurs seront  plus  à  couvert  ;  au  lieu 
que  si  vous  occupez  un  terrain  trop 
spacieux,  vous  affaiblirez  votre  chaîne, 
de  sorte  qu'elle  courra  risque  d'être 
forcée. 


ARTICLE  y. 

De  la  coimaiMaoce  dn  pays. 

Il  y  a  deoi  façons  de  prendre  con- 
naissance d'un  pays  La  première,  et 
par  où  il  faut  commencer,^  est  celle 
d'étudier  exactement  la  carte  de  la 
province  où  l'on  veut  faire  la  guerre, 
et  de  bien  se  pénétrer  des  noms  des 
grandes  villes,  des  rivières  et  des  mon- 
tagnes. 

Quand  on  s'est  formé  une  idée  gé- 
nérale du  pays,  alors  il  faut  passer  â 
une  connaissance  plus  détaillée»  pour 
savoir  par  ou  passent  les  grands  che- 
mins, comment  sont  situées  les  villes, 
et  tà  on  peut  les  défendre,  en  les  ac- 
commodant un  peu  ;  de  quel  cAté  on 
peut  les  attaquer,  en  cas  que  l'ennemi 
s'en  soit  rendu  maître ,  et  combien  U^ 
faut  y  mettre  de  garnison  pour  les  dé« 
fendre. 

Il  faut  avoir  les  plans  des  villes  for- 
tiOées,  pour  en  connaître  la  force  et 
les  endroits  faibles.  Il  faut  avoir  le 
cours  des  grandes  rivières  et  leur  pro- 
fondeur, jusqu'où  elles  sont  naviga-« 
blés,   et    où    l'on   peut   les   paftier 


S33 


tlfSTBITCTIOll  MILITAIBS 


a  gaé.  n  faut  savoir  encore  quelles 
rivières  sont  impraticables  au  prin- 
temps et  sèches  en  été.  Cette  connais- 
sance doit  s*étcndre  même  jusqu'aux 
principaux  marais  du  pays. 

Dans  un  pays  plat  et  uni,  il  faut  dis- 
tinguer les  contrées  fertiles  de  celles 
^i  sont  stériles,  et  savoir  quelles  mar- 
ches l'ennemi  peut  faire,  et  celles  que 
nous  ferions  pour  aller  d'une  grande 
ville  ou  d'une  rivière  à  l'autre.  Il  faut 
aussi  faire  lever  les  plans  des  camps  que 
Ton  peut  prendre  sur  celte  route. 

On  a  bientôt  reconnu  un  pays  plat 
et  ouvert  ;  mais  il  est  bien  plus  diffi- 
cile de  reconnaître  un  pays  couvert  et 
montagneux,  la  vue  étint  bornée. 

Pour  se  ccuicîlier  ce^t^  connaissance 
importante,  on  se  transporte,  la  carte 
à  la  main,  sur  les  hauteurs,  emmenant 
avec  soi  des  gens  âgés  des  villages  les 
plus  voisins,  des  chasseurs  et  des  ber- 
gers. S'il  y  a  une  montagne  plus  éle- 
vée que  celle  où  l'on  est,  on  s'y  trans- 
portera pour  prendre  une  idée  du  pays 
qu'on  y  peut  découvrir. 

H  faut  s'informer  de  tous  les  che- 
mins ,  pour  savoir  non  seulement  en 
combien  de  colonnes  on  pourra  mar- 
cher, mais  encore  pour  former  des 
projets,  et  voir  par  quel  chemin  on 
pourrait  arriver  et  forcer  te  camp  de 
l'ennemi,  s'iKen  vient  prendre  un  dans 
^es  environs,  ou  de  quelle  manière  on 
pourrait  se  mettre  sur  son  flanc,  s'il 
venait  à  changer  de  position. 

Un  des  principaux  objets  est  de  re- 
connaître les  situations  où  l'on  peut 
prendre  des  camps  défensifs,  pour  s'en 
servir  en  cas  de  besoin,  de  même  que 
}es  champs  de  bataille  et  les  postes  que 
Tennemî  pourrait  occuper. 

Il  faut  se  former  une  juste  idée  de 
toutes  ces  connaissances,  comme  aussi 
des  postes  les  plus  considérables,  des 
(gorges,  des  principaux  défilés  et  des 


positions  avantageuses  de  tout  le  pajt. 
et  bien  réfléchir  sur  toutes  les  opéra- 
tions qu'on-pourrait  faire,  afin  de  n'é-* 
tre  pas  embarrassé  quand  on  sera  oUi- 
gé  d'y  porter  la  guerre,  ayant  d'avaace 
un  plan  de  tous  les  arrangemens  qu'il 
faudrait  prendre  alors. 

Ces  réflexion^  doivent  être  bien 
combinées  et  mûrement  digérées*  II 
faut  y  e^nployer  tout  (e  temps  qu*uoe 
matière  aussi  impQrta^Uo  ?lige,  et  si 
Ton  n'y  réussît  pa^  à  |a  prçifpière  fois, 
il  faut  y  retourner  une  sçcqn/le  fois  et 
examiner  tout  exî^ctement. 

C'est  encore  une  règle  générale^  qae 
tous  les  camps  qu'on  va  choisir,  soit 
pour  l'ofleusive,  soit  pour  la  défepsive, 
doivent  être  à  portée  de  l'eau  et  da 
bois ,  et  que ,  le  front  fermé  et  bien 
couvert,  les  derrières  en  soient  encore 
libres. 

S'il  est  nécessaire  de  prçp4^e  con- 
naissance d'un  pays  voisici,  et  que  les 
circonstances  ne  permettent  pas  de  le 
faire  de  la  manière  ci-dessus,  il  (aat  y 
envoyer  des  officiers  habiles,  sous  tou- 
te sorte  de  prétextes,  et  même  les  fai- 
re travestir,  si  on  ne  peut  s'en  dispen- 
ser. On  les  instruira  ^e  tout  ce  qu'ils 
doivent  observer,  et,  à  leur  retour^  on 
notera  sur  une  carte  tous  les  endroits 
et  les  camps  qu'ils  ont  reconnus  ;  mais 
lorsqu'on  peut  voir  soi-mëq^e,  il  n*en 
faut  jamais  donner  la  commission  à 
d'autres. 


ARTICLE  ¥1. 

Le  coup-d'(çil,  prSPH^epI  ^,  «a 
réduit  à  deux  points.  Le  premier  est 
d'avoir  le  talent  de  juger  combien  on 
terrain  peut  contenir  de  troupes.  Cesl 
une  habitude  qu'on  n'acquiert  que  par 


Se  bien  garder ,  s^entourer  d*un  réseau  impénétrable  de  surveil- 
lance qui  ne  permette  pas  à  Tennemi  d^observer  ce  qui  se  passe  d«iii« 
votre  camp,  dans  vos  lignes^  et  de  pressentir  ainsi  Toe  projets,  c'est 
l'un  des  premiers  devoirs  d'un  général. 

Le  grand  Frédéric  ne  pouvait  le  méconnaître  :  dans  ses  récits  do 
V  Histoire  de  mon  temps  et  de  la  guerre  de  sept  ans  ^  il  insiste  sur 
les  services  que  la  cavalerie  légère  autrichienne,  les  hussards  et  les 
pandours  ont  rendus  dans  les  armées  de  Marie-Thérèse.  Ce  prince 
voulut  doter  son  armée  de  ces  immenses  avantages. 

Non  seulement  il  organisa  un  service  qui  répondit  à  ses  vues, 
mais  encore^  dans  sa  prévision,  il  rédigea  deux  instructions  spéciales. 

Lorsque  Frédéric  II  monta  sur  le  trône,  l'infanterie  prussienne, 
formée  par  les  soins  soutenus  de  son  père,  était  réputée  l'une  des 
meilleures  de  TEurope.  L'artillerie  prussienne  jouissait  d'une  répu- 
tation méritée  ;  la  cavalerie  de  ligne,  et  surtout  la  cavalerie  légère, 
laissaient  à  désirer,  et  Ton  peut  remarquer  que  c'est  avec  une  sorte 
de  timidité,  et  toujours  en  les  faisant  soutenir  par  de  l'infanterie  ou 
de  TartiUerie,  que  le  roi  opposa  d'abord  ces  deux  armes  aux  armes 
ennemies  correspondantes.  C'est  ainsi  que  par  degrés  il  inspira  à  ses 
cavaliers  cette  confiance  sans  laquelle  on  ne  saurait  se  promettre  de 
beaux  résultats  :  les  soins  du  roi  furent  promptement  eouronnén 
(i*un  plein  succès  :  ies  deux  instructions  qu'il  a  laissées,  et  que  nous 
nous  faisons  un  devoir  de  reproduire,  y  ont  largement  contribué. 


t 


'V 


INftTAUCTlON  MIUTAUU 


it  Mm  feu,  il  pulMe  rallier  sa  caTalerie, 
alon  il  faudra  changer  sa  disposition , 
et  mettre  à  rextrémité  de  ses  ailes  de 
rinfantcrie,  pour  qu'elle  soutienne  à 
son  tour  la  cavalerie. 

Quelquefois  on  porte  toute  sa  cava- 
lerie sur  une  de  ses  ailes,  quelquefois 
on  la  place  en  seconde  ligne  ;  dans  un 
autre  temps,  on  ferme  les  ailes  de  la 
cavalerie  par  une  ou  deux  brigades 
d'infanterie. 

Les  postes  les  plus  avantageux  pour 
une  armée  sont  les  hauteurs,  les  ci- 
metières, les  chemins  creux  et  les  fos- 
sés. Si  on  en  sait  tirer  avantage  pour 
la  disposition  de  ses  troupes,  on  ne 
doit  jamais  craindre  d'être  attaqué. 

Si  vous  placez  votre  cavalerie  der- 
rière un  marais,  elle  ne  vous  sera 
d'aucun  usage;  et  si  vous  la  mettez 
trop  piès  d'un  bois,  l'ennemi  y  peut 
avoir  des  troupes  qui  fusilleront  votre 
cavalerie,  et  la  mettront  en  désordre 
sans  qu'elle  puisse  se  défendre.  Le 
même  inconvénient  arrivera  avec  vo- 
tre infanterie,  si  vous  l'aventurez  dans 
une  plaine  sans  assurer  les  flancs;  car 
l'ennemi  ne  manquera  pas  de  profiter 
de  votre  faute  pour  attaquer  cette  in- 
fanterie du  cAté  où  elle  ne  pourra  pas 
se  défendre. 

n  faut  se  réf^er  toujours  sur  le  ter- 
rain où  l'on  est.  Dans  un  pays  monta- 
gneux, je  placerai  ma  cavalerie  en  se- 
conde ligne«  et  je  ne  m'en  servirai 
dans  la  première  que  dans  les  endroits 
(vopres  pour  la  faire  agir,  hormis  quel- 
c|nes  escadrons,  pour  prendre  en  flanc 
Tinfanterie  ennemie  qui  viendrait  m'at- 
taquer. 

Cest  une  règle  générale,  que  dans 
toutes  les  armées  bien  menées,  on 
forme  une  réserve  de  cavalerie,  si  c'est 
dans  un  pays  de  plaine,  et  une  réserve 
d'infanterie,  mêlée  de  quelques  esca- 
drons de  dragons  et  de  hussards,  si 


c'est  dans  un  pays  <soupé  et  de  obi- 
cane. 

L'art  de  distribuer  les  troupes  sur 
leur  terrain  est  de  savoir  les  placer  de 
façon  qu'elles  puissent  agir  librement 
et  être  utiles  partout.  Yilleroi,  qui 
ignorait  peut-être  cette  règle,  se  priva 
hii-mêmc,  dans  la  plaine  de  Ramillies, 
de  toute  son  aile  gauche,  Tayant  pla- 
cée derrière  un  marais,  où  elle  ne 
pouvait  ni  manœuvrer,  ni  porter  da 
secours  à  son  aile  droite. 


ARTICLE  TIIL 
Daietnps. 

Pour  savoir  si  vous  avez  bien  choiii 
votre  camp,  U  faut  voir  si,  par  un  pe- 
tit mouvement  que  vous  ferez,  voua 
forcerez  l'ennemi  d'en  faire  un  grand  ; 
ou  si,  après  une  marche,  il  sera  con- 
traint d'en  faire  encore  d'autres.  Ceux 
qui  en  feront  le  moins  seront  les  mieux 
campés. 

Un  général  d'armée  doit  choisir  lui- 
même  son  camp,  puisque  le  succès  de 
ses  entreprises  en  dépend,  et  qu'il  de- 
vient souvent  son  champ  de  bataille. 

Comme  il  y  a  beaucoup  d'observa- 
tions à  faire  sur  cette  partie  de  hi 
guerre ,  j'entrerai  dans  quelques  dé- 
tails à  ce  sujet,  sans  dire  toutefois  com- 
ment les  troupes  doivent  être  placées 
dans  leur  camp  ;  relativement  à  ce  der- 
nier objet,  je  m'en  tiendrai  à  ce  que 
j*ai  dit  dans  mon  règlement  militaire  ; 
je  ne  parlerai  que  des  grandes  parties, 
et  de  ce  qui  regarde  le  général  même. 

Tous  les  camps  ont  deux  objets; 
l'un  est  la  défensive,  et  l'autre  rofTen  - 
sive.  Les  camps  où  une  armée  s'assem- 
ble sont  de  la  première  classe  ;  on  n'y 
fait  attention  qu'à  hi  commodité  des 
troupes.  Elles  doivent  être  campées 


OV  EOâ  U  PEDfSS. 


9^ 


par  pettlB  coqM«  à  portée  da  magasin , 
mais  de  manière  qu'elles  paissent  en 
peu  de  temps  se  former  en  bataille  ;  et 
comme  ces  sortes  de  camps  sont  ordi- 
nairement loin  de  Tennemi,  on  n*en  a 
neo  à  craiL>dre.  Le  roi  d'Angleterre, 
qui  »  sans  prendre  celte  précaution , 
était  venu  ^  ^««^per  imprudemment 
8Qr  le  bord  du  ji^^in,  vis^^-vis  de  Tar- 
mée  française,  courait  risque  d'être 
battu  à  Dettingen. 

La  première  règle  qu  ou  doit  obser- 
ver dans  tous  les  camps  qu'on  marque, 
est  de  choisir  un  terrain  où  les  troupes 
soient  à  portée  du  bois  et  de  l'eau. 
Noos  autres,  nous  retranchons  nos 
camps,  comme  autrefois  out  fait  les 
Romains,  pour  éviter  non  seulement 
les  entreprises  que  les  troupes  légères 
ennemies ,  qui  sont  fort  nombreuses, 
pourraient  tenter  la  nuit ,  mais  aussi 
pour  empêcher  la  désertion  ;  car  j'ai 
observé  que  torsque  nos  rédans  étaient 
joints  par  des  lignes  autour  du  camp, 
la  désertion  était  moindre  que  quand 
celte  précaution  avait  été  négligée. 
Cest  une  chose  qui ,  toute  ridicule 
(pi'elle  paraisse,  n'en  est  pas  moins 
vraie. 

Les  camps  de  repos  sont  ceux  où 
l'on  attend  les  herbes:  quelquefois 
c'est  pour  y  guetter  Tennemi,  qui  i/a 
pas  encore  fait  de  mouvemens,  et  pour 
se  régler  sur  ses  manœuvres.  Comme 
on  ne  cherche  que  le  repos  dans  ces 
sortes  de  camps,  on  les  asseoit  de  ma- 
nière que  la  tète  en  soit  couverte  par 
une  rivière  ou  un  marais  ;  bref,  que  le 
iront  du  camp  soit  toujours  inaborda  - 
Me.  Le  camp  de  Strehla  était  de  cette 
espèce. 

Si  les  rivières  et  les  ruisseaux  qui  se 
troavent  au  front  du  camp  n*ont  pas 
nssn  d'eau ,  on  fait  des  batardeaux 
pour  les  grossir. 

11  faut  qu'un  général  d'armée  ne 

T. 


reste  jamais  oisif  dans  ces  sortes  de 
camps,  où  il  a  peu  à  craindre  de  l'en- 
nemi. Il  peut  et  il  doit  donner  toute 
son  attention  aux  troupes ,  et  proft- 
ter  de  ce  repos  pour  que  la  disci- 
pline reprenne  vigoeur.  Il  examinera 
si  le  service  se  fait  selon  les  or- 
donnances; si  les  officiers  de  garde 
sont  vigtians  ;  r 'ils  sont  assex  instruits 
de  ce  qu'ils  ont  à  faire,  à  leur  poste  ;  A 
les  gardes  de  cavalerie  et  d'infanterie 
sont  placées  selon  les  règles  que  j'en 
ai  données. 

L'infanterie  y  fera  les  exercices  trois 
fois  par  semaine,  et  les  recrues  tous 
les  jours  ;  quelquefois  des  corps  entiers 
feront  leurs  manoeuvres. 

Il  faut  que  la  cavalerie  fasse  ausri 
ses  exercices,  si  elle  ne  va  pas  au  four- 
rage. Le  général  aura  attention  que 
les  jeunes  chevaux  et  les  jeunes  cava- 
liers soient  bien  dressés.  Il  faut  qu'il 
;  sache  l'état  complet  de  chaque  corps , 
Il  faut  aussi  qu'il  visite  les  chevaux  ; 
qu'il  donne  des  louanges  aux  oflicierB 
qui  en  ont  soin,  et  qu'il  adresse  des 
reproches  à  ceux  qui  les  négligent; 
car  il  ne  faut  pas  croire  qu'une  grande 
armée  soit  animée  par  elle-même.  U 
y  a  grand  nombre  de  gens  indolens , 
paresseux  et  fainéans.  C'est  l'affaire  du 
général  de  les  mettre  en  mouvement, 
et  de  les  obliger  à  faire  leur  devoir. 

Si  ces  sortes  de  camps  de  repos  sont 
employés  de  la  manière  que  j'ai  dite,  ils 
seront  d'une  très  grande  utilité.  L'or- 
dre et  l'égalité  dans  le  service  étant 
rétablis  par  là,  se  conserveront  pen- 
dant toute  la  campagne. 

On  prend  les  camps  où  l'on  fourra- 
ge, tante t  près  de  l'ennemi,  tantôt 
toin  de  lui  ;  je  ne  parlerai  que  des  pre- 
miers. On  choisit  pour  cela  les  con* 
trées  les  plus  fertiles,  et  Ton  asseoit  ie 
camp  dans  un  terrain  fort  par  la  nata^ 
re  ou  par  l'art. 


tw 


1K9TA6CTIOI1I  MlEltAIRB 


!1  faut  que  1^  camps  de  feumif^ 
soient  (i*un  difficile  abord,  quand  on 
les  prend  dans  Id  voisinage  de  renne- 
mi,  parce  que  les  fourrageurs  ne  sont 
vegardés  que  comioc  des  dotachemens 
4tt'on  envoie  conire  Pennenii.  Quel- 
quefois la  sixième  partie  va  au  fourra- 
ge, et  quelquefois  mdme  la  raoitié  de 
l'armée,  ce  qui  donne  beau  jeu  à  Ten- 
Bcmi  de  vous  attaquer  à  voire  dés*- 
vantage,  si  la  situation  avantageuse  de 
?otrc  camp  ne  len  empêche  point. 

Mais,  supposé  même  que  votre  pos- 
te soit  eicellent,  et  que  visiblement 
vous  n'ayez  rien  à  craindre  de  reime*^ 
mi,  il  y  a  d'autre&  précautions  que  Ton 
ne  doit  jamais  négliger,  il  faut  soi- 
gneusement caclier  le  jour  et  te  lieu 
où  Ton  veut  fourrager,  et  n*en  donner 
ladis^sition  au  général  qui  commao^ 
dera,  que  la  veille  et  fort  tard. 

II  faut  envoyer  en  dctacheroens  au- 
taut  de  partis  qu1l  est  possible  pour  être 
averti  des  mouvcmens  que  Teniiemi 
pourrait  faire  ;  et  si  des  raisons  très  im- 
portantes ne  vous  en  erapêcbent  pas,  il 
faut  fourrager  le  môme  jour  qu'il  four- 
ragera, parce  qu'on  risque  moins  alors. 
Mais  il  ne  faut  pas  trop  se  fier  à  cela, 
car  Tennemi  s*aperceva»t  que  vous  fa^ 
tes  vos  fourrages  e»  môme  temps  que 
lui,  pourrait  bien  ordonner  un  four- 
rage, et  faire  rentrer  les  (burra^urs 
pour  vous  tomber  sur  le  corps. 

Le  camp  du  prince  Charles  de  Lor- 
raine, sous  Kceiuginsgrasti  (1),  était 

(i)  ha  Cêm^  oe  K(vnigiiisgr»<9  paraU^  bien 
inattaquable,  «^rlon  la  rarte,  et  il  par.'ilra  t<  1  à 
ceui  qai  %ipndronl  du  cô'é  de  Prague  et  dt*  Ja- 
rbr^iitcr;  mais,  en  rtsmit^ant  bien  le  tprratn,  il 
ne  Teil  en élti que  imil  qae l*on  eut mattri^  de 
Kcenisint^ratti.  Celte  ville éia«t  située  iur  uoe 
pciilc  ciminence,  prtfvhéinenl  \H-à-%is  de  l'en- 
droit où  TAdlcr  vie')t  Joindre  lElbc,  et  où 
CCS  deux  rivi«'res  forment  un  coude,  com- 
nlaitde  afasotameni  ce  camp.  Elle  n'est  ftr- 
DO  i{UF  «J'une  simple   murallla.  AMéâêk  ito 


InattAqtiftMe  pfti*  là  âatttfé ,  et  très  pro- 
pre pour  aller  aui  foun^agé^.  Cehil  <^t 
nous  évions  occupé  à  Ghloitt  était  fort 
par  Tart  ;  c'est-à-dire  par  des  abatls  qvt 
j'avais  fait  faire  sur  notre  aîle  droite 
et  par  les  redoutes  construites  sitrlf 
front  du  camp  de  rinfHnterrê. 

On  fait  retrarK^hel*  son  camp,  qQkiiâ 
oû  veut  assîégef  uiie  place,  déknàté 
tm  piassoffe  dîfllefte,  et  suppléer  aux  âih 
fauts  du  terrain  par  dés  fbi*Ufi<Mit{ons, 
pour  le  mettre  à  couvert  de  to«te  in- 
sulte de  la  part  de  rennemf . 

Les  règles  qu'un  général  doit  obser- 
ver dans  la  construction  des  retranché- 
mens,  sont  de  bien  choisir  les  situa- 
tions, et  de  profiter  des  marais,  des  ri- 
vières, Inondations  et  abati^  paf  oùTofi 
peut  rendra  difficile  retendue  des  fe- 
tranchemens.  Il  vaut  mieux  les  faire 
trop  petits,  que  trop  grands;  car  ce  ne 
sont  pas  eux  qui  arrêtent  Tennemi, 
mai^  les  troupes  qui  les  défendent. 

Je  n'aurais  garde  de  faire  des  retk-an- 
ehemens  que  je  ne  pourrais  pas  border 
d'une  chaîne  de  bataillons,  et  d'une 
réserve  d'infanterie  pour  la  porter  par- 
tout où  il  sera  besoin.  Le^  abatis  ne  soBt 
bons  que  tant  qu'ils  sont  défendus  par 
l'infanterie.        ■* 

Il  hiat  ivoir  principalement  atten- 
tion que  les  lignes  de  contrevalation 
i6iei>t  bien  appttjées.  Odinairëment, 

TAdler,  à  une  portée  de  fasU>  U  j  a  una  peUla 
coninc  qui  (Jomînc  la  >il)e  et  le  camp.  Si  Tar* 
wéé  p^Ua^{èt1nf>,  1^  joitrdéinn  e'amp  de  Slatina, 
awlc  Mndemalii,  éatalfaqiff!  la  place,  «u  seuli^- 
anoni  emporté  ladHa  raHiaev  il  Ht  évfdtÉl  ^ 
lis  Autrictiicna n'auraient iacnam  pu  MewMmfM 
dans  leur  cump.  Ils  conuaiMaieni  trop  bien  la 
fort  et  L'  faible  de  ce  pone.  Au»i,  avaii-oB  fait 
iou«  les  ptéparaifi  poui  Tabandonoer,  et  la 
garnison  (k^panéourt  qu(  élaieHl  dan*  la  vUle 
avait  ordre  <ia  sa  retirar.  si  l^^aa  eil  fait  aine  A 
Tatiaqier.  Ce  camp  na  devloi  iBallaqaabla. 
qu'après  qu*on  eût  lai^«é  au  prJDce  Cbaiies  la 
tenip«  de  fortifier  la  place,  et  da  retraacher  la 
aalline. 


W  ilOl   DB    PHVSSii. 


9» 


eHes  vont  joindre  une  rivière,  et,  dans 
ce  cas,  il  faut  faire  conduire  le  fossé 
bien  avant  dan»  la  rivière,  et  le  creuaer 
ai  profond  i  qn'on  ne  le  puisse  passer  à 
gué;  cart  si  vo«s  néglifçez  cette  pré->- 
caution,  vous  risquef  d*ô(re  tourné.  Il 
faut  être  abondamment  pourvu  de  vi- 
vres ai  vous  assiégez  une  place,  et  qae 
voua  vous  roettiei  derrière  des  lignes. 

Les  retranchcmfiens  doivent  être  bien 
flan(|ttéa.  Il  faut  qu1l  n'y  ait  aucun 
point  que  l'ennemi  puisse  attaquer^  où 
il  ne  soit  eiposé  a  quatre  ou  cinq  feux 
croisés.  Lesreiranchemensqui  défen- 
dent des  passages  et  des  gorges  de 
montagnes,  demandent  iniluiment  de 
ioin  et  de  précaution.  C'est  une  chose 
très  es^ntielle  d*appu}er  breu  ses 
flancs.  Pour  y  parvenir,  on  établit  des 
redoutes  sur  les  deux  ailes  ;  quelquefois 
le  retrandiement  même  est  formé  de 
redoutes^  ain  que  le  corps  qui  le  dé- 
fend n'ait  pas  à  craindre  d*ètre  tourrré. 

Des  généraux  biibiles  savent  mettre 
f  ennemi  dans  la  nécessité  d'attaquer 
les  points  dont  ils  ont  redoublé  la  for- 
tification ;  c'est  un  grand  art  :  on  peut 
^rvenir  à  ee  but  en  donnent  plus  de 
largeur  et  de  profondeur  au  fossé 
qu'ils  palissadent  ;  en  plaçant  des  che- 
vaux de  frise  aux  barrières  ;  en  Renfor- 
çant le  porapet,  pour  qu'il  puisse  ré- 
sister au  canon  ;  enfin  en  creusant  des 
j^ils  dans  les  endroits  les  phis  exposés. 

Mais  je  préférerai  tou^urs  une  ar- 
mée d'observatiorf  jk  un  camp  retranché 
pour  couvrir  le  siégé  :  la  raison  en  est 
que  l'expérience  nous  a  montré  que 
\n  vieille  méthode  dès  rcIraficbeiAetis 
est  sujette  à  caution.  Le  prince  de 
<:otr(ié  vit  forcer  sa»  retranchement  de- 
vant Arras^  par  Ture^ne;  et  Gondé 
fbrçît  celui  que  Turcnne,  st  je  ne  rtie 
troîrtpt?,  nvait  fait  devant  Vâieocîennes. 
l>e|Miis  ce  temfs  là,  ces  deux  grands 
matlres  dma  l'art  milita^e  n'en  cfut 


plus  fait  (l'outres  :  ils  aValelit  des  ar 
mées  d'observation    pour  couvrir  le 
siège. 

Présentefneiit  je  traiterai  les  caMps 
défénsifs,  qui  ne  Éotit  forts  q#è  par  la 
situation  du  terrain^  et  qui  n'ont  d'au- 
tre but  que  d'empêcher  qutf  l'erihemi 
ne  puisse  rattaquer^ 

Pour  que  ces  situations  fépanieMl  à 
l'usage  qu'on  en  veut  faire^  il  faut  q^e 
le  front  et  les  deux  flancs  soient  d'une 
force  égaie,  et  que  tout  soit  libre  iur 
les  derrières.  Telles  sorit  les  hauteurs 
qui  ont  un  front  d'une  l^atide  étendiie, 
et  dont  les  flancs  sont  couverts  paR  des 
marais  :  comme  ie  camp  de  Màrsehi- 
%\{Zi  où  était  le  prince  Charles  de  Lor- 
raine, il  avait  le  front  couvert  par  lilie 
rivière  marécageuse^  et  les  flanès  par 
des  étangs  ;  ou  comme  celui  de  Konè- 
pist,  que  nous  occupâmes  l'an  17t4. 

On  se  met  encore  sous  la  proleetion 
d'une  placé  forté^  eotnole  fit  le  maré- 
chal de  Neuperg,  qui^  étant  battu  à 
Molwitz,  prit  uneanip  excellent  souila 
viHe  de  Neiss.  il  est  vfaf  qu'un  géné- 
ral qui  occupe  dés  camps  pareils,  dst 
inattaquable,  tant  qu'il  peât  s'y  Mdu- 
tenir  ;  mais  il  sera  oMigé  de  le  qilitler, 
lorsque  l'ennemi  se  met  en  mouve- 
n^ent  pour  le  te^ner.  Il  fattt  donc 
qu'il  fasse  ses  dispositions  d'avance ^  de 
sorte  que,  si  l'ennemi  petit  le  touftier, 
il  n*ait  autre  chose  à  faire  ^pie  de  prea- 
dre  un  autre  camp  fort  sur  lés  derrières. 

La  Bohème  est  un  payH  iMi  l'en 
trouve  quantité  de  ces  camps.  On  est 
souvent  forcé  d'en  occuper  contre  son 
gré^  parce  que  ce  royaume  est,  par  sa 
nature,  un  pays  de  chicane. 

ie  répéterai  encore  qu'un  généitl 
doit  bien  se  garder  de  faire  des  faiMs 
irréparables  par  le  mauvais  choix  de  ses 
postes  ;  ou  de  se  fourrer  dans  un  eH^ 
de^sac,  ou  terrain  d'où  il  ne  puisse  S0f- 
tif  qpse  par  un  déilé.  Gar,  si  son  ate« 


IHSTECCTION    MILITAIJU 


iienii  eft  habile,  il  l'y  renfermera,  et 
romme  il  n'y  sera  pas  en  état  de  com- 
battre, faute  de  terrain,  il  recevra  le 
ploa  grand  affront  qui  puisse  arriver  à 
an  soïdat,  qui  est  de  mettre  bas  les  ar- 
mes, sans  pouvoir  se  défendre. 

Dans  les  camps  destinés  à  couvrir  un 
pays,  on  ne  fait  pas  attention  à  la  force 
du  lieu  même,  mais  aux  endroits  qu*on 
peut  attaquer,  et  par  où  l'ennemi  poui^ 
rait  percer.  Ce  sont  ceux  qui  doivent 
être  embrassés  par  un  camp.  Il  ne  faut 
pas  occuper  tous  les  débouchés  par  où 
l'ennemi  vient  à  vous,  mais  seulement 
celui  qui  le  mène  à  son  but,  et  l'endroit 
où  l'on  peut  se  tenir,  sans  avoir  à  le 
craindre,  et  d'où,  peut-être ,  vous  lui 
donnerez  des  appréhensions;  en  un 
mot,  il  faut  occuper  le  poste  qui  oblige 
l'ennemi  à  faire  de  grands  détours,  et 
qui  vous  met  en  état  de  rompre  tous 
ses  projets  par  de  petits  mouvemens. 

Le  camp  de  Neustadt  défend  toute 
la  basse  Silésie  contre  les  entreprises 
d'une  armée  qui  est  en  Moravie.  La 
position  qu'il  faut  prendre,  est  de  met- 
tre la  ville  de  Neustadt  et  la  rivière,  en 
avant  du  front  du  camp.  Si  l'ennemi 
veut  percer  entre  Ottmachau  et  Glatz, 
on  n'a  qu'à  passer  entre  Neiss  et  Zie- 
genbals,  et  y  prendre  un  camp  avanta- 
geux, qui  le  coupera  de  la  Moravie. 

Par  la  même  raison,  l'ennemi  n'o- 
sera aller  du  côté  du  Cossel  ;  car,  si  je 
vais  me  placer  entre  Troppau  et  Jae- 
gemdorff,  où  il  y  a  des  postes  très  avan- 
tageux, je  le  couperai  encore  de  ses 
convois. 

Il  y  a  encore  un  autre  camp  de  la 
nême  importance,  entre  Licbau  et 
fichœmberg,  qui  garantit  toute  la  basse 
fiilésie,  contre  la  Bobêroe. 

Dans  ces  sortes  de  positions,  on  ob- 
servera, tant  que  faire  se  pourra,  les 
règles  que  je  viens  de  donner.  J'en 
i^ttterat  encore  une  autre,  qui  est. 


lorsque  vous  aurez  une  rivière  devant 
vous,  de  ne  point  laisser  tendre  de  ten- 
tes, dans  le  terrain  qpe  vous  avez  choisi 
pour  votre  champ  de  bataille,  qu*à  la 
demi-portée  de  fusil  du  front  du  camp. 

La  Marche  électorale  de  Brande- 
bourg est  un  pays  qui  ne  peut  être 
couvert  par  aucun  camp,  puisqu'il  y  a 
^las  de  six  lieues  de  plaines,  et  qu'ii 
est  ouvert  partout.  Pour  le  défendre 
contre  la  Saxe,  il  faudrait  occuper  Wît- 
tenberg,  et  s'y  camper,  ou  bien  suivre 
le  plan  de  l'expédition  faite  dans  l'hi- 
ver de  l'année  1745.  Du  côté  dii  pays 
de  Hanovre,  est  le  camp  de  Werben, 
qui  défend  et  couvre  toute  cette  partie. 

La  tête  et  les  flancs  d'un  camp  of- 
fensif doivent  être  fermés  ;  car  on  ne 
peut  rien  se  promettre  de  la  part  des 
troupes,  si  on  ne  prend  pas  la  précau- 
tion de  couvrir  les  flancs,  qui  sont  les 
parties  les  plus  faibles  d'une  armée. 
Notre  camp  de  Czasiau,  avant  la  bataille 
de  1742,  avait  ce  défaut. 

Nous  faisons  toujours  occuper  les 
villages  qui  sont  sur  nos  ailes,  ou  à  la 
tête  de  notre  camp  par  des  troupes  que 
nous  en  retirons  dans  un  jour  d'af- 
faire; les  maisons  des  villages,  chez 
nous  et  nos  voisins,  étant  de  bois  et 
mal  bflties,  les  Uoupes  seraient  per- 
dues, si  l'ennemi  y  mettait  le  feu.  Une 
exception  de  cette  règle  est,  quand  il 
y  a  dans  ces  villages  des  maisons  de 
pierre,  ou  des  cimetières,  qui  ne  tou- 
chent pas  à  des  maisons  de  bois. 

Mais  notre  principe  étant  d'attaquer 
toujours,  et  non  de  nous  tenir  sur  la 
défensive,  il  ne  faut  jamais  occuper  ces 
sortes  de  postes,  que  lorsqu'ils  sont  à 
la  tête  ou  en  avant  des  ailes  de  votre 
armée  ;  alors  \h  protégeront  l'attaque 
de  vos  troupes,  et  incommoderont 
beaucoup  l'ennemi  pendant  l'aflaire. 

C'est  encore  une  chose  très  essen- 
tielle de  faire  sonder  les  petites  rivières 


DV    ROI   1»B  PHU!)i>X;. 


w 

et  les  marais  qui  se  trouveront  à  la  lèie 
oa  sur  les  flancs  de  votre  camp,  afin 
qa'ii  ne  vous  arrive  pas  de  prendre  un 
faux  point  d*appùi,  en  cas  que  les  ri- 
Tîères  soient  guéables,  et  les  marais 
praticalles. 

Villars  fut  battu  à  Malplaquet,  parce 
qu'il  croyait  que  le  marais  de  sa  droite 
était  impraticable;  mois  ce  n*était 
qa^un  pré  sec,  que  nos  troupes  passè- 
rent, pour  le  prendre  eu  flanc.  Il  faut 
Toir  tout  par  ses  yeux,  et  ne  pas  inui- 
giner  que  de  pareilles  attentions  soient 
de  peu  de  conséquence. 


ARTICLE  IX. 

ConoKDt  il  faut  atsurer  aoD  camp. 

Les  régimens  d'infanterie  garderont 
le  front  de  la  première  ligne  ;  s*il  y  a 
une  rivière,  il  faudra  placer  les  piquets 
sor  le  bord.  Les  piquets  de  la  seconde 
ligne  garderont  les  derrières  du  camp. 
Les  piquets  seront  couverts  par  des  ré- 
dans,  que  Ton  joindra  par  des  retran- 
chemens  légers  i  moyennant  quoi,  vo- 
tre camp  sera  retranché  à  la  façon  des 
Romains.  On  occupera  les  villages  qui 
sont  aux  ailes,  ou  qui  défendent  d'au- 
tres passages,  à  unff  demi-lieue  de  là. 

Les  gardes  de  la  cavalerie  seront  pla- 
cées selon  les  ordonnances  de  mon  rè- 
glement. De  quatre-vingts  escadrons, 
noQS  n'avons  eu  ordinairement  que 
trois  cents  maîtres  de  garde,  excepté 
quand  nous  avons  été  près  de  l'ennemi, 
comme  avant  la  bataiHe  de  Hohen- 
Friedbeif,  lorsque  nous  marchâmes  à 
Ik^hweidnitz,  et  encore,  lorsque  nous 
entrâmes  dans  la  Lusace,  pour  aller  à 
Naumbourg. 

Ces  avant-gardes  doivent  être  mê- 
lées de  tout^  sortes  de  troupes  :  par 
«exemple,  ieox  n^lle  hussards,  quinte 


ta» 

cents  dragons  et  deux  mille  grenadiers. 
Toutes  les  fois  que  vous  pousserez  des 
corps  en  avant,  il  tant  que  le  général  qui 
les  commande  soit  un  homme  de  tète: 
etcomme  il  n'est  pas  détaché  pour  com- 
battre, mais  pour  avertir,  il  faut  qu'il 
sache  bien  choisir  ses  camps,  et  les  as- 
seoir toujours  derrière  des  défilés  et 
des  bois  dont  il  soit  assuré.  Il  faut  qu'il 
envoie  des  patrouilles  fréquentes  pour 
prendre  langue,  afin  qu'il  soit  informé 
à  tout  moment  de  ce  qui  se  passe  dans 
le  camp  ennemi. 

En  attendant,  les  hussards  que  vous 
avez  gardés  avec  vous,  feront  des  pa- 
trouilles derrière  le  canq>  et  sur  les 
ailes  ;  enfin,  vous  prendrez  toutes  les 
précautions  qui  peuvent  vous  garantir 
des  entreprises  de  l'ennemi. 

Si  un  corps  considérable  de  troupes 
vient  se  glisser  entre  vous  et  votre  ar- 
rière-garde, il  faut  aller  à  son  secours; 
car  rennemi  a  formé  un  dessein  contre 
elle. 

Pour  dire  tout  ce  qu'il  y  a  à  dire  sur 
cette  matière,  j'ajouterai  encore  que 
les  généraux  qui  cantonnent,  n'occu- 
peront d'autres  villages  que  ceux  qm' 
sont  entre  les  deux  lignes;  alors  Ht 
n'ont  rien  à  craindre. 


ARTICLE  X. 

Coromcint,  et  par  qaelle  raison  11  Aiai 
d<  •  détachemens. 


Une  ac:!enoe  règle  de  la  guerre,  que 
je  ne  fais  que  répéter  ici,  est  que,  ce- 
lui qui  partagera  ses  forces  sera  battu 
en  détail.  Si  vous  vou!2z  donner  ba- 
taille, tftchez  de  rassembler  toutes  voi 
troupes  ;  on  ne  saurait  jamais  les  em- 
ployer plus  utilement.  Cette  règle  est 
si  bien  constatée,  que  tous  les  géné- 
raux qui  y  ont  manqué,  s'en  sont  prêt- 
que  toujours  mal  trouvés. 


SM 


INSTHUCTIOK    5IIL1TA1RB 


Le  détachevient  d'Albemarle ,  qui 
ftet  batta  (1)  h  Oudenarde,  fut  cause 
que  le  grand  Ëogene  perdit  toute  sa 
campagne.  Le  général  Stahremberg 
s'étani  séparé  des  troupes  anglaises, 
perdit  ia  bataille  de  Villa-Vîctosa  en 
Espagne. 

Dans  les  dernières  campagnes  que 
les  Autrichiens  ont  faites  en  Uongrie, 
les  détachemens  leur  furent  très  fu- 
nestes. Le  prince  de  Hildbourghausen 
(tat  battu  à  Banjaluka ,  et  le  général 
Wallis  reçut  un  échec  sur  le  boni  de  la 
Timok.  Les  Saxons  furent  battus  à 
Kesselsdorf  (â),  parce  qu'ils  ne  s^é* 
talent  pas  fait  joindre  par  le  prince 
Charles,  comme  ils  auraient  pu  faire. 
J^aurais  mérité  d^étre  battu  à  Sorr,  si 
l'habileté  de  mes  généraux  et  la  valeur 
de  mes  troupes  ne  m'eussent  préservé 
de  ce  malheur.  On  me  demandera  s'il 
ne  ftiut  jamais  faire  de  détachemens.  Je 
répondrai  qu'il  le  faut  quelquefois,  mais 
c'est  toujours  une  manœuvre  fort  dô* 
licate,  qu'on  ne  doit  hasarder  que  pour 
des  raisons  très  importantes,  et  tou- 
jours à  propes. 

Ke  faites  jamais  de  détacheroens 
lorsque  vous  agisses  offensivement:  ^i 
vous  êtes  dans  un  pays  ouvert,  et  maî- 
tre de  quelques  places,  vous  ne  déta- 
cherez d'autres  troupes  que  celles  né- 
cessaires pour  assurer  vos  convois. 

l-QT^qu,©  y^ws  fcrvîz  la  guerre  en  Bo- 
hême ou  en  Moraviç,  vqi^s  serez  abso- 
lument contraint  de  détacher  des  corps 
pour  faire  arriver  sûrement  les  vivres. 
La  chaîne  des  montagnes  que  les  con^ 

(f  )  ÇMi^  4  Den^Ul  où  Albfni«rla  fut  |>atm. 

(2)  \jcs  ipalheqreut  ont  tonjoutrs  Ion.  Il  ne 
dépendait  pas  des  Saxons  de  ie  fliire  joindre  par 
les  Autrk'hicns.  Le  général  qui  les  commandait 
■tait  a^vêyé  Irais  ofllaîflrt  au  priavc  CkarUa, 
ptw  tl^i  itamamVar  4^  fec<iMra.  Ce  (irii^,  pi^ 
4ai  r«MAni  fto  MiUque,  pfs  lo  jtq^aapt  pas  à 
propos,  le  promit  toojour^,  sans  se  mettre  en 
BODVcnient. 


vois  sont  obligés  4c  passer,  exige  i^j 
envoyer  des  troupes  qui  y  restept  cam-* 
pées  jusqu'Q  ce  que  vous  ay^z  assei  de 
vivres  pour  subsister  quelques  mois,  et 
que  vous  soyez  maître  d  une  place  dans 
le  pays  ennemi,  où  vous  puissiez  éta^ 
blir  votre  i|ép6t. 

Pendant  que  ces  corpi  seront  4éta-* 
chés,  vous  oa'uperei  des  caiiip9  avan- 
tageux, du  vous  attendre?  que  les  ^diftr 
chemens  soient  rentrés.  Je  m  cqqi- 
prènds  pas  l'avant-garde  dans  le  nombre 
des  détaobemens,  puisqu'elle  dqit  dire 
a  portée  de  l'armée,  et  janviis  aventii^ 
rée  trop  près  de  Fcnnemi. 

Lorsqu'on  est  obligô  de  se  tenir  sur 
la  défensive,  pp  sf  vçi^  $;ouvent  réduit 
à  faire  desdétachemens.  Ceux  que  j'a- 
vais (){m«  Iq  haute  Silcsie,  y  étaieot  en 
sûreté.  lisse  tenaient  dans  le  voisinage 
dos  plaçât  fortes,  comme  ie  l'ai  remar- 
qué ci-dessus. 

Las  officiers  qui  ^ommand^n^  de« 
détacbemena  doivent  être  fermes^  har- 
dis et  prudens.  L^  chef  leqf  donuert 
une  instruction  générale  ;  c'est  à  eux  4 
se  eonaultcr,  pour  avancer  sur  l'en-*^ 
nemi,  ou  ae  retirer  devant  lui,  açkui 
que  les  cireonstanees  le  requerrfipt. 

Il  faut  qu'ils  se  replient  toujours  eon* 
tre  des  forced  supérieures,  jmi^  U  faut 
qu'ils  sachent  au#i  proPili^r  dos  leurs 
quand  ils  lui  sont  supérieursen  nombre. 

Quelquefois  ils  se  retireront  dausî  la 
nuit  à  rapproche  de  reqneHii,  et  lors-* 
qu'il  croira  qu'ils  ont  pris  la  fuite^  ils 
reviendront  bnisqtiement  le  charger  et 
le  repenser. 

Il  faut  qu'ils  méprisent  absolument 
les  troupes  lé^^rea. 

Un  «Acier  qui  commande  ue  déta- 
chement doit  premièrement  pemser  à 
sa  sûreté,  et  s'il  y  a  pourvu*  faire  des 
projets  sur  roonemi.  S'il  veut  dormir 
trqnquil^ment,  il  faut  qu'il  ne  le  laisse 
peint  doimir,  fluia  qu'il  fenuç  tes^eiM 


,  M  A91  DB  pantin.  fSi 

de»  entrcpnses  sur  lui.  S11  réussit  en  |  comme  fit  Turenne  pr^s  de  Colmar, 
deux  ou  trois,  il  obKgera  rennomi  à  se  où  il  présenta  sa  première  ligne  à  Tar- 
tenir  sur  la  défensive.  I  méc  de  Télecteur  Frédéric-iluillaumc, 

Si  ces  détachemens  sont  à  portée  de    en  attendant  que  sa  seconde  se  portât 


rtrraée,  lis  comn^uniqucront  avec  elle 


par  des  déiilés  sur  les  flancs  de  ce  prince 


au  moyen  d'une  ville  ou  d*un  bois,  par   qui  y    fut   attaqué  et  repoussé;  ou 


lesquels  il  établira  sa  communication. 

La  guerre  défensive  uon^  mène  na- 
turellement aui  détachemens.  Les  gé- 
néraux peo  expérimentés  veulent  con- 
server tout  ;  0eux  qui  sont  sages 
Dévisagent  que  le  point  capital;  ils 
ckerchent  à  parer  les  grands  coups,  et 
aeofirent  patiemment  un  petit  mal  pour 
éviter  de  grands  maux.  Qui  trop  em- 
kmse,  mal  étreiut. 

Le  point  le  plus  essentiel,  auquel  il 
H  faut  s'attacher,  est  Tarmée  ennemie. 
Il  en  faut  deviner  les  desseins,  et  s'y 
afposer  de  toutes  ses  forces.  Nous 
•btndonnAmes,  Tannée  1745,  la  haute 
•ilésie  au  pillage  des  Hongrois,  pour 
6t9e  en  état  de  résister  d'autant  plus 
vigMireusement  aux  desseins  du  prmce 
Charles  de  Lorraine,  et  noua  ne  fîmes 
détachemens  que  quand  nous  eu* 
battu  son  armée.  Alors  le  général 
Nassau  chassa  les  Hongrois  en  quinxe 
fours  de  toute  la  haute  ^ilésie. 

il  y  a  des  génériiux  qui  détachent  des 
troupes  loraqu'ils  èttaquent  Tennomi, 
pMir  venir  le  prendre  en  queue  quand 
Vêlkwe  eH  engagée;  mais  c'est  un 
mouvement  fort  dangereux,  puisque 
mêê  détachemens  s'égarent  ordinaire- 
HMDt,  et  viennent  ou  trop  tôt,  ou  trop 
|liv4-  Charles  Xil  fit  un  détachement 
h  veille  de  la  bataille  de  Pultava.  Ce 
lorps  s'éoarta  du  diemin ,  et  son  armée 
Alt  battue.  Le  prince  Eugène  manqua 
acpff  eeup  en  voûtant  surprendre  Cré- 
mone; le  détachement  liu  prince  de 
Voudeiiont,  iful  était  destiné  a  atta- 
quer la  porte  du  Pô,  arriva  trop  tard. 

Cfr  jour  de  foalaille,  il  ne  tf^  jamais 


comme  fit  le  maréch»I«lû  Luxembourg 
a  la  baUilie  de  Fleurus,  lan  1G90 ;  11 
plaça,  à  la  faveur  des  blés  qui  étaient 
fort  grands,  un  corps  dinfanterie  sur 
le  flanc  du  prince  de  Waldeck  ;  par 
cette  manœuvre,  il  gagna  la  tmtaillc. 

Il  ne  faut  détacher  des  troupes  qua- 
près  la  bataille  gagnée,  pour  assurer 
ses  convois;  ou  il  faudrait  que  les  dé-^ 
tachemens  ne  s'éloignassent  qu'à  une 
demi-heue  de  l'armée. 

Je  (inirai  cet  article  en  disant  que  les 
détachemens  qui  affaiblissent  l'armée 
du  tiers  ou  de  la  moitié,  sont  très  dan- 
gereux et  condanmables. 


ARTICLE  XL 

Dti  itralscèinei  et  des  ruMt  de  guerrw. 

On  se  sert  .iiternativcment  à  la 
guerre  de  la  f  eaudu  lion  et  de  celle  du 
renard.  La  ruse  réussit  où  la  force 
échoue.  11  est  donc  absolument  néces- 
saire de  se  servir  de  Tune  et  de  l'autre, 
puis(]ue  souvent  la  force  est  repoussȎe 
par  la  force;  au  lieu  que  plusieurs  fois 
la  forco  est  obligée  de  céder  à  la  ruse. 

Le  nombre  des  stratagèmes  est  in- 
fint.  Jo  n'ai  pas  envie  de  les  citçr  ici. 
Ils  ont  tous  h',  même  but,  qui  est  d'en- 
gager l'ennemi  k  faire  les  fausses  dé- 
marches qu*on  «ouhaite  qu*il  fasse.  On 
les  emploie  pour  cacher  le  vrai  dessein, 
et  |K)ur  hii  faire  illusion,  en  affectant 
des  vues  qu'on  n'a  pas.  Quand  les  trou- 
pes sont  à  la  veille  de  s'assembler,  on 
teurfait  faire  plusieurs  contre-marches 


fêt^  ém  éêiiieheiMMie^}  si  ce  n'est,   peur  donner  l'ul^rn^  ^  l*^npe«u^  et 


IRSnUCTtOll   «ILITAIIB 


poar  lui  cacher  le  point  où  l'on  veut 
assembler  Tannée,  et  pénétrer. 

Si  c'est  dans  un  pays  où  il  y  a  des 
forteresses,  on  campe  dans  un  endroit 
qui  menace  deux  ou  trois  places  à  la 
fois.  Si  l'ennemi  jette  des  troupes  dans 
toutes  ces  places,  il  s'aOaiblit,  et  tous 
proGtez  de  ce  temps  pour  lui  tomber 
sur  le  corps  ;  mais  s'il  n'a  eu  cette  pré* 
caution  que  pour  une  seule,  on  se 
tourne  du  côté  où  il  n'a  pas  envoyé  de 
secours,  et  on  en  fuit  le  siège. 

Si  vous  avez  le  dessein  de  vous  ren- 
dre maitrc  d*un  poste  considérable,  ou 
de  passer  une  rivière,  il  faut  que  vous 
vous  éloigniez  du  poste  et  de  Tendroit 
où  vous  voulez  passer,  pour  attirer  l'en- 
nemi où  vous  êtes.  Et  quand  vous  au- 
rez tout  disposé  et  dérobé  une  marche, 
vous  tournerez  tout  d*un  coup  sur  l'en- 
droit projeté,  pour  vous  en  emparer. 

Si  c'est  pour  combattre  l'ennemi,  et 
qu'il  paraisse  en  éviter  l'occasion,  vous 
faites  divulguer  que  votre  armée  est 
diminuée,  ou  vous  faites  semblant  de 
craindre  Tenneroi.  Nous  avons  joué  ce 
rôle  avant  la  bataille  de  Hohen-Fried- 
bcrg.  Je  Bs  réparer  les  chemins,  coBime 
si  j'avais  dessein  de  marcher  sur  quatre 
colonnes  à  Breslau,  à  l'approche  du 
prince  Charles  :  son  amour-propre  me 
seconda  pour  l'attirer  dans  la  plaine  ;  il 
y  fut  battu. 

On  rétrécit  quelquefois  le  camp  pour 
le  faire  parait*^  :>lus  faible  ;  on  fait  de 
petits détachemeiis,  qu'on  annonce  être 
considérables  afin  que  l'ennemi  méprise 
votre  (aibiesse,  et  quitte  son  avantage. 
Si  j'avais  eu  l'intention  de  prendre  Kœ- 
uigingsœtz  et  Pardubitz  dans  la  campa- 
gne de  17^5.  je  n'aurais  eu  que  deux 
marches  à  faire  par  le  comté  de  Glaz, 
en  tirant  sur  la  Moravie  ;  le  prince 
Charles  n'aurait  pas  manqué  d'y  aller, 
parce  que  cette  dânonatratii^  lui  don- 
nait à  craindre  pour  la  Moravie,  d'où  t! 


tirait  ses  vivres,  de  sorte  qu'il  aurait 
abandonné  la  Bohême  ;  car  l'ennemi 
prend  toujours  jalousie  quand  on  me- 
nace d'assiéger  les  endroits  qui  com- 
muniquent avec  la  capitale,  et  ceux  où 
il  a  établi  ses  dépêts  de  vivres. 

Si  on  n'a  pas  envie  de  combattre,  on 
se  dit  plus  fort  qu'on  ne  l'est,  et  on 
fait  bonne  contenance.  Les  Autrichiens 
sont  de  grands  maîtres  en  cet  art;  c'est 
chez  euK  qu'il  faut  l'apprendre. 

En  vertu  de  votre  contenance,  vous 
paraissez  vouloir  vous  engager  avec 
Tennemi,  vous  faites  répandre  le  bmit 
que  vous  avez  les  desseins  les  plus  té- 
méraires ;  souvent  l'ennemi  croit  qu'il 
n'aurait  pas  trop  beau  jeu  si  vous  ve- 
niez ,  et  se  tient  aussi  sur  la  défeo- 
ave. 

Une  partie  essentielle  de  la  goem 
défensive,  est  de  savoir  choisir  de  bons 
postes,  et  de  ne  les  abandonner  que 
dans  la  dernière  nécessité  :  alors  la  se- 
conde ligne  commence  à  se  retirer, 
suivie  insensiblement  de  la  première  : 
et  comme  vous  avez  des  défilés  devant 
vous,  l'ennemi  ne  pourra  trouver  d'oc- 
casiou  de  profiter  de  votre  retraite. 

Pendant  la  retraite  même,  on  prend 
des  positions  si  obliques,  qu'elles  don- 
nent toutes  sortes  de  jalousies  à  l'en- 
nemi. Les  recherches  qu'il  en  fera  l'in- 
timideront, en  attendant  qu'elles  tous 
mènent  indirectement  à  votre  but 

Une  autre  ruse  de  guerre  est  celle 
de  présenter  un  grand  fh>nt  à  l'enne- 
nemi  ;  s'il  prend  la  fausse  attaque  pour 
la  véritable,  il  est  perdu. 

Par  des  ruses,  on  <d>lige  encore  Tea 
nemi  à   faire  des  détachemens,  et 
quand  ils  sont  partis,  on  marche  è 

lui. 

Le  meilleur  stratagème  est  que  dans 
le  temps  où  les  troupes  sont  prêtes  à 
se  séparer ,  pour  entrer  en  quartier 
d'hiver,  on  sftcba  endomir  am 


DU  aoi  DM  pmcmm* 


aas 


mi.  et  qu'on  se  retire  pour  mieux 
avancer.  Dans  cette  vue,  on  distribue 
ses  troupes  de  manière  qu'on  puisse 
les  assembler  promptement,  pour  for- 
cer les  quartiers  ennemis.  Si  vous 
réussissez  à  cela,  voas  réparez  en  quin- 
ze jours  tous  les  malheurs  de  la  cam- 
pagne. 

Lisez  les  deux  dernières  campagnes 
de  Turenne,  et  étudiez-les  souvent  : 
ce  sont  des  chefs-d'œuvre  de  stratagè- 
mes de  notre  temps. 

Les  ruses  dont  se  servaient  les  an- 
ciens à  la  guerre  sont  aujourd'hui 
le  partage  des  troupes  légèies;  elles 
dressent  des  embuscades,  et  tAchent 
d'attirer  l'ennemi  dans  un  déDlé  par 
une  fuite  dissimulée ,  pour  le  sabrer 
après,  ^ésentement  il  y  a  fort  peu  de 
généraux  assez  maladroits  pour  don- 
ner dans  ces  sortes  d'embuscades. 
Charles  XH  fut  pourtant  séduit  à  Pul- 
tawa  par  la  trahison  d'un  des  chefs  des 
Cosaques.  La  même  chose  arriva  à 
Pierre  I«^  sur  le  Pruth»  par  la  faute 
d'un  prince  de  ce  pays.  Chacun  des 
deux  avait  promis  des  vivres,  qu'il  ne 
pouvait  pas  fournir. 

Conune  j'ai  assez  détaillé,  dans  mon 
règlement  militaire,  comment  il  faut 
faire  la  guerre  par  des  partis  et  des 
détachemens,  j'y  renvoie  tous  ceux 
qui  veulent  s'en  rafraîchir  la  mémoire, 
parce  que  je  ne  saurais  y  rien  ajou- 
ter. 

Pour  ce  qui  regarde  l'art  de  savoir 
obliger  l'ennemi  à  faire  des  détache- 
mens,  on  n'a  qu'à  lire  la  belle  campa- 
pe  de  1690,  que  le  maréchal  de 
Luxembourg  fit  contre  le  roi  d'Angle- 
i  terre  en  Flandre,  qui  se  termina  par  la 
^  bataille  de  Neerwinde. 


ARTICLE  XII 


Des  etpioDf  ;  eomroent  fl  raat  s'en  flerrir  mi 
toute  occiston,  et  de  qaelle  manière  on  pmi 
avoir  des  noaTclles  de  l'eonenii. 

Si  on  savait  toujours  d'avance  les 
desseins  de  l'ennemi,  on  ne  manque- 
rait jamais  de  lui  être  supérieur  avec 
une  armée  inférieure.  Tous  les  géué- 
raux  qui  commatident  des  armées  tâ- 
chent de  se  procurer  cet  avantage, 
mais  il  n'y  en  a  guère  qui  y  réussis- 
sent. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  d'espions: 
1»  des  gens  ordinaires,  qui  se  mêlent 
de  ce  métier;  S*"  des  doubles  espions; 
3*  des  espions  de  conséquence ,  et  k* 
ceux  qu'on  force  à  ce  nudheureux  mé- 
tier. 

Les  gens  ordinaires,  comme  les  pay* 
sans,  les  bourgeois,  les  {Nrètres,  etc., 
qu'on  envoie  dans  le  camp  ennemi,  ne 
peuvent  être  employés  que  pour  sa- 
voir d'eux  où  est  l'ennemi. 

La  plupart  de  leurs  rapports  sont  ai 
obscurs,  qu'ils  ajoutent  aux  incertitu- 
des où  l'on  était. 

L'énoncé  des  déserteurs  ne  vaut  or- 
dinairement pas  mieux.  Le  soldat  sait 
bien  ce  qui  se  passe  dans  le  régiment 
où  il  est,  mais  rien  de  plus.  Les  hus- 
sards étant,  la  plus  grande  partie  du 
temps,  absens  de  l'armée  et  détacha 
en  avant,  ne  savent  souvent  de  quel 
côté  elle  est  campée.  Malgré  tout  cela, 
on  fait  coucher  leur  rapport  par  écrit  ; 
c'est  le  seul  moyen  d'en  tirer  quelque 
avantage. 

On  se  sert  des  doubles  espions  pour 
donner  de  fausses  nouvelles  à  l'enne* 
mi.  Il  y  avait  un  Italien  à  Schmied^ 
berg,  qui  faisait  l'espion  chez  les  Au- 
trichiens, à  qui  on  fit  accroire  que 
nous  nous  retirerions  à  Breslao  lorsr 
que  l'ennemi  s'approcherait.  H  en  400- 


SM 


na  avis  an  prince  Charles  de  Lorraine, 
qui  fut  trompé. 

Le  prince  £(|gène  paya  pendant 
iQPjt-tismps  une  pension  ai|  (naître  de 
poste  de  Versailles.  Ce  malheureux 
ouvrait  les  lettres  et  les  ordres  que  la 
crar  dépêchait  aux  généraux,  et  en 
envoyait  une  copie  au  prince  Eugène , 
qui  la  recevait  ordinairement  plus  tôt 
que  ceux  qui  commandaient  Tarmôe 
française. 

Luxembourg  avait  gagné  un  secré- 
taire du  roi  d'Angleterre,  qui  lui  don-; 
nait  avis  de  tout  ce  qui  s*y  passait.  Le 
roi  le  découvrit,  et  tira  tous  les  avan- 
tages possibles  d'une  affaire  si  délicate. 
Il  força  ce  traître  d'écrire  à  Luxem- 
bourg, et  de  lui  mander  que  Tarraée 
des  aHlés  ferait  le  lendemain  un  grand 
fourrage.  Il  s'en  fallut  peu  que  les 
Français  ne  fussent  surpris  à  Slein- 
kerque.  Ils  auraient  été  entièrement 
défaits,  s'ils  n'avaient  pas  combattu 
avec  une  valeur  extraordinaire. 

Il  nous  serait  fort  difficile  de  trou- 
ver des  espions  pareils  dans  une  guer- 
re centre  les  Autrichiens,  non  pas  qu'il 
n'y  eût  chez  eux,  comme  chez  d'an- 
tres nations,  des  gens  qui  se  laissassent 
wrrompre,  mais  parce  que  leurs  trou- 
pe» légères,  qui  environnent  l'armée 
comime  un  nuage,  ne  laissent  passer 
personne  sans  le  fouiller.  C'est  cequi 
mSa  donné  l'idée  qu'il  faudrait  gagner 
quelques  ofRciers  de  leurs  hussards, 
par  lesquels  on  pourrait  entretenir  la 
oorrespondance,  à  peu  près  de  la  ma- 
ttière  suivante  :  Tusoge  est  que  les 
hussards,  quand  ils  ont  escamondié 
enseniMe,  font  une  espèce  de  suspen- 
sion d'^armos  entre  eux  ;  on  peut  se 
servir  de  ce  tempa  pour  se  donner  des 
Mire*. 

Quand  en  veut  donner  de  fhusses 
MVteiea  à  ^ennemi  ou  avoir  des  sien- 


nfsnrtmion  murAtftv 

fait  passer  du  camp  à  celni  de  Tenue- 
mi,  et  qui  lui  rapporte  tout  ce  qu'on 
veut  lui  faire  croire;  l'on  fait  aussi 
courir  par  lui  des  billeta,  pour  exciter 
les  troupes  a  la  désertion.  L'émissaire 
rentre  alon,  par  un  détour,  dans  votre 
camp. 

Si  on  ne  peut  trouver  aucun  moyen 
dans  le  pays  de  l'ennemi»  pour  avoir 
de  ses  nouvelles,  il  y  a  un  antre  expé- 
dient, quoique  dur  et  crue).  On  choisit 
un  riche  bourgeois,  qui  a  des  fonds  de 
terre,  et  une  femme  et  des  enfans  ;  on 
lui  donne  un  seul  homme,  travesti  en 
domestique^  qui  possède  la  langue  du 
pays.  On  force  alors  oe  bourgeois  d'em- 
mener ledit  homme  avec  lui  comme 
son  valet  on  son  cocher,  et  d'aller  au 
camp  ennemi,  sous  prétexte  d'avoir  à 
se  plaindre  de  violences  quf  lui  ont  été 
faites,  et  on  le  menace  en  même  temps 
très  sévèrement  que ,  s'il  ne  ramène 
pas  avec  lui  son  homme,  après  qu'il  se 
sera  assez  long-temps  arrêté  au  camp, 
sa  femme  et  ses  enfans  seront  perdus, 
et  ses  maisons  brèlées.  Je  fus  contraint 
d'avoir  recours  à  ce  moyen  quand 

nous  étions  campés  à ,  et  fl 

réussit. 

J'ajouterai  k  tout  ceci  qn'en  iiayant 
les  espions,  il  faut  être  généreux  et 
même  prodigue.  Un  homme  qui,  pour 
votre  servioe,  risque  la  corde,  mérite 
bien  d'en  être  récompensé. 


AaiICLE  XIÏL 


De  eert^inet  marquet  par  lesqadlrs  on  ptvl 
4<^coii;r1r  l'iniention  fie  rennemL 


Le  plus  sûr  moyen  de  découvrir  les 
desseins  de  l'ennemi  avant  l'entrée  de 
la  campagne,  est  Tençlroit  qu'il  choisit 


pour  le  dépét  de  ses  vivres.  Si  les  Ao- 
neston  se  serld*an  soldat  sfBdé,  qu'on  i  trichions,  par  exemple,  font  leurs  ma- 


Bt   ROI  DK  PRUfiV. 

gasins  à  Ohno^,  on  peut  6tre  persuadé 
qae  leur  projet  eut  d'attaquer  la  haute 
SHésie;  et  8*i|i  ca  fbnt  à  Kœniginstr 
gftttz,  la  partie  do  SehweidniU  sera 
menacâe.  Quand  les  Saxons  voulurent 
envahir  la  Ifarehe  électorate,  leura 
magasins  montraient  le  chemin  qu'ils 
prendraient;  car  leurs  dépôts  étaient  à 
Sttau,  Gœrlitïet  à  (luben,  qui  est  le 
chemin  pour  aller  à  Crossen. 

La  première  chose  dont  il  faudra 
9*tBforraer,  est  do  quel  côté  et  dans 
quel  endroit  Tennemi  établira  ses  ma- 
gasins. Les  Français  ont  fait  de  dou- 
bles magasins,  partie  sur  la  Meuse, 
partie  sur  TEscaut,  pour  empêcher 
Tenneml  de  découvrir  leur  dessein. 

Lorsque  les  Autrichiens  sont  cam- 
pés, on  devinera  les  jours  qu'ils  mar- 
cfieront,  parce  que  c'est  un  usage  chez 
eni  de  (Ûre  cuire  aux  soldats  les  jours 
dé  marche.  Si  voua  apercevez  donc,  à 
cinq  eu  huit  heures  du  matin,  beau- 
coup de  Aimée,  vous  pouvez  hardiment 
eroire  quMIs  (bront  un  mouvement  ce 
l^nr-là. 

Toutes  les  fois  que  les  Autriohlens 
ont  intention  de  combattre,  ils  font 
rentrer  au  camp  tous  leurs  gros  déta- 
chcmens  de  troupes  légères.  Quand 
vous  remarquez  cela,  vous  n'avez  qu'à 

V4mi  \fim  ^r  vos  gArde9, 

Si  vous  attaquez  un  poste  de  leurs 
faréepes  boHgroisea,  et  qu'elles  tien- 
nent ferme»  voua  devex  être  persuadé 
ifBte  leur  arniée  est  à  portée  pour  les 
soutenir. 

Bi  leurs  troupes  lègues  vienneBl  se 
placer  entre  votre  armée  et  le  corps 
ifàt  vous  avec  détaehé,  vous  pourrez 
éti  eofldure  que  Tennemi  a  fbrmé  un 
éeesetn  sur  ce  détachement;  c'est  à 
TOttSi  alors  à  prendre  vos  mesures. 
'  Il  faut  dire  encore  que,  si  Tennemi 
ifous  oppose  toujours  le  même  géné- 
ral, vous  pourrez  apprendre  sea  m»- 1 


m- 

nières,  et^  découvrir  ses  desseins  par  S4 
façond'*gir. 

Aprîm  avoir  bien  réfléchi  sur  le  payf 
où  e$t  le  théûtre  de  la  guerre,  sur  l'arr 
mce  que  vous  comroandci,  sur  la  siV- 
raté  de  vo^  dépôts  de  vivres,  sur  la 
force  des  places  de  guerre,  et  sur  lea 
moyens  que  Tennemi  peut  avoir  pour 
s'en  emparer,  sur  le  dommage  que  sei 
troupes  légères  vous  causeraient,  si  el* 
les  venaient  se  poster  sur  vos  flancs, 
sur  vos  derrière9  et  autres  parts  ou  si 
l'ennemi  s*eu  servait  pour  faire  une 
diversion;  aprà$  avoir  bien  réfléchi, 
dis-jo,  sur  tous  ces  peints,  vous  pour- 
rez compter  qu'un  ennemi  savant  fera 
précisément  ce  qui  vous  nuira  le  plus; 
€^e  c'est  au  moins  sou  intention,  et 
qu'il  faut  par  conséquent  s'y  opposer 
autant  qu'Û  sera  possible. 


ARTICIE  XIV. 

pe  90$  pays  ;  dcf  paysi  neutres  :  des  pijft  en* 
nfinb;  ôa  la  dilTérence  des  religions,  et 
quel.e  conduite  eei  divers  objets  requièrenl. 

On  fait  la  guerre  en  trois  sortes  de 
pays  :  dans  le  sien,  dans  celui  dos  puis- 
sances neutres,  et  dans  le  pays  de  Ten- 
nemi. 

Si  je  n*avais  pour  objet  que  ma  gloi- 
re,  je  ne  ferais  jamais  la  guerre  que 
dans  mon  pays,  en  raison  des  avan- 
tages que  j'y  trouverais;  chacun  y 
sertd*esplon,  et  Tennemi  n*y  saurait 
faire  un  paé  sans  être  trahi.  On  peut 
hardiment  risquer  de  gros  détache- 
mens,  et  leur  faire  jouer  tous  les  tours 
dont  la  guerre  est  susceptible. 

Si  l'ennemi  vient  d'èlre  battu,  chu- 
qtie  paysan  fait  le  soldat  et  va  le  har- 
celer.  L'électeur  Frédéric4]uillaume 
en  fit  TexpéFfence  après  la  bataille  de 
FehrbeWR.  Les  paysana  tuèrent  plus 
MédelB    qttll  ft^  p4ril  im 


INSTHUCnOU  MILITAIRB 


ie  combat.  le  Tai  reconnu  après  la  ba- 
taiHe  de  Hohen-Fricdberg,  où  les  ha- 
bitans  des  montagnes,  en  Silésie,  nous 
amenèrent  beaucoup  de  fuyards  de 
fermée  autrichienne. 

Quand  on  fait  la  guerre  dans  un  pays 
neutre,  l'avantage  parait  être  égal  en- 
tre les  deux  partis;  il  s'agit  alors  de 
voir  qui  des  deux  saura  se  mieux  con- 
cilier l'amitié  et  la  conQance  des  habi- 
tans.  Pour  y  parvenir,  on  observera  la 
plus  exacte  discipline  ;  on  défendra  la 
maraude  et  les  pillages,  et  on  punira 
ce  crime  avec  rigueur.  Oc  %rx;use  aussi 
l'ennemi  d'avoir  contre  le  pays  les  des^ 
aeins  les  phis  pernicieux. 

Si  c'est  dans  un  pays  protestant, 
comme  la  Saxe,  on  joue  le  rôle  de  pro- 
tecteur de  la  religion  luthérienne,  et 
on  cherche  à  inspirer  le  fanatisme  au 
petit  peuple,  dont  la  simplicité  peut 
être  facilement  trompée. 

Si  le  pays  est  catholique,  on  ne  par- 
le que  de  tolérance  ;  on  prêche  la  mo- 
dération; pn  rejette  sur  les  prêtres 
toute  la  faute  de  l'animosité  entre  les 
sectes  chrétiennes,  qui,  malgré  leurs 
disputes,  s'accordent  ensemble  sur  les 
principaux  articles  de  la  foi. 

Pour  ce  qui  regarde  les  partis  qu'on 
veut  détacher,  il  faut  se  régler  sur  la 
protection  des  habitans  du  pays.  Chez 
vous,  vous  pourrez  tout  hasarder  ;  mais 
dans  un  pays  neutre,  il  faut  être  plus 
circonspect,  à  moins  qu'on  ne  soit  as- 
suré de  l'inclination  de  tous  les  pay- 
sans ou  de  la  plus  grande  partie. 

Dans  un  pays  tout  ennemi,  comme 
la  Bohème  et  la  Moravie,  il  ne  faut 
jouer  qu*au  sûr,  et  par  les  raisons  ci- 
mentionnées,  n'aventurer  jamais  ses 
partis.  Il  faut  faire  la  guerre  à  l'œil. 
La  plupart  des  troupes  légères  seront 
employées  alors  pour  escorter  les  con- 
vois? car  il  ne  faut  pas  s'imaginer  de 
gagner  jamais  ralTection  de  ces  gens- 


là.  Il  n'y  a  que  les  Husrites  dans  le 
cercle  de  Kœni(rinAqrnetz ,  dont  on 
pourrait  profiter.  Les  seigneurs  y  sont 
des  traîtres,  quoiqulls  fassent  sem- 
blant d'être  bien  intentionnés  pouf 
nous.  II  en  est  de  même  des  prètrn  d 
des  baillis.  Leur  intérêt  est  attaché  à 
celui  de  la  maison  d'Autriche  ;  et  con^ 
me  cet  intérêt  n'est  pas  conforme  m 
nôtre,  on  ne  peut  et  on  ne  doit  jamais 
se  fier  à  eux. 

Tout  ce  qui  vous  reste  encore,  c'est 
le  fanatisme,  lorsqu'on  peut  animer 
une  nation  par  la  liberté  de  la  religioD, 
et  lui  insinuer  adroitement  qu'elle  est 
opprimée  par  les  prêtres  et  les  sei- 
gneurs. Voilà  ce  qu'on  appelle  re- 
muer le  del  et  l'enfer  pour  son  in- 
térêt. 

Depuis  le  temps  que  ces  Mémoires» 
ont  été  composés,  l'impératrice-reine  a 
considérablement  augmenté  les  impôts 
en  Bohême  et  en  Moravie  ;  on  pour- 
rait profiter  de  cette  particularité  pour 
se  concilier  Taffection  de  ses  sujets , 
surtout  si  on  les  flattait  de  les  traiter 
avec  plus  de  douceur,  au  cas  qu*on  fit 
la  conquête  du  pays. 


ARTICLE  XV. 

De  toatet  les  mirebes  qu'une  armée  peut  fliire 

Une  armée  se  met  en  mouvement, 
ou  pour  faire  des  progrès  dans  le  pays 
ennemi ,  ou  pour  occuper  un  camp 
avantageux,  pour  aller  joindre  un  ac- 
cours, pour  donner  bataille,  ou  pour 
se  retirer  devant  l'ennemi. 

La  première  règle  est  qu'après  avoit 
assuré  le  camp ,  on  fasse  reconnaître 
tous  les  chemins  qui  en  sortent  et 
tous  les  environs,  pour  être  en  état  da 
faire  les  dispositions  nécessaires,  selon 
les  diOérens  évènemens  qui  peuvent 
arrivor. 


ftir  Eoi  OB  racsftft. 


Dmt  ce  deaseÎD,  on  enverra,  sous 
dlosienn  prétextes,  de  gros  détathe- 
fflens,  accompagnés  de  quelques  ingé- 
oieaîs  et  quartiers  «  maîtres ,  qui  se 
porteroot  dans  tous  les  endroits  prati- 
cables pour  des  troupes.  Ils  lèveront  la 
situatio'j  do  pays,  et  reconnaîtront  les 
dieminspar  où  on  peut  marcher;  ils 
«  feront  suivre  par  des  chasseurs  qui 
noteront  les  chemins  pour  pouvoir 
mener  les  colonnes,  en  cas  que  le  gé- 
néral y  marche. 

  leur  retour,  lesdits  officiers  feront 
leur  rapport  de  la  situation  du  camp, 
des  diemins  qui  y  mènent,  de  la  qua* 
b'tédn  terrain,  des  bois,  des  monta- 
gnes  ou  des  rivières  qui  s'y  trouvent. 
Le  général,  s*étant  informé  de  toutes 
ces  particularités,  fera  ensuite  sa  dis- 
position. Lorsqu'on  n'est  pas  campé 
trop  près  de  l'ennemi,  elle  se  fait  com- 
me il  suit  : 

le  suppose  qu'il  y  ait  quatre  che- 
mins qui  conduisent  au  camp.  L'avant- 
garde  partira  ce  soir  à  huit  heures , 
aui  ordres  de  M.  NN.;  elle  sera  com- 
posée de  six  bataillons  de  grenadiers , 
d'un  régiment  d'infanterie,  de  deux 
régimens  de  dragons,  chacun  de  cinq 
escadrons,  de  deux  régimens  de  hus- 
sards. Tous  les  campemens  de  l'armée 
suivront  cette  avant-garde,  qui  ne 
prendra  avec  elle  que  les  tentes,  lais- 
sât ses  gros  équipages  à  l'armée. 

Ces  troupes  marcheront  quatre  lieues 
en  avant ,  et  occuperont  le  défilé ,  la 
nvière,  hi  hauteur,  la  ville,  le  villa- 
ge, etc.,  dont  il  est  question,  et  y  at- 
tendront YanMe  de  l'armée  ;  alors  el- 
fes entreront  dans  le  nouveau  camp 
fDi  aura  été  marqué. 

L'armée  suivra  le  lendemain  matin 
TaTant-garde,  marchant  sur  quatre  co- 
lonnes. Les  gardes  qui  ont  été  postées 
daas  les  villages  rentreront  dans  leurs 
régimep^  '^  cavalerie  des  d^ux  lignes 


tSI 

de  l'aile  droite,  marchant  par  la  droi-^ 
te.  formera  la  première  colonne.  L'in- 
fanterie des  deux  lignes  de  Taile  droite» 
marchant  par  la  droite,  formera  la  se- 
conde colonne.  L*infanterie  des  deux 
lignes  de  l'aile  gauche  filera  par  la 
droite  et  formera  la  troisième  colonne; 
et  la  cavalerie  de  Taile  gauche,  filant 
par  la  droite,  formera  la  quatrième  co- 
lonne. 

Les  régimens  d'infanterie  NN.  de  la 
seconde  ligne,  et  les  trois  régimens  de 
hussards,  aux  ordres  du  général  NN., 
escorteront  les  équipages  qui  marche- 
ront à  la  queue  des  deux  colonnes  d'in- 
fanterie. Il  sera  commandé  quatre  ai- 
des-majors ,  qui  auront  soin  que  les 
chariots  se  suivent  en  ordre ,  et  aussi 
serrés  qu'il  sera  possible. 

Le  général  qui  commandera  l'ar- 
rière-garde  avertira  de  bonne  heure 
le  chef,  en  cas  qu'il  ait  besoin  de  se- 
cours. 

Les  quatre  colonnes  seront  conduites 
par  les  chasseurs  qui  auront  reconnu 
les  chemins. 

A  la  tête  de  chaque  colonne  mar- 
chera un  détachement  de  charpentiers 
et  de  chariots  chargés  de  poutres,  de 
solives  et  de  planches,  pour  faire  des 
ponts  sur  les  petites  rivières. 

Les  colonnes  s'observeront  dans  leur 
marche,  afin  que  les  tètes  ne  se  de- 
vancent pas. 

Les  généraux  aiffont  attention  que 
les  bataillons  marchent  serrés  et  se 
suivent,  sans  laisser  d'intervalles.  Les 
officiers  commandant  les  divisions  gar- 
deront bien  leurs  distances. 

Quand  on  passera  un  défilé,  les  tê- 
tes marcheront  doucement  ou  s'arrê- 
teront, pour  donner  le  temps  â  la 
queue  de  reprendre  ses  distances. 

Voilà  comment  on  fait  les  ordres  dl 
marche. 

Lorsque  von^  passeres  des  déillM 


INSTAUCriO!!   MIUTAIBB 


des  bois  ou  des  montagnes,  vous  par- 
tagerez vos  colonnes  ;  toute  la  tète  sera 
composée  de  l*infanterte,  suivie  de  la 
cavalerie,  qui  en  fermera  la  marche. 

S*ii  j  a  une  plaine  au  centre,  on 
rassigncra  h  la  cavalerie,  et  Tinfante- 
ric,  formant  les  colonnes  sur  les  deux 
extrémités,  traversera  le  bois;  mais 
cela  ne  s'entend  que  d'une  marche  qui 
ne  se  fait  pas  trop  près  de  Tennem.i  ; 
car  alors  on  se  contentera  de  mettre 
quelques  bataillons  de  grenadiers  à 
chaque  tète  de  colonne  de  cavalerie, 
^  pour  ne  pas  rompre  tout  Tordre  de  ba- 
taille. 

Si  vous  voulez  faire  arriver  hcureu- 
iemenl  un  secours,  le  moyen  le  plus 
fur  est  de  marcher  à  sa  rencontre  par 
un  terrain  difficile,  et  de  vous  retirer 
de  devant  Fennemi  pour  éviter  le  com- 
bat. Parla  supériorité  que  Ton  gagne 
à  l  arrivée  du  secours,  on  recouvrera 
bientôt  le  terrain  qu*on  D*a  fait  que  lui 
prêter. 

Ouand  on  e^;!  ob!igé  de  faire  des 
marches  parallèles  à  celles  de  Tenne- 
mi,  il  faut  que  cela  ait  lien  08  par  la 
droite  on  par  la  gauche,  en  deux  li- 
gnes, dont  chacune  formera  une  co- 
lonne, précédée  d'une  avant-garde. 
Au  reste,  on  observera  les  mêmes  rè- 
gles que  je  viens  de  donner. 

Toutes  les  mafches  que  noiw  fîrttes 
de  Frankcnberg  à  Hohcn-Frienberg , 
étaient  dirigées  ainsi.  On  y  marcha  par 
la  uroile. 

Je  préfère  ces  dhrpositrons  à  tourtes 
les  autres  ;  car  l'armée  es!  formée  en  bo- 
'tail!i3  pur  un  à  droite  ou  un  à-gaifche, 
qui  est  la  nréthode  ta  plus  prompte  pour 
se  remettreen  ordre  de  rttarchc.  Je  m'en 
servirais  toujours  sî  j'avais  le  chot\  d'at- 
taqnor  rcnncmi  ;  j'en  ai  perdu  l'avanta- 
ge à  Hohen-Fricdberg  et  à  Sorr.  Dans 
CCS  sortes  de  marches,  il  faut  bien  se 

gairder  de  prêter  te  llMc  à  l'emieitii. 


I.ors^ue  l'ennemi  se  met  en 
pour  en<;ager  une  affaire  «  vom  voM 
débarrasserez  dc  vob  équipage»,  et  IH 
enverrez  «  sous  une  escorte ,  dans  vM 
des  villes  le  plus  a  portée.  Vous  f9h 
merez  alors  une  avant-garde  qua  firt 
pousserez  à  une  petite  demi-lieve  m 
avant. 

L'armée  marchant  de  front  à  fa» 
nerai,  il  faut  non-seulemenl  qM.JS 
colonnes  ne  se  devancent  paa^ 
qu'en  approchant  du  champ 
elles  s'étendent  de  façtm  que  les  traa- 
pes  n'aient  ni  plus  ni  moina  de  lemk 
qu'elles  n'en  occupent  quand  eUaaiMt 
formées.  C'est  uhe  manceuvra  yèadi 
ficile;  ordinairement  quelqoea  batril- 
lons  n'ont  pas  assez  de  terraiii^  d'ê- 
tres fois  les  généraux  en  dODMl 
trop. 

I^  marehe  qui  se  fait  par  ligncan*! 
aucun  inconvénient;  c'est  poor  adi 
que  je  l'ai  choisie  eoaame  la 
leure. 

Les  marches  qu'on  fait  pour 
battre  demandent  beaucoup  de  fÀ- 
cautions,  et  un  général  a  taiaon  dlfet 
sur  ses  îrardes.  H  faut  qu'il  reeeni 
le  terratii,  de  distance  en  dtstancaii 
sans  s'exposer,  aGn  qu'H  ait 
positions  en  tète,  dont  ii  peiirra 
vir  en  cas  que  l'ennemi  vienne  Fi 
quer. 

Pour  reconnaître  un  lerraHi«a»« 
sert  des  clochers  ou  dea  h«Blaw8i  Oa 
ouvre  le  chemin,  pour  y  aller^  par  dei 
troupes  légères  qu'on  détaébe  dlKH 
vant*garde. 

Les  retraites  ofd rnaîrea  ûe  lent  difc 
manière  suivante.  Uki  du  detti  ji^i 
avant  de  partir,  on  se  débem«efaA 
ses  équipages,  et  on  les  rei^verva  soai 
une  bonne  escorte. 

On  réglera  alors  les  eotortnaaM^h 
nombre  des  chemins  quTon 
dre ,  et  la  marche  des  froupaa 


têlfpkûe  de  tefhlin.  Si  c*ei^t  une  plnihe, 
Hl  catàlcrîe  fera  l'avanl-garde;  si  c'est 
un  pays  coupé,  on  en  chafgcfa  Tînfan- 
terie  :  si  c'est  un  pays  de  plaine,  Tar- 
fôée  marchera  sur  quatre  colonnes. 

L'infanterie  de  la  seconde  ligne  de 
rtile  droite,  filant  par  sa  droite,  et  sui-^ 
tte  de  la  seconde  ligne  de  la  cavalerie 
ÔKt  cette  aile,  formera  la  quatrième  co- 
fohne.  L'infanterie  de  la  première  li- 
glied6  raile  droite  filant  paf  sa  droite, 
Wtht  suiTié  de  la  première  ligne  de  ea- 
fHlcf ie  de  cette  ailé,  et  formera  la  troi- 
lèmè  cdionme. 

L'infanterie  de  la  seconde  ligne  dé 
raile  gauche,  survie  de  la  raralerie  de 
fil  tifièftte  ligne,  formera  la  seconde  ct>- 
fonde. 

L'infanterie  de  la  première  ligne  de 
Taile  gaucbe  sera  suivie  de  la  cavalerie 
ite  la  même  ligne,  et  formera  avec  elle 
fil  première  colonne. 

De  cette  manière,  toute  !a  cavalerie 
formera  l'arrière-garde,  que  vousferez, 
pkt  précaution,  soutenir  par  des  hos- 
Éàrds. 

Si  vous  devez  passer  des'  défilés  dans 
ttttre  retraite,  il  faudra  les  faire  occu- 
per, la  veille  du  départ,  par  Tinfante- 
fte,  et  la  placer  de  façon  qu'elle  dé- 
borde les  troupes  qui,  dans  leur  re- 
traite, passeront  le  défdé,  de  sorte  que 
fe  chemin  du  défilé  reste  libre. 

Supposons  que  l'armée  marche  sur 
deux  colonnes,  la  cavalerie  de  la  droite 
filera  pair  la  gauche  ;  la  seconde  ligne 
partira  la  première,  et  prendra  la  tête 
de  ta  seconde  colonne  ;  rinfantcric  de  la 
seconde  ligne,  suivie  de  la  première,  se 
mettra  à  la  queue  de  celte  cavalerie  et 
la  suivra. 

La  cavalene  de  i  aue  gauche  filera 
par  la  gauche  :  la  seconde  ligne,  par- 
tslitt  la  première,  aura  la  léte  de  la 
première  colonne  ;  elle  sera  jointe  par 
nnrFfMterie  de  Taile  gauehe,  dont  la  se^ 


cônde  ligne  pfécèdehi  la  marche  dé  M 
première  :  c'est  ce  qui  formera  la  pfe- 
inière  colonne. 

Six  bataillons  de  la  queue  de  la  pre- 
mière ligne,  soutenus  de  dix  escadrons 
de  hussards,  fefont  l'ârrièfe-garde.  Ces 
sii  bataillons  se  mettront  en  bataille 
en  avant  du  défilé  sur  deux  lignes  en 
échiquief. 

Pendant  que  l'afmée  passera  le  dé-^ 
filé,  il  faut  que  les  trolipes  postées  en 
avant  débordent  celles  qui  sont  ehcore 
en-deça  du  défilé,  pour  les  protéger 
par  leur  feu. 

Quand  toute  l'armée  aura  passé,  la 
première  ligne  de  l'avant-garde  passera 
parles  intervalles  de  la  seconde,  et  se 
jettera  dans  le  défilé  :  celle-ci  étant  par- 
tie, la  seconde  fera  la  même  manœuvre, 
ù  la  faveur  du  feu  de  ceux  qui  seront 
postés  de  l'autre  côté,  et  qui  sui- 
vront les  derniers  pouf  faire  rdrfîère- 
garde. 

De  tontes  les  manœuvres,  la  plus  dif- 
ficile est  de  passer  dans  éà  retraite  une 
rivière  en  présence  de  Tennemi.  Je  ne 
saurais  citer  à  ce  sujet  un  meilleur 
exemple  que  la  retraite  qtie  nous  fîmes 
Tan  nV^,  en  repassant  l'Elbe,  à  Kolin. 

Mais,  ne  trouvant  pas  toujours  déîi 
villes  dans  ces  sortes  d'endroits,  je  sup- 
posé qu'on  n'ait  que  deux  ponts.  En  ce 
cas,  il  faudra  faire  travailler  à  un  bon 
retranchement,  qui  enveloppera  les 
deux  ponts,  et  pratiquer  une  petite 
coupure  à  la  tète  de  chaque  pont. 

Cela  étant  fait  on  envoie  des  trou- 
pes et  beaucoup  de  canons  de  l'au- 
tre côté  de  la  rivière,  et  on  les  place 
sur  le  bord.  Il  en  faut  choisir  un  qui 
soit  un  peu  élevé,  mais  pas  trop  raide, 
pour  commander  le  bord  opposé.  Alors 
on  garnira  d'infanterie  le  grand  retran- 
chement. Après  cette  disposition,  on 
fera  passer  l'infanterie  la  première  :  la 
cavalerie  formant  l'arrière-garde,  se 


avo 


UfSTKUCTiON    MltlTAlRB 


reUnara  eo  éclriquier  par  le  retranche- 
ment. 

Quand  tout  sera  passé,  on  bordera 
les  deux  petites  tètes  de  pont  avec  de 
l'infanterie  ;  et  celle  qui  est  dans  le  re- 
tranchement le  quittera  pour  se  retirer. 

Si  l'envie  prend  à  l*ennemi  do  lapour- 
suivre,  il  sera  exposé  au  feu  des  deux 
tètes  de  pont  et  des  troupes  placées  de 
l'autre  cÂté  de  la  riviè.re. 

L'infanterie  qui  était  postée  dans  le 
retranchement  ayant  passé  la  rivière, 
on  fera  rompre  le  pont  ;  et  les  troupes 
placées  dans  les  tètes  de  pont,  la  tra- 
verseront sur  des  bateaux,  sous  la  pro- 
tection des  troupes  qui  ont  été  pla- 
cées à  l'autre  bord,  et  qui  s'en  appro- 
cheront pour  mieux  les  soutenir. 

Lorsque  les  pontons  auront  été  char- 
gés sur  les  chariots,  les  dernières  trou- 
pes se  mettront  en  marche. 

Ou\peut  aussi  faire  des  fougasses  aux 
angles  des  retranchemens.  Les  derniers 
grenadiers,  dans  le  moment  qu'ils  pas- 
seront la  rivière,  y  mettront  le  feu. 


ARTICLE  XVL 

QoeUes  précautions  on  prendra  dans  une  re- 
traite contre  les  hussards  et  les  pandours. 

Les  hussards  et  les  pandours  ne  sont 
redoutables  qu'à  ceux  qui  ne  les  con- 
naissent pas.  Ils  ne  sont  braves  que 
quand  l'espoir  du  butin  les  anime,  ou 
lorsqu'ils  peuvent  nuire  sans  s'exposer. 
Ils  exercent  la  première  espèce  de  bra- 
>oure  contre  les  convois  et  les  équipa- 
fi,(?s  ;  et  l'autre  contre  les  corps  qui  sont 
forcés  de  se  retirer,  et  qu'ils  viennent 
aiors  harceler  dans  leur  retraite. 

Nos  troupes  n'ont  aucun  affront  à 
rraindre  d'eux  ;  mais  comme  leur  ma- 
nière d'escarmoucher  retarde  une  mar- 
j|ie,  et  qu'ils  ne  laissent  pas  de  tuer 


quelques  hommes,  qu'on  perd  fort  mal 
à  propos,  j'indiquerai  la  manière  me 
je  crois  la  meilleure  pour  se  tirer  d'af- 
faire avec  eux. 

Quand  on  fait  sa  retraite  par  des 
plaines,  on  chasse  les  hussards  par 
quelques  volées  de  canon  ;  et  les  pan  - 
dours  par  des  hussards  et  des  dragons 
qu'ils  craignent  beaucoup.  Les  retrai- 
tes les  plus  difficiles ,  où  les  pandours 
peuvent  faire  le  plus  grand  dommage, 
sont  celles  où  il  faut  passer  des  bois, 
des  défilés  et  des  montagnes.  On  ne 
peut  presque  éviter  alors  de  perdre  do 
monde. 

Dans  ce  cas,  il  faut  que  votre  avant- 
garde  occupe  les  hauteurs,  faisant  face 
à. l'ennemi.  Vous  détacherez  en  même 
temps  des  troupes  sur  les  flancs  de  la 
marche,  qui,  en  côtoyant  l'armée,  se 
tiendront  toujours  sur  les  hauteurs  ou 
dans  les  bois.Vous  aurez  quelques  esca- 
drons à  portée  poiu*  vous  en  servir 
quand  le  terrain  le  permettra. 

11  ne  faut  jamais  faire  de  haltes  dans 
ces  sortes  d'occasions,  mais  poursuivre 
toujours  sa  marche  ;  car  s'arrêter,  est 
ce  qui  s'appelle  sacrifier  du  monde 
mal  à  propos. 

Les  pandours  se  jettent  à  terre  et  ti- 
rent ;  on  ne  voit  pas  d'où  partent  les 
coups  ;  et  quand  la  marche  de  l'armée 
oblige  l'arrière-garde  et  les  pelotons 
détachés  de  suivre  et  de  quitter  les  hau- 
teurs, alors  ils  s'en  emparent,  et  étant 
à  couvert,  ils  fusillent  ceux  qui  se  re- 
tirent. Ni  le  feu  de  monsqueterie,  ni  le 
canon  chargé  à  cartouches,  ne  peuvent 
leur  faire  grand  mal,  étant  éparpillés  et 
cachés  derrière  les  hauteurs  ou  les  ar- 
bres. 

J'ai  fait  deux  retraites  semblables. 
Tannée  17^5  ;  l'une  par  la  vallée  de  Lie- 
benthal,  en  marchant  à  Staudcnitz,  et 
l'autre  de  Trautenau  à  Schazlar.  Mal- 
gré toutes  les  précautions  imagioaUdi. 


MJ  AOI   DK  PRD58B 


2^1 


perdhMi  à  la  première  soixante 
boflunes  taés  oa  blessés,  et  plus  dé  deux 
cents  à  la  seconde. 

Quand  on  se  retire  par  des  chemins 
dSndles,  il  fout  foire  de  petites  marches 
pour  pouvoir  prendre  des  précautions 
(ha  promptes  et  plus  sages.  La  plus 
grande  marche  ne  doit  être  que  de 
dBBxlienea^ou  d'un  mille  d'Allemagne  ; 
M  eamme  alors  on  n'est  pas  pressé,  on 
fIBViiqiielqaerois  forcer  les  pandours, 
pvfiooUteement  quand  ils  ont  eu  l'im- 
pnidence  de  se  fourrer  dans  de  petits 
bois  qu'on  tourne. 


ARTICLE  XVU. 

De  iinelle  tnaolèra  les  troopei  légérei  priusien- 
■n  combtlIroDt  contre  les  hatiardi  et  les 


Notre  manière  de  forcer  un  posie, 
occupé  par  des  troupes  légères  enne- 
mies, est  de  le  brusquer,  car  l'habitude 
dea  hussards  et  pandours  autrichiens 
étant  de  s'éparpiller  pour  combattre, 
ils  ne  peuvent  tenir  contre  des  troupes 
régulières.  Hais  on  ne  doit  pas  les  mar- 
chander ;  pas  de  tâtonnement;  l'attaque 
doit  être  vive  et  poussée  à  fond.  Déta- 
chez seulement  quelques  troupes  pour 
couvrir  les  flancs  du  corps  qui  marche 
i  elles  ;  et  pourvu  qu'on  attaque  brus- 
quement l'ennemi,  on  le  chasse. 

Nos  dragons  et  hussards  les  atta- 
quent serrés  et  le  sabre  à  la  main.  Us 
ne  peuvent  soutenir  ces  sortes  d'atta- 
ques; aussi  les  a-t-on  toujours  battus, 
sans  se  soucier  du  nombre,  quelque  su- 

ieur  qu'il  f&t. 


ARTICLE  XVIII. 


Par  quels  mouTeroens  on  peat  forcer  l'ennenil 
d'en  Taire  aussi. 

Si  l'on  croit  qu'il  nuflise  de  faire  des 
mouvemens  avec  une  armée  pour  obli- 
ger l'ennemi  d'en  faire  aussi,  on  se 
trompe  beaucoup.  Ce  n'est  pas  le  mou- 
vement seul  qui  l'y  forcera,  mais  la  ma- 
nière dont  il  sera  fait.  Des  mouvemens 
spécieux  ne  feront  pas  prendre  le  chan- 
ge à  un  ennemi  savant;  il  faut  l'y  con- 
traindre par  des  dispositions  solides  qui 
l'engagent  à  faire  des  réflexions,  et  le 
réduisent  à  la  nécessité  de  décamper. 

C'est  pourquoi  il  est  nécessaire  de 
connaître  le  pays,  le  général  avec  le- 
quel on  a  afiaire,  les  places  où  il  a  ses 
magasins,  les  villes  qui  lui  sont  le  plus 
commodes  et  celles  d'où  il  fait  venir  ses* 
fourrages.  Il  faut  bien  combiner  toutes 
ces  choses,  former  un  projet  et  le  di- 
riger. 

Celui  des  deux  généraux  qui  aura  le 
plus  de  ressources  dans  l'imagination, 
et  qui  tentera  le  plus  souvent  sur  son 
ennemi,  remportera  à  la  longue  des 
avantages  sur  le  rival  de  sa  gloire. 

Celui  qui,  à  l'entrée  d'une  campa- 
gne, assemblera  le  premier  ses  troupes, 
et  marchera  en  avant  pour  attaquer 
une  ville  ou  pour  occuper  un  poste, 
obligera  toujours  l'autre  de  se  régler 
sur  ses  mouvemens  et  de  se  tenir  sur 
la  défensive. 

Lorsque  dans  le  cours  d'une  campa- 
gne on  conçoit  le  projet  de  forcer  l'en- 
nemi à  changer  de  camp,  il  faut  s'y  dé- 
cider par  les  raisons  suivantes,  soit  que 
l'on  se  propose  de  prendre  une  ville  à 
la  portée  de  laquelle  il  a  choisi  sa  po- 
sition, soit  qu'on  veuille  le  rejeter  dans  ^ 
un  pays  stérile  où  il  ne  pourra  vivre 
qu'avec  peine,  soit  enfin,  que  l'on  es- 
père l'amener  à  une  affaire  grave  et 
qui  doit  procurer  des  avantages. 

16 


jto^ 


INSTRUCTION  «ttlifAlRB 


Lorsque  vous  aurez  bien  constaté  la 
probabilité  de  ces  motifs,  alors  vous 
Yous  occuperez  de  Texécution,  mais  en 
y  procédant,  vous  examinerez  d*abord 
et  avec  attention,  si  les  marches  qu*il 
?ous  faudra  faire  et  les  camps  que  vous 
TOUS  proposer  d'occuper  ne  vous  pla- 
œront  pas  dans  une  situation  plus  dé- 
savantageuse que  celle  dans  laquelle 
▼DOS  vous  trouvères  alors,  comme  par 
exemple  en  vous  éloignant  d*une  place 
mal  fortiûée  où  vous  avei  votre  dépAt, 
et  que  les  troupes  légères  peuvent  em- 
porter d'emblée  en  votre  absence  ;  on 
en  prenant  une  position  dans  laquelle 
vous  pourriez  être  coupé  de  votre  pays 
et  de  vos  places,  ou  bien,  en  venant 
ocx^uper  un  pays  que  vous  serez  obligé 
d'abandonner  bientôt  après,  faute  de 
subsistances. 

Après  avoir  réfléchi  mûrement  sur 
tous  ces  objets,  et  calculé  lu  possibilité 
des  entreprises  que  reuncmi  pourrait 
faire,  vous  formerez  le  projet,  soit  de 
venir  vous  camper  sur  un  de  ses  flancs, 
soit  de  vous  approcher  de  la  province 
d'où  il  tire  ses  subsistances,  soit  de  le 
couper  de  sa  capitale,  soit  de  menacer 
ses  dépôts,  soit  enûn  de  prendre  des 
positions  par  lesquelles  vous  hii  rclran- 
dierei  les  vivres. 

Pour  en  donner  m  exemple  qui  est 
connu  de  la  plus  grande  partie  de  mes 
ofiiciers,  je  dirai  le  plan  sur  lequel  nous 
aurions  dû  espérer  d'obliger  le  prince 
Charles  de  Lorraine  à  abandofmer  Kœ- 
niginsgrœtz  et  Pardubits  en  17tô. 

En  partant  du  camp  de  Dubtetz,  nous 
soirioDS  dû  prendre  à  gauche,  côtoyer 
le  comté  de  Gfaiti,  et  marcher  sur  Uo- 
kenmaath.  Par  cette  manœuvre,  nous 
ittrions  forcé  les  Autrichiens  qui  avaient 
leur  magasin  à  Teutschbred,  et  qui  li- 
raient la  plus  grande  partie  de  leurs 
Tivres  de  la  Moravie,  de  marcher  à 
Lr.ndsrron, et  de  nous  abandonner  Koa- 


niginsgnett  et  PafdiAill.  hm 
coupés  alors  de  leur  ïMiys,  ÉaiUMI  êà 
contraints ,  pour  le  couvrir,  de  se  tf- 
parer  des  Autrichiens. 

Mais  ce  qui  m'empêcha  alors  ieflAie 
ce  mouvement,  fut  qa*eh  gaflSIt 
même  Kœniginsgrœtx,  jie  B^aitfiis  llk 
gagné,  puisque  j'aurais  été  oNiglIe 
faire  des  détachemens  poat  roaftMtr 
le  prince  d' Anhalt,  si  les  SaxaM  éMsat 
retournés  chez  en.  Ooire  éêla,  kÊ 
gasins  de  Glatz  n*élalent  paa 
pour  me  faire  subsister  penduf 
la  campagne. 

Les  diversions  que  Ton  fait  eo  dé- 
tachant des  troupes,  obligent  enoon 
l'ennemi  de  décamper.  Généraleneai  ' 
toutes  les  entreprises  auxquelles  Teii- 
nemi  n'a  pas  été  préparé,  le  défaii|eol 
et  le  forcent  à  quitteras  posîlioft. 

De  cette  espèce  sont  les  passages  dei 
montagnes  que  Tennemi  croit  impralî- 
cabies  et  que  l'on  peut  presque  toolei 
passer;  et  aussi  les  passages  été  if- 
vrères  qui  se  font  sans  que  Venatai 
s'en  soit  aperçu. 

On  n'a  qu'à  lire  la  campagne  du  prflfle 
Eugène  de  l'année  1701.  Ori  saK  HRl 
dans  quel  désordre  se  troura  rirok 
française,  quand  le  prince  Charles  le 
Lorraine  la  snrprit,  Tan  f  7l(,  en  pas- 
sant le  Rhin. 

Je  finmii  en  disant  que  rexéiflto 
de  ces  sortes  d*entreprisesdoittocriiMi 
répondre  an  projet,  et  que  tant  qfm 
générai  fera  des  dispositions  sagM  61 
fondées  sur  des  maximes  soRdlét,  If  ft^ 
cera  tonjonrs  son  ennemi  de  se  Hm 
sur  la  défensive,  et  de  se  régler  sÉirM. 


ARTICLE  XIX 


Det  passages  des  rivières. 


La  force  est  inutile  lorsque  lenii'^ui 


iera  d«  l'aoM  côté  d'une  liiibte  qoe 
ttnn  dam  intentloil  de  pasfcr;  il  fint 
avoir  recours  à  la  rase.  On  n'a  qo'à  | 
hoitor  1«  petufie  im  Rhin  de  César  ;  | 
niai  da  Pd  pdr  hi  prioEe  Eagène  ;  ou  i 
•tiai  dta  HfalD  par  le  prince  Charlei  de 
i«mlaa,  f 'il  i'agit  de  paMCi*  ona  groale 
fifièfe. 

'  Ceafinérsux  firent  detdétacbeSnns 
ftmt  tm  nDpoMr  è  ^Mnemî,  et  pour 
M  eadief  l'itddmt  <|u'ila  anient  choisi 
poar  iMr  pMMge.  Ils  ùnatdét  prépan- 
ttApsarUcoftstnietiondesponts^dans 
des  lieux  oà  ite  D'aTalCDtpa9lntenU6n 
4e  paww,  fin  attendant  qUa  )e  gros  de 
lear  année  fit  nne  marche  de  ntift , 
peur  s'éloigner  de  rennemi  et  gagtler 
le  temps  de  passer  la  rivière,  afanlqae 
lea  troupes  destinée»  à  défendre  le  pas- 
sage, eussent  ps  se  siettre  en  devoir 
de  les  en  empAtdier. 

On  choisit  ordinairement  pour  le 
passage  des  rivières  les  endroits  où  il 
y  a  de  petites  Iles,  ce  qui  en  facilite 
l'opér&tioo.  On  aime  aus«  à  rencontrer 
de  l'antre  cAté  de  la  rivière,  des  bois  ou 
d'aatresobstacles,qaiempAcbent  l'en- 
nemi de  vous  attaquer  avant  que  vous 
ayei  déhanché. 

n  font  une  attention  très  particalite^ 
et  prendre  les  mesures  les  plus  justes 
dans  ses  fortes  d'entreprises^  Il  est  né- 
■waircqBelwbBtfflaiouiapontdps. 
êttnrtaiitttfiippifell,  Attertt  au  rendei- 
TOUS  à  rbeure  marquée,  etque  chaque 
psotonnier  ou  batelier  soit  instruit  de 
-  ie  beiocne,  poar  éviter  le  déaonke  qui 
■m  mn  ftrdiiiaifefflenf  ânta  m  eipÀii- 
floM  de  nnit.  tôdt  étafit  amlflg^.  An 
fait  passer  des  Groupes  pour  s'établtr  de 
l'autre  cité  de  la  rivière. 

Dans  les  passages  de«  rivitoea,  11 
fatrt  toajonrs  avoir  attention  de  fMre 
itrtrftfirtxrr  les  deul  t£tes  de  pdnt  et  à 
fes  bien  garnir  de  (roupN.  On  Fortifie 
•noeto  les  Haï  qai  eonidans  le  voietnage 


m» 

pmt  MutMifr  cet  twiiMMM<W)  Mi 
que,  dans  le  tensps  tpié  i6\a  tiite»  tes 
opérations,  l'eiinnnl  fi«  lienne  pis 

prendre  ou  détruire  vos  ponts. 

gt  les  rivières  soitt  étmitM,  ÔA  ehol- 
ili  pour  Itmr  passage  le»  endrolu  où 
elles  font  àt^  condest  «t  (M  \é  bdfd 
étant  plM  élevé  demiiie  mrtielbf  ({ai 
lui  est  Opposé.  OH  y  pIMe  Mtillri  de 
Mflonfl  que  le  t^nln  le  |^t  ^erhiet- 
lr««  et  on  le  |amlt  de  trenpM.  6Ms 
eett*  protection ,  oti  Mttfflrùlt  sM  fxfhli. 
et  comme  le  temiA  se  rétrécit  pâf  le 
eoude  que  Mt  la  rtvMfe^  Il  it«  fEhidra 
avancer  qw  fort  peiij  dt  IdWfMlbfè- 
Brtnt  gagner  eltHfdn  à  tNUare  tttit  I«s 
tronpes  passeront. 

6'ilTadesgtiâi,oit7raMde«  hm- 
pes,  pour  que  la  UtaMrte  f  pSWle 


ARTICLE  XX. 


ftlen  fi'eït  phis  diffltilé,  poiir  he  fi» 
dtfe  impossible,  que  dé  défendre  le 
passage  d'une  rivière,  surfont  tors^tie 
lefrontd'attatfue  est  d'une  trop  ^nde 
étendne.  Je  ne  itie  char^fdls  Jsiiuii 
d'tine  telJe  com[nlj;4ofl,  sï  le  terrdffi  à 
défendre  avait  plus  di  hait  Ailfte^  d'Aï- 
letmgde  [i]  de  ffont,  et  s'il  n'y  avait 
pus  (Jaits  cette  distAiice  one  bû  débj 
redouiet  èlabltes  Stir  le  bofdde  (a  ri- 
vière, il  faudrait  encore  qu'il  fi'}  At 
oQctfti  endroit  <st  foti  pM  ^aset  é  gué. 

Msis  sopposé  qae  toutes  lei  ^(rfes 
soient  telles  que  Je  viens  de  dire ,  il 
faudra  toujours  du   temps  p6ta  fes 

(1)  L'*r1tfHt  du  pMlttraMml  i  mHIm  tAU- 
■■■•(■e,  c'«U-i-dlr*  trUt  UtiMi  dt  FrMMar  Ba 
Va  tuiti  cUni  \*  tridudioii,  qmi^ac  If  Mot 
(tè  llMiet  piïiiiM  plot  ip^iMbh  iarêiém 


i4k 


utsTavimoN  miuxairb 


prépAraUft  néoeflMires  contre  les  entre- 
prises de  Tennemi.  La  disposition  qu'on 
aurait  à  faire  alors*  serait  à  peu  près 
oelle-ci  : 

On  réunira  tous  les  bateaux  et  tou- 
tes les  barques  qui  se  trouveront  sur 
la  rivière,  et  on  les  fera  conduire  aux 
deux  redoutes,  pour  empêcher  que 
Tennemi  ne  puisse  s'en  servir. 

Vous  reconnaltret  les  deux  bords  de 
la  rivière,  pow  marquer  les  endroits 
à  la  faveur  desquels  on  pourrait  la  pas- 
ser, et  vous  les  ferez  démolir. 

Vous  noterez  le  terrain  qui  pourrait 
protéger  le  passage  de  l'ennemi,  et  for- 
merez le  projet  d'attaque  sur  la  situa- 
tion de  chaque  terrain. 

Vous  ferez  ouvrir  des  chemins  lar* 
ges  pour  plusieurs  colonnes,  sur  tout 
le  front  de  votre  défense,  le  long  de 
la  rivière,  pour  pouvoir  marcher  à 
l'ennemi  conunodément  et  sans  em- 
barras. 

Après  avoir  pris  toutes  ces  précau- 
tions, vous  ferez  camper  l'armée  au 
centre  de  votre  ligne  de  défense,  de 
sorte  que  vous  n'ayez  que  quatre  milles 
à  marcher,  pour  aller  à  l'une  ou  l'autre 
extrémité. 

Vous  ferez  seize  petits  détachemens 
commandés  par  des  oiBciers  de  hus- 
sards ou  de  dragons  les  plus  actifs  et 
les  plus  habiles,  dont  huit,  aux  ordres 
d'un  général,  auront  le  front  d'attaque 
de  la  droite,  et  huit  aux  ordres  d'un 
autre  général,  auront  celui  de  la 
gauche. 

Ces  détachemens  seront  destinés  à 
donner  avis  des  mouvemens  de  l'en- 
nemi,  et  de  l'endroit  où  il  tentera  le 
passage. 

Pendant  le  jour,  ils  placeront  des 
gardes  pour  découvrir  tout  ce  qui  se 
passera,  et  dans  la  nuit,  ils  feront  d'un 
quart-d'heure  à  l'autre  des  patrouilles 
près  de  la  rivière,  et  ne  se  retireront 


que  quand  ik  auront  dauremeot  vu  (1) 
que  l'ennemi  ait  fait  un  pont  et  que  la 
tète  ait  passé. 

Lesdits  généraux  etlescommandans 
des  redoutes  enverront  quatre  fois  par 
jour  leur  rapport  au  clief  de  l*krmée; . 
il  (aut  qu'il  y  ait  des  relais  établis  en- 
tre eux  et  l'armée  pour  que  les  rapporta 
arrivent  promptensent ,  et  qu'on  soit 
de  suite  averti  lorsque  l'ennemi  pas- 
sera ,  conmie  il  est  du  devoir  du  géné- 
ral de  s'y  porter  à  l'instant  même  ;  il 
aura  déjà  renvoyé  ses  équipages,  pour 
être  prêt  à  tout  événement. 

Ces  diflférentes  dispositions  étant 
faites  d'avance  sur  chaque  terrain,  il 
distribuera  à  ses  généraux  celles  qui 
regarderont  les  points  d'attaque.  Il 
marchera  avec  toute  la  céléritépossiMe, 
l'infanterie  ayant  la  tète  des  colonnes, 
parce  qu'il  faut  supposer  que  l'ennemi 
se  soit  retranché.  A  son  arrivée,  il  at- 
taquera vivement  sans  balança*.  Ces 
de  cette  manière  qu'il  pourra  se  pro- 
mettre le  succès  le  plus  brillant. 

Les  passages  des  petites  rivières  sont 
plus  dilBciles  à  défendre  ;  il  faut  ren- 
dre les  gués  impraticables  par  des  ar- 
bres qu'on  y  jette.  Mais,  si  la  rive  du 
cété  de  l'ennemi  conunande  celle  où 

(t)  Si  Ton  calcale  l«  temps  qu'il  faot  ponr  por> 
ter  ao  séoéral  en  chef  la  noaTaUe  da  paatafa 
qu'on  luppoM  qui  te  lUl  à  une  dci  e&uteltét 
de  l'étendue  du  front,  et  le  temps  qu'il  faut  pour 
y  faire  marcher  l'armép,  on  Terra,  par  ce i  te  sup- 
pntatioD  attei'enoemi  aura  assez  de  temps  poor 
passer  avec  toutei  ses  troupes,  avant  qiù  la  bnI- 
tié  de  rarmée,  qui  doit  faira  pn%  marche  de  qoa- 
tre  milles,  en  partant  de  son  centre,  soit  arrivée, 
et  poisse  se  mettre  en  devoir  de  lui  disputer  le 
passage.  Car,  quatre  miUes  sont  huit  lieues  d« 
chemin,  et  toutes  les  troupes  du  monde,  tellea 
ingambes  el  lestes  qu'ellet  soient,  ne  poorrenl 
les  faire  en  moins  de  temps,  partIcuUèreflMni 
dans  la  nuit,  comme  U  est  question  ici.  Font 
rendre  cette  manoeuvre  possible,  il  fhudrail 
qu'il  n'y  cÙt  que  huit  lieues  de  r»>nt  pour  toute 
rarmée,  au  lieu  des  huit  mOks  d* 


L 


DU   ROI  DE    PRUSS£. 

TOUS  êtes,  il  est  inutile  de  faire  résis- 
tances. 


9kh 


ARTICLE  XXI. 

Des  f  urprises  des  vOlei. 

Pour  surprendre  une  ville,  il  faot 
qa*elle  soi^mal  gardée  et  peo  fortifiée  ; 
encore  ne  pourrait  on  la  surprendre 
qo*en  hiver  et  pendant  la  gelée,  si  elle 
a  des  fossés  remplis  d'eau. 

On  surprend  les  villes  avec  toute  une 
armée,  comme  il  arriva  à  Prague  Tan 
17M  ;  ou  on  les  surprend  après  en 
avoir  endormi  la  garnison  par  un  blo- 
cus qui  traîne  en  longueur,  comme  le 
l^nce  Léopold  d'Anbalt  fit  à  Glogau. 
On  les  surprend  encore  par  des  déta- 
diemens,  comme  le  prince  Eugène 
te  tenta  à  Crémone ,  ou  comme  ont 
réussi  les  Autrichiens  a  Cosel. 

La  règle  principale,  en  faisant  des 
dispositions  pour  des  surprises,  est  de 
bien  connaître  les  fortifications  et  les 
intérieurs  de  la  place,  pour  diriger  son 
attaque  sur  la  situation  locale. 

La  surprise  de  Glogau  est  an  chef 
tfceavre,  que  tons  ceux  qui  tenteront 
des  surprises  doivent  imiter.  Celle  de 
Prague  ne  fut  pas  si  extraordinaire, 
puisque  la  garnison  ayant  à  défendre 
nne  ville  d'nne  vaste  étendue,  il  n'était 
pas  étonnant  qu'on  l'emportât  par  les 
diflërentes  attaques  qu'on  y  fit.  Cosel 
et  Crémone  furent  surpris  par  trahison. 
La  première  le  fut  par  un  officier  de  la 
garnison,  qu«,  ayant  déserté,  donna 
avis  aux  Autrichiens  que  l'évacuation 
du  fossé  n'était  pas  achevée  :  ils  le  pas- 
sèrent et  la  place  fut  emportée. 

SI  on  vent  prendre  de  petites  places, 
on  fait  pétarder  les  portes.  On  envoie 
en  même  temps  des  détachemens  à 
toutes  les  antres  pour  empêcher  que  la 


garnison  se  sauve.  Si  on  veut  y  em- 
ployer du  cunon,  il  faut  le  placer  de 
sorte  que  les  canonniers  ne  soient  pas 
exposés  à  la  mousqueterie,  autrement 
on  risque  de  perdre  le  canon. 


ARTICLE  XXn. 

Du  combalf  et  des  bitaiUei. 

Il  est  très  difficile  de  surprendre  les 
Autrichiens  dans  leur  camp,  à  aanse 
du  nombre  de  troupes  légères  dont  ils 
sont  entourés. 

Si  deux  armées  se  tiennent  dans  le 
voisinage  l'une  de  l'autre,  l'affaire  sera 
bientôt  décidée  entre  elles,  ou  il  fau- 
drait que  l'une  des  deux  occupAt  un 
poste  inattaquable,  qui  la  garantit  des 
surprises  ;  de  façon  que  ces  évènemens 
n'arrivent  que  très  rarement  entre  des 
armées  ;  entre  des  détachemens,  c'est 
une  chose  très  ordinaire. 

Pour  parvenir  à  surprendre  l'en- 
nemi dans  son  camp ,  il  ne  faut  pas 
avoir  éveillé  sa  vigilance  par  des  tenta- 
tives sans  but  sérieux  ;  il  faut  aussi  par- 
venir a  savoir  s'il  a  une  confiance  en- 
tière dans  sa  supériorité  numérique, 
dans  la  situation  avantageuse  de  son 
poste,  ou  dans  les  rapports  de  ses  émis- 
saires, enfin  dans  la  vigilance  de  ses 
troupes  légères. 

Avant  de  former  aucun  projet,  il  faut 
commencer  par  bien  connaître  le  pays, 
et  la  position  de  1  ennemi. 

On  examinera  les  diemins  qui  con- 
duisent au  camp,  et  on  formera  là- 
dessus  sa  disposition  générale ,  en  se 
réglant  dans  tous  les  points  sur  la  con- 
naissance détaillée  de  toutes  choses. 

Vous  destinerez  les  chasseurs  les  plus 
intelligens,  et  les  plus  instruits  des  che- 
mins, pour  conduire  les  colonnes. 

Ayez  grande  attention  à  cacher  vo  - 


ttf 


INSTgCCTlOV   MILITAIHB 


tri  demwio.  Le  secret  est  rame  de  tou- 
tM  €«•  eptrepriscs. 

Les  troupe^  légère^  précéderont  la 
mtrcb^,  sous  plusieurs  prétextes,  loais 
en  effet  pom*  ompécher  qu*uQ  maudit 
déserteur  n'aille  vous  trahir.  Ces  hus- 
sards empêcheront  aussi  que  les  pa- 
trouilles enneqii^s  oe s'approchent  trop 
près  et  ne  découvrent  les  mouvemens 
que  vous  f^itçs. 

Il  faut  que  vous  donniez  aux  géné- 
r«ai  qui  août  lous  vos  ordres  une  ius- 
tnidion  sur  toufl  l^s  évènemenp  qui 
IMiwroiitdrrîyar,  afin  que  ehacun  d'eqx 
sache  ce  qu'il  aura  à  faire  alors. 

8i  le  camp  d«  reonemi  est  assis  dans 
«90  piailla,  on  pourra  former  une 
avant-gBfde  i$  dragons  qui,  joints  par 
das  bunards,  entreront  à  toute  bride 
iins  le  eamp  ennemii  pour  y  mettre 
tant  an  désordre  et  faire  ipain  basse 
sur  ca  qui  se  présentera  à  eux. 

Cas  dragons  doivent  6tre  soutenus 
de  toute  l'armée,  l'infanterie  en  ayant 
la  tête,  étant  particulièrement  destinée 
i  attaquer  les  ailes  de  la  cavalerie  en* 


L'attaque  de  l'avant-garde  commen 
una  demi-bçurc  avant  la  pointe 
du  jûuf  ;  mis  il  faut  que  l'armée  n'en 
lail  éloignée  que  da  huit  cents  pas. 

Pendant  la  marche»  on  prdera  un 
pwfond  silence,  et  on  détendra  au 
soldat  de  fumer. 

lorsque  l'attaque  commencera  et 
que  le  jour  paraîtra,  l'infanterie  for- 
mée sur  quatre  ou  sii  colonnes,  mar- 
ehera  droit  au  eamp»  pour  soutenir 
TavanHurde. 

On  ne  tirera  pas  avant  la  pointe  du 
jaur,  car  on  risquerait  de  tuer  ses  pro-^ 
prM  gens  ;  uuia  aussitôt  qu'il  fera  jour, 
il  ùtudra  tiiar  sur  les  endroits  où  l'a- 
vant-^pirde  n'a  p&s  percé,  particulière- 
ment mrJaa  V^  do  ift  cavalerie  pour 
obligar  \m  civaiîani  Q'ayant  pa^  le  j 


temps  de  seller  ni  de  brider  leufl 
chevaux,  de  s'en  aller  et  de  les  ^gv 
donner. 

On  poursuivra  l'ennemi  jusqu'au- 
delà  du  camp,  et  on  l&cbera  toute  la 
cavalerie  après  lui,  pour  proGtcr  du  dé- 
sordre et  de  la  confusion  où  il  sera. 

Si  l'ennemi  avait  abandonné  ses  ar- 
mes, il  faudrait  laisser  un  gros  éit$ 
chement  pour  la  garda  du  eamp»  A 
sans  s'amuser  à  piller,  poursuivra  V$^ 
nemi  avec  toute  la  chaleur  poffibiqt 
d'autant  plus  qu'une  si  belle  nfCMim 
de  détraire  entièrement  iiM  gniMe. 
ne  se  présentera  pas  de  sitAt,  fit  fi|*t| 
sera  maître  pendant  toute  |a  rufppagm 
de  faire  ce  que  l'on  voudra- 
La  fortune  m'en  avait  ^toatiué  vw 
pareille  avant  la  bataille  de  Uolwlti  ; 
car  nous  nous  approchèmef  d^  Famip 
du  maréchal  d^  Neuperg,  sans  rencoii 
trer  personne,  ses  troupes  étant  can* 
tonnées  dans  trois  village^.  Uaji  j| 
n'avait»  pas  dans  ça  temps-là  aaaes  de 
connaissance  pour  savoir  en  proQlm 
Ce  que  j'aurais  d^  faire  alora,  él^l 
d'embrasser  la  village  de  Molwitf  pf 
deux  colonnes  et  do  l'attaquer  afvkl 
l'avoir  enveloppé.  En  m^uie  teiq|ii 
j'aurais  dû  détacher  des  dragoo9  WH 
daux  autres  villages  où  se  trouvait  || 
cavalerie  autrichienne,  pour  la  mettli 
en  désordre ,  Tinfanterie  qui  les  ^ 
suivis,  aurait  empêché  cette  cavakariil 
de  monter  à  cheval.  Je  suis  trèa  parr 
suadé  que  leur  armée  eût  été  entiîlllr 
ment  défaite. 

J'ai  montré  ci-dessus  tentas  les  yr^ 
cautions  que  nous  prenons  à  ce  sqjel 
dans  notre  camp,  et  de  quelle  manîi«( 
nous  le  faisons  garder  :  mais  en  suppo^ 
sant  que«  malgré  ces  soins,  l'ennâai 
puisse  s'approcher  de  rarmée«  je  don- 
nerais le  conseil  de  mettrq  eq  toula 
dilifsanca  les  troupes  en  batiûlte  lor  b 
tanriûn  qjiM  leur  sera  nuunp^,  d'oirAoB- 


Mr  i  la  ctfftlerie  de  trair  fenne  à  tes 
poita,  el  de  faife  een  taide  pelotoD 
josqa'à  rarrifée  da  jmir  :  alors  les  ^ 
aénas  eiamlnfroiit  t^il  fmt  afvaaaer, 
si  la  cayalerie  a  éUfialarieiiae,  M  elle 
a  été  repeuBée,  et  ee  qe'il  y  awa  à 
birt. 

Ee  de  fereilleB  eceafliens^  il  Ant  qoe 
dnqoegéeéral  faehe  pvepdreaeoparti. 
«I  ^|lr  per  lui  nMnie,  aena  etteedre 
paof  aaia  tes  oidrai  do  général  en  ehef  . 

•otf  mel  je  tt*eUaqaevai  JeeMii  dana 
la  Doit,  parce  que  Tobsrârité  came 
kiae  des  dèsofdrea,  et  que  la  plopert 
dassaUaU  ne  fént  leiir  devoir  que  aooa 
hsfeei  de  leura  oMoler^  et  qvand  lia 
aeC  i  eraindte  la  ponttion. 

Chariea  Xfl  attaqua  rannéelTlS  le 
prieca  d'Anhelt  dana  la  «oit,  Ioraqo4l 
vaeatt  de  débarquer  dane  TOe  de  Bo- 
gen.  Le  roi  de  Saède  avait  raison  de  le 
Mit  parée  qn'ii  voolait  ceaher  le  petit 
aaiBbre  de  ses  treopea,  deet  en  se  ae« 
frit  aperço  a'Il  a? ait' Aiit  jeor.  Il  n'afait 
qoe  qoatre  BiiHe  hommes,  avec  lea» 
({oels  il  f  Int  en  attaquer  vingt  mille.  U 
M  balte. 

Un  aiienie  de  la  goerre  est  d*asaQfer 
ttsdanlères  et  ses  flenei,  et  de  toop» 
nar  MU  de  Penneml  ;  ce  qni  se  feit  de 
dHKieotes  meirfèraa,  qol  partent  tootea 
dHni  mène  prkielpe. 

Qeand  vons  aeret  eMigé  d'attaqoer 
on  ennemi  retranehé,  il  faot  le  Mre  de 
nMa,  sans  loi  donner  le  temps  d'ache- 
ver sea  eovragea.  Car  ce  qni  est  bon  le 
pmarier  Joor,  ne  le  sera  pins  le  lende* 
nafai.  MÉia«  avant  de  vons  mettre  en 
devoir  de  ratlaqner,  vous  reieonnatttet 
par  veoaflièrae  h  pesHien  de  l'ennemi. 
Las  pramWres  dispositions  de  votie 
attsqne  veoa  Onent  voir  la  foM^lité  en 
Itdincnlté  de  votre  projet 

La  pinperf  des  retnmchemens  aont 
pifa.  perte  qoHIs  ne  sont  pas  bien  ap- 
pnyae*  \jb  leifen^Xiemenf  de  Twenne 


i 


HT 

fàt   emporté,  de   même  qne  eehd 

de  (1) oàle  prlnee  d'Anhait  trouva 

aaaet  de  termiD  poor  la  faîM  tonmer* 
Le  retranchement  de  Malplaqœt  (îil 
towné  par  le  boia  qni  était  à  laganche 
do  maréehal  de  ViHars.  Sien  avait  eo 
cette  idée  ao  oonuneneementde  la  bsK 
trille,  les  alliéa  auraient  épargné  quime 
mille  hommes  à  leur  armée. 

K  le  retranebensent  est  appuyé  k 
une  rivière  qni  soit  gnéable,  il  fendre  le 
fiyre  attaquer  de  eo  cèté.  Celui  de  Btral» 
sond,  bit  par  les  Soédeia,  fat  empeaté^ 
parée  qu'on  l'attaqua  du  eété  de  le 
mer,  où  le était  guéeble. 

Si  les  retrandiemeos  de  l'ennemi 
sont  d'une  grande  étendue,  et  que  lea 
troupes  pour  les  garnir,  soient  ehNgéea 
d'embrasaer  trop  de  terrain,  on  fera 
plusieurs  attaquea,  et  on  s'en  rendra 
sArenent  mettre,  pourvu  qu'en  aitaoin 
de  cacher  sea  dispoaitions  à  l'ennemi, 
afin  qu'il  ne  puisse  s'en  apercevoir  et 
VMS  oppoaer  dea  forces  sufllaantes. 

le  vais  donner  id  les  diaporitions 
de  l'attaque  d'un  retranchement,  le 
formerai  une  ligne  de  vingt  bataillons, 
dont  J'appuierai  Paile  gaudm  à  la  ri^ 
vlère  Nlf .  Doue  bataillona  fermeront 
l'attaque  de  la  gauche  oà  Je  veux  pei^ 
cer,  et  huit  autres  celle  de  la  drdte. 
Les  troupes  destinées  pour  l'attaque 
seront  placées  en  échiquier  avecdes  in- 
tervalles. Le  reste  de  l'infiinterie  se 
mettra  en  troirième  ligne,  et  derrière 
elle  sera  la  cavalerie,  à  la  distance  de 
qnairo  cents  pas.  Par  cette  disposition 
mon  infenterie  tiendra  l'ennemi  en 
éèhec,  et  elle  lera  à  portée  de  profiter 
du  moindre  fem  mouvement  qui 
piourrait  feire. 

Il  feut  avoir  attention  de  feiro  suivre 
chacune  de  ces  attaquea  par  un  nom* 
bro  de  travailteura  evee  dea  pelles , 

(1)  Apparcmmeol  eclai  de  SdhBUsaasre. 


9\B 


IRStmiTCnciT  MILITAnS 


de8  pioehes  et  des  fascines,  ponr  com^ 
Mer  le  fbssé,  et  faire  des  passages  pour 
la  cavalerie^  lorsqu'on  aura  forcé  le  re- 
Irandiement. 

L'infiinterie  qui  formera  l'attaque, 
ne  commencera  à  tirer  que  quand  elle 
aura  emporté  le  relrandiemeut ,  et 
qu'elle  se  sera  mise  en  bataille  sur  le 
parapet. 

La  cavalerie  y  entrera  par  les  ou- 
vertures faites  par  les  travatUeurs,  et 
se  rangera  en  bataille  pour  atta^er 
Tennemi,  quand  elle  sera  en  force.  Si 
elle  est  repoossée,  elle  ira  se  rallier  à 
la  faveur  du  feu  de  Tiofanterie,  jusqu'à 
ce  que  toute  l'armée  ait  pénétré^  et 
que  l'ennemi  soit  entièrement  mis  en 
déroute. 

Je  répéterai  ici  ce  que  j'ai  dit  dans 
un  des  articles  précédons,  que  je  ne 
ferais  jamais  retrancher  mon  armée,  si 
ce  n'est  dans  le  temps  que  j'aurais  in- 
tention d'entreprendre  un  siège»  Et  je 
ne  sais  si  on  ne  ferait  pas  mieux  d'aller 
au-devant  de  l'armée  qui  vient  secourir 
la  [riace. 

Mais  supposons,  pour  un  moment, 
qu'on  veuille  se  retaraocher.  Dans  ce 
cas,  je  proposerai  la  manière  la  plus 
avantageuse  pour  le  faire. 

On  se  ménagera  deux  ou  trois  gros- 
ses réserves  pour  les  envoyer,  pendant 
l'attaque  «  aux  endroits  où  l'ennemi 
fait  les  plus  grands  efforts. 

On  bordera  le  parapet  de  bataillons, 
et  on  placera  une  réserve  derrière  eux, 
qui  puisse  être  à  p(Htée  de  donner  du 
secours  où  l'on  en  aura  besoin. 

La  cavalerie  sera  rangée  sur  une  li- 
gue derrière  ces  réserves. 

Le  retranchement  doit  être  bien  ap- 
puyé. S'il  vient  joindre  une  rivière,  il 
faut  que  le  fossé  avance  assez  loin  dans 
la  rivière  pour  ne  pas  être  tourné. 

Si  ce  retranchement  s'appuie  à  un 
bois,  3  faut  qu'il  soit  fermé  k  cette  ex- 


trémité par  une  redoute,  et  qu'on  fasse 
dans  le  bob  i»  très  grand  abatis  d'ar- 
1m^. 

On  aura  attention  que  les  rédans 
soient  bien  flanqués. 

Le  fossé  sera  très  large  et  profond, 
et  on  perfectionnera  tous  les  jon»  de 
plus  enphis  les  reirandiemens,  soit  en 
renforçant  le  parapet,. soit  en  plagant 
des  palissades  à  l'entrée  des  bairières» 
soit  en  creusant  des  puits,  soit  enoora 
en  gnmjssanttout  le  camp  de  dievanx 
défrise. 

Votre  plus  grand  avantage  est  dans 
le  choix  et  dans  certaines  règles  de  foi^ 
tiflcation  qu'il  faut  observer,  pour  obli- 
ger l'ennemi  à  vous  attaquer  snr  un 
petit  front,  et  pour  le  mettre  dans  la 
nécessité  de  ne  vous  attaqpier  que  dans 
les  principaux  points  de  votre  retran- 
chement. 

Par  exemple  :  l'armée  qui  se  tnmve 
à  la  tète  de  votre  retranchement,  est  ré- 
trécie  d'un  cAté  par  la  rivière,  et  vous 
présentes  à  celui  qui  vient  vous  atta- 
quer un  front  qui  le  déborde.  Il  ne 
pourra  pas  attaquer  votre  droite,  parce 
que  leshatteriesplacéesi  l'extrémitéde 
cette  aile,  le  pi  endraient  en  flanc*  pen« 
dant  que  la  redoute  du  centre  le  {ven- 
drait en  queue.  Il  ne  pourra  donc  for- 
mer d'autre  attaque  que  celle  de  ladite 
redoute  du  cenb^,  qu'il  sera  iriiligé 
d'entamer  du  e6té  de  l'abatis. 

Comme  vous  vous  attendrez  à  cette 
attaque,  vous  renforcerez  les  fortifica- 
tions de  cette  redoute:  et,  n'y  ayant 
qu'un  ouvrage  à  fortifier,  vous  y  don- 
nerez d'autant  plus  d'attention. 

Vous  pouvez  employer  Picore  une 
autre  espèce  de  rebtmchement,  com- 
posée de  redoutes  saillantes  et  rentran- 
tes, qui  se  croisent  l'une  l'autre,  et  se 
Joignent  par  des  retranchemens. 

Par  cette  manière  de  fortifier,  les 
saillans  forment  les  points  d'attaqM; 


DD  ROI  DB  PBQSSE. 


^9 


et  n'y  en  ayant  que  très  peu»  on  pourra 
les  perfècUonner  plus  vite  que  si  le 
front  était  partout  également  fortifié. 

n  fiiat  que  le  feu  de  la  mousqueterie 
se  croise  dans  les  redoutes  saiHan'^s  ; 
par  cette  raison^  elles  ne  seront  qpi'à 
sii  cents  pas  l'une  de  l'autre. 

Notre  infanterie  défend  on  retran- 
chement par  des  décharges  de  batail- 
loDs  entiers.  Chaque  soldat  doit  être 
ponrvn  de  cent  cartouches  ;  nuds  œla 
n'empêchera  pas  de  placer  entre  les  ba- 
taiOons  et  dans  les  saiUans  des  redou- 
te^ autant  de  canons  que  l'on  pourra. 

Tant  que  l'ennemi  sera  éloigné,  on 
tirera  à  boulets  ;  mais  lorsqu'il  se  sera 
avancé  à  la  distance  de  quatre  cents  pas, 
on  commencera  à  tirer  à  cartouches. 

Si  l'ennemi,  malgré  la  force  de  votre 
retranchement  et  nonob^nt  un  feu 
opniàtre,  pénètre  en  quelque  endroit, 
la  réserve  d'infanterie  marchera  à  lui 
pour  le  repousser;  et  en  cas  que  cette 
réserve  soit  obligée  de  plier,  c'est  à 
votre  cavalerie  à  faire  alors  les  derniers 
eiforU  pour  le  chasser. 

La  plupart  des  retranchemens  sont 
emportés,  parce  qu'ib  n'ont  pas  été 
construits  dans  les  règles,  on  que  ceux 
qni  les  déCmdent  sont  tournés,  ou  que 
la  peur  (vend  aux  troupes  qui  les  dé- 
fiendent  :  cela  vient  de  ce  que  celui  qui 
attaque  pent  faire  ses  mouvemens  avec 
pins  de  liberté  et  plus  de  hardiesse. 

Ao  coBuneneement,  les  exemples 
ont  fait  voir  qu'on  retnuM^men t  étant 
forcé,  toute  l'armée  est  découragée  et 
prend  la  fuite.  Je  crois  que  nos  troupes 
aoraient  plus  de  fermeté,  et  qu'elles 

I  repousseraient  l'ennemi  ;  mais  i  quoi 
serviraient  tous  ces  aTantages,  si  les 
retranchemens  vous  empêchent  d'en 
profiter? 

Puisqu'il  y  a  tant  d'inoonvéniens  aux 
reiraodiemens ,  il  s'ensuit  naturelle- 
n|f  nt  que  les  lignes  lOQt  encore  moins 


utiles.  De  notre  temps,  la  mode  nous 
en  est  venue  du  prince  Louis  de  Bade, 
qui  fit  faire  les  premières  du  côté  de 
Briel.  Les  Français  en  ont  fait  aussi  en 
Flandre  dans  la  guerre  de  la  succession . 

Je  soutiens  qu'elles  ne  valent  rien , 
puisqu'eHes  embrassent  plus  de  terrain 
qu'on  n'a  de  troupes  pour  les  garder; 
qu'on  peut  former  plusieurs  attaques, 
et  qu'on  est  persuadé  de  les  forcer.  Par 
cette  raison,  elles  ne  couvrent  pas  le 
pays,  et  ne  servent  qu'à  faire  perdre  la 
réputation  des  troupes  qui  les  gardent. 

Si  une  année  prussienne  Mt  infé- 
rieure à  celle  de  l'ennend,  il  ne  fout 
pas  pour  cela  désespérer  de  le  vaincre; 
la  disposition  du  général  suppléera  au 
nombre. 

Une  armée  faible  choisira  toujours 
un  pays  conpé  et  montagneux,  oà  le 
terrain  soit  resserré,  de  sorte  que  le 
nombre  supérieur  de  l'ennemi.  Ion- 
qu'il  ne  pourra  pas  dépasser  ▼«  ailes» 
lui  deviendra  inutile  et  quelquefois 
même  à  charge. 

Ajoutons  ici  que,  dans  un  pays  fourré 
et  de  montagnes,  on  pourra  mieux  ap- 
puyer ses  ailes  que  dans  une  |>laine. 
Nous  n'aurions  jamais  gagné  la  bataille 
de  Sorr  (1)^  si  le  terrain  ne  nous  eât 
été  favorable  :  car,  quoique  le  nombre 
de  nos  troupes  ne  passât  point  hi  moi-- 
tié  de  celui  des  Autrichiens,  ils  ne  pou- 
vaient pas  déborder  nos  ailes,  de  sorte 
que  le  terrain  mit  une  espèce  d'égalité 
entre  les  deux  armées. 

Ma  première  règle  regarde  le  choix 

(1)  Si  le  prince  OMrlei  avait  suivi  la  règle 
qae  M.  de  Feaqoières  nous  donne,  dan»  sei  re- 
marques f  or  la  batalUe  de  ^teinkerque,  et  qa*il 
fût  enlrô  avee  ta  première  ligne  en  celonne, 
dam  le  camp  pniMien,  pour  léparer  lei  troupca, 
en  attendant  qua  la  aeeande  ligne  ae  lût  miia 
en  bataille  pour  la  lootenir»  Pavantage  da  ter- 
rain n'aurait  pas  sauvé  Tarniée  prussienne  de 
cette  surprise.  Elle  aurait  éld  eDtiéraoaaai  dé- 
faite. • 


noTROonoif  vairAiu 


dn  terralii,  «t  la  MOOQde,  Uk  diifiDsttkMi 
de  It  Utailte  QnéoMi.  C'asI  id  oà  Ton 
paol  fjiirQ  omaMPlMtîm  utila  de  man 
oidra  da  batailla  QMiqii0.Car  m  refîna 
tma  aile  à  l'eavaiw,  at  on  tenforee 
cella  qnt  doit  bî»  rattaqua.  Par  là 
vtfui  partaa  Immm  voa  foraaa  lur  l'aila 
da  roattearf  que  ymm  vonlaE  pieiidra 
en  fliioc, 

Unearméa  da  aaiit  asaile  hcMBuoes, 
tournée  par  laa  flapes,  prendra  bien* 
tèt  aap  partt  Pw  axamfda  i  moa  alla 
droite,  faùMot  toat  reffiapt,  un  corps 
d'h^Dterio  ia  iottara  tauaasiMemant 
dans  la  Ms  pour  attaquer  la  cavalaria 
ennanua  «nr  let  fianai*  at  pour  prat^ 
gar  I- attaqoa  da  la  oètra«  Queiqnes  ré* 
gimens  de  hussards  auront  ordre  da 
pmdra  rannami  en  queue  ;  an  atten- 
dant, ranaéa  s'afanoera*  Loraqua  la 
<»vaiario  annoaûe  flom  aiisa  en  dé- 
rovta,  l*afiuitario  qui  ait  dam  le  boië, 
piMéra  aeila  da  t'aaaonû  an  flanc , 
dani  la  taan«  qoa  Taiilra  rattaqœra 
de  front. 

Mm  aiio  foiehi  m  a^avaMarapas 
qoa  Fana  flancha  éi  fnnaawi  ne  ioil 
eafièramanl  débite. 

W  aette  disparition,  ? ana  aarei  Pa^ 
rantaga,  1*  de  ftiie  tête  &¥9ù  un  petit 
nambia  da  tranpaa,  à  on  eorpi  Biipé- 
rianr;  9»  d'ittaipier  rannoaû  du  eété 
oàraffiura  aara  décisif  a;  et  9*  ¥Otro 
aile  ayant  été  battue,  nna  partie  seule» 
maat  de  voire  arméo  sera  entamée,  les 
autres  trois  quarte  des  troupes,  qui 
sont  aneon  frstchea,  senriront  pour 
faire  votre  retraite. 

Si  l'on  veut  attaquer  rennemi  dans  un 
poste  avantageux,  il  faut  en  examiner  le 
faible  at  la  fort*  avant  de  faira  les  dis* 
pasitions  do  rattaqne.  te  sa  détenni* 
nera  toufonn  ponr  l'endroit  oà  Ton 
croit  trouver  le  moins  de  résistance. 

Ml>U»l»»4c*  villagaf  coûtent  tant 
de  monde,  que  je^ne  suis  fait  ane  loi  i 


da  las  éviter,  tant  que  je  n*y  serai  point 
absoloniant  forcé  ;  earon  y  risqua  ê'é* 
lita  de  son  intetario. 

Il  7  a  dasgénéiMx  qoi  disant  ^*on 
na  saaraitmiau  attaquer  an  peata  que 
dans  son  centre^  8i  l'on  suppose  qu 
l'ennemi  ait  dau  grandes  vOlas  et  drax 
villages  sur  ses  allas,  il  est  eastain  que 
les  ailes  seront  poiduas  lorsque  vous 
forearai  le  centre,  e|  que,  par  de  pa- 
reilles attaques,  on  poorva  remporter 
les  vietoires  les  pins  complètes. 

J'en  donne  ici  le  plan ,  et  j'ajonte 
qoa,  quand  vovsanrei  pereé,  vous  don- 
Uarai  votre  attaque  pour  obliger  l'en- 
nemi de  se  n  ar  sa  droite  et  par 
sa  gaucke. 

Bans  une  attaque  de  poste,  il  n*y  a 
rien  de  si  redoutable  que  les  batteries 
chargées  à  eartooehes,  qui  font  un  tea- 
riUe  carnage  dans  les  bataillons.  A  Soir 
ei  à  Kessalsdorir,  J'ai  vu  attaquer  dea 
batteries,  el  )*ai  fait  dos  réflexions  qui 
m'ont  donné  une  idée  que  je  eonmu- 
niquerai  id,  en  supposant  une  batterie 
de  quinze  pièces  da  canon,  qa*on  vou- 
drait emporter  at  qu'on  ne  pourrait  pas 
tourner, 

J*al  rasiarqué  que  le  fan  du  canon  et 
de  rintbnterio  qui  soutient  la  batterie, 
la  rend  inabordable.  Nous  m  nous  som- 
mas emparés  des  batteries  do  l'ennemi 
que  psr  sa  firata;  notre  InAinterio  qui 
les  attaquait,  étant  é  moitié  écraaée, 
commençait  à  plier  ;  nnfbnterio  enne- 
mio,  la  voulant  poursuivra,  quitta  son 
poste.  Par  reflet  da  ea  monvement, 
leur  canon  n'osa  plus  tirer,  et  nos  trou- 
pes qui  talonnaient  rennend,  arrivè- 
rent avee  loi  anx  batteries,  et  s'en  ren- 
dirent matlTM. 

L'expérienea  da  cas  dent  bataiMes 
m'a  fourni  l'idée,  qu'il  faudrait  suivre 
en  parril  cas  l'exampia  de  ce  que  nos 
troupes  ont  fUt,  en  fonnant  san  atta- 
qua anr  dau  Hinas  M  éahiqniar,  aon 


m  EOl  DE  PA1HW* 


travE  M  troMèflM  ligne  par  quelques 
eseadrene  éê  dragone. 

On  donnera  Tordre  à  la  première  ii» 
gno  de  n'attaquer  que  falMemeiit,  et 
de  ee  retfrer  par  les  intervtlies  de  la 
seeendt,  aln  qne  'ennemi,  trompé 
par  cette  retraite  simulée,  se  mette 
à  les  penrsuiffe ,  et  abandonne  son 
peste 

Ce  meavenent  sera  le  signal  de  mar- 
eher  en  dfant  et  d'attaquer  avee  vi^ 
giienr. 

Mon  principe  est  de  ne  mettre  jamais 
toute  ma  confiance  dans  un  poste  seul, 
s'H  n'ost  pas  physiquement  prouvé 
qutt  soit  Inattaquable. 

Tonte  la  force  de  nos  troupes  con- 
siste dans  l'attaque,  et  nous  ne  serions 
pas  sages  si  nous  y  renoncions  sans 
raiaonat 

Mais,  si  l'on  est  obligé  d'occuper  des 
pMle«,  on  obaanfera  de  gagner  les  hau^ 
tMfi  et  de  bien  appuyer  ses  ailes.  Je 
fisfiJa  mettra  le  feu  à  tous  les  villoges 
ifil  se  InHiyernnt  à  la  tête  ù»  Tarinée 
elam  ailea,  si  le  vent  ne  portait  jm  la 
flwsin  dans  Min  camp. 

VHae  toowait  qnelques  bonnes  mai«- 
anus  de  maçonnerie  en  avant  du  front, 
je  les  ferais  garder  par  rinfanteria, 
pov  Ineommeder  l'ennemi  pendant  la 
knIaiHa. 

n  fent  bien  se  garder  de  mettre  les 
troupes  dans  un  terrain  où  elles  ne 
friaseat  pa»  agir. 

Pi»  eetta  raison,  notre  position  de 
OffMkMi,  en  l'année  t7bl,  ne  valait 
rien,  le  centre  et  l'aile  gaocbo  étant 
flaeéa  derrière  des  marais  impratica- 
bles. Il  n'y  avait  qa'une  partie  de  l'aile 
è>elte  qui  eAt  un  terrain  libre  pour 


VlUoroi  ftat  battu  à  Hamillies,  s'étant 
posté  de  la  amnièra  que  je  mm  de 
Ara,  Son  alla  gauehe  lui  fut  ahwhlr 
manà  twiÉîln.  ni  l'ennemi  narla  tiftnliSf 


ses  forcei  contre  Taite  droite  des  Fran** 
Cais.  qui  n'y  purent  résister. 

Je  permets  que  les  troupes  prussien-^ 
nés  occupent,  aussi  bien  que  les  autres* 
d9S  postes  avantageu!!,  et  s'en  servent 
pour  un  mouvement  et  pour  tirer  avan- 
tage  de  leur  artillerie;  mais  il  faut 
qu'elles  quittent  tout  d'un  coup  ce  posto 
pour  marclier  fièrement  à  Tennemi  qui, 
au  lieu  d'attaquer,  est  attaque  lui- 
même,  et  voit  son  projet  renversé  :. 
car  tous  les  mouvemens  que  l'on  fait 
en  présence  de  son  ennemi,  sans  qu'il 
s'y  attende,  sont  d'un  très  bon  eOet. 

U  faut  compter  ces  sortes  de  bataille» 
au  nombre  des  meilleures.  On  y  atta-« 
que  toujours  par  l'endroit  le  plus  faible. 

Dans  ces  occasions,  je  défendrais  à 
mon  infanterie  de  tirer  ;  car  cela  ne 
fait  que  l'arrêter,  et  ce  n'est  pas  le 
nombre  des  ennemis  tués  qui  voui 
donne  la  victoire,  mais  le  terrain  que 
vous  avez  gagné. 

Le  moyen  le  plus  sûr  pour  rempor-v 
ter  la  victoire,  est  de  marcher  fiére^ 
ment  et  en  ordre  &  l'ennemi,  et  de  ga> 
gner  toujours  du  terrain. 

Un  usage  reçu  est  de  donner  quinia 
pas  d'intervalle  aux  escadrons  dans  un 
terrain  difficile  et  coupé  ;  au  lieu  quo» 
dans  un  pays  uni,  ils  se  forment  sur 
une  ligne  pleine. 

L'infanterie  ne  gardera  pas  d'autres 
intervalles  eqtre  elle  que  ceux  qu'il 
faut  pour  le  canon.  II  n'y  a  que  dans 
les  attaques  des  retranctbcmens,  dans 
celles  des  batteries  et  des  villages,  çt 
aussi  dans  les  arrière*gardes  de  retraite 
qu'oo  place  la  cavalerie  et  l'infanterie 
en  échiquier,  pour  renforcer  tout  d  un 
coup  la  première  ligne,  en  faisant  en- 
trer la  seconde  dans  les  intervalles  de 
la  première,  pour  que  les  troupes  puis- 
sent se  replier  sans  désordre,  et  se  sou- 
tenir les  unes  les  autres  ;  ce  qui  est  uue 
règle  qu'on  doit  toujours  observer. 


ttft  INSTRUCTION   MlUrAlKB 

'L'occasion  se  présennte  ici  de  yousj 
donner  quelques  règles  principales  sur 
c6  que  TOUS  aurez  à  observer  quand 
TOUS  mettrez  votre  armée  en  bataille, 
dans  quelque  terrain  que  ce  puisse  être. 
Ca  première  est  de  prendre  des  points 
de  vue  pour  les  ailes  ;  que  faile  droite, 
par  exemple,  s*aligne  au  clocberdeNN. 

Il  faut  encore  que  le  général  ait 
grande  attention  à  ce  que  ses  troupes 
ne  prennent  pas  une  fausse  position. 

II  n'est  pas  toujours  nécessaire  d'at- 
tendre que  toute  Tannée  soit  en  ba- 
taille pour  commencer  l'attaque.  L'oc- 
casion vous  présente  souvent  des  avan- 
tages, que  vous  perdrez  mal  è  propos 
en  tardant  d'en  profiter. 

Cependant,  il  faut  qu'une  bonne  partie 
de  l'armée  soit  en  bataille ,  et  vous  aurez 
particulièrement  pour  objet  la  première 
ligne,  sur  laquelle  vous  réglerez  l'or- 
dre de  bataille.  Si  les  régimens  de  cette 
ligne  nesontpas  tous  présens,  ils  seront 
remplacés  par  d'autres  de  la  seconde. 

Vous  appuierez  toujours  vos  ailes, 
ou  au  moins  celles  qui  doivent  faire  les 
plus  grands  efibrts. 

Les  ordres  de  bataille,  en  rase  cam- 
pagne, doivent  être  partout  également 
forts  ;  car  tous  les  mouvemens  de  l'en- 
nemi y  étant  libres,  il  pourrait  bien  se 
réserver  un  corps  qu'il  emploierait  à 
vous  donner  de  la  besogne. 

En  cas  que  l'une  des  deux  ailes  ne 
fût  pas  appuyée,  le  général  qui  com- 
mande la  seconde  ligne,  doit  envoyer 
des  dragons  pour  déborder  la  première 
ligne,  sans  en  attendre  l'ordre  ;  et  les 
hussards,  tirés  de  la  troisième  ligne , 
viendront  déborder  les  dragons. 

La  raison  en  est  que,  si  l'ennemi  fait 
un  mouvement  pour  prendre  la  cava- 
lerie de  la  première  ligne  en  flanc,  vos 
dragons  et  hussards,  à  leur  tour,  exécu- 
teront la  même  manœuvre,  ce  qui  ré- 
tablit l'état  premier. 


llaus  ce  cab,  je  ferais  piaoer  trois  ba- 
taillons  dans  l'intervalle  des  denx  li- 
gnes de  l'aile  gauche  de  mon  inlfante- 
rie,  pour  mieux  asanrer  cette  aiie;  car 
supposé  que  votre  cavalerie  fût  battue, 
ces  bataillons  empêcheront  teqjoorB 
que  l'infanterie  soit  entamée,  comme 
nous  en  avons  eu  l'exemple  à  Moiwib. 

Le  général  qui  commandera  la  se- 
conde ligne,  observera  une  distance  de 
trois  cents  pas  entre  elle  et  la  première, 
et  s'il  s'aperçoit  de  quelques  intervalles 
dans  la  première  ligne,  il  y  fera  entrer 
des  bataillons  de  la  seconde. 

Dans  la  plaine,  il  faut  qu'il  ait  tou- 
jours une  réserve  de  cavalerie,  qui  doit 
être  commandée  par  un  officier  de  tète, 
puisqu'il  faut  qu'il  agisse  par  lui-même, 
soit  en  portant  du  seconn  à  l'aile  qu'il 
verra  en  avoir  besoin,  soit  en  prenant 
en  flanc  l'ennemi  qui  poursuivra  l'aile 
mise  en  déroute,  pour  donner,  par  là, 
le  temps  à  la  cavalerie  de  se  rallier. 

La  cavalerie  attaquera  an  grand  ga- 
lop, et  engagera  l'afiaire^  L'infanterie 
marchera  à  grands  pas  à  l'ennemi.  Les 
commandans  des  bataillons  auront  at- 
tention de  percer  rennemi,  de  l'enfoo- 
oer,  et  de  ne  faire  usage  de  leur  fea 
que  quand  il  aura  tourné  le  dos. 

Si  les  soldats  commençaient  à  tirer 
sans  ordre,  on  leur  ferait  remettre  leurs 
armes  sur  l'épaule,  et  ils  avanoeraieot 
sans  s'arrêter. 

On  fera  des  décharges  par  bataillon 
lorsque  l'ennemi  ooDunenoera  à  plier. 
Une  bataille,  engagée  de  cette  bçon 
sera  bientêt  décidée. 

On  peut  employer  encore  un  nou- 
vel ordre  de  bataille,  diffiirent  de»  au- 
tres en  ce  qu'il  y  a  des  corps  d'infante- 
rie aux  extrémités  des  ailes  de  la  cava- 
lerie. Les  bataillons  sont  destinés  a 
soutenir  la  cavalerie,  et  à  fouetter  au 
commencement  de  TaffUre  avec  leurs 
canons,  et  celui  des  afles  de  rininte- 


DU    ROI   DE   PRUSSR. 


263 


rie,  la  caftlerie  eonemie,  alin  que  la 
nôtre  ait  plus  beau  jeu  en  allant  Tatta- 
qaer.  Une  antre  raison  est  qne  si  votre 
aile  a  été  battue,  l'ennemi  n'osera  la 
poursoiYre,  car  il  se  mettrait  entre 
deazfrax. 

Lonqne  ? otre  cayalerie,  selon  toute 
afipirence,  sera  victorieuse,  cette  in- 
Ganterie  s'approchera  de  celle  de  l'en- 
nemi ;  les  bataillons  qui  sont  dans  les 
intenralies,  feront  un  quart  de  conver- 
sion, et  se  mettront  sur  vos  ailes,  pour 
de  là  prendre  rinfanterie  ennemie  en 
queue  et  en  flanc  ;  de  sorte  que  vous 
en  aorei  meilleur  marché. 

L'aile  victorieuse  de  votre  cavalerie 
ne  laissera  pas  le  temps  à  celle  de  Ten- 
nemi  de  se  rallier,  mais  la  poursuivra 
en  ordre  et  tâchera  de  la  couper  de 
•on  infanterie.  Quand  le  désordre  y 
sera  général,  le  commandant  de  la  ca- 
valerie Itchera  après  eux  les  hussards 
qu'il  fera  soutenir  par  la  cavalerie.  Il 
détachera  en  même  temps  des  dragons 
du  oAté  du  chemin  que  les  fuyards  de 
l'infiaoterie  auront  pris,  pour  les  ra- 
manaer,  et  pour  faire  un  plus  grand 
nombre  de  prisonniers,  en  leur  cou- 
pant tonte  retraite. 

La  difiérence  de  cet  ordre  de  bataille 
aux  antres,  est  encore,que  les  escadrons 
de  dragons  sont  mêlés  dans  l'infanterie 
de  la  seconde  ligne  :  ce  que  je  fais, 
parce  que  dans  toutes  les  affaires  que 
noua  avons  eues  avec  les  Autrichiens, 
j'ai  remarqué  que  le  feu  de  la  mous- 
queterie  ayant  duré  un  quartHi'heure, 
leurs  bataillons  ont  commencé  à  tour- 
nerjÉtonr  de  leurs  drapeaux.  Notre  ca- 
Talerie  enfonça  à  la  bataille  de  Uohen- 
Friedberg  plusieurs  de  ces  tourbillons, 
et  en  fit  beaucoup  de  prisonniers.  Les 
dragon^étant  à  portée,  vous  les  lance- 
rei  de  inite  sur  eux,  et  ils  les  écrase- 
ront sArement, 
On  dira  que  je  défends  de  tirer,  et 


que,  dans  toutes  ces  dispositions,  je 
n'ai  pour  objet  que  do  me  servir  de 
mon  artillerie  ;  je  répondrai  à  cela  que 
des  deux  choies  que  je  suppose,  il  en 
arrivera  une  :  ou  que  mon  infanterie 
tirera  malgré  la  défense,  ou  qu'en 
obéissant  à  mes  ordres,  l'ennemi  com- 
mencera k  plier.  Dans  l'un  et  l'autre 
cas,  il  faudra  détacher  la  cavalerie  con- 
tre lui,  aussitôt  qu'on  verra  que  la  con- 
fusion se  met  dans  ses  troupes,  qui, 
étant  attaquées  d'un  cdté  par  leurs 
flancs  pendant  qu'on  les  charge  de 
front,  et  voyant  leur  seconde  ligne  de 
cavalerie  coupée  par  la  queue,  tombe- 
ront presque  toutes  en  votre  puissance. 

Ce  ne  sera  pas  alors  une  bataiUe, 
mais  une  destruction  totale  de  vos  en- 
nemis, surtout  s'il  n'y  a  point  de  défilé 
dans  le  voisinage  qui  puisse  protéger 
leur  fuite. 

Je  Gnirai  cet  article  par  une  seule  ré- 
flexion ;  c'est  que  si  vous  marchez  en 
colonne  à  une  bataille,  soit  par  la  droite 
ou  par  la  gauche,  il  faudra  que  les  ba- 
taillons et  les  divisions  se  suivent  de 
près  ;  pour  que  vous  puissiez  prompte- 
ment  vous  mettre  en  bataille,  lorsque 
vous  commencerez  à  vous  déployer. 
Mais  si  vous  marchez  de  front,  les  ba- 
taillons observeront  bien  leurs  distan- 
ces, afin  qu'ils  ne  se  serrent  ni  ne  s'ou- 
vrent trop. 

Je  fais  une  distinction  entre  le  gros 
canon  et  les  pièces  de  campagne  qui 
sont  attachées  aux  bataillons.  Le  gros 
canon  sera  placé  sur  les  hauteurs, 
et  les  petites  pièces,  à  cinquante  pas 
en  avant  du  front  des  bataillons. 

Il  faut  que  l'un  et  l'autre  visent  bien 
et  tirent  de  même 

Quand  on  se  sera  approché  à  cinq 
cents  pas  de  l'ennemi,  les  petites  pièces 
seront  traînées  par  des  hommes,  et 
resteront,  pour  continuer  à  tirer  sans 
relAche  en  avançant. 


254 


MSTRtCTlOfl  MILltAIBB 


si  l'ennemi  commence  à  fuir,  le  gros 
lanon  avancera ,  pouf  faire  encore 
fuelques  décharges,  et  pour  lui  souhai- 
ter bon  voyage. 

A  chaque  pièce  en  première  Iigoe, 
t  faut  quil  y  ait  six  canotiniéfs  €t  trois 
iharpentiers  des  régimens.  J'ai  oublié 
le  dire  qu'à  trois  cent  cinquante  pûSi 
le  canon  commencerai  à  tifef  à  Cftrtoti<' 
thés. 


Quand  t6ti«  tillfêz  pôHtiil  I  UMiCi 
choses,  Vous  ferez  ffiarcpiet  le  câiûp; 
mais  il  fdtit  que  cela  âe  fasse  dans  les 
règles,  ^tis  se  laisser  etidormif  pftr  la 
sécurité. 

Si  la  yietoire  a  été  cotUptèté,  On 
pourrai  fAire  déd  détâchettieM,  soit 
pour  cotipéf  Ift  retraité  k  teàfiefid,  sôit 
pour  fbi  enlever  des  tfiâgttsjifs,  dif  potir 
«siéger  trois  oû  quatre  Villes  à  la 


Mais  à  quoi  servira  Tart  de  vaincre^    fols. 


41  vous  né  savez  pas  profiter  de  votre 
avantage?  Répandre  le  sang  de  Ses 
Soldats  inutilement,  c'est  les  mener 
inhumainement  à  la  boucherie  ;  et  ne 
pas  poursuivre  ^ennemi  dans  de  cer- 
taines occasions ,  pour  augmenter  sa 
peur  ou  faire  plus  de  prisonniers ,  c^ést 
remettre  au  hasard  tine  affaire  qui  vient 
d'être  décidée.  Cependant  le  défaut 
des  subsistances  et  les  grandes  fatigues 

i)euvent  vous  empêcher  de  poursuivre 
es  vaincus, 

C'est  k  faute  du  général  en  chef 
quand  il  manque  de  vivres.  Lorsqu'il 
donne  une  bataille,  il  a  dû,  après  avoir 
cdtiçu  et  mûri  son  plan,  prévoir  tout 
pour  son  exécutioù  ;  il  faut  doïiC  se 
j>rocurer  du  pain  oU  dû  bisôtiit  pour 
huit  ou  dix  jours.  Quant  flux  fatigues, 
Si  elles  n'ont  pas  été  excessives,  il  fau- 
dra dans  des  occasions  éltfflofdtrfflffes 
faire  aussi  des  choses  extraordinaires. 
Après  une  victoire  remportée,  je 
teux  qu'on  fasse  Un  détachement  des 
régimens  qui  ont  te  pluS  souffert,  puis 
qu'on  ait  soin  dés  blessés,  et  qU^on  les 
fasse  transporter  aut  hâpitaux  qtfon 


le  ne  puis  dotiner  qtie  âei  règles  gé- 
nérales sur  cet  article,  it  faddra  se  gui- 
der sur  les  éséûetûett9  ;  Il  ne  faut  ja- 
mais s'imaginer  avoir  tout  fut,  tatit 
((tt'il  y  a  encore  quelque  cfausé  à  faire; 
et  11  ne  faut  pas  croire  non  plus  qu'un 
ennemi  un  peu  habile  mauqué  de  pro- 
fiter de  vos  fautes,  quôiqo'if  ait  été 
vaincu. 

Les  règles  qu'oit  a  à  ûbserter  datu 
tn  jour  de  imtaille,  soiit  les  mêmes 
pour  les  petits  etmMiâ  eutre  les  défi- 
chemens. 

91  les  défachetfietrs  savent  sé  ména- 
ger inéme  un  faible  seeuuy,  <tti),  pen- 
dant le  combat,  fkûùé  les  joindre, 
f  affaire  se  (ermiuera  ordinairement  en 
leur  faveur  ;  car  l'ennetnl,  voyant  arri- 
ver du  secours,  le  crohra  trois  fols  plus 
fort  qu'il  ue  f est  eu  réalité,  et  péf^ra 
courage. 

Lorsque  notre  Infanterie  n*^A  Mfatre 
cfu'â  des  hussards,  elle  se  met  quelque- 
fols  sur  deui  ra^gs,  pour  présenter  un 
plus  grand  front,  et  pour  faire  ses  dé- 
charges pluff  aisément.  Ëu  géttérat,  6n 
fait  bien  de  l'hofiueur  aut  hussards. 


•  aura  déjà  établis.  On  commence  par  (piand  on  leur  présente  Un  corps  tfîn- 
Soigner  ses  blessés,  sans  otiblierce  que  ftinterie  sur  deux  rangs. 
l'on  doit  à  l'ennemi.  Bans  Une  bataille  perdue,  ië  phs 
En  attendant,  taffhé€  p<wfftfttîvra  grand  maf  n'est  pas  la  perfe  rfc<  fiom- 
jusqVAu  premier  défilé  l'ennemi  qui,  mes,  maïs  (e  décotïragement  deî  trou- 
dans  là  première  cofistématîoiî ,  ne  pes  quf  s'en  suit  j  caf  quatre  eu  cinq 
fléridrà  pas,  pourVu  qU*on  né  lui  donne  mille  honmies  de  plus  dfana  une  armée 
pas  le  temps  de  féSpfa'ér,  de  cinquante  mille,  Éé  Sdttt  ptt  une 


M  EOI  DE  PRUSSE. 


grande  diflérence  pour  pouvoir 
décourager. 

Un  général  qui  a  été  battu,  doit  tâ- 
cher de  revenir  des  fâcheuses  impres- 
fliona  qui  suivent  la  perte  d'une  ba- 
taille, et  ranimer,  par  sa  bonne  conte- 
naoee,  rolBcier  et  le  soldat.  Il  ne  doit 
non  plus  augmenter  ni  diminuer 
perte. 

Je  prie  le  ciel  que  les  Prussiens  ne 
«>îent  jamais  battus  ;  et  j'ose  dire  que 
tant  qa'fls  seront  bien  menés  et  bien 
disciplinés,  ils  n'auront  jamais  à  crain- 
dre an  tel  revers. 

Mail  en  cas  qu'un  pareil  désastre 
leur  arrive ,  vous  observerez  les  règles 
suivantes  pour  réparer  Taffaire.  Quand 
irons  ferrez  la  bataille  perdue  sans  res- 
source, et  que  vous  ne  pourrez  vous 
opposer  aux  mouvemens  de  Tenue- 
itai ,  ni  lui  résister  plus  long-temps, 
tous  prendrez  la  seconde  ligne  de  Tin- 
fanCerf e  ;  et  s'il  y  a  un  défilé  à  por- 
tée, vous  le  lui  ferez  garnir,  selon  la 
disposition  que  j'en  ai  donnée  dans 
rartide  det  retraites,  et  en  y  envoyant 
ioflsi  autant  de  canon  que  vous  le 
pourrez. 

BTil  n'y  a  point  de  déGlé  dans  le  voi- 
ifauge,  votre  première  ligne  se  retirera 
^  les  intervalles  de  la  seconde,  et  se 
remettra  en  bataille  à  trois  cenls  pas 
(fcrfière  elle. 

Vous  ramasserez  tout  ce  qui  vous 
restera  de  votre  cavalerie,  et  si  vous 
foulez,  vous  formerez  un  carré  pour 
protéger  votre  retraite. 

Noos  trouvons  deui  carrés  célè- 
bres dans  rhistoire  ;  l'un  fait  par  le  gé- 
néral Schulenbourg,  après  la  bataille 
dé  Fraaenstadt,  au  moyen  duquel  il  se 
fttira  au-delà  de  l'Oder,  sans  que 
Charles  XII  pût  le  forcer  ;  et  celui  du 
prince  d'Anhalt,  lorsque  le  général  de 
Slinim  perdit  la  première  bataille  de 
Hœchstfaet.  Ce  prince  traversa  une 


ISS 

plaine  de  deux  lieues  sans  que  la  cava- 
lerie française  osAt  Tentamcr. 

Je  finirai  par  dire  que,  si  l'on  a  été 
battu,  il  ne  faut  pas  pour  cela  se  retirer 
à  quarante  lieues,  mais  s'arrêter  au 
premier  poste  avantageux  qu*on  trou- 
vera, et  y  faire  bonne  contenance  pour 
remettre  l'armée,  et  pour  calmer  ies 
esprits  de  ceux  qui  sont  encore  décou- 
ragés* 


ARTICLE  XXIII. 

Par  qaeUe  rtifOB  et  eommeiii  il  ImC  livnr  ba- 
taille. 

On  doit  convenir  d'abord  du  sens 
que  Ton  attachera  au  mot  bataille.  Une 
bataille  digne  de  ce  nom,  et  qu'il  faut 
bien  distinguer  d'une  affaire  ou  d'un 
combat,  décide  du  sort  d'un  État.  Il 
faut  absolument  dans  la  guerre  en  ve* 
nir  à  ces  actions  décisives,  soit  pour  se 
tirer  de  l'embarras  de  la  guerre,  soit 
pour  y  mettre  son  ennemi,  soit  pour 
terminer  une  querelle  qui  se  prolonge 
trop.  Un  homme  sage  ne  fera  aucun 
mouvement  sans  en  avoir  de  bonnes 
raisons,  et  un  général  d'armée  ne  don- 
nera jamais  bataille  s'il  n'a  pas  quel- 
que dessein  im|)ortant.  Lorsqu  ilysera 
forcé  par  Fennemi,  ce  sera  assurément 
parce  qu'il  aura  fait  des  fautes  qui  l'o- 
bligent de  recevoir  la  loi  da  son  en- 
nemi. 

On  verra  que,  dans  cette  occasion, 
je  ne  fais  pas  mon  éloge  ;  car  des  cinq 
batailles  que  mes  troupes  ont  livrées  à 
l'ennemi,  il  n'y  en  a  que  trois  que 
j'eusse  préméditées  :  j'ai  été  forcé  à 
donner  les  autres.  A  celle  de  Molwitz, 
les  Autrichiens  s'étaient  placés  entre 
mon  armée  et  Wohiau,  où  j'avais  mon 
artillerie  et  mes  vivres.  A  celle  de  Sorr, 
les  rnneniis  me  coupaient  le  chemin 


IIISTBUCTION 

de  Trautenan,  de  aorte  que,  sans  cou- 
rir risque  de  perdre  entièreroent  mon 
armée,  je  ne  pouvais  éviter  de  com- 
battre. Mais  qu'on  examine  la  diffé- 
rence qu'il  y  a  entre  les  batailles  for- 
cées et  celles  qu'on  a  préméditées. 
Quel  succès  n'ont  pas  eu  celles  de  Ho- 
hen-Friedberg  et  de  Resselsdorff,  et 
celle  de  Czaslau  qui  nous  procura  la 
paix  ! 

En  donnant  les  règles  pour  les  ba- 
tailles, je  ne  soutiendrai  pas  que  je 
n'aie  manqué  souvent  par  inadver- 
tance ;  mais  il  faut  que  mes  ofQciers 
profitent  de  mes  fautes,  et  qu'ils  sa- 
chent que  je  m'appliquerai  à  m'en  cor« 
riger. 

Quelquefois  les  deux  armées  ont  en- 
vie de  se  battre  ;  alors  l'affaire  est  bien- 
tôt vidée. 

Les  meilleures  batailles  sont  celles 
qu'on  force  l'ennemi  de  recevoir,  car 
c'est  une  règle  constatée,  qu'il  faut 
obliger  l'ennemi  à  faire  ce  qu'il  n'avait 
pas  envie  de  faire  ;  et  comme  votre  in- 
térêt est  diamétralement  opposé  au 
sien,  il  vous  faut  vouloir  ce  que  l'en- 
nemi ne  veut  pas. 

Il  y  a  plusieurs  raisons  pour  les- 
quelles on  donne  bataille.  C'est,  ou 
pour  forcer  l'ennemi  à  lever  le  siège 
d'une  place  qui  vous  serait  convenable, 
ou  dans  la  vue  de  le  chasser  d'une  pro- 
vince dont  il  s'est  emparé,  ou  de  pé- 
nétrer dans  son  pays,  ou  de  faire  un 
siège,  ou  de  réprimer  son  opiniâtreté, 
lorsqu'il  refuse  de  faire  la  paix ,  ou  en- 
fin pour  le  ch&tier  d'une  faute. 

Vous  obligerez  encore  l'ennemi  de 
combattre,  quand  vous  viendrez,  par 
une  marche  forcée,  vous  mettre  sur  ses 
derrières,  et  lui  coypcr  ses  communi- 
cations ;  ou  quand  vous  menacerez  une 
ville  dont  la  conservation  l'intéresse. 

Mais  vous  vous  garderez  bien,  en 
faisant  ces  sortes  de  manœuvres ,  de 


XILITAIBE 

vous  mettre  dans  le  même  incoDTé- 
nient,  ni  de  prendre  une  position  pir 
laquelle  l'ennemi  puisse  vous  couper 
de  vos  magasins. 

Les  affaires  où  l'on  risque  le  mofni, 
sont  celles  qu'on  entreprend  contre  les 
arrières-gardes  Si  vous  avez  ce  des- 
sein, vous  vous  camperez  fort  près  de 
l'ennemi  ;  et  lorsqu'il  voudra  se  retirer 
et  passer  des  défilés  en  votre  présence, 
vous  attaquerez  la  queue  de  son  année. 
Dans  ces  affaires,  on  gagne  beaucoup. 

C'est  encore  la  coutume  de  se  harce- 
ler, pour  empêcher  les  corps  ennenus 
de  se  joindre.  Cette  raison  est  asses 
valable  ;  mais  un  ennemi  habile  aura 
l'adresse  de  vous  échapper  par  une 
marche  forcée,  ou  de  prendre  un  poste 
avantageux. 

Quelquefois  on  n'a  point  intention 
d'engager  une  affaire  ;  mais  on  y  est 
invité  presque  par  les  fautes  de  l'en- 
nemi, dont  il  faut  profiter  pour  le  pu- 
nir. 

A  toutes  ces  maximes,  je  joindrai 
encore  que  nos  guerres  doivent  être 
courtes  et  vives,  puisqu'il  n'est  pas  de 
notre  intérêt  de  traîner  l'affaire  ;  une 
longue  guerre  ralentit  insensiblement 
notre  admirable  discipline,  et  ne  laisse 
pas  de  dépeupler  notre  pays  et  d'épui- 
ser nos  ressources. 

Par  cette  raison,  les  généraux  qui 
commanderont  des  armées  prussien- 
nes, tâcheront,  quoique  heureux,  de 
terminer  l'affaire  promptement  et  avec 
prudence.  Il  ne  faut  pas  qu'ib  pensent 
comme  le  maréchal  de  Luxembourg, 
à  qui  son  fils  disait,  dans  une  des 
guerres  de  Flandre  :  Il  me  parait,  mon 
père,  que  nous  pourrions  prendre  en- 
core une  ville.  A  quoi  le  maréchal  ré- 
pondit :  Tai»-toi,  petit  fou;  veux-ta 
que  nous  nous  en  retournions  diei 
nous  pour  y  planter  des  choux  ?  En  qb 
mot,  en  matière  de  batailles,  il  font 


nrivro  k  WAtane  do  San  oérib  des  Hé- 
breni  :  qa'îl  vaut  mieux  qu'un  homme 
përbae  que  tout  un  peuple. 

Pour  ce  qui  est  de  châtier  l'ennemi 
de  ses  fauten,  on  n'a  qu'à  lire  in  rcla- 
Ifoii  de  la  babiîiie  île  Senef,  oii  le  prince 
de  Cond«:  enUimn  une  oirairc  irarrière- 
gnrde  contre  le  prince  d'Orange  «  dont 
l'année,  contre  toute  prévision,  fut 
mise  en  déroute.  1^  prince  de  Wal- 
deck  fut  complètement  battu  dans  une 
autre  drcoDStance ,  pour  avoir  négligé 
d'occuper  un  défllé  qui  devait  proté- 
ger la  retraite  de  son  arrière-garde.  Le 
maréchal  de  Luxembourg  profita  éga- 
lement, à  llaucoux,  d'une  faute  du 
général  ennemi  qui  se  vit  arracher  une 
Tictoire  certaine:  on  pourrait  multi- 
(Bar  les  exemples. 


ARTICLE  XXIV. 

« 

•I  drt  •ccldtnt  Impréf  ui  qol  arri- 
vcni  i  li  gotm. 


le  ferais  un  article  bien  long,  si  je 

^^aalab  traiter  de  tous  les  accidens  qui 

lieiif ent  arriver  à  un  général  dans  la 

goerre.  Je  me  retrancherai  à  dire  qu'il 

j  faut  de  l'adresse  et  du  bonheur. 

Les  généraux  sont  plus  à  plaindre 
qu'on  ne  pense.  Tout  le  monde  les  con- 
damne sans  les  entendre.  La  gazette  les 
expose  au  jugement  du  plus  vil  public. 
Eatie  plusieurs  milliers  de  personnes, 
B  n'y  en  a  peut-être  pas  une  qui  sache 
conduire  le  moindre  détachement. 

Je  n'entreprendrai  pas  de  parler  en 
ftveur  des  i^néraux  qui  ont  fait  des 
ftntes.  Je  sacrifie  même  ma  campagne 
de  17U  ;  mais  J'ajoute,  qu'avec  plu- 
lieurs  fautes,  j'ai  fait  quelques  bonnes 
expéditions  comme,  par  exemple,  le 
aiége  de  Piagne,  la  retraite  et  la  dé- 
fense de  Kolin,  et  encore  la  retraite  en 


Silésie.  Je  ne  les  toodiarai  plM.  Je  é^ 
rai  seulement  qu'il  y  a  des  évènemens 
malheureux,  contre  lesfiels,  ni  la  pré- 
voyance humaine,  ni  des  réflexions  so- 
lides ne  font  rien. 

Comnic  je  n'écris  que  pour  mes  gé- 
néraux, je  n'alléguerai  ici  d'autres 
exemples  que  ceux  qui  me  sont  arri* 
vés.  Lorsque  nous  fûmes  à  Reichen* 
bach,  j*avais  formé  le  dessein  de  gagner 
la  rivière  de  la  Neiss  par  une  marche  for- 
cée, et  de  me  mettre  entre  la  ville  de 
ce  nom,  et  Tarmée  du  général  de  Neu- 
perg,  pour  lui  couper  sa  communica- 
tion. Toutes  les  dispositions  furent 
faites  pour  cela;  mais  il  survint  une 
grosse  pluie,  qui  rendit  les  chemins  si 
impraticables,  que  notre  avant-garde, 
qui  menait  les  pontons  avec  elle,  ne 
put  pas  avancer.  Pendant  la  marche  de 
l'armée,  il  Ot  un  brouillard  si  épais, 
que  les  troupes  qui  avaient  été  de 
garde  au  village,  s'égarèrent,  de  sorte 
qu'elles  ne  purent  retrouver  leurs  ré- 
gimens.  Tout  alla  si  mal,  qu*au  lieu 
d'arriver  le  matin  à  quatre  heures, 
comme  je  l'avais  projeté,  on  n'arriva 
qu'à  midi.  Il  ne  fut  plus  alors  question 
d'une  marche  forcée,  l'ennemi  nous 
prévint  et  détruisit  mon  projet. 

Si  les  maladies  se  mettent  dans  vos 
troupes  pendant  vos  opération»,  elles 
vous  mèneront  à  la  défen«ve  ;  comme 
il  nous  arriva  en  Bohème  l'année  17(1 , 
à  cause  de  la  mauvaise  nourriture 
qu'on  avait  fournie  aux  troupes. 

A  la  bataille  de  Hohen-Friedberg , 
j'ordonnai  à  un  de  mes  aides-dc«camp 
d'aller  dire  au  margrave  Charles  de  se 
mettre,  comme  le  plu^  ancien  général, 
à  la  tète  de  ma  seconde  ligne,  parce 
que  le  général  Kalckstein  avait  éU  dé- 
taché à  l'aile  droite  contre  les  Saxons. 
Cet  aide-de*camp  fit  un  ««uiproquo,  et 
porta  ordre  au  margrave  de  former  la 
seconde  ligne  de  la  première.  Je  m'a- 

17 


*jw»|u§ttetiWWit'm«lit  de  cette  méprise, 
*  «  J'ettîl  ëhcôhe  le  temps  dt;  la  réparer. 
OA  ijblt  ]iifMM>h9é(|uent  ôlre  toujours 
-'Wir  se»  giirdes,  et  songer  qn'ane  com- 
mission mal  exécutée  peut  gâter  uoe 
iRafré.  Si  un  géitéral  Tient  à  tomber 
malade,  ou  qu'il  soit  tué  à  la  tète  d'un 
~  détachement  d'importance,-  plusieurs 
de  vos  mesures  en  seront  dérang«*es  ; 
car  il  faut  de  bonties  tètes  et  de  l)ons 
gënéraut  qui  aient  de  la  râleur,  pour 
agir  oITenSiTement.  Le  nombre  en  est 
petit;  je  n'en  ai  tout  an  plus  que  trois 
OU  quatre  dans  mon  armée. 

8î,  malgré  toutes  vos  précautions, 
=  rènnémi  réussit  h  vous  cnlev(;r  quel- 
'  que  convoi,  toutes  vos  mesures  seront 
encore  dérangées,  vos  projets  renver- 
sés et  suspendus.: 

I^i  des  ^disons  dé  ^lierre  vous  bbli- 

'  gent  de  f^iré  nvoc  Tarnldc  des  mouvë- 

mens  en  arrière^  vos  troupes  eii  seront 

■décodragérs.  l'ai  été  dsseï  heureux 

pMt  n>îi  pas  faire  l'expérience  avec 

téute  mon  armée,  mais  j'tif  remarqué, 

à  lar  bataille  de  Molwitz,  œmbieh  il 

■  'feut  do  temps  polir  mssuier  nn  corps 

'  «tbi  k  été  riédidmtté.  Ma  cavalerie  était 

aU>rs   tellt^ment   dét^huë  ;   qu'elle  se 

croyait  HfeîiM»,  è  la  boudiôriô  ;  j'en  fis 

'  1It'!T^tK!tilf<tachemT^R{)o(irl'a^(iérriret 

^  Ma  faire  dgtr.  jCe^i'e st  qde  depuis  la  ba- 

talito  de  UoMMi-Fiielilberg  que  com- 

'  tnence  l'époque  où  elle  ost  devenue  œ 

qu'elle  aurut  dîi  ètrcv  etee  qu'aie  est 

a  présent  ;o 

r  '  l'enhèmiaydritHéoôuvertue^pion 

'.H'im^rtnnco  qut*  vous  aure»  dans  sob 

''^cdmp;  vdùs  pcrdres  la  boussole  mr  bi- 

'  quelle  vous  vous  éticf  ^enté^  et  vous. 

*'  n'apprendroÈ  de  ses  mouvenenë:  ^ue . 

ceux  que  vous  verret. 


iNNMfrrrrms  luuMimK 

rb;4'orSder  éb  IftuHnrdu  i|ii1>H:iln»l 
envof é  à  la  décoaTefte,  àfant  méfjtiiè 
son  devoir,  noua  fûmes  à  loi  mm  fn'il 
en  sodpçoiiAAt  la  maindre  chtse.  On 
ofik'îér  du  régiment  de  Zietben  (1)  fit 
négligemment  sa  patrotûne  dans  la 
nuit  où  l'ennemi  ronstruiaît  sea  pontl  à 
Seimiti^  et  surprit  les  équipages. 

Vous  apprendre!  par  ce  que  je  néia 
de  dirê^  qu'il  ne  faut  jamais  conBer  ia 
sûreté  de  toute  une  armée  à  laviglhrrice 
d'un  simple  officier.  Des  affaires  d'iue 
si  grande  couséqdénbe  ne  doivent  Ja- 
mais dépendre  d'un  seul  homme,  ea 
d'un  officier  subalterne.  Imprimer 
vous  bien  datls  la  mémoire  ce  que  f  ai 
dit  à  C6  sujet  dans  l'article  4e  la  dé- 
fense des  rivières^ 

Les  patrouilles  et  tel  partis  détachés 
pour  reconnaître,  ne  doivent  être  re- 
gardes que  comme  une  précaution  su- 
perilue  ;  il  ne  faut  JAmaip  s'y  fier,  mais 
en  prendre  'd'autres  pliis  solides  et  plus 
sures. 

I  a  trahison  dans  une  armée  est  le 
plus<;rand  malheur  de  tous.  Le  prince 
JSugèfiq  fuif  e)S  l'année  ITSâ^-^tratai  par 

le  général   St ,  4|U0  tes  Fmwûs 

avaient  corrompu^  Je  perdis Cosel.  |^ 
la.  trahison  d'i^i  oiScier  de  ia  garnison, 
qui  dés^ta  à rennemi^et  lui  serait  .de 


«  (1)  Il  w  peut  rori^iei)  que  l'ofèder  diiZl»- 
thoji  n'ait  pas  fiii  exacteiicnt  gob  devoir.  Hais 
il  :^li  hM  ifinti-iié  \  dèlik  rMi\  îMïttoâ  de 


-met  te  p««tpe  ri*iiiib  rivMn;  laN  qoelTlbe, 
4u  t^i<^  de  TeiQîijL  Les^uitfiMrs  tifê  PrOMiffu, 
par  le  front  qu'ijf  avaient  à  déhiadre,  n'étaieni 
pas  «>M«z  reàseri^s  pbùir  se  soutenir  pfcHBipte- 
*iiVm:  di  en  tMé  cû^lthm-àfkù^àà^ii'aom' 

^éinu  (^  (luiiTMlrSMiDreDamHafli^  dMjMMSn. 
C' t  oiemplfi  fiiii  \Q|r  fU9,Jles  dUpçeHio^i  les 


r 


\jk  nèt:li«enct^  dest^ffiders  dôhchrs  |  '''""^  '''^^'  t^  l^"»  niicpx  dirigées,  .^.^h^uiTom 
pour  rocoTî naître  ,  peut  vous  ineMr    ■  .    ^        » 


'    dans  te  dernier  embarras.  Leinarédi}:.  ■  r 

I 

*  "  àè  Neuperg'fut  surpeis  d^e^tte  maiû 


-  n  II  h  Kèr(l^ë^i^'M'lH>p^mM«tMai«, 
f    f.  Biliiin<*n  eiantiiBisè.  da  lemÉi.M 
;.\'i'ik  ce  défaut. 


.  t  ■  1 . 


•»f 


DU  ROI  DE  TRCSSI. 

guide.  Il  s'ensuit  enfin  de  tout  ceci,   introduites  parmi  mes  troupes.  L'objet 
qa*il  ne  faut  jamais,  môme  au  milieu    de  ces  manœuvres  est  de  gagner  du 


dn  bonheur,  se  fier  à  la  fortune,  ni 
âerenir  orgueilleux  dans  les  succès  ; 
mais  songer  toujours  que  le  peu  que 
vous  aurez  d'esprit  et  de  prévoyance, 
n*est  qu'un  jeu  du  hasard  et  d'accidens 
imprévus,  par  où  il  plaît  à  je  ne  sais 
quel  destin  ,  d'abaisser  Torgueil  des 
hommes  présom])lueux. 


AliTFCLE    XXV. 

M  est  ibsu1otiit*nl  néiT»saire  quun  ^^aéral 
d'armée  ^ienae  lonscil  cJr.  guerre. 

Le  prince  Eugène  avait  coutume  de 
%e  qu'un  général  qui  avait  envie  de 
ne  rien  entreprendre,  n'avait  qu'à  le- 
nirconscil  de  guerre.  Cela  est  d'autant 
plus  iTai,  que  les  voix  sont  ordinaire- 
ment pour  la  négative.  Le  secret  même 
V^i  est  si  nécessaire  dans  la  guerre,  n'y 
ttt  pus  observé. 

t'n  général  à  qui  le  souverain  a  con- 
fié SCS  troupes,  doit  a^ir  par  lui-même  ; 
et  la  confiance  que  le  souverain  a  mise 
dans  ce  général,  l'autorise  à  faire  tout 
^aprèsses  lumières. 

Cependant  je  suis  persuadé  qu'un 
C^néral  à  quj  même  un  ofiicicr  subal- 
^roe  donne  un  conseil,  en  doit  profit 
^;  puisqu'un  viai  citoyen  doit  sou- 
itlior  lui-même,  et  ne  re^iarder  qu'au 
Ueo  (]^  Tallaire,  sans  s'embarrasser  si 
^  qui  l'y  mène  provient  de  lui,  ou 
d'utt  autre,  (M>urvu  qu'il  parvienne  à 
«»Uns. 


AllTICLE  XXVI. 

D^s  manœuvres  d'une  arm^e. 

^n  vetf  a,  par  les  maximes  que  j'ai 
^'^IriiM  dans  cet  outrage  ,  sur  quoi 


temps  dans  toute  occasion,  de  déci- 
der une  aiïaire  plus  promptement  qu'il 
n'a  été  d'usage  jusqu'à  (présent;  et  en- 
fin de  renverser  l'ennemi  par  les  fu- 
rieux chocs  de  notre  cavalerie.  Par 
cette  impétuosité,  le  poltron  est  entraî- 
né, de  façon  qu'il  est  obligé  de  faire 
son  devoir  aussi  bien  que  l'homme  bra- 
ve. Aucun  cavalier  n'est  inutile.  Tout 
dépend  de  la  vivacité  de  l'attaque. 

Je  me  flatte  donc  que  tous  les  géné- 
raux, convaincus  de  la  nécessité  et  de 
l'avantage  de  la  discipline,  tâcheront 
d'entretenir  toujours  la  nôtre,  et  de  la 
perfectionner,  tant  en  temps  de  guerre, 
qu'en  temps  de  p^iix. 

Je  n'oublierai  jamais  ce  que  Végèce, 
dans  un  certain  enthousiasme,  nous  dit 
des  Romains  :  Et  à  la  fin,  la  diêcipUnê 
romaine  tiwmpha  des  corps  allemands , 
de  la  force  de»  Gaulois,  de  la  ruse  des 
Allemands,  du  grand  nombre  dis  Har-^ 
Lares,  et  subjugua  l'uniters  connu.  Tant 
la  prospérité  d'un  État  est  fondée  sur 
la  discipline  de  son  armée. 


ARTICLE  XXVIL 

Des  quartiers  d*hiver. 

La  campagne  étant  terminée,  on 
songe  aux  quartiers  d'hiver.  On  en  fait 
l'arrangement  selon  les  ci?  constances 
où  Ton  se  trouve. 

On  commence  par  la  chaîne  des 
troupes  qui  couTrirotit  les  quartiers. 
Les  chaînes  se  formeront  de  trois  ma- 
nières :  ou  derrière  une  rivière,  oû  à 
la  fiiveur  des  postes  défendus  par  des 
montagnes,  ou  sous  la  protection  de 
quelques  villes  fortifiées. 

Dans  rhiver  de  17il  à  17<^2,  le  corps 
de  mes  troupes  qui  avait  des  quartiers 


louVe  la  UtfV.'rie  des  évolntions  que  j'ai   d'hiver  en  Bohème,  prit  les  siens  der- 


UtSTMCTIOPf  MILITA l&I 


nère  TEIbe.  La  chaîne  qui  les  couvrait 
commençait  à  Brandeis,  et  allant  pnr  | 
fnenbourg,  Kolin,  Bodjebord  et  Par-  j 
dahîtz  »e  terminait  à  Kœnitgingrstz. 

rajouterai  ici  qu'il  ne  faut  jamais  se 
Rer  aux  rivières ,  puisqu'on  peut  les 
passer  partout  lorsqu'elles  sont  gelées. 
Vous  aurez  la  précaution  de  mettre 
des  hussards  dans  tous  les  endroits  de 
la  chaîne,  pour  être  attentifs  à  tous  les 
mouvemens  de  l'ennemi.  Ils  feront  des 
patrottiles  fréquentes  en  avant,  pour 
Mvoir  si  l'ennemi  est  tranquille,  ou  s'il 
ISut  assembler  des  troupes.  Il  faut  en* 
core  que  de  distance  en  distance,  ou- 
tre la  chaîne  de  l'infanterie,  il  y  ait  des 
brigades  de  cavalerie  et  dinfanterie, 
pour  être  prêtes  à  donner  du  secours 
partout  où  l'on  en  aura  besoin. 

Dans  l'hiver  de  1744  à  1745,  nous 
formâmes  la  ehalne  de  nos  quartiers 
te  long  des  montagnes  qui  sépa- 
rent la  Silésie  de  la  Bohème,  et  nous 
gardâmes  exactement  les  frontières  de 
nos  Quartiers,  pour  être  en  repos. 

Le  Ueutenant^général  de  Truchsess 
avait  k  observer  le  front  de  la  Lusace 
jusqu'au  omité  de  Glatz,  la  ville  de  Sa- 
gan, et  les  postes  de  Schmiedeberg  à 
Friedland.  Ce  dernier  endroit  était  for- 
tifié par  des  redoutes.  Il  y  eut  encore 
quelques  autres  petits  postes  retran* 
chés  sur  les  chemins  de  Schaziar,  Lie- 
ban  et  Silberberg.  Le  général  de  Tru- 
chseas  s'était  ménagé  une  réserve*  pour 
soutenir  le  premier  de  ces  postes  qui 
viendrait  à  être  insulté  par  l'ennemi. 
Tous  les  détachemena  étuenteouverts 
par  lesabatis  bits  dans  les  bois,  et  tous 
les  cbemins  menant  en  Bohème, 
avaient  été  rendus  impraticables.  Cha- 
que poste  avait  ses  hussards  pour  re- 
•ounaUie. 

Le  général  Leh wald  couvrait  lecomté 
de  Glatz  par  un  pareil  détachement,  et 
avec  la  nïème  précaution.  Ces  deux  gé- 


néraux se  prêtaient  la  main,  de  sorte 
que,  si  les  Autrichiens  avaient  marché 
contre  le  général  de  Truchsess,  le  gé- 
néral Lehwald  entrait  en  Bohème,  pour 
prendre  l'ennemi  en  queue ,  et  réci- 
proquement l'antre.   ^. 

Les  villes  de  Troppau  et  de  Jiegern- 
dorf  étaient  nos  têtes  dans  la  haute  Si- 
lésie, et  la  communication  était  par  Zie- 
genhals  et  Patskau  à  Glatz,  et  par  Neus- 
tadt  à  Niess. 

J'avertirai  ici  qu'il  ne  faut  jamais  se 
fier  aux  montagnes,  mais  se  souvenir 
toujours  du  proverbe  qui  dit  que  par- 
tout où  passe  une  chèvre,  un  soldat 
passera. 

Pour  ce  qui  concerne  les  chaînes  des 
quartiers  qui  sont  soutenus  par  des 
forteresses,  je  vous  renverrai  aux  quar- 
tiers d'hiver  du  maréchal  de  Saxe.  lU 
sont  les  meilleurs,  mais  on  n'a  pas  la 
liberté  du  choix,  il  faut  faire  sa  chaîne 
selon  le  terrain  qu'on  occupe. 

J'établirai  ici  pour  maxime,  qu'il  ne 
faut  pas  s'opini&trer  dans  les  quartiers 
d'hiver  pour  une  seule  ville  ou  pour  un 
poste,  à  moins  que  l'ennemi  ne  vous 
gêne  trop  de  ce  <:ôté.  Car  vous  devez 
porter  toute  votre  attention  à  avoir  de^ 
quartiers  d'hiver  tranquilles. 

Pour  seconde  maxime,  j'ajouterai 
encore  que  la  meilleure  méthode  est 
de  distribuer  les  régimens  par  brigade 
dans  leurs  tpiartiers  d'hiver,  afin  qu*ils 
soient  toujours  sous  les  yeux  des  gé- 
néraux. Notre  service  exige  aussi  de 
placer,  s'il  est  possible,  les  régiment 
avec  les  géntoux  qui  en  sont  les  chefs. 
Mais  il  y  a  des  exceptions  à  cette  règle. 
Le  général  d'armée  jugera  si  cela  peut 
se  faire. 

Voici  présent  ement  les  règles  sur 
l'entretien  des  troupes  en  quartiers 
d'hiver. 

Les  circonstances  voulant  absolu- 
ment  que  l'on  prenne  les  qaartien  ifhl 


M  MH  m  FAUlil. 


T«r  diBS  flon  pays,  alors  ii  faut  que  les 
<-apitaiDeg  et  I^  officiers  subalternes 
aient  nae  gratification  proportionnée 
lui  douceurs  ordinaires  qu'ils  reçoi- 
^Dt  dans  leurs  quartiers  d'hirer.  Le 
loldat^ava  le  pain  et  la  Tiande  gratis. 

Mais  les  quartiers  d'hirer  étant  dans 
un  pays  ennemi,  le  général  en  chef  des 
tnmpes  aura  qninie  mille  florins,  les 
généraux  de  la  cavalerie  et  de  l'nfante- 
rie  auroot  chacun  dix  mille  florins;  les 
Beotenans  généraux,  sept  mille  ;  et  les 
majors  généraux  (maréchaux  de  camp) 
daq  mille  ;  les  capitaines  de  caTalerie 
auront  chacun  deux  mille  florins  ;  ceux 
de  l'infanterie ,  dix-huit  cents  ;  et 
les  sobaltemes,  cent  ducats  ou  quatre 
à  Aaq  cents  florins.  Le  soldat  aura  du 
pdn,  de  la  virade,  et  de  la  bière  gratis, 
que  fournira  le  paya  ;  mais  point  d'ar- 
gent, parce  que  cela  fatorise  la  déser- 
fion. 

Le  gteéral  en  chef  tiendra  la  main 
poQf  que  cela  se  fasse  en  ordre,  et  ne 
pennàtn  aucun  pillage;  mais  il  ne 
daeanera  pas  Ti^der  pour  quelque 
petit  profit  qu'il  pourrait  faire. 

Si  Fatmée  est  en  quartier  dans  le 
pays  ennemi,  c'est  au  général  d'armée 
d'if  Ob'  soin  que  les  recrues  nécessaires 
M  soient  fournies.  (D  distribuera  les 
cercles  de  façon  que  trois  régiment, 
par  exemple,  seront  assignés  à  l'un,  et 
quatre  èun  autre).  Chaque  cercle  sera 
wbdiriié  aux  régimena,  coanme  cela  se 
fait  dans  les  eaaitona  d'enrôlement. 

Si  les  èMê  du  pays  Teulent  eux* 
mêmes  fournir  les  recrues,  il  n'en  sera 
que  mieux,  sinon  on  y  emploiera  la 
force,  n  (but  qu'eDes  arrivent  de  bonne 
toffe,  pour  que  l'oifider  ait  le  temps 
le  les  OKeroer,  et  de  les  mettra  en  état 
de  flaire  le  serrice  le  printemps  pro- 
rfiah.  Hais  eéh  ii*bmpéchera  pas  les 
aapftafaiei  d*eAn?oyer  ^n  recrue. 

Camme  le  général  en  rhHT  d^it  se 


mêler  de  toute  cette  économie,  D  aura 
attention  que  les  chetaux  d'artillerie 
et  de  vivres,  qui  sont  un  tribut  du 
pays,  soient  fournis  en  nature,  ou  em 
argent  comptant.  D  ne  manquera  pas 
non  plus  d'avoir  soin  que  les  jcontribu- 
tions  soient  payé^s  très  exactement  an 
trésor  de  l'armée.  C'est  aussi  au  pa)  s 
ennemi  à  faire  réparer  à  ses  dépens  le» 
chariots  d'équipage,  et  tout  ce  quit 
faut  pour  l'apparat  d'une  armée. 

Le  général  portera  toute  son  atten- 
tion A  ce  que  les  oflDciers  de  cavalerie 
fassent  réftarer  les  selles,  les  brides, 
les  étriers  et  les  bottes,  et  que  ceux 
d'infanterie  se  pourvoient  de  souliers, 
de  bas,  de  chemises  et  de  guêtres  pour 
la  campagne  prochaine.  Il  faudra  en* 
core  faire  raccommoder  les  couvertures 
des  soldats,  et  leurs  tentes  ;  il  faut  qu<» 
la  cavalerie  aflDle  ses  épées,  que  l'in- 
fanterie remette  ses  armes  en  bon  étal 
et  que  l'artillerie  prépare  la  quantité 
nécessaire  de  cartouches  pour  l'infan- 
terie. 

II  reste  encore  au  général  A  avoir 
soin  que  les  troupes  qui  forment  la 
chaîne,  soient  suffisamment  pourvues 
de  pondre  et  de  baUes,  et  qu'il  n'y  ait 
rien  qui  manque  dans  toute  l'armée. 

Le  général  devra  visiter  quelques- 
uns  de  ces  quartien,  pour  examiner 
l'établissement  des  troupes,  et  pour 
s'assurer  que  les  oificien  font  exacte^ 
ment  leur  service.  Il  faut  fture  exerce 
non-seulement  les  recrues,  mais  aussi 
les  vieux  soldats,  pour  les  entretenir 
dans  l'habitude. 

A  l'entrée  de  la  campagne,  on  chan^ 
géra  les  quartiers  de  cantonnement,  al 
on  les  distribuera  selon  l'ordre  de  ba- 
taille ;  savoir,  la  cavalerie  aux  ailes  el 
l'infanterie  au  centre.  Ces  cantonna» 
mens  ont  ordinairement  neuf  I  Ai: 
lieues  (quatre  h  cinq  milles)  de  frotté 
sur  quatre  (deux  miHas)  de  ft^/tm4fwi 


ses 


ié^ 


\y 


et  lorsque  tous  derrex  camper,  on  les 
rétrécira  un  peu. 

Je  trouve  qu*n  est  très  convenable  de 
distribuer,  dans  les  cantonnemens,  les 
troupes  aux  ordres  des  six  premiers 
généraux.  Que  Tun,  par  exemple, 
commande  toute  la  cavalerie  de  Tailc 
droite,  et  Tautre  ceHe  de  la  gauche  en 
première  ligne  ;  les  deux  autres  com- 
manderont celle  de  la  seconde  :  de 
cette  façon,  les  ordres  seront  plus 
promptcment  expédiés,  et  les  troupes 
se  mettront  plus  facilement  en  colon- 
nes pour  entrer  au  camp. 

A  Toccasion  des  quartiers  d'hiver, 
j'avertirai  encore  de  vous  bien  garder  ■ 

d'établir  vos  troupes  dans  les  quartiers  *  nous  n'aurions  emporté,  qu'apntelva 
d'hiver,  tant  que  vous  n'aurez  pas  des  ou  quatre  campagnes  diflleiles,  «ei^ 
avis  certains  que  Farmée  ennemie  est  nous  gagnAmes  par  une  simple  maidi 
entièrement  séparée.  Je  recommande 
à  ce  sujet  de  se  souvenir  toujours  de 
ce  qui  arriva  à  l'électeur  Frédéric-Gull- 
laufoe,  quand  le  maréchal  de  Turenne 
le  surprit  dans  ses  quartiers  en  Alsace. 


t  UUB 

Je  crois  avoir  fait  plus  de  campagn 
d'hiver  qu'aucun  général  de  ce  siMi 
je  ne  ferai  pas  mal  de  dire  les  moti 
qui  m'y  ont  déterminé. 

A  la  mort  de  l'empereur  Charles  V 
Tannée  17V0,  il  n*y  avait  que  deax  ri 
gimens  autrichiens  en  Siîésîe.  Ayai 
résolu  de  faire  valoir  les  droits  de  ■ 
maison  «ur  ce  duché,  je  fus  «Uigé  i 
Caire  la  guerre  en  hiver  pour  pMÉfa 
de  tout  ce  qui  me  pouvait  être  a?Ml[ 
geux,  et  porter  le  théâtre  de  la  guen 
sur  la  Neiss. 

Si  j'avais  pris  le  parti  d*atteiidie; 

j  printemps ,   nous    aurions   établi   < 

jj^uerre  en  tri»  Oossen    et  filogae,  i 


ARTICLE  XXVm. 
Dm  mpptgiKS  d*.IUTer  en  irarlicolier. 

Jje^  campagnes  d'hiver  abhnent  les 
troupes  ^nt  par  les  maladies  qu'elles 
y  ca^uscnt,  que  parce  qu'étant  obligées 
d'élre  toujours  daj^  un  mouvement 
continuel,  elles  ne  peuvent  être  ni  ha- 
billées, ni  recrutées-  Le  même  incon- 
vénient se  trouve  pour  l'attirail  des 
munitions  de  guerre  et  de  bouche. 

il  est  certain  que  la  meilleure  armée 
du  monde  ne  soutiendra  pas  long-lemps 
de  semblables  cantpagnes,  et  qu*il  faut, 
par  cette  raispn ,  éviter  les  guerres 
d'jûver^  coipme  celles  qui,  de  toutes 
1^  e:y)é4itions,  sont  les  plus  condam- 
ail)>les.  Majs  fl  peut  arriver  tels  évène- 
mfinV  W  ^"jfll^P^  i^n  général  d'en  ve- 
0ir  là. 


Cette  raison  était,  à  mm  «fia, 
valable. 

Si  je  n'ai  pas  réussi  dans  la  campi 
gne  d'hiver  de  174fi,  que  je  fli  p« 
dégager  les  pays  de  l'électeur  de  Bi 
vière,  c'est  que  les  Français  y  agii 
saient  en  étoardrs  «pt  les  Sasona  (1)  « 
traîtres. 

L'hiver  de  17i5  à  1746,  je  fis  ■ 
troisième  oampa^ne  d'-hiver^  parra  qi 
les  Autrichiens  ayant  envahi  la  SîH 
sie  (2),  je  fus  obligé  de  les  od  4àm 
ser. 

Dès  le  commencement  de  )- hiver  d 
1745  h  1746,  les  Autrichiens  et  il 
Saxons  vevbireAt  Caire  une  imiplie 
dans  mes  pavs  'hérédilaîres,  peorimal 
tre  tout  à  fcù  ai  à  sang.  J'agis  ahHec 
Ion  mon  principe,  otjtt  Icaptéi'in^l 

(1)  Lot  piémoirps  aulheotiquei  d/t  of  icm 
là  JusiifieroDi  pleinemeot  U  coodoile  éi 
SaiOM.  Il  serait  Tort  inutile  de  vouloir  lii  ÉÊê 
culper  Ici.  C'eit  la  fable  de  It  hréUt  m  é 
loup 

(2)  L^hlMoiie  ao 4iU  rusmiU»  étwlf^ 
vasion.  Elle  OQUf  du  sealeip^  qi|(9  |f  effM 
Charles  fàt  oMigé  de  quitter  lee  ^orib  ial^^ 
pour  sauver  la  Bohême. 


.  DU   ROI    DK  PRUSSB. 


||,IOIIlllîeD  de  rhivcr.  1»  guerre  dans 
lecœorde  leur  pays. 

Side pareilles  circonstances  venaient 
se  présenter  encore,  je  n'hésiterais  pas 
de  prendre  le  même  parti,  et  j*approu- 
lierais  h  conduite  de  mes  généraux  qui 
wiTraient  mon  exemple  :  mais,  sans 
ceh,  je  blâmerai  toujours  ceux  qui,  in- 
eoDridérémeot  «  entreprendront  des 
guerres  d'hiver. 

Poor  ce  qui  regarde  le  détail  de  ces 
campagnes  dlurer,  il  faudra  toujours 
Cure  marcher  les  troupes  dans  des  can- 
tonnemens  bien  serrés,  et  loger  dans 
norillage  deux  à  trois  régimens  de  ca- 
valerie, mêlés  même  d'infanterie,  s'il 
peut  les  recevoir.  On  fait  quelquefois 
eatrer  toute  l'infanterie  dans  une 
même  ville,  comme  te  prince  d'An- 
haltfitàTorgau,  Eulenbourg,  Meissen 
et  deux  ou  trois  autres  petites  villes 
e&Saxe,  dont  je  ne  puis  plus  me  rap- 
pderles  noms;  après  quoi  il  vint  se 
*4|^per. 

Lorsqu'on  s'approchera  de  Tcnnemi, 
OQassignera  des  rendez-vous  aux  trou- 
pes, et  l'on  marchera  sur  plusieurs  co- 
loDoes,  ainsi  qu'à  l'ordinaire;  mais 
'onqoe approchera  le  moment  d'enta- 
*>ier  l'afiTaire  et  par  conséquent  d'enta- 
mer les  quartiers  de  l'ennemi,  ou  de 
^tiarcher  à  lui  pour  le  combattre,  alors 
't  faut  camper  en  bataille  les  troupes 
^^emenrant  à  la  belle  étoile.  Chaque 
Compagnie  allumera  un  grand  feu  pour 
^^Msser  la  nuit.  Mais,  comme  ces  sortes 
^  fatigues  sont  trop  violentes  pour 
^ne  l'homme  puisse  long-temps  y  ré- 
éditer, il  est  indispensable  de  conduire 
ces  entreprises  avec  une  célérité  toute 
extraordinaire.    N'envisagez    pas    le 
danger,  n'en  calculez  pas  les  chances, 
ne  balancez  pas  un  seul  moment,  pre- 
une  résolution  ferme  et  prompte 


S63 


et  soutono7-la  avec  toute  la  f'-nneté 
dont  vous  êtes  capable. 

On  doit  se  garder  d'entreprendre  une 
campagne  d'hiver  dans  un  pays  hérissi» 
de  places  fortes  ;  car  la  saison  ne  vous 
permettra  pas  de  faire  le  siège  des 
grandes  forteresses,  que  l'on  no  p(^ut 
emporter  par  surprise  ;  qu'on  soit 
persuadé  d'avance  qu'un  tel  projet 
échouera  puisqu'il  est  impossible  à  exé- 
cuter. 

Si  on  a  le  choix,  il  faudra  donner 
aux  troupes,  pendant  Thivcr,  autant  de 
repos  que  faire  se  pourra,  et  bien  em- 
ployer r^  temps  à  rétablir  l'armoe,  afin 
qu'on  puisse,  au  printemps  suivant, 
prévenir  l'ennemi  à  l'ouverture  de  la 
campagne. 

Ce  sont-là  à  peu  près  les  principa- 
les règles  des  grandes  manœuvres  de 
guerre,  dont  j'ai  détaillé  les  maximes 
autant  qu'il  m'a  été  possible.  Je  me  suis 
particulièrement  appliqué  à  rendre  les 
choses  claires  et  intelligibles;  mais  si 
par  hasard  vous  doutiez  de  quolqiïos 
articles,  vous  me  feriez  plaisir  de  me 
les  communiquer,  afin  que  je  puisse 
plus  amplement  déduire  mes  raisons, 
ou  me  conformer  à  votre  sentiment, 
s'il  est  meilleur. 

Le  peu  d'expérience  que  j'ai  acquis 
dans  la  guerre,  m'a  appris  qu'on  ne 
peut  pas  approfondir  entièrement  cet 
art,  et  qu'en  l'étudiant  avec  applica- 
tion, on  y  découvrira  toujours  quelque 
chose  de  nouveau. 

Je  ne  croirai  pas  avoir  mal  employé 
mon  temps,  si  cet  ouvrage  peut  exciter, 
dans  mes  officiers,  le  désir  de  méditer 
sur  un  métier  qui  leur  ouvrira  la  \)\m 
brillante  carrière,  pour  acquérir  (i-  !  : 
gloire,  pour  tirer  leurs  noms  do  l'or.' 
et  pour  se  faire,  par  leurs  artior*^,  •  r 
réputation  immortelle. 


♦ 


INSTRUCTION  SECRÈTE 

DÉEOBiE 

A  FRÉDÉRIC  II9 

101  DE  PIÏÏSSE; 

«omifAiT  us  omDKBs  siGHnt  Kxntoiis  aux  omoant  mi  sot  a 
f  ABTiGinLiimBaDiT  A  aux  dx  la  catauoub,  focx  ib  commmm 

XH  CAKPAQUX; 


* 


PAR  LE  PRINCE  DE  LIANI»  ^ 


teTl    I    /  s    :   .  .   >      ^^ 


:in  -i^;  i 


li  ;>^' 


•7 


é 


Jl'flf;'  ^    ro^  art   #  .     •  .    '    ^    j  i,    #-        .  .  .  ,"  * 


ir»««ftri«fiA  'iii'  ••  i<»  t  «ib  ■  i|ci.»«    •• 


S  /;•!  I    "  'î    1  »  'in  T   '^  .•    p  A  1 


PRÉFACE  DU  IKADUCTEUR 

A  SES  CAMARADES 

y 


OFFZCISBS  AWBIOBISBS. 


Cb  n*est  pas  pour  vous  apprendre  votre  devoir  que  je  traduis  cet 
ouvrage,  dont  le  nom  seul  de  Tauteur  fait  reloge,  mais  pour  vous 
représenter  que  les  officiers  pour  qui  il  a  été  rédigé  ne  manqueront 
pas  de  faire  un  bon  usage  des  principes  excellens  qu'on  leur  donne 
ici. 

Nous  avons,  mes  chers  camarades,  un  règlement  dicté  par  l'hon- 
oeur ,  le  génie,  le  calcul  et  l'expérience  ;  étudions-le  bien,  et  nous 
éviterons  les  pièges  d'un  ennemi  qu'il  ne  faut  ni  craindre  ni  mé- 
priser. 

Conservons  l'audace ,  cette  partie  si  précieuse  d'une  carrière  que 
sans  file  on  ne  saurait  parcourir  d'une  manière  brillante.  Et  cepen- 
dant ne  vous  laissez  jamais  emporter  par  trop  de  valeur.  Les  échecs, 
même  ceux  qui  viennent  d'une  aussi  belle  cause,  diminuent  cepen- 
dant la  confiance  en  soi  et  la  t\)nt  perdre  aux  autres. 

Point  de  ces  poursuites  précipitées  ni  poussées  trop  loin,  qui  épui- 
sent les  forces  de  l'infanterie  et  de  la  cavalerie,  ce  qui  prive  de  la 
possibilité  de  résister,  pour  peu  que  l'ennemi  que  Ton  rejoint  enfin 
veuille  se  défendre. 

Que  la  portion  de  nos  troupes,  destinée  à  soutenir  ou  à  recevoir 
si  l'on  est  repoussé,  ne  donne  jamais,  c'est  autant  de  battu  ;  il  en 
sera  ainsi  de  tout  corps  qui  s'engagera  de  la  même  manière. 


IWIRCDDCTIOiX. 


Combieii  (rhomiiieft  se  croient  caiM- 
Mes  de  cDinmander,  et  désireot  goo« 
verner  les  autres  avant  même  d'avoir 
tppris  à  chéir.  Cela  se  voit  prindpde- 
ment  dans  l'état  militaire ,  et  ches  les 
ieimes  officiers;  mais  s'ils  savaient  qne 
pirlafiMite  d'un  instant  on  peut  perdre 
li  bonne  réputation,  ouvrage  de  plu- 
neors  années;  qne  dans  la  guerre  le 
chitiment  soit  les  fautes  de  près,  et 
qu'elles  ne  peuvent  être  réparées 
comme  dans  d'autres  affaires,  ils  s'ap- 
pfiqneraient  certainement  plus  i  ac- 
quérir les  sciences  qu'à  s'empresser  à 
vouloir  les  mettre  en  exécution. 

L'expérience  conduit  sârement  par 
degrés  i  l'honneur  ;  et  ce  n'est  pas  par 
de»  fleuUers  cachés,  dans  lesquels  on 
ne  fait  que  chanceler  et  tomber,  c'est 
par  l'obtissance  qu'on  met  un  frein  aux 
passions  ordinaires  des  jeunes  gens. 
Cesl  l'i^issance  qui  familiarise  le  sol- 
<lat  avec  le  danger,  le  rend  intrépide, 
et  loi  donne  la  capacité  nécessaire  pour 
prendre  sa  résolution  sur-le-champ , 
sans  se  troubler  :  c'est  par  elle  que  le 
soldat  s'accoutume  aux  incommodités 
de  ia  guerre  ;  il  prend  son  métier  à 
cœur,  parce  qu'il  voit  que  cette  obéis- 
saoce  l'avance  par  degrés.  Elle  apprend 
à  vivre  avec  le  simple  soldat,  concilie 
son  amitié  et  son  estime,  et  fait  exécu- 
ter i  celui-ci,  dans  la  plus  grande  ri- 
gnenr  et  avec  sMe,  les  ordres  de  ses 
sapérieufs. 

L'oiBcier  voit  fodiement  qoe  Thon- 
neor  ert  le  seul  mohîle  de  la  fortune  : 
e*est  hii  qui  doit  être  le  but  de  toutes 
tes  actions;  eiso»  courage  le  fera  par- 
venir aax  plus  grandes  charges. 


C'est  lui  qui  l'exdtera  sans  relAcbe  à 
éviter  non-seulement  le  blâme,  m^is 
aussi  à  gagner  l'estime,  il  sera  con- 
vaincu qu'il  ne  suffit  pas  de  saisir  une 
occasion  qui  se  présente,  mais  qu'on 
brave  officier  doit  même  la  chercher. 
Il  fout  qu'il  tâche  par  tontes  sortes  de 
moyens  de  découvrir  les  desseins  et  les 
entreprises  de  l'ennemi,  afin  de  pou- 
voir les  prévenir,  et,  selon  les  cinoas- 
tances,  l'attaquer,  l'affaMr  et  le  bar- 
cder.  Il  doit  prendre  pour  maxime 
générale,  qu'on  ne  peut  rien  exécuter 
sans  lèle  et  sans  hasarder  quelque 
chose.  Il  évitera  la  trop  grande  con- 
fiance en  soi-même,  et  ne  se  ^posera 
pas  seulement  sur  ses  vues  et  son  au- 
dace :  il  saura  qu'il  ne  peut  rien  sans 
des  camarades  dont  l'appui  lui  est  in- 
dispensable. Qu'il  apprenne  a  les  con  - 
naître,  surtout  ceux  qui  sont  sous  son 
commandement  :  qu'il  juge  leurs  ta- 
lens,  et  qu'il  choisisse  les  meilleurs 
pour  ses  amis.  Selon  leurs  inclinations 
particulières,  il  doit  savoir  distinguer 
pour  quelle  entreprise  diacun  d'eux 
est  propre  ;  par  exemple,  il  y  a  des 
hussards  qui  sont  très  habiles  à  rappor- 
ter des  nouvelles  de  l'ennemi,  et  qui 
ne  valent  rien  pour  reconnaître  un 
pays  :  un  autre  au  contraire  peut  fort 
bien  s'acquitter  de  cette  dernière  corn* 
mission,  mais  ses  forces  ne  lui  permet- 
tent peut-être  pas  de  bien  remplir  la 
première,  parce  qu'il  serait  obligé  de 
passer  plus  d'uI|^  nuit  au  bivouac  dans 
un  bois.  D'autres  font  plus  dans  des 
patrouilles  et  des  escarmouches,,  qu^ 
dans  de  grandes  occasions. 

Ce  qui  doit  servir  pour  rofficier,  peut 


tlÙ  tHTIKHKJCnM. 

aussi  senir  poui  le  soijfat  Si  le  oonH  i  àrrangéniBià  et  sans  choix,  et  ïï^^ 
mandant  en  étudie  la  nature  et  le  ca-   cela  ils  perdent  leur  autorité  et  leurré- 
raclèreje  succès  sera  facile  et  certain,    putation.  Celui  qui  se  propose  autre 
Dans  les  rangs  on  trouve  de  vieux  mi-    c  Iiose  que  Thonneur,  ne  cherche  qu'à 
litaires  qui  ont  de  Tintelligonce,  et  qui    s'enrichir,  devient  avare,  se  gâte,  et 
peuvent  découvrir  du  noaveait,  ou  en  •  8*attire  la  haine  et  le  mépris  de  tous, 
procurer  la  découverte  :  qa*iin  officier .      Hien  ne  rend  i'offider  plus  mépri- 
a'entrètienne  souvent  avec  eux  ;  cela  )  aafele  auprès  du  soklat,  que  lonqu'oo 
instruit  et  concilie  cette  confiance  qui  '  te  soupçonne  d'une  sordide  écononie. 
esl  d'une  grande  utilité  en  tous  genres  '  Le  jeu  en  est  souvent  la  cause,  et  porte 
d'exécution.  L'officier  doit  faire  la  dir-*  facilement  un  officier  à  la  baosease. 
férenoe  des  braves  et  des  mauvais  sol-  ;  Qu'on  dépente  phitAt  ce  qu'oftâ,  pour 
dats,a6nque,  dans  l'occasion,  il  saclie'  acheter  da  bonnes  nmiés  et  é'«xcel- 
s'en  servir  à  propos.  On  caresse  les  \  lens  chevaux  :  c'est  d'eux  que  dièpen- 
bons,  on  prévient  leurs  besoins  :  on  j  dent  souvent  l'honneur  et  la  vie. 
peut  ainsi  s'en  promettre  de  l'honneur  t     Que  l'officier  soit  toujours  êobtm  et 
at  de  la  réputation.  Quant  hu\  jeunes  *  modéré  dans  sa  dépense;  car,  outre 
gens  timides^  il  faut  les  entraîner  et  '  que  par  là  U  retranche  le  superflu  et 
les  étourdir  sur  le  danger  :  de  cette   l'inutUe,  il  en  est  aussi  phn  actif  et 
façon  l'ai  vu  souvent  des  officiers  en-   plus  capairfe  de  faire  brillaihnMiit  son 
treprendre  des  choses  qui,  au  premier  service.  Il  doit  èire  le  modèle  de  tous 
coup  d'oeil,  leur  attiraient  le  renom  de  >  ses  inférieurs,  car  ordinéiremeot  ces 
téméraires.  i  derniers  ont  coutume  dlmiter  leurs 

Il  est  très-mauvais  tiu'un  officier  \  supérieurs  ;  c*est  surtout  ce  qui  arrive 
borne  son  avenir  à  un  certain  avan-  !  quand  un  oflkier  est  adonné  à  la 
eement,  et  que,  quand  il  a  obtenu  la  f  boisson,  ou  à  quelque  autre  viee  :  il 
chaiige  qu'il  {mibitionnait,  il  ne  désire  \  perd  le  droit  de  le  reprocheqf^  ceux  qui 
phis  au-delii  ;  il  est  sur  que  dans  les  !  se  le  permettent  à  son  exeiDple«  ni  en 
commencemens  il  se  donnera  des  pei-  >  le  faisant  il  se  condamnerait  lui-wAme. 
nés  incroyables,  et  emfloira  tous  les  i  Le  fondement  et  la  source  de  louleales 
moyens  possiMt»  pour  aoquérir  cette  j  qualités  nécessaires  i  faire  un  brave 
charge,  d'autant  plus  vite  que  peutr  i  offider,  c'est  une  tonduKe  fégstlère» 
Mre  il  f^connatt  kii-^mènie  qui!  n'est  j  laquelle  doit  non^seulement  ttre  eité- 
pasenélatde  la  remplir;  et  alors  ili  rieure,  mais  doit  aussi  régler  ses  ac-* 
croit  se  soutif^nir  à  l'aide  de  quelque  j  tions,  afin  qu'elles  soient  exemples  de 


pt-otecteur  puissent  ou  autrement» 
fàSKfÊL*k  M  qu'il  soit  parvenu  à  son  but. 
G>Mt  ainsi  qu'on  voit  des  officiers  qui. 


blême  et  de  censure  ;  car  ta  véritable 
bravoure  rougit  de  la  pius  petite  ta- 
che. 


pendant  un  certain  tèm(>s,  se  donnent  Je  viens  de  vous  indiquer  coRamunt 
des  peines  et  prétendent  faire  plus  ;  on  doit  d*abord  se  corriger  «t  se  ren- 
qu'iis  ne  peuvent;  et  qui,  avant  obtenu  t  dre  propre aui  plus  hoMesentfieprises  : 
ce  qu'ils  désiraient,  se  relÂchent  et  ne  !  à  présent  nous  alkNis  voir  la  conduite 
pensent  plus  à  leur  devoir*  -■  que  doit  tenir  un  officier  pour  icqaèrir 

Les  ordres  de  tehgons  ne  dépendent:  de  l'honneur  et  de  la  réputation  ea 
que  des  circonstances  :  ils  sont  sans  j  campagne. 


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}W         .    •»!    *■••       I* 


tNSTUtfCTlON  SÉCÛÊTË 


IkfROBfiB 


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«■ÉMEIAB  PftUIffilli 


par  ééMètoMÉt^  4ei.  aiieTaiihl^iiws 
domnl  faire  4'«r«l-#Mrikl;  L«i  pie- 
kmÊktm  nm  itfaeért  eut  les^  iiim, 
rimèi»t;afii  a  m  p^siUdn  Mî^iiée. 
Lw  farte  éa  c6a  ékachemeo»  eal  et 
«rt  aaq^rét  à  la  pade.  4aa  {Kwias 


Qa*éranM^eat4iimia  w  la  plaise 
là  «ila.éoM  ampa^  TairMWtnle  «e 
pârUgMA  tfCMeaWi  Irmpes  et  B'è- 
iiBidèÉMBiMqtt'^lepimie  eoimir 
b tmit 4» tMlla  tatalp^ pandaot ifne 
rinfaDterie  pose  ses  gaiéet  «t  ilrcase 
in  laaiBa.  yatattro  gnrite  M  hi  i>a- 
tnmaki  doâ  4«u  cMéi  foaft  «e  alteM. 

laofa^ffméeait  9oaBpAa4  |iaiar 
«8  laidW  et  à  dMMW  ta  taalet^  IH 
Withiiliw  siiaiila  fMft  des  |NH 
haalMi  éaJÉMrahrf,  faiiiiiai  Wtetes 
WMnii  al  viiilfettt  tew  4as  vaUoas  ai  • 
liés  dataot  le  finantv  de  «faMa-^aa, 
feadttt  «e  ten^»^  .qaaltfie  idétaobe- 
i(  caabé  dan»  ta  mvirons, 


ne  puisse  1«  ânrpiya#ei.eittiif»  inirtl 
ai  kiî^mim  Las  iaiitai»  étwtdnsism 
le  f éaéraâ-ffMMr  de  jour»  ,aiii  «aiilm^ 
attira  oifiaier  cwMniii^i  pcfita^ta 
graadesfardesi  ei  assigne  iah«|Wi9r 
ficieti  aa  parti6Mlier|.to.po9i(tiw4J!^'Jil 
daitienin  ..,     .  ..,  ;  ,  .. 

Les  pandas-gardes  #eroitl  ^^ft, 
aatant  ^u'il  est  posaîblef  de  (a^  ^iie 
les  piqaats  %»  tjranvepit  aiur  d^  bûir 
t^ars,  ett  cachés. aaosdv  ai^%,.(^ 
oorpa^a-garde  doit  être  dans  la.plaio^lf 
daffrièf e  dai  biitaoïifi  on  des  maiswa, 
à  iapt«  bnîtou  neuf  cents  pas  darfièi]|B 
leafKietSi.afla  via  rennep^î  ne  puissp 
la  dé^QiiYiîr  et  juger  de  sa  faccp;  mais 
la  gaide  ne  pw'drd  jaspais  les  piqueU  de 

.  L'efl^fiîer  é^jint  assigné,  et  aj^aot 
pasi  sas  pestes^  .s'U  sa  trouve  dans  lis 
pays  inconnu,  se  fait  amener  un 
hoomedes  maisons  voi8in^<„pren4 
nne  carte  particnlière^  daniande  |e  nofp 
des  villages  d*aleotour,  ei  slnfomç  dîr 
tont  ce  qu'il  doit  savoir ,  par  f  ipmple 
s*il  y  adans  les  environs  des  défilée,  des 
ipuraiS)  des  étangs  et  des  buissons.  11 
[  recoonaUra  les  diau^es  ^  les  cbe^ 


ninAqai  tout  devant  sei  postes  :  il  sln- 
formera  où  tb  aboutissent,  si  Ton  peut 
}  passer  afee  do  canon,  on  si  rennemi 
peut  s'approcha  à  son  insn  de  ses  pos- 
tes par  d'autres  chemins.  Il  faut  qu'il 
sache  tout  oela.  pour  pouvoir  en  ren*» 
dre  compte*  si  on  le  loi  demandait  :  il 
prendra  ses  mesures,  et  sera  en  état 
d'en  instmire  pleinement  les  patrouil- 
les qu'il  enverra  en  avant.  Étant  ins- 
truit de  tous  ces  détails,  i|  montera  à 
cheval,  et  ira  auprès  des  vedettes,  les- 
quelles doivent  toujours  être  deux  à 
deux  ensemble  à  un  poste,  et  montrera 
i  chacun  en  particuli^  de  quel  côté  il 
prendra  son  point  de  vue,  principal»* 
ment  sur  des  fonds,  des  villages  et  des 
grands  chemins. 

Aprèa  avoir  donné  ses  instructions, 
sTfl  eat  temps  de  panser  les  chevaux, 
l'officier  fera  mettre  pied  à  terre  à  ses 
gens  et  donner  à  manger  aux  chevaui  ; 
mais  si  son  poste  n'est  pas  sûr,  il  en 
bissera  la  moitié  bridée  jusqu'à  ce 
que  l'autn:  moitié  ait  mangé.  De  nuit 
il  ne  permettra  pas  que  Ton  mette  pied 
à  terre  et  que  l'on  fasse  manger  les 
dievaux  ;  r^  doit  se  foire  snr  le  soir 
avant  l'obscurité,  aSn  que  sur  la  brune 
tout  soit  bridé,  et  que  la  moitié  au 
moins  soit  à  cheval,  pour  être  prèle  à 
tout  évènemeilt.  Si  le  corps-de^;arde 
est  près  de  quelque  village,  l'officier 
peut  envoyer  un  ou  deux  hommes  au 
clocher,  ou  dans  une  maison  élevée, 
d'oàBs  puiHsent  découvrir  l'ennemi  de 
loin,  et  donner  le  signal  de  son  appro- 
che par  un  coup  de  cvabine  ou  de  pis- 
tolet. 

Quand  un  général  sort  du  camp  et 
passe  les  grandes-gardes,  il  faut  qu'dtes 
montent  à  cheval  et  tirent  le  sabre  ; 
mais  si  le  corps-de-garde  étidt  à  la  vue 
de  l'ennemi,  il  ne  faudrait  pas  faire  mon- 
ter à  cheval,  parce  que  l'ennemi,  étant 
proche,  découvrirait  la  présence  du  gé- 


néral ,  et  saisirait  l'ocoasion  de  l'i 
ter  dans  la  visite  des  postes.  Quand  un 
détachement  pave  les  grj^ndesf  ardes, 
l'officier  fait  de  même  monter  a  cheval 
et  tirer  l'arme  blanche. 

U  doit  bien  examiner  tous  les  gens 
qui  viennent  à  ses  postes  du  dehors  de 
l'armée,  soit  paysans  ou  voyageurs.  U 
s'informera  des  chemins,  d'on  ils  vien- 
nent, eà  ils  vont,  quelles  sont  leurs  oc- 
cupations au  camp  ou  ailleurs ,  de  ce 
qu'ils  savent  de  l'ennemi,  et  où  0  at 
poaté.  Alors,  selon  les  circonstances  et 
les  ordres  qu'il  aura,  il  les  laissera  pas- 
ser, ou  il  les  fera  retourner  sur  leon 
pas»  Ilenagira  de  même  avec  ceux  qui 
apportent  des  vivres  au  camp,  et  s'il 
est  défendu  de  les  laisser  entrer,  il  les 
fera  retirer  sans  les  malturifar';  il  sera 
honnête  avec  les  habitans  du  pays  en- 
nemi. Ainsi  il  acquerra' beaucoup  de 
renseignemens  et  pourra  procurer  un 
grand  avantage  à  l'armée.  L'officier 
doit  de  jour  et  de  buH  visiter  les  ve- 
dettes à  cheval,  tas  questionner  sur  ce 
qu'elles  ont  à  faire  i  tome  postes,  et 
sur  quoi  dies  doivent  fixer  leur  point 
de  vue,  afin  de  savoir  par  Im-nnême  si 
la  consigne  leur  a  été  exaoteamitre^ 
mise.  U  sera  toujours  muni  d'une  bonne 
lunette  d'approche,  et  reoeunallra  lui- 
même  les  environs  à  toute  lieure.  De 
nuit,  il  fera  visiter  tas  postas  par  un 
bes^>ffloier, et  les  visitera. k»«iêmê, 
afin  que  ses  soldats  sotant  toujours  ao» 
ttft  et  alertes. 

Quand  un  des  pestas  avuMés  est 
prodie  d'un  camp  enaemi,  el  qu'il  en 
peut  femarqoer  tous  les  naoufomeâs,  il 
faut  principalement  qu'il  fhsse  atten- 
tion aux  Ironpes  qui  y  outrent,  etde 
quelle  aaanière;  ou  cooshien  il  eu  sort, 
et  où  elles  vont  :  car  rennemi  déteche 
souvent  des  troupes  de  son  camp,  etb 
plupart  de  la  seconde  et  treisième  li- 
gne, en  laissant  les  tontoa  dveasées, 


UÉMMliS  A  FEÉDtelC  II. 


in 


pour  cacbec  m  OMrdw.  C'efll  pouiqnoi 
il  faut  que  roflcter  soit  trts  attentif  et 
((u'il  ait  une  bonne  Innette,  afin  qne, 
((oandde  tels  cas  arrÎTent,  il  puisiae  en 
Eure  8or-le-€baaip  son  rapport  an  gé- 
aérai  commandant.  Cette  précaotion 
est  paiiicnUèrement  nécessaire  à  la 
pMote  du  jonr»  ponr  savoir  s'il  s'est  fait 
(|iiek|Qe9*nns  de  ces  ciiangeinens  pen- 
dant la  noit,  on  si  tont  est  eucme  dans 
la  première  position. 

De  nuit  onpent  fi«¥oîr,  par  nne  es- 
pèœde  bmitoonfns,  si  des  troupes  en- 
trent an  camp  on  en  sortent.  S'il  y  en 
entre,  on^  a'en  i^ierooit  par  le  babil  des 
aridats,  les  cris  des  Yoitnriers  et  de 
ceniqnijcondnisent  TartîQerie,  par  les 
coops  de  fouet  et  le  hennissement  des 
dieTanx.  S'il  y  a  de  la  ca?alene,  on 
Tentend  an  bmit  qn'eUe  fait  en  enfon- 
çant les  piqnets,  et  on  le  voit  à  l'ac- 
croissement des  fenx.  Il  faut  alors  con- 
tinuellement se  tenir  en  avant  être 
tranquille,  et  observer  le  tont  de  près  ; 
mais  si  Tarmée,  on  seulement  une  par- 
tie, se  met  en  mouvement  pendant  la 
Doit,  on  le  sait  par  les  signes  dont  j'ai 
parié  dnlevant,  par  le  bmit  qui  s'éloi- 
gne, et  par  le  feu  qui  s'éteint  peu  à  pou. 
OÎtt  ne  peut  cependant  pas  toujours  se 
fier  à  cette  dernière  remarque,  parce 
qne  l'ennemi  fait  quelquefois  entrete- 
nir les  feux  par  des  chevau-légers , 
même  «près  le  départ  de  l'armée. 

Si  notre  armée  décampe  de  jour, 
anssitôt  qne  l'on  bat  l'assemblée  il  fant 
que  les  grandes-gardes  montent  à  che- 
val, et  qu'elles  examinent  avec  la  der- 
nière attention  l'ennemi  qui  est  de- 
vant elles;  et  après  avoir  retiré  leurs 
postes,  elles  marchent  i  l'endroit  qui 
leur  a  été  marqué,  parce  qu'elles  font 
ordinairement  l'arrière-garde. 

C'est  le  général  commandant  en  chrf 
qni  doit  désigner  l'heure  du  départ  des 
gardes  avancées.  Qana  une  telle  occa^ 

T. 


sion  il  ne  faut  pas  que  les  postes  fassent 
de  grands  monvemens  ;  mais  il  est  né- 
cessaire qu'ils  restent  dans  leur  posi- 
tion ordinaire,  parce  qu*en  les  faisant 
aller  de  cAlé  et  d'antre,  ou  en  montent 
de  trop  bonne  heure  à  cheval,  l'enneati 
peut  se  douter  de  notre  départ,  et  en- 
voyer quelques  troupes  à  notre  pour- 
suite. Le  simpte  soldat  même  n'en  doit 
rien  savoir;  mais,  quand  il  en  est 
temps,  on  doit  envoyer  un  olBcier  ou 
un  bas-offiaer  aux  postes  détechés, 
pour  faire  rentrer  les  vedettes  tontes 
ensemble. 

Aussitôt  que  les  vedettes  verront 
l'ennemi,  elles  feront  feu.  Celui  qni 
anra  tiré  son  coup,  rapportera  d'»- 
bord  i  son  poste  ce  qu'il  a  observé. 
Ce  poste  se  tiendra  caché  et  prêt; 
il  enverra  à  l'instent  un  bas-offlcier 
avec  quelques  hommes  du  cété  de  l'en- 
nemi pour  en  découvrir  la  force.  H 
faudra  sur-le-champ  faire  rapport  de 
ce  qu'on  a  découvert  au  général  com- 
mandant afin  qu'il  puisse  prendre  sels 
mesures.  et«s'il  est  nécessaire,  envoyer 
du  secours  à  ce  poste. 

Les  généraux  ennemis  ont  souvent 
coutume  de  s'avancer  sous  une  bonne 
escorte  jusqu'aux  gardes  avancées,  et 
de  faire  chasser  les  vedettes  des  hau- 
teurs, pour  pouvoir  y  monter  et  recon- 
naître notre  cmp.  Aussitôt  que  l'offl- 
der  en  est  averti  par  ses  vedettes,  il  y 
va  lui-même  ;  et  s'il  voit  qu'une  suite 
escortée  s'approche  de  la  hauteur,  H 
en  adresse  d*abord  aon  rapport  à  Tof- 
fider  dont  il  dépend,  et  fait  son  pos- 
sible pour  déranger  ce  projet  de  to- 
connaissanf>e,  et  défendre  cette  hau- 
teur. 

Quand  un  trompette  ennemi,  seul 
ou  avec  un  offider,  s'approche  des  ve- 
dettes, et  qu'il  sonne,  une  d'elles  se 
détache,  et  va  à  sa  rencontre,  le  con- 
duit à  sou  poste,  lui  fait  Caire  front 


niikiqtti  tODi  devant  lei  postât  :  il  s'in- 
formera où  ib  aboatiMent,  si  l'on  peut 
)  paner  acvec  du  canon,  oÉ  al  renneim 
pcNit  s'apprudier  à  son  inaa  de  se*^ 
tas  par  d'antres  chemins.  11  Tau 
sache  tont  cela,  poor  pouvoir  . 
dre  compte,  si  on  le  lui  dei:  -^ 

ivendra  ses  mesores,  et 
d'en  instnive  pleinem( 
les  qa'il  enTerra  en  > 
trait  de  tons  ce?  d 
cheval,  et  ira  au[: 
qoeDaa  doivent 
deozenaerob! 
à  chacun  er. 

prendra  s  ^ .  -  ' 

ment  si 


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-rp*  «m  n  nurn  r  iito«  ri*»nfiant  1»*  jonr. 

•;.  jiiiiiiit  M  '»n    :  i'"**'':i«on.  «nTovçr 

•••n  riDDort  îiar  «—nf.  :In  même  temps 

M?  îut  anportpr  :-*  ':iot  'le  l'ordri?  ou 

;i  î^firnie.     I  hînn^    *  tiot  i|e  l'ordre 

.i\  ■  'iiecieî?  î.iijii*ï»  «*><  foistTU'elles  re- 

t.- vont,    '^si— — Mn?.  -.late*»  les  heures 

a    ■•uie*  •'»*  leux   ?»»urf?.  selon  les 

'r7-»n5Mnri»«  «tu  remiv?.  Onant  à  lapt- 

:»ie.  1  n  V  }  «lue  -li  mi  loit  la  savoir. 

-  '    ns^'nnu*  te  «i  nuit  ne  pennet- 

ni  ;».»>  î'?  Vfiir  îp  -Mn.  Tnncfpalement 

•rv4iue     •»    rt^rp*  -nn-r'fnis  sniît  pro- 

'•->.      liiripr'***  ^^v.r.'  i  'Jeux  ou  trois 

-•lis  '.is  .  n  trr»ifre.  ?t  fait  .lussi  reB- 

Mif"^-.*  .«»«ïHTte«  .  me 'iif  tance  propor- 

*•  î  Mf>*.»n  '  iemanae.  '?t  que  les 
•^-^!>!  îTM- -  -  -rTnettent.  on  peut 
«n»  »  •^.!i  -^!  n.î!>  I!  :!oit  cepen- 
!n*  -  ^  m*ïn  .'•ti.  ie  neur  qu'on 
s-  :_'  "î.  \  !  'n'miôn?  aler- 
u\  --"Tir»  ^  "iî!  n'v  avait 
»>  •      ••:.       ••:  .r?!'    »   mûrir  -iver  de 

•v      -  .r-,...*-    -.^    ••««  je  ■•^nru'uii  et 

■î— t-   -I    :w. .    î^îî-ln!  toiiiuors 

??>    î     lu?  -inindc»  vis!- 

•    -r*^»:"*-T   ij   1p  Jonnir, 

f  .H-r   •*  •v*in\.  '^n  laissera 

.-  -.i...«    '    t  «f*-ir.i  .li  in  brfdnn  prè- 

i^^:rr-   »    '.  •*.   '"''  !n  'u  ^n^iTiier  coup 

•'    ^     »«.     '«^  •iu?'i^  i'ibnrl  njonlet" 

'S-r*-  '^^"""^  rmt**'»  ifs  heures, 
•  -  :!\"-/.  -i  i  e  î'aut.  Je  petites 
...t'^  »n  if'nor^  ie  ^es  vedettes; 
r.Ti  a  TTi.'n'^:^»  ^'!on  la  force 
xari*»?.  ''■**  p«iiTt)uil!es  "ïf»  feront 
*p  :      ^  "V-^fît.  h?  lonj  rfcs  vedettes,  à 


i 


»• 


DJUUMHfB  A  FWblÉUC  U. 


trois  cents  pas  en  avant.  EHes  s'arrê- 
teront souvent,  et  écouteront  si  l'on 
n'entend  pas  marcher,  ou  quelque  au- 
tre bruit;  dans  ce  cas.  l'un  des  pa- 
trouilleurs se  détachera  et  retournera 
i  son  poste,  et  les  autres  s'avanceront 
Butant  que  possible,  pour  découvrir  de 
plus  près  ce  que  c'est.  Si  c^est  quelque 
parti  ennemi,  ils  feront  aussitôt  feu, 
et  fondront  tous  ensemble  dessus,  à  ta 
faveur  de  la  nuit. 

Si  les  vedettes  entendent  pendant  la 
unit  quelqu'un  venir  à  elles,  l'une  d'el- 
les va  à  la  rencontre,  à  cinq  cents  pas 
oa  environ,  crie  qui  vive,  et  demande 
le  mot  de  l'ordre.  Si  l'on  ne  répond 
pas,  elle  fera  feu,  et  s^en  retournera 
ventre  à  terre  à  son  poste. 

Si  quelques  troupes,  détachées  de 
rarmée,  s'approchent  pendant  la  nuit 
des  vedettes,  elles  ne  doivent  point 
d'abord  leur  permettre  d'entrer  dans 
la  chaîne,  quoique  le  mot  de  l'ordre 
soit  juste.  L'olfîcier  du  poste  fait  venir 
i  soi,  sous  l'escorte  d'un  bas  officier  et 
de  deux  cavaliers,  l'officier  qui  com- 
mande te  détachement,  le  regarde  et 
Texamine  bien  ;  s'il  le  connaît,  il  fera 
marcher  le  détachement  au  camp; 
mais  il  retiendra  l'officier  auprès  de 
hii,  jusqu'à  ce  que  le  détachement  ait 
passé  les  grandes-gardes,  et  alors  il  le 
laissera  aussi  aller.  Mais  si  ce  détache- 
ment, comme  îl  arrive  souvent,  a  été 
absent  de  Varmée  pendant  plusieurs 
jours,  et  par  cette  raison  ne  peut  pas 
avoir  le  mot  de  Tordre,  il  faut  que  l'offi- 
cier du  poste  prenne  encore  plus  de 
précaution,  qu'il  examine  tout  sérieu- 
sement; et,  s'il  ne  trouve  aucune  dif- 
ficulté, il  le  fera  défiler,  homnie  par 
homme,  devant  lui. 

Si  les  avant-gardes,  manquant  de 
monde,  étaient  obligées  de  poser  leurs 
vedettes  fort  éloignées  les  unes  des 
autres,  principalement  dans  un  pays 


de  montagnes  et  de  vallées,  ou  si  la 
nuit  était  obscure  ou  le  ternes  ora-^ 
geux,  il  faudrait  que  les  vedettes 
allassent  patrouiller  les  unes  verè 
les  autres  ,  à  droite  et  à  gauche  ; 
des  deux  cependant,  il  faut  qu^il  en 
reste  toujours  une  au  poste,  aân  que 
personne  ne  puisse  se  glisser  entre  ef- 
les  par  quelque  ravin.  Dans  de  telles 
occasions,  il  ne  faut  pas  discontinuer 
les  patrouilles,  et  les  gens  des  avant- 
gardes  doivent  toujours  être  en  mou- 
vement. 

Quelquefois  il  vient  uti  général  de 
l'armée  qui  ordonne  à  l'officier  d'aile^ 
avec  lui  en  avant,  et  de  prendre  son 
avant-garde  pour  l'escorter ,  parée 
qu'il  ira  à  la  découverte.  I/officier 
laissera  les  vedettes  à  leurs  postes  ; 
du  reste  de  sa  troupe ,  il  formera 
une  avant-garde  et  une  patrouille 
de  côté,  pour  couvrir  le  général  et  sa 
suite.  Si  le  général  va  le  long  et  au  de- 
hors de  la  ligne,  Tofficier  gaitlera  qua- 
tre à  cinq  cents  pas  de  flanc  du  côté  de 
Tennemi,  et  sera  toujours  à  même  de 
couvrir  le  général,  quelque  part  qu'il 
aille,  n  détachera  atissi  de  sa  troupe 
des  cavaliers,  qui,  se  suivant  un  à  un , 
les  uns  derrière  les  autres,  auront  tou- 
jours la  vue  eïi  dehors,  du  côté  de  l'en- 
nemi, afin  que  rien  ne  puisse  s'appro- 
cher pour  les  surprendre  ou  les  inquii* 
ter.  Quand  le  général  retournera  au 
camp,  et  qu'il  aura  repassé  la  chaîne, 
l'officier  regagnera  son  poste. 

Si  l'officier  des  postes  avancés  s'at^ 
tend  à  être  attaqué  pendant  la  niut,  & 
faut  qu'il  instruise  si  bien  ses  vedettoi 
et  ses  bas-officiers  détachés,  qu'en  cas 
d'attaque .  ils  ne  se  retirent  pas  direc- 
tement sur  sa  troupe,  mais  qu'ils  pull- 
sent  passer  devant  lui  d'un  côté.  Cela 
se  fait  afin  qu'un  ennemi  supérieur  ne 
lui  tombe  pas  sur  le  corps  avec  toute 
sa  force,  et  que  lui,  commandant  dn 


»6 


IMSTlltJCTlON  SECRETE 


poste,  puÎMe  plus  tôt  trouver  Tocca- 
sion  d'attaquer  eo  flanc  ou  à  dos, 
pour  pouvoir,  à  la  faveur  des  ténèbres, 
faire  un  beau  coud.  Dans  ce  cas  les 
avant-gardes  doivent  faire  un  feu  con- 
tinuel, et  se  retirer,  tant  qu'il  sera 
possible,  en  tiraillant,  pour  laisser  le 
temps  aux  troupes  commandées  de 
s'avancer  pour  les  soutenir,  et  afin  que 
le  corps  entier  puisse  être  averti  de 
l'arrivée  de  l'ennemi. 

Si  quelqu'un  déserte  des  avant-gar- 
des, il  faut  que  l'officier  change  aussi- 
tôt le  mot  de  l'ordre ,  en  envoie  un 
nouveau,  et  fasse  avertir  tous  les  pi- 
quets voisins,  de  peur  que  l'ennemi 
n'en  profite  pour  se  faire  passer  pour 
une  de  nos  patrouilles,  et  ne  surpren- 
ne Favant-garde  ;  d'ailleurs  ce  déser- 
teur pourrait  conduire  l'ennemi  droit 
au  poste. 

Souvent  l'armée  décampe  pendant 
la  nuit,  pour  marcher  à  une  expédi- 
tion, ou  pour  quelque  autre  dessein  ; 
mais  les  avant-postes  sont  obligés  de 
rester  dans  leur  position,  jusqu'à  la 
pointe  du  jour,  pour  mieux  masquer 
le  mouvement.  Alors  il  faut  que  l'offi- 
cier prenne  bien  garde  que  l'ennemi 
ne  se  glisse  doucement  près  de  lui,  et 
ne  découvre  le  départ.  Toute  l'avant- 
garde  montera  à  cheval,  fera  conti- 
nuellement de  petites  patrouilles  en 
avant,  et  le  long  des  vedettes,  à  (rois 
et  quatre  cents  pas  du  côté  de  l'enne- 
mi, et  en  empêchera  l'approche.  Mais  à 
la  pointe  du  jour,  quand  l'ennemi  aura 
découvert  le  départ,  l'offlder  retirera 
insensiblement  ses  vedettes,  et  mar- 
chera vite  au  lieu  qui  lui  aura  été  assi- 
gné ;  après  avoir  laissé  un  bas  officier 
pour  former  Tarrière-garde,  il  suivra 
Tarmée  et  la  couvrira  de  cette  manière. 
11  doit  toujours  avoir  son  point  de  vue 
en  arrière,  sur  Tennemi,  et  reconnai- 


ces  ;  il  en  fera  rapport  à  rofBcier  qui 
commande  Tarrière-garde  de  l'armée. 
Très  souvent,  à  l'un  de  ces  départs 
nocturnes,  les  soldats,  les  domestiques 
ou  les  femmes  le  découvrent,  en  allu- 
mant les  baraques  par  malice  ou  par 
négligence;  il  fout  avoir  grand  soin 
que  cela  n'arrive  pas,  et  il  vaut  mieux 
commander  du  monde  pour  empêcher 
ce  désordre. 

Si  quelque  avant-garde  est  postée 
dans  un  endroit  montagneux,  il  ne  suf- 
fira pas  qu'elle  se  couvre  du  devant, 
du  côté  de  l'ennemi;  mais  il  faudra 
que  l'officier  visite  à  cheval  tous  les 
environs  pendant  le  jour,  et  qu'il  exa- 
mine ou  il  sera  nécessaire  de  mettre 
des  vedettes  dans  des  vallons  et  dans 
des  buissons,  pour  ne  pas  être  surpris 
ni  enfermé.  Il  faudra  aussi  qu'il  fasse 
patrouiller  dans  ces  environs  dange- 
reux. Si  un  officier,  se  trouvant  de 
nuit  dans  un  pays  à  lui  tout-à-fait  in- 
connu, recevait  ordre  de  transporter 
sa  garde  avancée  d'un  autre  côté,  il  ne 
faudrait  pas  qu'il  l'exécutât  au  hasard. 
Il  faut  auparavant  que  d'une  maison, 
ou  d'un  autre  endroit  du  voisinage,  il 
se  procure  de  la  lumière,  qu'il  prenne 
sa  carte  particulière,  et  qu'il  s'instruise 
bien  du  pays  dont  il  est  chargé  ;  qu'il 
regarde  ou  il  pourra  placer  ses  avant- 
postes,  où  il  posera  ses  vedettes,  et  de 
quel  cêté  il  enverra  les  patrouilleurs. 
Il  tâchera  de  se  procurer  un  paysan, 
s'informera  de  lui  de  plusieurs  antres 
circonstances,  se  fera  conduire  par  lui 
sur  la  place  qu'il  aura  remarquée  dans 
la  carte,  et  posera  ses .  vedettes  dans 
l'endroit  qu'il  aura  choisi  de  préféren- 
ce. S'il  est  près  de  l'ennemi,  c'est  une 
raison  de  plus  de  faire  faire  des  pa- 
trouilles continuelles  pendant  toute  la 
nuit,  sans  permettre  que  ses  soldats 
mettent  pied  à  terre.  Quand,  à  la  poin- 


tre  quelles  sont  ses  troupes  et  ses  for-   te  du  jour,  il  pourra  bien  découvrir 


nÊEOBÉE  A  PRÂDBlUCIi. 


9n 


toote  cette  contrée,  il  corrigera  ce  que 
robscarité  de  la  nuit  ne  loi  aura  pas 
p^mis  de  faire. 

Le  saint  de  l'année  dépend  de  Tha- 
bikté  et  de  la  vigilance  de  l'offider 
qoi  commande  les  avant-gardes ,  on 
qoi  doit  couvrir  un  poste  détaché, 
n  faot  par  conséquent  qu'il  se  donne 
tontes  les  peines  imaginables  pour 
remplir  son  devoir,  parce  que  sans  ce» 
h,  il  pourrait  causer  a  i  armée  et  à  lui- 
même  le  plus  grand  malheur.  S'il  est 
attaqué  par  une  force  supérieure,  il  se 
défendra  ausa  longtemps  qu'il  lui  sera 
possible  ;  s'il  se  voit  forcé,  il  se  reti- 
rera a  petits  pas,  en  continuant  tou- 
jom^  son  feu  et  en  se  défendant,  a6n 
qoe  le  corps  ou  l'armée  qu'il  r4>uvre 
gagne  du  temps  pour  se  former,  et  re- 
eevoir  l'ennemi  avec  fermait  «t  sans 
désordre. 

Ordinairement  les  nouvelles  avant-- 
gardes,  qui  doivent  relever,  s'avancent 
▼ers  la  pointe  du  jour  dans  les  envi- 
rons, à  six  ou  huit  cents  pas  derrière 
les  anciennes,  pour  pouvoir  les  secou- 
rir, an  besoin,  si  elles  étaient  attaquées, 
œ  qui  arrive  souvent  vers  ce  temps  là. 
Si  tout  est  en  ordre  à  la  pointe  du 
jour,  la  nouvelle  garde  marche  vers 
l'ancienne,  et  à.  cinq  cents  pas  de  là 
elle  tire  l'arme  blanche,  et  va  se  pla- 
cer à  la  gauche  de  l'ancienne.  L'oflBcier 
île  celle-ci,  à  l'approche  de  la  nouvelle, 
fait  monter  à  cheval  et  tirer  le  sabre. 
les  deux  officiers  vont  à  la  rencontre 
Tun  de  l'autre  ,  et  celui  qui  monte  la 
garde  se  fait  donner  exactement  la 
consigne  de  celui  qui  la  descend.  L'of- 
lîcier  de  la  nouvelle  garde  fait  sortir 
lies  rangs  les  hommes  nécessaires  pour 
li's  vedettes,  prend  avec  lui  un  bas-of- 
ticier,  et  se  fait  montrer  les  postes  par 
rofficier  de  l'ancienne  garde.  On  se 
^ert  dans  cette  occasion  de  bas-offl- 
ners,  afin  qu'ils  sachent  ensuite  con- 


duire et  relever  les  postes.  Cela  étant 
fait,  la  coufflgne  étant  donnée  ezae- 
tement  de  part  et  d'autre,  et  le^  pa- 
trouilles de  l'ancienne  garde  étant  rei>* 
trées,  celle-d  défile,  et  à  un  éloigne- 
ment  de  cent  pas,  eUe  remet  l'anue 
Manche  en  son  Ueu,  et  la  nouvelle 
garde  en  fait  autant. 

L'officier  de  l'ancienno  garde  con- 
duit sa  troupe  avec  ordre  au  régiment, 
et  s'aoBonce  au  général  commandant 
L'offieier  de  la  nouvelle  f^enà  alors  la 
place  d^raficienne,  et  fait  mettre  pi^ 
à  terre. 


CHAPITRE  n. 

Bea  pttroottlet  et  def  déeoavertM. 

Les  patrouilles  se  font  de  deux  ma- 
nières,  de  jour  et  de  nuit.  De  même 
que  l'une  diffère  de  l'autre,  de  même 
les  mesures  qu'on  doit  y  prendre  dif* 
feront  entre  eUes.  Je  ferai  id  un  petit 
détail  de  ce  que  les  oflRciers  comman- 
dés feront  à  l'égard  de  la  patrouille  de 
jour. 

Un  officier  ou  bas-officier  étant  com- 
mandé avec  quatre  ou  six  hommes 
pour  rapporter  des  nouvelles  de  l'en- 
nemi ,  ou  pour  reconnaître  quelque 
pays  du  côté  de  l'ennemi,  enverra  un 
des  meilleurs  de  ses  gens  à  quatre  ou 
cinq  cents  pas  en  avant,  ou  environ , 
s'il  se  trouve  dans  la  plaine.  Il  en  en- 
verra un  autre  à  la  même  distance,  du 
côté  d'où  il  croit  que  l'ennemi  pour^ 
rait  déboucher  ;  et.  s*ll  y  avait  à  crain- 
dre des  deux  côtés,  il  faudrait  qu'il  y 
en  envoyât  un  troisième,  toujours  à  la 
même  distance.  Ces  deux  hommes 
marcheront  de  façon  qu'ils  puissent 
toujours  se  trouver  en  ligne  droite 
avec  la  troupe  ;  mais  s'il  y  avait  quel- 
que gros  brouillard,  ni  les  patradlles 


i  i  . 


IIS  rHODUCTION. 


Combien  (f  hommeft  se  croient  caiM- 
btes  de  oomiDAnder,  et  désireot  goa-- 
verner  les  autres  «YSAt  même  d'avoir 
tppris  à  obéir.  Cela  se  voit  prindpde- 
ment  dans  l'état  militaire ,  et  cbei  les 
Jemies  officiers;  mais  s'ils  savaient  que 
par  la  firate  d'un  instant  on  peut  perdre 
Il  bonne  réputation»  ouvrage  de  plu- 
neors  années  ;  que  dans  la  guerre  le 
châtiment  suit  les  fautes  de  près,  et 
qu'elles  ne  peuvent  être  réparées 
comme  dans  d'autres  affaires,  ils  s'ap- 
ptiqneraient  certainement  plus  à  ac- 
qoérir  les  sciences  qu'à  s'empresser  à 
Tooloir  les  mettre  en  exécution. 

L'expérience  conduit  sûrement  par 
degrés  i  l'honneur  ;  et  ce  n'est  pas  par 
des  sentiers  cachés,  dans  lesquels  on 
ne  fait  que  chanceler  et  tomber,  c'est 
par  l'obéissance  qu'on  met  un  frein  aux 
passions  ordinaires  des  jeunes  gens. 
C'est  l'ql^issance  qui  familiarise  le  sol- 
dat avec  le  danger,  le  rend  intrépide, 
ei  loi  donne  la  capacité  nécessaire  pour 
prendre  sa  résolution  sur-le-champ , 
MHS  se  troubler  :  c'est  par  elle  que  le 
soldat  s'accoutume  aux  incommodités 
de  la  guerre  ;  il  prend  son  métier  à 
cœur,  parce  qu'il  voit  que  cette  obéis- 
^^nce  l'avance  par  degrés.  Elle  apprend 
à  vivre  avec  le  simple  soldat,  concilie 
son  amitié  et  son  estime,  et  fait  exécu- 
ter i  celui-ci,  dans  la  pins  grande  ri- 
gneor  et  avec  sèle,  les  ordres  de  ses 
sapérieurs. 

L'officier  voit  facilement  que  l'hon- 
neor  est  le  seul  mobile  de  la  fortune  : 
c'est  loi  qui  doit  être  le  but  de  toutes 
ses  actions;  et  sou  courage  te  fera  par- 
venir SOI  plus  grandes  chargea. 


C'est  lui  qui  l'exdtera  sans  relAcbe  à 
éviter  nonrseulement  le  biftme,  mais 
aussi  à  gagner  l'estime,  il  sera  con- 
vaincu qu'il  ne  suffit  pas  de  saisir  une 
occasion  qui  se  présente,  mais  qu'on 
brave  officier  doit  même  la  chercher. 
11  tant  qu'il  tâche  par  toutes  sortes  de 
moyens  de  découvrir  les  desseins  et  les 
entreprises  de  l'ennemi,  afin  de  pou- 
voir les  prévenir,  et,  selon  les  cireons- 
tances,  l'attaquer,  l'affaiUir  et  le  har- 
celer. Il  doit  prendre  pour  maxime 
générale,  qu'on  ne  peut  rien  exécuter 
sans  lèle  et  sans  hasarder  quelque 
chose.  Il  évitera  la  trop  grande  con- 
fiance en  soi-même,  et  ne  se  reposera 
pas  seulement  sur  ses  vues  et  son  au- 
dace :  il  saura  qu'il  ne  peut  rien  sans 
des  camarades  dont  l'appui  lui  est  in- 
dispensable. Qu'il  apprenne  a  les  con  - 
naître,  surtout  ceux  qui  sont  sous  son 
commandement  :  qu'il  juge  leurs  ta- 
lens,  et  qu'il  choisisse  les  meilleurs 
pour  ses  amis.  Selon  leurs  inclinations 
particulières,  il  doit  savoir  distinguer 
pour  quelle  entreprise  diacun  d'eux 
est  propre  ;  par  exemple,  il  y  a  des 
hussards  qui  sont  très  habiles  à  rappor- 
ter des  nouvelles  de  l'ennemi,  et  qui 
ne  valent  rien  pour  reconnaître  un 
pays  :  un  autre  au  contraire  peut  fort 
bien  s'acquitter  de  cette  dernière  oom« 
mission,  mais  ses  forces  ne  lui  permet- 
tent peut-être  pas  de  bien  remplir  la 
première,  parce  qu'il  serait  obligé  de 
passer  plus  d'uI|^  nuit  au  bivouac  dans 
un  bois.  D'autres  font  plus  dans  des 
patrouilles  et  des  escarmouches,,  que 
dans  de  grandes  occasions. 

Ce  qui  doit  servir  pour  l'officier,  peut 


280 

village  qu'on  devra  passer  en  se  reti- 
rant, quelques  hommes  avec  les  €he* 
vaux,  non  pas  les  meilleurs,  mais  qu'ils 
soient  blancs,  s'il  est  possible,  afin 
qu'ils  soient  vus  de  loin,  pour  faire 
croire  à  l'ennemi  qui  poursuivra  la  pa- 
trouille qu'il  y  a  là  quelques  troupes 
cachées;  alors  il  ne  pommiivra  pas 
avec  tant  de  chaleui ,  et  la  patrouille 
gagnera  du  temps  et  du  terrain.  On 
peut  aussi  laisser  un  trompette  avec  un 
homme  derrière  une  montagne  ;  ce^ 
lui-ci,  voyant  la  patrouille  vivement 
poursuivie,  se  montrera  sur  le  som- 
met de  la  montagne;  mais  le  trom- 
pette restera  derrière  et  sonnera  :  par 
là,  on  persuadera  peut-être  à  Tennc^ 
mi  qu'il  y  a  là  un  renfort  caché.  Ceux 
qu'on  aura  laissés  en  arrière,  voyant 
que  leurs  camarades  sont  poursuivis, 
se  montreront  tantôt  d'un  côté,  tantôt 
de  l'autre,  comme  si  ce  n'étaient  pas 
les  mêmes,  et  feront  semblant  d'en 
sortir  pour  voir  ce  qui  se  passe  ;  ils 
peuvent  aussi  tirer  deux  ou  trois  coups, 
comme  voulant  avertir  un  corps  der- 
rière eux  de  l'approche  de  Tennemi  ; 
mais  lorsqu'ils   verront  la  patrouille 
S'approcher  d'eux,  ils  partiront  d'a- 
vance, surtout  si  ces  chevaux  blancs 
ne  se  trouvent  pas  f»ar  hasard  aussi 
bons  que  les  autres.  Si  cette  ruse  ne 
leur  réussit  pas,  et  que  l'ennemi  les 
poursuive  toujours,  l'oiflcier  pourra 
faire  voltiger  son  monde,  l'un  d'un 
côté,  l'autre  de  l'autre,  en  leur  assi- 
gnant une  place  pour  le  ralliement. 
Des  patrouilles  semblables  rie  fuiront 
jamais,  mais  elles  resteront  à  chaque 
défilé  ou  pont,  atin  que  les  mauvais 
chevaux  puissent  gagner  de  l'avance, 
et  que  les  autres  reprennent  haleine. 
En  revanche,  il  faut  la  faire  perdre  à 
ceux  de  l'ennemi  qui  poursuit,  en  ne 
lui  donnant  jamais  de  relâche.  Dès 
quil  b'approchera  des  défilés  et  de^ 


I1ISTE0CT1O1I   SBCilSTB 

ponts,  il  faut  se  retirer  sans  larder  da- 
vantage, pour  le  laisser  dans  une  cour« 
se  continuelle,  afin  de  ne  lui  pas  don- 
ner occasion  de  faire  respirer  se» 
chevaux.  Si,  dans  ces  rencontres,  l'on 
passe  dansdesviliagesoasnrdespouUi, 
et  qu'on  ne  soit  pas  pooniiivi  de  bieu 
près,  l'on  peut  faire  abitftre  les  ponts, 
et  ceux  qui  auront  les  meilleurs  chevaux 
boucheront  l'entrée  des  villages  avec 
des  timons,  ou  avec  ce  que  l'on  pourra 
se  procurer  à  la  hâte,  et  s'il  y  a  du  bois« 
ils  les  fermeront  tout-à-fait.  Les  mieux 
montés  ne  manqueront  pas  de  suivre, 
après  avoir  arrêté  l'ennemi.  Générale- 
ment, l'officier  fera  son  possible  pour 
ne  point  laisser  prendre  quelqu'un  de 
sa  troupe  mal  à  propos  et  par  sa  né- 
gligence, parce  que  dans  les  chevau- 
légers  il  y  a  tous  les  jours  de  la  dimi- 
nution ;  il  est  facile  d'avoir  du  monde, 
mais  difficile  d'avoir  des  hussards  bien 
exercés.  L'officier  aura  principalement 
soin  que  ses  gens  ne  s'arrêtent  dans 
aucun  village  devant  les  cabarets  ou 
ailleurs;  mais  il  leur  fera  exécuter 
ponctuellement  les  ordres  dont  il  sera 
chargé. 

Quand  un  officier  est  envoyé  à  de 
pareilles  expéditions,  il  évitera  avec  le 
plus  grand  soin  tous  les  villages,  qaaod 
même  son  avan^garde  les  aurait  fouil- 
lés; mais  s'il  ne  peut  pas  faire  autre- 
ment, il  agira  ainsi  que  j'ai  ditplus  haut. 
Mais  il  ne  se  contentera  pas  de  cela  ; 
il  fera  visiter  toutes  les  maisons,  gran- 
ges et  écuries  des  paysans,  pour  ▼oir 
si  l'ennemi  ne  s'y  est  point  coebé.  Il 
arrive  souvent  que  oeloi-ci  loiese  pas- 
ser ainsi  les  patrouilleurs,  leur  ooupe 
la  retraite,  et  les  attaque  par  denière 
avec  avantage. 

On  placera  deux  hommes  pour  gir* 
der  les  défilés  et  les  ponts  qn*on  aura 
à  passer  et  è  repasser  contre  renuemi. 
Si  l'officier  «arche  en  avant,  ^t  que 


DiaOBSS  A   FHÉDiHlC  U. 


381 


renaeini  soit  caché  quelque  part  dans 
rintentioii  de  bire  garder  derrière  lui 
les  déBlés,  le  passage  des  pouts,  ei  cou- 
per la  retraite  à  cet  oflBcier,  ces  deux 
hommes  en  avertiront  leur  détache-^ 
nent  par  quelques  coupa  de  pistolets , 

'ib  ne  peuvent  le  faire  autrement ,  et 
ji  se  retireront.  Si  au  contraire  cela 
airiTait  i  roffider,  il  serait  nécessaire 
qa'O  y  eût  pensé  d'avance,  et  pris  ses 
mesures,  afin  de  ne  pas  se  voir  eon-^ 
tnint  de  se  retirer  par  le  même  cbe- 
mio  :  mtîs  il  passera  sur  d'antres  ponts, 
OB  dans  des  passages  indiqués  dans  sa 
carte  particulière  ou  qu'il  connaîtra 
nflSssôuiienk  par  lui-même,  .malgré  les 
grands  détours  qu'il  sera  forcé  de  (aire. 
De  ceUe  façon  il  évitera  l'approche  de 
rennemi  et  mettra  son  détachement  en 
sàreté. 

Oo  agit  de  mteie  quand  on  bit 
des  patrouiUes  vers  rennemi  le  long 
d'une  rivière.  On  occupe  tons  les  ponts 
et  autres  passages  avec  deux  hommes, 
afin  que,  si  l'ennemi  voulait  7  passer 
pour  couper  la  retraite  au  détache- 
ment, on  en  soit  averti  par  quelques 
coups  de  pistolets,  et  que  l'on  puisse 
pren^  un  autre  chemin.  Il  n'y  a  pas 
de  mal  d'affaiblir  ainsi  son  détache* 
nent,  attendu  que  dans  ces  rencontres 
Ton  n'est  pas  envoyé  pour  se  battre  ;  il 
suiBt  de  conserver  son  monde  et  les 
chevaux,  et  de  montrer  au  soldat  qu'on 
sait  se  tirer  d'embarras.  On  peut  se 
promettre  ainsi  la  conOance  et  la 
bonne  volonté.  Les  gens  laissés  aux 
ponts  et  aux  passages  ne  peuvent  ja- 
mais être  en  danger,  parce  qu'à  l'ap- 
prodie  de  Pennemi  ils  auront  loiqours 
assez  de  temps  pour  se  retirer. 

L'officier  détaché  à  cet  effet  fera  son 
possible  pour  exécuter  tout  ce  qui  lui 
iQfa  été  ordonné,  et  ne  se  contentera 
pas  de  s'en  acquitter  superâciellement. 
Doit-il  reconnaître  un  camp  ennemi, 


il  tâchera  d'en  découvrir  la  position, 
de  quel  côté  il  y  aura  des  rivières,  et  si 
auprès  des  rivières  se  trouvent  des 
marais,  des  bois,  des  montagnes  ou  des 
villages.  Il  saura  en  combien  de  lignes 
le  camp  est  formé,  l'étendue  du  front, 
la  situation  du  quartier-général;  où 
sont  les  chariots  die  munitions  et  d'ar- 
tillerie; si  le  camp  est  retranché  on 
non  ;  quels  sont  les  villages  situés  de- 
vant le  front,  sur  les  aBes  et  derrière 
le  camp  ;  si  l'ennemi  a  des  postes  avan- 
cés, en  quelles  troupes  ils  consistent, 
et  où  ils  sont  postés  ;  si  les  villes  ^t  les 
villages  près  du  camp  sont  obligés  de 
livrer ,«  ce  qu'ils  livrent,  où  ils  livrent, 
et  la  quantité.  Le  général  omnmandant 
rmtenrogera  sur  tous  ces  articles,  qui 
doivent  diriger  ses  mesures* 

n  n'y  a  rien  de  plus  honteux  i  un 
oiBeier  que  de  faire  de  faux  rapports, 
ou  pour  se  disculper,  de  dire  qu'U  s'est 
trompé  ou  n'a  pas  bien  vu.  Dans  ces 
occasions  il  faut  examiner  tout  avec  le 
plus  grand  soin,  avoir  un  coup  d'csil 
juste.  Que  rien  ne  puisse  jamais  l'Intl^ 
mider,  qu'il  surmonte  tout,  qu'il  ra>- 
sonne  de  ce  qu'il  verra  avec  ceux  qui 
ont  déjà  fait  idusieurs  guerres,  et  hmr 
demande  leur  sentiment.  Il  s'assuren 
ainsi  de  tout  ce  qu'il  a  à  dire,  et  ne 
prendra  pas  cent  chevaux  pour  un  ré- 
giment, ou  un  troupeau  de  montons 
pour  un  corps  d'infanterie  :  ce  qui  ar- 
rive cependant  fort  souvent. 

Si  l'officier  conunandé  est  obligé 
d'riler  loin  à  la  découverte,  et  qu^^ 
croie  rester  dehors  quatie  ou  cinq  joui 
et  plus,  il  se  fera  donner  le  mot  dh 
Tordre  pour  autant  de  jours  qu'il  croira 
devoir  être  absent;  il  se  munira  d'avoi- 
ne an  moins  pour  un  Jour,  et  fera  don- 
ner le  pain  et  des  vivres  à  ses  soldats, 
pour  que,  ne  manquant  de  rien,  il  puis- 
se se  dispenser  d'entrer  dans  les  villa- 
ges ,  où  l'on  ne  doit  que  de  nuit  aller 


INSTRUCTION  ftECR#.n 


chercher  le 
pas  découvert. 

Autant  qu^il  hii  sera  possible,  il  Be 
prendra  jamais  de  guide.  Dans  ur  pays 
inconnu  il  dirigera  sa  marehe  moyen- 
nant une  bonne  carte  particulière.Dans 
on  pys  ennemi,  il  parlera  le  m(Hns 
qu'il  pourra  avec  les  habitans,  et  ne 
permettra  Jamais  à  ses  soldats  de  dis- 
courir avec  eui,  de  peur  de  faire  dé-* 
couvrir  son  détachement.  Il  prendra 
avec  lui  des  cens  qui  savent  la  langue 
du  pays  ;  il  se  fera  passer  ainsi  plus  fa«- 
dl^ent  pour  ami.  Par  ce»  moyens,  il 
apprendra  ee  qu'il  lui  feut,  et  ne  sera 
pas  reconnu. 

A'II  est  forcé  de  marcher  près  de  Feu- 
ntmi,  il  se  cachera  pendant  le  jour 
dans  des  buissons  épais,  s'y  tiendre 
•ani  feu,  et  fera  pendant  ce  temps  re- 
pessi  son  nionde  et  ses  chevaux  :  il  ne 
tiendra  que  quelques  postes  du  oAté  de 
r^DMmi,  M  tout  à  l'entour  de  T-en-r 
irott  où  tiseaera  oaché  dans  tes  bois* 
•ont.  9i  àa  haut  dHin  arbre  l'on  peut 
déaouvfto  kl  plafaq,  il  y  fera  monter 
«n  hoopoe.  éf  les  postes  ep^rçoîveat 
qp^hpM  chose  de  l'ennemi,  ils  ne  tire* 
vent  pas;  mais  îh  en  avertiront  en  M^ 
Êmkt  ou  en  ftippant  des  miiM,  «fa 
^e,  si  l'ennemi  voulait  directement 
fendre  sur  eux,  le  détachement  puisse 
se  retirer  à  son  îqsu. 

Tois  les  gens  qui  s'epproeherent 
pendant  qu'on  est  ainsi  «aebé,  comme 
bAdierens,  paysans,  femmes  et  enfens 
«pit  vent  ehercher  des  fruits  dans  le 
lois,  senml  ariAbis  smmsI  tottg'teœps 
^e  l^en  ee  tiendra  eadié,  jusque  4aas 
ia  nuit  <>n  an  leur  parlena  point,  on 
ne  s'infavmeni  tf  auixui  ckemin^  ou  si  on 
le  bit,  on  prendra  ces  censeignemens 
auprès  de  plusieurs,  alin  <pm  ^es  gens 
ne  puisseni  pas  défsemni  ceim  qu'op 
veut  prondae.  DIallIeurseA  ifS  Irakem 
bîen;4uaiid  «i  fWMin  eeotîiiier  sa 


,  aQn  de  n'être  |  marche,  on  les  laissera  aller  en  paix, 

et  quand  on  les  aura  perdus  de  vu», 
on  continuera  sa  marche. 


ÇHAPITR?  m, 

Def  patroailkt  de  nuit. 

Qu'un  officier  ou  bas-<rfHeier  soit  en* 
voyé  de  nuit  evec  un  petit  détache- 
ment pour  reconnaître  si  Tennemi  est 
»rivé  en  un  certain  endroit,  déeouvrir 
sa  force,  ou  peur  quehfQe  autre  cfbjet 
intéressant,  il  pourra,  seton  le^ipmbre 
de  ses  gens,  former  une  petite  avant- 
garde  dans  la  plaine;  mais  elle  ne  s'é- 
loignera p«s  ass»  de  la  troupe  pour  ia 
perdre  de  vue,  devant  toujoura  se  di- 
riger sur  elle.  Les  patrouilleurs  en 
avant  et  de  cété  tèdieront  toujours 
d'entendae  le  bruit,  s^il  y  en  a,  tel  que 
l'aboiement  des  ehlens  ou  le  bruit  des 
pas,  parae  que  eela  leur  est  phis  aisé 
qu'aie  troupe  qui  eo est  emp&diée  par 
le  U>ot  desehevaosx. 

I^  détachement  s'anrétera  aeuvent, 
éooutera  s'il  est  peasible  d^teudre 
quelque  ehose,  descendra  de  d^eval, 
se  couchera  par  terre,  et  prêtera  r<^ 
teille,  parce  que  de  oftte  iHUiière  eu 
entend  marcher  de  fart  leip  pendant 
la  nuit. 

Si  on  entmid  rabeienBent  de  beaiH 
coup  de  chiens,  ee  sera  nne  marque 
qu'il  y  a  du  mande  dans  les  environs. 
L'officier  qui  commande  la  détadie^ 
ment  se  glissera  imnaérne  de  eeeMé, 
o|i  il  y  enverra  un  âm  phis  babileade 
sas  gens,  qui  examinera  dans  le  phip 
grand  siiense  et  avep  pnieautiQii  ee 
qui  s'y  passe. 

Si  le  bruilsefeikenCendiie^aDaqneJ^ 

que  viliage,  et  qu'il  n'en  puisse  pas  aa^ 

voir  davantage,  il  se  glipaara  tout  ifam- 

loemeni  Jusqu'à  la  pmmaàin  maison  eî 


DimoBiB  ▲ 

D  Y  mn  de  h  hmière  ;  n  donnera  son 
dieral  à  on  de  ses  camarades  pour  sau- 
ter plus  facilement  les  baies,  passer 
dans^Ies  jardins  et  tes  cours,  et  s'en 
tpprocher,  quand  même  co  serait  en 
marchant  sur  ses  mains.  Il  regardera 
par  la  fenêtre,  et  s'il  n*apcrçoit  point 
de  soldats  ennemis,  il  fnippcra  dou- 
eraient à  la  porte,  et  fera  sortir  le 
maître  de  la  maison.  Il  Tinterrogera 
honnêtement,  s'informera  du  nombre 
et  de  la  troupe  qui  est  dans  ce  village 
et  dans  le  voisinage,  s'en  retournera 
dans  le  plus  grand  silence,  et  rappor- 
tera au  détachement  ce  qu'il  aura  vu 
et  entendu. 

S'il  voit  du  feu,  il  s'en  approchera 
sans  bruit,  et  s'il  ne  le  peut  à  cheval,  il 
mettra  pied  à  terre,  fera  tenir  son  che- 
val, passera  par  des  chemins  caches, 
regardera  si  ce  sont  des  troupes  enne- 
nUes,  remarquera  autant  qu'il  lui  sera 
pôidUe  lev  force  et  leur  espèce  ;  mais, 
al  efêtaient  des  paysans  ou  des  bergers, 
■  slnforroera  des  circonstances  qui  lui 
seront  nécessaires.  Si  le  détachement 
Mt  dans  un  pays  inconnu,  il  faudra 
tMpnra  qu'il  se  fasse  conduire  par  un 
|BMe,et1>ien  prendre  garde  q  celui-ci  ; 
îffon  M'est  point  assuré  de  sa  probité, 
le  lier,  et  se  faire  ainsi  montrer  les 
IheflùM  :  en  le  menacera  aussi  de  le 
taar,  a'H  oonduisait  le  détachement  à 
VtBBBesii. 

Tant  que  Ion  sera  en  pleine  cam- 
pagne, en  fera  continuellement  des 
patreoiliet  de  cAlé  ;  mais  si  l'on  pas- 
sait 4aM  un  bois  fort  épais  et  sonoère, 
«as  laa  retirerait  S'il  faisait  assez  clair, 
fMB  ae  centeaterait  de  les  rapprocher, 
ae  peint  les  perdre  de  vue,  de 
qu'elles  ne  s'éloignent  trop  e^  ne 
aapenleiit. 

L'ofBcier  fera  marcher  deux  hommes 
inteUigena  en  avaot,  et  leur  recoin- 
aMndpra  de  ne  pas  Uop  »'êftoi|(uer. 


paiDiaiCB. 

Alors,  on  s'arrête,  oa  éceote,  et 
frappe  contre  un  arbre ,  on  siflBe  « 

ou  Ton  donne  d'autres  siguaui,  par 
lesquels  on  remarque  si  les  gens  dé- 
tachés ne  sont  point  trop  éloignés  de 
la  troupe,  et  exposés  à  tomber  entre 
les  mains  de  l'ennemi. 

Lorsque,  pendant  la  nuit,  un  officier 
est  à  l'avant-garde  d'un  détachement 
plus  considérable,  s'il  fait  fort  sombre, 
il  fera  suivre  ceux  qu'il  enverra  en 
avant  par  d'autres  hommes,  qui,  un 
par  un,  formeront  une  chaîne  allant 
d'une  troupe  à  l'autre;  ces  gens  sa 
suivront  de  près,  et  ne  se  sépareront 
d'aucune  façon. 

Il  aura  soin  d'abord  de  laisser,  à 
chaque  cliemiu  croisé  ou  détourné,  on 
homme  pour  montrer  aux  derniers  la 
route  que  les  premiers  auront  prise,  et 
puis  empêcher  son  monde  de  dormir; 
car  il  arrive  souvent  que,  les  dormeum 
s'arrêtant  en  ouirchant,  ceux  qui  lea 
suivent  croient  qu'il  est  ordonné  de 
s'arrêter,  ils  font  de  même,  el  il  en 
résulte  un  très  grand  désordre. 

Quand  on  fait  des  patrouilles  de 
nuit,  il  faut  observer  le  plus  grand  si* 
lence,  ne  point  prendre  avec  soi  des 
chiens,  ni  des  chevaux  blancs,  ni  de 
ceux  qui  pourraient  trahir  la  patrouille 
par  leur  hennissement.  Ou  défendra 
très  expressément  aux  gens  de  parler, 
de  battre  le  briquet  et  de  fumer.  Tout 
cela  empêche  de  bien  entendre  ce  qui 
se  passe.  Un  rien  découvre  tout,  et 
empêche  de  découvrir. 

Si  l'officier  a  besoin  de  savoir  Tbeure 
qu'il  est,  il  pourra,  sous  sou  manteau, 
allumer  un  peu  daniddou,  cl  le  partir 
de  côté  et  d'autre  sur  sa  montre  ;  celle 
petite  lueur  suffira,  et  il  éteindra  aus- 
sitôt l'amadou. 

On  ferait  fort  bien  de  donner  aux 
patrouilleurs  de  nuit  des  luanteaux 
d*une  couleur  obsi'urc,  pour  couvrir  la 


«B» 


iiniTBUCJii/.*   .mj;£tb 


bnffletene  jaune  eci>iaBeiie  de  nos  ca- 
rabines, qui  pourrait  être  remarquée 
de  loin. 

Si,  pendant  la  nuit,  les  patrouilleurs 
étaient  obligés  de  passer  sur  des  ponts 
ou  des  défilés,  on  ne  le  fera  point  sans 
avoir  examiné  auparavant  l'un  et  l'au- 
tre bord  ,  et  sans  s'être  assuré  qu'il 
n'y  a  rien  à  craindre  de  l'ennemi  dans 
ces  endroits;  si  l'on  voulait  faire  re- 
traite par  le  même  chemin,  il  faudrait 
y  laisser  nn  homme  ou  deux,  pour 
avertir,  en  faisant  feu,  si  l'ennemi 
prenait  le  détadiement  à  dos,  afin  que 
f  on  paisse  se  retirer  par  un  autre  che- 
min. 

Si,  pendant  la  nuit,  on  était  obligé 
de  marcher  près  des  postes  ennemis , 
ou  de  passer  devant  eux,  il  faudrait 
couvrir  le  flanc  exposé,  de  distance  en 
distance,  avec  de  petites  troupes  com- 
posées chacune  de  six  hommes  au 
moins,  pour  que  l'ennemi,  s'appro- 
chant,  ne  puisse  empêdier  la  marche 
du  corps,  ni  le  mettre  en  déroute.  Ces 
petites  troupes  peuvent  toujours  met* 
tre  obstacle  à  son  approche. 

Si  le  détmthement  est  aussi  composé 
d'infanterie  légère  et  de  chasseurs,  on 
les  envoie  dans  le  bois,  de  part  et  d'au- 
tre, pour  couvrir  la  cavalerie. 

Si,  pendant  la  nuit,  le  détachement 
avait  besoin  de  fourrage,  on  pourra 
envoyer  quelques  soldats,  qui  enten- 
dent la  langue  du  pays,  dans  un  vil- 
lage pour  en  exiger,  et  le  porter  sur 
leurs  chevaux  au  détachement,  sans 
faire  le  moindre  excès,  de  peur  que  les 
habitans  n'apprennent  l'endroit  où  le 
détachement  est  posté,  et  sa  force. 
Par  une  bonne  discipline,  on  empê- 
chera souvent  que  l'ennemi,  quoique 
proche,  soit  instruit  de  la  proximité  du 
détachement. 

Si,  pendant  la  nuit,  on  apercevait 
1  ennemi  en  mouvement  avant  d'en 


être  >u,  il  faudrait  tacner  de  s  Infor- 
mer de  sa  force  ;  on  peut  s'en  instruire 
par  le  trot  des  chevaux.  Alors  on  en- 
verra aussitôt  des  gens  sûrs  au  camp, 
dans  les  quartiers  et  aux  postes  livan- 
cés ,  pour  les  avertir ,  afin  qulb 
puissent  être  en  garde  contre  toute 
surprise.  On  se  retirera  aussi  en  silen- 
ce ;  et  quand  on  est  assuré  que  l'enne- 
mi marche  droit  au  camp  ou  vers  les 
quartiers,  on  en  fera  d'abord  avertir  le 
général  conunandant.  Mais  si  Ton  était 
trahi,  on  pourrait  tirer  quelques  coups 
de  pistolet,  se  réunir  aux  gardes  avan- 
cées ;  et,  d'accord  ensemble,  on  cher-- 
cbera  à  amuser  l'ennemi,  jusqu'à  ce 
que  les  troupes  du  camp  ou  des  quar- 
tiers soient  prêtes  à  porter  du  se- 
cours. 

L'ennemi,  ayant  envie  de  faire  quel- 
que entreprise,  dierche  souvent  à  in- 
quiéter les  postes,  parce  qu'il  n'a  qu'à 
se  montrer  aussi  souvent  qu'il  lui  platt 
pour  nous  fatigiier.  Il  faut  avertir  en 
silence,  le  camp,  les  quartiers  ou  les 
gardes  avancées*  de  son  arrivée  ;  alors 
il  ne  pourra  jamais  remplir  son  projet 
de  porter  l'alarme  partout,  et  noua  at- 
taquer à  notre  insu;  au  lieu  de  cda,  ce 
sera  lui  que  nous  mettrons  en  déroute 
et  que  nous  battrons. 

On  y  trouve  encore  l'avantage  d'é- 
viter la  tiraillerie,  les  alarmes  et  b 
criaillerie,  qui  ne  peuvent  qu'apporter 
une  sorte  de  terreur,  et  empêchent 
d'exécuter  les  ordres  en  règle.  Les 
gens  ensevelis  dans  le  sommeil,  au 
camp  ou  dans  les  quartiers,  ne  savent 
point  ce  qui  peut  causer  une  telle  alar- 
me ;  ils  ignorent  même  la  présence  de 
l'ennemi,  et  s'enfuient  onknabemeat 
un  par  nn  dans  l'obscurité,  sana  se 
rendre  à  leurs  escadrons  ou  aux  places 
d'alarmes  assignées. 

Souvent  l'ennemi  ne  rient  point  au 
petit  pM,  mais  an  grand  galop^  po«. 


DiAOBiE  A  FftilNfcaïC  II. 


sorpreodre  les  |Nitroinlles  et  les  gardes 
avinoées,  et  tomber  tout-à-coup  dans 
les  qoartien.  Daas  cette  occasioii,  il 
D*f  apasde  temps  àpwdre  à  en  faire 
le  rapport,  et  il  est  tiès  a?antage«x 
^eatrateeir  au  feu  eontiDuel,  et  de  se 
retirer  de  o6t6,  saus  aller  droit  an 
camp  on  rera  les  quartiers.  L'ennemi 
poorsnîm  dan%  r<d)8curité,  et  s'éloi- 
gnera du  camp  Les  choses  étant  ainsi 
dirigées,  on  peut  réussir  même  à  faire 
de  grands  coups  ;  mais  il  est  très  né- 
cenaire  d'instruire  auparavant  son 
monde  de  ce  qu'il  aura  à  faire,  et  com- 
ment il  doit  se  comporter  dans  ces 
sortes  de  drconstences. 

Si  l'on  peut  découvrir  l'arrivée  de 
Fennemi  à  temps  et  en  silence,  on  en 
tire  on  grand  avantage,  parce  qu'on 
peut  fidre  monter  son  monde  à  che- 
nal, et  le  poster  à  l'endroit  par  où  Ten- 
oeoii  doit  déboucher.  Pour  mieux  le 
trooiper,  on  laissera  les  gardes  avan- 
cées à  leurs  poatea,  et  on  les  instruit 
de  se  rendre  du  côté  où  l'on  se  sera 
posté.  Eliea  se  retireront  donc  en  fai- 
ttot  on  fieu  continuel,  et  quand  elles 
approcheront  des  postes,  elles  passe- 
root  outre  au  galop  ;  alors  l'ennemi 
Tondra  les  potvsuivre  dans  leurs  quar- 
tiers, et  se  faire  soutenir  par  des  trou- 
pes qu'il  laissera  à  l'entrée  du  viUage. 
Les  ennemis,  qui  y  entreront,  se  sé- 
pareront et  voudront  se  mettre  à  pil- 
ler; alors  l'oflBkûer,  se  voyant  augmen- 
té à  son  poste,  tombera  sur  l'ennemi 
qni  sera  à  l'entrée  du  village,  et,  mê- 
me, s'il  est  pfais  faible,  il  l'attaquera 
«vee  avantage,  fera  échouer  son  en- 
treprise, et  s'acquerra  de  Thonneur. 
L*af  ant-garde,  qui  aura  attiré  l'enne- 
mi, retourne  aussitôt  sur  ses  pas,  et 
tombe  sur  ceux  qui  sont  éparpillés  dans 
le  îillage,  qui  ne  feront  certainement 
aacone  résistince,  et  ne  chercheront 
qa'è  se  linveri  s'ib  voient  que  leurs 


camarades  ont  été  battus  ;  il  sera  très 
facile  de  faire  des  prisonniers.  Mais  si 
l'on  sait  que  l'ennemi  est  beaucoup 
phis  fort,  et  qu'H  n'y  ait  rien  à  faire, 
la  troupe,  qni  se  sera  hkoA  cachée,  s'é- 
loignera en  silence  de  l'ennemi,  et  se 
retirera  de  côté. 

Si  l'officier  commandé  pour  faire  la 
patrouille  a  des  chasseurs  ou  de  l'in- 
fanterie dans  sa  troupe,  il  détachera 
des  patrouilleurs  de  côté,  tant  qu'il  sera 
en  pleine  campagne,  comme  il  a  été 
dit  plus  haut;  mais  dès  qu'il  s'appro- 
chera d'un  bois,  il  ne  laissera  que  deux 
honunes  en  avant  ;  ensuite  il  fera  sui- 
vre l'infanterie  en  deux  ou  plusieid^ 
pelotons,  selon  sa  force  ;  après  quoi 
viendra  la  cavalerie,  qui  laissera  aussi 
deux  honunes  en  arrière  pour  faire 
l'arrière-garde.  L'infanterie  fera  les 
patrouilles  de  côté,  en  suivant  le  déta- 
chement, parce  qu'il  lui  est  plus  facile 
qu'à  la  cavalerie  de  se  glisser  dans  les 
sentiers  et  dansr  les  buissons.  Si  l'on 
entendait  im  coup  de  pistolet,  ou  si 
Ton  découvrait  quelque  chose  de  l'en- 
nemi, ceux  de  l'infanterie  se  retire- 
ront aussitôt,  et  se  posteront  à  droite 
et  à  gauche  le  long  du  chemin,  sans 
cependant  se  faire  face  les  uns  aux  aur 
très  ;  mais  ils  se  mettront  à  un  certain 
éloignement,  a6n  que  les  deux  hom- 
mes de  devant,  étant  assaillis  par  l'en- 
nemi, aient  le  chemin  ouvert,  et  que 
l'on  pnisse  saluer  l'ennemi,  s'avançant 
avec  chaleur,  et  le  chasser.  Si  l'ennemi 
était  repoussé  par  le  feu  de  l'infante- 
rie, on  le^poursuivra  avec  la  cavalerie , 
et  l'on  pourra  faire  quelques  grands 
oonps.  Mais  si  ta  oavalerie  était  re- 
poussée, elle  passera  an  travers  de 
nnCanterie  qui  ta  soutiendra.  Le  dé- 
tachement entier  étant  forcé  de  se  re- 
tirer, l'infanterie  fera  l'arrière-garde  et 
les  patroirillea  dans  les  bois,  et  ta  cava- 
lerie {en  ta  même  cbeae  dans  ta  plaine. 


m 


iMrwottfon  ÉMÊÈtB 


Si  foncier  s'a^erf oit  qu'on  ie  po^r^ 
Bvii  av0e  une  cavalerie  plus  fortô  que 
la  «enne«  il  ne  fera  pas  mal  de  former 
ton  infanterie  en  iroiSi  et  sa  cavalerie 
en  deu  troupes  ;  de  mettre  son  déta- 
chement en  ligné  droite,  mais  toujours 
de  façon  que  l'infanterie  aoit  sur  les 
ailcs^  et  la  cavalerie  au  centre^  entre 
nnfanterie*  Il  pourira  aikssi  phloer  quel* 
quea  gens  bien  entendus  de  l'infanle- 
rie^  les  uns  éloigné»  des  autres,  der- 
rière to  cavalerie.  De  cette  manière,  il 
aura  toujours  sa  retraite  assurée,  parce 
que  l'un  tiendm  l'autre» 

L'infanterie^  en  se  retirant,  peut 
fiike  un  feu  continuel;  étant  toujours 
aenrée  près  de  la  cavalerie^  eHe  ne  sera 
jamais  si  eiposée  que  cette  dernière. 
L'infanterie  couvrira  lesllancft;  et  la 
cavalerie  ennemie,  quoique  supérieure 
en  forces^  ne  s'exposera  pas  flieilement 
tu  feu  de  l'infanterie  ;  mats  si^  au  con- 
traire, on  laisse  agir  chaque  espèce  de 
troupes  pour  soi,  il  aitivera  souvent 
que  Tutie  abandonnera  l'antre;  et 
étant  forcée  de  oombittre  pendant  la 
mut,  elle  se  retirera  à  la  faveur  des 
ténèbres^  Si  absolument  M  était  pres- 
sé par  l'enfeierai,  on  eilvenna  à  temps 
quelques  gens  aiBdés  an  teamp  ou  dans 
les  quartiers^*  peur  demander  du  se- 
€ourS|  de  peur  de  oourir  risque  de 
perdre  tout  son  monde. 


ClIAMTfcË  ïV. 

9^H  €Qiiri«ae  de rolMcr à  Ml  poileééUnlié. 

L'officier  étant  détacshé  avec  tmite, 
quarante  ou  cinquante  faonMes  du 
fiàlé  de  rtile  dreîle  4'me  armée  Un  de 
quelque  autre  ^este  «noemii^  ^mur 
l'observer  ou  découvrir  Un  pa  j^,  et  ce- 
luMi  ne  lui  eitpittcatauu,  il  s'en  met- 
Ut  au  Ait  diWksrt  parta  aàrtov  «tpais 


par  ceux  qui  le  oontetsselit  à  fond*  Sun 
premier  soin  doit  être  de  choisir  une 
poeition  sur  Une  motitagnd  entourée 
de  bois,  s'il  est  possibiOf  de  laquelle  il 
puisaa  découvrir  l'ennemi  sum  être  fli. 
Surtout^  si  c'est  dans  un  puysuniln- 
miv  pendant  la  nuit,  il  tâchera  tl*y  ar- 
river sans  bruit,  il  évitera  lea  vittages, 
ne  permettra  pal  qu'on  fane  du  feu, 
et  ^ra  en  sorte  de  n'être  vu  de  per- 
sonne. A  la  pointe  du  jour,  il  mettra 
des  postes  à  pied  sur  le  pentihant  de  la 
montagne  ;  derrière  lea  arbres  nu  les 
butsions,  des  postai  à  chevd^  qui  pour- 
ront eiauiiner  de  loin  tout  ce  qui  ae 
passera  du  cdié  de  l'ennemi.  Si  é&  eet- 

te  manière  H  nu  découvrait  pua  ce  qu'il 
désire,  il  fera  monter  des  gens  sur  les 
arbres  les  plus  haute.  Il  ae  fera  expli- 
quer en  détail  ce  ipt'Hs  déeuutrfruut. 
611  était  à  portée  de  Toirtout  ce  qui 
se  passe  duna  le  cUmp  nu  à  quelques 
postes  d'importance^  il  récrira  dans 
ses  tablettes,  et  marquera  l'hem^  dans 
laquellu  l'une  ou  IMutra  chose  s>st 
passée  ehez  l'ennemi.»  ttn  de  pouvoir 

tesoir  Mré  un  rapport  joue  am  géné- 
ral commandant. 

Ce  détachement  derant  uè  teirir  ca- 
ché autant  qu'il  lui  aéra  posMMe,  il 
sera  nécesaairo  depourv^r  lea  gens  de 
vivres,  et  les  dievanx  de  faurrugea^  au 
moins  pour  trais  jours,,  uprèa  lequel 
terme  on  relève  unUnafréniUBtle  dé- 
tadiemni;  mais  l'oOdur,  ooMuissmit 
lou*es  les  avenuKa»  ne  demandera  |mu 
mieuk  que  ée  rester. 

fas  non^au  détachement  doit  Mre 
amené  pendant  la  nuit  a? ee  la  plus 
grande  précauttUA^  comme  il  a  été  At 
plus  haut,  par  quel^u^m  4e  ftocien 
déteehemeut,  el  qui  sache  ^frfle- 
ment  rendrait  uA  relBeier  doit  w  «eb 
ver  ta  miit  auivmte.  i^  «etto  thanJèn^ 

il  poinm,  peudant  qMl^ue  temfia,  eh 
aenrer  i'efinomî  ^itfinftlraéfcuuieat. 


DÉRODÉB  A  PâÉDÉRlC  II. 

Dèi  que  roffii'ier  s'apercevrn  qne  de  se  trahir,  d*être  repoussé  et  de 
Ifselqne  hn^rd  roiira  décckr,  il  redou-  ^  Toif  échouer  son  entreprise,  il  fto  doit, 
blera  ions  ses  soins.  De  jour,  il  n'a-  !  pour  ainsi  dire,  (|ue  se  glisser  tout 
bandonnorn  point  son  premier  poste  ;  ;  doucement  autour  de  l'ennemi  ;  de 
is  aussitôt  qn*il  fera  sombre,  il  dioi- 1  Jour,  ne  point  se  montrer  aux  hnbi- 

tans,  et  encore  moins  leur  être  à  char- 
ge ;  car  autrement  ils  chercheront  A  le 
découTrir,  A  le  trahir  et  A  le  faire  chas- 
ser du  pays. 

Il  est  vrai  qu'un  tel  ofUcier  aura 
beAuooup  de  peines  et  d'inquiétudes; 
mais  aussi ,  s'il  s'oiquîtlc  bien  de  sa 
commission,  il  se  fera  honneur.  Il  cou- 
vrira le  pays,  de  la  manière  prescrite , 
avec  peu  de  monde  ;  et  par  \h  il  Assure- 
ra un  grand  avantage  A  l'armée.  Tou- 
tes les  règles  indiquées  pour  les  avant- 
gardes  et  patrouilles  auront  aussi  lieu 
ici  pourvu  que  rolïlciersarhe  les  met- 
tre en  pratique. 


#ra  un  autre  endroit  dans  les  envi* 
nMis,  pour  y  paaaer  la  nuit. 

Avant  de  s'}  rendre,  il  ne  le  fera  sa- 
?oir  à  personne,  même  à  son  eom^ 
mmmio.  De  là.  Il  enverra  des  patrouil- 
ki  en  avant,  à  droite  et  A  gauche,  et 
tGot  alentour  de  son  poste,  pour  cou- 
vrir le  pays.  Avant  le  jour,  c'estrà-dlre 
ven  le  crépuscule  du  matin ,  il  aban- 
donncft  ce  poste ,  de  peur  d*y  être 
■■rpris,  et  pour  pouvoir  s'y  fixer  pen- 
dant plusieurs. nuits  de  suite  ;  pendant 
le  jenr,  il  prendra  sa  première  posi- 
den,  d'eè  il  aura  pu  découvrir  l'enne- 
ni  en  plein. 

Çeat  aiiisi  qu'il  agira  toujours,  et  lui 
aeul  devra  savoir  l'endroit  où  il  passera 
le  jour  ou  la  nuit  suivons.  Il  changera 
de  position  pendant  la  nuit  aussi  sou- 
vent qu'il  le  jugera  à  propos,  et  choi- 
fira  tantôt  un  endroit,  tantôt  un  au- 
tre; mais  son  choix  doit  toujours  le 
mettre  A  même  de  remplir  la  commis- 
sion qui  lui  aura  été  donnée. 


CHAPITRE  V. 

De  la  conduite  d'un  orQcierIor<squ*il  esi  envoyé 
pour  fuirc  des  prisonniers 


Cela  peut  se  Faire,  tant  de  jour  qtie 
I  de  nuit ,  de  quatre  manières,  selon  Ti- 
En  cas  que  sou  détachement  soit   dée  de  chaque  oflicier,  cl  selon  lAsItlia- 
ctaasaé  et  dispersé  par  l'ennemi,  il  lui   tion  différente  du  pays.  La  chose  en 

elle-même  n'est  point  difficile;  mais 
elle  est  de  conséquence  pour  un  ofH*- 
cier  commandant,  ou  pour  un  généfal, 
qui  ne  peut  rien  découvrir  de  Ten- 
nemi  que  par  des  espions  ou  autres 
moyens  semblables. 

On  observe  de  jour  tes  mêtUM  rè- 
gles recommandées  ci-dessus  A  TaKicle 
de  la  patrouille. 

L'oilicier  montera  seul  A  pied  sur 
quelque  hauteur  :  il  donnera  son  che- 
val A  tenir;  et  si  la  hauteur  n'était 
connu,  il  ne  s'amusera  pas  A  faire  du  j  point  gîirnie  de  broussailles,  il  aura 
butin  et  des  prisoimiers  ;  mais  il  eié-  soin  de  n'avoir  pas  sur  lui  d'indice  de 
catera  adroitement  les  ordres.  De  peur   son  srade,  et  mémo  de  son  état,  qtii 


ignora  d'avance  la  place  de  rallie- 
meDl  du  côté  du  camp  ou  du  quartier- 
gé^iéral,  avec  les  précautions  indiquées 
j^our  la  nuit,  A  l'égard  des  patrouilles, 
du  secret  et  du  changement  des  postes. 
L'ennemi,  voulant  entreprendre  quel- 
que chose  contre  lui,  sera  obligé  de  le 
chercher,  et  par  lA  donnera  A  connaî- 
tre ses  desseins. 

Le  principal  but  d'un  officier  ainsi 
détachié  n'étant  que  d'observer  l'enne- 
mi et  de  couvrir  le  pays  qu'il  aura  re- 


m 


pouirattleiaire  dialioguer:  il  pourra 
»e  baisser,  faisant  semblaat  de  travailr 
1er  à  la  terre  comme  si  c'était  up 
paysan,  n  regardera  ainsi  de  tous  cô- 
tés sus  préoccupation  apparente.  S'il 
voyait  un  détachement  ennemi  égal  an 
sien,  ou  des  voltigeurs,  il  tombera  tout 
à  coup  sur  eux  et  fera  des  prisonniers  : 
dans  la  première  surprise  il  slnforme- 
ra  de  ce  qoi  lui  sera  nécessaire,  il  leur 
promettra  de  leur  rendre  la  liberté, 
s'ils  lui  découvrent  la  vérité  ;  et  s'ils  ne 
veulent  pas,  il  les  menacera  de  leur 
faire  briÛer  la  cervelle.  Cependant  il 
ne  s'en  tiendra  pas  à  tout  ce  qu'ils  lui 
diront  et  fera,  autant  qu'il  lui  sera  posr 
sible,  la  difiérence  du  vrai  et  du  faui, 
de  peur  d'adresser  un  rapport  trop  pré- 
cipité, peu  juste,  et  de  s'attirer  des  re- 
proches. 

Dans  une  telle  occasion ,  l'officier 
s'armera  de  patience,  et  ne  s'ennuiera 
pas  d'attendre,  de  peur  d'aller  trop  vite 
en  besogne  et  de  tomber  dans  le  piège 
qui  lui  aura  été  dressé. 

Si ,  étant  posté  ainsi,  il  voit  venir  à 
lui  des  gens  du  cAté  de  l'ennemi ,  il 
enverra  un  homme  seul  à  leur  rencon- 
tre par  des  chemins  détournés  et  les 
fera  questionner  ;  car,  s'il  y  avait  quel- 
ques partis  qui  eussent  des  vues  sur 
lui,  et  si  cet  homme  était  envoyé 
promptementà  la  découverte,  le  déta- 
chement serait  trahi. 

En  général,  on  doit  ici  se  servir  de 
toutes  sortes  de  moyens  qui  ne  vien- 
nent que  de  la  ruse  et  de  la  présence 
d'esprit  de  l'officier. 

Pendant  les  ténèbres,  on  observe  la 
même  règle  comme  on  Ta  dit  ci-devant 
dans  l'article  de  la  patrouille  de  nuit. 
L'officier  épiera  les  gardes  avancées 
de  l'ennemi  pour  tâcher  de  leur  enle- 
ver quelques  patrouilles  ;  si  cela  ne  Lui 
réussit  pas,  il  s'en  approchera  douce- 
mMit   «>ut^nt  qu'il  i«'^i»u«raà  la  fa-* 


INàlAtCTIOlV  SBCBÈTE 

veur  des  ténèbres),  et  auSsHAl  que  l'on 
criera  sur  lui ,  il  tombera  dessus  aree 
la  dernière  vitesse  et  enlèvera  ee  qui 
lui  tombera  sous4es  mains. 

Si  l'officier  avait  de  ses  gens  qm 
comprissent  la  langue  du  pays  ou  et 
l'ennemi,  il  les  enverra  devant  du  cAté 
des  vedettes.  Ils  iront  se  dire  déser- 
teurs, et  pendant  qu'ils  rendront 
compte  de  choses  indifférentes  et  d'u- 
sage ,  le  détachement  pourra  s'appro- 
cher autant  que  possible. 

Quand  on  va  à  une  expédition ,  l'on 
prend  avec  soi  des  gens  sûrs.  Il  arrive 
très  souvent  que  le  plus  brave  des  sol- 
dats devient  le  plus  poltron  de  peur 
de  perdre  son  argent  :  quand  on  sait 
que  quelque  hussard  on  dragon,  de  son 
commando^  en  a  sur  lui,  on  lui  persuade 
avant  de  marcher  de  le  déposer  dans 
la  caisse  du  régiment,  en  lui  remet- 
tant un  reçu  de  la  somme. 


tUAPITRE  VI. 

Comment  an  officier  doit  aUaquer  la  caralerÉe 

etini'Diie 

S'il  arrivait  qu'un  officier  fât  déta- 
ché avec  trente,  quarante,  ou  cin- 
quante chevaux  pour  patrouiller,  ou 
pour  d'autres  vues,  et  que  dans  sa  route 
il  rencontrât  des  cuirassiers  ou  des  dra- 
gons ennemis,  il  fera  son  possible  pour 
leur  cacher  sa  force,  et  au  commence* 
ment  il  ne  se  montrera  qu'avec  très 
peu  de  monde,  pour  remarquer  aussi 
bien  le  nombre  que  la  contenance  des 
ennemis,  et  quoiqu'ils  soient  de  la 
moitié  plus  forts  que  lui ,  cela  ne  de- 
vrait pas  l'empêcher  de  tenter  un  beau 
coup. 

C'est  Â  lui  à  juger  s'il??  viennent  de 
loin  et  si ,  par  la  longueur  do  la  route, 
leurs  dievaux  sont  aOt^Iblis.  Il  eiaïui- 


DiEOBiB  A  FRÉDÉRIC  11. 


Berft  U«  iHs  ont  leurs  porte-man- 
teaux et  lenr  charge  ordinaire ,  si  le 
chemin  dans  lequel  ils  marchent  est 
bon  on  mauvais,  si  le  terrain  est  ma- 
récageux, si  les  chevaux  y  peuvent 
puier,  si  la  terre  est  ferme ,  s'ils  ont 
de  la  plaine  ou  du  défilé,  si  on  peut  les 
entoûer;  O  tâchera  de  découvrir  tout 
cela  avec  la  plus  grande  promptitude 
afin  que,  se  tenant  caché,  ou  ne  se 
montrant  que  de  loin  avec  ce  très  peu 
de  monde ,  il  puisse  prendre  les  mê- 
mes qull  trouvera  le  plus  à  propos. 
Si  l'offlcier  s'aperçoit  que  la  cava- 
lerie ennemie  marche  dans  un  pays 
dans  lequel  il  ne  pourrait  l'attaquer  à 
son  avantage,  il  la  laissera  passer  tran- 
qySlement;  cependant  il  restera  éloi- 
gp&4*elle  aune  certaine  distance,  tou- 
jonn  avec  peu  de  monde ,  tenant  le 
reste  cadié,  et  dans  une  position  com- 
Hie  B*il  n'avait  pas  envie  de  l'attaquer, 
jusqu'à  ce  que  l'ennemi  arrive  dans  un 
eadroit  qui  favorise  son  entreprise; 
liors  il  partagera  promptement  son 
corpe  en  quatre,  cinq  ou  six  troupes,  et 
attafiaera  du  côté  le  plus  faible.  Il  faut 
Ibaoiiiment  que  l'officier  en  sache  ti- 
rer an  jogement  juste.  De  ces  circons- 
tttioes,  îl  connaîtra  d'abord  la  capa- 
^:tÊé  de  l'offlder  ennemi,  s'apercevra 
ta  eontenance  de  son  monde,  et 
condure  par  là  ce  qu'il  y  aura  à 
pour  lui. 
]irmdpales  vues  de  l'officier  se- 
Mwt  de  fatiguer  les  chevaux,  de  les  at- 
tirer  dans  un  champ  fangeux ,  d'où  ib 
aie  imlflaent  pas  se  retirer  facilement, 
et  de  les  forcer  A  diverses  évolutions  : 
tost  oela  servira  à  mettre  la  confusion 
daaa  la  troupe  ennemie. 

n  attaquera  de  tous  côtés  leur  fai- 

aant  crier  ^Htea;  mais,  dès  lecommen- 

oement,  il  les  désarmera  tous  et  fera 

tuer  les  chevaux  qu'il  prendra  jusqu'à 

ta  qn^il  ait  tout-A-fait  vaincu  l'ennemi 


et  lui  ait  fait  prendre  la  fUite  ;  alors  il 
permettra  et  ordonnera  de  faire  des 
prisonniers. 

Tout  ce  que  l'officier  de  la  cavalerie 
ennemie  pourra  faire,  ce  sera,  selon 
les  circonstances ,  d'envoyer  quelques 
troupes  au  devant  des  nôtres ,  ou  bien 
il  les  attendra  de  pied  ferme. 

Dans  le  premier  cas,  on  fera  marcher 
contre  elle  d'abord  quelques  troupes 
qui  la  repousseront  vivement;  en  même 
temps  les  autres  attaqueront  ensemble 
de  tous  côtés  en  jetant  de  grands  cris. 
Mais,  dans  le  deuxième  cas,  on  en- 
tourera l'ennemi  de  tous  côtés,  et  l'on 
fera  surlui  un  feu  vif;  il  ne  pourra  alors 
que  faire  une  évolution  sur  la  ligne 
contre  ceux  qui  voudront  le  prendre 
en  dos  ;  dans  ce  cas  il  faut  sur-le-champ 
tirer  avantage  de  l'occasion  et  l'atta- 
quer de  suite.  Mais,  si  l'officier  enne- 
mi est  un  homme  habile  et  entendu , 
en  ne  voyant  venir  à  lui  que  peu  de 
monde,  il  prendra  sur-le-champ  telle 
position  qui  lui  couvrira  le  dos,  pour 
dans  cette  position  ,  ne  pouvoir  être 
entouré  et  n'être  attaqué  que  sur  son 
devant  :  alors  il  sera  très  difficile,  pour 
ne  pas  dire  impossible,  d'entreprendre 
la  moindre  chose  contre  lui. 

Le  meilleur  parti  qu'on  aurait  à 
prendre,  serait  de  s'en  éloigner,  et  de 
le  laisser  nuu'cher,  mais  en  le  suivant 
toujours  de  près,  jusqu'à  ce  que  l'on 
trouve  une  occasion  favorable,  comme 
on  Ta  di|  plus  haut,  et  que  l'on  puisse 
mettre  ses  desseins  à  exécution. 


CHAPITRE  VII. 

De  la  conduite  d^nn  officier  contre  on  détaclit- 
nent  de  hussards  égal  au  sien. 

Si  l'officier  rencontre  un  détache- 

1» 


190  UI$TliIlCTl05  9WW|CT« 

ment  de  hqssarda  qui  lui  soit  égal  eu   l'eanemi  en  dé$gr(tri;  et  n^m  fH^n  tÊ4 
force,  alors  le  bonheur  décidierA  en  &-    ^^ré  de  le  battre, 
veur  de  celui  qui  aura  If'S  meilleurs 

IQldats  et  les  meilleurs  chevaux,  qui  "• 

attaquera  avec  le  plus  de  furie,  et  qui, 
le  s^re  à  la  main ,  fondra  sur  l'en  ne- 
mi  après  avoir  essuyé  son  premier  feu 
sans  en  être  épouvanté.  Il  y  a  cepen- 
diint  des  avantages  dopt  on  p^ut  se 
servir  en  pleine  çan^pagne,  ppyr  at- 
teindre avec  plus  de  sûreté  le  but 
qu'on  se  propose. 

Si,  par  exemple,  le  détachement 
était  de  quarante  homipes,  l'ofGcier 
pourrait  en  mettre  vingt-cinq  en  pre- 
mière et  quinze  en  seconde  ligne  pour 


CHAPITRE  VlII. 

De  la  conduile  d'un  officier  ^^Qi  nne 

attaque. 


L'offider  commandé  avec  qm 
pe ,  ou  avec  un  peloton,  pour 
le  corps  ou  le  régiment  lonqii*il  eit 
prêt  de  se  former  en  ligee.  (mab 
nairement  on  en  commande  ph»  t\ 


à  cet  effet)  aura  la  me  autant  mr  f 

*"'7"^  V  "^]"""*^  r*'  "^^"^^  "•"*'  r'"^  ïieml  mie  sur  la  troupe  qu'H  defra 

présenter  h  leunenu  un  front  en  Ion-  _,     ,|                    */     „        _k 

■^               •       **     X    ^u-           t  vrir.  Il  enverra  contre  remMmi 
gueur  ;  mais  cette  répartition  se  fera 

à  rinsu  de  celui-ci.  On  disposera  en- 
suite le  second  rang  de  manière  que 
les  deux  premières  Qles  (les  deux  li- 
gnes puissent  directement  marcher 
sur  leur  chef-de-61e  ;  il  semble  alors 
que  tous  les  rangs  sont  pleins.  T/enne- 
mi,  qui  croira  le  détachement  plus 
fort  que  le  sien ,  hésitera  de  l'atta- 
quer :  dans  cette  position  l'on  mar- 
diera  droit  sur  lui  et  l'on  recom- 
mandera aux  gens  de  bien  faire  atten- 
tion au  commandement  de  l'ofBcier. 
S*étant  mis  ensuite  au  grand  trot, 
on  fera, 
pour  saisir 

Tennemi  ne  s'en  aperçoit  pas ,  il  sera 
d'abord  surpris  et  on  le  battra. 

Mais  s'il  y  fait  attention,  il  fera  une 
évolution  par  la  gauche,  et  #itera  par 
là  cette  surprise.  Quand  on  l'aura 
reconnu,  on  rompra  sur-le-champ 
cinq  ou  six  files  de  l'aile  gauche  (mais 
il  faut  que  \e^  g^pa  en  SQjent  instruits 
d'avance]  ;  ceux-ci  par  la  droite  et  les 


mis  ensuite  au  grand  trot,  . 

i,je  suppose,  serrer  sur  la  droite  „  :!^^^,  ^ 

\\   .7  ,1  •       .  lailelaiNUS 

usir  l'ennemi  sur  la  gauche  ;  si  *  /^  ;., 


voltigeurs  qui  rempèoheiODt,  {MT 
feu  continuel ,  de  rien  enl 
contre  le  coirpê  ou  le  régimeat; 
même  temps  il  fera  attention  à 
les  mouvement  qni  se  feront  derrHn 
lui ,  ne  perdra  jamais  de  me  le  légi*- 
ment,  prendra  tontes  les  poaîlieM 
qu'il  lui  verra  prendre.  Dte  qu'il  e»- 
teadra  sonner  le  rappel  e«  la  mavcke, 
il  rassemblera  son  monde  au  phip  vHi 
et  rentrera  à  son  corps  par  lea 
toresqu'on  laissera  pour  loi. 

Mais  s'il  ne  bit  que  couvrir  am 

cavalerie,  il  se  mettra  m 
proche,  aidera  à  Mre  M 
taque  et  s'il  voit  qoe  TeMieni  wriH 
entreprendre  la  moindre  eho#e  mtk 
Banc,  il  therebera  &  le  ooDvrir.  Si  V^ 
ttemi  plie,  il  tâchera  de  le  metlve  tai 
à  fait  en  déroute. 

Si  rennemi  voulait  se  leiaeHiu , 
l'en  empêchera  par  aoii  Ara  eoiitiMi 
et  en  le  suivant  le  phiappèa  qu'il  pHi 
ra.  Cependant  il  regardera  toujem 
derrière  hii,  pour  voir  s'il  eit  aoatwi 


autres  par  la  gauche  attaqueront  l'en-  ^  :..  «    .      .  .     .  ^   _. 

nemien  un  même  temps,  le  sabre  à  Je  jenr  tfdter  trop  tom  et  de  *'eipo« 

la  main  avec  des  cris  épouvantables.  *  ""*  •"•"W'^  areiiture. 
C'est  de  cette  manière  t^u'on  mettra  , 


CHAPITRE  IX. 

Bi  la  hwiIbUc  d'na  ofQcler  qui  doit  cuuvili  !■ 
MCODde  lijne. 

lenppose  qnedans  la  premfëre  ligne 
fl  n'y  ait  qne  sis  escadrons ,  et  que 
dus  la  Seconde  ligne  il  n'y  en  ait  que 
qnttra  ponr  se  couvrir  ;  ces  derniers 
rateront  tonjoara  directement  der- 
îMte  rafle  droite  de  la  première  ISj^ie 
etdes  six  escadrons.  Si  l'ennemi  vou- 
lait tomber  dans  ie  flanc  de  la  seconde 
l^tae,  rofflcier  commandant  l'en  em- 
pidwra  «rec  les  escadrons;  et,  s'il 
Voyait  qne  pendant  l'attaque  on  vouMt 
IH^prfendre  la  première  ligne  en  finnc, 
S  conm  k  son  secours  et  se  formera 
tm  le  flanc  de  l'ennemi  :  cependant 
fl  prendra  bien  garde  de  ne  pas  cxpo- 
Jer  le  flanc  de  la  seconde  ligne  par 
cette  manoeuvre. 

tt  11  première  fait  plier  f  ennemi  et 
■e  dhperae  avec  Ini ,  la  seconde  mar- 
diera  au  secours;  mais  si  la  seconde  tl- 
•^BC  n'était  composée  que  de  cavnlerie 
«|dI  ne  ponrralf  assez  vite  soutenir  là 
^première ,  l'officier  la  suivra  tonjours 
Tec  sa  troupe,  et  II  restera  continuel- 
lement serré  pour  recevoir  les  prison- 
I,  afin  que  ceux  qui  sont  devant 
it  toujours  faire  leur  devoir. 
Ce  qae  Ton  vient  de  dire  ici  regarde 
Ibi  (rfUcfers  des  denx  ailes  de  la  secon- 


CHAPITRE  X. 


Da  U  randull*  qae  doit  Unir  ub  olDcler  lort- 
qu'il  art  aa  «Hdan  et  qnanil  le  corpi  dtxmio 


t'cit  d'un  âétacbwieDt  de  ce  senre 
VB  dépetid  lu  plus  souvent  le  salut  de 
iMllft  WW  «rate.  L'oAicier  détaché  à 


œ  sujet  ne  peut  donc  prendre  trop  de 
précaution  pour  mettre  le  corps  qui  est 
derrière  lui  en  sûreté. 

ie  posa  le  cas  qu'un  ofTicier  ne  soit 
détaché  qu'avec  des  chevaux-légers, 
sans  infanterie 

Supposé  qu'un  officier  soit  comman- 
dé avec  trente  ou  quarante  chevaux,  et 
qu'il  soit  assigné  dans  un  village,  ■ttss»> 
t6t  qu'il  y  sera  uirivé,  U  prendra  le 
tien  ou  la  quatrième  partie  de  son 
monde ,  fera  U  patrouille  aussi  loin 
qu'il  pourra  la  soutenir  dans  tont  le 
pays  et  jusqu'aux  postes  de  l'ennemi, 
etil  reconnaîtra  toutes  les  brotuaailles, 
les  villages  et  tes  valloDS  d'alentour.  U 
cachera  en  attendant  le  reste  de  son 
(lûtacliement  derrière  les  maisons;  ou, 
s'il  craignait  quelque  attaque,  il  le 
prendra  tout  entier  avec  lui. 

Quand  il  fera  cette  patrouille,  il 
prendra  un  homme  à  cheval  du  village 
avec  lui,  qui  lui  montrera  toat  le  pays 
en  avant,  où  et  comment  l'ennemi  aé- 
ra posté,  et  par  quel  chemin  os  antre 
endroit  il  pourrait  venir  à  Ini  ;  mois  il 
examinera  t»en  ce  pays  sur  sa  carte 
particulière  pour  toieax  le  eonnoltie 
encore. 

Cela  étant  fait,  Upostera  ses  vedettes 
de  telle  façon  qn'^les  puissent  déeon- 
vrir  tout  le  poys  du  edté  de  l'ennemi, 
comme  il  a  été  dità  l'article  desgardn 
avancéea.  Il  emena  maA  ta  iderinr 
m  on  deox  soldats  avec  qnelqves 
paysaM,  qui  feront  attention  à  to«t  et 
qui  arertÏTOnt ,  en  donnant  u  signal 
par  on  coupde  cloche,  s'tb  découvrent 
ipAqma  chose  de  renoevri.  Si  dans  le 
village  il  n'y  a  pas  de  clocher  on  les 
mettra  sur  la  maison  la  plus  haMe. 

Aprta  noir  feit  ttm  les  arrmg»- 
mens  nécessaires ,  il  powm  faire  en- 
trer la  moitié  de  se»  gen»  dans  les 
maisons  des  paysans  let  phs  proches, 
faire  débrider,  dessdier  la  moitié  des 


WftTRCCTIOlf  SBC&iTtS 

diefaox  el  les  faire  panser.  Après  qae   vedettes ,  il  y  ira  aussi  lui-même  pour 


ceux-ci  auront  mangé  el  seront  ressel- 
lés,  on  pourra  en  faire  autant  des  au- 
tres. Mais  si  rennemi  était  dans  le 
voisinage,  et  que  Ton  e*t  quelque 
chose  à  craindre,  m  attacherait  les 
ehevauf  par  la  bride,  cachés  derrière 
les  maisons,  et  on  leur  donnerait  ainsi 
à  manger. 

B  est  également  nécesssaire  d'avoir 
une  garde  à  pied,  qui  aura  continuelle- 
ment l'œil  sur  les  vedettes,  pour  avertir 
aumoindremouvementqu'elleleurvei^ 
rafaire.  Il  fout  aussi  que  l'offleier  mette 
une  garde  à  l'entrée  et  à  la  sortie  du  vil- 
lage, prindpalement  dans  des  buissons 
sur  la  pente  d'une  montagne,  pour 
couvrir  ses  flancs,  de  peur  d'être  atta- 
qué et  coupé. 

Il  est  généralement  de  la  dernière 
nécessité  d'assurer  non-seulement  le 
devant ,  mais  aussi  les  cAtés  et  le  dos, 
surtout  de  nuit,  quand  même  il  y  au^- 
rait  des  postes  de  la  même  jarmée  dans 
Je  voisinage. 

L'offleier  enverra  souvent  des  pa- 
trouilles de  deux  ou  trois  hommes  au- 
delà  des  postes  des  vedettes,  qui  t&r 
cheront  de  gagner  les  hauteurs  qu'on 
n'aura  pas  pu  occuper  à  cause  de  leur 
éioignement,  et  découvrir  de  là  tous 
les  nM>uvemens  que  l'ennemi  fera.  Il 
pourra  aussi  faire  ces  sortes  de  pa- 
trouilles quelquefois  avec  quinze,  vingt 
ou  trente  hommes,  et  se  montrer  à  l'en- 
nemi pour  lui  faire  croire  qu'il  est  plus 
fort  qu'il  ne  Test  effectivement.  En 
icela  il  aura  encore  l'avantage  de  mieux 
oonnattre  le^ays  et  la  position  de  l'eu- 
nemi. 

Pendant  le  jour  il  fera  dormir  la 
moitié  de  stss  gens  et  fera  desseller  les 
chevaux;  maïs  l'autre  moitié  sera  ton* 
joum  éf  eiUée  et  aura  les  chevaux  sellés 


têcher  de  découvrir  le  changement  que 
Tennemi  pourra  avoir  fait  dans  sa  po- 
sition. Alors  il  adressera  son  rapport 
par  écrit  au  général  commandant. 

Aussitôt  qu'il  fera  nuit ,  l'officier  ti- 
rera ses  postes  un  peu  en  arrière,  et 
s'ils  étaient  sur  des  hauteurs,  il  les  fera 
mettre  derrière  et  au  bas  de  la  monta* 
gne  ;  parce  que,  regardant  de  nuit  vers 
le  ciel,  il  est  plus  facile  de  voir  l'enne- 
mi arriver  que  s'il  regardait  de  la  hau- 
teur en  bas. 

Si,  auprès  du  village ,  il  y  avait  des 
bois  ou  des  ravins  que  l'on  pût  garder 
de  jour  avec  les  vedettes ,  et  que  l'on 
perdit  de  vue,  de  nuit,  il  faudrait  alors 
avancer  les  postes.  S'il  y  avait  des 
ponts  en  avant,  l'ofiScier  pqmrait  aussi 
y  placer  ses  vedettes  ;  mais  pendant  la 
nuit  il  les  en  retirerait  et  il  ferait  êter 
les  bois  des  ponts. 

Il  fera  boucher  toutes  les  grandes 
issues  du  village,  aussi  bien  qu'il  pour- 
ra, avec  des  chariots,  de  grandes  bran- 
ches d'arbres  et  des  perches  ;  il  y  met- 
tra une  garde  de  paysans  qu'il  fera  vi- 
siter souvent,  de  peur  qu'ils  ne  soient 
les  premiers  à  les  ouvrir.  Il  montrera 
à  ses  soldats  postés  dehors  deux  ou 
trois  entrées  au  village,  que  l'ennemi 
ne  pourra  pas  connaître  et  que  ses 
gens  doivent  bien  remarquer,  afin  de 
les  trouver  pendant  la  nuit  et  pouvoir 
se  retirer  par  là.  L'ofiScier  enverra  par 
ces  chemins,  pendant  k  nuit,  de  peti- 
tes patrouilles  qui  visiteront  aussi  bien 
les  vedettes  que  la  chaîne,  et  exami- 
neront de  bien  près  ce  qu'ils  pour- 
ront découvrir  de  l'arrivée  de  l'en- 
nemi. 

Vers  minuit  l'officier  fera  bim  de  se 
tenir  éveillé  ainsi  que  ses  soldats  ;  s'il 
voyait  que  l'ennemi  voulût  entrepren- 


et  bridés.  Dte  qu'il  commencera  à  faire  j  dre  quelque  chose ,  fl  observera  ce  qui 
nuit.  Il  fera  faire  la  patroniUe  hors  des  J  a  été  dit  à  l'article  despatrouilies  de 


DEROBEE  A   FREDE«I€  II. 


nuit.  Vers  ie  matin,  avant  la  pointe  du 
jour,  il  fera  seller,  brider  et  monter  à 
cbeval.  SI  l'officier  jugeait  à  propos  de 
changer  déposition  pendant  la  nuit,  il 
en  avertirait  d'avance  ses  postes  déta- 
cha afin  qu'ils  pussent  le  trouver  dans 
robscurité. 

Il  fera  faire  rapport  au  général  com- 
mandant ,  ou  à  l'officier  par  ordre  du- 
qaei  il  est  détaché ,  de  tout  ce  qui  ar- 
rivera pendant  la  nuit,  principalement 
si  Tennemi  faisait  quelques  mouve- 
fflens  pour  s'avancer.  H  redoublera 
alors  ses  soins ,  restera  toujours  avec 
ses  soldats  dans  les  champs  et  se  com- 
portera conune  II  a  déjà  été  dit  à  Tar- 
tide  des  gardes  avancées. 

Dès  qu'il  fera  un  peu  jour,  les  ve- 
dettes se  glisseront  de  nouveau  sur  les 
hauteurs  et  regarderont  autour  d'elles. 
On  tiendra  aussi  quelques  patrouilleurs 
prêts  qni,  dans  le  même  instant,  iront 
en  avant  pour  visiter  les  buissons  d'a- 
lentour et  Yoir  s'il  n'y  a  pas  quelques 
partis  ennemis  cachés.  Ces  gens-là  res- 
teront dehors  à  faire  leur  découverte 
jusqu'au  grand  jour  (par  un  temps  né- 
buleux cela  est  surtout  nécessaire] ,  ils 
pourront  se  disperser  et  couvrir  tout  le 
front  Si  tout  est  tranquille,  l'ofBder 
montera  à  cheval  hii-méme  et  ira  à  la 
découverte  :  alors  il  dirigera  ses  pa- 
trouilleurs en  avant  autant  qu'il  lui 
sera  possible.  Pendant  ce  temps  tout 
le  détachement  doit  être  à  cheval  et  se 
tenir  prêt  à  tout  événement. 

Les  patrouilleurs  étant  rentrés,  il 
fera  rapport  au  général  commandant 
de  tout  ce  qu'il  aura  pu  découvrir. 
Alors  il  remettra  quelques  soldats  an 
dodier  on  sur  la  maison  la  plus  haute, 
fera  desseller ,  débrider  et  panser  là 
moitié  des  chevaui;  il  fera  son  poa^ 
âUe ,  surtout  dans  un  pays  ennemi , 
pour  empêcher  les  habitans  d'aller  en 
avant  du  cêté  de  l'ennemi ,  parce  qu'il 


pourrait  en  être  trahi.  Il  devra  aussi 
prévenir  toute  la  comoMinauté  qu'U  fera 
tuer  tous  les  paysans  qui  oseront  aller 
au-delà  des  postes  ayancés  dn  cêté  de 
l'ennemi.  Mais,  si  l'officier  pouvait  y 
envoyer  un  homme  sûr,  il  Cotudrait  qu'U 
le  fit  sans  taarder  et  sans  regarder  à  la 
somme  qu'il  lui  donnerait ,  piffce  que 
de  cette  manière  on  apprend  plus  que 
par  des  patroniUeurs.  Il  se  dirigera  sur 
le  rapport  qu'il  en  recevra  et  fera  le 
sien  à  son  commandant.  Il  tâchera 
d'avoir  un  rapport  pareil  le  roatm  et  le 
s(Hr. 

£n  général,  les  règles  qui  ont  été 
prescrites  ci-deyant,  soit  anx  gardea 
avancées  et  patrouilleurs ,  soit  pour,  li^ 
découverte  de  jour  et  de  nuit,  doivent 
être  considérées  comme  étant  le  vrai 
fondement  du  service. 


CHAPITRE  XI. 

Devoir  d*on  officier  détacbé  avec  vingt»  trenta 
ou  quarante  homme.*,  pour  garder  on  village 
situé  derant  le  froni  ou  dans  le  flanc  d*one 
année. 

Un  officier,  étant  commandé  dans 
un  endroit  connu,  recevra  les  InstruO" 
tions  suffisantes  de  son  général  sur  sa 
destination,  sur  le  pays  qu'il  a  à  cou- 
vrir, sur  le  terrain  oà  il  enyerra  set 
patrouifieurs ,  sur  les  postes  ennemis 
qn'il  aura  à  observer  et  sur  sa  retraite 
à  l'aimée,  en  cas  que  l'ennemi  Pattaque 
avec  des  forces  supérieures. 

Cet  officier  restera  continuellement 
à  ce  poste  à  moins  que  les  dîffièiipna 
objets  de  fatigue ,  et  l'attention  qu'il 
doitayoirsanscesae,  n'obligentàle  re^ 
lever  chaque  vingt-quatre  heures. 

Je  parlerai  d'abord  de  Toffider  qui 
serait  détaché  avec  des  chevauz-lègera 
seulement  et  puis  de  celui  qui  aurait 


sw^ 


INSTRUCTION    SBCRKTB 


quelque  pea  d'infennterie.  Les  disposi- 
tions que  l\>fBcler  fera  dans  cette  oe-» 
casion  sont  les  mêmes  que  celles  dont 
nous  Tenons  de  parler.  Hais  comme 
l'hiver  change  quantité  de  choses , 
aussi  bien  que  les  chemins  ^  il  faudra 
que  rofBd^  sache  mettre  on  pratique 
ce  qui  suit 

itant  arrivé  à  son  poste ,  il  ira  faire 
sa  patrouille  pour  apprendre  à  con<* 
naître  le  pays,  et  à  ce  sujet  il  prendra 
un  guide  du  village.  Il  s'informera  de 
toutes  les  choses  néeeasaires,  mais  $m* 
tout ,  quand  la  terre  est  couverte  de 
neige,  par  où  l'on  pourra  passer  sans 
suivre  de  chemin.  II  remarquera  bien 
le  pays  pom*  pouvoir  prendre  ses  pré- 
cautions et  couvrir  l'endroit  le  plus 
dangetéux.  Après  quoi  il  choisira  les 
lieux  où  il  postera  ses  gardes  et  ses  ve* 
dettes.  Il  a  déjà  été  dit  ci-devant,  an 
chapitre  des  gardes  avancées ,  com- 
ment on  doit  s'y  prendre.  II  assignera 
aussi  à  ses  soldats  la  place  d'alarme  ; 
mais  on  dira  dans  un  autre  chapitre 
comment  II  faut  ta  choisir. 

(«es  gens  et  les  chevaux  ne  pouvant 
rester  au  bivouac  en  hiver,  il  prendra 
pour  le  ralliement  le  côté  du  village 
oèfl  y  attp»  le  moins  à  crrindre.  Il 
pfaHSer*  ses  soldats  dans  des  maisons  ée 
paysans  qui  aaront  des  imies  par  der- 
rfife  do  cAté  de  la  place  d'alarme.  H 
fie  les  séparera  pas  bearocoop  les  uns 
des  mires,  et  dans  chaque  quartier  tt 
aura  sohi  de  mettre  un  bas  offkier  q« 
tiendra  fes  soldats  éveillés  pendant  la 
nuit.  II  prendra  son  qvarlioràa  mîHe« 
de  cetfY  des  soldats ,  et  posera  devant 
sa  porte  une  sentlMile,  laquelle  em 
premier  covp de  pistolet  fera  do  bruit; 
sUle  trouve  A  propos,  il  rasaonblera 
pendant  la  miil  loua  les  soldats  dans 
San  quartier  et  se  tiendra  prM  à  tout 
c^oneuion'» 
'*''irno  feimettr»  p«  qiiedaoate  vil- 


lage il  y  ait  des  chariots,  du  bois,  des 
brandies  d'arbres,  ou  autre  chose  dans 
les  chemins,  qui  puisse  empêcher  It 
prompte  sortie  des  soldats. 

On  se  persuade  souvent,  étant  à  un 
poste  qu'on  croit  sûr,  que  Ton  p'y  n 
rien  à  craindre  à  cause  de  la  mpério:- 
rité  du  détachement,  ou  que  l'eDDami 
est  trop  éloigné  pour  venir  attaquer  i 
mais  un  bon  oGBder  ne  se  livrera  ja- 
mais à  cette  confiance.  On  no  voit  qp$, 
trop  souvent  que  cette  sécurité  donn^ 
occasion  à  surprendre  les  quartiers,  et 
que  les  diMrmeurs  et  les  négUgena  mk 
battus  par  l'ennemi  éveillé  et  prudent» 
Pour  ne  pas  être  surpris,  U  faut  tou- 
jours se  tenir  sur  ses  gardes,  commo4 
l'on  était  près  d'un  ennemi  surveillant 
qui  ne  penserait  qu'à  attaquer. 

U  ne  faut  pas  faire  attention  i|iuf: 
murmures  du  simple  soldat  qui  n'eit 
presque  jamais  content  ;  mais  il  faut  jo 
convaincre  de  la  nécessité  de  ce^  soina* 
attendu  que  l'ennemi  cherche  toujooirf 
à  profiter  de  la  moindre  négligence» 
Si,  malgré  toutes  les  précautions^  il  uh 
rivait  quelque  chose  de  grave.. (ça 
qui  n'arrive  cependant  que  rarement], 
on  n*auca  au  moins  rien  à  se  reprocher* 
Le  principal  c^]ei«  quand  on  est  i  ua 
id  posle^  est  de  gagner  du  temps  da 
peur  que  Tennemi  no  surprenne  le  jié^ 
tachcment  à  l'imprévu  ;  mais  il  faut 
être  en  état  de  se  trouver  sous  les  ar- 
mes sur  la  place  d'alarme  poui*  s'opipo- 
scr  à  Termemi  etdonner  a  l'armée  avia 
de  son  arrivée. 

U  faudra  bien  apprendre  aux  p»* 
trooilleurs  comment  ils  se  consporte* 
roni  et  ou  ib  ktmt.  On  ne  les  enviurra 
januMS  à  des  heures  pareilles,  mais  à 
desmomena  diffiérens  afin  que  reancmi 
ne  puisse  les  éj^er  ni  les  enlever. 

SA  l'ennemi  approche  pecidant  le 
joui  de  nos  paatea  »  loffider  avancera 
avea  UM  tartie  de  Si  tiwpt ,  «Il  si(fcMi 


BÈMMiB  k  minAuc  n* 


loi'  CirMMUiltiHM  f  t?ee  son  détadle— 
nMt  etitier  pour  soutenir  ses  gardes 
ayaiicées  et  les  retirer  à  soi  avec  sûreté 
8l  le  cas  le  demande.  Pendant  la  nuit, 
il  eÉttelra  tiiissItOt  quelques  soldats 
eotitre  Tetineiiii ,  près  des  issues  des 
HielliiM  qui  eotidnisetit  aux  gardes 
avancées,  et  qu'elles  seules  doivent 
oMtltftaf6,pOiir  soutenir  et  faire  retirer 
Mhef^»  n  se  donnera  tontes  les  pei- 
uM'l^oisibleB  pour  amuser  l'ennemi,  et 
0  se  Mffin  de  totis  les  moyens  dont 
MM  i¥5nS  déjà  parié  :  il  ne  doit  pas 
MMdf  qtfn  est  àce  poste  pour  la  su- 
ffCté  tfB  Pëniiée* 

(7lMt  ^rqttoi  11  emploira  tous  ses 

soins  A  repousser  l'ennemi  et  A  Téloi- 

gBéf  de  loti  quartier,  quand  même  il 

iettlt  tiltMf  fort  que  lui.  De  temps  en 

tMqtS  fl  fera  un  rapport  Juste  à  son  gé- 

iMnd  comitiandant,  afin  d'être  soutenu 

fif  lift  renfort^  ou  pour  que  la  retraite 

Al  cofpi  ffUhse  Atre  favorisée.  Tout  ce 

^  É  été  dit  cMevant  de  la  sûreté  des 

4llifilefi|  des  avant-^gardes ,  des  pa- 

tMoHIes  et  des  découvertes  est  égale- 

Iteltt  ftl^pHcaMe  dans  cette  position. 

F0Adîint  ow  nuit  fort  obscure  et 

pendant  un  temps  orageui,  on  recom- 

in  vedettes  de  patrouiller 

A  tour  à  droite  et  A  gauche^  l*une 

Patitre,  afin  de  couvrir  les  distnn- 

iptl  aaront  entre  elles,  et  d'empé^ 

lOMSTifiie  rien  M  puisse  s'y  glisser  A  la 

BUf^tfuI  dea  ténèbres  sans  qu'elles  s'en 

4qiéicoitMt. 

Iirfl  fle  tnmve  de  l'Infanterie  A  ces 
^ôtM>  I  «M  li  pliGim  dans  les  maisons 
les  plus  proches  de  Tennemi  ;  on  fera 
tOMes  les  haies  et  les  issues 
"MMl^  firar  ptlufoir  soutenir  ceux 
^miH  dihon,  et  on  mettra  des  pos- 
tée dTMiiMsrto  A  toutes  celles  des 
Mlréei  M  ttlage  qaTon  «ara  fAit  bou- 
AMr  IfM  Ma  diariots  ou  des  barrifr- 
1M  ftjMT,  MiMtfftdneS  lètleA-- 


dront  au  dehors  sur  des  hailaim  dea» 
quelles  elles  pourront  découvrir  les  ve- 
dettes; mais,  pendant  la  nuit,  elles  se 
retireront  derrière  les  barrières.  On 
mettra  aussi  des  postes  aui  entrées  du 
village  qu'on  aura  fait  pratiquer  ou 
conservées  libres. 

Si  la  cavalerie  était  forcée  de  se  reti- 
rer par  lA ,  aussitôt  qu'elle  aura  passé 
les  portes  de  l'infanterie,  celle-ci  les 
barritaaera  pour  empêcher  l'ennemi 
de  pénétrer  dans  le  village  :  elle  l'arrê- 
tera aussi  long^temps»  qu'elle  pourra; 
et,  ne  pouvant  plus  faire  aucune  ré- 
sistance, elle  se  retirera  au  travers  des 
jardins  et  des  cours  des  paysans,  pour 
se  rendre  sur  la  place  d'assemblée  et 
y  rejoindre  la  cavalerie  pour  s'y  sou* 
tenir  mutuellement.  Par  là  il  leur  sera 
facile  de  repousser  l'ennemi  avec  avan* 
tage. 

11  est  très  nécessaire  que  l'ofBcier 
commandant  ce  détachement  entre* 
tienne  l'harmonie  entre  l'infanterie  et 
la  cavalerie  :  suriout  ii  aura  bien  soin 
de  fournir  la  première  abondamment 
de  tout  ;  n'étant  pas  accoutumée  A  si 
bien  vivre,  elle  fera  tous  ses  eiTorts 
pour  conserver  ses  bons  quartiers,  les 
défendre  et  empêcher  l'ennemi  d'y  pé- 
nétrer. 

L'on  mettra  en  pratique ,  de  toutes 
les  manières  possibles,  principalement 
en  quartiers  d'hiver,  tout  ce  qui  a  été 
dltci^evant  relativement  aui  espions. 


CHAPITRE  XII. 

Gomment  rufTicicr  attaquera  un  quartier  de 
hussards  a?et  de  la  ca?alerie 

8i  l'officier  cherche  A  se  distinguer 
contre  un  ennemi  qui  lui  est  supérieur 
en  force,  il  entreprendra  de  faire  l'atta- 
que d'ua  quartier  de  hussards,  ce  qui 


nrsTaocTioM  secisic 


présente  les  moyens  les  plus  sûrs,  les 
plus  faciles  et  les  plas  agréables ,  de 
^  faire  une  expédition  brillante. 

Pour  mettre  son  dessein  à  exécu- 
tion, il  tâchera  de  tirer  des  avis  sârs  et 
utiles  du  village  où  sera  Tennenii  et  de 
tous  les  environs.  Il  faut  qu'il  sache 
pour  certain  quel  est  Tofficier  com- 
mandant du  poste,  si  c'est  un  homme 
de  service,  s'il  est  versé  dans  son  mé- 
tier ,  ou  s*il  est  jeune  et  ignorant,  et 
qui  ne  veuille  se  servir  du  conseil  de 
personne,  parce  qu*un  homme  de  cette 
espèce  se  croira  toujours  en  sAreté  et 
se  persuadera  faire  assez  en  postant 
ses  avant-gardes,  et  tout  au  plus  en  oc- 
cupant les  entrées  et  les  issues  du  vil- 
lage par  une  petite  garde ,  et  ea  en* 
voyant  ses  patrouilleurs  toujours  dans 
les  mêmes  endroits  et  dans  les  mêmes 
temps. 

Il  faut  aussi  qu'il  sache  si  cet  enne- 
mi a  des  assurances  de  quelque  renfort 
considérable;  car  tel  honune  croira 
peut-être  faire  paraître  de  la  timidité 
en  en  demandant  ;  il  se  négligera  par 
orgueil  et  se  perdra  par  amour-propre. 
Il  faut  être  instruit  des  dispositions  de 
cet  officier  ennemi  dans  son  village, 
de  quel  cêté  il  aura  logé  ses  soldats  et 
de  l'endroit  de  la  place  d'alarme,  il 
s'informera  de  quelle  espèce  sont  les 
soldats ,  si  ce  sont  des  gens  choisis  ou 
de  différons  corps ,  si  pendant  la  nuit 
il  fait  rassembler  son  monde  dans  un 
endroit  assigné  ou  s'il  le  hiisse  dispersé 
dans  les  quartiers ,  le  temps  et  le  lieu 
d'où  il  lui  viendra  du  secours  s'il  en  at- 
tend; enfin,  commoA^  les  gardes  avan- 
cées sont  postées  pendant  le  jour  et  la 
nuit,  l'heure  et  les  endroits  où  les  pa- 
trouilleurs vont  faire  leurs  visites. 

Étant  pleinement  instruit  de  tout 
cela,  u  fera  les  dispositions  pour  l'atta- 
que, selon  les  circonstances  qui  en  êsmt 
le  principal  objet  Cette  attaque  peut  I 


se  faire  de  jour  ou  de  nuit  ;  je  com- 
mencerai par  expliquer  la  première  fa- 
çon. 

Si  l'on  sait  que  leiuiemi  est  sur  ses 
gardes  pendant  la  nuit,  et  qu'il  ait  fait 
des  dispositions  à  ne  pas  risquer  d'être 
attaqué,  on  tftchera  de  le  faire  pendant 
le  jour  avec  succès. 

Il  faudra  laisser  de  cAtë  les  avant- 
gardes  ennendes  jusqu'où  l'on  fait  les 
patrouilles  accouiomées.  Il  est  diffi- 
cile, pour  ne  pas  dire  impossiUe,  de 
faire  la  moindre  chose  dans  un  pays 
plat,  sans  bois  et  sans  hauteur  ;  mais 
dans  un  pays  montagneux ,  rempli  de 
buissons,  on  prendra  les  di^ositions 
suivantes. 

Par  exemple ,  si  le  quartier  de  l'en- 
nemi est  éloigné,  on  commencera  à 
marcher  pendant  la  nuit  ou  à  la  fa- 
veur d'un  brouillard,  et  l'on  se  postera 
dans  un  village^  un  buisson,  ou  dans 
an  vallon  proche  de  son  quartier.  Par 
cette  mardie  cachée  on  évitera  les  pa- 
trouilles de  l'ennemi.  L'olBcier  a'airê- 
tera  dans  le  plus  grand  silence,  en  at^ 
tendant  le  jour  ou  le  temps  auquel  les 
patrouilles  ennemies  sont  de  retour  à 
leurs  postes. 

Ces  patrouilles  ennemies  n'ayant 
rien  découvert,  et  leur  rapport  étant 
fait  qu'elles  n'ont  rien  vu ,  rotOcier 
ennemi  les  renverra  probablement 
toutes  dans  leurs  quartiers;  ses  soldats 
mettront  bas  leurs  armes,  desseUcvoat, 
panseront  leurs  chevaux ,  parce  qu'ils 
croiront  être  en  sûreté,  et  ae  conêhe- 
ront,  n'ayant  pas  pa  dormir  pendant  la 
nuit. 

On  disposerait  alors  son  avant^^anle 
avec  ordre,  soit  de  fondre  au  grand  ga- 
lop tout  à  coup  sur  les  avantrpostea, 
sans  leur  laisser  le  temps  de  monter  à 
cheval,  soit  d'airiver  an  moins  avec 
eux  au  vîUage:  alors  ravan^carde  se 
djspoaera  et  ttram  aaa  aanpi  d«na-laa 


DÉIOBÉE  A  FMBDBRIC  11. 


Vt 


faètres  pour  augmenter  la  terreur.  Ou 
dépeindra  le  quartier  de  l'ofScier  à 
queiiinea-11118  des  plus  habiles  de  nos 
loUats  qai  s'y  rendront  ventre  à  terre, 
pour  tâcher  de  se  saisir  &Uii,  ou,  au 
BMiins  TempAcher  de  monter  i  cheval. 
D  vnndiait  cependant  mieux  pou- 
voir pénétrer  dans  le  village  sansenta- 
■MT  les  postes  avancés;  car  ceux-ci, 
voyant  diéjà  l'ennemi  dans  le  village, 
ne  se  hasarderont  pas*d'y  aller;  ils  ai- 
maomlt  nàmu  se  sauver,  et  Ton  aura 
«taat  d'ennemis  de  moins. 

L'officier  suivra  l'avant-garde  de 
psès  avec  le  reste  de  son  monde,  qu'il 
de  diviser  d'avance  en  deux 
dont  l'une  soutiendra  Favant- 
gBide-et  sabrera  tous  ceux  de  Tenne- 
mi  ifÀ  se  présenteront  un  par  un  à 
cheval  on  qui  ne  feront  que  se  mon- 
trer. Il  ne  faudra  pas  s'amuser  à  f abre 
prisonniers  à  moins  que  Ton  ne 
que  l'ennemi  ne  peut  plus 
de  résistance. 
L'officier  laissera  l'autre  moitié  de 
détachement  serré  dehors  du  vil- 
;  etf.s'il  est  seul  d'officier,  0  met- 
on  bas-officier  à  la  tête  de  cette 
ipe^  avec  ordre  d'envoyer  quelques 
adroite  età  gaudie  sur  leshau- 
i«  qui  poissent  découvrir  le  secours 
et  en  avertir  le  détachement 


-ut' 


Mais  l'officier  parcourra  le  viUage 
paraonne,  àdieval,  pour  donner  les 
nécessaires  et  empêcher  les  sol- 
de se  disperser  dans  les  maisons 
encore  moins  de  piller;  il  le  défen- 
dra même  avant  l'attaque  en  les  mena- 
ient do  pins  grand  cbàtbasent:  il  ex- 
^ipliqnen  clairement  à  chacun  en  parti- 
cnller.ee  qo'il  anra  à  (Isire. 

n  fiera  remettre  tons  les  prisonniers 
on  détacoement  qu'il  aura  laissé  hors 
dtt vflage,  et  défendra  à  ses  gens  de 
oaodRfkefclàofee  eux,  parce  qœ  oeh 


les  empêche  d'eu  faire  d'autres  ;  mais 
il  les  avertira,  quand  ils  remettront  des 
prisonniers  au  détachement  de  fane 
écrire  à  la  bAte  le  nom  de  chacun 
d'eux  par  le  bas-officier,  afln  que  cha- 
cun puisse  savoir  le  sien  après  l'afiaire. 
Si  ses  soldats  n'observent  pas  cet  ordre 
(ce  qu'ils  ne  feront  pas  si  on  ne  le  leur 
commande),  ib  s'amuseront  à  conduire 
leurs  prisonniers  de  côté  et  d'autre,  et 
à  la  fin  l'officier  se  verra  affaibli  par  sa 
négligence;  mais  les  gens  remettant 
leurs  prisonniers,  conune  je  viens  de 
le  dire ,  ils  pourront  encore  en  fiûre 
d'autres. 

Si  l'officier  a  un  trompette  avec  loi 
U  le  laissera  hors  du  village  avec  son 
détachement 

Il  remarquera  bien  le  temps  qu*il 
pourra  s'arrêter  de  peur  d'être  surpris 
par  quelque  secours  ennemi  qui  ne 
manquerait  pas  de  bire  échouer  son 
entreprise  et  de  le  prendre  avec  son 
déta^ement. 

L'officier  ayant  réuni  asses  de  pri- 
sonniers, fera  sonner  le  rappel  on,  avec 
l'aide  de  ses  bas-offiders ,  rassemblen 
son  monde  ;  il  remettra  les  prisonniers 
A  ceux  qui  n'auront  pas  les  meilleurs 
chevaux,  et  les  fera  partir  d'avance 
par  le  chemm  le  phis  proche;  il  les 
suivra  avec  le  reste  de  sa  troupe  à  une 
certaine  distance  et  formera  l'arrière- 
garde. 


CHAPITRE  XIII. 

De  rtUaqne  d'aa  quartier  de  hamrdi 

la  Boli. 


Si ,  par  les  raisons  dont  on  a  fUt 
mention  à  l'article  de  l'attaque  pendant 
le  jour,  ou  avait  résolu  d'en  faire  une 
pendant  la  nuit,  l'on  s'approchera  du 
aussi  près  qu*oo  le  pourra;  qii 


198 


twiintCCtidN  si!<!iiiM 


évitera  te§  grandes  gafdes  p«hr  (tel  dd^ 
fotirs  ponr  dttrpfendre  Tentietiil  en  dbs 
et  on  Tempècherd ,  antant  qall  sèr«i 
possible,  d6  8é  l'àssembtél*. 

tl  fdudit  d^&bof d ,  en  grand  silence, 
envoyerravant-gârdéétt  ai^ntfiTecdes 
voltigeurs  qui  s'Approcheront  de  fën' 
rtemî  ;  aussitôt  qu'ils  se  verront  dêcoti- 
vérts,  ils  fondront  dessus  au  grand  ga- 
lop, fâcheront  de  se  mêler  avec  lui,  ne 
lui  laisseront  pas  le  temps  de  monter  A 
«heval,  et  chercheront  h  pénétrer  fttee 
hit  dans  le  Village.  On  téth  une  bOfme 
rétiartitloH  de  Sôn  détachement  ftvàiit 
de  rien  entreprendre  ;  et,  pour  te  ftire 

flv^e  Justesse,  Vm  se  dirigera  sur  la 
(brce  de  r^tnéml.  Supposé  quecehû'^ 

ci  soit  de  cinquante  chevMUï ,  et  que 

tkwr  nKtaquer  oh  n^en  i\t  que  vingt- 
tfMj ou  trente,  on  fcirà  M  répartition 
«tiivtMev  ' 

Oif  «nrerra  un  bai-oWclèr  arec  dli 
èhevMA  éu  SfvtMt  pour  faire  f  ^tant^ 

garde  ;  il  doit  être  informé  de  ta  pliiM 

iTalarmé  dêf  PMnèuri ,  it  tâehera  d'y 
ÉfHver  enÉiémé  tc^i^que  luf;  llfon*- 
'Ara  defifîM  et  lém  prisonniers ,  dis«- 
pëfÉtfa  etsihreni  touseeux  apfîl  pouf^ 
lii  éticfttdre. 
TTuê  leOtnMIé  troupe,  iusst  de  dit 

eheVanï,  qut  suivra  l'AVMt^afde  de 

très  prM,  pénétrera  au  vHiage  avec 
elle ,  se  dispei^sera  ausiMOt ,  et  empê- 
chera Tennemi  de  courir  aux  armiOS  et 
de  s'assembler.  On  sabrera  tous  ceux 
qui  sortiront  des  maisons  un  par  un,  et, 
comme  il  a  déjà  é4é  4it  jpluft  haut,  l'on 
ne  s'amusera  pas  à  faire  des  prison- 
ahrt,  è  neMiaqM  l'AmMAi  M  toît  to- 
talement en  dérwtê  et  hors  de  résis- 
tance. 


une  troisième  troupe  de  dnq  hom- 
mes, serrée  à* la  première,  la  suivra  ta 

ttHag^,  restera  «useudMe,  et 9e dirigera  dans  la  retrMie  comme  Ht  éiéill 

^  le  point  où  rennèml  fera  le  Wus  f att«|ie  ée  )<Mfr 


wt  fésistMice  et  ofl^lt^MfSMréf  te  pNis 


de  bruit ,  pour  soutenir  la  pirtfé  qirf 

en  attrait  besoin. 

Une  quatrième  troupiê,  aussi  Méliy 
hommes,  restera  serrée  dévaM  te  tilfe» 

g«,  etde  pied  ferme,  AuupoSHiBiépM. 

reeevofr  les  prisonniers.  MuM  A  mm 
dernière  ^upe  s'apetfoit  qU(f  rMnedl 
est  batvu ,  deut  ou  trots  bonuMs  a^M 
détacheroM  et  patrouiiMreM  M  imf 
du  viitage  pour  empediorqtM^^m  il 
ronnemi  de  s'évader  à  pied. 

on  âier(Aerii ,  dans  cè9  AHàqUiff  ff 
surprendre  <Fabord,  oOHMHléfl  I  éMflN 

cMevant,  te  quartierde  l'oiBete^ti  m 
le  tera  prhNMinter;  tes  vomgeun  mapè^ 
eheront  les  autres  soMuts  euMnii  M 
courir  aut  annea  et  de  w  foMMa 
ceut«d ,  se  voyant  surpris^  dtei^Hw» 
roUf  plutôt  ft  é^^appèrpar  les  jiMim 

ou  à  8é  cacher,  mifls  quatUI  iMiM  ftf 
en  auraK  quëlqueMUi  qui  se  flMill 
assemués  pour  résister,  la  troiHèsM 
troupe  sora  toujours  assM  fortt^pouf  tes 

renverser.  L'officier  étâAf  prtt,  p0^ 

sonne  ne  potfrrh  donner  des  otwai  et 

rassemoier  ceux  qm  seronc  ui9|peise9^ 
L'ofBder  commandant  sera  'paiMM 
présent  pour  donner  tea  ordres  néeet^ 
satrtfs,  et,  après  avoir  fait  sott  c<Mip  i  M 
se  retirera  à  temps,  comme  fl  a  été  M 
k  rarticle  de  l'attaque  pendant  le  fg». 
km  attaques  de  Mtlt  il  foM  «MMu^ 

ment  empêcher  et  défendre  HéfWi^- 

ment  tout  genre  de  pfliat^,  paM»  ^ 
te  simpte  soldat  oubHe  te  point  ftMK 
pai'  Il  cottffnet  impunéMoni  doi  m^ 
sessés,  qui  OiMt  Féeiat  é  la  plui  Mtfe 
aftraH  du  monde  «  qui  tefMSaëfit  nkini^- 
n«uf  de  rofilMef ,  et  peuvent  randte 
ttfflie  rentrepnse  bemrMso  méMe^Hi^ 
qu'alors,  et  précipiter  te  détneiiMHNtt 

dans  le  maUeur  où  liaurÉNfatt  tMrtfear 

rennent.'  au  reste ,  On  au  eompoHera 


PMMiNito^mMprtato  dfeditenil 


iHBÏÈtmÊÊàlffÊ  «B  86  damer  an  ri- 
pM  on  m  nom  MMiuel  on  pniMe  se 
iwonnaltre^On  pourrait,  par  exemple, 
moamer  les  poliMes,  mettre  les  man- 
teaux ,  Attacher  du  linge  blanc  autoar 
du  bria ,  mettre  nne  brandie  d'arbre , 
priiK4pdleiM}nt  de  chêne  sur  le  bon- 
tuet,  Mi  dkoisir  tin  mot  que  Ton  corn- 
mttnhftiera  d'atance  A  ses  soldats  afln 
qa*ils  puissent  se  reconnaître  dans 
robiedrité  en  «'appelant  de  cette  ma- 
AMre ,  iMns  cela  II  arriverait  sonvent 
qtTefrtfe  eoi  on  se  ferait  beaucoup  de 
tort. 


m 


CHAPITRE  XIY. 
CMdofte'dé  f officier  IOfM|a*ll  fera  conirlbaer. 


Ott  mr  doit  pas  songer  à  faire  contri<* 

tierfÉB  pays  lorsqu'il  s'y  trouve  ercore 

kê  eniMMii»  :  le  général  commandant 

y  veilMra*  Lorsque  l'cfxécittion  peut 

4toB  MM,  il  arrive  rarement  qu'un 

•eàl  «iflleier  toit  chargé  de  celle  d'un 

m^  «Mier.  Ce  demîor  peut ,  dans  le 

Mretai  qui  hil  est  assigné ,  assurer  la 

fWtUée  per  des  menaces,  des  otages, 

Sti^ll  eMnéoeasalf  e,  par  des  exécutions. 

fhM  <ffwn  pays  ne  refuse  pas  de 

oontribuer,  ou  de  livrer  ce  qac  l'on 

0xig«,  en  ne  doH  faire  aucune  vio- 

eC  rofflcier  tiendra  ses  soldats 

iliMM  ttM  disotpHtfie  sévère. 

D  IKT  lettf  permettra  nul  excès,  de 

«fUrihfiié  nature  <yi'll  pftisae  être  ;  mais 

il  tiendra  la  main  à  ce  qu'ils  ae  ronten*- 

«Me  irm  tmteamit  raisomiable  peur 

«n  eC  iMra  chevaux.  L'offlcier  d*nii 

til  délâdiMiiM  parviendra  par  lèptah 

lAt  i  soft  but,  eC  le  pays  livrera  toiH 

je«f»ftatôt  ee  qu'on  faii  demande,  que 

4  pv  4e»  vMeneea  et  des  exécutions 

outrées  m  le  mettaM  hors  d'état  de  le 


Ddns  cette  occasioii,  l'ofOeier  consi* 
dérera  sans  cesse  le  bien  de  toute  l'ar* 
mée,  et  son  intérêt  propre  ne  lui  per^ 
mettra  jamais  de  ne  s'acquitter  do  sem« 
blables  commissions  qu'à  son  avanlage^- 
ou  d'oublier  le  dessein  pour  lequel  il 
aura  été  envoyé,  ^n  principal  soin 
sera  de  faire  exactement  la  volonté  de 
son  chef,  et  d'étudier  et  observer  tout 
ce  qui  peut  être  utile  à  l'armée. 

D'ailleurs  il  restera  avec  son  déta- 
chement dans  ce  pays  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  rappelé  par  ordre  de  son  général 
commandant  ;  il  pourra  se  retirer  lor»% 
que  les  habitans  lui  auront  certifié  par 
écrit  qu'ils  ont  délivré  ce  qui  leur  a  été 
denuindé. 

En  tout  cela  il  prendra  garde  à  sa 
propre  sûreté,  parce  qu'il  pourra  bien 
s'imaginer  tout  ce  qu*îl  risque  dan»  une 
occasion  où  les  gens  sont  forcés  de 
donner  beaucoup.  Les  habitans,  eai 
préparant  leurs  contributions,  feront 
tous  leurs  efforts  pour  se  débarrasser 
de  tels  hAtes,  s*il  leur  est  possible  ;  ils 
en  avertiront  l'ennemi  le  plus  proche, 
afin  que  par  son  arrivée  imprévue  il 
puisse  anéantir  nos  prétentions,  et 
leur  conserver  leur  bien.  C'est  pour- 
quoi l'offlcier  fera  bien  de  prendre  son 
quartier  de  manière  que  les  villages  les 
plus  proches  de  l'ennemi ,  qui  seront 
obligés  de  contribuer ,  restent  derrière 
lui  et  qu'il  puisse  savoir  de  sea  pa- 
trouilleurs  quelle  est  la  conduite  de 
l'ennemie  s'il  est  tranquille ,  s'il  est  eu 
mouvement,  ou  s'il  reçoit  quelques 
renforts  :  il  prendra  ses  mesures  en 
conséquence  pour  faire  dépécher  les 
livraisons,  ou  laisser  le  temps  au*  ha« 
bitans  de  les  faire,  sans  user  de  vio- 
lence à  leur  égard.  Il  avertira  son  gé- 
néral de  tous  les  changemens  et  mou- 
vemens  qu'il  apprendra,  parce  que ,  si 
l'ennemi  voulait  empêcher  la  conUri- 
bution ,  il  faudrait  prévenir  ce  dessein 


m 

en  enToymt  à  rofBicier  un  renfort  de 
quelques  autres  détadiemens.  De  cette 
manière  il  sera  toujours  en  état  de  par- 
venir à  son  but  qu'il  remplira  avec  la 
dernière  exactitude. 

On  pose  à  présent  le  cas  qu'on  soit 
otdigé  de  faire  contribuer  un  pays  dans 
lequel  Tennemi  n'est  point  à  la  vérité, 
mais  que  ses  patroaiUes  fréquentes 
rendent  dangereux.  Cela  ne  peut  arri- 
ver que  quand  on  a  devant  soi  un  pays 
qui  ne  nous  est  pas  commode ,  et  qui 
est  favorable  à  l'ennemi  pour  s'y  arrè* 
ter  et  de  là  inquiéter  notre  armée,  ou 
bien  l'observer.  Par  cette  raison  on  fera 
tous  les  efforts  possibles  pour  tan  Mer 
les  moyens  de  s'y  arrêter,  et  on  tâchera 
de  faire  partir  sur-Ie-cbamp  tout  ce  que 
l'on  pourra  tirer  d'un  tel  pays. 

n  arrive  souvent  qu'un  ccurpsmanque 
de  vivres,  ou  que  ce  soit  les  ordres  du 
chef  qu*nn  certain  pays  doive  livrer  des 
vivres,  soit  pour  le  diAtier ,  soit  pour 
d^autres  raisons:  dans  ces  deux  cas, 
rofBcier  prendra  des  mesures  différâ- 
tes de  celles  dont  il  se  servira  dans  un 
pays  où  il  n'y  a  pas  d'ennemi,  ou  dont 
celui*Hd  est  assez  éMgné  pour  ne  pas 
nuire. 

C'est  encore  là  qu'il  faut  se  procurer 
une  connaissance  exacte  de  tout  le 
pays,  et  savoir  si  l'ennemi  y  vient  avec 
des  détachemens  ou  seulement  avec 
des  patrouilles;  comment  il  traite  les 
habitans,  s'il  s'attire  leur  haine  en  pil- 
lant et  par  d'antres  excès,  ou  s'il  lés 
ménage. 

L'officier  tâchera  de  gagner  les  ha- 
bitans pour  en  tirer  des  nouvelles  de 
l'ennemi,  et  pour  mettre  ses  patrouilles 
propres  en  sAreté.  Il  s'informera  exac- 
Tement  du  pays  et  des  villages  où  l'en- 
nemi a  coutume  d'envoyer  les  siennes; 
SI  elles  sont  nombreuses  ;  du  chemin 
au  elles  prennent;  qaand  eHes  vien- 
nent et  ren  retournent ,  s'il  v  a  loin  de 


UfSTMCnON  SBCUETS 


là  à  l'endroit  où  est  le  corps  dont 
patrouilles  sont  détadiées  ;  enfin ,  al  le 
pays  est  rempli  de  buissons;  s'il  est 
marécageux,  montagneux,  ou  s'il  est 
ooupé  dequelque  autre  façon.  Pour  sa- 
voir tout  cela,  il  se  servira  en  partie 
d'un  bon  espion  et  en  partie  d'ane 
bonne  carte  particulière  ;  après  quoi  U 
dirigera  sa  marche,  et  fera  sa  commia- 
sion  le  mieux  qu'il  pourra. 

Ces  sortes  d'expéditions  ne  permet- 
tant pas  que  l'officier  divise  trop  son 
détachement  sans  s'exposer  au  danger; 
le  meilleur  parti  sera  de  faire  sa  mar- 
che en  guise  de  patrouille ,  avec  une 
avant  et  une  arrière  garde  et  des  pa- 
trouilleurs des  deux  côtés  :  il  tâchera 
cependant  d'être  toujours  caché.  C'est 
pourquoi  il  recommandera  à  ses  soldats 
de  s'arrêter  à  la  moindre  découverte 
qu'ils  feront  de  l'ennemi,  de  lui  en 
donner  avis,  et  d'écouter  si  l'enneaii 
ne  change  point  sa  marche  et  prend  un 
autre  chemin.  11  n'entrera  pas.  de  suite 
dans  un  village,  mais  il  s'arrêtera  dans 
un  buisson  ou  vallon  voisin  ;  de  là  il  v 
détachera  un  ou  deux  bas-ofHciers  sur 
lesquels  il  pourra  se  fier  avec  six  on 
huit  hommes.  Ils  agiront  avec  la  phis 
grande  précaution,  s'ils  ne  veulent  pas 
se  hasarder  et  risquer  de  ne  rien  faire 
ou  de  se  faire  prendre. 

Pour  réussir  dans  son  dessein ,  l'of- 
ficier, aussi  bien  que  les  bas-ofBcieri 
qu'il  aura  soin  d'instruire ,  posteront 
leurs  gardes  de  manière  qu'elles  pois- 
sent découvrir  tout  le  pays  que  Teniie^ 
mi  occupe. 

n  fera  faire  de  fréquentes,  pafroiril- 
les;  ces  patrouilles  ne  se  montreront 
dans  aucun  village ,  matcberont  tou- 
jours cachées  et  tâcheront  de  ne  jih- 
mais  perdre  de  vue  le  côté  où  sera  Ten- 
nemi.  Mais  l'officier  restera  dans  qud- 
que  petit  bois  devant  le  village  quHI 
voudra  faire  contribuer,  et  ciuuigera 


BénoBfe  A  Ftiniiic  ii. 


Wi 


de  place  aosai  SMveDt  qpi'il  te  jugera  à 
propos,  de  peur  d'être  trahi ,  ou  par 
qoekpies  déserteurs  ou  par  d'autres  ac- 
cideos  ;  mais  il  n'eu  changera  Jamais 
sans  en  aToir  averti  ses  patrouilles,  afin 
qu'elles  puissent  le  rejoindre,  si  TeuBe- 
mi  voulait  les  surprendre. 

Ces  précauticms  étaiA  prises ,  il  eur- 
Yena  quelifues-uns  de  ses  soldats  an 
village  et  se  fera  amener  le  directeur, 
le  bourgmestre,  le  juge  ou  les  gens  qpi 
j  auront  le  plus  d'autorité  ;  et,  afin 
(|a*ib  ne  puissent  pas  juger  de  la  force 
de  son  détachement,  il  en  fera  cacher 
lanMMtié  au  fond  du  buisson  pour  leur 
faire  crwe  qu'il  est  beaucoup  plus  fort 
qu'il  ne  fest  effefstiTement:  il  leur  si- 
gnifiera ce  qu'ils  seront  obligés  de  li- 
vrer, et  en  quel  temps.  Us  allégueront 
(HobaUement  toutes  sortes  de  pré- 
telles  pour  s'en  exempter,  et  tirer 
raffaire  en  longueur  ;  mais^  les  circons- 
tances ne  permettant  pas  à  Tofficier 
de  perdre  du  temps  à  capituler,  il  les 
traitera  ayec  hauteur,  les  renverra  en 
retenant  près  de  lui  celui  qui  sera  le 
plas  distingué  d'entre  eux ,  avec  la 
flKDace  d'exécution  militaire  s'ils  ne 
procorent  à  temps  ce  qu'il  leur  de- 
mande. 

Les  gardes  et  les  patrouiUes  feront 
attention  que  personne  du  village  ne 
se  glisse  du  cAté  de  l'ennoni  ;  ils  arrê- 
teront tous  ceux  qui  voudront  s'y  ren- 
dre. 

Lorsqu'il  aura  reçu  ce  qu'il  avait  de- 
mandé, l'officier  le  fera  charger  sur 
des  chariots,  et  l'enverra,  sous  la  cour 
dnite  d'un  bas-officier  et  de  quelques 
M>ldats.  à  l'armée,  avec  l'indication  de 
leur  marche.  U  se  fera  donner  un  cer- 
tificat, par  la  communauté,  de  ce  qu'il 
aora  reçu,  lequel  lui  servira  de  légiti- 
mation près  du  général.  Les  bas-offif- 
ciers  détachés  agiront  de  même,  et 
le  feront  certifier  de  n'avoir  fait  au- 


cun excès.  L'officier  peut  prétendue 
ipi'ils  lui  anoièoent  un  homme  de  la 
CMununanté,  qui  lui  rendra  comiple 
comment  son  détadiement  s'est  ocmb- 
porté. 

La  Uvraison  étant  faite,  il  fiant  que 
diacun  de  ses  hommes  soit  averti  dki 
départ,  et  tous  couvriront  jusqu'à 
l'armée  le^transport  qu'ils  escorte^ 
ront. 


CHAPITRE  XT. 

Dm  places  d'alanne. 

On  ne  doit  pas  les  choisir  indifférem- 
ment ;  car  s'il  arrive  une  alerte,  il  faut 
qu'on  s*assend>le  dans  un  instant,  qu^on 
se  forme,  et  qu'on  fasse  tète  à  Fenne- 
mi.  Pour  en  faire  bien  le  dboiz,  il  faut 
connaître  tout  le  circuit  du  village,  et 
voir  s'H  est  montagneux,  pbt  ou  cou- 
pé. Il  faut  distinguer  si  cette  place  est 
destinée  pour  se  rassembler  de  jour 
ou  de  nuit.  Il  faudra  aussi  voir  si  Ton 
peut  y  rassembler  phisieurs  troupes,  si 
le  pays  est  étendu  ou  borné,  et  si  la 
place  peut  servir  seulement  pour  les 
chevaux-légers,  ou  bien  pour  d'autres 
troupes. 

Si  le  village  est  occupé  par  des  husk 
sards,  on  ne  doit  jamais  choisir  la  pla- 
ce d'alarme  devant,  mais  derrière  le 
village,  ou  du  cAté  où  sera  posté  le 
secours,  parce  que  rennemi,  s'appro^ 
chant  avec  vivacité,  pourrait  empÂdier 
les  soldats  de  s'assembler,  et  les  dis- 
perser, s'Us  sortaient  un  i  un  pour  s'y 
rendre. 

PendanI  le  jour,  elle  sera  choisie 
devant  le  village,  du  côté  où  seront  les 
gardes  avancées,  pour  les  couvrir,  de 
même  que  les.quartien. 

Mais  si  l'on  opère  dans  un  puyapilt 
0t  m^  l>iimN  pffM^iiAnMwrdolaw 


tmnMflOlt  8BCMVI 


46i6a{  î}  flwt  alonldioiflirte  derrière 
^  tfq  ViUft^t  et  j  «e»ir  dei  soldats  4vci^ 
lélli^Mislamiiient  De  eetlê^pltoa  IVrfB- 
«er  emwiia  ontiMMll«iedt  des  pa-* 
tronilleurs  à  la  ronde  pour  sa  sûreté. 
.  ,VfMckx  M  le  has-ottcier  de  Fa-' 
IMHwrde  «oiHMitn  cette  fiaoe,  aBq 
4e  li  trouver  s'il^vail  ifuelquç  rapport 
iAûfe  pattdept  le nait^M,  s'il  venait 
à  être  attaqué  ou  repoussé,  afin  quMI 
puisse  rejoindre  sa  troupe. 

Si  Ton  était  dans  un  pays  coupé,  il 
faudrait  ct^oisir  Ift  pl^ce  4'^arme,  pour 
le  jour  et  la  nuit,  derrière  un  défilé  par 
oùTennemi  ne  pourrait  s'empêcher  de 
passer,  parce  qu'il  est  aisé  de  défen-> 

(|}re  we  teU^  place  avec  p^u  de  monde 
fiQPtre  m  vmi  nombre.  U  faoït  otn 
server  ici  qw  e'e$t  toRiQuri  we  très 
grande  faute  de  t^  placer  devant  un 
défilé  SM19  être  9QUteni|  ptvr  de  Tinfm- 
terie. 

Si  peoidant  le  nuit  U  y  a  queiiioe 
alerte^  le  détachement  s'assemblera  à 
la  b^te  d^i^re  le  village,  pour  &ire 
une  ft^tç  ré^tMce  à  l'ennemi.  Si 
VoD  était  pressé  par  un  ennemi  ^é- 
JTieur  en  fwçe«  U  fmix9k\  se  retirer  à 
petit  jf^^  p(w  liûâ^er  le  temps  k  la 
troupe  de  derrière  de  se  former,  k  l'ef- 
fet de  recevoir  l'ennemi ,  le  cbaiWlf 
rt  fBÙW  MRt^lr^  un  bew  qwp« 

h»  ptan;^  OMu^tiwAées  ei-dmus 
lerant  muntrée^  d^  pf ^  et  eiiiiiqntes 
nm;  4oldeta«  Us  oQieierii  devront  Hm- 
jours  4tre  les  premiers  k  s'y  rendre, 
al^d^meUre  twt  leujr  lymide  e»Qr#e 


i< 


I 

Ûu  c<)up-d*œif  militaire. 


Selon  le  seDttMiilf  "iu  cbefaller  Vu- 
<IÉld;(#«al«M  «eleMe  d*appr6rà«  à 
M*ii«tia  la  MllM  M  la  i[aaliiè  du 


pays  06  Pén  Mt  h  gMite,  et  la  pea- 
¥air  d'an  coup-d'cail  déoouvrir  tes 
avantages  et  les  inoenvénieiis  des  en- 
dions  oà  IV)n  vent  placer  des  postes, 
eamment  tto  peuvent  nom  être  avan- 
tageux et  miMhles  a  Tennemi,  et  tirer 
ainsi  parti  de  Imis  leë  environs.  Cest 
ee  que  nensnoiiiinonBcoiip^d'œll,  sans 
lequel  t'offlder  coannet  ba  ftates  les 
plua  grosslèrea;  sans  ce  tatent,  Foe  ne 
peatae  Hén  proaietfre  dansrwtre  mé- 
tier, et  il  Ami  pour  l'aeqnârfr  beaoeoap 
d^baUtade  et  d'exerelee. 

(?est  le  devoir  de  elia<}Qe  brave  ofl- 
eiar  de  coMiaMpe  la  guerre  avant  delà 
fafre,  et  de  s'appliquer  ensnlte  à  met- 
tre sa  science  en  pratique.  Mais  eom- 
me  on  ne  fliit  pas  tofQJoiira  la  guerre, 
que  rarmée  n'eal  pas  tonr|ears  en  cam- 
pagne, et  que  learégimena,  dans  le 
eeurs  d^une  année,  ont  peu  d"èccasions 
de  se  réunir  peUr  manœuvrer,  on  peat 
aeqnMr  celte  science  utile  et  néees- 
'  eaire  à  Faide  de  Tesprit  soulemi  pir 
le  aMe,  et  dirigé  par  Pambitien  de  Men 
faire. 

Selon  le  senttnent  de  Foiard,  b 
ehaase  conWlive  le  plos  à  aeqnéitr  aa 
bon  eonp^l'œil  ;  nuire  qu'elle  nousIUt 
connaître  différons  pays  qui  ne  se  m- 
iemMent  pas,  die  nous  suggère  aussi 
nulle  ruses  qui  s'accordeul  à  merreiRe 
avec  la  guerre  ;  on  peut,  ainsi,  y  deve- 
nir habile,  mais  il  Aittt  beanoonp  d'u- 
sage. 

Outre  la  ebasse,  qui,  sans  cela,  ne 
procurerait  rien  d'utile,  lès  voyages, 
tes  promenades,  sont  d*tui  très  grand 
avantage.  Un  œtt  pénétrant  décoorre 
à  l*instant  un  pays  tout  entier. 

On  peut  donner  un  poste  éMgné  à 
un  ennemi  supposé,  s*en  donner  an 
autre  à  sol-même  (tins  Tenâroit  oà 
i*on  est,  et  Juger  dte  tous  les  avantages 
et  désafanla^es  des  lieux  cfrconval- 
lias;  on  sp  ft)lt  l(!'plan  de Taliaqae  da 


DfROBiE  A  FitiOÉRlC  fi. 


poste  ennemi,  et  de  la  défense  da 
sien.  Le  changement  de  pays  faisant 
faire  de  nouvelles  découvertes  et  de 
DOQveaox  plans,  un  homme  désireux 
d'apprendre  quelque  chose  n'y  man- 
quera jamais  d'occupation. 

Ed  se  promenant,  on  peut  juger 
combien  il  y  a  d'un  tel  endroit  è  un 
tdobjet,  et  pour  savoir  ai  l'on  ne  se 


trompe  pas,  et  si  notre  jugement  n'est 
pas  faux,  on  mesurera  pas  à  pas  la  dis- 
tance, pour  se  convaincre  soi-même  de 
son  bon  ou  mauvais  coup-d'œil.  Toiâ 
cela  échappera  à  celui  qui  n*embrâsse 
ce  métier  que  par  nécessité,  et  qui  n'y 
porte  point  de  goût  ;  il  ne  tirera  jamais 
parti  des  circonstances  les  plus  utiles 
et  les  plus  instructives. 


r^'^-' 


MÉMOIRES 


MILITAIRES  ET  POLITIQUES 

DU  GÉNÉRAL  LLOYD, 


iBByAirr  D'nmoDucnoii 


A  L'HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  EN  ALLEMAGNE,  EN  1756, 


ENTRE  LE  ROI  DE  PRUSSE 


n  L'IMPkRATRlCb  RBIKŒ  KT  SES  ALLIÉS. 


QMiqM  ipM...  fMi» 


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I 


PRÉFACE 


t        • 


U/9^  (R«i|>7)  i^Aqoit  en  1739,  4w»  M(  priiwipf^ytè  d^  6a)le»,  en 
Api^l^çç  )  wi  pàn>  eqgag^  ^«09  le^  ordr^»,  e(  chargé  d'Mno  QOijiir 
^flH)<<^  MIW,  wt)&Pt  qu'il  ne  iMisenit  p«»  de  i^\km  i  ae^  eo» 

JDimfi  U^yd  fipbri|i««ëFQPt  \^  Ivigu^s,  Vlûstpir»,  U  politiqMe,  la 
iC^^uvpe^iç»  riWtoiiB  mMir^Uef  (|  ^prouy»  qmelquf  M^telion  «iir  |0 
choii;  (Jd  r^  vmm^  A-  «ppliqu«raU  l<»«  <K^l^#^^I)oe4  v^riéf  s  qM'i) 

Il  pvl^,  Mo»  jfNiqe  flBWfe,  q»  R«w  w  V»  payons,  puis  dm 

îl  tourna  ses  njjfwrd»  v^rf  ^i  («rri^r^  inilUairf,  ojl  §A  vqc^fttioq  !>ppen 
Ifm,  Si^  for^ula  pwr  f^l)Q|eF  UQie  çoquaiwio^  d6j4  les 

grades  m  ▼«■u^mw^  «9  APSt^tff nu*  U  01^  «u  lersit^  da  TAotricl^e^ 
puis  à  pelifi  <jLq  ^  ^iTH^se,  piM»  1^  oeltti  4^  I*  IMwia^  O^m  la  oampago^ 
de  1T74,  il  dirigea  le  siège  df  ^itHitR«<^  A  )»,  p^f  il  fft  r«o#  à  WAunr 

b9Drg,  (4  fi)^  i^»ucimi  pw  Çf^ijmm\  ^w>  m  ^f^m  Wl  vmmk  wk" 


SOS  WBÈWàCM. 

rite  des  envieux,  et  sa  qualité  d'étranger  lui  suscita  des  ennemis;  lui 
qui,  dans  le  grade  de  major-gènèral,  avait  commandé  en  chef  et  avec 
succès  un  corps  détache  de  vingt  mille  hommes,  ne  put  obtenir  la 
croix  de  chevalier  de  Tordre  de  Sainte-Anne.  On  rappela,  à  ce  sujet, 
qu'il  avait  été  chargé  de  missions  secrètes,  lors  de  la  bataille  de  Fon- 
tenoy,  à  Venise,  en  France,  en  Espagne,  en  Portugal,  et  Lloyd  ne  put 
obtenir  la  seule  récompenflr<Ai*il  mfibitÂoait. 

Se  plaignant  alors  de  l'ingratitude  des  souverains,  il  abandonna 
aussi  le  service  de  la  Russie,  et  revint  en  Angleterre,  où  il  écrivit  un 
mémoire  dont  le  gouvernement  fit  l'acquisition,  et  qui  ne  fut  jamais 
publié.  C'est  encore  une  questigp^j^e  savoir  si  ce  travail  avait  pour 
objet  ou  d'indiquer  les  moyens  de  défendre  les  côtes  d'Angleterre,  ou 
ceux  de  les  attaquer.  Ne  pouvant  vivre  même  dans  sa  patrie,  il  se  retira 
en  Flandre,  où  il  mourut  en  1783. 

La  vie' de  Lloyd  a  été  bien  diverse  :  à'sori  déâut,  on  le  comparait  i 
Sydnei,  à  Thomas  Gordon  ;  on  luî  donna  même  le  nom  d'avocat-gé- 
nérat  de  {'humanité,  que  Bayle  avaft  mérité  par  d'immortels  travaux. 
Un  écrivain  ne  craignit  pas  de  dire  qa'il  unissait  f  espirit  concifiateur 
du  philosophe  aux  vues  supérieures  d'un  véritable  homme  d^état  et  au 
génie  du  pliis  grand  capitaine.  Enfin  on  alBrma  que  si  Lloyd  avait  été 
opposé  à  Washington,'  TÀngletenre  efût  conservé  ses  colonies  d'Amé- 
rique. L'esprit  du  siéde  est  positif  ;  il  n'admet  pas  les  sûpposilious. 

Le  temps,  qui  assigne  à  chacun  la  place  qu'il  doit  occuper,  a  fait 
justice  de  ces  exagérations';  le  griaind  politique,  le  héros  de  rhumanité, 
l'homme  juste  de  Platon  ont  disparu  ;  mais  il  reste  à  Lloyd  la  répula- 
tion  d'un  bon  tacticien  et  d'un  écrivain  mifitaire  distingué. 

Lloyd  a  laissé  un  travail  bien  étudié  sut  les  frontières  respociives  des 
Étals  de  FEurope,  et  unte  Histoire  de  la  gtierre'de  sept  ans;  nous 
avons  dft  préferei"  lé  récit  du  giind  Frédéric,  qui,  dans  sa  propre 
caittse,  a  fait  preuté  d'iinèi  i^re  hnpàrti£lité. 

4  9  * 

Oej^is  quatre  vingts  années,  Veipérièfnoe,  fruit  de  longues  guerres| 


mtrâCB.  Mi 

les  découvertes  dans  les  sciences  ont  amené  des  changemens  notables 
dans  les  manœuvres  et  dans  la  confection  et  l'emploi  des  armes  ;  et, 
par  une  conséquence  forcée,  on  a  vu  snrgir  des  différences  essentielles 
dans  les  principes  constitutifs  sur  lesquels  Lloyd  avait  établi  ses  règles, 
ses  résumés  ;  et  cependant ,  nous  les  reproduisons ,  laissant  au  lec- 
teur éclairé  le  soin  de  rectifier.  Mais  les  principes  restent  les  mêmes, 
alors  que  leur  application  varie  :  les  hommes  nouveaux  n'en  doi- 
vent pas  moins  de  reconnaissance  à  leurs  devanciers ,  qui  ont  frayé 
la  route.  On  peut  donc  affirmer  que  c'est  à  ces  derniers  que  nous 
sommes  redevables  de  Tétat  actuel,  qui  n'est  que  le  produit  perfec 
tioQoè  de  leurs  travaux. 


mm 


tJA^aM% 


i'      ■  1 


(•■ 


•    . 


DE  LA  COMPOSITION 


DES 


AfiMËES 


AJÎGIENNËS  ET  MÔfiÉfiî^ÊS. 


CltAptttat  int^tnxR, 


De  la  (lierre  en  g^n^ref. 

la  gaôire  est  ùrï  état  d'action  ;  fané 
^rmée  est  une  macfiinc  mobttcf  rfesti- 
tiée  à  exécniét  tdûs  lés  mofùvcniienss 
militaires.  Cette  machfno,  airiST  que 
les  autres,  est  composée  de  dliïoréMés 
parties,  et  sa  perfectrôri  d6j)(^n(i  dé  la 
bonne  constitution  dé  cfiacunc  de  cc^ 
parties,  prisé  sc^parcmeA^  et  de  leur 
bon  arrangement  cnt^é  elles.  LêM 
objet  commun  doit  é(ré  dé  réuritr  <;és 
trois  propriétés  essôntietfes  :  fàf  terftS. 
f;agilité  et  une  mobilité  ùîiTvo^lle*.  9( 
ta  combinaison  do  toutes  fcs  pntttéfi 
produit  cet  effet  désiré,  on  ^ut  dire 
^e  la  mairvtine  est  parfÀté  ;  ff  fthtt 
bien  prenorv  gar<ïe  qùô  Ttfné  dé  re^ 
propriétés  ne  s'augmeiiCe  âû<  d'/^6M 
de  Tune  dos  deux  autres ,  tniiii  ^u*^ 
contraire  rensembic  annonce  dié  jnï- 
te  proportion. 

Par  la  force  df*uhe  armée,  je  ri*éW- 
jteiids  point  celle  mulUludc  d  éïïbrts 
qui  réMiffe  du  hoôibrë  iei  ftoffiitliè^ 


rtftia  eette  Tigneur  eMIecHve  qiri  vitnl 
(te  M  disposition  et  de  ranmemenl  tel 
tM)ilfies.  Gèitté  forcé  doit  être  neavé^ 
«lir  W»  projets  de  guerre  qu'on  ae  fbm 
rfite;  éfif  étal  d'attaqjà^  conMOe  dfrse 
défendre  eiMitre  ht  cavalerie  ou^  ceatfla 
l'inrarrterie ,  dam  un  pays  ouvert^  aiii^ 
si  Men  que  dama  un  paya  monlagiiaux 
et  coupé. 

Par  agiirté,  je  veo»  dire  eette  vHeasê 
àrec  laquelle  une  armée  marche,  et 
exéeutc  différeos  moavemens  qui  de^ 
vîemnent  nécessaires  dans  le  cours  d'u- 
AcF  fUfripaifne.  Celte  propriété  est  la 
plus  essent relie  de  toutes  ;  elle  ne  peut 
ffm^ér'if  que  pur  nrt  coiitinuei  eiW'- 
tkë,  et  encore  ne  sulH^tl  pas  t  il  b^t 
(fM  la  eomrtitfittoir  ibème  des  troupes 
ail  été  calculée,  peur  bteiliter  le»  uioiK 
VéWens. 

té  ptejfnief  |h^lème  de  la  taeiique 
A&K  être  cehrt-ei'  :  Quéti9  e»!  la  dtUfKH 
*i'9àn  H  ffonnér  é  uàffl  nmnbre  d'homr' 
m^  pfffûr  ^uHt  fmû^êài  ie  ÉnmviHr  êi 
éjfîràtëf  la  /'lue  gntiiiê  viieêge  fHtêéiblêf 
r*est  de  hi  solutioa  ée  ce  problèine 
que  <fé|^rtd  prindpalement  le  auœàa 
m  opfertiti»to^*f  lèiheiwi 


«t 


«AT  ««  '     »  •    > 


Une  tfMée  ihamt  tettf Hé  supérieure, 
quoiqpie  Bmas  noiiibreiise ,  prévient 
tous  let  iiMm?eaienft  40  l'eiviemi  ;  elle 
peut,  par  sa  vitesse,  porter  plus  de 
monde  sur  le  même  point,  ce  qoi 
est  un  grand  avantage,  et  presque 
toujours  fléeisIC  4  la  gaeçre. 

Une  bataille  est  une  scène  mobife, 
dont  toutes  les  circonstances  sont  ra- 
pides et  fugitives.  L'activité  sert  à  sai- 
sir Toecasion  favorable  ;  si  yous  la  lais- 
se! écliapper,  vous  tie  retrouverez 
peut-être  pas,  dans  le  cours  de  vingt 
canqwgnes,  ce  qui  se  présentait  i  vous 
un  Jour  de  bataille,  et  dont  vous  n'a- 
vez pas  su  vous  prévaloir. 

Par  la  mobilité  universelle,  je  veux 
dire  une  formation  qui  soit  applicable 
i  ténia  espèce  de  teffraiii  et  eonir» 
Mlla  eapècB  de  tnsnpes,  soit  pour 
rMaqua  ou  pour  la  ééfense;  car  la 
Bine  de  bataiile  étant  une  fois  fomée 
«avwt  rMMiBi,  il  est  bien  diiBotte  de 
dttmger  son  oidra  al  de  faire  aucun 
mMvénent,  à  moins  que  ce  ne  soit  de 
Mn^  aumi  quand  on  croit  avoir  quel-» 
ques  changemens  à  faire,  on  a  recours 
i  la  seconde  Kgne  ou  à  la  réserve,  et 
presque  toujours  sans  succès.  Il  est 
doncéBlapiusindiapeQsaUe  nécessité 
que  taf  première  fonnation  des  troupes 
soit  de  nalmre  è  pouvoir  s'appliquer  à 
iMles  les  cireoBstanees  possibles,  de 
sorte  qu'il  n'y  ait  plus  rien  i  changer 
pendant  la  durée  de  l'aelioo,  si  ce 
«'est  ée  porter  plus  ou  moins  de  mon- 
de sur  un  pokit  donné. 

Si  donc  une  armée  réunit  ces  toob 
impriétés,  ioiee,  agiHté  et  mobilité 
universaUe^  qaà  constituent  la  perfeo- 
tion,  41  eSI  évideni  que  l'espèce  d'ar- 
mes dont  elle  tJt  usage,  la  manière 
He  s'en  servir  et  les  évohitions  qu'elle 
eiécute,  doivent  étse  analogues  à  ces 
frtndpes,  cl  quo  lout  ce  qui  n'y  est 
pas  confStwHM  doit  ètoe  bami  emune 


{ inutile  au  motus,  s*il  n'est  dsngereux 
et  impraticable,  comme  cela  se  voit 
trop  souvent. 

Je  sais^qué  sur  tous  ces  points  il  eal 
irtus  aisé  de  formw  des  systèmes  que 
de  les  mettre  en  pratique.  Tout  ce  qui 
est  prodoit  par  la  main  det  hommes  se 
reaMit.de  ieir.f^lesso;  suis,  il  ne 
faut  pas  se  désespérer  si  on  ne  peut 
atteindre  à  la  periection  qu'on  désire  ; 
en  approcher  est  déjà  un  grand  mé* 
rite,  et  dans  l'objet  qui  nous  occupe, 
il  est  presque  suffisant. 

Faute  de  principes  sûrs  et  arrêtés 
sur  Ja  constitution  d'une  armée,  le  cn- 
price  et  l'esprit  d'imitation  semblent 
avoir  été  nos  seuls  guides;  de  là  cette 
multitude  de  changemens  et  de  nou- 
veautés eontinuaHes^  introduites 
dans  les  armées  modernes  :  l'erreur  et 
la  folie  se  succédaient  sans  cesse  ;  la 
mode  régnait  dans  les  manœuvres 
comme  dans  les  parures;  ofi'admimit 
et  on  vantait  aujourd'hui  ce  qu'on  de- 
vait blâmer  et  bannir  demain ,  pour 
le  remplacer  par  quelque  autre  ima- 
gination aussi  ridicule  et  aussi  peu 
stable. 

Un  grand  prince  de  notre  temps  a 
fait,  dans  le  cours  de  son  règne,  des 
actions  vraiment  extraordinaires;  et 
d'après  cela,  nos  militaires  ont  cru  n'a- 
voir rien  de  mieux  à  faire  que  d'adop- 
ter sa  imime,  son  exercice ,  ses  manœu- 
offi,  etc.  On  n'a  p^s  assez  considéré 
que  ses  succès  militaires  dépendaient 
de  sa  situation  et  de  celle  de  ses  en- 
ninnis,  et  qu'un  souverain/doué  de  si 
rares  talens,  qui  commande  tui-méme 
ses  armées,  a  des  avantages  que  rien 
ne  peut  égaler  pour  produire  cet  en- 
semble et  cette  vigueur  d'action,  d'on 
dépend  la  plus  grande  partie  des  évè- 
nemens  heureux  de  la  guerre. 

L'attention  continuelle  du  roi  de 
Prusse  à  maintenir  la  d|scipKne 


«  •  ' « I  t.*. 


m  iMipes'  M  étmaè  om  fadltté  àt 
oiBœiiTffer  sopMeure  à  tow  ses  en* 
oemis,  et  c'est  ose  des  cmaes  priiid- 
piles  de  fle»  victoires;  sa  tète  et  son 
cœur  ont  lait  te  reste.  Celte  ismie,  et 
aille  aatres  choses  ÎMilMce  dont  ilfa- 
lifliie  son  arasée,  n'y  sont  pour  rien. 
Je  m'ooeuperai  dans  le  chapitre  sai- 
fant  des  moyens  de  prévfjiir  la  fréné- 
ie  de  riflBilation,:et  de  donner,  sll  est 
poanble,  des  principes  flxes  et  certains 
air  la  oomposition  et  la  conduite  d'une 

ofIDre» 


CHAPITRE  11. 

Df  11  coropoiition  d'une  «nuée. 

bsi  difTérentes  opérations  de  la 
guerre,  et  la  variété  des  terrains  où 
elles  peuvent sexécuter,  indiquent  la 
nécessité  d'employer  différentes  espè- 
res d'armes  et  de  troupes;  aussi 
voyons-nous  que  dans  tous  les  temps 
les  armées  ont  été  composées  d'infan- 
terie et  de  cavalerie,  munies  d'armes 
^jtt  et  d'armes  d€  main^  suivant  les 
circonstances.  On  appelle  armes  de  jet 
les  dards,  flèches  et  javelots,  les  pier- 
res, les  balles,  les  boulets,  et  tout  ce 
qui  atteint  de  loin  ;  l'arme  de  main,  ou, 
mieui  encore,  l'arme  blanche,  est  cet- 
te espèce  d'arme  qu'on  porte  près  de 
M)i,  pendant  qu'on  combat  l'ennemi  de 
Taotre  manière  :  c'est  la  pique,  l'épée 
et  la  baïonnette. 

Il  est  inutile  d'observer  que  les  ar- 
Des  de  l'infanterie  et  celles  de  la  cava- 
lerie ont,  ou  du  moins  doivent  avoir, 
on  rapport  intime  et  constant  avec  leur 
ordre  de  combat,  puisque  l'objet  doit 
être  d'employer  ces  armes  avec  le  plus 
d'avantage.  Ce  principe,  qui  paraît  si 
éridaai  de  hû^Âtese,  et  d'MnH  si  ûor 


ns 

I  portanle  nécessité  dans  la  diapôsilion 
des  armées,  oeependant  été  presque 
enlièreBsent  négligé  par  les  Dhoder- 
nés. 

Les  armes  de  jet  des  anciens  étaient 
bien  faibles  en  comparaison  des  n6* 
très  :  nn  boadier  suffisait  pour  en  dé* 
tniire.  ou  do  moins  pour  en  dimimier 
sensiUement  l'effet;  cependant  ils  les 
avaient  trouvées  nécessaires,  et  l'usage 
en  était  frénéral  parmi  eux.  11  est  dair 
que  pour  faire  usage  de  leurs  armes, 
les  arehers  ou  les  frondeurs  ne  pou- 
I  valent  être  rangea  en  masse  on  en  or* 
dre  profond;  on  les  abandonnait  à 
eux-mêmes,  c'esHinltre  que  sur  le  sl^ 
gnal  général  d'avancer  on  de  reculer, 
ils  étaient  maîtres  de  prendre  leur 
temps,  leur  place  et  leur  point  de 
mire. 

Ces  troupes  étaient  d'un  excellent 
usage;  elles  troublaient  et  interrom-» 
paient  les  mouvemens  des  grands 
corps,  quoique  par  leur  défaut  de  for* 
ce  et  de  consistance,  elles  ne  fussent 
pas  capables  de  les  rompre.  Point  de 
terrain  qui  ne  convint  à  ces  troupes 
légères;  mais  les  pays  coupés  leur 
étaient  plus  particulièrement  favora- 
bles, parce  que  dans  les  plaines  la  ca- 
valerie pouvait  les  balayer,  et,  au  con- 
traire, il  n'y  avait  que  dans  les  pays 
plats  et  découverts  que  la  cavalerie  et 
les  grands  corps  pussent  agir  et  se 
mouvoir  librement. 

Une  armée  n'était  complète  que 
quand  elle  réunissait  ces  trois  armes, 
l'infanterie,  la  cavalerie  et  les  troupes 
légères.  Nous  retrouvons  cette  division 
ches  les  anciens,  comme  ches  les  mo- 
dernes. 

Parmi  les  anciens,  les  Tartares  et 
tous  les  peuples  de  l'Asie  en  général, 
on  a  regardé  la  célérité  comme  le  prin* 
dpal  avantage  de  la  cavalerie,  et  celui 
siw  leqgael  il  fallait  compter  lopins.  Il 


m 


le  ^1\%  la  fsisalenl  comUttre 
pâh  mtle  et  en  confusion  ;  do  moins 
Itl  Romains  en  ont  soavent  usé  ainsi, 
car  nous  lisons  que  leur  cavalerie  met^ 
tait  pied  à  terre  atant  le  combat,  et  se 
Mttait  à  pied,  ce  qu'elle  n^aaràit  pu 
Aire  9*il8  avaient  été  formés  en  grands 
csoadroAs,  et  qu'ils  eussent  chargé  eil 
ligné,  à  la  manière  des  thodemes. 

Une  cavalerie  ainsi  constituée  dé- 
fait être  d*un  grand  et  général  usage, 
surtout  poni'  acherer  la  déroute  d'une 
armée  mise  en  désordre;  il  était  dif-^ 
fidle  alors  que  reonemi  ne  fàl  pas  en^ 
tiètement  eiterminé,  conÉme  il  arrive 
encore  aujourd'hui  avec  les  Tartares  et 
les  apahis  (urcs.  Leur  hipide  activité 
'  ne  permet  pas  à  Tinfonlerie  de  preil' 
dre  uti  ordre  de  retraite,  à  moins 
qu'elle  ne  trouve  heureusement  quel* 
que*  luiies,  quelques  ravH»,  derrière 
lesquels  elle  puisse  employer  (illtement 
aon  feu.  Comme  ils  se  séparent  et  se 
diftseOt  par  petits  pclolonsy  par  dem 
M  trois,  et  mèrne  par  homme,  suivant 
kf  besoin,  il  n'y  a  point  pour  eux  de 
diemtns  im])raticaUes  ;  ils  pénètrent 
par'  les  sentierti,  par  les  claires-voies, 
ils  passent  partout;  en  un  moment 
vous  êtes  entourés  et  taillés  en  pièces. 

Le»  modernes  oirt  voulu  réunir  dans 
la  cavalerie  la  masse  el  la  solidité  à  la 
vites»e;  mais  je  crois  ces  qualiti'^s  in- 
conciliables :  la  vitesse  est  la  propriété 
inhérentr  à  1h  cavalerie;  et  je  pense 
que  notre  formation  actuelle  la  dinii- 
ime  ot  même  la  détruit  ;  car  r'esl  une 
rérité  matht'mulique^  que  la  titesse  di- 
nittue  en  raison  de  l^'aug-mcntatiori 
daa  m0stf0.  Les  avantages  atladiés  a 
la  cavalerie  et  aux  Iroupos  It'ir^res,  li*s 
rendaient  absolument  nécessaires  ïuiu*. 
tftTaotre;  cependant,  comme  leur 
BMiière  de  combattre  n'était  ni  géné- 
Nle  ni  décisive,  on  regardait  un  bon 
ëori»  d'infanierie  coBme  la  partie  es- 


tenlieBe  d'une  armé«,  et  41  Teft  on  ef- 
fet, s'il  est  formé  su»  de  bons  principes. 
Ses  opérations  sont  ou  doivent  être  plus 
oniversellésvplussolidei  et  pluidédsi- 
tes  que  celM  de  tout  entre  corps. 

Toutes  les  troupes,  je  croisv  ont  été 
formées  de  tout  temps  en  carrés  mi  eu 
paraiiélop^mméf^  ptl'co  qm  ee  lÔBt  lai 
seules  ligures  qu'on  poisse  donna  i 
un  assemblage  d'hommes  rémiis  pam 
le  mouvement  et  l'action.  La  Jitpasi* 
tion  circulaire  erihpioyéo  fmr  Gésar^  et 
tant  admirée  par  le  maréchal  de  Pof- 
ségur,  ne  pouvait  être  propre  que 
dans  un  point  resserré  et  enveloppé 
de  toutes  parts,  comme  celui  qu'occu- 
pait César. 


CHAPITRE  m. 


De  It  phalange. 


tei  Grecs  rangeaient  leur  infante- 
rie en  une  seule  masse,  qu*ils  appe- 
laient la  phalange.  C'était  un  rorpi 
d'environ  six  mille  hommv"*s,  qu'il  for- 
mflt  un  rarré  ou  un  parallélogramme, 
poil  importe  ;  ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'est 
que  ce  grand  corps  se  mouvait  et  a^îs- 
snit  tout  d'une  pièce,  quand  la  nàtuM 
du  terrain  le  permettait,  et  que  ffï  né- 
cessité seule  dos  lieux  le  forçaîf  à  se 
rompre  en  divisions  ;  deux  cho^é^  ré- 
sultent de  cette  forftiation. 

!•  0»'"ne  telle  massd  ne  pouvait 
être  armée  que  de  piquô^,  Wi'  les  pté^ 
mîers  rnng*î  seuls  auraient'  ë'rï^^tbjf^ 
commodément  d'autres  ûttiiëi^  et  ért- 
cnro  auraient-eUes  été  âd  Itidirtdffe  èf- 
frt:  toute  ct^tte  rta'S^é  folTttarft  irtW 
iî;T.o  ploînê  avec  pôhrf  otl  dtf  tnàhti 
tr^s  pou  d'ihtrY'valle  (f  ). 

(I)  I!  parali  qùtf  p.ir  Ta  nature  évi  armes  4e 
Jet  «le»  atdentf,  il  tsiUàU  iûitff  4rt  bti^éC  A 
eorpt  «o  m«nretMiii  4uf  iT^â' 


m  LkÊftm 


ilf 


•»  Qm  k  moindre  Uiégaiiié  de  ter* 
riM  itttemMipail,  ou  même  «rretait 
eatièréiMttt  les  nnuif  emens  de  la  pha- 
Inge  ;  qu'aioaif  en  éritant  son  choc» 
et  en  rattiraol  dans  nn  pays  coupé, 
dei  Wmpm  forttées  sur  dea  principea 
pina  aoaplea  et  plus  mobiles,  étaient 
ilrea  d*y  porter  le  déaotdre,  la  confu- 
dnn,  et  lrient6t  la  déroute  abaolae.  Si 
la  phalange  déOt  iea  Perses,  c'est  que 
eeitt-€l,  se  ccnOant  dans  leur  molli* 
tude,  eoÉibattifetil  tonjonrs  dans  les 
pWiHto;  les  Romains  les  vainquirent 
iiiM,  iMttte  qoe  la  constitution  deê 
Mgtoiis  étilt  plus  active  et  plus  mobile 
que  celle  des  grandes  armées  asiati- 

D*ofl  il  falit  conelmw  qùé  des  grands 
torps  niËssift,  eontmé  là  phalange  des 
G^ees,  ou  la  colonne  do  cheralier  Fê- 
lant, ilcf  pourraient  agir  ni  en  attaque 
fltf  tfU  netraite,  devant  des  corps  moins 
môminneui,  nmia  armés  de  Âtsils,  et 
^^Éi  général,  Tarére  profond  est  in-^ 
iMdpâtibie  avec  l'usage  des  armes  à 
Wsa. 

L^âvantage  de  ces  corps  profonds  est 
^ans  le  poids  de  leur  masse,  et  dans  la 
jMque  dont  \ïè  doivent  nécessairement 
lire  usage.  Les  premiers  rang$,  pres- 
âéâ  pér  ceux  de  derrière ,  sont  eon-. 
irainb  d'avancer,  les  morts  et  les  bles- 
ik  Éè  remplacent  sur-le-champ  ;  et 
qpioique  le  nombre  soit  diminué,  le 


front  ne  devient  ni  moins  large  ni 
moins  continu;  ainsi  l'action  ne  se  ra* 
lentit  point  4  et  si  le  terrain  permet  à 
ces  corps  de  ne  pas  rompre  leur  en^ 
semble,  dès  qu'ils  peuvent  aborder 
l'ennemi.  Ils  sont  sûrs  de  le  renver- 
ser. 

Quand  on  en  vient  à  croiser  l'arma 
blanche,  les  deoi  partis  sont  tellement 
serrés  qu'il  faut  vaincre  ou  mourit'; 
c'est  ce  qui  Tait  que  les  victoires  des 
anciens  étaient  complètes  et  décisives  ; 
une  ou  deux  batailles  réglaient  le  sort 
d'une  guerre. 

La  longueur  de  la  guerre  du  Pélo- 
ponèse  et  des  guerres  puniques  tient  à 
d'autres  causes  que  j'expliquerai  niU 
leurs.  La  phalange  ne  pouvait  changer 
son  ordre  primitif  ni  rompre  sa  ligne 
pour  poursuivre  l'ennemi  en  déroule  ; 
c'était  raiïaire  de  la  cavalerie  et  des 
troupes  légères,  et  elles  s'en  acquit-* 
taient  ordinairement  si  bien,  qu'il  y 
avait  bien  peu  d'ennemis  qui  écliapas- 
sent. 

Les  (irecs  avaient  peu  de  cavalerie; 
le  pa}s  ne  favorisait  pas  les  développe- 
mens  que  cette  arme  exigé  ;  et  comme 
il  était  partagé  entre  Une  multitude  de 
petits  États,  le  territoire  de  eliacim 
n'aurait  pas  suffi  à  nourrir  tine  cavale- 
rie nombreuse  ;  mf^  leurs  guerres  se 
bornaient  à  des  excwsions  de  peu  de 
jours,  et  leurs  batailles  n'étMent  que 


fQ*i  cet  troapeè  I^res  qui  agiiiaieiii  i 
#MMé,  «toaàie  lIiHiMr  vtenl  rfe  VeiphifÊtr. 
in  awniaUup  Mfféaea  ringt  n  tn  Sks  n^^il- 
èHMi  fM  li  pIqM  ai  Vépét,  et  ae  perracUaU 
ffi  dTaflr  et  prit.  L*Mrtnlage  particulier  du 
•■il  csl  de  réunir  rame  de  jet  t  rtrme  de  It 
tikhi  nafi  M  Ha  IMUt  remployer  aUlemvm 
HfÊà  ëêm  léi  éftà  pMminv  rMigs  ;  la  teb  da 
naMtoa art  lamaaiv tarortain,  aialajaiiér  at 
HpaHa  flMS  da  aéaatdrr  y  da  icfvica.  Qaaad 
ija  ffa«aat  par  la  rau,  la  meilleur  uiaga  qa*aa 
falMa  llUra  du  trobièmie  rang,  c'ett  de  fém- 

fk^  I  ctirgi^  An  ateasdu  êtcçitidf  «a  fiiiMm  . 


demeurer  debofii  Te  pfemfer  riii^,  dont  têfSé' 
iMKttn^Aebt  â  aaast  li«B«raa^  fiaeéitvMeM. 
Ga  qiToB  appelle  I0  fea  dr  illtaidp*  i|u«  a^aié- 
cute  dausaaili  potiUra,  en  Msaui  lirer  d'abord 
le  second  rang  qui  change  d*arme  enstiîie  avec 
le  troisième,  pendant  quA  le  premier  rang  lire, 
et  qu'emufle  cliA|itr  kmhM  de  eet  dl^M  failgi 
elMrrgr,  ajinfé  ai  ttra  t  folaoïd .  ce  fetiv  dl^l*, 
etlla  pldafir,  Wmiaut  naarai  at  la  pkM  ett- 
caee  i|u'oo  pnisfc  se  donner  ;  il  Joint,  à  la  soli- 
dité de  la  légion,  la  précision  de  mire  qu'aâ- 
raient  des  chaleurs  m\é*,  lelK  que  la«  îrêtiC^s 
As  aaciaiMi  f^aaaaMr  flflA* 


S16 


IttbNOftUft 


des  escftrmoiiehes.  Le  plus  Mbte  se 
renfermait  dam  ses  mitrailles,  tmdis 
qtte  le  plus  fort  ravageaU  la  cafl^agne  ; 
puis  celui-ci  se  reUrait,  et  la  guerre 
était  finie. 

On  Yoit  dans  la  belle  description  que 
Thucidide  nous  a  donnée  de  la  guerre 
do  Péloponèse,  qu'il  n'y  eut  peint  de 
Jtataille  générale;  aussi  cette  guerre 
dura  vingt  ans.  Le  pays  était  tel  qu'on 
ne  pouvait  y  forcer  l'ennemi  à  com- 
battre malgré  lui  ;  il  faut  i^outer  aussi 
que  de  part  et  d'autre,  les  armées 
étaient  composées  d'alliés,  ce  qui  af«- 
faiblit  toujours,  ou  plutôt  détruit  l'en- 
semble et  la  vigueur  des  opérations. 


CHAPITRE  IV. 

D«  la  légion. 

La  légion  seule  faisait  une  petite 
armée  complète  ;  elle  avait  de  l'infan- 
terie pesante,  de  l'infanterie  légère  et 
de  la  cavalerie,  des  armes  de  jet  et 
4les  armes  de  main.  C'était  un  rectan- 
gle de  neuf  ou  dix  rangs  de  hauteur, 
dont  la  face  longue  se  présentait  à 
l'ennemi.  L'infanterie  légionnaire  était 
an  centre  de  l'ordre  de  bataille,  la  ca- 
valerie sur  les  ailes,  et  les  archers  et 
frondema  étaient  jetés  sur  le  front  de 
la  ligne,  et  combattaient  à  volante^ 
sans  se  mêler  à  l'infanterie  pesante. 
Ces  véliteê  avaient  une  activité  surpre- 
nante un  jour  de  bataille  ;  souvent  mê- 
lés à  la  cavalerie,  ils  la  soutenaient,  et 
ne  laissaient  échapper  aucune  occasion 
4e  nuire  à  l'ennemi,  biendiOerens  des 
troupes  légères  des  AUemands,  qui 

'*    disparaissent  le  jour  d'une  aflRiire,  et 
qu'on  est  ensuite  deux  ou  trois  jours  à 

"    pouvoir  rassembler. 

Mo»ltfUC»Ui  dit  qu'il  est  indispen* 


sable  de  mêler depc^Uta détactaMiw» 
de  quflranteNui.de  cinquante  fanta»- 
sitts  avec  la  cavalerie,  et  qu'à  la  ba- 
taille de  SaintdGothard,  qu'il  gagna 
sur  les  Turcs  en  Hongrie,  ces  pelo- 
tons avaient  boaucoup  contribué  à  la 
victoire. 

Je  suis  si  entièrement  convaincu  da 
cette  vérité,  que  j'ai  peine  à  comprtsn- 
dre  qu'elle  ne  soit  pas  géoéralemeat 
adoptée,  d'autant  qu'il  est  possible, 
comme  je  le  démontrerai  par  la  suite, 
de  donner  à  une  compagnie  d'infan- 
terie assez  de  consistance. pour  com- 
battre avec  succès  la  cavalerie,  même 
dans  la  plaine. 

Les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord 
sur  le  nombre  des  rangs  de  la  légion, 
qu'ils  portent  à  neuf  ou  dix  ;  mais  cela 
est  peu  important  Chaque  homme 
occupait  trois  petits  carrés  dans  le 
rang,  pour  pouvoir  manier  aisément 
ses  armn  dans  l'attaque  et  dans  la  dé- 
fense. Les  divisions  de  la  légion  ré- 
pondaient à  ce  que  nous  appelons  les 
brigades.  Je  ne  sais  comment  était 
formée  leur,  cavalerie,  si  c'était  eu 
grands  escadions  ou  en  petits  pelo- 
tons; je  croirais  plutêt  le  dernier.  On 
ignore  également  sur  combien  de  rangs 
elle  se  plaçait.  Il  parait  probable  qu'el- 
le combattait  par  petites  troupes  de 
trente  ou  quarante  chevaux  sur  quatre 
rangs. 

L'infanterie  romaine,  formée,  com- 
me on  le  suppose,  sur  neuf  de  hau- 
teur, occupait  les  deux  tiers  moins  de 
place  qu'une  de  nos  années  modemea 
qui  serait  de  même  force.  La  rapidité 
des  mouvemens  de  la  ligne  entière 
était  plus  grande  dans  la  même  pro- 
portion; et  comme  la  nature  de  leurs 
armes  ne  donnait  lieu  à  aucune  inler- 
raption,  une  bataille  était  commencée, 
disputée  et  terminée  en  moins  de 
temps  qu'il  ne  nous  eq  faudrait  pour 


DB  uum. 


MT 


hire  la  revue  de  dix  bataillons.  L'a- 
vantage de  la  phalange  consistait 
dKBB  le  choc  et  la  force  de  l'impulsion, 
«bu  de  la  légion  étant  dans  Tactivité  ; 
aie  avait  assez  de  force  contre  la  pha* 
lange,  et  une  vitesse  supérieure  a  elle. 
La  légion  était  une  bien  meilleure  or- 
donnance que  ia  phalange,  bien  meil- 
lanre  que  toutes  celles  que  l'on  pour- 
rait imaginer 

*  Je  ni*accorde  avec  Polybc  à  regar* 
dar  b  légion  comme  l'ordre  le  plus 
pariUl  qu'on  connaisse  ;  il  réunissait 
la  fiiroe  à  l'agilité  ;  et  ce  qui  ajoute 
bien  à  aa  perfection,  c'est  qu'il  élait 
iialogae  aux  armes  des  soldats  qui  le 
capnposaient.  Cependant,  dans  la  dîs- 
hfbalion  de  l'ensemble,  je  lui  trouve 
m  défaut  capital  qu'avait  aussi  la  plia- 
angn,  et  que  notre  ordonnance  mo- 
le  a  conservé.  Ce  défaut  consiste  à 
placé  la  cavalerie  sur  les  ailes,  et 
effet  l'ordre  grec  n'aurait  pu  la 
autrement  :  c'est,  à  mon  avis, 
in  cnnd  défaut,  et  j'espère  que  j'en 
lOVraincrai  le  lecteur.  Dans  cette  dis- 
mition,  la.  cavalerie  était  trop  faible 
p€mr  pottToir  agir  seule,  et  trop  éloi- 
de.nnfanterie  pour  en  être  sou- 
u  Les  cavaliers  étaient  obligés  de 
Mettre  pied  à  terre,  et  de  combattre 
wlOÊÊ,  commodes  fantassins.  Aussi  nous 
•ayonaque  la  cavalerie  romaine  a  tou- 
ffit  peu  de  figure  dans  la  multî- 
de  batailles  qu'a  données  cette 
ntfpubiiquo   guerrière.   Elle  pouvait, 
cwiinri  nos  hussards,  compléter  une 
^violoire  ;  mais  eiie  n'en  décidait  aucu- 
ne :  tontes  les  fois  que  l'infanterie  élait 
CDlbnoée,  il  fallait  qu'elle  fût  taillée  en 
pièces;  et  dans  une  telle  disposition , 
cela  était  facile,  pour  peu  que  l'enue- 
ad  fût  aapérieur  en  cavalerie,  et  que 
le  terrain  fût  favorable  à  celte  arme. 
La  cavalerie  courait  le  même  risque, 
:  i  elle  était  enfoncée  et  poursuivie  ua 


peu  vivement,  à  moins  qu'elle  ne 
trouvAt  par  hasard  quelque  corps  d'in- 
fanterie posté  de  manière  à  la  rece- 
voir et  â  la  couvrir.  Il  résulte  de  tout 
ceci  la  nécessité  de  placer  l'infanterie 
et  la  cavalerie  dans  la  ligne,  à  portée 
de  s'appuyer  et  de  se  flanquer  l'une 
contre  l'autre,  de  combiner  leurs  ef- 
forts, et  de  les  diriger  contre  le  même 
point.  Voilà,  selon  moi,  en  quoi  con- 
siste la  perfection  d'un  ordre  de  ba- 
taille, c'est  l'unité  d'action  qui  peut 
seule  assurer  la  victoire  ;  et  je  crois 
que  cette  unité  ne  peut  s'accorder  avec 
la  manière  dont  les  anciens  et  les  mo- 
dernes semUent  être  convenus  de  pla- 
cer la  cavalerie.  C'est,  dit-on,  le  peu 
d'intervalle  que  les  Romains  mettaient 
entre  leurs  cohortes,  comme  nous,  en- 
tre nos  bataillons,  qui  a  nécessité  de 
porter  ainsi  la  cavalerie  sur  les  flancs  ; 
mais  je  demanderai  :  était-il  néces- 
saire de  laisser  si  peu  d'intervalle?  Je 
ne  le  crois  pas.  Il  me  semble  que  cette 
disposition  entraîne  beaucoup  d'incon- 
venions,  et  ne  les  compense  par  aucun 
avantage. 


CHAPITRE  V. 
Dr  rordonoanfe  dt*  modernen. 

La  coutume  est  un  tyran  plus  im- 
périeux que  tous  les  despotes  de  l'O- 
rient ;  qu'on  s'éloigne  d'elle  le  moins 
du  monde,  on  est  réputé  traître  et  re- 
belle. Il  n'y  a  point  d'argument  direct 
qui  puisse  arracher  des  esprits  une 
opinion  bien  ou  mal  fondée  ;  c'est  an 
temps  seul,  aidé  de  quelques  circons- 
tances favorables,  à  la  sécher  dans  ses 
racines.  Croirait-on  que,  depuis  plus 
de  cent  ans,  la  philosophie  moderne, 
quoiqu'établie  sur  les  principes  mathé* 
mathiques,  n'a  pu  encore  détruire  en* 


•Il 


«Avoiws 


Uèreinftnt  les  cUnëres  at  \e§  vîsîmi 
d*Ariiitole  el  4b  Fiaton. 

Qn  se  donne  bien  de  la  peine  poar 
ne  gagner  que  la  haine,  quand  on  en- 
If  eprono  de  démontrer  à  on  bMime 
qu'il  fn&t  dans  renreur,  et  que  sen  epi<- 
nion  est  absurde.  Peu  de  gens  ont  cie 
eourage,  encore  moins  ont  le  talent 
de  s'ouvrit  des  routes  nouvelles.  Ils 
aiment  donc  mieux  suivre  les  sentiers 
battus.  En  matière  de  religion  ou  de 
politique ,  je  me  garderais  bien  de 
rien  innover,  parce  que  sur  ees  objets, 
le  vrai  eomme  le  faux  cause  de  la  di|«- 
«ussion  et  des  débats  toujours  nuisi-*- 
blés  qu'un  honune  de  bien  doit  éviter. 
La  paix  et  la  concorde  sont  le  but  et 
le  prinotpe  de  toutes  ses  actions,  mais 
«n  tactique,  nos  erreurs  ne  pourront 
fkire  mal  i  pevsoqne  ;  le  pis  qui  poisse 
arriver,  e'est  qu'elles  tombent  dans  le 
Biépris  et  disparaissent,  ti'est  donc 
■vec  confiance  ^  tranquiHité  que  je 
prie  le  lecteur  de  vouloir  examiner, 
tans  prévention  et  avec  on  esprit  at- 
lenlH  et  impavtiaK  ce  qoe  je  vais  dire 
sur  ce  sujet  important,  et  de  ne  pas 
juger  légèrement  le  fruit  d'un  travail 
long  et  pénible. 

J'ai  déjà  prqipMf^  f)|0  \à  formation 
d'un  corps,  soit  d'infanterie,  soit  de 
cavalerie,  devait  être  ai^ogu^  à  l'es- 
pèce de  ses  armes,  et  qu'il  fallait  réu- 
nir dans  Tensemble  la  fiM^w,  Vaenvité 
et  une  moMité  universelle,  applirabie 
i  toutes  les  opérations  de  la  guerre. 
La  phalange  était  armée  convenabie- 
ment  à  sa  constiluUon  ;  elle  avait  anssi 
*ffr  force  au  plus  haut  degré.  La  légim^ 
également  bien  armée,  avait  de  plus  la 
prce  et  ¥ae$ibit4  ;  mais  Fone  et  Tautre, 
comme  je  Val  déji  dit,  avaient  on  dé- 
feôt  essentiel  dans  la  formation  de 
•  fenscmble  :  c'était  oette  cavalerie  je  - 
tée  sur  les  ailes,  et  qui  par  là  n^étnit 
ni  flattquante  ni  flanquée. 


Avant  dé  juger  notm  fiarmation 
deroe,  il  faut  examiner  soigneuseoMet 
la  nature  et  les  eflbts  do  fusil,  puisque 
c'est  naaintenant  ia  seule  aroie  qu'em* 
ploie  l'infenterie.  L'épée  n'est  poor 
le  soldat  qu^one  charge  inotîle,  et  qu^tl 
seraitbon  de  rélormer.(t) 

Considéré  comme  arme  de  jet«  le 
fîiiil  pst  certaioement  supérieur  à  ton* 
tes  celles  des  anciens  ;  et  si  l'on  ne 
faisait  aucune  attention  qu*à  la  lon- 
gueur de  sa  portée  et  à  la  (acikté  de 
son  service,  on  devrait  s'étopner  que 
iottte  une  armée  ne  fàt  pas 
en  peu  d'heures  par  cette  qrme 
triàre  ;  il  est  pourtant  vrai  qoe  le  fusil 
est  bien  moins  redoutable  que  Tépée 
et  la  pique.  Quand  riobaterie  ena* 
ployait  ces  armes,  il  fallait  nécessaire- 
ment qo'en  en  vint  à  cqpobattre  de 
près  I  la  plos  grande  partie  de^  vain- 
cus et  beaucoup  des  vainqueurs  étaient 
tués  ou  blessés  dans  le  cours  de  I  ac- 
tion, et  la  victoire  était  plua  décisive; 
car  il  était  impossible  de-ao  retirer  en 
bon  ordre.  L^osage  des  armes  à  fao  a 
introduit  une  manière  ineertalne  4e 
faire  la  guerre,  moins  sanglentp,  i  h 
vérité,  mais  aosai  moine  décisive.  Les 
deox  armées  se  tiennent  à  de  grandes 
distances  hine  de  l'aotre  pesident  ane 
grande  partie  de  ractfoni,  et  aonvent 
pendant  Tactien  tout  entièfeb  U  est 
bien  rare  que  deux  lignée  se  |eiguqt 
au  point  de  oroisef  le  sebse  eu  In  bmee- 
nette;  il  en  résulte  pnqr  let  deoi  ar- 
mées la  focîKté  de  dunger  lews  die- 
pesitionsen  tout  ou  e»  paatie,  en  mê- 
me d^abandonner  entièteinent  le  ter- 
rain, si  les  circeiisienees  Texigent^  et 
tout  œla  sans  embavraa^  sans  dan§ar, 
et  presque  saqs  peine. 
Les  armes  à  feu  sent  les  plus  déb- 

(1)  Lloyd  D*à  cerlaiocmeDt  voulu  ptrier  qiM 
do  fenufltio  :  Vf  pSo  mi  U  nfare  Mot  rsr««  in» 
f  diipMiaeift  an  cafaUtt. 


M  htanh. 


MO 


enta  de  taus  ici»  jnstrumcns  de  guerre,  !  poussiéde  lt>ii8  côie»  par  bcs  camarades, 
et  ceux  dont  reiïet  est  lo  plus  incer-  |  troublé  par  les  cris  dts  inouraiis  ot  par 
tain.  L^  quantité  de  poudre,  I»  ma-  -  les  images  de  la  mort  qui  flotte  de 


Bière  de  charger,  l'état  de  Tatmos- 
phère,  l'agitation  de  Thomme,  causent 
Uni  dt  variations  dans  l'efletet  dans 
b  dÛriMstioD,  qa*on  peut  bien  estimer 
4ue>ir  quatre  cents  coups,  il  y  en  a 
peut-être  un  qui  porte.  L*incertitude 
des  effeta  du  feu,  el  la  grande  distance 
^'on  garde  toujours  entre  les  deux 
anoées,  sent  les  deux  véritables  cau- 
ses du  peu  d'importance  de  nos  batail- 
-  h|s  s  il  y  a  pçu  de  monde  tué,  le  reste 
fût-  se  relfaite.  Ce  n*est  plus  comme 
sutrefeis  que  les  guerres  se  décidaient 
par  dei  batailles,  où  la  victoire  était 
kmjeprs  oomplàte;   aujourd'hui  une 
■nuée  kien  inférieure  par  le  nombre, 
et  même  par  la  bonté  des  troupes, 
pMt,  sous  les  ordres  d*un  chef  habile, 
prendre  des  positions  avantageuses,  et 
Afféter,  pendaitt  des  années,  les  pro- 
«-iras  d'il»  vainqueur  bien  plus  fort, 
jusqu'à  ce  qu'enfm  le  vainqueur  et  le 
vaincu  étant  également  épuisés  et  rui- 
nés, la  pai:|f  devient  nécessaire  à  tous 
.  deux^  ^t  rifQpuissance  de  soutenir 
aIiÎs  Umg^tpmps  Is  guerre.  Voilà  pour- 
quoi, de  nos  jours,  on  ne  voit  plus  de 
hiTearaes  conquis  et  de  trônes  ren- 
fentes;  le  peuple  seul  paie  les  frais,  et 
ÏKl^ilire  \f»  cslamité^  dft  la  gpçirre.  Le 
■  ^iQilsrqw  se  préoccupe   moins  des 
'  «naveis  succès,  dent  fî  est  bien  rare 
"  ^le  l'influence  s'étende  jusqu'au  trA- 
^^^e't  il  ordqnoe  la  paix  ou  la  guerre, 
suivant  son  caprice  014  celui  dç  ^s  fa- 

Si  l'iDeeriitude  de  l'effel  des  armes 
i  feu  est  telle  que  le  meilleur  tireur  au 
blanc,  libre  et  sans  obstacle,  ne  puisse, 
unç  fois  en  dix,  ajuster  un  but  placé  à 


toutes  parts  suus  ses  ycuk?  1/nrme  et 
le  but,  s'il  en  avait,  vacillent  égale- 
ment; il  faut  peu  ^!ompler  sur  son  feu. 
Si,  à  tout  cela,  vous  ajoutez  le  mou- 
vement  des   chevaux,    il  s'ensuivra 
qu'aucune  arme  à  feu,  excepté  le  pis- 
tolet à  brûle-pourpoint,  n*est  propre 
ni  pour  lu  cavalerie  ni  pour  aucun  au- 
tre corps  pesant  parce  qu*ils  n'en  peu- 
vent faire  d'usage  nvant,i|;eux.  Il  se- 
rait difQcile,  et  je  crois  même  impos- 
sible, de  disposer  rinfanterie  de  ma- 
nière à  tirer  avantage  de  bon  feu;  si 
vous  lui  donnez  trois,  ou  même  plus, 
de  profondeur  à  rangs  et  liles  serrés, 
comme  cela  se  fait  aujourd'hui,  elle  ne  * 
peut  pas  se  servir  de  ses  armes;  et  si 
on  la  forme  sur  une  moindre  profon- 
deur avec  les  files  et  les  rangs  ouverts, 
vos  hommes  ne  peuvent  plus  tirer  du 
tout;  et  ainsi  séparés,  ils  manquent  de 
force  et  d'union  pour  agir  et  se  mou- 
voir. Il  est  donc  réellement  impossible 
de  donner  à  i^pe  troupe  armée  de  fu- 
sils, les  trois  qualités  que  nous  avons 
reconnues  essentielles  :  force,  aeiiviii^ 
mobilité.  On  a  senti  .ces  diflicultés,  et 
on  a  cherché  ^  les  diminuer  en  intro- 
dnis^Qt  difiréreqtes  espècos  de  feu.  Sur 
cela,  les  avi$  se  sont  partagés  :  les  uns 
ont  cru  meilleur  de  tirer  par  rang,  les 
autres  par  portion  de  Aies,  comme  pe- 
lotons, divisions,  ^tc.  )I.  le  corple  J*' 
Saint-tiermain  (1),  dans  des  mémoires 

(^,  Voici  U  inai)ière  <los^  M.  de  Saioi-Gtrr- 
oiâiD  f>ipi4que  suc  ^f^  Ibuk.  pi  lecteur  cumpa- 
rcia  lei  ^vaql^ei  ei  ka  jpcftiivéoieQf  du  feu  de 
fil'^  <]u  il  propose,  du  feu  par  rang,  cuinme  le 
demi*pdc  le  (^é^^fal  ilQjdt  ou  de  celui  que 
4'ofe  pr^feaer. 

«  Je  De  connais  qiiP  di  uz  t><H)ne«  Uw»»  de 
tirer  de  non  feu  le  plu^  gr-'.nd  nvaolage  ;  1  une' 


dans  le  rang,  où  il  csf  génô,  pressé  J  Nimniriirp  iiM?d'<h^i>rrri.'r«t)i 'm-iwMj.dit. 


Mlimables,  publiés  depuis  sa  mort,  re- 
jette tous  oes  feux,  et  propose  un  fea 
de  file  en  GommençaDt  par  la  droite  ou 
par  la  gauche. 

Le  feu  de  rang,  en  commençant  par 
le  dernier,  ensuite  le  second,  et  enfin 
le  premier,  et  ainsi  lour-à-tour,  est 
certainement  le  plus  simple  et  le  moins 
sujet  à  mettre  le  désordre  et  la  confu- 
sion. Le  troisième  rang,  ayant  tiré, 
recule  trois  pas.  le  second  recule  un 
pas,  et  le  premier  ne  bougt;  ensuite 
les  rangs  se  serrent,  et  le  feu  recom- 
mence. On  avance  dix  ou  vingt  pas,  et 
on  fait  halte  pour  Urer  encore,  et  ainsi 
de  suite.  Le  feu  de  peloton,  surtout 
s'il  se  fait  par  petites  troupes,  ne  dure 
pas  deux  minutes  sans  confusion  ;  les 
commandemens  se  croisent  et  aug* 
mentent  le  désordre.  La  méthode  de 


■tHOIBBS 

les  mains  d'honunes  qui  agissent  sépa- 
rément. Le  feu  par  rang,  comme  je  ie 
propose,  est  ce  qu'il  y  a  de  plus  ap- 
prochant de  cette  manière  (i),  et  en 
conséquence,  je  le  crois  préférable  a 
tout  autre.  L'onfare  et  la  règle  peu- 
vent s'y  maintenir,  pendant  des  heo- 
res,  sans  nulle  interruption,  ce  qui  oe 
me  parait  praticable  dans  aucune  autre 
méthode  ;  ce  n'est  pas  la  perfection, 
car  je  crois  qu'on  ne  peut  l'atteindre 
dans  cette  matière ,  mais  c'est  la  moin- 
dre imperfection. 

De  quelque  manière  que  les  troupes 
soient  rangées,  de  quelque  manière 
qu'elles  tirent,  l'effet  de  leur  feu  sera 
toujours  concentré  dans  un  petit  es- 
pace. Si  le  terrain  qui  vous  sépare  de 
l'ennemi  est  un  pays  coupé  et  de  dii- 
cane,  de  façon  qu'on  ne  puisse  vous 


M.  de  Saint-Germain  aurait  autant,  et  I  joindre,  ou  du  moins  sans  beaucoup 


pius  de  difltoiités  ;  d'où  l'on  voit  que 
ie  fusil,  et  en  général  tontes  les  armes 
de  jet,  ne  peuvent  bien  servir  qu'entre 


La  première  coosUle  à  lirer  par  fllei  de  chaque 
peloton  les  anca  après  les  antres.  Dés  que  Tor- 
dre de  Srire  fta  aat  donné,  les  comniaadana  de 
peloloa  dolfeat  passer  fkanent  derrière  le 
iroisième  rang,  et  chaque  comniandani  de  pet- 
iot on  fait  faire  fea  à  son  peloton  par  files,  les 
unes  après  les  autres,  en  eommeocanl  par  la 
première  de  droite  ou  de  gauche.  Chaque  file, 
dé»  qu'elle  a  tiré,  recharge,  et  tire  le  plus 
prompleroeat  qu'elle  peut,  sans  b'crobarrasaer 
des  auiret.  Le  chef  de  file  lire  devant  lui  ;  les 
serre-files  tirent  à  droite  et  à  gauche  du  chef 
de  file,  et  en  même  temps.  Le  commandement 
pour  faire  feu,  et  celui  poar  le  fhire  cesser» 
dolfeat  se  donner  par  un  instrument  fort  aigu, 
•fin  qu*ii  soit  entendu.  Ce  feu  est  commode 
pour  le  soldat,  conirauf  I,  hff  n  ajusté,  et  il  n*rn 
ait  pas  de  plus  meurtrier,  parce  qu*il  est  très 
divergent.  La  seeonde  fhçoo,  quand  l'ennemi 
se  déconcerte  et  se  pelotonne,  ou  qu'il  plie,  e»t 
de  faire  feo  en  aalTea  par  hataiUona  entien, 
et  toaloon  aa  éeaarpant  autant  qu'il  est  pos- 
sible. 

a  Jf  paaasqoidès  ^Ton  aatàtfiMs  rend 


a  oostacles,  voilà  le  cas  on  rnaage  de 
l'arme  à  feu  est  indispensable  et  vrai- 
ment utile.  L'ennemi  doit  franchir  des 


pas  de  l'ennemi,  et  que  les  coupa  peavent  Tal- 
teindre,  on  doit  commencer  le  feo  selon  la  pre- 
mière méthode  que  je  viens  d'indiquer  ;  après 
trota  sahres,  le  faire  œaser,  marcher  vingt  pas  en 
avant  sur  lui,  le  recomanaoer»  tv  ainsi  de  airi- 
te.  Tout  cela  doit  s'eiécnter  avec  an  grand  ar- 
dre et  beaucoup  de  vivacité.  Il  résalte  deui 
grands  avantages  de  Tordre  Joint  à  la  vivadté; 
l'ennemi  en  eat  déconcerté,  et  votre  troupe  asi 
souatvaila  à  la  réfieilon,  toqfoun  dangeranaa 
en  pareille  aecasion.  La  grande  attanllMi-alars 
des  ofticiers  et  dcs-has  officiers  doit  étra  do 
conserver  l'ordre  dans  leur  troupe,  et  d'ttmp^ 
cher  les  pelolonnemens  :  c*est  là  leur  première 
et  principale  fonction.  » 

(i)  Le  len  de  bilbande,  où  chaque  homnaa 
tire  seul,  approcha  plas  oneore  de  cette  fiber- 
lé  d'action  des  anciens  vélilea,'qiia  oelnl  d*nn 
rang  qui  tire  font  à  la  fols,  et  il  paialtqae  Im 
rangl  ne  s'ouvrent  point  comme  ici,  la  tron- 
pe  conserve  plus  de  masse  et  de  solidité,  %% 
qu'elle  est  plus  prèle  à  se  porter  an  avant,  oè  à 
aevompre  à  driHe  on  à  |i«eb^  aaifnal  rmrt-> 
geoce  def  eas. 


DR  UOVD 

S  <iri  i'embarrasfteiil.  ni  r«iii- 
d'eniployer  se:!  ariiius  iivec 
■nccja,  pendant  que  votre 
(dos  oa  moins  couvert,  se  sert 
Ben  è  l'Aise,  et  presqu'à  cuup 
i$  li  l'eanemi  peut  vous  join- 
p*il  en  ait  l'intentiou,  comme 
II,  «"ii  attaque,  il  est  évident 
'ea  devra  bientôt  su  taire,  et 
Hunt»!  se  terminera  à  l'arme 
,  à  moins  que  votre  troupe , 
e,  n'entre  en  déroute  à  l'ap- 
le  l'ennemi. 

»  |»émisses,  je  tirerai  deux 
a|ices  :  1*  que  le  fusil  n'est  pas 
I  remplir  tous  les  objets  qu'on 
Hvposer  a  la  guerre  (1);  2"  que 
lea  armes  k  Teu  est  particuliè- 
bm  pour  ia  joierre  déreusive. 

I  pays  plat  et  ouvert,  où  la  ca- 
le l'ennemi  et  même  son  in- 

penvent  vous  joindre ,  le  feu 
trientdt  ;  et  dans  un  pays  cou- 
nnë,  vous  pouvez  trouver  nill- 
ops,  mille  camps  où  Id  cavalc- 
infanterie  même  oe  pourront 
indre  qu'avec  des  peines  infi- 
BSt  li  que  les  armes  à  feu  voua 

II  bien,  qu'elles  seront  même 
es  qne  vous  puissiet  employer. 
comme  il  est  nécessaire  à  la 

d'attaque'*  aussi  bien  que  de  se 
9,  et  qu'on  a  bientôt  reconnu 
fiull  n'était  propre  qu'à  la  dé- 
tandis  qu'une  coiisititution  mili- 
est  parfaite  que  quand  elle  réu- 
denx  espèces  d'armes,  on  a  es- 
'qonter  À  l'arme  de  jet  la  force 
me  de  main ,  en  joignant  la 
ette  au  fusil:  mais  cette  inven- 
Blt  pas  heureuse  :  comme  arme 
In.  le  fusil  avee  la  baïonnette 


«1 
est  eiiuire  trop  cmirt ,  i;l  il  osl  cui- 
liarrassnnt ;  et  iwmme  arniit  de  ji-t,  la 
baïonnette  gûne  l'usa^u  du  fusil,  et 
rend  son  eflet  encore  plus  incertain  (1). 


[I«>  RViDUtiM  ri  ilM  défaut*  da  raciiie  t  leu  et 
(lu  l'ai  mu  lilaiii;hc. 

l^xaminons  vi  comparons  les  défauts 
et  les  avnntages  de  l'arme  dp  jet  et  de 
l'anne  de  main;  nous  ne  tiinlnmns 
pas  îi  ronclurr  qu'elles  sont  .ibsola- 
mcnt  nécessaires  l'une  et  l'autre  pour 
compléter  une  cnostitulion  militaire. 
Les  armes  à  feu  sont  propres  à  la 
guerre  défensivo  ;  elles  tiennent  l'en- 
nrmJà  distance,  otprévii'nncnt  une  dé- 
faite totale  ;  mats  si  l'ennemi  peut  voai 
joindre,  leur  usage  cesse  iibsolument. 

L'arme  de  miiîn,  au  contraire,  est 
inutile  à  une  certaine  distance,  mais 
elle  devient  indispensable  quand  les 
armées  s'abordent.  L'arme,  à  fen  est 
utile  dans  les  pays  couverts,  l'arino 
blanche  dans  les  plaines;  lescficlftde 
la  première  sont  précaires  et  incer- 
tains, ceux  de  l'autre  sont  complets  et 
décisifs.  L'arme  à  feu  est  la  ressource 
dn  faible,  qui  craint  de  se  compromet- 
tre, l'arme  blanche  est  l'arme  ilu  bra- 
v«,  qui  aie  sentiment  de  ses  forces. 

l'n  général  habile,  h  la  tète  d'un'. 
armée  de  futVier»,  quoiqu'inférieur  eu 
i.umbre  a  Sun  cnuemi,  peut  traîner  une 
guerre  en  longueur  pendant  des  un- 


d  Frédéric  il  GulbrrI  diMnl  que 


(1)  Xn  tujct  de  celle  auenlon,  noui  it^i- 
lou  ({ae  iwni  n'occcplont  pas  U  mpontabililé 
de  lonui  le*  oplaioni  (h-  l.loyd.  \*  Ininnnaiio 
cal  t'arme  ]•  pin*  tmililc.  Napolten,  qui  ce- 
pendant (oruil  de  l'aTlIllerie.  a  dit  :  La  babn< 
ii«tM  *tt  tarin»  ttécâive,  l'arme  tn  dtrnitr 


il  d«  u  bayonocLle  répond  k  tout  lu  ,  rtiiorr.   Ceci  r 


\tM.  iltn 


yiriaqi'U  crt  à  la  foii  hdc  arme  oTT^ dhtb  I 


nilUsIrH  <iiii  oui  conUuil  ou  fml  le  d'-rn' 
|«nw.  [«tHëit»  nid.) 


0208 


irtHOlRBS 


nées,  et  enfia  gagner  des  avantages 
aur  on  chef  moins  savant,  ce  qa'il  ne 
pourrait  faire  avec  une  armée  de  pi- 
quierê,  ear  ceux-ci  seront  bientôt  for- 
cés d*en  venir  à  une  action,  et  par  la 
nature  de  leurs  armes,  elle  sera  déci- 
sive; d'où  l'on  voit  que  Fart  de  la 
guerre  chez  les  anciens  était  simple  et 
décisif,  et  que  chez  les  modernes,  il 
est  plus  compliqué  et  plus  embarrassé. 

Chez  les  anciens,  Tart  de  la  guerre 
se  bornait  à  un  développement  d*évo- 
llitions  dont  Tobjet  était  d'amener  un 
combat,  car  c'était  aux  batailles  seules 
qu'ils  remettaient  le  sort  de  la  guerre  ; 
en  un  mot,  toute  leur  attention  se  di- 
rigeait à  la  disciplinet  à  l'ej^ercice  des 
troupes,  et  au  cboix  des  champs  de 
bataille. 

Mais  los  modernes  ont  une  grande 
étude  à  faire  pour  leurs  camps,  leurs 
positions  et  leurs  lignes  ;  leurs  plans 
d'opérations  sont  très  étendus,  et  sou- 
vent embrassent  cent  lieues  de  pays 
qu'une  position  doit  couvrir.  Chez  les 
anciens /un  plan  de  campagne  était 
renfermé  dans  un  petit  cercle.  Cher- 
cher l'ennemi  et  le  combattre  était 
leur  maxime  ;  ils  ne  paraissaient  pas 
même  avoir  eu  l'idée  qu'on  piàt  tirer 
ime  guerre  en  longueur  par  une  suite 
de  manœuvres  et  de  combinaisons  sa- 
vantes; aussi  leurs  çuerjre^  ne  duraient 
qu'un  moment,  à  j^ioins  qu'il  ne  vint 
s*y  joindre  d'autres  circonstances  nées 
de  la  nature  du  terrain,  de  l'espècQ  des 
troupes,  ou  de  quelques  intérêts  po- 
litiques des  parties  belligérantes,  qui 
contrariassent  les  principes  ordinaires. 
C'est  ce  que  nous  avons  déjà  vu  à  Too- 
Wiaià  de  la  guerre  du  P^ofmràse,  et 
'le  que  nous  verrons  encore  par  la  suite 
dans  les  guerres  puniques. 

Les  principes  d'une  guerre  active, 
quoique  sur  la  défensive,^  étaient  peu 
connos  des  wciens  ;  Jugurtha  et  fifir- 


torhis  me  semblent  les  seiris  généraux 
de  l'antiquité  qui  en  aient  senti  toute 
l'étendue,  et  qui  les  aient  mis  en  pra- 
tique ;  mais  il  n*f  a  point  de  guerre 
chez  les  anciens  qu'on  puisse  compa- 
rer,  pour  la  vigueur  et  l'activité,  à  la 
dernière  guerre  en  Allemagne ,  la 
guerre  de  sept  ans,  où  nous  avons  yu, 
dans  le  cours  de  deux  campagnes,  plus 
de  batailles  que  les  anciens  n'en  don- 
nèrent dans  l'espace  d'un  siècle  entier. 

Et  cependant  les  résultats  furent 
bien  différons.  Tons  les  empires  du 
monde  connu  changèrent  de  maîtres 
pendant  les  six  siècles  que  dura  la  ré- 
publique romaine,  au  lieu  que  la  paix 
de  Hubertsbourg  a  laissé  l'empire  d*Al« 
lemagne  dans  le  même  état  où  la  guer* 
re  favait  trouvé.  Cette  différence  im- 
mense ne  vient  Cependant  que  de  la 
différence  entre  la  nature  des  armes 
des  anciens  et  celle  des  modernes,  qui 
nécessite  à  conduire  les  guerres  d'une 
manière  également  différente. 

Nous  sommes  souvent  obligés  de 
nous  mettre  sur  la  défensive  pour  cou- 
vrir une  gratide  étendue  de  paya  con- 
tre un  ennemi  supérieur  ;  la  prudence 
onionne  d'éviter  un  engagement  gé- 
néral, ou,  si  Ton  juge  qu'il  convienne 
de  le  risquer,  il  est  facile,  avec  le  se- 
cours de  l'artitterie,  de  trouver  miDe 
camps  où  l'on  peut  prendre  ses  avanta- 
ges contre  l'ennemi. 

H  y  a  telle  position  où  tm  général 
habile  peut  fatiguer  rennemi,  et  le  te- 
nir en  échec  pendant  une  campagne  ; 
et  dans  la  même  position ,  les  anciens, 
avec  leurs  piques,  se  seraient  tell&- 
ment  approchés,  qu'il  aurait  été  im- 
possible d'éviter  une  actioD  générale, 
et  la  nature  de  leurs  armes,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  aurait  rendu  cet^ 
te  action  décisive. 

Fabius»  favorisé  par  un  pays  étroit 
et  montagneux»  eut  bien  de  la  iMiie  à 


don- 
ner bataille,  et  £(  n'y  pat  réussir  que 
parce  que  les  principales  forces  d*An- 
Bibd  étaient  en  cavalerie,  qui  est  de 
soi  effet  dans  un  tel  pays. 

Il  faut  conclure,  de  tout  ce  que  nous 
vanoM  de  dire,  que  pour  une  armée 
^  n'a  qne  des  anpes  à  feu,  les  mou- 
fonens  aont  lents  et  les  actions  indé- 
cîKi:  elle  prête  davantage  aux  déve- 
loppemeu^  de  la  science  et  du  talent; 
■Mii  aes  opérations  les  plus  heureuses 
M  peuvent  guère  s'appliquer  qu'a  la 
guerre  défensive. 

Des  troupes,  années  de  piques,  ont 
des  SBoavemcns  plus  rapides,  et  leurs 
aolions  sont  plus  décisives  ;  elles  don- 
nant flioins  à  la  science  que  les  pre- 
mières, mais  elles  sont  singulièrement 
inpres  à  ta  guerre  offensive. 

n  aemirie  donc  que  pour  atteindre  à 
la  perfection,  et  rendre  une  armée 
également  propre  à  toutes  les  opéra- 
tions de  la  guerre,  il  faut  y  réunir  ces 
deux  espèces  d'armes. 

Si  le  fusil  et  la  pique  sont,  comme 
je  le  crois,  de  toutes  les  armes  celles 
ipâ  peuvent  le  mieux  remplir  tous  les 
Âjets  qu'on  se  propose,  il  faut  donc 
qu'ttne  troupe  soit  disposée  de  manière 
à  employer  ces  deux  sortes  d'armes, 
ou  que  différens  corps  de  troupes,  se 
partageant  ces  armes,  soient  rangés 
dans  un  ordre  où  ils  puissent  se  sou- 
tenir et  se  favoriser  mutuellement. 
J'eisaiefai  de  proposer,  dans  la  suite 
de  cet  ouvrage,  un  moyen  de  produire 
ealle  combinaison  ;  nous  aurons  lieu 
devoir,  dau^  cette  redierche,  cond>ien 
les  BBodemes  sont  éloignés  de  la  per- 
flieliOB'  à  laquelle  nous  nous  efforçons 
d'atteindre,  le  prie  le  lecteur  de  m'ex* 
coser  SI  je  me  suis  arrêté  si  long-temps 
MT  ce  friQet,  et  si  j*ai  peut-être  enh- 
floyé  trop  de  répétitions;  mais  tout 
Ssfue  j'ai  dit  jusqu'à  présent  était  la 


base  d'une  nouvelle  tactique,  dans  la- 
quelle seule  on  trouvera  des  principes 
Dxes  et  certains  pour  la  formation  et 
la  conduite  des  armées.  Je  supplie  donc 
avec  instance  tous  les  militaires  de 
vouloir  bien  examiner,  et  peser  avec 
Tattentiou  que  le  sujet  mérite,  ce  qu&^ 
j'ai  exposé  dans  ce  chapitre  (1). 

CHAPITRE  Vil. 

De  la  rormatkNides  baudnoM  et  dei  eeeséreat. 

» 

Les  modernes  ont  adopià  le  fusil 
comme  l'arme  universelle,  et  en  con- 
séquence ,  ils  ont  disposé  l'infanterie 
relativement  à  la  forme  et  à  Tusage 
de  cette  arme  ;  mais  le  succès  n'a  pas 
toujours  répondu  à  Tattente,  car  j'ai  dé- 
jà prouvé  qu'un  corps  d'infanterie, 
formé  sur  trois  de  hauteur,  ne  peut 
user  avantageusement  de  son  feu, 
comme  on  le  voit  dans  les  batailles,  oà 
un  million  de  coups  ne  portent  pas.  U 
y  a  plus  :  cette  méthode  do  ranger  les 
troupes  est  pleine  d*inconvéniens,  et  suh 
jette  à  plusieurs  défauts  considérables. 

Premiinment,  Une  ligne  de  trois 
rangs  manque  de  force  ;  elle  ne  peut 
soutenir  ni  le  choc  d'une  cavalerie  qui 
chargera  vigoureusement,  ni  celui 
d'une  infanterie  qui  sera  formée  un 
peu  plus  solidement.  C'est  cette  fait- 
blesse  qui  est  cause  qu'à  l'exercice 
même ,  deux  ou  trois  bataUIons  ne  peu-  v 
vent  faire  un  demi-quart  de  lieue  en 
plaine  sans  un  flottement  et  une  on* 

(1]  Les  lecteon  remarqoeront  des  diflérenees 
essenliellei  entre  les  oplnioos  de  Lloyd  et  cellet 
deGutbert»  reîetivemenr  à  tt  profoodear  dei 
rtDgs  de  rinfanlerle;  Hè  coMpfendront  qoll  D'y 
•  McuM  coatradfdlSD  dt  votre  part  à  apeeer 
les  opioiou  epposéei  de  ces  dem  §ntkd$  lactk- 
cieBS.  Cest  eui  ntltres  de  noire  âge,  formés  à 
1  école  de  nos  grandes  guerres  modernes»  qa*& 
appartient  dVumlner  et  de  prononcer. 

{l9aUd«êMM.) 


MÉmmuan 


liQlaUon  contimieb:  voos  Mes  i^bUgé 
d'urrèter  à  chaque  minute  pour  reoti* 
fier  raligitement,  et  à  peine  pouyez- 
vous  aïancer  quelques  pas  £n  muraille. 

S&eofuUmmt.  Cette  ligne  si  mince 
TOUS  donne  un .  front  d'une  étendue 
immense,  et  dont  les  mouvemens  de- 
viennent diffieiles  en  proportion ,  et 
vous  avez  perdu  Tactivité,  qui  est  la 
première  qualité  d'une  armée. 

Une  ligne  de  trente  bataillons  et  de 
cinquante  escadrons  occupe  un  front 
de  deux  lieues.  On  comprend  aisément 
que,  quelque  ouvert  que  soit  un  pays, 
une  ligne  si  étendue  doit  se  mouvoir 
avec  beaucoup  de  lenteur  et  de  diffi- 
culté ;  et  si  le  terrain  se  trouve  res- 
serré et  coupé  de  haies,  de  ravins,  etc., 
cette  longue  ligne  ne  peut  se  mouvoir 
et  agir  avec  ensemble  ;  il  faut  qu'elle 
ft^anète  continuellement,  et  souvent 
pendant  plusieurs  heures,  avant  que 
vous  fassiez  une  demi- lieue  ;  et  quand 
iennfinvoiffi  approchez  de  l'ennemi,  votre 
attaque  est  faible,  partielle,  et  souvent 
concentrée  sur  quelques  points  qui  ne 
sont  pas  les  plus  favoraUes,  tandis  que 
¥ous  aviez  les  plus  grands  avantages  à 
attendre  d'un  effort  général  porté  con- 
tre le  front  entier  de  l'ennemi,  sans 
vous  ralentir  sur  les  points  d'attaque 
particuliers  que  vous  auriez  pu  y  join- 
dre. 

'  I^  ^sauteur  de  votre  mardie  don- 
1^  à  l'ennemi  le  temps  de  se  préparer 
è  vous  recevoir,  de  faire  dans  sa  posi- 
tion les  changemens  qu'il  croit  néces- 
saires, ou  même  de  se  retirer  tout-à- 
faît,  si  la  prudence  le  lui  suggère  ;  et 
tous  vos  grands  préparatifs  aboutissent 
à  de  petites  escarmouches. 
'  Qu'importe  que  votre  armée  soit 
plus  nombreuse;  si,  par  un  vice  de  vo- 
ire disposition  ou  par  défaut  d'activité, 
vous  ne  pouvez  pas,  comme  vous  le 
aevnez,  porter  plus  de  monde  que 


l'ennemi  sur  chaque  point  où  voum  Vétr 
taquez? 

C'est  à  ce  seul  avantage  que  le  roi 
de  Prusse  a  dû  ses  victoires  da^i  la 
dernière  guerre  ;  car  ses  armées,  ex- 
cepté à  la  bataille  de  Prague,  ont  été 
partout  moins  nombreuses  que  celles 
de  l'ennemi.  Il  faut  ajouter  œ  qae 
nous  avons  dit,  qu'une  ligne  si  éten- 
due aura  nécessairement  <|pidqiie  par- 
tie faible  par  la  nature  du  terram,  et 
que  si  Teoneteii  est  habile,  il  ne  man- 
quera pas  de  s'en  prévaloir  pour  vous 
attaquer  avec  avantage. 

£nfln ,  votre  disposition  étant  une 
fois  faite,  vous  êtes  foroé  de  la  suivre^ 
et  la  ligne  doit  avancer  selon  le  plan 
convenu  ;  car  son  extrême  lentwr  et 
sa  faiblesse  naturelle  ne  voas  ptfmet^ 
lent  de  hasarder  aucune  cocuection  de- 
vant renncmt,  si  nécessaire  qu'elle 
puisse  être  ;  et  si  un  régiment  ou  une 
brigade  sont  mis  en  désordre,  toute  la 
ligne  doit  s'arrêter;  il  faut  bien  vite 
tirer  de  la  seconde  ligne  de  quoi  répa- 
rer le  mal,  ou  la  bataille  est  pendue  : 
l'ennemi,  sans  cela,  pénétrerait  par  la 
trùuée,  séparerait  votre  armée  eo  deux , 
et  vous  mettrait  immanquablement  en 
d^ute.  C'est  ce  qui  est  amvé  à  la 
bataille  de  Prague^  comme  on  le  verra 
dans  le  rédt  de  cette  guerre  ;  on  pour* 
rait  ajouter  encore  bien,  des  ebosea 
pour  prouver  que  Id  formation  de  Tia- 
fauterie  sur  trois  rangs  la  prive  entiè-i 
rement  de  ses  deux  principales  pnn 
priétés,  la^^rca  etJ'sdîvtl*. 

Cette  méthode  est  également  nuisis 
ble  à  la  mobilUé  univenêlU,  applicable 
à  toutes  les  opérations  de  la  «^uent^, 
puisqu'elle  ne  permet  à  une  troupe  de 
marcher,  même  en  plame,  qu'au  ris- 
que de  se  voir  taillée  en  pièces  par  une 
cavalerie  bien  dressée,  ou  même  par 
un  corps  d'infanterie  qui  aura  plus  de 
consistance  et  d'activité*  Elle  ne  peut 


DB   LrX>Yl). 


wmbRttre  avec^fiuci'ès  qui*  dans  un 
paya  haché  ou  derrière  des  retranche- 
mens,  des  haies,  etc.,  où  Fennemi  ne 
peql  ta  joindre  sans  de  grandes  difli- 
iSldtéa;  ainsi,  tout  bien  considéré,  cet 
ordre  manque  des  trois  propriétés  es- 
fentielles  à  une  troupe  de  guerre,  et 
même  à  toute  force  mouvante  en  mé- 
ique  :  /brc«,  acHviié,  mobUiti;  je 
propose  encore  tout  ceci  que  corn* 
mon  opinion,  et  sans  y  attacher 
prétention  d'infaillibilité.  Avan- 
çons dans  la  recherche  et  Texamen, 
ensnitenons  pourrons  formuler  un  avis 
plus  d'autorité. 


r.HAPITRE  vriL 


De  la  cavalerie. 


Quoique  je  n*aie  pas  précisément 
servi  dans  la  cavalerie,  comme  j'ai  eu 
pendant  long-temps  à  mes  ordres  un 
gros  détachement  de  cette  arme,  j'es- 
père qu'on  ne  m'imputera  pas  à  pré- 
flomption  d'en  porter  mon  ju|:;ement. 
En  général  la  cavalerie  se  Tormc, 
comme  IMofanterie,  sur  trois  rangs; 
éfe  est  année  de  mousquetons,  de  sa- 
kres  et  de  pistolets.  Mais  puisque  le 
Usa  est  si  peu  utile  à  rinfanterie,  on 
Jage  bien  que  la  cavalerie,  surtout 
dttos  les  derniers  rangs,  n'en  doit  faire 
ancnn  usage. 

Le  mousqueton  cependant  peut  en- 
core être  de  quelque  utilité  aux  hus- 
sards et  aux  troupes  légères  qui  agis- 
sent seul  à  seul  ;  mlHs  les  troupes  qui 
tant  disposées  pour  agir  do  masse  et 
fc  sabre  à  la  main,  ne  doivent  pas  mè« 
me  porter  de  mousqueton,  parce  qu'il 
ne  cause  que  dfe  la  dépense  et  de  l'em- 
Vnras  sans  utilité. 
On  objectera  peut-être  que  si  la  ca- 
rie ne  porte  point  de  mousqueton. 


les  hussards  et  autres  troupes  qui  en 
sont  armés  les  harcèleront  et  les 
tourmenteront,  et  que  même  il  pour- 
rait arriver  de  là  que  la  bonne  cavale- 
rie serait  détruite  par  des  troupes  lé- 
gères moitié  moins  nombreuses,  puis- 
qu'elle ne  pourrait  ni  les  attendre  de 
pied  ferme  ni  les  charger  en  ligne,  et 
on  en  conclucra  qu'il  faut  conserver  le 
mousqueton  à  la  cavalerie. 

(]et  argument  spcM-ieux  n*est  pour- 
tant d'aucnin  poids,  car,  que  la  grosse 
cavalerie  ait  le  mousqueton  ou  qu'elle 
ne  l'ait  point,  elle  perdra  son  temps  si 
elle  veut  escarmoucher  contre  les  trou- 
pes légères  ;  ce  sera  de  la  peine  inutile 
pour  les  hommes  et  poulies  chevaux , 
et  ils  (iniront  par  être  entraînés  hors 
de  leur  ligne,  qu'ils  ne  doivent  jamais 
quitter  (1).  ' 

La  cavalerie  ne  peut  ni  ne  doit  com- 
battre que  le  sabre  à  la  main  ;  si  la 
nature  du  terrain  ou  celle  des  troupes 
einemies  ne  le  permettent 'pas  elle 
doit  se  tenir  derrière,  ou  mélee  avec 
de  gros  détachemens  d*infanterie.  for- 
més de  manière  à  ne  pas  craindre  des 
charges  de  la  cavalerie;  et  ainsi  le 
mousqueton  est  bon  a  laisser  de  c6té. 

La  formation  sur  trois,  donnée  à  fa 
cavalerie,  a  sans  doute  pour  objet  de 

(1)  La  r^TAlerie  pru Mienne  (^t  aussi  foripée 
sur  troiit:  mais  Diitention  est  d'employer  le 
dernier  mng  à  remplir  les  trouées  et  ouvertares 
qui  peuvent  se  rairo  dans  le  mouvement  de 
fiourse  d'un  eKadron  qui  charge  au  grand  ga- 
lop ;  ainsi  un  escadron  en  pleine  ch^r^e  n>sl 
cal<'iil<^  que  pour  deni  de  bantrur,  et  le  dernier 
rang  forme  une  espèce  de  réserve  qui  supplée 
à  l'allongement  du  Hront  Les  cavaliers  arrivent 
ainsi  on  pleine  course  sur  rennemi,  le  salire 
élevé  horiionlalement  à  la  hauteur  des  yeui 
pour  pamr  le  premier  roup«  et  tur.-le-champ 
ngir  de  la  poinle.  \\  n'y  a  donc  réellement  que 
le  premier  rang  qui  comhal;  mais  comme  Tes- 
radron  s'est  entr'ouverl,  le  troisième  rang  a 
rempli  les  y\A^%.  et  le  >rr«.iid  bonrhe  à  mesure 
les  trouées  que  hit  le  rombat.  (iVoia  iêê  BMi 


MÉMOIRISI 


f 


iMster  à  riniNihioii  de  Tenneini; 
iMis,  comrae  je  l'ai  déjà  obsenré,  elle 
ne  doK  jamais  attendre  le  choc  de  pied 
ferme,  parce  qu*il  n'j  a  point  de  cafa*- 
lerie,  nôème  légère,  qui,  en  chargeant 
an  galop,  ne  perce  une  ligne  de  ca? a- 
lerie,  si  massive  qu'elle  soit,  qnand 
oelle<-Ci  aura  l'imprudence  de  receroir 
le  choc  sans  remuer. 

Si  les  rangs  sont  serrés,  le  désordre 
du  premier  porte  la  confusion  dans  le 
secimd,  celui-ci  dans  le  troisième,  et 
tout  est  bientôt  en  déroute;  si  les 
rengs  étaient  ouverts,  le  second  avan- 
cerait pour  soutenir  le  premier,  et 
trouvant  l'ennemi  un  peu  en  confu**- 
sien  lui*même  par  la  première  charge, 
il  le  culbuterait  aiaéaaent  ;  mais  à  rangs 
serrés,  il  n'y  a  rien  à  attendre  que  de 
la  seconde  ligne  ou  de  la  réserve,  corn* 
Bse  pour  l'infanterie  ;  et  encore  cette 
ressouree  est  bien  douteuse,  car  si 
rennerai  a  chargé  vigoureusement,  et 
sHI  a  pouasé  son  avantage,  la  première 
Ugne  n'aura  pas  le  temps  de  s'écouler. 
eomme  elle  le  devrait,  par  les  inter- 
valles de  la  seconde ,  qui  ne  sont  pas 
asses  ouverts,  et  elle  la  culbutera  elle* 
métttè  en  se  laissant  tomber  dessus. 
Bans  une  manoeuvre  régulière,  la  se- 
conde ligne,  dès  qu'elle  voit  la  pre-* 
mière  ébranlée  par  l'ennemi,  doit  s'a- 
vancer le  sabre  à  la  main  pour  la  sou- 
tenir. Cette  ligne  fraîche,  attaquant  un 
ennemi  déjà  fatigué,  remportera  une 
irietoire  aisée  ;  alors  la  première  ligne» 
qui  est  en  désordre,  doit  passer  entre 
les  escadrons  de  la  seconde  ligne,  et 
li'aller  rallier  et  former  derrière. 

Nos  sabres  sont  trop  courts,  surtout 
de  la  manière  dont  on  place  le  cava*^ 
Rer  en  selle  avec  de  longs  étriers.  Le 
cheval  est  écrasé  par  un  poids  mort, 
qiU  porte  toiJuours  et  sans  relâche  sur 
la  même  plaôe.  Je  sais  bieu  que  cet 
air  de  «anége  est  plus  agréakle  i 


mais  il  est  très  ineommode  pour  te 
cheval,  et  raccourcit  l'homme,  (fa*il 
empêche  d'atteindre  l'ennemi.  Les  pi^ 
tolets  sont  nécessaires  pour  que  le  ca- 
valier ne  soit  pas  tout4-fait  désarmé 
s'il  perd  son  sabre. 

En  général,  on  a  une  idée  trop 
avantageuse  du  choc  de  la  cavalerie. 
Si  l'on  croit  que  deui  chevaux  se  poo^ 
sent  l'un  l'autre,  et  se  heurtent  de  la 
poitrine,  comme  le  semble  indiquer 
ce  mot  si  ridiculement  usité,  fa  comp 
de  poitrail^  c'est  une  absurdité,  puis* 
que  la  tète  et  le  col  forment  une  saillie 
considérable,  et  qui  empêche  que  lo 
poitrail  ne  porte  ;  il  est  vrai  pourtant 
que  le  coup  de  tète  est  quelquefois 
violent  quand  un  eseadron  en  attend 
un  autre,  ou  même  quand  ils  se  ren- 
contrent l'un  l'autre  en  pleine  course. 

Les  chevaux,  pressés  vivement,  se 
trouvant  heurtés  par  ceux  qu'oa  leur 
oppose,  cberdient  à  se  faire  jour;  il 
est  certain  qu'alors  la  troupe  eu  mou- 
vement a  un  grand  avantage  sur  ceUe 
qui  reste  en  repos,  et  qu'ajoutant  la 
vitesse  à  l'impulsion,  eUe  pénétrera 
celles-ci  et  la  renversera,  quelqiie  nouo- 
breuse  et  profonde  qu'elle  puisse  êlre, 
ee  qui  prouve  que,  pour  la  cavalerie»  la 
vitesse  est  tout.  Si  vous  manques  de 
légèreté  et  de  prestesse,  votre  cavale- 
rie ne  vaut  rien  ;  j'en  ai  vu  un  exeau- 
pie  bien  frappant  près  de  Gerlits,  en 
Lusace. 

Les  hussards  de  Ziethen  étaient  venus 
charger  des  carabiniers  aulrichiens,  et 
étaient  repoussés,  mais  se  voyant  »^ 
tenus  par  l'armle  prussienne,  qui 
avançait,  ils  se  rallièrent  et  renouèrent 
la  charge.  Les  eambiniers  avaient  eu 
l'imprudence  de  les  attendre»  eu  Uen 
d'aller  au-devant;  ils  torent  renversés 
et  culbutés  dans  un  marais,  où  il  y  en 
eut  quelques  centaines  de  tnéa  ou  pris, 
et  tout  eeh  ae  fitë  fi^^é  l9  memtew 


M  lOTB. 


air 


àp  l'anmtrfnrrde  antrichienne,  forte  de 
haft  à  dix  mille  hommes,  qu'elle  n'eut 
pa«  le  temps  d'y  porter  remède. 


CHAPITRE  IX. 

h%  Tordre  de  biUilie  des  nodemee. 

Par  ordre  de  bataille,  j'entends  la 
MrHmtîOR  des  dilTérentes  armes  qui 
eôtiaposent  une  armée,  sans  y  com-^ 
frtâàte  ce  qu'on  appelle  en  général 
kê  trempes  légères  qui  n'entrent  jomais 
4iiM  la  ligne. 

L'ordre  ordinaire  est  de  former  l'ar- 
mée sur  deux  lignes  on  davantage, 
parce  que  autrement  chaque  ligne 
i'ayant  que  trois  de  hauteur,  Tarmée 
Meaperait  trop  d'espace,  et  on  ne 
pourrait  ni  la  ranger  ni  la  faire  mou- 
foir  ;  d*aniettrs  c'est  un  moyen  de  sup- 
pléer à  hi  fail>lesse  et  aux  accidens  de 
It  i»remière  ligne,  en  la  soutenant  à 
iropOB,  et  en  remplaçant  les  vides 
qu'elle  peut  éprouver,  ou  enOn  en  la 
remplaçant  totalement. 

La  cavalerie  et  rinfanteric  forment 
dea  corpa  séparés  ;  la  première  est  corn- 
ttutiément  disposée  sur  les  Oancs  de 
Tautre. 

Ce  qui  fait  la  perfection  d'nn  ordre 
de  bataille,  c'est  que  les  dilTércns  corps 
soient  placés  de  la  manière  où  leur  ef- 
fet doit  être  le  plus  avantageux,  et  où 
Ils  peuvent  le  mieux  se  soutenir  réci- 
proquement et  rendre  la  victoire  com- 
plète; sans  quoi  il  arrive  que  l'une  des 
deox  armes  est  victorieuse  pendant  que 
ràatre  est  eu  déroute.  Une  condition 
wentielle  encore,  c'est  que  vos  trou- 
pes puissent  se  plier  facilement  à  la 
nature  du  terrain  sans  avoir  besoin  de 
hire  de  grands  changemens  à  leur  dis- 
^lOMHott,  soft  en  marchant  à  l'ennemi 
ou  dans  le  cours  même  de  l'action. 


Or  il  est  évident  que  si  la  cavalerie 
est  placée  sur  les  flancs  de  llnfanterie, 
elle  ne  peut  ni  la  soutenir  ni  en  être 
soutenue  ;  ce  qui  est  un  défaut  essen- 
tiel dans  la  disposition. 

D'ailleurs  il  arrive  souvent  de  là,  et 
il  doit  arriver  que  dans  les  marches, 
campemens  et  même  dans  le  combat, 
l'infanterie  et  la  cavalerie  ne  se  trou- 
vent pas  placées  sur  le  terrain  qui  leur 
convient,  parce  que  la  nature  du  pays 
change  souvent,  et  qu'on  ne  peut  pres- 
que jamais  changer  sa  disposition  gé- 
nérale; celle-ci  paraît  donc  manquer 
essentiellement  de  tout  ce  qui  consti- 
tue un  ordre  de  bataille  solide  et  pro*^ 
pre  a  l'action. 

11  y  a  plus  :  comme  les  deux  lignes 
sont  formées  dans  un  ordre  plein ,  à 
peu  près,  si  la  première  est  enfoncée 
et  poussée  un  peu  vigoureusement, 
elle  se  renverse  sur  la  seconde,  faute 
d'intervalles  sulBsans  pour  s'écouler. 
Celle-ci  perd  l'occasion  et  le  pouvoir 
même  de  s'avancer  vivement  et  en  bon 
ordre  sur  Fenncmi  pour  l'arrêter;  ain- 
si les  deux  lignes  se  trouvent  culbutées 
ensemble  et  la  bataille  est  perdue;  au 
lieu  que  si  la  seconde  ligne  avait  au 
moins  des  intervalles  pour  laisser  pas- 
ser les  débris  de  la  première,  et  qu'en 
même  temps  elle  se  fut  avancée  fière- 
ment contre  l'ennemi  pendant  qu'il 
était  dans  ce  petit  désordre  que  cause 
même  le  succès,  il  y  a  lieu  de  croire 
qu'elle  ne  l'eût  pas  seulement  arrêté , 
mais  battu  à  son  toiu*  et  mis  en  dé- 
route. 

On  donne  ordinairement  pour  rai- 
son de  cette  disposition  de  la  cavalerie 
sur  les  ailes,  que  c'est  pour  couvrir  les 
flancs  de  l'infanterie  ;  on  n'en  saurait 
proposer  une  plus  absurde  ;  en  elTet, 
l'infanterie  peut  bien  couvrir  ses  flancs 
elle-même  en  se  formant  en  colonnes 
ou  en  bataillons  carrés,  ce  que  la  ca- 


328 


auneuiBS'i 


valerte  ne  peut  )[$8s  (1);  ses  lianes  sont 
si  faibles  par  leur  propre  nature,  qu'ib 
ne  fournissent  aucune  défense. 

M.  de  Saiot^jermain  propose  avec 
raison,  dans  ses  mémoires,  de  camper 
Finranterie  derrière  la  cavalerie,  parce 
que,  dit-il,  si  ceHe-ci  était  attaquée 
pendant  la  nuit,  elle  serait  détruite 
entièrement  avant  de  pouvoir  monter 
achevai  (S). 

Au-delà  d'une  certaine  mesure,  le 
nombre  n'ajoute  point  à  la  force  d'une 
armée,  à  moins  que  tontes  les  troupes 
ne  puissent  agir  ensemble;  sans  cela 
on  ne  fait  qu'ajouter  à  la  pesanteur 
d'une  armée ,  et  la  rendre  tout-à-fait 
incapable  de  manœuvrer.  Cette  ma- 
nière de  séparer  la  cavalerie  de  l'in- 
fanterie fait  que  rarement  elles  se 
trouvent  Tune  et  l'autre  en  état  d'agir 
sur  le  terrain  et  dans  le  moment  qui 
conviendrait.  Elles  forment  réellement, 
dans  un  jour  de  bataille,  comme  deux 
armées  qui  agissent  séparément,  pour 
un  but  commun  peut-^tre,  maïs  sans 

(1)  Le  roi  de  Prusse  a  aus^i  Tusage  de  placer 
la  cavalerie  sur  les  ailes,  mais  il  ne  semble  pas 
que  son  objpl  soit  d'assurer  les  flanc<  de  son 
infanterte.  LMnfenlerte.  placée  au  ccotre,  forme 
presque  seule  l'ordre  de  balaille  rbez  les  Prus- 
sien»; elle  couvre  ses  flancs  elle-même  au 
moyen  du  quelques  balaîllons  de  grenadiers 
fi'rmés,  dès  le  commencement  de  la  campagne. 
dpN  compagnies  tirées  de  chaque  régiment.  Ces 
bataillons,  placés  en  ëquorre  «ur  Um  «iles^  fer- 
ment et  essartai  l'ordre  de  bataille. 

La  cavalerie*,  placée  auprès  dVux.  à  Teitré- 
noiiié  des  ailes,  est  en  dehors  de  Tordre  de  be- 
taillc,  et  ne  paraît  destinée  qu'à  exécuter  quel- 
ques mouvemcns  rapides,  propres  à  déborder 
l'ennemi,  à  le  tourner  oo  à  le  charger  vivement 
en  qveue,  s'il  s'opinfAtrait,  avec  apparence  de 
SQOcès,  sur  quelque  point  d*atlaque. 

C'est  ausfi  pour  la  même  raison  qu*on  a  vu 
le  roi  de  Prusse  placer  quelquefois  des  rsca-' 
(Irons  do  dragons  et  de  troupes  légères  rn 
^  équerre,  par  éebelons,  sur  Testréuiité  d'une 
"  iiile  qui  ne  semblait  |>as  appuyée,  afin  de  s'as- 
#uror  le  moyen  de  déborder  et  d'envelopper 
i'eniienii.  (A'ola  4s<  Héd.) 


accord  etUœ  elles,  cl  sans  se  |irot<'^or 
Tune  Tautre. 

Si  Tune  eat  battue,  Tautrc  fait  sa  re- 
traite, au  lieu  que  si  elles  avaient  éti* 
constituées  sur  d'autres  principes,  elles 
auraient  été  victorieuses  ensemble  ou 
défaites,  parce  qu'elles  n'auraient  for- 
mé qu'une  armée  composée  de  diffé- 
rentes troupes  combinées  et  réunies^ 
pour  un  but  commun. 

Avant  de  finir  ce  discours,  le  lecteur 
mepenneltra  de  résumer  brièvement 
tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à 
présent,  et  de  le  présenter  de  nouveau 
sous  la  forme  de  corollaires,  afin  qu'on 
en  puisse  saiair  TensemMe  d'un  coup- 
d'œil,et  être  en  étatde  former  un  juge- 
ment plus  éclairé  ;  j'i^outerai  la  descrip- 
tion d'une  bataille,  et  je  crois  que  les 
opinionsque  je  mesuisefforcé  d'établir 
en  recevront  pkis  de  force  et  de  clarté. 

l""  On  ne  pmt  appliquer  à  toutes  les 
opérations  de  la  guerre  l'usage  général 
des  armes  à  feu  et  de  toutes  les  espèces 
d'armes  de  jet;  elles  ne  sont  propres 

(2)  Voici  le  changement  que  propose  M.  de 
Saint-Germain ,  et  les  raisons  dont  il  appuie 
son  opinion  : 

Il  est  établi  que  les  ermëes  eampeni  sar  deax 
lignes,  rinfanlerie  dans  le  eeiitre,  U  etvalerie 
sur  les  ailes  avec  le  même  fk-ont  à  peu  prés 
qu'elles  occupaient  étant  en  bataUle.  GeUe  mé~ 
tbodc  est  assurément  vicieuse  :  il  est  étonnant 
qu'il  n*y  ait  pas  eu  encore  d'homme  n«et  es- 
treprenanl  pour  tomber,  pendait  la  unit  ou  à  la 
peinte  du  jour,  sur  une  alle.de  cavalerie  que 
cinq  cents  busards  pourraient  détruire,  s'ils 
savaient  assex  bien  manœuvrer  pour  la  sur- 
prendre. Dans  le  camp,  la  cavalerie  est  sans 
défense  ;  à  la  moindre  alerte,  cbaqoe  cavalier 
court  seller  son  ebeval,  sauver  son  éqnipage;  la 
tête  loomc,  et  il  ne  reste  personne  povr  s'op- 
poser à  l'ennemi.  Il  serait  plus  mililaire  et  plus 
sûr  de  camper  sur  trois  lignes,  la  cavalerie  sur 
une  ligne  entre  les  deux  de  llnlànterîe.  Dés 
qu'elle  est  une^  fois  à  ebevaC  elle  pent  se 
porter  vivement  eà  il  est  besolo,  et  la  seeonde 
ligue  d'inl^nterie  oecnpe  aosnite  alsémeat  sa 
place. 


0B  LLOTD. 


qa'à  la  goerre  défensive  et  conséqaem- 
meotqu*à  on  pays  couvert  et  serré,  où 
les  troupes  sont  toujours  à  i*abri  et  op- 
posent à  renuemi  des  obstacles  qui 
rempèchent  d*approche£, 

2'  L'usage  des  armes  à  feu  a  fait  de 
la  guerre  un  art  beaucoup  plus  savant 
et  plus  difficile  qu'il  n'était  chez  les  an- 
ciens, où  tout  se  bornait  à  l'arrange - 
meot  des  troupes  à  l'exercice  et  aux 
évolutions  :  ce  que  nous  appelons  les 
maïKBUvres,  pris  dans  son  sens  le  plus 
éleodu,  leur  était  absolument  incon- 
Do;  c'était  aux  )>atailles  qu'ils  con- 
fiaient la  destinée  des  guerres ,  et  par 
la  nature  de  leurs  armes,  une  bataille 
était  toujours  décisive, 

3"  Dans  la  constitution  moderne^  les 
ktaillesne  sont  pas,  et  ne  peuvent  pas 
être  décisives  ;  ce  sont  plutôt  de  gran- 
desescarmouchesque  des  affaires  géné- 
lales,  et  le  massacre  j  est  bien  moindre 
que  chez  les  anciens,  qui  n'employaient 
que  Tarme  de  main. 

k^  L'infanterie,  quoique  sa  forma- 
tion sur  trois  de  hauteur  ait  été  ima- 
ginée en  faveur  du  fusil ,  ne  peut  faire 
cependant  que  bien  peu  d'usage  de 
eette  arme,  et  la  cavalerie  ne  peut  s'en 
servir  du  tout. 

5*  Cette  formation  sur  trois  est  trop 
faible  pour  qu'une  ligne  ait  en  mar* 
Ghantque«qae  consistance,  pour  qu'elle 
poisse  attaquer  ou  se  défendre  elle- 
même  contre  une  autre  troupe  à  qui 
sa  constitution  donnera  plus  de  force 
et  d'activité. 

6*  Cette  foijnation  mince,  donne  une 
teDe  étendue  aux  lignes,  qu^elles  ne 
peuvent  marcher  même  en  plaine  avec 
quelque  légèreté,  à  plus  forte  raison 
dans  un  pays  serré  et  couvert. 

7«  Une  ligne  de  deux  lieues  de  front 
doit  nécessairement,  dans  une  si  grande 
étendue,  rencontrer  des  terrains  qui  ne 
conviennent  pas  à  l'espèce  de  troupe 


qui  s'y  tro^rrc  pracee,  et  ceperidant  il 
n'y  a  pas  moyen  de  changer  l'ordre 
primitif,  quoique  la  nécessité  l'or- 
donne. 

8"  Le  front  entier  doit  avancer  en  li- 
gne régulière,  ce  qui  ôte  a  l'armée 
toute  son  activité,  et  donne  le  temps 
à  l'ennemi  de  prendre  ses  mesures 
pour  le  combat ,  ou  se  décider  à  la  re- 
traite, 5'il  le  juge  à  propos  ;  ce  qui  ré- 
duit le  projet  de  la  bataille  à  une  lé- 
gère escarmouche. 

9*"  Le  général  ne  peut  voir  et  con- 
duire tontes  les  opérations  d'une  ligne 
si  étendue  ;  de  sorte  que  par  l'igno- 
rance, la  négUgence,  ou  la  mauvaise 
volonté  des  ofBciers^généraux ,  Taction 
n'est  jamais  suivie  comme  elle  devrait 
rètre  ;  la  plupart  des  opérations  sont 
manquées,  ce  qui  peut  entraîner  la 
perte  des  autres  :  en  un  mot ,  H  y  a  dé- 
faut d'unité  dans  l'action,  et  d'activité 
dans  l'exécution. 

10*^  Une  étendue  de  ligne  qui  devien- 
drait excessive  oblige  d'en  former  plu- 
sieurs, de  façon  que  si  Ton  considère  le 
petit  nombre  d'honmies  qui  agissent 
dans  la  première,  et  que  dans  les  au-^ 
très  on  n^agit  que  successifeiiient  et 
partiellement ,  et  presque  toujours 
quand  il  n'est  plus  temps,  on  trou- 
vera qu'il  y  a  à  peine  la  sixième  partie 
des  troupes  qut  entrent  en  action ,  et 
que  de  cette  sixième  partie  il  n'y  a 
peut-être  aucun  corps  qui  soit  à  sa  vé^ 
ritable  place  d'attaque  ou  de  défense. 

Tous  ces  défauts,  et  bien  d'autres 
encore  que  je  pourrais  rapporter,  ne 
viennent  pourtant  que  de  la  mau- 
vaise idée  qu'on  a  eue  de  faire  du  fusil 
l'arme  universelle,  et  d'avoir  voulu  ap- 
proprier à  l'usage  de  cette  arm^  la  for- 
mation des  troupes  et  les  ordres  de  ba* 
taille.  C'est  ce  que  je  crois  a  von-  plei- 
nement démontré  dans  les  chapitres 
précédens. 


$80 


DeaertplIoD  d*oiie  btftille. 


Je  ne  puis  mieux  démontrer  les  vices 
de  notre  constibition  militaire,  qu'en 
exposant  brièvement  conunent  on  met 
en  mouvement  cette  grande  machine 
qu'on  nomme  une  armée ,  et  comment 
une  tNitaille  s'engage,  se  continue  et 
se  termine  ;  enGn  quelles  en  sont  les 
conséquences  ordinaires,  et  tout  cela 
d'après  les  observations  que  j'ai  pu 
faire  dans  le  cour<&  de  jDiusieurs  cam- 
pagnes. 

Après  bien  des  marches  et  des  con- 
tre-marches qui  souvent  entraînent  la 
meilleure  partie  de  la  campagne  «  on  se 
détermine  à  donner  bataille:  tous  ceux 
qui  le  savent ,  et  il  y  en  a  toujours 
trop  I  se  donnent  bien  du  mouvement 
pour  avoir  un  commandement,  ou  être 
chargés  d'aller  annoncer  la  victoire 
qu*on  espère  ;  et  dans  le  choix  qui  est 


MàMOinES 

mens,  parce  que  fentiemf  a  ftJt  des 
dispositions  essentiellement  difléiren* 
tes  pendant  que  vous  perdiex  votre 
temps  en  préparant.  Si  voils  n*êtes 
pas  instruit  à  temps  de  ses  démafdies, 
et  que  vous  aillez  inconsidérément  i 
lui,  vôtre  jpremier  plafa  ne  vaut  i^his 
rien ,  et  vous  n'êtes  pas  &  même  d'en 
former  un  autre  qni  soit  propre  aux 
circonstances  actuelles,  tAf  M  fhiidraR 
déplacer  entièrement  votre  infanterie 
et  votre  cavalerie  ;  cela  ne  se  peut  faire 
devant  l'ennemi  sans  prêter  le  flanc , 
et  ainsi  s'exposer  &  une  entière  dé-* 
faite  ;  si  l'on  veut  faire  quelque  chan- 
gement datis  la  disposition  de  l*armée, 
il  faut  que  cela  soit  fait  nn  jour  ou  deux 
avant  de  quitter  le  camp ,  autrement  il 
se  met  tant  de  confusion  dans  Vamiée 
qu'il  n*y  a  plus  de  remède. 

La  bataillé  de  Llgnifi ,  en  lYAD ,  fM 
perdue,  et  le  brave  Laudon  sacriQé  A  la 


î^%.  rintrîfiue  et  la  faveur  l'emportent]  malice  ou  à  l'ignorance,  parce  que  le 

marcchal-général  des  logis  de  l'armée 
du  maréchal  /)^aun  voulut,  sans  aucune 
bonne  raison  ,  changer  entièrement 
l'ordre  de  bataille  de  l'armée,  le  soir 
même  qui  précéda  la  bataille;  il  en  ré- 
sulta que  la  grande  arùiée  arriva  sur 
son  terrain  dix  heures  trop  tard.  On 
trouva  Laudon  défait,  et  le  roi  de 
Prusse  prêt  à  nous  recevoir  ;  comme  le 
premier  projet  était  manqué,  11  ne  fot 
plus  question  d'en  former  un  autre, 
quoiqu*on  en  eût  bien  te  temps,  et  que 
lesdeux  armées  réunies  fussent  de  vingt 
mille  hommes  plus  fortes  qtie  celle  de 
Tennemi.  On  se  contenta  de  conti- 
nuer sa  marche  sut  l'Oder,  sans  être 
suivi.  Le  lecteur  me  pardonnera  cette 
digression. 

Ordinairement  les  brigades  d'arUlle^ 
rie  précèdent  les  colonnes  pour  en  fan 
voriser  le  développement ,  et  empêcher 
l'ennemi  de  s^ôpposer  à  la  formation 
de  la  ligne  :  le  général  et  lé  Soldât  sont 


k  valeor  et  les  talons. 

Qd  emploie  plusieurs  jours  à  exami^ 
%mt  la  position  de  l'oonemi ,  ce  qui  de* 
vrait  ètc»  fiait  en  peu  de  minutes,  car 
ftticMqM  iiasaît  pas  juger  d'un  coup< 
4'mil  h  nature  d'un  camp  et  la  manière 
de  l'attaquer,  doit  à  jamais  renoncer 
au  comjDandement  :  pendant  toutes 
ces  longueurs,  l'ennemi  se  prépare  à 
vous  recevoir,  il  fortifie  sa  position,  ou 
U  change*  souvent  il  fait  sa  retraite, 
de  sorte  que  vous  rencontrerei^  des 
obstacles  nouveaux  et  imprévus^  ou 
peut*ètre  toutes  vos  peines  sont  per- 
diiesi  et  il  faut  suivre  l'ennemi  pour 
trouver  de  nouvelles  occasions,  que 
vous  ne  reocontrerex  peut-être  pas 
dans  toute  une  campagne,  surtout  si 
]»  générd  ennemi  est  habile  et  qu'il 
veuille  éviter  le  combat 

SnQn  on  détermine  la  manière  de 
former  les  attaques,  et  dix  Couis  pour 
une,  il  Y  faut  aworter  des  change- 


DS  ILOTD. 


votre  marche,  parce  qn'il  ftint  qae 

toute  la  ligne  avance  en  mAme  temps; 

pendant ,  rien  n*est  pins  inotile  ;  il  :  si  quelque  partie  se  séparait  le  moins 


BMement  persuadés  qu'on  ne  peut 
^^  faire  sans  cela ,  et  dans  le  vrai  ce- 


tfcn  résulte  que  du  bruit;  mais  Tin-  ' 
eonrénient  réel ,  c'est  que  ce  prodi- 
gfènx  train  d'artillerie,  avec  tout  son 
lillnfl,  avance  lentement,  s*arrète  & 
lùnt  moment,  retarde  la  marche  des 
irûfttpes  par  mille  accidens,  de  façon 
pfn  est  très  rare,  et  même  on  pour- 
"aitdire  presque  sans  exemple,  qu'elles 
arrii^t  ensemble  sur  le  terrain  où  elles 
loirent  se  développer. 

Toilà  le  moment  critique  h  saisir 
Kmr  un  ennemi  intelligent,  s'il  con- 
lalt  parfaitement  le  pays  qui  est  entre 
mi  camp  et  le  vAtre,  il  saura  toutes  les 
ibotes  par  lesquelles  vous  marchez ,  et 
Mr  conséquent  il  peut  aller  à  vous  en 
Mtaille,  attaquer  vos  têtes  de  colonnes 
st  les  battre  en  détail ,  sans  leur  laisser 
e  temps  de  se  former  en  ligne,  de  la 
■ème  manière  qu'on  attaque  une  ar- 
ière-garde  :  mais  heureusement  pour 
r,  il  a  confiance  dans  sa  position,  et 
laisse  faire  toutes  vos  dispositions 
iemne  vont  l'entendez. 

Oo  dirait  que  cette  armée  est  de 
lêrcatalm»  de  la  Chine  comme  ces  gar- 
Mvoa  de  cheminées  qu'on  n'ose  tou- 
lier  de  peur  de  les  casser.  Après  trois 
Ml  ifaaira  heures  de  canonnades  et 
Nanrmeuches,  l'armée  est  formée  et 
fteranee  à  l'ennemi  précédée  de  son 
DraiB  d*8rlillërie  ce  qui  retarde  encore 
la  marche  excessivement ,  et  cause  la 
pacte  de  beaucoup  d*hommcs ,  qu'on 
mrait'  épargnés  si  l'on  avait  rapide- 
■est  traversé  l'espace  qui  séparait  de 
tamemi. 

Iiipposoiii  maintenant  que  votre  ar- 
mée soit  de  cinquante  mille  hommes  : 
de  eceepe  en  front  de  deux  lieues. 
Bana  ime  telte  étendue  de  pays ,  l'art 
et  la  oatwe  peuvent  opposer  mille 
ma  rattrtoit  Bécemalràm»* 


du  monde,  un  ennemi  actif  se  jetterait 
vivement  dans  cet  intervalle  et ,  cou- 
pant ainsi  votre  armée ,  vuus  prendrait 
en  flanc  et  vous  déferait  totalement  ; 
c'est  exactement  ce  qui  est  arrivé  à  la 
bataille  de  Prague. 

Pour  éviter  ce  désastre  et  se  tenir 
ensemble,  on  avance  sur  une  ligne  pa- 
rallèle à  celle  de  l'ennemi,  et  on  met 
quelquefois  des  heures  à  gagner  un 
quart  de  lieue  de  terrain  qu'on  aurait 
dû  traverser  en  peudcminutes.  Si  la  fer* 
meté  de  vos  troupes  et  l'inactivité  de 
l'ennemi  vous  le  permettent,  vous  ar- 
rivez à  lui  et  vous  réussissez ,  Je  sup- 
pose, dans  un  ou  deux  points  d'attaque 
seulement,  c'est  avoir  gagné  la  bataille, 
quoique  souvent  vous  n*ayez  déplacé 
que  deux  ou  trois  bâtai. Ions:  si  voua 
manquez  Tattaque  que  vous  jugez  la 
plus  importante ,  vous  vous  retirez,  et 
souvent  sans  être  suivi;  cela  s'appelle 
avoir  perdu  la  bataille. 

Dans  le  premier  cas,Tennemi  n'a 
aucune  ressource  dans  sa  première  li- 
gne, puisqu'elle  ne  peut  marcher  qu'en 
avant  ou  en  arrière  ;  de  sorte  que  si 
vous  avez  pu  maintenir  les  postes  ga- 
gnés, vous  êtes  resté  maître  de  tout,  et 
votre  adversaire  n'a  plus  d'autre  parti 
à  prendre  que  de  se  replier  par  éche- 
Ions  et  de  s'en  aller.  C'était  cependant 
encore  un  moment  critique  pour  vous 
si  l'ennemi  avait  su  se  conduire. 

En  effet,  au  lieu  de  vouloir  regagner 
les  points  perdus,  s'il  eût  fait  avancer 
une  partie  de  sa  seconde  ligne  pour  vous 
arrêter  seulement,  et  vous  obliger 
d'employer  la  plus  grande  partie  de  vos 
forces  à  maintenir  les  postes  occupés 
comme  on  fait  communément,  et  qu'en 
même  temps,  avec  le  reste  de  son  ar- 
asée ,  it  eftt  fait  un  ^ort  considémble 


lICAIo'fti'.j^ 


aur  fotre  ligoç,  ii  est  vraisemblable 
qu'il  vous  aqrait  forcé  de  lâcher  vos 
premiers  avantages  pour  empêcher 
votre  ligne  d'être  coupée ,  ce  qui  serait 
certainement  arrivé ,  s*il  y  en  avait  eu 
une  partie  de  renversée  et  mise  en  dé- 
route. Le  mouvement  que  j'indique  se 
GoJt  quelquefois,  mais  c'est  toujours 
pour  favoriser  la  retraite  et  rarement, 
ou  même  jamais,  dans  la  vue  de  gagner 
la  bataille. 

Coomie  vous  n'attaquez  que  succes- 
sivement, vous  réussisses  de  même,  et 
vos  avantages  ue  se  gagnent,  ou  plutAt 
ne  vous  sont  abandonnés  par  Tennemi 
que  peu  à  peu;  vous  ne  pouvei  faire 
aueun  effort  général  en  attaquant  ou 
en  poursuivant  l'ennemi  qui  st^  retire  à 
son  aise. 

Votre  armée,  qui  a  peut-être  été 
vingt-quatre  heives  sous  les  armes» 
•st  si  harassée  qu'elle  ne  peut  plus  ni 
marcher,  ni  agir,  enoore  moins  pour- 
suivre vigoureusement  ses  avantages. 

On  envoie  les  troupes  légères  don  - 
ner  chasse  à  l'ennemi ,  mais  c'est  avec 
peu  de  succès ,  parce  que ,  en  général , 
elles  ne  s'attachent  qu'au  pillage,  et 
qu'un  hataUlon  jeté  dans  un  bpis  ou 
4ans  un  village  les  arrête  tout-à-fait  ; 
l'ennemi,  qui  n'a  perdu  que. quelques 
canons  et  quelques  prisonniers  «  va  oo- 
coper  un  poste  avantageux  sur  les  hau- 
teurs voisines,  et  il  ne  vous  reste  de  vo- 
tre victoire  qu'un  champ  de  bataille. 

Tel  aétélesuccèsdesbataillesque  j'ai 
vues,  ce  que  je  ne  puis  attribuer  qu'à 
la  pesanteur  et  à  l'inactivité  de  nos  ar- 
mées; défauts  qui  ne  viennent  eux- 
mêmes,  comme  je  l'ai  démontré,  que 
ie  IHsage  général  des  armea  à  feu,  et 
de  la  ttouveHe  tactique  à  laquelle  cette 
arme  a  donné  naissance. 

Il  peut  arriver  cependant  qu'un  chef 
habileobUeane  quelquefois  de  grands 
niantages'  avw  de  si  faibles  moyens, 


comme  on  l'a  vu  après  «a  NitaïUe  de 
Lissa  où  les  Autrichiens .  dans  le  cours 
d'un  mois,  perdirent  la  plus  grande 
partie  de  leur  armée  sans  qu'on  en  pût 
assigner  aucune  nécessité  apparente. 

Mais  entre  deux  généraux  de  taleot 
égal ,  toute  une  guerre  peut  se  passer 
en  escarmouches  sans  en  venir  jamais 
à  une  action  générale  décisive ,  comme 
cela  arriva  sur  le  Rhin,  entre  Turenoe 
etMontecuculU. 

On  voit  donc  clairement  que  nos  ba- 
tailles, comme  je  l'ai  dit,  ne  sont  que 
de  grandes  escarmouches,  et  yoilà 
pourquoi  ce  ne  sont  plus  aujourd'hui 
les  batailles  qui  terminent  les  guerres 
comme  autrefois,  mais  le  défaut  de 
moyens  pour  en  continuer  les  dé- 
penses. 


CHAPITRE  X. 

Ifmiveitt  f yftime. 

Après  avoir  montré ,  dans  les  cha- 
pitres précédons,  que  l'usage  exdusir 
des  armes  à  feu,  la  formation  sur  trois 
donnée  à  l'infanterie  et  à  la  c^alerîe , 
et  l'ordre  de  bataille  qui  r^lte  de 
cette  formation ,  étaient  imparfaits  et 
peu  propres  à  mettre  une  aitnée  en 
état  d'exécuter  toutes  les  opérations 
de  la  guerre,  il  me  reste  à  examiner 
comment  on  peut  former,  armer  et 
ranger  des  troupes ,  soit  de  cavalerie , 
soit  d'infanterie,  pour  éviter  tous  les 
défauts  de  la  constitution  moderne,  et 
pour  donner  à  ces  nouveaux  corps  les 
qualités  qui  constituent,  suivant  aoi^ 
la  perfection  d'une  armée,  c'est  à-dire 
la  force ,  l'activité  et  la  mobilité  uni- 
verseUe. 

Tant  que  l'arme  i  feu  sera  la  seuir , 
comme  aujourd'hui ,  dont  l'iofantene 
fasse  usage.,  car  l'épée  et  la  baïonnette 
ne  lui  servent  de  riep;  on  ne  ponm 


B  tXOTO. 


Mmer  ancifti  fystème  qui  diminue  les 
BiperfectioDs  dont  nous  nous  plai- 
DMDfl.  Si  TOUS  formez ,  par  exemple , 
m  gens  sur  deux  rangs  pour  leur  ren- 
ke  plus  commode  Fnsage  du  fusil , 
Ntie  ligne  deviendra  si  étendue  et  si 
MU»  (in'il  ne  aura  presque  plus  pos- 
riUe  de  la  remuer  et  de  la  faire  agir: 
WMwe  moins  sera-t-il  à  espérer  qu'elle 
pOiase  résister  au  choc  de  1  ennemi.  Si 
mcontraire,  vous  disposez  votre  troupe 
sur  quatre  ou  cinq  rangs,  elle  ne  pourra 
lias  faire  usage  de  ses  armes. 

La  conséquence  naturelle  ,  c*cst 
la'ane  partie  de  votre  monde  doit  être 
irmée  de  piques  :  cette  arme  seule  peut 
ie.|ir4ter  à  une  formation  qui  ait  assez 
le  fcme  pour  résister  au  choc  de  Tcn- 
lèmi ,  soit  qu'il  attaque  à  pied  ou  à 
Eheval;  et,  pour  se  mouvoir  dans  toute 
espèce  de  terrain  avec  un  égal  avan- 
Hge,  Q  faut  unir  et  combiner  ensemble 
asolidité  de  l'arme  de  main ,  avec  la 
ODgoe  portée  de  l'arme  de  jet  :  si  nous 
Mmvions  atteindre  rc  point,  nous  ap- 
vpdierions  bien  près  de  la  perfection 
pii  est  le  but  de.  nos  recherches ,  et  il 
Ty  a  point  de  doute  qu'une  armée  for- 
née  sar  de  tels  principes  ne  fût  s»upé- 
ieure  à  tontes  celles  qui  existent  au- 
jourd'hui. 

Vusage  de  la  pique  rend  nécessaire 
ceini  d'une  cuirasse  en  état  de  parer 
les  coups  de  cette  arme ,  ou  du  moins 
d*eii  diminuer  les  effets.  Les  armes  dé- 
Geraves  ne  peuvent  jamais  se  séparer 
de  iHisage  de  l'arme  de  main,  surtout 
dans  la  cavalerie ,  où  l'action  se  passe 
tocjoiurs  le  sabre  à  la  main. 

.  Contre  une  infanterie  armée  comme 
rèst  aujourd'hui  celle  de  toute  r£u- 
rîqpe,  1^  armes  défensives  sont  moins 
nécessaires ,  quoique  toujours  utiles  : 
dlea.donnent  de  l'assurance  à  l'homme, 
et  peaYentdinodnuer  ou  même  détruire 

aotitMiimt  l'effet  de  la  balle, ai  le 


coup  est  tiré  d'une  grande  distance  ou 
dans  un  angle  fort  obtus  au-dessus  oo 
au-dessous  de  la  ligne  directe  et  hori- 
Konlale.  Mais  comme  il  peut  arriver, 
et  que  même  il  arrive  souvent  que  de 
rinfanterie  soit  opposée  à  de  la  cava- 
lerie, ou  dans  le  cas  de  joindre  de  près 
d'autre  infanterie,  je  pense  qn*on  pour- 
rait l'armer  de  la  manière  que  j'expli- 
querai ci-aprés. 

C'est  une  vérité  bien  connue ,  qu'à 
chaque  campagne,  un  tiers  ou  un  quart 
au  moins  de  l'armée  est  emporté  en 
peu  de  mois  à  l'hôpital ,  et  un  grand 
nombre  y  périt.  Le  défaut  de  qualité 
ou  de  quantité  dans  les  alimens,  et  le 
peu  de  soin  qu'on  a  des  malades  dans 
les  hôpitaux ,  sont  les  causes  princi- 
pales de  cette  consonunation  d'hom- 
mes ;  mais  une  cause  primitive  et  ca- 
pitale, c'est  la  manière  dont  le  soldat 
reste  exposé  aux  intempéries  de  l'air 
par  le  vice  d'un  habillement  qui  semble 
n'avoir  pour  objet  que  le  coup-d'œil  et 
la  parade  d'un  jour  de  revue,  pour  plaire 
aux  femmes  par  un  costume  de  théfttre. 
Comme  l'habillement ,  l'armement  et 
les  manœuvres  doivent  être  unique- 
ment dirigés  vers  le  but  de  conserver 
la  santé  de  l'homme  et  de  faciliter  les 
opérations  de  la  guerre,  et,  conune  il 
est  impossible  aussi  de  charger  le  sol- 
dat de  toutes  sortes  de  choses  qui  ne 
lui  seront  peut-être  nécessaires  qu'une 
fois  en  sa  vie ,  je  vais  établir  sur  l'ar- 
ticle seul  de  l'équipement ,  ce  que  je 
crois  toujours  utile  et  nécessaire  à  hi 
troupe. 


CHAPITRE  XL 
De  rhtbniemeiit  4ff  soldats. 

Le  soldat  doit  avoir  trois  chemises 
de  grosse  toile  sans  garniture;  deux 
caleçons,  deux  culottes  de  coutilt  qui 


Wk  MÉOÊomu 

raibottent  les  hanehei  tt  tombent  ja»*  1  partie  de  cet  équipemoBt  doit  tootoonM 


qu*à  la  cheville  du  pied  à  la  manière 
des  croates  hongrois  et  des  hussards, 
deux  paires  de  gros  bas  de  fil  et  quatre 
paires  de  chaussons,  car  H  faut  tenir  aux 
soldats  le  pied  sec  et  le  préserver  des 
mnênimur^  que  cause  la  laine  sur  la 
jambe,  pour  peu  qu'elle  soit  écorchée. 

Le  soldat  doit  avoir  aussi  deux  vestes 
de  la  même  étoffe  que  les  culottes  et 
deux  gilets,  à  moins  que  celui  de  des- 
sus ne  soit  dooUé,  ce  qui  vaut  mieux. 

Pour  l'hiver,  on  donnera  deux  paires 
de  bas  de  laine,  une  culotte  avec  Tha* 
bit  et  veste  de  gros  drap;  Thabit  doit 
avoir  des  revers  qui  se  croisent  jusqu'à 
la  ceinture  dans  la  coupe  et  l'ampleur; 
on  doit  avoir  plus  d*égard  à  la  commo-« 
dite  qu'à  Téléganceet  à  la  mode. 

Le  soldat  sera  également  pourvu 
d^one  bonne  et  grande  capote  à  man- 
ehes,  qui  tombe  jusqu'à  mi-jambe, 
avec  un  petit  collet  qui  boutonne  au- 
tour du  col,  et  un  capuchon  qui  couvre 
la  tète. 

Tout  lliabillemeRt  d'hiver  doit  res- 
ter dans  les  magasins  du  régiment  jus- 
qu'à» mois  de  septembre ,  excepté  hi 
capote  qui  tiendra  asseï  chaud  à  l'hom- 
me pour  que  le  reste  de  son  vêtement 
puisse  être  de  01  ou  de  coton.  Il  faut  de 
plus  que  te  soMat  ait  un  col  noîr  decuir 
piqué  et  garni  en  dedans;  cela  tiendra  la 
gorge  chaude,  et  est  propre  et  de 
bonne  grSce. 

Enfin,  il  aura  des  brodequhis,  ce 
qui  Tait  une  chaussure  phis  beHe  et  plus 
commode  que  le  soulier  :  la  poussière, 
le  sable  et  le  gravier  ne  sont  point  su- 
jets à  y  entrer,  et  l'homme  se  blesse 
moins. 

Je  voudrais  de  ploa  qse  la  veste  se 
joignit  à  la  ceinture  de  la  culotte ,  par 
dea  boutonnière» ,  sans  tre|>  serrer , 
pour  tenir  les  reins  chauds ,  et  préser- 
ver du  froid  et  de  la  ploie.  GomiM  âne 


rester  dans  les  magasins  du  régimeat,  ^ 
fô  soldat  pourra,  sans  être  trop  chargé, . 
porter  en  tout  temps  ce  qui  hii  est 
lement  nécessaire.  Je  n'ai  rien  dit 
la  coifrure«  parce  qu'au  litvdu  dHh 
peau,  qui  est  aussi  inutile  cfueridicahc 
je  compte  proposer  un  genre  de  oasipii 
qui  défende  et  couvre  la  tète,  le  col  il 
les  épaules. 


CHAPITRE  iU- 


Des  trmet  détemirtê. 


La  partie  naturellement  la  plus 
sentielle  à  garantir,  c'est  la  tète: Je 
voudrais,  pour  cet  objet,  un  casque  de 
cuir,  préparé  comme  celui  des  bottes 
fortes,  et  matelassé  en  dedans  pour  se 
placer  commodément  sur  la  tète  :  le  de- 
vant avancerait  de  trois  pouces  pour 
défendre  le  visage  et  rejeter  la  plulè; 
il  en  partirait  cinq  ou  six  chaînettes  de 
fort  laiton  qui  viendraient  s'agraCRer  sot 
le  plastron  pour  former  ta  visière  ai 
casque,  une  telle  arnmre  die  tète  It 
défendra  bien  sûrement  du  coup  de 
sabre,  soft  qu*il  soit  appujé  en  tran^ 
chant,  à  la  manière  des  troupea  eurô^ 
péennes ,  soit  en  glissant  hornontiie* 
ment,  comme  les  Turcs  et  lèa  Asiik 
tiques. 

Il  y  aurait  sur  Te  devant  du  ouqné 
une  plaque  de  cuivre,  portant  te  nooi 
du  régiment,  ou  son  numéro,  avec  ce- 
htt  d^  bataillon ,  de  la  compagnie,  et 
tout  ce  qu'on  a  coutume  de  dérigner 
par  les  boupettes  du  chapeau.  On  n'i- 
magine pas  Teffet  moral  que  pourrait 
avoir  une  circonstance  sf  peu  impor- 
tante eu  apparence. 

La  certitude  qu^on  ne  pourra  éviter 
le  reproche  empêche  qu'on  ne  s*]r  tt- 
pose;  et  sur  cela,  fl  ne  dMt  y  iaiulr 


DB  LLOYO. 


935 


^^icaiis  dlflSrence  entre  les  officiers  et  t 
^  soldats. 

La  pièce  la  plus  intéressante  do  Por- 
Hiare,  après  le  casque,  c*est  la  cuirasse  ; 
Me  doit  être  aussi  de  cuir  1res  fort,  et 
pirrter  depuis  le  col  jusqu'à  la  ceinture, 
llfr inatiiëre  à  garantir  de  tous  les  coups 
vraiment  mortels  de  Tarme  blanche,  et 
I  diminuer  beaucoup  les  effets  de  l'ar- 
me à  feu. 

En  voilà  assez  sur  l'habillement  et 
l'armure  du  soldat;  parlons  mainte- 
nant de  ses  armes  offensives,  en  com- 
mençant par  celles  de  rinranieric. 

Nous  avons  déjà  montré  que  le  fusil 
et  la  baïonnette  sont  embarrassnns , 
trop  lourds  du  bout,  et  trop  courts 
eomme  armes  de  main,  et  que  l'épée 
doit  être  absolument  réformée  comme 
iilùUle  ;  je  voudrais  raccourcir  le  canon 
dé  ftisil  dfc  dix  à  douze  pouces,  et  le 
tortifier  dans  la  culasse,  de  manière 
fucle  centre  de  gravité  se  trouvât  en- 
Ire  les  deux  mains  dans  le  temps  de 
ffiêtnitz  Us  armes,  ce  qui  le  rendrait 
phu  facile  à  manier,  et  moins  pesant 
du  bout  qu'il  ne  l'est  à  présent. 

Le  général  Clarke  a  inventé  une  es- 
pèce de  fusil  qui  me  paraît  remplir 
Mb  bien  tout  ce  qu'on  peut  désirer  à 
cet  Âgard,  et  (|u'on  peut  prendre  pour 
liodèle.  Au  lieu  de  ta  baïonnette,  je 
VQodrab  une  lance  de  quatre  pieds  de 
Wig,  d'un  bois  fort  léger,  comme  le 
ttlàe,  par  exemple;  il  y  aurait  une 
hempe  d'acier  de  six  pouces,  dont  les 
iea%  derniers  formeraient  la  pointe,  et 
h  reste  du  bois  serait  garni  de  deux 
luiea  de  fer  pour  Fempécher  de  cas- 
ier. Cette  lance  se  porterait  sous  le 
Iras  gauche,  la  pointe  en  bas  ;  elle  se- 
nit  bâte  de  manière  à  pouvoir  se  flxer 
ae  bout  du  fusil  comme  la  baïonnette, 
neia  avec  deux  tenons,  au  lieu  d'un, 
pour  plus  de  solidité. 

Si  le  fiiiil  eit  brisé  ou  perdu  dans  le 


combat,  dans  le  moment  qu'on  joint 
l'ennemi,  et  que  le  feu  cesse  par  con- 
séquent, cette  lance  même  seule  peut 
être  d'un  grand  usoge  ;  et  quand  elle 
est  attachée  au  fusil,  elle  est  excellente 
aussi  bien  contre  la  cavalerie  que  con- 
tre rinfanterie.  On  peut  objecter  qu*en 
raccourcissant  le  canon,  le  feu  des  der- 
niers rangs  incommodera  tCS  autres; 
mais  cette  difficulté  n*cst  de  nulle  va- 
leur. Si  vous  tirez  par  rangs,  il  y 
aura  plus  d'ordre  et  de  sûreté,  et  moins 
de  priici|)italioii  que  dans  les  antres 
feux,  surtout  si  la  lance  n'est  pas  en- 
core au  bout  du  fusil,  mouvement  que 
je  ne  crois  pas  qu'on  doive  faire  avant 
d'être  à  trois  cents  pas  de  Tennemi  ; 
alors  il  faut  la  placer,  et  aborder  vive- 
ment. 

Les  trois  quarts  de  Tinfanlerie  se- 
ront armés  de  ce  fusil  avec  la  lunce; 
l'autre  aura  des  piques  de  douze  pieds 
de  long,  un  bon  sabre  et  des  pistolets 
a  la  ceinture. 

La  cavalerie  sera  habillée  comme 
rinfanterie,  à  l'exception  des  brode- 
quins, qui  seront  remplacés  par  des 
bottes  de  cavalier.  Ses  armes  seront 
une  lance  de  sept  pieds  de  long,  que 
le  cavalier  portera  le  long  de  la  selle,  à 
droite,  de  manière  à  pouvoir  la  saisir 
vivement  et  s'en  servir;  ses  autres  ar- 
mes seront  un  sabre  de  quatre  pieds  et 
une  paire  de  pistolets. 

La  cavalerie  légère  et  les  hnssarcb 
resteront  armés  à  rordinafrc.  Comme 
ils  sont  souvent  employés  à  reconnaî- 
tre, et  que  l'infanterie  ne  peut  les  sui- 
vre, ils  doivent  avoir  des  mousquetons 
pour  être  à  armes  égales  avec  l'enne- 
mi. L'infanterie  légère  sera  armée, 
comme  le  reste,  avec  le  fusil  et  la  lan- 
ce, sans  épée  ni  pistolets. 

Après  rhabillement  et  l'armement, 
il  faut  s'occuper  de  la  formation,  et  la 
rendre  telle  que  rkomme  puisse  em- 


m 


tT^  sections,  çt  je  forme  un^  colonne 
de  huit  hommes  de  front  et  de  seize 
^ç  profondeur  ;  je  dispose  celte  colon- 
ne, comme  ou  le  volt,  sur  la  pi.  J,  (ig.  1, 
Qvec  les  chasseurs  et  le  canon  sur  les 
^ancs. 

Le  bataillon  étant  ainsi  formé,  je  le 
ivpposi*  attaqué  en  plaine  par  dix  es* 
cadrons;  le  canon  et  les  chasscqrs 
tiçndront  cette  cavalerie  éloignée  par 
pn  feu  qui  vraisemblablement  aura 
beaucoup  d*cflet,  surtout  si  le  premier 
et  le  second  rang  peuvent  avancer  Tun 
9prèii  l'autre,  et  lirer  comme  les  gre- 
nadiers-chasseurs ;  ce  qui  se  peut  f iire 
aisément  et  sans  risque  à  la  dislance 
de  soixante  ou  quatre-vingt-dix  pieds, 
parce  que  s'ils  sont  pressés,  ils  repren- 
dront leurs  rangs,  et  les  chasseurs  rem- 
pliront rintervalle  de^  compagnies. 

Je  suppose  que  cette  cavalerie,  sans 
l*embarrasscr  du  feu  des  colonnes, 
vienne  charger  au  grand  galop;  de 
quelque  côté  qu'elle  se  présente,  je  lui 
oppose  huit  rangs,  dont  les  trois  pre- 
miâ[S..sont  armés  de  fusils  avec  les 
lances;  le  quatrième  et  le  cinquième 
avec  de  longues  piques ,  et  les  trois 
derniers,  à  l'abri  de  ce  retranchement, 
peuvent  tirer  sur  l'ennemi  qui  est  éle- 
ré,  sans  avoir  crainte  de  blesser  ou  de 
troubler  les  premiers  rangs. 
*  Maintenant  Je  demanderais  Tolon- 
tlers  à  Seidlitz,  s'il  était  encore  au 
monde,  je  demande  à  Wagnitz,  qui 
est  au  service  de  Uesse,  au  chevalier 
Guillaume  Erskine,  qui  est  au  service 
de  la  Grande-Bretagne,  s'ils  pensent 
qu'ils  pourraient  rompre  cette  colon- 
ne, en  rattoquant  avec  deux  mMe  vo- 
lontaires d'£liol;  diront-ils  que  oui? 
Eh  bien  !  je  u^unia  mes  quatre  compa- 
gnies, et  je  quadruple  la  force  de  ma 
colonne.  Croiront-ils  encore  pouvoir 
tnfonccr?  Je  ne  pense  pas  qu'ils  s'en 
Tutent  ;  w  tedépendamaent  du  fti* 


sil,  dQs  ianc^  et  des  piqaet.  J'ose  -i — 
surer  qu*il  n'y  a  point  d'escâdron  ,«^ 
quelque  force  d'impulsion  qu'il  alt,^ 
qui  puisse  renverser  seize  rangs  d'hï — 


funterie;  car  la  quantité  d'actions  pro- 
duite par  un  cavalier,  et  II  n*y  en  a^: 
qu'un  qui  choque,  n'est  pas  égale  à  l<k. 
résistance  de  sqi^ç  homipe9  placés  en. 
file,  et  serr^  en  wim^  pour  eo  repoii»* 
ser  l'effet. 

Je  (ne  crois  donc  autorisé  ji  conclure 
qu'un  bataillon ,  armé  et  disposé  99i-* 
vaut  mes  principes ,  peut  résister  ea 
plaine  à  un  corps  de  cavalçric  npa 
seulement  de\x\  fois  plus  fort  qu'elle» 
mai!ii  encpre  è  toute  celle  nvec  Ugu^d 
on  tentera  de  l'entamer. 


CHAWTRB  Wy. 


Da  ta  caT4f  ri«> 


Phis  je  considère  ce  sujet^  et  moins 
je  me  trouve  capable  d*en  riep  dira 
qui  me  satisfasse  moi-même;  bien 
loin  de  contenter  ceui  qui  sont 
phis  instruits  que  moi  sur  cette  ttà— 
tlère. 

Qu'on  range  la  cavalerie  sur  trois 
ou  sur  quatre,  Il  est  toujours  sAr  que 
le  premier  rang  seul  pourra  agir  par 
le  fbu  OH  par  l'arme  blanche,  ou  par 
l'un  et  l'autre  ensemble,  et  que  si  le 
premier  rang  est  enfoncé.  Il  portera  le 
désordre  dans  le  reste,  et  entratotni 
le  tout  en  désordre. 

D'un  autre  côté,  qu'une  troupe  4e 
cavalerie  reste  sur  son  terrain,  itne 
autre  troupe,  soit  de  eavalcrie  oodln- 
fafiterie,  qui  l'attaquera  par  le  ftu,  la 
forcera  de  se  retirer  ou  Dten  d*avatietr« 
le  sabre  à  la  main  ;  ce  qui  ne  hii  ta- 
rait pas  f^  utile  coulre  de  riofaota- 
rie  Mae  eqpiHrte,  oa  eoelre  4a  h 


smraoolaat,  pnisqa'^lla  ne   pourrait 

BfqiroGher  de  la  première  «  ni  croiser 

to  SDlxre  avec  l'autre  aans  rompre  sa 

ligne  ;  «ifirs  elle  est  évidcmmeot  plus 

faible  que  cetio  cavalerie  légère,  à  qui 

M  vilosc  aupérieure  donne  la  facilité 

de  s'échapper  en  bravant  la  poursuite 

des  escadrons.  En  supposant  même 

que  cette  cavalerie  parvienne  à  char* 

ger,  U  n'y  a  cpie  le  premier  rang  qui 

peitse  ae  servir  de  ses  armes  ;  les  dcu 

aotraa  ne  sauraient  s'em|>loyer  qu'à 

remplaeer  les  vides;  ainsi  il  n'y  a 

qii*an  tien  qui  agit,  et  les  deux  autres 

veslent  simples  spectateurs  de  Taction. 

L'acUvité  est  la  qualité  essentielle  de 

la  cavalerie;  et,  constituée  comme  elle 

ïaat  aarmi  nous,  on  voit  qu*cUe  en  est 

€Dtimment  privée. 

C*est  un  aiiome,  qu'il  faut  mettre 
CD  action  le  plus  d'hommes  qu'il  est 
poisible,  et  ici,  avec  le  terrain  le  plus 
favorable,  voua  n'en  pouvez  foire  agir 
qu'on  tiers*  Quel  remède  y  a-t-il  à 
aela?  Je  n'oa  connais  point.  De  quel* 
que  manière  qu'on  range  la  cavalerie, 
il  est  impossible  de  diminuer  ses  dé- 
fauts, et  si  vous  y  ajoutez  ceux  qui 
naissent  de  la  difficulté  du  terrain,  tel 
que  l'ennemi  le  peut  dioisir  pour  ren« 
éro  voire  cavalerie  inulile  pendant 
taate  une  campagne,  on  sera  bien 
taaté  de  conclure  que  la  cavalerie  est 
une  araie  inutile,  excepté  pour  les 
patrouilles,  ks  gardes  du  camp,  et 
9'tl  Csut  en  avoir  bien  peu  dans  une 
«mée*,  parce  qu'elle  coûte  beanconp 
al  sert  fort  peu. 

Si  rinCsnterie,  consUtnée  suivant 
SM  système,  est  i^us  forte  que  la  ca* 
Talerie,  mAnae  en  paya  ouvert,  U  pa- 
nlt  évideat  qu'on  n'en  doit  employer 
qu'on  bien  petit  nombre  dans  les  ar- 
nèea,  et  c^est  dans  cette  proportioa 
dafaoa  ae  Sxer  la  quao-* 


tité;  mais  queila  lya»  aoît  eetia  prp>- 
portion ,  il  faut  s'occuper  de  la  ma- 
nière de  ranger  et  de  distribuer  cette 
cavalerie. 

La  méthode  actuelle  est  mauvaisa« 
cela  est  prouvé;  prendrons-nous  dt 
préférence  celle  des  Turcs  et  des  Asia- 
tiques, qui  se  dispersent  et  s'écarteol 
dans  toute  la  plaine,  entourent  tooli 
la  ligne,  escarmoucbent  en  caraco- 
lant, barasaent  et  fatiguent  l'ennemi, 
l'entraînent  dans  an  maovais  terrain, 
et  quand  il  voit  sa  ligne  ébranlée  et 
en  désordre,  se  précipitent  dessus,  lo 
sabre  à  la  moin ,  et  achèvent  de  la 
rompre  et  de  la  mettre  en  déroute. 

C'est  ce  que  je  n'oserais  décider; 
mais  il  est  ccrlain  que  de  celte  ma-* 
nière  dix  escadrons  feront  plus  d'eflet 
que  cinquante  formés  et  combattant 
comme  les  nôtres. 

Je  ne  vois  pas  non  plus  comment 
une  ligne  d'escadrons  s^  débarrasse- 
rait d'une  troupe  de  cavalerie  char- 
geant ainsi  en  fourrageurs;  garderait- 
elle  son  terrain  «  ou  avancerait  ottet 
La  cavalerie  légère  ne  résistera  pas  à 
votre  choc,  dites-vous;  à  la  bonne 
heure,  mais  elle  ne  l'altendre  pas;  alla 
TOUS  entourera  comme  un  essaim  de 
guêpes,  vous  importunera,  vous  fati- 
guera jusqu'à  ce  qu'elle  trouve  l'occa- 
sion, pour  se  précipiter  sur  vous  de 
toutes  parts. 

Mais,  me  dirait  on,  quand  la  cava» 
lerie  légère  se  retire,  la  nétre  pont 
attaquer  l'infanterie  ennemie  et  la  dé» 
faire  :  non,  si  elle  est  formée  soivael 
mes  principes.  Maïs  si  l'infanterie  de 
l'ennemi  est  mise  en  désordre,  on  pa* 
Ut  nombre  de  nos  escadrons  achèvera 
la  déroute  :  fort  bien,  mais  la  cavata* 
rie  légère  aura  fait  elle-mèoie  beaar 
coup  plus  tôt  et  plus  complètaoïent  ea 
que  vous  dites  là;  de  sorte  qoe,  do 
qaekfoe  aaanière  qo'oe  eaf|iaa|a 


119  MtMMiUi» 

question,  plus  }'y  pente,  et  moins  Je  |  tion  entre  le  front  é^t  prof&ndeiir,  d» 
m%  en  état  de  la  résoudre.  i  sorte  qn'eir  marchant  en  colonnes ,  oo 


Cependant  j'établirai  tonjours,  com- 
me une  maxime  constante,  que  la  ca- 
valerie doit  être  rangée  et  distribuée 
de  fiiçon  qu^eile  puisse  toujours  agir, 
pins  ou  moins,  dans  toute  espèce  de 
terrain,  et  que  qneUe  que  soit  la  partie 
fu'on  en  veut  mettre  en  action,  il  faut 
<pie  chaque  cavalier  puisse  agir,  et  non 
pas,  comme  cela  se  fait  aujourd'hui, 
le  premier  rang  seulement. 

Je  sens  bien  que  je  marche  par  un 
sentier  fort  glissant,  mais  je  crois 
pourtant  que  Tordre  de  bataille  que  je 
propose  procure  à  peu  près  tous  les 
avantages  qu'on  peut  désirer. 


CHAPITRE  XY. 
Ils  Ift  fomattou  dfl  rcsctdrao. 

le  voudrais  que  l'escadron  fdt  de 
cent  soixante  hommes,  non  compris 
les  officiers  et  bas-officiers  ;  s*il  était 
moins  considérable,  les  maladies  des 
hommes  et  des  chevaux ,  et  souvent 
de  tous  deux,  les  réduiraient  bientôt 
à  rien,  et  le  mettraient  hors  d'état  de 
se  montrer  en  campagne. 

Un  régiment  sera  de  quatre  esca- 
drons, ainsi  formés,  et  d'un  escadron 
de  cavalerie  légère  de  deux  centsiiom- 
mes»  celui-ci  devant  être  plus  fatigué 
de  service  que  les  autres  ;  ainsi  le  ré- 
liment entier  sera  d'environ  huit  cents 
hommes  ;  chaque  escadron^  armé  sui- 
vant nos  priiidpes,  comme  on  l'a  vu, 
sera  formé  sur  quatre  rangs,  et  aura 
afaisi  quarimte  files  ;  le  front  sera  divisé 
en  cinq  sections,  de  huit  files  chacune, 
snr  quatre  rangs. 

t  J'ai  préCâré  cette  division  à  toute  an- 
laifpiV»i|aroUamptptasdi  pnpor- 


peut  incessamment  faire  face  de  tons 
cAtés  et  présenter  un  front  doidile  de 
l'épaisseur:  de  plus  un  tel  front  peut 
aisément  marcher  sur  toutes  les  direc- 
tions et  dans  tous  les  terrains  qui  for- 
cent un  escadron  à  se  rompre ,  et  ce- 
pendant cette  forme  carrée  est  sou- 
ple, divisible,  active,  et  en  même  temps 
plus  forte  que  notre  fbrmaUon  or- 
dinaire. Une  division  peut  choisn*  son 
terrain  et  combattre  comme  ellereut, 
en  attendant  que  les  autres  arrivent. 

Dans  tous  tes  cas,  soit  de  pied  ferme 
ou  en  marchant,  ou  en  attaquant  «  ;e 
voudrais  garder  de  petite  intervalles 
entre  les  divisons,  et  de  plus  grands 
entre  les  escadrons ,  ce  qui  ajouterait 
encore  à  leur  activité.  Il  en  résunerait 
un  autre  avantage  plus  considérable , 
c'est  que  ces  divisions  pourraient  tou- 
jours prendre  en  fianc  un  ennemi, 
même  supérieur  en  nombre.  Cehii-ci 
étant  formé  suivant  l'usage  en  ligne 
pleine ,  ne  peut  tirer  avantage  de  nos 
intervalles  en  avançant  pour  charger, 
et  dans  l'action  même,  il  est  fort  infé- 
rieur à  nous  en  force  et  en  célérité. 

Les  intervaHes  entre  les  divisions  doi- 
vent être  peu  larges  et  seulement  pour 
les  séparer ,  parce  que  chacune  sera 
conduite  dans  la  marche  et  an  combat 
par  un  officier  particulier,  et  toutes  les 
cinq  seront  aux  ordres  du  comman- 
dant d'escadron.  Les  intervidies  entre 
les  escadrons  seront  égaux  à  la  largeur 
du  front,  ce  qih  leur  donnera  une 
grande  facilUé  dans  les  mouvemeDs  de 
retraite  oudansceux  de  flancqueles  dr- 
constances  peuvent  nécessiter:  Mes 
différens  en  cela  de  ht  cavalerie  ordi- 
naire «  qui,  comme  nous  l'aTons  dé- 
montré ,  étant  formée  en  ligne  pleine 
ne  peut  se  mouvoir  qu'en  avant,  et  en- 
core bien  pesamment  «i  canthwplton 


M  UbOfp. 


Ui 


ment  arrêtée  par  le  moindre  obstade. 
S*il  s'agissait  d'en  venir  aux  mains,  mes 
escadrons  étant  pins  Torts  et  plus  actifs 
qae  ceux  de  I*ennemi,  le  renverse- 
raient, et  sa  ligne  une  fois  rompue, 
sertit  poursuivie  avec  une  telle  acti- 
fité ,  qu'il  lui  serait  impossible  de  se 
mllier. 

Si  l'ennemi  voulait  détacher  quel- 
(ues  escadron^  pour  pénétrer  par  nos 
intervalles,  il  donnerait  lui-même  des 
iQvertures  dans  sa  ligne,  ce  dont  nous 
tirerions  de  prompts  avantages  ;  et  si 
en  voyant  avancer  ses  escadrons  , 
j'envoyais  au  devant  mes  cbevaux-lé- 
gers  qui  se  mêleraient  avec  eux  le 
sabre  à  la  main  à  la  manière  des  hu^ 
sards,  je  crois  qu'ils  auraient  assez  à 
faire. 

Il  y  a  quelque  chose  de  plus  ;  l'ordre 
de  bataille  que  je  vais  proposer  réfu* 
tera  complètement  toutes  les  objec- 
tions qu'on  pourrait  me  faire  contre 
ma  méthode  de  ranger  la  cavalerie  sur 
quatre  de  hauteur  avec  des  intervalles  ; 
ainsi  je  n'ajouterai  rien  ici  de  plus  sur 
ce  sujet. 


CHAPITRE  XVI. 
De  là  coDf limUoD  d'une  innée. 

Par  la  constitution  d'une  armée, 
j'entends  le  nombre  de  troupes  dont 
elle  doit  être  composée  suivant  les  dif- 
iérens  objets  qu'on  peut  se  proposer 
dans  une  campagne ,  et  la  proportion 
à  observer  entre  les  diSërentes  espèces 
de  troupes,  telles  que  l'infanterie  de 
ligne,  rinfanterie  légère ,  la  cikvalerie, 
la  cavalerie  légère  et  rartillerie. 

Suivant  les  idées  que  j'ai  exposées , 
on  bataillon  d'infanterie  est  d'environ 
sept  cents  bouillies*  dont  un  cinquième 
iînfanterie  légère.  Cette  proportion 


de  troupes  légères  paraîtra  peut-être 
trop  forte ,  et  elle  l'est  en  effet,  si  on 
les  borne  à  ce  genre  de  service  auquel 
seulement  on  les  emploie  aujourd'hui, 
d'observer  l'ennemi  et  de  faire  des  pa- 
trouilles entre  les  piquets  des  deux  ar- 
mées, pour  disparaître  ensuite  absofai-  ' 
ment  un  jour  <te  bataille.  l 

Mais,  suivant  mon  plan,  ces  troupes 
doivent  faire  tout  le  service  des  troupes 
légères  ;  et,  dans  un  jour  de  bataille , 
elles  doivent  être  employées  de  façon 
à  rendre  des  services  plus  essentiels 
encore  que  Tînfanterie  de  ligne,  com- 
me on  en  jugera  en  jetant  seulement 
les  yeux  sur  notre  plan  de  bataille.  Le 
même  raisonnement  peut  s'appliquer 
à  la.  cavalerie  légère  ;  ainsi  il  est  inutile 
d'insister  d'avantage. 

Je  suppose  une  armée  de  soixante 
bataillons  et  de  quarante  escadrons; 
c'est.à  peu  près  quarante*deax  miUe 
hommes  de  pied  et  six  mille  cinq  cents 
maîtres,  en  tout  quarante-huit  mille 
cinq  cents  boaunes.  Je  crois  qu'une 
telle  armée  est  en  état  de  remplir 
toutes  les  vues  qu'on  se  forme  dans 
une  campagne;  ce  qui  pourrait  lui 
manquer  en  nombre  est  bien  cmÉh 
pensé  par  la  force  et  Tactirité  ;  les  deux 
plus  grands  avantages  qu'une  armée 
puisse  avoir. 

Comme  je  ne  veux  employer  les 
troupes  légères,  celles  de  pied  comm^ 
celles  de  cheval,  qu'à  patrouiller  et  re- 
connaître Tennemi,  et  toujours  en- 
semble ,  il  ne  faut  que  peu  de  monde 
pour  ce  service .  cent  fantassins  et  qua- 
rante chevaux  rempliront  cet  objet 
beaucoup  mieuxqu'unetroupe  dix  fois 
plus  nombreuse,  parce  qu'une  poignén 
d'hommes  se  glisse  plus  aisément  au- 
près de  l'ennemi  sans  être  vue ,  que 
M  le  pourrait  faire  un  corps  de  miiio 

hommes. 
Un  petit  eorpa  sait  toif^rs  M  YO«s 


Itt 


WtMulfCÊM 


êtes ,  miMiQO  ¥M  griinds  corps ,  et  fnlt 
telB  mouvemens  qu'il  veut  sans  être 
aperçu  de  vous,  tondis  qu'un  corps  de 
mille  hommes ,  placé  sur  votre  front , 
dans  la  position  la  plus  couverte,  la 
mieux  carhée,  ta  plus  avantageuse  de 
tèus  points,  ne  peut  manquer  d^étre  vu 
et  observé.  Ces  détnchemens  doivent 
soigneusement  éviter  d*âtre  rencontrés 
sur  les  grands  chemins ,  mais  9b  jeter 
i  couvert  aux  environs,  dans  les  lieux 
les  plus  commodes  pour  voir  ce  qui  se 
paase. 

Les  grands  corps  sont  comme  les  ar- 
flièea:  ils  sont  trop  occupés  à  couvrir 
leurs  mouvemens  pour  avoir  le  temps 
d*observer  ceux  des  autres;  ils  craignent 
d*ètre  attaqués,  et  toute  leur  attention 
se  porte  à  préparer  la  défense  ;  mais  les 
pelita  corps,  tels  que  je  les  suppose , 
ne  peuvent  pas  être  attaqués  ;  car,  dès 
qu'ils  voient  une  force  supérieure  ils 
§*en  Tout,  et  se  jettent  sur  la  droite  on 
ior  la  gauche,  oA  ils  peuvent;  l'en- 
nemi les  laisse  aller  hnite  de  pouvoir 
ha  suivre. 

le  poserai  donc  eomroo  maxime  que 
les  tnrapes  légères,  jetées  en  avant  de 
l'armée^  oc  sont  pas  là  pour  combatlre, 
mais  pour  guetter  rennemi ,  pour  ob- 
aerverses  moindres  mouvemens,  et  en 
faire  passer  h  temps  Tavis  à  rarmée. 
Si  cea  principes  sont  suivis ,  il  Cuit  fort 
peu  de  cette  espèce  de  troufies,  H  mê- 
me on  doit  les  employer  encore  utile- 
ment dans  un  jour  do  twtaille» 

Si  j'ose  me  citer  nu>î-mème.  Je  dirai 
4|ue ,  pendant  toute  la  campagne  de 
f  760,  me  trouvant  à  la  tète  d*un  corps 
de  deux  cents  chasseurs  et  de  cent 
dragons,  je  me  suis  constamment  tenu 
si  près  de  Tarmée  prussienne ,  que  je 
ne  crois  pas  Vavoir  perdue  de  vue  une 
lieure,  quelque  Taraiée  aetri^hienfife, 
et  le  corps  dont  j'étais  détaché ,  ftaswnt 
kslaauBeBl4den«tmiiaMr(ïhesen 


arrière  de  mol  ;  j'étais  toujours  è  la  vue 
de  l'ennemi,  Il  ne  s'est  pas  passé  un 
jour  peut-être  sans  escarmouche,  et 
cependant,  dans  toute  la  campagne,  je 
n'ai  pas  eu  vingt  hommes  tués  ;  un 
seul  fut  fuit  prisonnier,  parrc  qu'étant 
resté  derrière ,  il  s'était  amusé  à  boire. 
Je  ne  donne  pas  ceci  comme  une 
preuvedemon  grand  talent militnîrc; 
au  contraire,  je  veux  établir  seulement 
que  rien  n'est  plus  simple,  et  qull 
n'y  a  point  d'homme  de  bon  sens  qui 
n'en  puisse  faire  autant,  s'il  a  quel- 
que activité  et  quelque  vigilance.  On 
détache  trente  ou  quarante  chasseurs 
qui  se  placcptpar  petits  pelotons  sé- 
parés de  droite  et  de  gauche  d'un  grand 
chemin   couvert  par  une  hele  ,  un 
bois ,  un  pan  de  mur,  etc.  On  jette 
en  avant  une  vingtaine  de  cavaliers 
qui  se  séparent  de  roème  en  petites 
troupes  de  trois  ou  quatre;  les  plus 
avancées  se  poussent  jusqu'à  une  dis- 
tance telle  qu'elles  puissent  voir  pen- 
dant le  jour,  ou  entendre,  si  c*est  la 
nuit,  tout  ce  qui  vient  du  camp  en- 
nemi :  on  s'écarte  un  peu  du  chemio 
et  on   écoute;  si  on  entend   venir, 
on  se  retire  sans  bruit  derrière  son  in- 
fanterie et  on  attend  ;  un  ou   deux 
coups  de  fusil  tirés  par  ceux-ci  sur- 
prendront cette  troupe  ;  si  elle  n'est  pas 
forte,  vous  l'enveloppez  et  la  faites  pri- 
sonnière. 

11  y  a  quelque  chose  de  phis;  vous 
pouvez  toujours  savoir  quels  sont  les 
chemins. par  lesquels  l'ennemi  peut 
merdier  de  son  camp,  et  deviner  ceux 
qu*il  tiendra  :  il  faut  placer  un  homme 
intelligent  è  portée  d'observer  la  mar- 
che au  moment  qu'elle  commence» 
et  juger  par  là  du  point  vers  lequel 
elle  se  porte.  Tout  cela  est  facile  à  faire 
si  vous  avei  peu  de  monde ,  et  que 
veos  l'empleyies  oMaiae  mm  ravens 
4tt. 


Mah,  si  TOiis  arez  an  corp»  ae  mille 
bomiiM»  Ou  davantage,  vous  iprooTe- 1 
ref  autant  de  diffleiAA  à  tous  mouvoir 
et  à  agir  querennemi  môme;  vous  ne 
pouvei  pas  changer  la  poMlion  de  ces  ! 
tronpcs  comme  celle  d*unc  comp<igiiic 
dé  chasseurs  et  d*unc  centaine  de  dra* 
gôna,  ni  trouver  à  vous  couvrir  aussi , 
aisément  dans  les  postes  qui  vous  con*  | 
viennent.  Il  vous  Taut  un  comp.qui  sera  ; 
UentOt  découvert,  et  vous  ne  pourrex  | 
fàa  observer  fennemi  à  votre  aise. 

Ce  camp  est  le  centre  d'où  parlent 
toua  les  détacliemens  et  auquel  ils  ro- 
Tfeiineht  tous  ;  Tcnnemi ,  bientôt  in- 
fformé  de  votre  position,  les  orrèto  tout 
^OOurt^  occupe  quelques  hauteurs  uvnn- 
tigeuscSf  hit  mino  de  vouloir  vous  u*- 
Il4|uer«  vous  occupe,  vous  amuse  toute 
«M  Journée  et  pendant  ce  temps-là 
MM  armée  marche  et  voua  '  avez 
rien. 

J'ai  vu  mille  eiemples  de  ce  que  je 
As  b  ;  un  corps  de  mille  ou  douze  cents 
iMmmei  donne  avis  le  matin  que  Ten- 
ftMiî  décampe ,  on  envoio  des  déta- 
dMmena  après;  au  bout  de  huit  ou 
dit  tieurts ,  vous  avez  des  nouvelles , 
faut-élra,  ou  peut-être  vous  n'en  avez 
pes;  mais  si  vous  en  avez,  c*est  tou- 
jours Arop  tord.  Au  lieu  que  si  vous 
imploTei  de  petits  cnrps.  tels  que  ceux 
fae  Je  préposa^  l*ennemi  ne  pourra 
foire  le  moindre  mouvement  sans  être 
iptrfa ,  et  Je  puis  prouver  que  j*ai  vu 
SN  petits  corps  suivre  rannemî  pen- 
éint  toute  une  campagne,  venir  quel- 
^elMa  se  mettre  eJDTrontément  à  dix 
Msea  de  ses  colonnes  ;  mais  au  moins 
m  tenir  toujours  a  sa  vue. 

Le  lecteur  me  pardonnera  d*avoir 
insisté  si  long-temps  sur  cet  article  : 
mais  il  restera  démontré  qu'on  peut , 
avec  quinte  cents  hommes,  faire  beau- 
ooup  mieux  ce  service  qu'il  ne  se  fait 
aagowdliui  avea  plusieurs  milliers; 


j'en  suis  tellement  eoimtîncpqngy^eir 
treprcndrais  d'y  suffire  avec  ce  nom- 
bre contre  une  armée  do  cent  mille 
hommes. 

l.e  rlicvnlior  Folnrd  «  et  {;rarid  nom- 
bre d'autres  écrivains  juJicieiix ,  ont 
observé  qu'à  proportion  que  lin-  ' 
fnnlerie  se  détiriore.  et  que  l'art  dé- 
cline, on  a  augmenté  le  nombre  de  la 
cavalerie  dans  nos  armées  mo«ItTn«^s, 
parce  qu'un  général  habile ,  avec  ww^ 
b'mne  inTanteric»,  peut  faire  tout  et  n'a 
besoin  que  de  Irf^s  peu  de  cavalerie.  H 
est  sûr  qu'une  boime  infanlerie  doit 
remplir  tous  les  projets  d'une  ;.'uerre , 
mais  si  elle  est  mauvaise,  vous  6tcs 
obligé  d'augmenter  votre  cavalerie  et 
voire  grosse  nrtilleric,  deux  moyens 
pour  tenir  l'ennemi  à  distance. 

Je  trouve  trois  {grands  Inconvénicns 
h  trop  muiliplier  lngn»sse  cavalerie  :  la 
grande  dépense,  la  difliculté  des  sub- 
sistances, et  une  utilité  bien  peu  géné- 
rale en  compensation  de  si  grands  em- 
barras; en  elTct,  dans  un  paj s  couvert 
comme  se  trouve  une  grande  partie  de 
l'Europe,  si  l'ennemi  est  intelligent 
dans  le  choix  de  son  terrain ,  il  se  pas- 
sera dix  campagnes  avant  que  vous 
trouviez  une  occasion  d'emplo}  er  votre 
cavalerie  dans  une  action  générale  :  au 
lieu  que  dans  mon  système,  l'espèco 
de  troupes  et  d'armes  doit  élre  adaptée 
à  celle  du  terrain  et  de  l'emploi  le  plus 
avantageux  qu'on  en  peut  faire. 

D'après  tous  ces  motifs  réunis,  J9 
n'approuve  nullement  I  usage  où  loti 
est  dans  nos  armées  modernes  d'em-« 
ployer  tant  decavalerie  :  ordinairement 
c'est  assez  d'en  mettre  le  quart  ou  ua 
cinquième,  et  je  pense  qu'un  liuitiènis 
serait  suffisant  si  l'infanterie  était 
bonne  et  constituée  suivant  les  princi- 
pes que  j'ai  proposés,  et  si  cette  cava- 
lerie que  je  conserve  était  formée  hur 
quatre  de  hauteur ,  et  placée  à  portée 


tu 

ae  p  'UVi.Ti  n7*r  ^«-n  ia  protection  de 
l'arlilleric  et  A^  l'infantene;  c'est  ce 
que  j'ui  (ùché  de  combiner  dans  l'ordre 
de  bolaille  que  je  itroo** 


CHAPITRE  XVII. 
De  Tordre  de  biiallle. 

Je  suppose  an  nombre  d'hommes 
partagéen  vingt  bdtnillonsà  l'ordinaire, 
furmùs  sur  trois  rangs,  occupant  cha- 
cun un  espace  de  cent  toises,  c'est  un 
Tronl  de 3,000  lotses. 

Je  suppose  aussi  trois  mille  chevaui, 
formes  lie  môme  sur  trois  rangs  ;  c'est 
mille  nies  qui .  ù  trois  pieds  chacune 
donnent  un  front  de SOO 

Pour  les  petits  intervalles  gardi^s 
communément  enire  les  ba [aille us  e[ 
escadrons,  je  passe 300 

L'espace  total  du  front  est  donc 
de 2.800 

Maintcnont  j'oppose  le  même  nom- 
bre de  bataillons  formés  sur  quatre  ; 
chacun  aura  un  front  de  lH)i^ante- 
quinze  toises,  et  les  vingt  ensem- 
ble   1.500 

Je  laisse  entre  chacnn  an  inter 
Talle  égal  au  front,  c'est  encore  1,500 

En  tout 3,000 

D6duiseE-cn  soixantc-quïnie . 
parce  qu'il  n'y  a.  que  dix-neof  in- 
tervalles        75 

U  reste 2,925 

Ha  ligne  de  vingt  bataillons  com- 

posL'e  du  même  nombre  d'hommes  que 

celle  qui  lui  est  opposée,  déborde  donc 

l'ennemi   de    cent    soixante-quiDte 

^ft  toises. 

^^  *  La  planche  II  représente  les  deux 

^^L  udrMde  bataille,  l'un  suivant  le  sys- 


tèmo  orarnavre ,  vautre,  ps-  «,  sutTnn' 
le  système  que  je  propose  ;  taisoos-tti 
l'analyse. 

PKn  débordant  l'eanemi  de  ccul 
eoixante-quinie  toises,  nous  avoBS  h 
facilité  de  le  prendre  en  flanc,  taudis 
qu'il  est  en  même  temps  attaqué  de 
front. 

3*  Nos  intervolles  sont  remplis  de 
trois  ou  quatre  mille  grenadiers  chas- 
seurs qui  tirent  à  leur  aise  en  prenant 
leur  temps  et  leur  point  de  mire;  et.  s'ils 
dirigent  leur  feu  en  écharpe  sur  le  front 
de  l'ennemi,  en  visant  particulière- 
ment aux  ofliciers,  il  est  vraisemblable 
que  ce  feu  ^eul  fera  beaucoup  plus 
d'effet  que  tout  celui  de  la  ligne  enne- 
mie ;  ajoutez  à  cela  que  noire  ligne  fera 
son  feu  par  rang  comme  je  le  propose, 
ce  qui  lui  donnera  encore  une  grande 
supériorité  sur  l'ennemi. 

S-  Quand  les  deux  lignes  s'appro- 
chent et  en  viennent  à  croiser  l'arme 
blanche,  il  n'est  pas  A  présumer  que 
nos  baiftillous  minces,  avec  leurs  cour^ 
tes  tutonneltes  et  leurs  trois  rangs, 
puissent  n^sisterun  seul  moment  à  nos 
quatre  rangs  armés  de  lances  de  lon- 
gueur, fraisés  d'un  rang  de  piques  «t 
couverts  de  cuirasses  :  on  peut  donc 
dire  qu'à  l'arme  blondie ,  comme  au 
feu ,  nous  anrons  certainement  l'avan- 
tage. 

Je  n'imagine  pas  comment  une  ligne 
moderne  pourrait  se  mettre  à  force 
égale  avec  celle  tonnée  solvant  le  sys- 
tème que  je  propose  :  par  le  feu,  elle 
est  Inférieure  ;  par  le  ehoo,  elle  l'est 
encore  plus.  Dira-l-on  qu'elle  rompra 
son  front  pour  envoyer  des  détache- 
mens  contre  nos  chasseurs?  Daos  le 
fait,  c'est  adopter  notre  plan,  etconve' 
nir  qu'on  ne  peut  lui  résister  qn'en  s'y 
conformant 

Mail  id  l'applicatioa  ne  serait  pi/ 
juste,  car  s'ils  envoyaient  de  tels  di^'n- 


M  UÙVÊ. 


•Il 


chrroens,  lesdeu  compagnies  de  droite 
vi  de  gauche  de  nos  bataillons  se  met- 
\meni  en  colonne,  et  les  embrasse- 
raient par  les  flancs  pendant  qne  les 
chasseurs,  placés  comme  dans  la  figure 
2,  les  attaqueraient  de  front;  et  quand 
Us  seraient  en  désordre,  ce  qui  ne  tar- 
derait pas  à  arriver,  un  escadron  ou 
deai,  que  nous  avons  en  seconde  ligne 
derrière  nos  intervalles,  avanceraient 
le  sabre  à  la  main,  les  chargeraient  en 
fourrageurs,  poussant  leurs  cbevaui 
pële-méle  parmi  eux,  et  en  peu  de 
minutes  ils  seraient  tous  taillés  en 
pièces. 

J*ai  vu  à  Silistrie  en  Turquie  deux 
escadrons  attaquer  de  cette  manière 
one  colonne  d'environ  sii  mille  Turcs 
qni  forent  défaits  et  dispersée  en  trois 
minutes;  et,  s*îls  ne  se  fussent  pas  ré- 
fugiés sur  les  rives  du  Danube ,  ou  la 
cavalerie  ne  pouvait  pas  les  suivre ,  ils 
auraient  été  tous  détruits  :  le  colonel 
Carleton  fut  témoin  de  eette  action. 

On  me  dira  peut-être  qu'il  ne  serait 
pas  fort  aisé  de  former  ces  deux  co- 
lonnes. Je  réponds  que  je  ne  demande 
pour  cela  que  deux  secondes  ;  et  de 
plus,  supposé  quele  mouvement  ue  soi  t 
pas  tnot-à-fmt  aéhevé,  nos  chasseurs , 
protégés  par  Taction  de  l'escadron  et 
l'espèce  de  leurs  armes,  sont  plus  que 
suffisans  pour  faire  tète  à  ces  détache- 
mens  ;  et  dans  le  fait,  cette  manœuvre 
n'entraîne  aucune  difficulté,  et  les  co- 
lonnes seront  bientAt  formées  sous  la 
protection  des  deux  autres  compagnies 
du  bataillon  et  de-  la  compagnie  des 
chasseurs. 

Je  suis  donc  autorisé  à  conclure  que 
l'ordonnance  moderne  est,  à  tous 
égards,  inférieure  à  celle  que  je  pro- 
pose; et  dans  cette  conQaqce ,  je  sup- 
plie instamment  tous  les  militaires  qui 
ont  de  l'expérieupe,  de  vouloir  bien 
eirniriner  iMa  idée»  «vae  attentioD  ;  et 


s'ils  ne  sont  pas  convalneas  de 
principes ,  de  vouloir  bien  me  eom^ 
muniquer  leurs  objections  :  c'est  la 
vérité  que  je  cherche. 

Je  crois  que  nous  en  avons  asae^  dU 
sur  la  numière  de  comhattro  infanterie 
contro  infanterie  ;  passons  à  cette  par- 
tie de  la  ligne  qui  fait  face  à  la  cava-  \ 
lerie.  Bien  des  gens  s'imaginent  que 
nos  quatre  rangs»  quoique  arnsés  de 
lances  et  dépiques,  ne  sont  pas  en  état 
de  soutenir  le  choc  d'une  ligne  de  ca- 
valerie sur  trois  rangs  :  il  s'en  faut  bien 
que  je  sois  de  leur  avis,  je  crois  plein6- 
ment  le  contraire  ;  car  un  cheval  seul 
fait  le  choc,  et  s'il  est  tué,  blessé  ou  ar- 
rêté enûn,  les  deux  de  derrière  ne  peu- 
vent avancer.  Ainsi  la  force  de  nos 
quatre  hommes  se  réunit  contre  un 
seul  cheval ,  et  &  ne  compter  la  rér- 
sistancequ'en  mécanique,  elledoitètre 
supérieure  à  Teffort  ;  mais  si  vous  ajou- 
te! reflet  du  feu ,  des  lances  et  d^  pi- 
ques, je  ne  crois  pas  qu'il  doive  rester 
le  moindre  doute ,  car  la  cavalerie  n'a 
que  sa  vitesse  et  son  impulsion.  Ce- 
pendant donnex-lui  telle  force  qu'il 
vous  plaira,  }e  veux^  pour  un  nooment, 
que  ma  ligne  soit  trop  faible  pour  en 
soutenir  l'eflbrt,  je  forme  chacune  de 
mes  compagnies  en  colonne  de  huit  de 
front  sur  soixante  de  profondeur,  j'es- 
pèro  que  personne  n'imaginera  que 
cette  profondeur  d'hommes  puisse  èbre 
renversée  par  une  Ugne  de  chevaux, 
ou  plutôt  par  un  rang,  puisqu'il  n'y  en 
a  qu'un  qui  détermine  le  cboc. 

Suivant  notre  plan,  nous  opposons 
sept  bataillons  et  autant  d'escadrons  à 
une  ligne  de  vingt  escadrons  :  les  ba- 
taillons ont  avec  eux  sept  obus  et  au- 
tant de  pièces  de  campagne  :  nos  chas- 
seurs couvrent  les  intervalles  et  les  es- 
cadrons sont  derrière.  Le  combat  coip- 
mence  par  un  feu  continuel  du  pre- 
mier rang  e»  de  rartîlM»;  U  crratede 


Mati€idm4Hrito  ce  feiiT  «MiMen  de 
temps?  Je  croit  que  cela  ne  fera  pes 
long;  il  but  qu'elle  avencêsur  nous  ou 
qu*elle  se  retire  à  notre  approche.  Je 
ioppose  qu'elle  attaque  «  ce  ne  peut 
être  que  dans  ridte  de  profiter  de  nos 
intenralles;  prenez  garde  à  la  position 
des  cliasseurs  et  de  nos  escadrons ,  il 
n'y  a  qu'une  partie  de  cette  cavalerie 
ennemie  qui  pénètre  à*la-rois;  elle  os^ 
suie  tout  le  feu  de  flano  des  deux  co^ 
tonnes ,  et  les  chasseurs,  qui  se  sont 
écartés  pour  la  laisser  passer,  la  fusil- 
lent è  dos  :  au  même  Instant,  mes  sept 
escadrons  la  chargent  et  l'enveloppent  ; 
]e  crois  que  la  victoire  ne  sera  pas  long- 
temps disputée. 

En  efltet.  Je  suis  si  persuadé  de  la  su- 
périorité que  mon  infanterie  tire  de 
son  ordre  et  de  ses  armes .  que  ]e  ne 
crains  point  qu'aucune  cavalerie,  si  ré- 
solue qu'elle  puisse  Atro ,  ose  l'appro- 
èher  seulement ,  bien  loin  de  l'enfon- 
eer.  Ma  conflauoe  est  telle  à  cet  égard, 
que  Je  me  hasarderais  d'attaquer  la  oa- 
talerie,  même  en  plaine;  et  si  elle  se 
retirait,  Je  la  ferais  poursuivre  par  mes 
escadrons,  non  pas  en  Ifgne,  mais  en 
fourrageurSf  pAle^nâle. 

La  seconde  (rfanche  présente  notre 
ordre  de  bataille  dans  l'état  où  l'on 
marche  è  Tenneml,  et  je  crois  que  qui* 
conque  l'eiamlnera  avec  soin,  jugera 
que  l'ennemi  ne  peut  se  prévaloir  des 
Intervalles  que  je  laisse  entre  mes  ba-- 
taillons  ;  car  s'il  tentait  de  pénétrer  par 
les  ouvertures,  ce  serait  sa  mine,  puiii- 
qu*il  se  trouverait  avoir  ma  cavalerie 
en  tète  et  les  chassettrs  à  dos.  De  plu«, 
Il  faudrait  qu'il  rompit  lul^néme  sa 
ligne  pour  faire  ce  mouvement,  et  les 
Intervalles  qu'il  taisserait  ne  pourraient 
être  remplis  par  la  seconde  ligne,  qui^ 
eu  général,  est  trop  Mn,  de  aorte  qu'il 
me  deufieralt  Men  plus  dé  prfata  qu'il 
trtfh  TO^oit  tSe  ttol.  n  wsi  ebsêrvet 


qu'eu  même  tmups  e  diapositfoB  da 
ma  ligne  la  met  en  état  d'avaneer  lans 
inconvéniens  et  sans  retard,  quoi- 
qu'il j  ait  peut-être  quelques  partiss 
heré  de  l'alignement  général  #  parée 
que  cette  partie  est  protégée  par  la  ca- 
valerie et  les  chasseurs»  S'il  j  n  même 
quelquee^unes  de  mel  compegnios  ou 
de  mes  baieillons  en  déroute»  l'ennemi 
ne  peut  les  poursuivre  âana  rompre  sa 
ligna  et  s'eiposer  è  être  pris  do  front 
et  en  flanc.  Enfln  la  marche  du  tout 
est  bMucoupplusrapide  que  eeile  d'une 
ligne  pleine,  auivant  nos  principes  or- 
dinaires. Je  conclurai  donc  que  cet 
ordre  de  bataille  est  lort  supérieur 
è  tout  autre,  et  que  c'est  celui  qui  pré- 
sente le  moins  de  déléuts»  et  dans  le- 
quel on  a  combiné  avee  le  plus  de  soin 
les  avantages  dn  feu  et  de  Terme 
blanche. 

La  planche  m  montra  rordmde  ba- 
taille, tel  qu'il  se  forme  en  appreehant 
à  quinze  ou  vingt  tolaes  de  rennemi»  et 
cette  disposition  se  peut  Caire  en  quel- 
ques secondes. 

Cette  mancHnrre  eat  simpte  {  tes 
deui  colonnes  de  Chèque  flâne  4es 
bataillons,  après  avoir  rompu  la  ligne 
de  l'ennemi ,  font  feu  sur  tes  Aunes , 
pendant  que  les  deu  anirea  cdBum 
gnies  continuent  de  faire  feu  anr  ce 
qui  est  eu  conAislon  deeentellea;  et 
elles  pourstiivent  sans  relldie,  tendis 
qne  la  cavalerie  aclièirt  de  disperaer  et 
de  détruins  les  Aiyanis.  Les  chrasours 
reviennent  devant  les  hiterveUea*  et 
abandonnent  la  poursuite  ê  te  eavt- 
lerie. 

Si  notre  Ngne  est  menée  de  eette 
manière  uf  ec  rffpidite,  hi  première  li- 
gne de  renuemt  sera  MentAt  rompue 
et  taillée  en  pièces,  et  la  seconde  oc 
tardera  pas  è  éprouver  ta  même  aort. 
A  moini  qu'elle  no  terne  sa  retraite  è 

lomps ,  m  mmBU  uupununie  mm  wro 


et  d'actifilé  anra  tonjonri  les  mêmes 
iNWcèt:  et  par  oelie  manière  tl'aita- 
qpier,  la  Tidoirc  doit  être  complète  et 
décisive. 

Dans  cet  ordre  de  balaîllc,  on  voit 
|Be  je  forme  ma  première  ligne  avec 
imile  mon  inrantcrie,  et  la  socomic 
aroc  tonte  la  cavalerie,  et  c'est  une  des 
dilTérences  essentielles  qui  se  trouvent 
entre  mon  système  et  celui  qui  so 
pratique  aujourdlmi  ;  voici  mes  rui- 


.  1*  Ma  première  ligne  sur  quatre, 
arec  SCS  armes  et  son  ordonnance,  me 
paraît  assex  forte  pour  rompre  et  dé- 
truire la  ligne  mioce  de  trois  de  hau- 
teur. 

9*  Je  mets  par  \k  toute  mon  infan- 
terie  en  action  a  la  fois  ;  et  quand  la 
ligne  ennemie,  soit  infanterie  ou  ca- 
valerie, est  mise  en  désordre,  ma  cava- 
lerie prend  part  au  combat  ou  mo- 
ment ou  elle  peut  Atre  du  plus  grand 
avantage. 

S*  Dans  cette  disposition,  toutes  les 
tamipes,  soit  infanterie,  cavalerie, 
troupes  légères  et  artillerie  se  soulien- 
aent  et  se  protègent  réciproquement , 
ie  fafion  qu'il  en  résulte  une  action 
générale  de  toute  la  ligne,  supérieure 
à  celle  de  la  ligne  ennemie,  et  qui 
Conséquemment  doit  entraîner  la  vie- 
toire.  Comme  nous   avons  supposé 
siotrc  armée,  composée  de  soixante 
bataillent  et  de  quarante  escadrons,  si 
loDte  eettc  infanterie  ne  terme  qu'une 
ligne,  elle  sera  trop  longue  et  trop  peu 
Bianiable  ;  ainsi  je  proposerai  de  for- 
mer la  ligne  avec  quarante  bataillons 
seulement,  et  c*cn  est  assex  pour  four* 
nir  un  front  plus  étendu  que  quarante 
bataillons,  et  autant  d'escadrons  de 
l'ennemi. 

Les  vingt  autres  bataillons  seront 
dispoaés,  comme  on  le  voit  dans  la 
pL  UI^  f§'  %  poor  attaquer  l'eanemi 


•iV 

par  son  flanc,  pendant  qne  ta  ligne  al^ 
toque  de  front.  Les  avontages  de  cette 
disposition  sont  trop  évidcns  pour  avoir 
besoin  d'cxplirotion. 

Si,  malgré  tout  ce  que  j*ai  dit,  on 
trouvait  encore  mon  ordre  de  bataille 
trop  faible,  parce  qu*il  n*est  que  sur 
une  ligne,  alors  je  proposerai  de  di- 
viser ces  vingt  bataillons  en  seconde 
ligne,  sept  derrière  ma  droite,  autant 
derrière  ma  gauche,  et  sii  derrière  le 
centre,  comme  on  le  voit  dans  la  mê- 
me planche,  fg,  2,  et  la  covolerie  sur 
une  seule  ligne  derrière  le  tout.  Cotte 
disposition  doit  plaire  à  ceui  qui  sont 
occoutumés  à  deui  lignes  avec  une 
réserve.  Mois  je  préfère  le  premier 
ordre  par  bien  des  raisons  qui  se  pré- 
sentent d'elles-mêmes  i  ceux  qui  exa- 
minent les  deux  plans  avec  attention. 
Je  dois  observer,  quant  à  moi,  que  la 
première  disposition  est  plus  propre  h 
l'attaque,  et  la  seconde  plus  favorable  i 
la  défense  ;  mais  la  première  surtout  a 
deux  grands  avantages ,  l'un  de  faire 
agir  toute  rinfanterie  ensemble,  et  non 
successivement,  comme  dons  la  se- 
conde disposition  ;  l'outre,  d'embrasser 
Tennemi  par  ses  flancs,  comme  on  le 
voit  sur  le  plan. 

Il  est,  je  crois,  inutile  de  dire  que  si 
Tennemi  oppose  sa  cavalerie,  comme 
il  ne  monquero  pas  de  le  faire  à  ce 
corps  qui  veut  le  tourner  par  sa  gau- 
clic,  vous  devez  vous  former  prompte- 
ment  en  colonnes,  comme  il  a  été  dit 
en  expliquant  la  pi.  /,  fig*  1  ;  mais  si 
vous  n'avez  que  de  l'infanterie  devant 
vous,  il  n'y  a  rien  a  changer. 

J'ai  déjà  démontré,  et  jusqu'à  la  sa- 
tiété, que  cette  formation  si  mince  de 
nos  armées  nKxlerr»cs,  et  l'usage  im- 
moduré  du  feu,  les  rend  )»csantcs,  in- 
acti>es,  et  propres  seulement  è  une' 
guerre  défensive,  i  on  combat  hors  4e< 
portée,  et  plutét  enSn  à  recevoir  l'en* 


Demf  cpi'à  le  chereher  ;  pour  accroître 
encore  cette  inactivité,  le  général  et 
fe^  troupes  semblent  mettre  toute  leur 
confiance  dans  rartillerie  plutôt  que 
dans  la  yaleur  des  troupes ,  de  sorte 
que  le  canon  est  devenu  TAme  des  ar- 
mées. 

A  la  bataille  de  Prague ,  il  y  avait 
cinq  cents  gros  canons,  qui»  suivant 
l'estimation  la  plus  modérée,  coûtaient 
certainement  plus  que  n'auraient  t'ait 
quarante  mille  fantassins,  et  l'utilité 
ne  fut  pas.  en  proportion  d'une  si  ei- 
cessive  dépense;  je  trouve  trois  dé- 
fauts considérables  à  cet  abus  de  rar- 
tillerie :  la  dépense  énorme,  la  quan- 
tité de  chevaux  nécessaires  à  ce  ser- 
vice, et  la  longueur  que  cela  apporte 
oécessairement  aux  mouvemens  des 
armées. 

C'est  dans  les  sièges  que  le  gros  ca- 
non est  nécessaire,  et  qu'on  n'en  sau- 
rait trop  avoir  ;  dans  le  reste  des  opé- 
rations d'une  armée,  on  en  fait  trop 
de  cas  :  tous  les  chemins  ne  lui  sont 
pas  bons;  H  ne  peut  avancer  avec  la 
ligne ,  et  n'est  bon  qu'à  favoriser  le 
déploiement  des  colonnes  quand  elles 
sortent  de  quelques  défilés  pour  se 
mettre  en  ligne,  et  à  former  des  batte- 
ries contre  quelques  points  d'attaque , 
on  enfin  à  défendre  des  retranche- 
mens. 

Si  l'ennemi  sait  son  métier,  il  fera 
mettre  ventre  à  terre  h  ses  gens,  jus- 
qu'à ce  que  vous  soyez  avancé,  et  alors 
il  vous  attaquera,  ou  bien  il  attendra 
votre  approdie  ;  et  dans  ce  cas,  votre 
artillerie  fera  peu  ou  point  d'effet.  Il 
peut  aussi,  par  un  mouvement  vif,  se 
jeter  sur  vos  retranchemens,  et  les  at* 
taquer  l'épée  à  la  main,  ce  qui  rendra 
vos  canons  inutiles.  Quand  une  batte- 
rie est  pomtée  sur  un  défilé ,  on  peut 
pieiqae  toujoms  l'éviter  en  passant  à 
droite  ov  è  gauche. 


Une  bonne  avant-garde,  avec  Je5 
pièces  de  campagne,  protégera  plu« 
efficacement  vos  tètes  de  colonnes  que 
toutes  les  batteries  du  monde;  et 
d'ailleurs ,  si  votre  défilé  est  à  portée 
de  Tenneml,  ne  peut-il  pas  opposer 
artillerie  à  artillerie ,  ou ,  ce  qui  serait 
beaucoup  mieux,  marcher  vivement  i 
vos  bataillons  et  les  attaquer?  Du  mo- 
ment qu^une  batterie  est  approchée, 
son  feu  n'a  plus  d'eOet. 

Sur  tout  cela,  je  conclus  que,  quand 
vous  avei  dessein  d'attendre  l'ennemi 
dans  quelque  bon  poste,  telle  qu'une 
forteresse,  vous  avez  besoin  de  beau- 
coup de  gros  canon  ;  mais  que,  d'a- 
près l'opinion  où  nous  sommes,  que 
l'activité  est  la  première  qualité  d'une 
armée,  et  dans  Je  système  où  nous 
avons  tout  imaginé  pour  produire  cette 
activité  en  rétablissant  l'usage  de  i*ar- 
mc  de  main,  qui  rend  toute  espèce 
d*arme  h  feu  beaucoup  moins  utile, 
nous  rejetons  absolument  cette  prodi- 
gieuse quantité  d'artillene,  et  nous 
pensons  que  trente  ou  quarante  pièces 
de  douze  sont  plus  que  suffisantes  ponr 
une  armée  de  cinquante  mille  hommes. 

Vous  ne  trouvez  peut-être  pas  dans 
dix  campagnes  une  occasion  où  le  gros 
canon  soit  si  nécessaire,  qu'on  ne  puis 
se  lui  suppléer  aussi  bien  les  pièces  de 
campagne.  Comme  les  troupes,  ainsi 
que  je  l'ai  dit,  ont  une  i!onfiance  ex- 
cessive dans  l'artillerie,  c*est  par  égard 
pour  ce  préjugé,  trop  enraciné,  que  je 
consens  de  laisser  par  bataillon  une 
pièce  de  campagne  et  sept  ou  huit 
obus ,  jusqu'à  ce  que  nos  soldats  «e 
soient  habitués  à  monier  la  pique,  et  à 
fixer  l'ennemi  de  près  ;  alors  ils  com- 
prendront d'eux-mêmes  que  rartille- 
rie, loin  de  leur  être  utile,  appesantit 
leur  marche,  et  les  retient  exposis 
plus  long-temps  au  péril  dont  ils  9^"- 
gerateBl  beaucoup  tadoréi,  si  laissant 


M   '. 


M  Wûmi. 


'  }'* 


derrière  eux  ces  embarrassaDtes  ma- 
chines,  ils  s^ëmpressaient  de  courir  à 
rennemî. 

RiFLEXIOlfS  GiNÉRAUSa. 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  ne  re- 
garde que  lea  armées  en  campagne  ;  il 
me  reste  à  examiner  comment  on  doit, 
dans  la  paix,  préparer  les  armées  pour 
la  guerre,  et  comment  il  faut  les  en- 
tretenir en  campagne. 

Ce  qu*il  y  a  de  plus  difficile  dans 
l'entretien  des  armées  en  campagne, 
te  sont  les  reemes  et  Thabillement. 
Après  une  ou  deux  campagnes  au  plus, 
l'armée  manque  d*hommes,  et  les 
troupes  de  vêtemens. 

Les  levées  se  font  dans  des  provin- 
ces, souvent  fort  éloignées  de  celle  qui 
e^t  le  théâtre  de  la  guerre,  de  manière 
qu'il  périt  un  grand  nombre  de  ces 
eorAlés  avant  d*avoir  joint  leur  dra- 
peau; d*autres  sont  entièrement  inca- 
pables de  servir,  et  le  peu  qui  arrive 
au  régiment  est  si  neuf  et  si  grossier, 
qu'avant  d'être  mis  en  état  de  servir, 
la  plus  grande  partie  est  déjà  à  Ihôpi* 
tal.  On  peut  donc  assurer  hardiment 
qu'il  n'y  a  pas  le  quart  des  recrues  qui 
parviennent  à  l'état  militaire,  et  puis* 
sent  faire  de  bons  soldats.  Quel  dégât! 
quelle  dévastation  de  l'espèce  humai- 
ne! Quarante  années  d'un  gouverne- 
ment paisible  et  bien  réglé  ne  répare- 
nient  pas  les  calamités  que  la  guerre 
peut  causer  en  six  campagnes. 

Dans  la  dernière  guerre  des  Russes 
contre  les  Turcs,  on  Qt  en  Russie  trois 
cent  mille  hommes  de  levées  ;  et  ce- 
pendant, à  la  paii,  la  principale  ar- 
mée, aux  ordres  du  général  lloman- 
zow,  ne  se  trouva  que  de  trente-six 
mille  hommes,  et  l'autre ,  qui  agissait 
en  Crimée  sous  le  prince  Dolgorouki , 
n'était  que  de  douze  mille  hommes  ; 


et  l'une  et  l'autre  ipaDquiient/<tea 
ticles  les  plus.nécesflfiires,  ce  qfû 
rive  toujours,  surtout  quand  on  em- 
ploie des  entrepreneurs  et  des  four- 
nisseurs. 

Mais  quel  remède  y  a*t-il  à  tant  do 
malheurs?  me  demandera -t-*  on.  Jé'^ 
vais  essayer  d'en  indiquer  quelqnea-^^ 
uns. 

Il  conviendrait  que  chaque  régiment 
eût  ce  qu'on  appelle  des  quartiers  per- 
pétuels, où  il  resterait  toujours  fixé  en 
temps  de  paix,  et  ces  espèces  de  campa 
fcNrmeraient  comme  une  chaîne  nv 
la  frontière  probablement  destinée 
à  être  voisine  du  théitre  de  la 
guerre  ;  chaque  régrasent  aurait  ses 
casernes  séparées  en  petits  quartiers , 
ifcomme  une  ville,  pour  prévenir  les  dé* 
Msastres  en  cas  d'incendie;  on  assigne- 
rait à  cette  espèce  de  colonie  militaire 
une  certaine  étendue  de  pays  ;  et  si  on 
est  dans  le  cas  de  craindre,  de  la  part 
de  l'ennemi,  des  courses  de  partie sar 
les  frontières,  on  ferait  autour  des  ca- 
sernes un  enclos  fermé  par  un  retran- 
chement, avec  un  hon  fossé  bien  pa- 
lissade, où  les  gens  de  la  carapagpo 
pourraient  se  réfugier  avec  leurs  trou- 
peaux, etc. 

Ce  serait  là  qu'on  amènerait  les  re- 
crues; elles  7  seraient  exercées  et 
dressées  au  service  ;  ce  serait  aussi  le 
dég^t  où  l'on  remettrait  en  nature  tous 
les  objets  qui  doivent  servir  à  l'habil- 
lement et  équipement  du  soldat  ;  ils  y 
seraient  fabriqués  d'économie  par  les 
soldats  mêmes  et  par  leurs  femmes,  ce 
qui  serait  d'une  grande  utilité  pour 
le  service  du  prince,  et  d'un  grand 
avantage  pour  les  troupes. 

En  temps  de  guerre,  il  resterait  un 
bataillon  pour  dresser  les  recrues,  et 
pourvoir  aux  besoins  du  régiment  en- 
tier. 

Les  malades,  invalides,  blesaéa,  etc.. 


nbioiui  u  ixotnw 


Il  leur  retraRe,  et  ito  y  serdicot  de  bon 
•lempie  et  de  bon  service ,  quoique 
ilor»  d'état  de  fournir  ou  service  de 
guerre.  En  assignant  une  quantité  de 
terres  suffisantes,  le  pays,  ainsi  forli- 
Dé.  suffirait  h  l'entretien  du  tout;  TÉ- 
iê%  serait  déchargé  de  la  demi-paie 
qu'il  donne  aujourd'hui,  ou  de  la  né- 
eisssité  de  tourmenter  de  pauvres  mi- 
sérables par  les  détails  pénibles  d'un 
service  qu'ils  ne  peuvent  plus  faire  (1). 
Dans  ce  système,  on  peut  permet- 
tre, on  doit  souhaiter  même  que  Jes 
soldats  se  marient,  et  que  leur  popu- 
lation répare  la  consommation  de  la 
guerre.  Les  femmes  les  Aideront  dans 
la  culture  de  leurs  terres,  et  seront 
Utiles  à  la  troupe,  au  lieu  de  Tempoi^ 
sonner,  comme  cela  arrive  dans  les 
armées.  Quand  les  recrues  arriveront 
au  camp,  elles  seront  tnstruHes  et  bien 
portantes  ;  le  nombre  sera  complet  et 
prêt  à  cnlrer  en  action,  au  lieu  qu'au- 
jourd'hui la  moitié  d*une  campagne  se 
passe  à  dresser  ceux  qui  arrivent  avant 
d'oser  les  mener  à  Tennemi.  S'il  arri- 
vait un  désastre  particulier  à  un  régi- 


(1)  Tont  crci  a  rapport  h  VUni  do  senrire 
en  Angl:tcrrp;  tes  circonstance!  particulières 
tfa  3i  Pranee  domiciit  Heu  à  di't  plant  plus 
dtsadm  tt  ««wmiiif  gcande  «tUiié. 


ment,  on  ferait  Tonir  ht  bttallhm 

tier  qui  est  au  dépôt,  et  on  renoipli» 
ceraii  ce  qui  aurait  le  plus  souffert 

Chaque  Qls  de  soldat,  à  Tige  de  dix 
ans,  aurait  un  lot  de  terres,  et  serait 
porté  sur  le  contrôle  du  régiment; 
toute  Tarmée  deviendrait  ainsi,  en  peu 
de  temps,  une  colonie  militaire  ;  l'éUt 
de  soldat  serait  bon,  honorable  et  sûr 
pour  la  vieUlesse  ou  les  infirmités  ;  il 
serait  exercé  avec  honneur  et  exacti* 
tude  par  des  gens  devenus  propriéUi- 
res  et  membres  de  l'État,  ayant  à  con- 
server ou  à  perdre.  Le  plus  grand  mal- 
hetu*  qui  p&t  arriver  à  un  soldat  serait 
d'être  chassé  de  son  corps,  puisqu'il 
perdrait  par  là  sa  fortune.  Il  y  a  plus  : 
un  homme  habitué  à  vivre  dans  le  mê- 
me pays,  sous  les  yeux  des  mêmes 
gens,  s'observe  davantage  que  celai 
qui  court  sans  cesse  de  garnison  en 
garnison,  toujours  inconnu  partout, 
ce  qui  fait  qu'un  régiment  passe  ra- 
rement à  travers  un  village  sans  y  com- 
mettre queliiue  désordre  ou  quelque 
insolence. 

Tout  ce  que  f  ai  dit  de  l'infanterie 
s'applique  également  à  la  cavalerie; 
chaque  régiment  sera  de  six  escadrons, 
dont  un  restera  au  dépôt.  Il  remplira 
les  mêmes  devoirs  que  les  bataillons; 
ainsi  il  serait 'inutile  de  m'arrélerda^ 
vantage  sur  ce  sujet. 


UE  L'ËTAT  ACTUEL 


DE   LA  POLITIQUE 


DE  LA  SCIENCE  MILITAIRE 


KN  EUROPJ^ 


Pah    GUIBES^. 


.    1 


PRÉFACE. 


I^s  œuvres  militaires  de  Guibert  (  Jacques-ADtoine^  comte  de)  ne 
contiennent  pas  moins  de  cinq  volumes  in-4**.  Ses  écrits  sont  telle- 
ment substantiels,  qu'il  est  plus  difficile  qu'on  ne  pourrait  le  penser 
de  les  réduire  aux  proportions  de  notre  cadre,  pour  qu'elles  n'y  occu- 
pent pas  une  place  exclusive^  et  que  cependant  la  pensée  de  l'auteur 
s'y  trouve  clairement  expliquée.  Il  est  bon  que  le  lecteur  se  rappelle 
l'époque  à  laquelle  parut  le  premier  ouvrage  de  Guibert  ;  il  y  avait  alors 
da  courage  à  proclamer  des  ventés  aussi  fondamentales,  et,  de  nos 
jours,  généralement  reconnues.  Cependant  tel  était  l'état  des  choses, 
que  la  première  partie  de  son  Essai  général  de  Tactique  fut  impri- 
niée  à  Londres^  en  1773^  et  sans  nom  d'auteur  ;  aucun  libraire  ne  so 
serait  hasardé  A  publier  en  France  un  pareil  ouvrage. 

Les  pensées  détachées  du  grand  ouvrage  de  Guibert  sont  divi- 
sées en  deux  tableaux  :  le  premier  offre  l'exposé  de  la  politique  de 
l'époque,  1770,  son  parallèle  avec  celle  des  anciens;  ses  vices 
et  les  obstacles  qu'elle  apporte  à  la  prospérité  et  à  la  grandeur  des 
peuples.  Le  second  tableau  présente  l'art  de  U.  guerre  depuis  le  les 
temps  les  plus  reculés  ;  la  situation,  en  Europe,  de  cette  science,  eo 
1770,  son  parallèle  avec  ce  qu'elle  fut  autrefois  ;  la  nécessité  du  rap- 
port des  institutions  militaires  avec  les  constitutions  politiques  ;  les 
vices  des  gouvernemens  modernes  sur  cet  objet. 

La  première  partie,  qui  place  en  parallèle  la  politique  du  dix-buf* 

T.  » 


85i»  PRBFÀCB. 

tième  siècle  avec  celle  des  anciens,  rappelle,  à  la  vérité,  des  abus  dont 
le  temps  a  fait  disparaître  les  plus  cboquans.  Mais  outre  que  Vèlude  de 
ce  morceau  est  utile  pour  faire  mieux  comprendre  la  seconde  partie, 
elle  est  encore  indispensable  pour  oieii  connaître  le  point  de  départ  et 
la  route  que  Ton  a  parcourue.  Le  second  tableau  exposilif  de  Tart  de 
la  guerre,  depuis  le  commencement  du  monde,  est  un  chef-d'œuvre 
d'érudition  et  de  concision;  il  eit  dovêou  okesique. 

Si  l'on  se  reporte,  par  la  pensée^  à  Tépoque  où  ces  deux  exposés 
furent  publiés,  on  conviendra  que  nous  devons  de  la  reconnaissance  à 
Guibert,  qui  s'efforça  de  relever  la  nation  du  découragement  qu^avaient 
produit  les  malheurs  des  dernières  années  du  règne  de  Louis  XIV. 
AuxTureune,  aux  Coudé,  aiix  Luxembourg,  avaient  succédé  Villeroi, 
Tallard,  Marsiii  et  plus  tard  Soubise.  L^honneur  français  avait, 
nous  pouvons  l'avouer  aujourd'hui,  reçu,  il  y  a  soixante-dix  ans,  de 
cruelles  atteintes;  leur  impression,  que  n* avaient  pii  effacer  les  ba- 
tailles de  Denain  et  de  Fontenoy,  s'était  prolongée  jusqu*en  1792  à 
tel  point,  que  lorsqu' alors  nous  primes  les  armes  pour  repousser 
l'agression  des  Prussiens  et  des  Autrichiens,  tête  de  colonne  de  la 
coalition  qui  avait  révè  la  conquête  de  la  France,  la  seule  pensée  de 
résistance  fut  considérée  comme  un  acte  de  folie  coupable. 

Guibert,  au  milieu  de  la  prostration  morale  qui  signala  le  trop 
long  règne  de  Louis  XV,  fit  entendre  des  vérités  sévères  ;  aussi  les 
hdmmes  q«ioe  tivaient  que  de  privilèges  et  de  désordres,  s'attachèrent 
À  dénaturer  ses  intwtions  ;  il  fut  poui^uivi  par  la  calomnie. 

Guibert  entra  ati  service  à  l'âge  de  treize  ans;  il  Bt,  en  qualité  de 
oa{)itainé,  tes  campagf&s  de  la  guerre  de  1756;  il  fut  remarqué,  nou- 
seolenieiit  pour  son  briltant  couragQ,  mai^  encore  par  des  dispositions 
qui  promettaient  un  chef  également  bien  placé  sur  les  champs  de 
bataille  et  dans  le  cabinet.  Son  père,  lieutenant-général,  avait  dirige 
ses  études.  La  guerre  do  Corse  lai  oÔrit  une  nouvelle  occasion  de  $e 
signaler  ;  à  vingt-quatre  ans,  fl  obtînt  la  croix  de  Saint-Louis,  et  fui 


nommé  oblonel-commandant  de  la  légion  corse,  fin  1773,  it  publia 
fe  complément  de  VEssat  général  de  Tactique;  la  hardiesse  de  îes 
opinions  Itii  mérita  nn  si  grand  nombre  d'attaques,  qu*îl  se  vit  obligé 
de  chereber  un  fcfuge  auprès  du  grand  Frédéric.  Il  faut  dire,  à  1» 
loaange  de  ce  prince,  qu'il  en  reçut  raccueil  le  plus  favorable  ;  et  ce- 
pendant le  roî  ne  partageait  pas  toutes  ses  opinions  sur  Tart  militaire. 

La  û0niinatk>n  du  comte  de  Saint-Germain  aux  fonctions  de  ininis^ 
tm  de  la  guerre  le  rappela  en  France;  en  1782,  il  parvint  au  grade  de 
brigaifier,  puis,  en  1788,  à  celui  de  maréchal-de-catnp.  Nomme,  en 
178T,  membre  et  rapporteur  du  conseil  d'administration  de  la  guerre, 
celte  honorable  désignation  fut  pour  lui  la  source  d'amers  chagrins. 
Le  conseil  proposait  des  réformes,  des  améliorations.  Les  hommes, 
menacés  de  perdre  des  faveurs  arrachées  par  Timportunité  et  l^intri- 
goe^  ne  pouvant  attaquer  un  être  de  raison,  le  conseil,  se  réunirent 
contre  le  rapporteur,  qui  cependant  ne  devait  encourir  d'autre  res- 
ponsabilité que  celle  de  présenter  les  vues  d'un  comité  où  il  n'avait  q[aë 
ea  rca.'  Gatbert  se  défendit  ;  mais  son  mémoire,  adressé  au  publie 
et  à  rannée^  vm  parvint  pas  à  calmer  la  tempête. 

Au  mosoent  où  Guibert  publia  son  nouveau  système  de  tactique  » 
Fordie  profond  de  Folard  comptait  de  nombreut  partisans  dans  l'ar- 
B6e  française.  Guibert  insista  fortement  sur  la  nécessité  de  suhstituef 
Fordreniinee  à  l'ordre  profond.  Cette  innovation  renversait  toutes  leè 
idées  reçues,  et  augmenta  encore  le  nombre  dé  ses  ennemis.  Le  temps 
a  preoonoé  sur  celte  grande  question  qui  divisait  tous  les  esprits.' 
L-emploi  perfectionne  de  l'artillerie  devait  terminer  h  discussion  ;  on 
ne  tarda  pas  à  reconnaître  que  la  colonne  de  FoTard  disparaîtrait  sous 
les  projectiles. 

Guibert,  ainbitieux  de  toutes  les  gloires,  cultiva  aussi  les  lettres^ 
mais  avec  un  succès  qui  ne  lui  a  pas  survécu  ;  il  lit  paraître  successi- 
vement les  éloges  historiques  du  chancelier  de  Lhôpital,  de  Catinat, 
du  roi  de  Prusse,  de  Thomas,  un  résumé  de  la  guerre  de  sept  ans,  et 


dai  firagmeos  de  voyages  en  Fraiiee  et  en  Suisse*  Ou  a  de  lui  plusieurs 
tragédies  non  représentées^  le  Ccnnélable  de  Bourbon^  la  Mort  des 
QraequeSy  Anne  de  Boulen.  Guibert  offre  encore  un  exemple  du  sort 
qui  fut  de  tout  temps  réservé  à  Thomme  courageux,  enflamme  de 
Tamour  du  bien  public^  et  qui  ne  sait  pas  trahir  la  vérité.  Sa  vie  fut 
lussi  un  combat;  ses  ennemis  le  poursuivireqt  avec  un  acharnement 
que  redoublaient  enccHre  les  récompenses  accordées  à  ses  utiles  tra- 
vjaux^  Parvenu  au  gouvernement  de  l'hôtel  des  Invalides^  il  n'occupa 
que  trois  aos  ce  poste,  considéré,  à  juste  titre,  comme  le  plus  hono- 
rable, le  premier  dans  la  hiérarchie  militaire.  Découragé,  il  mourut 
en  1790,  à  Tége  de  quarante-sept  ans,  protestant  de  la  pureté  de 
ses  mtentious,  et  n'attendant  plus  que  de  la  postérité  une  tardive 
justice. 

Il  est  évident  que  les  discussions  sur  l'ordre  profond  et  sur  Tordre 
mince,  que  celles  relatives  à  l'ordonnance  des  bataillons  sur  trois , 
qpatre  ou  six  rangs  de  profondeur,  sur  l'armement  et  l'équipemeut 
4' une  portion  de  l'infanterie  avec  des  piques  et  des  cuirasses,  que  Tem* 
ploi  de  l'artillerie ,  que  le  nombre  des  pièces  afiG^ctées  à  diaque  régiment, 
brigade  ou  division  sont  définitivement  jugés.  Cependant ,  comme 
des  questions  d'une  telle  importance,  et  traitées  par  des  maîtres  aussi 
habilefi  que  Folard,  Lloyd  et  Guibert,  peuvent  produire  daxis  l'avenir 
d^  nouvelles  cooibinaisons,  nous  avons  cru  de  notre  devoir  d'exposer 
les  argumens  présentés  par  chacun  d'eux  avec  un  talent  incontestable. 
Nous  laisserons  donc  Lloyd  et  Guibert  faire  valoir  leurs  doctrines, 
qvcUe  que  soit  d'ailleurs  la  nuance  qui  les  sépare,  et  malgré  la  dissi- 
dence de  leurs  principes  avec  ceux  de  Folard,  que  nous  reproduiaous 

au  quatrième  volume. 

{N.duUd.) 


i>. 


DE  L'ÊTÂT  ACTUEL 


DE   LA  POLITIQUE 


DE  LA  SCIENCE  MILITAIRE 


EN  EUROPE. 


CHAPITRE  !•'. 

Mlcao  de  la  poliliqae  tctaelle;  loo  partHèle 
iTee  erUe  des  anciens  ;  ttt  vices  ;  obsiaeics 
qu'elle  apporte  à  la  prospérité  et  à  la  gran- 
dear  des  peaptes. 

Si  l'OD  entend  par  politique ,  Y  art  de 
nigoder ,  ou  platdt  d'iatrîguer  ;  celui 
defomeoter  sourdement  quelque  réro- 
tatioB,  de  lier  ou  de  rompre,  dans  l'obs- 
eurité  dea  cabinets,  quelques  traités 
d'alliance ,  de  paix ,  de  mariage  ou  de 
commerce,  nous  sommes  sans  doute  à 
(ei  égard,  supérieurs  aui  anciens;  nous 
f  apportons  plus  de  finesse  et  plus  d'cs- 
prit  qu'eux.  Maïs  si  la  politique  est  la 
ideDce  vaste  et  sublime  de  régir  un 
état  an  dedans  et  au  dehors,  de  diriger 
les  intérêts  particuliers  vers  l'intérêt 
géoénd,  de  rendre  les  peuples  heureux 
et  de  les  attacher  à  leurs  gouverne- 
mens,  convenons  qu'elle  est  totale* 
ment  inconnue  a  nos  administrateurs 
modernes  qui  ne  peuvent  se  comparer 
aai  Licurgue,  aux  Péridès,  aux  Numa, 
aai  grands  hommes  d'état  de  la  Grèce 
cl  de  Rome.  Convenons  que  le  sénat 


romain,  dans  le  temps  de  sa  splendeur, 
nous  rappelle  cet  Atlas  fabuleux  qui 
soutenait  le  fardeau  du  monde;  tandis 
que  nos  gouvememens  ne  sont  que  des 
machines  frêles  et  compliquées ,  aux- 
quelles la  fortune  et  les  circonstances 
impriment  desmouvemens  irréguliers, 
incertains  et  passagers  comme  elles. 

Je  ne  suis  point  admirateur  aveugle 
des  anciens.  Je  sais  ce  qu'une  longue 
suite  de  siècles,  les  ténèbres  de  l'igno- 
rance, le  prestige  de  l'histoire ,  la  pré* 
vention  de  nos  esprits  leur  prêtent  de 
colossal  et  de  merveilleux.  Je  sais  que« 
de  même  que  les  astres  voisins  de  Tho- 
rison  se  peignent  plus  grands  à  nos 
yeux,  que  quand ,  plus  rapprodiés  de 
nous ,  ils  s'élèvent  sur  nos  têtes ,  les 
héros ,  ainsi  que  les  évènemens  que 
nous  apercevons  dans  le  lointain  de 
l'antiquité,  acquièrent,  à  nos  regards, 
une  grandeur  que  n*ont  jamais  les  ob- 
jets contemporains.  Fortifié  contre 
cette  illusion ,  je  ne  juge  presque  ja- 
mais les  choses  telles  que  l'histoire  me 
les  représente.  Je  ne  place  pas  les 
hommes  au-dessus  i^  rhumanité.  le 


POUTIQUE. 


rabaisse  les  héros  à  la  mesure  possible 
de  perfection  que  le  cœur  humain  com- 
porte. Je  cherche  à  démêler,  dans  les 
évènemens,  Tinfluence  que  le  hasard  a 
pu  avoir  sur  eux ,  les  ressorts  et  quel- 
quefois les  fils  imparceplibles  qui  et 
ont  été  les  causes.  Ainsi ,  je  n*ai  point 
une  vénération  enthousiaste  pour  le 
gouvernement  de  Tancienne  Rome.  Je 
ne  prétends  pas  qu*il  ait  été  parfait.  Il 
ne  rétait  pointpiiisqu*ila  eu  les  secous- 
ses, sa  décadence  et  sa  Gn.  Il  ne  pou- 
vait pas  rétre,  puisqu'il  était  l'ouvrage 
des  hommes.  Mais  si  ce  gouvernement 
imprima  pendant  cinq  cents  ans  un  ca- 
ractère de  vigueur  et  de  majesté  au 
peuple  qui  vécut  sous  lui  ;  s'il  y  fit  ger- 
mer plus  de  citoyens  et  de  héros  que 
le  reste  de  la  terre  n'en  a  porté  depuis; 
li  m£me,  dans  le  temps  de  sa  corrup- 
tion ,  les  vices  de  ce  peuple  eurent 
qoelquefois  une  grandeur  et  une  éner- 
gie qui  forcent  a  l'étonnement  et  à  Tad- 
miration  ;  si  ce  peuple,  enfin,  devint  le 
maître  du  monde ,  je  dois  alors  attri- 
buer des  eflcts  si  grands ,  si  soutenus, 
à  desi  causes  puissantes  et  constantes. 
Je  puis,  sans  me  tromper,  assurer 
que  ce  gouvernement  était  plus  vigou- 
reux ;  que  sa  politique  était  plus  vaste, 
plus  profonde  que  celle  de  tous  les  états 
qui  s'oflrentà  moi. 

J'admire  donc  la  politique  des  Ro- 
mains dans  leurs  beaux  jours,  lorsque 
je  la  vois  fondée  sur  un  plan  fixe  ;  lors- 
que ce  plan  a  pour  base  le  patriotisme 
et  la  vertu  ;  lorsque  je  vols  Rome  naisv 
aaote,  colonie  faible  et  sans  appui,  de- 
f  eoir  rapidement  une  ville  ;  s'agrandir 
lins  cesse ,  vaincre  tous  ses  voisins  qui 
éUient  ses  ennemis ,  s*en  faire  des  ci- 
lliens  ou  des  alliés,  se  fortifier  ainsi 
«i  ^'étendant,  comme  un  fleuve  se 
gjrQllit  par  les  eaux  qu'il  reçoit  dans 
seiV  u>urft.  J'admire  celte  politique  « 


qu'une  guerre  à  la  fois,  ne  jamais  poser 
les  armes  que  l'honneur  du  nom  ro- 
main ne  soit  satisfait,  ne  pas  s'aveugler 
par  ses  succès,  ne  pas  se  laisser  abattre 
par  les  revers,  devenir  la  proie  des 
Gaidois  et  des  flammes , -et  refiaitre  de 
ses  cendres.  J'admire  Rome,  enfin, 
quand  j'examine  sa  constitution  mili- 
taire liée  à  sa  constitution  politique; 
les  lois  de  sa  milice  ;  l'éducation  de  sa 
JMinesse  ;  ses  grands  hommes  passant 
indifTéremmcnt  par  tontes  les  charges 
de  rétat,  parce  qu'ils  étaient  propres  i 
les  remplir  toutes;  ses  citoyens  fiers da 
nom  de  leur  patrie,  et  se  croyant  supé- 
rieurs aux  rois  qu'ils  étaient  accouta- 
mes  à  vaincre.  Je  dis  que  peut-être  ily 
a  eu,  dans  quelque  coin  de  l'univers, 
une  nation  obscure  et  paisible,  dont 
les  membres  ont  été  plus  heureux; 
mais  que  certainement  Jamais  peuple 
n'a  eu  autant  de  grandeur ,  autant  de 
gloire ,  n'en  a  autant  mérité  par  sœ 
courage  et  par  ses  vertus. 

Maintenant  quel  tableau  offre  «  en 
opposition,  l'Europe  politique,  au  phi- 
losophe qui  la  contemple?  Des  admî-* 
nistrations  tyranniques,  ignorantes  ot 
faibles  ;  les  forces  des  nations  étouffées 
sous  leurs  vices;  tes  intérêts  particifr» 
liers  prévalant  sur  le  bien  poblie  ;  les 
mœurs ,  ce  supplément  des  lois ,  sou- 
vent plus  efficaces  qu'elles,  négligéeson 
corrompues  ;  l'oppression  des  peuples 
réduite  en  système;  les  dépenses  des 
administrations  plus  fortes  que  leurs 
recettes  ;  les  impôts  au-dessus  des  fa* 
Cultes  des  contribuables:  la  popultition 
éparse  et  clair-scmée  ;  les  arts  du  pre- 
mier besoin  négligés  pour  les  arts  fri- 
voles ;  le  luxe  minant  sourdement  tons 
les  États  ;  les  gouvernemens,  enfin,  in- 
dlfférens  au  sort  des  peuples,  et  les 
peuples,  par  représailles,  indifférens 
aux  succès  des  gouvernemens. 


jg  yrâ  Rome  n'avoir  jamais      Fatigué  de  tant.de  maui,  si  Ir  pM- 


SCRliCp  MIUTAIRB.  Wjfi 

losophe  tmiTe  i  reposer  sa  vue  sur  |  peuples  souffrent  et  se  plaignent .  de 
dee  objets  plus  consolans ,  c'est  sur  <  rnutre,  ils  ont  perdu  toute  espèce  de 


quelques  petits  élats  qui  ne  sont  que 
des  points  en  Europe  ;  c'est  sur  quel- 
ques vérités  mondes  et  politiques  qui, 
filtrant  lentement  à  travers  les  erreurs, 
•e  dérelf^peront  peu  à  peu ,  parvien- 
dront peut-être  un  jour  aux  hommes 
principaux  des  nations,  s'assiéront  sur 
les  trônes  et  rendront  la  postérité  plus 
heureuse. 

Tel  est  particulièrement  Tétat  de 
Maiatoe  et  d'anxiété  des  peuples,  sous 
la  plupart  des  gouvernemcns,  qu'ils  y 
fivent  avec  dégoût  et  machinalement, 
et  qne  s'ils  avaient  la  force  de  briser 
bs  liens  qui  les  attachent,  ils  se  don- 
neraient d'autres  lois  et  d'autres  admi- 
Bistrateors.  On  verrait  alors  la  moitié 
de  r Allemagne  chasser  les  petits  prin- 
eoi  sons  lesquels  elle  gémit  ;  In  Cnstille, 
FArragon,  l'Irlande  rappelericurs  rois  ; 
la  Toscane,  ses  ducs(l);  la  Flandre, 
snoonatea;  tant  d'autres  états,  leurs 
aidena  souverains,  qui  vivaient  au 
ailiea  d'eux  sans  luxe  et  du  revenu  de 
Imra  domaines.  On  verrait  presque 
iMtea  les  provinces  se  séparer  do  leur 
liétfopole  ;  presque  tous  les  gouvcrne- 
BeM  ae- dissoudre  ou  changer  de 
ferme.  Mais  que  dis-je?  Telle  est  en 
UktoB  temps  la  faiblesse  des  peuples 
qne,  mécontens^  ils  murmurent  et  res- 
teiit  dans  la  m4me  situation.  Ils  y  sont 

chaînés  par  l'habitude  et  par  les 


Cette  fermentation  impuissante  est 
des  plus  grandes  preuves  de  la 
laralsé  constitution   de   nos  gou- 
>r«nieraëns.    Car ,   d'une    part ,   les 

-  (i)  Dfpaii  qoc  ccsl  en  écril,  elle  les  a  re- 
f^Mvés  dtm  le  jeune  foaveraio  qui  régne  sur 
^U.  11  e»t  oecopé  de  i«  viviQer,  de  la  rendre 
"WareoM.  Mslseons  l'occaflôn  douce  et  rare 
^  ttAâtB  bottifDi^  I  ton  lirtnce  qui  mit  le  prix 
ta  MMètf  ê(  iai  réaMW  déi  Maaiei. 


ressort.  Chacun  vit  pour  soi,  cherchant 
à  se  mettre  à  couvert  des  maux  publics, 
à  en  profiter,  ou  à  s'étourdir  sur  eux. 
Au  milieu  de  cette  faiblesse  générale , 
les  gouvcrnemens,  faibles  eux-mêmes, 
mais  par  là  féconds  en  petits  moyens, 
étendent  leur  autorité  et  Tappesantis- 
senl.  Ils  semblent  être  en  guerre  se- 
crète avec  leurs  sujets.  Us  en  corrom- 
pent une  partie  pour  dominer  l'autre. 
Ils  craignent  que  les  lumières  ne  s'é- 
tendent, parce  qu'ils  savent  qu'elles 
éclairent  les  peuples  sur  leurs  droits  et 
sur  les  fautes  de  ceux  qui  lesgouvernent 
ils  fomentent  le  luxe  parce  qu'ils  savent 
que  le  luxe  énerve  les  courages.  Comme 
ils  ont  dans  leurs  mains  presque  tout  l'or 
des  États,  lis  font  de  l'or  le  grand  ressort 
de  l'administration;  ils  en  font  le  moyen 
de  la  consid. ration  et  de  l'avancement 
des  particuliers,  la  solde  du  vice  qu'il 
augmente,  la  récompense  de  la  vertu 
qu'il  avilit,  l'objet  de  la  cupidité  de 
tous  les  citoyens.  Us  repompent  en- 
suite ,  par  des  opérations  fiscales ,  cet 
or  que  leur  prodigalité  a  répandu  :  cir- 
culation funeste  et  dont  reOTet  est  de 
ruiner  une  partie  des  naUons,  pour  en- 
chaîner l'autre.  C'est  enfui  cet  art  mal- 
heureux de  diviser,  d'aflaiblir,  de  dé- 
grader, pour  mieux  dominer,  d'op- 
primer sans  révolter,  qu'on  appelle 
âciênee  de  gouvernement  dans  la  plupart 

des  cours. 

Le  philosophe  sera-t-il  plus  salislait 
quand  il  jettera  les  yeux  sur  TEurope 
militaire?  Il  y  verra  toutes  les  constita 
tions  servilement  calquées  les  unes  sur 
les  autres  ;  les  peuples  du  Midi  ayant  la 
même  discipline  que  ceux  du  Nord  ;  le 
génie  des  nations  en  contradiction  avec 
les  lois  de  leur  milice  ;  la  profession  de 
soldat  abandonnée  à  la  classe  la  plus 
vile  et  la  plus  misérable  des  citoyeus; 


too 


POLITlOCE. 


le  »otdat,  sous  ses  drapeaux,  continuant 
d'être  malheureux  et  méprisé;  les  ar- 
mées plus  nombreuses  dans  h  propor- 
tion des  nations  qui  les  entretiennent, 
onéreuses  h  ces  nattons  pendant  la 
paix,  ne  suffisant  pas  pour  les  rassurer 
à  la  guerre,  parce  que  le  reste  du  peu- 
ple n'est  qu'une  multitude  timide  et 
amollie.  Ô  remarquera  qu'on  a  fait 
quelques  progrès  en  tactique  et  sur 
quelques  autres  branches  de  Fart  mi- 
litaire ;  il  admirera  quelques  morceaux 
de  détail  dans  nos  constitutions  ;  le  gé- 
nie du  roi  de  Prusse ,  Tessort  momen- 
tané qu'il  a  donné  à  sa  nation  ;  mais  il 
se  demandera  où  se  trouve  une  milioe 
constituée  sur  des  principes  solides? 
On  est  un  peuple  guerrier ,  ennemi  du 
luxe,  ami  des  travaux  et  porté  à  la 
gloire  par  ses  lois? 

N'attribuons  en  effet  qu'en  partie  à 
la  vigilance  actuelle  de  tous  les  peuples 
sur  les  démarches  de  leurs  voisins,  a  la 
correspondance  de  toi|tes  les  cours ,  au 
système  d'équilibre  établi  en  Europe , 
l'impossibilité  où  sont  les  nations  de 
s'étendre  et  de  conquérir.  Elle  pro- 
vient bien  plutôt  de  ce  qu'aucune  de 
ces  nations  n'est  dédsivement  supé- 
rieure aux  autres  par  ses  mœurs  et  sa 
constitution  ;  de  ce  qu'elles  sont  toutes 
contenues  dans  leur  sphère,  par  la  fai- 
blesse et  la  ressemblance  de  leurs  gou- 
vernemens. 

Que  peut-il  résulter  aujourd'hui  de 
nos  guerres?  Les  États  n'ont  ni  trésors, 
ni  excédent  de  population.  Leurs  dé- 
penses de  paix  sont  déjà  au-dessus  de 
leurs  recettes.  Cependant  on  se  déclare 
la  guerre.  On  enfare  en  campagne  avec 
des  armées  qu'on  ne  peut  ni  recruter, 
ni  payer.  Vainqueur,  on  vaincu,  on  s'é- 
puise à  peu  pr^  également.  La  masse 
des  dettes  nationales  s'acaoit.  Le  cré- 
dit baisse.  L'argent  manque.  Les  flottes 
ne  trouvent  plusde  mateloto,  ni  les  ar- 


mées de  soldats.  Les  ministres,  db  part 
et  d'autre ,  sentent  qu'il  est  temps  de 
négocier.  La  paix  se  fait.  Quelques  co- 
lonies ou  provinces  changent  de  maître . 
Souvent  la  source  des  querelles  n'est 
pas  fermée ,  et  chacun  reste  assis  sur 
ses  débris,  occupé  à  payer  ses  dettes  et 
à  aiguiser  ses  armes. 

Mais  supposons  qu'il  s'élevAt  en  Eu- 
rope un  peuple  vigoureux  de  génie,  de 
moyens  et  de  gouvernement,  un  peu- 
ple qui  joignit ,  A  des  vertus  austères 
et  à  une  ndlice  nationale,  un  plan  fixe 
d'agrandissement,  qui  ne  perdit  pas 
de  vue  ce  système,  qui,  sadiant  fitire 
la  guerre  à  peu  de  frais  et  subsister  par 
ses  victoires,  ne  fût  pas  réduit  à  poser 
les  armes  par  des  calculs  de  finances. 
On  verrait  ce  peuple  subjuguer  ses 
voisins,  et  renverser  nos  faibles  cons- 
titutions comme  l'aquilon  plie  de  frêles 
roseaux. 

Ce  peuple  ne  s'élèvera  pas,  parce 
qu'il  ne  reste  en  Europe  aucune  na- 
tion à  la  fois  puissante  et  neuve.  Ellei 
s'assimilent  et  se  corrompent  toutes , 
de  proche  en  proche  ;  elles  ont  toutes 
des  gouvememens  destructifs  des  seo- 
timens  de  patriotisme  et  de  vertu.  Lors- 
que la  corruption  a  fait  de  tels  progrès, 
lorsqu'elle  a  attaqué  les  prindpea  des 
administrations ,  les  administrateurs , 
les  cours  des  souverains,  les  berceaux 
de  leurs  enfans,  il  est  presque  impos- 
sible d'espérer  une  régénération.  Les 
lieux  d'où  elle  pourrait  venir  sont  les 
foyers  du  mal.  Un  seul  peuple  était, 
au  commencement  de  ce  siède,  en 
position  de  devenir  redoutable;  son 
souverain,  qui  était  un  grand  homme, 
mais  qu'on  admire  peutnètre  trop,  n'en 
a  pas  profité.  Une  fausse  politique  fut 
la  base  de  son  système.  Il  se  hftta  trop 
de  polir  sa  nation;  il  fit  entrer  dans 
ses  États  tous  les  arts  de  l'Europe  ;  et« 
avec  les  arts,  il  iotrodnint  les  vices,  p 


SCIBNCE  MILITAIAB. 


36* 


appela  la  Russie  dans  Tlofrie,  dans  la 
Lin^iue,  et  en  rassemblant  ainsi  ses 
moyens  à  une  des  eitrémités  de  ses 
États,  il  jeta  dans  la  langueur  le  reste 
de  son  empire.  Il  voulut  jouir  de  son 
?i>ant  ;  il  négligea  les  fruits  pour  les 
fleurs.  S*il  se  fût  moins  pressé  de  pren- 
dre part  à  la  politique  de  r£urope  ;  si , 
eo  attirant  dans  son  pays  les  arts  uti- 
les, il  eût  repoussé  ceux  de  luxe  et 
de  mollesse,  si,  au  lieu  de  b&tir  des 
villes,  il  eât  défriché  des  campagnes  ; 
si,  par  trop  de  fréquentation  avec  les 
étrangers,  il  n'eût  pas  fait  perdre  à  ses 
sajets  cette,  ftpreté  sauvage  avec  la- 
quelle ils  eussent  fait  de  grandes  cho- 
ses; s^'il  n'eût  répandu  sur  sa  nation 
que  les  lumières  nécessaires  pour  aug- 
mentcMa  force,  et  qu'il  eût  habile- 
ment éloigné  celles  qui  pouvaient  l'af- 
faiblir ;  si  avec  un  pareil  plan ,  il  eût 
vécaplus  long' temps,  et  que  ses  suc- 
cesseurs se  fussent  conduits  par  les 
mêmes  principes,  la  Russie  serait  au- 
joord'hai  bien  plus  menaçante  et  plus 
redoutable  pour  l'Europe.  De  ce  vaste 
empire  fussent  peut-être  sorties  de 
nos  jours  des  peuplades  endurcies  et 
invindbles,  qui  auraient  changé  la  face 
de  nos  contrées,  ainsi  que,  des  réser- 
voirs du  Nord,  se  répandirent  autre- 
fois ces  flots  de  barbares  qui  inondè- 
rent l'empire  romain.  Ces  peuplades 
rassent  paru  avec  un  langage,  des  ha- 
biDemens,  des  armes,  des  mœurs,  une 
manière  de  faire  la  guerre,  qui,  en  tout 
oa  en  partie ,  n'auraient  pas  été  les 
nôtres;  et  cet  appareil  nouveau  eût 
sans  doute  contribué  à  ses  victoires. 

Si  l'Europe  n'a  plus  a  craindre  ces 
torrens  dévastateurs  qui  la  couvrirent 
autrefois  de  sang  et  de  ténèbres  ;  si  les 
vices,  qui  minent  tous  ses  gouverne- 
mens,  semblent  mettre  une  sorte  d'é- 
quilibre entre  eux,  les  nations  de  cette 
partie  du  monde,  tantôt  faibles,  tan- 


tôt corrompues  qu*elles  sont,  n'en 
jouissent  pas  de  plus  de  tranquillité  ; 
car  telle  est  leur  misérable  politique , 
que  des  haines  nationales,  des  intérêts 
illusoires  de  commerce  ou  d'ambition 
les  divisât  sans  cesse  ;  que  même,  par 
les  traités  qui  les  pacifient,  il  reste 
toujours  entre  elles  des  germes  de  dis- 
cussions, qui,  après  une  trêve  péricK 
dique,  les  arment  de  nouveau  l'une 
contre  l'autre,  et  que,  si  leurs  relations 
politiques  ne  leur  fournissent  pas  dç 
prétextes  de  rupture,  les  caprices  des 
ministres,  les  vaines  étiquettes,  les  pe- 
tites intrigues,  dans  lesquelles  concis* 
tent  aujourd'hui  les  négociations,  en 
font  bientôt  naître  des  prétextes.  Tel 
est  enfin  le  genre  de  guerre  adopté 
par  toutes  ces  nations,  qui  consume 
leurs  forces  et  ne  décide  pas  leurs  que- 
relles ;  que,  vainqueur  ou  vaincu,  dia- 
cun,  à  la  paix,  rentre  à  peu  près  dans 
ses  anciennes  limites;  que  de  là  les 
guerres,  effrayant  moins  les  gouver- 
nemens,  en  deviennent  plus  fr^en- 
les.  Ce  sont  des  athlètes  timides,  cou- 
verts de  plaies^  et  toujours  armés,  qui 
s'épuisent  à  s'observer  et  à  se  craindre , 
s'attaquent  de  temps  en  temps,  pour 
s'en  imposer  mutuellement  sur  leurs 
forces;  rendent  des  combats,  faibles 
conune  eux;  les  suspendent  quand 
leur  sang  coule,  et  conviennent  d*une 
trêve  pour  essuyer  leurs  blessures. 

Entre  ces  peuples,  dont  la  faiblesse 
éternise  les  querelles»  il  se  peut  cepen- 
dant qu'un  jour  il  y  ait  des  guerres 
plus  décisives  et  qui  ébranlent  les  em- 
pires. La  Citrruption,  répandue  sur  la 
surface  de  l'Europe,  ne  fait  pas  par- 
tout des  progrès  égaux.  Les  différen- 
ces qui  existent  entre  les  gouverne- 
mens  font  que  chez  les  uns,  elle  se  dé- 
veloppe plus  lentement,  et  chez  les 
autres,  avec  plus  de  rapidité.  Le  mal 
devient  ensuite  plus  ou  moins  dange« 


M2  pOLifiorE. 

rcux,  en  raîson  tfes  qnanTrti  des  hom-  ;  être  le  but  de  la  politique  des  peuples? 
mes  qui  gouvernent  :  ici,  de  bonnes  .  r.elul  de  se  forttflcr  au  dedans,  plutdt 


Institutions,  un  souverain  éclairé,  un 
ministre  vigoureux  servent  de  digue 
contre  la  corruption ,  remontetit  les 
ressorts  du  gouvernement,  et  font  ré- 
trograder l'État  vers  le  haut  de  la  roue  ; 
là,  gouvernement,  souverain,  minis- 
tres, tout  est  faible  ou  corrompu  ;  par 
conséquent  tout  se  relâche,  se  détend; 
et  rÊlat,  entraîné  avec  une  vitesse  que 
sa  masse  multiplie,  descend  rapide- 
ment vers  sa  ruine.  Supposons  ces 
deux  États  voisins  Tun  de  Tautre;  que 
lô  premier  ait  h  sa  tête  plusieurs  grands 
hommes  de  suite  ;  que  le  second  ait 
successivement  deux  ou  trois  souve- 
rains Taibles;  que  les  règnes  de  ces 
souverains,  malheureux  comme  celui 
de  Charles  VI,  soit  long  comme  celui 
d'Auguste,  ce  dernier  état,  chancelant, 
avili,  démembré  par  son  voisin,  n'at- 
tendra plus  qu'un  orage  qui  détermi- 
ne sa  chute;  erifin,  par  une  consé- 
quence de  la  supposition  établie  ci- 
dessus,  dans  la  décadence  général^ , 
où  le  luxe  et  les  erreurs  politiques 
mettent  toutes  les  nations,  celles  qui 
parcourront  le  moins  rapidement  la 
ligtie  de  leur  déclinaison  ;  celles  qui 
s'arrêteront  ou  rétrograderont  le  plus 
souvent ,  dans  cette  funeste  marche , 
auront  sur  les  autres  Tasccndant  de 
vigueur  que  la  jeunesse  a  sur  la  matu- 
rité, la  maturité  sur  la  vieillesse,  la 
vieillesse  sur  la  décrépitude,  pour  s'af- 
faiblir à  leur  tour,  décliner  et  faire 
place  à  des  États  mieux  constitués,  ou 
parce  que  quelque  révolution  les  aura 
régénérés,  ou  parce  qu'ils  seront  mol'\s 
avancés  dans  leur  carrière,  ou  parC3 
qu'enfin,  formés  récemment  des  dé- 
bris do  quelque  État  anéanti,  ils  auront 


que  de  chereher  à  s*étendre  au  dehors; 
de  se  resserrer  même,  s'ils  ont  des 
possessions  trop  étendues,  et  de  faire, 
pour  ainsi  dire,  en  échange,  des  con- 
quêtes sur  eux-mêmes,  en  portadt 
toutes  les  parties  de  leur  administra- 
tion au  plus  haut  point  de  perfection  ; 
celui  d'augmenter  la  pui*)sance  publi- 
que par  les  vertus  des  particuliers  ;  de 
travailler  sur  les  lois,  sur  les  mœurs, 
sur  les  opinions;  celui,  en  un  mot,  de 
changer  ou  de  ralentir  le  cours  funeste 
qui  les  entraîne  vers  leur  ruine. 

S'il  est  une  nation  surtout  à  laquelle 
convienne  cette  sage  politique,  et  qtû 
doive  se  hâter  de  l'embrasser,  c'est  la 
mienne,  qui,  heureusement  assise  an 
milieu  de  TEurope,  sous  la  plus  belle 
température,  sur  le  sol  le  plus  généra- 
lement fertile,  entourée,  presque  par- 
tout, de  limites  que  la  nature  semble 
avoir  posées,  peut  être  assez  puissante 
pour  ne  rien  craindre  et  pour  ne  rien 
désirer.  C'est  la  mienne,  parce  que,  si 
j'ose  le  dire,  c'est  elle  qui  déchoit 
maintenant  avec  le  plus  de  rapidité. 
Son  gouvernement  ne  la  soutient  pas; 
et  les  vices,  qui,  partout  ailleurs,  ne 
se  répandent  que  par  imitation,  nés 
chez  elle,  y  sont  plus  invétérés,  plus 
destructifs,  et  doivent  la  dévorer  la 
première. 

Comme  le  plan  de  cette  régénération 
est  le  but  de  mon  ouvrage,  j'y  revien- 
drai avec  toute  l'attention  qu'il  mérite. 
Achevons  de  peindre  tout  ce  que  la 
politique  moderne  a  d'erroné  et  de 
contraire  à  la  prospérité  des  peu- 
ples. 

Toutes  les  parties  du  gouvernement 
ont  entre  elles  des  rapports  immédiats 


pour  basn  le  courage  et  les  vertus  qui  j  et  nécessaires.  Ce  sont  des  rameflttx 
font  prospérer  les  nouveaux  empires,    du  même  tronc  ;  il  s'en  faut  bien  ce- 
Dans  celle  situattoBi  quel  devrait;  pendant  qu'eUes  soient  conduite!  éa 


BCIBHGB  lUUTAIRB. 


fkm  Rreiqae  tous  tes 
fttati  de  rSnnqie,  k»  différentes  bran- 
ches d'adminifttralion  sont  dirigces  par 
des  ministres  particuliers,  dont  les 
Tues  et  les  intérêts  se  croisent  et  se 
nuisent.  Chacun  d*eux  s'occupe  exclu- 
ri? ement  de  son  objet.  On  dirait  que 
lei  autres  départemens  appartiennent 
à  une  aatiou  étrangère.  Ueureux  en- 
care  les  États  où  ces  ministres,  jaloux 
ru  de  raatre«  ne  se  traitent  pas  en 


Du  peu  de  relation  qui  existe  ainsi 
aatre  les  différons  départcmcns  d'une 
administration  y  s'ensuivent  ces  projets, 
SfaRtageux  sous  une  face,  et  dosavan- 


S6| 

dérendroi  ils  veulent  ^ut  embrapser, 
Pays-Bas,  Franche-Comté,  Roussil-* 
Ion ,  Italie ,  Portugal ,  puis  tout  leur 
échappe. 

llapprochons-nous  de  notre  temps  ; 
ils  ne  sont  pas  plus  sages  :  Kichelieu 
veut  étendre  le  pouvoir  de  son  maître, 
ou  plutôt  le  sien;  il  veut  abattre  les 
grands,  et  détruire  ces  prérogatives 
qui  en  faisaient  les  vassaux,  plutôt  que 
les  sujets  des  rois.  Qu'il  se  fût  servi, 
pour  cela,  de  moyens  vigoureux  ;  qu'il 
eût  ouvertement  attaqué  ce  que  les 
prétentions  de  la  noblesse  pouvaient 
apporter  d'entraves  à  la  force  et  au 
bonheur  de  la  monarchie;  qu'il  eût 


tageux  tous  les  autres  ;  ces  encourage-    ttendu  Fautorité  par  l'autorité  même , 


laens  de  oommerce,  qui  découragent 

ragricttlture  ;  ces  édits  linanciers,  qui 

lampUsaent  le  Use  pendant  quelques 

unées.  et  minent  les  peuples  pour  un 

siècle;   ces  systèmes  morcelés;  ces 

éiîfieea  politiques  qui  n*ont  qu'une  fa- 

fMle  et  point  do  fondcmcns  ;  ces  de- 

Hi^noyens,  ces  palliatifs,  dont  chaque 

Mniatre  va  pUtrant  les  maux  qu'il 

aper^l  dans  son  département,  sans 

aalcaler  si  ces  remèdes  ne  seront  pas 

fenealM  aux  autres  branches. 

Jalons  les  yeux  sur  l'Europe,  et  ob- 
roua  pins  en  détail  ces  effets  funcs- 


j'admirerais,  je  bénirais  son  génie. 
Mais  pour  mieux  détruire  cette  no- 
blesse, il  la  corrompt,  il  la  dégrade,  il 
lui  fait  quitter  ses  châteaux,  parce 
qu'il  sent  que  sa  pauvreté  et  sa  sim- 
plicité entretiennent  sa  vigueur;  il 
l'attire  à  la  cour,  où  il  prévoit  qu'elle 
se  ruinera  par  le  luxe,  et  qu'elle  dé- 
pendra ensuite  du  souverain  par  les 
grâces  qu'elle  sera  réduite  à  mendier. 
Ce  funeste  système  est  suivi  par 
Louis  XIV  et  par  ses  ministres.  Les 
mœurs  de  la  nation  changent.  La  dé- 
gradation de  la  noblesse  entraine  l'es- 


Les  ministres  espagnols  chas-  |  clavage  du  peuple.  Le  fardeau  de  cette 


it  les  Maures;  ils  oublient  que  ce 
maùt  des  hommes,  et  que  sans  une 


noblesse,  soudoyée  et  corrompue,  re- 
tombe sur  ce  peuple  gémissant,  autre- 


pupnlntlcm  nombreuse,  un  état  ne  peut  |  fois  soutenu  par  elle.  Il  ne  reste  bientôt 
"fMapérer.  Ils  envahissent  lo  Nouveau-   plus  ni  esprit  national,  ni  énergie,  ni 


HOiide,  y  ouvrent  des  mines,  et  ne 

^aperçoivent  pas  que  l'Espagne  reste 

«I  friche^  Ils  tyrannisent  les  Pays- 

ii  et  ne  prévoient  pas  qu'ils  les  pous- 

i  la  révolte,  et  qu'ils  ne  pourront 


vertus;  et  c'est  là  ce  Kichelieu,  dont  le 
mausolée  décore  nos  temples,  dont  le 
lycée  de  notre  éloquence  ré[)ète  sans 
cesse  reloge  mensonger  ;  et  l'histoire, 
qui  devrait  être  Tasile  de  la  vérité,  qui 
pas  les  remettre  sous  le  joug.  Faute  devrait  prouver  que  les  statues  et  les 
de  calcaler  qu'au-^delà  de  certaines  panégyriques  sont  presque  toujours  les 
homes  «  la  grandeur  d'un  État  n'est  !  monumens  du  préjugé  ou  de  l'adula- 
faa  iiiblessa,  faute  de  savoir  sagement  !  tion ,  Thistoire  éternise  cette  injuste 
•e  kemer  à  ce  qu'on  peut  vivifler  et  -  réputation ,  elle  appelle  sublime  la  po« 


mqae  de  cet  ambKtetix,  cpii  enerya  sa 
Dation,  croyant  fortifier  le  gouverne-^ 
ftient ,  oomme  si  un  bon  gouTeme- 
ment,  au  lieu  d'abaisser  sa  nation  et 
de  peser  sur  elle,  ne  devait  pas,  au 
contraire,  chercher  à  Vélever,  en  s'éle- 
vant,  du  même  mouvement,  avec  elle 
et  au-dessus  d'elle  ! 

Colbert,  avec  du  génie,  s'égare  sur 
les  vrais  intérêts  de  la  France  ;  il  en 
fait  un  état  mercantile  ;  il  a  vu  la  Hol- 
lande s'élever  du  sein  de  ses  marais, 
et  jouer  un  rôle  en  Europe.  II  se  dit  : 
«r  L'or  et  le  commerce  sont  les  mobiles 
»  de  la  prospérité  publique.  Je  suis 
r  ministre  des  finances;  c'est  à  moi 
»  d'enrichir  l'État.  »  Aussitôt  les  gre* 
niers  se  changent  en  manufactures, 
DOS  laboureurs  en  artisans.  Une  bran- 
che de  l'administration  se  ranime  et 
fleurit,  tandis  que  le  corx>s  de  Tarbre 
languit  et  se  dessèche. 

Louvois  veut  la  guerre,  parce  que 
Colbert  veut  la  paix  ;  parce  que  l'intérêt 
du  ministre  de  la  guerre  est  d'embar- 
rasser le  ministre  des  finances.  Il  échauf- 
fe l'ambition  de  son  maiire;  il  lui  dit 
que  la  France  n'a  besoin  que  d'armées 
de  terre;  qu'au  moyen  d'elles,  l'Eu- 
rope pliera  sous  ses  lois.  Bientôt  la 


POLITIQUB. 


campagne ,  pporee  la  France  dm»  te 
temps  de  ses  victoires  ;  la  met  i  deux 
doigts  de  sa  perte,  dans  ses  malheon; 
meurt,  et  ne  laisse  af»^  lui  qae  dettes 
et  misère,  avec  un  genre  de  guerre 
moins  décisif  et  plus  roineux. 

Voyons  à  l'époque  de  ce  prince,  et 
comme  entraînés  par  son  exemple, 
tous  les  gouvememens  de  TEnrope 
forcer  de  moyens;  grossir  leors  ar- 
mées, augmenter  leurs  impôts  ;  éten- 
dre à  l'envi  leurs  possessions  ;  a|>peler 
les  campagnes  dans  les  villes,  les  pro- 
vinces dans  les  capitales,  les  capttdes 
dans  les  cours  ;  prendre  Tenlhire  poor 
la  puissance,  le  luxe  pour  la  ridiease, 
l'éclat  pour  la  gloire  ;  faire  enfin  gémir 
les  peuples,  pour  atteindre  à  un  agran 
dissemeni  funeste  :  politique  malheu- 
reuse, et  qui  rappelle  ce  chevalet  sur 
lequel  Busiris  allongeait  ses  victime» , 
en  leur  brisant  les  membres. 

Les  puissances  maritimes  donnent 
dans  une  épidémie  de  commerce,  qui 
n'est  pas  moins  funeste  ;  elles  renient 
embrasser  les  deux  pôles,  naviguer 
sur  toutes  les  mers,  arborer  leur  pa- 
villon sur  toutes  les  côtes.  Il  s'élève 
entre  elles  une  politique  inconnue  jus- 
qu'alors, et  digne  d'un  siècle  barbare. 


marine  est  négligée,  les  ports  se  fer-   Elles  se  ferment  réciproquement  leurs 


ment;  toutes  les  autres  parties  de  l'ad 
ministration  sont  sacrifiées  à  la  splen- 
deur d'un  seul  département. 

Louis  XIV  vient  d'ajouter  quelques 
provinces  à  la  France;  ii  croit  que 
parce  que  son  royaume  a  augmenté 
de  surface,  il  s'est  accru  en  puissance. 
II  prend  pour  signes  d'abondance  et 
de  richesse  les  étoffes  de  ses  manufac- 
tures et  l'or  de  ses  commerçans.  Il  s'é- 
lève à  un  luxe  de  puissance  plus  fort 
que  ses  moyens;  croit  que,  nouveau 
Cadmus,  ses  ordonnances  d'augmenta- 
tion fout  sortir  de  terre  les  hommes 
tout  armés;  met  tout  son  peuple  en 


ports,  ou  ne  les  ouvrent  qu'à  de  cer- 
taines denrées  et  sous  <te  certains 

■ 

droits.  Elles  oublient  que  le  genre  hu- 
main n'est  qu'une  vaste  famiOe,  sob- 
divisée  en  plusieurs  autres,  appelées 
Française,  Anglaise,  Hollandaise,  Sa- 
pagnole,  elc.«  dont  aucune  ne  peut 
être  pleinement  heureuse  et  puissante, 
sans  une  libre  et  entière  correspon- 
dance d'échanges,  de  secours,  de  bien- 
faits et  de  lumières. 

Ce  serait  un  tableau  à  la  fois  inté- 
ressant et  instructif,  que  celui  de  ton- 
tes les  fautes  qui  ont  été  feites,  depuis 
quelques  siècles,  contre  les  prindpet 


SCIKNCB  MUJTAiaB. 


365 


de  la  âftine  politique.  En  â*accoutuinant 
sinsî  i  examiner  rinOuènce  que  ces 
foutes  ont  eue  sur  les  éyènemens,  et  les 
fautes  nouvelles  dont  ces  évènemens 
out  été  la  source  à  leur  tour  ;  en  ap- 
prenant à  démêler  la  trame  de  cet  en- 
chaînement fatal»  on  trouverait  la  so- 
lution de  la  plupart  des  faits,  si  mal 
expliqués  par  les  mots  vagues  de  ha- 
sard et  de  fortune,  trop  prodigués  dans 
DOS  histoires. 

Une  cause  qui ,  dans  la  plupart  des 
gOQvememens ,  contribue  encore  à 
rendre  la  politique  si  imparfaite ,  c'est 
la  mobilité  continuelle  des  nunistères. 
£b!  comment  les  lumières  politiques 
poorraient-elles  s'y  perpétuer  et  s'y 
étendre?  L'intrigue  et  le  hasard  pla- 
cent et  déplacent  les  ministres.  Élevés 
à  ces  postes,  ils  songent  plus  à  les  con- 
!%nrer  qu*à  les  remplir.  Fatigués  par  la 
cabale  et  l'envie ,  il  ne  leur  reste  ni  la 
force  ni  le  temps  de  corriger  les  vices 
de  l'administration.  Lesystèinede  le^r 
prédécesseur  n'est  jamais  le  leur.  Sup- 
posons même  ces  ministres  avec  du 
^nie.  Ils  sont  hommes ,  il  faut  qu'ils 
se  forment  des  sous^rdres,  des  prin- 
cipes, un  plan.  Calculons  donc  :  tant  de 
fautes  par  leurs  erreurs,  tant  par  leurs 
passions,  tant  par  les  erreurs  et  les  pas- 
sons de  leurs  employés.  Sont-ils  sans 
génie?  Ils  ne  trouvent  rien  qui  les  ins- 
truise ou  les  appuie.  L'état  n'ayant 
point  de  système,  ils  n'y  savent  pas 
suppléer.  Ils  gouvernent  comme  ils  vi- 
vent du  jour  a  la  journée.  Au  lieu  de 
maîtriser  les  évènemens ,  ils  sont  maî- 
trisés par  eux.  Les  détails  les  absorbent. 
lis  tiennent  dans  leurs  mains  quelques 
fils  de  l'administration  et  en  laissent 
aller  les  grands  ressorts. 

i-'Ustoire  nous  fait  voir  des  rois,  qui 
ont  gouverné  leurs  États  par  eux-mê- 
mes, ou  dés  ministres,  qui  ont  gouverné 


quelques  succès  éphémères.  Richelieu 
fit  de  grandes  choses  ;  Louis  XIV  eut 
des  éclairs  de  bonheur;  Albéroni  parut 
un  moment  ranimer  TEspagne.  La 
Prusse,  élevée  au-dessus  de  sa  sphère 
par  les  talens  de  son  roi ,  étonne  au- 
jourd'hui l'Europe.  Mais  remarquons- 
le  :  jamais  nation  n'a  eu  de  prospérité 
réelle  et  durable,  que  quand,  par  la 
nature  de  son  gouvernement,  il  y  a  eu 
un  corps  permanent  chargé  de  recueillir 
les  lumières,  de  réduire  les  intérêts  de 
l'État  en  système ,  de  prendre  conseil 
du  passé  pour  l'avenir,  de  faire,  en  un 
mot,  sur  le  tillac  de  l'État ,  ce  que  fait 
le  pilote  à  la  poupe  du  vaisseau,  obser- 
ver la  boussole ,  les  nuages,  les  vents , 
les  écueîls ,  et  tenir  route  en  consé- 
quence. C'est  avec  ce  corps  que  les  dé- 
positaires de  la  puissance  exécutrice , 
rois,  lAnistres,  dictateurs,  consuls,  gé- 
raux,  doivent  venir  se  raccorder,  con- 
sulter le  système  général  de  l'État ,  et 
prendre  des  délibérations.  Ainsi  était 
constituée  l'ancienne  Rome.  Ainsi 
l'est ,  à  quelques  égards ,  l'Angleterre 
pdr  son  parlement,  image  bien  impar- 
faite d'ailleurs  de  la  majesté  et  des  ver- 
tus du  sénat  romain. 

Ceci  me  conduirait  à  examiner 
quelle  est  la  forme  de  gouvernement 
la  plus  propre  à  l'exécution  d'un  plan 
de  grande  et  saine  politique;  mais 
c'est  une  question  que  je  ne  veux  pas 
approfondir.  Mes  lecteurs  jugeront 
sufBsammerit,  par  l'exposé  que  je  ferai 
ci-après,  de  ce  que  devrait  être  la  po- 
litique, si  un  plan ,  qui  doit  embrasser 
toutes  les  parties  de  Tadministration , 
la  gloire  publique,  et  la  félicité  parti- 
culière, le  bonheur  de  la  génération 
présente  et  celui  des  générations  futu- 
res ;  qui  doit  être  conduit  à  sa  fin  sans 
relftche  et  à  travers  les  évènemens  de 
plusieurs  siècles ,  peut  être  raison na- 


iem  maîtres,  procurer  a  leurs  nations  ;  biement  conlié  à  un  gouvernement  qui 


i66 


MUTiQtJB. 


est  entre  les  mains  d'un  seul ,  et  dont 
par  conséquent  les  principes  doivent 
varier,  non  seulement  à  tous  les  chan- 
gemcns  de  règne ^  mais  mérne  à  tous 
les  changcmens  de  ministère,  à  toutes 
les  révolutions  qui  se  font  dan^  les  ca- 
ractères, les  passions,  Tesprit,  Tâge,  la 
santé  des  souverains  et  de  leurs  ndois^ 


très  ;  à  on  gouvernement  qui,  par  con--    cution  du  plan  général. 


séquent,  tour-à  tour  vigoureuii,  faible, 
éclairé,  ignorant,  doit  tour-à-tour  s'é- 
lever, s*abaisscr,  se  relever,  décliner  çt 
finir,  dans  toutes  ses  secousses  convul* 
sives  et  irrégulières ,  par  perdre  $oq 
ressort,  se  briser  et  s'anéantir. 

La  politique,  telle  qu'elle  s'offre  à 
mes  idées ,  est  l'art  de  gouverner  les 
peuples;  et,  çnvisagéc  sous  ce  vaste 
point  de  vue,  elle  est  la  science  la  plus 
intéressante  qui  existe.  Elle  doit  avoir 
pour  objet  de  rendre  une  nation  heu- 
reuse au  dedans  et  de  la  faire  respecter 
au  dehors.  De  là,  elle  se  divise  naturel- 
lement en  deux  parties:  foUti^ut  inté- 
rieur e  et  politique  extérieure, 

La  première  sert  de  base  à  la  se- 
conde. Tout  ce  qui  prépara  le  boiH^ 
heur  et  la  puissance  d'une  société  «  e$t 
de  son  ressort  :  lois,  mœurs,  coutumes, 
préjugés,  esprit  national,  justice,  po^ 
lice,  population,  agriculture,  corn* 
merce ,  revenus  de  la  cation,  dépenses 
du  gouvernement,  impôts,  application 
de  leur  produit;  il  faut  quelle  voie 
tous  CCS  objets  avec  génie  et  réflexion  ; 
qu'elle  s'élève  au^^dessus  d'eux ,  pour 


qu'elle  conduise  de  (iront  toutes  \m 
parties  de  l'adiuinistration;  et,  pour 
cela,  qu'elle  se  foraie  un  système  gé- 
néral; qu'elle  l'ait  sans  cesse  devant 
soi,  portant  tour-è-tour  les  yeux  sor 
lui,  pour  déterminer  les  opérations 
qu'il  exige,  sur  le  produit  de  ces  opé-* 
rations,  pour  voir  s'il  concourt  à  l'exè- 


Tandis  que  la  politique  intérieure 
prépare  ainsi  et  perfectionne  tous  les 
moyens  du  dedans,  la  politique  exté- 
rieure examine  ce  quç  le  résultat  de 
ces  moyens  peut  donner  à  l'Etat  de 
force  et  de  considération  au  dehors; 
et  elle  détermine  sur  cela  soi\  système* 
C'est  à  elle  à  connaître  les  rapports  de 
toute  espèce  qui  lient  sa  nation  avee 
les  autres  peuples  ;  à  démêler  les  inté* 
réls  illusoires  et  apparens  d'avec  les 
intérêts  réels  ;  les  alliances  qui  ne  peu- 
vent être  que  passagères  et  infru^ 
tueuses  d'avec  ces  liaisons  utiles  el 
permanentes  que  dictent  la  position 
topographique  ou  les  avantages  res- 
pectifs des  contractans.  0*est  à  elle  à 
calculer  ensuite  les  forces  oiilitaires 
dont  l'État  a  besoin  pour  en  imposer  à 
ses  voisins,  pour  donner  du  poids  à  ses 
négociations.  C'est  à  elle  a  constituer 
ses  forces  militaires  relativement  au 
génie  et  aux  moyens  de  la  nation ,  à  les 
constituer  surtput  de  nvani^re  qu'elles 
ne  soient  pas  au-  dessus  de  ses  oioyeos, 
parce  qu'alors  elles  épuisent  l'JÈtat,  et 
ne  lui  donnent  qu'une  puisso^ce  Cac- 


apercevoir  les  rapports  généraux  et  !  tice  et  ruineuse.  C'est  s  elle  à  y  iotro- 
,riufluence  qui  les  lient  les  uns  aux  |  duire  le  meilleur  esprit,  le  plus  grand 


autres;  qu'elle  s'en  rapprç<Jie  ensuite, 
pour  les  observer  et  en  suivre  les  dé- 
tails; qu'elle  ne  s'occupe  d'aucun  ex- 
clusivement aux  aytres  parce  qu'en  po- 
litique, ce  qui  fait  fleurir  trop,  ou  trQp 
tôt  une  branche,  épuise  souvent  et  fait 
languir  le  rameau  voisin  «  ou  une  autre 


courage,  la  plus  savante  discipline  » 
parce  qu'alors  elles  peuvent  être  moins 
nombreuses,  et  que  celte  réducliqu  de 
nombre  est  un  soulagement  pour  les 
peuples.  II  me  semble  enfin  entendre 
la  politique  Intérieure  «  quand  elle  a 
préparé  le  dedans  de  VÉUt^  disant  à  la 


branche  éloignée.  U  faut,  en  un  mot,   politique  oiiforloure  :  «Je  vous  remets 


KUNCB  MIUTAIU. 


861 


«me  nation  heureuse  et  puissante  ;  ses 
•campagnes  sont  fécondes,  ses  den- 
ilf£ea  sont  plus  que  sufllsnnteâ  à  ses 

•  besoins,  la  population  y  est  nom- 
abrense  et  encouragée,  les  lois  y  sont 
ateàpectées,  les  mœurs  y  sont  pures, 
aie  Tice  s'y  cache,  la  vertu  s'y  montre 
•61  n'attend  que  d'Atre  employée. 
»  Achevez  mon  ouvrage ,  fuiles  consi- 
•dérerau  dehors  ce  {^uple  que  je  rends 
ahaareax  au  dedans.  Mettez  h  prodt 
iW  patriotisme  que  j*ai  fait  naître  dans 
»1oils  les  cœurs ,  ces  vertus  guerrières 
iéontJ*ai  fécondé  le  germe,  formez 
»des  défenseurs  à  ces  moissons;  que 
i  leur  produit ,  qui  n'est  poiril  absorbé 
»  par  mes  impôts,  ne  soit  point  dévoré 
»  par  des  armées  étrangères  ;  appelez 
I  les  étrangers  dans  ses  ports.  Ouvrez 
idcs  débouchés  à  son  commerce.  Ucn- 
»  des  son  alliance  précieuse.  Faites  re- 

•  douter  ses  armes  et  jamais  son  am-» 
•bUion.  » 

La  politiqne  intérieure  ayant  ainsi 
préparé  une  nation,  quelles  facilités  ne 
trouve  pas  la  politique  extérieure  à 
détenniner  le  système  de  ses  intérêts 
vi*-à-vis  de  l'étranger  à  former  une 
miice  redoutable  !  Qu'il  est  aisé  d'avoir 
des  amaées  invincibles  dans  un  État  où 
les  sujets  sont  citoyens,  où  ils  chérisp- 
lantle  gouvernement,  où  ils  aiment  la 
gloire,  où  ils  ne  craignent  point  les 
travaux!  Qu'une  nation  devenue  puis- 
sante par  ses  ressources  intérieures 
doit  en  retirer  de  considération  au  de- 
hors!  Qu'alors  ses  négociations  dimi- 
uoent  de  complication  et  ncquièrent 
ie  pofds  !  Que  sa  manière  de  les  con- 
duire peut  (h^venir  franche  et  ouverte! 
Cest  la  faibhssc  de  nos  goiivcrnemcns 
qui  apporte  dans  leurs  négociations 
tant  d'obliquité  et  de  mauvaise  loi. 
C*est  elle  qui  fomente  la  division  entre 
les  peuples,  qui  tâche  de  corrompre  ré- 
dpoqnement  les  membres  des  admi- 


nistrations. C'est  elle  qui  fait  que  toutes 
les  nations  se  surveillent  entre  elles  par 
des  voies  que  l'on  n'ose  avouer;  que 
les  uiu's  soudoient  les  autres;  qu'elles 
achètent  lu  paix  ;  qu'elles  se  suscitent 
mutuellement  des  troubles  et  des  em- 
barras. C'est  elle  qui  dit  le  ces  rivalités 
en  tout  genre ,  basses  et  nuisibles  ;  cet 
empiétement  perpétuel  du  commerce 
d'une  nation   sur   le    commerce  de 
l'autre  ;  ces  lois  prohibitives,  ces  droits 
qui  repoussent  Télranger,  ces  traités 
qui  favorisent  une  nation  nu  préjudice 
des  autres;  ces  calculs  chimériques  de 
balance,  d'exportiition  et  d'importa- 
tion ;  moyens  misérables  et  compliquas 
qui ,  au  bout  d'un  siècle ,  n'ont  rirn 
ajouté  à  la  puissance  du  gouvernement 
qui  lésa  le  plus  adroitement  emîîloyts. 
C'rst  la  faiblesse  denosgouverncnicns. 
en  un  mot,  qui  craint  In  prospôrilé  (t"s 
autres  nations,  qui  voudrait  tout(*s  les 
an'niblir  ou  les  rorrompre;  politiqiK* 
semblable  à  celle  qui  leur  fait  affiiiblir 
ou  corrompre  leurs  propres  sujets  ;  |)0- 
litique  bien  diirérente  de  cdie  d'iui 
bon  gouvernement  qui,  sans  chercher 
à  contrarier  le  bonheur  et  la  puissance 
de  ses  voisins,  tAcheraît  de  s'élever 
au-dessus  d'eux  par  sa  vigueur  et  par 
ses  vertus. 

C'est  de  même  la  faiblesse  de  ihvs 
gouvememens  qui  rend  nos  constitu- 
tions militaires  si  imporfuites  et  si  rui- 
neuses. C'est  elle  qui,  ne  pouvant  faire 
des  armées  citoyennes,  les  fait  si  nom- 
breuses. C'est  elle  qui ,  ne  sachant  les 
récompenser  par  l'hoeneur,  les  paie 
avec  de  l'or.  C'est  elle  qui,  ne  pouvant 
compter  sur  le  courage  et  la  fidélité 
des  peuples,  parce  que  les  peuples  sont 
énervés  et  mécontims,  fait  acheter  au 
dehors  des  milices  sli|)ondiairos.  C'est 
elle  qui  hérisse  les  frontières  de  places. 
C'est  elle  enlin  qui  est  occupée  à  étein- 
dre les  vertus  guerrières  dans  les  ua- 


M8 


POLITIQUS. 


lions,  à  ne  pas  même  les  développer 
(ians  les  troupes,  parce  qu'elle  crain- 
drait que  de  là  elles  ne  se  répandissent 
(^hez  les  citoyens  et  ne  les  armassent 
un  jour  contre  les  abus  qui  les  oppri- 
ment. Je  reviendrai,  dans  Tinstuit,  sur 
ce  qui  concerne  les  constitutions  mili- 
taires, cette  partie  de  la  politique  si  im- 
portante et  si  négligée.  Achevons  de 
dire  ce  qui  empêche  nos  gouvernemens 
de  se  conduire  d'après  les  principes  de 
la  science  vaste  et  intéressante  que  je 
viens  de  définir. 

Cette  science  «  envisagée  sous  le 
point  de  vue  que  J*ai  présenté,  n*est 
traitée  dans  aucun  ouvrage  ;  elle  n*est 
Tobjet  de  l'éducation  d'aucun  homme 
principal,  peut-être  pas  même  celui  des 
recherches  d'aucun  particulier.  De  là 
tons  les  hommes  que  la  fortune  porte 
à  la  tête  des  administrations  ne  sont 
pas  des  hommes  d'État;  ils  ont  tout 
au  plus  étudié  quelques  parties  de 
radimuistration  ;  les  autres  leur  sont 
inconnues.  Us  les  dirigent  au  hasard, 
et  selon  la  routine  établie.  L'étude 
qu'ils  ont  faite  de  quelques  parties 
de  l'administration  devient  même  fu- 
neste aux  autres  parties ,  parce  qu'a- 
lors ceQes  qu'ils  connaissent  sont  à 
leurs  yeux  les  seules  importantes,  les 
seules  privilégiées.  Ils  s'en  occupent,  à 
l'exclusion  de  celles  qu'ils  ne  connais- 
sent pas;  et  ces  dernières  sont  aban- 
données à  des  soui'Crdres. 

On  objectera  peut-être  qu'il  est  im- 
possible que  l'esprit  d'nn  seul  homme 
embrasse  toutes  les  parties  d'une  scien- 
ce aussi  vaste.  Comment  faisaient  donc 
les  Ronmins,  qui  passaient  successive- 
ment par  toutes  les  charges  de  la  ré- 
publique ?  Comment  faisaient  ces  hom- 
mes teur  à  tour  édiles,  questeurs, 
censeurs ,  tribuns ,  pontifes,  consuls, 
généraux?  Ayons  des  gouvernemens 
qui  le  veuillent,  qui  le  rendent  néces- 


saire, qui  dirigent  en  cotiséquence  l'é- 
ducation publique ,  nous  aurons  de  ces 
esprits  supérieurs  et  universels,  qui 
font  la  gloire  et  les  destins  des  empires. 
D'ailleurs,  est-ce  un  homme  seul  qui 
doit  conduire  tous  les  détails  de  l'ad- 
ministration d'un  peuple?  Plusieurs 
concourent  à  cet  important  ouvrage  ; 
ils  s'attachent  chacun  au  détail  d'une 
partie,  ils  les  approfondissent,  ils  les 
perfectionnent.  Du  concours  des  con- 
naissances, répandues  sur  chaque  bran- 
che, se  forme  ainsi  peu  i  peu  cette 
masse  de  lumières  qui  éclaire  toute 
l'administration.  Au  milieu  de  ces 
hommes,  il  suffit  qu'il  s'élève,  et  il 
peut  surgir,  quelque  génie  vaste.  Ce- 
lui-là s'empare,  si  je  peux  m'exprimer 
ainsi,  des  connaissances  de  teus,  crée 
ou  perfectionne  le  système  politique, 
se  place  au  haut  de  la  machine  et  lui 
imprime  le  mouvement  Pour  diriger 
l'ensemble  de  l'administration,  il  n'est 
pas  nécessaire  qu'il  ait  approfondi  les 
détails  de  toutes  les  parties;  il  suffit 
qu  il  connaisse  ceux  des  parties  prin- 
cipales, le  résultat  des  autres,  la  rela- 
tion que  chacune  d'elles  doit  avoir  avec 
le  tout  ;  il  suffit  que  quand  il  aura  be- 
soin de  descendre  vers  les  détails  d'une 
partie,  pour  éclairer  les  sauê -ordres 
qui  en  sont  chargés,  ou  pour  la  raccor- 
der au  système  général,  il  soit  doué 
de  ce  tact  subtil  et  précieux  qui  voit  et 
qui  juge.  Ainsi,  dans  la  vaste  carrière 
des  mathématiques,  chacun  s'attache 
à  un  objet,  et  poursuit  la  vérité  par 
des  chemins  différens.  Les  Newton, 
les  LeibnitZy  les  d'Alembert  s'élèvent 
au  faîte  de  la  science,  planent  sur  elle, 
se  réservent  l'étude  des  parties  les  plus 
difficiles;  mais,  chemin  faisant,  ils 
voient  les  progrès  des  autres  branches, 
ils  fixent  les  opinions,  ils  répandent 
leur  méthode  et  leur  géoie  sur  la  scien- 
ce entière.  Ainsi,  pour  me  servir  d'une 


SC1KNCE  MlLltAlRP. 


•\K» 


autre  cr,mparniîk)n  pins  vaste,  qui  ré- 
ponde mienx  a  Timportaiice  de  la  scien- 
ce du  gouvernement,  dans  la  hiérar- 
f hie  de  ces  Intelligences  que  la  mytho- 
logie de  quelques  peuples  fait  yeîller 
sur  l'univers,  il  y  a  des  génies  infé- 
rieurs qui  sont  chargés  chacun  d'un 
élément;  et  le  grand  Être  les  domine 
et  les  dirige. 

Il  faut  observer  que  la  politique,  en 
devenant  plus  parfaite,  deviendrait 
moins  difficile.  L'imperfection  d'une 
science  ajoute  presque  toujours  à  sa 
difficulté.  Les  ténèbres  de  l'ignorance, 
lessophismes  des  préjugés  en  envelop- 
pent alors  les  principes  ;  on  les  com- 
plique, on  les  multiplie  ;  on  croit  par 
tt  suppléer  à  leur  insuffisance.  La  base 
de  toutes  les  opérations  étant  fausse, 
les  conséquences  erronées  s'accrois- 
sent chaque  jour;  elles  s'embranchent 
les  unes  dans  les  autres.  Bientôt  s'élè- 
ve une  théorie  d'erreurs ,  mille  fois 
plus  compliquée  et  plus  difficile  à  saisir 
que  ne  le  sernA  Tenchainement  des 
vérités  qui  formentia  science.  C'est  sur- 
tout dans  la  politique  que  les  dévia- 
tions ont  ces  suites  rapides  et  funestes. 
Quand  cette  science  sera  redressée, 
quand  elle  portera  sur  des  principes 
surs  et  immuables,  comme  la  justice  et 
la  f«rtu,  elle  deviendra  simple  et  lumi- 
neuse. Elle  rejettera  fous  ces  moyens 
de  détail,  ces  supplémens,  ces  pallia- 
tifs dont  la  faiblesse  a  surchargé  et 
corrompu  toutes  les  parties  de  l'admi- 
nistration.  En  proportion  de  ce  qu'un 
fitat  sera  mieux  constitué,  de  ce  qu'il 
aura  plus  de  puissance  réelle,  il  de- 
viendra plus  facile  k  gouverner.  Les 
États  faibles  et  mal  constitués  sont 
sans  cesse  le  jouet  des  circonstances  et 
de  la  fortune  ;  ils  craignent  les  agita- 
tions du  dedans  et  les  attaques  du  de- 
hors. Entraînés  par  la  poUtique  de 
leurs  voisins,  fis  sont  presque  toujours 

V, 


obligés  dé  sn  mouvoir  en  sens  con- 
traire  à  leurs  véritables  intérêts.  Ce 
n'est  qu'à  force  de  tyrannie,  d'adresse, 
de  petits  moyens,  d'obliquité,  de  raau- 
yaise  foi,  qu'ils  conservent  une  exis- 
tence précaire  et  languissante.  Ils  res-  ' 
semblent  à  ces  faibles  bfltimens,  ha- 
sardés sur  le  vaste  sein  des  mers. 
Obligés  sans  cesse  de  louvoyer,  de 
changer  de  manœuvre,  de  tenir  une 
route  opposée  à  leur  but,  de  respecter 
tous  les  vaisseaux  qu'ils  rencontrent^ 
recherchant  leur  compagnie,  tâchant 
de  se  mettre  dans  leur  sillage;  un  nua- 
ge les  alarme,  une  vague  peut  les  cou* 
vrir,  un  écueil  les  briser. 

Il  n*en  sera  pas  ainsi  d'un  État  bien 
constitué  et  réellement  puissant;  je 
dis  réellement,  parce  qu'il  faut  bien 
distinguer  la  puissance  véritable,  fon- 
dée sur  la  bonne  proportion  et  consti- 
tution d'un  État,  d'avec  l'apparence 
de  la  puissance,  fondée  sur  une  trop 
grande  extension  de  possessions,  sur 
des  triomphes  momentanés,  sur  les 
talens  d'un  grand  homme,  en  un  mot, 
sur  tout  ce  qui  peut  ne  pas  durer.  Un 
tel  État  sera  facile  à  gouverner;  sa 
politique  extérieure  pourra  être  uni- 
forme et  stable.  II  ne  craindra  rien  de 
sea  voisins  ;  il  ne  voudra  rien  entre- 
prendre sur  eux.  Au  dehors,  il  aura  la 
considération  qu'inspirent  la  modéra- 
tion et  la  force.  Sur  ses  frontières 
veillera  une  milice  redoutable  et  ci- 
toyenne. Au  dedans  prospérera  ns 
peuple  nombreux  et  vertueux.  Que  lui 
importeront  les  intrigues  des  autres 
puissances,  les  passions  des  hommes 
qui  les  gouvernent,  les  guerres  qui  les 
déchirent?  Il  ne  sera  pas  jaloux  de  leur 
richesse;  il  ne  le  sera  pas  de  leurs 
conquêtes.  Il  n'ira  pas  les  troubler  • 
dans  leurs  possessions  lointaines.  H 
sait  que  trop  s'étendre,  c'est  s'affaiblir  ; 
que  des  colonies  éloignées,  si  elles 


370 


POU  I 


fournissent  à  an  commerce  de  luxe , 
e*itretiennent  les  vices  de  la  métro- 
pole ;  que  si,  plus  heureuses,  elles  peu- 
vent tout  tirer  de  leur  sein,  elles  se 
fortiQent  et  se  détachent,  tôt  pu  tard, 
de  cette  injuste  métropole  qui  veut 
trop  les  asservir.  11  n'empiétera  pas 
9ur  leur  commerce.  II  n'aura  bespin  ni 
de  règlement,  ni  de  traitée,  ni  de  cal- 
culs de  prétendue  balance.  Il  sait  que 
les  denrées  appellent  les  échanges; 
que  pouryu  qu'on  I^ur  aplanisse  des 
.  Rebouchés ,  elles  s'y  portent  d'elles- 
mêmes,  et  sans  avoir  besoin  d'encou- 
ragement.  A  l'eptrée  de  ses  ports,  aux 
barrières  de  ses  frontières,  seront  ip^ 
crits  ces  mots  qui  foriqeront  tout  le 
code  de   son  commerce  :  UBsnTÉf 

SÛRETÉ,   PROTECTION.    CcS  aVCnUCS, 

toujours  ouvertes,  ne  se  fermeront 
que  pour  le  luxe  et  les  vices,  et  il  ne 
craindra  pas  que  ces  poisons  funestes 
s'introduisent  en  fraude.  11  ne  se  fait 
de  contrebande  que  quand  il  y  a  des 
acheteurs  ;  que  quand  les  objets  sont 
prohibés  par  la  tyrannie  du  gouverne- 
ment ou  par  l'avarice  du  fisc;  que 
quand  le  gouverneipent  inconséquent 
et  faible,  tonne  contre  elle  et  la  tolère, 
ou  la  favorise  en  secret.  Mais  k\  I9 
})uli  tique  intérieure  sera  vigilante  et 
ferme  ;  elle  auc^  proscrit,  dans  Topi- 
pjun  publique,  le  luxe  et  les  yic^s, 
I/assentiment  unanime  de  la  nation 
les  regardera  comme  les  fléaux  de  sa 
prospérité.  Où  se  cacheraient-ils  dans 
celte  terre,  qui  leur  est  étraitgère? 
Dénoncés  par  tous  les  citoyens,  pour- 
suivis par  le  gouverneoient,  it$  n'y 
y    trouveront  point  d'asile. 

Cet  État  aura  rarement  à  négocier 
avec  ses  voisins.  Presque  tous  les  iu- 
térèls  des  autres  nations  lui  seront  in- 
différens.  11  aura  eu  l'art  de  rendre  spn 
l)ien  être  indépendant  d'elles.  Peut- 

^tri*  nViitri^tirndra-t-'il  poiut  d'ambas- 


sadcurs;  mais,  en  revanche,  il  fera 
voyager  des  hommes  éclairés,  tuap 
pour  /épier  les  moyens  de  noire  à  ses 
voisins,  ppi^f  lever  le  plan  de  leai3 
q^s  et  de  leurs  places,  pour  espion- 
ner leprs  démarches ,  les  secrets  d^ 
leurs  cours,  po.ur  corrop^)rQ  \fis  fsffoikr 
bres  de  leurs  gouverneipens ,  jm4 
pour  étudier,  à  vidage  découvert,  \/s$ 
hommes,  Les  sciences,  lo^  fx^qsj^^  les 
abus,  le  bien  et  le  mal  ;  pour  donn/tr 
paj'tout  une  idée  avantagfsuse  dp  |f 
nation,  pour  s'y  montrer  simples,  ipt- 
truits,  vertueux,  pour  rapporf^  ppr 

s^ite  à  I4  patrie  le  prpduM  4?  l^WF 
connaissances,  comme  Iq^  a}>fîîUe^  i^ 
gépieuses  rapportant  le  suc  fi^  ^fijisf 
à  leur  ruche.  }ï  accueillera,  ^  sod.^qht, 
les  étrangers,  et  il  les  receyra  spnf  j^h- 
lousie,  sans  soupçon.  U  pfi  çraindif 
pas  qu'ils  visitent  ses  arsenaux ,  fe^ 
ports,  ses  places,  ses  troupes.  Il  c'y  f 
que  la  faiblesse  ou  l'ambition  qui  ci* 
che  SCS  moyens.  Un  gouvernement 
puissant  et  modéré  laisse  yoir  les  siens^ 
sans  méfiancis,  sans  ostentation.  Il  le^ 
laisse  voir,  comme  ses  chemins,  fSf 
villes,  ses  campagnes,  ses  peuples;  ^ 
que  le  spectaclje  de  sps  jes^urc^  jlfff 
désirer  sou  amitié,  redouter  sps  arr 
mes. 

{.'Ét^t  dont  je  parle  aura  des  fnour 
scssiops  si  rassemblées^  si  propoctfon- 
nées  à  se^  moyens  de  défense,  q^'îl  vig 
craindra  point  l'inimiti^  fie  ^e^  Ypi^UHh 
Dans  un  tel  Étjj^t,  on  ne  tli^ioÇUPP^^pj 
le  centre  ni  les  extrémités;  tout^l^ 
parties  seront  également  florjssantf)^; 
toutes  auront  entre  elles  une  comm}* 
nication  si  facile,  un  rapport  si  grfii)4 
d'intérêts,  que,  là  où  sera  le  dang^, 
là  se  rassembleront  bientôt  toutçi  Igf 
forces.  11  aura  une  milicf»  nery^ffse, 
supérieure  à  celle  de  ses  yqisjqs,  dlijf 
citoyens  heureux,  intéressés  à  la  ()^ 

i  fen&o  de  c^tte  pro$uéritÀ.  |^^  4yaf 


iQBIiai  MIUTAUUL 


m 


des  ftipendialm,  arec  des  troqiei 
eonstitnées  comme  le  sont  aujourd'hui 
toutes  celles  de  TEorope,  qu'on  Tien- 


paix.  11  sera,  sll  le  peut,  h  médiatettf 
de  leurs  querelles,  non  par  des  met 
intéressées,  non  pour  mettre  à  pro6t 


dra  attaquer  de  tels  hommes?  Quelle   sa  médiation,  non  par  suite  de  calculs 
diirérenoe  les  motifs  et  les  préjugés  |  diimériques  de  balance ,  de  pouvoir. 


apporteront  dans  le  courage  des  deux 
partial 

Si  enfln^  malgré  sa  modération,  il 
est  offensé  dans  ses  sujets,  dans  son 
territoire,  dans  son  honneur,  il  ftera  la 
guerre;  mais  lèrsqu'il  la  fera,  ce  sera 
âTec  tous  tes  effbrts  de  sa  puissance  ; 
ce  sera  avec  ta  ferme  résolution  de  ne 
pas  poser  les  armes  qu'on  ne  lui  ait 
donné  une  réparation  proportionnée  à 
roflenae.  Son  genre  de  guerre  ne  sera 
pas  même  celui  que  tous  les  États  ont 
adopté  aujourd'hui.  II  ne  voudra  pas 
conquérir  pour  garder  ses  conquêtes. 
11  fera  pluMt  des  expéditions  que  des 
étaMiasemens.  Terrible  dans  sa  colère, 
0  portera  chei  son  ennemi  la  flamme 
et  le  rer«  Il  épouvantera,  par  ses  ven- 
geances, tous  les  peuples  qui  pour- 
raient être  tentés  de  troubler  son  re- 
pos. Et  qu'on  n'appelle  pas  barbarie, 
irîolalion  des  prétendues  lots  de  la 
guerre,  ees  représailles  fondées  sur  les 
loia  die  la  nature^  On  est  venu  insulter 
ce  peuple  henreux  et  pacifique;  îl  se 
soiriève,  il  quitte  ses  foyers  ;  il  périra, 
jusqn^au  dernier,  s*i)le  faut;  mais  il 
oMiendfu  satisibetion,  il  se  vengera,  fi 
asswera,  par  féeiat  de  cette  vengean- 
ce, son  vepos  ftalv.  Ainsi  h  justice, 
modérée,  attentive  à  prévenir  le  cri- 
me, sait,  quand  le  crime  est  commis , 
se  rendre  ineiiiraMa,  poursuivre  le 
coupnUe,  appesantir  sur  hri  le  ghvve 
des  toffs,  el  èter,  par  l^exemple,  aux 
méehana  ks  tenlatinp  dia  devenir  erp* 


Cet  itat,  vigilant  è  n 
jwes,  ne  sera,  par  sn  politique,  FalKè 
d'aucun  peupta,  mais  l'ami  de  tons.  H 
leur  portera  sans  cesse  des  paroles  de 


J'ai  déjà  dit  combien  toutes  ces  com-* 
binaisons  de  la  politique  moderne  lui 
seraient  indifférentes.  Il  oftira  son 
arbitrage,  parce  que  la  paix  est  un 
bien,  et  qu'il  en  connaît  le  prix;  parce 
que  la  guerre  interrompt  la  conununi- 
cation  qui  doit  exister  entre  les  peu- 
ples, et  qu*à  cet  égard  elle  est  nuisible 
aux  États  qu'elle  avolsine.  De  même 
les  trembicmens  de  terre  fout  sentir 
leurs  contre-coups  hors  des  limites  de 
leur  foyer.  Il  dira  à  ses  voisins  :  «  O 
»  peuples  !  ô  mes  frères  I  pourquoi 
»  vous  déchirer?  Quelle  fausse  poMti- 
»  que  vous  égare?  Les  nations  ne  sont 
»  point  nées  ennemies;  elles  sent  lae 
»  branches  d'une  même  famille.  Yenan 
»  mettre  à  profit  le  spectacle  de  mn 
»  prospérité.  Yenei  recueillir  mes  ki« 
»  milles,  apporteMnoi  les  vAtna.  Je 
»  ne  crains  point  que  mes  voisins  àt^ 
»  viennent  heureux  et  pnîMMM  ;  plui 
»  ils  le  deviendront,  pins  ils  s'attachten 
»  font  à  leur  repoe.  C'est  de  In  Mlîcil* 
»  piAlique  que  naîtra  la  paii 
»seUe.  » 

Enfin  rÉtat  qoe  je  dépeina 
adminiatration  simple,  sdide,  fctito* 
genvemef  ;  elle  f  piisimiliifn  àeea  nm*  ., 
tes  machine»  qnî,  par  des  lesaorts  ftm  J 
conspNquéa,  produisent  de  grandb  ef*   \ 
fets;  la  fofce  de eat  ttal  nelto  de  m 
fofCtt,  a»  prospérité  de  sa  prospéiilè. 
Le  temps,  qui  dètmil  tant,  augmenisi 
ra  sn  puissance.  Il  dèmentivn  ee  pré-» 
jugé  lulgaîra  qui  Ml  eraire  que  le»  ( 
pires  sont  soumis  k  une  lor  ij 
de  décadence  et  dia  ruine.  Si  Koo 
leajeux  snrrhisMre,  celle  toi  semble 
exister  ;  aie  est  écrite  sur  les  dttMia  de 
tant  de  trêne»,  sur  lea  tombeann  4e 


37i 


POUTIQUE. 


tapt  de  peuples  ;  mais  cire  n'est  point 
irrésistible.  Elle  ne  fait  point  partie  de 
ce  fatalisme  qui  sans  cesse  détruit  et 
reproduit  Tunivers.  Qu'un  bon  gou- 
vernement soit  la  base  d'un  empire, 
qu'il  sache  maintenir  ?es  principes, 
l'État  s'élèvera  toujours  jusqu'à  ce  qu'il 
ait  atteint  le  point  de  son  ascendance , 
où  est  sa  plus  grande  force.  Si  ce  gou- 
▼emement  est  assez  habile  pour  dé- 
nnèler  ce  point,  par-delà  lequel  son 
élévation  ne  ferait  que  TaflaibUr;  s'il 
sait  1*7  arrêter,  s'il  sait  toujours  l'y 
soutenir,  l'État,  fixé  à  ce  faite  de  puis- 
sance, et  inébranlablemenl  affermi  sur 
la  mer  orageuse  des  deslins,  pourra 
voir  les  évènemcns  et  les  siècles  se 
briser  à  sc^  pieds. 

O  ma  patrie  !  ce  tableau  ne  sera  peut- 
étee  pas  toujours  un  rêve  fantastique, 
fo  peux  le  réaliser;  tu  peux  devenir 


encenses,  ore  ces  mrii»tres  qu'on  a 
crus  des  hommes  d'État.  11  rendra  la 
nation  ce  qu'elle  peut  devenir.  £nlin, 
ayant  mis  le  comble  à  sa  prospérité, 
ne  pouvant  plus  y  ajouter  qu'en  la 
rendant  durable,  il  changera  lui-même 
la  forme  du  gouvernement.  11  appel- 
lera autour  du  trône  ses  peuples,  de- 
venus ses  enfans.  11  leur  dira  :  a  Je 
»  veux  vous  rendre  heureux  après  moi. 
»  Je  vous  remets  des  droits  trop  éten- 
»  dus,  dont  je  n'ai  point  abusé,  et  dont 
»  je  ne  veux  pas  que  mes  successeurs 
»jibusent.  Je  vous  appelle  à  partager 
n  avec  moi  le  gouvernement.  Je  me 
y>  réserve  les  honneurs  de  la  couronne, 
»  le  droit  de  vous  proposer  des  lois  sa- 
»  ges,  le  pouvoir  de  les  faire  exécuter, 
»  quand  vous  les  aurez  ratiGées,  Tau- 
i>  torité  absolue,  la  dictature  perpé- 
y:  luellc,  dans  toutes  les  crises  qui  me- 


cet  État  fortuné.  Un  jour  peut-être ,  !  »  naceront  l'Etal.  Voici  les  stetuts  de 


échappant  aux  vices  de  son  siècle,  et 
placé  dans  des  circonstances  plus  fa- 
vorables, il  s'élèvera  sur  son  trône  un 
prince  qui  opérera  cette  grande  révo- 
lilîon.  Dans  les  écrits  de  quelques-uns 
de-  mes  concitoyens,  dans  les  miens 
peul-étre,  il  en  puisera  le  désir  et  les 
moyens.  11  changera  nos  mœurs,  il  re- 
trempera nos  flmcs,  il  redonnera  du 
roaaort  au  gouvernement,  il  portera  le 
lliiiibeau  de  la  vérité  dans  toutes  les 
pvties  de  l'administration  ;  il  substi- 
tvera,  à  notre  politique  étroite,  com- 
pttqoée,  la  science  vaste  et  sublime 
<pe  j'ai  tenté  de  peindre.  Alors  s'éva- 
nouiront ces  fausses  lumières  qui  nous 
égurent ,  cei  petits  talens  que  nous  ho- 
norons du  nom  de  génie ,  ces  préjugés 


x>  ce  gouvernement  nouveau  ;  voici  ses 
0  lois  :  je  ne  veux  plus  régner  que  se- 
D  Ion  elles  et  par  elles.  Que  ma  famille, 
»  qui  va  jurer  avec  moi,  me  succède  à 
»  ces  conditions.  Recevez  nos  sermens, 
)>  comme  nous  allons  recevoir  les  vôtres. 
»  Si  de  part  ou  d'autre,  il  y  a  des  inCrac- 
»  leurs,  les  lois  seront  leurs  juges.  » 

Quelle  politique,  que  celle  qui  dic- 
terait à  un  roi  tout-puissant  cette  ré- 
solution magnanime  !  Eh  !  croit-on  que 
ce  roi  et  ses  successeurs  en  fussent 
moins  heureux,  en  eussent  moins  d'au- 
torité? Ce  premier  créateur  d'un  peu- 
ple nouveau  serait  adoré  de  son  ou- 
vrage. Ses  successeurs,  tant  qu'ils  se- 
raient vertueux,  régneraient  par  le 
souvenir  de  leur  ancêtre,  par  l'éviden- 


qae  nous  appelons  des  principes.  Alors  ce  du  bien,  par  le  despotisme  des  lois, 
^écroulera  le  système  monstrueux  et  le  seul  qui  affermisse  les  trônes,  qui  ne 
complique  de  nos  lois,  de  nos  Gnances,  ;  dégrade  pas  les  peuples  ;  le  seul  qui 
de  notre  milice.  Alors  s'anéantiront,  :  soit  fait  pour  les  jours  de  lumière  et  de 
dovaol  cet  honune  supérieur,  les  ré-  i  philosophie,  qui  commencent  à  se  ie- 
pirtaiioiM  de  ces  souverains  qu'on  a  '  ver  sur  nos  tétes« 


SCIRIfCR   MfUTAIRE. 


CHAPITRE  II. 

W0ta  de  l'an  de  lai  gnerre  depuis  le  com- 
meoeement  dn  noode.  —  Situition  ictuelle 
de  celte  scif  noe  en  EiiroH^.  —  Son  parallèle 
avec  ce  qu'elle  fat  aatrefoU.  —  NéCMiité  du 
rapport  des  constitutions  militaires  avec  les 
constitutions  politiques.  —  Vices  de  tous  dos 
gouvememens  modernes  sur  cet  objet. 

Il  est  triste  de  reconnaître  que  le  pre- 
lier  art  qa'aient  inventé  les  hommes 
été  celui  de  se  noire,  et  que  depuis 
s  commencement  des  siècles,  on  ait 
ombiné  plus  de  moyens  pour  détruire 
humanité  que  pour  la  rendre  heu- 
ensc.  C'est  cependant  une  vérité  bien 
KTOUvée  par  Thistoire.  Les  passions 
laquirent  avec  le  monde  ;  elles  enfan- 
èrent  la  guerre.  Celle-ci  produisit  le 
lésir  de  vaincre,  et  de  se  nuire  avec 
)los  de  succès,  Tart  militaire  enGn. 
[>*abord  faible  à  sa  naissance,  il  ne  fut 
riiomme  à  homme,  que  le  talent  de 
tirer  {Nirti  de  son  adresse  et  de  sa  for- 
ce. Il  se  borna,  dans  les  premières  fa- 
milles, à  la  lutte,  an  pugilat  ou  ii  Tes- 
erime  de  quelques  armes  grossières. 
Bientôt  il  s*étendit  avec  les  sociétés  ;  il 
combina  plus  de  moyens  et  de  forces  ; 
il  rassembla  une  plus  grande  quantité 
d*hommes.  Il  fut  alors  à  peu  près  ce 
qu'il  est  aujourd'hui  chez  les  peuples 
asiatiques,  un  amas  de  connaissances 
si  informes,  qu'on  ne  peut  guère  l'ho- 
norer du  nom  de  science.  Il  s'éleva  sur 
la  terre  des  hommes  ambitieux,  et  cet 
art,  perfectionné  par  eux,  devint  Tins- 
trument  de  leur  gloire.  Il  fit,  dans 
leurs  mains,  le  destin  des  nations.  Il 
détruisit  ou  conserva  les  empires.  Il 
précéda  enfin,  chez  tous  les  peuples, 
les  arts  et  les  sciences,  et  y  périt  à  me- 
mre  que  ceux-ci  s'étendirent. 

Suivons  l'art  militaire  dans  ses  révo- 
iubODS  :  nous  le  verrons  parooiuir  suc* 


cessivement  différentes  parties  do  i^Io- 
be,  portant  tour  à  tour  gloire  et  supé- 
riorité aux  peuples  qui  le  cultivèrent; 
fuyant  les  nations  riches  et  éclairées  ; 
s'arrêtant  de  préférence  chez  les  na  - 
tiens  agrestes  et  pauvres,  parce  que 
les  flmes  y  ont  plus  de  courage  et  d'é* 
nergie.  Nous  remarquerons  particuliè- 
rement cinq  ou  six  grandes  époques, 
qui  sont,  à  proprement  parler,  les  âges 
et  les  temps  où  il  s'est  fait  de  grands 
changemcns  dans  les  principes. 

C'est  chez  les  peuples  de  l'Asie,  chez 
les  Perses  surtout,  que  l'art  de  la  guer- 
re commença  à  prendre  quelque  con- 
sistance. Les  Égyptiens,  amis  des  scien- 
ces et  de  la  paix,  y  firent  toujours  peu 
de  progrès.  Excepté  sous  Sésostris,  ils 
ne  furent  jamais  conquérans.  Après  la 
mort  de  Cyrus,  le  luxe  lui  fit  quitter  la 
Perse,  et  il  passa  chez  les  Grecs.  Ce 
peuple,  ingénieux  et  brave,  le  perfec- 
tionna, et  le  réduisit  en  prindpes. 
Alexandre  vint,  retendit  encore,  et 
conquit  l'Asie,  qui  en  avait  été  le  ber- 
ceau. A  cette  époque,  il  parut  au  plus 
haut  point  de  splendeur,  et  la  phalange 
fut  réputée  la  première  ordonnance  de 
l'univers. 

Pendant  ce  temps -là,  quelques 
Troyens  fugitifs  et  errans  s'établis* 
salent  sur  les  cAtes  de  l'Ausonie.  Ils 
apportaient  avec  eux  les  principes  de 
tactique  échappés  des  ruines  de  Troyes, 
et  ceux  que  leur  avaient  appris  les  fu- 
nestes succès  des  Grecs.  Les  habitans 
du  pays,  repoussés  par  leurs  armes,  fi- 
nissaient par  s*unir  avec  eux.  Des 
aventuriers,  descendans  de  cette  colo- 
nie, bâtissaient  un  hameau  à  quelques 
lieues  d'elle.  Des  brigands  se  joignaient 
à  eux ,  et  ce  hameau  devait  un  jour  être 
la  capitale  de  l'univers.  £n  songeant 
aux  t<;nèbrcs  ré[)andues  sur  l'origine 
de  Rome,  à  ses  étranges  fondateurs,  à 
«es  grandes  destinées»  on  se  rappelto 


VOUTIQUB» 


Otnnê  ^  M  font  i|ueIquerois«  à 
ltirtoiirc6i  que  desmisMaux  ignorée* 
TUlvi  HûsUIiiiB,  un  dot  souveraitis  de 
«Bt  État  naissant ,  lui  créait  des  lois, 
ue  miliee,  une  taoticlue;  et  ainsi,  tan- 
Ci  que  les  Grecs  se  croyaient  le  pre- 
mkÊ  peuple  militaire  du  monde ,  il 
sTétarait  i  deux  eents  lieues  d'eux  une 
Bilion  nouvelle^  une  ofdonnance  Uh 
llhAieilt  opposée  i  la  leur,  qui  de- 
uil enfin  les  Yainore  et  les  faîre  ou-^ 
bUer. 

Les  RomàittSi  ambitieul  et  guerriers 
pvleur  eonslitlilion,  profitant  des  lu- 
mitoes  et  des  fautes  de  tons  les  siècles, 
éàtent  MentAt  prendre  l'ascendant  sur 
tans  les  peuples  connus.  Ultalie,  divi- 
Ile,  ptia  sous  le  joug.  Carthage  lutta 
flielqtte  temps.  Mais  les  talens  d'An-* 
•(bel  ne  purent  la  défendre  contre  les 
Vlèes  de  son  gouyernement ,  et  contre 
ta  tùpèrierité  de  celui  de  sa  rivale.  Elle 
#M  le  sort  des  nations  riches  et  com^ 
Merfanlea*  Elle  fut  vaincue.  Lea Grecs 
PlproUfifent  et  résistèrent  encore 
wîins.  Amollis  par  le  luxe  et  par  les 
ils  tendirent  loi  mains  aux 
des  Romains»  Gontens,  pourru 
qu'on  les  laissât  écrire ,  peindre  et 
•Mpter,  ils  se  consolaient  basse- 
iMint  en  régnent,  par  tas  arts,  sur  uû 
flupta  qui  leur  enlevait  l'empire  des 
gPnies. 

Bans  ta  dernier  âge  éta  ta  républi^ 
fie,  Rome  se  tit  maîtresse  du  monde. 
#  n'y  eut  plus  alors  dans  l'unirers 
Mntitt  qu'une  seule  puissance,  qu'une 
Htle  tactique.  Toutes  les  initituttans 
■illtalres  éteient  anéanties  ou  fimdues 
tfAlé^  des  Romaitia.  L'art  de  ta 
parut  donc ,  une  seconde  fois, 
il  plua  haut  point  de  sa  splendeur. 
IMa  ee  meitient  ne  pouvait  pas  durer. 
iMur  qu'une  science,  et  celles  partît 
tiMremeiit,  se  seultattae  et  s'étende, 

'••HI4MplistaiMMIMùaètaMss> 


attachent  et  la  cultivent.  Il  faut  qu'elles 
y  soient  excitées  par  rambition  et  la 
nécessité.  Les  Grecs  étaient  devenus 
guerriers  par  leurs  divisions  intestines, 
par  l'ambition  de  leurs  gouvernemens, 
par  le  besoin  d'opposer  du  courage  et 
dés  principes  aux  invasions  des  Per- 
ses. Les  Romains  s'étaient  de  même 
formés  en  défendant  leurs  foyers,  en 
attaquant  les  Samnites,  pauvres  et 
redoutables,  en  combattant  surtout  de 
grands  hommes  ;  Annibal  et  Pyrrhus 
les  instruisirent  à  force  de  les  vaincre. 
Mais,  quand  Rome  régna  paisibtament 
sur  l'univers,  quand  elle  n'eut  phis 
d'ennemis  que  ses  richesses  elaes  vices, 
ta  discipline  dégénéra,  l'art  militaire 
ne  Alt  plus  qu'une  étude  de  théorie  et 
de  spécutation  abandonnée  à  quelques 
légionnaires  obscurs  et  méprisés.  Les 
Parthes,  les  Gantais ,  les  Germains  at- 
taquaient de  toutes  parte  les  frontières 
de  l'empire.  Lea  légiona,  jusqu'ahut  in» 
▼Incibles,  furent  souvent  vaincues. 
Mais  ces  guerres  taintaines  n'altar- 
maient  pas  encore  l'Italtaé  Lès  empe«- 
reurs,  assoupis  sur  leur  trAne,  por» 
tetant  à  peine  leurs  regards  aux  eitri^ 
mités  de  l'empire.  Us  ne  voyaient  pis 
rabAtardIssement  de  leur  milice  et  ta 
précipice  qui  secreysait  aoui  leur  gran- 
deur. 

Vespasien,  Titus,  Trajan  etquehpms 
autres  princes  remédièrent  pe^sagère^ 
ment  à  ceiflMna.  Us  rétabllrem  ta  dis- 
cipline dans  lea  troupes;  ils  firent  la 
guerre  eux-mêmes,  et  ils  la  firent  avec 
succès.  Malsà  ces  grands  hommes  suc- 
cédaient des  princes  fstbles  ou  des  ty- 
rans. Les  ressorte  du  gouvernement  se 
retachaieut  de  nouveau ,  les  plaies  po- 
litiques devenatant  plus  profondes  et 
plus  incurables.  JLea  légiona  vendaient 
l'empire  au  lieu  de  ta  défendra.  Resne 
M  put  survlnv  à  ttaU  de  comiption. 
DM  fsliiuta  #eelha»4a  Hna,  ia 


SClElitCK  MlUTAIRE. 


3TÏ 


s'était  bientôt  arrêté  ou  é^aré  dans  sa 
théorie.  C'est  au  roi  de  Prusse  qu*ctait 
Téservce  rinvcDliou  de  Tart  de  diviser 
une  armée,  de  simpUflcr  les  marches, 
de  déployer  les  troupes,  de  manier 
cent  mille  hommes  aussi  facilemeat 
que  dix  mille. 

11  y  avait  alors  ud  grand  schisme  dans 
les  opinions  des  militaires.  La  décou- 
verte des  armes  à  feu  devait-elle  chan- 
ger la  tactique?  Devait-on  rejeter  l'or- 
donnance des  anciens  à  cause  de  sa 
profondeur  et  de  l'eDet  de  rartiilerie? 
.Toute  r Europe  fut  divisée  ,  flottante 
entre  ces  opinions.  On  écrivait  de  part 
et  d'autre»  et  les  discussions  n'éclair- 
cîrent  rien.  Follard  proposa  les  colon- 
nes; il  en  faisait  l'ordonnance  fonda- 
mentale et  presque  exclusive  de  Tin- 
fantcrie.  Telle  était  alors  Tignurance , 
qu'il  eut  beaucoup  de  partisans.  On  vit 
le  moment  que  toute  l'infanterie  allait 
i^prcndre  la  pique  et  se  former  en 
phalange.  La  guerre  de  succession  et 
celle  de  1733  se  firent  dans  cette  in- 
certitude, les  bataillons  combattant 
tantôt  à  quatre,  tantôt  à  six,  les  an- 
ciens officiers  réclamant  toujours  les 
pi(|ues  que  Vauban  leur  avait  fait  quit- 
ter; la  cavalerie  n'ayant  en  France 
que  de  la  valeur  et  point  d'ordre  ;  chez 
les  étrangers,  de  l'ordre  et  point  de  lé- 
gèreté ;  combattant  cJiez  nous  à  la  dé- 
bandade ,  chez  les  autres  en  masse ,  in- 
certaine si  sa  force  était  dans  son  choc 
on  dans  sa  vitesse  ;  ayant  cm,  pendant 
on  temps,  qu'elle  devait  aus^i  se  servir 
de  l'action  du  feu.  Les  généraux,  plus 
indécis  eux-mêmes,  parce  qu'ils  avaient 
moins  réfléchi  sur  ces  discussions  qu'ils 
regardaient  comme  oiseuses  et  subal- 
ternes, n'établirent  de  principes  sur 
rien.  La  tactique  ne  les  occupait  pas. 
Ils  semblaient  la  regarder  comme  in- 
différente aux  succès  de  la  guerre,  et 
pp  vire  no  sp  laissait  pa«i  apercevoir 


parce  qu'alors  personne  eo  Europe 

n'était  plus  éclairé. 

On  louchait  cependant  au  moment 
de  sortir  de  ces  ténèbres.  Le  Nord 
offrait  une  seconde  fois  le  phénomène 
d'une  armée  aguerrie  et  disciplinée. 
Charles  XII  combattait  à  la  tète  des 
Suédois  encore  animés  de  Tesprit  de 
Gustave.  Son  infanterie  était  presque 
aussi  infatigable ,  aussi  disciplinée  que 
celle  des  légions  romaines ,  chargeait, 
comme  elles,  Tépée  à  la  main ,  avait 
d*e\cellens  officiers-généraux,  et  quel- 
que connaissance  des  déploiemens  mo- 
dernes. Peut-être,  enfin,  Charles  Xil 
eût-il  perfectionné  Tart  militaire,  ainsi 
que  son  aïeul  l'avait  rétabli  ;  peut-être 
eût-il  été  le  Frédéric  de  son  temps, 
mais  il  vécut  trop  peu.  Possédait-il  au 
reste  assez  de  connaissances ,  avait-il 
assez  d'étendue  dans  le  génie?  Ses 
premiers  succès  furent  rapides,  ainsi 
que  le  seront  toujours  ceux  d'une  ar- 
mée disciplinée,  sur  une  multitude 
ignorante.  Il  débuta  comme  Alexandre, 
se  conduisit  ensuite  en  aventurier,  et 
finit  comme  Gustave.  Après  sa  mort 
lesSuédois  dégénérèrent,  et  les  Russes, 
qui  les  avaient  vaincus  sans  les  égaler, 
ne  devinrent  pas  plus  éclairés. 

Ce  fut  toujours  le  destin  du  Nord  de 
faire  les  révolutions  militaires  de  l'Eu- 
rope ,  comme  celui  du  Midi  de  faire 
celles  de  l'Europe  savante.  Un  royaume 
venait  de  s'élever  sur  l'Oder  et  sur  la 
Sprée.  Ces  nouveaux  souverains,  ne 
pouvant  avoir  ni  conunerce  ni  marine, 
s'attachèrent  à  former  une  armée,  et 
bientôt  ils  firent  poids  dans  la  balance 
générale  par  leurs  prétentions  et  leurs 
soldats.  Frédéric  II  parvint  au  trône, 
et  il  acheva  ce  qu'avaient  ébauché  ses 
pères.  Prince  habile  et  plein  de  l'étude 
des  anciens ,  il  y  déploya  le  génie  le 
plus  vaste.  Il  doubla  ses  troupes  par  h: 
nombre  et  plus  cncoiv  parla  diLiiplinc, 


M 


MftjrftQtni. 


ma  Dfie  MbtiqilO  phséqtié  ibtiteiffe ,  §e 
forma  des  généraux ,  tut  lâl-Aiêtiie  le 
fftiê  biibile  de  tons,  conquit  nhe  ^ro- 
Viftce  tAeïWéëté  que  ion  rôjàtimé, 
lutta  contre  atitant  d*enneniis  que 
Ij5uîs  XIV,  afec  rtiWhs  de  rtioyeftî<  et 
fins  de  glWre  ;  efrftW ,  aTéc  peu  flè  fc- 
VCinti^ ,  peu  de  population,  peu  dé  ftf- 
Mltéi  daM  ses  àdjets,  II  cl-éa  fa  piihi- 
lèflcé  la  plùâ  militaire  et  fa  plus  su^pr^Ci- 
riàtite  de  FEttl-ope.  Le  fègné  dé  ce 
IMrico  ^èffa  un  des  Ages  feAiâr^tfârbTes 
6é  là  scieritt  de  h  guerre.  cèrMne  ce- 
Mi  d*Ati^^è  et  cdui  dé  Lodis  Xf V 
i6ftt  OëÉ  Ages  principaux  dtfùd  l'hlstorh'e 
6èÉ  lettrés. 

tè!  è^t  reM^re  de  riiafftftcrdè  et  iëi 
pKfti^éii  théi  le^  ^(rples,  que  le  ^oi 
de  ftHÈië  ttfTthaH  des  troapeâ  et  créait 
fitië  tactlclne,  ititi»  qu'tfQcuAè  antre 
Mtion  ^éâft  k  ië  xHëtire  h  Èa  hm-^ 
ttNtf .  Il  àtadt  ôepenfifAnt  battu  ptu'sieùrs 
Ms  fés  Aùtrtchfén^  idiis  U  gùefrc  de 
iUtb.  ir  leîff  avàtt  eAteté  fflf  Silésie. 
tcrt  tùtlëtriili  ié  ièi  (raftatax.  Fendant 
topèrfx  qui  «dlVlt  éëfté  guette,  il  for- 
tiNA  d(^  âtiiipi»  à  â^MrrKÛu  et  fl  itf  agde- 
VoMlfg.  A  t  jte^fetiEIoMiaK  ce  (fne  l'ei- 
fêfm^é  M  èt^m  tm  tràmet  de  Vi^ 
deux  daff^  iSk  (àcfiqoé  ;  i^  y  ?Mr6dul- 
Mié  (Hi  âêpMfHHèiH  saffans  et  à?atita- 
ijèhi ,  tefte  cé^Arlté  me ro>^a1>le  et  dé- 
âMre,  detéfAnef  si  nécessaire  éti  raison 
Ab  phis^  g^aA^  notUbi-ë  dé  soldats  doht 
te  t36nifpoâent  stufotird'htf  nfos:  arittétesT, 
et  de  f étendue  de  (eût  frMt.  Itfafîs 
^dMé  hé^éfldôfîissilU  Mflourde  ftô. 
VAJîthdie  ttisUSi  àAoùpie  âsm  sa 
AWâWé.  1#  PfaMe  eroyaSf  4ne,  parce 
JHirellè  éMt  itàtitk  tfféô  ^  côVi^tittr- 
fion ,  elle  àeiàH  roSncré  e'Aôore.  Les 
ffctolré^  âe  thtAte  eWtfeteMienf 
cette  sécufîté  itmAi^i^à^.  tout  Te 
fèsfe  de  tEvtrdpé,  itaoin^  nnKtafihe  que 
If  France'  et  r  Aàtrtdi6\  parce  ^ù'il  à 
tfrotflif  d'iiïtérM  I  rétfê\  ^talt  éntt 


(ë  liiéfAe  etigourdis^éMèiff .  Ëé  fui  âkià 
cette  situation  que  cofjftnéhça  bt  Sei-^ 
dîère*  guerre. 

Depuis  la  gùéVrè  âë  strccesèîoA ,  oh 
h'at2<it  pas  tant  vu  d*aif^éèi  err  ^^m- 
^àgne,  ël  i-éo^iescoii^en/i  seaTprincé. 
Sa  science  et  leurs  fautes  fuféiit  le  cofl- 
ffe-potds  dé  tàïït  de  (oTtéi.  Janttais 
gnei^re  ne  fut  pins  îhsf rtfciivé  et  pfità 
fécofidë'  eh  évènehnens.  H  sTt  ûf  <!(és 
aètiôns  di^nèà  deâ  plus  ^rand^  cafpl- 
ikinei  et  des  fautes  dont  les  BTérsiD 
auraient  rougi.  On  y  vit  quélquéfoîs  le 
géhie  anx  pirise?  avec  le  génie ,  mais 
pth^  auvent  aYéc  righorafnce.  PartoM 
où  lé  roi  de  Prusse  put  manœuvrer,  il 
eut  (fes  sùôcès.  P/e^que  partout  6ù  il 
fut  réduit  à^éBlatlré,  il  fut  battu;  évè- 
neihe/is  qui  ^rouvéht  combien  ses 
troupes  étaient  supérieures  en  tacti- 
que, si  eltcs  ne  Fétaieht  pas  en  valeur. 
DaVih  se  conduisit  avec  liii  eh  cons^ 
quohcé.  II  évita  les  plaines,  recufiès 
bataiffes  dans  les  po^f ,  et  n'en  Ifv/a 
qtie  torsqu'it'  |[)ut  surprendre*,  ou  <ftï*ïl 
né  sé  trouva  p&s  ôAlSg'é  de  manœuvreir. 
H  féidbWt  endn  ièi  affairés  de  F Antrî- 
cfre  aîhsf  <)[Ae  Fabîu^ ,  oppo!^  à  Anni- 
bat,  avait  rét!abh  céHbs  de  Rome. 
Àùlssi  les  Autricbiéns  «fisaiént  de  lui, 
ôé'  que  les  Romains  disaient  de  Fabius, 
qtfif  fut  (^ircoiîspeét  jusqu'à  la  timidité; 
mais  pouVâlent-ib,  fuW  et  faûtre ,  et 
comproiïiéttré  à  mahoérivrer  avec  des 
ai^ftiées  neuves  et  âahs  àictique,  côntee 
des  ennemis  que  leurs  chefs  aVaient 
rendus  instful^!^  et  mai>œûfvriék'é  f 

Où  vit  dan^  cette  guerre  ifa  quantité 
d'artillerie  ^accf éttré jû^*à'  rih^nâén- 
sité.  Le^  tiii^ëi  en  t'raînaTent  avec  eux 
jusqu'à  Six  cehts  ^îècéà.  lé  roi  de  ^iru^ 
ell  les  Autrichiens,  JùsqùTÏ  trois  ou  qna- 
ti^é  cents;  mais  on  Vit  en  niémé  temps 
tombéi^  le  préjugé'  qui  atbchait  le  më- 
Boié  ^onh^ur  à  la  prise  d'un  canon  qu'î 
oëtfé  fûlDf  ifi^eàxu  6n  vit  (grande  le- 


SGOOCI  MIUTJLIRB 

leiCMraiii)v  ta  améei  da 
1114e  Pttflle  M  pis  éCn  appeflanliei 
|it  cet  tUiriil  ;  fÛre  des  marches  Tor- 
;  perdre  des  batailles  avec  la  plus 
le  partie  de  leur  canon,  et  s*arrA^ 
lir  è  deuK  lieMS  de  teitain  où  elles  les 
eiiienl  perdues. 

h/B  DMBbre  des  troupes  légères  s*ac- 
IHit  aussi  prodigieusement.  Il  fallut  à 
iai  années  si  nombreuses,  chargées  de 
llBt4'éi|iiipages,  de  fivres  et  d'artille- 
flO)  des  positions  si  étendues,  des 
tenvoia  si  fréquens,  des  etablissemenB 
tf  hasardés  «  des  communications  si 
Itagues,  qo*on  augmenta,  comme  à 
reovi  i  de  part  et  d*autre ,  l'espèce  de 
troupes  destinées  à  les  attaquer  et  à  les 
émnfifk 

De  ces  deui  changemens*  que  toutes 
lia  puissances  belligérantes  ont  adop- 
lis,  en  se  calquant  serrilcment  les  unes 
mt  les  autres,  et  dont  je  pense  qu'un 
ftaéral,  homme  de  génie .  pourrait  atec 
evantage  secouer  les  embarras,  Il  s*en- 
Hit  qu'à  la  première  guerre  les  armées 
Uront  phia  dispendieuses,  plus  dévas- 
MrieeSv  plus  pesantes  ;  que  les  acces- 
iliree  y  seront  plus  nombreui  que  le 
pnnelpal.  rentends  par  ce  dernier,  lés 
HMIM  de  lignes  «  celles  qui  gagnent 
lllbÉiallIei.  11  s'ensuit  que  les  guerres 
tmolt  encore  moins  décisites  et  ponr- 
ttMphsiftmesleftan  peuples;  car,  c'est 
imuiifs  sur  eui  qee  retombent  les 
laiesrtiMs  nuisibles  <  les  Ikui  calcols, 
iHIlBirai  OH  politiques. 

Tel  est  enin  aujourd'hui  l'art  mili^ 
taMenEnrâpe^  qu'à  le  comparer  à  ee 
qu*tt  ftit  dana les  siècles  passés^  dans 
ha  tenv»  lea  pint  édairés  de  l'an- 
Ifullé^  il  est  derenn  bien  pta  faste  et 
llaidykilei^  Gbei  ta»  anciens  on  te 
ni  la  adence  de  rartlRerle, 
«Nice,  sosenees  (ondées 
Hnlrailes  et  pffi^ 


mê 

le  fouHiage  des  Beeea  et  des  Deees  (1) 
étaient,  en  comparaison^  des  arts  Infor* 
mes  et  grossiers.  La  science  de  fortiG- 
cation  des  anciens,  celle  de  leurs  sièges 
ne  se  placeront  certainement  point  en 
parallèle  avec  les  connaissances  des 
Yauban  et  des  Cohorn.  Ces  dernières 
sont  fondées  sur  le  concours  réflédii 
de  presque  toutes  les  branches  des 
mathématiques.  Les  autres,  dépour- 
vues de  géométrie,  étaient  de  miséra- 
bles routines.  On  n'avait  pas  chez  les 
anciens  ces  attirails  prodigieux  d'équi- 
pages d'artillerie,  de  vivres,  si  difficiles 
à  mouvoir  et  à  nourrir.  On  n'avait  pas 
des  armées  aussi  nombreuses.  On  con- 
nalsî^ait  peu  les  chicanes  de  la  petite 
guerre.  On  ne  s'etnbarrassait  presque 
pas  du  choix  des  positions.  On  ne  voit 
dans  le  récit  des  anciens  historiens  mi- 
litaires aucun  détail  topographique. 
Les  armées  ayant  de  très  petits  fronts, 
f  espèce  des  arthes  n'occasionnant  ni 
flumée  ni  tumulte,  les  batailles  devaient 
ètfe  plus  aisées  à  engager  et  à  con- 
duire. Je  compare  les  guerres  des 
Grecs,  et  la  plupart  des  guerres  des 
anciens ,  à  celles  de  nos  colonies  dans 
l'autre  contitient.  J'y  tois  cinq  où  six 
mille  hommes  opposés  les  uns  contre 
les  autres;  des  champii  de  bataille 
étroits  od  l'œil  du  général  peut  tout 
embrasser,  tout  diriger,  tout  réparer. 
De  nos  jours ,  nn  bon  major  pourrait 
conduire  la  mancenvre  de  Leuctre  ou 
de  Mafttinée  aussi  bien  qne  le  flt  Épa- 
minondas. 

Je  dis  qtie  la  ntleHcë  de  la  guerre 
moderne,  coiUperée  atec  celle  des  an- 
eleifs,  est  plti»  tast«  et  pNB  difficile.  Ce 


(f  )  Ces  ^s^>  ^tiTteAt  Mt  nerileurf  AnhMtM 
deionyt  des  n«.milii«;  «m  lei  tmpiajtit  benr- 
oouii  dans  les  siéses.  Folybe  et  d'autres  auteurs 
eu  parlent  et  eipliquent  la  manière  dont  îts 
èoAdMsalenC  itâis  Irafaui. 


POUTIQVE. 


n'est  pas  cependant  qa'eUe  soit  plus 
parfaite  et  plus  lumineuse  snr  tous  les 
points.  Elle  a  fait  des  progrès  à  qnel-* 
ques  égards;  sous d*autres,  elle  s*esté- 
tendue  et  compliquée  aux  dépens  de  sa 
perfection.  Nos  armes  à  feu  sont  supé- 
rieures aux  armes  de  jet  des  anciens. 
La  science  de  rartillerie  l'emporte  sur 
leur  balistioue ,  nos  fortifications  sur 
les  leurs.  Les  places  s'assiègent  et  se 
défendent  avec  plus  d'art  :  voilà  les 
progrès  modernes  ;  voilà  l'effet  des  lu- 
mières mathématiques  répandues  sur 
la  science  de  la  guerre.  Mais  les  armées 
sont  devenues  trop  nombreuses  ;  l'ar- 
tillerie et  les  troupes  légères  se  multi- 
plient trop;  les  frontières  des  États 
sont  mal  à  propos  hérissées  de  places 
sur  deux  et  trois  lignes  de  profondeur. 
Cesplaces  sont  inutilementsurchargées 
de  pièces  de  fortification;  les  systèmes 
des  ingénieurs  sont  la  plupart  trop  ex- 
clusifs, trop  méthodiques,  trop  peu 
combinés  avec  la  tactique;  les  armées, 
devenues  immenses,  tant  par  l'aug- 
mentation des  combattans  que  par  les 
attirails  et  les  embarras  qu'elles  traî- 
nent à  leur  suite,  sont  difficiles  à  mou- 
voir; les  détails  de  leur  subsistance 
forment  une  science  dont  les  armées 
anciennes,  moins  nombreuses,  plus 
sobres  et  bien  mieux  constituées,  n'a- 
vaient point  d'idée  :  voilà  les  erreurs  et 
les  abus  qui  compliquent  la  science 
moderne ,  qui  multiplient  les  connais- 
hances  qui  la  composent,  qui  rendent 
les  grands  généraux  si  rares.  Tel  hom- 
me ,  dont  l'esprit  eAt  embrassé  toutes 
lespartiesde  l'art  militaire  des  anciens, 
qui  eût  bien  commandé  quinze  ou 
vingt  mille  Grecs  ou  Romains,  tel 
homme,  qui  alors  eût  été  un  Xantippe, 
un  Camille,  ne  suffit  pas  aujourd'hui  à 
fa  moitié  des  connaissances  qui  com- 
posent la  science  moderne.  Il  est  ab- 
sorbé par  les  détails,  aveuglé  par  l'im- 


mensité,  étourdi  |»ar  la  mMlUiAe. 
Cent  miHe  hommes  dont  il  doit  régler 
les  mouvemens ,  le  soin  de  pourvohr  i 
leur  subsistance,  tous  les  obstacles 
produits  par  nos  mauvaises  cobsUIii* 
tiens ,  cent  mille  ennemis  qui  loi  sont 
opposés ,  un  plan  de  campagne  à  plo» 
sieurs  branches ,  les  combinaisons  sans 
nombre  qui  résultent  de  la  mnltipliflité 
des  objets,  tant  d'attentions  rénnies 
forment  un  fardeau  au-dessus  de  ses 
forces.  11  reste  fatigué  et  accaUé  sous 
lui,  ou  du  moins  il  ne  se  remue  que 
péniblement  et  qu'avec  une  partie  de 
ses  facultés.  Il  n'est  enfin  qu'un  gé* 
néral  du  second  ou  du  troisième 
ordre. 

La  science  de  la  guerre  moderne, 
en  se  perfectionnant,  en  se  rappro* 
chant  des  véritables  principes,  pourrait 
donc  devenir  plus  simple  et  moins, dit 
fidie.  Alors  les  armées,  mieux  con»^ 
titttées  et  plus  manœuvrières,  seraient 
moins  nombreuses.  Les  armes  y  se- 
raient réparties,  dans  une  proportion 
sagement  combinée  avec  la  nature  du 
pays  et  l'espèce  de  guerre  qu'on  vou- 
drait faire.  Ces  armées  auraient  des 
tactiques  simples,  analogues,  suscepti- 
bles de  se  plier  à  tous  les  mouvemens. 
De  là  l'officier  d'une  arme  saurait  com- 
nuinder  l'autre  arme;  on  ne  verrait 
pas  des  offlciers^généraux,  ignorant  les 
détails  des  corps  dans  lesquels  ils  n'oil 
pas  servi,  démentir  le  titre  qu'ib  por- 
tent ,  ce  titre,  qui,  en  leur  donnant  h 
pouvoir  de  comoMuder  toutes  les  mi- 
mes, leitf  suppose  l'universalité  ûei 
connaissances  qui  les  dirigent.  Les  ar- 
mées étant  ainsi  formées,  elles  seraient 
plus  famies  à  remuer  et  à  conduire. 
On  quitterait  cette  manière  étroite  et 
routinière,  qui  entrave  et  rapetisse  les 
opérations  ;  on  ferait  de  grandes  expé- 
ditions ;  on  ferait  des  marches  forcées  : 
on  saurait  engager  et  gagner  des  bar 


SCUNQil.MUaTAlHE. 


SM 


tailles  par  manœuvres  ;  on  serait  moius 
aouvent  sur  la  défensive;  on  ferait 
moins  de  cas  de  ce  qu'on  appelle  des 
positions.  Les  détails  topographiques 
a'auraient  plus  la  même  importance; 
ils  ne  surchargeraient  plus  au  même 
point  la  science  militaire.  Les  embar- 
ras étant  diminués,  la  sobriété  ayant 
pris  la  place  du  luxe,  les  détails  des 
subsistances  deviendraient  moins  corn- 
pliiiaés  et  moins  génans  pour  les  opé- 
ratioDS.  La  science  du  munitionnaire 
consisterait  à  traîner  le  moins  d*atti-* 
rail  possible ,  et  à  nourrir  la  troupe 
au  oioyen  des  ressources  que  le  pays 
présente.  L'artillerie,  les  fortifications 
s'éclaireraient  de  plus  en  plus.  Elles 
suivraient,  dans  chaque  siècle,  les  pro- 
grès des  mathématiques  qui  leur  ser- 
vent de  base;  mais  elles  n'élèveraient 
ni  l'une  ni  l'autre  des  prétentions  ex- 
clusives et  dominantes,  des  systèmes 
qui  multiplient  les  dépenses  et  les  em^ 
barras.  Elles  ne  tiendraient,  dans  les 
armées  et  dans  les  combinaisons  mili- 
taires, que  le  rang  qu'elles  doivent  y 
iivoir  ;  elles  ne  seraient,  dans  les  mains 
des  généraux,  que  des  accessoires  uti- 
lement employés  à  fortifier  les  trou- 
pes et  à  les  appuyer.  Enfin,  toutes  les 
branches  de  la  science  militaire  for- 
meraient un  faiscéS^  de  rayons  ;  et  c'est 
ce  concours  de  lumières,  qui,  réuni 
dans  l'esprit  d'un  seul  homme,  le.cons- 
lituerait  général,  c'est-à-dire  capable 
de  commander  des  armées. 

Il  serait  intéressant  de  voir  la  scien- 
ce militaire  se  perfectionner  ainsi  en 
se  simplifiant,  en  devenant  moins  dif- 
ficile. J'ai  dit  ci-dessus  comment  la 
même  révolution  pourrait  se  faire  dans 
la  politique.  Elle  aurait  lieu  de  même 
dans  presque  toutes  les  sciences,  si  on 
dépouillait  leur  théorie  des  erreurs  qui 
les  surchargent,  des  fausses  méthodes 
^ui  les  compliquent  Alors  les  boounes 


arrivant  plus  promptement  et  en  plus 
grand  nombre  au  faite  de  ces  sciences, 
ils  pourraient  en  reculer  les  bornes  ; 
alors  la  brièveté  de  leur  vie  ne  les  em- 
pêcherait plus  d'en  embrasser  plu- 
sieurs à  la  fois,  et  de  les  étendre  les 
unes  par  les  autres.  Alors  l'encyclopé- 
die des  connaissances  humaines,  de- 
venue un  assemblage  de  vérités,  s'élè- 
verait et  s'affermirait  au  milieu  des 
siècles  ;  semblable  à  un  arbre  vigou- 
reux, qui  n'a  aucune  branche  inutile^ 
aucune  qui  lui  nuise,  et  qui,  s'étendant 
et  paraissant  se  fortifier  sur  la  base  k 
mesure  qu'il  vieillit,  répand  l'ombre 
et  les  fruits  sur  ses  heureux  cultiva- 
teurs. 

Mais  pour  achever  le  parallèle  de 
l'art  militaire  chez  les  anciens,  avec  ce 
qu'il  est  de  nos  jours,  il  y  a  des  objets 
bien  importans,  qui  sont  à  l'art  mili- 
taire ce  que  les  fondemens  sont  à  un 
édifice,  et  sur  lesquels  les  Grecs  et  les 
Romains  nous  étaient  fort  supérieurs. 
Ce  sont  les  moyens  continuels  dont  se 
servaient  leurs  gouvernemens ,  pour 
former  des  citoyens,  des  soldats,  des 
généraux.  C'est  la  bonté  de  leur  mi- 
lice, la  vigueur  de  leur  discipline,  l'é- 
ducation guerrière  de  leur  jeunesse, 
la  nature  des  peines  et  des  récompen- 
ses; c'est  ce  rapport  important  qui 
liait  leurs  constitutions  militaires  à 
leurs  constitutions  politiques. 

Aucun  de  ces  objets  ne  semble  inté- 
resser les  gouvernemens  modernes.  Il 
n'y  en  a  point  qui  ait  calculé  le  nom- 
bre et  la  constitution  de  ses  troupes, 
sur  la  population  de  ses  États,  sur  la 
politique,  sur  le  génie  national.  Il  n'y 
en  a  point  où  la  profession  de  soldat 
soit  honorée;  où  la  jeunesse  reçoive 
une  éducation  guerrière;  où  les  lois 
inspirent  le  courage  et  flétrissent  la 
mollesse;  où  la  nation,  en  un  mot, 
soit  préparée,  par  ses  mours  et  par 


38ft 


MCJ!fiQMI« 


0es  préjugés,  i  fbnner  une  miBee  ti* 
gOQrease.  Dans  cet  état  même  que 
Dous  appelons  mlHtaire,  parce  qne  son 
rot  est  on  g;aerrier  habile,  dans  cet 
Étal  qui  s^est  agrandi  par  les  armes  ^ 
qui  n^xiste  et  ne  peut  se  flatter  de 
conserver  ses  conquêtes  que  par  el- 
les, tes  troupes  n*y  sont  pas  phis  rf- 
goureusemenl  constituées  qa^ilteurs; 
eHes  n^f  sont  point  citoyennes;  elles 
y  sont,  plus  qu'en  aucun  autre  pays, 
un  assemblage  de  stipendiaires,  de  ra- 
gabonds,  d'étrangers,  que  l'Inconstance 
ou  la  nécessité  amène  sous  les  dra- 
peaux,  et  que  la  discipline  y  retient. 
Cette  discipline,  ferme  et  vigilante  sur 
quelques  points,  y  est  relâchée  et  mé- 
prisable sur  beaucoup  d'autres.  Elle 
n*est,  en  comparaison  de  celte  des  Ro- 
mains, qu'un  enchaînement  de  choses 
de  Forme,  de  demi-moyens ,  de  cor- 
rectirs,  de  supplémens  vicieux;  ces 
troupes,  mal  constituées,  ont  eu  des 
guerres  heureuses,  mais  elles  doivent 
ces  succès  à  l'ignorance  de  leurs  en- 
nemis, à  rhabileté  de  teur  roi,  à  une 
science  toute  nouvelle  de  mouvemens, 
dont  il  a  été  te  créateur.  Qu'après  hi 
mort  de  ce  prince,  dont  le  génie  seul 
soutient  ITédifice  imparfait  de  sa  cons- 
titution, il  survienne  un  roi  faible  et 
saus  taiens ,  on  veri»  dans  peu  d'an- 
nées le  nntitaire  prussien  dégénérer  et 
déchoir;  on  verra  cette  puissance 
éphémère  rentrer  dans  hi  sphère  que 
ses  moyens  réels  lui  assignent,  et  peut- 
être  payer  cher  quelques  années  de 
gloire. 

Si  telte  est  Ib  constitution  milttafre 
d^un  État,  dont  le  soiiverain  est  le  phis 
grand'  homme  &è  guerre  de  son  siè- 
cle, qui  instruit  et  qui  commandes  hir- 
mèttie  ses  armées,  dont  les  armées 
forment*,  pour  ainsrdh'e,  toute  te  pom- 
ne  et  la  cour,  que  doit  êtrecelle  de 
tMi  SiBl»,  o#  le  aonfenâi  nretl  pas 


mntrire;  eà  H  m  voM  pet  lit  Irwr 

pes  (1),  où  11  semble  dédaigner  <w 
ignorer  tout  ee  qui  y  t  rapport  ;  ma  te 
cour,  qui  suit  toujours  l'impresale»  du 
souverahi,  n^st  conséqucimiienl  poinl 
militaire  ;  où  presque  teutes  les  gran- 
des récompenses  sont  surprises  |Mir 
Fintrigue,  ou  la  phiparl  d'entre  elles 
deviennent  des  apanages  hérèdittires; 
oà  le  mérite  languit,  quand  R  est  wbs 
appoi  ;  où  le  erédit  peut  s^avracer  mm 
taiens;  oà  feire  fortune  ne  signMe 
plus  acquérir  de  ta  réputation ,  mato 
amasser  des  richesses  ;  où  l\m  peut , 
en  un  mot,  être  à  la  fois  couvert  dte 
dignités  et  d^nfomle,  de  grades  et  d^ 
gnorance  ;  servir  mal  FÉtat,  et  en  pos- 
séder les  premières  charges;  avoir  le 
biftme  public,  et  joun*  de  k  faveur  Aê 
souverain  ? 

Mais  sans  parler  des  vices  partico- 
Kcrs  4^  le  caractère  des  souverains  et 
la  corruption  de  leurs  cours  peuvent 
imprimer  aux  constîtutrons  mitttaifea 
de  leurs  États,  comment  calculer  1r| 
abus  sans  nombre  qmt  résultent  dû  âé- 
fout  de  rapport  entre  Fadlninistratloa 
mFIÎtaire  et  les  autrea  franches  Ai 
gouvernement?  Se  là  ces  États  etcki- 
sfvement  marchands^u  milftatres,  par^ 
ce  que  le  système  momentané  de  léota 
adJninlsùPBteui  s  fhll  maf  à  propos  con- 
sister toute  te  force  publi(^  d^ns  Im 
richesse»  ou  dans  tes  armes;  9e  Ift  cea 
dlrectohres  dé  guerre  qnf  n'ont  pas  vu 
d'armées,  et  règlent  cependant  te  sort 
de»  années  ;  ces  ordonnances  mititai- 
res,  Ihites  par  des  gens  db  plume  ;  cm 
ministres,  qtd,  n'étant  pas  généraas 
contrarient  toujours  tes  demandes  et 
te»  opérations  des  généraux  ;  cea  ^ad- 
ram,  quf,  n^étant  pas  mmisires,  i^pio 


(U  Qn%.rc^wi|iiQoi|ilDi0D^Qr4ivam4aMI 
tecoonas  ctlYintilMloa  àm  aroopci  fraoçiiiacai 


SCtBNCË  MlUTAIBB. 


S8S 


lent  riirfbMMe  qa'ont  les  opérations 
de  la  guerre  rar  la  politique,  et  ce  qu'il 
eD  coûte  à  rintérieur  des  États  pour 
soutenir  la  guerre.  De  là  toutes  ces 
constitutions  militaires  m«il  calculées, 
s'imitant  réciproquement  au  hasard  et 
sans  méditation  ;  le  nombre  des  trou- 
pes disproportionné  aux  moyens  des 
États;  les  troupes,  tantôt  négligées  et 
regardées  ix)mme  un  fardeau  presque 
inutile,  tantdt  augmentées  par-delà  les 
bornes  raisonnables,  puis  attirant,  aux 
dépens  des  autres  branches,  toute  Yni- 
tention  du  gouvernement.  De  là  ces 
troupes  si  étrangement  constituées  et 
employées  par  le  gouvernement ,  qu'el- 
les ruinent  FÉlat  dont  elles  devraient 
tûre  la  prospérité  en  même  temps  que 
la  force  ;  qu'elles  enlèvent  à  la  popula- 
tion la  plus  beUe  espèce  d'hommes;  i 
que  ces  hommes  y  amollissent  leurs 
mœurs  et  leurs  brus  à  un  tel  point, 
que  quand  ils  quittent  celte  profession, 
ils  ne  sont  plus  capables  que  des  tra- 
vaux dans  les  cités;  que  pendant  la 
paix,  on  ne  les  occupe  presque  que 
d'exercices  trop  souvent  insiguiiians  ; 
qu'on  les  entasse  dans  des  places, 
comme  si  l'ennemi  était  aux  portes  du 
royaume,  c'est-à-dire,  par  conséquent, 
SOT  les  frontières,  dans  les  pays  où  les 
vivres  sont  le  plus  chers,  où  ils  ont  le 
plus  de  débouchés,  où  les  habitans  ont 
le  plus  de  ressources  et  d'industrie  ;  au 
lieâ  de  les  disperser  dans  les  provinces 
intérieures,  qui  manquer  t  de  vivifica- 
tiOD  et  de  numéraire,  qui  ont  plus  de 
denrées  que  de  consommateurs  ;  dans 
oes  provinces  qui  sont  en  friche,  et 
que  le  soldat  pourrait  cultiver,  qui^ 
manquent  de  chemins,  et  que  le  sol- 
dat pourrait  ouvrir.  Dans  le  cours  de 
mon  ouvrage ,  je  prouverai ,  par  des 
détails,  que  ces  abus  existent,  et  qu'on 
peut  y  remédier.  Faire  le  tableau  des 
abus,  sans  en  fournir  à  la  fois  les  preu- 


ves et  les  remèdes,  c'est  s'ériger  en 
déclamateur.  C'est  ressembler  h  cfs 
médecins  barbares  qui  annoncent  (i;>s 
maux  qu*ils  ne  peuvent  ni  e\|.li(iuer 
ni  guérir. 

Il  me  reste  à  expliquer  pourquoi 
l'histoire  de  l'univers  nous  représente 
toujours  l'art  militaire  (déclinant  ch^z 
les  peuples,  à  |)roporlion  que  le$  au- 
tres arts  y  font  des  propres.  J'en  Vi\ 
moi-roémç  fait  ('observation,  au  coin- 
menccment  de  ce  chapitre.  Mais  ce 
n'est  point  aux  arts  ni  aux  sciences 
qu'il  faut  attribuer  cette  révolution  ; 
c'est  à  la  maladresse  des  gouvcrnç- 
mens.  Ces  effets  ont  été  jusqu*ici  coa- 
temporains,  sans  être  nécessîiiremeut 
liés  et  dépendans.  Les  lumières  ne 
peuvent  nujre.  Laissons  ce  préjugé  fu- 
nc^t(r  aux  apologistes  de  l'ignorance^ 
Le^  lumièreschassentlcs  erreurs,  lixent 
les  principes,  amènent  la  vérité.  Les 
siècles  de  lumières  ne  peuvent  être  des 
temps  de  malheurs  pour  I  humanité  à 
moins  qu'elles  n'aient  fuit  que  des^ 
demi-progrès;  à  moins  qu'ainsi  que 
chez  les  anciens  les  progrès  n'aient 
porté  sur  les  arts  plus  que  sur  les 
sciences ,  sur  les  connaissances  fri- 
voles plus  que  sur  les  connaissances 
utiles;  à  moins  que,  comme  alors,  elles 
n'aient  éclairé  une  partie  du  glotte  et 
lai<>é  l'autre  dans  les  ténèbres  ;  à  moin^ 
que,  comme  aujourd'hui,  elles  ne 
soient  le  partage  d'un  p^tit  nombre 
d'hommes,  et  que,  rejclées  par  les 
gouvernemcns,  elles  ne  mettent  aux 
prises  la  vérité  avec  les  préjugés ,  la. 
philosophie  avec  l'ignorance,  le  despo- 
tisme avec  les  droits  de  la  nature.  En- 
core faudrait-il  se  consoler  des  mal- 
heurs passagers  qui  pourraient  naître 
du  choc  des  lumières  avec  les  ténèbres. 
Le  crépuscule  du  matin  éloigne  la  nuit, 
il  fait  espérer  le  jour.  Enfin ,  quand  la 
propagation  des  connaissances  sera  gé* 


8» 


POLITIOUK. 


Lcrate,  quand  elle  sera  répandue  à  la 
fois  sur  les  grands  et  sur  les  petits,  sur 
k^s  trônes  et  sur  les  peuples;  quand  les 
içouvernemens  seront  en  même  temps 
instruits  et  vigoureux;  quand  la  lu- 
mière nous  viendra  d'eux,  comme  elle 
descend  des  astres  qui  sont  sur  nos 
têtes,  la  terre  sera  heureuse  ;  elle  bé- 
nira ses  gouvernemens  comme  ces  as- 
tres bienfaisans  qui  la  fécondent  et  qui 
réclairent. 

Je  reviens  à  mon  objet.  Ce  ne  sont 
pas  les  arts  et  les  sciences  qui  ont  fait 
déchoir  l'art  militaire  chez  les  peuples 
de  l'antiquité  ;  ce  ne  sont  pas  les  arts 
et  les  sciences  qui  l'empêchent  aujour- 
d'hui de  faire  des  progrès.  Les  lumières 
générales  devraient  au  contraire  per- 
fectionner cet  art  avec  tous  les  antres. 
Elles  devraient  rendre  la  tactique  plus 
simple  et  plus  savante,  les  troupes  plus 
instruites,  les  généraux  meilleurs.  Elles 
devraient  mettre  la  méthode  à  la  place 
de  la  routine,  les  combinaisons  à  la 
place  du  hasard.  Si ,  tandis  que  toutes 
les  autres  sciences  se  perfectionnent, 
celle  de  la  guerre  reste  dans  l'enfance, 
c'est  la  faute  des  gouvernemens  qui 
n'y  attachent  pas  assez  d'importance , 
qui  n'en  font  pas  uu  objet  d'éducation 
publique,  qui  ne  dirigent  pas  vers  cette 
profession  les  hommes  de  génie,  qui 
leur  laissent  entrevoir  plus  de  gloire  et 
d'avantages  dans  des  sciences  frivoles 
ou  moins  utiles ,  qui  rendent  la  car- 
rière des  armes  une  carrière  ingrate 
lans  laquelle  les  talens  sont  devancés 
par  l'intrigue  et  les  prix  distribués  par 
b  fortune. 

Si,  enfin,  un  peuple  s'amollit,  se 
corrompt ,  dédaigne  la  profession  des 
iirmes,  perd  l'habitude  des  travaux  qui 
y  préparent;  si  une  nation,  étant  dé- 
gradée à  ce  point,  le  nom  de  patrib 
n'y  est  plus  qu  uu  mot  vide  de  sens  ; 
91  ses  défenseurs  ne  sont  plus  que  des 


mercenaires,  avilis,  misécabies,  mal 
constitués,  indiOërens  aux  succJks  et 
aux  revers  (c'est  par  ces  vices  de 
mœurs  et  de  constitution  qu'ont  déchu 
toutes  les  milices  anciennes  et  que  pè- 
chent toutes  nos  miliccn  modernes). 
C'est  encore  la  faute  du  gouvernement; 
car  le  gouvernemeni  doit  veiller  sur 
les  mœurs,  sur  les  opinions ,  sur  les 
préjugés,  sur  les  courages.  Avec 
la  vertu,  l'exemple,  l'honneur,  le 
châtiment,  il  peut  être  plus  puisant 
que  le  luxe,  que  les  abus,  que  les  vices^ 
que  les  passions,  que  la  corruption  la 
plus  invétérée.  Avec  ces  mêmes  lumiè- 
res qu'on  croit  la  cause  de  la  décadence 
des  empires,  qu'il  éclaire  sa  nation  sur 
le  précipice  où  elle  se  jette  ,  qu'il  se 
mette  à  sa  tête,  il  l'entraînera  :  elle  le 
suivra  avec  d'autant  plus  de  soumis- 
sion, que  plus  instruite ,  elle  sentira 
mieux  le  bien  qu'on  lui  prépare  ,  le 
mai  auquel  on  l'arrache ,  et  la  prospé- 
rité vers  laquelle  on  veut  la  conduire. 
En  général  les  gouvernemens  des 
grands  peuples  sont  bien  loin  de  faire 
et  de  connaître  seulement  tout  ce  qui 
est  en  leur  pouvoir.  Ils  ne  sentent  pas 
assez  l'étendue  de  leurs  ressources  ;  ils 
se  laissent  décourager  par  le  nombre 
et  l'ancienneté  des  abus  :  ils  n'osent 
porter  ni  le  fer,  ni  les  remèdes,  aux 
plaies  qui  les  dévorent  :  ils  s'agitent 
sans  succès,  comme  des  mourans,  dans 
les  convulsions  de  l'agonie.  Ne  nous 
lassons  donc  pas  de  leur  répéter  que 
si  leurs  vices  sont  sans  nombre,  leari 
moyens  sont  immenses  ;  qu'ils  n'ont 
qu'à  perfectionner  leur  constitution, 
devenir  justes,  éclairés,  nerveux,  qu'a- 
lors ils  relèveront  bientôt  les  états; 
que,  si  les  vices  corrompent  rapide- 
ment, les  vertus  peuvent  régénérer  de 
même.  Mettons  sans  cesse  auprès  du 
tableau  effrayant  de  leurs  naau5>  (a. 
possibilité    encourageaatç    dis   J^vx 


MUniGI  nUTAIM. 


«MrlMD.  PMMMi  0  râfevm  à  la  tête 
in  Mtioiifl,  (iei  homiiies  qui  ne  déses> 
péreront  pa  de  leur  salut ,  qai  désire- 
font  le  bien»  qui  aimeront  la  gloire, 
et  à  qui  ces  deux  aentimens  rendront 
loat  fiicOe.  Le  génie  et  la  terta  peu- 
rent  naître  sur  les  trônes. 

Je  D*ai  olTert  id  qu'une  ébauche 
imparfaite  des  révolutions  de  l'art  mi- 
litaire. Ce  tableau  mérite  d'être  l'objet 
d'une  histoire  complète.  Qu'il  serait 
intéressant  d'y  suivre  les  progrès  de 
cet  art,  à  travers  le  cours  des  siècles , 
de  les  suivre  particulièrement  chez  les 
grands  peuples,  d'y  observer  ce  qu'il 
était  aux  diflërentes  époques  progres- 
sives de  lem  élévation,  de  leur  déca- 
dence, de  leur  ruine,  et  ce  qu'il  était 
en  même  temps  chex  les  nations  con- 
temporaines, aux  dépens  desquelles  ils 
s'élevaient,  ou  qui  s'élevaient  sur  leurs 
débris  1  Ces  recherches  instructives  ne 
se  borneraient  pas  simplement  à  l'his- 
toire de  l'art  ;  elles  examineraient,  aux 
mêmes  époques,  les  constitutions  des 
milices  des  diflërens  peuples,  les  rap- 
ports qu'elles  avaient  avec  leurs  cons- 
titutions politiques,  avec  leurs  mœurs  ; 
car  les  succès  militaires  des  nations 
dépendent ,  plus  qu'on  ne  pense ,  de 
leur .  politique ,  de  leurs  mœurs  sur- 
tout ;  et  c'est  cet  enchaînement  que  ne 
nous  montrent  jamais  assez  la  plupart 
des  historiens,  qui  ne  sont  communé- 
ment ni  militaires  ni  philosophes,  et 
encore  moins  Tun  et  l'autre  à  la  fois. 
n  est  digne  de  notre  siècle  de  produire 
cet  ouvrage  lutéreasant.  J'y  encourage 
on  de  mes  amis,  qui  le  médite  et  le 
prépare  depuis  long-temps.  Je  dénon- 
ce id  son  nom,  son  plan,  ses  talens  (1). 
Je  voudrais  lui  faire  contracter,  vis-à- 
vbde  seseondtoyens,  un  engagement 

(1)  M.  le  dHTtlier  «rAgvoteia,  Heotoiaiit^ 
do  réglnentdc  là  Couronne. 


qu'il  est  en  état  de  remplir,  et  dont 
l'exécution  fera  sa  gloire  particulière . 
en  même  temps  que  l'instruction  pu- 
blique. 


CHAPITRE  m. 

De  l'éUl  ectael  de  la  poUtfque  el  de  It 
mlllulra  en  Europe,  eaifi  de  pcnséu 
chéci  aor  des  objeu  iDldreuaiii. 


Quand  on  ouvre  V Esprit  de$  Lai$^ 
on  s'attend  à  trouver  le  développement 
des  principes  qui  ont  servi  de  bnsc  à  la 
législation  ancienne  et  moderne  ;  on 
espère  que  cet  examen  sera  suivi  d'un 
système  de  création  et  de  réforme 
dans  les  lois  actuelles  de  l'Europe,  ou 
tout  au  moins,  dans  celles  de  la  nation. 
Mais,  oserai-je  le  dire?  faute  de  plan 
cette  espérance  n'est  pas  remplie.  Soit 
que  l'immortel  Montesquieu,  tout  oc- 
cupé dé  la  création  de  ses  matériaux 
ait  dû  dédaigner,  dans  la  chaleur  de 
son  travail,  de  les  assembler  et  de  les 
polir,  soit  qu'écrivant  de  la  hauteur 
de  son  génie,  il  dédaignêt  toutes  les 
idées  intermédiaires  que  nous  atten- 
dions de  lui ,  soit  qu'il  se  proposât 
de  descendre  un  jour  vers  les  détails, 
de  nous  élever  par  eux  jusqu'à  lui,  d'é- 
crire, en  un  mot,  pour  le  reste  des 
hommes,  après  avoir  écrit  pour  lui- 
même,  son  ouvrage  est  resté  un  mo- 
nument incomplet.  On  y  trouve  des 
pensées  sublimes,  des  vérité^s  éparses 
et  à  demi-dévoilées,  l'ébauche  ou  le 
germe  de  presque  tous  les  principes 
politiques;  mais  on  sent  que  toutes 
ces  matières  ont  besoin  d'être  accor- 
dées et  de  former  un  édifice.  On 
éprouve  enfin ,  à  la  lecture  de  cet  ou- 
vrage, ce  mélange  de  plaisir  et  de  re- 
gret qu'inspirent  ces  tableaux  dont  on 
admire  les  détails,  et  qui,  faute  d'or- 

as 


cioiuiance,  no  iiroduis^t  point  d'oftetr       Dani»  Unm  ^  ^^9  ii  y  ^  au 
Ce  que  îg  dis  d^  VB^prù  def  Ui9.  è  hfmam  m  o^t  ^tt,  avep  ^ua:«â 
epmbiea  d>utre     ouvragfis  /(célèbres  leur  «rt  ;  daM  Tui  PuUtaire,  j^rai^tte 

je  pourrais  l'appliquer  I  VEêftêi  de  tous  les  grands  bomnes  ii'ont'^^^ 


i*»" 


u 


M.  Helvétius,  ce  livre  plein  de  génie, 
ce  livre  écrit  du  style  le  plus  fort,  et 
qui  justifie  #iyi  U^i  4[Wl  ^t  son  plan  ? 
Quel  système,  quelle  chaîne  complète 
d'idées  sa  leetum  laitse-t*€lto  dans  l'i- 
magf nation?  L'Encyclopédie  enfin, 
cet  ouvrage  qui  serait  immortel,  si  son 
exécution  répondait  à  son  but,  ne 
pouvait-elle  pas  être  rédigée  sur  un 
plan  plus  vaste  et  plus  lumineux?  Fal- 
laitîl  s'assujettir  à  la  forme  de  dic- 
tionnaire, forme  classique,  qui,  uni- 
quement faite  pour  les  langues  ou 
pour  des  sciences  de  nomenclature , 
n*était  pas  propre  à  présenter  le  dé- 
veloppement de  toutes  les  connaissan- 
ces humaines,  en  ce  que  tout  reffet  de 
Tordre  qui  y  est  suivi  est  de  produire 
la  confusion,  de  briser,  à  chaque  mot, 
l^s  idées,  d'anéantir  toute  espèce  d'in- 
térêt. Que  dirait-on  d'un  cabinet  d'his- 
toire naturelle,  où  les  pièces  de  tous 
les  règnes,  pêle-mêle  et  confondues , 
seraient  rangées  par  ordre  alphabéti- 
que? L'Encyclopédie  eût  été  bien  plus 
intéressante  et  plus  instructive,  si  les 
sciences  y  avaient  été  traitées  par 
classes,  et  telles  qu'elles  ont  dû,  par  le 
progrès  de  nos  esprits,  s'embrancher 
les  unes  sur  les  autres.  Si  l'on  avait 
suivi,  pour  leur  exposition,  ce  tableau 
divin  qui  est  à  la  suite  de  la  préface, 
elle  eût  été  alors  à  la  fois  l'école  et 
l'archive  de  toutes  les  sciences  des 
hommes.  Tous  les  autres  livres  de  Tu- 
nivers  détruits,  elle  aurait  suffi  pour 
conserver  nos  lumières.  En  un  root,  la 
postérité  eût  avec  respect  appelé  no- 
tre siède  le  siècle  de  l'Encyclopédie , 
comme  l'époque  de  l'événement  le 
plut  important  et  le  plus  glorieux  pour 
i'immanilé. 


écrit,  ou,  s*ib  ont  écrit,  ils^n'ont  pas 
donné  d'ouvrages  dogmatiques.  Pres- 
que toujours  des  conmientateurs  pé- 
nibles, des  faiseurs  de  systèmes ,  des 
hommes  sans  génie  (1)  ont  multiplié 
les  ouvrages,  sans  étendre  les  connais- 
sances ;  de  là,  Topinion  si  triviale  et  si 
ftiusse,  quand  elle  est  absolue,  que  les 
écrits  militaires  sont  inutiles,  que  h 
science  ne  s'apprend  pas  dans  les  li- 
vres, etc.;  de  là,  le  ridicule  dont  on 
cherche  à  couvrir  les  militaires  qui 
écrivent,  et  surtout  ceux  qui  osent  pu- 
blier leurs  recherches  :  préjugé  qui  ne 
peut  qu'entraver  le  talent  et  entretenir 
Tignorance. 

Quels  livres  de  tactique  peuvent  au- 
jourd'hui servir  a  l'iiistruction?  Sera- 
ce  Puysegur,  dont  les  principes  sont 
ou  faux,  ou  totalement  détruits  par  la 
tactique  actuelle?  Sera-ce  Folard,  dont 
le  préjugé  soutient  la  réputation?  Gui- 
chard,  plus  instructif  que  Folan}  sur 
les  faits  de  l'antiquité,  mais  n'ensei- 
gnant rien  de  la  tactique  moderne? 
Seront-ce  ces  dissertations  sur  l'ordre 
de  profondeur?  ces  systèmes  tour  à 
.tour  détruits  et  renouvelés?  Seront-ce 
toutes  ces  controverses  polémiques, 
qui  n'ont  rien  éclairci?  Au  milieu  de 

(1)  Je  suif  loin  de  romprendre  dan»  rette 
classe  quelques  auteurs  respectables  qui  oot 
écrit  sur  dffrérentei  parties  de  la  guerre,  écran- 
gères  à  to  «âclh|ae,  f»imiit  ¥aabaa.  ittuu- 
Cri»>  aie.  Je  «>  oMuprMvla  oaïuiiiaiMDi  pis 
plusieurs  auleurs  esil«4«  «t  YiVAn«,  <tal  les 
ouvrages  ont  développé  mes  ooDoa^laaances  at 
mon  émulation,  tels  que  M.  le  comte  Turpin. 
M.  de  Meterei,  M.  l»«nDeanil-]>iirand,  me.  h 
parle  de  ce  nombre  jinfiai  d'écrivains  qui  ont 
ri^aodtt  las  téjMy»res^  ia  cawplicaliQtt  ai  ramai 
sor  une  science  que  l'on  poiirraii  rendis  il 
rossant",  ^imylc  et  lumiuauis 


*¥" 


SCIBNrB    MILITAIRE. 


987 


tes  oaYfagcs,  on  peut  trouver  des  idées  '  certain  que  le  nom  des  généraux  et 
itOes,  des  vues ,  de  l'érudition  ;  mais  {  Tépoqne  des  batailles.  Ce  sont  les  ga- 
nrec  do  génie,  avec  des  lumières,  corn-  j  zettes  du  temps ,  plus  ou  moins  éio- 


flteutifdire  pas  rebuté  de  leur  aridité, 
lé  Umti  longueurs,  de  lenr  style  ?  Sans 
jWe,  auf  lumières,  comment  j  dé- 
itter  ce  petit  nondire  de  vérités,  per- 
|kl  duiB  on  abîme  d*erreiirs? 
*  CMte  disette  d*ouvrage8  didactiques 
iPUMà  1^  égailement  pour  tes  onvra- 
jlét%b  niadmes.  César,  Rohan,  Mon- 
iWdeirii ,  Tnrenne  «  Saxe ,  le  wi  de 
htfM^,  en  oflVfront  dans  tous  les  temps 
\*ifai  mm  les  entendre  ;  mais  il  faut 
fftiurquer  que  ces  livres  ne  peuvent 
wÉ  être  mis  entre  tes  mains  de  tout  le 
Ilinide  :  quils  ne  peuvent  être  médités 

Ee  {Mir  des  généraux  formés ,  ou  par 
I  offlciers  propres  à  le  devenir.  La 
nânlère  dont  ces  grands  hommes  ont 
«rit  p*est  ni  assez  détaillée  ni  assez 
lafre  ;  ils  écrivaient  pour  se  rendre 
XHnpte  à  eux-mêmes,  plutAt  que  pour 
ttalndre.  Cest  ainsi  que  procède  le 
(ènle,  toutes  les  fois  qu'il  ne  s'est  pas 
ÏMiné  le  plan  bien  décidé  d'enseigner. 
S  traite  les  objets  comme  il  les  a  vus , 
^M-è-dire  rapidement  et  en  planant 
ÉDor  eux.  n  ne  descend  pas  dans  les 
dètaib.  Il  supprime  toutes  les  id<^es  in- 
tamiédiaires,  par  lesquelles  le  commun 
des  hommes  se  traîne  avec  effort  d'une 
vétllft  à  raotre. 

Un  autre  genre  d'ouvrages  militai- 
rtt«  que  nous  possédons  en  grand  nom- 
lèe,  ce  sont  les  mémoires  contempo- 
Mn,  les  histoires  des  guerres  ;  mais 
JHMbien  peu  d*hommes  sont  en  état 
éfi  démêler,  dans  des  hits,  les  consé- 
j^tÉenoea  et  les  causes?  Combien  peu 
irhottunes  savent  lire  avec  fruit?  Vail- 
Iteft  combien  peu  de  ces  ouvrages 
itnt  inatructih?  Combien  peu  sont 
fiifa  par  des  gens  de  guerre  ?  Dans  ta 
ikiptrt  des  histoires,  Je  ne  vois,  en 
Ikit  d*éfènemens  miHfaires ,  rien  de 


quemmcnt  rédigées.  J'avance  que  dans 
le  genre  didactique,  il  n*y  a  presque 
pas  d'ouvrages  utiles  sur  la  guerre, 
qu'il  n'y  en  a  surtout  presque  point 
d'utiles  et  d'intéressans  i  la  fois. 

La  moitié  de  l'Europe  est  habitée 
par  des  artistes,  des  rentiers,  la  plupart 
célibataires,  gens  qu'aucun  lien  n'atta- 
che au  sol  sur  lequel  ils  vivent,  et  qui 
affichent  hautement  cette  maxime  dan- 
gereuse :  176»  benè,  ibipatria,  «  La  peste 
>  est  en  Provence  ;  eh  bien  !  disent 
»  ces  cosmopolites ,  j'irai  habiter  la 
»  Normandie.  Li  guerre  menace  la 
»  Flandre  ;  j'abandonne  cette  frontière 
»  à  qui  voudra  la  défendre  «  et  je  vais 
»  chercher  la  paix  dans  les  provinces 
»  éloignées.  Je  porte  avec  moi  mon 
»  existence ,  mon  art ,  ma  fortune  ; 
»  partout  la  terre  nourrit  et  le  soleil 
»  éclaire.  » 

Ainsi,  tandis  que  les  arts  et  les  let- 
tres ont  poli  les  nations,  éclafré  les  es- 
prits, rendu  les  mœurs  plus  douces,  les 
gouveriiemons  n'ont  pas  su  empêcher 
que  les  vices  des  hommes  ne  tournas- 
sent en  poison  une  partie  de  ces  re- 
mèdes salutaires.  C'était  du  progrès 
des  connaissances  elles-mêmes  qu'ils 
devaient  tirer  les  moyens  de  rendre  les 
peuples  plus  forts  et  plus  heureux.  Il 
fallait  veiller  à  ce  qu'elles  ne  se  portas- 
sent que  sur  les  objets  utiles,  à  ce 
qu'elles  n'attaquassent  point  les  pré- 
jugés nécessaires.  Il  faHait  soutenir  c  ^ 
préjugés  par  tontes  les  ressources  d<ï 
la  législation.  En  vain  nos  vices  eus- 
sent tenté  de  détruire  les  vertus  natio- 
nales. Le  cri  de  la  nature,  l'amour- 
propre,  les  récompenses,  l'honneur,  la 
honte,  les  peines,  et  surtout  Tamour 
qu'inspire  un  bon  gouvernement,  Pau- 
raient  hautement  emporté  sur  eux. 


388  MUtiQCfi. 

Le  (latriotisnie  eât  repris  des  forces,  ii  coutuioerait  à  Tordre  qu'il  doit  obscr- 
tdt  été,  non  ce  fanatisme  funeste  que  j  ver  dans  les  marches ,  au  spectacle 
nous  admirons  trop  chez  les  anciens,  |  d'une  armée,  au  bruit  de  l'artillerie, au 
mais  cei  assentiment  réfléchi  de  re-  1  concours  des  autres  armes*  avec  la 


connaissance  et  de  tendresse  qu'une 
Tamille .  heureuse  a  pour  sa  mère.  Il 
Callait  empêcher  que  l'industrie  se 
portât  vers  les  objets  de  luxe.  Cela 
(lait  facile  ;  car  les  arts  fin  voles  ne  sont 
i}uc  le  produit  des  lumières  humaines 
mal  employées.  Ils  sont  le  résultat 
(i'un  bon  levain,  tourné  en  corruption. 
Les  lettres,  contre  lesquelles  on  décla- 
me tant,  n'inspirent  certainement  ni 
la  soif  des  richesses,  ni  la  mollesse,  ni 
le  goût  des  superfluités  de  la  vie. 

C'est  une  chose  bizarre  que  l'espèce 
d'instruction  que  l'on  donne  aujour- 
d'hui aux  troupes  ;  elle  ne  roule  que 
sur  un  maniement  d'armes  et  sur  quel- 
ques manœuvres,  la  phipart  compli- 
quées et  inutiles  à  la  guerre.  Qu'il  y  a 
loin  de  cette  misérable  routine  à  un 
S}  stème  d'éducation  militaire  qui  com- 
mencerait par  fortifier  et  assouplir  le 
i'orps  du  soldat,  qui  lui  apprendrait 
tMisuite  à  connaître  ses  armes,  à  les 
manier,  à  exécuter  toutes  les  évolu- 
lutions  qu'il  doit  savoir,  à  se  livrer, 
dans  rintervalle  de  ces  exercices  et 
comme  par  délassement,  à  des  jeux 
propres  à  entretenir  sa  force  et  sa  gat- 
té!  Après  qu'on  aurait  ainsi  dressé  le 
soldat,  on  le  familiariserait  avec  des 
représentations  simulées  de  tout  ce 
qu'il  doit  faire  à  la  guerre  ;  il  saui:ait 
]iorter  des  fardeaux,  remuer  la  terre, 
faire  des  marches  forcées,  passer  des 
rivières  à  la  nage,  travailler  avec  adresse 
à  toutes  les  parties  d'un  retranche- 
ment. Passant  une  partie  de  sa  vie 
dans  des  camps,  il  acquerrait  l'habi- 
tude du  service  qu'il  y  doit  faire,  de  la 
conduite  qu'il  doit  tenir  dans  un  poste 
avancé,  en  faction ,  en  patrouille.  Au 
moyen  des  grandes  manœuvres,  il  s'ac- 


sienne.  Dans  les  exercicea  des  places, 
on  lui  ferait  contracter  l'habitude  des 
travaux  de  tranchée  et  de  défense  ;  <m 
lui  apprendrait  à  couper  unc^alissade, 
à  la  planter,  &  dresser  une  échelle,  à 
attacher  un  pétard ,  ou  à  soutenir  les 
gens  qui  l'attachent,  à  ouvrir  un  cré- 
neau, à  savoir  s'y  pbcer,  etc.  Accou- 
tumé, dans  toutes  les  droonstances,  à 
garder  le  silence,  à  obéir  aux  signanx 
et  à  la  voix  de  ses  officiers,  à  ne  pas 
s'emporter  aunlelA  du  point  attaqué , 
connaissant  enfin  toutes  les  situations 
que  la  guerre  peut  offrir,  le  soldat  la 
d^irerait  sans  cesse,  on  plutôt,  au 
danger  près,  la  paix  elle-même  serait 
pour  lui  une  guerre  continuelle. 

Il  y  aurait,  dans  un  système  d'édu- 
cation pareil,  une  instruction  progres- 
sive et  relative  à  tous  les  grades  ;  car,  là 
où  le  soldat  apprendrait  les  devoirs  de 
soldat,  rofficier  subalterne  apprendrait 
à  conduire  sa  troupe,  le  capitaine  si 
compagnie,  le  colonel  son  régiment, 
l'offlcier-général  sa  division,  le  général 
son  armée. 

Qu'en  France,  où  le  prince  est  tout, 
où  son  exemple  est  législateur,  où  ses 
mœurs  déterminent  les  mœurs  publi- 
ques, un  roi  veuille  ramener  ses  cour- 
tisans à  une  vie  agissante  et  militaire, 
que  la  sienne  soit  telle  ;  qu'il  fasse  éle* 
ver  ses  enfansdans  ce  principe;  qu'il 
assiste  à  leurs  exercices:  qu'il  flétrisse 
de  son  indifférence  les  jeunes  gens  oi- 
sifs, voluptueux,  ignorans;  qu'il  dis^ 
tingue  les  autres,  bientôt  on  verra  dis* 
paraître  la  mollesse,  le  libertinaf^  la 
débauche  obscure  et  ruineuse,  et  tous 
les  vices  qui  dégradent  les  grands  sei- 
gneurs; bientôt,  à  la  génération  ac- 
tuelle, succédera  une  génération  pro- 


IGUHCB   «IIITAIAE 


IM  à  la  gMnre  et  à  la  gloire.  Ce  champ 
de  Mare  qve  llierbe  couvre,  et  dont  la 
Seine  baigne  inutilement  les  bords, 
ranmoUera  à  ce  champ  fameux  qu'ar- 
rosait le  Tibre  ;  on  s'y  exercera  à  vain- 
cre; les  itatPes  de  Henri ,  de  Condé , 
de  Torenne/en  décoreront  l'enceinte  ; 
èHea  crieront  à  leurs  descendans  :  Ces 
fiédëÊiamm  fgaimideni.  De  la  cour  et 
de  la  apftale ,  l'esprit  d'honneur  et 
de  courage  passera  dans  les  provin- 
œa  éCoDcées.  La  noblesse,  revenue 
des  jouissances  de  luxe  et  de  mol- 
loee,  abandonnera  les  villes  pour  ren- 
trer dans  ses  châteaux;  là,  elle  se 
trouvera  plus  heureuse  et  moins  con- 
ffondM  ;  elle  reprendra  les  mœurs  de 
ses  aîenx ,   en  conservant  ses   lu- 
BÛères;  die  redeviendra  guerrière; 
lagoAt  des  armes  et  des  exercices  mi- 
lilaiies,  ramené  dans  la  noblesse,  pas- 
sera bientôt  chez  le  peuple  ;  la  bour- 
geoiaie  ne  regardera  plus  Tétat  de  sol- 
iat  comme  un  opprobre  ;  la  jeunesse 
des  campagnes  ne  craindra  plus  de 
tomber  à  la  mUice;  elle  s'assemblera, 
hs  dîmanclies  et  fêtes,  pour  disputer 
des  prix  de  saut,  de  course  et  d'adresse. 
Ces  prix,  que  le  gouvernement  fonde- 
frit  dans  chaque  paroisse,  vaudraient 
ttille  firis  mieux  que  la  stérile  et  coù- 
tase  assemldée  annuelle  des  milices; 
Car,  ayei  des  paysans  vigoureux,  les- 
lea,  déjà  accoutumés  au  bruit  des  ar- 
abes et  à  les  manier;  ayei,  en  même 
temps,  une  bonne  discipline  et  des 
^Bders,  vous  formerez  bientôt  des 
«116010.  Qn*on  ne  croie  pas,  au  reste , 
^la'iine  révohition  pareille,  dans  les 
«sprita  et  dans  les  mceurs,  devint  fu- 
^^MSle  ni  k  ragriculture  ni  à  la  tran- 
faillite  du  royaume.  Une  nation,  ainsi 
OMMifuée,  n*en  smiit  que  plus  portée 
et'phis  endurcie  aux  travaux.  Ce  sont 
les  peuples  laboureurs  qui  sont  les  plus 
jiuerriers.  Qu'on  bP  rappelle  les  Ro- 


mains dans  leurs  beaux  jours  ;  qu'on 

voie  les  Suisses.  L'État  y  gagnerait  la 
réforme  d'une  partie  de  ces  armées 
nombreuses  qu'il  entretient  sur  pied. 
Lorsqu'un  pays  entier  .est  militaire,  an 
premier  signal,  tous  ses  habitans  sont 
seft  défenseurs.  Quant  à  la  tranquillité 
publique,  elle  n'en  serait  que  plus  as- 
surée ;  l'histoire  le  prouve.  Où  se  for- 
mèrent la  fronde  et  la  ligue?  Dans  Pa« 
ris,  au  milieu  de  cette  populace  Uiche« 
corrompue,  avide  de  nouveautés ,  qui 
habite  les  villes.  L'habitant  de  la  cam- 
pagne, occupé  de  sa  culture,  attaché  à 
l'espoir  de  sa  récolte,  chérit  hi  paix  et 
les  lois  qui  la  lui  donnent  IHsons-Ie 
enfln,  jamais  la  crainte  des  révolutions 
ne  doit,  en  pareil  cas,  arrêter  les  opé- 
rations de  la  saine  et  sage  politique  ; 
lesgouvernemens  ne  les  redoutent  que 
quand  ils  sentent  leur  faiblesse  ou  leur 
injustice. 

Si  l'on  ne  veut  pas  que  le  royaume 
entier  devienne  une  école  de  travaux 
et  de  guerre,  il  faudrait  du  moins  que , 
lorsque  les  soldats  sont  enrôlés ,  les 
exercices  de  corps  fissent  une  partie 
considérable  de  leur  instruction.  Il  est 
étrange  qu'uniquement  dressés  à  ma- 
nier un  fusil,  et  à  garder  pendant  trois 
heures  des  attitudes  pénibles  et  con- 
traires au  mécanisme  du  corps,  Ib 
n'aient,  quand  la  guerre  arrive,  aucune 
habitude  des  travaux  qu'elle  exige. 
Aussi  une  marche  tant  soit  peu  forcée 
les  étonne;  un  ruisseau  les  arrête; 
quatre  jours  de  pionnage  les  rebutent. 
Si  l'on  me  dit  que  nos  exercir^  actuels 
les  occupent  déjà  assez,  je  répondrai 
que  c'est  parce  que  nos  manœuvres 
sont  compliquées,  nos  méthodes  d'ins 
truction  mal  entendues,  notre  préten- 
tion de  précision  et  de  perfection,  sur 
beaucoup  de  points,  minutieuse  et  ri-  ' 
dicule.  Je  répondrai  que  la  preuve  que 
nos  ^oldats  ne  sont  pa$  assez  occupés; 


3M 


POUTIQDB. 


c*est  que ,  ponr  remplir ,  dit-on  ,  leur 
>,  temps,  on  les  surcliarge  de  règles  de 
-discipline  Inquiétantes  et  odieuses; 
c'est  qu'on  a  crié  une  tenue  qui  leur 
fait  passer  trois  heures  par  jour  à  leur 
toilette,  qui  en  Riit  des  perruquiers* 
des  polisseurs ,  des  vernisseurs ,  tout , 
en  un  mot,  hormis  des  gens  de  guerre. 
Et  que  résulte-t-il  de  cette  vie  fainéante 
et  pourtant  pénible,  de  ces  travaux  qui 
se  font  la  plupart  assis  et  à  l'ombre? 
C'est  qu'un  soldat,  qui  a  servi  pendant 
dix  ans,  ayant  perdu  toute  souplesse, 
toute  aptitude  aux  travaux  do  corps, 
est  contraint  de  se  faire  artiste,  laquais 
ou  mendiant.  Qu'arriverait-il  de  l'é- 
changé de  ces  occupations  firivoles  en 
travaux  durs  et  pénibles  ?  C'est  (|u'un 
laboureur  serait  plus  propre  à  être 
soldat  ;  (f  est  qu'un  soldat,  quittant  ses 
travaux,  reprendrait  sans  peine  la  bê- 
che et  la  charrue. 

La  misère  de  nos  soldats  est  une  des 
principales  causes  de  l'avilissement  de 
cette  profession.  Dans  la  phipart  des 
garnisons  du  royaume,  ils  n'ont  pas 
de  quoi  se  nourrir.  Il  est  incroyable 
par  quelle  complication  de  petits  dé- 
tails, de  moyens  parcimonieux  el  abu* 
sifs,  les  chefs  des  corps  sont  obligés  de 
suppléer  à  la  modicité  de  la  solde. 
C*est  avec  six  sous  huit  deniers  par 
jour  que  le  roi  paie,  habille,  équipe  et 
nourrit  un  soldat  ;  c*est  avec  trois  sons 
par  jour  qu'on  hii  donne,  les  retenues, 
pour  ta  masse  d'habillement,  pour  ceK 
Te  de  finge  et  de  chaussure,  pour  k 
livre  et  demie  de  pain,  souvent  d'une 
qualité  très  médiocre,  ayant  été  pré- 
levées, que  ce  soldat  e&t  obNgé  de 
pourvoir  à  sa  subsistance  et  à  son  en-* 
tnrtien  joumalf^sr.  C'est  avec  cela  qu'il 
but  qu'n  soit  poudré,  ciré ,  vernissé , 
en  un  root,  sans  trou  ni  tache.  C'est  ce 
soldat,  allrislé  de  son  état,  fatigué  dtr 
(c>  qU'op  f  sige  de  lut,  ciichainé  par  h 


discipline,  surchargé  dans  seti  caserai 
d'une  infinité  de  petites  règles 
nastiques,  nécessaires  sans  doute^ 
que  son  attachement  à  sa  profèssioB 
pourrait  seul  lui  faire  supporter  ;  c'est 
cet  homme,  souvent  «iténué  par  um 
modique  nourriture,  toujours  réduit  à 
boire  de  l'eau,  privé  de  toute  espèee  de 
divertîssemens,  humilié  par  rinsoleole 
fainéantise  de  la  livrée,  par  le  mé|iris 
du  dernier  bourgeois,  par  la  dépensa 
que  le  plus  pauvre  artisan  fait  pour  sa 
récréation,  les  jours  de  dimaaebes  et 
de  fètea;  c'est  ce  soldat,  n'ayant  aa> 
dessous  de  lui,  dans  la  classe  des  mat* 
heureux,  que  rhonune  manquant  de 
tout ,  ou  ce  journalier  de  nos  campa* 
gnes,  qui  partage  avec  sa  famille  a» 
pain  trempé  de  sueurs  et  de  lannea; 
cest  lui  qui  doit  défendre  la  patrie^  et 
verser  son  sang  pour  elle  ;  c'est  de  loL 
qu'on  a  l'injustice  d'exiger  de  Tho»^ 
neur  et  des  vertus  ;  et  nos  fimtiHtatioM 
militaires  se  bouleversent  depaia  vm 
siècle,  sans  qu'on  remédie  à  ce  vîca. 
primitif,  sans  qu'on  veuille  sentir  qu'a- 
vant de  discipliner  et  d'instnâre  dea 
troapes,  il  faudrait  leur  donner  de  la 
considération  et  les  nourrir. 

Chaque  classe  d'hommes,  cluMpie  aa* 
tion  a  sa  démardie  conuoe  sa  physio- 
nomie. Qu'on  voie  mareher  um  BMipia 
ou  un  AHemaad ,  ua  Holiaadaîa  ou  aa 
Provençal,  ou  honune  élevé  daas  lei 
villes  o«  ua  haUlaat  de  la  caai- 
pagne,  a»  bhourear  ou  un  artiala, 
on  recomiaitni  eea  difféceacea;  on  aa 
apercevra  jasqM  dans  la  marche  de 
deux  fipères  n^dans  h  aataseclûaat  af 
élevés  dans  le  oième  métier  :  i*uo  baîa- 
sera  la  pointa  dapied.  L'autre  marchera 
du  talon-;  l'un  mardMm  pesanauBt 
et  lentement,  Tantre  avec  lâgèrateat 
vitesse,  effets  înfMKibiea  di^  la  diflé- 
rence  de  leury  eonslîtiilions ,  de  ceike 
de  leurs  <!sraelèn;»,  et  ihi  pli  aiatiiifial 


SCIBHCK  mUTAlAE. 

i  pirticttlier  de  iuouvement  que  leurs 
auront  contracté  dans  l'en- 
II  D'y  a  qu'un  seul  point  sur  le- 
Ml  le  nnécanisme  de  la  «larche  s'o- 
n  nmUaUeoMBt  cbes  tous  les 
HBaet.  Tottft  accompagnent  de  leur 
ipa  to  tranaport  da  la  jambe ,  tous 
aftant  alternativement  le  poids  du 
rpp  aur  la  jambe  qui  est  à  terre ,  et 
MBt,  eo  fliAme  temps  qu'ils  posent 
Ile  jambe  à  terre,  le  pied  opposé  qui 
•lanBer  le  seeond  pas. 
Toates  les  fois  que  les  bataillons  se- 
nt rénnia,  toutes  les  fois  qu'ils  eier- 
vaot  en  terrain  libre  et  ouvert,  il  Euut 
t0  les  tambours  et  la  musique  aecom- 
((■eut  leur  marche  et  leurs  raouve- 
Ma;  il  le  faut  à  plus  forte  raison  de- 
nt rmiiemi  ^  ou  l'ame  du  soldat  a 
a  phia  besoin  d'être  é<'hauffée  et 
ntonuc.  ic  désirerais  pour  cela  que 
m  ÉMlrwnens  fussent  plus  sonores, 
aa  édetana,  que  le  rithnae  de  noire 
nriqm  Mt  pin»  vif,  plus  serré,  plus 
nplé  à  In  difiérence  des  circouslan- 
nntdeanKHivemena;  qu'il  y  eût,  par 
enqilaf  deaak&eonsaerésau  combat, 
aia  à  In  gnerre  et  pendant  les  conv- 


petite  quantité,  qui  n'étaient  chassé<) 
qu'à  bras  ou  par  Faction  d'une  iiorde , 
moteurs  faibles,  incertains,  suj(*ts  à 
inconvénient  et  à  déviation,  a\ec  cos 
petits  globes  de  métal  que  le  soldat 
peut  porter  en  grand  nombre,  et  qui 
sont  forcés  à  suivre  une  direction  pres- 
que certaine,  par  la  forme  de  ces  tubes 
cylindriques  dans  lesquels  ik  sont  com- 
primés, et  par  la  force  de  ce  fluide  in- 
flammable et  élastique  que  le  duban- 
dement  d'un  ressort  anime  et  met  en 
action  avec  une  vitesse  incroyable? 

Veut  on  une  preuve  de  la  supério- 
rité de  nos  fusils  sur  toutes  les  armes  de 
jet,  comme  frondes,  arcs,  javelots  lan- 
cés à  la  main,  etc.?  c'est  l'empresse- 
ment avec  lequel  tous  les  sauvages  du 
nouveau  monde  ont  quitté  ces  derniers 
pour  adopter  nos  fusils,  malgré  l'in- 
convénient du  bruit,  qui  cependant  en 
est  un  réel ,  même  pour  des  hommes 
dont  la  chasse  fait  toute  la  nourriture 
et  l'occupation. 

Il  faut  beaucoup  de  temps  pour  for- 
mer un  bon  cavalier.  Ce  que  j'entends 
par  un  bon  cavalier,  ce  n'est  point  un 
homme  exercé  a  manier  son  cheval 
taaenlenwnl;  des  airs  dont  alors  les  i  avec  grâce  et  adresse,  ce  n'est  point  un 
idnlntions  taisent  au  plus  haut  degré  écuy cr  ;  c'est  un  homme  robuste ,  place 
et  de  véhémence.  Nos  or-  à  cheval  ainsi  qu'il  doit  l'être,  rclative- 
raient-ib  changé?  La  musique  ment  a  la  structure  de  son  corps  et  a 
dégénéré?  Se  serait-elle  |  la  facilité  la  plus  grande  de  le  gouver- 
llllin*  afiEsibliet  On  bien  doit-on  ner,  le  gouvernant  et  le  dirigeant  à  son 
de  iaUe  on  qpe  l'histoire  rap-  i  gré  ;  mais  plutôt  par  l'éperon  et  le  poi- 
ce  TinnUién,  de  cet  air  pbry-  gnet,  plutôt  par  son  étreinte  et  son  as- 
iiipifr^ formait  les  peuples  de  laCirëce  siette  vigoureuse,  que  par  les  aides  et 
aux  armaaî  toutes  les  finesses  de  l'équitation  ;  c'est 

l^ii'nsi  pas  deuteu ,  je  croîs,  que  nn  homme  intrépide  à  cheval,  et  qui, 
derjpt,  ea  considérant  nos  moins  instruit  que  brave ,  n'imagine 
telsir  ne-snient  iuiiniment  rien  d'impossible  pour  son  cheval  el 
pirienres  à  cieUet'  des  anciens,  tant  \  pour  lui  ;  c'est  avec  cela  un  homme  qui 


tangmrardd  la  portée,  que  penr 
..Qnell»  différence,  en  effet, 
tnaits  kMvds,  embarrassans,  que 


aime  son  cheval,  qui  le  soigne  commis 
un  fantassin  doit  soigner  son  fusil  :  qui 
connaisse  tous  les  détails  joumnliers 


a^at  nei  pouvait  porter  nu-eni  nécessaires  à  sa  conservation  ;  aui  ait 


392 


fOLlTlQCB. 


fail  plusieurs  campagnes,  et  qui,  par 
conséquent ,  familiarisé  avec  les  com- 
bats, les  fatigues,  les  accidens,  ne  soit 
étonné  de  rien.  Lorsque  dans  la  guerre 
fabuleuse  des  Centaures,  les  Grecs  par- 
lentde  ces  in^épides  Chiron,  Orion  et 
autres,  à  la  tète  chenue  et  aux  jambes 
infatigables ,  c'étaient  sans  doute  de 
vieux  cavaliers  thessalîens,  montés  sur 
des  chevaux  vigoureux;  c'étaient  des 
cavaliers  tels  que  le  mien  qu'ils  vou- 
laient peindre.  Une  partie  de  notre 


et  sans  expérience ,  ne  peut  se  com- 
parer qu'à  déjeunes  élèves  de  Dugnast 
rassemblés  en  escadrons. 

C'est,  ce  me  semble,  une  étrange 
rhose,  et  qui  porte  bien  Tempreitite  du 
caractère  national,  que  le  système 
d'après  lequel  nous  travaillons  depuis 
six  ans  à  former  notre  cavalerie.  Elle 
était  dans  l'ignorance  et  enchaînée  par 
les  vices  de  sa  constitution;  elle  ne 
pouvait  faire  un  pas  pour  en  sortir.  La 
paix  de  1763  se  fait;  le  gouvernement 
chan  ge  cette  constitution  et  en  substitue 
une,  si  non  parfaite,  du  moins  propie 
à  l'essai  d'une  instruction,  et  à  l'encou- 
ragement de  l'émulation.  Oo  dit  an 
gouvernement,  et  on  lui  dit  avec  rai- 
son, que  le  grand  vice  de  la  cavalerie 
française  est  le  défaut  d'instruction  ; 
qu'elle  ne  sait  pas  manier  ses  chevaux; 
qu'avant  de  dresser  l'escadron ,  il  faut 
dresser  le  cavalier.  Le  gouvernement, 
frappé  de  cette  vérité ,  ordonne  qu'on 
construise  des  manèges,  appelle  des 
écuyers,  jette  un  coup  d'œil  favorable 
sur  tous  ceux  qm'  apportent  du  zèle  et 
de  l'aptitude  aux  institutions  nou- 
velles. A  l'instant  toutes  les  têtes  fer- 
mentent; les  villes  de  guerre,  les  quar- 
tiers se  remplissent  d'écoles  d'équita- 
Uon  ;  il  n'y  a  plus  de  bons  officiers  que 
ceux  qui  manient  un  cheval  avec 
adresse ,  les  vieux  cavaliers  n*ont  ni  la 


souplesse  nlia  grâce  qu'on  exige;  il 
faut  les  renvoyer,  il  faut  en  user  de 
même  à  l'égard  des  anciens  oflden. 
On  dirait  que  toute  la  science  de  la  ca- 
valerie s'apprend  dans  la  pomière  àm 
manèges.  Cependant,  ao  milieu  de 
cette  effervescence,  les  prindpes  de 
l'équitation  ne  sont  ni  poîés*  ni  recon- 
nus ;  on  les  discute ,  on  les  change. 
Deux  systèmes  différens  partagent  les 
opinions,  sans  compter  nombre  de  pe« 
tites  éducations  particulières  imagi- 


cavalerie,  bien  tenue,  mais  sans  barbe   nées  par  les  chefs  des  régimens.  Les 


années  passent,  les  chevaux  seruineol, 
les  cavaliers  sont  excédés,  on  fomne 
dans  chaque  régiment  quelques  ofB- 
ciers  écuyers,  et  dix  ou  douie  cava- 
liers (sous-officters  dans  une  acadé- 
mie )  créats  :  notez  que  ces  denûers  le 
sont  à'peine,  qu'ils  désirent  leur  congé 
pour  aller  se  faire  piqueurs  en  France 
ou  chez  l'étranger.  Dans  les  régimens 
les  plus  avancés,  on  met  dnqnnite  ou 
soixante  hommes  par  escadron  en  état 
de  manœuvrer ,  on  forme  les  autres 
successivement,  mais  aucceisivenient 
aussi  l'engagement  des  lionmies  for- 
més est  à  son  terme  ;  des  recrues  leor 
succèdent,  des  chevanx  neufii  rempla- 
cent de  même  les  chevaux  dressés  el 
ruinés ,  chose  devenue  synonyme  par 
les  travaux  établis  dans  les  manèges. 
Bref,  dans  cette  fluctuation  continuelle 
d'individus  et  de  principes ,  dans  ces 
écoles  outrées  de  détiH  et  de  précisiott^ 
tout  se  consume,  les  hommes,  les  die* 
vaux ,  et  ce  qu'il  y  a  de  phn  prédenx 
encore,  le  temps  de  la  paix«  ce  temps 
fugitif  et  irrévocable  qui  devmdt  être 
employé  à  rassembler  degrMdscaoïps, 
à  exécuter  de  grandes  manwiiwn  el 
à  étudier  leur  résultat 

Eh  !  dirait  la  raison  à  toes  ces  insti- 
tuteurs modernes,  si  la  raiSM  était  ap- 
pelée k  leur  coiaseil,  qnd  est  votre 
but?  Notre  but  est  de  sorth*  de  ili 


SCIBHCB  MILITAIRE. 


nnce,  puiiqae  tonte  l'Europe  s'é- 
claire; 7otre  but  est  de  rendre  la  cava- 
lerie majioeavrière,  et  pour  cela  d'éta- 
blir des  écoles.*. «.  D'accord,  mais 
If ant  que  d'établir  des  écoles ,  cher- 
chons la  Yérité,  posons  des  principes. 
Vous  avez,  je  pense,  songé  que  vos  ca- 
valiers sont  ou  doivent  être ,  en  plus 
grande  partie,  des  paysans  bien  épais, 
bien  grossiers ,  et  par  conséquent  bien 
sourds  à  toutes  les  recherches  d'un  art 
rafOaé.  Vous  avez  réfléchi,  sans  doute, 
que  votre  constitution  vous  oblige  à 
congédier  tous  les  ans  le  huitième  de 
c» cavaliers;  qu'il  en  meure,  qu'il  en 
déserte  tous  les  ans  quelques-uns; 
qo'en  temps  de  guerre  ces  deux  bran- 
ches de  consonunation  s'accroissent 
considérablement;  vous  avez  fait  le 
même  calcul  pour  les  chevaux;  vous 
saurez  donc  qu'il  faut ,  pour  vos  cava- 
lière et  pour  vos  chevaux  une  instruc- 
tion prompte,  simple,  et  qui  les  mette 
le  plus  tAt  possible  en  état  d'entrer 
dans  l'escadron.  Maintenant,  messieurs 
les  instituteurs ,  vous  prétendez  que 
réquitatioQ  est  la  base  indispensable 
do  cette  instruction;  mais  de  quelle 
f'spèce  d'éqnitatton  parlez-vous?  Si 
c'est  de  cet  art  qui,  à  force  de  vouloir 
rendre  un  cheral  agréable  et  souple, 
loi  fait  la  bouche  délicate,  les  aides 
fines  et  les  jarrets  tremblans;  si  c'est 
de  cet  art  par  le  moyen  duquel  vos 
jeunes  gens ,  placés  de  très  bonne 
grtce,  ne  savent  pas  au  bout  de  deux 
ans  maîtriser  un  cheval,  gardez  ces  le- 
çons pour  les  manèges  ;  elles  ne  con- 
viennent ni  à  l'espèce  de  nos  cavaliers, 
m  à  celle  de  leurs  chevaux ,  ni  au 
temps  qu'on  peut  employer  à  leur 
éducatiou;  gardez-les  à  plus  forte  rai- 
ttn ,  si  vous  n'êtes  pas  d'accord  sur 
^  vos  principes  ;  si  chacun  de  vous  veut 
asseoir  le  cavalier  et  mener  le  cheval 
à  sa  manière,  f  $  soutenant  cependant 


que  ses  principes  sont  les  meilleur!»  ; 
car  je  ne  puis  croire  que  ce  soit  d'unt^ 
main,  d'une  jambe  placée  de  telle  ou 
telle  façon,  que  dépende  entièrement 
la  conduite  du  cheval.  Vous  croyez  l'é- 
quitation  très  perfectionnée  en  France, 
vous  la  croyez  fondée  sur  des  principes 
certains  ;  je  ne  vois  pas  qu'en  France  . 
les  écuyers  soient  plus  hardis  et  plus 
adroits,  je  n'y  vois  pas  leurs  chevaux  se 
remuer  avec  plus  d'aisance  et  se  fati- 
guer moins.  Votre  prétendue  bonne 
grâce  est  affaire  d'opinion.  Quatre 
mille  ans  avant  vous  on  montait  à  che- 
val avec  des  principes  différons.  Les 
Scythes,  les  anciens  Numides,  les  Mau- 
res d'aujourd'hui ,  les  Turcs  actuels . 
tous  ces  peuplés  que  la  nature  fait  ca- 
valiers en  naissant,  sont  assis  sur  leurs 
chevaux  et  les  manient  autrement  que 
nous. 

Quelques-unes  de  ces  nations  ne 
connaissent  pas  l'usage  de  la  bride  et 
des  harnais;  encore  aigourd'hui  la  ca- 
valerie de  Maroc  et  d* Alger  a  des  selles 
plus  courtes  et  plus  légères  que  les 
ndtres  ;  des  étriers  très  larges  et  très 
courts  ;  elle  galope  le  haut  du  corps  en 
avant,  les  genoux  relevés ,  les  jambes 
raccrochées,  de  manière  que  le  talon 
appuie  légèrement  au  flanc  du  cheval. 
Voyez  les  Anglais  qui ,  cependant  ont 
les  meilleurs  chevaux  et  les  plus  har- 
dis piqueurs  de  l'Europe,  les  Espa- 
gnols, qui  ont  les  chevaux  les  plus  6ns, 
la  cavalerie  prussienne  qui,  pour  n'être 
pas  la  meilleure  de  l'Europe ,  est  ce- 
pendant la  seule  qui  soit  manœuvrière, 
cespeupIesn'ontnivotreassiette,nivos 
principes.  Tous  sontseulement  d'accord 
sur  un  point  dont  vous  ne  convenei 
pas  ;  c'est  qu'il  faut  étriver  (placer  Té- 
trier)  très  court  et  mener  dans  un  es- 
<;adron  les  chevaux  par  la  rudesse  et 
par  la  vigueur,  pluidt  que  par  art  et 
par  principes.  EnSn  messieurs ,  cott^ 


.  »•/■  •-•* 


39& 


POUTlQlift. 


thierait  la  raison,  vous  n'avez  pas,  de- 
puis six  ans ,  achevé  l'éducation  d'un 
régiment  entier.  La  moitié  de  la  cava- 
lerie du  royaume  furt  encore  les  talons 
et  change  de  main  dans  la  poussière 
Jes  manèges.  Portez  ailleurs  votre 
lente  méthode,  votre  bonne  grflce, 
votre  théorie  raffinée  ;  elles  peuvent 
être  le  fruit  de  beaucoup  de  médita- 
tions, mais  je  ne  m'en  servirai  pas  ;  car 
je  veux  des  cavaliers  et  non  pas  des 
écuyers. 

On  a  long-temps  fait  la  guerre  sans 
cette  espècede  troupes  que  nous  appe- 
lons aujourd'hui  troupes  légères;  car  les 
armés  à  la  légère  des  anciens  ne  leur  res- 
semblaient en  rien,  ni  par  leur  constitu- 
tion, ni  par  l'usage  qu'on  en  faisait  ;  ils 
étaient  vêtus  plus  légèrement  que  les  au- 
tres troupes,  ils  étaient  armés  différem- 
ment, ils  étaient  composés  d'une  autre 
espèce  d'honmies ,  ils  faisaient  cepen- 
dant corps  avec  les  pesanunent  armés, 
ils  marchaient  avec  eux,  combattaient 
avec  eux,  faisaient  en  un  mot  partie 
de  Vordonnance  de  combat.  Nos  trou- 
pes légères,  au  contraire ,  sont  armées 
et  habillées  comme  nos  autres  troupes  ; 
elles  soûtcomposées  de  la  même  espèce 
d'hommes;  mais  elles  ne  font  point 
corps  avec  elles  ;  elles  ont  un  genre  de 
guerre  et  des  fonctions  séparées.  Un 
jour  de  bataille  elles  ne  se  mettent 
point  en  ligne  ;  elles  ne  sont  presque 
comptées  que  comme  hors-d'œuvre 
dans  la  disposition  générale.  Les  Par- 
thes,  les  Numides,  les  Thessaliens, 
cette  cavalerie  si  légère  et  si  vantée 
I  dans  l'histoire ,  ne  peuvent  pas  non 
plus  se  comparer  à  nos  troupes  lé- 
gères, puisque  c'étaient  des  nations 
entières  ainsi  constituées,  habituées 
à  ce  genre  de  guerre,  de  vitesse  et 
de  désordre,  et  n'ayant  point  de  trou- 
]>es  d'une  autre  espèce  :  tels  sont  en- 
core aujourd'hui  les  Tartares  de  Cri- 


mée et  quelques  peuples  de  la  cAte 
d'Afrique. 

Comment  faisaient  donc  les  anciens 
pour  avoir  des  nouvelles ,  pour  faire 
des  courses,  pour  se  garder  contre  les 
surprises ,  pour  remplir  tous  les  objets 
dont  nous  avons  aujourd'hui  assigné 
l'exécution  aux  troupes  légères?  Cette 
question  est  trop  intéressante,  trop 
propre  à  jeter  du  jour  sur  la  grande 
partie  de  la  guerre ,  pour  que  je  ne 
cherche  pas  à  la  résoudre. 

Les  anciens  avaient  un  autre  genre 
de  guerre  que  nous;  ils  faisaient  en 
général  moins  de  marches  et  moins  de 
mouvemens;  fls  étaient  retranchés 
dans  tous  leurs  camps;  ils  avaient 
pour  principe  de  se  tenir  toujours  le 
plus  près  possible  de  l'ennemi.  En 
étaient-ils  éloignés?  Comme  leurs 
camps  étaient  des  citadelles,  ils  avaient 
moins  besoin  de  postes  extérieurs; 
dans  ces  camps  étaient  à  la  fois  lears 
arsenaux ,  leurs  magasins ,  leurs  ate- 
liers de  toute  espèce  ;  ils  avaient  soin 
de  les  asseoir  é  la  portée  de  h  mer, 
d'une  rivière,  d'une  ville  ou  d^nn  grand 
entrepôt  fortifié.  Voyons ,  pour  nous 
donner  une  idée  de  leur  conduite  à  cet 
égard,  la  belle  campagne  de  César  en 
Afrique  ;  il  n'avait  que  des  légions ,  et 
il  faisait  la  guerre  contre  une  multi- 
tude d^Afiricains,  bien  autrement  ha- 
biles que  nos  troupes  légères  à  harte" 
1er,  à  mquiéter ,  à  couper  êe»  subsis- 
tances. Les  anciens  se  raedafent-rfs 
en  marche?  Ils*  détachaient  k  leur 
avant-garde,  c'est-à-dhre  à  un  quart  de 
lieue  ordinairement,  ou  à  quelques 
stades  tout  au  plus  dans  les  pays  ou- 
verts ,  ce  quHs  appelaient  des  cou- 
reurs ;  c'étaient  des  hommes  armés  à  la 
légère,  tiilSs  des  légions ,  et  propres  à 
ce  A^rvice.  Cela  suffisait  parce  que  leurs 
armées,  peu  nombreuses,  et  rançéef 
iur  une  ordonnance  à  lignes  redou 


IQEIICB  mOATMÀME 

bMei.  passaient  pr^Hoptement  de  Tor- 
lire  de  laarche  à  celui  de  combat. 
Êtaieût-ib  dans  le  cas  de  faire  im  dé- 
taihement?  Ce  détachement  était 
mwposé  «  oa  de  gens  tirés  des  lé- 
pOM^  oa  mène  d*une  ou  plusieurs  lé- 
|iaM*  Je  parle  de  la  milice  de  Rome 
laMB  aca  beau  jours  ;  car  ensuite  eHe 
léstoéra;  elle  eut  des  équipages  im- 
\^  une  grande  quantité  de  ma- 


99i 

on  chercha,  soit  pour  profiter  de  cette 
immensité  de  troupes,  soit  pour  trou- 
ver phis  de  facilité  à  la  nourrir,  à  em- 
brasser par  les  opérations  militaires 
une  plus  grande  étendue  de  pays.  On 
fit  beaucoup  de  détachemena,  en  eut 
de  grosses  réserves,  des  corps  particu- 
liers. De  là ,  longues  et  difficiles  com- 
munications; magasins  empiacés  sur 
plusieurs  points  ;  nécessité ,  au  milieu 
chiBet  de  guerre  ;  elle  quitta  ses  ar-  |  de  ce  morcellement,  d*être  éclairés  au 
défeoaiveifiieseretranclHfplus,  |  loin  pour  avoir  le  temps  de  se  rassem- 
bler, et  d'opposer  comme  au&  échecs, 
mouvement  à  mouvement ,  et  pièce  à 
pièce  ;  nécessité  de  couvrir  ces  lon;;ues 
comnranications  et  dlnquicter  celles 
de  Tenoemi.  Ces  objets  firent  naître 
ridée  d*avoir  des  corps  de  troupes  pri- 
vativement  destinées  à  les  remplir. 
Quelques  officiers,  revenus  des  guerres 
de  Hongrie,  avaient  vu  les  troupes  ir- 
régulîèrea  turques  et  hongroises;  ils 
avaient  amené  quelques  cavaliers  de 
cette  derni^e  nation.  Ce  fut  ce  qui 
doima  au  maréchal  de  Luxembourg 
ridée  de  lever  en  1603  le  premier  ré- 
giment de  hussards  qui  ait  paru  en 
France*  Ce  régiment  se  nommait 
Mifriagnù  Ensuite  le  maréelial  de  Vil- 
larsenfit  lever  un  second,  et  Télecteur 
de  Bavière  en  donna  un  troisième  au 
roi  ;  ainsi,  dans  le  siècle  précédent ,  le 
maréchal  de  Brissac,  faisant  la  guerre 
en  Piémont,  avait  imaginé  les  premiers 
dragons  (1).  Je  cite  ee  qui  s*est  fait  en 


avec  des  milteea  de  toutes  les 
prfiaaea  de  l'Empire  $  et  alors  il  lui 
bÊÊà  de  rbfaBterie  barbare  et  de  la 
r  w#eiie  Mgère ,  pour  faire  la  guerre  en 
liant  d'riiBv  ponrgarder  ses  camps;  Ton 
nilce^  et»  résulta ,  b  honte  des ai- 
llea  romainea  et  la  ruine  de  TEmpire. 

QMttd  Gustave  et  Nassau  rétablirent 
'art  fetatntaire  en  EtMpe,  il  ne  leur 
rM  pia  dans  l'idée  de  créer  une  es- 
lèeede  trot^Mpaificuiières  pour  faire 
a  pÈlBtn  êb  atant  d'en ,  et  pour  veit- 
dr  à  in  Mreté  de  leura  armées.  Ils  se 
DOttdiihireiit  oonme  léa  anciens,  ils 
a'eiÉreiit  point  (farinées  nombreuses, 
Bb  event  peu  d'atUMIs  de  guerre  et 
f dfoipagea,  pur  eoùséqdent  moins  de 
BUgaslftn .  moins  de  convois,  des  com- 
■HicatioDa  moins  longues  et  moins 
dMIcilea.  Ces  principes  subsistatent,  à 
baMfctèup  d'égaida,  du  temps  de  Tu- 
itMne.  Ge  grand  homme  préférait  de 
tflaamdBder  de  petites  armées;  il  avait 
nfeMleftte  matlme  de  se  tenir  le  plus 
^Til  pevfèlt  à  la  portée  et  à  la  vue  de 
nMemî  ;  B  fMsait  ped  de  détache- 
MH.  il  he  ttofteiait  pas  son  armée , 
il  II  Maritt  rmduer  en  entier  ;  aussi  ne 
iANni  lias  qu'il  ait  imaginé  dé  créer 
et  troupes  légères.  On  ne  commença 
kM  f  eir  qu'apcès  lui.  Alers  les  armées 

AivinrerJVprodigieusemeht  plus  nomr- 
Yeuses  'et  plus  chargées  d'embî^rras  ; 


la  manière  de  faire  la  guerre  changea;   ctoiem kun  cbf f  .«^  ■!.  u*  é  ii-ux 


(t)  lA»  Eftpagootofarenl  lef  premien  qui  imt- 
t  ère  ni  lef  Français,  et  bientôt  toutes  les  autres 
puissances  leyèreht  sin'ressivcriiéht  des  dra- 
gons. Ces  dhàgnos  du  msMehftl  de  BrissM 
ëlaièdi  profiMtieni  de  rinfantèrie  à  cheval;  ilf 
coiiserférent pendant  qudlque  temps k  mous- 
quet et  la  pique.  On  leur  donnait  de  mauvais 
che\aux  afin  que  la  perle  Tût  moins  grande 
qoand  ils  leraienl  oi>li04s  de  les  abandonner  Ih 
ne  poruîent  ni  bottes  ni  «pert>h<,  et  Mrsqu  Ils 
metiaienl  pied  a  fenc  !>our  conibaiirf  Wt  aiia- 


^^v 


MUflQDB* 


France  parce  qa*alors  la  FraDce  com- 
bat hit  contre  rSurope,  et  que,  malgré 
ses  malheurs  dans  la  guerre  de  1700, 
c'étaient  les  règlemens  et  les  institu- 
tions de  son  militaire  qui  donnaient  le 
ton  à  l'Europe.  A  ces  hussards  et  dra- 
gons se  joignit  bientôt  l'usage  des 
compagnies  firanches.  Louis  XIY  en 
entretenait  un  assez  grand  nombre. 
C'étaient  des  compagnies ,  levées  par 
des  officiers  suisses  et  non  avouées  par 
les  Cantons,  qui  faisaientcette  sorte  de 
service ,  et  l'on  voit  dans  l'hisfoire  de 
ce  temps  là,  que  ces  compagnies,  peut- 
être  plus  utiles  que  nos  corps  de 
troupes  légères  actuels,  faisaient  des 
coups  bien  plus  hardis.  Il  eût  sans 
doute  été  heureui  qu'on  s'en  fût  tenu 
là  ;  on  s'y  tint  pendant  la  guerre  de 
1733 ,  mats  il  n'en  fUt  pas  de  même 
dans  celle  de  1740.  L'héritière  de 
Charles  VI  fut  obligée  de  se  jeter  en- 
tre les  bras  des  Hongrois  ;  alors  paru- 
rent en  Allemagne  les  peuples  de  ce 
royaume ,  les  Transilvains ,  Croates  et 
autres ,  milices  irrégulières  et  indisd- 
plinées,  que  la  maison  d'Autriche  n'a- 
vait jamais  tenté  d'appeler  dans  ses 
armées,  soit  par  politique,  soit  parce 
qu'elle  ne  s'en  sentait  pas  aimée.  Les 
généraux  de  Marie-Thérèse  en  disci- 
plinèrent une  partie;  mais,  désespé- 
rant d'assouplir  tous  ces  hommes  à 
demî-Muvages  à  la  règle  oonunune,  ib 
tolérèrent  que  l'autre  partie  continuât 
de  servir  selon  son  génie  et  ses  habi- 
tudes. Marié-Thérèse  étant  consolidée 
sur  les  trônes  de  ses  ancêtres,  conserva 
sur  pied  ses  fidèles  Hongrois  et  Tran- 
silvains qui,  plus  tard,  parurent  pour  la 
première  fois  en  Vlandre  et  sur  le  Rhin. 
Les  ignorans  affirmèrent  que  cette 
milice,  dont  la  destmation  est  de  har- 
celer san^  ceaae  les  avant-postes  et  les 
r^iand'-gardes,  avaient  détruit  nos  ar- 
môc^  do  nohémp  pI  rie  Bavière.  Il  eût 


été  plus  exact  de  dire  que  nos  armèsi 
avaient  été  victimes  du  climat  et  de 
nos  propres  fautes  ;  on  dit  qu'il  CdM 
leur  opposer  des  troupes  à  peu  prti 
semblables.  Le  maréchal  de  Saxe  Oi- 
ganisa  des  ulhans  ;  on  leva  des  ré||- 
mens  qu'on  nomma  /rotipff   %#«• 
A  l'autre  bout  de  l'Europe ,  le  roi  de 
Prusse  augmentait  aussi,  dansle  mette 
temps,  ses  hussards  et  ses  dragooi 
pour  faire  face  aux  arrièr&teDS  de 
Hongrie  ;  ainsi  se  termimi  ia  guerre  de 
17^0.  Dans  celle  de  1756 ,  cette  «f- 
mentation  réciproque  de  troopet  1^ 
gères  a  été  poussée  phis  loin  encan. 
Car,  dans  toutes  nos  oonstitotioDS  ssm 
principes,  tout  se  fait  par  imitatkn  et 
par  engouement  Telle  est  enfin  ai» 
jourd'hui  en  France  la  situation  dei 
opinions  sur  cet  objet ,  que  beauoiNip 
d'officiers  osent  avancer  que  les  trou*, 
pes  légères  sont  les  corps  lea  pliia  iij^. 
portans  et  les  plus  utiles  d'une,  armée;^ 
qu'il  faut  les  nûutiplier,  les  rendre  ah. 
périeures  en  nooîbre  et  en  bonté  à. 
celles  de  rennemi.  Il  semble,  i  les  en: 
tendre,  que  ces  corps  soient  l'épole  de 
la  guerre,  que  ce  ne  soient  qu'eux  qui 
la  fassent  ou  la  doivent  faire  :  étrange 
prévention  que  celle  qui  peut  confoih;, 
dre  aiqsi  la  pratique  de  maniw  quet; 
ques  troupes,  d'édairer  un  pays,  fifi, 
faire  quelques  expéditions   hardies*! 
d'engager  et  de  conduire  nn  petil- 
combat,  avec  la  science  immense  nt 
phisqu'humainederemuerune  «ranée» 
de  donner  une  bataiUe,  de  créer  et.dHi 
dirige  le  plan  d'une  campagne;  prt?w 
tion  dont  les  suites  pourront  fooMT 
quelques  bons   chefs  d'avantrgardt, 
peutnfttre  même  quelques  bcas  lieufair. 
nans  de  généraux,  mais  certainement 
jamais  des  hommes  du  premier  genre« 
comme  les  Turenne  et  les  Luxem- 
bourg. 
Sans  doute  il  ^ut  qu'une  armée  s'é» 


iCISHCI   MIUTÂIJUK. 


dM9e«  tomrm  §M  ooirtMinications , 
hareelle  reoDemi  ;  mais  n'y  auraitr-il 
fsi  un  syiCèiM  de  gaerre  par  lequel 
M  rendrait  tontes  ces  opérations  moins 
eompIiqnéesT  Ne  pourrait-on  pas  em- 
ployer ï  la  ploa  grande  partie  de  ces 
opérations  ce  que  nous  appelons  des 
troufieB  régulières?  Enfin,  en  admet- 
tant qu'il  faille  entretenir  des  corps  de 
IroufieB,  prÎYativement  destinées  à  les 
remplir,  la  constitution  qu'on  donne  à 
ees  oorpa,  et  particulièrement  celle 
qu'on  leur  donne  en  France,  est-elle 
la  meilleure  et  la  plus  avantageuse  ? 

Lm  machines  de  guerre  des  anciens 
étaient  incommodes  et  de  peu  d'effet. 
Noire  artillerie  est  plus  simple,  plus 
ingénienae,  plus  facile  à  mouvoir  ;  son 
eiécntioo  est  plus  certaine   et  plus 
meurtrière.  Quelques  militaires  ne  sont 
pu  de  cet  avis  ;  mais  comment  oser 
comparer  des  machines  qu'on  ne  pou- 
^t  mettre  en  jeu  qu'à  force  de  ver- 
f  im,  de  treuib,  de  moufles,  de  corda- 
ges, ides  armes  d'une  manœuvre  nisée, 
et  qui,  par  Tinflammation  subite  de  la 
pondre,  dussent  des  mobiles  plus  pe- 
sana  et  |dus  destructifs  ;  des  machines 
dont  les  montans  et  les  bras  donnaient 
lant  de  prise  aux  batteries  opposées , 
à  dm  armes  que  Ton  peut  rendre  pres- 
que inaccessibles  aux  coups  de  l'en  ne- 
an;  des  machines  dont  le  tir  n'était 
pm  hantontàl^  dont  la  plus  grande 
étendue  de  portée  était  au-dessous  de 
la  moyenne  portée  des  ndtres,  dont  la 
ffeGtitude  de  portée  était  bien  plus  im- 
pirfiaite;  des  machines  qui  permet- 
taient qu'une  place  se  défendit  plu- 
ûenra  années,  et  que  des  tours  de 
diarpente  d'une  élévation  prodigieu- 
se snbaistasaent  devant  elles  plusieurs 
jours,  i  des  armes  qui,  tantôt  sous  des 
angles  de  projection  élevés,  lancent 
leon  mobiles  à  des  portées  inouïes, 
i|Qi,  tentât  sous  des  angles  moins  sen- 


sibles, chassent  res  mobiles  horiionta- 
lement ,  battent  de  but  en  blanc  des 
terrasses  énormes,  les  détruisent  en 
peu  de  jours,  enfilent  des  prolonge- 
mens,  les  ricochent ,  empêchent  l'en- 
nemi de  s'y  maintenir,  et  finissent  en- 
fin par  détruire  toutes  les  places  qui  ne 
sont  pas  délivrées  par  des  secours  du 
dehors,  ou  par  les  fautes  de  ceux  qui 
les  assiègent. 

Qu'on  ne  conclue  pas  de  là  que  la 
science  de  l'artillerie  soit  arrivée  au 
point  de  perfection  où  elle  peut  at- 
teindre. Bimensions  des  pièces,  cons- 
truction des  affûts,  effets  de  la  poudre, 
jet  des  mobiles,  portée  de  ces  mobiles, 
presque  tout,  sur  ces  différons  objets, 
est  encore  système  ou  erreur.  Il  y  a 
peu  de  principes  dans  cette  science  qui 
ne  soient  contestés.  Plusieurs  points 
de  première  importance  sont  en(*ore 
un  problème,  et  le  seront  peut-être 
long-temps.  On  ignore  quels  sont  les 
effets  de  la  poudre  ;  jusqu'à  quel  point 
elle  agit  sur  les  mobiles  qu'elle  chasse, 
soit  relativement  à  sa  qualité ,  à  sa 
quantité ,  à  la  manière  dont  elle  est 
employée,  aux  impressions  que  l'air 
fait  sur  elle,  soit  relativement  au  mé- 
tal,  à  la  longueur  et  à  l'épaisseur  des 
pièces.  On  ignore  la  quantité  de  force 
motrice  par  laquelle  les  mobiles  sont 
chassés,  et  la  diminution  successive  de 
vitesse  qu'ils  éprouvent  par.  la  résis- 
tance plus  ou  moins  forte  de  l'air.  La 
théorie  de  la  balistique  est  encore  m- 
certaine;  on  a  cherché  en  vain  jus- 
qu'ici une  équation  générale,  qui,  dans 
tous  les  cas,  déterminât  la  courbe  dé- 
crite par  le  centre  de  gravité  d'un  corps 
sphérique  projeté  en  Tair.  On  n'a  que 
des  tables  approximatives  des  portées 
de  but  en  blanc  primitir.  lÀ  où  In  poin- 
tement  du  but  en  blanc  primitir  n'a 
pas  lien,  il  faut  le  faire  par  estime  et 
par  tâtonnement,  air^i  que  c'était  Vi 


iHiurigfttL 


ôenne  méthode,  ou  avec  le  coin  de 
aûre«  ou  bien  par  le  moyeD  des  hfiuft- 
ses  et  dei  visières  moûies,  oauveUe 
inveotioD  trop  conq^qnée,  trop  peu 
solide  peut^tre,  et  qui  exige  une  théo- 
rie prAtiqiue  et  des  précautions  qu'on 
ne  doit  pas  attendre  du  soMaft,  surtout 
au  milieu  du  tumulte  et  du  danger 
d'un  combat.  On  voit  qu'il  y  a  loin  de 
tout  cela  à  la  perfection  de  Tart  II  est 
donc  apparent  que  le  temps,  que  les 
connaissances  mathématiques  qui  se 
répandent,  et  font  de  plus  en  plus  fer- 
menter les  esprits  chaque  4<>ur,  pro- 
duiront des  découvoies  nouvelles,  et 
que  ces  découvertes  amèneront  de 
nouveaux  (wincipes.  Puisse  seulement 
le  gouvernement  eidter  le  génie  sur 
cette  importante  branche  du  militaire 
comme  sur  toutes  les  autres,  et  en 
même  temps  contenir  l'inquiétude  des 
novateurs,  ne  pas  rejeter  sans  examen, 
et  ne  pas  adopter  sans  épreuves  !  Puis- 
sent les  épreuves  qu'il  ordonnera  n'ê- 
tre pas  ce  que  j'ai  ouï  dire  qu'elles 
étaient  trop  souvent,  des  assemblées 
dont  le  résultat  est  connu  avant  qu'el  - 
les  se  tiennent,  soit  parce  que  l'au- 
torité des  officiers  qui  y  président  en- 
traine et  couvre  toutes  les  opinions, 
soit  parce  que  chacun  y  apporte  sa 
prévention  plutôt  que  son  jugement , 
et  l'avis  qu'il  veut  conserver  plutôt  que 
l'impartialité  qui  fait  qu'on  veut  voir 
avant  de  juger. 

Je  ne  vois  pas,  sans  frémir,  les  dis- 
positions de  notre  nouveau  système 
d'artillerie  relativement  à  la  formation 
de  l'équipage  de  campagne  d'une  ar- 
mée. 11  est  réglé  que  chaque  bataillon 
aura  à  sa  suite  deux  pièces  de  canon 
de  quatre ,  et  qiu'indépendamment  de 
cela,  \e  parc  de  l'artillerie  sera  com- 
posé sur  le  pied  de  deux  pièces  de  ca- 
non par  bataillon  ;  donc  une  armée  de 
oent  bataillons  traînera  à  sa  suite  qua- 


tre cents  piècM  de  ça»».  Ces  qmlia 
cents  pièces  de  canon  exégereut  deix 
mille  voitures  pour  le  trauipert  i» 
munitions,  outila^  eflMs  de 
pontons  et  astras  attifuOi 
Voilà  deui  mille  quatre  œntf  «t 
faisant  au  moins  neuf  mille  six 
chevaux  ;  voilà  plusde  deux  mUMiar- 
retiers-coadttctmm,  gardes  d'avttlirie, 
capitaines  de  charrois^  etc.  Ndiauqm, 
vu  le  mauvais  état  de  «oa  haiWi  « 
chevaux  a'aehèteiit  presque  ébus  ta 
Suisse  ou  eu  Allemagne  ;  qu•ce8cki^ 
retters  sont  tous  des  paysaoa  rohMitM , 
vigoureux,  enlevés  à  l'agriouiÉuna  eti 
la  population.  Il  faudra^  pour  le  s»- 
vice  de  ces  quatre  cents  piècea,  à  lë- 
aon  de  douse  canonniers  uu  aervMS, 
l'un  portant  l'autre,  par  pièce,  enfàran 
quatre  mille  soldats,  non  cmnipii  ks 
officiers.  Que  le  roi  ait  phiaieiirs  SH 
mées  sur  pied,  comme  le»  limoualaa 
ees  ne  peuvent  que  trop  soufoal  Kaari- 
ger  ;  qu'il  faille  attacher  de  rurtîHarie 
à  ces  armées  dans  la  même  pruportiau, 
qu'il  en  faille  garnir  les  pli 
cées,  les  côtes,  les  porta,  les  vi 
voyex  l'énorme  quantité  decanona,  de 
charrois,  d'embarras;  voyui  le  né- 
neux  entretien  de  tant  d'attiruila.  Car 
si  l'artillerie  augmente  si  prodigieuBa 
ment  dans  les  armées,  elle  a'aoarailra 
de  même  partout  ;  parlmit  ou 
en  elle  sa confianoe  unique;  ou 
quera  plus,  on  ne  défendra  phm  Im 
places  que  par  le  canon;  o»  wm  croin 
plus  ses  côtes  en  sAreté,  quu  qund 
elles  seront  couvertes  de  batterica.  Il 
en  sera  sur  mer  comme  sur  terre;  Im 
vaisseaux  ne  se  joindront  phis,  ils  ne 
se  battront  que  par  leur  artiUerie  Que 
seront,  pour  remplir  tant  d*oh}ela,  huit 
mille  hommes  d'arUierie  que  le  eei 
^entretient  aujourd'buiT  H  faudra  ou  eu 
doubler  le  nombre,  ou,  ee  que  Tou  ae 
propose  dans  le  nouvwu  a|iièie,  f 


SCIBHtt  IÉTtiTt*AfliB. 


'S^ 


nppifter  par  des  liatilllons  de  milice 
qu'on  altaehera  à  ce  senrice.  Peut-on 
tt  flatter  alora  qne  dans  un  corps  aussi 
nombreux,  il  y  ait  la  même  instniction 
rt  les  mêmes  lumières?  Peut-on  espé- 
rer que  la  plus  grande  partie  de  ce« 
bouches  è  feu  ne  sera  pas  manceuvrée 
perdes  avens  inexperts  et  maladroits? 
Frat*on  Toir,  sans  gémir  sur  remploi 
/  malentenda  des  hommes ,  la  même 
quantité  de  soldats,  qui,  du  temps  des 
Torenne  et  des  Gustave,  composait 
«enleune  armée,  ne  servir  aujourdliui 
qu'à  fa  manœuvre  des  machines  de 
«nerre  d'une  de  nos  armées. 

Quel  fruit  retirera-t-on  de  cette 
♦Tïorme  quantité  d'artillerie?  SI  Ten- 
nemi  en  a  dans  la  même  proportion , 
voilà ,  de  part  et  d'autre ,  les  armées 
difficiles  à  mouvoir  et  à  nourrir^,  voilà 
toutes  les  actions  de  guerre  réduites  à 
des  albîres  de  poste  et  d'artillerie  ;  les 
marches,  à  quelques  transports  lourds 
et  rares  d'une  position  à  une  autre  po- 
sition peu  éloignée  ;  toutes  les  opéra- 
tions subordonnées  à  des  calculs  de 
subsistance.  Dès -lors  plus  rien  de 
gnnd,  phis  de  science  militaire.  Si 
l'ennemi,  plus  habile,  ose  s'écarter  de 
Topinion  reçue,  et  n'avoir  que  cent 
cinquante  pièces  de  canon  avec  une 
année  égale  de  cent  bataillons,  tous  les 
avantages  seront  de  son  cêté.  H  com- 
binera en  conséquence  la  formation  et 
hnatare  de  cet  équipage  d'artillerie. 
Il  n'aura  point  ce  que  nous  appelons 
des  pièces  de  régiment,  parce  qu'il 
ealeulera  que  ces  pièces  n'ont  pas  des 
portées  asset  longues  et  assez  décisi- 
ves; que  dispersées  et  formant  de  pe- 
tites batteries,  elles    ne  remplissent 

(i)Diiitle  aoufcm  lyilèiM»  oa  ta  prepoM 


point  de  grand  objet  ;  que  commandées 
parles oflRciers  d'mfanterie  (i),  qui  la 
plupart  n'ont  aucune  connaissante  de 
f exécution  de  fartiHerîe,  elles  ne 
soient  souvent  mal  emplacées,  et  con- 
somment inutilement  beaucoup  de 
munition.  Par  la  même  raison  que  les 
petits  calibres  sont  de  peu  d'utilité,  Il 
aura  moins  de  pièces  de  pare  de  quatre 
longues;  il  en  aura,  je  suppose,  cin- 
quante seulement;  les  autres  seron 
toutes  du  calibre  de  huit,  de  douze  et 
d'ï  seixe.  Il  aura  sur  le  nombre  au 
moins  vingt  obusiers ,  espèce  de  bou- 
che à  feu  dont  les  tons  efiets  ne  nous 
sont  peut- être  pas  assez  connus.  En- 
suite, pour  compenser  de  plus  en  plus 
son  infériorité  d'artillerie,  que  je  sup- 
pose être  de  cent  cinquante  â  quatre 
cents,  il  aura  des  divisions  en  réserve, 
dans  différens  dépôts,  et  dans  les  pla- 
ces A  portée  de  Tannée  ;  il  saura  les 
tirer  de  là  pour  remplacer  ses  pertes, 
ou  pour  se  renforcer,  dans  des  dispo^ 
sitions  défensives,  s'il  se  trouve  réduit 
è  en  prendre.  II  renforcera  d'attelage 
toute  Tartillerie  destinée  à  suivre  son 
armée,  aura  un  grand  nombre  de  che- 
vaux haut-le-pied,  et  se  donnera  par  là 
plus  de  moyens  pour  porter  son  artil- 
lerie d'un  point  à  l'autre  et  «*'y  forti- 
fier, ou  s'y  dégarnir  rapidement  Mais 
ce  n'est  pas  tout  :  ayant  moins  d'artil- 
lerie que  rennenii,  il  la  fera  stnvîf 

toute  par  des  canonniers  plus  adroits 
et  plus  experts;  il  ne  courra  pas  risqué 
de  confier  de9  divisions  h  des  officiers 
sans  pratique  et  sans  lumières;  son 
artillerie  deviendra  donc  bientôt  supé- 
rieure du  côté  de  l'exécution.  Il  cher- 
chera de  même  à  la  rendre  telle  du 

mandants  des  brigades  ou  des  régiments,  et  Us 


fmmdim  aa  fltrfice  4m  piteet  ëe  réstamni-  |  eeront  obligés  de  se  conformer  h  ce  t\m  ces 
^  ooiapigiiias  4h  fioria  lojfal  ;  mta  ks  oOk  ^  «taraieia  détermiMNiit  pour  r— plwwtfiitai 


9iers  du  corps  rojaj,  qui  commauderoot  ces 
compagnies,  ne  seront  pas  ans  ordres  descora- 


1  exécutkm  de  leurs  pièoia. 


M* 


POLITIOIW. 


cdie  de  la  rapidité  des  mouvemeus.  Il 
la  fera  entrei  «  avec  plus  d*intelligence, 
dans  la  combinaison  de  ses  dispositions 
de  marche  et  de  combat  II  la  manœu- 
Tiera  comme  ses  troupes,  et  de  con- 
cert aYec  elles.  11  créera  enfin  pour  elle 
une  tactique  de  déploiemens  et  de  ru* 
ses,  par  laquelle  il  saura  opposer  éga- 
lité et  supériorité  dans  les  parties  de 
son  ordre  de  bataille  qui  devront  être 
attaquantes  ou  attaquées,  dans  le  temps 
qu'il  refusera  et  mettra  hors  de  portée 
de  Tennemi  les  parties  de  cet  ordre 
qu'il  dégarnira  d'artillerie.  Les  opéra- 
tions de  sa  campagne  seront  calculées 
d'après  la  cons^titution  de  son  armée  à 
cet  égard,  et  d'après  celle  de  l'ennemi. 
Il  fera  vis-à-vis  de  lui  une  guerre  de 
mouvement;  il  le  désolera  par  des 
marches  fbrcées,  auxquelles  Teniiemi 
sera  contraint  d'opposer  des  contre- 
marches qui  seront  lentes,  destructives 
pour  les  attirails  prodigieux  et  attelés 
avec  économie,  qu'il  traînera  à  sa  sui- 
te, ou  bien  qui  l'obligeront  à  laisser  en 
arrière  la  plus  grande  partie  de  ces 
embarras  ;  alors  ils  seront  à  armes  éga- 
les, et  il  aura  pour  lui  la  perfection  et 
la  supériorité  de  manœuvre  des  sien- 
nes. Enfin,  fût-il  obligé  d'attaquer 
l'ennemi  ou  de  recevoir  son  attaque, 
il  ne  se  croira  pas  battu,  parce  qu'il 
aura  moins  de  canons  à  lui  opposer. 
Ses  batteries,  mieux  disposées,  mieux 
emplacées,  mieux  exécutées,  des  piè- 
ces d'un  calibre  plus  décisif,  des  pro- 
longemens  plus  habilement  pris,  lui 
donneront  encore  l'avantage.  Eh  I  quel- 
les batailles  ont  été  perdues,  parce  que 
l'artillerie  a  manqué  à  l'armée  vaincue? 
Je  vois  partout  que  peu  de  pièces  ont 
agi,  et  que  beaucoup  sont  restées  dans 
l'inaction,  ou  faute  d'emplacement,  ou 
faute  de  pouvoir  atteindre  à  Tobjet,  ou 
faute  de  savoir  les  porter  ^^idement 
«u  Dcini  d'attaoae. 


J'ai  vu,  pendant  la  guerre  dtfoiëre^ 
des  pièces  de  régiment  tirer  sans  relà« 
che,  tandis  que  des  batteries  de  pièces 
de  huit  du  parc,  qui  étaient  roiainea^ 
trouvaient  le  même  but  trop  éloigné 
pour  y  user  leurs  munitfons.  Cetta 
ineptie,  qui  dura  trois  heures  et  oon- 
somma  inutilement  mille  cartoaches  « 
me  rappelle  un  de  nos  oflBciera-igéoé* 
raux  s'emportant  contre  le  cominan- 
dant  d'une  batterie,  parce  qu'il  ne  ti- 
rait pas.  Ce  dernier,  occupé  alora  d'une 
nouvelle  disposition  qu'il  donnait  à  ses 
pièces  pour  prendre  un  revers  sur 
l'ennemi,  répondit  qu'U  ehtrdunt  mm 
prolim^mentM  Ekl  mommwr^  répliipia 
l'offlcier-général  qui  se  désespérait,  et 
ne  savait  pas  ce  que  c'était  que  prolon- 
gement, tKH/d  comme  est  U  eorp$  royal  : 
ilfroUmge  taujourê. 

A  quoi  servva  toute  l'intelligeDce 
possible  dans  la  disposition  des  mar- 
ches, si  nous  ne  cherchons  à  diminuer 
cette  quantité  énorme  d'attirails,  d'é- 
quipages, de  valets,  si  bien  nommée 
par  les  anciens  impklimemia:  si  pour 
cela  nous  ne  devenons  plus  sobres, 
moins  amoureux  de  nos  aises,  plus 
endurcis  aux  travaux?  Je  ne  m'éten- 
drai pas  là-dessus  ;  car  une  pareille  ré- 
volution ne  peut  s'opérer  qu'en  chan- 
geant l'esprit  et  les  mœurs  actuels.  Qr, 
changer  l'esprit  et  les  mœurs  d'une 
nation  ne  peut  être  l'ouvrage  d'un 
éoîvain  quel  qu'il  soit.  Ce  ne  peut  éti» 
que  celui  du  souverain  ou  d'un  homme 
de  génie,  dans  les  mains  duquel  de 
grands  malheurs  et  le  cri  public»  plus 
fort  que  les  cabales,  remettront,  |ien- 
dant  quelques  années  de  suite,  le  ti- 
mon de  la  machine. 

Si  une  nation  était  pourvue  de  trou- 
pes et  de  gén&^ux  tels  que  je  me  les 
imagine,  ses  armées  pourraitsnt  èti/ 
bien  moins  nombreuses  que  ne  le  sot 
celles  qu'on  a  aujourd'hui,  et  cep«^i 


S€IBNCK    MltlTAIRR. 

darit  valoir  mieux  et  exécuter  de  plus 
•n^itndes  choses.  Elle  aurait  dans  ses 
armées  moins  de  caYalerie,  mcius  de 
troupes  légères,  moins  d'artillerie.  Son 
infanterie  serait  mieux  armée,  plus 
aguerrie,  mieux  disciplinée,  plus  ma- 
nœuvrière  ;  elle  saurait  se  suffire  à  elle- 
inëme  comme  Tancienne  infanterie 
des  légions  romaines.  Sa  cavalerie  se- 
rait peu  nombreuse:  mais  sa  bonté,  sa 
Télocité,  sa  science  de  mouvement 
suppléeraient  à  son  petit  nombre.  Ses 
troupes  légères  feraient  en  même 
temps  le  service  de  ligne,  et  ses  trou- 
pes de  ligne  feraient,  au  besoin,  le  ser- 
vice de  troupes  légères;  par  consé- 
quent point  de  double  emploi,  point 
de  corps  inutilement  et  dispendieuse- 
ment  employé  à  un  seul  objet.  Son 
artillerie  serait  peu  nombreuse,  mais 
elle  n'aurait  que  des  calibres  utiles  et 
propres  à  produire  de  grands  effets; 
elle  serait  bien  constituée,  bien  allé- 
gée, bien  attelée,  bien  disposée  dans 
ses  emplacemens,  bien  exécutée  daus 
l'action.  Tous  les  corps  qui  compose* 
raient  ses  années  auraient  une  tacti- 
que simple,  analogue  l'une  à  Tautre , 
et  prête  à  servir  les  combinaisons  des 
généraux.  De  pareilles  armées  ne  se- 
raient point  embarrassées  par  une  quan- 
tité immense  d'équipages;  elles  se- 
raient sobies,  infatigables,  plus  amou- 
reuses de  gloire  que  de  conmiodité  ; 
elles  sauraient  vivre  des  denrées  du 
pays,  et  ne  seraient  pas  subordonnées 
aux  calculs  étroits  et  routiniers  d'un 
entrepreneur  de  subsistances;  enfin, 
de  semblables  armées ,  commandées 
par  de  grands  homu^es,  renouvelle- 
raient les  prodiges  opérés  autrefois  par 
de  petites  années  contre  des  multitu- 
des ignorantes;  elles  feraient  encore 
de  grandes  conquêtes  et  des  révolu- 
tions dans  les  empires, 
^'est  une  chose  bien  étrange  que  ^ 


•  W1 

manière  d(Hil  on  forme  aujimrd'hni  W^s 
armées.  La  guerre  se  déclore  :  on  ri- 
sout  dans  le  cabinet  des  ministres  qu'il 
faut  attaquer  l'ennemi  sur  un  tel  poif^t, 
et  se  défendre  sur  tel  autre.  Voilà  par 
conséquent  des  armées  à  former,  des 
généraux  à  choisir.  Conunent  cela  se 
faitr-il?  Le  di^'partenicjit  de  la  guerre, 
si  c'est  ce  département  qui  a  la  pré- 
pondérance du  crédit  dans  le  conseil 
du  souverain,  propose  une  armée  en 
Allemagne  et  une  en  Flandre.  On  ob- 
servera que  souvent  le  ministre,  qui 
est  à  la  tête  de  ce  département,  ne 
sait  pas  ce  que  c'est  qu'une  armée,  ou 
que,  s'il  est  militaire,  rarement  il  ar- 
rive qu'il  ait  commandé  des  armées, 
encore  plus  rarement  qu'il  les  ait  bien 
commandées;  par  conséquent  il  ne 
peut  asseoir  un  plan  de  guerre  avec 
connaissance  de  cause.  Cependant  oe 
plan  est  arrêté  ;  on  se  résout  à  former 
deux  armées;  on  décide,  je  suppose, 
d'agir  offensivement  en  Flandre,  et  de 
rester  sur  la  défensive  en  Allemagne. 
Comment  se  détermine  la  force  de  ces 
deux  armées?  On  spécule  quelle  sera 
la  quantité  de  troupes  que  l'ennemi 
pourra  opposer  dans  chacun  de  ces 
points.  Ou  dit  :  L'ennemi  aura  une  ar- 
mée de  soixante  mille  hommes  en 
Flandre,  faisons-en  une  de  quatrer 
vingts,  puis  agissons  offensivement 
dans  cette  partie  ;  il  en  a  une  de 
soixante  en  Allemagne,  formon»-y 
en  une  de  quarante ,  et  tenons-nous^ 
y  sur  la  défensive.  On  nomme  en- 
suite les  corps  qui  doivent  compo* 
ser  les  armées.  Une  méchante  règle 
de  proportion  ou  plutôt  de  routine 
veut  que  l'armée  étant  de  tant  de 
milliers  d'hommes,  il  s'y  trouve  tant 
d'infanterie,  tant  de  cavalerie,  tant 
de  troupes  légères,  tant  d'artillerie. 
On  choisit  les  généraux,  on  entre  en 
campagne;  les  généraux,  la  pluparl 


h02 


FOLITIQUE. 


du  temps,  comptant  sur  le  nombre 
bien  plus  que  sur  la  science ,  n'ont  ni 
paix  ni  relAche  qu'ils  n'aient  obtenu 
des  renforts.  C'est  aujourd'hui  pour 
couvrir  un  point,  à  la  protection  du- 
quel leur  armée  ne  peut  atteindre; 
demain  ce  sera  pour  s'opposer  k  une 
diversion,  qui  souvent  n'aurait  pas  eu 
lieu  s'ils  avaient  serré  la  mesure  à  l'en- 
nemi ;  cette  fois,  c'est  parce  que  l'en- 
Demi  a  trois  cents  pièces  de  canon  et 
qu'ils  n'en  ont  que  deux  cents.  Une 
aatrefois,  c'est  parce  qu'il  a  quinze 
mille  hommes  de  troupes  légères  et 
qu'ils  n'en  ont  que  dix.  Ils  ne  sentent 
pas  qu'ayant  moins  d'artillerie  ils  ont 
moins  d'embarras,  que  leurs  deux 
cents  bouches  à  feu  Kien  employées 
équivaudraient  facilement  aux  trois 
cents  de  l'ennemi;  que,  pour  rendre 
ces  dernières  inutiles,  il  n'y  a  qu'èfalrs 
vis-à-vis  de  lui  une  guerre  de  marches 
et  de  mottvcmens.  Us  ne  sentent  pas 
que  Tennemi,  ayant  quinte  mille  hom- 
mes de  troupes  légères,  et  ces  troupes 
légères  étant  constituées  comme  eHes 
le  sont  aujourd'hui ,  il  est  affaibK  par 
cette  espèce  de  troupes;  qu'il  n'y  a, 
pour  lui  ôier  cet  avantage  apparent, 
qu'à  éviter  la  guerre  de  détail  el  la 
iaire  toujours  en  masse.  Ils  ne  sentent 
pas,  ends,  qsc  le  graié  art  ^e  la 
guerre,  c'eA  dewippléer  sm  nombre 
plut6t  que  de  l'augnenter,  d'engager 
les  actions  avec  l'arme  dans  taqueile 
on  est  oupéricw,  et  d'appuyer  <m  de 
refuser  celle  dans  laqucMe  on  eM  le 
plus  faible.  Réciproquement  et  en  se 
Aodelant  les  unes  sur  les  autres,  les  ar- 
mées s'augmeirtent  donc  à  un  td  point, 
que  les  généraux  ne  savent  plus  com- 
ment les  manier,  ies  pays  comment  les 
nourrir,  les  gouverneraens  comment 
les  entretenir  et  les  payer.  Bes  géné- 
raux plus  édairés  seraient  même  obK- 
gés  de  se  conformer  à  la  rootiie  éta- 


blie, et  de  demander  des  armées  nom- 
breuses. Car,  est-il  en  Europe  des  troo- 
pes  citoyennes,  des  troupes  qui, par 
leur  constitution,  leur  esprit,  leurn- 
leur ,  leur  sobriété ,  leur  aptitude  m 
travaux,  leur  science  de  manœunes, 
soient  si  décisivement  supérieures  à 
celles  des  États  voisins ,  qu'on  poisse 
dire  :  avec  quarante  mille  hommes  fo- 
seraf  tenir  campagne,  et  campagne  of- 
fensive contre  soixante  mille  !  Y  a44 
des  troupes  qui  aient  assez  de  conOanca 
dans  leur  courage,  dans  leur  tactique, 
dans  leurs  généraux ,  pour  considérer 
comme  un  embarras  et  un  affiûbKsw- 
ment,  tout  nombre  au-delà  des  pro- 
portions raisonnables,  pour  ne  pas  être 
étonné  d'entrer  en  campagne  Vis4-V5 
d'une  armée  supérieure?  Y  a-t-îl  ea 
Europe  des  généraux  auxquels  les  gou- 
vememens  abandonnent  assez  d'auto- 
rité pour  qu'Hs  puissent  à  l'avance  ae* 
quérir  cette  confiance  et  rinspnner,  en 
formant  à  cet  efletdes  troupes  pendant 
la  paix,  en  les  faisant,  si  je  puis  ir  ex- 
primer ainsi ,  à  leur  système  et  à  ënr 
main  ?  Si  par  hasard  il  s'élève  dans  une 
nation  un  bon  général,  la  politiqne 
des  ministres  et  les  Intrigues  des  cour- 
tisans ont  soin  de  le  tenir  éloigné  des 
troupes  pendant  la  paix.  On  aime 
mieux  confier  ces  troupes  à  des  hom- 
mes médiocres ,  incapables  de  tes  for- 
mer, mais  passifs ,  dociles  à  toutes  les 
volontés  et  à  tous  les  système ,  plutM 
qu'à  cet  homme  supérieur  qui  poumft 
acquérir  trop  de  crédit ,  résister  ant 
opinions  qu'on  aurait  adoptées ,  se 
rendre  le  cAial  des  grâces  militaires 
du  souverain,  et  devenir  enfin  l'homme 
des  troupes ,  le  généra1«nè.  On  veirt 
pouvoir  donner  des  années  à  comman- 
der à  ses  créatures;  on  vent  accoutu- 
mer les  troupes  à  recevoir  aveuglé- 
ment tel  homme  que  œ  soit,  que  Ton 
voudra  mettre  à  leur  tête;  )|ï  fis  tel 


I 

lu 

I 

I 


KOMtM  ImtTAIlB. 


qM  ce  uAt^  poomt  qall  ait  le 
toeiret  dtt  sooterain.  La  guerre  arrive, 
les  malheurs  seuls  peuvent  ramener  le 
dloix  sur  le  général  habile  ;  on  Tem- 
Ifetole,  mais  en  même  temps  on  le  con- 
trarie, on  le  traverse;  le  dirai*je?  on 
fendrait  (si  un  tel  partage  était  pos- 
tfMe]  que  la  besogne  réussit  et  que  le 
général  échouât.  Ce  général  parvient  h 
féparer  les  aflhtres,  à  les  soutenir; 
Uéntôt  on  craint  sa  réputation,  on 
ait  importuné  de  sa  gloire ,  on  fait  la 
paix  ;  le  général  déjà  formé ,  ou  qui 
commençait  à  se  former,  n*est  plus 
éoBsaité,  plus  employé.  Ses  talens  se 
îiNiillent  ou  n'achèvent  pas  de  se  per- 
feettonner;  les  troupes  qu*il  connais- 
lait  diangent,  se  renouvellent ,  pren- 
nent  d*autres  institutions,   d'autres 
irincipea.  Ainsi ,  quand  des  malheurs 
aOBveaui  le  replacent  h  la  tète  des  ar- 
I,  il  se  trouve  étranger  à  ces  ar- 
I,  et  ces  armées  lui  sont  étrange- 
I.  Ce  tableau  est  l'histoire  de  presque 
les  États  dans  presque  tous  les 
tampa  ;  qu'on  ne  m'accuse  pas  d'avoir 
wmâa  en  désigner  aucun. 

QKlie  diOérence  de  cette  manière 

d9  ftonner  les  armées  à  celle  dont  les 

fireca,   les  Romains,  dont  tous  les 

granda  conquérans  ont  formé  les  leurs  ! 

Hiltiade,  Thémistocle,  Épaminondas 

comptaient-ils  les  forces  de  l'ennemiT 

Atexandra  compara-t^l  les  siennes 

arec  celles  de  l'Asie,  quand  il  voulut  la 

cMqnéffir?  il  partii  avec  une  armée  de 

chquante  nulle  hommes  pour  aller  dé- 

tvtaer  un  roi  qui  pouvait  en  armer  des 

mmions.  Annibal  partit  avec  smxante 

Bina  hommes  pour  la  conquête  de  PI- 

taUe;  Sciplon,  avec  cinquante  mille 

pour  attaquer  Carthage.  César,  avec 

quelques  légions,  soumit  les  Gaules, 

l'Afrique  et  une  partie  de  l'Asie.  Et, 

pour  citer  un  seul  OKideme ,  Gustave , 

avec  vingt-ciaq  miHe  Suédoto,  tmt  la 


terreur  de  PEmphre.  Oei  graflAi  hom* 
mes  savaient  bien  qu'ils  allaletit  atta-^ 
quer  des  armées  supérieures  ;  fis  sa-» 
valent  qu'on  leur  opposerait  et  plus  de 
troupes  qu'ils  n'en  avaient,  et  quelque- 
fols  des  armes  et  des  manières  de  com* 
battre  inconnues  h  leura  soldats;  mais 
ils  avaient  leur  plan,  leur  tactique, 
leurs  armées  élevées  par  eux  et  pleines 
de  conflance  en  eux.  Dans  la  tête  du 
petit  nombre  d*hommes  qui  les  sui- 
vaient était  profondément  gravé  que 
c'est  la  science  et  le  courage  qui  don- 
nent la  victoire ,  et  non  la  multitude. 
Voyons  particulièrement  les  Ro- 
mains, ce  peuple  militaire  et  conqué- 
rant par  sa  constitution.  Il  eut  affaire 
à  des  ennemis  redoutables,  à  des  na- 
tions courageuses  et  bien  conduites; 
il  les  vainquit.  Mais  aussi ,  examinons 
comment  les  armées  de  Rome  étalent 
composées.  Elles  étaient  assujetties  à 
une  formation  et  à  des  proportions 
dont  on  ne  s'écartait  pas,  quelles  que 
fussent  les  forces  de  l'ennemi.  L*arméa 
consulaire ,  c'est-à-dire  l'armée  couh- 
plète ,  était  de  cinquante  miHe  hom- 
mes, n  7  avait  ensuite  Parmée  tribn- 
naire,  ou  la  demi-armée.  Un  danger 
imminent  menaçait-il  la  république? 
Elle  mettait  à  la  fois  sur  pied  deux  ar- 
mées consulaires;  c'était  son  phal 
grand  eflbrt,  et  il  n'eut  lieu  que  dana 
deux  ou  trois  oeearions.  Je  ne  prétends 
pas  dire  que  cela  puisse  être  imité  en* 
lièrement  par  nos  États  modernes.  Ja 
ne  prétends  pas  qw  dans  un  royaume, 
qui  ade  vastes  frontières,  qui  peut  ètm 
attaqué  sur  plusieurs  points  à  la  fois, 
et  dans  lequel  les  citoyens  ne  sont  pas 
soldats,  on  puisse  se  borner  à  n'ai^ 
qu'une  seule  armée  ;  mais  Je  croîs  qu'A 
serait  du  moins  très  possible  d'avoir 
des  armées  moins  noasbreuses,  et  da 
ne  pas  s'assujettir  à  régler  leurcompo» 
sition  intérieure  sur  celle  des  arméai 


Uk 


poLiTiora. 


ennemies.  Je  crois  que  soixaute-et-dix 
mille  hommes  devraient  être  la  pro- 
portion de  l'armée  la  plus  considéra- 
ble, et  qu'une  armée  pareille ,  bien 
constituée  et. bien  commandée,  lutte- 
rait avec  avantage  contre  une  de  qua- 
tre vingts  et  de  cent  mille.  Je  crois  que 
tout  général,  qui  connaîtra  les  ressour- 
ces de  la  tactique,  et  qui  sera  sûr  de 
ses  troupes,  ne  voudra  jamais  que  la 
sienne  soit  au-dessus  de  cette  propor- 
tion, parce  qu'il  calculera  que  ce  qu'il 
paraîtrait  gagner  du  côté  du  nombre, 
il  le  perdrait  par  l'accroissement  de 
rembarras,  par  la  lenteur  des  mouve- 
mens  et  par  la  difficulté  des  subsistan- 
ts. £nGn,  Turenne  le  disait,  et  l'opi- 
nion de  ce  grand  homme  doit  faire  loi. 
a  Toute  armée  de  plus  de  cinquante 
n»  mille  hommes  est  incommode  pour 
»  celui  qui  la  commande  et  pour,  ceux 
»  qui  la  composent.  » 

Mais,  pour  qu'un  général  ose  se 
charger  d'une  responsabilité  aussi 
grave  que  celle  de  s'écarter  de  la  rou- 
tine, en  introduisant  un  nouveau  genre 
de  guerre,  il  faut,  je  le  répèle,  qu'il 
ait  d'excellentes  troupes;  il  faut  que, 
si  elles  ne  sont  pas  composées  de  l'élite 
des  citoyens,  et  que  la  constitution  de 
l'État  soit  telle  que  le  gouvernement 
n'y  puisse  et  n'y  veuille  rien  changer, 
elles  réparent  du  moins  ce  vice  primi- 
tif par  toute  la  perfection  possible  dans 
leur  constitution  intérieure ,  dans  leur 
disripline  et  dans  leur  tactique.  Il  faut 
que  le  temps  de  la  paix  soit  mis  à  pro- 
Ut  pour  les  former ,  pour  instniire,eiles, 
ainsi  que  les  hommes  qui  doivent  les 
commander.  Les  camps,  que  je  vais 
proposer,  rempliront,  je  crois,  cet  im- 
portant objet. 

C'est  une  idée  bien  ancienne  que 
celle  de  former  des  camps  de  paix. 
Les  Romains  étaient  dans  cet  usage, 
\^{kT$  lé.âiins  canifmient  presque  toute 


l'année.  Au  moyen  de  (vLte  institu- 
tion, la  discipline  de  ces  légions  s^- 
vécut  quelque  temps  à  la  corruption 
de  l'empire.  Mais  peu  à  peu  le  lioe 
pénétra  dans  ces  camps  ;  il  y  relàdii 
la  discipline  ;  il  les  peupla  d'histrioni, 
de  courtisanes,  d'ouvriers,  de  mir« 
chauds,  de  toutes  les  professions  qii 
engendrent  la  mollesse  et  qui  portent 
à  la  débauche.  Il  en  fit  des  vUies,  et 
alors  les  vertus  guerrières   n'ayant 
plus  d'asile ,  c'en  fut  fait  d'elles  et  da 
l'empire. 

Aucune  nation  n  a  imité  les  Ro- 
mains; aussi  aucune  milice  n'a  égalé  la 
leur.  Louis  XIV  et  Auguste  P'  outfo^ 
mé  des  camps  de  paix  ;  mais  c'étaient 
uniquement  des  camps  de  parade.  Ces 
princes  cherchaient  l'occasion  de  don- 
ner des  fêtes  d'uu  nouveau  genre;  ils 
faisaient  ostentation  de  leurs  troupes 
comme  des  dorures  de  leurs  palais.  Le 
roi  de  Prusse  est  le  premier  modemfi 
qui  ait  formé  des  camps  d'instructioo, 
qui  ait  fait  servir  ces  camps  à  exécutar 
des  marches,  des  ordres  de  bataiMe  et 
à  former  des  généraux.  On  sait  le  fruit 
qu'il  en  a  retiré;  et  cependant,  quelle 
différence  de  ces  camps  de  quinie 
jours,  et  exclusivement  destinés  à  ren- 
dre des  troupes  manœuvrières,  à  cet 
camps  stables  où  les  Romains  br»* 
valent  les  saisons,  remuaient  la  terre  « 
pliaient  à  la  guerre  leurs  corps  et  leon 
esprits  ! 

Pendant  la  paix  dernière,  on  a  for» 
mé  aussi  des  camps  en  France  ;  mab 
on  n'avait  pas  alors  les  premières  no- 
tions de  la  tactique  :  on  faisait  bonne 
chère,  on  manœuvrait  pour  les  dames, 
on  se  séparait  sans  avoir  rien  appris. 
Pendant  cette  paix  nous  formons  tous 
les  ans  des  camps,  et  ils  ne  sont  guère 
plus  utiles.  Le  temps  s'y  passe  en  re- 
vues et  en  exercices  de  détail.  C'esit 
à  qui  y  paraîtra  avec  les  armes  les  plus 


SClkNCK  MILITAIRE. 


VOS 


briflantes,  les  soldats  les  mien  tenus  ; 
c*est  A  qui  7  surprendra  le  pins  adroi- 
tement de  petits  soffrages  et  de  grosses 
lionsions.  On  n'y  exécute  point  de  ma- 
nœuvres de  la  grande  école  et  propres 
A  former  des  officiers  généraux;  on 
brigue  pour  y  venir  et  pour  y  revenir 
Tannée  suivante.  Si,  au  milieu  de  ces 
(tatilités,  quelques  officiers  plus  éclai- 
rés élèvent  la  voix  pour  dire  que  ces 
camps  ne  remplissent  pas  Tobjct ,  (|u*il 
faut  rassembler  une  armée  et  Tins- 
traire  aux  grandes  opérations  de  la 
tactique,  on  leur  répond,  ou  qu'il  n'en 
est  pas  encore  temps ,  ou  que  les  offi- 
ciers généraux  ne  sontDas  faits  pour 
venir  à  l'école. 

Nous  ne  savons  guère  prendre  des 
ordres  de  bataille  momentanés  et  com- 
binés sur  la  circonstance  ;  nous  igno- 
rons, pour  tout  dire  en  un  mot,  l'art 
de  manœuvrer  les  armées.  Si  nous  ra- 
tions connu,  que  de  batailles  nous 
avons  perdues  qui  ne  se  fussent  seule- 
ment  pas  données!  Je  n'en  citerai 
qu'une  dont  l'exemple  et  le  malheur 
Sont  bien  frappans  pour  la  nation. 

Notre  armée  part  du  camp  de  Min- 
den  avec  une  disposition  combinée  dès 
■a  rellle  sur  une  reconnaissance  Tnitc 
cSans  la  matinée.  C'est  notre  droite , 
«considérablement  renforcée,  qui  doit 
dttaquer  la  gauche  de  l'ennemi,  qui, 
dans  cette  reconnaissance,  avait  été 
trouvée  faible  et  susceptible  d'attaque. 
^>n  débouche  dans  une  grande  plaine, 
«t  vîsp^-vis  une  longue  hsière  de  bois 
derrière  laquelle  était  cachée  la  dispo- 
sition de  Tennemî.  Suivant  la  routine 
établie,  on  se  met  en  bataille ,  on  étale 
deux  lignes  dont  l'ennemi  peut  h  loisir 
compter  la  force:  a\!  lieu,  du  moins,  de 
laisser  les  lignes  on  arrière,  et  d'en  dé- 
rober la  faiblesse  à  Tennemi  h  la  fa- 
veur du  p»iys  coujïé,  placé  n  l'entrée  de 
la  plaine,  on  porte  tes  lîfrnos  en  avant. 


on  les  dispose  sur  la  droite  qui  était 
chargée  de  l'attaque.  On  porte  même 
partie  du  centre  en  avant  de  cet  ali- 
gnement, et  presque  sur  la  lisière 
du  bois  occupé  par  l'ennemi.  On  ob- 
servera encore  que  cet  ordre  de  ba- 
taille devait  être  pris  au  point  du  jour  ; 
mais  que,  par  une  suite  de  la  mala- 
dresse de  nos  troupes ,  et  de  leur  peu 
d'habitude  à  exécuter  de  grandes  ma- 
nœuvres, à  sept  heures ,  les  lignes  tâ- 
tonnent encore  leur  disposition.  t]e- 
pendant  l'ennemi  a  changé  la  sienne 
dans  la  nuit  et  dans  la  matinée  ;  sa  gau- 
che, qu'on  croyait  faible  et  dégarnie, 
est  renforcée  de  troupes  ;  des  retran* 
chemens  et  des  batteries  s'y  sont  éle- 
vés. Dans  une  telle  situation,  cette  aile 
est  inattaquable.  On  détermine ,  aver 
raison,  qu'il  ne  faut  pas  engager  sur  ce 
point  un  combat  dunl  le  succès  ne 
pourrait  qu'être  funeste.  On  délibère 
le  temps  se  perd,  Tennemi  voit  notre 
centre  porté  trop  en  avant  et  composé 
de  deux  faibles  lignes  de  cavalerie  sans 
infanterie  pour  les  soutenir;  il  forme 
sur  lui  une  disposition  à  couvert  par 
les  bois  qui  sont  sur  son  front ,  dé- 
bouche, l'attaque ,  l'enfonce  et  gagne 
la  bataille.  Qu'on  fût  arrivé  sur  l'enne- 
mi dans  l'ordre  oblique ,  qu'on  se  fût 
tenu  en  colonnes  jusqu'à  ce  qu'on  eût 
jugé  quelle  était  la  situation  de  l'enne* 
mi,  cette  bataille  n'aurait  pas  eu  lieu; 
l'ennemi  n'eût  pas  pu  démêler  les  par- 
ties faibles  de  notre  disposition,  et  for- 
mer une  attaque  sur  elles.  On  eût  re- 
coimu  que  sa  gauche  était  renforcée 
et  à  l'abri  d'être  attaquée  ;  on  fût ,  au 
pis-aller ,  rentré  dans  l'ancien  camp  ; 
c'eût  été  une  reconnaissance  sans  perte 
et  sans  honte.  Car  j'ose  avancer  que 
c'est  à  tort  qu'on  appelle  faux  mouve- 
ment la  marche  que  fait  une  armée 
pour  aller  on  attaquer  une  autre,  et  le 
parii  quVlle  prend  de  se  retirer  quand 


POUTIQUS. 


elle  Yoit  qu'elle  De  peut  pat  engager  le 
comlMit  af  ec  avantage.  Un  générai  ha-* 
bile  et  manoeuvrier  tentera  des  mou- 
vemens  pareîla  sans  croire  faire,  en  se 
retirant,  un  aveu  d'infériorité;  c'est  en 
les  répétant  qu'il  trouvera  enfin  une 
ocoaaion  favorable,  Chei  les  anciens , 
l'année  qui  était  sur  l'offensive  pré- 
sentait ainsi  le  combat  à  l'ennemi ,  afin 
de  l'engager  à  sortir  de  ses  retranche*» 
mens  et  à  accepter  l'engagement ,  se 
retirant  ensuite  quand  elle  ne  voyait 
pas  une  occasion  asseï  favorable  d'at- 
taquer :  ainsi  Annibal  battit  les  Ro* 
mains  i  Trasimène  et  à  Cannes;  ainsi, 
dans  leur  belle  campagne  de  1675,  se 
tAtftrentsottvent,  sans  jamaiss'engager, 
Tuienne  et  Montecuculli.  Ces  grands 
hommes  savaient  bien  précisément 
en  quoi  eonsistaient  la  boute  ou  la 
gloire. 

Lorsque  toutes  les  autres  sciences 
s'étendent  et  se  perfectionnent  par  des 
théories  hmiineuses ,  la  science  de  la 
guerre  sera4^1le  donc  la  seule  qu'on 
abandonne  à  la  routine?  la  croit-on  si 
vague,  si  dénuée  de  principes  positifs, 
qu'elle  ne  doive  pas  être  enseignée? 
Bat^e  l'indignation  d'Annibal ,  quand 
il  entendit  le  rhéteur  d'Ëphèse  donner 
des  leçoat  sur  l'art  militaire ,  qui  a  à 
fÊ/mm  ridiculisé  le  projet  de  le  démon* 
trer  dans  des  éoolesT  Annibal  prit  en 
pitié  «B  iMteur  obscur  et  ignorant  qui 
se  permettait  de  parler  devant  lui  des 
defobs  du  général  :  il  eût  aimé  à  en- 
tendre un  honsme  de  guerre,  un  Xan- 
tippe,  un  Épaminondas,  raisonner  de 
la  théorie  de  son  art  ;  il  eAt  senti  que 
dans  «B  pays  ou  de  grands  hommes 
eottmandemient  les  armées  pendant 
In  guerre,  il  faudrait  encore  que,  pen* 
dant  hi  peii,  ils  prissent  la  peine  de 
•e  fonser  des  troupes  et  des  sucées-* 


Hpis  Inpiupartdeapays  de  rSuiepe, 


les  intérêts  du  peuple  et  ceux  du  goa- 
vemement  sont  séparés;  le  patriotisme 
n'est  qu'un  mot  ;  les  citoyens  ne  sont 
pas  soldats  ;  les  soldats  ne  sont  pas  ci- 
toyens ;  les  guerres  ne  sont  pas  les  que- 
relles de  la  nation,  elles  sont  celles  éa 
ministère  ou  du  souverain  ;  cependant 
elles  ne  se  soutiennent  qu'à  prix  d'ar« 
gent  et  au  moyen  des  impôts  ;  ajoutes 
que  dans  quelques-uns  de  ces  États, 
ces  impAts  sont  excessifs;  que  le  peu* 
pie  y  est  mécontent,  misérable  et  dans 
une  situation  qu'aucune  révolution  ne 
peut  empirer. 

On  ne  voit  pas  dans  l'histoire ,  mais 
il  est  aisé  de  concevoir  comment  pou-* 
vaient  et  devaient  subsister  ces  petites 
armées  des  républiques  grecques ,  fsl- 
sant  la  guerre  à  quelques  lieuea  de  leur 
territoire  ;  et  quelle  espèce  de  guerre] 
des  incursions  de  quelques  jours ,  fai- 
tes pendant  la  saison  des  récoltes,  et 
terminées  ordinairement  par  une  ba- 
taille à  la  suite  de  laquelle  les  deux 
parties  allaient  réparer  leurs  pertes  et 
cultiver  leurs  champs  ! 

L'histoire  nous  laisse  également  saqs 
lumières,  et  il  est  plus  difficile  d'y  mp- 
pléer,  sur  la  manière  dont  subsistèrent 
ces  armées  quand  Tambition  dea  États 
de  latirèce,  augmentée  avec  jew  puis- 
sance, les  fit  plus  nombreuses ,  et  les 
porta  i  la  conquête  des  Ues  voisines  et 
de  quelques  parties  de  la  cête  d'Asie. 
On  voit  seulement  qu'alors  le  soldat, 
qui  combattait  auparavant  gratuite- 
ment, eut  une  solde  réglée.  L'histoire 
dit  que  cette  solde  était  toute  en  ar- 
gent, et  elle  en  marque  le  montant. 
Le  soldat  était^il  chargé  ensuite,  au 
moyen  de  cette  paie,  de  pourvoir  à  sa 
nourriture?  Comment  y  pourvoyait- 
elle?  L'armée  était-elle  pourvue  de 
magasins?  YoiU  ce  que  nous  igno- 
rons. Je  pourrais  donner  des  coi^eo- 
twes  sur  tous  ces  oh|els;  mais  il  eiC 


 


SCIBMSi  miTAIRB. 

«otite  iê  haMvdflr  des  conjecturai  où 
BumiUBiitlct  hHiiières. 

On  sait  bien  moins  encore  comment 
Bobsisteient  ces  multitudes  presque  fa- 
buleuse* avec  lesquelles  les  rois  de 
Pena  tentèrent  d'envahir  la  Grèce. 
Elks  étaient  si  nombreuses,  elles  trai- 
nsitnk  à  leur  suite  une  si  grande  quan- 
tité d*attlrsils  et  de  bêles  de  charge, 
f|ii'eUes  mettaient  à  sec,  dit  l'hyperbo- 
lique Hérodote,  les  rivières  auprès  des- 
quelles ils  séjournaient,  et  que  la  di- 
sette et  la  peste  s'établissaient  après 
ailes  dans  les  pays  ou  elles  avaient 
passé.  Qn  peut  conclure  de  là  que  ces 
imées  vivaient,  au  hasard  et  sans  mé- 
thode, des  moyens  que  leur  offrait  le 
pays;  et,  ce  qui  le  conGrme,  c'est  que 
knra  eipédilions  n'étaient  que  des 
tecursîons.  Ces  inondations  armées 
avtient  le  cours  des  torrens  et  s'écou* 
faieot  comme  eux. 

Au  reste,  ce  n'est  pas  le  cas  de  re- 
^reltef  que  l'histoire  ne  nous  dise  point 
comment  ces  armées  de  barbares  sub* 
•MlAÎeot  dans  leurs  expéditions;  elles 
y  périssaient,  comme  dans  les  combats 
^*eUe8  livraient,  victimes  de  leur  im- 
iDenssté  et  de  leur  ignorance.  Mais  on 
doit  regretter,  en  revanche,  de  n'avoir 
pu  plus  de  détails  sur  les  procédés  de 
sobsistanœ  employés  par  des  con- 
qitérans  heureux  et  habiles,  tels  que 
Cyms,  Alexandre,  Annibal.  L'histoire 
ne  nous  en  transmet  aucun.   Nous 
ne  voyons  jamais  leurs  armées  ar- 
rêtées par  des  forma  lions  de  ma- 
gissins  et  par  des  calculs  de  subsis- 
tance. Sans  doute  elles  vivaient  dans 
tes  pays  où  elles  faisaient  la  guerre  et 
des  denrées  de  ce  pays;  sans  doute 
eUes  étaient  sobres  et  endurcies  ;  sans 
doute  aussi  avaient-elles  des  combinai- 
sons de  subsistance  moins  compliquées^ 
moins  timides,  moins  iînancières  que 


UT 

tiens  de  ces  années  ;  qn*on  voie  Alexan- 
dre, partant  de  la  Macédoine  pour  aller 
conquérir  l'Asie;  qu'on  suive  Annibal, 
partant  d'£spagnc  pour  aller  por^ 
ter  la  guerre  à  Rome,  passant  les 
Pyrénées,  traversant  les  Gaules,  ayant 
à  chaque  pas  des  peuples  inconnus  à 
se  concilier  ou  à  combattre,  s'ouvraut 
ensuite  un  chemin  à  travers  les  Alpes, 
descendant  en  Italie,  et  s'y  soutenant 
neuf  ans  victorieux  et  sans  recevoir  au- 
cun secours  de  Carthage.  Qu'un  place 
ces  campagnes  en  parallèle  avec  les 
nôtres;  qu'on  transporte  ces  vastes 
opérations  sur  l'échelle  actuelle  de  nos 
combinaisons  militaires,  on  sera  forcé 
de  révoquer  Thisfoirc  en  doute,  ou  de 
convenir  que  nos  facultés  n'ont  plus 
une  aussi  vaste  portée. 

Les  guerres  des  Romains  ne  nous 
instruisent  pas  plus  sur  les  détails  de 
la  science  des  subsistances  chez  les 
anciens.  On  conçoit  qu'ils  durent  être 
simples  et  faciles  tent  que  les  ar 
mécs  romaines  eurent  affaire  aux  peu» 
pies  du  JLatium.  Mais  quels  ils  fu- 
rent quand  Rome  entreprit  des  guer- 
res étrangères  et  lointaines,  voilà  ce 
qu'aucun  historien  ne  nous  apprend. 
Quelques  traits,  épurs  çà  et  là,  for- 
ment toutes  nos  iumiôres.  Il  c^t  quel- 
quefois mention ,  dans  Tite-Live ,  des 
distributions  de  vinaigre,  de  vin  et  de 
grains;  on  y  voit  des  légions,  qu'on 
voulait  punir,  condamnées  au  pain 
d'orge,  preuve  qu'il  s'en  distribuait 
d'une  autre  espèce  au  reste  de  l'armée. 
On  lit  dans  Végèce  que  les  préfets  du 
camp ,  office  purement  militaire , 
étaient  chargés  du  détail  des  subsis- 
tances. On  y  Ut  que  les  centuries  ro- 
maines avaient  des  moulins  à  bras, 
qu'on  leur  distribuait  du  grain  en  na- 
ture. Ailleurs  il  est  dit  que  dans  les  ex- 
péditions, chaque  soldat  portait  sa  por 


les  ndtros*  Qu'on  songe  aux  expédi-   tion  de  farine  pour  quinze  jours,  et 


itm 


pounotm.' 


qu'ensuite ,  arrivé  au  camp,  il  fahait, 
avec  cette  farine  <létrempée ,  uAe  ma- 
nière de  gâteau  qui  servait  à  sa  sub- 
sistance. Cet  usage  de  moulins  à  bras 
et  des  distributions  de  grain  ou  de 
farine  aux  troupes,  a  été  proposé 
pitisieurs  fois  de  notre  temps  et  traité 
de  chimère.  Un  exemple  instructif 
qu'on  doif;  enfin  recueillir  de  l'étude 
de  la  constitution  des  légions  romaines 
dans  le  temps  de  leur  vigueur  et  du 
résultat  de  leurs  opérations ,  c'est  la 
tempérance,  l'austérité,  la  patience 
infatigable  qui  en  étaient  la  base.  De 
telles  troupes  savaient  s'accommoder 
k  toute  espèce  de  nourriture,  et  au 
besoin,  endurer  la  faim  et  la  soif. 
Aussi,  nulle  part,  dans  l'histoire  du 
bel  âge  militaire  de  cette  nation,  on 
ne  voit  les  opérations  arrêtées  par  des 
calculs  de  subsistance.  Dans  nos  his- 
toires modernes ,  on  verra,  a  chaque 
pas ,  les  combinaisons  de  subsistance 
faire  séjourner  les  années  et  comman- 
der aux  généraux. 

Une  autre  vérité  importante  qu'on 
peut  retirer  de  l'étude  des  guerres  ro- 
maines, vérité  dont  le  résultat  contra- 
rie nos  systèmes  de  subsistance  ac- 
tuels, c'est  que  les  armées  vivaient 
dans  le  pays  et  aux  dépens  du  pays. 
//  faut  que  la  guerre  nourrissr  la  guerre^ 
disait  Caton  dans  le  Sénat,  et  cette 
maxime  était,  chez  les  Romains ,  une 
maxime  d'État.  Dès  qu'une  armée 
avait  mis  le  pied  chez  l'ennemi,  c'était 
au  général,  qui  la  commandait,  à  la 
faire  subsister  ;  et,  celui-là  avait  le  plus 
utilement  servi  la  république ,  qui ,  en 
faisant  la  campagiie  la  plus  glorieuse, 
avait  le  mieux  encretenu  son  armée,  et 
rapporté ,  après  la  campagne ,  le  plus 
d'argent  au  trésor  public.  Delà  la 
solution  de  cet  état  de  guerre  presque 
continuel  au  milieu  duquel  fleurissait 
la  république.  Elle  recevait  delà  guerre 


accroissement  et  rroTiesse,  comme  nos 
États  d'aujourd'hui,  par  la  constitution 
désordonnée  de  leurs  systèmes  niîli- 
taires,  en  reçoivent  affaiblissement  et 
misère.  Sdpion  portait  la  guerre  en 
Afrique  ;  et,  bien  loin  d'épuiser  Rome 
pour  nourrir  son  armée ,  les  greniers 
de  Rome  se  remplissaient  de  blés  d'A- 
frique. César  allait  conquérir  les  Gau- 
les ,  et  Rome  n'entendait  plus  parier 
de  lui  que  par  le  bruit  de  ses  victoires. 
Non-seulement  son  armée  n'était  point 
à  la  charge  de  l'État,  mais  il  enrichis- 
sait cette  armée  ;  il  faisait  passer  des 
fonds  au  trésor  public ,  il  en  réservait 
pour  ses  vastes  desseins  ;  il  embellis- 
sait les  Gaules  après  les  avoir  soumises; 
H  y  changeait  la  face  des  villes  ;  il  y 
construisait  dés  chemins  qui  sont  en- 
core aujourd'hui  des  monumens  ;  avec 
l'or  des  Gaules,  il  préparait  des  fers  à 
la  Germanie,  à  la  patrie  elle-même  ;  et 
les  Gaules  cependant  aimaient  sa  do- 
mination. Nous  n'avons  pas  l'art  de 
conduire  des  guerres  ainsi  ;  mais  reve- 
nons à  celui  qui  fait  l'objet  de  mes  re* 
cherches. 

J'ai  eu  tort  de  dire  qu'il  n'existe  pas 
un  morceau  dans  Thistoire  où  il  y  ait 
quelques  détails  suivis  sur  la  manière 
dont  les  Romains  faisaient  subsister 
leurs  armées.  J'en  retrouve  un  ;  c'est  le 
détail  de  la  belle  campagne  de  César 
en  Afrique ,  contre  les  lieutenans  de 
Pompée.  Ce  morceau  précieux,  mis  au 
jour  et  restauré  par  Guidbard ,  prouve 
combien  leur  science  de  subsistance 
était  différente  de  la  nétre  ;  combien 
elle  était  plus  simple  dans  ses  moyens, 
phis  hardie  dans  ses  combinaisons  et 
moins  gênante  pour  les  opérations. 
César  descend  en  Afrique  avec  quel- 
ques légions  seulement;  il  s'y  trouve 
sans  vivres,  sans  magasins,  sans  places 
de  guerre.  Une  tempête  a  dispersé  et 
éloigné  la  plus  grande  partie  de  sa 


SQBMCB   «UITAIKB. 


iOO 


Hotte.  Les  ennemis  ite  rassemblant  de 
toutes  parts;  il  a  contre  lui  les  Numides 
infatigables,  et  bien  autrement  harce- 
laus  que  nos  troupes  légères  actuelles, 
n  àe  retranche  au  pied  de  la  mer  ;  de 
là,  pied  à  pied,  et  conservaDt  tonjoujcs 
sa  communication  avec  ce  premier  en- 
trepôt, il  s'avance  dans  le  pays,  y  éta- 
blit des  postes  par  échelons ,  s'empare 
delà  ville  d*Adrum$Uum^  en  fait  un 
second  entrepôt,  y  forme  des  magasins; 
pais,  ayant  reçu  des  renforts,  aban- 
donne sa  première  position,  en  prend 
one  seconde  plus  offensive,  fait  des  dé- 
tachemens  et  des  établissemens  plus 
audacieux;  et  enfin,  toujours  harcelé 
et  toojows  vainqueur,  se  soutient,  est 
joint  par  toutes  ses  forces,  les  déploie 
alors,  bat  les  lieutenans  de  Pompée, 
dissipe  leur  armée,  pacifie  l'Afrique, 
et  termine  ainsi  la  campagne  la  plus 
glorieuse  et  la  plus  périlleuse  qu'il  ait 
faite. 

César  descendait  avec  une  armée 
eo  Afrique ,  et  il  n'y  portait  ni  vivres, 
ni  attirails;  en  cela  il  se  conduisait  en 
grand  homme  et  non  en  aventurier  ;  il 
calculait  qu'il  descendait  dans  un  pays 
abondant,  peuplé,  rempli  de  villes  ou- 
vertes ou  faiblement  fortifiées;  que, 
dans  de  tels  pays,  une  armée  peu  nom- 
breuse et  bien  conduite  trouve  tou- 
jours à  vivre,  ne  fût-ce  que  des  denrées 
que  la  prudence  fait  tenir  en  réserve 
aux  hommes  qui  Thabitent.  Il  calcu- 
lait qu*en  faisant  de  longs  préparatifs 
sur  la  côte  dltalie,  il  donnait  le  temps 
à  l'Afrique  de  se  rassembler  et  de  ve- 
nir lui  disputer  le  débarquement  ;  que 
les  expéditions  lointaines  veulent  être 
imprévues,  hardies,  rapides;  et  que, 
lorsqu'aux  yeux  du  vulgaire  elles  pa^ 
raissent  hasardées,  l'honune  de  génie 
qui  les  dirige  les  tient  souvent  pour  les 
plus  œrtaines. 

<  >^  temps  de  décadence ,  qu  i  mi  nèrent 


l'empire  romain,  et  les  siècle^dc  barba* 
rie  qui  suivirent  sa  chAte,  n'oflfrent  rien 
d'instructif  sur  aucune  branche  de  la 
guerre.  Jusqu'à  l'époque  de  Nassau  el 
de  Gustave,  les  armées  se  battirent  sans 
combinaison  el  subsistèrent  à  peu  près 
de  même*  Les  campagne»  étaient  des 
(»pèces  d'incursions.  On  se  répandait 
dans  le  pays  ;  on  marchait  par  corps  et 
en  cantonnant.  Si  l'on  sts  rassemblait, 
c'était  pour  quelques  jours  seulement, 
et  seulement  pour  livrer  combat.  Le 
pays  subvenait,  comme  il  pouvait,  à  la 
subsistance  des  gens  de  guwre ,  et  il 
n'y  pouvait  pas  fournir  long-tempa  à 
cause  de  l'extrême  indiscipline  qui  ré- 
gnait parmi  eux. 

Sous  Nassau  et  si  ma  <suata?et  un 
nouvel  ordre  naquit  J^ins  les  armées; 
les  troupes  apprirent  à  camper,  à  mar- 
cher, à  combattre.  Avec  TaDatère  dis- 
cipline que  ces  grands  hommes  éta- 
bUrent,  il  tallut  d'autres  procédés  de 
subsistance.  Les  armées ,  rassemblée! 
dans  des  camps,  eurent  besoin  de  nMh 
gasins,  Gustave  faisait  Caire  des  di8trt« 
butions  journalières  se  pain  et  île 
viande  à  ses  soldats.  Dans  les  opéra- 
tions forcées,  ils  savaient  vivre  piua 
sobrement;  il  les  avait  élevés  à  ae 
nourrir  de  tout,  et  à  jeûner  sans  mur* 
nmre.  Cet  esprit  subsista  encore  long* 
temps  après  lui  dans  les  troupes  sué* 
doises.  Les  nouvelles  méthodes  de  sub» 
aistance  n*entravaient  ie|iendant  point 
les  (opérations  de  Gustave  et  des  gêné* 
ranx  habiles  qui  lu  suceédèrent. 
Alors  les  armées  étaient  peu  nonv» 
breuses  ;  elles  ne  traînaient  pas  à  leur 
suite  une  énorme  quantité  d'artillerie 
et  d'équipages.  Le  luxe  n'avait  pas 
énervé  lea  mœurs  et  augmenté  les  be« 
soins.  Avec  ces  petites  armées,  on 
pouvait  faire  de  grandes  conquêtes.  Les 
généraux  faisaient  eux^-mêmes  l'of-* 
ficc  de  nuoitionnàifes.  Le  duc  dis 


ItO 


MLfftQinS. 


lloh^ti,  iêm  901)  Pûirfàit  Capitaine,  en 
détnlHe  les  IbiirUoiis.  Il  s'éfère  contre 
^uetqQes-nns  qui  avaient  proposé  de 
eoflfler  ced  détails  à  des  personnes  non 
iHHKâlres;  etitnme  si ,  dit -il,  pourvoir 


gné.  n  les  décidait  en  effet.  Ses  adu- 
lateurs rappelaient  le  général  des  %é^ 
nérant.  Je  ne  prétends  pas  dire  que 
M.  de  Louvols  n'eût  du  génie,  qo'O 
n*ait  rendu  de  grands  services  aux  ar- 


à  (^  que  rarmée  vive,  nt  faisait  pas   mes  de  Louis  XIV  ;  mais,  pour  quel- 


partie  de  Fart  de  la  conduire. 

Ga  Alt  tous  la  fin  du  règne  de 
Lonia  Xlfl  et  siais  Louis  XIY  que  les 
armées.  s*orgaiilsant  avec  plus  de  per- 
fection, les  HUlisistancea  furent  déli- 
v#éoft  régttlièrefuent  aut  troupes.  Les 
détniHi  des  subftistances  cessèrent  en 
anéme  tetups  d*6lre  dans  les  mains  des 
asHiiaifes.  91  les  générant  eurent  la 
Aaladrosso  de  s'estimer  heureux  d'en 
être  débarrassés,  les  ministres  les  vi-^ 
«ant,9lltls  doute  avec  plaisir,  entrer 
dans  lauf  défiai  (ement,  parce  que  cela 
laof  asaujMtlt,  <'ii  quoique  aorte,  les 
apératkmset  l(«s  généraux. 

t^  aol>iMai!CéS  de  nos  armées  ont 
été  depuis ,  t'iuv  à  tour,  administrées 
|Mr  éatreprtso  i*t  par  régie.  M.  de  Lan- 
fois  fat  le  premier  ministre  qui  donna 
da  resteniion  et  de  l'importance  à 
oatte  braiH^ie  d(;  détails,  Jusque^-lè  fe- 
gttdée  cf>mme  liés  saballerne.  Elle  le 
devenait  mains  en  effet  par  le  change^ 
tteat  qui  s'était  fait  dans  le  système 
de  guerre ,  par  l'augmentalion  prodi- 
gipuie  des  armées  et  de  leurs  attirails, 
par  i*espèce  de  la  plupart  des  campa^ 
gnas  qui  ae  passaient  toutes  en  siégea, 
l'ai  dit  aiUeiira  comment,  dès  lors,  H 
ne  ae  fit  prea*iue  plus,  de  part  et  d'au- 
tn\  ce  que  j'appelle  le  grande  guerre« 
La  aiûeoee  parui  coasiatar  à  opposer 
pbC()  à  plao*3»  iBagaaki  à  magaaia. 
L'amaa  des  appiavisionmmens,  pré** 
eaaUoa  sage,  miand  elle  a  lea  bornes, 
était  défénéré  an  nMoia  cbet  M.  de 
Lauvois.  U  en  avtrtt  aur  toutes  les  Tron* 
tières*  II  préteadut  par^à  tatifr  deaa 
aa  maîn  tous  les  mufr^aa  des  opénh» 
tilHiafe  et  décider  laa  ptea  de  campa^ 


ques  succès  passagers,  auxquels  con- 
tribua et  Sa  supériorité  à  manier  le 
nouveau  système  de  guerre,  il  oc- 
casionna par  la  suite  de  grands  maux. 
Il  trompa  Louis  XIV  sur  sa  puissance 
réelle  ;  il  introduisit  un  genre  de  gaerre 
désastreux  pour  la  population  et  pour 
les  nuances;  il  augmenta  les  armées, 
les  dépenses;  et»  n'ayant  pas  a4}us 
ces  deux  rapports  des  moyens  sapé- 
rieurs  au  reste  de  TEurope ,  fl  ne  ga- 
gna rien  ;  il  força  seulement  les  autres 
princes  à  se  liguer  contre  Louis  XI V', 
et  à  ruiner  leurs  États  comme  lut. 

Après  la  mort  de  M.  de  Louvois, 
Louis  XIV  eut  de  mauvais  mtoistre^. 
et  des  généraux  plus  mauvais  encore. 
Cependant  la  routine  était  prise  et 
adoptée  par  toute  TEurope;  il  n'était 
plus  possible  d*y  rien  changer.  Obli- 
gée de  faire  face  partout,  la  France 
se  trouva  accablée  sous  une  défensive 
malheureuse.  11  est  inouï,  ce  que  les 
nouveaux  systèmes  de  subsistance , 
introduits  par  M.  de  Louvois,  coAtè- 
r^nt  alors  de  millions  au  royaume,  tl 
n*y  avait  pas  de  bataille  perdue  ou  de 
ville  prise,  qui  n'entratnftt  des  pertes 
de  magasins  immenses.  Les  malhems 
accessoires  devenaient  plus  destructifs 
que  le  malheur  principal.  Hocstet  flt 
perdre  quarante  millions  de  magasins 
établis,  par  échelons,  depuis  nos  fron- 
tières jusqu'au  Danube.  A  Turiu,  on 
abandonna,  devant  la  place  et  dans  le 
resté  du  Piémont,  une  quantité  pro- 
digieux d'attirails  et  d'approvision* 
néraens.  Cliamillàrd  avait  triplé  les 
moyens,  comptant  assurer  par  là  des 
aacoèa  à  La  Feoillado ,  son  gendre.  A 


8G1B1IGB  MlUTAIMB. 

cela  on  ne  peut  pas  objecter  que  ces 
tfigasifls  ftMMIt  fbrtnés  txxx  dépens 
de  retinemf  ;  Ils  rétoient  aax  Trnis  de 


m 


je  ne  teai  pas  souiller  ma  phime  à  IM^ 
re  le  recensement  des  crimes. 
Je  ne  suis  pas  exclosir  ni  outré  dani 


Iti  France.  Presque  toute  la  partie  de   mes  opinions  ;  je  ne  dirai  pas  à  une 


r  Anetnagne,  où  nous  faisions  la  guerre, 
^tâit  notre  alliée  ;  et  les  achats,  qu*y 
Msalt  le  roi.  8*f  payaient  comptant. 
Eh  Piémont,  des  ménagemens  pour  la 
duchesse  de  Bourgogne  Taisaient  payer, 
ItinS  main,  les  livraisons  qu'on  deman- 
dait iMutement  au  pays  à  titre  de  con* 
tylbiHlons.  Le  royaume  était  obéré  de 
dettes  ;  toutes  les  fournitures  de  sub- 
staMftees  se  faisaient  par  entreprises  ; 
les  marchés  des  entrepreneurs  aug- 
mentaient à  chaque  campagne.  Ce- 
tilt  rusore  qui  vendait  ses  services  à  la 
H«ees5ité. 

Notre  système  de  subsistance  ne 
l'SSt  point  amélioré  depuis  la  guerre 
da  ITOO;  il  est  devenu  de  plus  en 
ttOÊ  financier  et  ruineux.   Le  dé- 
mtén  des  fltiances  et  la  routine  ont 
lMI|oitfa  fait  recourir  aux  entrepris 
aei.  Rendons  justice,  cependant,  h 
ta-  compagnie  qui,  pendant  les  deux 
Asrnlèrâs  guerres,  a  été  chargée  de 
flMrtiitnre  du  pain  dans  nos  ar- 
i  Cette  compagnie  citoyenne  a 
rrl  ttee  honneur  ;  elle  a  quelque- 
Cctin  pMta  sans  murmurer,  et  n'a  ja- 
Iti»  gagtié  avec  excès.  J'ai  suivi  l'a- 
fWtfcmnnt  de  ses  comptes  de  la  der- 
artère  gnerra;  son  gain,  proportionné 
é  tet  if  aneeS,  à  l'incertitude  du  paie- 
lÉeM,  aux  non --valeurs  des  effets 
tÊffUt  qu'elle  a  remboursés ,  n'a  été 
qtfun  gain  légitime.  Malheureusement 
eelté  compagnie  n'a  pas  été  chargée 
de  tontes  las  branches  d'entreprises 
vehUvef  an  troupes.  Aussi,  qu'on  se 
vtppille  partieolièrenient  les  horreurs 
de  la  eampagna  de  1757  :  le  brigan- 
dage était  aa  eomUe,  les  hApitanx 
«ManA  daa  dmmieia  (1).  Je  m'arrête; 

(f)  C6  uratt  aa  aavris»  Mea  tetéreNsat 


armée  :  a  N'ayez  point  d'équipages  de 
»  vivres,  de  magasins,  de  moyens  de 
n  transport  ;  vivex  toujours  du  pays  ; 
»  avancez,  s'il  le  faut,  dans  les  déserts 
»  de  l'Ukraine,  la  Providence  vous 
»  nourrira.  »  Je  veux,  je  crois  l'avoir 
déjà  dit,  qu'une  armée  ait  un  équi- 
page de  vivres,  mais  le  moins  nom* 
breux  possible,  proportionné  à  sa  for^ 
ce,  h  la  nature  du  pays  où  elle  doit 
agir,  et  aux  moyens  qu'exigent  les 
opérations  ordinaires.  Je  veux  que, 
partant  d'un  fleuve,  d'une  frontière, 
elle  ait,  sur  cette  base,  des  magasins 
et  des  entrepôts  bien  disposés  relati- 
vement à  leur  sûreté  et  au  plan  de  ses 
opérations.  Je  veux  que,  si  elle  est 
dans  le  pays  ennemi,  ses  magasins 
soient  formés  aux  dépens  du  pays  et 
par  les  soins  du  pays.  Je  veux,  autant 
qu'on  le  pourra,  que  le  pays  soit  char- 
gé de  1a  monutention,  comptabilité, 
conservation,  reversement  d'un  lieu  i 
l'autre,  afin  de  n'avoir,  au  moyen  de 
cela,  ni  dommages,  ni  évènemens,  ni 
employés,  ni  procès-verbaux  à  payer. 
Je  veux  qu'en  pays  ami  ou  enne^ 
mi ,  les  magasins  soient  formés  des 
subsistances  qui  font  la  nourriture 
habituelle  des  nationaux,  parce  qu'a«- 
lors  on  les  aura  à  meilleur  compte 
et  en  plus  grande  abondance;  par 
conséquent,  si  les  habitans  se  nour- 
rissent de  seigle ,  les  troupes  s'en 
nourriront,  et  Ton  ne  s'assujettira 
point,  parce  qu'un  règlement  de  bu- 
reau aura  déterminé ,  il  y  a  quatre- 
vingts  ans,  l'espèce  et  la  forme  du 

poar  ThonitiiUé,  que  celui  qoi  traiterait  dn 
meiUeur  plan  d*adminiitralioD  pour  les  hôpl- 
taax  d'une  armée,  et  de  U  meiUeore  polies  à  f 
obiervef. 


wn 


POLITIQUE. 


fÊin  qai  doit  être  aeilvré  an  soldat,  à 
ne  lear  en  distribuer  ijue  de  cette  for- 
ne  el  de  cette  espèce. 

Je  ¥601 ,  tant  que  les  opérations  se- 
ront simples ,  faciles ,  a  portée  des  éta- 
UÎMeroens  qu'on  aura  formés ,  que  le 
pain  soit  confectionné  et  délivré  dans 
la  règle  accoutumée  ;  que  la  régie  rem- 
{rtisse  son  service  avec  le  plus  d'ordre  et 
d'eiactitude  possibles.  J'entends  que 
les  moyens  de  transport,  qu'on  pourra 
se  procurer  dans  le  pays,  soient  em- 
ployés aux  détails  intérieurs  de  cette 
manutention,  afin  que  par  là  les  équi- 
pages des  vivres  soient  soulagés  d'au- 
tant, dépérissent  moins,  restent  cons- 
tanmient  à  la  disposition  du  général , 
et  prêts  à  servir  efficacement  dans  une 
opération  extraordinaire.  Les  mouve- 
mens  viennent-ils  à  se  multiplier  et  à 
se  succéder,  est-il  nécessaire  de  faire 
une  opération  hardie,  des  marches  ex- 
traordinaires? il  faut  alors  que  la  régie 
force  de  moyens,  il  faut  qu'elle  sadie 
s'écarter  de  ses  méthodes  de  routine  et 
de  précision.  L'ennemi  prend,  je  sup- 
pose, une  position  inattendue ,  et  où 
je  ne  veux  ni  ne  puis  l'attaquer  ;  je 
suis  sûr  de  le  déposter  ou  de  le  pren- 
dre à  revers  en  marchant  sur  son  flanc. 
Suivant  notre  routine  actuelle,  il  faut 
que,  pour  ce  changement  de  direction, 
je  me  forme  de  nouveaux  établisse- 
mens  et  de  nouveaux  rayons  de  com- 
munication. On  me  demande  quinze 
jours  pour  la  formation  de  ces  établi»- 
semens;  on  allègue  qu'il  faut  rassem- 
bler des  matériaux,  bfttir  des  fours,  etc. 
Yoilà  précisément  on  je  ne  veux  pas , 
s'il  se  peut,  que  les  vivres  me  com- 
mandent ;  voilà  on  je  veux  que  la  ré- 
gie redouble  d'industrie,  que  l'armée 
vivedes  ressources  du  pays,  qu'elle 
sache  souffrir,  changer  de  nourriture , 
jeûner,  s'il  le  faut,  sans  murmure. 
C'est  un  mouvement  qui,  dai^  cette 


circonstance,  est  t'Ot>jfsr  prrnclpal  ;  tou- 
tes  les  autres  combinaisons  ne  sont 
qu'accessoires,  et  il  faut  tftcher  de  les 
lui  soumettre.  Il  faut  que  l'ennemi  me 
voie  marcher,  quand  il  me  croira  en- 
chaîné par  des  calculs  de  subsistances  ; 
il  faut  que  ce  genre  de  guerre  nouveau 
rétonne,  ne  lui  laisse  le  temps  de  res- 
pirer nulle  part,  et  lui  a|q>renne,  à  ses 
dépens,  cette  vérité  constante,  qu'il 
n'y  a  presque  pas  de  position  tenabie 
devant  une  armée  bien  constituée,  so- 
bre, patiente  et  manœuvrière.  Les 
momens  de  crise  passés,  mon  mouve- 
ment ayant  rempli  son  objet,  alors  les 
subsistances  rentrent  dans  le  système 
accoutumé  d'ordre  et  de  précision.  On 
tient  compte  aux  troupes  des  efforts 
qu'elles  ont  faits,  du  mal  qu'elles  ont 
souffert.  C'est  par  cette  alternative 
bien  ménagée,  de  douceurs  et  de  tra- 
vaux, qu'on  éloigne  d'elles  le  dégoût, 
l'ennui,  l'indiscipline,  les  maladies; 
c'est  par  elle  qu'on  leur  fait  faire,  dans 
l'occasion,  des  choses  aurdessus  des 
forces  humaines.  Enfin,  si  je  suis  dans 
un  pays  ennani,  et  que  ce  pays  soit 
abondant,  je  suspends  les  dépenses 
de  la  régie  pour  tout  le  temps  qu'il 
peut  y  fournir;  je  vis  à  ses  frais.  Je 
tes  suspends,  à  plus  forte  raison,  si  j*y 
entre  en  quartier  d'hiver  ;  je  fais  faire 
les  livraisons  par  le  pays,  ainsi  que  les 
emmagasinemens,  les  fournitures^  les 
comptabilités.  Là,  je  veux  que  les 
troupes  soient  dédommagées  de  la  fa- 
tigue de  la  campagne ,  qu'elles  vivent 
chez  l'habitant ,  qu'eiies  mettent  leur 
solde  en  réserve.  Je  règle  ce  qu'elie^s 
peuvent  exiger,  sur  un  pied  raisonna- 
ble, et  dans  l'espèce  de  denrées  que  lo 
pays  consomme.  Eu  même  temps  que 
je  procure  ces  douceurs  aux  troupes, 
j'établis  et  je  mahntiens  une  disdpliae 
de  fer  pour  réprimer  les  moindres  dé- 
sordres, P^ndaint  cet  mtervalle  de  re- 


SCIBUCB  MlUfAlllB 

pos,  les  équipages  des  vivres  sont  ré- 
parés et  remontés,  et  la  ré(ie. prépare, 
dans  le  silence ,  ks  moyens  pour  la 
campagoe  suivante. 

Ceci  me  conduit  à  une. vérité  po* 
litique  importante,  qui  n'est  pas  assez 
sentie  par  notre  (gouvernement  :  c'est 
qa'à  un  royaume  constitué  et  puis- 
sant ,  comme  la  France  devrait  Tétre , 
il  faudrait  rarement  de  grands  alliés,  et 
jamais  de  petits  ;  il  devrait  surtout  évi- 
ter d'en  avoir  dans  le  pays,  ou  aux  eu- 
virons  du  pays  où  il  porte  le  théitre 
de  la  guerre.  C'était  une  maxime  d'É- 
tat chez  ies  Romains  :  ceux  qu'ils  ap- 
pelaient leurs  alliés  étaient  des  espèces 
de  vassaux  ;  ils  contribuaient  aux  frais 
de  la  guerre  ;  ils  nourrissaient  Tarmée, 
si  elle  était  sur  leur  territoire.  Notre 
politique  de  ménagemens ,  de  consi- 
dérations, de  subsides  secrets,  est  pe- 
tite et  ruineuse  pour  un  grand  peuple; 
elle  est  surtout  funeste  aux  opérations 
utilitaires;  elle  euibarrasse  les  géné- 
raux ,  et  met  les  armées  mai  à  Taise* 
La  France ,  au  point  de  splendeur  et 
de  prépondérance  où  devrait  la  porter 
un  plan  de  régénération,  qu'il  faut 
malheureusement  désespérer  de  voir, 
devrait  au  milieu  de  TEnrope,  do&t 
elle  est  le  centre,  se  soutenir  seule  et 
par  son  propre  poids  ;  eDe  devrait,  avec 
cette  manière  franche ,  large,  hardie, 
qui  convient  aux  grands  empires,  dire 
ses  voisins  :  «  Je  ne  veux  point  m'é- 
tendre;  je  tâcherai  de  ne  me  pas 
faire  d'ennemis,  et  je  ne  veux  point 
d'alliés,  ji 

iNos  troupes  ne  sont  pas  constituées 
militairemenL  Nos  m<œurs  ne  sont  pas 
militaires.  Nos  soldats,  et  nos  officiers 
encore  moins,  a'ont  ni  la  frugalité,  ni 
la  patience,  ni  la  foroe  de  corps,  qui 
sont  les  qualités  primordiales  et  oons^ 
titulives  des  genfi  àt  guerre.  Ces  qua- 
lités ne  sent  pas  tejooiéesjdaDs  notre 


4tt 

siède  ;  elles  y  sont  aftiibtfes  et  tour- 
nées en  ridionie  par  le  luxe  et  par  l'es- 
prit qui  domine.  Nous  sommes  des  sy- 
barites; et  teUe  est  cependant  hnlkien- 
ce  de  l'exemple  et  de  la  mode  sur 
notre  nation,  à  la  fois  faible  et  forte, 
légère  et  capable  de  réfléchir,  que,  si 
le  souverain  voulait  en  changer  les 
mœurs,  hii  donner  l'esprit  militaire, 
apprendre  à  cenunander  ses  armées , 
les  commander  en  personne,  en  ban- 
nir le  luxe,  être  lui-même  frugal  et 
patient  à  souffrir,  avant  peu  d'an^ 
nées  les  vertus  guerrières  y  devien- 
draient communes  et  respectées  au- 
tant qu'elles  le  sont  peu  aujourd'hui. 
L'honneur,  si  facile,  de  régénérer  la 
nation  ne  tenta*a-t-il  donc  jamais  un 
de  nos  princes  ? 


CHAPITRE  IV. 

SyMéine  de  guerre  actuel,  examiné  sous  le  rtp* 
part  de  la  politiqae  et  de  radminittratioD.  -• 
Qa*U  .serait  impoailble  et  adéme  désavaDia- 
geux  de  le  changer.  —  Que  ee  «yitéme,  en 
outre  qu'il  est  plus  parbit  et  plus  savant  que 
tous  ceui  qui  ont  existé,  est  moins  ruineux 
pour  les  peuples,  plus  propre  à  entretenir  la 
paix  et  empéetaer  les  eonquéles,  les  dérast»- 
ei  les  grandes  réiolatioiis  que  la  goem  cih 
traînait  autrefois. 

Ce  qu'on  reproche  au  système  de 
guerre  moderne,  c'est  la  nécessité  qu'il 
impose  d'entretenir  constamment  sur 
pied  des  armées  nombreuses  ;  l'im-- 
meiisité  de  leurs  attirails;  les  dé- 
penses inouïes  de  nos  guerres  ac« 
tuelles,  dépenses  telles  qu'on  achète- 
rait souvent,  av.ec  ce  qu'il  en  coule 
pour  les  soutenir,  le  fonda  des  paya 
qu'on  se  dispute;  la  consommation  plut 
désastreuse  encore,  d'homaas  qu'elles 
eptratoent. 


>»-  » 


Mh 


•oun«M. 


le$  pUloiaplieit  on,  fmar  parter 
irtus  juste,  la»  gant  ftiaant  profeisioa 
i^  phiiosopher,  attrilmaDl  à  oa  aya- 
tèfloia  dea  effeta  bian  foneatea  :  c  Laa 

#  arméaa.  disant-^ls,  lont  à  la  fois  les 
a  inatruniaoaderopprassifinetleaéecH 
9  laa  de  l'aadavage  ;  c'aat  par  la  (erreur 
a  qu'allaa  imposant,  qu'aucun  peuple 
»  u'oie  ioulever  sea  chainea  et  regar- 

•  dar  en  faeeaea  tyrans.  »  De  le,  ne 
aansidéraot  plus  laa  a? méea  que  sons 
«e  point  de  vue,  oubliant  que  s'il  eat 
des  guerres  injustes,  il  en  est  de  nA- 
ce^aaires  ;  que  si  iaa  troupes  sont  quel- 
quefois  des  auppAts  de  deapotismo,  el- 
les sont  plus  souvent  la  sauve*garde 
des  nations,  ila  confondent  enaemble 
te  Bôan  et  la  profession,  passent  de 
rhorreur  de  Fun  à  la  haine  de  Tautre, 
appellent  les  gens  de  guerre  des  stî- 
pendiaires ,  des  satellites ,  et  cepen- 
dant jouissent  de  la  sécurité  que  les 
gens  de  guerre  kxst  procurent,  soit 
en  conservant  la  paix,  parce  qu'ils 
veillent  autour  d*eux ,  soit  en  écar- 
tant W  guerre  de  laura  foyera,  parce 
qu'ils  vont  combattre  et  mourir  au 
loin  pour  eux. 

Il  y  a  dans  ces  imputations,  faites 
au  système  de  guerre  moderne,  quel- 
ques vérités  mêlées  à  beaucoup  d*er- 
If  ura  et  d'injustices.  Je  vais  en  entre- 
prendre l'analyse  et  la  réfutation.  Je 
vais  prouver  que  de  tous  les  systèmes 
de  guerre  qui  ont  oiiaté ,  le  aystème 
moderne  eat  le  ph»  savant  et  le  plus 
parfait,  ai  on  le  considère  du  cAté  de 
Fart,  et  en  même  temps  le  plus  a^n-» 
itageux  aux  gouvememens  et  aux  na« 
tions;  le  moina  deatructeiv,  le  moins 
aeiattiteax,  b  plua  conaervateur  de  la 
paix  et  dea  emphrea ,  si  ¥xm  calcule 
aaa  f  flfeta  et  aea  résullats.  Sans  doute  H 
m'est  dottx  de  défendre  une  science 
que  Je  auMve  et  une  pralèaaion  qui 
m'honore;  mai"-  ^  '***^  ^mn,  k 


aolution  ée  ee  phibtème  peut  change 
utilement  le  cours  des  opinions. 

Reconnaissons  d^abord,  comme  une 
base  incontestable,  que  la  philosophie 
s'élève  en  vain  contre  la  guerre,  qu'elle 
n'en  détruira  pas  l'usage.  Pour  y  par- 
venir, il  fhudratt  anéantir  les  passions  ; 
il  fiiudrait  créer  des  peuples  d'anges  ; 
encore  voyons-nous  que  Torgueil  et 
l'ambition  finirent  par  mettre  ces  der- 
niers aux  prises  avec  leur  Créateur.  Si 
la  guerre  est  un  résultat  infaillible  des 
passions  de  Tespèce  humaine,  il  faut 
donc  un  art  de  la  faire,  et  des  hommes 
qui  s'y  consacrent. 

Cette  base  posée,  déclamer  contra 
la  guerre  en  vers  et  en  prose,  porter 
des  anathèmes  philosophiques  contre 
eHe,  c'est  battre  Pair  de  vains  sons; 
car  aûrement  les  princes  ambitieux,  ou 
injustes,  ou  puissans ,  ne  seront  pas 
contenus  par  là.  Mais  ce  qui  peut  et  ce 
qui  doit  nécessairement  en  résulter, 
c'est  d'éteindre  peu  à  peu  Tesprit  mi- 
litaire, de  rendre  le  gouvernement 
moins  oooupé  de  cette  importante 
branche  de  l'administration .  et  de  li- 
vrer un  jour  la  nation,  amollie  et  dé- 
sarmée, ou,  œ  qui  revient  à  peu  prèa 
au  même,  mal  armée,  et  ne  sachant 
pas  ae  aervir  de  ses  armes,  au  joug  de 
nations  aguerries  qui  auront  moins  de 
lumières  peut^tre ,  mais  plus  de  juge- 
ment et  de  prudence. 

Farierai-je  d\me  autre  erreur  plus 
étrange  encon,  c'est  ceHe  qui  fait 
penser  à  dea  gens  de  beaucoup  d'es- 
prit, mais  égarés  par  leur  cœur,  qu'un 
jour  II  n'y  aura  plua  de  guerre,  que  les 
peuples  et  lea  aouverains  se  rendront 
anr  cela  à  févidenoe  de  la  raison  et  des 
lumièraa  t  ùommù  ai  lea  hommes,  soK 
individuellement,  sott  réunis  pou- 
vaient |anaiaoesaer  d'être  anlm^  par 
la  vengeanee,  par  hmiUtton,  par  IV 
1#  ta  i^btaiy  par  nntii«t,  tMiaa 


SCDOm  HIlkTAtlUI. 


ils 


fAMfefis  BiliirêHM  ou  (hetices  ffA  ont 
jenr  ^orct  dans  le  cœur  humain  ou 
éflris  les  préjugea  dont  nous  sommes 
iml)os! 

\je  roi  de  Prusae,  la  czarine  sont 
certainement  des  souverains  très  phi- 
los )phes  ;  mais  je  doute  qu'ils  laissent 
Jamais  faire  par  leurs  voisins  rien  qui 
blesse  leur  Intérêt  ou  leur  gloire.  On 
vient  de  voir  le  roi  de  Prusse  s'engager 
i  soixante-huit  ans  dans  une  guerre 
àmt  peut-être  sa  santé  n'aurait  pu  ni 
flotitenlr  le  fardeau ,  ni  lui  permettre 
de  voir  la  Hn.  Mais  l'intérêt  de  sa  puis- 
SBf  ice,  le  rôle  de  protecteur  de  l'empire, 
dont  II  lui  importait  de  grossir  l'héri- 
tage de  sa  maison,  enfin  le  fantôme  de 
la  postérité  qui  assiège  les  grands  hom- 
mes, et  qui  lui  aurait  demandé  compte 
de  ses  trésors,  de  ses  forces,  de  ses  ta- 
lens,  de  toute  sa  gloire  passée,  s'il  eât 
laissé  consommer  l'envahissement  de 
la  Bavière  ;  voilà  ce  qui  l'a  animé. 

Il  y  a  sans  doute  en  Angleterre 
biiêucoup  de  philosophie  et  de  philo- 
flf'phes;  mais  ces  philosophes,  avant 
tout,  sont  ou  eommerçana  directs,  ou 
indirectement  attachés  à  la  pMMpérité 
du  commerce;  dès-lors  Tlntérét  du 
o>mmeree  est  pour  eux  le  premier  et 
le  plus  pressant  àe  loua.  C'est  cet  inté^ 
rèt  qui  les  fait  se  déchirer  avec  leurs 
fières  américains;  e'esl  lui  qui  les 
meltft  tDajonra  en  guerre  avec  nous 
auisi  souvent  que  nous  tenterons  dfi 
Klever  notre  marine;  c'est  loi  qui,  dt) 
tt  peuple  si  libre  el  si  fier  de  sa  Hberté 
chez  lui,  fait  un  peuple  si  oppresseur, 
t  ami  de  ia  tyrannie  en  Asie.  C'est  cet 
iatérèt  qui  rend  les  Anglaia  si  durs  et 
fi  iltfeta  dans  les  vexations  qu'ils  font 
«rayer  k  nos  négooiana  aux  Indes , 
qui  leur  fait  déchirer  les  toltes  que 
m»  eommindons  sur  les  métiera  des 
tineranda,  qui  leur  Alt  déffmAre  à  nos 
Mneaux  de  tirer  do  oanon  dans  le 


Oatige,  même  le  jonf  «lela  Saint-Louis. 
C'est  cet  intérêt  qui  If.ur  a  fait  détruire 
de  fond  en  comble  Pondichéry,  parce 
que  Pondichéry  était  lu  rivale  de  Ma- 
dras, et  qu'oà  il  y  a  ii\  alité,  il  ne  peut 
plus  y  avoir  ni  pitté  ni  justice.  Les  An- 
glais sentent  que  leur  conduite  dans 
cette  partie  du  mon%le  est  inique  (;t 
vexatoire  ;  mais  il  leurimporte  de  nous 
humilier  aux  yeux  des  naturels  du  pays 
et  de  s^  montrer  la  nation  prépondé- 
rante ;  car  la  crainte  ajoute  î  la  consi- 
dération, et  la  considération  est  un 
poids  réel  dans  la  balance  des  na- 
tions. 

Les  Anglais  sont  philosophes  assu- 
rément; mais  lem^  iiuvrages,  leurs 
théâtres,  leurs  clups,  ne  retentissent 
pns  de  déclamations  tontre  la  guerre 
et  contre  les  citoyens  qui  s'y  dévi^uent. 
Ils  honorent  leur  marioe  militaire, 
qu'ils  regardent  comme  eur  boulevârt 
el  leur  défense  véritables.  Ib  ne  rtîgret- 
tent  point  les  sommes  énormes  qu'on 
y  emploie,  et  Ils  ne  s'cct  plaignent  que 
quand  il  n'est  pas  résulté  de  ces  dépeti* 
ses  des  amiemens  ass«L*z  formidables. 
Pins  conséquens  que  ni  ms  enlln ,  quand 
ils  fbnt  la  guerre,  ils  ne  la  font  pas  à 
demi .  et  ils  y  emploient  tousies  moyens- 
de  leur  puissance. 

Quand  la  guerre  s'/rlAv e  entre  deux 
nations,  sans  doute  il  serait  plus  sim^ 
pie,  phis  expéditif  et  moins  sanglanl 
qu'elles  voulussent  conllor  leurs  desti- 
nées à  un  petit  nombres  de  combattans, 
et  souscrire  à  recevoir  la  loi  du  parti 
vainqueur.  Ainsi  ce  fut  quelquefois 
l'usage  dans  l'antiquité.  Ainsi  firent  les 
Romains  et  les  Albains  dans  le  fameux 
itimbat  des  Heraces.  Ainsi  I*on  a  vu 
des  roia  regardant  l'obllgitton  di5  com- 
battre pour  leur  nation  comme  le  pro- 
nrier  devoir  du  trêne,  \ider  on  ]irope«^ 
ser  de  vider  entre  eux  les  diOérenils 
de  leurs  peuples.  Quelques  ex.nnph?! 


ii6 


POUTKHJS. 


de  cen  sortes  de  (iuelâ  ii'ooi  pu  en  éta- 
blir Tusage  ;  et  il  faut  (convenir,  en  ef- 
fet, que  rien  ne  serait  plus  absurde  et 
plus  insensé.  Quoi  !  un  peuple  ferait 
itépendre  son  sort,  ses  intérêts,  sa 
gloire,  d*un  ciimbat  particulier!  Un 
taux  pas,  une  aime  d'une  mpins  bonne 
trempe,  un  homme,  ou  plus  adroit,  ou 
plus  fort,  ou  plus  brave,  déciderait  si 
une  nation  entière  doit  gouvernée  ou 
obéir!  £t  si  les  souverains  devaient 
combattre  de  leur  personne,  si  à  Tévè- 
nemeot  de  leur  combat  étaient  a  Ha- 
chées ie3  destinées  de  leurs  sujets ,  il  ne 
faudrait  donc  plus  ni  génie  ni  vertu, 
et  ce  serait  aui  gladiateurs  à  régner. 

Il  a  passé  par  la  tète  de  quelques 
rêveurs  de  bien  public  que  les  guerres 
|K>urr&ient  se  décider  par  de  piHites 
armées,  que  \eb  souverains  pourraient 
convenir  entre  eux  de  n'entretenir  que 
des  armées  proportionnées  à  l'étendue 
de  leurs  états  et  de  leurs  moyens;  mais 
cette  chimère  s'évanauit  au  premier 
examen.  S'il  pouvait  y  avoir  jamais  un 
congrès  de  souverains,  assemblé  pour 
traiter  du  bonheur  du  genre  humain , 
il  serait  plus  aisé  d'y  léaliser  le  projet 
de  paii  perpétuelle,  que  d'y  former  de 
pareilles  conventions;  qui  établirait 
cette  proportion?  Où  serait  l'échelle 
arithmétique  de  rarmement  de  chaque 
puissance?  La  Russie  prétendrait  que 
rétendue  est  «  mesui  e  de  la  force  ;  la 
France  dirait  que  c'e^t  la  population  ; 
rAnglcterre,  le  commerce;  la  Hollan- 
de, la  richesse  ;  le  roi  de  Prusse  pour- 
rait dire  que  c'est  le  talent  et  le  génie 
du  souverain. 

Jjiissons  là  ces  fhimères;  exami- 
nons et  traitons  les  deux  manières 
les  plus  usitées,  les  plus  habituelles 
que  toutes  les  nations,  tant  auciennes 
que  modernes,  ont  eues  de  vider  leurs 
liébals.  La  première  est  en  faisant  la 
guerre  elle^mêoM^,  c'est^-^e  en 


s'armaut  au  moment  où  la. guerre  $• 
déclare,  en  choisissant  les  plus  jeunes, 
les  plus  vigoureux,  les  plus  ardeDS» 
les  plus  généreux,  puis  en  en  allaot 
combattre  avec  un  amas,  plu9  ou 
moins  informe,  désigné  sous  les  noms 
de  communes,  d'hommes  d'armes, 
d'arrièrc-ban.  de  pospolite,  de  mi- 
lice eiifin.  La  seconde  consiste  à  en- 
tretenir constanament  et  à  grands  frais 
sur  pied  des  armées  que  la  paix  pré- 
pare, discipline,  forme  à  la  guerre, 
sur  lesquelles  les  nations  se  reposent 
du  soin  de  leur  défense  ;  derrière  les- 
quelles enfin,  si  on  excepte  les  pays 
qui  sont  le  théâtre  des  opérations,  elles 
sèment,  recueillent,  jouissent  de  tou- 
tes les  douceurs  de  la  vie,  ne  prenant 
de  part  à  la  guerre  que  par  curiosité 
ou  par  des  affections  personnelles,  et 
les  évènemens  qu'elle  produit  n'étant 
déjà  plus  que  les  songes  de  rhistoîre 
quand  ils  leur  parviennent. 

Cette  première  manière  est  entière- 
ment perdue  en  Europe.  Les  Tares 
seuls  l'ont  conservée;  ils  la  paient 
cher,  et  leur  dernière  guerre  avec  les 
Russes  a  jugé  sans  retour  le  procès  en- 
tre la  multitude  et  la  discipline.»  \l 
restait  encore  la  pospolite  des  Polo- 
nais ;  neuf  ou  dix  mille  Russes,  menés 
à  la  moderne,  ont  dissipé  partout  ces 
hordes  impuissantes.  Dans  toute  l'Eu- 
rope enfin,  il  n  y  a  plus  aujourd'hui 
que  des  nations  qui  paient  des  troupes 
réglées,  des  armées  perpétuelles»  des 
armées  toi^ours  en  présence,  pour  se 
battre  à  leur  place* 

Il  est  question  maintenant  d'exami- 
ner laquelle  des  deux  manières  est  ia 
plus  avantageuse  aux  gouvememens, 
et  la  moins  onéreuse  aux  nations  et  à 
l'humanité. 

1  a  question  est  si  évidente  relative- 
ment aux  gouvernemens,  que  je  n'au-» 
rai  pas  besoin  de  m'y  airéter.  BtM 


•GniVCB  «LITAIU. 


MT 


méet  et  ifM  de  grtndM  «rméetv  les 
grmdi  États  ne  pewreiit  «foir  ni  sA-* 
icté,  ni  considératioii,  ni  politiqae.  lit 
M  mettraient  à  la  merci  da  premier 
MMnrenin,  iaférienr  en  poimaoee  réel- 
le, eo  moyens ,  en  population ,  «fni  ^ 
aiec  de  raesbition  et  dn  talent,  toq-- 
dnitte  faire  nne  eilstence  par  les  ar- 
mes. Ainsi  le' roi  de  Fmsse,  faisant  de 
is  coar  nn  eampv  tournant  toutes  ses 
forças  Tors  le  militaire,  et  ayant  mâme 
Padrasse  de  let  grànir,  en  appelant  à 
fOB  serfice  beancoup  d^étrangers,  eftt 
Bai  par  aliattre  la  maiaon  d'Antriche , 
d  die  n'arait,  à  son  exemple,  rormé 
one  «mée  eapsMe  de  la  balancer; 
Mail  nns  parler  dn  deliors,  et  en  des- 
€»dant  da  grand  an  petit  ponr  étendre 
Is  question  «ni  États  qui  ne  peurent 
fobd  entretenir  d'armée ,  sans  forces 
milRaipes  quelconques ,  les  gouverne- 
mens  n'aunieni  ni  autorité,  ni  appui, 
ni  forée  coactire.  La  forme  du  gourer* 
Douent  et  retendue  du  pays  ne  font 
que  modifier  ee  principe  ;  mais  partout 
il  hot  des  troupes.  Depuis  la  France 
jusqu'à  la  répiÂlique  de  Venise,  il 
faut,  dans  une  proportion  et  dans  une 
broie  quelconque,  entretenir  des  sol- 
dats. 

Id  les  philosophes  vont  s'élerer,  ils 
root  faire  retentir  les  mots  si  vagues 
et  si  souvent  mal  conçus  de  despotisme 
el  de  liberté.  Examinons  ce  qui  fonde 
jQis  ciameon,  et  réduisons  à  la  vé* 
rite,  et  surtout  à  la  possibilité ,  leurs 
HMx  et  leurs  dédmations. 

Sans  doute  leii  troupes  peuvent  quet 
qoefob  servir  d'instrument  au  despo- 
Usme  ;  mais  le  despotisme  n'existait-il 
pas  avant  qpi'il  y  eût  des  troupes  ré- 
liéesT  N'existe't4l  pas  en  Orient,  où  il 
a'a  pour  agens  que  des  eunuques  et 
des  bourreaux?  Louis  XI,  sans  ar- 
mée, ne  ^  fut-il  pas  plus  despote  que 
Louis  XIV,  créateur  des  grandes  ar- 


méesT  8ont-ce  des  troupes  qm  ont  exé< 
enté  le  massacre  de  la  Saint-Barthéle-» 
my?  Tous  les  souverains  de  l'Europe 
ont  des  troupes;  à  quelle  barbarie  les 
emploient-ils?  C'est  quand  les  princes 
sont  faibles  et  armés  d'un  demi-pou-^ 
voir,  qu'Hs  sont  pHis  dangereux  peut- 
être.  C'est  alon  que  la  déOance  les 
accompagne,  et  que  la  r&istance  les 
aigrit;  c'est  aleraqju'ils  s'entourent 
d'espions  et  de  bourreaux.  C'est  alors 
qu'un  Louis  XI  fait  de  son  palais  une 
citadelle,  et  de  cette  citadelle  le  cachot 
et  le  charnier  de  ses  victimes.  C'est 
alors  qu'un  Henri  III  fait  assassiner  les 
Guises  qu'il  rédoute;  <fest  alors  qu'on 
donne  ordre  d'arrêter,  mort  ou  vif,  le 
maréchal  d'Ancre ,  ee  qui  n'est  qu'un 
autre  assassinat  pallié. 

L'usage  des  semées  perpétuelles  eût 
étèfoneste  à  Thumanitè  dans  des  temps 
de  baiiwrie  et  d'ignorance  ;  aujourd'hui 
les  hunières,  l'évidence  de  hi  raison,  la 
douceur  des  mmurs,  enfin  tout,  jusqu'à 
la  mollesse  et  à  l'aDaiblissement  des 
caractères,  Ate  à  cette  institution  tout 
son  danger.  Les  armées  sont  les  ap- 
puis les'phis  fermes  de  rautorité  légi- 
time, de  l'autorité  se  contenant  dans 
de  justes  bornes  ;  mais  elles  sont  en 
même  temps  un  frein  tacite  à  la  tyran* 
nie.  Dn  Charles  IX  commandant  à  ses 
troupes  le  massacre  de  ses  sujets;  un 
Néron  voulant  incendier  sa  capitale, 
ne  trouveraient  dans  ses  tronpes  que 
les  instramens  de  sa  déposition. 

Sans  doute  la  liberté  est  perdue, 
sans  doute  elle  est  presque  impossible 
à  recouvrer  partout  o&  les  souverains 
ont  des  années  formidables;  mais  j'en- 
tends  par  liberté  le  droit  de  se  guuver 
ner  elles-mAmes,  car  voilà,  dies  les 
nations  policées,  à  quoi  il  faut  la  ré- 
duire ;  conviendrait-elle  à  presque  ton- 
tes les  grandes  nations  de  TEurope? 
La  phipart  d'entre- eiles-ne  sont  ni  sii 

S7 


nénc  qv^elle  v»  M»  oéb  iépMér^% 


Fé|HiMiqAeb.  U  f anl;  pour  gfiAter  <^ttD 
fi^me  4€  gduvenienftiil,  ane  oërtliîne 
trénape  decatieièfeet  d*ps|»rittîl  fMé 
des mqpim,  de hiptavrôté,  de  ie fiitt^ 
pHcifé  ;  it  faut  nfafèiB-pa»  coma  loiitea 
'  lea  joiiiwauœiiemiii^neanéei  §t  poiw 
i  niptfiGos  de  hixe;;'  des  ktlMB  et  di6 
^  ftfts.  il  faudmil  4tt'ip0parlift4Qi  iiidii» 
indus  de  chaqfefMtieii  n'eètpasduh^ 
If ê€té  fhabihide «liai nécesBilér  d^ Vl* 
fp»  éii  gràœs  et'ddsrit)iia=  de  tout0 
uwfkcf  donl  #bMi<to  (e  régmi0  niMart 
Mque.^  il  j  B  teUe  «atton  enflo,  pai-t 
«dime  au  pDiiilf(|at,  ai  eti:lui  tfaîMi 
ppèa^nt  de  at  Hberté^vtiUe  tii'tif  iMàail 
fbint  faire  mage;  toaberail dansé'»* 
Mi^dié,  et  rpdemandeaafiti  bietitM  rà 
grands  (Tis  le  gouf^rhement  coaira 
lèqireleHe  décime  aDjoBfd'bnî.  > 
•  On  citera  TAngieterfe  Von  dira'(|nè 
I^Anglelerpe  est  à  la  (ià!a  iriehe  et  œfh 
H)mpn6,  et  eepe«dant  fortM^'ût^Ubtei 
Mais  c'est  à  ion  btuieiise  feituatîMi  4 
cAest  ant  mevs'qdi'reajviranneBl;  el'qni 
la  défendent  j  que  FAH^leterrs  doit 
d'pvoir  maintenu  jusqn'lci  la  forvieide 
seo  gonfernenfient;*<]^tst  eet^  sitaart 
lion  qui  lui  permet  de  se  passer  d'am- 
niées  de  terre,  on  da  moins  d'«« ^veîr 
une  peu  considéraMe.  Se»  floltes  loi 
liennenliteu  de  reDipartsal  deèBtaitr 
Ions  ;  et  tel  est  Pavaniage  des  foroes  de 
mer.  quand  teatefois  elles  sont  fon- 
dées, comme  eeliea  de  f  Angleterre^ 
sur  un  grand  comnsenoe  mmntMfie; 
qu'elles  s'aUmetitent  et  s'entretleanent 
par  ee  oomaeree  même;  Tel  esteor 
eOK  leur  avantage,  qu'if n  défendent 
rAngleterre  contre  les  ennemis  du  de* 
bore,  elles  fie  rtietlent  pa»  dqns  les 
floiâins  du  souverain  une  puissance  dan^ 
gef ettse  ;  car  avec  une  flotte,  on  n'est 


Fttnse  pHrnn  bras  4e  «meiv'Aoït  aMi 
sél-ail  pbHf^e^  d'fffolf  *a^Wfloier<a 
tavra  ;  alorJi,  eoof  te»pragli8i  \  ill  yw  ■ 
rier  et  yUkmiBfiM,l9ifréfàtfkU»0mpà$ 

s'étendraftv  l0i  oqnlrbpaiAl  ^wm^wêî 
toi4léi0ràMntaflMtAia;^MShr  lAUM» 
qitlMe-de  eeMlMHe  oamMIiltlMliaai^ 
aiit  éiMMÉlé  dantlsei  fomlMiaaÉC  '  • 
'  LaisaaMS  donc  le 'phlluopUe^ae  ff 
patCas  de'dnasèmi  ^(seiinafeBbiii 
aéaiiaéiv(  '  pariona-  <te  :|ioti'e^<8iÉaMliiA*J 
lims^  <iaiiitoti8  u|iigf»i4  saiiMaea»; 
neés' âaena  des  liroaliènaa^d'wi}  te 
MBBse  dévttkippement,  dee  veisinilkeli 
IWfoena  ^et  1  puissamiBeiit  anséa. -^ba 
gmÉvernèment  nâanÉraUqu^  Ml  eaHI 
qm«i»fnvteo4  le?  tqienx  èiiae  teihr^aaa 
lion.  0est  oetni^v  qtoiftte  ^tflârt|iië 
faornlsse  quelquefois' éafer  iMeiifiai 

opposéa^quî  ^^t  ^  fi^  ^^i^*^'^ 
pé^itioni,  de  secret  et  ie  f  igMur  ;«i^M 

ceMqui^peutte'raieui'epérer  taTlo» 

nion  el  le  eanoeura4esinby«Dlli*#Me 

àmssif  f  pande  i^aMei  'Parf«(iié<eoiia4k 

qBence  dece(ite'iitiiatton,'il'fiieilS'lliUt 

des  «muées  ^roporHannée^  U  npMl 

pntesaiiee  et  à  eM»  >des  twatieiio  ^q«l 

neus  avo{siiient;'LaPplogne»|k  Mt^ta 

triste  expérience  des  abus  de  ranafcMë 

répiibKeàine',  parui^  feneile '«ysIèÉse 

de  liberté ,  elle  n'a  voulu  ni  anwéda  ai 

pièces  de  gteierre;  eHe-  0  ctrafni  é^ it 

mettre  Ains  les  aieins  de  son  soiivo» 

raffi;èt  elle  est^ devenue l'eaelave<eMa 

pvôiè  de^  pcrissanoeis  toonaiisiriqùea  M 

formidablemeril  armées  qtil  fdnvlMI^ 

newl.      ■""'  ■  •'  '■'•     '  *'•■'"   •  •■•' 

Ahcaminon^  mainienant  61  d'aM^MI 

serait  poli8lble\)[iulr  ensuite  ^1  soMt 

avantageux  aux  netioai^  niodéhies'^ 

fcire  icf  gnéfre  ene#4nèm*es,  ârf  (tes  4ê 

la  faff e  par  des  suppMs,  e'eët-èHlifÉ 


point  mettre  d'un  pays.  MaîR  supposons  i  pnr  des  treuffes  réglées, 
e  au  mil 
lemagne 


:* 


SaEFICI  HILITAIRF. 


k]% 


I  pvqiigieiiia  dittrenoe  entre  des  ar- 
■été  qui  fe|«ient  nMeinblées  passt- 
{ènoieiit  pour  pembattn ,  telles  qae 
iMifaieat  les  composer  nos  milices  on 
MO  frrière-bins,  et  des  armées  ooDSr 
iln^  et  entretenues  de  longue  main 
Mlle  oet  objet ,  qo'il  ne  reste ,  même 
me  «M  grande  sapériorité  de  nom- 
M^  Md  tonne  d^égulité  entre  les  pre- 
Aras  ft  les  dernières,  nnll^  possibi- 
Ité  raisonnable  de  se  hasarder  avec  les 
iMi  cpntre  les  antres;  enfin,  que  la 
isHmn  qni ,  entourée  de  voisins  armés 
nlfuit  le  systèpue  moderne ,  voudrait  j 
!9fi0i|ir  à  l'ancien  système,  et,  si  je  ' 
sifi  m^exprimer  ainsi ,  se  battre  elle- 
■ÉHIp  pour  gagner  son  argent,  serait, 
ataiivtroent  à  ses  voisins,  dons  la  mè* 
le  proportion  de  désavantage  et  de 
itMHsft  qu^un  homme  désarmé,  ou  ne  | 
Kbant  pas  manier  ses  armes ,  vis-à- 
it  d'un  homme  armé  et  exercé  à  ma- 
litv  tes  siennes. 

La  résistance  des  Américains ,  leurs 
«Ci^,  n'ont  pas  changé  mon  opinion. 
y«bord  je  crois  que  la  différence  dont 
*sd  parlé  ci-dessus  n*en  existait  pas 
moins  entre  Tannée  anglaise  et  celle 
le  Washington ,  et  même  entre  celle 
te  Burgoine,  qui  a  mis  bas  les  armes, 
Bl  celle  de  Gates  qui  Ta  fait  capituler. 
la  avis  que  si  on  pouvait  consulter  les 
oStiers  étrangers  qui  ont  vu  cette 
gneiyt ,  que  si  ou  pouvait  puvrir  la 
hHChe  à  celui  d'entre  eux  qui  s'y  est 
frit  up  si  beap  nom,  ils  convien- 
draient unanimement  que  les  mal- 
hencs  des  Anglais  ne  viennent  qua  de 
tours  propres  fautes  ;  que  leurs  gêné- 
ont  manqué  de  plan ,  pris  de 
mesures,  mal  à  propos  divisa 
leu»  forces  :  qu'ils  ont  fait  surtout  la 
grande  faute  de  ne  pas  assez  sentir  la  m- 
péfiorité  de  leurs  moyens,  et  d'oublier 
qMdes  troupes  réglées,  qui  comftfiut^ 
MW  dei  mililMt  perdei»t  4^-l^rs  mi- 


me leur  prin^cipal  avsptaK^«  «^i  con* 
siste  dans  l'opinion  qp'elles  d^JY^ul 
avoir  de  leur  supériorité  ;  et  qu'elle 
donnent  par  là,  à  ces  dernières,  4^  la 
contenance  et  de  la  forc^.  Je  crpis  eu- 
fin  qu'ils  se  réuniraient  tou9  poqr 
avouer  qu'ils  ont  HQUvent  géwi  (i^ 
cette  pf odigieuse  diOiif ence  ;  gt,  qa^jf» 
supposant  que  Tamour  4§  la  Ij^Rr^t 
existe  unauioiement  parfpi  les  J^mir 
ricains,  ce  sentiment,  qpi  fai(  qn^-r 
quefois  des  héf^  parmi  les  indivld^, 
est  pour  la  mulUtpde,  un  yébiculç 
moins  sûr  que  la  discipline. 

Mais,  quand  la  guerre  d^s  Angi^i 
en  Amérique  n'aurait  paseu  l'issue  que 
j^  crois  devoirètre  de  toute  guerre  faiti^ 
avecdes  troupes  réglées  bien  conduites, 
contre  une  nation  armée,  cet  ^xen^piç 
ne  prouverait  rien  encore  contre  paq^ 
opinion  ;  car  cette  guerre  ne  ressefnl^le 
en  rien  à  celle  qui  se  fait  en  Europe. 
Les  Anglais  sont  à  deux  miU^  Ue^fi^ 
de  leur  pays.  Les  vivres ,  l'embi^rm 
des  transports ,  la  lenteur  et  l'incerti- 
tude des  convois ,  le  nature  du  sol  qui, 
par  ses  grandes  rivières,  ses  lacs,  ses  fo- 
rêts ))résente  de  plus  grands  pbs^^Plei 
que  notre  continent  ;  la  difficulté  ^ 
s'avancer  dans  les  terres  quand  on  tire 
tontes  ses  subsistances  de  la  côte  et 
de  ses  flottes  ;  tout  cela  peut  balanper 
la  supériorité  que  la  discipline  et  l'esr 
pèce  de  leurs  troupes  donnent  d*]^).- 
leurs  aux  Anglais  sur  les  Aniéricains. 

Examinons  la  dUTérepce  qu'appor- 
tent aujourd'hui  la  discipline  et  les  pro- 
grès de  l'art  entre  lesfO'méeset  le  fpnds 
des  nations.  Cette  différence  était  déjà 
immense  dutempsde  Louis XI V,  on  fut 
aumomentdei'éprouverd'une  manière 
terrible;  car,  si  en  1710,  au  lieu  de 
Fheureux  événement  de  Penain ,  la 
seule,  la  dernière  armée  qui  restait  à 
Louis  XIV,  eût  éprwvé  encore  pp 
nsalhear  comipe  celui  d'Hochstet»  op 


dkt  va  ee  ^ae  serait  devenu  le  premier  f  la  néeessîlé  de  rinstmctioD,  PîiBpor- 
royanme   de  l'Eiirope,  n'ayant  plus 
d*arniées.  A  quelques  plaees  de  la  fron^ 
Uère  près,  ce  royaume  était  encore  in- 


tact; vingt  millions  d*habitana  n'a* 
vaient  seulement  pas  entendu  le  tNmit 
du  canon,  et  cependant  le  prince  Eu- 
gène f  At  arrivé  sans  obstacle  jusqu'à  la 
capitale.  Frappé  avec  raison  de  ses 
longues  calamités,  mais  conservant 
encore  de  la  dignité  sous  leur  poids,  le 
maitre  de  ce  vaste  empire  n'osait,  en 
cas  de  défaite ,  ^?pérer  qu'une  mort 
honorable.  Si  v<m$  ite$  baiiu,  avait-*ii 
écrit  au  maréchal  de  Villars,  ne  Véefi- 
vtz  qu'à  moi  seul:  je  connais  les  Fran^ 
çais  :  toîre  lettre  à  la  main,  je  traverse 
Paris ^  je  vous  amène  cent  mille  hommes, 
et  nous  nous  ensevelissons  ensemble  sous 
l9s  ruines  de  la  monarchie. 

Hais  c'est  à  l'époque  du  roi  de 
Prusse,  qu'il  faut  à  juste  titre  regarder 
comme  un  nouvel  âge  dans  la  science 
militaire,  que  la  différence  apportée 
parle  système  de  guerre  moderne  en- 
tre les  armées  et  les  nations,  est  de- 
venue bien  plus  sensible  encore.  Ce 
prince  a  fait  naître  un  nouvel  ordre  de 
choses;  il  a  créé  une  nouvelle  disci^ 
pHne,  une  nouvelle  tactique,  un  nou- 
veau ^enre  de  guerre.  Son  armée, 
toujours  complète,  toujours  pourvue 
de  tous  les  attirails  nécessaires ,  ton- 
jours  menaçante ,  est  devenue  comme 
cette  barrière  formidable  de  légions 
qui,  dans  les  beaux  jours  de  Rcmie, 
veillait  autour  des  frontières.  Rival  de 
voisinage  et  de  gloire ,  l'Empereur  a 
embrassé  le  même  système,  et  marche 
«tur  les  mêmes  traces.  Il  ne  s'agit  plus 
'  enfin  aujourd'hui ,  comme  on  faisait 
$ous  Louis  XIV,  et  conune  on  a  con- 
tinue de  faire  long-temps  après  lui,  de 
lever  de  grandes  augmentations  à  la 
guerre  pour  faire  ensuite  de  grandes 
'réformes  à  ta  paix.  Leaproffrèade  l'art. 


tance  de  la  discipline,  obUgent  à  faire 
de  la  paii  l'éoole  de  la  guenre,  /el  à  en- 
tretenir les  années  sur  un  tel  pied 
qu'elles  puissent  entrer  en  campagne 
au  premier  signaK  Par  là ,  les  troupet 
réglées,  acquérant  de  plus  en  plus  la 
supériorité  sur  le  fonds  des  nations,  les 
nations  sont  moins  que  jamais  dans  le 
cas  de  se  passer  d'elles,  ni  de  poiiv<Mr 
se  mesurer  avec  elles. 

Les  choses  C!2  étant  à  ce  point. 
quelle  ^ande  nation  oserait  s'écarter 
du  système  reçu  !  mais  je  vais  dénum- 
trer  que  la  sûreté ,  la  nécessité  a  part» 
l'intérêt  des  nations  modernes  est  en- 
core d'entretenir  des  troupes  réglées 
pour  faire  la  guerre,  plutôt  que  de  faire 
la  guerre  elles-mêmes. 

Quand  les  nations  sont  à  demi-lMT- 
bares,  <}uand  elles  n'ont  ni  lomière,  ni 
commerce,  m  richesses»  ni  luxe  ;  l'oi- 
siveté des  nobles,  la  vigueur  des  jeunes 
gens,  l'ardeur  des  ambitieux ,  la  féro- 
cité générale  des  esprits,  enfin,  l'appât 
de  la  seule  espèce  de  gloire  qui  leur 
soit  connue,  portent  beaucoup  d'hom- 
mes vers  les  ormes.  Aux  arts  de  pre- 
mier besoin  près,  il  n'y  a  presque  que 
deux  occupations ,  labourer  et  com- 
battre. Tels  étaient  les  Romains  dens 
les  premiers  Ages  de  la  républiqne  ;  les 
consuls  plantaient  leurs  drapeaux  dans 
le  Champ  -de-Mars  ;  et  la  jeunesse  ac- 
courait en  foule  se  ranger  sous  leurs 
ordres.  Tels  étaient  encore  la  plupart 
des  peuples  de  l'Europe  il  y  a  deux 
siècles.  Les  troubles  de  religion.  Ta-* 
narchie  du  gouvernement  féodal ,  les 
entretenaient  dans  un  état  de  guerre 
presque  continuel.  Chaque  seigneur, 
chaque  ville,  chaque  paroisse  avait  sa 
bannière.  Comme  il  ne  ftiHait  ni  disci- 
pline ni  science,  chacun  pouvait  an  be- 
»  soin  s'armer  et  combattre.  On  se  rap- 
pelle la  facilité  avec  laquelle  se  fâi* 


SCIBHGB  MlUTAIMB. 


kii 


nient  ces  émigrations  armées  soos  le 
nom  de  croisades.  Il  est  si  aisé  de  dé- 
tacher de  leur  sol  et  de  mener  à  la 
mort  des  hommes  qui  ne  savent  que 
faire  delew  vie!  Dans  nos  nations  mo- 
dernes, les  Inmièses  et  les  richesses 
ont,  à  cet  égard ,  fait  tout  changer  de 
face.  Elles  ont  créé  nne  foule  de  pro- 
fessions nouvelles,  ouvert  en  tous  sens 
des  débouchés,  énervé  les  corps,  amolli 
les  courages  et  fait  sentir  le  prix  de  la 
lie.  On  appellerait  aujourd'hui  en  vain 
les  citoyens  à  la  défense  de  leur  pays  ; 
excepté  la  noblesse  cfu*un  reste  de  pré- 
jQgé  y  ferait  aller  (1) ,  toutes  les  autres 
dasses  sont  occupées ,  toutes  ont  leurs 
liens ,  leur  profession ,  leurs  intérêts , 
leurs  devoirs;  il  ne  resterait  à  l'entière 
disposition  du  gouvernement  que  la 
dernière  classe  du  peuple  qui  s*y  ferait 
traîner  plutAt  que  conduire.  Plus  les 
nations  sont  riches,  éclairées,  heu- 
reuses, moins  elles  peuvent  donc  com- 
battre elles*  mêmes  ;  plus  il  leur  est  à 
la  fois  nécessaire  et  avantageux  de 
commettre  et  d'entretenir  une  petite 
portion  d'entre  elles  pour  se  vouer  à 
leur  défense,  et  pour  être  leurs  repré- 
sentans. 

Si ,  dans  un  gouvernement  quelcon- 
que, tout  le  monde  doit  sa  part  de  l'im- 
pAt ,  la  défense  publique  est  un  devoir 
plus  sacré  sans  doute,  et  le  tribut  de 
son  sang  est ,  avant  tout ,  celui  que , 
dans  l'institution  primitive,  personne 
n'a  le  droit  de  refuser.  Or ,  voilà  la 
dette,  voilà  l'impAt  dont  les  gens  de 
guerre,  entretenus  par  la  nation,  sou- 
lagent le  magistrat ,  le  négociant ,  le 
savant,  l'artiste,  le  père  de  famille,  en- 
fin, jusqu'au  citoyen  inutile  qui  pèse 
MT  la  terre  qui  le  nourrit  et  qui  ne  fait 

rien  pour  elle. 
Je  laisse  à  juger  maintenant  s'il  est 

:i)  n  fetti  se  NfMMr  à  Vépo^ue  è  Inquclle 
euiberiéiïffivaÉl.         '  ' 


juste  de  dédamer  contre  les  gens  do 
guerre,  de  chercher  à  avilir  les  troupe» 
par  le  nom  de  stipendiaires ,  et  de  pa- 
raître toujours  regretter  la  dépense 
qu'elles  occasionnent.  Et  en  quoi  les 
gens  de  guerre  sont-ils  donc  plus  sti- 
pendiaires que  le  magistrat  qui  reçoit 
des  gages,  et  que  Thomme  de  lettres  et 
que  l'artiste  qu'on  pensionne?  Si,  dans 
la  masse  générale  des  salaires,  on  com- 
pare les  leurs  à  ceux  des  autres  pro- 
fessions, ils  sont  les  moindre  de  tous, 
Si  on  compare  ensuite  les  services  ;  les 
autres  professions  donnent  leur  temps, 
eelle-là  donne  son  sang  et  sa  vie. 

Ne  nous  laissons  donc  pas  aller  à  et  \ 
fausses  spéculations  d'une  philosophie 
qui  ne  peut  apprécier  dans  le  cabiiu  I 
ni  les  localités  des  pays  et  des  gouvei 
nemens,  ni  les  intérêts  et  les  passions 
des  souverains;  ne  croyons  pas  que 
ces  grandes  puissances  étrangères  en 
viennent  jamais  à  désarmer  et  à  laisser 
tomber  leur  constitution  militaire.  Cel- 
te constitution  est  devenue  la  base  de 
leur  politique  et  de  leur  grandeur  ;  elle 
est  analogue  à  la  situation  de  leur^ 
États,  à  l'esprit,  aux  mœurs,  au  carac- 
tère de  leurs  sujets.  Des  nations,  plus 
heureusement  situées,  jouissent  du 
commerce,  des  arts,  des  richesses  ;  il 
ne  peut  rester  à  ces  peuples  que  Texis^ 
tence  des  nations  reculées  dans  le  con- 
tinent, celle  d'être  agricoles  et  guer- 
riers. Chez  eux,  le  luxe,  le  raffinement 
des  esprits,  ne  sapent  et  ne  relâchent 
point,  comme  chez  nous,  la  discipline 
militaire  et  le  goût  des  armes;  chez 
eux,  il  n'y  a  qu'un  état,  qu  une  profes- 
sion, qu'un  débouché  pour  la  fortune 
et  pour  la  gloire  ;  chez  eux,  tout  homme 
en  naissant  est  soldat,  et  la  nation 
entière  est  la  pépinière  de  l'armée; 
chez  eux  enflOt  la  puissance  militaire 
est  le  premier  objet,  toutes  les  dépen*- 
ses  s'y  rapportent;  et  pour  suffire  i\ 


t'fenfreiîeh  des  armées ,  les  coiirs  ont 
presque  adopté  la  simplicité  dès  campa. 

S*ëKsiiît-îl  dé  15  qii'ii  faille  adopter  le 
èyàtShië  dé'  ces  hâtions  pôuk*  ne  devè- 
hlir  qliè  militaires  comme  elles*?  Non, 
sans  abùt'é  :  H  faut  jouir  de  tous  noâ 
àvailtage^;  \\  féul  proélér  de  ceiié 
abondante  population ,  tjuî  hpus  per- 
biet  dé  faire  lacë  â  Id  fois  Hu  commerce, 
aux  àrls,  a  l*âgrîcùUui'ë  èl  à  l^i  guerre. 
I)  thut  remplir  la  destination  que  là 
nature  semolë  iious  avoir  assignée  d*é- 
ir'é  un  peuple  universel  ;  niais  il  faut 
avoir  une  armée  qui  soûtiennb  celte 
grande  destinée,  et  qîiî  rioiis  fasse  res- 
pecter dé  hds  voisins.  Li  dîfréréhce 
d*eu<  à  nous,  c'est  que  pour  avoir  lihè 
armée,  ilà  sont  obligés  de  feùHir,  d'ê- 
piiisor  tbus  leurs  moyens-  c'est  qiiVn 
àyàni  Une  armée,  ils  n'ôril  r\eh  au-dè- 
iâ.  Cliéz  noiis  Târméè  peiil  exister  sàris 
nuire  àili  autres  parties  de  l'adminis- 
tràtlofi  ;  elle  tie  doit  être  que  la  sàuvé- 
gàfde  derrière  laquelle  toutes  lès  autres 
prbfés^ibi^é ,  é*galéïnënt  encouragées 
par  Ifeâ  itioyëhS  qiiî  leur  sont  relatife, 
également  ctiërc's  aii  gbiivérhemenl, 
seront  florissantes  et  tieuréiisés. 

ifaîS  sî  Ic§  àrnàéës  îibhibirëuseè,  îii- 
trodiiiléà  pat  lé  Système  Aé  giierré 
iHoderiié,  ne  contribuent  ^aS  â  la  pros- 
périté dé  l'Élat  autant  qd'à  sa  foi^ce , 
cVst  U  fauté  dè^  goiivéi-rteméhs ,  et 
liôh  telle  dé  ce  ^ysléiiié  ;  bar  11  y  rfuràlt 
dés  Hioyetiô  'sah's  hortib'rê  dé  KelîJre 
les  troupes  moin^  onéreuses  auk  ha- 
tfohs.  dtt  ^bûf-fâît ,  ëînsi  que  lé  font 
lè^  kil^^ëd,  hé  ^aà  étifi^ër  ùné  laltl^ 
aussi  élevée  pour  té  soldat,  et  rië  pas 
éHiëVëi*  AÏXïA  i  W  tiopbihtibh  ta  plh^ 
b^lle  ës^ëcé  if hôAiUés.  On  pbiiiralt , 
(!(>thnie  le  pfktf4taeh{  lé  fol  ^é  t^sde 
cf  rfeitttmrètir,  fèfoHsér  \ei  maKëges 
iéh  sèhMts:;  mm  9  te  sub^iétéhce  de^ 


?OUTIQCE. 


pour  les  marlages,eette  éducation  pour 
lés  enfans  qui  en  naîtraient,  et  uoe 
fouie  d'autres  avantages  encore^  pour* 
raient  être  la  suite  et  le  fruit  de  la 
méthode  des  gomisons  et  quartiers  se* 
dentaires,  mise  à  la  place  de  cette  vie 
errante  et  ruineuse  qu*on  fait  mener  à 
nos  régimr  js.  Au  lieu  de  .D'occuper 
les  troupes  qu'à  des  exercices  puérils  ; 
au  lieu  dé  les  entasser  dans  dçs  places 
de  guerre  I  comme  si  l'ennenU  était 
aux  portes  du  royaume,  et  par  consé- 
quent sur  les  frontières,  où  les  vivres 
sont  toujours  plus  chers  et  ont  le  plus 
de  débouchés,  ou  les  habitans  ont  le 
plus  de  ressources  et  d'industrie  ;  on 
pourrait  les  disperser  dans  les  provin- 
ces intérieures  qui  manquent  de  vivi- 
firation  et  d'espèces,  et  qui  ont  plus  de 
denrée^  que  de  consommateurs.  On 
pourrait  leur  répartir  des  terrains  in-- 
culles,  les  employer  aux  travaux  pu- 
blics, &  l'ouverture  de  plusieurs  grands 
canaux  qui  nous  manquent  encore ,  à 
la  confeëtion  des  ctiemins  et  à  la  répa- 
ration de  ceux  qui  existent. 

Tel  est  le  résultat  du  système  de 
guerre  moderne,  que  l'argent  en  est 
plus  que  jamais  devenu  le  nerf  et  le 
moyen  ;  que  les  petits  souverains  ne 
peuvent  plus  avoir  de  troupes  sur  pied 
que  pour  les  vehdre,  parce  qu'ils  ne 
seraient  pas  assez  riches  pour  les  met- 
tre en  action  ;  que  les  grands  souve- 
rains consomment  la  plus  grande  par- 
tie (le  leurs  revenus  à  suffire  à  l'entre- 
tien dé  leurs  îroupei  sur  lé  pîeci  de 
paix ,  et  qu'à  la  guerre  ils  sont  tous 
réduits  aux  emprunts,  et  après  qn-!- 
ques  campagnes,  éoit  vainqueurs  ou 
vaincus^  à  peu  près  également  ruibés, 
et  forcés  de  déi^irer  la  paii. 

Ce  résultat  devrait  être  avantageux 
aux  puissances  riches  ;  il  devrait  sur- 
tout l'être  à  la  Frauoe^  foi^  à  d'immen- 


lion  de  lëuf^  pAréii.  Céi  ëilcdtli^éiiieht  i  aes  richesses,  joint  une  immeitoe  po- 


STIBirCB    ^ULIIAIRB. 


bai 


illalioni  8e<(  rf!vMii*«  soi^t,  à  eu  seaUi 
4ai|  forb  que  «euK  de  la  maison  il*Au- 
rMhe^  du  roi  «le  Pruse  ot  de  la  Rus- 
i&i  mais ,.  par  une  fatalité  dont  la 
^Mvidence  veut  sans  doute  faire  le 
wilrepoida  de  ta  supériorité,  elle  en- 
voient è  peine  «  avee  quatre  fois  an* 
■•I  de  dépense  i  un  militaire  aussi 
lombreus  que  celui  de  la  Kussîe ,  et 
i««eunedé|iense  double,  un  beaucou}) 
Mi  os  formidable  que  celui  de  la  Prusse 
Atd^  ta  maison  d'Autriche. 
^«Aiutrefoisi  lorsqu'on  n'avait  que  de 
petites  armées,  quand  la  guerre  se  fai- 
la^  l«ns  beaucoup  d'attirails  et  à  peu 
letirais,  quand  il  n'y  avait  pas  d'or- 
Nées  constamment  sur  pied ,  et  que 
liii,irniéefi  ne  se  formaient  que  passa- 
(iMnieiit  pour  le  temps  de  la  guerre, 
!tqtff4«(uefois  même  pour  le  moment 
hMHP^itions  seulement,  les  guerres 
liitHit . )(eaucoup  plus  fréquentes,  et 
Bnrope  en  était  perpétuellement  le 
léAtreé  Chaque  petit  souverain,  clia- 
Md^^gneur  tant  soit  peu  puissant 
fait  le  droit  et  le  moyen  de  la  faire  ; 
JUBnr  wlOsait  de  convoquer  leurs  vas- 
ips«  A  ptus  forte  raison  la  guerre 
ktAti  fittf  facile  aux  grands  souverains. 
!>MV.l6  phniéger  grief,  on  courait  aux 

^ijgliaiid  Tart  militaire  commença  à 
nlMitre^  quand  des  troupes  un  peu 
nponf  réglées  prirent  la  place  de  cette 
ea^oe  de  milice  féodale»,  comme  ces 
IqMVea  étaient  encore  en  petit  nom* 
hise,  comme  elles  se  levaient  et  s'ar- 
laMMDt  à  peu  de  frais,  cela  ne  ralentit 
pwBl  encore  la  fureur  et  la  fréquence 
daa  guerres.  On  vit  l'Europe  pleine  de 
fitites  armées.  De  simples  généraux  i 
m'afant  de  droit  que  leur  épée,  s'atta- 
chaient des  aventuriers,  et  faisaient  la 
gprre  pour  leur  compte  ou  se  vendaient 
louverains.  Ainsi  firent  Bertrand 
in,  le  connétable  de  Bourbon, 


leducdeWeimar,  etr.  De  là,cosstiprn- 
diaires  sous  toutes  sortes  de  itotn.<4,  rci- 
tres,  lansquenets,  anluTS,  coiidotUeri. 
que  l'Allemagne  et  T  Italie  fournissuient 
à  nos  armées.  Ces  petits  primes,  qui  au- 
jourd'hui vendent  pa<  ifi(]uemiMit  leurs 
troupes  |K)ur  sufDre  au  luxe  de  leurs 
petites  cours ,  res  petits  prinres ,  au  • 
jourd'hui  réduits  à  se  mettre  sous  la 
protection  des  grandes  puissances , 
pour  n'élre  pas  drpouillés  par  elles  i 
étaient  tous  alors  tiirbulens  et  ambi- 
tieux. Ils  faisaient  la  guerre  à  la  tête 
de  leurs  trou|)es  et  pour  eux-mêmes. 
Il  n'y  avait  pas  jusqu'aux  évéques  qui 
ne  s'en  mêlassent.  Je  ne  citerai ,  en- 
tre autres,  que  le  fameux  Van-Ga- 
len,  évêque  de  Mun>ter.  Je  ne  dois  pas 
négliger  de  rappeler  qu'indépendam* 
ment  de  toutes  ces  troupes^  il  y  avait 
de  grandes  monarchies,  telle  que  celle 
de  France,  par  exemple,  où  les  prince  < 
du  sang  et  les  grands  seigneurs  entre- 
tenaient beaucoup  de  gentilshommes 
et  de  gens  armés.  Nos  princes  avaient 
des  gardes,  des  troupes,  des  places  de 
guerre,  et  beaucoup  d'emplois  militai- 
res à  leur  nomination» 

Ainsi,  en  comptant  tout  ^  qui  était 
en  armes  alors,  il  y  avait  peut-être  en 
Europe  autant  d'hommes  qu'aujoar* 
d'hui  voués  à  cette  profession  ;  mais  il 
n'en  résultait  ni  un  aussi  grand  appa- 
reil ni  d*aussi  grands  eflets,  parce  que 
l'en  manquait  d'argent  et  de  méthodes 
pour  les  réunir  ;  parce  que  le  système 
de  guerre  de  ces  temps  ne  l'exigeait 
pas  ;  enfin,  parce  qu'il  n'y  avait  pas« 
comme  aujourd'hui,  ces  grandes  mas- 
ses de  puissances  qui  ont  anéanti  tou- 
tes les  autres,  et  qui,  en  même  temi», 
plus  despotiques  dans  leur  intérieur, 
ont  réuni  dans  leurs  mains  toutes  les 
forces  éparses  qui  comj^iosaient  l'ani  irn 
régime  féodal.  Ce  qui  forme  aujour- 
I  d'hui  les  armées  de  cinq  ou  six  souve- 


Uk 


POUTIQUI. 


rains  de  l'Europe ,  e&t  été  autrefois 
joudoyé  par  cinq  cents  maîtres.  Senir 
ponr  servir,  il  me  semble  que  ceux  qui 
y  sont  destinés  ont  gagné  au  rhange  ; 
car  les  grands  tyrans,  si  ces  souverains 
étaient  tentés  de  le  devenir,  sont  en- 
core de  meilleure  composition  que  les 
petits^  et  la  servitude  s'ennoblit  un  peu 
par  la  grandeur  du  maître. 

Ainsi  dans  ces  siècles,  certainement 
plus  malheureux  que  le  nôtre,  les  guer- 
res étaient  bien  plus  fréquentes ,  plus 
longues;  elles  se  faisaient  dans  bien 
plus  de  points  à  la  fois.  Aujourd'hui 
que  la  guerre  ne  peut  se  faire  qu'avec 
des  troupes  réglées,  arvec  des  armées 
nombreuses,  disciplinées  de  longue 
main,  et  constamment  entretenues  sur 
pied,  cinq  ou  six  grandes  puissances 
seules  ont  en  Europe  le  droit  et  les 
moyens  de  la  faire;  je  dis  le  droit,  car 
les  puissances  secondaires  ne  l'ont  plus 
de  fait  ;  elles  sont  réduites  a  s'attacher 
aux  puissances  de  premier  ordre,  et  à 
faire  juger  leurs  diflérens  par  elles. 
C'est  donc  déjà  beaucoup  que  cinq  ou 
six  tètes  seules  aient  la  disposition  de 
ce  fléau»  et  ce  sont  déjà  beaucoup  de 
probablKtés  de  plus  en  faveur  de  la 
paix  ;  car  moins  il  y  a  de  têtes,  moins 
ïl  y  a  certainement  de  rivalités»  d'inté* 
rets  et  de  passions  en  présence.      , 

Ce  n'est  "pas  tout  encore  :  quand  la 
guerre  est  facile  à  faire,  quand  elle 
n'exige  que  peu  d'avances  primitives , 
quand  il  ne  faut  pour  l'entreprendre 
que  rassembler  des  homnses,  les  armer 
et  courir  sur  l'ennemi  ;  alors  on  s'é* 
chauffe  pour  de  légers  motifs,  on  obéit 
à  un  premier  mouvement,  on  déclare 
la  guerre  et  on  la  fait,  comme  un  par- 
ticulier met  l'épée  à  la  main  pour  re- 
pousser une  offense.  C'était  ainsi  qu'en 
usaient  autrefois  les  nations  et  les  sou- 


Ai^onrd'hui  la  guerre  est  devenue 


si  difficile  à  eutrepraudi^ ,  eBe  exifa 
tant  de  (irais,  tant  d'avances»  une  miat 
dehors  si  ruineuse ,  des  perspectives 
de  succès  si  incertaines,  des  dwncessi 
peu  complètes,  et  à  la  paix,  une  ruine 
à  peu  près  si  égale  pour  le  vainqueur 
et  pour  le  vaincu,  que  les  souverains 
balancent  long -temps  à  s'y  déter- 
miner. 

Par  la  même  raison  que  les  guerraa 
étaient  autrefois  plus  (l^équentes,  elles 
étaient  plus  longues  ;  et  par  la  même 
raison  qu'elles  son*;  aujourd'hui  plus 
rares,  elles  sont  aujourd'hui  plus  eourw 
tes.  Ces  résultats,  en  apparence  ai  op- 
posés, sont  la  suite  de  la  différence  des 
moyens  qu'^n  employait  alors,  et  d» 
ceux  qu'on  emploie  aujourd'hui.  Alors 
on  agissait  avec  peu  de  fM^ces  à  la  fois, 
et  par  conséquent  avec  peu  d'efforts; 
de  là,  on  pouvait  répéter  ces  efforts 
souvent  et  les  prolonger  long-temps. 
Aujourd'hui  on  Bffii  avec  des  forces 
immenses,  et  par  conséquent  avec 
dimmenses  efforts.  Ils  doivent  doue 
bientôt  épuiser,  et  donner  le  besoin  de 
se  reposer  long-temps.  La  dernière 
guerre,  qui  a  été  et  qui  sera  vraisem- 
blablement la  plus  mémorable  de  notre 
siècle ,  a  mis  cinq  cent  mille  combat» 
tans  en  armes,  et  elle  a  duré  six  ans. 
La  plus  célèbre  guerre  de  l'autre  siècie 
n'avait  mis  aux  prises  que  cent  mille 
combattans  dans  toutes  les  armées  res- 
pectives, mais  elle  a  duré  trente  aus. 
Jo  ne  hasarderai  point  de  prononcer 
laquelle  des  deux  a  coûté  le  plus  de 
sang  et  de  larmes  au  genre  humain; 
mais  plusieurs  raisons  me  paraissent 
incontestablement  prouver  que  le  sys* 
tème  de*  guerre  moderne  est  moins 
meurtrier  et  moins  dévastateur  que 
l'ancien. 

D'abord ,  il  est  hors  de  doute  que 
l'usage  des  armes  è  feu  a  rendu  les 
combats  infiniment  moina 


fCQUtCft  «nJTAIU. 


hn  ciwe»  de  eelte  ditérenee  sont  trop 
lensibies,  et  ThMoireen  fourait  tropde 
preuves,  pour  que  j'aie  besoin  de  m'y 
arrêter.  Il  est  horsdedonteencoreqiie, 
îB  Fart  aTec  lequel  les  batailles  s'enga- 
gent aujourd'hui,  elles  ne  peuvent  plus 
être  géoérales,  et  par  conséquent  aussi 
meurtrières  et  aussi  décisives. 

Mais  ee  n'est  pas  sous  ce  seul  rap- 
pwt  que  le  systèoie  de  guerre  moder- 
ne est  plus  favorable  à  l'hunianité. 
ÀQJoord*hui  les  guerres  sont  devenues 
UHÛDs  cruelles.  Hors  des  combats,  on 
oe  répand  plus  de  sang  ;  on  respecte 
les  prisonniers,  on  ne  délpruit  plus  les 
villes^  on  ne  ravage  plus  les  campa- 
gnes. Lapbiloafqphie,  les  lumières,  l'a- 
doucissement universel  des  ma^urs,  ont 
«as  doute  contribué  à  cette  révolu- 
tion; mais  elle  est  aussi  le  résultat  du 
srstème  de  guerre  moderne. 

Le  système  de  guerre  moderne 
ayant  fait  en  Europe  des  armées  et  des 
nations  deux  classes  absolument  sé- 
parées, les  habitans  des  pays  où  se  fait 
laguerre  n'en  sont  plus  que  les  spec- 
tateurs. 

n  me  reste  à  considéra  ici  le  sys- 
tème de  guerre  moderne  relativement 
i  l'art  en  lui-même.  Si  on  oivisage  d'a- 
bord cet  art  du  cAté  de  l'immensité  et 
de  la  difficulté ,  il  est  supérieur  à  ce 
qu'il  fiit  dans  tous  les  siècles  de  l'an- 
tiquité. Chez  les  anciens,  on  ne  con- 
naissait ni  la  science  de  l'artillerie 
ai  celle  des  mines  ;  sciences  fondées 
sar  des  spéculations  abstraites  et  pro- 
fondes. Qu'était  la  théorie  de  lem,ar- 
mes  et  de  leur  balistique,  auprès  de 
celle  de  Bélidor,  de  Bobbkis,  etc.? 
Qn'était  le  fouiOage  des  Bèces  et  des 
Aaces  auprès  de  notre  art  des  mines? 
Mettra-t-on  la  science  des  fortifications 
des  anciens ,  celle  de  leur  attaque  et 
défense  des  places  en  paraHèle  av^ 
celle  de  VaubanT  . 


Mais  il  est  Un  point  sur  lequel  Vart 
de  la  guerre  a  é|Hrouvé  une  grande  ré- 
volution, et  par  où  il  doit  devenir  cher 
a  la  saine  phHosophie  et  à  l'humanilé. 
Autrefois  l'art  de  la  guerre  était  pres- 
que tout  entier  dirigé  vers  l'oilMisivQ. 
U  avait  pour  but  principal  d'attaquer 
et  d'envahir.  Les  armes  des  anciens 
étaient  plus  faxforables  à  l'attaque  qu'à 
la  défense;  de  là  leur  ordre  uniqaa  et 
exclusif  était  offensif;  qu'enfin  ilsne 
savaient  combattre  qu'en  attaquant 
La  science  des  positions ,  et  tout  ee 
qui  s'appelle  aujourd'hui  guerre  dé- 
fensive leur  était  doue  à  peu  près  in- 
connu ;  livrer  des  combats  était  tou- 
jours leur  oliiek,  et  ces  combats,  per 
la  nature  de  leurs  armes  et  par  l'espèce 
de  leur  tactique,  étaient  plus  meur- 
triers et  phis  décisifs  que  lfi$  uAtres. 
Ainsi  trois  batailles  renversèrent  Fem- 
pire  de  Darius ,  empre  presque  aussi 
grand  que  l'Europe.  La  butaiHe  de  Can- 
nes eût  détruit  la  république  romaiso, 
si  Annibal  n'eût  pas  faitla  faute  de.s'ar- 
rèter  à  Gapoue;  et  cdie  de  Zama  dé- 
cida du  sort  de  Carthage. 

Malgré  l'invention  des  armes  à  fei^ , 
tant  qu'elles  ne  furent  pas  perfectioa- 
nées,  tant  que  la  tactique  resta  dans 
Tenfanee,  c'est-à-dire  jusqu'au  milien 
du  seisiènie  siècle,  laguerreseBtàpen 
prèssorles  mêmes  principes;  oooonout 
toujours  peu  la  science  des  positions  et 
de  la  défensive.  Les  batailles  continnè- 
rent  d'être  la  grande  et  presque  l'unir 
que  opération,  et  d'entraîner  des  invn- 
siops  et  des  conquêtes. 

A  cette  époque,  qui  fut  cdIe  dM 
prince  de  Parme ,  de  Nassau ,  an.6usr 
tave,  l'art  changea  de  toe  ;  on  cm»- 
mença  à  mettre  de  l'impertance  et  dn 
prix  «oa  positions,  anxretmcbimens, 
aux  places  de  guerre.  C'est  au  guenea 
de  FlMidre  que  noQ»  deieni  estte  ré" 
uointion,  paiee  fue  les  HoHsndais,  M- 


426  ^    'imjmvfÊL'' 

imt  fiM4oan  tmntre  lei  KiipfniMsi  à  i  fnbiiifl  (TMipnid^  ((è*n  èM  «IfiteMrt 
noihbre  inéf  al  ;  tarent  obligés  de  se  ]  dans  des  points  H  qiill  fMît  môltt  le 
fènforcer  par  Tart  et  pnr  la  discipline,  i  rnvn|re8.  Une  ttmiép,  fot-mWaWe,  MM- 

lement  romrtiRndéi?  et  falsHht  IH  iSftre 
avec  tontes  lès  lumlèii^s  Ht!  îrt^èthe 
thnderne  efet  coitime  te^  feHrlfcrts  tlMfcs 
qu*dt1  etttblit  sur  les  frtfriU«fAi  ]p(ilir 
éloigner  \à  corftagiori. 

CHl^ls  itônt  I6S  t^sultdts  qlic  je  pré- 
tt*hdfï  tlr(*l-  Be  celte  dfefcirislo*  ?  Hi  ke 


à  eni  que  Ton  doit  le  système  de 

4brtiflea)ion  moderne ,  Tusage  des  re- 

tnmdfemens  adaptés  à  la  guerre  de 
'iMIfifighe,  et  ^nfin  les  premiers  élé- 
^  iMffHi  de  ce  genre  de  guettée,  au  moyfen 
'  iiqtiél,  avec  des  îk^mA  infeneûf-e^;  Ai- 
*^èw  dM  obstacles  du  pays  et  deït  t-es- 

•olirc«s  de  Tart^  on  défend ,  m  re-  l  rédui«9ent  ixteqtS  sUit  : 


%Kle',  bn  empêche  le^  Invasions  par 
^Ééà  trnlées  supérieures. 
' 'Aajonrdhul  enfin,  le  sysl^mé  Hé 
pierre  moderne  est  plus  que  jamais 


Que  là  guette  eët  iin  néàrl  Mis 
doult^;  mais  qu'elle  bst  îlH  ttéàu  iHM- 
iable. 

Que  pëUr  le  béMte  pldii  rilfê ,  peur 


IMrilé  à  l2l  défensivié.  C'est  peut-eird  I  reiHI^mCt-  d'eHe ,  il  fittit  qôé  la  FràHce 

sdit  ësseï?  pul^sénilùetft  hhiiée  fièiir 
«ter  a  ses  toiltli)!!  le  Hé»if  Hë  rMtt— 
qijet  bit  de  rien  Mire  qtii  HMIte  A 
Intérêts. 

Que  la  nécessite  d'etttt^tè!tilf  bMtt 
mée étantétftblie,  Il  fadt  qtlë  t^ïM  ar 

Mée  réponde  è  M  gniMéhr  dil  rayduifi^. 

à  8tf  popuifltiiiti ,  A  sOh  8y«téii]«  pëRti- 
qiie  et  à  tMte§  les  «HMiMtnWi  ((ik. 
l>DvîrdnMfit  GHr;  4ltt)ii|û1l  en 
coûter,  il  faut  pouvoir  défeiHlra 
possessions  él  recQeNlif'M  l(l*6h 
sème  ;  Il  hnt  cmserter  qii«k|W  rmâ 
dèration  et  se  mettre  k  rtSM  dé  f 
vabissement.  Ce  qU'H  y  ^  de  fAtt^  «Hé 
et  de  plus  onéi*eux  ;  c'eit  ^riVoif-  trii 
detni-armée;  car{  avec  tHè,  en  h*ël 
jamais  au  nlveAti  hl  de  Ri  po)KI(|lf^. 
ni  de  ^h  Hng,  M  dh  th\é  k\\i*M  m\ 
joéet*,  et  toute  dépeflëé  qiii  e:<t  Insnr- 
fllftnle  eM  idélle  qu*n  tHtit  vmtment  t«- 
gtetter. 

QU*ay«nt  Ufie  éhUôè ,  fl  fhut  Favolr 
aU  ttioiflii  ^le ,  et  s'il  se  peut ,  SQpé- 
Hedtie  I  celles  dès  rititrëé  patesdliceA  Hi 
disHpiihe  ël  en  Mstrtictfbtl.  Car,  ee 
qui  cofllë  Hier ,  tant  ad  présent  qne 
dan^  rrtv^nlr,  c'est  oHe  aritiée  rtlédlh- 
MtMm  ^m  rintefieur;  il  s'enmlil  pdr  \  cré;  Altt^hail  que  Mi  «épéttte  à  là  |iaîi 
Wn#l4IMftl,    que   lé    flfiàu  paH'ôut-t  !  n*est  pas   moindre   qtté   celle  d'iine 


abus,  un  vice  de  r&rt  ;  car  le  pour 
*eéte^  éontrè  peuvent  être  également 
MMfftntHI  ;  mdis  e*est  un  1-ésliltat  cer- 
llHmrnent  àt«ntAgêu«  à  la  tranquillité 
M  nâtiwi  et  à  M  sdteté  des  edi* 
fiffts. 

Celle  prédbminénce  de  la  défensltre 

tu»  lé  njfiimé  de  guërfe  itioderne 

HfiVil  A  rm^èèi  flë  nos  ftltneii  ttctoelles, 

<|fti  Wfit  pibs  hlvorables  à  la  déibnse 

qu'à  Tattaque  ;  A  lA  sUpéridrité  que  les 

fRMitions  ddiifient  Atiit  trodpes  ttui  les 

^Miltdeflt  sdf  cëllebi|uî  les  attaquent  ; 

'•4HiMge  Mbitbel  qde  les  armées  Oflt 

rMÉfWrdliîlf  de  sepOstef;  atix  Apptils 

'HlMrlibles  tfue  prêtent  le»  places  de 

'IWNte. 

'  Dû  chAngêmetft  m«Jeut  qui  s'eèt 
Mil  dtiffs  l'iirt  de  la  guetrre  moderne, 

■«rëiHniit  done  (tue  eei  a^t  m  essen^ 
IIMieffiëht  et  T>rfiUi(lvémënt  deveun 

protecteur  et  cOh^erVatèur  ;  il  ^'etlÉutt 
^é  la  défensive  s'étatlt  de  plus  en  plus 

^ertiontiee,  et  roffensive  élAUt 
'  MMriUe    (dus  diffleilë ,    lél    guëi^s 

ribM  Uèii^Miaitëmènt  mditt§  déMslv^; 
^t^M  ë'aftatétit  avi  frontlèt^s  des 
^lilhi;  et  ((de  plui  l-afëment  elles  pé- 


ICiSIfCB    MILltÀlMK. 


%97 


bonne ,  et  qa*à  h  guerre  on  ne  retire 
pas  Hntérèt  de  son  argent  par  des  vie* 
toires. 

Qae  ponr  avoir  one  excellente  ar- 
mée, il  faut  avant  tout  qa*elle  ait  un 
esprit  militaire  ;  que  si  cet  esprit  est 
affaibli  dans  one  nation,  il  faut  quU  h 
rtirouve  et  se  conservé  dans  son  armée; 
gué  ce  daii  être  un  des  soins  les  plus 
importans  du  gouvernement,  que  c'est 
li  feu  sacré  qu'il  doit  entretenir  ;  car  ce 
feu  une  fois  éteint^  c'en  est  fait  de  Rome 
st  de  ses  destinées  (1]« 

Que  tel  doit  être  l'esprit  d'une  ar- 
mée pour  que  cette  armée  soit  redou- 
table; car  le  métier  des  armes  n'est 
pas  on  métier  de  raison  et  de  philoso- 
phie; c'est  un  métier  contre  nature  et 
où  il  faut  sans  cesse  en  étouffer  les 
mouvemens.  C'est  un  métier  où  il  ne 
faut  pas  que  les  mœurs  soient  trop 
douces,  parce  que  si  elles  le  sont,  elles 
courent  risque  d'affaiblir  les  qualités 

(1)  Lei  rédacteun  de  la  BibUoihèqoe  hisio- 
rique  et  militaire  eaieiiseiit  cette  oceasioD  de 
nppeler  à  lenrs  souscriptears  l'eicellent  oa- 
naae  que  le  Ueatenant-géDéral  Lamarqne  pu- 
blia n  7  a  Tingt-deux  ans  :  de  V  Esprit  miU-' 
tain  en  Fr^nee,  des  eauies  qui  contribuem 
à  Véteîndre,  ei  ék  la  néceseité  et  des  moyens 
4s  U  ranimer.  Lamarqne,  frappé  de  la  jua» 
ittK  dflt  réfleiioos  de  Guibert,  traita  cette 
<pKstioD  aTce  autant  de  logique  que  de  palrio- 
liioe.  car  Lanarque  fui  non -seulement  l'un 
4ci6éaéraui  les  plus  brillans,  mais  encore 
rua  aes  écri? ains  les  plus  dlsUngoés  de  notre 
époçie. 


militaires;  c'est  w  métier  qu'il  fnut 
aimer  pour  le  bien  faire,  et,  qu'à  fa- 
cultés égales,  celui  qui  l'aime  le  plus 
fait  toujours  le  mieux  ;  c'est  un  mé- 
tier ,  enfin ,  auquel  il  faut  conserver 
soigneusement  tous  les  prestiges  de 
gloire  et  d'honneur  qui  relèvent  et 
l'ennoblissent;  car,  si  les  gens  qui  le 
font  venaient  à  raisonner  et  à  sentir 
comme  des  philosophes ,  ce  qu'ils  au- 
raient certainement  de  mieux  à  faire, 
ce  serait  de  l'abandonner  ou  de  le  faire 
avec  mollesse. 

C'est  une  philosophie  bien  dan- 
gereuse, bien  mal  entendue,  bien  dé- 
pourvue de  lumières,  malgré  l'orgueil- 
leuse prétention  qu'elle  a  de  les  répan- 
dre, que  celle  qui  cherche  à  décrier  à 
la  fois  la  guerre,  l'art  et  la  profession. 

Le  système  de  guerre  moderne ,  au 
lieu  des  anathêroes  et  des  malédictions 
philosophiques,  mérite  donc  la  recon- 
naissance des  peuples  et  la  plus  grande 
attention  de  la  part  des  gouvernemens. 
11-  faut  enfin  se  rappeler  les  paroles  de 
l'immortel  Bacon  :  a  Aussitôt  qu'un 
a  peuple  naturellement  belliqueux  né- 
»  gligera  les  armes  et  tombera  dans  la 
»  mollesse,  la  gniarre  viendra  fondre 
9  sur  lui  de  tous  côtés.  Un  empire  qut 
»  dégénère  ne  songe  qu'aux  richesses  ; 
»  c'est  un  appât  pour  ses  voisins  qui, 
nie  prenant  dans  un  temps  de  fai- 
n  blesse ,  en  ont  bientôt  fait  leur  cod« 
»  quête  et  leur  proie,  a 


•  -^#,•1^ 


.et  •j'  V 


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EXTRAITS  DE  GUIBERT. 


CONSIDÉRATIONS 


L'ARTILLERIE. 


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fipfifîlMittvalert  mi  des  effifiiettHgèaèraiix  qui  ontfefilus  hm^  té 
i^smfi^  fih  À  Ammit,  m  IVtffiy  il  entra  au  aervioe  m  iT9i%  M  qualité 
dp  VPkM)t«il0»  dw^la  aèfpnentKofalHartîIUrte,  de  il  sut  seéistiAguèr; 
Q»piUinoeQ  17&S>  sa  répptatioii  était  si  bietf  él&Mie,  qu'il  Ait  dèsipriil 
paiP  leûomte  d' Af gfeqson  pour  allar  ao*  Presse ,  ètudierr  le  noutéau'sy!^ 
l^^  d'arti)lapio ,  et  F  àpplicatîMrde  pièces  lëgèi^s  à  êbaeufi  des  corpst 
d^r^umèp.  Gpibeauval  s'acquitta  avec  sueoèa  de  ^ette  «rissiiott;  noiY4 
sdulefoeot  dans  sûb  objet  (Hsimdpal^  aaalaîl  rédigea,  ^ans  te  cours  dé 
lei»  voyage,  plusieurs  méoioinaa  latéreasao»  liup  fes  fo44itiddtieBs  de^ 
places  qu'il  avait  eu  occasloode  vîsîtflP*  Il  était  parvenu  au  ^adë  de 
MeBWMQlooel,  lorsque/ aur  la  demande  de  Marie-Thérèse/ et 
^^  rwtwisatip»  4^  nàj  il  passa  au  servioa  de  (' Au  triche  V  H' 7  Ait 
ooDipué  gèràral  opmjoaaudaut  la  gèma  et  le  tiovp&  de»  mi  murs.  (Siargè 
()b  diriger  le  aîége  dsGlatf ,  e^psi  à  seii  savaptes  dispositions  que  f  Au*** 
tnoba  lut  redemblq  de  1& prise  de  cette  placie ,  Vv9»  des  ]flus  impor- 
tantes de  la  &i)ésîak  Le  siège  de  Scbiiveidnita ,  dirigé  pàp  Prèdérrc  If  ^t 
persone,  lui  oSpil  )'afiea8ieB>de  se  «esuter  wet  œ  grmd  eapitafne; 

* 

il  défendit  eetta  piaoe ,  et  pendûHt  ptua  de  deux  «sois  /  fi  fit  éeheuer  }"*% 
tentatives  du  rpi.  ^dbiqreidiiîtK,  dost  les  fortifi^atioiis  u'étftteM  pis  iàm 
IfiAaHIeitf  èlAt|  éè  daat  les  AultriehieBs,  Vamée  préoédefite ,  s^'étàiéf I 
ewpsrts ,  apréa  lUt*  bombaFdemmt  ^e^deuM  jours  et  •  UQ  aèsaut  de'  qtii^  ' 
qaas  heiirea,  lèsista  à- aoixaHte^eaia  jeuvs  de  traschée  euverte,  et 
liWâqc  était «èiM au  niiunent deleaer  1^  «i^ ,  lorsque rek|ilosîai 


d*uii  magasin  à  poudre  fil  sauter  un  bastion  entier;  Tassaul  étant  alors 
pratiquable ,  les  Autrichiens  se  vireut  obligés  de  capituler. 

Les  systènnes  de  Bélidor  et  de  Glfibeàuval  partageaient  alors  les 
opinions  des  nnilitaires;  Frédéric,  qui  donnait  la  préférence  à  celui  de 
Bélidor,  ne  sembla  pas  d'abord  estimer  à  sa  juste  valeur  l'homme  que 
(es  chances  de  la  guerre  faisaient  tomber  dans  ses  mains;  mais  le 
monarque  revint  promptement  de  ses  préventions  :  il  se  plut  à  accor- 
der à  son  prisonnier  les  témoignages  d'égards  les  plus  flatteurs  ;  il  le 
1)É  souvent  Appeler  auprès  de  lui ,  et  vit  avec  regret,  le  âmment  où  il 
lit  rendu  à.  la  liberté»  fin  1761,  l'im^atrîoeHmoe  éleva  Gribeau- 
yal  au  gra4e  imiaeot  de  feldHonarèehal  lieutenant,  et  lui  accorda  la 
grand'croix  de  Marie-Thérèse.  A  la  paix ,  qui  fut  signée  Tannée  sui- 
vante ^  Gribeauval  n'hésita  pas  à  abandonner  la  position  élevée  qu'il 
occupait  en  Autriche;  il  voulut  consacrer  ses  talens  i  sa  patrie;  rap- 
pelé par  le  duc  de  Choiseul ,  il  revint  occuper  en  France  le  poste  plus 
modeste  de  colonel  d'artillerie.  Tant  de  dévouement  devait  être  ré- 
compensé :  Griheauval  fut  élevé  au  grade  de  maréchal-de^amp,  puis 
de  premier  inspecteur  d'artillerie  en  1776. 

Depuis  cette  époque,  sa  vie  fut,  s'il  est  possible,  plus  utilement  en- 
core occupée;  on  lui  doit  Tordonnance  qui  fixe  la  proportion  des  trou- 
pes d'artillerie  relativement  à  la  force  de  l'armée;  l'établissement  des 
écoles  de  cette  arme  sur  le  pied  où,  sauf  quelques  légères  modifications, 
elles  sont  encore  aujourd'hui  ;  la  formation  des  corps  de  mineurs,  deat 
le  roi  lui  confia  le  commandement;  le  perfectionnement  des  fabriques 
d'armes,  des  forges  et  des  fonderies;  les  nouvelles  proportions  établies 
pour  les  dilférens  calibres  des  bouches  à  feu,  dont  le  poids  fut  dimi' 
uué,  opération  aussi  importante  que  délicate,  puisque,  sans  nuire  à 
leur  portée,  à  leur  puissance^  leur  emploi  rendu  phis  fiicile>  devint 
par  conséquent  applicable  dans  un  plus  grand  nombnrde  cîreonstanoas 
et  de  localités.  Le  service  des  arsenaux,  l'ordre  i  établir  daas  tous 
c^ux  du^fdyaume,  attirèrent  ensuite  Tattention  de  Gribeauval;  par 


9oms,  desouTriers  exercés  el  dirigés  |iar  des  officiers  instruits,  pto- 
(liiisireiit  des  pièces  de  charoiioage  sur  un  modèle  tellemeul  unirorme, 
que  rr>n  put  réunir  dans  le  même  train,  dans  le  même  affût,  des 
pièces  prépai  èes  nviP  divers  points  :  ainsi  leur  remplacement  eu  cam- 
pagne n'offrit  plus  de  difficulté,  de  retards.  C'est  encore  à  Gribeauval 
que  Ton  doit  le  perfectionnement  du  fusil  ;  il  fit  adopter  le  modèle 
dit  de  1777.  Par  ses  ordres  et  sous  sa  direction,  furent  calculées  et 
rédigées  les  tables  de  construction  ;  on  lui  doit  la  création  du  musée 
d'artillerie,  puisqu'il  réunit  tous  les  modèles  dans  un  dépôt  central.  11  fit 
enfin  adopter,  dans  tous  leurs  détails,  ses  plans  d'artillerie  volante  ^  el 
nos  vieux  militaires ,  qui  ont  fait  les  premières  campagnes  de  la  guerre 
de  la  révolution ,  savent  quels  services  rradit  cette  arme ,  qui  étonnait 
TeoDemi  par  la  promptitude  de  ses  mouv^nens,  et  qui  plus  tard  fut 
adoptée  par  les  puissances  de  l'Europe;  il  en  avait  puisé  la  première 
pensée  lors  de  la  guerre  de  sept  ans,  el  il  l'avait  modifiée  et  perfec- 
tionnée. 

Gribeauval,  ainsi  queGuibert,  «nsi  que  tous  les  hommes  supérieurs, 
excita  l'envie.  Qui  pourrait  le  croire  aujourd'hui!  l'adoption  du  nou- 
veau modèle  de  fusil  que  le  temps  a  consacré  fournit  le  prétexte  à  de 
calomnieuses  accusations;  Gribeauval  fut  momentanément  suspendu 
de  ses  fondions;  grâce  à  la  justice  éclairée  de  Louis  XYI,  il  les  reprit 
bientôt  et  les  conserva  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  au  mois  de  juin  1789. 
Gribeauval  fut  pour  l'artillerie  ce  qun  Vauban  avait  été  pour  les  fortifia 
cations.  Nous  n'oublierons  jamais  qu'en  1809,  après  la  mémorable  jour- 
née de  Wagram ,  nommée  la  bataille  des  canons ,  nous  avons  entendu 
Napoléon,  et  quelle  autorité!  dire  au  quartier-général  que  Gribeau-- 
val  est  le  père  de  f  artillerie  firançaise.  Les  officiers  de  cette  arme,  qui 
a  si  virtuellement  contribué  à  nos  siiocès,  liront  avec  intérêt  ces  lippes 
consacrées  à  retracer  les  titres  qui  recommandent  à  notre  reconnais* 
laace  l'une  des  gloires  les  j^ua  utili  is  de  notre  France  bien-aimée. 

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CONSIDÉRATIONS  SUR  L'MTILUaiUE. 


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Depuis  Cinquante  ans,  nos  généraiix  d'artillerie  (et  nous  n'en  de- 
agneroDs  aucun  nominativement ,  pour  ne  pas  nous  rendre  coupabl6|if  ' 

•  •  •  •  • .     » 

d'omissions  involontaires)^  depuis  cinquante  ans,  nos  généraux,  raçt- 
tant  à  application  les  découvertes  dans  les  sciences  mathématiques  et 
physiques  ainsi  que  rexpérience  qu'ils  ont  retirée  d'une  guerre  pre^qu» 
non  interrompue  d'un  quart  de  siècle,  ont  introduit  dans  cette  arme  ^  ' 
des  améliorations  tellement  importantes,  qu'elle  justifie  complètement 
aujourd'hui  la  réputation  qu'elle  s'est  acquise  en  Europe.  C'est  bieii  de 
notre  artillerie  que  l'on  peut  dire,  ainsi  que  de  tous  les  corps  de  notre 
armée,  que  nous  la  présentons  avec  orgueil  à  nos  amis  et  à  nos  en- 
Demis.  Le  traité  d'artillerie  de  Guibert  offre  un  intérêt  puissant;  il 
permettra  d'apprécier  l'état  actuel  :  nous  devions  donc  le  reproduire, 
mds  seulement  en  extrait  raisonné. 

Par  suite  de  T adoption  du  fusil  à  percussion,  le  feu  est  devenu  pres-« 
que  immanquable  :  l'application  de  la  percussion  rend  la  réalité  du  feu 
indépendante  de  l'état  humide  de  l'atmosphère,  de  l'encrassement  ou. 
la  perte  de  l'ancienne  pierre  de  silex.  Le  fusil,  modèle  de  17Y7,  déve- 
nail  souvent  mutile  entre  les  mains  du  soldat.  Autre  inconvénient  de 
Taocien  système  :  la  pierre  qui  s'abattait  sur  le  bassinet  était  fixée  au 
milieu  du  chien  par  un  morceau  d'étoffe  de  laine ,  lequel ,  après  plu^ 


MB  PfttaàGB« 

sieurs  coiqps  tirés ,  se  consumait  et  laissait  échapper  la  pierre;  la 
feuille  de  plomb  ellennéme  pouvait  aussi  se  détacher.  La  disposition 
du  Fusil  à  percussk»!  remédie  à  ces  inc(mvénieDs,  et  rendra  les  opé- 
rations de  rinfanterie  indépendaotes  de  toutes  causes  de  retard  ou 
d'interruption. 

C'est  une  évaluation  dUlBcile  à  établir ,  même  par  approximation , 
que  celle  du  nombre  de  coups  de  fusil  qui  portent  ;  ce  nombre  varie 
en  raison  y  1*  de  la  distance  à  laquelle  les  feux  sont  exécutés;  2*  du 
séjour  plus  ou  moins  long  du  soldat  sous  le  drapeau  ;  3""  du  temps  de 
durée  d'une  action  de  feu,  car,  après  la  première  émotion,  pres- 
que inévitable  chez  les  jeunes  soldats,  ils  se  hâtent  cependant,  tandis 
que  les  vieux  militaires  tirent  avec  quelque  lenteur  ;  ces  derniers  lais- 
sent tomb^  avec  mesure  Tarme  sur  la  main  gauche,  et  ne  lâchent  la 
détente  qu'après  avoir  pris  un  point  de  mire.  Cest  par  cette  raison  que 
le  feu  â  volonté  est  plus  meurtrier  que  le  fira  de  peloton.  Guibert  es- 
time qu'en  raison  du  bruit,  de  la  fumée,  du  tumulte,  du  dérange- 
ment, sur  cinq  cent  mille  coups  de  fusil  tirés  dans  le  cours  d'une  action , 
on  n'en  compte  environ  que  deux  mille  qui  portent ,  c'est-â-dire  un  sur 
cinq  cents  ;  Lloyd  estime  la  proportion  à  un  sur  deux  cents.  Les  tac- 
ticiens allemands  et  anglais  affirment  que  la  supériorité  de  la  mousque- 
terie  décide  le  sort  des  actions.  Les  tacticiens  français  pensent  que  ce 
feu  n'a  pour  résultat  que  d'engager  une  action  avec  des  chances  plus 
ou  moins  favorables ,  s'en  remettant  pour  la  décider  à  l'attaque  corps 
â  corps,  âla  baïonnette.  Nous  sommes  loin  d'établir  qu*il  faille  négliger 
l'instruction  qui  apprendra  au  soldat  à  tirer  le  meilleur  parti  de  son  fu- 
sil ;  mais  nous  peusons,  avec  Vexpèrience  de  nos  dernières  campagnes , 
que  la  baïonnette  est  l'arme  du  courage,  de  l'adresse,  l'arme  dédaîve 
lorsqu'on  peut  l'wiployer,  en  un  mot  l'arme  nationale  des  Français. 

{NcU  eu  tMofilmtê.) 


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ARTILLERIE. 


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1  • 


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CHAPITRE  l". 

lii  fD  génénl.  —  Set  avaoïages  trop 
r  lèi  «lift  et  trop  ftboiiiét  ptr  les  ao- 
ta  «lUilé  rMle. 

eomme  l'ont  fait  quelques 
I,  que  rartillerie  est  uo  ac- 

plus  embarrassaDt  qu'utile 
f«nt  que  meurtrier  ;  en  con- 
t,  parier  peu  de  l'artillerie, 
lire  entrer  pour  rien  dans 
biaisons  de  la  tactique,  c'est 
w  que  l'expérience  et  la 
Nidamnent.  Dire ,  avec  quel- 
eiers  de  l'arme ,  que  YartUU- 
wiê  du  annéeê  ;  que  ia  supirio- 
Uhriê  doit  décider  la  vieiaire  ; 
I.  erreur  qui  est ,  ou  l'effet 
jvention  de  corps,  ou  celui  de 
le  l'art  qu'on  cultive.  Tel  se- 
Bglement  extrême  et  égale* 
raisonnable  de  deux  hommes 
lient,  l'un,  que  tous  les  mo- 
loet  par  les  bouche  à  feu 
it  leur  but  ;  que  Texécution 
lene  est  certaine,  et  d'au- 

le  hasard  seul  dirige  ces. 
et  qu'en  conséquence  l'effet 


du  canon  ne  doit  être  compté  pour 
rien  dans  la  combinaison  d'une  dispo- 
sition. 

Hais  qu'importe  d'où  viennent  les 
erreurs ,  dès  que  les  erreurs  existent? 
Trop  vanter  l'artillerie  et  trop  croire 
à  ses  effets,  la  déprimer  trop ,  et  faire 
trop  peu  de  fonds  sur  elle,  ce  sont  deux 
extrêmes  également  préjudiciables.  Je 
vais  chercher  la  vérité. 

L'artillerie  est  aux  troupes  ce  que 
sont  les  flancs  aux  ouvrages  de  fortifi- 
cation. Elle  est  faite  pour  les  appuyer, 
pour  les  soutenir,  pour  prendre  des  re- 
vers et  des  prolongemens  sur  les  lignes 
qu'elles  occupent.  Elle  doit,  dans  un 
ordre  de  bataille,  occuper  les  sail- 
lans ,  les  points  qui  font  contrefort, 
les  parties  faibles,  ou  par  le  nom- 
bre ,  ou  par  l'espèce  des  troupes ,  ou 
par  la  nature  du  terrain.  Elle  doit 
éloigner  l'ennemi ,  le  tenir  en  échec , 
l'empêcher  de  déboucher.  L'artille- 
rie, bien  employée  relativement  à 
ces  d<fférens  objets,  est  mu  accessoire 
utile  et  un  moyen  de  phis  pour 
l'homme  de  génie  :  donc  la  tactique  de 
l'artillerie  doit  être  analogue  à  cella 
des  troupes:  donc  il  bnit que  les  oom- 


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ARTILl 


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mnndans  des  troupes  snchcnt  bien  le 
résultat  qu'on  peut  attendre  dos  (liffé- 
rentes  dispositions  ou  exécutions  des 
bouches  h  feu,  afin  de  combiner  ce 
résultat  dans  leur  disposition  géné- 
rale. 

Machines,  agenB,  poqtfre ,  mobiles, 
milieux,  cîrconslinces ,  tout,  en  un 
mot,  contribue  à  re^^dre  les  portées  des 
bouches  à  feu  incertaines,  soit  pour  la 
justesse,  soit  pour  retendue.  Pointez  à 
la  portée  du  but  en  blanc,  une  pièce 
sur  un  objet  isolé  qui  présente  pcn  de 
surface;  il  faudra  peut-être  dix,  peut- 
être  cent  coups  avant  de  toucher  cet 
objet.  Je  le  suppose  atteint  :  le  coup 
suivant,  tiré  sous  le  même  angle  de 
projection,  par  les  mômes  canonniers, 
avec  la  même  charge,  la  même  qualité 
de  poudre  en  apparence,  s'écartera 
plus  ou  moins  «ensiblcment  du  même 
but.  Que  conclure  de  cette  incertitude? 
Que  le  canon,  considéré  dans  son  effet 
individuel,  etpoînté  versun  objet  isolé 
et  l'résentant  peu  de  surface ,  est  une 
machine  peu  redoutable.  Mais  ce  n*est 
point  ainsi  qu'on  l'emploie  dans  les 
combats.  Il  n'y  est  pas  question  d*un 
point  unique,  ce  sont  des  lignes  «  des 
masses  de  troupes  ;  là ,  si  l'on  com- 
prend l'usage  de  l'artillerie,  on  forme 
de  grosses  batteries;  on  bat ,  non  des 
points  déternr^inés,  mais  des  espaces,' 
des  débouchés;  on  fait  usage  du  rico- 
chet, on  prend  des  prolongemens;  on 
s*attache  uniquement  à  porter  ses  mo- 
biles dans  le  plan  vertical  de  l'ordon- 
nance ennemie;  on  remplit,  non  le 
petit  objet  de  démonter  un  canon  ou 
de  tuer  quelques  hommes  ;  mais  le 
graud  objet,  ToVijet  décisif,  qui  doit 
ét^'e  de  couvrir,  de  traverser  de  feux  le 
terrain  qu'occupe  l'ennemi  et  celui  par 
içquel  l'ennemi  voudrait  s'avancer. 
L'artillerie ,  ainsi  placée ,  ainsi  exécu- 
tée; «  f^ît  beaucoQjp  de  mal. 


roflà  les  effets  avantatngeux  qu'on 
peut  se  promettre  de  l'artillerie  ;  ils 
deviendront  moins  décisifs  et  moins 
redoutés ,  à  proportion  quo  les  trou- 
pes seront  plus  aguerries ,  mieux 
ordonocea  et  plus  manœuvrières. 
Aguerries,  elle!  ne  s'exagéreront  pas 
le  ravage  que  peut  causer  l'artillerie 
ennemie;  elles  ne  prendront  pas  la 
quantité  de  bruit  pour  la  quantité  de 
danger;  elles  sauront  que  pour  dix 
lignes  de  direction  qui  peuvent  con- 
diiife  les  boulets  vers  elles,  il  y  en  a 
cent  d'aberration  où  ils  ne  peuvent 
leur  nuire;  elles  comprendront,  la  né- 
cessité d'essuyer  le  feu  du  canon  Tine 
fois  i)osée ,  que ,  si  l'on  est  en  panne, 
ou  si  l'on  combat  de  pied  ferme ,  la 
la  frayeur  ne  garantit  pas  ;  que,  si  l'on 
manhe  pour  attaquer,  le  moyen  de 
faire  cesser,  ou  du  moins  de  diminuer 
le  danger,  est  d'arriver  sur  rennemi. 
parce  qu'alors  l'ennemi  s'étonne,  chan- 
celle, et  pointe  avec  moins  de  justesse. 
Bien  ordonnées,  et  habilement  ma- 
nœuvrières, elles  s'en  tiendront,  de- 
vant le  canon,  à  une  ordonnance  min- 
ce, et  qui  offre  A  ses  coups  le  motiu 
de  prise  possible.  Si  elles  sont  en  co- 
lonnes, elles  sauront  ])romptement 
quitter  cet  ordre  de  profondeur,  pour 
se  mettre  en  bataille  par  des  mouve- 
mens  simples,  rapides,  qui  ne  pour- 
ront occasionner  ni  désordre  ni  con- 
fusion. Elles  sauront,  au  moven  de  la 
discipline  et  de  l'habitude  des  manœu- 
vres, qu'elles  auront  contractées ,  se 
mettre  à  l'abri  du  feu  de  rartillerie  par 
tous  les  moyens  que  le  terrain  offrira  ; 
là,  si  elles  sont  en  panne,  mettre  de- 
vant elles  une  petite  éminence,  se  cou- 
vrir d'un  ravin,  se  rassembler  en  co- 
lonne derrière  un  rideau ,  se  placer 
derrière  un  terrain  mou  et  marécageux 
où  le  ricochet  ne  puisse  point  faire  effet: 
ici  «  rompues  en  colonne  par  division  « 


I 


EXTRAITS  DE  GUIBERT. 


CONSIDÉRATIONS 


L'ARTILLERIE. 


m 


âMMUlOUK 


ébAnàftlie  cette  dlRrence  (1).  Les  par^ 
tisans  dn  nooTeaa  système  prétendent 
qne  les  pièces  n'y  ont  perdu  ni  da  dite 
de  retendue,  ni  dn  côté  delà  reMftnde 
de  la  portée  ;  ils  disent  qu'avec  Partih- 
lerie  qu'on  mènefa  en  campa^e,  ils 
auront  des  portées  proportionnées  au 
objets  et  au  but  de  la  guerre  de  cam- 
pagne. Les  partisans  de  Tancien  sys- 
tème leur  objectent  qu'en  Taceonrds- 
sant  et  atténuant  les  pièces  pour  les 
alléger,  on  a  perdu  sur  la  longueur  et 
la  justesse  des  poitées  ;  que  les  incon- 
vëniens  du  recul  ont  prodigieusement 
augmenté.  Ils  regrettent  les  pièces 
longues,  et  la  solidité,  moihs  ingé- 
nieuse et  moins  compliquée ,  des  an- 
ciens afltkts;  ib  prétendent  qu'il  ne 
fallait  pas  que  les  aflttts  de  campagne 
fussent  différens  des  affi&ts  de  siège; 
que  c'est  une  complication  de  moyens 
et  de  dépense,  qui  privera  de  la  fadKté 
de  reverser  tour  è  tour  l'artiHer ie  des 
armées  dana  les  pTaœs ,  et  celles  des 
places  dans  les  armées.  Les  épreuves 
auraient  pu  faire  découvrir  le  vrai  sur 
quelques-mis  de  ces  objets,  par  exem- 
ple, sur  la  longueur  et  la  justesse  dca 
portées  ;  mais,  comme  je  l'ai  déjà  oIh- 
servé ,  la  plupart  des  épreuves  qui  se 
font  dans  les  écoles  d'airtitlerie  ne  di^ 
cident  rien,  et  leur  résultat  est  tou- 
jours conforme  è  l'opinion  dooiiaanle. 


fenîki,  tes  oOciers  d'artHlerie;  qiri  m 
sont  ni  de-l'un  ni  de  l'autre  partie  eeux 
qui  aiment  le  vrai  et  ie  hon\  queHes 
que  soient  se»  litfées,  eDnvteimettlqQe 
rancienne  aftiUerie  de  camfuguu  était 
trop  pesante;  que  lea mouvenenB de 
tactique  des  troupea  étant  devenus 
plus  rapides  et  plus  savans,  il  fallait 
que  FartiHerie  a^y  conformât;  qu'en 
conséquence,  on  a  Mon  fait  d^ailéger 
les  pièces  ;  que  leur  necourasaement 
peut  Mefi  leur  avoirfaft  pentoetfMhpie 
chose  ûe  le«r  portée ,  Mdr^'aimMi 
de  celle  qui  leur  reate,  les  coopa 
étaient  si  ineertains^  que  cette  perte, 
plus  apparente  qne  réeBe,  ne  doit 
point  laisser  de  regrets.  Ils  disent 
qpi'eHes  ont  peut«-étre  anaal  perdu  de 
leur  justesse,  mais  4|ue  eetia  dHKrenee 
est  si  peu  sensSile  qu'elle  ne  pevt  don- 
ner de  désavantage^  parce  qne  dans  la 
guerre  de  campagne,  il  s'agit  de  battre 
de  grands  espaces  et  non  des  poinis; 
et  que,  si  par  hasard  on  vent  battre 
des  points,  comme  des  retranehemena, 
ou  d'autres  obstacles  qu'il  eit  à  propre 
de  détruire,  en  rappreche  ParlHIerJe  è 
des  distances  qui  ne  permetteiit  pies 
que  l'aberration  des  mebfles  soitseiK 
siUe;  ils  disent  que  tesaneiens  umus 
de  places  avaient  besoin  d'être  chan- 
gés ;  qu'ils  étaient  trop  diflBdles  à  ma- 
noNivrer,  à  dérober  au  feu  de  Tenue- 


(1)  CoaMMuraiiQndetpoi4f  detiiettTell«ipiieet4eia»4eia,4e9et  de.4»««fe  osndes 
jelc&iMt  4e  même  calibre ,  moDtéei  lar  leari  tfllÉtf. 

Avee  leur  avaal-trsiii.  gant  avant-traio. 


CaUbret. 

1 

Piéoee 
Boav. 

Pièces 
andemi. 

Diflé-  1 
renée.  H 

de      46    { 
4e     ta 

4e       a 

1    '*       ^ 

6330 

3814 
99B7 

'     1819 

t 

6589 
4966 
1S99 

aaa  | 

Calibres. 


da  16 

4e  11 

de  a 

4e  4 


Pièces 


8789 

3108 


laiv 


Pièces 


«Mri 


4ei3 

aaia 

aai7 


I 


«ff,  et  à  réparer  au  mHiM  dea  embar- 
fas  d*w  siège.  Jusque-là  tout  serait 
Vim  dans  les  chaii(;emeii^  <|iii  ont  été 
fûts  ;  mais  ils  biàmeot  les  masse»  énor- 
mes et  maladroites,  sntetitoées  à  ces 
derniers  aUttts;  ils  regrettent  qa'on 
paraisse  Tovioir  renoncer,  ponr  la 
gaerre  de  campagne^  aoi  pièces  de  16. 
Os  demandent  avec  quoi  on  battra  des 
naiaons,  des  abattis,  des  fetrancbe- 
mans  tant  sdt  peu  épais^  et  tels  qne 
h  naitt  dea  hoasmes  peut  en  quatre 
jovs en  éleTer en  rase  campagne;  ils 
•e  plaignent  de  la  trop  grande  quan- 
tité de  pièces  de  k  qn'on  se  propose 
d'attacher,  soit  au  régimens,  soit  au 
pâte;  itoproposent  nn  phis  grand  nom- 
bre et  nn  usage  pina  fréquent  des  obo- 
mrs;  ils  blâment  la  compilation  d'a- 
voir deux  espèces  de  cartonches  i 
bsHe ,  FinTention  ingéniense  et  com- 
pliqnée  des  visières  mobiles,  cello  de 
vis  de  pointage,  et  qnelqnes  autres  dé- 
tails, soit  dans  les  aIRMs,  soit  dans  la 
na&œavre  des  pièces,  qu'il  serait  trop 
long  de  rapporter  ici.  En  un  mot,  tb 
approuvent  plus  qu'ils  ne  blâment,  et 
ib  conviennent  tons  que  le  génie  de 
l'anteor  du  nouveau  système  (1)  est 
digne  de  sa  fortune.  ^ 

(I)  On  éBvnit,  poor  ridstinctlon  éft  J^unci 
•fBdeif ,  rAnIr  en  eotteetioft  hê  retatioM  det 
ÉI9»  célèbMf ,  leai  les  rtyporu  ôê  Fauaqtte 
el  de  la  détow.  Jufqii'à  présent,  lee  déUilf 
publiée  immédiatement  aprèi  1  éYèoemeoi,  et  a 
dcsépoqo'e  Mon  éloignée!  entre  ellee,  le  trou* 
ventèfwrf  dan  de  nombreni  ouvrages  oa  fèoil- 
iM.détadiéea.  GemmeAt  aisn  lea  eomulier.  ei 
M lémer  iib eorps  de  doetriae,  on  oueigm- 
ment  eomplet?  En  parlant  afoc  Tattloriié  det 
faiu,  on  ne  courrait  plus  le  risqne  d*engoae« 
neot  ou  de  déprédation  dont  il  est  bien  difO- 
cBb  de  te  défendre  an  moment  eà  raetlon  Tient 
dfitre mewapHe  £»  lOAO,  Canot,  dmt  ton 
acelleni  ouvrage*. de  to  DifÊmê  dêê  Plaoêê 
f9n$s,  a  prÉMnlé  nn  (ableiu  clironologique 
dei  lièges  les  ploi  lemarqaablei,  depuis  ef  lui 
de  SfiMUiS,  par  les  Athéniens,  en  Tan  4tS 
«f  ani  l*ére  clsrétlènae,  Jaqu^au  aMge  de  Bar** 


CHAPITRR  ni. 

Inconvéniens  d*unc  arlillerie  trop  nombreuie 

Oserai-je  maintenant  m'élever  con- 
tre un  abus  épidéndqne  venu  du  nord 
de  l'Europe,  et  adopté  dans  le  nouveau 
ayttème,  sans  doute  parce  qu'on  a  cru 
ne  pouvoir  se  dispenser  d'imiter  trois 
grandes  puissances  qui  nous  ont  don- 
né l'exemple  siv  ce  point?  Je  veux 
parler  de  llmmense  quantité  d'artiDe 
rie  :  abus  que  nous  tenons  de  la  Rua- 
sie,  de  la  Prusse  et  de  l'Autriche. 

Combien  Tbistoire  de  tous  les  siècles 
se  ressemble!  et  qu'il  est  étonnant 
qne  cette  similituded'évènoDens  n'ins- 
truise pas  les  hommes!  Dans  la  haute 
antiquité,  on  n'eut  d'abord  que  quel- 
ques chariots  armés  en  guerre,  pour 
garnir  les  ailes  et  pour  entamer  le 
combat.  L'usage  de  ces  diarfois  a'ae- 
cmt  peu  à  peu  prodigieusement.  Cyrus 
en  trouva  jusqu'à  vingt  mille  dans  l'ar- 
mée d'A»tyage ,  son  beau-père.  Cette 
armée  était  en  même  temps  sans  dia- 
cipiine  et  sans  conrage.  Il  prit  le  parti 
de  réduire  à  cinq  cents  cette  quantité 
de  chariots  armés,  exerça  les  troupes, 
les  aguerrit,  mit  la  science  à  la  place 
de  rembarras,  et  battit  l'armée  enne*> 
mie,  qui,  traînant  à  sa  suite  un  nom- 
bre immense  d'attirails  de  guerre,  n'a- 
vait que  de  l'embarras  et  pas  de  scien- 
ce. Il  en  tût  de  même  pour  les  machines 

eelone  par  le  maréchel  de  Berwick,  en  1713. 
LiDientlon  de  Garnot,  si  capable  d'ailleors  de 
iialter  celte  omllére,  étiH  ieidement  de  elier 
dee  aeni  et  des  dMes,  car  U  n'a  aceempaimé 
cette  nomenelalaie  d'aneane  dlicmsion  erit^ 
qne,  se  bornant  a  relater  quelqnci  fells  connus. 
Nous  pensons  que  la  relation  des  siégea  célèbres 
offHralt  «1  Intérêt  pnliBant»  et  nooe  Urroni 
eette  idée  à  memlean  fea  gdndnu  et  sIBeleri 
dea  armée  apédalea  à  qui  toi  connalsiaaeei  wê* 
çessaires  permellralent  d'eiéenter  un  ttaTtil 
qui  deviendrait  daseiqoe.  il,  comme  nous  n*ea 
doutons  pas.  il  est  rédigé  etec  le  soin  qn*on  doU 
attendre  des  pragiis  des  étades  Usloriqaes. 


•j 


la 

f^  1>,  raWMie  se  fiMmera  aoeoesn- 
fement  par  des  ^quarts  de  oonversion , 
aux  points  désignés  pour  son  emplace- 
meiit.  Si  la  marche,  au  contraire,  est 
de  front  (Gomme  dans  la  /Cg.  2),  la  co- 
lonne d'artiUerie  doublera  ses  files, 
povr  se  mettre  sur  deux  pièces  de 
liront.  Ce  mouvement  préliminaire  se 
lém  dès  le  moment  qu'elle  approchera 
dn  terrain  où  eHe  devra  se  former,  et 
M  même  temps  que  les  troupes  feront 
de  leur  côté  leurs  mouvemens  prépa^ 
ntôires  de  déploiement.  Tai  vu  dans 
la  deniière  guerre  les  colonnes  d'arti)^ 
lerie ,  devant  se  former  de  front ,  ne 
pas  sav^rir  diminuer  leur  profondeur, 
rester  patiemment  sur  une  file ,  et  se 
mettre  ensuite  en  batterie  pv  les 
mouvemeosprocessionels  marquésdans 
la  fig.  S  ;  il  est  vrai  que  la  même  pe- 
aanleur,  le  même  défaut  d'intelligence, 
étaient  alors  dans  la  tactique  de  toutes 
les  armes.  La  colonne  d'artiUerie  étant 
formée  sur  deux  files,  elle  déploiera , 
au  signal  qui  lui  en  sera  fait,  sur  les 
deux  pièces  de  la  tète,  une  pièce  tour^ 
liant  à  droite,  et  l'autre  à  gauche, 
ou  bien  deux  à  droite  et  deux  à  gau- 
che* (  FayM  /i^.  tk  et  5.)  L'oficier,  com- 
mandant l'artiBerîiPi  pourra  même,  re* 
lativement  aux  points  où  il  voudra 
emplacer  ses  pièces,  et  au  terrain  qu'il 
aura  sur  ses  fiancs,  prendre  telle  frac- 
tion de  sa  colonne  qu'il  jugera  à  pro- 
pos pour  point  d'alignement,  et  faire 
déploya  les  autres  sur  eHe  ;  j'appelle 
fraction  les  deux  pièces  oonpiées  l'une 
à  cMé  de  l'autre. 

Je  suppose  que,  dans  les  manœuvres 
de  marche  ou  de  formation  en  bataille, 
les  voitures  d'attirmi  et  de  munitions 
ne  seront  point  mêlées  avec  le  canon, 
et  que  même ,  dans  quelques  circons-* 
lances ,  elles  en  seront  séparées.  Ainsi 
Tordre  wdinaire  et  habituel  des  mar- 
CMS  sera  de  mettre  tout  le  canon 


iJlfniXBUB. 


dtoe  vrmon  enaemMe /frais  taitai 
les  voitures  d'attirails  et  de  nmnitioni 
de  cette  divMen.  Quand  on  ftoAm 
avoir  une  {dus  grande  quantité  de  ca- 
nons pnête  &  entrer  en  action  an  pre- 
mier instant,  on  raaieBablera  pluaienn 
divisions  de  canons,  et  leurs  équipages 
à  la  suite.  Lorsqu'on  voudra  «voir  l'ar- 
tillerie à  la  tête  des  troupes  pour  pro«> 
téger  leur  déploiement ,  comme  fl  est 
en  même  temps  intéressant  que  les 
troupes  arrivent,  et  se  forment  le  pins 
tôt  possible  à  l'appui  de  cette  artmêrie, 
cette  dernière  sera  débarrassée  de 
toutes  ses  v<Mtures  d'attirails  et  de  nm- 
nitions  qu'on  mettra  alms  à  la  queue 
des  colonnes. 

II  me  reste  àdfre  un  mot  du  système 
que  nous  avons  adopté  depuis  la  paix , 
de  ne  manœuvrer  nos  pièces,  une  fois 
entrées  en  action  ou  prêtes  à  y  entrer, 
qu'à  bras  d'hommes.  Ce  système ,  qui 
est  une  suite  de  Tallègement  de  notre 
artillerie,  a  certainement  de  grands 
avantages.  Les  mancduvres  en  seront 
moins  conftises  que  lorsqu'elles  étaient 
embarrassées  de  charretiers  et  par  les 
chevaux.  Lorsqu'elles  se  feront  devant 
l'ennemi,  elles  offriront  moins  de  prise, 
et  seront  moins  ralenties  par  les  acci- 
dens.  Il  ne  faut  pourtant  pas  s'imagi- 
ner que  cette  manière  de  manceuvrer 
les  pièces  puisse  s'employer  partout. 
1^  Toutes  les  épreuves  qui  se  sont  fai- 
tes à  cet  égard  dans  nos  écoles,  se 
sont  passées  sur  des  surfaces  planes, 
soUdes,  et  sur  lesquellesle  canon  mené 
à  bras  roulait  sans  efforts.  Or,  la  guerre 
offiira  souvent  des  terrains  difficiles, 
escarpés,  détrempés  par  les  pluies,  oà . 
la  manœuvre  deviendra  trop  lente  el 
trop  pénible  pour  les  canonnière  qui, 
après  avoir  mis  les  pièces  en  batterie, 
ont  ensuite  besoin  de  force  et  d'adresse 
pour  les  exécuter. 

9*  J'admets  la  mancBUffe  à  bras  p<w 


iJiTiixjnuaiu 


m 


toui  lei  moufemeM  de  proche  en  pro 
cfae,  mis  il  y  en  a  une  infinité  d'autres 
oà  il  8'agira  de  m  monvoir  rapide- 
ment, oo  de  panowlr  dea  distances 
coMtd&raMes^  ctMBme  ponr  porter  de 
ftiBlleiie  en  ranfert,  d'nne  colonne, 
ou  d'nn  point  à  nn  antre,  pour  saisir  à 
tontes  jambes  nn  plateau  avantageux, 
pour  retirer  rartillerie  d'un  point  où 
elle  est  en  prise,  etc.  Là,  il  faut  né- 
cessairement se  servnr  de  cheitau. 
N'embrassons  donc  point  de  méthode 
eidusÎTe  sur  cet  c^t  :  ne  manœu- 
vrons pas  toujours  nos  pièces  avec  des 
eheyanx,  ainsi  qu'on  le  faisait  autre- 
fois :  ne  prétenitons  pas  aussi  les  ma- 
Doenvrer  constanmient  à  bras  d'hom- 
nes,  comme  on  veut  le  faire  aujour- 
d'hui; employons  ces  agens  tour-à- 
toor,  et  suivant  les  circonstances:  Ils 
n'apportent  aucune  différence  à  la  na- 
ture des  roouvemens  auxquels  l'artille» 
rie  doit  s'exercer. 


CHAPITRE  V. 
fiiéeatfon  4e  raftfflerift. 

Tai  pu  proposer  mes  idées  particnUè- 
res  sur  la  partie  que  je  viens  de  traiter. 
Les  manœuvres  de  l'artillerie  tiennent 
à  celles  des  troupes,  ellesdoiventendé* 
rifer,  j'ai  donc  été  conduit  nécessaire- 
rement  à  parler  de  celles  de  l'artillerie; 
il  n'en  est  pas  de  même  de  l'exécution 
des  bouches  à  feu  ;  elle  est  proprement 
du  ressort  des  oiBciend'aitilterie. 

Ce  que  j'appelle  eséeuiion  de  Var^ 
tilhri0,  c'est  non  seulement  l'art  de  se 
servir  des  bouches  à  feu  et  de  calculer 
leurs  effets,  c'est  encore  celui  de  les 
enplacer  et  de  diriger  lerni  coups  de 
manière  que  le  résultat  de  ces  atten- 
tions eomblnées  soit,  en  faisant  le 
pins  do  mal  possible  h  rennemi,  de  I 


donner  la  plus  grande  protection  pos» 
Bible  aux  troupes  pour  lesquelles  elles 
agissent.  Les  troupes  et  l'artillerie  étant 
unies  ensemble  par  une  protection  ré» 
dproqoe,  il  faut  que,  pour  tirer  le  parti 
le  plus  utile  des  machines  qui  sont 
sous  sa  conduite,  l'olBcier  d'artillerie 
connaisse  la  tactique  des  troupes,  sinon 
les  détails  intérieurs  de  cette  tactique, 
au  moins  le  résultat  des  {Mlncipaux 
mouvemens,  les  changemens  qn'ib  ap- 
portent dans  l'ordonnance  des  troupes, 
le  dommage  ou  l'appui  que  les  trou- 
pes, dans  telle  ou  telle  occasion,  peu- 
vent recevoir  de  l'artillerie  exécutée 
ou  emplacée  de  telle  ou  telle  manière. 
Il  faut  pareillement,  et  à  plus  forte 
raison,  que  l'offlcier  d'infanterie  et  de 
cavalerie,  lui  qui,  commandant  les  ar- 
mes, commande  nécessairement  l'ar- 
tillerie, il  faut,  dis-je,  que  cet  officier 
connaisse ,  sinon  les  détails  intérieurs 
de  construction,  d'attirail  et  d'exécu-- 
tion  de  l'artillerie,  au  moins  le  résultat 
de  tous  ces  détails,  les  portées  des  dif- 
ilérentes  bouches  à  feu,  emplacées  ou 
exécutées  de  telle  ou  telle  manière,  lo 
donamage  ou  Tappul  que  les  troupes 
peuvent  en  recevoir.  Faute  de  ces 
connaissaoces,  ou  il  ne  saura  pas  em- 
ployer rartillerie  avec  intelMgmce  dans 
sa  disposition  générale,  ou  il  sera  obli- 
gé de  s'en  rapporter  aveuglément, 
ponr  toutes  les  manœuvres  de  cette 
artfllerie,  à  un  ofiScier  de  l'arme,  qui 
peut-être  à  son  tour,  faute  d'avoir  por* 
té  ses  vues  au-delà  de  la  conduite  mé- 
canique de  son  canon,  ne  le  disposera 
pas  de  manière  à  remplir  l'objet  gé^ 
nà^l,  ou  enfin  il  contrwiera,  par  igno- 
rance, les  dispositioBs  de  cet  officier 
d'artillerie,  qai  peot-étre  en  aurait  fait 
de  bonnes.  Voici  nue  taUe  estfanative 
des  distances  : 


Ué 


AMiunai. 


1 

j 


r 


TABLE  ESTIMATIVE 

du  disUDcei  •nxqaellet  on  peot  commencer  à  compter  lur  lei  erfeu  de  IPaftflhm 

dtni  les  afralret  de  campagne  (i). 


GALIBEB 

«a  fiftei 


de  ie 


de  i% 
de  8 
de    4 


DISTANCES 

POUB    LB8   FIÈCXi 

charges  à  bcAltt. 


TOIIBS. 

de  MO  à  550 


S9B: 


1 


400  à  500 
400  à  450 
S50à  400 


aaas 


DISTAIfCES 

POVft  LW  ntCBI  CEAMAfttS  ▲ 


à  groMflf  bsllet. 


àptUlMMlM. 


On  n'a  point  encore  déterminé  reipèee 
cartoache  ddnt  on  se  serrfra  à  le 
gaerre  pour  Ici  piécei  de  ealibra. 


tûUBi. 


de  550  à  250 
500  à  200 
250  à  150 


àlSO 
à  100 
à  tSO 


9M 


Cette  table  «  particulièrement  rela- 
tive à  nos  pièces  actuelles,  et  telles 
qu*on  se  propose  de  les  employer  &  la 
première  guerre ,  pourra  servir  à  ap- 
précier de  même  les  effets  des  pièces 
étrangères,  dont  les  calibres  de  campa- 
gne ne  diffèrent  des  nôtres  que  parce, 
qu'ils  sont  de  proportion   impaire, 


{i)  Les  coups  étant  encore  très  peu  assurés 
aui  difTérentiS  distancps  designées  dans  la  table 
pour  les  pièces  chargées  à  boulet,  il  faudra  II- 
nr  lentement  pour  pouvoir  pointer  itoc  atten- 
tion, et  an^tmcnter  ptegreMîvenient  la  vivacité 
du  reu«  en  raison  de  la  diminution  des  distances. 

On  peut  certainement  faire  u«age  du  canon  à 
des  |>ort<^>  plus  considérables,  puisqu'une  pièce 
de  15,  pointée  à  quinze  degrés,  porte  enUron  à 
doute  cents  loisea,  et  qu*une  pièce  de  12  dn 
nouveau  modèle  porte  â  huit  cent  quatre-vingts 
toises  sous  1  angle  de  liii  degrés;  mais  au-deU 
des  limites  iudiquèes  dans  la  second t:  colonne 
de  la  table ,  on  ne  prut  compter  sur  un  effi*t 
dédsif,  qu'en  suppléant,  par  un  fçratid  nombre 
de  plécts.  eut  irrégularités  des  grandes  portées. 

Il  n'esl  pes  méioe  possible  de  donner  des  à 
peu  près  sur  les  portées  des  pièces  tirées  à  rico- 
chet, dont  les  effets  peuvent  être  quelquefois 
très  utiles  dans  les  alblres  de  eampsgne;  il 
faudrait,  pour  chaque  cas  particulier,  une  ap- 
proaimatioii  dUXérenle* 


comme  19, 13,  9,  7  et  3.  Quint  au 
dimensions  des  pièces  étrangères,  eiki 
sont  différentes  chez  presque  toata 
les  nations  ;  mais  ces  différences  n'ia- 
fluant  que  par-delù  les  portées  raison- 
nables et  certaines,  toute  comparaison 
à  cet  égard  serait  minutieuse  et  inutile. 
Je  dirai  seulement  qu'en  général  prei- 

Dans  beaucoup  de  circonstances  dn  service  di 
rartiUcriei  11  ne  faut  se  déterminer  à  un  psril 
définitif,  qu'après  quelques  coups  dVpmn»; 
mais  le  nombre  n*en  est  Jamais  blea 
ble,  quand  la  théorie  et  la  pratii|iie  oui 
le  coup-d'œ  I  d*un  officier  d'art ilerie. 

Les  mêmes  raisons  ont  empêché  de  parler  dfl 
portées  des  obuslrrs  de  $ii  pouces.  Celle 
dont  on  se  sert  trop  rarement  et  en  Mp 
quantité  dans  les  afMires  de  campagne, 
sa  bombe  ou  f on  obus  à  sii  cents  toisv,  { 
sous  1  angle  de  uugt-deux  degrés; 
elle  ne  ricocherait  point,  et  perdrait,  par  cs^ 
séqoent.  la  cause  de  ses  pins  grands  eftels;iM 
donc  encore  à  quelques  coups  d*éprMVie  ^ 
fisudra  a^oir  recours  pour  fiicrrangie  de  g» 
Jection,  auivant  les  circooi lances  du  tenais  „ 

On  a  conitruil  des  carioucbes  i  bsllcs  de  îv 
battu,  pour  les  obusiers.  il  ne  faudra  en  ftlA 
usage  qu'à  eeni  cinquante  on  deu  eanU  ulM 
derennemL 


|W  tootM  ta  irtfllerta  dei  Mtret  n** 
ttai,  dieiditiit  à  B*aDéger  en  néme 
tHPpi  qu'à  l'aogmenter,  oiit  diminué 
jaioBgaenr  et  la  peiantear  de  ieon 
pfti^ni  U  n'y  avait»  la  guerre  dernière, 

Cf  ta  Anglais  et  noui  qui  eussions 
lietUs  calibres  à  longue  propor- 
Ikm. 

»Jè  B'i|}oaterai  point  à  cette  table  des 
nr  le  rapport  des  charges  aui 
e'est-Mire  sur  la  quantité  de 
dont  U  faut  que  les  charges 
composées  relativement  au  ca- 
dea  mobiles,  è  leur  espèce  et  à  la 
illilBnni  à  laquelle  on  veut  les  pousser. 
fmtm  dirai  point  sous  quels  angles  de 
ppajectioft  les  pièces  doivent  être  poîn- 
tiav  poar  en  tirer  tel  ou  tel  effet.  Ces 

appartiennent  exclusi* 
it  à  roffider  d'artillerie.  C'est 
loi  qui  est  chaigé  de  l'exécution  des 
à  fen,  et  il  suffit  a  rofflcier, 
it  les  armes,  de  savoir  qu'il 
pMl,  en  telle  ou  telle  position,  deman- 
der à  rolHcier  d'artillerie  de  lui  pro- 
cnrer  des  feux  qui  remplissent  tel  ou 
tel  objet 

L'oiBGier  commandant  ta  armes 
dilit^  aussi  bien  que  l'officier  d'artillerie 
Mfwr  dmisir  les  emplacemcns,  dispo- 
HT  ta  pièces ,  diriger  les  feux  et  les 
nrfnager. 

La  disposition  la  plus  avantageuse 
i0  Tartillerie,  considérée,  soit  du  côté 
in' renpiaeement ,  soit  du  côté  de 
rflaécution ,  est,  sans  contredit ,  celle 
qaifciid  ses  eflfets  les  plus  meurtriers 
et  ta  plus  nuisibles  è  l'ennemi. 

Ua  coups  ta  plus  meurtriers  étant 
indubitablement  ceux  qui  parcourent 
lafilas  grande  longueur  sur  le  terrain 
Mcapé  par  les  troupes  ennemies,  fl  est 
eÉrtain  que  leur  effet  augmenter^  ^ 
mesure  que  ces  troupes  fieront  rangées 
flu^^e  pta  grande  profondeur,  ptals- 
qd*alofi  U  boilat  ne  cessera  de  dé- 


AAtuxBtiB.  Mnr 

traire  que  quand  il  aura  perdu  s*  fiNiM, 
et  que  quand  même  il  n'aurait  pas 
touché  ta  premiers  rangs.  Il  aura  son 
effet  de  plongée  ou  de  ricochet  sur  les 
derniers. 

Pour  obvier  à  ce  prodigieux  et  meur- 
trier effet  de  l'artillerie,  toutes  les 
troupes  de  l'Europe  ont  abandonné 
l'ordonnance  de  profondeur,  pour 
prendre  avec  raison  un  ordre  plus  min- 
ce ,  et  qui  donne  moins  de  prise  aUK 
tirs  du  canon. 

Les  troupes  étant  ainsi  rangées,  cel- 
les d'infanterie  sur  trois ,  et  celles  de 
cavalerie  sur  deux  de  profondeur,  si 
rartillerie  ne  tirait  que  de  but  en  blanc 
et  droit  devant  elle,  son  feu  serait  bien 
peu  redoutable ,  puisque  le  boulet  le 
plus  heureusement  dirigé  ne  pourrait 
tuer  on  mettre  hors  de  combat  que 
deux  ou  trois  hommes  au  plus. 

Afln  de  tftchcr  de  foire  parcourir  à 
ces  mobiles  la  trajectoire,  sur  laquelle 
ils  peuvent  rencontrer  plus  d'ennemis, 
seule  manière  de  remédier  &  l'irrégu- 
larité et  au  hasard  des  portées,  l'artil- 
lerie doit  donc  chercher  à  prendre  des 
prolongemens ,  des  revers  et  des  ri- 
cochets sur  la  troupe  qu'elle  veut  bat- 
tre. 

Pour  se  procurer  ces  avantages ,  U 
faut  qu'elle  place  ses  batteries  de  ma- 
nière à  écharper  sur  la  ligne  ennemie , 
observant  que  cette  batterie  forme  avec 
cette  ligne  un  angle  de  plus  en  plus 
aigu,  à  mesure  qu'on  s^en  rapproche/ 
et  enOn  un  angle  presque  nul  quand 
on  en  est  fort  près,  c*est-&-dire  que  les 
batteries  doivent  s'établir,  dans  ce  der- 
nier cas,  presque  tout-à-fuit  sur  le 
flanc. 

Le  même  principe  doit  s'appliquer 
aux  batteries  destinées  à  battre  une 
colonne  ;  ainsi  on  doit  les  placer  de 
manière  qu^elles  écharpent  sur  un  an- 
gle d'autant  plus  grand  qu*on  en  sera 


hk$ 


AATIUJHDB* 


Iflitt  éloigné,  et  eoàiite  lee  placer  n»- 1 
à- vis  d'elle  quand  on  en  aéra  tràsjrap- 
proche,  celte  position. produisant  alors 
le  même  effet  que  si  eUe  était  prise 
sur  le  flanc  d'une  ligne  de  troupes,  et 
étant  propre  k  donner  le  prolongement 
le  plus  efficace  possible. 

Régie  générak.  Il  faut  donc,  tontes 
les  fois  que  cela  est  praticable,  ne  pas 
placer  ses  batteries  vis-à-vis  des  points 
que  l'on  veut  battre,  à  moins  que,  dans 
le  cas  où  l'on  ne  pourrait  pas  s'appro^ 
cber  assez,  l'obliquité  ne  flt  trop  per- 
dre sur  la  longueur  de  la  portée  :  et,  si 
Ton  doit  battre  plusieurs  points  à  la 
fois,  comme  cela  arrive  ordinaireaient 
quand  on  dispose  des  batteries  vis-à- 
vis  une  ligne  de  troupes,  il  faut  les 
placer  de  manière  que  les  coups  de 
l'une  aillent  frapper  vis-à-vis  de  l'au-*- 
tre.  Ces  batteries,  qu'on  nomme  croi- 
sées, se  protègent  et  se  défendent  ré- 
ciproquement. 

Indépendamment  de  la  protection 
mutuelle  que  les  batteries  doivent  tA- 
cher  de  se  donner,  il  faut  les  faire  for- 
tes. Alors  elles  procurent  des  effets 
décisib  ;  elles  font  trouée,  elles  prépa- 
rent la  victoire.  Au  contraire,  la  même 
quantité  de  pièces  dispersées  est  plus 
propre  à  irriter  l'ennemi  qu'à  le  dé- 
truire. L'objet  de  l'artillerie,  enfin,  ne 
doit  point  être  de  tuer  des  hommes  sur 
la  totalité  du  front  de  l'ennemi  ;  il  doit 
être  de  renverser,  de  détruire  les  par- 
ties de  ce  front,  soit  vers  les  points  où 
il  peut  venir  attaquer  le  plus  avanta- 
geusement ,  soit  vers  ceux  où  il  peut 
être  attaqué  avec  le  plus  d'avantage. 

Il  ne  s'ensuit  pas  de  la  maxime  po- 
sée ci-dessus ,  qu'on  doive  réunir  trop 
d'artillerie  dans  une  seule  et  même 
batterie  ;  ce  serait  tomber  dans  un  au- 
tre inconvénient  :  celui  de  donner  trop 
de  prise  à  l'ennemi.  Il  convient  seule- 

nrat  de  réunir  lor  le  mèiw  objet  plih 


aïe»  iMltaAee  peu  fttrtaatesTme  d# 
l'antre,  et  il  but  y  joindre  t'attènlion , 
si  le  terrain  le  permet,  de  ne  pas  pla* 
cer  ses  batteries  sur  la  même  ligne, 
afin  que,  si  Tennemi  pent  se  ménager 
des  prolongemens  sur  eHes,  ces  pio- 
longemens  ne  traversent  pas  toutes  les 
batteries  à  la  fois. 

Les  pièces  de  chaque  batterie  dèi» 
vent  conserver  un  espace  assez  oonsi* 
déraUe  entre  eUes  pour  manenifrer 
avec  aisance  et  ne  donner  que  peo  de 
prise.  Dix  pas  paraissent  la  dfstaiee 
qu'il  faut  conserver.  Ce  ]Hineipe  eal 
important;  car,  comme  dans  une  af>- 
tion  on  ne  pointe  pas  une  pièce  centre 
une  pièce  en  particulier,  mais  contre 
toute  la  batterie  opposée,  tant  Tlde  que 
pleine,  il  est  évident  que  ceUe  qui  aura 
ses  pièces  trop  rapproehées  recevra 
plus  de  coups  dangereux. 

C'est  une  erreur  de  croire  que  le 
canon  doive  être  placé  de  pràférence 
sur  des  hauteurs  fort  élevées  au-dessus 
des  objets  qu'on  veut  battre.  Un  oom^ 
mandement  de  quinse  à  vingt  pieds, 
sur  une  étendue  de  trois  cents  toises, 
est  avantageux,  en  ce  qu'il  aide  à  pren- 
dre des  revers  fiivorables  ;  plus  sensi- 
ble, il  est  désavantageux,  parce  que 
l'angle  de  tir  s'éloigne  d'autimt  {dus 
de  l'horizon  ;  les  coups  deviennent  in- 
certains; les  boulets  s'enterrent;  on 
ne  peut  se  donner  des  ricochets;  le 
danger  de  l'ennemi  diminue  à  mesure 
qu'il  approche  :  effets  contraires  à  ceux 
que  procurent  des  positions  rasantes 
ou  dominantes  dans  la  proportion  in- 
diquée ci-dessus,  en  ce  que  de  ces  der- 
nières les  tirs  sont  horizontaux  :  en  ce 
qu'elles  permettent  de  ricocher*  et  en 
ce  que,  découvrant  toufe,  eUes  ne  lais- 
sent pas  à  l'ennemi  de  terrain  où  il 
soit  à  couvert. 

Dans  tous  les  emplacemens  de  bat* 

terifii  de  conbit,  #  t  pur 


A&nUJtU8 


ki9 


de  batterieft  mbolutes  qu'on  a  à  cboi- 
âir,  il  fiMit  avoir  attention  d'éviter  cenx 
qui  offrent  des  obstacles  aux  mancBii- 
vres  ultérieures  «  soit  pour  aller  en 
arant,  soit  pour  se  retirer»  comoie 
haies,  fossés,  rat ins«  marais,  hauteurs 
très  escarpées.  On  doit  ne  pas  placer 
les  batteries  trop  haut  et  trop  à  décou- 
rert;  car  alors  rennemi  en  oppose  de 
phis  fortes  qui  les  détruisent,  ou  dis^ 
pose  les  siennes  de  manière  à  les  bat- 
tre avantageusement.  On  doit  chercher 
à  se  couvrir,  et  particulièrement  à  s'é- 
pauler sur  les  flancs,  ne  fût-ce  que 
d'une  petite  élévation  d'un  ou  de  deux 
pieds  seulentent.  Cela  préserve  les  ca- 
nonnlers,  couvre  les  manœuvres  du 
caoon,  et  rend  son  effet  plus  assuré. 
On  doit  enBn,  autant  qu'il  est  possible, 
éviter  de  placer  les  batteries  devant 
ses  propres  troupes,  ou  sur  de  médio- 
cres élévations  qui  se  trouvent  derrière 
elles  ;  c'est  offrir  à  l'ennemi  deux  oh* 
jets  à  la  fois  à  battre;  c'est  attirer  son 
fea  sur  les  troupes  ;  c'est  gêner  leurs 
mouvemens,  si  l'on  est  en  avant  d'el- 
les; c'est  les  inquiéter,  et  s'exposer  à 
lenr  faire  du  mal  par  quelques  coups 
Budhearenx,  si  on  est  placé  en  arrive 
En  un  mot ,  quand  les  dispositions  du 
torain  ne  permettent  pas  de  choisir 
d'aatres  emplacemens ,  il  vaut  mieux 
doubler  les  troupes  les  unes  derrière  les 
lutres,  et  laisser  des  intervalles  pour 
Tartillerie  que  de  tomber  dans  l'incon- 
Téoient  de  les  masquer  par  le  canon, 
on  de  les  soumettre  à  des  batteries 
trop  peu  élevées. 

Si  l'on  occupe  une  poeition  défen- 
sive, les  pièces  de  gros  calibre  doivent 
Mre  emirioyéea  de  préférence  dans  les 
points  principaux ,  dans  ceux  oà  l'on 
peut  voir  le  mieux  et  de  (dus  loin  l'en- 
uemi,  et  leivendre  en  écharpe,  de  re- 
vers et  de  Banc  ;  on  en  doit  faire,  si  je 
peux  m'eiprimer  ainsi,  les  grosses  bat« 


teries  de  j^oteetlon  et  de  défcn>'^, 
tandis  que  les  pièces  d'un  calibre  plus 
léger,  renforcées  de  bras  et  d*attelages, 
et  divisées  sur  plusieurs  points ,  se 
tiendront  prêtes  à  se  porter  rapide- 
ment en  renfort  aux  parties  menacées, 
et  à  prendre  leur  disposition  d'après  la 
disposition  de  l'ennemi. 

Si  l'on  attaque ,  il  faudra  eroplacer 
les  pièces  de  gros  calibre  dans  les  par- 
tie de  l'ordre  de  bataille  les  plus  fai- 
bles et  les  plus  éloignées  de  l'ennemi , 
du  côté  des  fausses  attaques,  sur  les 
hauteurs  qui  peuvent  empêcher  l'en- 
nemi de  tenter  quelque  effort  sur  elles, 
sur  les  pièces  qui  peuvent  appuyer  leè 
flancs  de  la  véritable  attaque,  et  don- 
ner des  revers  éloignés  sur  le  point 
attaqué.  Les  portées  de  ces  pièces 
étant  phis  longues,  elles  y  feront  effet. 
Leurs  mouvemens  étant  plus  lourds, 
elles  aivont  moins  à  agir  ;  et  en  cas  de 
retraite,  comme  elles  seront  hors  de 
prise,  elles  ne  tomberont  pas  au  pou- 
voir de  l'ennemi.  Les  pièces  de  petit 
calibre,  renforcées  de  bras  et  d'attela- 
ges, se  porteront,  au  contraire,  en 
avant  avec  les  troupes  attaquantes, 
conune  plus  susceptibles  de  seconder 
les  mouvemens  de  ces  troupes,  de  sui- 
vre l'ennemi  s'il  est  repoussé,  de  pro- 
téger la  retraite,  et  de  se  retirer  elles- 
mêmes  si  l'on  est  battu;  et  parce  qu'il 
n'est  pas  nécessaire  d'avoir  de  longues 
portées  dans  les  points  où  l'on  est  dé- 
terminé à  s'approcher  et  à  combattre. 

On  ne  doit  pas,  coAime  on  le  fait 
beaucoup  trop  aujourd'hui,  s'en  tenir 
à  la  routine  de  mettre  tout  son  canon 
avec  l'infanterie,  et  croire  ne  pouvoir 
en  placer  à  un  point  où  elle  n'est  pa? 
à  portée  de  le  soutenir.  Il  faudrait  sa- 
voir en  appuyer  aussi  la  cavalerie,  ainsi 
que  le  pratiqua  le  grand  Frédéric  lors 
de  la  guerre  de  17i^0,  placer  des  batte- 
ries, soit  sur  son  flanc,  soit  lui  avant 

S» 


4B0  ARTILIRRIK 

d'elle,  s'il  y  a  des  positions  favorables ,  '  que  chez  elle  tonte»  si¥  bovi^hei  è  ta 
y  placer  surtout  des  obusîers,  dont 
l'effet  sera  terrible  contre  la  cavalerie 
ennemie ,  soit  pour  Tébranler  avant 
qu'elle  ne  soit  chargée,  soit  pour  y  je- 
ter le  désordre  si  c'est  elle  qui  vient 
h  la  chajet(c.  Ces  canons  et  obusîers  at- 
tachés, dans  une  disposition  de  com- 
bat, à  une  aile  de  cavalerie,  seront  |  quer  ces  principes  au  terrain  et  Éli 
renforcés  d'attefa^s,  et  mis  par  con^ 
fléquent  en  état  de  suivre  ses  Inouve- 
mens.  Dans  tout  pays  ouvert,  qui  peut 
mieux  défendre  le  canon  que  la  cava«> 
leric?  Qui  peut  mieux,  a  son  tonr,  for- 
tiQer  uiio  aile  de  cavalerie  inférieure^ 
que  du  canon  placé  à  son  appui  ?  Que 
deviendra  ce  canon,  dira-t-on,  ai  la  ca^ 
Valérie  est  bottue?  Ce  qu'il  deviendra  : 
il  sera  pris,  et  ce  ne  sera  qu'un  petit 
mal  ajouté  ou  désastre  de  la  cavalerie; 
mais  le  plus  souvent  il  empêchera  que 
cette  cavalerie  ne  soit  battue  ;  et  si  elle 
bat ,  il  rendra  ses  succès  plus  décisifs 
et  plus  complets.  J'aurai  occasion  de 
dire  ci-après  combien  peu  il  faut  crain- 
dre de  mettre  du  canon  en  prise , 
quand  on  peut  en  tirer  un  effet  utile. 
La  première  disposition  de  rartilie^ 
rie  dans  un  combat  étant  faite,  il  Caut 
ensuite  que  les  piè(u^i  manœuvrent  et 
changent  d'emplaceineut,  suivant  les 


seront  employées ,  et  utilement 
plotéea. 

Voilà  à  peu  près  tous  les  prindfei 
suivant  lesquels  on  doit  emplacei^'et 
disposer  l'artillerie.  Il  reste,  et  c'eMft 
le  granit  art,  art  que  la  pratique  et  k 
génie  peuvent  seuls  donner,  à  àp]^ 


occasions  ;  car  Fattaque  et  la  étttm 
d'un  poste ,  le  passage  d^ine  rivM^ 
les  combats  dans  telle  ou  telle  uMHr 
de  pays,  les  ordres  de  bataille  de  tëk 
ou  telle  e^)pècc  exigent  des  dispoilHNi 
différentes  d'artillerie ,  que  les  beriM 
de  cet  essai  ne  me  permetfent  poM 
de  détailler. 

Comme  ce  rt*est  point  le  bruit  ifi 
tue,  comme  Tiocertitude  dtis  poitM 
augmente  en  raison  de  rëloiguemeil 
des  points  qu'on  veut  battre  oU  du  pM 
d'attention  que  l'on  donne  au  poiiÏH^ 
ment,  il  faut  s'attacher  è  pointer  ftlét 
exactitude  plutôt  qu'à  tirer  orée  ii« 
tesse;  il  faut  pointer  surtout  aléé 
beaècoup  d'attention,  quand  left  fMf^ 
té(»s  sont  éloignées ,  et  augmenter  II 
▼ivacKé  de  son  fbu  progrès^iveniedt  1 
ladiminution  des  distances,  f^aree  4^ 
proportion  de  cette  diminutft^n,  M 
coupa  s'assurent  toujours  davantage:  * 


circonstances,  soit  pour  se  conserver!  Ce  principe  n'est  pas  asser  c<MMÉ 
les  revers  et  les  prolongemens  qu'elles  I  des  troupes;  leur  grand  grief  cofliirt 
auront  pris  sur  Tennomi ,  soit  pour  !  l'artillerie  est  toujours  qu'elle  ne  M 
rasseml)ler  leurs  feux  mr  les  points  |  pas  assez  de  feu.  la  mesure  de  Mr 
décisifs,  suit  pour  «'y  porter,  et  pouri  contenance  dans  une  eanonade^ttlié 


se  tenir  toujours  en  meyure  avec  les 
troupes  auxquelles  elles  sont  attachées. 


être  la  quantité  de  bruit  que  font  M 

batteries  qui  les  soutiennent.  Futtt^lte 


C'est  relativement  à  cette  science  et  à  '  connaissancea .  les  otllciers  supérietn 
cet  ù  propos  de  mouvemens ,  que  j'ai  d'infanterie  ou  de  cavalerie  eiit*-ittl^ 
avancé  que  l'armée,  dont  l'artillerie  |  mes  entretiennent  ce  préjugé,  M aMif' 
saurait  manœuvrer  avec  le  plus  d'ioteU  !  les  premiers  à  te  plaindre  de  ee  qM  le 
ligcnce  et  de  rapidité,  pourrait  ne  canon  ne  tire  pas  sant  relàSllêfH 
traîner  e  sa  suite  que  moitié  moins  de  qu'arrivMHl  de  là?  C'eit  que  iouVMI 
bouches  a  feu  que  l'ennemi,  et^  avec  rofBcier  d'artillerie  se  laiaaé  entrataer 
cela,  lui  être  encore  supérieure,  parce  à  ces  clameurs,  perd  de  vue  ie  prmdpi 


AllTiLLEttie. 


4M 


exposé  ci-dessus,  tire  trop  vite  et  à  des 
portées  trop  incertaines,  fait  peu  de 
mal  à  l*ennemi,  le  rend  parla  plus  au- 
dacieux, consomme  inutilement  des 
liiùnttions,  et  Onit  par  s'en  trouver 
ttè^urvu  dans  le  moment  où  son 
IStti  aurait  besoin  de  devenir  le  plus 

vif: 

fl  ne  faut  jamais  enç:agpr  des  com- 
tàb  d'artillerie  à  artillerie  que  quand 
ftt  troupes  de  Tennemi ,  étant  à  cou- 
wt  du  feu  qu'on  pourrait  faire  sur 
âftjs,  ses  batteries  y  >ont  exposî'^es,  et 
Bliisent  beaucoup  aux  troupes  iiu\):i 
^idt'ége.  S!  au  contraire  les  positions 
(j^^on  occupe  sont  meurtrières  ])our 
Fètinemî,  il  faut  porter  tous  les  efforts 
de Tartilleric  sur  ses  troupes  et  sur  les 
olÎKtacles  qui  les  couvrent  pour  tâcher 
dé  les  détruire,  et  ne  chercher  à  en 
ida(|N>Spr  au  canon  ennemi  qu'autant 
«(te  Wla  est  nécessaire  pour  protéger 
fek  troupes  qu*on  doit  soutenir.  Cette 
lllfciinie  est  souvent  négligée  par  les 
oittcîers  d*artillerîc ,  soit  qu'il  leur  pa- 
Ttbàe  plus  brillant  d'étehidre  aux  yeux 
dès  troupes  les  feux  des  batteries  qui 
Mtfsont  opposées,  soît  qu'ils  ne  sentent 
^  assez  que  les  troupes  sont  l'objet 
pttfidpal,  que  l'artillerie  devient  in- 
utile si  eBes  sont  détruites  ou  mises 
éû  désordre,  au  lieu  que  Tartillerie 
ètéiit  détruite,  il  n'y  a  rien  de  fait, 
ÎÉbqfi'il  reste  encore  des  troupes  h 
ifODcre. 

!Si  tes  batteries  sont  obligées  d'atta- 
ifUJtt  les  batteries  ennemies,  on  ne 
Ûit  pas  pointer  pièce  contre  pièce ,  Il 
faut  embrasser  de  son  feu  tout  le  ter- 
rèSh"  occupé  par  la  batterie  ennemie  ; 
de  même,  si  Ton  tire  sur  des  troupes, 
3  faut  rassembler  tons  ses  cflbrs  snr 
l'eftpace  qni  en  sera  le  yins  couvert,  et 
(A  les  boulets  venant  à  manquer,  les 
troùpeii  qui  servent  de  but  primitif 
troateront  en  deçà ,  en  arrière  ou  è 


côté  d'elles,  d'autres  troupes  à  at- 
teindre. 

Hors  les  occasions  de  fausse  atta* 
que  ou  de  stratagème,  toute  canonade 
qui  n'a  pour  objet  que  celui  de  tuer 
quelques  hommes  au  hasard  et  aux  dé- 
pens de  beaucoup  de  munition,  est 
misiTable  et  ridicule.  Il  est  cependant 
très  commun  d'en  voir  ordoimer  de 
pareilles. 

T-e  ricochet,  employé  ili  propos,  n'est 
pas  moins  avantageux  dans  les  actions 
de  campagne  que  dans  les  sièges.  H  est 
excellent  contre  la  cavalerie,  contre 
des  lignes  de  troupes  redoublées, 
contre  des  retranchemens ,  et  peut- 
être  n'en  faisons-nous  point  assex 
d'usage. 

Il  est  important ,  dans  l'exécution 
des  bouches  à  feu,  de  savoir  à  propos 
employer  le  boulet  et  les  cartouches  à 
balle,  et  de  ne  pas  quitter  trop  tAt  l'un 
pour  se  servir  de  ces  dernières  en  fa- 
veur desquelles  on  a  un  préjugé  trop 
généralement  avantageux;  car  si  elles 
produisent  des  effets  terribles  quand 
on  s'en  sert  sur  des  terrains  secs,  mais 
sensiblement  horizontaux  et  h  des  por- 
tées raisonnables,  et  telles  qu'elles  sont 
indiquées  sur  la  table  que  j'ai  donnée, 
il  s'en  faut  bien  qu'elles  aient  des  ef- 
fets aussi  certains  et  aussi  décisifs  que 
le  boulet,  au-delà  de  ces  portées,  ou 
dans  des  terrains  irréguliers,  mous, 
couverts,  plongeans  ou  plongés.  SI  les 
distances  sont  trop  grandes,  il  faut 
pointer  les  pièces  sons  des  angles  de 
projection  très  marqués,  et  alors  la 
plupart  des  mobiles  s'écartent  de  la  di- 
rection principal  et  passent  par  dessus 
le  but  qu'on  devait  atteindre.  Si  les 
terrains  ne  sont  pas  favorables,  la  plus 
grande  partie  des  balles  est  interceptée 
et  amortie.  Dans  ces  dernières  circon- 
stances, il  faut  donc  indubitablement 
préférer  l'usage  du  boulet;  le  boulet 


^82  ARTIUBUE. 

atteint  de  beaucoup  plus  loio ,  s'écarte  :  si  peu  mise  en  pratique,  qu'elle  a  be- 
soin d'6tre  développée.  Il  faut  que  les 
troupes  contractent  l'habitude  de  ne 
pas  abandonner  trop  légèrement  le 
canon,  et  qu'elles  attachent  une  sorte 
de  point  d'honneur  à  ne  pas  le  perdre, 
parce  qu'alors  l'artillerie  ayant  con- 
fiance dans  les  troupes  qni  la  soutien- 
nent, se  comportera  avec  plus  de  vi- 
gueur et  se  croira' en  quelque  sorte 
obligée,  par  reconnaissance,  à  se  com- 
porter ainsi.  Il  faut  que  l'artillerie  de 
son  côté  s'accoutume  à  manœuvrer 
avec  hardiesse ,  à  se  hasarder  et  a  se 
soutenir  dans  des  emplacemens  avan- 
cés, à  ne  pas  regarder  si  on  la  soutient, 
quand  ses  effets  sont  décisifs  et  meur- 
triers, à  n'abandonner  ses  pièces  que 
quand  l'ennemi  est,  pour  ainsi  dire, 
dans  sa  batterie,  puisque  c'est  Fexécu- 
tion  de  ses  dernières  décharges  qui  est 
la  plus  terrible  ;  il  faut  qu'elle  attache 
son  point  d'honneur,  non  à  conserver 
ses  machines,  qui  ne  sont  au  bout  du 
compte  que  des  engins  faciles  à  rem- 
placer, mais  à  les  faire  jouer  le  plus  ef- 
ficacement et  le  plus  long-temps  pos- 
sible. Si  ces  pièces  sont  prises,  ce  n'é- 
tait pas  aux  soldats  d'artillerie,  qui 
n'en  sont  que  les  agens ,  à  les  défen- 
dre ,  c'est  aux  troupes  à  les  reprendre, 
ou,  dans  une  autre  occasion ,  à  rem- 
placer leur  perte  En  un  mot,  c'est  à 
l'offider-général  qui  commande ,  à  cet 
homme  qui  doit  tout  voir  de  sang-froid 
et  sans  erreur,  de  se  servir  des  préju- 
gés des  troupes,  de  ceux  de  l'arUllerie, 
de  son  autorité  enfin,  pour,  suivant  les 
circonstances,  exposer  le  canon,  te  sa- 
crifier ou  le  conserver.  C'est  à  lui  de 
calculer  qu'en  telle  occasion  il  faut  ra- 
mener le  canon .  soit  pour  aller  pren- 
dre ailleurs  une  position  meilleure, 
soit  pour  que  le  soldat  découragé  ne 
prenne  pas  la  retraite  pour  une  fuite  ; 


moins  de  sa  direction,  ricoche,  va  frap- 
per  la  seconde  ligne  quand  il  manque 
la  première,  renverse  les  obstacles, 
épouvante  par  le  bruit  et  présente  aux 
nouveaux  soldats  des  blessures  plus  ef- 
frayantea.  Je  détaille  les  raisons  de 
cette  maximo,  parce  qu'elle  est  con- 
traire à  l'opinion  reçue  dans  nos  trou* 
pes.  Faute  de  réflexion ,  faute  d'offi- 
ciers assez  instruits  pour  détruire  des 
préjugés  de  routine ,  accrédités  parmi 
elles,  je  les  ai  presque  toujours  en- 
tendus se  plaindre  de  ce  que  notre  ar- 
tillerie ne  tirait  pas  à  cartouche ,  assez 
et  d'assez  loin ,  et  dter  les  effets  de 
l'artillerie  étrangère  qui  en  fait  mal  à 
propos  un  grand  usage  et  à  des  portées 
excessives. 

On  doit  avoir  la  plus  grande  atten- 
tion à  ne  pas  consommer  inutilement 
les  munitions;  cela  a  été  dit  souvent, 
mais  les  troupes  n'en  connaissent  pas 
encore  assez  l'importance.  Il  y  a  ce- 
pendant un  calcul  simple  ;  on  ne  peut, 
sans  des  dépenses  et  des  augmenta- 
tions d'équipages  énormes,  porter  plus 
de  deux  cents  coups  par  pièce  et 
soixante  par  honune,  non  compris 
ceux  dont  les  gibernes  sont  remplies. 
Or,  à  un  coup  de  canon  et  à  trois  coups 
de  fusil  par  minute,  c'est  pour  environ 
trois  heures.  Combien  d'actions  peu- 
vent durer  davantage  !  Combien  d'ao- 
tioQS  peuvent  être  suivies  le  lende- 
main d'un  autre  combat?  Je  passe  au 
ifoldat  qui  ignore  tout  cela ,  qui  ne  ré- 
fléchit pas ,  de  vouloir  que  le  canon 
tire  toujours;  mais  est-il  pardonable 
aux  officiers  d'avoir  assiez  peu  de  con- 
naissance des  détails  pour  joindre 
leurs  cris  aux  murmures  du  soldat. 

On  ne  doit  pas  abandonner  mal  à 
propos  de  l'artillerie ,  ni  craindre  mal  à 
propos  de  la  perdre.  Cette  maxime  est 


ni  imjK)rlante ,  si  faussement  étendue,   qu'en  teUe  occasion  il  Cuit  Cexposer 


AlTILLniE. 


Ut 


ff  qu'il  nuise  plos  ioiig-temps  et 
lu  eflScacement  à  rennemi;  qu'en 
tMe  autre  enfin,  il  faut  le  laisser  pren- 
re  •  parce  qu'il  en  coûterait  trop  de 
Bg,  on  un  temps  trop  précieux  pour 
)  défendre  ;  et  parce  qu'après  tout , 
Ift  guerre,  il  n'y  a  pas  de  honte  à  faire 
a  qu'il  est  impossible  d'éviter. 


CHAPITRE  VI. 

(to  ta  idenee  des  fbrUflcaUont  avec  la 
taetiqne  et  avec  la  guerre  en  gteéral. 


science  des  fortifications  et  celle 
le  la  tactique  sont  intimement  liées 
'«ne  à  l'autre.  C'est  de  la  science  des 
artiflcations  que  la  tactique  défensive 
mpninte  quelques-uns  de  ses  princi- 
lea,  oomme  la  nécessité  d'appuyer  les 
laoos  d'une  disposition,  et  d'ordonner 
Baies  les  parties  de  cette  disposition, 
la  manière  qu'elles  se  protègent  mu- 
■elleraent;  la  nécessité  par  consé- 
pMnt  de  réunir  sur  les  points  princi- 
Mni,  sur  les  parties  les  plus  menacées, 
a  pins  grande  quantité  de  feux  et  de 
iNces.  C'est,  à  son  tour,  sur  la  tactique 
|Ba  sont  fondés  les  bons  et  véritables 
Minoipes  de  la  science  des  fortifica- 
iana,  puisque  les  ouvrages  doivent  être 
nia  et  combinés  relativement  à  la  na- 
tare  dn  terrain,  à  l'espèce  des  troupes, 
k  leur  nombre,  a  leur  ordonnance,  à 
Taiprit  qui  les  anime,  à  ces  diflérens 
nbjets  supputés  tant  du  côté  de  celui 
lai  défend ,  que  de  celui  qui  attaque. 
Il  résulte  de  là  que  pour  être  tacti- 
Bîan ,  il  faut  con^i.attre  la  science  des 
,  et  que  pour  être  ingé- 
il  faut  être  tacticien.  La  pre- 
mière partie  de  cette  conséqueni«  est 
linûie  et  reconnue  dans  le  militaire, 
lanaque  cependant  les  officiers  s'eçiai- 


ront  en  conséquence.  1^  seconde  sem- 
ble ne  pas  Tètre  assez  parmi  les  ingé- 
nieurs. 

C'est  surtout  dans  la  détermination 
des  fortifications  de  campagne  qu'on 
doit  sentir  combien  il  est  important 
que  la  tactique  dirige  les  idées.  Faute 
de  cela ,  on  procède  avec  lenteur,  on 
n'ose  s'écarter  de  la  routine  de  mé- 
thode ;  on  voit  l'effet  d'une  pièce  de 
fortification,  le  rapport  qu'elle  aura 
avec  la  pièce  voisine;  mais  on  ne  s'oc- 
cupe point  de  l'ensemble  général  de 
la  position,  de  l'objet  qu'elle  doit  rem- 
plir ;  on  remue  de  la  terre,  on  multi- 
plie les  ouvrages,  et  l'on  ne  calcule  ni 
qui  défendra  cette  immensité  d'ouvra- 
ges, ni  que  des  troupes,  enfermées 
dans  des  retranchemens  pareils ,  per- 
dent tout  l'avantage  que  pourraient 
donner  la  manœuvre  et  la  science. 

Quel  est  le  but  des  fortifications? 
C'est  de  mettre  une  troupe  inférieure 
par  le  nombre,  par  le  courage  ou  par 
la  science  des  mouvemens,  en  état  de 
résister  à  une  troupe  qui  lui  est  supé- 
rieure en  quelqu'un  de  ces  points. 
Donc  toute  fortification  suppose  des 
vues  défensives,  et  n'est  par  consé- 
quent que  le  pis-aller  de  la  troupe  qui 
s'y  renferme;  donc  toutes  les  fois 
qu'un  général  se  sentira  la  supériorité 
du  génie,  et  qu'il  verra  ses  troupes 
plus  nombreuses,  plus  aguerries  et  plus 
manœuvrières,  il  se  gardera  bien  de 
mettre  des  retranchemens  devant  lui  ; 
il  prendra  l'offensive ,  il  manoeuvrera . 
il  attaquera  ;  ou,  si  quelquefois  il  re- 
çoit le  combat,  ce  ne  sera  que  parce 
qu'il  aura  mis  l'ennend  dans  la  néces- 
sité de  le  donner  avec  désavantage,  ou 
parce  qu'il  préméditera  un  mouvement 
qui,  avant  le  combat  ou  pendant  le 
combat  même,  lui  rendra  l'offensive 
qu'il  aura  paru  abandonner. 

Voyons  ce  qui  arrivera  à  un  général 


UK  autillbhiv. 

qtil,  se  trooTant  inférieur  à  reimemî ,  des  positions  couvertes  par  plasieui 
96  cmidaira  dîSeremment,  el  suivant  points  retranchés,  comme  redontei, 
les  principes  usités  dans  les  armées  batteries,  villages,  abattis,  etc..  Taisait 
modernes.  S'il  prend  le  parti  de  cons-  en  quelque  sorte  de  son  armée  la  coiu^ 
tniire  des  lignes  et  de  se  mettre  dcr^  î  tine  de  ces  bastions?  C'est  aujourd'hui 
rière  elles,  pour  peu  que  son  ennemi  ■  la  grande  routine  de  la  défensive  no- 
sache  manœuvrer,  elles  seront  tour-  {  dcrne,  routine  sans  doute  préférable  i 
nées,  surprises,  percées;  et  je  n'ai  pas  j  celle  qu'elle  a  remplacée,  mais  sujette 
besoin  de  dire  pourquoi  elles  le  seront  :    elle-même  à  beaucoup  d'inconvéniem; 


tant  d'exemples  et  de  raisons  recon* 
nues  rendent  cette  conséquence  sensi-' 


1®  en  ce  qu'elle  réduit  Formée  qui  s'en 
sert  à  la  défensive,  et  que  c'est  déjà 


Me.  S'il  se  jette  dan%  une  position  ex-  •  une  espèce  d'échec  de  recevoir  la  loi 
cellente,  et  dont  tout  le  front  soit  cou-  des  dispositions  de  l'ennemi,  d'être 
vert  par  une  continuité  de  retranche-  !  sans  cesse  occupé  à  parer,  et  de  n*étie 
mens,  il  se  liera  les  mains;  il  ne  sera  |  pas  en  mesure  de  lui  porter  coup  i  son 
plus  en  mesure  de  faire  craindre  l'ofTen-  '  tour;  2"  en  ce  que  l'ennemi  ne  court 


sive  à  rennenii  ;  il  jettera  dans  son  ar- 
mée l'esprit  de  timidité  et  de  décourage- 
ment ;  il  n'osera  se  comprometlre  hors 
de  sa  position.  Je  veux  que  l'ennemi 
ne  puisse  l'attaquer  de  vive  force  dans 
sa  citadelle  ;  il  le  désolera  par  des  cour- 
ses sur  ses  flancs,  sur  ses  communica- 
tions, sur  le  pays  qui  l'iotéresse;  il 
s'approdiera  de  lui,  il  le  resserrera,  il 
l'assiégera  ;  oO'ensif  et  mobile,  il  pren- 
dra sur  cette  armée,  ainsi  retranchée , 
tous  les  avantages  que  l'assiégeant  a 
sur  l'assiégé,  et  sur  des  ouvrages  qui 
sont  inmobiiea  et  défensifs:  il  ira  a 
elle  par  tranchée  ;  il  réunira  sur  quel- 
ques points  de  cette  position  tous  ses 
feux  et  ses  efforts  ;  il  l'obligera  ou  i 
l'extrémité  fâcheuse  d'abattre  ses  re- 
tranchemens,  et  de  venir  présenter  un 
combat  désavantageux ,  ou  a  celle  de 
mettre  bas  les  armes,  ainsi  que  Tout 
fait  les  8axons  à  Pirna  ainsi  que  l'au- 
rait fait  Pierre,  sur  le  Pnith,  sans  l'a- 
dresse de  la  Czarine. 

Mais  je  veux  que,  revenu  avec  son 
siècle  du  préjugé  qui  existait  autrefois 
en  faveur  des  lignes  et  des  camps  re- 
tranchés, il  ne  prenne  ni  l'une  ni  l'au- 
tre de  ces  défensives.  8'attai'hera-tril  i 
M  se  présenter  à  l'-ennemi  que  dans 


jamais  aucun  risque  décisif  en  atta- 
quant une  armée  ainsi  postée.  Batla, 
il  se  retire,  et  il  est  rare  qu'avec  des 
précautions  bien  prises,  il  craignais 
poursuite.  Vainqueur,  il  peut  rendre 
sa  journée  complète ,  parre  qu'il  di* 
borde  et  prend  de  revers  les  postes  o^ 
cupés  :  ainsi  fut  pris  Uochstett;  aiiui 
l'auraient  peut-être  élu  Anloin  et  une 
l>artie  de  l'armée  du  maréchal  de  Saxe, 
si  les  bonnes  dispositions  des  eonenûi 
avaient  soutenu  ce  que  le  hasard  leur 
fit  entreprendre  ;  8^  on  ce  que  de  deux , 
choses  l'une  :  si  les  fioints  fortifléssoal 
trop  éloignés  l'un  de  lautre,  comme  i 
Fontenoi,  à  LauiTelt,  à  Kocoux^  l'eiH 
nemi  passe  entre  deux,  ou  bien,  tait, 
vis4i-vis  chacun  de  ces  points,  une  dis- 
position qui  les  enveloppe  à  demi  de 
batteries  et  de  forces  supérieures ,  les 
emporte,  met  à  découvert  l'armée  qai 
les  soutient,  et  gagne  la  bataille.  Si  ces 
points  fortifiés  sont  rapprochés  au 
point  de  se  protéger  et  de  se  Iknquer 
mutuellement,  cette  position  retombe 
dans  l'inconvénient  des  camps  retran- 
chés ;  toute  l'armée  se  trouve  empla«- 
cée  dans  des  points  où  elle  est  réduite 
à  la  défensive  la  plus  passive  et  la  ftm 
iaégale.  Si  l'on  de  ces  points  est  $Qnè^ 


«         AmnixmK.  V5S 

iinent  rMablir  le  combat?  Tl  ne  res-  <  donnaient  lien  dVspérer  de  tirer  de  ce 
te  point  asseï  de  troupes,  point  d'assez  ;  parti  une  victoire  plus  certaine  ou  plus 
grands  efforts  a  employer  pourchasser  |  complète.  Il  faut,  en  un  mot,  que  ers 
l'ennemi  du  bastion  où  il  s*est  établi ,  \  retranciiemcns  soient  tels  que  Tarm^e. 
et  de  la  courtine  sur  laquelle  il  se  sera  î  qui  est  derrière  eux,  ne  puisse  i^tre 
WentAt  étendu:   et  que  deviennent  !  réduite  au  râle  d*assiég(*e,  et  qu'il  resie 


dèn  tontes  les  troupes  emplacées  dans 
ÛÊÊ  postes  où  eHes  sont  débordées,  pri- 
wês  à  revers,  et  d*où  elles  ne  peuvent 


une  entière  liberté  de  mouvemcns  au 
génie  de  Thomme  qui  la  commande, 
ainsi  qu*au  courage  et  à  la  science  de 


plot  se  retirer  qu'avec  peine?  4<>  Cette  '  manceuvres  des  troupes  qui  la  compo- 


iéfcnsive,  fondée  sur  des  positions  re- 
tranchées, est  enfin  contraire  à  toutes 
las  grandes  vues  <Ie  ia  guerre ,  elle  n'a 


sent. 

Voici  donc  comme  je  pense  qu'une 
armée  devrait  se  retrancher  en  pareil 


dn  moins  certainement  jamais  été  la  î  cas  ^  ce  serait,  non  par  des  retranche- 


flttRÎère  des  grands  capitaines.  On  n'a 
i^*É  récapituler  les  batailles  qu'ils  ont 
dranées  ;  ils  ont  presque  toujours  atta* 
qaé;  et  s'ils  ont  reçu  des  combats,  ce 
«*a  presque  jamais  été  derrière  des  re- 
Iranchemens. 

-  n  ne  résulte  pas  de  li  qu'il  n'existe 
qaalqucs  occasions  où  une  armée  puis- 
ëese  retrancher.  Je  blâme  l'abus  qu'on 
Ml  dés  positions  retranchées,  et  non 
Fusage  qu'il  est  quelquefois  a  propos 
Mn  faire.  Si,  par  exemple,  une  armée 
^lérieure  occupe  une  position  impor- 
Inte,  et  par  laquelle  elle  traverse  ab- 
«dament  les  projets  de  l'ennemi  ;  si , 
^aohillint  couvrir  un  siège,  un  pays,  une 
dpdration,  elle  trouve  une  de  ces  po- 
iKlons  aniques,  qui  ne  laissent  à  l'en- 
iMtfll  ni  la  ressource  des  manœuvres 
il  eelle  des  diversions,  et  qui  l'obligent 
litessairement  à  venir  attaquer  dans 
fMteposition  ;  si  enfin  l'avantage  qu'on 
IHHivera  A  y  recefoîr  In  bataille  est 
'yMs  grand  que  celui  qu'on  se  proiti- 
'Miail  en  allant  ainlevant  de  l'ennemi, 
B' VPy  t  pas  à  balancer  à  augmenter  la 
ioftié  d'iihe  position  pareille  par  des 
tettanchemeris  ;  encore  faut-il  qu'ils 
Mêtit  disposés  tellement  qu'on  con- 


'litf  r^nemi,  si  ses  dispositions  d'at- 
iéUftté  ou  lés  inoaremens  du  combat 


mens  continus,  ou,  ce  qui  reviendrait 
au  même,  par  des  points  retranchés, 
distribués  symétriquement  de  dislance 
en  distance,  de  manière  a  se  flanquer 
et  a  se  protéger  mutuellement;  ce  se- 
rait en  retranchant  quelques  points  de 
sa  position  seulement,  comme  ceux 
qui  sont  vis-à-vis  des  débouchés ,  si 
l'ennemi  est  réduit  à  déboucher,  ceux 
où  l'on  ne  peut  disposer  qu'un  petit 
nombre  de  troupes,  et  les  troupes  sur 
le  courage  et  les  manœuvres  desquel- 
les on  compte  le  moins  ;  ce  serait  en 
se  retranchant  ainsi  sur  quelques  points 
et  en  les  mettant  i\  l'abri  d'ùtre  em  - 
portés ,  tandis  qu'on  rcnnissnnt  sur 
d'autres  points  nus  et  ouverts  l'élite  et 
le  plus  grand  nombre  de  ses  troupes, 
on  y  préparerait  contre  rennemi  une 
disposition  vigoureuse  et  prête  à  de- 
venir oflensive  au  moindre  faux  mou- 
vement qu'on  lui  verrait  faire. 

Qu'on  prenne  la  peine  d'y  réfléchir, 
cette  manière  de  défendre  une  posi- 
tion, absolument  opposée  à  l<i  routine 
actuelle,  serait  cependant  conforme  h 
tous  les  grands  et  véritables  principes 
de  la  guerre;  V  elle  serait  oflensive, 
qualité  primordialement  constitutive 


sèfve  te  possibilité  d'agir  offensivement   de  toute  défensive  d'armée;  2**  les  re- 


trancbemens  y  seraient  ramenés  o  leur 
véritable  usage,  qui  est  de  suppléer 


&56 


AÉTlLliBIirfi. 


AU  nombre  inférieur  ou  à  la  mauvaise 
espèce  de  troupes,  et  de  mettre  à  cou- 
vert des  parties  faibles  et  dégarnies  ; 
ils  ne  seraient  qu'un  accessoire  com- 
biné et  employé  dans  la  disposition 
générale ,  de  manière  à  fortifier  là 
quelques  points,  pour  laisser  porter 
ailleurs  Télite  et  la  majeure  partie  des 
trqupes ,  c'est-à-dire  à  donner  là  une 
somme  de  résistance  supérieure  aux 
aux  efforts  de  l'ennemi,  pour  procurer 
ailleurs  une  somme  d'efforts  supérieurs 
à  son  offensive. 

Autant  je  pense  que  les  retranche- 
mens  doivent  être  rarement  employés 
par  une  armée,  autant  je  crois,  au  res- 
te, que  tous  les  postes  et  corps  déta- 
chés doivent  en  faire  usage,  surtout  si 
ces  postes  ou  corps  détachés  occupent 
des  points  où  il  soit  nécessaire  qu'ils 
résistent,  s'ils  couvrent  une  opération, 
s'ils  gardent  un  entrepôt,  un  magasin, 
un  débouché  ;  car  dans  ces  occasions, 
il  s'agit  de  tenir  ferme ,  d'attendre  du 
secours ,  et  le  petit  nombre ,  quelque 
brave ,  quelque  bien  posté  qu'il  soit, 
peut  être  accablé  par  la  multitude; 
or,  de  bons  retranchemens  suppléant 
à  l'infériorité  du  nombre,  et  mettant 
en  état  d'attendre  des  renforts,  c'est 
le  cas  d'en  construire  ;  ils  sont ,  dans 
cette  circonstance,  le  moyen  principal 
et  primitif  de  la  défensive. 

Par  une  conséquence  du  raisonne- 
ment posé  ci-dessus ,  il  ne  faut  pas 
'que  les  postes  ou  corps  détachés  s'oc» 
cupent  de  se  retrancher,  lorsqu'ils  sont 
simplement  destinés  à  servir  de  mas- 
que, à  couvrir  une  plus  grande  éten- 
due de  pays  que  celle  qu'ils  peuvent 
occuper  :  dans  le  premier  cas,  leur  but 
n'est  pas  de  combattre,  mais  d'avertir  ; 
dans  le  second ,  il  est  inutile  de  re- 
trancher quelques  points,  puisqu'ils 
ne  pourraient  tout  défendre  et  qu'ils 
ne  serviraient  qu*à  indiquer  à  l'enne- 


mi oâ  il  faut  qu'il  cherche  à  pemr* 
C'est  en  manœuvrant,  en  se  tenant 
sans  cesse  en  mouvement  le  long  de 
la  ligne  de  défense  qu'on  a  choirie, 
qu'on  peut  espérer  de  s'oposer  à  loi. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas  enfin,  tout 
poste  ou  corps  de  troupes  qui  prendra 
le  parti  de  se  retrandier ,  c'estrMm 
celui  de  s'établir  dans  une  position  et 
de  s'y  arrêter  plusieurs  jours ,  s'erpo- 
sera  à  s'y  faire  attaquer  avec  av«nl^;6, 
parce  qu*il  donnera  à  l'ennemi  la  ten- 
tation et  le  temps  de  combiner  m 
mouvement  offensif  snr  lui.  Ced  n'ex- 
clnt  pas  l'excellente  maxime  de 
les  nuits  dans  la  meillem-e 
possible,  de  rendre,  si  l'on  est  à  portée 
de  l'ennemi ,  cette  position  encore 
meifleure  par  quelques  retranchemens 
placés,  non  de  manière  à  faire  de  k 
position  une  position  de  combat,  puis- 
qu'on ne  vent  pas  en  recevoir,  mais  è 
donner  le  temps  dé  se  rassembler,  de 
rappeler  ses  postes,  à  couvrir  et  à  faci- 
liter la  retraite. 

Enfin,  savoir  à  propos  se  retrandier, 
ou  ne  pas  se  retrancher,  distinguer  les 
occasions  où  des  retranchemens  peu- 
vent ètra  utiles,  inutiles  on  fbnestes, 
les  combiner,  quand  on  a  résola  d'en 
construire,  avec  Tobjet  qu'on  se  pro- 
pose, avee  ce  qn'on  peut  faire  de  ses 
troupes,  avec  œ  que  peut  l'ennemi  «  et 
pour  cela  ne  pas  en  aiMtndonner  la  dé- 
termination à  un  ingénieur,  ai  cet  in- 
génieur n'est  en  même  temps  homme 
de  guerre  et  tacticien  :  voilà  le  devoir 
des  offlidera  qui  commamlenft  dçs  trou- 
pes à  la  guerre  ;  Il  fuit  pom*  eda  qa'iis 
aient  les  connaissanoes  néoemaires,  il 
(Saut  qu'à  cet  effet  il  soit  élaUi  dens  les 
troupes  des  éeoles,  et  deséoelea  de 
pratique,  bien  plus  que  de  théorie, 
pour  la  ceostniction ,  l'attaque  et  la 
défense  des  fortifications  de  cam- 
pagne. Je  prouverai  qu'en  six  mois  on 


oflMer  poiMi  Mpérir  les  conoais- 
auiMB  indtapeusthles  anir  cette  partie 
de  la  science  militaire.  Ce  seront  en- 
mile  «  s'il  est  né  homme  de  guerre, 
rexpérienee ,  les  occasions,  la  fermen* 
tation  d'esprit  qui  natt  toujours  de  la 
me  des  choses  et  des  évènemens, 
quand  on  a  quelques  lumières  acquî- 
tes, qui  r|ffermiront  dans  ces  connais- 
sances et  lui  apprendront  à  en  faire 
usage. 

Je  viens  de  chercher  à  établir  le  vé* 
ritable  rapport  que  les  fortifications  de 
campagne  4pivent  avoir  avec  la  tac- 
tile et  avec  les  opérations  militaires  : 
eiaminons  maintenant  l'influence  que 
la  grande  fortification ,  la  fortification 
permanente,  c'est4-dire  les  places  de 
guerre,  ont  eue  sur  le  système  mili- 
taire de  l'Europe.  Cela  nous  conduira 
à  chercher  jusqu'à  quel  point  cette  in- 
floence  devrait  exister,  et  nous  trouve- 
rons qu'il  s'en  faut  que  ce  point  soit 
d  oà  elle  existe. 
L'esprit  d'imitation  et  de  manie,  qui 
aujourd'hui  si  prodigieusement 
augmenter  l'artillerie  et  les  troupes 
légèresv  semblait,  sur  la  fin  du  dernier 
âède  vouloir  convertir  toutes  les  villes 
an  plaoesde  guerre.  Yauban  etCohom 
donnaient  une  si  grande  célébrité  à 
leur  art,  et  presque  toute  1  Europe  mi- 
litaire était  si  ignorante  alors ,  qu*il 
n'est  pas  étonnant  que  ces  deux  hom- 
nes,  avec  du  génie  et  des  principes, 
lient  entraîné   toules  les  opinions. 
Cohom  fortifia  la  Hollande,  Vauban, 
ibrtifia  la  Flandre,  le  Rhin  et  une  par- 
tie des  frontières  du  royaume.  11  bâtit 
ou  répara  près  de  cent  forteresses.  On 
vH,  en  Flandre  surtout ,  s'élever  des 
chaînes  de  jdaces  sur  deux  ou  trois  li- 
gues ;  on  vit  en  même  temps,  car  les 
erreurs  partant  du  même  principe  sont 
ordinairement  contemporaines,  des 
provinces  entières  couvertes  par  des 


457 

lignes;  ces  lignes  étalent,  à  le  bien 
prendre,  des  polygonêM  mÊUtipliéê  et 
ajoutés  l'un  à  Tautre  sur  un  dévelop- 
pement immense.  Tel  est  enfin  le  reste 
du  préjugé  répandu  alors ,  que  la  plu- 
part des  calculateurs  politiques,  en  pe* 
sant  les  forces  de  la  France  avec  celles 
des  États  voisins ,  font  encore  entrer 
aujourd'hui  pour  beaucoup  trop  dans 
la  balance  cette  quantité  de  phices 
dont  quelques-unes  de  ses  frontières 
sont  garnies,  comme  si  des  bastions  pou- 
vaient défendre  à  eux  seuls  les  villes 
qu'ils  enveloppent;  comme  si  ladestinée 
de  ces  villes ,  quelque  bien  fortifiées 
qu'elles  soient ,  ne  dépendait  pas  de  la 
bonté  et  de  la  vigueur  des  troupes  qui 
les  défendent  et  les  soutiennent  ;  com- 
me si  enfin  des  places  mal  défendues 
ne  tournaient  pas  à  l'épuisement,  à  la 
honte  et  à  l'esclavage  certain  des  peih- 
ples  vaincus,  qui  en  ont  été  les  cons- 
tructeurs et  les  maîtres. 

Qu'estril  cependant  résulté  de  cette 
multiplication  énorme  de  forteresses? 
Les  guerres  en  sont  devenues  plus  rui- 
neuses et  moins  savantes  :  plus  rui- 
neuses du  c6té  de  l'argent  et  des  hom- 
mes, parce  qu'elles  en  ont  consommé 
alors  une  bien  plus  grande  quantité. 
Il  a  fallu  construire  ces  places ,  il  faut 
les  entretenir  ;  mais  ce  ne  serait  en* 
core  rien  que  cette  mise  de  dépenses 
primitives  et  annuelles.  Ces  places 
construites,  il  faut  les  approvisionner  ; 
il  faut  les  garder  même  en  temps  de 
paix  ;  il  faut  en  temps  de  guerre  les 
couvrir,  les  défendre ,  attaquer  celles 
de  l'ennemi  ;  d'où  il  a  fallu  augmenter 
de  part  et  d'autre  le  nombre  des  trou- 
pes et  de  tous  les  attirails  relatifs,  en- 
tretenir ces  troupes  et  ces  attirails  en 
temps  de  paix,  par  conséquent  être 
perpétuellement  dans  un  état  de  guer- 
re qui  ne  laisse  jamais  respirer  les 
peuples. 


Ml 


iMtix^fi. 


Voyons  avec  un  peu  plus  de  délAfI 
Côitiment  notre  systèm(;  de  places  a 
nécessairement  augmenté  les  années. 
Les  places  des  anciens  étaient  simple- 
ment environnées  d'un  mur  avec  un 
fossé,  et  d'un  mur  dont  les  tours  ou  les 
autres  ouvrages  à  flanc  étaient  peu 
saillans.  Elles  n*avaient  point  de  pièces 
de  fortification  extérieure,  par  conié- 
quént  elles  exigeaient  dos  garnisons 
moin^  nombreuses;  il  fallait  des  ar- 
mées moins  considérables  pour  les  in- 
testlr  et  les  assiéger.  Les  places  mô- 
dérties  occupent  des  terrains  bien  plus 
tastes.  Aux  courtines  de  leur  première 
enceinte  (letmentdes  bastions,  dont  la 
Mpaelté  doit  être  grande,  pour  qu'ils 
soient  susceptibles  d'une  bonne  dé- 
fense. Va  avant  de  cette  enceinte,  Il  y 
É  un  fossé,  des  demi-lunes,  tm  che- 
niîfl  couvert,  un  glacis,  puis  des  ou- 
vfa^  extérieurs,  quelquefois  telle- 
ment multipliés  lés  uns  devant  les  au- 
tres, qtie  le  dernier  de  ces  ouvragés  se 
trouve  h  quatre  <nl  cinq  cents  toises 
du  corps  de  la  place.  On  sent  ce  que 
des  circonférences  pareilles  exigent  de 
moyens  pour  êtfe  défendues  et  pour 
Mre  Investies. 

Cependant,  en  méroé  temps  qu*un 
fetat  eon!(truit  des  places  sur  ses  fron^ 
tifcres,  l'État  voisin  tâche  d'en  cons- 
truire sur  les  siennes  ;  ainsi  II  s'élève 
h  l'envî  forteresse  contre  forteresse. 
(7est  en  Flandre  surtout  que  s'est  vue 
cette  rivalité  ;  on  eût  dit  que  la  France', 
l'Autriche,  la  Hollande  croyaient  aug- 
menter leur  pnissanee  en  augmentant 
le  nombre  de  leurs  bastions.  Ces  bou*- 
levarf s  étant  élevés  de  part  et  d'autre , 
il  a  fallu  faire  la  guerre  avec  des  ar* 
mées  plus  nombreuses.  Tl  fallait  d'a- 
bord des  garnisons  dans  les  places,  en- 
suite il  fallait  Une  armée  ptmr  Aiire  les 


C'est  déjà  un  grand  mi#  occasimiié 
par  la  multiplication  et  par  le  System 
actuel  de  nos  place»  de  gverre ,  qn 
l'accroissement  prodigieux  des  armén 
et  des  dépenses ,  puisque  ce  surmft 
épuise  les  peuples  et  la  population. 
Examinons  maintenant  si  l'art  de  li 
guerre  y  a  gagné ,  si  les  guerres  tp 
sont  devenues  plus  vigoare^||es  HjBUm 
décisives.  ^^ 

Les  armées  étant  devenues  plus  non» 
brenses,  et  traînant  à  leur  suite  une 
beaucoup  plus  grande  quantité  tà^ 
rails,  il  eût  fallu  que  laiactiqira  tel 
fait,  en  raison  de  cet  accroissenrart, 
des  progrès  relatifs;  elle  n'en  fit  pu, 
et  par  conséquent  les  armées  m  fih 
rent  que  des  masses  plus  compliquées, 
plus  pesantes,  plus  difficiles  à  mmnMir 
et  A  nourrir.  Il  y  eut  moins  de  granè 
mouvcmens  en  jeu  de  part  et  d'autre , 
moins  de  manœuvres,  moins  d'habl^ 
leté.  Dans  les  pays  couverts  de  plœei, 
comme  la  Flandre,  la  guerre  prit  «i 
caractère  de  routine  et  de  nnollesse, 
qui  n'est  certainement  pas  celui  da 
génie.  On  peut  ft  peu  près  r^lcoler  ca 
que  chaque  campagne  devait  produira. 
Une  ou  deux  batailles ,  la  plupart  di 
teftrlps  conduites  et  décidées  par  le  ha- 
èard,  s*y  donnent  ou  s'y  reçoivent,  soit 
pour  couvrir  des  places,  soit  pour  pré» 
parer  ou  couvrir  des  sièges.  Celui  ifâ 
les  perd  se  retiré  derrière  ces  places, 
et  cehii  qui  les  gagne  fait  ou  finit  trafi» 
quillement  quelqties  sièges.  La  cann- 
pagne  suivante,  c'est  la  même  chose, 
et  ainsi  des  autres ,  jusqu'à  ce  qu'ui 
des  deux  partis,  se  sentant  à  ses  der* 
nières  places,  et  par  conséquent,  sui- 
vant nos  calculs  actnols,  à  ses  derniè- 
res ressources,  se  hâte  de  conetofè  k 
paix,  c'est-è  dire,  pour  peindre  &m 
seul  trait  cette  manière  de  guerre,  <|ia 


sièges,  et  souvent  une  autre  armée  I  deux  cent  mille  hommes  de  purt^M 
pour  les  couvrir.  |  d'autm  vont  pendant  quelques  années 


ARTiLunn 

Ifffrotitilre,  répandre  beaucoup  ^e 
iMi|;  et  d'argent,  sans  quMI  en  résulte 
ortifiairement  d'autre  effet  décisif  que 
ctftaf  de  la  prise  de  quelques  places,  et 
de  l'épuisement  à  peu  près  égal  des 
Mrfhqyeor»  ou  dea  vaincus. 

A  voir  cela,  sons  le  point  de  rue  de 
llfIrttoBophIe  et  de  l'humanité,  il  peut 
Mm  heurâouue,  soit  reflet  des  pla-* 
coi^  soit  celui  de  la  routine  établie,  les 
gMttfes  se  passent  ainsi  en  petites  opô* 
fêMniêi  en  alternatives  de  places  prises 
ilfeprises,  au  lieu  de  conquérir  et  de 
r  oomme-  elles  faisaient  autre* 
Mats,  àcnvisagor  Tobjet  militaire, 
l'art  de  In  ^uorre  y  a  sans  doute  perdu, 
fwAsqiie  SCS  effets  sont  moins  grands  ; 
paiaqu'enlin  ils  ne  remplissent  pas  le 
pMnfer  et  le  mallieureux  but  qu'ils 
Miwtit  avoir,  celui  de  faire  le  plus 
te  mal  possible  è  l'ennemi,  et  de  d<'v 
cMer  pronpteraent  les  querelles  des 
aillons. 

H  ne  s'ensuit  pas  de  là  que  l'art  de 
MMti'uire  de  bonnes  places,  de  les  ai* 
ttNfder,  de  les  défendre,  porté  au  point 
tftil  l'cfet  sur  quelques  parties,  et  per- . 
fectionné,  comme  il  pourrait  l'être, 
lieàiicoop  d'autres,  ne  fasse  hon- 
à  l'esprit  humain,  et  ne  soit  une 
ktnehe  Intéressante  de  la  vaste  scien- 
«lia  hi  goerre  ;  mats  on  lui  a  fait  jouer 
iirirop  grafkd  rAle  ;  on  a  oublié  qu'il 
4K(tait  qu'un  accessoire ,  et  que  la 
gMnde  tactique,  la  tactique  des  mou*  j  État  de  force  réelle  et  distante  par 
ïmv  celle  qui  fait  gagner  les  eom*  {  elle-même,  que  des  troupes  portées 

au  plus  haut  point  d'instruction  et  de 
discipline.  Ayez  des  places  de  guerre, 
et  les  meilleures  possibles,  si  en  même 
temps  vous  u'ovez  pas  d'armée,  ou  si 
cette  armée  est  mauvaise,  ces  places, 
Fnnoe  dans  la  guerre  de  succession,  I  quelque  multipliées,  quelque  fortes 
iftt  ]K>9ti  les  aUiésen  Picardie  et  peut-  >  qu'elles  soient,  ne  serviront  qu'à  faire 
Mue  fluft loin,  sans  toutes  les  places  de  I  des  garnisons  prisonnières,  et  à  afier- 
■laffdr*  qui  les  arrêtèrent  pa»  à  pas.  '  mir  les  conquêtes  de  Tennemi.  Qu  on 

que  cela  prouve  en  fa-   voie  la  Hollande  hérissée  de  pUcea,  et 


veur  de  la  multiplicit<^  des  places?  EK- 
les  ont  été  utiles;  elles  ont  rendu  les 
progrès  des  alliés  plus  IcMits  et  moins 
ùécisifs  ;  mais  il  fallait  avoir  une  tarti- 
que  et  de  bonnes  troupes  ;  il  fallait  ne 
pas  laisser  tomber  la  discipline  établie 
|)ar  Louvois;  il  fallait  s'être  attaché  A 
former  des  ofliciers-gcnéraux  ;  il  fal- 
lait ne  pas  faire  un  Chamillard  minis- 
tre, et  les  courtisans  do  M"^'  de  Maiq- 
tenon  généraux  ;  on  eût  tenu  la  cam- 
pagne avec  avantage  ;  on  eût  conservé 
en  Flandre  rasccndant  qu'une  armée 
nationale  et  voisine  de  son  pays  aurait 
dû  naturellement  avoir  sur  une  armée 
de  confédérés,  dont  quelques-uns 
étaient  très  éloignés  de  leur  pays  ;  on 
eût  gagné  les  batailles ,  au  lieu  de  les 
])crdro  :  conséquemmcnt  on  n'aurait 
pas  eu  besoin  du  secours  désastreux 
des  places.  De  ce  qu'un  enchaînement 
inouï  de  fautes  et  de  maladresse,  de  ce 
que  les  vices  de  notre  constitution  mi- 
litaire ont  rendu  quelques  places  utiles, 
n'en  concluons  î^'^^*.  dos  en  faveur  de 
leur  quantité. 

Les  places  font«  dit-on,  la  force  de 
l'État.  Cette  assertion  exige  une  large 
raodirication  ;  car  les  pinces  en  elles- 
mêmes  n'ajoutent  pas  plus  à  la  force 
d'un  État  que  ses  arsenaux  et  ses  atti- 
rails de  guérie,  qui  ne  deviennent  des 
moyens  que  quand  on  a  des  armées 
en  état  do  s'en  servir.  Il  n'y  a  dans  un 


lita^^l**^  1^  principal;  on  a  trop 
aMMpté  sur  les  places  de  guerre  ;  on  les 
a  tMp  asitipliées. 

.--Il  est  très  vrai  que  l'enchainomont 
lÉ.  nuilieurs  et  de  fautes  qu'éprouva 


llo  ABTausns 

défenme  oranaireiiient  par  éeê  trou-  |  homme  de  génie,  a  Ht  tdie  d'ofte 


pes  mercenaires  et  sans  vigueur  :  en 
1979,  elle  fiit  envahie  presqu'en  tota- 
lité dans  six  semaines.  Elle  ne  fut  sau- 
vée que  par  ses  inondations ,  par  le 
parti  qu'elle  prit  de  mettre  à  la  tète  du 
peu  de  troupef  qui  lui  restaient,  le 
prince  d'Orange  qui  leur  rendit  le  cou- 
rage, et  reprit  l'c^enaive  sur  les  Fran- 
çais dispersés  et  affaiblis  par  la  garde 
de  ces  mêmes  places  qu'ils  avaient 
conquises,  et  mal  à  propos  gardées,  au 
lieu  de  les  détruire.  l)aus  l'avant-der- 
nière  guerre,  on  Ta  vue  de  même  prête 
à  être  envahie.  Le  maréchal  de  Saxe, 
supérieur  en  génie  et  en  habileté  aux 
généraux  ennemis ,  avait  donné  l'as- 
cçndant  à  nos  armées  ;  il  gagnait  les 
batidlies.  De  là,  toutes  les  places  mol- 
lement défendues  ouvraient  leurs  p<Nr- 
les  :  tant  il  est  vrai  que  le  destin  des 
places  est  toujours  réglé  par  celui  des 
combats,  que  les  places  ne  sont  qu'm 
accessoire,  et  que  l'important,  ce  à 
quoi  il  faut  s'attacher,  c'est  à  avoir  une 
armée  supérieure  en  manœuvre  et 
maîtresse  de  la  campagne. 

Sans  les  places,  les  guerres  seraient 
plus  dévastatrices,  l'intérieur  des  Étals 
courrait  plus  de  risque.  Voilà,  de  tou- 
tes les  objections,  la  plus  fondée,  et 
celle  qui  milite  le  plus  fortement  en 
fiiveur  des  places.  Approfondis5ons«-la 
soigneusement.  De  la  manière  dont  se 
fait  la  guerre  aujourd'hui,  il  est  cons- 
tant qu'elles  empêchent  les  inairsions, 
et  retardent  l'invanon  d'un  pays.  11 
reste  à  savoir  ^ulement  si  les  places 
seraient  des  obstacles  pour  des  armées 
autrement  constituées  que  les  nôtres , 
ai  une  cavalerie  inlhtigable  et  facile  à 
nourrir,  comme  celle  des  Numides  et 
des  Tartares,  craindrait  de  passer  en- 
tre elles  pour  aller  faire  des  courses  dans 
le  pays ,  et  rentrer  par  une  province 
opposée.  Reste  à  savoir  si  un  gébénJ, 


mée  qu'il  aurait  accoutusiée  à  .a  pa- 
tience, à  la  sobriété,  aux  choses  gran- 
des et  fortes,  n'oserait  pas  laisser  der- 
rière lui  toutescesprétendues  barrières, 
et  porter  la  guerre  dans  l'intérieur  des 
États,  aux  capitales  mêmes.  Les  doutes 
que  je  propose  ici  serviront  peulnètre 
à  fiùre  voir  que,  si  les  pla^  retienneiit 
l'ennemi  sur  les  frontières,  et  éloi- 
gnent la  guerre  du  ceaur  des  Étato , 
c'est  phitftt  à  eause  de  l'espèce  et  de  la 
similitude  de  nos  constitutiona,  à  cause 
de  la  routine  de  guerre^ine  nous  avons 
adoptée,  que  par  rapport  aux  obetades 
réete  qu'dles  opposrat. 

Mais  il  ne  s'agit  pas  de  la  manière 
dont  la  guerre  pourrait  se  faire,  il  s'a- 
git de  ceUe  dont  elle  se  fait;  et  relati- 
vement à  cette  dernière,  relativement 
à  nos  constitutions  militaîres,  et,  bien 
plus  encore  à  nos  coasIttutîMS  poltti- 
ques,  les  places  ont  une  utilité  dont  je 
vais  parler,  et  qui  me  les  ferait  conseil- 
ler à  la  plupart  des  Étato  de  l'Eiirope. 
Cette  utilité  n'a  peut-être  pas  été  aper- 
çue sous  le  mkae  point  de  wb  pur 
leurs  plus  zâés  partisans. 

Dans  la  plupart  des  pays  de  l'Europe^ 
les  intérêts  du  peuple  et  ceux  du  gou- 
vernement sont  très  séparéa  :  le  pa- 
triotisme n'est  qu'an  mot;  les  oitofena 
ne  sont  pas  soldato  :  tes  soldata  ne  amt 
pas  citoyens  ;  les  guerres  ne  sont  pas 
les  querelles  de  la  nation ,  eHes  sont 
celles  du  oûoistère  ou  du  souverain  ; 
cependant  elles  ne  se  soutiennent  qu'à 
prix  d'argent  et  an  moyeu  des  impAta  ; 
ajoutez  que,  dans  quelques-uns  de  m 
États ,  ces  impêta  sont  exeessMii  ;  qua 
le  peuple  y  est  mécocitent,  miaénUe, 
et  dans  une  situation  qu'aucune  révo« 
lution  ne  peut  empirer.  Cela  posé ,  js 
dis  que,  dans  les  étato  de  cette  nature, 
les  places  sont  utiles;  car,  indépeo- 
I  damment  d^  service^  qn'ellaa  lendmt 


ARTIIXIOUB. 


«tl 


eontre  las  trooMes  d«  dedans ,  il  cal 
ioipoftaDi  pour  eu  que  les  gnecres 
tfac  rétauger  se  fassept  toi|Mrs  hors 
des  frontiteas;  si  eHes  pteétnieiit  dans 
l'iolérieiir,  il  n'y  mmi  nulle  reasouree 
ngonreosa  à  attendre  de  la  pari  des 
peuples,  Indiflérens  et^ans  ooorage, 
ilsbaiiBenient  la  tète  sons  le  nonvean 
jeog.  Lesmallienrs  pourraient  amener 
de  grands  tronUes  et  des  seeousses 
dans  le  godTemenient  ;  tout  au  moins, 
iii  occasionneraient  des  révolnttons 
dsas  le  ministère.  Mais  qu'il  existe  un 
État  Kbre,  un  peuple  qui  ait  des  mœurs, 
des  vnrlos,  du  enorage ,  du  patriotisme  ; 
on  penple  qui  tese  la  guerre  à  peu  de 
frais,  parée  que  tons  les  citoyens  s'ar- 
nerontponr  la  défense  commune,  sans 
eiiffer  de  salaire ,  un  peuple  qni  se 
geufeme  par  In^méme,  et  par  consé- 
quent, dans  les  temps  de  crise,  mette 
néosasaîrement  à  sa  tète  Tbomme  le 
pios  éclairé  et  le  plus  digne  ;  je  dirai 
qu'an  tel  pays  peut  se  passer  de  places; 
qu'il  doit  même  s'en  passer^  afin  de 
eooaerrer  sa  liberté;  qu'en  n'ayant 
point  de  places,  il  ne  court  aneun  ris- 
que d'être  sidvugoé  :  premîèreroeut , 
il  y  a  à  parier  que  ses  années  plus  bra- 
f es ,  mieux  constituées ,  mieux  corn- 
mandées,  Mrèteront  l'ennemi  sur  la 
frontière  ;  si  le  contraire  arrif  e,  l'État 
ne  sera  pas  en  danger  pour  la  perte 
de  quelqves  lieues  de  pays;  ses  ci- 
toyeasse  rassembleront  détentes  parts 
contre  l'ennemi  coBunon.  Plus  l'enne- 
ni  aura  de  succès,  plus  11  faudra  qu'il 
l'étende  el  qnil  s'affaiblisse  ;  où  sera 
l'ennemi,  là  sera  la  frontière,  parce 
que,  si  je  peux  m*exprimer  ainsi,  l'État 
ne  fera  que  se  replier  sur  lui-même,  et 
que  partom  oA  il  restera  de  la  terre  et 
des  hoaunes,  l'État  subsistera  encore. 
Ainsi  les  eampagnes  de  Rome  étiûent 
hiondèas  par  les  Gautois,  Rome  était 
dMniite;  inaiasesehevaliers^sonBom, 


ses  destinées  s'étaient  retirés  sur  la 
colline  du  Capitole,  en  attendant  qu'un 
citoyen  rassemblât  les  débris  de  la  na- 
tion, et  Tint  chasser  les  vainqueurs. 

Résmnons,  le  plus  brièvement  pos- 
sible, oe  que  je  pense  sur  les  places  de 
guerre.  Elles  se  sont  trop  multipliées; 
elles  sont  comptées  pour  beaucoup 
trop  dans  la  balance  des  forces  des 
États,  et  dans  le  systtoe  actuel  de 
guerre.  Elles  ont  rendu  les  guerres 
plus  mineuses,  en  ce  qu'eUes  ont  obli- 
gé de  renforcer  et  de  multiplier  les 
armées  ;  elles  les  ont  rendues  moins  sa- 
vantes et  moins  décisives,  en  ce  qu'el- 
les ont  fait  négliger  la  grande  tactique, 
l'art  des  batailles ,  en  ce  qu'eUes  ont , 
en  général,  rétréd  les  vues  et  les  opé- 
rations militaires.  D'un  autre  cêté,  el- 
les ont  rendu  les  guerres  plus  douces  ; 
elles  empêchent  les  incursions,  les  dé- 
vastations ;  elles  peuvent,  bien  défen- 
dues ,  empêcher  ou  retarder  les  con- 
quêtes ;  elles  ne  procureraient  peutpêlre 
pas  ces  derniers  avantageai,  si  les  ar- 
méesétaient  différenunent  constituées, 
si  un  nouveau  genre  de  guerre  était 
substitué  à  la  routine  adoptée  ;  mais 
cela  n'étant  pas,  il  faut  compter  les  ef- 
fets qui  existent.  Enfin,  politiquement 
pariant,  les  places  sont  nécessaires  à  la 
plupart  de  nos  gouvernemens  ;  elles  le 
seraient  moins  en  proportion  de  ce 
qu'ils  seraient  plus  libres,  pins  vigou- 
reux ,  plus  vertueux ,  plus  aimés  des 
peuples  ;  elles  le  sont  davantage ,  en 
raison  de  ce  qu'ils  s'éloignent  plus  de 
ces  qualités. 

Il  me  reste  à  dire  comment  les  pla* 
ces  peuvent  être  le  plus  avantageuses 
i  un  État.  C'Cht  quand,  par  exemple, 
les  débouchés  sur  la  frontière  se  r^ini- 
sant  à  quelques  points,  ces  places  les 
occupent  et  les  défendent;  c'est  quand 
la  frontière  se  tmnvant,  par  la  nature 
dtt  pays,  ouvert»  et  sans  ofcaiicie*  aHet 


font  assise  mr  niiietqaes  points  prin-  '•  nîère  à  pMtohr'  seitir  d^eMreptC  <t 
eipaiit ,  comme  ti^îères,  connuefié  et  ;  d'ippui  mt  dmiéet:  si  dies  toiiit  |»> 


litières ,  etc.  ;  c'est  loMqoe ,  qi]e)<|«è 
part  qvt'^Ues  soient  assises,  elles  sof^ 
faraudes,  capabtes  dfe  contenir  des  ma- 
gasins, dés  arsenaux,  des  entrepéts 
d'armée;  efeat  quand,  étant  ainsi,  ettes 
loitt  fortiflées  de  nMiiiière  ft  recetoir 
de  grosseit  garnisons,  des  déiMris  d'ar- 
mée; et  cependant,  au  besoin,  à  poii- 
voft'  se  défendre  avec  peu  de  troupes  ; 
c'est,  en  un  mot,  quand  elles  sont  des 
places  d'armes,  des  pointa  d'entrepdt 
et  d'apput,  des  bastions  dont  une  ar- 
mée bonne  et  manœuvrière  est  la 
courtine,  ou  en  étant  desquels  cette 
armée  peut  agir  oOfensIvement  avec  la 
sûreté  d'en  retrouver  l'appui  en  cas 
d'échec;  ou  enflh  que  cette  armée 
peut  les  abandonner  à  leur  propre 
force ,  eu  attendant  les  circonstances 
favorables  d'attaquer  l'ennemi  qui  les 
assiège. 

Je  retiens  à  dire  qn'H  faut  que  les 
places  soient  eu  petit  nombre  :  si  eUes 
fout  multipliées^  il  ftittt  se^  eotisumtr 
eti  grosses  garnisons  peur  les  garder, 
ce  qui  oblige  à  ne  pas  ti^tiir  1»  eim- 
pagne  et  i  prendre  la  défensive  ;  oa,  si 
l'on  n'en  met  que  de  faibles,  l'eonemi 
semble  les  metiaeer  toutes,  manœu- 
vre ,  dérobe  un  mouvement ,  et  finit 
par  in veatir  «elles  qui  se  trouvent  dé- 
pourvues ;  au  lieu  de  cela ,  si  l'on  n'a 
qu*une  ou  deux  places  à  couvrir ,  on 
peut  ne  pas  les  perdre  de  vue,  primer 
toujours  l'ennemi  sur  chacune  d'cUes , 
et  lui  tenir  tête  avec  toutes  ses  forées 
raasembléea.  €eoi  tient  à  l'opinion  que 
i'aî>  établie  ci^dessus,  que  la  guerre  en 
grand,  la  guerre  de  campagne  doit 
toujours  être  l'objet  principal  «  pane 
que  c'est  te  sort  des  armées  qui  règle 
edui  des  ploc^» 

•  4û  reviens  de  mène  à  dire  qu'il  faut 
qiit  Ita  pltiea  SMeat  granies,  de 


tftea,  sf  eHea  aoiil  eonim*  toiles  m 
places  dai  tocrad  et  Iroiiièmei  ortm, 
elles  sont  hmlilea  ;  eiles  Ae  imI  ^ 
leë  armées  nt  des  pointa  de  relmile;^! 
des  points  de  ralliement  «  ni  dev 
d'établissement*  Que  retaanîlw 
ge,  elles  ne  peuvent  mattqiairë'Are  pri- 
ses; qu'il  ne  veuille  fa»  les  Msté8tr,8 
hil  est  aisé  de  les  masquer,  il  fait 
souvent  même;  sans  incoavénient,  lu 
laisser  derrière  Idi.  Met-oa  de  faiidli 
garnisons  dans  des  plaoes  de  ccHe  alh 
ture  t  les  ouvrages  siMuidonBéi  iiail^ 
fénsive  de  méthode  aoiik  bieiittt«H»> 
blés  par  la  supériorité  de  fasiièBfaBMr 
piace-t'-on  des  gamlsom  noDabnaosaat 
elles  n'eu  sont  souvent  que  phN  III 
prises,  parce  que  ce  noitabre  y  davinf 
embarras,  parce  que  la  pitqiart  du 
oomnandans  ignorent  Tari  de 
des  dehors  sous  les  approches  de  !'( 
nemi^  et  de  profiter  de  la  foroe  de  Im 
garnison  pour  rendre  leur  défease  dr 
fenatve.  Enfln  la  grande  et  la  déciaiia 
raison  qu'on  peut  donner  €k>ntre  ealta 
sorte  de  plaoea ,  c'est  qa'il  est  loui  ai 
metna  inutile  de  les  constniine  à  i'è*  , 
vanoe  et  à  grands  frais;  o'0s4  qu'èk  • 
guerre  ii  serait  possible  de  suppléer  i 
l'objet  momentané  qu'elles  wwipiisi 
sent  par  des  poatea  fortifiés  qumbmiI»» 
nément.  A«^t-on  besoin  d'un  entrepll^ 
d'une  tète  de  quariier^  dus  point  pov 
défendre  un  déboiietiâ?  Q«*on  dwi* 
sisseune  ville,  un  village; une  luM- 
teur«  un  Mvain  avanlageiix^  qa'iNi 
emploie  lieaneoup  de  bras  à  s'y  retiM- 
cher;  dans  peu  de  jours  on  va  ea  faire 
un  poste  où  de  bonnes  troapea  el  aii 
homme  de  tète  ae  soutieaduNst  aasp 
pour  doaaer  le  temps  à  l'anaéi^^tils 
secourir»  Quels  servicûs  readent^éa 
plits  les  petites  places  eoostraltaa.fft 
entrolHMiaaègraQdsteili}  On  |Mlil* 


Atr^LLfeRIt. 


1RS 


te&drc  un  siècle  entier  nTant  que  Toc- 
CMion  se  présente  d'en  fairl^  usage; 
alors  on  les  laisse  dégrader ,  ou  si  on 
les  entretient,  voilà,  pendant  un  siècle, 
dQ0  dépenses  annuelles  qui  forment 
des  Sommes  considérables,  et  qui  au- 
rident  pu  être  bien  plus  utilement  em- 
*"  ployéeS;  cependant,  quand  elles  sont 
mlégées,  si  une  armée  nr  vient  à  leur 
secoues,  elles  unissent  par  être  prises; 
«fMi,  à  quelques  jours  près,  les  postes 
élèves  en  terre,  tels  que  je  les  propose, 
rempliraient   encore  Tobjot   qu'elles 
remplissent  aujourd'hui.  En  un  mot, 
ees  derniers  ont  des  avantages  qne  les 
plnoe9  ne  peuvent  avoir;  c'est  que  la 
drcoostance  détermine  leur  position , 
et  par  conséquent  la  détermine  toujours 
Irien  plus  convenablement  à  l'objet  du 
moment;  c'est   que   la  circonsLnnce 
Ayant  diangé,  on  abandonne  le  poste , 
on  ou  le  rase,  pour  en  aller  faire  un 
astre  ailleurs  ;  c'est  qu'on  fait  son  poste 
preporiionnément  n  l'objet  qu'on  veut 
qa'il  remplisse ,  au  nombre  de  jours 
qa*OB  veut  qu'il  tienne ,  au  nombre  ou 
•respèee  de  troupes  qu'on  veut  y  met- 
be,  à  le  force  et  à  l'iiabileté  de  l'en  ne- 
«mi  qu'on  a  devant  soi  ;  c'est  qu'enGn 
i'offieier  qu%n  charge  de  la  défense  du 
poite  préside  en  même  temps  à  sa  con* 
etroction,  la  dirif^e  suivant  ses  vues  de 
défensive  et  ses  moyens,  tandis  qu'au 
l^ntmire»  dans  la  plupart  des  places  « 
ses  vues  et  ses  moyens  se  trouvent  en 
contradiction  avec  l'espèce,  la  disposi- 
tion trop  grande  ou  trop  bornée  de 
le|irs  ouvrages. 

L'inconvénient  de  toutes  les  places, 

«t  on  inconvénient  qui  devient  plus 

«ensibleà  proportion  qu'elles  sont  plus 

multipliées,  c'est  qu'en  général  les  clr* 

constances  qui  en  ont  déterminé  l'as-» 

sîette  et  le  système  de  construction, 

Tenant  à  changer  par  la  révolution  des 

évèoeuiens  «  ces  places  se  trouvent  ou 


inuHles,  ou  mal  emi^IacAes.  on  sans 
rapport  avec  les  circonstances  du  mo- 
ment. Pour  nous  convaincre  de  cette 
vérité,  jetons  les  yeux  sur  deux  cents 
places  qu'on  compte  en  France.  Un 
homme  qui  n'aurait  pas  réfléchi  sur 
leur  position  serait  porté  h  croire  qu'a- 
vec cette  quantité  de  forteresse*?,  tou- 
tes les  provinces  du  royaume  sont  coit- 
vertes ,  et  nous  avons  des  frontlèrw 
qui  en  sont  absolument  df'ganiios;  Il 
n'y  en  presque  point  dans  nos  province* 
maritimes  ;  nos  plus  grands  ports,  nos 
établissemens  de  marine  sont  fc  peine» 
<;d  cAté  de  terre,  à  l'abri  d'un  rf>np 
de  main.  Ailleurs  nous  avons  deux  mi 
trois  lignes  de  ])lac(»s  :  nous  en  avons 
dans  des  points  on  elles  ne  couvrent 
riî^îM,  où  olles  ne  défendent  rien;  c'est 
que  la  frontière,  dans  de  cerlnmes 
parties,  s'est  avancée,  et  que  dana 
d'autres  elle  a  reculé  ;  c'est  qu'atilr/»^ 
fois  on  avait  pour  système  d'opposer 
place  «  place,  et  que  celles  de  l'ennemi 
ne  subsistant  plus,  les  nôtres  sont, 
dans  quelques  points,  devenues  inuti- 
les ;  c'est  qu'alors  on  avait  la  manie  de 
tout  fortifier;  c'est  qu'aujourd'hui  cette 
l>ranche  de  l'administration  n'est  pas 
conduite  sur  un  |itan  plus  déterminé. 
On  n'a  ni  le  courage  de  raser  ou  d'a-^ 
bnndonner  totalement  une  partie  dei 
places,  ni  assez  d'argent  pour  les  en^ 
tretenir  ;  on  les  répare  à  demi.  Il  en 
est  d'inutiles  qu'on  conserve  par  refr* 
pect  pourVauban,  ou  pour  d'aulne 
préjugés  de  routine  ;  il  on  e^tt  qn  on 
augmente,  parce  que  des  villes  ont  ifes 
octrois  qui  font  les  fonds  annuels  de 
leur  entretien,  et  qu'il  est  de  règle  éta*- 
bliequecesfondsdoiventèlre  employés 
aux  fortiflcations  de  ces  villes,  ces  vil- 
les n'en  eussent-elles  pas  besoin,  il  an 
est  que  les  directeurs  ou  ingénieurs  eu 
chef  se  plaisent  è  bouleverser  ou  suiv» 
charger  de  pièces  inutiles^  afin  de  ope^ 


k6k 


ABTILtBiUS. 


trecarrer  l'opinion  m  rears  prédé- 
cesseurs, ou  de  suivre  la  leur.  Il  en 
est  autour  desquelles  on  fait  des  en- 
ceintes d'ouvrages  qu'une  armée  seule 
pourra  défendre;  travaux  sur  rim- 
mensité,  sur  rinotîlité  et  sur  la  cherté 
desquels  on  ne  peut  s'empêcher  de  gé- 
mir quand  on  songe  que,  si  on  n'a  pas 
une  armée  à  jeter  dans  ces  ouvrages^  ils 
ne  sauveront  pas  la  place;  que,  si  Ton  a 
une  armée ,  il  vaudrait  mieux  qu'elle 
tint  la  campagne,  qu'elle  couvrit  la 
place  par  une  position  bien  prise  ou 
par  une  guerre  de  mouvemens,  et 
qu'enfin,  en  cas  de  malheur  ou  d'infé- 
riorité trop  grande,  elle  se  retranchât 
sous  la  place,  et  se  soutint  dans  ses 
dehors  jusqu'à  ce  que  la  fortune  eût 
changé. 

On  voit  combien  il  serait  important 
que  le  gouvernement  s'occupât  de  cet 
objet,  qu'il  arrètAt  à  cet  égard  un  plan 
combiné  sur  la  situation  actuelle  du 
royaume  et  sur  les  véritables  principes 
de  la  guerre.  Si  j'ai  bien  démêlé  ces 
derniers ,  ce  pian  devrait  être  d'avoir, 
dans  toutes  les  provinces  frontières ,  à 
proportion  de  leur  étendue,  une  ou 
plusieurs  grandes  et  bonnes  places  si- 
toéea  non-seulement  dans  la  position 
la  idns  avantageuse  en  elle-même, 
UMis  dans  celle  qui,  à  voir  la  chose  en 
grand,  couvre  ou  appuie  le  mieux  la 
frontière;  ce  que  j'ai  appelé»  en  un 
mot,  des  places  à  entrepôt  et  à  rallie- 
ment. 

Ce  serait  d'avoir,  en  arrière  des  pro- 
vinces frontières  et  dans  quatre  points 
principaux  pour  la  totalité  du  royau- 
me, quatre  antres  places  destinées  à 
recevoir  les  fonderies,  les  arsenaux, 
les  ateliers  de  fabrication  militaire  de 
tonte  espèce  ;  car  il  est  inouï  que  la 
ptapart  de  ces  établissemens  se  trou- 
vent sur  la  frontière  et  dans  des  villes 
é9  fiMûir»  Ugaet  No»  deux  établisse^ 


mens  d'artillerie  mut  a  Douai  et  à 
Strasbourg  ;  presque  tous  nos  fers  cou- 
lés et  nos  armes  h''*!iches  se  manuEao- 
turent  dans  des  villages  sur  la  fron- 
tière, et  tellement  sans  protection, 
que  toutes  les  fois  que  la  guerre  en  ap^ 
procbera ,  Il  ne  tiendra  qu'à  un  parti 
ennemi  d'y  venir  mettre  le  feu. 

Ce  serait,  après  avoir  déterminé  les 
grandes  places  qu'il  est  important  à  la 
France  d'entretenir,  ainsi  que  les  qga- 
tre  places  d'ateliers  et  d'arsenaux  dont 
je  viens  de  parler,  de  faire  dans  ce 
système  les  changemens  que  les  cir- 
constances exigeront,  comme,  par 
exemple,  à  la  suite  d'une  guerre  mal- 
heureuse, et  qui  aura  rendu  frontière 
une  province  qui  ne  l'était  pas,  de  for- 
tifier cette  province  ainsi  que  l'était 
celle  qu'on  a  perdue  ;  et  de  même  dans 
une  guerre  heureuse  et  qui  aura 
culé  les  frontières^  du  royaume ,  d'i 
bandonner  les  fortifications  des 
ciennes  limites,  et  de  fortifier  les  noor 
velles,  en  sorte  que  l'État  ait  des 
frontières  sur  lesquelles ,  ou  en  avant 
desquelles  ses  armées  puissent  faire  la 
guerre  avec  avantage,  et  que  toutes  les 
dépenses  relatives  à  la  construction  et^ 
à  l'entretien  des  places,  ^ient  appli- 
quées avec  combinaison  et  avec  fruit; 
ce  serait  enfin  d'abandonner  l'entretien 
de  toutes  les  autres  places,  ou  peut-être 
de  les  faire  raser,  parce  que  ce  grand 
nombre  de  forteresses,  la  plupart  trop 
petites,  mal  situées,  à  demi-dégradées, 
est  mineux ,  inutile  et  contraire  aux 
bons  et  véritables  principes  de  la  guergje, 
et  parce  qu'en  cas  de  guerre  on  peut, 
ainsi  que  je  l'ai  avancé,  suppléer  avan- 
tageusement a  cette  espèce  de  places 
par  des  postes  retranchés  relativement 
à  l'objet  du  moment. 

Mais ,  pour  exécuter  avec  fruit  des 
changemens  si  împortans,  il  faut  au 
préalable  avoir  perfectionné  tontes  (e« 


ARTILUtltW. 


ptrties  de  notre  constilQtion  mttitaîre  : 
il  faut  avoir  des  troupes  à  l'épreuve  et 
maiiouvriëres ,  des  génértox  sachant 
les  eonduîre,  et  qui,  osant  s'écarter  de 
la  roatine  établie,  adoptent,  ponr  ainsi 
dire,  on  nouveau  genre  de  guerre.  Il 
faut  des  troupes  infatigables,  aceontu- 
mées  aux  travaux ,  et  qui  puissent  au 
besoin  et  proniptement  créer  les  pla- 
ces mobiles  dont  j'ai  parlé,  comme  les 
légioDS  romaines  oonstruisaient  les 
têsintmi  qu'eE^  employaient  au  mê- 
me usage  ;  il  faut  exercer  ces  troupes  à 
la  construction  et  à  la  défense  de  ces 
postes,  avoir  sur  cet  objet  des  écoles 
continuelles  et  bien  dirigées  :  il  faut 
cnfln  former  les  bras  et  le  courage  des 
^Idats,  Tinstmction  des  oflSciers;  car 
^  troupes  étant  une  fois  parvenues  à 
ce  point  de  perfection,  avec  de  la  terre 
J.  des  hommes ,  on  fait  aisément  des 
postes  qui  remplissent  l'objet  des 
places. 

Feu  M.  le  maréchal  de  BrogKe  avait 
lironvé  cette  vérité  à  Prague.  Dix-huit 
Bos  après,  ses  successeurs  ont  renou- 
velé son  exemple  à  Cassel  et  à  Gœttin- 
geo.  GflBttingen  n'avait  qu'une  enceinte 
eo  terre,  dégradée  et  susceptible  d'in* 
whe  presque  partout.  En  un  mois,  elle 
(ot  mise  en  état  de  défense ,  approvi- 
sionnée et  abandonnée  i  ses  propres 
forces.  Les  ennemis  s'approchèrent  et 
forent  étonnés  de  voir  une  place  me^ 
naçante  oà  ils  ne  s'attendaient  qo  a 
tnwifer  an  poste  insnltable.  A  Cassel, 
M.  le  comte  de  Broplie  créa  une  partie 
de  ses  dehors  pendant  le  siège.  Il  en 
ciéa  qoelques-^ms  sons  le  feu  de  l'en- 
nemi. Il  élevait  travail  contre  travail , 
terre  contre  terre.  Qu'on  suive  l'his- 
toire en  un  mot,  ce  sont  ces  places  du 
(Bornent,  si  je  peux  m'exprimer  ainsi, 
^OBt  soutenu  les  sièges  les  plus  vi^ 
goureux;  «i^est  qu'un  commandant, 
<|Qi  sait  réparer  uano  mnnvnUp  encein- 


4«5 

{es  IV'T'^ 


I  te,  imaginer  des  obstacles , 
naître,  les  avancer,  pour  ainsi  dire,  s..: 


r  "1* 

lu* 


{'liii  ;.l 


les  pas  de  l'assiégeant,  a  ordiîi 
dans  la  défense  de  ses  travaui,  rintei- 
Itgence,  le  sang-froid  et  ropiniâtret><i 
d'exécution.  ; 

Ayant  osé  avancer  mes  opinions  sur 
le  véritable  usage  qu'on  devrait  faire 
des  fortifications,  je  peux,  bien  à  pro- 
pos du  corps  qui  les  dirige,  oser  dire 
que,  dans  cette  révolution  de  systèmes, 
il  y  aurait  une  autre  constitution  à  lui 
donner,  une  constitution  qui  le  rap- 
procherait davantage  des  troupes  et  de 
la  connaissance  de  toutes  les  autres 
parties  de  la  guerre;  qui  lui  donnerait 
môme  sur  l'art  qu'il  cultive,  des  écoles 
plus  instructives  et  plus  militaires  ;  qui 
enfin,  détruisant  beaucoup  de  préju- 
gés, suite  de  la  constitution  actuelle  et 
de  la  manière  dont  on  le  fait  servir 
le  rendrttt  propre  à  plus  et  de  plus 
grands  objets. 


CHAPITRE  Vn. 
GoBfidéraUoDf  généraJes 

Alors  même  que  l'histoire  ne  nous 
apprendrait  pas  que  les  Grecs  sont  les 
premiers  qui  ont  réduit  l'art  d'ordon- 
ner les  troupes  en  dogmes  et  en  prin- 
cipes, nous  serions  forcés  d'en  conve- 
nir en  voyant  le  nom  de  cet  art  tirer 
son  origine  d'un  mot  grec.  Ainsi,  l'Eu- 
rope militaire  voudrait  en  vain  désa- 
Youer  que  les  armes  et  les  documens 
de  la  France  lui  ont  donné  le  ton  peu-* 
dant  plus  d'un  siècle  :  presque  tous  les 
termes  techniques  de  l'art  de  la  guerre, 
tirés  de  notre  langue ,  déposeraieot 
contre  elle.  Aux  yeux  de  la  plupart 
des  militaires;  la  tactique  n'est  qu'une 
branche  de  la  guerre,  aux  miens  elle 

30 


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AVaLlMMiK. 


est  la  base  de  cette  adenee  ;  elle  est 
cette  science  eUe-mème ,  p^isqt'eHe 
enseigne  à  oonstiMier  les  tiicMii|M8s  à  i^^ 
ordonner,  à  les  fnoavoir>  -è  les  <aire 
combattre;  -elle  est  la  'resaource  'des 
petites  armées  et  des  grandes  «rmées, 
elle  peut  suppléer  un  'nombre  et  ma- 
nier la  nroÛKude  ;  «Ne  cÉiUratee  ta 
ooQnaisaiice'ées  homnea/desanlnées, 
>  des  terrains,  'des>o)rèoBslances;;  ^car  'ce 
«ont  toutes  ees  'èonfnaissanoes  k^éontes 
•ifiR  doivent  «déterlniner  «es  mouVe- 
ttens. 

'Il  ^at  divi^r  'la  'tactique  em  «deux 
jprirlies:  l'orte 'élémentaire "Ot «bornée, 
iPanlre  t^^s  composée  ^t  -snbUme.  La 
!|lfemière  renforme  toos'lbs  détaibde 
'formations 'd*Mtmctîoh  *et'd'-oiereîce 
d*<in'batailloti,'d'on  escadron,  d*un  ré* 
^iriften t. 'I^a  ^seconde  partie  est  >à,pro- 
fremerit  pdrier  ta^seienée^des  génë- 
^raux  ;  elle  embrasse  ^tontes  les'^rondes 
parties  de  la  guerre,  c^tniile  ikiooTe- 
mens  d*armées,  ordrfi  de  marches, 
ordres  de  batailles ;'elle  tient  parla  et 
s'identifie  à  la  science  du  choix  des 
positions^  de  ^ki   ebtfntaissance  du 
pays,  puisque  ces  deux  parlîcs  n*ont 
pour  but<)tiede  déterminer^plus  sûre- 
ment la  position  des  troupes.  Elle  tient 
à'ia  sefendettes'foFtiiicatiMrs  ,'pëisque 
'les  oavra(^  dotrent  'ètre-éonstmits 
|MHir 'tes  «trbopès  «et  'relativement  à 
eHes  ;  elte  Hent  ^i  KartHlerie ,  fiiiqne 
les  moore^mens^  et  l'etéaalîiin'de  eelte 
^ideHrtèrearme  -doivent  être*  oombînés 
iMIi^  leur  position  oMeurs  mouvemens  ; 
^e  est  tout;  e)(^,if!Oisqu^lle«st  Fart 
'4lle  faire  agfr  ies  iMoftes,'  et  qve  tontes 
les^  autres  parties  tfie  son  t  ique  de»  cho- 
'tiè!^sec9orklMres  qui;  SMisfeNe,  niÉuMiftot 
•]pa»d"objet  ou*  neffMTOdttiraieAlaqne  'de 
'f  embarras  7  il  nh*exiate  pas  d-'écrtts^dog- 
malhfues  sèr  cette  seoonde-paNiejLa 
tactique  difcparat^avec  les'béMxjfnlrs 
4e  l'empire  romain  :  i^peMile^  tons  4es 


rainas  de  TctnpW  d'OctMeil, 
«ne  fwndant  tes  aièdea  qài  anMMU, 
eUe  Alt  relevée  par  Nassm  ntGutin 
Adelphew  Aprtt  enx  «  elle  ne  II  «an 
fregrèa  ;  Pityeégnr  posn  qnttqnei  >dl 
«cLpes;  le  fllaràehal  de  teiie  n^eiAf» 
le  temps  de  t^eûréêr  rnrl  :  loallt  #rike 
était  réservée  4ùè  grand  f%<MMrio.llt 
voir  i  rfiorope  ée  ipiiénnniène  d\BM 
armée  nombrense  et  é  la  Mi 
Mrière  <et  •disoîpUnée;  îl  ynenva 
mouvemens  d'«nennnée  rie 
honnneBnoat  «sayMis  è  ttai 
aussi  siiniilM,  «iuasi'ceiMniif 
'et  >éi\  mille  ihemmoa;;  qne  te 
«ffii  fait  4nonvoir  iM 
4rou¥é,  îlneislagitfin 
ner  nne  )>lu8  «grande  qnmitilé  4li 
resaerts  «et  de  savoir  éea 
violoires  ontdémonMi'^naeilaMaëe 
ses ^déooovortes»;  alars«nniatal  jetflar 
aes  documens,;  onii*«  imité tsana 
tation,  sans  discernement  et 
aompte  >de  4liilfloeiiQe  «qae  4e  ^Inie 
^rtieulier  de  "Chaque  peuple,  4|ne  di 
-nature  dn  gonvevnemenitetjleiiaaaai 
doivent 'CA^toar  sur  la  «laaIiqiHveUii* 
•diSérenees  qm  inévitaUeaifliilftniaé 
auliefft. 

«Dana  «las  pvemiem  viempa ,  «I 
-nation  >ovait-adn  •afflnnm,  aa 
^sa  '  constitution  •partiHuiièae^fe 
Céreneas  durent  varier  les 
ces.  •ll*tlillaît«ua  'fiMca,<niaiéa«deiyl- 
ques,«un^ordn9  ^^ndenié  i^niijnuiaidf 
itquifavoréaAtilenr  inpiisien  ^mÊmm 
Hs étaient  ingéotona,  Hs^AffastMlelli 
lactique  nn  '4rt  de  tooniplkBtfoiHnt^^ 
4«li6ul  y  chatineilKMmne, 
Sonnom.^bes  Romains. /arméa 
lik#u,'d'épéas  et  d*nutrea  t 
•ftaki,*  eurent  4wseîn  detplns 
et  <  de  >  iibèvté  'dans  r4a«psi  iianga««iMBf 
niihtih  rt  ^Ini  giirrrirmi  qnn  In  firaia , 
il^eFéèrantnnonbe  pkis-ainHrfe^ipins 
nlaniable,  qui  leur  Remettait 


plÉi  é§  nflMé,  mÊÈÈ  n«* 
i»l0i8CMrir  MitiiellMieiit.  Lt 
caiÉltrit  niiBide  éi  aipegiioie ,  année 
de  lances ,  ne  dut  combattre  que  ior 
m  ftogi  el  à  de  grands  intertallés, 
9Êm  de  prendre  librement  cerrière  et 
de  maakn  plaa  hbrenent  son  arme. 
AlMill le  catalerie  thessaUenne,  qnî 
émit  à  deniMiue  et  arasée  de  bachôi, 
tndie  qne  fas  cavaleries  grecque  et 
reaaaiM,  plus  nassives  et  années  d*é* 
péee^ee  fSormèrent  sur  plusieurs  rangs. 
LiaGenWs,  robustes,  ignoreos  et  bra- 
fea,  méprisèrent  toute  espèce  de  tac^ 
fkfÊt  et  •'amsèrent  d'épées.  Les 
AÎmeSi  pins  brarm  encore  et  pins  Im^ 
nUaienl  à  l'enneasi  avec  de 
erîa  et  n'ayant  pour  toute  aroie 
fs^me  espèce  de  hache  appelée  fren^ 
dsinei  fb  la  lançaient  à  dix  pas  de 
rsamensi»  se  servant  ensuite  d'une  épée 
semte  et  tiandiaote. 

Juaqa'i  répoqoe  de  la  découverte 
dee  «nnes  à  feu ,  et  même  Jusqu'à  la 
diip-septième  siècle,  le  génie  des 
teHna  enoore  sur  leur  ordon- 
et  sur  leur  armement.  La  cava- 
HamaBde,  toujours  pesante*  te- 
nait OBU  lances,  ans  armures  de  toutes 
i^  eseadimmait  sur  trois  rangs  et 
rait«.eiasl  forasée  «  en  envoyer  un 
A  là  cheige  et  contenir  les  deux  antres. 
li^feniarie  de  cette  nation  était  en- 
tHremesrteomposée  de  gensde  traits  et 
#aaqMbsuiersi  elle  était  la  première 
de  VInrope  pour  les  arases  de  jet  et 
dsfeUf  la  phis  molle  pour  les  ettaques 
^  et  pear  te  coinbats  corps  à  corps. 
Llnisaterit»  Su«8e,  ermée  de  piques« 
élai  propre  è  cous  les  ordres  de  cou-» 
cl  de  profondeur,  en  raison  de 
phlegme  et  de  Tordre  ioaltéinbte 
qi^eDe conservait  dans  ses  Aies;  il  en 
était  de  même  de  l'infanterie  espft* 
gnole.  A  oette  époque,  il  était  à  psia» 
ifiestioii  en  Europe  des  Prussiens  et 


des  tusies  ;  les  loédois  ei  les  fienois, 
peuples  du  nord  de  laOenaanle,  se 
modelaientsur  les  Allemands.  Les  Fran- 
çais, sans  ordre ,  sans  discipline ,  peu 
proprm  aux  combats  de  feu  et  de  plai» 
nea,  se  montraient  redoutables  dans 
les  attaques  de  postes  et  a  l'épée.  Ils 
avaient ,  ainsi  qu'enjourd'hui,  ce  pre» 
mier  asomeat  de  vignrar  et  d'impé>i» 
tnosité,  ce  choc  qu'un  jour  rien  n'eiv 
réte  et  que  le  lendemain  in  légar 
obatade  rebute*  Notre  cevelerie  fût  le 
première  à  renoncer  à  la  formation  de 
profondeur  à  cause  de  la  difficulté 
qu'elle  éprouvait  è  observer  sm  iies. 
Toute  la  cavalerie  de  l'Europe  «voit 
conservé  ses  arasea  défsnsivea;  fisisait 
usage  du  feu,  combattait  sur  trois 
rangs  en  masse  et  an  trot;  la  nétre, 
seule ,  était  nue,  année  d'épées ,  for- 
mée sur  deux  rangs ,  et  allait  à  lii 
charge  à  toutes  jambes  et^seas  ordre. 
Les  Anglais  n'avaient  pes  de  tactique* 
rarement  de  grends  généreux;  aseia 
un  ordre  qui  tient  è  le  force  de  leois 
armes,  un  courage  peu  capable  d'offen- 
sive, mais  diiBctIe  à  faire  reculer. 

Aujourd'hui ,  toutm  lea  nations  de 
l'Burupe ,  mêlées ,  confondue  per  lea 
BSiBurs,  la  politique,  lea  voyages ,  se 
asodèlent  les  unm  sur  les  antres  ;  mois 
c'est  dans  les  constitutions  et  les  mé^ 
thodes  aiilitairea  que  cette  imitation 
est  surtout  générale  et  msirquée  i  ellea 
ont  les  mèasea  armes  et  la  asèom  or- 
donnance, soît  parce  que  le  odme  de- 
gré d'enteadeowit  et  de  huaièreSt 
lea édairent  simultanément,  eUea  ont 
senti  la  supériorité  dm  armes  à  Csu  sur 
les  annes  de  jet  des  anciens  ;  soit  qu'é- 
tent  devenues  aaellm  ut  oisives,  mal- 
edroîtm,  inexperies  eux  exercices  de 
corps,  eUes  ont  dû  préférer  de  concert 
une  arme  qui  exige  moins  de  courage, 
de  force  et  d'edresse;  la  méase  ordoa- 
nenee,  perce  que,  ainai  «ae  jeraî  oh» 


.* 


^eirvé  <i^des!iii»,  e'Mi  toiqoun  Tetpèee 
dm»  Armes  qoi  déteimiBe  IrordoDDWGe 
de»  troupes.  A  quelques  différeoces 
près,  toutes  les  troupes  de  r£arope 
ont  les  mêmes  cointitutioDS ,  infiar- 
faites,  mal  calculées  sur  leurs  moyens 
eC  dont  l'honneur  ni  le  patriotisme  ne 
sont  la  base«  Ces  armées  sont  compo* 
sées  de  la  portion  la  plus  file  et  la  plus 
misérable  des  citoyen^,  d'é^angers,  de 
fugabonds,  dliommes  qui,  pour  le 
pbis  léger  motif  d'intérêt  ou  de  mé- 
contentement, sont  prêts  à  quitter 
leurs  drapeaux. 

La  manière  dont  les  anciens  fai- 
saient la  guerre  était  plus  propre  à 
rendre  les  nations  braves  et  belliquea- 
im  !  un  peufjle  battu  à  laguerre  éprou- 
vait les  dernières  misères  ;  souvent  on 
égorgeait  les  vaincus,  oaonles  traînait 
en  ésriavage.  La  crainte  de  ce  traite- 
ment, faisant  une  forte  impression  sur 
les  esprits,  devait  nécessairement  p<H-- 
imr  les  peuples  à  perfectionner  la  dis^ 
oipline  et  à  se  livrer  avec  plus  d'ardeur 
iitvx  exercices  miUtttres.  Cette  crainte 
(levnit  rendre  la  guerre  la  première 
dés  professions.  Mais ,  de  nos  jours;  la 
(^vilisation  ayant  étendu  ses  bienfaits, 
1^  guerres  sont  devenues  moins  cruel- 
M  :  le  sang  n*est  plus  répatidu  que 
dans  lei  combats ,  on  respecte  les  pri* 
sonniers.'on  ne  saccage  phisles  villes; 
on  lie  hivage  plus  les  campagnes.  Les 
peuplés  vaincus  acquittent  seulement 
des  contributions  :  et,  ccmservés  par  le 
fônquéràht,  leur  condition  n'empire 
fmsf.  De  là,  les  naHtms  prennent  moins 
dMfitérêt  aui  guerres;  la  quereHe  qui 
s^agite  n'est  i^us'  exclusivement   la 
leur;  ils  la  considèreiit  comme  celle 
Au  gouvernement  :  de  là  le  soutien  de 
fette  querelle  abandonné  à  des  mer- 
celfsiirês,  et  l'état  militaire  regaixlé 
cô^wwp  un  ordre  onéreux ,  et  qui  ne 
dbn  fik  compter  parmi  les  autres  or«- 


dues  de  citoyens  ;  de  làsurtDfiti'eiliiie-* 
tion  du  paldotiame,  et,  oonséquenea 
inéritable,  le  rdftchemeat  des  ooo- 
riges. 

L'éducation  da  soldat  devrmt  em* 
brasser  trois  objets:  1.»  les  exercioes  du 
corps,  ^  les  exercices  d'armes  et  d'é- 
volutions, a""  la  représentation  des  dif- 
férentes situations  ou  Ton  peut  se 
trouver  à  la  guerre;  le  premier  de  ces 
objets  devrait  entrer  dans  Tédocation 
de  tonte   la  jeunesse  du  royaume. 
C'est  l'excès  de  b  tenue  que  l'at- 
taque, et  non  la  tenue  raisoonée  ;  con- 
tenue en  de  justes  proportions,  eHe 
est  Indispensable,  elle  est  une  preuve 
de  discipline,  elle  coniriboe  a  la  santé 
du  soldat,  elle  l'élève  eHe  le  place  dans  la 
classe  des  citoyens  aisés.  Elle p'était pas 
négligée  chez  les  Romains:  eHe  se  por- 
tsit  particulièrement  sur  leurs  armes  ; 
mais  elle  ne  les  empêchait  pas  de  s'oc- 
cuper de  travaux  durs  et  pénibles:  ces 
derniers  faisaient  la  base  et  J'objet 
principal  de  leur  éducation.  Une  armée 
romaine  essuie  des  revers  en  Espagne  : 
le  sénat  envole  Caton  pour  la  nom- 
mander  :  il  la  trouve  répandue  dans 
des  quartiers,  indisciplinée,  amollie, 
chargée  d'or  et  de  honte.  Les  soldats 
étaient  parés  comme  dès  femmes.  Can- 
ton les  ftiit  camper,  les  exerce,  lès 
tient  sans  ce^se  en  mouvement,  les 
accable  de  travaux  ;  «  Romains  •  in*- 
»  dignes,  leur  dit4l,  jusque  ce  que 
s  vous  sachiet  vous  laver  dans  le  sang 
»  je  vous  lavemi  dans  la  boue,  a 

Mais  c'est  en  vain  que  l'on  formera 
des  soldats  endure»  et  guerrière  tels 
que  l'étaient  les  légionnaires  A  Rome, 
si  l'on  ne-  remet  cette  i^roCession  en 
honneur ,  si  Ton  n'attache  à  eBe  par 
un  espoir  flatteur  et  lucratif;  si  ron 
n'augmente  pas  sa  paie,  immobile  de- 
puis deux  cents  «us,  tandis  que  les 


J  denrées  et 


ont  douMé,  Mpl^; 


« 

4 l'on  ôe  hit  fait  désirer  la  giterre;   soient  nécfeasairesi ilfaiHfue^  4e ceUa 


^oi  hù  pramet  des  rfomi|leiiBes;  enfin, 
si  roB  nTaflssre  dés  secours  à  ses  infir- 
mités, à  sa  vieiUesse,  A  sa  fentime  et  à 
nsenfons. 


CHAPTTftE  vm. 

(VtYonnaocc  de  rinfanlerie.  —  Sa  formation.  -^ 
Prif  etpes  qoi  dofTeot  tfAermlMr  Tone  et 
Taiitre. 

Constituée  et  armée  nniforméinent, 
ainsî  qu'elle  l'est  aujourd'hui ,  fl  n'y  a 
plus  qu'une  sorte  dlnfanterie  et  par 
conséquent  <|u'nne  seule  ordonnance, 
variée  à  la  vérité  suivant  les  terrains, 
et  cependant  la  même  dans  sa  base  et 
dans  ses  principes.  Les  anciens,  ayant 
de  nnfanterie  pesante  et  de  l'infante- 
rie armée  A  la  légère ,  étaient  obligés 
d'avoir  une  ordonnance  pour  chacune 
d'elles.  Notre  Infafntcrîe,  au  contraire, 
réunît  les  deux  propriétés ,  puisque  le 
Tusil ,  armé  de  sa  baïonnette ,  est  à  la 
rois  une  arme  de  jet  et  de  main  ;  par 
le  fosil,  elle  est  donc  propre  aux  com- 
bats de  jet,  et  par  la  baïonnette,  aux 
combats  de  choc.  Le  fnsil,  armé  de  sa 
baïonnette ,  est  une  arme  supérieure 
à  toutes  celles  en  usage  jusqu'à  nos 
jours.  Cette  arme  pourrait  cependant 
être  perfectionnée  ;  il  y  a  un  parti  plus 
grand  à  tire^  de  la  baïot\nette;  on  de- 
vrait calcu  er  et  enseigner  une  sorte 
d'escrime  pour  son  emploi ,  pour  la 
rroîser,  pour  empêcher  d'en  gagner  le 
fen.  L'iiifanterit,  étant  propre  A  la 
double  action  du  feu  et  du  choc,  il  lui 
faut  une  ordonnance  qui  règle ,  qui 
eiplique  l'usage  de  ces  deux  proprié- 
tés; mais,  en  cas  qu'une  seule  ordon- 
nance ne  pui^  suffire  à  ce  doubfe 
objet,  et  qiie Ton  reconnaisse  que  deilx 


qui  sera  reconnue  être  roidonnanof 
primitive,  habituelle ,  on  pui^^e  passée 
faoilement  et  avec  promptitude  A  V^r^ 
dennance  acddeutelle  et  momentar^ 
née.  Mais ,  lacpielle  sera  l'ordQnnaiiGe 
priaûtive  et  habituelle?  t'ordonnança 
du  feu,  on  celle  du  qhoc?  Cette  ques^ 
tion  veut  être  examinée.  Avant  d'ètns 
en  mesure  d'aborder  l'ennemi ,  il  faut 
se  mettre  en  bataille,  arriva  A  l'enne- 
mi sans  être  mis  en  désordre  ou  d6r 
trait  par  son  feu  ;  il  faut  au  contraire 
lui  faire  craindre  aussi  du  feu  :  doncH 
est  nécessaire  que  l'ordonnance  pri**' 
mitive  et  habituelle  soit  l'ordounancli 
propre  an  feu ,  c'est-i-<Kre  l'ordna 
mince  :  je  déterminerai  la  furoportioiK 

La  multipHdté  de  l'artillerie ,  h 
sdence  du  choix  des  postes,  celle  des 
retranchemens  ont  rendu  aujourd'hui 
les  actions  de  choc  infiniment  rares{ 
celies  de  feu  étant  plus  communes^ 
raison  de  plus  ponr^que  oette  ordonr 
nancesoit  la  première.  On  m'objectera 
peut-être  que  la  nature  du  tearaîu  ou 
la  situation  de  l'ennemi  exigent qju'on 
aille  A  lui  sans  tirer  et  qu'on  engagf 
une  action  de  choc  Je  suis ,  plus  que 
personne ,  partisan  de  cette  manière 
d'attaquer;  c'est  celle  du  courage^ 
c'est  celle  de  la  nation,  et  preaqof 
toujours  celle  de  la  victoire.  Je  vap 
prouver  maintenant  que  l'ordre  miniee 
est  presque  toujours  le  plus  avanta«- 
genx  et  le  plus  favorable  pQur  eugagw 
une  action  de  choc. 

Commençons  par  détruire  le  pré^ 
jugé  d'après  lequel  ou  croyait  aogr 
monter  la  force  d'une  troupe  en  au^*- 
mentant  sa  profondeur.  Toutes  les  lois 
sur  le  mouvement  et  le  choc  des  corps 
deviennent  des  chimères  quand  on 
vent  les  appliquer  A  la  tactique  :  d'a- 
bord, un  corps  ne  saurait  être  coiopaj|é 
èifue  masse;  car  cette  niasse  n'est  pas 


m 

W  fOfpi  MmpMv  cl  •un  mivniim* 

INM,  tfftMiiiieMnpe  frf  aborde  TeiH 
MM,  H  «'7  a  qne  tel  iMÉMiet  do  raflf 
^  te  ]<ifiit  qii<  aient  forée  dedioe; 
Mm  mm  ^i  iMt  derrière  eax  ne 
j^MtàMi»  terrer  et  t'aiiir  avec  Fad^ 
%ttèû^  »  te  i^eaihNi  ipii  eitelerait 
ÊÊMé  à&à  tétpê  fflifiiqMi;  ite  «mt  !••** 
Wtei  et  Hé  feM  aenveiit  ipi^ooeasioii*- 
iRr  dli  d<iiMrdre  et  du  Mifiislte.  tmùm, 
rê  j^endci  ^kec ,  tiAt-fl  a^Nrfr  Itao  de 
lÉfliiilnre  I  eê  fM  tons  tes  fiftgi  7  eatt» 
iKtumit,  Il  eiiste  dans  ime  traapè 
(Mil{K^8£i  a  MlirMii  i|Éi ,  nuiflilMto*- 
iMht  du  tioiiis,  calealentet  aentent  te 
iMtar,  CM  aerte  de  HMrikfie  et  de 
ifarniton  de  tolNités  ipil  mtentlt  lié» 
éiamriMimt  ta  déleradnatiDn  de  la 
Mardie  et  la  iheiire  du  ^.  Be  là,  filus 
ié  4iiMtM  entfftre ,  abaeliie  de  wi«- 
▼eiaeMt,  j^rai  de  predint  de  iMMea  et 
ife¥lleiia,  |dM  dei^hoe*,  car  te  choc 
al^|iMii  ^ce  taiitean,  une  fois  in^ri»- 
itéo  ail  eiir^  et  hmo  par  te  Ibroe  wb 
Weei  0IimNih  jnsi|É*a  te  rèoeeDlredci 

Mlil ,  dNkt-'OO ,  Si  f  o«s  nfef  i|«e  te 
WMmàmf  de  llirdoiNiaiice  ajoute  é 
iitoWa^  éters  ?oos  vonlet  <pMB  rtnfaa 
IHte  «èit  rangée  mtt  «n  bonne  de 
miHni.  Hén  «  «mis  {a  vmn  qêB  te 
Miiliilidrioi  de  rordonnsiioe  aoit  dft^ 
aennliiee  fiar  T eapèea  «amaa  et  par 

11  pffvwmipii  ^ve  ces  wes  pevfQwc 

pfsfleraa  pfMÉÏer  raiif .  Or,  trois  hon- 
■Éiv  1^*  AfitKte^  f asrtfo  et  bien  eiar- 
eés,  peuvent  tirer  «fsee  fadUié;  les 
tManneMia  d«  seoatid  €l  4n  irateiftme 
iÊÊf ,  panvent ,  laïa^oa  tes  ran^  ae 
fWMNImt  vMteirnlseetappanpav  k 
pKMer*  0ane,  ^  ^nmk  i|n  *aci  saiome 
awr  frasi  fSMi|^ ,  ea  aMOS  asKM  cas  asr 
4|Mt««l  lit;  «M-,  «»d<lè  et  «rais 
wfuinea  de  pf^ondev^  on  ne  thna  ni 


nriers.  S'il  arrifaR  eepeniant  pi  h 
nainre  dn  terrain ,  <^  eondniiailâ 
conrert  snr  ronnemi^  on  ^w  f  alta|ii 
d'an  ratranchement,  bn  ontn  qnalp 
autre  circonstance,  qui  dnil  lise 
promptement  jugée,  rendit  la  dinnaa- 
lion  du  front  nécessaire  pour  se  roh 
forcer  sur  un  point  pour  y  attaquer  et 
percer,  aloif  il  faut  femar  rînfanteris 
en  colonnes  ;  mais  ce  ne  sera  pas  ponr 
avoir  la  pression  exacte  et  chiméri^ 
que  qndquos  tacticiens  se  pro^sottant» 
ni  pour  augmenter  la  prétendue  Com 
du  choc;  ce  sera  pourse  procurer  cette 
sneeessten  eontime  de  snonranMnt 
qui  tessa  qi'nne  diffaiont  entraknfe 
par  ta  diilsion  mirante,  aoil  eonMW 
foreée  d'arrirer  sur  te  point  0a  Vm 
rent  teire  effort;  oa  sem  snrtont  pne 
qneeet  ordre  donna  da  la  confiance  an 
soldat  et  Intimida  Tennew.  Vnid  an 
résnmé  mon  opinion  sur  cette  qn» 
tion  grave  :  Tordonnance  prinAire  at 
faaMtnelte  de  rinfisoterie  doit  «Iso  av 
trois  rangs  de  fwvfondenr;  Tonte»- 
nance  nnonientanée  et  aocidentala 
aéra  en  coioone«  Pnia«  c'est  wmofin 
de  la  firéqnence  des  exercices  ot  n^ 
nasnvras  qne  l'on  parviendra  à  pwNr, 
selon  l'occorence«  avec  ordre  e|  mf^ 
do  l'une  à  Tantre  de  oea  oirion- 
;  le  succès  en  dépend. 
6i  l'on  objecte  qo'il  est  dtfBdte  é» 
teire  OMicher  en  ligna  mince  et  floa^- 
tante  nn  bataillon  dont  on  a  étendu  le 
font  aoi  dépens  de  te  profiaodenrt  Je 
fïipondnf  qu'on  j  parvient  en  divisant 
cette  ligne  cile-ai£me  en  plnaîfnrs^ 
partie  Un  bateiltein  formé  sur  t^ 
rangs  doit  avoir  nn  front  de  cent  qnn- 
mnte  à  cent  quatre  y'mglb  filea^  ^  4ai 
porte  te  bataillon  de  ifàêàre  cent  iteft 
bommes  à  cinq  cent  quarante  :  ton!  ee 
qui  est  m«dessons  dn  premier  rhUnn 


4MRiil»VMi* 


vn 


Menda  et  trep  flottant»  Goilieil  n'aiH 
prouvepaslacoroposîtiQiid'tili^tlilliPII 
4«  ffletfe  im  de  OMi{Niiii0  pot  té  k  twit 
émtp  bomiBMt  en  nême  temps  Qu'il 
tmU  que  on  bataHlMs  «oient  ffff{6%  m 
piiis  à  eeni^Mtfe  vingts  (Ues*  Pt  ^INH 
tMBOiaBt  teirai  90  oomptot  ftu  m^Jf^fl 
#lMiMMt  robattet  et  a%^Hé$  duoi  1^9 
éèpAto.  Le  nambra  impair  ast  fo  bâta 
4e  Imte  fbramtiM  eu  iMitaill^n  ;  ctivin 
Hofi  da  draila,  df^imon  de  gonçha  at 
dMaion  dut  eentfa }  chaame  ae  POiht 
|eta  de  treia  aompagnjei;  trois  b^iailr 
looa  ferment  w  ré|ipii6nti  trois  régitr 
«ee  dîvîsioo ,  at  troif  divîsiaps 
rtnfeotaria  d'une  irq^ée^  I^ 
La  BOflibve  trois  divise  aoe  tffoupa  ep 
iMis  partiel  :  droite,  gaoeha  et  aaptr^, 
at  tette  diviafoii  est  ploa  fav#r«||le  aoi 
combinaisons  de  la  tactique  que  \fi  ^vr 
viaieB  en  quatre  partîea  ;  chiiiëia  par 
irsfiracs,  eik  fiot  adoptée  p^r  Qnitav^ 
Adelphe  et  Chariaa  XU.  Il  était  néoep- 
lairo,  poar  preeéder  afea  métliP4«»  d^ 
peaer  d'abord  les  prineipaa  de  rjordoq- 
eanee  et  de  la  formation  dp  l'jnfante- 
ria.  Loin  de  rien  détnijra,  tJuibart 
vent  aMkment  tirer  parti  d«  o  qui 

nisle  «  at ,  mof annant  quelques  lé- 
gara  ehangemeps,  nos  botaillons,  40Pt 
is  {eamelion  est  la  pies  ava«t|iig#M4e  « 
léeniroot  \»u  pvoprif'jbi^  dil  (i^^ ,  4u 
a|me,4«  la.lég^t^  §t  mém?  4e  |a 
prefiNidaiir* 
Laa  onaians  (ipporfaM^fit  wb  ^ttep- 

lion  particalière  é  U  formation  4^1 6-~ 
les;  chacune  d'elles,  chaque  soldat 
avait  un  nom  particulier;  la  nomen- 
clature de  l^pr  l^çlifff^  4*tpil  immense. 
Chei  les  Romains ,  un  soldat  occupait 
toïW»n»  te  IP6n§  Pteçe  4ans  la  même 
file;  il  était  désigné  par  un  numéro 
amé  ggr  non  pom^-  hç»  officiers  de 


gligé  de  no^  jqqrf  ;  qr  ^qvrf  it,  ((ans  Ig 
formation  des  rangs,  avoir  surtout 
éia»4  à  1«  ïéh^ança  çlq  s|ol4^t  i  to  for- 
iqgUon  unique,  eiiclqsivç  par  tc^lUe, 
n'gbmtit  qu'il  une  vginç  ^r^^e  ;  ç\\? 
biimiH^  rao««îO  soldat  qu'is^e^  l^is^e 
ÇQpfttamiprat  W  «JCTRÎ^r  rang;  Qui t 
bart  ¥qii4r9it  qUR  |e  prepier  rf^n^j  f4t 
eoeipoaé  ^^f  lojdats  |f:^  plus  ftpçions,, 

Usprii|(;ipe4  4c  la  msfrqhfi  çhrj  les 
Graoi  et  Ips  Rpm#|ns|  Ap  ^Rt  prf4«8 
9vqeles  4ét&i|s  iptéfienH  tfe  leqrs  éçor 
les  4#  taciigupj  qn  P§  RÇ^t  Ç<^V^^*?* 
dtt^ter  an'olla  ne  f^t  naifame  et  ça- 

4iinçé§  i  fpai»  m^%  pe  cq^paj^sons  ni 

le  mé(^nîiime  t  ni  l^  n^asure ,  n j  U  vi- 
taasa  4e  lepr*  pa^,  Ce  n'est  qu'w  çopu- 
menpapQeqt  4u  4i?-l^ftltJè«we  siècle  (pe 
M  marche  «df^ncée  a  ét^  adçpiée  en 
Bvrope;  Je  maréchal  dp  gaxe,  qui  con- 

tribng  pvawmmcpi  4  rintrp4uire  dans 

nos  armées,  4isi|jt  qu^  feut  je  secret  de 
)a  tijptiqnp  est  4ans  jps  jam^iPS.  (Juibert 
distingue  trois  wrte§  4e  pas  :  ordi- 
naire, ap^éléré  fii  pa^  4e  çpurse  ;  sçlqn 
)u< ,  la  meaurç  4u  pa9  pr4ipaire  dpit 
^Ire  4p  vipgl  poi«?p8}  flxép  à  deux 
pje4s,  il  fi^ijgup  le  ftoWat  4'!inP  taiUe 
pi^n  élevée.  M  yitP^se  4»  pas  ordinaire 
4ojt  élr^  4e  quatrP- vingts  par  jfninute , 
d^  aan^  soii^anM^  pour  \^  P^^  re4oublé 
at  de  4a|iv  cpnt  vingt  pçqr  le  pps  de 
pourse.  i^  pépe^çijté  4'ftssi|jemr  le  sq|. 
4aU l'égalité  4»  paî?,S0U9  ).e  4(?Rbje 
rapport  4^  réten4ye  ef  4^  1»  vitesse , 

p'p  pins  besoin  4  éirg  4éwnirée.  ï,e 

pga  de  fla^c,  û^  par  Pie .  ^st  la  base  de 
t^na  iea4épto|tropn?.  J^scpIPpagnies, 
nbaçune  e»  pprtjçnlier,  py^nt  ,él.é  4res- 
^1.'^  ;>  la  Biarphp ,  QP  PP  r^Mnira  sqc- 
eesjiîremeot  4*-^»,  trpis,  paire,  puis 
tebaWlIPP  /epJipr,  p}|i§  |e  résinent. 
M  pa?  9r4ifl.air^  es^  le  pas  4e  prii^cipe, 
4^  parpdp,  11  fmi'  «PS  rfPSte  qu'une 
trwpe  flW  ffltr^be  «>»  haî^lHe  sçit 


è^WM^IMi^WXri^lrâltMtirQyné-  |)igD(^^  PMM  ^^1  »t  r9l>j^t  4e  cet 


iV2 


olig()(^ment  et  jusqu'à  quel  point  faut- 
il  le  porter? 

Alors  que  tous  les  combats  d*infaii- 
terie  se  terminaient  à  l'arma  blanche 
et  par  le  choc ,  it  était  indispensable 
qut'  ralîgnement  d'une  troupe  allant  à 
la  charge  fût  d'une  régularité  exacte, 
aussi  voit-on  oue  l'on  s'en  préoccupait 
beaucoup  en  Grèce»  et  à  Rome  ;  mais 
aujourd'hui  qu'il  arrive  peu  que  deux 
corps  d'infanterie  s'abordent,  se  heur- 
tent et  se  croisent  à  la  baïonnette, 
l'alignement  trop  minutieux,  trop  sy- 
métrique, devient  un  point  non  seule- 
ment difficile ,  mais  encore  impossible 
àatteindre  si  la  ligne  d'infanterie  est 
considérable.  L'alignement  vraiment 
utiltu'onsiste  donc  dans  un  accord  de 
mouvement  de  la  perfection  duquel  on 
approchera  plus  ou  moins  selon  que 
rétendue  du  front  ou  la  nature  du  ter- 
rain le  rendront  possible,  mais  qui 
n'engagera  jamais  à  faire  ralentir  ou 
raccourcir  le  pas  ;  car  le  premier  objet 
de  la  marche  est  d'avancer  :  toute  mar- 
che qui  ne  remplit  pas  cet  objet  est 
puérile  et  ridicule.  L'infanterie  doit 
seulement  marcher  devant  elle ,  droit 
et  perpendiculairement  à  l'extrémité 
de  ses  ailes,  de  manière  à  arriver  avec 
exactitude  à  une  donnée  parallèle  à 
son  front.  Guidé  ainsi ,  un  bataillon  ne 
flottera  pas ,  ne  s'ouvrira  pas ,  ne  se 
jettera  pas  sur  son  intervalle ,  et  lors- 
qu'on aura  ordonné  à  une  ligne  d'in- 
fanterie de  se  porter  sur  tel  point,  soit 
pour  atttaquer  l'ennemi,  pour  l'em- 
brasser on  pour  le  tourner,  cette  ligne 
arrivera  droit  à  l'objet  indiqué  :  Toffi- 
cier,  qui  conduira  une  aile  de  cette 
ligne,  prendra  une  direction  de  marche 
perpendiculaire  an  front  de  Tennemi 
en  donnant  aux  parties  qui  débordent 
une  direction  offensive  sur  le  flanc; 
les  études  du  champ  d'école  auront  ap- 
appris  à  assurer  Tidignement  et  la  di- 


ARtItURIÉ;    ^ 

rection  de  la  marche  :  ces  deux  points 
sont  importans. 

Les  évolutions  faites  devant  l'en- 
nemi doivent  être  faciles,  en  petit 
nombre,  et  surtout  exécutées  avec 
promptitude;  car  le  mouvement  que 
fait  une  troupe  pour  passer  d'un  ordre 
à  un  autre  la  jette  nécessairement  dans 
un  état  de  désunion  et  de  faiblesse 
d'où  il  est  important  qu'elle  sorte  le 
plus  promptement  possible.  !l  n'y  a 
pas  d'évolution  dangereuse  en  eHe- 
même  ;  tout  dépend  de  la  circonstance 
à  laquelle  on  l'applique ,  et  cet  à-pro- 
pos consiste  dans  la  combinaison  la 
plus  précise  du  temps  qu'on  emploiera 
à  faire  son  mouvement,  et  de  celui  né- 
cessaire à  l'ennemi  pour  venir  le  trou- 
bler. La  pratique  seule  peut  servir  de 
guide. 

L'école  du  soldat,  le  nranieraent 
d'armes ,  la  marche,  les  feux ,  les  évo- 
lutions, les  mouvemens  de  conversion, 
lès  formations  en  colonne,  en  bataille, 
les  changemens  de  front  ont  été  traités 
par  Guibert  avec  des  détails  étendus 
et  didactiques  que  nous  ne  croyons  pas 
devoir  reproduire  dans  le  crainte  de 
surcharger  inutilement  notre  texte, 
puisque  ces  matières  ont  été  l'objet  de 
de  règlemens  spéciaux  et  élémentaires 
qui  laissent  peu  à  désirer.  1^  ledenr 
reconnaîtra  que,  par  suile  du  phin  que 
nous  avons  adopté,  nous  avons  soin  de 
ne  traiter  que  des  questions  d'un  inté- 
rêt général  et  élevé. 


CHAPITRE  IX. 
Essai  SUT  la  laeUqne  de  la  cavalerie. 

En  tenant  compte  de  ta  différenob 
essentielle  qui  existe  entre  l'arme  de 
l'infanterie  et  celle  de  ta  cavalerie .  il 
doit  cependant  régner  entre  elles  une 


AETnXEKIB» 


i^raodc  analogie  puisque  elles  concou- 
rent au  même  but.  chacune  selon  ses 
moyens.  Le  bataillon  et  Tescadron 
étant  formés,  les  détails  cessent  et 
lears  efforts  n'ont  plus  qu*un  seul  ob- 
jet ;  ce  sont  des  pièces  d'édu^piier  qui, 
ainsi  que  Tartillerie,  se  trouvent  dans 
la  main  du  même  joueur.  Un  général 
en  chef,  digne  de  ce  nom,  doit  combi- 
ner leurs  ressources  et  les  faire  cou- 
roarir  à  un  résultat  unique. 

Chez  les  natioDS  sans  discipline  et 
sans  lumières ,  la  cavalerie  est  la  pre- 
mière arme  des  armées  ;  dans  celles 
ou  la  discipline  et  les  lumières  ont  fait 
des  progrès  elle  devient  la  seconde; 
mais  la  seconde,  nécessaire,  indispen- 
sable et  souvent  décisive.  La  perfection 
de  l'art  oûlitaire  ouvre  aux  opérations 
de  l'infanterie  une  carrière  plus  vaste 
qu'à  celles  de  la  cavalerie.  L'infante- 
rie, propre  aux  travaux ,  aux  sièges,  aux 
combats,  à  toutes  les  natures  de  pays« 
peatse  sufiire  à  elle-même,  tandis  que 
la  cavalerie,  qui  n'est  propre  qu*à  une 
seule  action>,  qu'à  une  seule  nature  de 
lorrain,  ne  saurait  se  passer  de  la  pro- 
tection de  Tinfanterie.  En  même  temps 
que  je  considère  la  cavalerie  comme  la 
seconde  arme,  je  dis  aussi  qu'elle  est 
partie  essentielle,  constitutive  d'une 
armée.  En  effet,  c'est  souvent  la  cava- 
lerie qui  décide  le  sort  des  combats, 
qui  en  complète  les  succès ,  qui  pro- 
tège l'infanterie  lorsqu'elle  est  disper- 
sée; c'est  elle  qui  fournit  les  avant- 
gardes,  qui  tient  la  campagne,  c'est  à 
elle  que  sont  exclusivement  confiées 
les  expéditions  rapides.  L'infanterie 
pourrait  agir  et  combfAtre  sans  la  ca- 
valerie; mais  elle  t: 'avancerait  qu'à  pas 
bien  lents;  elle  serait  incessamment 
harcelée,  et  exposée  à  manquer  de 
subsistances,  de  munitions.  La  r>avale- 
rie,  sans  infanterie,  ne  saurait  s'établir 
dans  aucune  position,  et  ne  produirait 


rien  de  décisif;  mais  ta  cavalerie 
plutôt  être  bonne  que  nombreusix 
Plus  on  fera  de  progrès  en  tactique, 
plus  on  sera  convaincu  de  cette  venté  ; 
à  mesure  que  la  tactique  fera  des  pro^ 
grès,  lorsque  l'infanterie  ne  se  croin^ 
pas  battue  alors  qu'elle  ne  sera  pas 
soutenue  par  la  cavalerie ,  cette  der- 
nière arme  n'entrera  que  pour  une 
juste  proportion  dans  la  composition 
d'une  armée.  Si  la  cavalerie  est  portée 
au-delà  des  bornes  raisonnables ,  elle 
devient  onéreuse  pour  l'État  qui  doit 
l'entretenir  en  temps  de  paix  ;  et,  s'il  ne 
l'augmente  qu'an  moment  ou  k  guerre 
éclate,  il  faut  alors  entrer  en  cam- 
pagne avec  des  régimens  nouveaux^ 
avec  des  cavaliers  inexpérimentés,  avec 
des  chevaux  non  dressés  :  un  bataillon 
peut,  sans  porter  atteinte  essentieHe  à 
son  ensemble ,  recevoir  quelques  jeu- 
nes soldats;  mais  qu'on  introduise, 
dans  l'escadron  le  plus  instruit,  de^ 
cavaliers  ou  des  chevaux  non  dressés , 
le  faux  mouvement  d'un  seul  suiBt  à 
faire  échouer  une  manœuvre  entière. 
La  cavalerie  n'a  qu'une  manière  de 
combattre:  la  charge  ou  le  choc;  son 
feu  ne  produit  presque  aucun  résultat; 
mais  la  cavalerie,  ayant  la  faculté  de 
se  transporter  avec  rapidité  d'un  point 
sur  un  autre,  peut  subitement  changer 
la  face  des  évènemens.  Pour  que  la  ca- 
valerie jouisse  de  cette  vélocité  de 
mouvemens  à  lai^uelle  sont  dus  de  pa- 
reils résultats,  il  faut  qu'elle  ne  soit  pas 
appesantie  par  ses  armes,  ni  contrariée  ^ 
par  son  ordonnance.  Il  faut  donc  re- 
noncer, pour  hï  cavalerie,  à  l'ordon- 
nance de  profondeur  '^*  ^ux  armures 
pesantes.  La  cavalerie  en  panne  doit 
se  tenir  hors  de  la  portée  du  feu  de  la 
mousqueterie  ;  elle  ne  doit  s'attaquer  à 
l'infanterie  que  lorsque  cette  dernièfts 
est  ébranlée  et  en  mauvaise  conte- 
nance, parce  qu'alors  le  feu  qu  eiieqp* 


iTk  AUTlLLfefta. 

raiera  $%t  pen  redoutablî.  Gnibert,  en 
désapprouvant  toutes  armes  défensives 
contre  te  feu ,  voudrait  cependant  que 
Ton  prit  quelques  pré<  ayilionS  pour  ga- 
rantir le  cavalier  contre  V^nme  blanche; 
tfu'on  couvrit  $a  tète  <l'un  casque  à 
répreuve  du  coup  de  sabre  et  ses  épau*^ 
les  de  trois  rangs  de  chaînes  de  mailles 
attachées  sur  une  épaulette  de  cuir.  La 
cQYol^He ,  allant  â  la  charge ,  a  sans 
contredit  une  force  de  choc ,  m^ls  qui 
Q^egt  produite  que  par  la  vitesse  avec 
laquelle  elle  se  n)eut,  et  par  la  quaptlt^ 
4e  massç  du  premier  rapg  seulement; 
ainsi ,  pour  procurer  à  la  cavalerie  une 
plus  grande  quantité  de  piouvemens  et 
(me  force  de  chôc  plus  décisive,  ce 
n'épt  pas  la  profondeur  de  son  ordon- 
nance, mais  la  quantité  de  vitesse  qu'il 
faut  augnienter.  Il  existe  une  diffé- 
rence remarquable  eutre  Taçtlon  de 
dioc  d'une  troupe  d'infanterie  çt  celle 
d*une  troupe  de  cavaleriç  La  première 
est  jiouvent  ralentie  dans  son  moii\e- 
ment  par  Tinstinct  machinal  qui  fait 
hésiter  le  soldat  à  l'approcbe  du  don- 
|er.  La  troupe  d(^  cavalerie ,  pu  con- 
traire, étant  uno  fois  déterminée,  les 
chevaux  3*animent  à  un  tel  point  par 
façcéléraliop  et  par  Tepsemble  du 
ipouvemer:t,  qu'ils  entraînent  la  vo- 
lonté du  cavalier  et  le  portent  Jusque 
ipr  rermemi  sans  que  la  force  motrice 
éprouve  de  ralentissement. 

Vordnnnancehabltu<?Ue  He  la  cava- 
l^jç  doit  être  sur  deux  rangs;  ce  n'est 
f^  que  le  second  augmente  la  force  de 
choc  ;  car,  là  où  ii  n;^  ffiut  y  avoir  près- 
^pp  exacte,  la  quantité  de  ipanse  ne 
laip-ait  s'accroître  :  mais  c*estpQur  quj 
leieçood  raQ([  puisse  remplacer  les 
p^te9  et  Içf  vides  du  prerpîer,  c'est 
pour  qu'arrivé  sur  l'isnnemi,  çt  étapt 
^èlé  avec  {yi ,  ce  ^çpnd  rang  aug- 
Ipieute  le  ooiyibre  des  combattans. 
Le  front  d«î  l'escadron  doit  être  cal-» 


culé  sur  sa  profondeur;  trop  petfl, 
Il  n'aurait  pas  de  consistaoce  et  sen 
choc  serait  sans  eflbt.  La  juste  propor- 
tion du  front  de  Tescadron  de  ^erre , 
portée  à  cent  cinquante  ou  ccn  t  si^lxante 
hoi(imes ,  sera  de  quatre-vingts  cava* 
jlers.  Lorsque  deux  escadrons  se  cho- 
quent, s!  toutefois  ils  en  arrivent  an 
coup  de  poitrail,  ce  n*est  jamais,  sur- 
tout s'ils  ont  un  grand  développr*meTit, 
par  le  front  entier  de  l'escadron  vain- 
queur que  l'escadron  vaincu  est  ren- 
versé; il  est  ordlnairepient  emporté 
par  le  centre  ou  par  une  aile;  donc 
une  partie  du  front  qui  a  chargé  n'a 
pas  agi  et  n'a  même  peut-être  pas 
abordé  ;  donc  cette  partie  inutile  au- 
rait manœuvré  sur  le  flanc  et  avec  suc- 
cès ;  donc  les  petits  escadrons  sont  pins 
propres  &  aborder  l'ennemi  et  à  faire 
contact  de  tout  leur  front.  Lorsque  j^ii 
propos^  de  réduire  le  front  du  batail- 
lon h  cent  cinquante  Qles,  ]'ai  insisté 
sur  la  nécessité  de  le  tenir  constam-*- 
nient  au  complet  au  moyen  de  soldats 
et  de  chevaux  dressas.  Ces  deux  con- 
ditions sont  encore  plus  indispensables 
pour  l'escadron  dans  lequel  il  ne  faut 
introduire  ni  cavaliers,  ni  chevaux 
neufis  ;  un  seul  mouvement,  un  mou- 
vement isolé  suffisant  pour  le  désac- 
corder, il  faut  beaucoup  de  temps  pour 
former  un  bon  cayalicr  ;  Gulbert  ac- 
corde ce  titre  pon  à  pn  homtpe  exercé 
à  manier  son  cheval  avec  grâce  et 
adresse,  non  à  un  écHyer,  mais  an  sol- 
dat robuste  placé  sur  son  coursier  ainsi 
qu'il  doit  l'être,  et  le  dirigeant  par  son 
étreinte  et  par  son  assiette  vi^ureuse 
par  l'éperon  et  le  poi^et  plus  encote 
que  par  les  (Ipesses  de  Téquitation.  Un 
bon  cavalier  est  eclui  qui  a  servi  plu- 
sieurs années  et  qui  ne  trouve  rien 
4*|fopos^ible  à  lui  et  à  son  cheval.  Cest 
dans  la  formation  en  bataille,  dans  la 
promptitude  et  la  régularité  avec  tes- 


V 


fpidh^  i;e  flmivtmeiit  est  eiécaté, 

IM  ooimbtent  véritabicinent  b  icien- 
ce»  la  force  et  l'action  de  la  cavalerie. 
Toua  iea  moavemeni  de  la  i:avalerie 
âoîvent  ae  (aire  en  bataille  ;  il  peut  ce- 
fiMiaiit  m  préaeoter  quelques  occa- 
ijops  ۈ  il  aoit  avantageux  de  charger 
m  eofawne,  dans  le  cas,  par  exemple , 
fèroB  devrait  Attaquer  une  infanterie 
mwomée  qui  piéiieiiterait  un  flanc, 
m  floi  laîiaerait  dea  angles  dégarnis 
éa  -feu,  et  sur  la  capitale  deaqueU  on 
piWBit  arriver  presque  à  couvert. 
Atori  Iea  eolonoes  d'attaque  de  la  ca- 
iqiierje  doivent  £tre  composées  de  de- 
W'^aGidraoa,  ou  d*escadrons  se  sui* 
vwt  à  peu  de  diataoce«  se  portant  sur 
riaftuterie  par  une  succession  d'ef- 
Ibrta,  et  conservant  «  au  moyen  des 
JilerviUeat  la  faculté  de  manœuvrer  et 
^dwoger  la  direction  de  leurs  atta- 
pei*  CbaCDQe  de  ces  colonnes  ne  doit 
Ipa^lra  coniposée  d'un  grand  nombre 
fgacaiimns;  il  est  préférable  de  les 
HalUplîir  et  d'eu  attacher  k  tous  les 
imlea;  car  Imr  profondeur,  sans  aug- 
.jwoter  reflkt de  la  charge,  oÎTrirait  plus 
40pnie  w  tmi  de  l'ennemi  > qui  devien- 
drait «Ion  plus  meurtrier.  Une  autre 
oefeaaion,  où  il  est  convenable  de  char- 
ger en  colonne,  est  celle  où  l'on  devra, 
avec  une  cavalerie  supérieure,  charger 
un  corps  decavilerle  ea  nombre  infé- 
rieur,  mais  occupantune  position  avan- 
taJÎélHe,  et  tes  ailes  tellement  appuyées, 
^*il  ne  puisse  être  tourné  ou  tftté  par 
4le^rjQlisnlerJe  oa  par  de  la  cavalerie,  à 
lafueUe  on  aurait  fiiit  mettre  pied  à 


ÂaTuxiàu.  Vtt 

pour  la  cavalerie  ;  il  convient  de  re^ 
chercher  les  principes  sur  lesquels  se«« 
ront  fondées  sa  constitution  définitive, 
son  ordonnance;  il  faut  simplifier  ses 
manoeuvres ,  les  rendre  plus  rapides , 
plus  décisives  et  phis  analogues  à  celles 
de  l'infanterie. 

La  science  militaire  est  seule  une 
encyclopédie  ;  c'est  la  plus  intéressante 
des  sciences,  soit  qu'on  la  considère 
sous  le  rapport  de  la  variété  de  ses 
détails ,  de  1  iniportance  de  son  objet, 
de  la  gloire  ou  dea  grands  intérêts  qui 
en  dépendent. 


L'aurme  de  la  cavalerie  est  une  arme 
^^a^iratian;  il  fiiut  savoir  distinguer 
4jaiair  le  moment  préfii  et  bien  fu- 
0i  aà  il  convient  de  manœuvrer, 
Cattaqyar-  Ici  tout  dépend  du  dief«  de 
IMaacité  de  um  coip  d'opil,  de  son 

habileté.  Il  y  a  encore  beaucoup  è  faire 


CUAPlTftJE  X. 

Hm  ardna^e  teuiUi^  ^  Ordre  iiaralléla,  ôtéfë 

ObiÎ4|UÇ. 

U  fisttt  appeler  ordre  parallèle ,  dit 
Guibert«  une  disposition  de  bataille 
dont  le  front,  développé  parallèlement 
à  celui  de  rennemi ,  peut  entrer  en 
action  à  la  fois  de  toutes  les  parties 
qui  U  composent.  Quand  je  dis  paral- 
lèlement, on  ne  doit  pas  entendre  ce 
mot  dans  sa  précision  géométrique  ; 
car  îl  y  a  peu  de  localités  qui  puissd^ni 
perosettre  i  deux  armées  de  s'étendre 
sur  des  fronts  exactement  parallèles 
l'an  à  l'autre.  Le  nom  d'ordre  paral- 
lèle appartient  donc  à  une  disposition 
qui  place  tous  les  (.orpa  de  deux  armées 
les  ans  vis-à-vi»  des  autres»  en  mi^aure 
et  a  port4^  de  combattre.  C'est  ainsi 
que  les  armées  furent  disposées  dans 
les  preaâers  Ages  de  la  science  mili- 
taire*  Ces  âfwées  n'étaient  pas  aussi 
nombreuses  que  celles  de  nos  jours  ; 
elles  se  formaient  sur  une  ordonnance 
IBoiat  étendue  ;  on  était  armé  de  ma- 
nière i  avoir  besoin  de  a'approcbi^r 

pour  se  nuire  ;  on  ne  connaissait  pat 


*'« 


toutes  les  finesses  de  la  tactique  ;  on 
était  moins  éclairé,  peut-être  était^oii 
plus  courageux.  Chacun  voulait  corn- 
ballre,  avoir  part  au  danger,  à  la  gloi- 
re. Les  batailles  étaient  plus  sanglantes 
que  les  batailles  modernes.  L'ordre 
parallèle,  étant  le  plus  simple ,  a  été 
l'ordre  primitif.  Végèce  distingue  sept 
ordres  de  bataille  ;  Guibert  les  réduit  à 
deux ,  Tordre  parallèle  et  l'ordre  obli 
que. 

Les  armées  supérieures  en  nombre 
s'efforçaient  d'envelopper  l'entiemi  et 
d'agir  sur  ses  flancs.  Cependant  des 
généraux  habiles,  placés  à  la  tète  alar- 
mées peu  nombreuses,  cherchèrent  les 
moyens  de  suppléer  à  cette  infériorité, 
en  perfectionnant  la  tactique  par  des 
mouvemens  mieux  combinés;  ils  re- 
connurent qu'ils  pouvaient  porter  l'é- 
lite de  leurs  forces  sur  un  des  points 
de  l'ordre  de  batailles,  et  n'engager  le 
combat  que  sur  un  seul  point  :  voilà  la 
naissance  de  l'ordre  oblique.  Puis  les 
armées  inférieures,  au  moyen  de  re- 
tranchemens,  et  profitant  des  obstacles 
naturels  du  pays,  réduisirent  à  peu  de 
points  ta  possibilité  de  les  attaquer; 
aussi  l'ordre  oblique  n'est  presque  plus 
en  usage,  et  le  système  actuel  de 
guerre  est  fondé  sur  la  science  des 
mouvemens  et  le  choix  des  positions. 
f.es  progrès  de  Tart,  en  substituant 
l'ordre  oblique  à  Tordre  parallèle,  ont 
rendu  les  batailles  moins  meurtrières. 
Il  est  heureux  pour  Thumanité  que  le 
talent  des  généraux  ,  et  non  une  plus 
grande  efltasion  de  sang,  décide  la 
question.  Le  grand  Frédéric  a  incon- 
testablement la  gloire  d'avoir  retrouvé 
les  dispositions  de  Tordre  oblique,  con- 
nu, à  la  vérité,  des  anciens,  mais  dont 
les  détails  d'application  avaient  été 
perdus. 

Guibert ,  à  Tantorité  duquel  il  faut 
souvent  avoir  recours ,  donne  le  nom 


ABTILLBRIE. 

d*or(ire  oblique  «  a  tooce  disposition 
B  OÙ  Ton  porte  sur  l'ennemi  une  partie 
»  et  Télite  de  ses  forces ,  et  où  Ton 
9  tient  le  reste  hors  de  portée;  toute 
y>  disposition,  en  un  mot,  ou  Ton  atta- 
»  que  avec  avantage  un  ou  plusieurs 
»  points  de  Tordre  de  bataille  ennemh 
»  tandis  qu'on  donnp  le  change  aux 
»  autres  points,  et  qu'on  se  met  hors 
)>  de  mesure  de  pouvoir  être  attaqué.  » 
Tout  ce  qui  peut  tromper  Tennemi, 
sur  la  répartition  des  troupes ,  dans 
Tordre  de  bataille ,  ainsi  que  sur  leur 
destination,  devant  être  employé  dans 
Tordre  oblique,  il  faut  savoir  y  faire 
usage  du  mélange  combiné  des  dé^ 
ploieraens  o  distances  serrées  et  à  dis- 
tances ouvertes.  tJn  autre  avantage  de 
Tordre  oblique  étant  d'étonner  Tcn- 
nemi  par  une  disposition  imprévue,  et 
de  Tattaquer  avant  qu'il  ait  eu  le  temps 
de  changer  la  sienne ,  il  faut  disposer 
les  colonnes  à  distances  si  bien  combi- 
nées, qu'aussitôt  déployée,  Taile  qui 
doit  attaquer  puisse  marcher  prompte- 
ment  à  Tennemi  et  le  joindre;  c'est 
au  général,  chargé  de  lancer  les  colon- 
nes ,  qu'il  appartient  d'imprimer  à  oe 
mouvement  la  vivacité  et  la  régularité 
qui  doivent  en  assurer  le  succès. 


CHAPITRE  XI. 

Rtpport  de  la  conn^isiaoce  dei  lemini  avec  la 

Uctiqoe. 

Les  ordres  de  bataille,  chez  les  Grecs 
et  les  Romains,  étant  plus  profonds  et 
moins  étendus  que  les  nôtres ,  n'exi- 
geaient pas  un  grand  développement; 
donc  la  reconnaissance  des  terrains 
avait  moins  d'importance  ;  on  trouve  à 
peine  quelques  détails  topographiques 
dans  le  récit  de  leurs  batailles,  qui  se 
livraient  presque  toujours  en  plaine  ; 


AKIUXBMI. 


iM  iBiMMBiivni  teient  te  teui  moyen 
employé.  Une  arme  appayait  l'autre 
arme;  la  caYalerie  formait  les  ailes. 
César  remporta  la  victoire  à  Pharsale , 
parce  qu'il  avait  disposé  son  armée  en 
édielons  obliques;  il  est  rarement 
qnesliOD  dans  l'histoire  ancienne  d'une 
aile  qui  ait  cherché  protection  dans  la 
mlure  du  terrain.  Quant  aux  affaires 
.de  postes,  il  n'en  est  jamais  fait  men- 
tion ;  l'espèce  de4  armes  et  de  la  tacti- 
que des  anciens  ne  les  y  rendait  pas 
propres.  La  phahinge  n'avait  de  force 
que  dans  les  plaines.  Une  légion  ro- 
maine avait  toute  sa  confiance  en  elle- 
mtaie.  Tant  que  l'infanterie  fut  brave 
et  bien  armée,  tant  que  les  machines 
de  guerre  ne  se  multiplièrent  pas,  tant 
qa*on  se  battit  rorps  à  corps,  il  en  fut 
ainsi  ;  mais  lorsque  les  légions  dégé- 
nérèrent, lorsqu'elles  quittèrent  les 
armes  défensives,  elles  devinrent  timi- 
des et  tremblantes  dans  les  plaines, 
lorsque  les  catapultes  et  les  balistes  se 
multiplièrent  dans  les  armées,  comme 
les  canons  se  multiplient  aujourd'hui 
rinna  les  nôtres,  on  commença  à  avoir 
recours  aux  ressources  du  terrain,  on 
chercha  les  hauteurs,  on  espéra  aug- 

Ïnter  par  elles  l'effet  des  machines 
jet ,  on  tâcha  de  mettre  des  obsta- 
cles entre  l'ennemi  et  soi.  Dans  les 
guerres  d'Arien  contre  les  Alanes,  on 
voit  les  détails  de  la  disposition  d'une 
bataille,  qui  rapprochent  beaucoup  ce 
temps-là  des  nôtres. 

Presque  indiflérevi  sur  les  ressour- 
ces que  les  ^ ays  corjpés  pouvaient  of- 
frir à  leurs  ordres  de  bataille ,  les  an- 
ciens paraissaient  encore  bien  moins 
oeeupés  des  connaissances  topographi- 
ques,  dans  \b  conduite  journalière  de 
leurs  opérations.  Jusqu'à  la  seconde 
guerre  Punique,  on  ne  voit  nulle  part 
la  tactique  romaine  avoir  quelque  re- 
àtkm.éYec  le  terrain.  Fabius  fut  le 


Vfl 

premier  qui  commença  à  mettre  à  nro- 
fit  la  nature  du  pays ,  pour  s'opposer 
aux  succès  d'Annibal.  Ses  improdens 
prédécessurs  s'étaient  fait  battre  dans 
les  plaines  ;  il  sentit  qu'il  était  trop  in- 
férieur en  tactique  à  son  adversaire , 
p4>ur  s'y  compromettre  ;  il  chercha  les 
hauteurs ,  prit  des  positions ,  fit  une 
guerre  de  monvemens.  évita  les  com- 
bats. Sa  conduite  sauva  Rome,  et  elle 
y  trouva  des  censeurs  ;  tant  les  prin- 
cipes de  cette  belle  campagne  étaient 
inconnus  aux  Romains ,  accoutumés  à 
combattre  plutôt  qu'à  manœuvrer! 

L'histoire  nous  fait  voir  César  oc- 
cupé quelquefois  de  la  nature  du  pays, 
dans  le  choix  de  ses  camps;  mais  le 
peu  de  détails  topographiques,  dans 
lesquels  César  entre  lui-même  dans  ses 
mémoires,  semble  prouver  que  ces  dé- 
tails n'étaient  pas  regardéscomme  bien 
importans  alors,  lis  le  furent  encore 
bien  moins  dans  ces  temps  d'ignorance 
et  de  barbarie,  qui  succédèrent  anx 
beaux  jours  de  l'empire;  toutes  les 
parties  de  l'art  militaire  dégénérèrent 
à  la  fois;  les  campagnes  ne  furent 
^lus  que  des  incursions  ;  et  le  hasard 
ou  le  courage  décida  seul  des  com- 
bats. 

Quand  les  armes  à  feu  eurent  acquis 
quelque  [perfection,  le  terrain  dut  com- 
mencer nécessairement  à  prendre  de 
l'influence  sur  les  opérations  de  la 
guerre.  L'infanterie  chercha  les  pays 
coupés  ;  elle  occupa  par  préférence  les 
villages ,  les  bois ,  les  hauteurs.  Ces 
points  devinrent  des  postes  et  des  ap- 
puis intéressans  à  se  procurer  ;  ils  en- 
trèrent par  conséquent  dans  les  com- 
binaisons de  la  castramétation  et  do  la 
tactique.  Ce  fut  sans  doute  une  nou- 
velle ressource  pour  le  génie,  et  un 
pas  de  plus  vers  la  perfection  de  l'art; 
mats ,  comme  presque  partout  l'abus 
suit  la  vérité,  peu  à  peu  cette  influençât 


MB  AMPiLimic. 

des  terrains  sur  les  opérations  est  de-  I     Poor  q«e  cete  Ml  ubift .  cofBiMiit 
veque  trop  absolue.   La  science  du  i  defrait^on  choisir  les  ofliriers  de  l'élil' 

major?  Parmi  des  hommes  ^  eosieat 
l'babiiade  des  détaib  et  des  moevs- 
mens  de  tontes  les  arosm  ;  permt  tu 
offlcienhmajors  ou  supérMtrsdeseeffpS; 
parmi  oeui  qui  ont  le  ptas  J'iataî^ 
genee,  le  plus d'actititi,  le  plaide  «^ 
gadté  et  de  Josiesse  dans  le  eaif- 
d'aeil*  Comme  ensuite  c'est  mm  Irisât 
que  de  Men  reeonnaltre  on  pâjs,  st 
que  oe  talent  est  fondé  sur  «no  Ihésrie 
dont  il  est  important  d'aequirir  ta  pis- 
tique,  ees  officiers  fonMraient,  m 
temps  de  paii  comme  en  temps  it 
guerre,  un  corps  d'étal^-major  perma- 
nent. Ce  corps  serait  sooa  la  difuetim 
d'un  ofOeiei^néral ,  qni  luitmter 
Joindrait  aux  talens  les  plus  décidés 
pour  la  grande  partie  de  la  gaerre,  is 
science  et  rhabitude  de  remuer  loulm 
les  armes  qui  entrent  dans  la  compasi 
taon  d'une  arméei  qui  par  conséquent 
ne  regarderait  pas  la  tactique  eonsam 
une  science  minutieuse  el  soballeme, 
soui  la  direction  d'un  officier-généni, 
en  un  mot  ;  car  la  dénominatioa  de  es 
grade,  qui  trop  souYont  ne  tieni 
que  rien  de  ce  qu'elle  premat, 
un  homme  qui,  par  son  étude  et|tf 
son  expérience,  a  embrassé  toutes  v 
parties  de  la  guerre,  et  qui  eennaltlV 
nalogie  qu'elles  doivent  toutes  aaeir 
entre  elles. 

Où  se  tiendraient  les  éeplea  élus- 
truction  de  cet  état^major?  Au  mMett 
des  troupes  «  dans  les  grandea  garni- 
sons, dans  tes  camps  de  paix.  Là, 
de  sopputatiOM  Idéales,  et  que  la 
tique  ne  peut  pes  éclairer^  M,  les 
des  opérations  de  la  guerre , 
marchea ,  ordres  de  bataille ,  aeraiail 
auses  à  exécution  et  combinées  avuc 
le  terrain  ;  là,  conséquemment  ta  Mh 
tique  serait  OMeignéev  c'est  à  dtau  ta 
tadilM  telle  que  je  rai  étÊtkimtÂm 


mottveoient  des  troupes  a  été  n( 
on  a  cru  qu'il  était  inutile  de  manmn- 
vrer,  que  toute  la  science  de  la  guerre 
consistait  a  choisir  des  positions  svan- 
Ugeuses*  De  U  se  sont  élevés  tant 
d'oiBciers  topographes,  réels  ou  pré- 
tendus, qui  remplissent  les  états^nu- 
Jors  de  l'armée  et  les  cabinets  des  mi- 
qislres;  officiers  qui,  pour  la  plupart, 
n'ont  aucune  connaisaance  de  la  tacti- 
que ,  aucune  habitude  de  manier  les 
troupes,  qui  regardent  même  cette 
connaissance  et  cette  habitude  comme 
au-dessous  d'eux.  Cette  manie  de  topo- 
graphie ,  cette  prévention  outrée  des 
états-majors  d'armée  on  faveur  des  dé- 
.  tails  dont  ils  sont  chai^gés,  étaient  faites 
pour  s'accréditer  surtout  en  France , 
parce  que  tous  les  officiers  y  sont  por- 
tés à  raisonneri  et  a  se  croire  retavés 
par  des  fonctions  qui,  revêtues  de 
quelque  apparence  d'importance,  ini^ 
tient  aux  mystères  des  opérations. 

Sans  doute  ta  science  de  ta  recon- 
naissance des  terrains  est  importante  ; 
il  faut  qu'elle  soit  cultivée,  et  que  ses 
résultats  entrent  dans  les  combinaisons 
journalières  de  la  guerre  ;  mais  il  tant 
aussi  qu'elle  ne  soit  regardée  que  coro- 
nie  une  branche  de  la  tactique,  qui  est 
ta  science-mère;  il  faut  donc  que  les  of- 
ficiors  de  l'état-major  de  l'armée  soient 
tacticiens  ;  il  faut  qu'ils  sachent  dispo- 
ser el  nuinier  les  troupes;  il  faut  que 
dans  leurs  supputations,  ils  n'ouUtant 
pas  que  les  troupes  défendent  encore 
1  plus  les  positions  qu'elles  ne  sont  dé- 
fendues par  elles  ;  que  le^terrain  n'est 
jamais  que  l'accessoire,  et  que  l'arme 
est  toiyours  ta  principal  ;  il  faut  enfin 
qu'ils  n'aient  point  ta  prétention  aveu- 
gta  de  croire  que  toute  ta  sctance  de  le 
guerre  et  ta  sublimité  du  métier  réai- 
dant dans  taur  travail  de  cabinet. 


a 


A 


AtTItlf^lllB 
êêkÊèeêéimmiesImfattiu  4$  le  ffum  ; 

1k;§Êê  officiers  d'étaMnajor  ftcqaer- 
nient  de  plus  en  plus  Thabitude  de 
manier  les  tronpes ,  se  rorliOcraient  le 
eonp  d*œil  contre  les  illusions  que  pro- 
émit  la  mnltitude,  contre  les  dilTéren- 
eea  d*un  terrain  nu  ou  couvert  de  trou- 
pes; là,  enfin,  ces  officiers  se  familla- 
ftaenient  de  plus  en  plus  avec  les 
tfonpes,  au  lieu  de  tendre  à  s'en  sépa- 
ter,  anlteude  les  regarder  comme  des 
Kiaorts  purement  mécaniques. 


tY9 


militaire!;  quelle  poriUon  H ollh%  dans 
tel  ou  tel  cas,  à  l'armée  ou  au  corps  do 
troupes  dont  on  suppute  les  monve- 
mens  ;  quels  y  seraient  les  débouchés 
et  l'ensemble  d'une  marche  sur  tel  ou 
tel  {toint;  enfin  les  rspporis  généraux 
et  de  détails  que  cette  masse  de  pays 
pourrait  avoir  avec  les  armées  qui  y 
agiraient.  Mais  ce  talent^li  peut  s'aug- 
menter, et  non  H*acquérir,  par  rhobK 
tude  ;  il  est  un  présent  de  la  nature  et 
l'instinct  du  génie.  Car  supposons  un 


Le  meilleur  moyen  de  devenir  ha-  I  homme  qui  sera  etcellcnt  topographe, 
Me  dans  la  science  de  reconnaître  les  I  qui  démêlera  et  embrassera  bien ,  do 


terrains,  c'est  la  pratique  journalière  ; 
8  ftiat,  dans  sa  jeunesse,  voyager, 
chasser,  se  promener  militairement. 
Alliai  raisait  Philopœmen  :  t^olybe  le 


l'œil  et  de  rimaginfttlon,  ren?emblc 
d'un  pays,  abstraction  fullc  Je  troupes 
et  de  circonslancfïS  :  si  cet  homme 
n'est  pas  né  homme  de  guerre,  qti'on 


die.  Ainsi  feront  tous  les  officiers  qui    •<'  transporte  dans  un  terrain  couron 


voudront  s'élever  aui  grandes  parties 
de  la  guerre  ;  car,  dans  quelque  arme 
4li*M  serve,  la  science  du  coup  d'œil 
«st  de  la  plus  grande  importance.  Gui- 
lert  propose  la  formation  d'écoles  spé 
Mes  pour  les  officiers.  De  (  es  écoles 
fiMtiraienlde bons  officiers-majors;  et 
de  tes  officiers*majors,  d'eicellens  su- 
Jib  poor  les  états-majors  des  armées, 
lorsqu'on  a  le  coup  d*œil  formé; 
lAfljfU*on  sait  appréder  parfailemeot 
un  terrain,  mesurer  les  distances  jugées 
aon  différens  aspects  ;  lorsqu'on  s'est 
•flfemii  la  vue  contre  les  illusions  sans 
nombre  que  peuvent  produire  la  dif- 
ttremre  des  terrains,  la  quantité  et  la 
complication  des  troupes  de  différentes 
etrmen,  vues  sous  différens  aspects  ;  les 
manœuvres  de  ces  troupes ,  les  ruses 
de  tactique  Jont  elles  se  servent,  si  el- 
les simt  habilement  maniées  ;  Thorlzon 
phs  ou  moins  sciein,  et  mille  autres 
eiusea  accidentelh^s  ou  locales.  Il  sV 
^t  d'apprendre  à  voir  un  pays  militai- 
rement, c*est^à-dire  à  démêler  promp- 
tement  et  sûrement  quelle  influence 


de  troupes  ;  qu'il  y  soit  oblig»}  de  com- 
biner ses  connaissants  locahrs  avec  des 
opérations  militaires;  qu'il  soit  chargé 
de  déterminer  un  mouvement  ou  une 
position,  relativement  h  telle  ou  telle 
circonstance,  il  sera  embarrassé,  Incef^ 
tain,  aveuglé ,  et  s1l  se  détermine  en- 
fin, il  prendra  le  mauvais  parti.  A  plus 
fbrte  raison  le  prendra-t-tl,  s'il  faut , 
comme  il  arrive  «ouvent  en  campagnCi 
que  sa  détermination  soit  prom|)te, 
qu'elle  s'élance  comme  son  coup  d'ct^il, 
qu'elle  soit  prise  au  milieu  du  tnmnite 
et  du  danger,  et  des  Inconvéniens 
qu'offrent  tous  les  faut  partis  qui  en^ 
vironnent  souvent-le  seul  qui  solt  bon. 
C'est  cette  sagacité  de  coup  d'oril  et  de 
jugem*3nt  qui  gagne  les  batailles,  et 
que  la  nnture  ne  donne,  dan^  l'espace 
d'un  siècle,  qu'ft  quelques  hommes  pri- 
vilégiés. 

La  science  du  coup  d'œil  et  ta  ron^ 
naissance  des  terrains  étant  Intime- 
ment liées  avec  la  tactique,  on  voit 
combien  de  fausses  et  d'inutiles  lumiè* 
res  donneront  1&  écoles  d'état*  major. 


ce  pays  peut  avoir  sur  les  opérations  !  qo"  ne  seront  pas  constituées  d'après 


ce  principe  fondamental*  Je  vais  le 
faire  sentir  encore  davantage.  Il  s*i^t 
(le  choisir  une  position  pour  une  ar- 
mée Si  celui  qui  se  trouve  placé  à  sa 
tète  n'est  pas  Uicticien,  comment  sau- 
ra-t-il  combiner,  relativement  a  la 
force  de  cette  armée,  l'étendue  que 
cette  position  devra  avoir?  Comment 
aura-t-il  égard ,  dans  le  choix  de  cette 
position,  à  l'espèce  d'arme  dans  la- 
quelle l'armée  est  la  plus  forte  ou  la 
plus  faible  ;  à  l'espèce  d'ordre  de  ba-^ 
taille  dans  lequel  il  peut  être  le  plus 
avantageux  de  l'occuper?  Faute  de 
cette  combinaison,  on  prend  des  posi- 
tions bonnes  en  elles-mêmes,  mais 
qui  se  trouvent  défecnieuses,  relative- 
ment BU  nombre  et  à  l'espèce  de  trou*- 
pes  qui  les  garnissent.  On  prend  des 
positions  dont  le  front  est  redoutable, 
et  où  l'armée  ne  peut  pas  manœuvrer, 
faute  de  fond.  On  en  prend  d'autres 
qui  sont  formidables  de  toutes  paris, 
mais  dans  lesquelles  l'armée,  réduite  k 
la  défensive ,  perd  l'avantage  de  pou- 
voir manœuvrer,  et  proGter  des  fautes 
de  l'ennemi.  On  en  prend  enfin  que, 
par  on  mouvement  qu'on  n'a  pu 
prévoir,  l'ennemi  parvient ,  on  à  tour- 
ner, ou  à  percer,  ou  à  faire  abandon- 
ner, sans  qu'on  ait  le  pouvoir  de  lui 
résister. 

Mais  après  qu'une  position  est  lié- 
terminée,  après  même  qu'elle  est  re- 
connue avantageuse  soit  relativement 
aux  vues  d'ofiensive  et  de  défensive, 
soit  par  I  apport  au  nombre  et  à  l'es- 
pèce des  troupes  qui  doivent  l'occu- 
per, il  reste  une  manière  d'y  disposer 
les  différentes  armes,  dans  laquelle  il 
faut  encore  que  la  tactique  soit  com- 
binée avec  la  connaissance  du  terrain. 
Ce  mélange  de  combinaisons  est  un  art 
qui  a  aussi  ees  principes.  Soit,  par 
exemple  une  lisière  (te  hauteurs,  dé- 
terminée pour  être  le  front  de  la  posi- 


ABTILLBEIB. 

tion  que  l'isirmée  dQit  occuper.  Que, 
suivant  la  routine,  on  y  prdon^  b 
disposition  des  troupes,  étant  sur  le 
terrain  même,  et  en  parcourant  le 
front  de  la  position,  on  court  risque 
de  ne  pas  distribuer  les  armes  dans  les 
emplacemens  qui  peuvent  leur  être  le 
plus  avantageux ,  et  de  ne  pas  tirer  de 
la  position  tout  le  parti  dont  elle  est 
susceptible.  £n  se  portant,  au  con- 
traire, en  avant  de  la  position  et  aux 
points  par  où  l'ennemi  pourrait  arriver 
sur  elle,  on  en  découvrira  plus  parfai- 
tement l'cnsemblr.  et  les  détails;  on 
verra  d'abord  le  terrain  qui  est  en 
avant ,  l'aspect  qu'elle  présente  à  l'en- 
nemi, la  disposition  d'offensive  qu'elle 
peut  lui  indiquer.  Se  supposant  ensuite 
à  la  place  de  l'ennemi ,  on  cherchera 
quels  sont  les  moyens  par  lesquels  il 
pourrait  attaquer  cette  position;  et, 
partant  de  là ,  quels  sont  les  contre- 
moyens  qu'on  pourra  lui  opposeï .  £n 
voyant  la  position  de  face,  on  jugera 
mieux  l'emplacement  qu'il  faut  y  don- 
ner à  chaque  espèce  d'armes;  les  sail- 
lans  avantageux  à  occuper  par  des  bat- 
teries; l'effet  que  le  feu  de  ces  batte- 
ries doit  faire  sur  les  débouchés  par  où 
peut  arriver  l'ennemi;  le  point  des 
hauteurs  le  plus  convenable  à  occuper, 
pour  que  le  feu  «le  l'infanterie  ne  soit 
pas  trop  plongeant;  les  rideaux  der- 
rière lesquels  on  peut  poster  une  pir- 
tie  des  troupes  à  l'abri  du  feu  des  bat- 
teries de  l'ennemi,  ou  lui  faire  illusion 
sur  le  nombre  de  ses  forces,  et  sur  la 
véritable  disposit^.^n  qu'on  lui  oppose. 
De  ces  principes  généraux,  Guibert 
passée,  sans  transition ,  à  cette  conclu- 
sion  :  à  unroyaumv'  puissant  tel  que  la 
France,  il  faudrait  rarement  de  grands 
alliés  et  jamais  de  petits;  il  faut  sur- 
tout éviter  d'en  avoir  aux  environs  du 
pays  où  il  porte  le  théâtre  de  la  guerre. 
C'était  une  maxime  chez  le^  ftomaina^ , 


▲&TIIXBAIS. 


Ml 


leurs  alliés  étaient  d  js  sortes  de  vas- 
saux qui  contribuaient  aux  frais  de  la 
guerre  et  qui  nourrissaient  Tarraée 
lorsqu'elle  «e  trouvait  sur  leur  terri- 
toire. Notre  politique  de  subsides  se* 
crets,  de  niénagemens,  est  pelite  et 
mineuse  pour  un  grand  peuple  ;  elle 
embanasse  les  généraux;  elle  met 
les  armées  dans  une  position  fau&se. 
La  France,  placée  au  milieu  de  TEu- 
rope  dont  elle  est  le  centre,  devrait  se 
soutenir  seule  par  sion  propre  poids  ; 
elle  devrait,  avec  cette  allure  franche 
et  hardi'i ,  qui  convient  aux  grands 
empires,  dire  à  ses  voisins  :  je  ne  veux 
pas  m'étendre ,  je  tài  lierai  de  ne  pas 
me  faire  d'ennemis  et  je  ne  veux  pas 
d'alliés. 


CHAPITRE  Xn. 


SobfiiUoccs. 


L*art  de  pourvoir  à  la  subsistance 
des  troupes  est  une  des  branches  les 
plus  importantes  de  la  science  de  la 
guerre.  Il  est  aisé  de  concevoir  com- 


ment pouvaient  subsister  les  petites  ar- 
mées des  républiques  grecques  faisant, 
à  quelques  lieues  de  leur  territoire, 
une  incursion  pendant  la  saison  des 
récoltes;  incursion  terminée  par  une 
bataille  après  laquelle  chaque  parti 
rentrait  pour  réparer  ses  pertes  et  cul- 
tiver seschamps.Lorsquerambition  des 
États  de  la  Grèce  et  Taccroissementde 
leur  puissance  rendirent  leurs  armées 
plus  nombreuses,  le  soldat  reçut  en  ar- 
gent une  solde  réglée.  L'armée  for- 
mait-elle des  magasins?  On  ne  sait 
comment  subsistaient  ces  armées 
innombrables  a  la  tète  desquelles 
les  rois  de  la  Perse  tentèrent  d'en- 
vahir la  Grèce.  Les  légions  romaines 
étaient  tempérantes ,  austères,  infati- 
gables; elles  savaient  supporter  la 
faim,  la  soif;  aussi  ne  voit-on  pas  qu'à 
l'époque  de  la  plus  grande  gloire  de 
Rome  aucune  opération  ait  été  ar- 
rêtée par  des  calculs  de  subsistances  ; 
mais,  dans  les  temps  modernes,  que  de 
projets  arrêtés,  que  d'entreprises  abao* 
données  parce  que  l'on  n'a  pu ,  ain^i 
que  le  disait  Frédéric,  pourvoir  aux 
buaitiê  du  v^niTB  de  V armées 


AVIS  DES  ÉDITEURS 


Cet  ouvrage,  que  nous  ne  croyons  pas  devoir  reproduire  en  entier, 
offre  des  conseils  dont  T utilité  sera  appréciée  par  nos  lecteurs.  Nous 
somin#  des  hommes  d'actualité,  soldats  de  la  République,  du  Consu- 
lat et  de  l'Empire,  nous  nous  faisons  honneur  d'appartenir  à  notre 
èpo{jUe,  mais  nous  saisissons  Toccasion  de  rendre  à  chacun  la  justice 
qui  lui  est  due.  Se  montrer  ingrats  envers  ceux  qui  nous  ont  précé- 
dés dans  la  carrière,  ne  serait-ce  pas  mériter  qu'on  oubli At  aussi  nos 
faibles  services? 

Le  Traité  du  général  en  chef^  qui  parut  vers  1780,  fut  attribué  au 
jeune  capitaine  de  Cessac  Lacuéo,  qui,  depuis  1794  jusqu'en  1814, 
a  rendu  d'éminens  services  à  la  France* 


*  \  : 


•     1    » 


»  ^      * 


CONNiiSSANCXS  NÉCESSAIRES 


A  UN  OÉmbUL  m  GHEV  atàMMÈM, 


Ll  GÈtUSAL  GOMTB  DB  LÂCOËB 


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t»Ei 


liONNAISSANCES  NÉCESSAIRES 


A  VU  «ÉRiKAL  EN  VKtW  VAftMÉË. 


■'^Mi^Qé^Ht^  -  -- 


Les  Peuples  confient  i  un  générât 
en  ehei  d*armée  une  pèrlie  de  leurs 
forces ,  une  portion  de  teur  autorité 
pour  assurer  leurH  propriétés,  mainte- 
nir leurs  droits,  accroître  teur  gloire  et 
pour  réprimer  ou  punir  une  nation 
ennemie.  Après  le  rÀIe  de  souverain  , 
celui  de  général  en  cheF  est  donc  le 
plus  grand  et  le  plus  beau  qu'on  puisse 
jouer  sur  le  thé&tre  du  monde;  mais, 
si  rien  D*est  phis  glorieux  que  de  bien 
remplir  cette  place  éminente ,  rien 
D'est  ausai  plus  diflidle.  Pour  peu  qu'on 
réOéchisae  à  la  multitude  ie  connais- 
sances qu^elle  demande;  pour  peu 
qu'on  ait  entrevu  te  grand  nombre  de 
qualités  qu*elté  exi^e,  rien  ne  doit 
plus  étonner  ({ue  ae  voir  un  seuj 
homme  suflirc  à  un  semblable  far- 
deau. 

--  La  science  de  la  guerre,  aussi  vaste 
que  compliquée,  se  compose  de  Tas- 
senîblagede  plusieurs  sciences  réunies, 
QDchatnécs  i*u|ie  à  i*autre ,  oui  se  prè^. 
tent  un  mutuel  appui,  et  dont  on  ne 
saurait  détacher  un  seul  anneau  sans 
que  la  chaîne  soit  rompue.  -;-  Les  mi.- 
lilaircs  sont  partages  aujourd'hui, 
comme  les  littérateurs  Tétaieut  jadis, 
en  détracteurs  et  eu  partisans  de  Tan- 


tiquité.  Les  détracteurs  des  ancien» 
disent:  l'invention  de  la  poudre  a  ca- 
non et  des  machines  qui  en  ont  été 
une  suite  nécessaire,  a  changé  ta  cona- 
tilution  des  ÉUits  et  des  armées;  par 
conséquent  la  manière  de  faire  la 
guerre  n^est  plus  la  même  ;  donc  les 
anciens  ouvrages  des  Grecs  et  des  Ro- 
mains sur  la  tactique  sont  superflus  A 
noire  instruction.  Les  partisans  des 
anciens  répondent  :  les  inventions 
modernes  et  les  variations  dans  la  consh 
titution  militaire  n'ont  produit  aucun 
changement  dans  la  manière  de  faire 
la  guerre,  par  conséquent  les  Grecs  et 
les  Romains  doivent  encore  être  nos 
maîtres  dans  cet  art,  ainsi  qu'ils  sont 
les  meilleurs  modèles  dans  tant  d'au- 
tres genres.  Je  ne  décide  pas  entre  cet 
denx  opinions*  peut-être  outrées  ;  main 
ne  peut-  on  pas  dire  :  le  général.Qe  sera 
vraiment  habile  qu'aprèa  avoir  coonii 
les  auteurs  anciens  et  médité  les  mo- 
dernes. Si  les  modernes  ont  perfec- 
tionné, les  anciens  ont  inventé;  il  est 
donc  indispensable  de  recourir  aux  ori- 
ginaux: Thucydide,  Polybe,  Xéno-. 
plion ,  Végèce ,  Tempereur  Léon,  Pq-. 
lien ,  Frôntiu ,  César  auront  itmç  lea 
premiers  livrés  que  le  géniral  as  ahaf 


Mt 


•   ^.  •••  •    ^rf   ^ 


V      »         ««     > 


derra  méditer.  —-Lorsqu'on  s'est  long- 
temps noorri  des  leçons  que  contien- 
nent les  ouvrages  didactiques,  que  Ton 
a  exécuié  tout  ce  que  ces  ouvrages  en- 
seignent sur  la  manière  d'appliquer  la 
théorie  à  la  tactique,  que  Ton  a  fait  sur 
le  papier  et  sur  le  terrain  une  multi- 
tude de  suppositions  dl(rérentes,ét  que 
Ton  a  ainsi  perfectionné  son  coup 
d'œil  et  appris  tout  ce  qui  appartient  à 
chaque  grade,  on  a  fait  un  grand  pas, 
on  possède  la  science;  mais  l'art  ne 
s*apprend  pas  dans  les  ouvrages  didacti- 
ques. Ce  n*est  qu'en  étudiant  les  grands 
modèles  qu'on  peut  en  acquérir  la 
connaissance  ;  mais  que  ceux  qui  étu- 
dieront l'art  de  la  guerre  dans  les  dif- 
férons ouvrages  que  nous  venoris  d'in- 
diquer, se  gardent  bien  de  â'en  tenir, 
sur  chaque  objet,  à  ne  recueillir  qu'une 
seule  autohté ,  qu'un  seul  exemple.  En 
s'en  rapportant  à  un  seul  auteur,  on 
courrait  risque  d'Ctre  induit  en  erreur, 
on  pourrait  perdre  une  toule  de  cir- 
constances instructives.  Souvenez-vous 
que  si  dans  les  langues  il  n'est  pas  de 
mots  parfaitement  synonymes,  il  n'est 
pas  d'exemples  parfaitement  sembla- 
bles aux  yeux  d'un  militaire  instruit. 
En  rapprochant  les  maximes  qui  pa- 
raissent opposées,  vous  pourrez  beau- 
coup plus  aisément  les  accorder  les 
unes  avec  les  autres;  vous  reconnaîtrez 
facilement  celles  qui  n'ont  qu'une  ap- 
parence de  vérité  et  les  distinguer  de 
celles  qui  sont  vraies.  Ne  négligez  pas 
de  prendre  note  des  fautes  qu'auront 
commises  les  grands  hommes  dont 
vous  lirec  l'histoire;  leurs  erreurs  vous 
seront  aussi  utiles  que  Texpérience 
que  vous  pourriez  acquérir  à  vos  dé- 
pens, et  nous  sommes  mieux  instruits 
par  les  fautes  des  autres  que  par  une 
conduite  a  Tabri  de  tous  reproches.  Ce 
n'est  donc  qu'en  consultant  plusieurs 
Uttorîens ,  ce  n'eit  qo'aprèi  avoir  lu 


I  ce  qu'ont  écrit  les  hommei  des  diflK- 
rens  pays,  des  divers  partis,  des  diffé- 
rentes sectes,  qu'on  est  assuré  de  trou* 
ver  la  vérité.  Non  seulement  oo  jouira 
de  cet  avantage  inappréciable»  mais  on 
recueillera  ainsi  une  inCnité  de  ctr- 
constaoces^  qui  auroiit  échappé  à  Cd 
écrivain,  mais  que  tel  autre  n'aura  pai 
négligées.  D'après  tout  cela  on  pourra 
se  former  une  idée  vraie  de  chaque 
évèfiement,  et  en  porter  un  jugement 
sûr. 

Mais  comme  les  militaires  ne  peu- 
vent tirer  une  grau  Je  utilité  de  la  leo» 
ture  des  meilleurs  historiens  s'ils  sont 
privés  d'une  bonne  carte  topographi- 
que ou  d'un  plan  bien  détaillé,  on  ne 
négligera  rien  pour  se  procurer  un  pa- 
reil plan  ;  avant  de  l'étudier,  on  tftchera 
cependant  d'en  faire  un  soi-même  d'a- 
près la  description  de  rliistorien.  On 
comparera  les  deux  plans,  et  s'ils  sont 
semblables,  on  sera  assuré  d'avoir  aaisi 
tous  les  détails.  On  retracera,  sur  le 
plan  qu'on  aura  fait ,  les  mouvemcns 
des  différens  corps  ;  on  remarquera  les 
fautes,  on  y  remédiera;  enGn,  se  pla- 
çant alternativement  à  la  tête  des 
deux  armées,  on  cherchera  &  so  sur- 
passer soi-même.  Toutes  les  fois  que 
des  voyages  vous  conduiront  vers  des 
lieux  célèbres  par  des  combats;  alors, 
muni  de  votre  description ,  de  vos 
plans,  vous  parcourrez  plusieurs  fois  le 
champ  de  bataille,  vous  ordonnerez  en 
idée  les  deux  armées  comme  leurs 
chefs  les  avaient  disposées,  vous  les 
ferez  combattre,  et  vous  rectiBerez, 
par  cette  espèce  de  pratique,  ce  qaa 
votre  théorie  avait  de  défectneui. 
Vous  reconnaîtrez  aussi  les  marches  et 
les  campemeûs  des  grands  généraux , 
les  postes  avantageux  qu'ils  ont  choi- 
sis, etc.  C'est  ainsi  que  le  grand  Condé 
apprit  l'art  de  la  ^erre  ;  c'est  à 
l'étude  des  campemens  et  des 


chei  dft  Céfar  ga'j^  diH  les  victoires  à  \  4e  la^viistaire;  <tte  lui  «sM  eounltiv 
jsroai»  célèbres  qu'il  rem{>orta  ;  c'est  ^  si  les  mpjresos  qu'il  se  propose  d'ons- 
ainsiqu*il  mérita  que  les capttaiaes des  j  ployer,  pour  ToMenir  softt  justes,  et 
fièclcs  futurs  vinssent  à  leur  tour  s'ios- 1  s'ils  sont  féndés  sur  les  convention 


trjjre  sur  ses  traces^  en  reconnaissant 
jusqu'aux  rooindi^postesqu'il  occupa. 


—  La  connaissance  de  U  géographie   assurés  dans  les  ont  rages  de  Grotios, 


est  nécessaire  pour  apprendre  la  théo- 
rie de  la  guerr^  ;  elle  l'est  encore  phis 
pour  la  pratique  de  Part  militaire.  Le 
(énéral  ne  doit  pas  se  contenter  de 
connaître  la  situation  respective  des 
diOérens  Étata,  leurs . frontières,  les 
villes  principales  et  les  rivières  qui  les 
arrosent.  Ces  connaissances  ne  lui  suf- 
Graient  pas  encore  :  il  doit  entrer  dans 
tous  les  détails;  il  faut  qu'il  connaisse 
lesaccidens  du  terrain,  lasiluation  des 
fiilages,  des  hameaux,  la  position 
d'une  maison  isolée,  la  largeur  d'un 
pont,  l'étendue  d'un  bois,  les  cheounSt 
\ei  sentiers. 

—  L'étude  des  langues  est  néces- 
saire au  général  en  chef;  il  doit  ap- 
prendre d'abord  les  dialectes  des  puis- 
sances limitrophes;  la  langue  alleman- 
de sera  la  première  pour  un  général 
français  ;  la  langue  anglaise  suivra  im- 
médiatement, puis  rilalien,  l'espagod 
et  le  russe.  Ne  devrait-on  pas  obliger 
tous  les  officiers  français  .à  savoir  au 
moins  l'allemand  et  l'anglaîs? 

—  On  donne  le  nom  de  droit  des 
gens  aux  lois  réciproques  que  les  di* 
vers  peuples  ont  établies  entre  eux,  et 
qu'ils  sont  convenus  de  suivre  pendant 
la  paix  et  pendant  la  guerre.  Ces  lois, 
dit  Montesquieu,  sont  fondées  sur  ce 
principe,  que  les  diverses  nations  doi- 
vent se  fske  dans  la  paix  le  plus  de 
hien^  et  dans  la  guerre  le  moins  de 
mal  qa'il  est  possible,  sana  nuire  à 
leurs  véritables  intérêts.  On  ne  mettra 
pas  en  doute  l'utilité  de  cette /sctenoe 
pour  le  i^ral  d'amié«;  elle  loi  ap- 
prendra juii|U.'Qi&  s'étendent  les  droîti 


générales*  Ponr  »*institiifn  dana  câlin 
science,  le  génMl  aura  qnalfe  guides 


Puffendorf ,  MontesqiMea  et  dn  baron 
de  Wolf.  Le  Awîl  4  to  finarrv  a  ds  ta 
Puix  du  premier  ;  le  DruU  ie  la  /Vafnrs 
et  4u  C«fM  du  second,  onvragea  trfr* 
duits  far  Barbeyrac  ;  VEêprU  iM  Iniê 
du  troisième,  etles/njltfiilfoiia A»  Droii 
de  /a  Nature  du  quatrième,  sont  dea 
livres  excellens  que  le  §Mral  devrait 
avoir  étudiés,  et  qoe  le  reste  des  milt- 
taires  devrait  avoir  lus. 

*—  Outre  le  droit  dea  gens,  qui  est 
universel  et  réciproque  entre  les  peu- 
ples, chaque  nation  a  eneore  son  droit 
public  que  Montesquieu  appelle  droit 
politique.  Les  lois  qui  composent  ce 
droit  marquent  le  rapport  de  ceux  qnl 
gouvernent  avec  ceux  qui  sont  gmiH 
vernés.  Il  est  nécessaire  au  générul  de 
savoir  quels  sont  ces  rapports,  et  cheale 
peuple  dont  il  doit  oonmiander  les  ar- 
mées, et  cfaes  les  nations  alliées  ou  en- 
nemies. Instruit  du  système  de  chaque 
{[ouvereement  et  de  ses  lois  féndam^* 
taies,  sachant  quels  sont  les  (boita  de 
la  puissance  souveraine,  crax  éea 
peuples ,  les  conventions ,  les  traités 
faits  avec  les  nations  voisines,  les  bor* 
nés  du  commerce,  de  la  navign» 
tion,  etf«;  il  pourra  plus  lûsément  for- 
mer un  bon  plan  de  gnerreet  de  canb 
fiagne  ;  et  souvent^  s'il  sait  en  profiter 
le  choc  des  divera  pouvoira  hii  oAIn 
l'occasion  d'aoqnérir  de  la  gWra  à  peu 
de  frais;  car  la  manièie  de  Aura  la 
guerre  à  un  despote,  à  nne  république 
démocratique^  ariatocratique  on  fédé« 
rative,  miUtaira  on  eonamercante ,  eth 
fin,  à  on  gonvemnanot  mixte ,  doit 
ètra  réellement  diCtent^.  Vmnl  li| 


• . 


■értle  wa  élaëe  {MfftkuHèni  à  eéitte 

de  ta  i|QaiilM  dQ  prlbeM^  de  réplibll- 

'foëf.  et  d*attWe§  «DHfmriiis  dont  oti 

dK»il  BMager  tm  êiWèmd  MMlê. 

'    i«^0«lr«)edi«Kde«g«iiieltodMt 

indMto^  lé  ^nMre  d'armée  4bii  ton-- 

m»fe  énéore  eeM  ^tt'dil  êp^Vé  AhAi 

àMi  et  q«t  eil  l^eft{R^dn  dèé  ra^ 

^fmiâ  (fàe  Idê  tâXùfMÈ  otil  entré  etik. 

Il  iVesi  |Mi  ÀémÉairé  )|«e  lé  thef 

«d*km  arméa  eonMlMe  à  (bnd  la  }ttria- 

préclehee  rttilëj  hial^,  eooitAé  II  te 

f  léMBtera  oartainenMt,  danii  lé  i^tM 

'de  8^  comimndeiiieiit;  dea  cîntin»- 

laïKe!!  oà  tl  lui  fiera  iiéc(?sMiSre  dé  se 

décider  d'après  lea  lois écriles^  ne  fdttt- 

'  il  paa  qu'il  le»  cDohaisse  t 

—  La  poirliqMe  litètrtiit  dea  d^ 
.rers  iiitértto  det  peuples  «t  des  sete- 
verainl;  elle  apprend  quelle  est  ta 
flieitieure  manière  de  traiter  atec  eut  ; 
eHe  enseigne  au  ctief  d'une  artnée  le 
nraf  en  de  pratiquer  des  ihteUlgences 
utiles  à  Teiéculien  de  ses  desseins, 
^'élude  de  eette  seienee  est  done  né- 
eessait-e  an  ^^^nêirai^  et  les  eapitainea 
les  piM  célèbres  s'en  sont  eonstai»- 
menl  occupés.  Bnginft  el  Villars ,  ces 
deux  eélèbrea  rfvMii^  négedèreM  à 
4lndstiit  avec  ta  nitma  enpertorilé  de 
^ie  qui  les  anil  fhit  triompher  li 
(Maipiaqiiet  et  à  ftenain.  ^tnWm' 
nMighv  aprèa  tTOit  ea^flof é  l>êlé  à 
«ainere  Us  Fiançais,  a'eecupalt  pen- 
dant l'Wrer  à  néga«ler  eonife  eut. 
Daltard^  prisMiiiier  en  AnfMeite«  Ht 
wbKer,  par  ses  ntgoeMièns,  qu'A 
avait  ca«aé  nmt^  honte  h  HoeMedl 
Jtai  mn  wM\  tas  La  TtiiMoMiei  tea  Bri»- 
«te,  le»  Demmdea,  les  Rohani  tas 
Jnltaitaie  s  taa  OraiÉnenl  al  mtlto  m^ 
Mèi,  ont  aorti  l*Blàt  eomm  amtosan-k 
4taura  lUCTonn  00êtamm,  et  leurs  hé^ 
fafeiatianà^iil^MlMit  owKffitaiÉ  à  \0Êt 
que  taiii  <lenilri* 


^^Qooi^dë  béadoMlp  tfë  riHlMfda 
tôiiviennent  qtae  Pari  dé  la  gdérre  *» 
eënttttë  ioM  lè«  aufMft,  ftéé  pHhdpeft  ftt 
Sëé^es;  iînôiqne  rhtstèire  tfeé  nd- 
tmna  démttHtfë  i  èhaqué  ^ib  que  ta 
f icteife  se  Ittésë  plnlAt  ehchatnër  par 
tin  (finêral  kaMté  ({[ue  (Mit-  de»  aôtdats 
IteMbretii ,  te  peuple  del  ^ei4-iëH,  et 
qilèlqttëa  pers6nAèrgeS  rèihàf ct<iàblés 
par  les  tilaéës  élevées  qtilts  bccufiettl, 
tffolëhl  encore  qa*ôii  tient  édnlltlahddr 
les  aHhéeè  «Vec  gloire  ^nl  é*èlh!  f tvrt 
A  des  éludés  longues  et  èbiisbtTtéH,  et 
que  p6ût  obtenir  dés  succès  il  snfBt 
d*éti^  né  gintêt'ûl  De  tous  les  préjugée» 
eëlUîMi  est  un  des  t^Ids  funestes  ;  seul, 
il  potih'aît,  par  lés  désiistres  qtiHI  en- 
tmine  ap^és  lui,  précipiter  ta  ehiitè 

dun état.  Si  ee  préjugé  était  éusai  ré- 
pandu parmi  nous  que  jadis,  s'il  était 
aussi  fbrteitient  enmciné  qu'il  est  dan- 
gereux, nous  n'oserions  l'àiNlt^e; 
maiSi  cbmme  l'expérience  Ta  ébranlé» 
eomme  les  lumières  de  notre  sièete 
ont  préparé  sa  chute,  nous  espérona 
que  de  légers  efforts  suffiront  à  sA  des- 
trU€tion« 

On  a  vu,  dit-on,  des  ^néram»  en^ 
fans  etdesgén^rttn^r  ignorant  t-erttpOf- 
ter  des  victoires  i  cela  e^t  tt«f  ;  ftrtîa 
tas  gênifak^  ignofans  n'avaiedt  il^  fm 
en  tète  deS  f^énirnut  phi^  IrteptM 
qu'état 7  Ces  jtnéirafÊse  ignorartê  fa'ont- 
fis  péé  éd  nne  fois  M  sageiisé  d'AdofMM^ 
Un  bon  avis ,  et  tons  les  yêH^HIké  f  H- 

Kma  <|u*eh  poMmll  ntMi  eiief  ptHlt 
éttaiptes,  irMii-4is  paa  été  des  prtmM 
apiU  ponHUs  tnn  bon  emiett,  M IK 
dea  par  uns  HuniMea  qwa  le  CfWrÉii 

l^alt  fbféièi;  réëuêniriiéttf  te  ftiénté 
des   aeilottk   ëiéëiitéës  |tk  d  oélMI 

inaMaT  ^mm  Angyase^  |ii^  ëtflhjpta, 

A^ippi  ful-il  regarde  WMMàe  lé  tWm 

qtfenrd'AHkifd?  et,  ddrf#  dM  MèdM 
pMs  fëiaitti  du  vmtè ,  he  v!»]^offe-iiMi 

Mâa  la  aaàMaèibi  «k*  MmîÉiiinif  iJÉtt^iÉ  bm 


▲  tk  CiHÉRAL   ht«  CBBF  b'AàJlil 


4M 


NHOël  TiÊÊart ,  et  attribuer  toujours 
i  jjMre  oA  elle  toit  la  puissance  T  C*est 
M  qo'oli  attribua  an  génie  de  Char- 
!>'X1I  les  victoires  que  les  Suédois 
emportèrent  sous  te  règne  de  ce 
nÛM,  tandis  qu'en  soulevant  le  voile 
kiràvërs  diiquel  les  historiens  nous 
it  ntôntrë  ce  roi  célèbre ,  on  recon- 
Hl  iftië  la  disposition  et  la  conduite 
If  fâ  batànies  étaient  toujours  con- 
kei  ta  Gotnte  de  La^wenhaupt,  et  que 
Hl  fié  Mservaltpour  liii-méme  que 
Ibin  de  charger  Tetinemi  A  la  tête 
^  cavalerie.  On  découvre  que  le  Ta- 
Ibk  dëbafquem^nt  devant  Copenha- 
ë  fat  projeté  par  le  général  Stuard  ; 
t  l'attaque  des  rctranchemens  en- 
tlil!i  &  Narva  fut  Tonvrage  de  fîund- 
I  ;  que  le  général  AltendorlT  conçut 
iê€  dti  passage  de  la  Duna,  et  mit  au 
it^%  slttiitagème  ftimeux  qui  le  ren- 
;  fiacite;  on  voit  qde  le  roi  de  Suède 
I  Hl  plupart  de  ses  succès  aux  giné- 
Iv^  qui  avaient  servi  sous  Charles  XI, 
liktnè  Alexandre  dut  ceux  qui  Tout 
hàbMaliM  aux  généraux  formés  par 
kiHppe;  on  découvre  enfin  que  la 
Ita^gne  dé  1718,  qui  fut  entière- 
IMtédigée  par  Charles  XII,  ne  fut 
ilét  Mitaparable  à  ses  premières  en- 
e^sé^,  et  qu'elle  coûta  la  vie  à  son 
iVciir* 

4iala  \é  grand  Condé,'  dira-t-on 
tBM^tW,  tie  naquit-il  pas  ce  que  les 
KHSI  deviennent?  Non.  Le  prince  de 
MhdA  est,  aii  contniire ,  un  etcnl})le 
■lofant  du  potivotr  de  Tétnde  et  du 
WhA.  Ert  le  prouvant,  je  crois  placer 
•  ttMteaii  farurier  sur  la  tète  de  ce 


>-i^daê  d^ghièn  tonportâ,  à  vfngt- 
Ittt  aas  une  victoire  célèbre  ;  il  valu- 
rit  Mélos  et  Fuentes.  Mais  Enghien 
l'^lMC-ll  pas  t-eçn  une  excellente  édn- 
ito&TN'avail4l  pas  vécu  sans  cetoe  au 
des  homnèfe  les  plus  samas  danii 


tous  les  genres?  L'étude  de  Iliistoira 
n'avait-elle  pas  été  Tobjet  de  sa  pre- 
mière passion?  Le  prince  de  Condé, 
son  père,  n'avait-il  pas  été  son  instilu* 
tcur? Richelieu,  étonné  de  ses  con- 
naissances, n*avnit-il  pas  jugé  qu'il  de- 
viendrait le  plus  grand  capitaine  de 
TEurope  et  le  premier  homme  de  son 
siècle?  Le  ducd'Eughien  n'avait-il  pas 
fëit  Tapprentissage  de  la  guerre  sous 
le  maréchal  de  la  Meilleraîe?  N'avait- 
il  pas  été  instruit  par  les  fautes  que 
commit  ce  favori  de  Richelieu?  N'a- 
vait-il  pas  servi  sous  le  maréchal  de 
Ch&tillon  ,  un  des  meilleurs  généraux 
de  Louis  XIII?  n'avait-il  pas  fait  la 
campagne  deRoussillon  en  homme  qui 
se  préparée  commander  les  armées? 
Enfin,  le  duc  d'Enghien,  commandant 
a  Rocroy,  n'avnit-il  pas  sous  lui  le  ma- 
réchal de  l'Hôpital etGassion,  ce  digne 
élève  de  Gustave  Adolphe?  Changeons 
donc  maintenant  do  langage  ;  ne  di- 
sons plus  que  Condé  naquit  grand  gé^ 
néra!,  nous  attenterions  à  sa  gloire; 
disons,  au  contraire,  qu'il  le  devint  par 
l'étude  et  le  travail. 

Mais  admettons  pour  un  instant  que 
quelques  hommes  naissent  avec  le  gé- 
nie de  la  guerre  ;  ce  feu  ne  s'éteindra- 
il  pas  s'il  n'est  entretenu?  Qui  osera 
d'ailleurs  se  flatter  d'être  compris  dans 
cette  classe  d'êtres  supérieurs  nés  avec 
la  pénétration  quf  supplée  aux  lumières 
acquises?  La  nature  ne  $e  repose-t-eile 
pas  pendant  des  siècles  entiers  après 
avoir  produit  un  génie  élevé? Enfin, ces 
hommes  eitraordinàires  n'auraient-ils 
pas  étendu  plus  loin  ta  gloire  de  leur 
nom?  N'auri&lent-lls  pës  rendu  de  plus 
grandsservicesa  leur  patrie  si  «par  un  tra- 
vail assidu,  ils  eussent  perfôctlofthé  les 
talétis  dont  ils  avalent  été  doués?  Ainsi, 
aièiile  dans  cette  supposition ,  l'élude 
dé  la  science  militaire,  et  racqùibilion 
des  confiaissànces  qui  ont  uni  rapport 


i92 


DBS  COMNAISSANOBS   !fÉC£«SAI|LSS 


immédiat  iycc  l'art  de  la  gaerre .  n'en 
seraient  pas  moins  nécessaires.  Dans 
les  hommes  nés  pour  devenir  géaér  aux, 
l'étude  développerait,  rectifierait  et 
montrerait  dans  leur  plus  beau  jour  les 
talens  dont  ils  auraient  été  doués  ;  et, 
quant  aux  hommes  bornés  par  la  na- 
ture à  ne  jouer  que  des  rôles  subalter- 
nes, cette  étude  les  aiderait  du  moins 
à  imiter  les  grands  hommes,  si  elle  ne 
parvenait  pas  à  les  leur  faire  égaler. 
L'opinion    contraire  s'est  accréditée 
seulement  parce  qu'elle  autorise  notre 
paresse  et  notre  goût  pour  les  plaisirs; 
elle  a  été  célébrée  dans  tous  les  temps 
par  l'envie  et  la  vanité,  parce  qu'elle 
caresse  notre  amour  propre,  et  qu'elle 
semble  nous  décharger  du  tribut  de 
louanges  si  légitimement  dû  aux  hom- 
mes formés  par  le  travail  et  par  l'é- 
tude. 

Pour  rendre  les  connaissances  moins 
nécessaires,  on  a  dit  encore  que  l'ex- 
périence pouvait  suppléer  à  l'étude. 
Ce  langage  était  bien  naturel  dans  la 
bouche  des  militaires  des  derniers  siè- 
cles; pendant  ces  temps,  que  j'ose  ap- 
peler malheureux ,  le  feu  de  la  guerre 
était  sans  cesse  allumé  dans  quelque 
partie  de  l'Europe ,  souvent  même  il 
•  l'embrasait  tout  entière  ;  les  guer- 
riers volaient,  dès  l'&ge  le  plus  tendre, 
vers  les  lieux  où  il  éclatait  avec  plus  de 
force  ;  on  ne  parvenait  an  commande- 
ment des  armées  qu'après  avoir  vu 
une  multitude  de  combats ,  les  deux 
partis  ^ieot  ensevelis  dans  une  igno- 
rance égale  ;  et,  quand  la  paix  se  mon- 
trait pendant  quelques  instans,  on  se 
livrait  à  des  jeux,  i  des  plaisirs  qui  of- 
fraient encore  Timage  des  combats. 
Les  militaires  pouvaient  donc  sans 
danger,  dans  ces  temps  orageux,  con- 
fier leur  instruction  A  l'expérience; 
mais  aujourd'hui  tout  a  cban^  de  face, 
gi'Act!  à  la  sage  politique  qui  s'est  in- 


troduite dan»  les  conseib  des  pcMMM, 
et  à  la  philosophie  qui  les  a  édakés* 
Les  guerres  sont  rares  aujourd'baî.,  el 
l'on  peut  prévoir  qu'elles  le  devien- 
dront encore  davantage.  L'Europe  a 
fait  de  grands  pas  dans  la  science  milî^ 
taire,  nos  jeux  et  nos  plaisirs  ne  res^- 
rent  que  la  mollesse  et  la  volupté;  on 
parvient  enOn  aux  grades  lea  plus  éle- 
vés sans  avoir  vu  ni  combattu  les  en- 
nemis; il  est  donc  indispensable  de 
nos  jours  pour  apprendre  l'art  mili- 
taire de  recourir  à  Tétude.  Ah  !  com^ 
bien  le  nombre  des  ressources  qu'elle 
nous  fournit  n'est-il  pas  supérieur  aux 
faibles  secours  que  l'on  trouve-  dans 
l'expérience!  L'intervalle  qui  aépere le 
commencement  et  la  fin  de  la  vie  mi- 
litaire est  si  court  que  ces  deux  extré- 
mités paraissent  se  toucher;  quelque 
temps  d'ailleurs  que  le  même  gétUral 
reste  à  la  tète  des  armées,  comme  il 
n'a  jamais  à  conduire  deux  grandes  af* 
faires  qui  se  ressemblent  parfaitement, 
il  est  presque  toujours  à  son  coup 
d'essai,  et  dans  les  camps,  presque  ja* 
mais  un  coup  d'essai  ne  fut  un  coup  de 
maître.  Les  leçons  que  donne  l'expé- 
rience sont  souvent  fatales  à  eehit  qaà 
les  reçoit,  souvent  même  à  une  natkm 
entière;  de  plus,  se  trouve-tril  à  la 
guerre  deux  occasions  de  faire  la  même 
faute,  et  n^t*il  pas  pli]»  aage  et  pins 
utile  de  s'instruire  par  celles  des  atutms 
que  par  celles  qu'on  ferait  soi-mômet 
L'histoire  ne  nous  prouve4^Ile  pas 
que  l'expérience  jseule  ne  oorrifi 
point?  Le  duc  Robert,  frère  de  l'iafor 
tuné  Charles  I<',  roi  d'Aogletene.  ne 
perdit-il  pas  trois  batailles  pour  UfOir 
conunis  trois  fois  la  même  feute*  U  est 
donc  très  dilBciie  que  l'art  de  la  guer- 
re, exercé  saps  théorie ,  produise  des 
effets  beureux  ;  et  une  lon(|ue  uwf^ 
rience,  qui  n'est  pas  appuyée  sur  des 
connaissances  acquises  pir   l'étude^ 


A  M'CÉntauL  n 


iTAUfeto. 


rtfllibpiiltfliNilmtqQ'iiMioiigie  iw- 
■nom  (r6iTeiin. 

L'étude,  par  an  chemin  facile  et 
■brégé ,  nous  conduit  i  des  lumières 
fins  étendues,  plus  parfaites;  on  est 
nrement  à  portée  de  tout  voir  tandis 
fie  la  lecture  peut  tout  enseigner  ;  elle 
Mlle  forma  le  célèbre  Tphicratc ,  ap- 
^t  à  L.  Lucullus  à  vaincre  Mithridate 
aC  à  réduire  TArménie  sous  le  Joug  de 
Borne.  Elle  donna  au  célèbre  duc  de 
GoiM  h  supériorité  qu'il  eut  sur  les 
Cnerriers  de  son  siècle  ;  en  un  mot,  les 
plus  grands  généraux  anciens  et  mo- 
^emea  sont  presque  tous  son  ouvnige. 
CTest  donc  aux  principes  écrits  qu*on 
^tiH  avdr  recours  ;  sans  leur  aide  on 
■Aocpie  souvent  le  but  auquel  on  se 
propose  d'atteindre,  ou  au  moins  on  y 
arrive  très  tard.  Ce  qu'on  apprend  par 
Fétude  ne  suffit  pas,  il  est  vrai,  pour  for- 
mer un  grand  général  \  il  faut  que  l'ex- 
périence perfectionne  l'homme  deguer- 
re,  qu'elle  lui  apprenne  à  faire  usage  des 
principes  que  la  théorie  lui  a  fournis  ; 
'eni  on  mot,  le  général  doit  joindre  les 
cMinaisaances  militaires  au  génie  de  ia 
guerre ,  les  leçons  des  siècles  passés  à 
sa  propre  expérience,  et  la  spéculation 
1  la  pratique;  mais  il  doit  toujours 
par  acquérir  les  connais- 
qui  hd  sont  utiles.  Elles  sont  di- 
visées en  connaissance  des  hommes  et 
m  eonnabsances  relatives  aux  scien- 
eea  et  aux  arts;  occupons-nous  d'a- 
bord de  b  connaissance  des  hom- 


Le  commandant  en  chef  doit  s'atta- 
dMr,  avant  tout,  à  connaître  le  gêné- 
id  qui  lui  est  <qiposé  ;  lorsqu'il  y  sera 
parvenu,  fl  devinera  aisément  tout  ce 
fne  le  dhcf  ennemi  doit  entreprendre 
!  èontre  hii,  et  comment  il  l'exécutera. 
Il  pourra  aller  au-devant  de  ses  des- 
adÎM  et  les  rompre;  il  pourra  en  for- 
bii-même ,  dont  ta  réussite  sera 


I  d'autant  plut  assurée ,  qu'il  le»  aura 
I  calculés  d'après  des  idées  plus  saines. 
j  Rapportons  quelques  exemples  pour 
i  démontrer  combien  il  importe  à  un 
gênerai  en  chef  de  bien  connaître  son 
adversaire.  Turenne  assiégeait  Cam- 
brai :  le  grand  Condé  voulait  introduire 
du  secours  dans  la  place.  Pour  l'en 
empêcher,  M.  d^  Turenne  posta  d'a- 
bord l'aile  droite^  de  sa  cavalerie  sur 
une  dt;s  grandes  avenues  de  la  ville  ; 
mais  deux  heures  après,  ayant  fait  ré- 
flexion que  le  vainqueur  de  Rocroi 
était  trop  habile  pour  suivre,  en  pa- 
reille renconb-e,  un  grand  chemin  plu- 
tôt qu'un  petit  sentier»  il  déposta  sa 
cavalerie ,  el  la  plaça  sur  une  petite 
avenue.  Le  prince,  de  son  côté,  jugeant 
bien  que  le  maréchal  aurait  fait  cette 
réflexion ,  partit  avec  trois  mille  che- 
vaux, suivit  le  grand  chemin,  et  entra 
dans  Cambrai  sans  éprouver  presque 
aucune  difficidté.  Ainsi  la  connaissance 
du  général  qu'il  avait  en  tète  servit 
plus  au  prince  de  Condé  que  n'aurait 
pu  faire  toute  sa  valeur.  Turenne  com- 
mit une  faute,  dira-t-on  peut^tre  ;  en 
garnissant  le  senUcr,  il  n'aurait  pas  dû 
dégarnir  la  grand'route.  Si  cetto  con- 
duite fut  une  faute  (  on  doit  être  dr- 
conspect  à  biftmer  les  grands  hommes)  ^ 
que  cette  faute  serve  à  notre  instruc- 
tion ;  qu'elle  nous  apprenne  qu'on  ne 
doit  jamais  assez  compter  sur  les  pas- 
sions, sur  rigoorance  on  même  sur  les 
lumières  du  général  ennemi,  pour  ne 
pas  se  conduire  d'après  les  règles  dic- 
tées par  la  prudence;  que  cette  faute 
nous  apprenne  encore  qu'on  doit  ton- 
jours  craindre  de  voir  son  adversaire 
faire  une  fois  des  réflexions  sages; 
dompter  sa  passion  dominante  dans 
une  occasion  décisive,  ou  recevoir  ua 
bon  conseil  et  en  profiter.  Oui,  llun- 
me  lent  et  circonspect  peut  devenir 
actif  et  entreprenant  ;  le  savant  peut 


faire  une  fausse  démarche,  oa  parce  ;  la  force  oa?erlo,  il  emploie  le  strabr 
qu'il  est  mal  instruit,  ou  parce  qu*ii  i  gèmc  que  nous  allons  rapporter,  stra- 


est  obligé  de  hasarder  le  tout  pour  le 
tout.  C'est  ainsi  qu*i  Denain  une  faute 
qbi  aurait  dû  faire  essuyer  au  maré- 
chal de  Viilars  la  déraite  la  plus  com- 
plète, lai  servit  è  remporter  une  vic- 
toire signalée.  Comme  le  prince  Eu- 
gène àitïii  persuadé  que  ce  général 
habile  ne  hasarderait  pas  une  manœu- 


tagème  qu'il  imagine  d'après  (^  coo- 
naissance  du  général  ennerni-  H  écrit 
une  lettre  an  marquis  de  la  Rovère, 
commandant  de  la  place ,  il  lui  rn^rqifç 
qu'il  vient  à  son  secours  avec  un  pprps 
d  armée,  et  qu'il  espère,  dès  le  teiiftp- 
main,  altaquor  les  assiégeons  dqps 
leurs  lignes;  il  le  prie  4e  toat  dispoi>er 


vre  aussi  délicate  que  celli;  d'3  traverser  ;  de  son  côté  pour  faire  une  sortie  gé« 
une  rivière  ayant  l'ennemi  sur  srs  !  nérale  pendant  qu  il  sera  9ux  prises 
flancs,  il  ne  cnU  que  les  Français  (en-  avec  rennenii.  Il  donne  cette  lettre  k 
talent  le  passage  de  l'Escnut  que  quand    un  paysan,  à  qui  jl  ordonne  de  fuÎFe 


il  ne  fut  plus  temps  de  les  en  empê- 
cher. Mais  si  l'opinion  que  le  prince 
Eugène  avait  conçue  de  son  adversaire 
l'a  empêché  une  fois  de  profiter  d'un 
moment  avantageux,  en  conr^bion  d'au- 
tres circonstances  cette  coiinaissanoe 
ne  lui  a-t-elle  pas  été  utile?  Tne  d4»s 
maximes  militaires  de  ce  grand  hom- 
me rtalt  qu'avant  d'entrer  en  campa - 
I;ne,  un  général  doit  connaître  à  fond 
e  caractère  des  généraux  ennemis. 

Le  marqtn's  de  Feuquières  assiégeait 
Coni  en  1691,  et  touchait  au  moment 
lie  se  rendre  maître  de  la  place,  lors- 
qu'il reçut  ordre  de  M.  deCatinat  d'd- 
ler  relever  la  garnison  de  Casai.  1^ 
^prince  Eugène,  qui.  pendant  la  durée 
du  commandement  de  Feuquières,  n'a 
osé  employer  ni  la  ruse  ni  la  force  ou- 
verte, parce  qu'il  sait  bien  qu'il  a  af- 
faire iun  général  aussi  habile  qu'in- 
tr4plde,  le  prince  Eugèoe,  dis-je,  averti 
Çoè  te  commandement  de  l'armée  as- 
âteeante  reste  entre  les  mains  eu  mar- 
|UU  de  BuloBde,  qu'il  connaît  pour  an 

St  génie,  eitrèmement  crédule  et 
le  à  s'alarmer,  forme  aoisitAt  le 
jnrojet  de  lui  fUre  lever  le  siège,  et  as- 
furé  le  duc  de  Savoie  qu'il  délivrera 
Hnikt&t  la  place;  mais  comme  il  aime 
ndUi  encore  (car  c'était  un  de  les 
prliKipes)  réuaair  par  la  nue  que  par 


toute  la  diligence  possible  pour  la  por- 
ter au  gouverneur.  Cet  harame  ne 
manque  pas,  comme  Eugène  l'a  prp- 
vu,  d*ôtre  arréié  par  des  partis  fian- 
çais ;  on  trouve  sur  lui  la  lettre  du  gé- 
néral enuemi  ;  on  la  re*net  à  Uulonda. 
A  peine  l'a-t-il  lue,  qu'il  se  livre  au| 
plus  vives  inquiétuiies;  il  ne  (joniie 
plus  ses  ordres  qu'en  bégayant;  il  ce 
snngc  qu'à  lever  le  siège  et  à  hâter  sfi 
letraite.  Ni  une  lettre  d'avis  qu'il  i^yajt 
reçue  de  M.  deCatinat,  ni  uiàc  diifpnse 
expiesse  d'abandoiiner  |e  siège,  ni  un 
secours considérabic (t certain  qqe  son 
général  lui  annonce,  rien  ne  peut  le 
rassurer,  rien  ne  peut  le  retenir;  il 
ordonne  de  pli^r  bagage,  et  à  pWne 
l'armée  a-t*elle  déte^i^u,  qu'il  fait  bat- 
tre aui  champs,  abandonnant  sou  ar- 
tillerie, sas  mupition^  et  upe  partie  de 
ses  équipages. 

Ainsi ,  sans  effusiop  de  sang ,  ^t  pir 
la  seule  connaissance  du  général  qu'il 
avait  eq  téta,  le  prince  Eugène  pt  le- 
ver au  Fraiiçais  le  siège  4^  Cc^ii, 
oblige»  Gatinat  à  repasser  1^  pd,  et 
battit  son  arri^c-gar4e  aq  pacage  de 
œtle  rivière. 

Le  prince  Eugène  ne  se  (^omjdt  pas 
à  cooBaitre  la  comm^odant  en  qief 
de  l-arméa  qu'il  a^voit  ^  tAte  ;  il  ptu- 
4iait  MPI  le#  g^R^uf  «Hhfltfim^i  «* 


A  un  «felÉRAL  S5  CBXF  B^ARViB. 


lis 


cetteétade  luiJttUDliiieill  ttîl4.  Ilan^ }  iiV^  O^IJI^e  ffif;  g^)h  soient  placés. 


la  compagne  de  1701,  m  combat  de 
Carpi,  il  fait  passer  l' Adige  i  une  par- 
tie de  son  armée,  au-dessoas  de  LaiM- 
(lia,  et  à  la  favear  des  fossés  dont  ce 


{•ays  est  coupé,  il  se  poste  de  manière  ItrtreTemplîr  avec  gloire  la  place  éle- 


a  De  craindre  ni  M.  de  Catinat,  ni  M.  de 
Tessé,  ni  M.  de  Saint-Fromont  ;  et,  par 
sa  position,  il  se  trouve  à  portée  de  com« 
battre  celui  des  deux  derniers  officiers- 
généraux  auil  lui  plaira  ;  mais  quoiqu'il 
(misse  aisément  attaquer  le  comte  de 
Tessé  à  Légnaiia,  il  préfère  de  tomber 
à  Carpi  sur  M.  de  Saint-Fromont,  qu*il 
fait  être  très  inférieur  en  connaîssan-» 
ces  militaires  au  comte  de  Tessé.  £q 
1706,  au  passage  de  la  même  rivière, 
et  au  même  endroit,  \\  se  conduisit  de 
la  même  manière.  Il  en  usa  de  même 
au  passage  de  TEscaut,  en  1708  ;  car, 
pouvant  tenter  facilement  le  passage 


comme  ils  doivent  toujours  aspirer  à 
commander  les  armées,  ils  doivent 
aussi  chercher  constamment  &  acquérir 
les  connaissances   qui  peuvent  leur 


vée  de  général.  Qu'on  se  garde  bien 
de  condamner  cette  ambition;  loin 
d^tre  blèm-ible,  elle  est  noble,  utile  et 
même  nécessaire  :  elle  est  noble,  parce 
qu'elle  annonce  Ue'  rènergi^',  de  la 
grandeur  d'&me  et  un  atawiif  "violMit 
de  la  gloire ,  paMtoiis  dont  on  doitr<lé- 
sirer  que  tous  les*  guerrier»  soient  ani- 
més; elle  est  utHe,  parce  que  bien 
commander  est  un  art  qui  deaaMde  de 
longues  études,  et  des  léflexlom  qii<»n 
ne  peut  faire  au  moment  de  t^itaQ- 
lion  ;  elle  est  utile  encore,  parœ  que 
l'homnrie  qui  ambttionne  les  botmeoni 


du  commandement  se  livre  iiéeiiiatfi- 

de  cette  rivière  du  celé  de  Pottes,  qu|  rement  tout  entier  à  ehaeiiii  tlei  tftt- 

était  sans  doute  le  cAté  le  plus  aisé,'et  plols  qu'il  occapé  pour  m  mérller  de 

où  le  marqnb  de  Guébriant  était  avec  plus  relievés  ;  elle  est  néeeMim;  ptfico 

OB  corps  de  trqupes  assez  médiocre,  il  qu'il  ftiut,  pour  exéouto»  de  fraudes 

ilima  içieux  attaouer  le  cAté  do  Bêr  choses,  se  preiposer  M  bttt  4|itl,  |itr 

ken,  qui  paraissait  imprapcablc.  ton  étolgAeiaent,  «tl0i  4ê  fraMl9«f- 

Quoique  jusqu'ici  nous  ayons  paru  fbrts;  elle  est  néÉMaaMii  tÉflii,'^pi»ce 
ne  nous  adresser  qu'au  commandant 
en  chef,  les  militaires  subalternes  ne 
doivent  pas  imaginer  qu'ils  puissent 
impunément  négliger  les  connaissan- 
>a4  dont  tioQi  venons  de  nous  occuper  ;  T 


que  le  désir  d'atteindre  à  ce  terme 
anime  toutes  les  facultés  de  notre 
àme ,  et  par  lA  fait  de  nous  des  honn 
mes  nouveaux. 


*  ■ 


INTËNDASiGE  MILITAIRE. 


Le  bat  eonsUnt  de  nos  efforts  a  été 
de  justifier  notre  titre  en  présentant  à 
DOS  lecteurs  le  tableau  complet  de  l*art 
depuis  la  période  grecque  jusqu'à  nos 
jours.  Une  seule  partie,  les  subsistan- 
ees«  n'a  pas  été  traitée  par  nous  ;  et, 
cependant»  comment  faire  manœuvrer 
une  armée,  si  Ton  n*a  pourvu  à  ses  be- 
soins matériels?  JLes  anciens  ne  nous  on  t 
laissé  aucuns  documens  &  cet  égard. 
Dans  les  temps  plus  rapprochés,  aux 
qiiinsième,  seizième ,  dix-septième  et 
dix4iuitième  siècles,  des  marchés 
étaient  passés  avec  des  compagnies 
dbaigéea  des  fonrnitures.  Mais,  que 
d*abiis,  de  dilapidations,  pour  arriver  à 
«n  aenioe  pial  assuré  1  Trop  fréquem* 
plans  dn  gioàal  en  chef  sont 


demeurés  sans  exécution,  faute  «le 
pouvoir  assurer  les  distributions  nêce<^ 
saires  sur  tels  points  indiqués.  La 
création  de  l'intendance  militaire,  qui 
régularise  et  centralise  le  servi  c  des 
subsistances,  des  fourrages,  de  In  sol- 
de, des  hôpitaux,  est  encore  un  des 
titres  qui  attestent  le  génie  préu>y.)nt 
de  Napoléon.  Aujourd'hui,  saur  quel- 
ques cas  imprévus  et  inévilables  dan> 
les  chances  d'une  campagne,  le  grn<»- 
ral  en  chef  se  trouve  aflranchi  de  bom 
qui  embarrassaient  sa  mari  ho.  Les 
services  rendus  par  rinlendance  mili- 
taire sont  incoritestablement  moini 
brillans  que  ceux  du  champ  de  bataille, 
mais  leur  utilité  est  appréciée  nar  Im 
hommes  spéciaux. 


••  «W«tf^«* 


DE  LA  DÉFENSE 


PLACES  FORTES, 

«mrsAM 

eOMFOSÉ  PAR  OaDRE  MB  SA  MAJESTÉ  IMPÉRIALE  ET  ROYALE 

POQB  L'imnocnov  dm  tiÈtEs  wi  cobn  «o  cÉiin^ 

BT   PUBLIÉ    BN    1810 

PAR  GARNcn; 


AlMini    •VFICIBK    »B    ce   CM»t,    AMODI    BUnsna   os    IJL   «ITI 

»  »B  L'iPilITIIT  M  TOAIiai  Bt  M  Uk  l>iBI<lim'M»inMBfc 


DiM  la  ééÊnÊê  àm  Plac«t  fartet,  b  valmr 
•t  nadottrit  ae  aBfBMaiV'Di  rue  nmt 
rMm  Biif  •ta  ptWPiallBsi,  élwi 


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PRÉFACE 


Cabnot  (Lazare-Nioolas-^Marguerito)^  nt  à  Moliy  en  Bmrifogtte^ 
eo  1T&3,  mort  à  Magdebourg  (Prusse)  en  1823.  Bien  jeiuit.  encore, 
des  dispositions  innées  le  portèrent  vers  Tétude  des  mathématiques  et 
dis  hautes  spéculations  militaires.  A  vingb-hnit  ans,  il  était  capitaine 
da  génie;  à  trente  ans,  il  reçut  la  eroii  de  Saint**Louia.  Envoyé  A  TAs^ 
fomblée  législative ,  ses  talent  l'appelèrent  au  Comité  militaire,  à  la 
Convention  nationale,  puis  au  Comité  de  salqt  public.  A  la  Gonven-- 
^OB)  il  fut  ohargé  d'organiser  les  moyens  de  résister  aux  attaques  de 
tocoatitioB  de  Pilnitz)  uniquement  occupé  de  cea  soins  ^  il  resta  étran-* 
ger  aux  mesures  ordonnées  par  ses  eoHégues^  et  qui  avaient  pour 
objet  la  direetio»  àm  aSaires  politique»*  Seul  f  il  régidarisaf  embrigada 
et  mit  en  mouvement  hi  léquisition  qui  appelait  à  la  défense  de  la  par 
tris  les  jeunes  Français  de  TAge  de  dix-*hiBt  à  vingt*einq  aas«  ^  fond 
de  son  eabinelil  ^éa  douie  armées^  calculât  arrêta  les  plana  de  cam- 
pape,  esi  surveiUa  rexècution.  Il  appela  au  eommaiidement  des 
bomoies  encore  inconaiii^  mais  que  ion  génie  avait  devinés  ;  enfin  il 
modifia  la  guerre  de  ttétkodeen  laeombinant  avM  la  giieire  ainspi- 
ration^  On  s'étonne  à  l'idée  qu'un  seul  bonme  ait  pa  suffira  it  pe»« 
<iiat  etiq  aMéesi  è  eni  hnniMMei  tiiivt*^ 


SOO  PlÉFACB. 

Quelques  écrÎTains  ont  attribue  à  Honge  la  création  de  t'Ek^ole  cen- 
trale des  travaux  publics,  depuis  l'Ekiole  polytechnique.  Cette  grande 
pensée  appartient  à  Carnot,  qui,  aidé  du  conventionnel  Prieur,  de  la 
Cûte-d'Or,  fonda,  au  commencement  de  1796,  celte  institution  cé- 
lèbre, imitée  par  l'Europe^  ët'd'où  sont.soAisMDt  de  généraux,  d'of- 
ficiers supérieurs  et  d'hommes  qui  hrilléreut  dans  les  sciences  et  les 
arts  ;  Carnot  y  avait  appelé ,  en  qualité  de  professeurs  :  La  Place ,  La 
Grange,  Monge,  Berthollet,  Cbg^tal,  Hassenfratz.  La  création  de 
l'Ecole  centrale  des  travaux  publics  suflirait  seule  pour  recommander 
la  mémoire  de  Carnot,  qui  avait  calculé  l'impulsion  que  ce  centre  de 
lumières  devait  dMtuer  àutftspritï.  ' 

Membrodu  Directoire,  après  la  promulgation  de  la oonstituttoa^ 
l'an  Ul,  Carnot,  aiosi  qu'au  Comitéde  salut  public,  n'y  fut  encore  oo- 
cupë  que  d'opérations  militaires.  A  la  cbutedeHobe^erre,  il  fut  pour- 
suivi comme  jacobin  ;  après  le  18  fructidor,  il  fulproscrîtcommeroya^ 
liste ,  tant  il  est  dans  la  destinée  des  tiommes  essentiellement  nationaux 
de  se  trouver  en  butte  aux  attaques  de  tous  les  partis.  AulSbromaire,' 
le  porteleuille  de  la  guerre  lut  fut  conBé;  il  prit  donc  part  à  la  gloire 
de  Morengoet  de  Hohenlideo.  Le  bel  ouvrage  la  Défense  dtt  Piaee$ 
(orles,  qu'il  publia' quelques  années  ensuite,  fot  adopté  pour  l'eosei* 
gnement  des  ëeotes  militaires  de  l'Empire.  Après  les  funestes  èvène- 
mens  de  la  campagne  de  1813,  Carnot,  serviteur  constant  de  la  France 
el  courtisan  du  malheur,  et  qui,  depuis  sept  ans,  vivait  dans  la  re- 
traite, vmt  spontanément  offrir  son  épéeJt  l'Empereur.  Ah  I  c'est  qu'a- 
lors \\  France  était' menacée;  il  se'  présentait  au  moment  o6  d'autres 
liiKiiiiies,  «ombles de  biens  «t  chai^  d'ho^neivs,  méditaient  déjà  une 
do'ji'li;  trahison  envers  leor  patrie  et'Ieur  bienfaiteur.  Napoléon  lui 
contia  le  ^utHfrWiDbnt'd'^teiTé  :  Vest  sur  ce  point  ifnportant  que 
les  Hlli&s  portaient  leurii  pt«tniert  «Iforlii:  ÊaiHDt  M' iftsposbit  que 
d'uiir  garnison  bien  insuffisante  de  six  mille  hommes;  mais  Carnot 
romimndait  dans  Anvers,  ainsi  que  Bayard  dans  Méziéres.  La  plaça 


ni戣M,  MM 

(at  iD¥68tie  par  une  année  de  soixante  mille  hommes  sous  les  ordres 
du  prince  royd  de' Suède.  Ce  dernier  invoquant  les  souvenirs  d^unè 
ancienne  amitié ,  essaya  d'entamer  des  négociations  avec  iMnflexible 
gouverneur,  qui  n*écouta  que  la  voix  de  Thonneur.  Consignonis  ici 
un  fait  qui  prouve  que  Carnot  sut  concilier  ses  devoirs  avec  ceux 
de  rhumanité.  Le  conseil  de  défense  avait  reconnu  la  jruelle  '  né- 
cessité,  pour  dégager  les  abords  de  la  place ,  de  dëtruife  le  riche 
at  populeux  fauboui^  de  Bourgterhoud  ;  Carnot  réunit  les  habitaiià  : 
«  Votre  fauboui^  est  condamné ,  leur  dil-il  y  mais  je  veux  tenter  de  lé 
»  sauver;  faites  entrer  dans  la  place  vos  femmes,  vos  enfans,  vos 
»  bestiaux,  vos  meubles;  vous,  cependant,  restez  dans  vos  maisons. 
»  Jurez-moi  d'y  mettre  vous-mêmes  le  feu  lorsque  le  moment  sera 
»  venu ,  et  je  vous  donne  ma  parole  de  n'exiger  dé  vous  ce  doulou- 
»  reux  sacrifice  qu'à  la  dernière  extrémité.  »  Cependant  les  évènemens 
se  pressaient;  Louis  XYin  était  rentré  à  Paris;  Carnot  eut  ordre  de 
rendre  Anvers ,  et  les  habitans  de  Bourgterhoud ,  qui  devaient  à  son 
humanité  la  conservation  de  leurs  propriétés,  consignèrent  leur  re- 
connaissance en  plaçant  au-dessus  de  la  porte  de  France  cette  inscrip'^ 
tion  :  Faubourg  Carnot.  Ceci  prouve  également  en  faveur  des  Anver- 
sois,  du  général  Carnot  et  du  Roi  qui  voulut  que 'Tinscriptioà  iàï 
respectée.  Les  Français  cependant  n'oublieront  jamais  Thospitalité 
accordée  par  Guillaume  P'  à  nos  proscrits  qui  bientôt  après  trouvèrent 
dans  ses  Ëtats  isile  et  protection  :  les  Nassau  sont  de  nobles  princes 
placés  i  la  tète  d'une  noble  nation. 

Au  20  mars  1815,  Carnot  fut-chargé  du  portefeuille  de  Tintérieur, 
et  dans  ce  poste,  le  plus  délicat  de  tous,  il  rendit  encore  d'éminens 
services  au  pays;  on  lui  doit  Torganisation  de  nombreux  bataillons 
de  gardes  nationales ,  destinés  à  être  mnèMisés ,  et  que  la  catastrophe 
de  Waterloo  rendit  inutiles  ;  la  création  de  vastes  ateliers  de  fabrica- 
tion  d'armes ,  où  il  avait  appelé  tous  les  ouvriers  en  fer  et  en  cuivre , 
les  mëcanicienA.  les  fondeurs  de  la  capitale  ;  la  création  d'bôpitaus 


an  ntpifii. 


'  t  ' 


!  yiipplèmentaires;  la  réunion  d'immense»  réserves  de  vivres ,  de  muaî- 
ti<ms.  Au  milieu  de  ces  graves  travaux ,  nous  n'oublierons  pas  les  or- 
dres qoïc  le  ministre  donna  pour  que  le  secret  des  lettres  fût  respecte. 
Le  mémoire  imprimé  sur  la  situation  dç  la  France,  et  qu'il  avait  adressa 
au  Roi  après  la  première  restauration ,  contenait  des  conseils  utiles  1 1 
dignement  exprimés  ;  un  pareil  langage  ne  pouvait  être  compris  par 
ces  mauvais  conseillers  qui  entouraient  le  trOne,  et  qui  devaient  le 
perdre  une  seconde  fois. 

Le  mérite  supérieur  de  Carnot  était  apprécié  dans  toute  l'Europe; 
en  1817  et  en  1818,  il  refusa  les  ofiTres  de  la  Russie  et  de  la  Prusse;  une 
seconde  fois  exilé  de  France,  il  voulut  rester  fidèle  à  sa  patrie ,  loin  de 
laquelle  il  devait  mourir.  Carnot  tut  à  la  fois  un  officier-général  du 
mérite  le  plus  éminent  et  un  grana  citoyen.  Les  écrivains  de  tous  les 
partis  se  sont  accordés  à  rendre  la  justice  la  plus  éclatante  i  sa  rigide 
probité.  Carnot,  après  avoir  long-temps  disposé  de  la  fortune  pu- 
blique,  est  mort  pauvre  et  ne  laissant  même  pas  à  sa  famille  l'héritage 
paternel.  Nous  terminerons  cette  notice  en  rappelant  les  paroles 
d'un  contemporain  :  La  renommée  de  Carnot  est  un  de  ces  beaux 
IHres  de  gloire  que  f  Europe  enme  à  la  France. 

{lfei$  dê$  Réiëetmrê  ) 


r 


DE  LA  DÉFENSE  DES  PLACES  FORTES. 


OBJET  ET  PLAN  DE  CET  OUVRAGE. 


Sa  Majesté  impériale  et  royale ,  frappée  du  peu  de  résistance  qu'ont 
opposée  à  l'ennemi  y  dans  ces  derniers  temps»  plusieurs  forteresses , 
a  ordonné  qu'il  fût  rédigé  une  instruction  spéciale ,  pour  rappeler  aux 
militaires  chargés  de  la  défense  de  ces  boulevarts  de  TEtat,  Timpor- 
tanoe  de  leurs  fonctions  et  retendue  de  leurs  devoirs ,  la  gloire  qui  les 
attend,  lorsqu'ils  ont  su  les  remplir,  et  les  malheurs  qu'ils  attirent  sur 
leur  patrie  et  sur  eux-mêmes,  lorsqu'ils  les  ignorent  ou  les  trahissent. 
Sa  Majesté  a  voulu  que  cette  instruction  fût  adaptée  au  cours  d'études 
des  élèves  de  l'Ecole  impériale  du  génie ,  établie  à  Metz;  et  Elle  a  jugé 
à  propos  de  me  confier  Texécution  de  ce  travail  esquissé  par  Elle-même. 

Pour  répondre  autant  que  je  le  puis  aux  intentions  du  Souverain ,  je 
me  propose  de  recueillir  ici  les  préceptes  qui  sont  le  fruit  de  la  médi- 
tation et  de  l'expérience  des  matlres  de  l'art:  j'emprunterai  le  plus 
souvent  qu'il  me  sera  possible  leurs  propres  paroles ,  et  j'appuierai 
leurs  maximes  par  des  exemples  tirés  de  l'Histoire  ancienne  et  moderne. 

Tous  les  devoirs  de  l'homme  de  guerre,  chargé  de  la  défense  d'une 
place,  se  réduisent  à  deux  :  l*étre  dans  la  terme  résolution  de  périr 
plutôt  que  de  la  rendre  ;  9^  connaître  tous  les  moyens  que  fournit  l'in- 
dustrie pour  en  assurer  la  défense  :  c'est  aussi  sur  ces  deux  points  qp^ 
[établis  la  division  de  cet  ouvrage. 


dk>*«(v  ''i  ' 


DE  LA  DÉFENSE 


PLACES  FORTES 


PREMIÈRE  PARTŒL 

ft»  tool  militaire  chargé  de  la  défense  d'une  place,  doil  être  daoa  la  ffaotolfoii  de 

périr  platôt  que  de  la  rendre. 


CHAPITRE  PHBMIER. 

L'MgitHMi  de  défendre  IciplaeM  foAei  Jmqo'à 
Il  dernière  estrémilé  «I  impoeée  ptr  lef  loii 
de  ta  diKiplioe  militaire.  —  Faustei  objee- 
tioni  eontre  ce  principe.  —  Un  militaire  n'eil 
retponsable  qne  de  reiécution  des  ordres 
qui!  reçoit.  —  11  ne  lui  appartient  d'en  eu- 
niMT  ni  les  netiC^  ni  les  coeséqaenccs. 

C'est  la  discipline  militaire  qui  fait  la 
lioire  du  soldai  et  la  force  des  armées, 
ear  elle  est  le  plus  grand  acte  de  son 
dévoaement  et  le  gage  le  plos  assuré 
de  Ufictoire.  C'est  par  elle  que  toutes 
iesfolontés  se  réunissent  en  une  seule  ; 
((ne  tontes  les  forces  partielles  con- 
oMrent  vers  lu  même  tnit.  Ainsi  au- 
om  obstacle  ne  se  présente  qu'elle  pe 
PanéantisBe  «  aucune  difficulté  qu'elle 
oe  U  aunnoote.  La  force  qu'elle  diri- 
ge, tttp^Ue  très  inférieure  à  une  autre 
dont  les  parties  seraient  divergentes, 
cDe  produira  tonjoura  des  effets  plus 
certains;  elle  finira  par  la  détruire, 
piree  qu'en  se  concentrant  snccessl- 
vemeot  sur  tous  les  points  de  cette 
dernière,  elle  opposera  constamment 


le  Ifarten  ftdlilo.  Enfin,  c'est  par  cette 
vertu  militaire  qu'une  poignée  de 
Grecs  abaissa  l'orgueil  des  rois  de 
Perse,  qu'Alexandre  porta  ses  armes 
victorieuses  jusque  sur  les  bords  du 
Genge,  qne  les  Romains  subjuguè- 
rent tous  lea  peuples  du  monde  alors 
connu. 

Parmi  les  Français  «  l'obéissance 
n'est  point  aveugle,  et  n'en  est  que 
plus  h^oïque  :  l'intelltgence  dont  elle 
n'est  junais  séparée,  loin  de  la  con- 
trarier, lui  sert  i  mieux  exécuter  les 
ordres  qui  lui  sont  donnés;  mais  elle 
veut  être  établie  sur  la  confiance  et 
Tabnégation  qu'elle  fait  de  ses  propres 
lumières,  est  un  hommage  de  plos 
qu'elle  rend  au  chef  qui  la  dirige. 

JLa  défense  des  places  fortes  est 
peut-être  la  partie  de  l'art  militaire 
qui  exige  le  plus  de  cette  vertu  sup^ 
rieure,  parce  qu'elle  y  brille  moins  que 
sur  les  champs  de  bataille  ;  mais  ceux 
qui  se  sont  consacrés  à  ce  genre  de 
combats  n'en  sont  que  plus  dignes 
d'admiration  et  de  reconnaissa:xe. 

La  discipline  militaire  nous  ùnpoit 


n 


loe    •-  • 

à  tons  l'obligation  de  défendre  jusqu'à 
la  mort  le  poste  qui  est  edufléi  opire  Q* 
délité.  Les  places  de  guerre  sont  de  tous 
les  postes  les  plus  importans  :  ce  sontdes 
vedettes  distribuées  sur  la  frontière. 
Le  devoir  de  cçux  qui  les  défendent 
est  le  mèmq  f\n%  celvi  (f uti  corps  d^ 
troupes  qui  serait  établi  dans  un  dénié 
pour  en  fermer  le  passage ,  et  sur  le- 
quel reposerait  la  sécurité  d'une  armée. 
Sans  doute  un  pareil  poste  ne  serait 
pas  abandonné  à  l'ennemi.  Nous  ne  de- 
vons donc  pas  craindre  que  la  ponctua- 
nte et  te  2ëte  se  montrent  moins  actlfe 
dans  le  service  des  places  que  dans  les 
camps,  du  moment  que  tout  guerrier 
saura  qu'ils  y  sont  également  néees^ 
saires,  qu'ils  n'y  contribuent  pas 
moins  à  la  sûreté  de  l'État  et  aux  suc* 
ces  des  conceptfM^  de  Mm  «ègttslê 
chef,  qui  saura  toujours  les  Aiiré  ret*- 
sortir  aveô  un  éehit  proportioniié  m 
dévouement  qu'ils  exigent. 

Louis  XIV,  mécontent  de  ies  gou*^ 
verneurs  et  commandans  de  piMM, 
leur  adressa  la  lettre  circolaire  rnivan- 
le ,  qui ,  depuis  cette  époque,  a  tou«* 
jours  été  regardée  comme  la  baie  des 
devoirs  de  ceux  à  qui  ces  poètes  «ont 
confiés;  une  ordonnance  semblable 
avait  déjà  été  rendue  par  Lodia  XKf , 
comme  on  le  volt  par  cette  cireulaire 
même: 

«  Traf U  (le  l'ailaqne  et  de  U  défense  det  pUcoi, 
»  par  M.  le  maréchal  de  Vauban.  » 

«  UowaiBra , 

»  Quelque  satisfaction  que  j'aie  de  la 
D  belle  et  vigoureuse  défense  qui  a  été 
»  faîte  dans  celles  de  mes  places  fortes 
»  qui  ont  été  assiégées  depuis  celte 
»  a;uerre,  et  bien  que  ceux  qui  y  corn- 
»  commandaient  se  soient  distingués 
»  en  soutenant  pendant  plus  de  den\ 
9  mois  leurs  dehors,  ce  que  n'ont  point 
»  failles  commandant  des  pinces  enne- 


ni  LA  UiFBtSt 


»  mies,  lesquelles  ont  été  assiégées  par 
»  mfs  armes  ;.  ^eiïendant,  comme  j'es- 
»  time  que  les  corps  de  places  peuvent 
f  être  défendus  aussi  long-temps  que 
»  les  dehors ,  et  que  c'est  sur  ce  prin* 
»  cipe  que,  dès  le  règne  du  feu  roi  mon 
»  tl>ès  ho|ioré  seif  neui*  et  pfere,  il  a  été 
»  enjoint  à  tous  gouverneurs  de  places 
»  de  guerre,  par  une  clause  expresse 
»  qui  s'est  toujours  depuis  insérée  dans 
»  leurs  provisions,  de  ne  point  se  ren- 
»  dre ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  brèche 
»  considérable  au  corps  de  la  place ,  et 
»  qu'après  y  avoir  soutenu  plusletm 
s  assauts  ;  J^i  jugé  à  propos  de  renou- 
»  vêler  les  mêmes  ordres  à  tons  les 
ir  eommandans  de  mes  places.  C'est 
»  pourquoi  je  vous  écris  cette  lettre 
»  pour  vous  dire  qu'an  cas  que  la  place 
0  que  vous  eommandex  vienne  à  être 
D  assiégée  par  les  ennemis ,  mon  in- 
»  tention  est  que  vous  ne  la  rendiei 
»  point,  à  moins  qu'il  n'y  ait  brèdie 
»  considérable  au  corps  d'icelle,  et  qu'a- 
»  près  y  avoir  soutenu  au  n^oins  un  as- 
B  saut  ;  et,  ne  doutent  pas  que  vous  ne 
»  vous  conformiez  avec  tout  le  tèlii  que 
»  vous  avez  fait  paraître  en  toutes  oc* 
»  casions  pour  mon  service,  à  ce  que  je 
»  vous  prescris  pat  la  présenté,  je  m 
)»  vous  la  ferai  plus  ei  presse  ni  jAtt 
»  longue,  que  pour  prier  Dieu  qu'H'fOM 
»  ait,  Monsieur,  en  sa  sainte  garde. 

»  Ecrit  à  Versailies,  le  aîxièiiM  ) 
»  du  mois  d'avril  1706.        Loei».  » 

Cependant  quelques  mitttaires, 
me  très  braves,  se  sont  récHés  eonlfie 
la  rigueur  de  cette  ordonnanoe,  et  fêit 
là,  peut-être,  ils  ont  Arâml  wie  «orie 
d'autorité  à  ceux  qui  ne  fherchentqM 
des  prétextes  ponr  se  rendre  prcunfl» 
ment.  Il  n*est  qu'uM  réfMMite  à  Imt 
rnire;  c*ei^t  que  des  «ktlitifres  M  saiit 
point  des  Mgistatenrs,  qu^un  tinmi 
de  guerre  n'est  responsirtiie  qa»  ée 
l'exécution  des  Ms(  qu'il  mmmwfi  é 


Mi  »LACM  FOATBi. 


lesMfMndre  du  moment  qu'il  le  per- 
met des  réflexions  sur  les  inconyéniens 
dont  tontes,  peut-être,  sont  suscepti- 
bles. La  guerre  est  un  état  yiolent,  elle 
entraîne  des  mesures  extraordinaires 
et  une  foule  de  malheurs  inévitables 
qu'on  ne  souffre  que  pour  en  éviter  de 
plas  grands.  Sans  doute  il  est  affreux 
d*exposer  la  population  entière  d'une 
grande  ville  à  l'emportement  d'un 
vainqueur  qui  peut  Tenlever  d'assaut; 
mais  n'est-il  pas  plus  affreux  encore 
d'abandonner  à  sa  licence  et  à  la  dé- 
vastation tout  le  pays  couvert  par  cette 
place  ;  d*exposer  une  armée  dont  elle 
peot  couvrir  le  flanc  et  les  derrières,  à 
être  prise  à  revers  et  k  être  complète- 
ment détruite,  lorsqu'efle  touchait  au 
moment  de  recueillir  le  fruit  de  ses 
travaux? 

Mais  c'est  d'ailleurs  mal  saisir  l'esprit 
dn  règlement  que  de  lui  imputer  le 
danger  imminent  de  laisser  passer  au 
Si  de  l'épée  les  citoyens  d'une  ville. 
Ce  règlement  prescrit  de  soutenir  Tas- 
sant au  corps  de  la  place;  mais  il  le  pres- 
crit, parce  qu'il  suppose  que ,  confor- 
mément aux  règles  d'une  bonne  dé- 
fense, le  commandant  n'aura  point 
négligé  de  faire  faire  derrière  la  brè- 
che un  retranchement  capable  d'arrè*- 
ter  rennemi  tout  court ,  quand  même 
l'assaut  lui  aurait  réussi.  Ce  comman*- 
dant  est  eondamnable ,  non  pas  préci- 
sément pour  n'avoir  pas  soutenu  un 
assaut  qui  aurait  pu  compromettre  le 
saint  des  habitans ,  mais  au  contraire, 
pour  n'avoir  pas  pourvu  de  bonne 
iienre  à  la  sAreté  de  ces  mêmes  habi- 
tans parla  constmetion  d'un  bonretran- 
diement  qui  l'aurait  mis  en  état  de 
nutenir  rassaot  avec  sécurité. 

U  kri  du  S6  juillet  1791,  artide  l*', 
interprète  la  lettre  de  Louia  XIV  par 
le  texte  suivant  : 

Ibiir  eofftmaïubml  de  plaet  féru  at» 


boàtioimUê  fm  (a  Irniérë  4  fmnmni 
avant  qu'il  y  ait  bréèH  aee$sê(èU  $i  pro» 
tieaUe  au  torpêdêploM,  «I  atant  quê  k 
corpg  iê  plaeê  ait  êOîiiéMê  eru  moin*  «m 
Oêgaut,  ii  tùutefoiê  it  y  a  un  reiramhe^ 
ment  intirienr  dtrriim  ta  hrkkt ,  tard 
puât  de  mort,  à  moin»  qu'il  ne  manqué  d$ 
munit    i  et  de  vivres^ 

Mais  ce  texte  ne  Justifie  point  le 
commandant  de  s'être  rendu  avant  d'a« 
vdir  soutenu  l'assaut,  parce  que  cela  ne 
le  dispense  pas  de  faire  un  retranche'* 
ment,  i  moins  que,  par  quelque  cir*- 
constance  imprévue,  il  n'y  eât  imposai-' 
bili  té  constatée.  Ainsi  Tobjection  tombe 
d'elle-même,  et  la  responsabilité  du 
commandant  reste  entière ,  sans  que 
le  salut  des  habitans  soit  compromis. 

Le  coupable,  s'il  arrivaitqu'une place 
fAt  par  événement  emportée  d'assaut, 
après  une  résistance  courageuse  et 
bien  entendue,  ne  serait  point  celui 
qui  l'aurait  soutenue  au  péril  de  sa  vie, 
mais  celui  qui  abuserait  de  sa  victoire. 
Le  premier  a  rempli  héroïquement  ses 
devoirs,  le  second  déshonore  son 
triomphe.  Et  qu'on  ne  dise  point  que 
le  pillage  est  un  droit  de  la  goerre;  ce 
droit  n'eKista  Jamais  que  parmi  les  bar- 
bares: les  généraux  les  plus  recomman- 
dables  se  sont,  dans  tous  les  temps,  ef- 
forcés de  le  réprimer  ;  et  souvent  ils  y 
ontréussi,  ainsi  que  le  fit  M.  le  maréchal 
de  Saxe  à  la  prise  de  Prague  qu'il  em- 
porta par  escalade.  Il  y  donna  de  si 
bons  ordres,  que  les  soldats  ne  com- 
mirent aucun  excès  dans  la  ville  II 
est  nai  néanmoins  qu'un  gouverneur 
ne  doit  pas  exposer  la  bcurgcoisie  à 
une  semblaMe  incertiCnde;  il  doi 
commencer  par  asaver  les  derrières 
de  la  brèche  par  on  bon  retrapehe^. 
ment,  et  la  bourgeaiaie  eHe-mèoif, 
dont  ce  retranchement  fait  la  sèrelé, 
dett  partager  à  cet  ésard  ias  tftvMi  de 
la  garnison. 


M.IA  DiPBNSB 


iA  Von  Yeot  avoir  l'exemple  d'ane 
défense  cpii  ait  rempli  les  conditions 
prescrites  par  la  lettre  da  Louis  XIV« 
quoique  antérieure  à  son  règne ,  il  faut 
^«^Ure  la  relation  du  siège  d'Uesdin,  faite 
par  le  chevalier  de  Ville  qui  en  avait 
dirigé  lui-^môme,  comme  ingénieur,  les 
opérations  sous  les  ordres  de  M.  de  la 
Melleraye,  grand-maître  de  l'artillerie. 
La  ville  d'Hesdio  a  soutenu  plusieurs 
sièges;  celui  dont  il  est  ici  question 
eut  lieu  sous  Louis  XIII,  en  1637.  Les 
Erança»  attaquaient  la  ville,  et  les  £3- 
pagnob  la  défendaient  sous  les  ordres 
do  comte  de  Hanapes,  gouverneur.  La 
relation  du  chevalier  de  Ville  peut  ser- 
vir de  modèle  en  ce  genre;  comme 
elle  renferme  plusieurs  réflexions  uti- 
les ,  et  qu'elle  donne  une  idée  de  la 
manière  dont  on  procédait  de  part  et 
d'autre  dans  la  guerre  des  sièges  à 
cette  époque,  j'en  citerai  plusieurs 
passages^  en  regrettant  que  les  bornes 
de  cet  écrit  ne  me  permettent  pas  de 
la  rapporter  tout  entière. 

«  Le  vendredy  20  may,  l'armée  s'ap- 
»  procha  à  demie  lieue  de  Uesdin,  où 
»  chacun  prit  son  camp,  et  son  champ 
D  de  bataille.  A  mesme  temps  que  ceux 
»  de  la  ville  virent  paroistre  les  nostres, 
»  ils  mirent  le  feu  à  tous  les  deux  faux- 
«boungs  avec  si  grande  haste,  qu'ib 
»  n'eurent  pas  loisir  de  porter  rien  de 
»€e  qu'ils  y  avoient  laissé. 

vLe  dimanche  22,  les  tranchées 
»  commencèrent  à  être  ouvertes. 

h  Cependant  le  roy  part  de  Sainct- 
»  Germain  le  25  may,  toute  la  cour 
»  l'accompagne  ;  chacun  veut  participer 
nk  l'honneur  d'une  si  glorieuse  entre- 
p  prise.  Toute  la  noblesse  abandonne 
ji  Paris,  et  on  n'y  voit  plus  personne 
»  qui  no  soit  honteux  d'y  porter  une  | 
i  vespée.  ! 

n  L'éminentissime  cardinal  duc  de  i 
»  Richelieu  suit  le  roy  le  jour  même.  , 


»  pès-lors  chacun  s'assure  de  la  prise 
»  de  Uesdin  ;  on  ne  fait  plus  compte  du 
B  ses  fortifications ,  de  la  force  de  la 
»  garnison,  et  de  la  quantité  des  ca- 
nnons et  munitions  qu'on  craignoit 
»  auparavant. 

»  Tant  plus  nous  avancions  le  com- 
»  blement  du  fossé,  tant  plus  l'ouvrage 
»estoit  diflicile,  parce  que  les  en- 
x>nemis,  outre  les  mosquetades,  ils 
x>seservoient  plus  advantageusement 
Dde  leurs  arliGces;  il  ne  leur  falloit 
B  plus  jetter  si  loing  les  grenades,  les 
»  cercles,  les  pots  ^  feu;  ils  laissoient 
D  rouler  au  long  de  la  bresche  les  bom- 
B  bes,  et  décendoient  avec  des  chaisnes, 
»des  fagots  et  des  gabions  couverts  de 
»  composition  et  les  arrestoient  et  fai- 
B  soient  brusler  où  il  leur  sembloit  plus 
»  a  propos. 

B  La  réputation  de  ce  siège  estoit  si 
x>  grande  que  tous  ceux  qui  habitoient 
ttles  provinces  voisines  y  venoient 
»  pour  le  voir,  et  plusieurs  des  pays 
S)  fort  éloignez.  Monsieur  le  nonce  du 
t>pa|.e,  et  Monsieur  l'évesque  de  Beau- 
»  vois  le  vindrent  voir  le  20  de  juin  ;  et 
»  encor  que  leur  profession  ne  fust  pas 
»  de  s'approcher  des  lieux  périlleux , 
Duèantmoins  ils  y  voulurent  aller, 
»  puisque  le  roy  y  avoit  été.  Leur  eu* 
»  riosité  fut  autant  louée,  comme  Isre- 
»  proche  fut  grand  aux  gentils-homaiei 
»  du  pays  qui  n'y  vindrent  pas. 

»  Ces  jours  icy,  les  ennemis  oom* 
»  mencèrent  à  ne  plus  tirer  tant  du  ca- 
»  non  comme  ils  avoient  accoustomé  ; 
x>nous  conjecturAmes  de  la  qu'Os 
»  avoient  fautes  de  boulets  ou  de  pou- 
»dre;  iU  ménagèrent  fort  mal  leurs 
»  munitions  pour  avoir  trop  tiré  au  com- 
»  mencement  et  sans  nécessité  ;  ils  en 
B manquèrent  à  la  fin,  lorsqu'ils  en 
»  avoient  plus  de  besoin. 

]>Les  deux  mines  (aux  bastions  at-> 
»  taqués  par  Champagne  et  Kéniont 


DBS  PLACBS  PORTES. 


ttareot  toutes  prestes  après  midi. 
Moosiear  le  grand-maistre  résolut  de 
ne  les  faire  jouer  qu'à  six  heures  du 
soir  affin  qu'on  peust  se  loger  de 
joar,  parce  que  la  nuit  nous  estott 
trop  dommageable  pour  les  raisons 
que  nous  avons  dites.  Il  estoit  ad- 
verty  que  les  ennemis  se  préparoient 
depuis  plusieurs  jours  à  soustenir 
Fassaut,  que  le  gouverneur  Tavoit  ré- 
sdn,  que  les  soldats  y  estoieut  tous 
disposez,  que  les  artifices  e^toient 
tout  prests ,  et  les  retranchemens 
achevez.  Il  jugea  qu'une  attaque  ne 
se  pouToit  faire  qu'avec  perte  sit^cia- 
léedes  nostres,  et  particulièrement 
de  quantité  de  gentils-hommes  de 
marque  volontaires,  et  qu'il  n'eust  pu 
cmpes'her  d'y  aller  des  premiers,  il 
donna  l'ordre  pour  faire  seulement 
UD  logement,  où  tout  aussitôt  on  fe- 
roit  des  fourneaux,  pour  faire  sauter 
peu  à  peu,  et  sans  perte  des  nostres, 
les  retranchemens  que  les  ennemis 
avoient  préparés. 

uLes  montagnes  voisine:^  estoient 
toutes  couvertes  de  spectateurs ,  et 
tout  estoit  couvert  d'hommes.  Par 
cet  appareil  les  ennemis  cogneurent 
que  nous  nous  préparions  à  faire 
quelque  grand  effort,  bien  plus  que 
Dous  n'avions  dessigné  :  eux  ne  man- 
quent pas  aussi  de  disposer  tout  ce 
qui  estoit  nécessaire  pour  résister 
courageusement.  Nostre  canon  tire 
furieusement  tout  le  jour,  la  mos- 
quetterie  sans  cesse,  les  trompettes 
font  les  fanfares,  tout  est  en  mouve* 
ment.  Sur  les  six  heures  du  soir  on 
met  le  feu  aux  deux  mines,  celle  de 
Piedmont  fait  autant  d'effet  que  l'au- 
tre, eiicor  qu'elle  n'eust  que  la  moitié 
de  la  poudre.  Je  croy  que  de  celle 
»de  Champagne,  il  n'en  prit  que  le 


»  la  terre,  avant  que  le  feu  peust  aller 
»  jusqu'aux  autres;  néautmoins  toutes 
»les  deux  bresches  estoient  grande*» 
»  ment  ouvertes  et  faciles  à  monter; 
»  mais  le  malheur  des  passages  et  ponts 
»qui  se  rompirent,  nous  empeschèrent 
»eiicor  cette  fois  d'aller  plus  avant. 
»  Tout  à  l'instant  les  ennemis  se  mons* 
vtreiit  sur  la  bresche ,  quelques-uns^ 
»  découvert,  font  leur  saive,  roulent  en 
»  bas  des  chevaux  de  frise  montez  sur 
»denx  roues,  jettent  quantité  de  gre^ 
»  nades,  de  cercles ,  de  pots ,  et  toutes 
A  sortes  d'artifices  couvrent  la  bresche 
j»  (le  feu.  Les  mosquetades  sifDent  sans 
»  cesse  de  tous  costez,  tout  est  couvert 
pde  fumée,  de  nostre  canon,  de  leurs 
»  feux  et  de  leurs  mosquets.  Ib  crient, 
i)  ils  s'exhortent  les  uns  les  autres  et  té* 
»  moignent  qu'ib  se  veulent  deffendre 
»  sans  crainte  ;  ils  se  mettent  à  travaH- 
»  1er  derrière  la  bresche ,  nous  voyons 
»  jetter  la  terre,  et  quoyque  nostre  ca- 
»non  tirast  furieusement  contre  ces 
»  lieux,  ils  ne  cessoient  pas  de  travait- 
»  1er  et  de  tirer. 

x>Le  vingt-huitième  juin,  sur  les  six 
»  à  sept  heures  du  soir,  on  commanda 
I»  de  donner.  Ceux  de  Bellefond  et  de 
»  Mondejus  s'advancent  vers  l'ennemi 
»  et  vont  à  la  bresche.  Le  Chenoy,  ca* 
Dpitaine  du  régiment  de  Mondejus, 
DavecDumont,  se  tiennent  là-dessus  à 
y>  la  mercy  des  mosquetades  qui  pleu- 
»  voient  sans  cesse.  Les  soldats  com- 
»  mandez  les  suivent,  et  se  mettent  en 
y»  devoir  de  travailler.  Ceux  des  tran- 
»  chées  tirant  continuellement  nos  ca- 
»  nous  de  toutes  les  batteries,  n'inter- 
1»  rompent  point  de  tirer  dans  les  para- 
D  pets  et  lieux  ou  ceux  de  la  place  fai- 
»  soient  leurs  défenses;  mais  cela 
»  n'empeschoit  pas  que  les  ennemis  ne  ' 
1»  fissent  pleuvoir  une  espaisse  gresie 


»  en  fat  estooffée  par  l'ébouiement  de 


»  premier  fourneau  et  que  la  saucisse   »  de  mosquetades.  Les  bombes  roulent 


»  au  long  de  la  bresche,  les  grenades 


i 


frM 


Bl  lA  DéFBMSB 


ctèvent  de  tûm  eostez ,  et  les  pierrei 
foleDi  parfont  Les  cerclai,  les  pots  à 
fea«  les  gabions  brasians,  et  tous  les 
astres  artifices  couvrent  toute  la 
bresche  de  feu;  on  ne  sait  on  se  met- 
tre, le  péril  est  partout  ;  les  uns  sont 
tues  des  coups  de  mosquets,  les  au- 
tres estropies  des  grenades,  tous 
sont  blessez  par  (pielqu'un  de  ces  tirs; 
il  n'en  revient  point  de  sauve.  On 
veut  reconimenoer  l'effort,  mais  ceux 
de  dedans  n'interrompent  point  leur 
défense  ;  ils  se  rafraischîssent  les  uns 
après  lès  autres,  et  la  résistance  est 
aussi  paissante  à  la  fin  qu'au  com* 
mencement«  tellement  que  les  der* 
niers  n'ont  pas  meilleur  traitement 
que  les  pr^miers.  Avant  que  les  nos- 
tres  puissent  oommencer  à  travailler 
ils  sont  tues  ou  Messea,  et  tant  plus 
nous  persévérons,  tant  plus  la  perte 
des  oestres  est  grande  ;  les  ennemis 
ne  se  rebutent  pas,  parce  qu'ils  sont 
à  couvert  et  qu'ils  reçoivent  peu 
de  mal  et  en  font  beaucoup  ;  et  les 
nostres  au  contraire  en  reçoivent 
sans  eu  faire,  et  sans  pouvoir  advan- 
oer  Id  travail.  Jamais  attaque  n'a  esté 
plus  opîniastre  ny  mieux  soutenue. 
»  Il  fut  résolu  de  faire  le  lendemain 
deux  fortes  attaques  par  les  deux  pas- 
sages du  fossé,  et  d'autres  sur  des 
ponts  de  bois  et  de  joncs»  pour  aller 
aux  autres  lieux  ruinez ,  â  la  cortine 
et  aux  flancs,  aussi  rompus  et  aussi 
aisez  à  monter  que  ceux  où  la  mioe 
avoit  joues«  Tous  se  retirèrent  pour 
faire  w  plua  grand  effort  le  lende- 
main. 

»  Au  lever  du  soleil ,  environ  une 
heure  apràa  91e  le  sieur  de  la  Frege- 
Uère  fut  tué»  un  tambour  vint  sur  la 
hrescbe  qui  bit  la  ebiamade.  On 
cesse  de  tirer;  il  se  montre,  et  dit  que 
eeia  do  la  plaee  deeaan4oient  i  far- 
Bwwwnev» 


»  Les  articles  qu'ils  prétendolealfli» 
»  rent  portés  au  roy,  qui  en  retrancha 
»  et  ajouta  ce  qu'il  jugea  i  propos  ;  en- 
jifin,  après  quelques  demandes  et  quel- 
s  ques  réponces,  ils  furent  oonclos  sur 
»  le  midy  avec  les  conditions  oui  s'en 
•suivent 

s  II  leur  fut  accordé  que  toute  la  gar- 
s  nison  sortirott  le  lendemain  80  juin, 
»  à  dix  heures  du  matin,  avec  lem  ar- 
âmes,  chevaux  et  bagages»  tambour 
»  battant,  unseigne  déployée ,  baUa  en 
»  bouche  et  mesche  allumée  des  deux 
a  bouts; 

»  Qu'ils  pourroient  emmener  deux 
s  pièces  de  canon,  l'une  de  vingt  et 

•  l'autre   de   vingt^uatre  livres  de 

•  balle ,  et  un  mortier  avec  quatre  ton- 
s  nés  de  mesches,  etc.,  etc. 

9  II  sortit  treize  cents  liommes  ipied 
a  sous  les  armes,  et  environ  cinq  cents 
s  sur  les  chariots,  tant  blesses,  que  ma- 
»  lades,  que  paysans,  et  six«^ingta  che- 
svau-légers.  U  y  avoit,  outre  cela, 
n  plus  de  quatre  mille  femmes  et  près 
de  cinq  cents  chariots,  sans  oeux  que 
nous  leur  avions  fournis»  charges  de 
meubles  et  de  personnes.  La  roy  les 
voulut  voir  sortir»  et  parla  au  gouver- 
neur, le  loua  de  la  deffenee  qu'il  avoit 
foite,  et  lui  témoigna  qu'il  faisoit  es- 
time de  sa  personne* 
»Les  nraraillea  du  coaté  de  l'attaque 
estoient  fort  gastées»  à  cause  des  c  inq 
bresches  qu'il  y  avoit,  à  chaque  face 
du  bastion»  une  de  seize  toiaea  d'ou- 
verture d'assez  facile  montée»  les 
orillons  et  flancs  tous  lompvs  el  one 
autre  hresche  à  la  cortine.  Usas  le 
bastion  qui  estoit  attaqué  par  Pied- 
mont»  ils  avoient  fait  plusleora  re- 
tranchemena  les  uns  après  les  autres. 
Du  costé  de  l'attaque  de  Champagne, 
ilaestoieiit  meilleurs.  Un  faseècreosé 
dans  la  rampart  ton!  an  huig  de  la 


DES  PLAGBt  FOATBI. 


SH 


^MrvM  dt  rotrinchemeDl  en  cet  en- 1 
1  droit. 

.  »  Ils  avoient  aussi  préparé  quantité 
»4*artiflc6i  pour  defieodre  la  bresche, 
t<|aanlilé  de  grenades  et  des  bom* 
»bet  «  des  cercles ,  des  gabions  gué^ 
>4eFonDei  et  plusieurs  autres  sein-» 
aUablet. 

•  Oitre  eela,  à  chaque  flanc  il  y  avoit 
»  «nepiice  de  ranon  pointée  yers  la  bres* 
mitb»^  iju'il  fut  impossible  de  démon- 
»tar,  i  cause  que  les  orîllons  les  <;ou* 
»ifraieat»  encor  qu'on  les  eust  telle* 
V  MMOt  fWDpus,  qu'on  pouvoit  facile- 
»  inent  monter  en  haut.  » 

On  voit,  par  oes  citations,  que  ce 
4û  miit  été  prescrit  par  Louis  XIH 
au  gooYemeurs  français^  et  ce  qui  Ta 
éli  dofuis  par  la  lettre  de  Louis  XIV, 
«faiiétéoheerfé  dans  la  défense  d'Hes- 
dia  par  le  gouferneur  espagnol.  Il  y 
«rail  diiq  brèches  an  corps  de  place, 
al  il  aviit  trouvé  moyen  avec  sa  petite 
gMiiaoo  de  faire  faire  des  retranche^ 
aMM  à  ehaoune  d'elles.  Les  assiégeons 
avaiont  loutilement  tenté  de  s*y  loger, 
laaa  avaient  été  repoussés  vigoureu- 
fam0al«  et  tout  était  disposé  pour  sou* 
lÉnir-iu  liesoio  une  attaque  générale 
dOMrtve  fom,  sans  compromettre  le 
salut  daa  habitans. 

CSepêndant  cette  défense  est  plotM 
ipgB  qM  brillante  ;  elle  aurait  pu  être 
fumit  beaucoup  plus  loin,  et  peut-- 
être  l'eAt^le  été,  comme  l'assurèrent 
ha  assiégés  après  la  capitulation ,  si  la 
pmdia,  qu'ils  avaient  inutilement  con« 
somiséa  dans  les  comroencemens,  ne 
leur  eût  manqué. 

.  ^^Néamnolna^  puisque  cette  défense 
salipliiik  à  ce  qui  a  été  prescrit  depuis 
p«r  la  lettre  de  Louis  XIV,  on  peut 
aDBCtasre  qna  le  devoir  qu'elle  impose 
a'Mtviaa  oiaina  qu'eieessivenneot  sé« 
vèaa*  Xt  enaffet,  il  est  bien  en  arrière 
da  M  qui  aafffaliqaeit  ebei  les  aadens. 


de  ce  qu'on  a^vu  enoure  dans  un  grand 
nombre  de  sièges  qui  ont  eu  lieu  seu- 
lement depuis  Charlemagne,  avont  et 
après  l'iiivetition  de  la  poudre,  du 
temps  mémo  de  Louis  XIV«  et  posté- 
neurement  ù  lui  ;  et  lorsqu'on  pense 
que  cette  circulaire  a  été  provoquée 
par  le  maréchal  de  Vauban^  l'homme 
le  plus  philanthrope  peut-être  de  tout 
le  siècle  d'alors,  on  ne  peut  s'empêcher 
de  demeurer  convaincu,  que  cette  me- 
sure était  indispensable ,  et  peut-être 
insuffisante.  Ce  grand  ingénieur,  non 
moins  illustre  par  ses  travaux  pour  l'ad* 
minibtration  civile,  que  par  ses  exploits 
militaires,  ajoute,  à  cette  circulaire 
rapportée  dans  son  Truite  de  la  défengê 
des  Plaies ,  les  réflexions  suivantes. 

«TrAltédèlalUqiM  et  de  la  UéfeMS  dei  p)tt«t.s 

«  La  plupart  des  placer  mal  défen- 
x>dues  l'ont  moins  été  par  le  peu  de 
»  courage  des  gouverneurs  que  parce 
»  qu'ils  n'en  ont  pas  entendu  la  défense. 
»  La  raison  do  cela,  c'est  que  tous  les 
9  gouveruemeiis  sont  donnés  ou  ache-- 
Y>tés;  roux  qui  sont  donnés,  le  sont 
»  ordinairement  à  de  vieux  olllciers 
»  pour  récompense  de  leurs  services, 
»  sans  faire  beaucoup  d'attention  h  leur 
»  capacité,  que  l'on  suppose  phitét  telle 
»  qu'elle  devrait  être,  qu'on  ne  la  cou- 
inait, en  quoi  l'on  se  trompe  fort. 
»  Beaucoup  de  ces  officiers,  qiAin  peu 
»de  faveur  a  aidés  à  faire  le  chemin, 
i»ne  songent  guère  qu'à  faire  leur 
a  cour,  et  à  faire  valoir  leur  goUverrii!<« 
»ment,  pour  avoir  de  quoi  subsister 
«une  partie  de  l'année  à  Paris  etû  la 
»  cour  où  ils  résident  le  phis  qu'f  U  peo- 
»vent.  Sont«ila  obligés  de  venir  dans 
•leur  place?  c'est  à  condition  de  n'y 
«demeurer  que  le  moitts  qu'ils  pour- 
1  a  ront,  et  sur  le  pied  d'y  tenir  table  d^ 
i  «jeu,  de  bonne  chère,  et  d'aller  en  ri- 


ms 


VE  LA  DÈFKSÏÏE 


site  dans  les  environs  faire  des  parties 
de  chasse*  etc.;  c'est  à  peu  près  tout 
ce  qui  les  y  occupe  :  d'application  à 
bien  connaitre  le  fort  et  le  faible  de 
leurs  places ,  aucune ,  ou  si  peu,  que 
ce  peu  ne  les  rend  pas  plus  savans. 
Très  rarement  se  donnent-ils  la  peine 
d'examiner  le  détail  de  lem*  garde, 
de  Hûter  les  postes,  ni  de  faire  quel- 
que ronde  ;  et  quand  je  dirais  que  pas 
un  ne  la  fait  au  temps  où  nous  som- 
mes, je  ne  croirais  pas  mentir.  Il  y  a 
plus  que  cela,  c'est  qu'ils  ne  la  font 
ni  de  jour  ni  de  nuit,  dedans  ni  de- 
hors, ni  près  ni  loin.  C'est  une  inap- 
plication générale  à  étudier  leur  forti- 
fication, et  leur  usage,  le  rapport  que 
les  pièces  qui  la  composent  ont  entre 
elles  en  général  et  en  particulier;  les 
protections  qu'elles  se  peuvent  ré- 
ciproquement donner;  les  chicanes 
dont  elles  sont  capables:  le  mal 
qu'elles  peuvent  faire  à  l'ennemi, 
tant  qu'elles  sont  en  notre  pouvoir,  et 
celui  que  nous  en  pouvons  recevoir 
quand  nous  les  avons  perdues.  Ce 
sont  toutes  choses  qu'ils  devraient 
savoir  parfaitement.  Cependant  je 
puis  dire  que  de  tous  les  gouverneurs 
que  j'ai  connus,  j'en  ai  fort  peu  vus 
qui  se  soient  donné  la  peine  de  s'en 
instruire.  Ce  qui  fait  que  peu  d'entre 
eux  entendent  les  accessoires  de  leur 
défense,  l'usage  qu'ils  pourraient 
faire  ée  leur  fortification,  si  elle  était 
bien  entendue ,  et  jusqu'où  se  peut 
porter  une  tx>nne  défense.  Ils  ne  sa- 
vent jamais  juger  sainement  du  degré 
de  force  ou  de  faiblesse  où  ils  se  trou- 
vent pendant  les  accès  du  siège.  Pas 
on  n'entend  le  ménagement  des  mu- 
nitions, ni  de  quelle  quantité  il  en  a 
besoin,  ce  qui  fait  que  tous  font  des 
demandes  fort  extraordinaires,  et  que 
quelque  quantité  qu*ils  en  puissent 
avoir,  ils  en  manquent  tôiyo«rs»| 


i  qu'elles  son  t  la  plupart  dissipées 
9  et  très  mal  économisées. 

>»  On  peut  dire  la  même  diose  des  ar- 
»  mes  de  rechange,  à  quoi  ils  nefont  pas 
»  grande  attention  avant  que  le  besoin 
•  les  presse.  Ils  savent  encore  miMos  le 
»  nombre  et  la  quantité  de  troupes  qui 
vleur  sont  nécessaires;  jusqu'à  quel 
9  point  et  comment  il  les  faut  ménager 
»  dans  un  siège,  pour  ne  les  pas  expo- 
»ser  mal  i  propos:  la  même  chose  de 
»  l'usage  de  leur  canon.  Tous  attendent 
»à  travailler  à  leurs  retranchemens 
»  jusqu'à  ce  que  rennemi  les  presse  ; 
«c'est-à-dire,  quand  il  n'est  plus  tea^is 
»  de  le  faire,  par  la  quantité  de  booleCs, 
i»de  bombes  et  de  pierresqui  plenvent 
»de  tons  côtés  sur  les  pièces  atla- 
X»  quées  (  qui  sont  celles  qu'il  findraf t 
»  avoir  retranchées  de  bonneheure),  ce 
»  qui  leur  cause  pour  lors  un  empèche- 
»  ment  qu'ils  ne  sauraient  plus  sonuon- 
»  ter.  Rien  n'est  donc  plus  conumin 
«que  de  voir  des  gouveroeors  qui, 
n'entendant  point  la  défense  de  kmn 
places,  y  font  des  fautes  très  gros- 
sières ;  le  tout,  parce  qu'ils  ne  s'y  aoiil 
pas  préparés,  faute  de  résideoee, 
d'étude  et  d'application.  De  là  sott 
nécessairement  l'étonnement  et  l'em- 
barras où  ils  se  trouvent  quand  ils  se 
voient  assiégés  >  ce  qui  produit  pres- 
que toujours  une  très  mauvaise  dé- 
fense ;  au  lieu  que  s'ils  demeuraient 
plus  assidûment  dans  leurs  {riaoes. 
qu'ils  s'appKquassoit  à  les  bien  con-* 
naître,  en  y  employant  deux  ou  trois 
heures  de  temps  par  jour  ;  qu'ils  en 
fissent  souvent  le  tour  dehors  et  de- 
dans; qu'ils  consultassent  ceux  qui 
les  viennent  voir,  et  qui  ont  la  lépo» 
tation  d'y  entendre  quelque  diose  ; 
qu'ils  en  fissent  des  extraits  reiatiCi  i 
un  bon  plan,  ils  pourraient,  dans  ne 
année  ou  deux  de  temps,  ae  rendra 
capdilea  et  trèssavans.  Spneeette  ap- 


M»  FUkCtt  mWTBft. 


MS 


]4ieilioii^«  mn  faomne  oonuBandera 
fort  bien  dii  années  de  temps  dans 
une  iilace  sans  ntfenx  la  connaître 
que  le  premier  joor.  Ce  qui  est  id  re- 
proché anx  goaYemeors  se  doit  ap« 
pliqaer  anan  aux  lieutenans  de  roi  et 
majors,  qoi  sont  pour  Tordinaire  les 
second  et  troiaièoie  commandans  de 
la  place.  » 

Plus  loin,  M.  de  Yanban  s'exprime 
de  la  manière  suivante  : 
c  Entre  ceux  qui  défendent  mai  les 
places ,  on  pourrait  mettre  les  offi- 
ciers-généranx  et  commandans  parti* 
culiers  qn'on  y  envoie  dans  l'attente 
d'un  siège,  pour  suppléer  au  défaut 
des  gouverneurs  du  savoir-faire  des- 
quels on  se  défie.  Ceux-ci  n'ont  peut- 
être  jamais  vu  la  place  dont  il  s'agit 
que  cette  fois-*là  ;  coomie  ils  ne  la 
peuvent  pas  connaître  en  si  peu 
de  temps,  ils  sont  sujets  A  commettre 
de  t^ribles  fautes,  ce  qui  ne  leur  ar- 
rive que  trop  sonvent.  D'ailleurs,  le 
gouverneur,  qni  est  toujours  fâché  de 
ce  qu'on  lui  donne  un  maître ,  ne 
s'ouvre  à  lui  que  le  moins  qu'il  peut  : 
il  ne  lui  donne  pas  grande  connais- 
sance de  ce  qu'il  pense,  et  tout  cela 
concourt  à  la  perte  des  places,  de  la 
défense  desquelles  l'un  et  l'autre  s'ac- 
quittent fort  mal.  Après  quoi,  et  lors- 
qu'ils sont  dehors,  on  les  voit  se  ûé^ 
chaîner  contre  elles,  les  décrier  et 
leur  imputer  des  défauts  qu'elles 
o'ont  point  et  que  la  plupart  ne  con-^ 
naissent  pas.  Faible  moyen  pour  ex- 
cuser leur  ignorance,  pour  ne  pas 
dire  leur  lâcheté! 

sU  serait  à  souhaiter  que  les  gou- 
vememens  des  places  ne  fussent  don- 
nés qu'à  des  officiers  dont  la  capacité 
dans  la  fortification  et  le  service  de 
Tinfanterie  serait  entièrement  con- 
nue ;  elles  se  défendraient  tout  au^» 
trement  qu'elea  pn  le  font  atyouT" 


dlmi,  oik  les  meilleares  el  les  pins 
exactement  fortifiées  ne  font  guère 
ptas  de  défense  que  les  médiocres. 
Q«and  Menin ,  Tune  des  bonnes  plan 
tes  du  royaume,  s'est  rendoe,  je  me 
suis  laissé  dire  qu'il  y  avait  encore 
deux  demi-lunes  à  prendre ,  les  des- 
centes du  fossé  à  faire,  un  flanc  de  la 
place  qui ,  n'ayant  pour  imposer  que 
l'inondation ,  ne  pouvait  être  battu  ; 
ce  flanc  défendait  le  bastion  le  plus 
endommagé  de  l'attaque.  Celui  de  la 
droite  ne  l'était  que  très  peu  :  plus 
de  réflexion  et  de  connaissance  de 
la  fortification  aurait  fait  valoir  ces 
deux  demi-lunes,  toutes  deux  fort 
bonnes  et  très  bien  revêtues,  et  nous 
auriut  épargné  la  honte  d'avoir  per- 
du une  aussi  bonne  place  en  si  peu 
de  temps.  11  faudrait  exiger  des  gou- 
verneurs ,  pottr  empêcher  des  exem- 
ples de  cette  nature,  un  projet  de  dé- 
fense, après  qu'ils  auraient  fait  un  an 
ou  deux  de  séjour  dans  leurs  places  ; 
ce  projet  servirait  à  faire  connaître 
leur  capacité  dans  la  défense.  La  né- 
cessité de  le  dresser  et  d'en  rendre 
compte  eux-mêmes  les  mettrait  au 
moins  dans  l'obligation  de  donner 
quelque  application  à  leur  métier  et 
d'étudier  la  fortification.  Si,  après 
plusieurs  projets  de  défense ,  on  ne 
leur  apercevait  aucune  capacité,  an- 
cane  connaiasance  de  la  bonté  de 
leur  place,  et  de  la  défense  que 
peut  faire  chaque  ouvrage  en  parti- 
culier, il  faudrait  les  priver  de  leurs 
emplois.  On  sait  assez  le  bien  qui  ré- 
sulterait d'une  pareille  chose,  sans 
qu'il  soit  nécessaire  de  l'expliquer.  » 
On  voit,  par  ces  réflexions  du  maré- 
chal de  Vauban,  qu'il  attribue,  et  sans 
doute  avec  raison,  la  mauvaise  défense 
des  places  à  l'ignorance  des  comman- 
dans plutét  qu'au  manque  de  courage. 
En  effet,  un  commandant  qui  a  m 


m 


M  Là  vkmmm 


i'enMDii  s*an^ffodicr  m  pM  é»  Jours 


»  eiilMidrt  au  goitiranieim  ^Ih  ne 


at  presque  sao»  dtf§oillté«  da  la  qiieae  |  »AoNrenl  Jamais  taintiilar,  «1 411a  «f ast 
^•8  tranchées  Jusqu'au  bord  da  foené , 
malgré  toute  rartilterie  das  reaq^rts , 
«'imagine ,  en  voyant  eeUe  értiliarie 
•ntièrement  démontée  ol  sas  feux 
fiTiesque  étants,  qu'il  ne  faut  plus  à 
l'assiégeant  quo  quelques  heures  pour 
aborder  le  corps  de  place  ;  et ,  effrayé 
du  danger  que  courent  la  garnisott  et 
la  bourgeoisie,  il  n'ose  tenir  darantage« 
c'est-à*dire  qu'il  se  rend  lorsque  la  vé- 
ritable défenae  &a  fait^  pour  ainsi  dire, 
.  que  de  commencer;  il  n'est  pas  en  état 
de  rassurer  les  autres^  poiscfue  lui-^mé^ 
me  il  n'a  plus  dç  eonfiaoca  daos.  ses 
propres  moyens.  Il  an  serait  tout  au- 
trement, si  le  cbaf  connaissait  les  res- 
.  sources  que  lui  offre  sa  situation ,  s'il 
avait  su  économiser  ses  muoitions«  s'il 
savait  ordonner  un  bon  retrancheoMnt, 
faire  des  sorties  à  propos,  employer 
les  contrennines  et  les  foogaces. 

Remarquons  bien  que  ee  prétexte , 
fondé  sur  le  danger  auquel  un  assaut 
au  corps  de  la  place  expose  les  hebî- 
tans,  n'a  pas  même  lieu  pour  les  cita- 
delles, forts  et  ahAteaui,  où  il  n'y  a 
^  point  de  bourgeoisie,  et  qui  compo- 
sent, à  eux  seuls,  la  plus  grande  partie 
des  postes  défensifs  :  la  garnison  y  est 
comme  dans  une  redoute,  fermée  et 
fortifiée  avec  le  plus  grmd  soin,  parée 
qu'elle  doit  servir  de  point  d'appui  à 
m  corps  d'armée.  Or,  quel  est  le  miH- 
toke  qui  pourrait  aotMdre  parler  de 
capitulation  dans  Ud  pareil  poste?  Cest 
la  poste  d'honneuTi  à'eat  le  paaiage  das 
^nîermopyies;  et  que  dirait  aujour- 
d'hui l'histoire,  de  béonidas  et  de  ses 
ln»ia  oceti  SpurfiatasY  s'ils  eussent  ca- 
pitulé? 

.  a  J'avais  résolu  (dtt  le  ehevaHer  de 
w  Ville  dam  son  ehapltre  des  Gapituln- 
alioHS  et  Redditiofia  des  places)  de  ne 
aipaint  mettra  au  uhapitra ,  pour  faii^ 


aœluy  ^auquel  Us  doivent  nnins  étu- 
»diér  ou  savoir  ;  touleféis^  pafce  qu'il 
»  peut  arriver  qu'après  unu  ndsoimable 
»  résistauee^  hè  prlnou  vun^qu'av  ren- 
a  de  hiflacé  po«r  piusieusi  oousMéra- 
atiMs  qu'îl'paul  avoir ^  et  iMea  qu*à 
)»  la  fin  le  lieu  et  la  terre  manquent 
•pour  Se  rattunâieri  oli  qu'oh «'a plus 
n  de  soldats  pour  se  deffendr«y  oti  des 
m  ftnnitioils  pour  tirer,  ou  des  vivres 
pom"  se  nourrir^  00  est  coiftraiut  de 
capituler^ 

9  C^est  nue  elrnse  bien  oertaine,  que 
jÉmaiaou  nërefhse  compositimi  lors- 
qu'on la  demande^  «n  quel  état  qu'on 
soit^  et  que  le  gouverneur  est  bien 
phis  estiiiié^  et  a  plus  d'honneur  d*a- 
voir  mauvaise  composition  peur  s*cs- 
tre  trop  Weft  deffcndu,  que  de  se 
rendre  trop  tAt  pour  avoir  quelque 
avantage  :  e'est  en  quoy  ptusieurs 
gouverneurs  mal  expériroeiités  ont 
failly  et  se  sont  rendus  htfanMw,  eux 
et  leur  postérité ,  pour  n*fi«oir  pes 
souCcuu  autant  qu'ils  dovoient ,  de 
peur  que  l'ennemy  ne  leur  feroit 
pointpartyy  s'ils  se  deflfendoieni  jus- 
ques  aua  derniers  iravauXi  Féhqne 
nous  avons  vu  plusieurs  Mre  celle 
faute.  Je  pourrofs  donner  cet  advrs , 
que  Pennemy,  quelque  force  qu'il 
aye,  ne  peut  prendre  une  place  mé- 
dioerement  fortifiée,  naia  hiefr  dcf- 
fendue  ;  qÉ^M  n'y  vieftoe  pied  à  pied 
avee  le  tein|»,  ai  que  rattaqu«  a  tous 
ses  ordres  et  sa  suite,  oamme  nous 
avons  cy-devant  eScrit»  Il  dut  que 
l'emieray  se  campe  «  ft^se  ses  batte- 
rles  et  tranchées^  force  les  dehors  et 
centr'escàrpes ,  rompe  les  duffences 
et  lianes,  passe  le  fosses,  fasse  jouer 
ht  raine  ou  fasse  bresehe  avec  le  ta- 
Bon }  et  après  cela ,  qu'il  se  loge  là- 
dedafi(<i  a^  rende  luaislre  ilr a  raiTMi- 


ftlfciMMiM/<h|tfwéflmiër  tofgdaven 
B-noÉr  mM  TCfa'  à  eotiipoflition  très 
»lMtaarablft«  «m  la  gloire  des'estre 
vdtoflfemla  ▼«ilUnninent,  «era  loué  deft 
»  ennemis  et  esUmé  de  son  prince^  » 
-■  «t  M  n'aiiprdttrénii  jamais  (dit  M.  de 
«fénqBièréa)  la  conduite  des  gotirer- 
HiMiM  <fBt  croient  se  devoir  ménager 
#OM  cflipitaiatkni  avec  ce  qu'on  appelle 
i»ltadriëoMnl  des  marques  d'honneur, 

•  qile  Je  mdns  fort  que  les  fautes  dans 
«ûl  défense  ou  la  capitulation  préma^ 

•  %ihM  ne  leur  aient  acquises^ 
-nié  tiens  eèë  marques  d'honneur 
^bfNMtf  f  érItaMes  itiatques  de  bonie^  et 
nje  crais  qne  raitaquant  est  bleA  plus 
vMapoaé-è  traiter  avec  des  marqués 
-ndritenneur  un  goureriieur  qui  lui  dis- 
if  piMe  tout  son  terrain  arec  capacité  et 
ufaleor,  et  qu'il  toit  encore  eh  dispo- 
•aitioo  de  hii  vendre  bien  ober  ce  qui 

•  Ucd  rester  que  non  pas  celui  dont 
nhi  défense  a  été  sans  capacité  et  sans 
•▼rieur,  et  qui  par  conséquent  n'aui^ 

mérité  l'estime  de  l'ennemi.  » 
La  flondusion  précise  que  nous  tbe- 
de  ce  chapitre,  c'est  qu'un  officier 
de  la  défense  d'une  forteresse , 
M  ne  senge  qu'à  mettre  sa  responsa- 
bilité à  couvert,  peut  se  borner  à  la 
riritte  exécntion  de  ce  qui  est  prescrit 
fÊT  la^drculaire  de  Louis  XIV;  mais 
que  8^U  veut  marcher  sur  les  traces  des 
taune  d'Arc,  des  Bavard,  des  OUiSM, 
daa  OhamiUy4  il  ne  se  contentera  pdiot 
db  pmrrflre  sur  la  brèche  une  fois  pour 
h  fortne;  II  en  chassera  vigoUrense- 
aent  l'ennemi  autant  de  fois  que  ce- 
W^si  oai»i  s'7  présenter  ;  il  emploiera 
toat  ee  que  le  courage  et  l'industrie 
lénnis  pourront  lui  suggérer  pour  ra- 
iwiUf  et  détruire  les  travaux  de  l'assié- 
f/tênli  II  se  bâtera  de  faire  de  solides 
tirtrancheméns  dehîëre  les  brèches,  et 
fluBleurs  les  uns  derrière  les  autres  ;  il 
las  défondfi  tous  suecesslyement  avec 


M  phM  gfande  obstination  i  et  enSli  H 
ne  fn'oposera  de  capitulation  qne  lonh- 
qu'il  n'eu  restera  plus  qu'un,  «fest-^^ 
dire  lorsqu'il  verra  que  cette  capitula* 
tion  est  devenue  nécessaire  au  saltit 
des  habitans,  et  qu'il  pourra  dire^  com- 
me François  I"  :  T(m$  m  ^du, 
f^  i'Aoeiurer. 


.1. 


CHAPITRE  II. 


CNblIlièlieii  ih  dSftnSrsIés  plttes  fortes  )MI|ii'à 
Il  derniers  èitréallé,  Mdfirdiée  par  l'fan- 
portanee  de  cm  poiiiU  mflilairef .  —  Que  In 
forteretief  ne  te  pUcest  point  an  bâtard.  — - 
Qa'éllea  forment  nn  grand  eniemble,  dont 
tooiè<  les  patiiéi  sont  liées  entré  elles,  et  aVéc 
le  syitêotto  géséralde  là  gaerrè.  —  Que  cet 
sflseMble  peut  être  etitlérement  rompo;  las 
plus  grands  projeu  dëconcarlés  et  la  aùreié 
de  r£tat  compromise,  par  la  mau/atse  dé- 
fesse  d*ane  seule  tbrteresse. 


Tout  militaire,  chargé  de  la  défense 
d'une  place  forte,  connaît  maintenant 
ses  obligations  :  les  premières  lignes 
de  cet  ouvrage  ont  dû  l'en  instruire. 
Nous  pourrions  donc  passer  de  suite 
aux  moyens  de  les  remplir ,  c'est- 
à-dire  aux  moyens  que  fournit  Tin- 
duatrie  pour  prolonger  la  défense  aussi 
loin  qu*elle  peut  aller^  Hais  il  est  satis- 
faisant pour  un  brave  de  savoir  que 
son  dévoùment  n'est  point  inutile  à  «a 
patrie ,  et  qu'en  exposant  sa  vie  pour 
elle  4  il  lui  rend  un  service  signalé. 
Noos  allons  donc  faire  voir  que  les 
points  fortifiés,  dont  la  défense  obsti-« 
née  est  si  rigoureusement  prescrite, 
doivent  être  en  eflet  défendus  avec 
cette  ténacité,  pour  la  sûreté  intérieurs 
de  l'État,  et  le  succès  des  plus  grandes 
entreprises  militaires. 

Les  forteresses  ne  sont  point  distri- 


Me 


DB  LA  tNtMMBB 


boéet  au  htflard  sur  ime  frûnlière;  et- 
les  fonnent  un  grand  ensemble,  dont 
toutes  1e&  parties  sont  liées  entre  eUes, 
et  avec  le  système  général  de  la  guerre. 
U  en  est  c|oi  ont  un  objet  spéeiai  et 
détermioéy.quoiqu'ielles  tiennent  tou- 
joitfs,  à  certains  égards ,  au  système 
général,  comme  celui  de  meUre  à  IV 
*bri  d*insulte  un  port  de  mer,  un  grand 
arsenal,  un  entrepôt  considérable  de 
commerce  ou  de  subsistances,  une  co- 
lonie lointaine.  L'importance  de  sem- 
blables positions  n'a  pas  besoin  d'être 
démontrée. 

D'autres  ont  pour  <ri>jet  d'arrêter 
rinvasion  de  l'ennemi,  et  de  garantir 
d'une  attaque  imprévue  :  telles  sont 
celles  qui  sont  placées  sur  les  grands 
débouchés,  les  routes  principales  com- 
muniquant du  dedans  au  dehors ,  les 
gorges  des  montagnes  qui  peuvent 
servir  de  routes,  l'entrée  et  la  sortie 
des  rivières  navigables,  les  lieux  où 
les  fleuves  qui  bordent  la  frontière  of- 
frent des  passages  commodes,  les 
points  de  la  cAte  marithne  facilement 
abordables  aux  flottes  ennemies.  Il  est 
clair  que  la  défense  de  tous  ces  points 
est  tellement  importante,  que  les  omis- 
sions commises  à  cet  égard  pourraient 
entraîner  des  désastres  qui  seraient 
ressentis  jusqu'au  corar  de  l'État ,  et 
répandraient  l'alarme  jusqu'aux  extré*- 
milés  de  l'empire. 

U  est  des  places  dont  la  destination 
principale  est  de  couvrir  les  flancs  et 
les  derrières  d'une  armée  active  qui 
s'éloigne  hors  des  ih>ntières ,  sur  la 
confiance  que  doivent  lui  inspirer  ces 
points  d'appui,  soutenus  par  des  gar- 
nisons proportionnées  au  service  qu'ils 
exigent.  Si  une  pareille  place  étmt 
emportée,  l'armée  active  se  trouverait 
entre  deux  feux ,  la  retraite  lui  serait 
coupée;  et,  au  moment  peut^tre.de 
forcer  l'eaneiBi  à  conclure  nne  fan 


kNig4eiii|is  désifée^<€i|eae.vtrraitelle- 
même  exposée  à  la  néoeastté  de  tran-^ 
siier  pour  son  propre  salot,  ou  4le  ae 
faire  jour,  l'épée  i  la  maîn«  au  nsilieii 
des  plus  grands  obstacles. 

Dans  daufares  forteresses  sont  éta- 
blis les  dépAts  de  subsintances  et  les 
munitions  pour  subvenir  aux  besoins 
des  armées,  soit  dans  le  cas  d'une 
guerre  défensive,  soit  lorsqu'elle  doit 
servir  de  magasin  à  une  armée  active 
pour  se  porter  en  avant  Une  sembla- 
ble position,  enlevée  par  l'ennemi,  est 
un  des  évènemens  malheureux  les  plus 
difficiles  k réparer.. On  aura  épuisé  au 
loin  toutes  lea  ressonrees  du  pays  pour 
les  mettre  en  lieu  sûr  et  pour  alimeo* 
ter  l'armée.  L'ennemi  arrive»  obligé 
de  tirer  lui-même  avec  la  pins  grande 
difficulté  ses  subsistances  de  see  pit>* 
près  magasins ,  dont  un  des  premien 
points  de  la  guerre  est  de  s'attacher  à 
lui  couper  les  communications  ;  au  lieu 
de  cela,  on  lui  abandonne  ceux  qu'on 
a  pris  soi-même  tant  de  soin  à  former  ; 
on  lui  fournit  les  moyens  dont  il  man- 
quait de  pousser  la  guerre  en  avant; 
on  perd  de  son  côté  les  moyens  d*opé» 
rer;  on  se  réduit  a  i'ioacUon  et  à  la 
détresse. 

D'autres  places  ont  pour  objet  de 
servir  de  retraite  à  une  armée  qui  au- 
rait pu  recevoir  un  échec,,  et  à.  en  re- 
cueillir les  débris.  Si  ce  re&ge  est  en- 
levé, que  deviendra  l'armée?  Elle  sera 
poursuivie  sans  pouvoir  se  raUier;  elle 
se  trouvera  dispersée  de  tous  o&léa,  et 
détruite  partieUement 

Enfin  la  plupart  des  places  fortes 
remplissent  à  la  fois  plusieun  destina- 
tions; partout  elles  assurent  les  com- 
munications, toujours  ftikuportanteai 
la  guerre,  et  les  rendent  très  diAsHtt 
pour  l'ennemi.  On  les  établit  toujours 
pour  en  faire  les  points  de  réunion  du 
plus  «raud  nombre  de  routea»  de  th 


m»  WtÂlEÊS^BOlUt». 


&1V 


Tières  et  d6  camnx  :  ce  sont  des  points 
eentnAiz ,  d*oà  partent  tous  le»  mon- 
temens  ;  si  ces  points  viennent  à  être 
eoleyés,  l'ensemble  est  rompu,  et  une 
trouée  faite  intercepte;  les  secours  mu- 
htel»;  reonemi  pénètre  jusqu'au  cœur 
ie  l'État,  et  c'est  alors  qu'il  faut  re- 
tooquérir  son  propre  pays^ 

Des  places  fortes.,  établies  de  dis- 
tance en  distance  sur  un  fleuve  qui , 
comme  le  Rhin,  sert  de  limite  a  l'em- 
pre,  rendent  l'attaque  sur  cette  partie 
de  la  frontière  comme  impraticable  à 
Fenoemi,  et  excessivement  dangereuse 
pour  lui  ;  car  en  occupant  les  lieux  les 
plus  commodes  pour  le  passage ,  elles 
ie  reodeut  très  diiBcîle  à  l'ennemi ,  et 
eu  supposant  que  ce  passage  lui  eût 
réussi»  elles  l'exposent  toujours,  s'il 
veut  continuer  son  invasion,  sans 
peudre  d'abord  ces  places,  a  être 
poursuivi  sur  ses  derrières  et  séparé 
de  son  propre  pays,  ou  à  une  diversion 
parées  places . ellefr^roêmes ,  qui  sont 
des  passages  tout  faits  ;  et  si  reunemi 
veut  s'emparer  d'abord  de  ces  places , 
elles  lui  offrent  de  grandes  difBeultés, 
parce  que  le  fleuve,  séparant  les  divers 
quartiers  de  l'armée  assiégeante,  les 
expose  à  être  aurpris  et  battus  succes- 
sivement 

Les  places  fortes  en  génèrd ,  kHih 
qu'on  peut  compter  qu'elles  tiendront 
laDg4empa,  offrent  de  grands  moyens 
pour  faire  diversion,  parce  que,  pen- 
dant les  longues  opérattions  du  siège 
entrepris  par*  l'ennemi,  on  a  ie  temps 
de  Eaire  ^ne  expédition  dana  son  pays 
même ,  par  un  autre  point,  d'y  porter 
la  terreur,  et  de  reveoir  encore  lut 
faire  lever  Iç  siège,  s'il  ne  l'a  pas  déjà 
abandonné  pour  venir  à  la  défense  de 
ses  propre^  foyers» 

Celui  qui  aun  bon  cordon  de  forte*- 
ressea  est  .toujours  maître  d'accepter 
oq  dereAiser  la  l^taille.  H  y  jette  (put 


ee  que  la  campagne  environnante  a  pu 
fournir  de  subsistances,  et  se  retire  avec 
son  corps  d'armée ,  sous  la  protection 
de  ses  places  intérieures ,  se  contenu 
tant  de  harceler  reunemi.  Alors,  si 
celui^  veut  pénétrer,  il  ne  pourra 
réunir  les  vivres  qui  lui  sont  nécessav» 
res  pour  rester  en  masse  ;  il  sera  obligé 
de  se  dls^miner  pour  s'en  procurer 
au  loin  ;  on  pourra  l'attaquer  en  détait, 
et  quoique  plus  faible  que  lui,  le  com* 
battre  toujours  avec  avantage. 

L'ennemi  qui  veut  envahir  on  pays , 
entouré  de  plates  fortes ,  ne  saurait 
dissinmler  bng-tempsses  projets;  il  ne 
peut  pénétrer  sans  faire  d'abord  une 
trouée.  Les  sièges  qu'il  est  obligé  d'en- 
treprendre pour  cela  exigent  de  grands 
préparatift  en  matériel ,  et  des  mou- 
vemens  de  troupes  qui  Indiquent  faci- 
lement le  but  de  ses  entreprises.  S'il 
prend  une  de  ces  places  de  première 
ligne,  il  y  emploiera  le  temps  de  fa 
campagne  ;  et,  au  commencement  de 
la  campagne  suivante,  il  y  trouvera 
toutes  les  ressources  de  l'assiégé  réu- 
nies vers  le  lieu  de  la  trouée  commen- 
cée; et,  si  la  résistance  qu'il  peut  pré- 
voir M  fait  ehanger  de  projet,  la  place 
qu'il  aura  prise  ne  lui  servira  plus  de 
rien  ;  il  aura  consumé  inutilement  son 
temps  et  ses  moyens. 

Les  forteresses  dispensent  d'avoir 
toujours  l'armée  active  totale  sur  pied, 
perce  qu'en  arrêtant  le  premier  chot 
del'eflnemi,  elles  donnent  le  temps  de 
rassembler  les  forces.  Il  suffit  que  les 
cadres  soient  formés  et  que  l'organisa- 
tion en  soit  arrêtée.  Sous  ce  rapport, 
elles  oflRrent  de  grands  moyens  d'éco- 
nomie, en  hommes,  en  objets  de  con- 
sommation et  en  argent  ;  elles  mettent 
même  les  hommes  de  nouvelle  levée 
en  état  d'être  presque  aussi  utiles  que 
les  vieilles  troupes ,  parce  que  des 
milices  nouvéHes  peuvent  tem>  garni. 


518 


M  lA  wtwwmm 


$on  dans  les  places  de  seconde  et  troi- 
sième ligne,  et  s'y  former  an  service, 
pendant  les  délais  et  les  chances  cpi'en- 
Uaine  la  résistance  des  places  de  la 
première  ligne;  elles  peuyent  même 
faire  plusieurs  parties  do  service  dans 
les  places  attaquées. 

Il  est  des  forteresses  dont  l'objet 
est  plus  circonscrit,  et  qui  n'en  sont 
pas  moins  importantes  par  leurs  po- 
sitions ;  telle  est  la  ville  d'Elseneur, 
en  Danemark ,  qui ,  par  les  contribur 
tioos  qu'elle  impose  bslx  vaisseaux  de 
commerce  qui  traversent  le  Sond ,  se 
trouve  être  un  objet  de  revenu  pour  le 
souverain  qui  la  possède  :  telle  est  la 
fbrteresse  de  Gibraltar,  qui  donne  aux 
Anglais  la  faculté  d'empêcher  qq'an- 
cune  autre  puissance  en  guerre  avec 
eui  poisse  passer  par  le  détroit  sans 
une  escorte  considérable ,  et  qui  leur 
procure  un  asile  contre  les  gros  temps 
ou  les  suites  d'un  combat  livré  daps 
oes  parages  éloignés  de  leur  nuHro- 
poter 

On  se  détermine  quelquefois  à  lor«- 
tifieroD  point,  moins  par  les  avanta- 
ges directs  qui  en  résultent ,  que  sim* 
plement  pour  en  priver  l'ennemi; 
d'autres  fois  on  est  invité  à  placer  qn 
fort  sur  nn  point  déterminé ,  unique-- 
ment  par  son  site  heureux ,  et  oofune 
po}u*  achever  ce  que  la  nature  a  com- 
mencé. Mais  souvent  il  est  teiie  place 
qui  parait  peu  utile,  et  qui,  par  des  cir- 
constances imprévues,  peut  devenir 
un  point  de  la  plus  haute  importance  ; 
telles  sont,  en  général,  celles  de  la 
troisième  ligne,  qui  peuvent  sauver 
l'Etat,  si  l'ennemi,  ayant  épuisé  tous 
ses  moyens  pour  enlever  celles  de  la 
première  et  de  la  peconde  qui  la  oom^ 
vraient  »  se  trouve  hors  d'état  de  Intr 
ter  contre  les  dernières  ressources  que 
la  durée  de  leur  défense  a  donné  i  l'as- 
siégé )e  jtemps  d'y  aenumiier. 


Tniié  ds  U  savsié  4ci  VUI%  per  k 

forumKS. 

La  petite  place  de  La  Fère  Ht  perika. 
par  sa  résistance,  i  Henri  IT,  rtaqp 
tante  ville  de  Calais  ;  «  Henri  I?,  il 
»  Maigret ,  voulant  entrer  en  Ptandië, 
»  assiégea  La  Fère,  pour  neUaMrai- 
B  cune  place  derrière  soi  :  par  U,  fir- 
»  chiduG  Albert  eut  le  temps  d'unir  to 
»  forces,  et  bien  qu'il  ne  pM  forcer  lèiil 
»  i  lever  le  siège,  il  y  fit  entrer  un  fh- 
»  cours ,  par  le  fameux  George  BmiIi 
n  pour  en  prolonger  la  défense ,  et  Aà 
»  alla  attaquer  la  ville  de  CaMs,  ^ 
I»  était  d'une  plus  grande  conséqoMS 
»  que  celle  de  La  Fère  ;  ilyretrandnd 
»  bien  ses  quartiers,  qu'il  ftat  impoal 
»  ble  aux  Français  de  la  secourir,  û 
n  enfin  il  l'emporta  d'assaut. 

»  Qui  arrêta  (continue  le  mêmeaih 
»  teurjlesprogrèsqu'AnnihalfUsaiteOi* 
1^  tre  les  Romains ,  si  ce  ne  ftat  la  Isa- 
»  gue  résistance  que  firent  Spolette  Si 
»  les  autres  petites  places  qu'il  attaqaaT 
»  Qui  conserva  la  Flandre  an  roi  fE^ 
»  pagne  après  la  perte  de  la  bataille  le 
»  Nieuport,  l'an  1600,  si  œ  ne  ftarent  Is 
»  forteresses?  Les  Hollandais  remporté* 
I»  rent  bien  la  victoire,  et  demeurèndt 
»  maîtres  de  la  campagne,  mab  pair 
jt  cela  ils  ne  se  rendirent  pas  mrfiras 
»  de  la  Flandre,  et  n'y  gagnèrent  pM» 
»  pour  ainsi  dire,  deux  pouces  de  ti^ 
»  rain.  6'il  n'y  eût  point  eu  de  ferlai- 
»  resse  en  Piémont ,  après  la  batarta 
»  de  la  Marseille,  en  1098,  il  s^en  as- 
»  rait  sairi  la  perte  du  reste  dés  lEtÉb 
»  du  duc  de  Savoie.  Le  gain  de  edft 
»  de  Fleunis  en  4600,  de  Nervinde  éÉ 
»1693,  etc.,  aurait  rendu  Lonfs  XI? 
»  maître  de  toute  la  Flandre.  » 

Chacun  sait  que  depuis  cette  époqM, 
la  Flandre  française,  qui  a  conservé  ses 
places,  a  résisté  à  toutes  tes  attaquai, 
sans  que  les  ennenis,  malgré  leurs 


DBS  PLACES  FORTES. 


510 


nccjte  en  divers  temps,  aiept  jamais 
)9  l'eatamer;  que  la  Flandre  autrl- 
liiieniie,  an  cootraire,  où,  par  une 
aime  politique  on  les  avait  la  plu- 
Nirt  abandonnées,  a  été  conquise  pour 
onjours  par  les  Français,  après  deux 
If ^ trois  batailles  gagnée;  et  qu'en- 
Ifl^  J4  Hollande,  qui  était  hérissée  de 
i^ùfs  fortes,  devant  lesquelles  la 
fWSOTCe  de  Philippe  II  et  celle  de 
jQ^ia  XIV  avaient  successivement 
4|9Qé,  a  été  également  conquise  par 
ap  ^r^Dçais  en  une  seule  campagne, 
ifipr  les  avoir  négligées  et  dépourvues 
Tapprovisionnemens  :  exemple  frap* 
•p(  e(  i  jamais  mémorable,  et  de 
bppartance  des  forteresses,  et  de  la 
^nMSité  de  les  tenir  toujours  munies 
Q  ce  qiM  doit  servir  à  leur  défense! 

ITaici  comment  s'exprimait,  au  su- 
4  iieê  places  fortes,  un  duc  des  Ursins, 

Àome,  sur  la  place  du  Capitoie  : 

yiê  da  duc  d*Albe. 


«JjDnqoe  Rome  triomphante  se 
voyait  maîtresse  du  monde,  lorsque 
ifia  années,  on  plutdt  la  profonde 
I  Sf^miMion  de  tous  les  peuples  ne  lui 
rbjpaient  rien  à  craindre,  elle  se  for- 
»  liftait,  non  qu'elle  eût  peur,  mais 
»1QWF  s*ôter  tout  sujet  de  craindre; 
»4|hl  que  li  l'occasion  s'en  présenUit, 
»^  ràt  du  moins  une  retraite  au  mi- 
ilkni -d'elle-même,  où  elle  pût  se  ga- 
»rmlir  des  revers  de  la  fortune,  et 
»dopper  i  la  victoire  le  temps  de  se 
»4|icUrfir  pour  elle.  Considérons  seu- 
I  liment  que  le  grand  Alexandre  vit  sa 
I  fortune  sur  le  point  de  l'abandonner 
»  davant  Tyr,  et  que  Home  victorieuse 
»  HO  fit  rien  devant  Numance.  Quelque 
»ilflive8  que  soient  les  peuples,  quel- 
»qae  infotigables  qu'ils  soient,  s'ils 
»n*giit  pa^  des  villes  fortifiées,  leur 


9 puissance  tombe  bientôt,  et  on  peul 
D  la  comparer  à  ces  masses  prodigieii- 
Dses,  qui  n'ayant  rien  de  solide,  se 
p  détruisent  en  peu  de  temps.  C*esl 
D  ce  que  rexpéricnce  de  plusieurs  siè- 
D  des  prouve  indubitablement.  D'ail- 
»  leurs,  quand  une  fois  la  consternation 
i>  s'est  emparée  des  esprits  dans  une  ar- 
»  mée,  son  ennemi  la  bat  toujours  en 
prase  campagne;  mais  trouve-t-elle 
»  un  fleuve  derrière  lequel  son  général 
D  puisse  la  camper,  elle  reprend  cou- 
»  rage  et  repousse  bientôt  son  ennemi. 
»  C'est  ainsi  qu'on  arrête  un  vainqueur  ; 
»  mais  si  Ton  peut  se  jeter  dans  une 
x>  bonne  place ,  c'est  alors  que  ce  vain- 
»  queur  cesse  de  l'être,  et  souvent  blan- 
»  chit.  Le  vaincu  a  tout  le  loisir  de  re- 
éprendre  ses  esprits,  il  le  fatigue  et 
•  l'aflaiblit  par  de  fréquentes  sorties, 
»ou  par  des  assauts  vigoureusement 
a  soutenus,  et  lui  fait  employer  un 
»  temps  considérable ,  pendant  lequel 
a  il  remet  sur  pied  d'autres  troupes  et 
»  fait  venir  de  puissans  secours  qui  rui- 
anentcet  assiégeant,  soit  en  lui  cou- 
>  pant  les  rivières,  soit  en  forçant  ses 
h  lignes.  Combien  de  grands  capitaines 
»  ont  échoué  devant  un  chAteau  bien 
»  fortifié  ;  combien  de  belles  et  puis- 
usantes  armées  se  sont  entièrement 
»  ruinées  devant  les  remparts  d'une  ci- 
»  tadelle  !  Elles  ont  alors  à  combattre 
1»  non  seulement  le  soldat,  mais  les  in- 
»  jures  de  Tair,  le  froid  et  le  chaud ,  les 
»  pluies,  les  neiges,  la  grêle,  la  disette, 
0  les  maladies,  le  désespoir.  Qui  ne  sait 
a  quels  avantages  les  impériaux  retirè- 
»  rent  de  la  prise  de  François  i",  qui 
»ne  tomba  entre  leurs  mains,  que 
9  parce  que  Pavie,  bien  fortifiée  et  bien 
»  défendue,  l'arrêta  long-temps.  Char- 
»  les-Quint,  presque  toujours  victorieux 
0  en  rase  campagne,  trouva  devant  Mar- 
»  seille  et  devant  Metz ,  les  bornes  de  sa 
a  victoire  et  de  sa  fortune,  et  fut  obligé 


w  àe  lAcher  le  pied  après  une  perte  ^^"^ 
considérable.  » 


CHAPITRE  m. 

Lbi  men^cef  de  rennenii .  tes  bombardeawos, 

les  surprises,  les  atuquei  partielles  aonoo- 
cent  ordioaircmeni  Timpuissance  où  il  est  de 
former  une  attaque  regalière.  Tous  ces 
moyens  doiYcnt  être  repoossét  aréb  mépris. 

H  n*est  aacan  militaire,  sans  doute, 
qui  ne  soit  bien  convainca  maintenant 
qu'en  obéissant  à  la  loi  qui  lui  prescrit  de 
défendre  son  poste  jusqu'à  la  dernière 
eitrémité,  il  remplit  un  devoir  impor* 
tant  envers  sa  patrie  ;  ainsi  on  le  trou- 
vera toujours  disposé  à  repousser  de 
son  énergie  les  plus  violentes  attaques. 
De  quel  œil  une  garnison  valeureuse  se 
verra-t-elle*donc  insultée  par  de  sim- 
ples bravades,  par  de  vaines  menaces 
qui  décèlent  presque  toujours  l'impuis- 
sance de  former  un  siège  régulier? 

Si  l'on  réfléchissait  sur  les  immenses 
préparatifs  qu'exige  le  siège  en  forme 
.d'une  place  lorsqu'elle  est  bien  défen- 
due ,  on  serait  rassuré  par  un  triple 
rang  de  forteresses ,  telles  que  celles 
dont  la  France  est  entourée  ;  car  à  peine 
l'ennemi  en  aurait-il  pris  une,  en  la  sup- 
posant vaillamment  défendue,  quMI  ne 
lui  resterait  plus  de  moyens  matériels, 
au  moins  à  proximité,  pour  en  atta- 
quer une  seconde,  et  encore  moins 
ine  troisième.  Il  est  donc  tout  simple 
qu'avant  de  s'engager  dans  une  pareille 
entreprise,  il  essaie  tous  les  moyens  de 
parvenir  plus  promptement  et  plus 
économiquement  à  son  but.  Ainsi ,  il 
fait  jouer  d'abord  les  ressorts  de  la  ter- 
reur, de  la  surprise,  des  attaques  de 
vive  force,  de  la  corruption  ;  il  entre- 
tient des  intelligences  dans  la  place,  il 
Y  fomente  de^  divisions,  il  pardi yse  les 


^ . ...  i  j..  ^  dedans  par  la  défiance  ;  il  M^ 
ploie  au  dehors  un  appareil  fictif  de 
troupes  et  d'artillerie;  il  menace,  il 
bombarde  les  habitans,  pour  que  Té- 
pouvante  et  la  confusion  les  portent  k 
se  rendre  de  suite. 

Sans  une  grande  prévoyance  de  la 
part  des  chefs  pour  prévenir  un  sem- 
blable désordre,  sans  une  vigilance 
extrême  pour  dépister  dès  le  principe 
les  mal-intentionnés,  sans  la  plus  vi- 
goureuse fermeté  au  milieu  de  la  crise, 
le  danger  de  perdre  la  place  dans  ces 
circonstances,  est  souvent  plus  grand 
qu'au  moment  même  d'un  assaut  au- 
quel on  s'attend ,  et  dont  la  défense  est 
préparée;  ce  danger  pourtant  n'est 
réel  que  par  le  défaut  d'ensemble  dans 
les  mesures,  et  parce  qu'on  ignore  que 
les  préoiutions  les  plus  simples  suffi- 
sent pour  dissiper  ce  nuage.  Les  places 
de  Lille ,  de  Tbionyille ,  de  Landau , 
nous  ont  donné  un  bel  exemple  de  la 
conduite  à  tenir  en  pareil  cas,  au  com- 
mencement de  la  révolution ,  et  lors- 
que ces  sortes  d'attaques  étaient,  pour 
ainsi  dire,  encore  toutes  nouveUes  pour 
nous. 

Mais  les  expéditions  de  ce  genre  nous 
ont  mieux  réussi  qu'aux  ennemis;  car 
il  n'était  presque  aucune  de  leurs  pla* 
ces  qu'on  ne  pût  enlever  au  moyen  de 
quelques  bombes  jetées,  en  y  joignant 
la  menace  d'en  jeter  davantage.  On 
pencha  donc  alors  pour  l'opinion  dn 
maréchal  de  Saxe,  qui  ne  veut  de  f<Mr- 
tifications  que  dans  les  UeUx  oà  il  n'y  a 
point  de  bourgeoisie,  c'est-à-dire  que 
M.  de  Saxe  ne  voudrait  que  de  simples 
camps  fortifiés  dans  les  lieux  oà  l'on 
n'entretiendrait  que  de  la  troupe  ré- 
gulière, pour  qu'elle  puisse  se  défendre 
à  toute  extrémité,  et  faire  des  rétran- 
diemens  succesrifs,  sur  toute  l'étendue 
du  terrain  renfermé  dans  l'enceinte. 

Ce  «ystèpie  mériteraft  d'être  discuté, 


BBS  PLACRt  vowni» 

•"il  était  qwsnoB  ae  construire  de  nou- 
yelles  places  fortes  ;  mais  on  n'ira  pas 
détraire  ce  qui  existe  pour  s'établir 
8ur  une  nouTeUe  base  qui  a  anssi  ses 
\  inconvéniens ,  ainsi  que  l'a  jadicieu- 
sèment  observé  le  général  d'Arçon. 
Void  comment  il  s'exprime  à  ce  su- 
jet: 


GeoskléntioBs  mflluîres  et  polUlques  sur  les 
fortUleaUeDji. 

tOn  dira,  par  exem|)le,  q&h^n  fna- 
snièredont  on  attaque  les  places  au- 
»  jourd'hui,  avec  des  moyens  d'artillerie 
«monstrueux,  des  bombes  foudroyan- 
»  tes,  des  projectiles  incendiaires,  des 
> pluies  de  pierres  et  de  feu,  etc.,  il 
•n'est  plus  permis   en    cet  état  de 

>  choses  de  faire  participer  les  citoyens 
>des  villes  à  ces  désastres;  que  la 
»  masse  des  habitans,  dans  les  villes 
iplus  ou  moins  peuplées,  pourrait  se 

>  soulever  et  forcer  la  partie  mili- 
i  taire  à  des  redditions  prématurées  ; 
»  qa*en  conséquence  il  faut  abandonner 

>  toutes  les  communes  fortifiées,  raser 
»ce8  remparts  qui  leur  attirent  tant 
»de  calamités ,  se  pcnrter  en  des  lieux 
»  inhabités,  y  élever  des  fortiQcatioos, 
»  et  fonder  ainsi  des  places  toutes  mi- 
Blitaires  et  rien  que  militaires. 

>tLoin  d'aifaiblir  l'objection,  je  ne 
isaissielle  a  été  présentée  sous  des 
i  dehors  aussi  favorables  ;  quoi  qu'il  en 
»9oit,  ces  assertions  paraissent  assez 
»  fortes  pour  mériter  un  examen.  Nous 
»  observerons  d'abord  que  les  parti- 
»sans  de  cette  opinion  ont,  peut-être, 
»trop  aflecté  dégrossir  la  sonmie  des 
•calamités  auxquelles  les  villes  assié- 
»gées  se  trouvent  exposées;  que  ee 
B  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  l'on  pra- 
»  tique  l'tt^ge  des  bombardemens  et 
•des  matières  incendiaires;  que  ces 
•moyens  de  do^tnictioo  furent  ap« 


»  denneraent  ti^  acoromités  ;  ce  qoi 
»  n'empèeha  pas  que«  du  sein  de  ces 
I»  villes  embrasées,  on  ne  vit  sortir  les 
«plus    vigoureuse!»^ défenses  ;    que, 
Ddans  ces  temps-là,  on  savait  très  bien 
)>  pflo'er  et  remédier  à  ces  acddens,  et 
»  qu'a  l'avenir  les  progrès  de  l'industrie 
»  conservatrice,  dont  nous  parlerons  i 
»la  suite,  fourniront,  pour  s'en  garan- 
A  tir,  des  ressources  bien  autrement  ef« 
»  fectives.  On  observe  d'ailleurs,  qu'en 
»  jetant  les  yeux  sur  toutes  les  villes 
)»  qui  ont  éprouvé  ces  malheurs  pen* 
x>  dant  cette  guerre  (de  la  révolution), 
»  on  ne  laisse  pas  de  les  retrouver  en- 
»  core  florissantes.  Nous  ne  parlons  paa 
»d'un  grand  nombre  de  communes^ 
»  grandes  ou  petites,  qui  ont  éprouvé 
»  de  véritables  désastres;  mais  ce  n*é- 
»  tait  pas  assurément  comme  places  de 
D  guerre,  puisque  celles-là  précisément 
»  ne  sont  point  fortifiées  :  ce  qui  les  a 
•  dévorées,  ce  sont  les  feux  empoison- 
B  nés  de  la  discorde,  cent  fois  plus  vio* 
»  lens  et  plus  désastreux  que  tous  ceux 
D  des  guerres  extérieures.  Mais  nous 
o  citions  les  bombardemens  de  Lille, 
Dlbionville,  Landau  et  d'autres  en* 
»  core  ;  peu  de  temps  après,  tout  était 
«réparé.  Les  indemnités  nationales  ont 
»  effacé  ces  malheurs  du  moment,  et 
Dles  citoyens,  loin  de  s'en  plaindre, 
«  s'enorgueillissent  de  leurs  pertes,  et 
»de  leurs  dangers;  loin  de  provo- 
x>  quer  des  redditions ,  ils  ont  même 
»  contribué  essentiellement  à  leur  dé- 
«fense. 

A  Mais,  ce  qu'il  faut  surtout  obser- 
»  ver,  ce  sont  les  communes  des  villes 
»de  guerre  qui  ont  été  respectées 
9parc9  qu'elles  éiaUnt  fortifiées^  tandis 
x>  que  les  villes  ouvertes ,  à  portée  des 
»  frontières,  ont  été  doublement  sacca- 
0  gées  et  à  plusieurs  reprises,  ruinées, 
»  pillées,  brûlées ,  et  les  notables  en- 

V  traipés  en  ùtAf^  po^r  caution  de  cop* 


<- 


M  Lk  nkFuu 


vtriimtioas  teoraiei>  et  auqnelles 
Binème  il  était  imposiiMe  de  satisfaire. 
»  Reroarqnez  que  ces  calamités  sein-» 
Bblaîent  être  cooCiisémeiit  prévues; 
Bcar  il  n'existe  peut-être  pas  une  de 
»  eeii  eomraunes  ouvertes,  dans  le  voî- 
usinage  des  frontières,  qui,  dès  le  com- 
»  mencement  de  cette  guerre,  n'ait  ré- 
»  clamé  en  général  quelque  moyen 
»pour  s'en  garantir,  et  c'était,  par  le 
V  fait,  demander  des  fortiHcations. 

»  Il  faut  observer  que  les  pertes  oo- 
vcasionnées  par  les  bombes  et  autres 
»  projectiles  se  réduisent  i  très  peu  do 
s  chose.  Dans  une  petite  place,  telle 
»  que  Landau,  lors  des  sièges  de  l'autre 
9  siècle,  où  les  attaques  les  plus  vio- 
»  lentes  se  sont  prolongées  pendant 
»  soixante-et-dix  et  quatre-vingts  jours, 
»  où  les  citoyens  étaient  dépourvus  des 
»  abris  que  l'on  réservait  aux  défen- 
Aseurs,  on  voit  au  total  cinq  habitans 
»  tués  ou  blessés  par  accident.  Les  der- 
aniers  bombardemens  de  Landau, 
»  Lille,  Thionvilte  et  autres  places, 
»  n'ont  pas  occasionné  de  plus  grandes 
X  pertes  à  proportion  ;  mais  il  faut  dis- 
atinguer  les  accidens  provenant  des 
»  incendies;  ces  accidens  furent  fré- 
»  quens  et  terribles  dans  les  premiers 
)ft  jours  du  dernier  bombardement  de 
a  Lille  ;  mais  c'est  qu'on  y  avait  oublié 
nies  plus  simples  précautions.  Les  ci- 
a  toyens,  bientôt  revenus  d'une  alarme 
a  si  chaude,  préparèrent  eux-mêmes 
»  quelques  mesures  de  surveillance: 
»ces  précautions  suffirent;  les  acci- 
vdens  cessèrent  dans  les  derniers 
ajours. 

»  Observez  d'Abord  que,  sur  cin- 
aquante  boulets  rouges,  à  peine  un 
a  seul  peut-it  adresser  sur  un  point 
a  dangereux  ;  il  n'enflamme  pas  même 
aies  bois  les  plu9  secs,  lorsqu'il  ne  fait 
a  que  i^s  transpercer  ;  il  faut  qu'il  s'y 
a  fixe,  et  pour  cela  il  faut  qu'il  s'arrête 


a  prédiénent  i  l'axpfratiM  iù  sa  tmm 
»  de  peroussioD. 

a  Les  bombes  sont  beaucoup  oMiiai 
a  à  oraindre  encore,  relativement  à 
»  l'objet  de  Tincendie ,  parce  que  les 
»  artifices  dont  on  peut  les  remplir  ne 
a  s'écartent  pas  du  point  de  la  chute. 
A  Les  obus,  qui  traînent  leurs  artifices, 
a  sont  plus  dangereux,  quoique  ces 
a  mèches,  qui  ne  font  que  toncli^  l^ 
»  bois  sans  les  pénétrer,  soient  inca- 
apables  de  les  enflammer;  cependant 
»  tous  ces  incendiaires  auront  une  vé- 
»ritabte  prise  sur  les  magasins  à  foiu*- 
a  rages  et  autres  matières  entassées  en 
a  grand  volume:  les  mobiles  enflam-* 
a  mans  qui  les  atteignent  s'enfoncent, 
a  s'y  perdent,  on  ne  peut  plus  en  re-» 
•trouver  les  foyers;  il  est  tràa  difficile 
a  d'y  remédier.  Ainsi  donc,  ces  der-r 
a  niera  objets  (lorsque  les  magasins  à 
a  l'épreuve  ne  pourront  les  contenir) 
a  seront  séparés  et  subdivisés  en  un 
»  grand  nombre  de  petits  magasina  iso- 
a  lés;  dès  lors,  on  pourrait  les  aban* 
a  donner,  et  même  les  Uûsper  brûler 
a  sans  conséquenoe;  il  est  bien  entendu 
a  que  les  objets  précieux  et  les  appro* 
a  visionnemens  seront  raia  i  eouverl 
a  sous  des  bêtimens  voûtés;  et  s'ils 
a  étaient  insuiBsans,  ils  seront  garantis 
a  par  des  blindages. 

a  A  l'égard  dee  autres  édificea,  ils  se- 
a  ront  préservés  par  une  surveiltanca 
a  qui  deviendra  très  fkoile  dès  ^ne  les 
a  mesures  en  seront  prévues  et  prépa* 
a  rées.  Tous  les  citoyens  seront  tenus 
a  d'entretenir  à  leur  porte  des  cnvlcrs 
y  pleinsd'eau:  descompagniesdevnkm* 
a  taires  gardes->feu  swont  formées;  elles 
s  seront  distribuées  dans  tous  les  quai^ 
a  tiers  où  les  moUies  incendiaires  pour- 
»  font  atteindre  ;  des  dépêta  de  seaux, 
a  d'échelles,  d'outils,  de  pompes  et 
a  d'injectoires  portatifb  seront  muRi- 
a  plies  et  placés  soos  leur  main.  Les 


pfétê-tm  awoBt  leim  qiiaitiflra 
doot  les  musons  leur  serMt  affi)<>* 
tées;  )es  uns sareat  postte m  o))ser- 
ratîoo,  et  les  autres  dispersés  eo  par 
tromUes  cireulaiit  dans  «ne  coati- 
Boeile  aettnté.  Tous  ces  postes  si^oiit 
renforcés  à  proportion  des  différons 
quartiers  irios  on  moins  ex^^esés,  à 
nûsûB  de  leur  situation,  relativement 
SOI  positions  des  batteries  de  Tatta- 
<|ue.  Les  iodiyidus  en  aèrent  d'ail- 
lanrs  tonjeurs  prêts  à  9e  réunir  sur  les 
pointa  qui  pourraient  être  mepacés 
de  dangera  pressens  ;  mais  ils  revien- 
dront à  leur  poste  de  surveillance; 
fls  n'aufont  aucune  autre  fonction 
dans  le  eours  de  la  défepse.  Avec  ç^s 
aeides  précautions,  les  aeddens  seront 
extrêmement  rares  dans  les  gran4es 
places  ;  mais  dans  les  quartiers  très 
peopléa,  dont  les  maisons  liabitées 
jQsqee  dans  les  gvenieis,  seront  obsr 
tniées  par  une  multitude  de  petites 
csseSi  il  sem  pins  difficile  d'y  porter 
des  remèdes ,  p^rce  que  les  mobiles 
incepdiaires  s'y  perdent  plus  aisér- 
ment;  cependant  les  surveiUans  y  s^ 
met  naturellement  plus  multipliés, 
indépeadamnent  de  qooi  l'attention 
des  gaides-feu  s'y  port^r^  bien  plus 
psrtiepliàremept.  a 
Outre  ces  mesures  iH^pcipales,  on 
(ait  dépaver  les  rues  q^i  se  jtroi^iwpt  les 
fins  exposées  aux  bombes,  et  on 
y  ine(  iu  fmmr  poiir  amortir  les 

^% 

lorsque  l'eunenM  tire  à  bpfilets  roq- 
mt  ^  se  ^rt  de  tenaîUes  et  de  cijijii* 
l^a»  4^  fer  pour  {es  retirer  des  pièces 
ifi  bois  où  iM  pouTf  aiept  être  Iqg^  et 
Ippr  }es  eqlever. 

s  fie  la  fréquejtice  des  çopps  et  ^e 
*l^r  pra  d*effeh  ^t  f'^Af»  Boyjuin, 
I  d^i  la  ffffit^m  ^¥  ''%  ^^  P^^ ,  fftr 
aii^  ff(f^^ç§i^^  f^  1636,  oAqutt  le  peu 


mr 

»  voyait  que  les  bouMi  M  (Irimientques 
)»  percer  les  toits  de  leur  posseur,  di- 
)»sait  par  raillerie  que  les  Fra,n(^s 
»  voulaient  entrer  dans  la  ville  par  les. 
»  lucarpes  des  greniers  ;  les  petits  en^ 
afaqs  cooraiept  par  les  rues  pour  es- 
»pier  la  portée  des  coups,  et  avec  de 
sgrandes  huées  allaient  ^  la  c^ierche 
»  des  boulets,  » 

Les  Anglais  ont  souvent  boynbardé 
plusieurs  de  nos  villes  maritimes  sans 
jamais  y  faire  de  grands  dégAts.  Le 
BAvre  notamment  a  été  différentes 
fois  bombardé  par  eux,  partieulièren 
ment  à  deux  reprises  eq  17&I);  et« 
quoiqu'il  y  eût  beaueoup  de  maisons 
de  bois,  l'exacte  surveillance  qu'on  y  a 
mise  a  {nrévenu  tous  les  accident. 

Les  bombardemens  sont  doue  pq 
génial  beauGopp  moins  à  craindre 
qu'on  ne  le  pense  (^inaireq^pnt  ; 
fluâs,  en  supposant  même  qu'il  en  ré? 
anltât  des  désastres  considérables,  com- 
me ils  ne  sauraient  faire  brèche  auj^ 
murailles  de  la  place,  ce  ne  pept  ja- 
ipais  être  un  motif  pour  la  rendre  ;  |1 
est  vraisemblable ,  au  contraire,  que 
celui  qui  bon^barde  une  ville  ne  le  fait 
que  p^ce  qu'il  n'a  pas  le  tem))S  de 
s'arrêter,  ou  les  moyens  de  faire  un 
siège  en  règle. 

«  JLes  places  4e  Willefnstadt  et  de 
aJBrcda,  dit  le  général  d'Arçon,  étaient 
a  attaquées  eq  même  temps  par  deux 
«généraux  d'opinions  (différentes  sur 
a  les  moyens  de  ré^oqdre  les^îéges; 
1^ Tun  voulait  toqt  \>î\Aex  en  arrivant; 
p  l'autre  VQuIait  tout  ménager,  excepté 
t(]£&  fortifications  et  le  n^Qr^l  des  dé- 
»  fenseurs»  Ij.e  preqiier  crut  jeter  Té- 
appuvante  eq  4ébHtant  par  tout  in- 
I)  cendier  ;  ç^.la  fçiit,  il  ne  lui  resta  plus 
p  rieq  ^  faire  ;  tout  Ip  désastre  possible 
»  était  consommé,  et  les  défenseurs  ne 
»  pouvant  plu3  être  affectés  i}u  graqd 
anal  4^  la  ppur,  s'fljîerçurgpt  (j^e 


i 


Kh 


DB  lA  ràPBllSB 


»  leurs  fortifications  étaient  entières  : 
»  dès  ce  moment,  ils  méprisèrent  des 
»  fenx  qnî ,  nltérienrement ,  ne  pou- 
»  vaient  plus  être  qu*impuissans.  Le  se- 
i»cond  Gt  valoir  en  menaces  le  peu  de 
»  moyens  qu'il  avait,  et  surtout  ceux 
vqu^il  n'avait  pas;  il  supposa  que  les 
9  fantômes  de  la  peur,  Timagination 
»  frappée  de  terreur,  sur  des  désastres 
»  seulement  annoncés,  étaient  infini- 
»ment  plus  puissans  sur  des  tètes  fai- 
»bles,  que  n'eussent  élé  les  désastres 
»  eux-mêmes,  à  quelque  excès  que  l'on 
»fât  en  état  de  les  porter.  Enfin,  le 
»  premier,  qui  avait  tout  saccagé  de 
»loin,  fut  obligé  de  lAcber  prise;  et,  le 
»  second,  qui  avait  ménagé  les  habi- 
»  tans,  réusait.  Ceci  soit  observé  pour 
)»  annoncer  que  ces  ressources  de  brû- 
»  lures,  prétendues  si  pui>santes,  pour- 
9  ront  bien  passer  de  mode,  d'autant 
»  plus  promptement  encore,  lorsque  les 
»  moyens  de  remédier  à  ces  désastres 
»  seront  accrédités.  » 

Cet  événement  est  un  de  ceux  qui 
eurent  lieu  au  commencement  de  la 
révolution.  Dans  le  cours  de  celte 
même  guerre,  nous  empIoyAmes  sou- 
vent ainsi  les  menaces  et  le  bombar- 
dement lorsque  nous  manquions  de 
noyens  réels.  L'exemple  le  plus  sail- 
lant de  l'efiet  de  ces  menaces,  est  ce- 
lui qui  nous  rendit  les  quatre  places  de 
Valenciennes,  Condé,  le  Quesnoy  et 
Landrecies,  qui  nous  avaient  été  pri  - 
ses  par  les  ennemis.  Après  la  bataille 
de  Fleurus,  gagnée  le 8  messidor  an  II, 
Tennemi  étant  repoussé  au  loin ,  nous 
formâmes  sur-le-champ  le  blocus  des 
quatre  places  tombées  au  pouvoir  de 
l'ennemi ,  et  qui  faisaient  la  trouée  ; 
celles  de  Landrecies  et  du  Quesnoy  fu- 
rent bientôt  enlevées  par  des  attaques 
régulières  ;  mais  il  restait  les  plus  dif- 
ficiles et  les  plus  importantes,  Yalen- 
iJennes  surtout  qui  avait  été  parfaite^ 


ment  réparée  par  rennetni,  complèle- 
ment  approvisionnée,  renfermant  une 
forte  garnison  et  une  iramensequanlitë 
d'aVtillerie.  Nous  n'avions  de  notre 
côté  aucun  des  moyens  nécessaires 
pour  former  un  siège  régulier,  à  peine 
pouvions-nous  maintenir  le  blocus,  le 
matériel  nous  manquait  absolument  ; 
et  cependant  il  était  de  la  ^v»  haate 
importance  pour  nous  de  reprendre 
ces  pinces  au  plus  vite,  pour  renforcer 
de  ces  troupes,  qui  fcNrraaieBt  le  blo- 
cus, l'armée  active  qui  faisait  tête  aux 
ennemis  et  qui  avait  grand  besoin  de 
ce  secours.  C'est  dans  ces  circonstances 
que  nous  nous  déterminAmes  à  som- 
mer les  garnisons  de  ces  places  de  se 
rendre  à  discrétion;  les  menaces  étaient 
d'autant  plus  violentes  que  nous  étions 
moins  en  mesure  de  rien  exécuter.  Ces 
places  se  rendirent,  les  garnisons  fo- 
rent faites  prisonnières,  tout  le  fmit 
des  campagnes  employées  par  l'enne- 
mi pour  s'en  emparer  fut  perdu  pour 
lui  en  un  moment,  la  trouée  fut  re- 
bouchée, nos  détachemens  rejoigni- 
rent l'armée ,  et  nous  eûmes  dès  lors 
sur  les  forces  coalisées  un  ascendant 
qui  s'est  constamment  soutenu. 

Voici  un  autre  exemple  que  fonmit 
encore  la  suite  des  évènemens  de  la 
même  guerre.  En  1795 ,  nous  cher- 
chions à  faire  un  passage  sur  le  Rhin  « 
et  à  nous  procurer  une  tète  de  pont 
sur  la  rive  droite,  qui  était  toute  oecn- 
pée  par  l'ennemi ,  tandis  que  nous 
avions  la  rive  gauche.  Nous  fîmes  sim- 
plement établir  une  batterie  de  mor- 
tiers sur  les  bords  du  fleuve,  vis-à-vfs 
Manheim;  nous  pensftmes  que  cette 
ville ,  quoique  bien  fortifiée ,  suivant 
les  principes  de  Cohëoro,  ne  tiendrait 
pas  contre  le  bombardement,  parée 
qu'elle  renfermait  beaucoup  de  beaox 
édifices  qu'on  ne  voudrait  pas  Vnmer 
détruire  ;  et,  en  effet,  à  peine  les  kat* 


DES  PLACM  FOATXS. 


fi35 


tories  eQreiit««lles  eonnineiicé  à  jouer,  1  gUgé  par  les  auteurs  modernes ,  on 


que  la  place  se  rendit,  oe  qui  nous  pro^ 
cura  irae  magnifique  tète  de  pont. 

En  1702,  lorsque  le  maréchal  de 
Villars,  qui  était  parti  de  l'Alsace  pour 
aller  rejoindre  rélecteur  de  Bavière, 
arriva  i^  de  Kîntstngen,  il  fit  sommer 
la  garnison  de  mettre  bas  les  armes , 
MUS  peine  d'être  passée  au  fil  de  Té- 
pée ,  dédarant  que ,  si  elle  osait  tirer 
an  seul  coup,  tout  serait  mis  à  feu  et  à 
»ng  dans  la  ville.  Le  commandant,  in- 
tiflûdépar  ces  menaces,  se  rendit  sans 
coup  férir.  On  trouva  dans  la  ville,  qui 
était  bien  fortifiée,  une  nombreuse 
«rtiUerie  et  beaucoup  de  munitions  de 
guerre  et  de  bouche. 

ir.  de  Villars  dit  aux  officiers-géné- 
raux en  partant  de  Kintzingen  :  j4v<mez, 
muêkurê^  qveH  c«l/«  place  n§  se  fàipas 
nnduô^  il  nous  eût  été  impotsibU  de  la 
frmirts  noyatit  pas  de  eanon ,  el  nous 
a'aurîoiiâ  pu  aller  par  conséquent  plue 
joia.  (Ifaut  quelque foU  que  la  hardiesse 
êupfêée-aax  farces.  Des  menaces,  faites  à 
propos  à  un  ennemi  qui  se  croit  supérieur 
el  hors  tTinsulte,  ne  peuvent  que  le  sur- 
frmdrci  et  lui  donner  souvent  des  alar- 
mes qui  VobUqcnt  à  accorder  des  choses 
qu'on  ne  saurait' obtenir  autrcma^. 

Ces  exemples  prouvent  qu'il  faut 
Avoir  braver  les  menaces  de  son  en- 
oeoii,  et  qu'elles  ne  sont,  le  plus  sou- 
vent, que  l'effet  de  l'impossibilité  où  il 
se  trouve  de  déployer  des  forces  suffi- 
sentes  pour  fermer  des  attaques  régu- 
lières. La  reddition  des  places,  en  pa- 
rdi cas ,  lui  fournit  prédsément  les 
moyens  dont  il  manquait,  des  places 
iotactes,  des  magasins,  des  troupes  qui 
deviennent  disponibles,  lorsqu'il  au- 
rait faHu  les  em|rfoyer  à  former  le 
siège. 

A  regard  des  autres  entreprises  de 
ce  genre,  comme  surprises,  âcalades , 


trouvera  tout  ce  qui  les  concerne  dans 
le  Traité  des  Fortifications  du  dievalier 

de  Ville. 


CHAPITRE  IV. 

Si  wie  place  ne  te  déreodait  point  Jusqu'à  la 
dernière  eitrëmité,  il  lerait  à  peo  prèi  indir- 
férent  qu'elle  fût  bien  ou  mal  fortifiée.  ^^ 
Lee  dilficulléf  réellec  ne  comoiencent  qu'au 
glacis.  —  La  déTense  des  brèches,  élanl  l'o- 
pération la  plus  critique  el  la  plus  meurtriéra 
pour  l'assiégeant,  est  anssi  la  plus  capable  do 
le  rebuter,  et  la  pins  décisive  pour  l'Iionueor 
de  la  garnison. 

La  construction  des  places  fortes, 
leur  entretien,  leur  approvisionne- 
ment, entraînent  le  souverain  i  d'é- 
normes dépenses.  Ces  dé[>enses  sont 
bien  employées,  puisqu'elles  suppléent 
à  des  dépenses  beaucoup  plus  grandes, 
qu'il  faudrait  faire  pour  augmenter  l'ar- 
mée aeifve  en  proportion  convenable. 
£n  effet,  H  faudrait  placer  à  tous  les  dé- 
bouchés, à  tous  les  lieui  où  ces  postes 
sont  utiles,  des  corps  de  troupes  qui  pus* 
sent  en  tenir  lieu,  c'est-à-dire  huit  o» 
dix  fois  aussi  considérables  que  ceux 
qui  en  composent  les  garnisons  ;  car  il 
est  reconnu  par  l'expérience  qu'une 
garnison  peut  tenir  tète  à  une  force  i 
peu  près  décuple*  i  laquelle  il  faudrait 
en  opposer  une  équivalente,  s'il  n'y 
avait  une  place  forte  pour  y  suppléer. 

L'effet  que  produit  celle-ci  est  mê- 
me plus  sûr,  parce  que,  quelle  que  soit 
la  force  de  l'agresseur,  elle  peut  ton- 
jours  résister  i  un  coup  de  main  ; 
au  lieu  qu'un  corps  quelconque  de 
troupes  peut  être  attaqué  à  l'impro- 
viste  par  un  corps  beaucoup  plut 
considérable  ,  inopinément  rassem- 


blé, et  se  trouver  obligé  d'abandon- 
attaqyes  de  vire  force,  sujet  tn^  ne-  j  ner,  au  moln»  momentanément ,  > 


<^. 


fîUntièfé,  eil  ta  lâissAtlt  outerW  i  l'en- 

nemi. 

Mais  les  lierrlces  Importans  4uc  pét^ 
vent  rendre  les  places  supposent  qt*^ 
les  sont  confiées  à  des  personnes  sûres, 
capables,  déterminées  ;  autrement  el- 
les produiraient  une  fausse  sécurité,  et 
seraient  souvent  plus  nuisibles  qu'uti- 
les, puisque  l'ennemi  s'en  saisirait  fa- 
dlement,  et  s'en  servirait  ensiiité  lUi- 
mèfloe,  comme  d'un  point  d'appui  pour 
port^  la  guerre  en  avant 

Ces  grandes  dépenses,  nécessitées 
par  les  places  fortes ,  ont  pour  objet 
d'y  adapter  les  meilleures  maximes 
connues  sur  la  fortification,  les  cons- 
tructions indiquées  par  les  maîtres  de 
l'art;  mais  de  quoi  servll-ont  tous  ces 
travaux,  si  l'on  rend  les  places  avant 
que  ces  mèilies  travaux  soient  ^ulo- 
ment  entamés  par  l'enitemi?  Or,  en 
^néfal ,  ces  travaux  sont  le  corps  de 
place  même ,  ou  lui  tiennent  de  fort 
près  ;  c'est  là  que  se  trouve  ce  qui  oons- 
tltue  proprement  le  système  de  la  for- 
tification ;  ce  éystème  esten veloppé  par 
le  chemin  couvert  et  les  glacis,  lusque- 
'  là  peu  importe  le  tracé;  Il  n'est  presque 
^  pas  même  apcrçtl  ;  il  est  composé  de 
parties  qui  se  flanquent,  quel  qile  soit 
ce  tracé,  et  dent  lea  feilx  se  croisent 
sur  les  atenues,  un  peu  plus,  un  peu 
ihoins  bien;  itials  la  difféteneo  du 
toeilteui'  àt  phis  ndauvals  ne  peut  pro- 
kire  au  plus  qti'une  différence  de 
leux  ou  trois  jottrt  sur  Ws  progrès  des 
tttaques  jusqu'au  glacis. 

<f  S'il  était  vl-ai ,  drt  te  général  d'Ar- 
ff  çùti ,  qu'une  place  eàt  q«ielque  rai- 
â  son  de  se  t«fndre ,  apfèa  que  Falla- 
it (fiîêtn  setittlt  parvenu  à  se  loger  sur 
w  le  cheintft  ediivert,  il  aérait  d'aknsird 
à  trèa  égal  qtie  les  plaoes  fisaent  bien 
i  im  tnal  Mrtifléea^  car  H  n'en  oeôte 
#  pas  frtus  d'KMrder  le  chemin  eeu- 
arert  ée  M  ptaeo  la  phia  foraûdable., 


»  que  oehd  de  la  jkm  fittie;  ea  B*€al 

»  toujours,  dans  ces  demi  hypothèses^ 

»  qu'une  niasse  de  Mrn}  oouvmite , 

il  également  accessible }  et  Ma  peu  tm- 

»  porte,  eil  èSeti  à  l'opéraUon  du  kn- 

jD  gement,  que  les  remparts  et  leun 

u  dépendances  soient  ou  ne  soient  pat 

a  parfaitement  ut^niaés.  Ceux  qid 

a  avancent  de  pareilles  propoaitfons  ne 

a  Mtvènt  pas  que  c'eat  prédaéaient  i 

a  ce  terme  où  ils  prétendeal  fiiiir  lev 

a  défense  4  que  les  braves  gens  oo»- 

n  tuemcent  la  leur;  ila  ne  aavetit  p» 

a  que  ce  serait  di^nset  rtsaiégeaut 

if  dé  là  reprise  des  chemin»  ootiveris, 

ii  dont  dn  peut  le  ebaaser  plusleuri  feis 

a  de  suite  ;  ils  ne  savent  pas  ^e  ce  aa- 

»  fait  hii  épargner  rembarras  de  re- 

»  mistruire  ses  batterie»  de  bfèriie, 

9  qti'ou  |)eut  faife  sauter  à  diffi^entts 

»  reprises  ;  ils  ne  satent  pas  que  ee  ae- 

B  rait  le  dispenser  dés  travaux  pésî- 

*  blés  et  meurMers  des  deaee&tea  et 

a  des  passages  dé  fosaé  \  mt  les  deirii- 

a  lunes  d'abord,  et  ensuite  sur  les  bas- 

a  tiens  ;  Hs  ne  savent  pas  que  les  at- 

tf  taquans  ne  peuvent  s^attacher  an 

tf  corps  déplace,  qu'ils  n'aient  procédé 

a  contre  les  demi-lune»  et  les  tire-en- 

9  brèche  qu'eHea  peuvent  renfenlier; 

s  ils  ne  connaisaeiit  pds  les  resseorces 

9  que  les  défenseurs  petavent  enipleyer 

s  poitf  démasquer  tout  à  eoup  dea  feux 

0  conservés  4  potn*  revenit  offensive- 

»  ment  sur  les  legemens  étroita  et  ti- 

s  midea  où  les  attaquaiis  ne  peuvent 

a  déployer  leur  snpériorifté  ;  île  ee 

a  connaissent  pis  k»  atatita§es  ée  la 

a  sucoessibiiité  des  retranoheaaens  en 

a  retirades  ^  ni  les  ehieaoes  des  capo- 

0  irières^fli  les  déblais  des  brèdies,  par 

»  les  effets  des  mines  ou  des  fottgaces, 

D  ni  les  retrancheraens  dans  les  has- 

a  tiens,  cAe.;  enfin  ils  ne  se  doutent 

spis  des  greades  et  vMtables  res- 

aLSfurcea.de  la  défeaae^  Autant  tau- 


DRS  PIMkB  #0fttB8. 


Slï 


•  dratt  M  rendre  t  la  première  som- 
»  mation.  p 

Ce  serait  donc  bien  en  pnre  perte 
qae  de  si  grands  traTaax  atifaient 
été  préparés  autour  et  près  du  corps 
de  place,  si,  dès  que  rennemi  les  aper- 
çoit, il  fallait  les  lui  rendre.  Un  vient 
corps  de  place  à  tours  anciennes  est 
aussi  bon  à  trois  cents  toiles  que  la 
fortification  de  Yauban  ott  celle  de 
Cormontaingne  ;  on  peut  lui  envoyer 
des  boulets  et  des  bombes  d*un  rem- 
pot  qoi  a  trois  siècles ,  comme  d'nn 
bastion  fait  suivant  les  principes  mo- 
dernes. Ce  n'est  qn'en  s'approchant 
qae  l'eDdOmi  voit  pea  à  peu  les  diffl^ 
oiltéa  a'acciHrftre,  qu'il  se  trouve  de 
plus  en  pto  gèoé  dans  ses  aouvemens, 
resserré  dans  ses  attaques,  pris  en 
flanc ,  quelquefois  de  revers ,  et  qu'é^ 
tant  oUigé  de  ae  défiler  de  toutes  parts, 
H  se  volt  rédsit  à  cheminer  par  des  cir- 
smts  continuels ,  à  enfoncer  ses  tran- 
6hées,  et  même  i  se  faire  des  galeries 
souterraines,  où  il  rencontre  d'autres 
obstacles  et  d'autres  dangers,  préparés 
i  l'avance  et  liés  au  système  de  la  for* 
tificatiern.  Toutes  ces  difficultés  disp»- 
rtissenti  sî  l'on  se  rend  avant  le  terme 
prescrit  par  l'impossibilité  de  se  dé^ 
lèndre  davantage.  Dans  cette  proii- 
nitté  du  corps  de  place,  chaque  minute 
coûte  plus  d'hommes  à  l'assiégeant 
qu'on  jour  entier  lorsqu'il  est  à  l'oo^ 
Torture  de  la  tranchée;  chaque  oonp 
de  canon  de  l'assiégé  est  pins  meurtrier 
qae  cinq  cents  tirés  au  commence* 
ment  du  stége.  Les  sorties  produisent 
des  effets   infiniment  supérieurs  et 
moins  dangereni  pour  la  garnison, 
piree  que  rennemi  est  plus  éloigné  des 
cofps  qui  doivent  le  soutenir,  tandis 
qa'au  contrah^e  l'assiégé  se  rapproche 
da  centre  de  ses  moyens.  Les  entre- 
prises sur  la  tète  des  sapes  sont  bien 
flis  fréqnenlM  ^  Men  Mua  proaqites , 


et  le  désordre  qu'elles  occasionnent  est 
bien  plus  grand ,  bien  plus  difllcile  à 
réparer.  C'est  à  l'attaque  des  brèches 
que  l'assiégé,  quoique  Inférieur  en 
nombre,  est  cependant  beaucoup  plus 
fort  par  sa  positloh  ;  parce  qu'il  do- 
mine ;  qu'il  ne  petit  être  attaqué  que 
sur  un  front  égal  au  sien  à  l'étran- 
glement de  la  brèche;  qu'il  ne  peut 
être  totirné  ;  que  la  Cavalerie  n'a  point 
d'action  sur  lui;  que  l'ennemi  n'a 
point  encore  d'artillerie,  tandis  que 
lui ,  défenseur,  s'il  à  sa  profiter  de 
ses  avantages,  doit  en  avoir  plusieurs 
pièces  cachées,  qu'il  a  su  réserver 
pour  cet  instant  décisif.  Eh  un  mot, 
ce  qu'a  fait  l'assiégeant  jusqu'alors  n^est 
qu'un  jeu  auprès  de  ce  qui  lui  reste  à 
faire.  Il  sera  bientôt  rebuté  si  l'assié- 
gé tient  bon,  et  celui-ci  touche  aumo- 
ment  de  recueillir  le  fruit  de  ses  tra- 
vaux. 

Une  place  qui  ne  tient  pas  autant 
qu'elle  pourrait  le  faire,  ne  donne  pas 
le  temps  aux  secoiirs  d'arriver.  Sou- 
vent elle  n'est  attaquée  par  l'ennemi 
que  pour  opérer  une  diversion,  et  for- 
cer une  armée  éloignée  d'abandonner 
ses  entreprises  pour  venir  la  protéger. 
Alors,  pour  empêcher  qh'll  ne  rem- 
plisse son  objet,  et  ne  point  affaiblir 
l'armée  active,  il  faut  avoir  le  temps  de 
rassembler  les  dépôts  de  l'intérieiir,  de 
réunir  lés  garnisons  voisines,  de  faire 
même,  au  besoin,  de  nouvelles  levées; 
si  la  place  est  rendue  avant  que  tout 
cela  soit  organisé,  bien  loin  d'avoir  été 
utile,  elle  aura  occasionné  des  mouvez 
mens  pénibles  et  dispendieux;  elle 
aura  inspiré  une  fausse  confiance  qui 
peut  devenir  fatale,  et  elle  fouitiira  à 
l'ennemi  un  point  fort,  dont  le  Voisi- 
nage obligera  à  utt  développement  de 
force  toujours  en  surveillance,  toujours 
en  action,  pouf  l'empêcher  d'étendre 
sa  conquête. 


528 


DB  LA  DÊFBNSB 


Lorsque  l'ennemi  fait  une  pareille 
expédition,  s'il  trouve  une  résistance  à 
laquelle  il  ne  s'attendait  pas,  il  est  hu- 
milié de  voir  ses  sacrifices  inutiles;  il 
n'ose  plus  rien  tenter  de  semblable; 
c'est  pourquoi  il  fait  ses  derniers  ef- 
forts ;  et,  voyant  que  tout  lui  échappe, 
[  s'il  n'emporte  pas  la  place  d'emblée , 
1  il  fait  jouer  tous  les  ressorts;  il  ne  né- 
glige rien  :  bombardement,  surprise, 
coupde  main,  corruption,  terreur,  tout 
est  mis  en  œuvre;  il  s'expose  aux 
chances  les  plus  malheureuses ,  tandis 
que  l'assiégé  n'a  à  soutenir  qu'un  effort 
de  peu  de  durée,  pour  se  couvrir  d'une 
gloire  immortelle. 

I^orsqu'on  réfléchit  sur  la  consom- 
mation d'approvisionnemens  en  tous 
genres  qu'exige  un  long  siège,  à  la 
difficulté  des  transports ,  aux  maladies 
qu'occasionne  l'arrière-saison,  on  con- 
çoit combien  est  fâcheuse  et  coupable 
une  réduction  prématurée.  Il  est  très 
rare,  en  effet,  que  l'assiégeant  puisse 
rassembler  tout  le  matériel  qui  lui  est 
indispensable,  et  môme,  lorsqu'il  en 
aurait  les  moyens,  rarement  le  fait-il, 
parce  qu'il  compte  sur  le  peu  de  fer- 
meté des  défenseurs  ;  il  n'a  souvent  ni 
assez  de  troupes  pour  l'armée  de  siège, 
ni  armée  d'observation;  et,  dans  le 
cours  de  la  guerre  de  la  révolution ,  il 
n'y  a  peutrêtre  pas  eu  un  seul  exemple 
d'un  approvisionnement  complet  pour 
attaquer.  Cependant  il  ne  faut  dans  ce 
cas  qu'un  peu  de  ténacité ,  car  l'enne- 
mi ne  peut  attaquer  que  mollement, 
ses  moyens  sont  épuisés  avant  qu'il 
soit  parvenu  à  la  moitié  de  ses  travaux  ; 
il  fait  sommer  la  ville  avec  de  grandes 
menaces,  prêt  à  s'en  aller  lui-même,  si 
on  lui  montrait  une  ferme  résDlution. 
Mais  il  a  compté  sur  la  faiblesse  et  l'i- 
gnorance des  chefs,  et  il  réussit  à  leur 
faire  signer  une  capitulation  d'autant 
plus  honteuse  réellement ,  qu'elle  est 


conçue  en  termes  plus  honorables;  car 
c'est  précisément  parce  qiv'il  sent  qu'on 
peut  se  défendre  encore ,  et  peut-être 
lui  faire  lever  le  siège,  qn'il  accorde 
tout  ce  qu'on  veut. 

U  aurait  fallu  se  défendre  encore , 
ne  fût-ce  que  pour  gagner  l'arrière- 
saison  et  consommer  le  reste  des  ajh 
provisionnemens,  afin  d'empêcher  l'en- 
nemi d'en  profiter,  et  lui  faire  con- 
sommer les  siens  ;  car  avec  ces  appro- 
visionnemens  réunis,  il  peut,  lorsque 
la  saison  n'est  pas  enc<H*e  fort  avancée, 
attaquer  tout  de  suite  une  place  de  la 
secoude  ligne,  avant  qu'elle  ait  eu  le 
temps  de  s'approvisionner  elle-même, 
la  réduire  promptement  comme  b 
première,  passer  à  la  troisième,  prise 
au  dépourvu,  et  achever  ainsi  la  trouée 
en  une  seule  campagne ,  lorsqu'il  oAt 
suffi  d'un  peu  de  constance  pour  le 
faire  échouer,  ou  au  moins  l'arrêter 
^plusieurs  années,  et  lui  faire  user  toai 
les  moyens  de  continuer  la  guerre  of- 
fensive. 

Les  peuples  de  la  haute  antiquité 
étaient  bien  forcés  de  défendre  lems 
villes  jusqu'à  la  dernière  extrémité;  il 
y  allait,  pour  chacun  des  individus,  de 
tout  ce  qu'il  pouvait  posséder  au  mon- 
de :  tout  l'empire  était,  pour  ainsi 
dire ,  concentré  dans  une  seule  place. 
Cette  capitale  prise ,  les  biens  et  les 
personnes  devenaient  la  proie  de  l'en- 
nemi. Il  se  partageait  le  butin;  l'em- 
pire cliangeait  de  maître  ;  le  peuple 
était  emmené  en  captivité,  et  le  prince 
vaincu  avec  toute  sa  famille,  était  at- 
taché au  char  de  son  superbe  vainqueur 
pour  orner  son  triomphe. 

Ainsi  les  places  n'avaient  aucun  rap- 
port au  système  général  de  la  guerre; 
on  allait  au-devant  de  son  ennemi,  on 
livrait  une  bataille  ordinairement  dé- 
cisive. Si  le  sort  des  armes  était  con- 
traire, on  se  retirait  dams  sa  cajMtaie; 


MM  PLA£I«  FOftTl 


%m 


«n  l'y  rrafcrniait  aTec  ce  qui  restait 
de  plus  préeieu,  et  on  s'y  défendait 
arec  l'arme  du  désespoir. 

Les  Tilles  de.  Troie,  Ninive,  Baby- 
lone.  Sardes,  etc.,  nous  offrent  des 
exemples  céMires  de  semUables  évè- 
nemens. 
^  Les  Grecs,  les  Romains,  les  Cartha- 
ginois lièrent  davantage  leurs  forte- 
reaaes  à  leur  systtoie  de  guerre  ;  iben 
firent  des  dés  de  leurs  vastes  posses- 
sions ,  et  cependant  leur  importance 
n'étant  ge^  mmodre  que  dan»  les 
teoipa  antérieurs ,  la  guerre  de  l'atta- 
que et  de  la  défense  des  idaces  conti* 
oua  ehoE  eux  à  jouer  xm  rAle  égal  au 
moins  à  edui  de  la  guerre  de  campa- 
gne, et  leurs  sièges  furent  aussi  célè- 
bres que  leurs  batailles  :  tels  furent 
ceux  de  Syracuse,  Veies,  Tyr,  Lyli- 
bée,  Sagonte,  Carthage,  Numance, 
Alise,  Jérusalem,  Paimyre* 

Les  peuples  modernes  d'Europe  se 
sont,  pour  la  plupart ,  mis  i  l'abri  de 
ces  terribles  expéditions ,  en  mnlti- 
pliaut  davantage  leurs  places  fortes. 
Le  sort  de  ces  peuples  ne  dépend  plus 
aujourd'hui  du  snecès  d'une  seule 
bataille.  Uuè  place  prise  n'entraîne 
ipi'nn  malheur  partiel  et  réparable  ; 
on  peut  ■nème  perdre  sa  capitale  et  la 
recouvrer,  parce  que  la  frontière  offre 
Bue  multitude  d'asiles  de  sûreté  ;  trois 
lignes  de  places  fortes ,  les  unes  der- 
rière les  autres,  arrêtent  la  trop  grande 
ambîtion  d'un  conqeéiunt,  et  le  rui- 
nent en  détaiL 

Mais  peut-être  que  cette  grande 
nudtipUcité  de  forteresses  fait  qu'on 
attache  moins  d'Importance  i  chacune 
d'elles  en  particubdr,  et  qu'on  les  dé- 
fend avec  moins  d'obstination.  Cepen- 
dant, si  elles  nous  garantissent  des 
fléaox  qu'entraînaient  les  gnerres  d'au- 
trefms,  c'est  i  condition  que  du  moîAS 
ks  points  attaqués  se  défendront  com- 


me  laisaient  le»  places  ancienne^* 
trement  le  mal  ne  serait  que  retardé 
et  non  empêché  ;  car  l'ennemi ,  après 
la  prise  de  trois  ou  quatre  [riaces ,  se 
trouverait  an  eoeur  de  l'État ,  et  bieii- 
têt  auraient  Keo  les  mêmes  désastres 
que  ceux  dont  l'histoire  ancijenne  est 
remplie.  Nos  ^eresses  concentrent 
les  hostilités  et  les  circonscrivent  sur 
un  local  de  ]^u  d'étendue  ;  voilà  leur 
avantage.  Mai»  ce  local  étroit ,  il  faut 
en  convenir,  n'est  souvent  guère  moins 
malheureux  que  n'étaient  autrefois  les 
contrées  envahies.  Ge  local  est  sacrifié 
momentanément  au  salut  de  tous, 
mais  pour  que  tout  le  reste  soit  sauvé 
en  effet,  il  faut  que  dans  ce  lieu  con- 
centré l'ennemi  trouve  la  même  réris- 
tance,  la  même  obstination  que  celles 
qui  devraient  avoir  lieu  si  la  nation 
entière  y  était  réunie,  et  qu'il  fallût  y 
défendre  sa  vie,  sa  famille ,  sa  lilierté, 
aussi  n'est-ce  pas  un  mérite  médiott^ 
que  celui  d'une  belle  défense,  et  pent* 
être  qu'une  des  causes  principales  de 
la  faible  résistance  que  font  les  places 
actuelles ,  vient  de  ce  qu'on  a  semblé 
jusqu'à  ce  jour  n'attacher  qu'une  con 
sfdération  secondaire  à  ceux  des  oiB 
ciers  supérieurs  qui  en  sont  chargés. 
On  donne  souvent  ces  commandement 
comme  par  forme  de  retraite,  à  d'an 
ciens  officiers  qui  ne  peuvent  plus 
supporter  les  fatigues  d'une  campagne 
active  ;  on  n'y  envoie  quelquefois  que 
des  vétérans,  des  dépAts  des  troupéa 
de  nouvelle  levée,  pour  y  tenir  garni 
son  ;  on  semble  supposer  que  le  ser* 
vice  n'en  est  pas  aussi  essentiel  que 
celui  des  armées  mobiles.  Ce  concouiu 
de  circonstances  dmlnue  trop  sodh 
vent  Topinion  qu'on  doit  avoir  de  l'im- 
portance du  poste  qu'il  faut  défendre. 
Mais  si  les  corps  les  plus  exercés  et  les 
plus  actifs  doivent  être  en  effet  plus 
généralement  employés  en  ligne,  c'est 


b» 


MS  L\  DtVWSf 


l^arcft  qu'il  a'x  •  que  ceun-ci  qui  puif- 
ikent  exécuter  avec  précision  lef  ma- 
nœuvrer 4e  la  tactique  ;  taudis  que  les 
futrea  peuvent  très  bien  servir  daus 
les  villes  de  guerre ,  pourvu  qu*il  s'y 
trouve  uu  noyau  de  troupes  bien  exer- 
cées; c'est  même  là  i*un  des  avantages 
les  plus  remarquables  des  places  ;  mais 
s'il  y  faut  moins  de  tactique,  il  n'y  faut 
pas  moins  de  Cûumge  ni  de  persévé- 
rance à  supporter  toutes  Iw  privations, 
ni  de  cette  vertu  d'autant  plus  héroï- 
que, qu'elle  est  nécessairement  moins 
raguurquée  qu'en  un  champ  de  bataille, 
sous  l'œil  du  souverain  lui-  même ,  ou 
d'une  grande  partie  de  se^  compagnons 
de  gloire,  et  en  présence  d'une  grande 
armée  tout  entière. 

Que  n'a-t-on  pas  à  souffrir  dans  une 
place  assiégée,  lorsqu'on  est  résolu  d'en 
pousser  la  défense  à  toute  extrémité? 
Je  ne  rappellerai  point  à  ce  sujet  ce 
qu'on  peut  voir  dans  toutes  les  des- 
criptions de  semblables  évènemens; 
qui  a  pu  les  lire  sans  émotion?  C'est 
^u^  hommes  destinés  à  une  pareille 
défense  qu'un  gouverneur,  marchante 
leur  tête ,  peut  bien  adresser,  comme 
autrefois  un  capitaine  romain  à  ses 
soldats,  ces  paroles  sublimes  :  £à,  eun- 
(Um  êit^  miUtu,  uudè  redire  non  nêeeeee 
«II. 

Quelle  récompensa  ne  méritent  pas 
des  soldats  dignes  d'entendre  de  sem- 
blables paroles  1  le  chef  qui  les  pro- 
nonce !  C'est  au  souverain  seul ,  c'est 
au  héro«  dont  la  présence  a  si  souvent, 
au  milieu  des  périls,  enflainmé  les 
guerriers  du  plus  noble  enthousiasme, 
qu'il  appartient  d'apprécier  ces  faits 
militaires  et  d'en  placer  les  auteurs 
av  rang  de  gloire  qui  leur  appartient. 


CHAPITRB  V. 


GdiDbieD  il  6H  dmacren  de  biissr  fsrifr  cc«p 
tu  moral  dtt  laldaL  •*  PoiiiaBea  de  leyi- 
niqn  dani  bm  plies  SpU^ée.  -r  ifMft 
qu'imprime  une  géoércuse réfolutip^  :r  Qé- 
couragf  mf  nt  que  uroduil  la  êemit  Héftqil 
faut  tinir  par  fe  rendre.  —  Prodl^Keia  cSHi 
de  reaUioafiaMne,  de  It  bel'e  conliwinw  ée 
cbefo,  du  éùeit  de  Is  gloire,  de  raainr  diii 
paurie.  dea  priocivai  rallglavs* 

Loin  de  se  laisser  ébruter  psrie 
vaines  menaces,  par  la  chute  et  qpal- 
ques  bombes,  un  homme  coungeai 
et  instruit  ne  s'effraie  pas  nsèaia  ds 
voir  l'ennemi  logé  sur  la  contrescaift, 
et  se  disposer  à  l'attaque  du  corps  ée 
place.  Il  médite  deson  oAté  lea  mojaiS 
de  le  faire  échouer  dans  une  enlm- 
priso  aussi  hasardeuse.  Il  inspire  su 
soldat  sa  propre  confiance,  il  loi  bit 
connaître  l'ascendant  que  lui  donne  sa 
position,  une  position  on  il  occupe  il 
hauteur,  où  il  ne  peut  être  toorné,  oi 
il  ne  peut  être  attaqué  que  sur  n 
front  égal  au  sien,  et  où  il  fout  qw 
l'ennemi  arrive  par  un  chemin  escarpé, 
contre-miné,  battu  en  flanc  et  de  le- 
vers H  montre  enfin  à  ses  frères  d'ar- 
mes que  c'est  un  moment  dédaif  pour 
leur  gloire ,  et  il  sait  faire  passer  dans 
tous  les  cœurs  le  noble  désir  de  8*i^ 
lustrer  par  une  défense  à  jamais  mé- 
morable. 

Cependant  il  se  trouve  des  hommes 
qui,  loin  de  partager  et  de  propager 
ces  sentimens  généreux ,  ne  semUent 
s'appliquer  qu*è  ébranler  le  moral  des 
troupes  par  des  insinuations  aussi  per> 
fldc'S  que  pusiHanrroes.  C'est  une  faussa 
gloire ,  suivant  eux ,  que  celle  qu'on 
prétend  acquérir  par  une  défense  poiB- 
sée  au-delà  de  certaines  bornes:  Hs 
affirment  qu'une  longue  expérience  el 
des  calculs  raisonnables  ont  Bié, 


i)K*  i»i.\rFs  ;'ortkn. 


6»t 


ainsi  dire,  la  durée  de  celle  que  doit 
faire  chaque  place,  suivant  la  nature  de 
iOB  «to ,  aa  f  randeor,  son  tracé  ;  qu'il 
aofDt  d'atteîBdrB  à  cette  dorée,  pour 
k  l'akri  des  reproches,  et  pour  iné- 
même  qa'il  soit  dit  qu'on  a  fait 
beUe  défense;  qu'on  ne  peut 
dette  durée  sans  eiposer 
ki^gvwaon  et  les  babîtam  A  des  mal- 
iMwa  que  rhumaBîté  nous  ordonne  de 
pvéeenir;  qm  les  combats  ne  doivent 
floa  être  aussi  meurtriers  qu'autrefois  ; 
^M  lea  siégeB  ne  sont  plus  ce  qu'ils 
élaiettt  avant  l'invention  de  la  (ioudre  ; 
^pe  wahiir  pousser  la  résistance  au- 
dea  KmJtes  ordinaires,  c'est  re- 
le  système  des  guerres  à 
i,  qui  n'ont  plus  lieu  que  chez  les 
el  nous  faire  rétrograder 
i«s  lea  siècles  de  la  barbarie  ;  qu'enfin 
41  tant  mieux  céder  quelques  jours 
plua  tAl,  pour  obtenir  une  capitulation 
hanerable,  que  d'être  prisonniers  de 
guerre  ou  de  s'exposer  aux  horreurs 
drunaaaant 

Mous  avons  répondu  d'avance  à  ces 

Macoun  captieux  en  leur  opposant  le 

tiftêo  dea  loia  qui  prescrivent  à  tout 

lire  de  défendre  jusqu'à  la  der- 

extrémité  le  poste  qui  lui  est 

i.  Mais  ils  n'en  sont  pas  moins 

puraicienx,  parce  qu'ils  aflaiblissent 

isibleoMot  Fénergle  des  plus  bra- 

défanseurs,  en  détruisant  tout  ce 

apii  peut  l'alimenter  et  la  soutenir,  en 

leur  diaut  l'espoir  du  succès ,  qui  était 

4uchasser  l'ennemi  ;  celui  de  la  récom- 

fenae,  qui  était  la  gloire  attachée  au 

Manphe,  et  enGn.la  confiance  même 

dTuvoir  été  utile  à  la  patrie ,  par  une 

vésialance  qu'on  leur  représente  corn* 

me  Àial  entendue  et  sans  profit  pour  ta 

ebese  en  elle-même. 

Dès  que  loreille  s'ouvre  à  ce  lan- 
gage de  séduction,  la  persuasion  ne 
Mie  poîM  à  se  faire  jour,  les  ressorts 


de  la  discipline  se  relAchont,  le  cou- 
rage se  ramollit,  l'homme  intrépide  se 
voit  successivement  abandonné  ;  tout 
8*énerve,  tout  se  cortDknpt  autour  de 
lui  ;  il  se  trouve  toiit  à  coup  seul  de 
son  opinion ,  considéré  peiit-étre  lui- 
même  comme  un  homme  dange- 
reux. 

Ceux  qui  ont  remarqué  quel  est  le 
pouvoir  de  l'opinion  en  toutes  choses, 
avec  quelle  rapidité  elle  change  et  nous 
entraîne  malgré  nous,  sentiront  com- 
bien, dans  nne  place  assiégée,  isolée 
de  toute  communication ,  de  tout  se- 
cours, il  importe  a  la  sftroté  de  sévir 
rigoureusement  contre  les  premiers 
auteurs  de  ces  discours  empoisonnés, 
trop  souvent  suggérés  par  l'ennemi, 
répandus  par  ses  émissaires  secrets,  et 
qui  sont  toujours  les  premières  étin- 
celles d'une  sédition  dont  bientét  il 
n'est  plus  possible  d'arrêter  les  efkts. 

Mais  de  quel  étonnement  n'est-on 
pas  frappé  lorsqn*on  apprend  que  des 
chefs ,  que  des  gouverneurs  sont  quel- 
quefois les  premiers  k  corrompre  l'opi- 
nion ;  qu'on  les  a  vus  préporer  les  es- 
prits à  une  capitulation  qu'ils  médi- 
taient, peut-être ,  déjà  dès  le  premier 
jour  des  attaques,  en  discréditant  de 
toutes  les  manières  possibles  la  place 
qu'ils  avaient  à  défendre?  Ces  faits  ne 
sauraient  se  croire ,  s'ils  n'étaient  at- 
testés par  des  hommes  d'un  témoignage 
irréfragable  :  Voici  ce  que  dit  à  ce  su- 
jet M.  le  maréchal  de  Vauban  : 

a  J'ai  vu  assez  souvent  plusieurs  de 
»  nos  gouverneurs  parler  mal  de  leur 
»  place,  et  fort  peu  en  dire  du  bien ,  soit 
»  qu'ils  ne  les  connussent  pas,  on  qu'ils 
9  voulussent  de  bonne  heure  préparer 
»  le  public  à  ne  pas  attendre  grand'- 
V  chose  de  leur  résistance.  En  l'un  et 
»  Tautrecasdc  pareils  discoursne  valent 
»  rien,  et  ceux  qui  les  tiennent  mérite- 
iraient  bien  d'être  déchargés  de  Yma^ 


DE  LA  DÉFENSfi 


jipioi  qui  leur  dotiue  occasion  de  faire 
.»§einblables  plaintes.  » 

Ces  comoiaiidaDs  sans  doute  ne  sont 
pas  de  ceux  dont  le  chevalier  de  Ville 
nous  a  tracé  le  modèle  dans  son  Traité 
4$  to  0kar§$  d$$  gaumrmwn,  ouvrage 
eioellent  encore  aiqourd'hnj. 

«  Le  gouverneur  dans  vne  place  (dit 
»le  chevalier  de  Ville)  représente  la 
jipersonne  du  roy  ;  de  sa  fidélité«de  sa 
nvigUance  et  de  son  courage  dépend 
.  »  la  cottservatioQ  des  bahitans  du  pays 
a  et  de  la  place.  J'estime  que  c'est  vne 
»des  plus  importantes  charges  qui  soit 
adans  vn  État  ;  et,  si  l'on  considère  sa 
•conséquence,  j'oserois  la  comparer, 
JD  voire  ipielquefois  la  préférer  à  celle 
»  d'un  géntotl  r  ^lon  l'importance  des 
aplacesoù  ils  commandent  ;  car  il  y  en 
a  a  aucunes  d'où  dépend  une  province, 
»  et  quelquefois  partie  de  l'État  ;  et  la 
»perte  d'une  de  ces  places  n'est  pas 
•moins  dommageable  que  la  perte 
.ad'vne  armée.  Après  vn  combat,  on 
^se  peut  rallier  et  refaire  l'armée, 
a  mesme  asseurer  le  pays,  se  retirant 
a  dans  les  places  voisines  ;  mais  diiBci- 
jilemeut  reprendH>n  vne  bonne  place 
^  après  l'avoir  perdue  :  c'est  pourquoy 
a  le  prince  doit  avoir  grand  égard  en 
a  l'élection  des  gouverneurs  de  telles 
a  places. 

a  J'estime  qu'on  doit  considérer  de 
a  quelle  façon  ils  se  sont  conduils  jus- 
»  ques  akm,  et  comme  ils  ont  vescu  ; 

•  car  il  n'est  pas  possible  qu'on  force  si 
«fort  son  naturel,  et  durant  un  si 

#  long  temps,  qu'on  ne  donne  cognois- 
a  sance  de  ses  inclinations.  Vn  homme 
>  qui  a  vescu  toute  sa  vie  en  homme 
a  d'honneur,  rarement  fera-t-il  vne 
a  lâcheté  lorsqu'il  sera  à  ces  charges. 
#Et  au  contraire,  cehiy  qui  aura  sou- 
^  vent  fait  des  numvaises  actions,  et 
a  qui  aura  vn  mauvais  naturel,  s'il 
aJtoopvf  occasion,  il  se  relascbera  de  la 


contrainte  qui  lui  aura  fait  dissimiiii^r 
ses  vices;  on  revient  toujours  i  son 
naturel,  et  les  diasiraidations  ne  sont 
que  pour  peu  de  temps. 
•  Grax  qui  se  sont  tonjoiirs  mon- 
très  fidèles,  et  qui  oat  en  plnsfeurs 
emplois  oi  on  a  pu  les  oognoiatre, 
sont  sans  doute  k  préflnr  à  Jom 
autres.  Noua  en  avons  ven  qui,  dans 
l'abord  par  leur  adrasae,  ont  si  Uen 
sceu  contrebire  leur  haaneur,  qu'ils 
se  sont  bits  estimer  braves  gens,  et 
par  l'effronterie  à  s'introduire  et  la 
hardiesse  à  débiter  leurs  meateries, 
ont  obtenu  des  gouvemeflaens  de 
places  importantes,  ou  estant  atta- 
quel,  les  ont  misérablement  rendues; 
et,  pour  en  avoir  pris  punition  de 
leur  teste,  la  plaee  n'en  est  pas  reve- 
nue au  imnee  :  c'est  pourquoy  il  faut 
peser  plustost  les  effets  que  les  fuo^ 
les,  ne  croire  jamais  à  d^  gens  qpn  se 
vantent  et  font  meatier  de  fanfaron- 
nerie. 

bSI  on  donne  quelque  gouver- 
nement à  des  personnes  d'aage 
pour  récompense  des  servîcea  qu'ils 
auroient  rendus,  il  n'est  paai  propos 
de  les  mettre  dans  les  plaœa  firon*- 
tières,^  car  au  lieu  de  leur  procurer 
un  repos,  on  les  mettrait  dans  le  tra- 
vail: dans  ces  lieux  il  but  des  hooi- 
»  mes  verds  qui  puissent  agir  et  aonf- 
»  fnr  la  fatigue,  tant  par  les  soins  qu'ils 
a  doivent  avoir  de  la  conservation  de 
a  leur  place  et  du  païs,  comme  de  la 
adeffence,  s*ils  sont  attaques.  Qui 
a  veut  bien  s'acquitter  de  cette  place 
»  ne  doit  pas  dormir  toutes  les  nuits; 
a  il  faut  qu'il  tienne  les  soldats  et  les 
a  habitans  en  crainte  ;  qu'il  en  ait  vo 
a  soin  continuel  et  qu'il  visite  souvent 
aies  murailles;  c'est  pourquoy  ceux 
a  qui  seront  vieux  seront  plus  propres 
a  i  estre  mis  dans  les  places  qui  sont 
a  dans  le  corps  de  l'Estat,  oi^.|es  «yos 


Mi  ftào»  voAni. 


533 


pet  lei  Irtîgiies  ne  sont  pas  «  néees- 

vOute  oesfaâlltex  qui  leur  lont  na- 
»tiirelles,  ib  en  doivent  avoir  d'antres 
iiaoqnisea,  partie  par  Tétode,  partie 
u  par  l'exerdoe  ;  ils  doivent  sçavoir  ce 
i  (|tti  est  de  leur  charge  ;  car  il  est  fort 
»  absnrde  de  donner  des  gonvem«nenii 
»  è  des  penonnes  qni  ne  sçavent  ceqn'il 
»  lenr  faudra  goovemer  et  commander, 
Bel  qu'on  lenr  doune  pour  lenr  ap- 
»  prendre  en  le§  eicrçant  :  cette  mode 
x  est  très  périttenae ,  car  les  fautes  4|ai 

Q^#  ^v^^BUflln^^vV^vU V  ^SftK  ^v^^  V  ^^^Hi^^A  ^u^^s^v?  ^^^^nA  w  ^n^7 

»  trop  grande  conséquence  et  irrépa- 
«rabies.  Pour  vouloir  faire  Tessay  des 
«personnes  par  vne  épreuve  qui  cous- 
»  teioit  si  clier,  il  iant  que  devant  qu'ils 
»  y  («étendent,  ih  aient  acquis  toutes 
nies  intelligences  nécessaires.  Et  il  ne 
smffit  pas  d'avoir  ouy  dire  ou  leu,  il 
»£uit  avoir  veu,  et  particulièrement 
»s*eatre  trouvé  à  divers  sièges ,  soit  i 
>  la  défense  ou  à  l'attaque  des  places, 
i^dontj'aîmeffoisniienx  l'attaque,  parce 
»  qu'on  voit  l'un  et  l'autre,  ce  qui  ne 
»sefait  si  bien  à  la  deffence.  Vnqui 
V  06  s'est  jamais  rencontré  à  ces  occa- 
»  ûons  se  trouve  fort  estonné  lorsqu'il 
»y  est;  tout  rembarrasse,  et  ne  açait 
•quelle  lésolution  prendre:  tout  ce 
•que  faitrennemy  luy  donne  crainte^ 
•parœque  tout  luy  est  impréven.  Voir 
»vne  puissante  arasée  qui  l'environne 
•de  tous  costes,  tant  de  canons  qui  ti- 
•reni  sans  cesse,  et  les  tranchées  qui 
ose  font  si  promptement  (au  moins  les 
«premières),  luy  font  penser  que  sa 
a  place  est  autrement  attaquée  que  les 
•antses,  et  qu'il  est  impossible  de  te- 
rnir contre  de  si  violons  efforts,  et 
s  ooyent  qu'ils  ont  bit  leur  devoir,  et 
»  qu'ils  se  pravent  rendre,  lorsqu'il 
»  féndroit  qu'ils  commençassent  à  bon 
•  escient  à  se  deffendre;  les  e&em- 
)/ples   que    noqs  avons   yeu   m*en| 


»  font  ainsi  parler.  Au  contraire ,  vu 
a  homme  qui  s'est  trouvé  à  ptanienrs  . 
»  sièges  s'asseure  qu'il  verra  bientoat  * 
»  périr  la  meilleuro  partie  de  cette  aiw 
amée,  que  ce  tirailleoieni  de  canon  ne 
aluy  peut  Caire  aucun  mal;  «pie  les . 
ajnemiers  travaux  sont  fort  aiseï  à  ad» 
a  vancer,  ne  s'estonne  jamais  de  ce  qui 
a  arrive,  parce  qu'il  prévôts  <«  qui  doit 
a  arriver,  on  si  quelque  chcob  se  lait 
a  contre  son  opinion,  l'expérience  et  le 
a  jugement  luy  fournissf^ntdes  moyens, 
a  d'y  remédier;  bref,  il  sait  ponctuelle- 
a  ment  comme  il  faut  que  les  ennemis . 
a  marchent,  les  efforts  qu'ils  peuvent 
a  faire  et  les  résistances  qu'il  leur  peut . 
a  opposer,  et  sçait  jusqu'à  quel  point . 
a  il  peut  et  doit  tenir,  et  ne  se  rend 

•  que  lorsqu'il  a  fait  tout  ce  qu'un, 
a  homme  d'honneur  peut  faire. 

a  II  faut  qu'un  gouverneur  aime  sf , 
a  place  comme  la  chose  qui  luye^, 
a  plus  chère  au  monde,  et  d'où  dépend^ 
«son  honneur  et  sa  vie,  parce  qu'il^ 
a  doit  se  proposer,  en  y  entrant,  qu'a- 
après  la  perte  de  sa  place  il  ne  doit 
a  plus  vivre;  c'est  pourquoy  il  doit 
a  avoir  autant  de  soin  de  sa  conserva- 
ation  comme  de  soi-même,  et  doit, 
a  toujours  penser  comme  il  poorroit^la 
>  rendre  meilleure ,  mieux  gardée  et 

•  mieux  munie.  Et  en  temps  de  paix , 
a  il  doit  prévoir  à  tout  ce  qui  luy  pour* 
a  roit  arriver  en  temps  de  guerre,  et  se 
a  fournir,  lorsqu'il  n'en  a  pas  besoin, 
a  de  ce  qu'il  croit  qu'un  jour  luy  sera' 
a  fort  nécessaire;  c'est  une  mauvaise^ 
acoustnme  d'attendre  à  fortifler  c« 
a  munir  les  places  jusqu'à  la  veille  qu'-^n 
a  craint  d'être  attaqué,  difficilement 
a  peut-on  faire  avec  si  grande  haste'ce  > 
a  qu'on  a  bien  de  la  peine  de  faire  en 
aplusieun  années;  c'est  pourquoy  on 

•  y  doit  pourvoir  de  bonne  heure  si  on 
a  ne  veut  pas  être  surpris;  car ,  pour 
amoy ,  je  ne  trouve  point  4*exciise  pins 


Mk 


ftt  LM   DWUISI 


aiinpertfii«tile  pour   vn  iç^nivernevr. 

•  oopnurUiut  autre  qui  a  %:i  sn'and 
i»  eniMUiikdeniprit  en  cti^ .  lip  liire  qni 
«eiHt  p^n^é  rda?  Il  iUtii  peiwi^f  a  t</Ut 

•  r«  qui  peut  arriver ,  ou  il  e^t  ifi<.ap^ 
i»Me  dct  charge:»  lie  si  tiauie  consé- 
»qvefio<*. 

»  Enfin,  je  conoturav  avec  cette  prr>- 
«  position,  qu'il  me  semble  qn*il  n'y  a 
»  point  de  charîçe  dan?!  h  guerre  avec 
*»  laquelle  on  puisse  acquérir  plus  d'hon- 
»  oeur  et  de  r^utation,  qfj'en  celle  de 

•  gouverneur,  lorsqu'il  e^t  attaqué  et 
»qu1l  se  défend  dans  une  bonne  place. 

•  Oo  présuppose  toujours  que  celu y  qui 
»  attaque  vne  place  vient  a^ec  a^^ez  de 

•  force  pour  remporter,  et  qu'enfin 
»  toute  place  attaquée  doit  être  prise  ; 

•  c'est  pourquoy  si  celuy-là  ne  la  prend 
»  pas,  il  mérite  plus  de  blasmc  qu'il 

•  n'acquiert  d'honneur  en  la  prenant, 
»paroe  que  Fun  estdirectement  contre 
ace  qu'on  s*est  proposé,  et  suppose 
a  manquement  ;  l'autre  est  comme  vne 
»  chose  qu'on  e>toît  bien  assuré  de 
»Toir  arriver  ainsy.  Mais  vnquidef- 
»fend  vne  pface,  premièrement  il 
»est  seul,  et  tout  ce  qui  se  fait  luy 
•est  attribué,  soit  bien  ou  mal.  La 
vdclfencc  dépend  de  la  conduite  et  de 
*>rintel1igence  de  celuy  qui  l'ordonne 
»et  bien  peu  de  la  fortune;  s'il  se 
»  delTend  hi  bien  ou'il  contraifçne  Fen- 

•  nemy  à  lever  le  siège,  ce  sera  comme 
»  vne  merveille  et  contre  l'opinion  de 
9  tous  :  mcsme  de  se  delTcndre  plus 
9>qu*oii  ne  croit  pouvoir  tenir;  on  at*- 
»  trihue  tout  cela  nu  courage  et  h  Tin- 

•  Helligence  de  ccluy  qui  commande 

•  dans  la  place.  Enfin,  j'estime  que 
«ccluy  qui  fait  lever  vu  grand  siège 
r»  acquiert  plusd'lionneur  que  celuy  qui 
j» gagne  une  baUiille ,  pane  qu(\  sou- 
»*  tenant  si  long  lomp^  il  dciïnit  vne 
»  armée,  conserve  ses  MilûaH,  lit  pln<'i; 
nvirÊlat  du  prince.  • 


«Jn  ne  É^tn  ^««  «urpt»  ée  toiâ  • 
qii'rxij^;  lir:  :.i  ^  âri  i  uL  Ç'mverievit 
br»«r;  chetalier  di^  Vilèe.  lersi^  «  lé- 
flécziira  sur  1  importance  ei  la 
de  ses  fonctions.  Ce  n'est  pas 
ment  d'aoe  action  d'éclat  qoe 
le  mneè-,  c'est,  à  proprement 
d'une  suite  non  inlerroBpoe  dfi 
d'éclat.  Ce  n'e»i  paaaMeiqa'il 
sa  personne,  il  faut  on'il  ait  ie  éun  dei 
faire  seconder  avec  aèfe  :  U  a 
plus  grand  sang-froid,  de  Ti 
la  pkis  soutenue,  pour  tout 
tout  prévoir,  tont  ordonner,  et  Tt 
iriiédoit  briller  dans  ses  ye«s;il 
que  tout  h'aninie  à  sa  rois ,  que 
s  electriae  à  son  aspect,  que  tout  s'< 
flamme  de  ses  regards,  que  son  ?  s 
inspire  la  conliance,  rende  le 
aus  faibles,  en  impose  aux  ami  a 
tiennes.  Jatmeraii  aiMds,  disait  b 
général  athénien  Chabrias ,  mm  a9wtk 
4ê  cmrfs  eommamééê  far  um  Aie»,  fn'am 
armée  d€  Hamt  €omtmandée  par  mm  tmf^ 

l^  soldat  suit  presqse  lenjoaiB 
l'exemple  de  ses  chefs  ;  c'est  danslanr 
contenance  qu'il  voit  ce  qu'en  a  drait 
d'attendre  de  lui,  et  rarement  ycitHm 
des  actes  de  faitriesse  sous  un  comman- 
dant intrépide.  Au  siège  de  Aide  pm 
Soliman  II,  en  1529,  la  ville  ayant  «»> 
pitnié,  la  garnison  déflla  devant  ka  Jft- 
nissaires  qai  insultèrent  les  soldais  al 
lewr  reprochèrent  leur  pende  eourafs, 
quoique  la  place  eût  été  bien  dérendnt, 
mais  non  pent-ètre  jasqu'è  la  dernière 
eitrémîté.  Un  soldat  aitcmand  juato- 
ment  irrité,  se  tourna  vers  l'un  éa  em 
janissaires:  0«'as-lif  ê  ms  rtfrotkm^ 
lui  dit-il  ?ja  fis  commando  |km,  j'oHh. 

Il  est  certain  qu'une  garnison  bien 
dirigée,  bien  munie  de  ee  qui  est  né» 
cessaire,  peut  faire  lever  le  siégea  une 
armée  dix  fois  aussi  nombreuseqa'eila; 
mais  il  faut  que  le  chef  le  veuille  rt 
qu'il  suit  rt>olu  do  pciir  ^nuïàl  i{ua  ib 


DES  ffJJLOS^  F0IIT/SS 

céder.  Ua  iervîoa   régulier  et  même  I  Biaise  de  Itoatluc  de  se  j^tar  dans  la 


bien  exédité  ne  suiQt  pas;  il  faut  de 
renlhbusiasroe  ;  il  faut  qu'une  grande 
passion  soit  rame  dun  grand  en- 
semble; partout  où  Ton  ne  réussira 
point  à  réunir  ces  deux  choses,  il  n'y  a 
rien  à  espérer  ;  ou  sera  toujours  réduit 
iuDe  défeoae  limitée  et  soumise  au 

calcul 

Toutes  les  actions  célèbres  en  ce 
genre  sont  ^ucs  à  uq  ((eure  quelcon- 
que d'exaltation,  bans  l'antiquité,  lors- 
qu'un peuple  entier  défendait  sa  capi- 
tale, cette  exaltation  était  l'impérieuse 
nécessité,  la  première  de  toutes  les 
lois.  Chez  les  Grecs  et  chez  les  Ro- 
mains, ce  fut  l'amour  de  la  patrie  ;  au 
temps  des  croisades  et  de  la  chevale- 
rie, ce  fut  un  sentiment  mixte  de  piété, 
d'honneur  it  ie  gaianterie;  lors  de  la 
fondation  des  républiques  helvétique 
cl  balave ,  ce  fut  la  haine  de  la  tyran- 
nie; l'histoire  de  la  ligue  nous  montre 
ce  que  peuvent  le  fanatisme  et  l'esprit 
de  faction  ;  enÀn,  les  sièges  de  Calais, 
d'Orléans  I  àe  Saint-iean-de-Losne , 
prouvent  que  là  Ëdélité  au  prince  peut 
aussi  devenir  unç  grande  et  généreuse 

passion. 

N'espérons  pas  obtenir  des  effets 
sans  cause ,  un  dévouement  héroïque 
sans  un  reas«»rt  qui  élève  puissamment 
l'homme  au-dessus  de  lui-même. 
Combien  sont  donc  coupables  aux. 
qui  cherciient  à  comprimer  ce  ressort, 
i  raisonner  ()ùaiui  il  ne  faut  qu'agir,  à 
ralentir  eii&B  l'impulsion  d'un  senti- 
ment qui  ne  se  jléfiïji^pin^rniais  qui 
est  ri\niaue  principe  de  tout  ce.  qui  se 


place  pour  la  défendre.  Mais  MonUue 
témoigna  beaucoup  de  répugnance  à 
s'en  charger,  parce  qu'il  craignait 
d*6tre  obligé  de  se  rendre  faute  de  sub- 
sistances. Que  forai  je,  dit-il,  dont  um 
faille  où ,  *ou$  trois  jours .  Us  êoUaii 
mourront  de  faitni  Je  ne  euie  pas  faire 
des  miraeiei.  —  Si  voue  étiez  deme  la 
plaee^  lui  dit  le  maréchal,  j>  ^  eroiraie 
euuvée;  du  moine  voue  obtiendriez  une 
capitulation  honorable.  —  Que  me  ditee- 
voue  là,  A/ofMteur ,  répondit  Montluc  ; 
faimeraie  mieux  être  mort  que  de  voir 
mon  nom  en  pareillee  écriiuree  ;  il  se  jeta 
cependant  dans  la  place,  et  la  défendit 
si  courageusement  qu'il  en  fit  lever  le 

siège. 

Je  erois  pouvoir  niè  dispenser  de  ré* 
j)ondré  lofièo^ifi<»nt  à  Ceux  qui  avàn  - 
cent  .que,  se  dépendre  avec  une  si 
grande  opiniâtreté  dans  les  places  for- 
tes ,  c'est  faire  rétrograder  les  mœurs 
ven^  les  siècles  de  la  barbarie  ;  car,  qui 
ne  volt  tout  de  suite  quel  est  le  but 
perfide  de  cette  observation?  Qui  ne  sait 
que  c'est  au  contraire  par  un  système 
de  frontière,  défendue  isoiément  place 
par  place  jusqu'à  la  dernière  eitrémité, 
qu'on  prévient  le  p/^s  efficacement  les 
irruptions  faites  à  la  manière  des  bar- 
bares?  ^ 

iô  ne  répéterai  point  ce  que  j'ai  déjà 
,  dit  à  ce  sujet  dans  le  chapitre  précé- 
dent; il  me  suffit  de  rappeler  que  dans 
Tantiquité»  comme  encore  aujourd'hui 
chez  les  peuples  non  policés,  une  seule 
bataille  décidait  du  sort  de  l'eoipire , 
parce  qu'ils  n'avaient,  point  de  forte- 


fait  âe  beau  il   de  grand  dans   le  ^  rcsses  et  que  le  carnage  était  toujours 


monde  1 

Un  homme  de  cœur  s'indigne  àki 
seule  pensée  qu'il  faudra  finir  par  ca- 
pituler. Les  Espagnols  assiégeant  la 
ville  de  Bène, ^ous.Benri  II,  le  maré- 


affreux  et  général  ;  que  chez  nous,  au 
contraire,  par  le  système  des  places 
fortes,  on  sauve  1'^  nsemble  par  le  sa- 
criliie  momentané  d'un  seul  point; 
que  dans  tout  le  reste  de  l'empire  les 


Uitl.4  JWaséc  pwpoêa  au  fameux  [citoyens  vivent  dans  la  sécante  ta  plw 


M  Là  sÉnraft 


profonde  et  se  livrent  tranqQinement 
à  lears  occupations  habituelles,  quoi- 
que souvent  très  voisins  du  théâtre  ou 
la  guerre  est  le  plus  animée. 

Quant  aux  prétendus  calculs  dont 
nous  avons  dit  un  mot  ci -dessus,  et 
par  lesquels  on  croit  pouvoir  assigner 
la  durée  du  siège  dont  une  place  est 
susceptible,  et  l'époque  de  sa  reddi- 
tion, nous  tâcherons  de  les  apprécier 
dans  le  chapitre  suivant 


•>  '« 


CHAPITRE  VI, 

Abiardilé  des  calculi  par  lèiqaelf  on  prétend 
détermioer  la  dorée  d'on  i iége  el  en  fiier  ie 
lerroe.  -*•  Confradicilw»  de  ceui  qui  établû- 
seoi  de  sembUbles  calculs.  —  Ils  $oot  dé- 
mentis par  les  faits  les  plos  imporians.  —  Ils 
ne  tendent  qn'à  tUsiblir  l'énergie  des  défen- 
seurs. 


On  a  toujours  regardé  comme 
sentiel  qu'il  y  eût  dans  les  armées  un 
corps  d'oflBciers  chargés  spécialement 
de  tenir  le  journal  exact  de  tout  ce  qui 
s'y  fait  de  remarquable  ;  qui  eût  soin 
de  lever  la  carte  topographique  du 
théâtre  des  opérations,  le  plan  de  cha- 
que bataille,  et  qui  indiquât  sur  ce 
plan  les  mouvemens  exécutés  par  cha- 
cun des  corps  militaires  pendant  Tae- 
tion. 

Indépendamment  de  Tintérët  que 
doit  avoir  un  pareil  travail  p<^ur  tout 
homme  de  guerre,  il  est  une  source 
d'instructions  utiles  :  il  apprend  à  ré- 
fléchir sur  la  cause  des  sutx:ès  et  des 
revers;  il  fait  apercevoir  les  fautes 

commises  de  part  et  d'autre  ;  il  en* 
seigne  à  les  éviter  dans  de  nouvelles 
occasions  et  à  profiter  de  celles  de 
r«*nnemi. 

On  tient  également  le  journal  régu- 
lier de  tous  \eb  H(^ges  qui  «e  font  pen- 


dant le  cours  de  chaque  campagne.  Ge 
journal  marque  jour  par  jour ,  ou  plu- 
tôt  nuit  par  nuit ,  quel  a  été  le  progrès 
des  tranchées,  l'elfet  des  sorties,  des 
mines  et  des  contremines,  des  attaques 
méthodiques  et  de  vive  force.  Ces  jour- 
naux forment  un  corps  d'expériences 
militaires  qui  est  en  quelque  s(»te  le 
répertoire  des  commandans  et  des  of- 
ficiers du  génie,  dans  la  guerre  des 
sièges,  tant  pour  Tattaone  one  pour  la 
défense. 

L'un  des  résultats  les  plus  remar- 
quables de  ces  expériences,  est  qu*iine 
place  de  telle  ou  telle  grandeur,  forti- 
fiée suivant  telle  ou  telle  méthode,  est 
susceptible  d'une  défense  commune  de 
tant  de  jours  à  peu  près  ;  car  c'est  sur  ce 
nombre  de  jours  qu'on  règle  les  muni- 
tions qui  doivent  former  l'approvision- 
nement de  chaque  place  de  la  même 
dasse  et  l'ensemble  de  la  défense. 

Mais  il  est  un  élément,  et  c'est  le 
plus  important  de  tous,  qui  ne  saurait 
entrer  dans  ces  sortes  de  calcuk ,  c'est 
l'enthousiasme,  cet  amour  delà  patrie 
et  de  la  gloire  qui  animait  les  héros  de 
l'antiquité,  ceux  des  croisades  «  ceux 
de  la  chevalerie ,  et  encore  plusieurs 
guerriers  fameux,  tant  des  siècles  der- 
niers que  nos  contemporains. 

Cependant  ces  traits  de  bravoure, 
qui  sortent  des  règles  établies  sur  la 
marche  des  défenses  communes,  ren- 
dent illusoireet  même  dangereuse  l'ap- 
plication des  calculs  dont  nous  avons 
parlé,  ci-dessus;  car,  en  limitant  sur 
une  durée  très  restreinte  les  moyens 
nécessaires  à  une  défense  prolongée, 
elles  interdisent  en  quelque  sorte  ces 
exceptions  brillantes. 

Mais  S.  M.,  qui  a  montré  en  tant  de 
circonstances  qu'elle  sait  mettre  en 
action  les  ressorts  secrets  de  cette 
puissance  morale,  veut  que  ce  qui  a 
fart  exception  jusqu'à  ce  jour,  soit  dé- 


OBS  PUkGBS  fOATBft* 


tonnais  la  règle  ;  elle  n'admet  point 
des  calculs  où  Ton  néglige  comme  ao- 
œttoire  ce  qui  doit  faire  la  force  prin- 
cipale; elle  désapprouve  une  théorie 
décourageante  qui  met  incessamment 
sous  les  yeux  d'une  garnison  valen* 
reuse  rinslant  de  sa  reddition;  elle 
feut  que  tout  défenseur  s'anime  an 
seol  espoir  de  vaincre:  tout  autre  cal- 
col  est  à  ses  yeux  un  abus  de  la  scien- 
ce, et  S.  M.  m'ordonne  formellement 
de  réfuter  une  pareille  doctrine. 

N'est-ce  pas  eu  effet  entrer  indirecte- 
ment dans  les  vues  de  ceux  qui  travail- 
lent  à  dépraver  l'opinion,  que  d'établir 
froidement  une  supputation  qui  tend  à 
démontrer  que  telle  place  ne  peut  te- 
nir que  tel  temps,  qu'elle  doit  se  ren- 
dre tel  jour?  Ces  calculs  sont  faux,  et, 
((uand  ils  seraient  vrais,  ils  ne  seraient 
utiles  à  rien  et  ne  pourraient  qu'af- 
faiblir la  généreuse  résolution  des 
braves. 

M.  le  maréchal  de  Yauban  était  loin 
sans  doute  de  ces  intentions  perfides, 
lorsHiu'en  vue  d'établir  une  base  ap- 
proximative pour  les  approvisionne- 
mens  des  places  de  guerre,  il  crut  de- 
voir composer  des  tables,  où  pour  cha- 
que ordre  de  places,  on  pût  voir  ce 
quil  faut  de  garnison,  de  subsistances, 
danUKrie  et  de  mimitions,  d'après  la 
durée  présumée  du  siège  qu'elle  pour- 
rait avoir  à  soutenir.  Voici  comment 
cet  illustre  ingénieur  s'exprime  k  ce 
sujet  - 

«Avant  que  de  se  déterminer  sur 

>  les  magasins  à  fibre  dans  une  place, 
i  et  sur  la  force  de  sa  garnison ,  il  est 

>  nécessaire  de  supputer  la  durée  du 
»  siège  qu'elle  peut  soutenir,  c'est  ce 

>  que  nous  allons  faire  ici ,  plutôt  pour 
»  servir  d'instruction  que  pour  en  pro- 
*  poser  une  règle  bien  certaine,  parce 

>  que  toutqp  les  places  étant  différentes 
•>  les  nr\p$  4«?s  autres,  il  faut  .*»'y  rr)n-. 


»  duire  par  rapport  au  plot  on  M  moins 
»  de  pièces  qu'elles  peuvent  opposer  a 
»  l'ennemi ,.  et  selon  que  les  avenues  on 

>  sont  plus  ou  moins  faciles.  Au  sur-* 
»  plus,  il  faut  toujours  supposer  deux 
»  choses:  l'une,  que  la  gamiaon  y  Jai». 
9  toujours  sou  devoir  du  mieux  qu*il 
»  lui  sera  possible  ;  l'autre,  que  Te»- 
»  nemi  attaquera  par  l'endroit  k  plus 
»  fort ,  ce  qui  anrive  asseï  souvent;  au* 
»  quel  cas  il  ne  faut  pas  qu'un  gonver- 
>neur,  brave  homme  et  intelligent. 
»  soit  contraint  de  se  raidre  avant  le 
«temps,  faute  d'avoir  de  quoi  pro- 
»  longer  sa  défense  aussi  long-temps 
»  qu'elle  peut  raisonnablement  aller. 

»  Nous  supposerons  donc  une  place 

>  régulière  de  six  bastions  bien  revA- 
»  tus  et  terrassés  à  l'^enve,  tontes 
9  ces  demi-lunes  revêtues  de  même , 
»  son  fossé  aussi  revêtu ,  soit  qu'il  soit 
»  sec  ou  plein  d'eau ,  le  tout  enveloppé 
a  d'un  bon  chemin  couvert  palissade  et 
»  traversé,  avec  les  glacis  bien  buts,  et 
»  la  campagne  des  environs  unie,  sans 
a  aucun  couvert  ni  eonunandenient 
»  jusqu'à  l'extrême  portée  du  canon  ;  le 
»  tout  sans  autres  dehors  ni  retnmche- 
D  mens  extraordinaires.  Sur  ce  pied- 
alà  nous  réglerons  cette  estimation 
D  comme  ci-après. 

»  Pour  l'investiture  de  la  place,  fa- 
»  çon  des  lignes,  amas  4e  matériaux 
9  et  préparatifs  pour  l'ouverture  de  la 
»  tranchée ,  nei^  jours  :  c'est  i  peu 
»  près  le  temps  que  nous  y  avons  em- 
»  ployé 9  kuirs. 

»  Depuis  l'ouverture  de  la 
»  tranchée  jusqu'à  portée  de 
»  l'attaque  du  chemin  cou- 
»  vert ,  neuf  jours ,  c'est  en- 
»  core  le  temps  que  nous  y 
»  avons  employé  plus  com- 
»  munéroent 9 

t*  Attaque  et  prise  du  cbe- 
>  min  coirvcrt ,  y  compris 


3 


3 


5.« 

w  les  dim-^iJi^fon*  de  ses  pla- 
ttcen  d'armes  et  traverses, 
i>el  un  parfait  élablisse- 
»  ment 

»  Descente  et  passage  de 
»  fossé  de  la  demi-lune.  .  . 

»  Attachement  du  mi^ 
»  neur.  M  Téquivalent  pour 
•  les  batteries  de  canon 
1» jusque  TouTerture  d'une 
»  brèche  raisonnablement 
0  grande 

»  Prise  et  discussion  des 
)»  dedans  de  la  demi-lune.  . 

9  Passage  du  grand  fossé 
»>  aux  deux  bastibns,que  Ton 
»  suppose  commencé  avant 
»  la  prise  de  la  demi-Inne.  . 

»  Attachementdu  mineur, 
y  ou  établissement  des  bat- 
»  teries  sur  le  chehiin  cou- 
9  vert ,  pour  ouvrir  la  plate 
»  et  y  faire  une  brèche  rai- 
»tonnable h 

»  Défense  et  soutien  des 
»  brèches  après  la  place  ou- 
»  verte 2 

»  Reddition  de  la  place 
»  après  la  capitulation. ...    2 

»  Fautes  de  Tennemi,  né- 
»  gligonces  de  sa  part  et  plus 
»  value  de  là  défense,  esti- 
»  mées  ft  quatre  Jimirs.  .  .  .    b 

»  Total  quarante  -  huit 
»  Jours.  

total.  .  .  kS  jours. 

»  Nota,  i*  Si  la  demi  lune  était  re- 
»  tranchée  par  un  réduit  revêtu  et  ter- 
»  rasso  :i  Tépreuve,  elle  pourrait  sou- 
»  tenir  trois  h  quatre  jours  de  plus. 

»  2°  S'il  y  avait  un  bon  retranche- 
»ment  revôtu  à  la  gorij;e  des  bastions 
»  attaqués,  cela  pourrait  encore  allon- 


OË  LA   DÉtrfiÏNSS 

»  des  bastions  serait  bien  ménagée  H 
»  bien  tn tendue. 

»  3"  S'il  y  avîiit  des  tenailles,  Ij  pu- 
»  sage  (lu  fossé  p<;urrîiît  être  reiaidt 
»  encor*  de  quelques  jours  de  plus. 

n  i.0  S'il  y  avait  un  bon  ouvragé  i 
»  cornes  ou  l'équivalent  bien  n^véth, 
»  avec  une  demi-lune  et  un  chenltn 
»  couvert,  sa  résistance  pourrait alloD- 
»  ger  la  défense  de  dix  ou  douze  jours. 

»  5**  S'il  y  avait  des  redoutes  ou  quel- 
»  que  redoublement  de  chemin  cou-^ 
r*  vert ,  ce  serait  encore  autant  tfofe- 
»  tacics  qui  pourraient  retarder  M 
9  progrès  des  attaques. 

»  Où  cela  se  trouvera,  il  en  fiadfi 
»  faire  des  estimations  judiciéusM,  é 
»  les  faire  plutdt  fortes  que  faibles,  ai- 
»  tendu  (]ué  la  force  des  garnisons  à 
B  le  projet  des  munition)  devant  se  rt^ 
D  gler  sur  l'estimation  de  la  durée  H 
»  siège,  il  faut  en  toutes  nianières  M 
»  éviter  le  manquement  par  la  ratsôii 
»  ci-dessus 

»  6®  Cette  estimation  est  tort  serrée* 
»  je  Tavone,  et  j'aurais  dû  compter  li 
»  durée  du  siège  plus  longue  ;  mais  J'ai 
»  pense  que  les  pertes  d'hommes«  tel 
v>  blessés  et  les  gens  épars  ou  cachés* 
»  feront  un  équivalent  de  huit  ou  dix 
Djf^urs,  capables  de  suppléer  au  dé* 
»  faut ,  si  les  consommations  sont  mé- 
»  nagées.  » 

Parmi  les  officiers  du  génie  qui  se 
sont  fait  nn  nom  après  M.  de  Yaiibio 
on  remarque  M.  de Lormontaingne,  di- 
recteur des  fortifications  de  la  lÀoselîe* 
et  mort  maréchal  de  camp  en  175S. 
Cet  habile  ingénieur  joignit  |}eaucoup 
de  réflexions  à  beaucoup  d*ex périr noe; 
il  fit  un  grand  nombre  de  sièges*  et 
profita  des  remarques  qui  s'offrirent  à 
lui  dans  le  cours  de  ses  opérations  mi- 

i  litaires,  pour  en  améliorer  les  OOM- 


»ger  la  défense  de  cinq  à  six  jours 

1»  plus  ou  moins  selon  qu'il  serait  bien  '  tructions.  11  adapta  au  système  des 

•  fait ,  et  que  la  défense  de  l'intérieur  '  fortifications  françaises  les  retranche* 


aift  des  places  d'armes  rentrantes, 
i  nous  avaient  coûté  tant  d'tiommes 
tant  de  temps  au  siège  de  Bcrgop- 
Dm,  en  17M  ;  if  reconnut  la  nëces- 
il  des  grands  réduits  dans  les  demi- 
es ;  il  donna  à  ces  mêmes  demi  lu- 
%  4e  grandes  saillies,  aCn  d'obtenir 
4  revers  sur  les  logemcns  de  I  en- 
vi dans  le  chemin  couvert;  enfm, 
l^erfectionna  notablement  toutes  les 
raes  de  son  art ,  et  parvint  à  com  - 
•êr  Je  système  de  fortifications  qui  est 
puMti'bBi  considéré  comme  le  mcil- 
er  par  la  plu|>art  des  officiers  du  gé- 
lei  et  9  eut  l'avantage  d'en  faire  lui- 
Ntape  «ne  importante  application  aux 
eylilci  Cooronnes  de  la  Moselle  et 
I.  Belle-Creîx  à  Mets,  qui,  par  ses 
MStreclions,  est  devenue  au  moins 
ces  pertioBS  principales  de  son 
mne  place  de  la  première 

pae> 

Maia^  soit  modestie  de  la  part  de 
L  de  Cormontaingfie,  soit  qu'il  sût 
nlMB  il  est  dilBcile  dis  faire  agréer 
e  ttouveautés,  il  ne  pressente  jamais 
m  trecé^  ei  les  résultats  de  tous  ses 

f  qiÊe  comme  de  légères  modi- 

de  oe  qu'avait  fait  avant  lui  le 
flpéelial  de  Vauban ,  comme  de  sim- 
H  perfecUonnemeiis  que  le  temps 
loQfjours  aui  meilleures  choses, 
altérer  hi  gloire  des  inventeurs,  et 
li  n'auraient  pa  échap|)er  à  H.  de 

i!ii-mème,  s*ll  eût  vécu  davan- 
C'est  ainsi  que  M.  de  Corrtion- 

fit  adopter  sans  rontradiction 
ttiwwellet  idéesi  et  qu'il  rénssil  enfin 
iafceduire  dans  le  systèaoe  de  M.  de 
'anliaa  beaucoup  pins  d'nmovatloni 
M  Mi(  de  Vaeban ,  Ini-introe,  n'en 
Ndt  bitea  i  celai  im  comte  de  Pà- 
a»,  qui  Favait  précédé.  Au  sùr|flu9, 
iieaa*f  hangemens-  furent  heureux  y  la 
laie*  gloire  de  M.  de  Vauban  n'en 


DBS  PLACES  FORTES.  Uf 

fonaée  sur  la  perrection  de  son  tracé, 
mais  sur  rhabilcté  avec  laquelle  il  sa- 
vait  profiler  du  site  et  des  accidens  du 
terrain ,  et  surtout  sur  le  nouvel  art 
d'attaquer  les  places ,  art  dont  il  doit 
être  considéré  comme  le  véritable  créa 
teur. 

De  tous  les  services  qu'a  rendus  M.  de 
Cormbntaingne  à  l'art  défensif,  le  plus 
important  est  celui  d'avoir  parfai te- 
ntent développé  les  avantages  de  la 
fortification  en  ligne  droite,  avantages 
aperçus  et  traités  positivement  par 
Fabre,  habile  ingénieur  du  règne  de 
Louis  XIII,  sentis  et  appréciés  par 
M.  de  Vauban ,  mais  qu'il  était  ré- 
servé à  M.  de  Cormontaingne  de  met- 
tre dans  tout  leur  jour  et  de  confirmer 
par  d'heureuses  applications. 

Nous  avons  vu  précédemment  com- 
ment M.  de  Vauban  avait  évalué  par 
aperçu ,  d'après  sa  longue  expérience, 
la  durée  probable  de  chacune  des  pé- 
riodes d'un  siège,  afin  de  se  procurer 
une  base  pour  lesapprovisionnemens: 
M.  de  Cormontaingne  voulut  perfec- 
tionner cet  aperçu  comme  tout  le 
reste:  il  essaya  de  le  réduire  eu  calcul 
exact ,  et  de  plus,  il  imagina  d'en  faire 
une  application  nouvelle,  absolument 
étrangère  à  l'objet  qu'avait  eu  en  vue 
le  maréchal  de  Vauban.  Cette  applica- 
tion consiste  à  se  servir  des  résultats 
de  ce  calcul  prétendu  exact ,  pour  éta- 
blir une  échelle  de  comparaison  pré* 
cise  entre  les  forces  des  diflér^ns  systè- 
mes de  fortifications  quelconques  exis- 
tans,  ou  qui  pourraient  être  proposés 
dans  la  suite. 

Mais  ces  calculs  mathématiques  ont 
produit  de  très  mauvais  effets ,  parce 
que  le  tempe  fixé  par  eux  pour  la  dé- 
fense d'une  place  a  été  pris  pour  ue 
maximwm,  tandis  que  ce  n'est  j^u'un 
minimum.  Ainsi,  par  exemple,  le  leni(>^ 


NMvait  souffrir,  car  elle  ii*est  point]  fiié  pour  la  durée  du  siège  de  Y\\ 


w 


\  • 


KO 


DB  LA  oArsilSB 


gone  par  les  calculs  de  M.  de  Cormon- 
taingne,  étant  de  vingt-trois  jours  sea- 
lement ,  on  a  regardé  ces  vingt-trois 
jours,  comme  I6  maximum  de  durée  du 
siège  de  l'hexagone,  tandis  que  dans 
cette  durée  on  ne  considère  que  la  dé- 
fense résultante  de  Teflèt  des  armes  à 
feu  qui  est  la  moindre,  et  qu'on  y  fait 
abstraction  de  la  défense  par  les  coups 
de  main ,  qui  est  infiniment  plus  effl- 
cace ,  mais  qui ,  parce  qu'elle  dépend 
du  degré  de  courage  de  la  garnison , 
est  par  là  même  indéflnie  et  non  sus- 
ceptible d'être  soumise  au  calcul. 

D'ailleurs,  sous  le  rapport  de  l'ap- 
provisionnement des  places,  les  calculs 
de  M.  de  Cormontaingne  étaient  inu- 
tiles, parce  que  les  aperçus  de  M.  de 
Vauban  suffisaient  bien  pour  remplir 
cet  objet;  et  sous  le  rapport  de  la  nou- 
velle application  qu'a  voulu  en  faire 
M.  de  Cormontaingne,  qui  était  de 
comparer  les  valeurs  des  divers  sys- 
tèmes de  fortifications  eiistans  ou 
possibles,  ces  calculs  étaient  erro- 
nés, même  en  faisant  abstraction  de 
toute  autre  défense  que  de  celle  des 
armes  à  feu,  parce  qu'ils  n'étaient  ap* 
plicables  qu'aux  constructions  connues 
on  légèrement  modifiées,  les  seules 
sur  lesquelles  les  journaux  de  siège 
eussent  fourni  les  données  suffisantes  ; 
mais  pour  des  constructions  entière- 
ment nouvelles,  on  ne  pouvait  y  ap- 
pliquer la  méthode  de  M.  de  Cormon- 
taingne, sans  qu'il  entrât  beaucoup 
d'arbitraire  dans  les  évaluations,  et  de 
partialité  en  faveur  ou  oootre  tel  ou  tel 
tracé,  déjà  adopté  on  rejeté  HientaSe-^ 
iKDt,  par  esprîtdeoorps  ou  par  amour- 
piopre  d'auteur. 

Enfin  ces  calcula  ont  révélé  le  secret 
de  la  fWMeise  de  tous  les  systèmes 

oonréis  Jusqu'alors,  et  particulièrement 
de  celui  de  M.  de  Cormontaingne  lui- 

ipèiP'î ,  IfMjuel   d'après  s^'5  propre?  «^«1  • 


culs  et  dans  le  cas  le  plus  favorable* 
qui  est  celui  de  la  ligne  droite,  ne  neuf 
tenir  plus  de  quarante  jours  de  cran- 
chée  ouverte. 

Ainsi  se  forma  cette  opinion  très 
fausse  et  très  préjudiciable,  que  les 
placer  ne  sauraient  se  défendre  long- 
temps, qu'elles  sont  presque  inutiles,  et 
qu'il  vaudrait  mieux  employer  les  dé- 
penses qu'elles  entraînent^  en  aug- 
mentation de  forces  actives.  Cette  opi- 
nion, qui  a  eu  beaucoup  de  vogue  en 
France,  quelques  années  avant  la  ré- 
volution ,  en  aurait ,  si  eDe  eût  pu  pré- 
valoir, infailliblement  entraîné  la  ruine, 
pendant  cette  crise  terrible,  on  elie  a 
été  sauvée  maintes  fois  par  la  résistance 
de  ces  places,  et  particulièrement  par 
celies  de  Landau,  Lille,  Maubeuge. 

Cette  même  opinion  avait  déjà  sé- 
duit Joseph  n ,  empereur  d'Allemagne , 
et  l'avait  déterminé  à  démolir  on  ISiire 
démanteler  les  plaees  fortes  de  la  Bel- 
gique :  aussi  cette  belle  contrée,  qui 
avait  été  pendant  tant  de  siècles  le 
théâtre  de  la  guerre,  sans  être  con- 
quise, le  fut  par  les  Franfais  en  une 
seule  campagne  et  sans  relour,  peu* 
dant  cette  même  révolution ,  qiri  sem- 
blait devoir  entraîner  leur  extermina- 
tion et  le  démembrement  de  leur  pay$. 

Je  reviendrai  sur  les  calculs  de  M.  de 
Cormontaingne.  A  la  mort  de  cet  olii- 
cier-4{éBéral,  ses  méaooires  et  papiers 
forent  confiés  â  M.  de  Fourcroy,  pour 
en  (Bire  l'analyse  et  en  tirer  ce  qui  s'y 
trouverait  d'utile.  M.  de  Faureroy  était 
uo  officier-général  du  mènse  ooipa,  n* 
eommandaUe  par  ses  aervicaa;  méê  il 
avait  peu  de  lucidité  daus  Tespnt;  il 
vouhit  mêler  ses  propiOB  îdéefe,  qui 
n'étaieiit  pas  tof^jours  lieureusea,  à  œi-^ 
les  do  M.  de  CormoataiBgBe  ;  il  s'en-* 

vtloppa  d'un  certain  langage  «  moilié 
mystérieux,  moitié  scientifique,  et  finit 

par  no  donrf^r  qu'un  tor(  mau^niti  ou- 


VÊ$*VLkQÊM  rOMW. 


SU 


iffèf^é .  (fDÎ^if  ^vMtt';  'flii  nÂm  de»  olll-  ^  éesmomem,  forié  par  M.  de  Fèurerôy, 
cjen^énérMi  du  eorps  du  K^nie^  sms  |  le  mérite  du  fronl  hexagonal  est  au 


le  titré  de  JfémiNriv  mr  to  fbrtife^êi^^ 

Les  fondions  de  preiaier  inspeeteur- 
général  d«  ft)rtîfleaUom,  qu'exerçait 
M.  de  Feo^croy,  ayant  imprioié  A  ses 
écrits  nne  espèce  de  sanction ,  il  est 
nécessaire  d'en  détnadre  Peffet  par  une 
«viarte  réfutation. 

Pour  mettre  dans  tout  son  joor  l'in^ 
myaMe  absurdité  des  ealcnb  de  M.  de 
FmirciOT,  il  snfBra  d'analyser  l'exem- 
ple principal  allégué  par  lui-aièffle. 
Void  donc  son  misonnement  : 

Une  roftitcation  quelconque,  dit-il, 
est  d'autant  meHteure,  qu'elle  estsns- 
feptiMe  d^une  plus  longue  défense,  et 
qu'elle  coûte  moins  ;  donc  son  mérite 
doit  être  représenté  par  le  quotient  du 
nombre  de  jours  qu'elle  peut  tenir, 
depuis  la  tranchée  ouTerte  jusqu'à  la 
reddition  de  la  place,  divisé  par  la  dé- 
pense de  sa  conatruction.  C'est  ce 
quotient  que  M.  de  Fourcroy  ap- 
pelle le  Moment  de  la  fortification ,  et 
ce  qu'il  prend,  comme  on  tient  de  le 
dire,  pour  la  véritable  échelle  de  son 
mérite  ou  de  sa  valeur,  comparative- 
ment à  toute  autre  espèce  de  fortifi- 
cation. 

En  appliquant  cette  tneone  ani  va- 
leurs relatives  de  deux  fronts  de  forti- 
fication moderne,  c'est-à-dire  cons- 
truits suivant  les  (uincipes  de  M.  de 
Cormontaingne ,  Tun  appartenant  à 
l'hexagone,  l'autre  au  dodécagone  ré- 
guliers, il  établit  le  calcul  suivant  : 

Le  nombre  de  jours  de  tranchée  ou- 
verte devwt  le  frout  hexagonal  est 
de 23  jours. 

Le  nombre  de  jours  de 
Uaaebée  ouverte  devant  le 
fronidodéeagwaleatde.  .    30 

Les  dépepqes  des  deux  bouta  sont 
iffhH  donc»   suivant    te   principe 


mérite  du  fnml  dodécagonal  eoosme 
ttestà3»,oucoaMtteil  esrélô. 

Appliquons  maintenant  M  même 
principe,  donné  comme  général  par 
M.  de  Fourcroy,  non  pas,  coaune  d- 
desaus,  à  deux  fronts  seulement,  mats 
à  deux  places  entières.  Suppoéons 
qu'on  fasse  bâtir  deux  places  neuves 
entièraa.  l'une  hexagonale,  l'autre  do- 
déeagonale,  et  piopoa9osF«ous  de  trou* 
ver  le  mérite  comparatif  de  ces  deux 
plaoes  avec  TécheUe  de  M«  de  Four- 
croy. Nous  dirons  donc  : 

Le  nombrede  jours  de  tranchée  ou- 
verte devant  le  front  de  la  place  hexa- 
gonale est  de. SB 

Le  nombre-  de  jours  de 
tranchée  ouverte  devant  le 
front  de  la  place  dodécago- 
naie  est  ue»  •  •  •     >  •  •  •    SU 

Les  dépenses  des  deux  places  sont 
entre  elles  comme  1  est  à  S,  puisque 
la  seconde  place  contient  deux  fois  au- 
tant de  fronts  que  la  première,  et  que 
les  dépenses  de  tous  ces  fronts  sont 
égales. 

Donc ,  suivant  lé  principe  des  mo- 
roens,  le  mérite  de  la  place  hexagonale 
est  au  mérite  de  la  place  dodécagonale 
conmie  A  est  à  ^,  on  comme  S2  est 
à  16. 

Ainsi ,  crapres  ce  nouveau  caicnr, 
strictement  établi ,  comme  le  premier, 
sur  le  priodpe  général  dea  momens  de 
M.  de  Fourcroy,  la  place  Hexagonale 
aurait  un  mérite  bien  supérieur  à  ce- 
lui de  la  place  dodécagonale,  tandis 
que,  par  le  premier,  c*est  le  front  do- 
décagonal  qui  l'emporte  sur  l'autre. 

La  cause  de  cette  contradiction,. que 
l'auteur  sans  doute  n'avait  pas  prévue, 
est  visiblement  le  vague  des  mots,  tels 
que  celui  de  wérUe^  qu'il  a  voulu  assu- 
jettir à  un  calcul  malbéroaiiqui*.  pi- 


m 


M   I.A 


plus ,  il  a  négligé ,  dans  son  apprécia- 
tion, les  principaux  élémens  de  l'objet 
à  OMuidérer,  par  exemple  la  perte  des 
homofiea  de  part  et  d'antre  ;  car  com- 
ment l^assi^|;eant  oontinnera«-t-il  ses 
opérations,  si  on  Ini  tue  la  plos  grande 
partie  de  son  monde  avant  qa'il  pulase 
arriver  au  pied  de  la  biècheï  Et  qui  ne 
voit  d'ailleurs,  en  s'en  tenant  aux  seuls 
élémens  mis  en  canvre  par  If.  de 
Fourcroy,  qu'une  seule  place,  qui 
pourrait  soutenir  un  siège  d'un  an , 
serait  bien  préférable  en  général  à  qua- 
tre autres ,  dont  chacune  ne  pourrait 
tenir  que  trois  mois ,  puisque  ceHes-ci 
pourraient  être  enlevées  toutes  les  unes 
aprte  les  antres,  par  une  force  médio- 
cre ;  tandis  que  pour  prendre  la  pre- 
mière, il  faut  une  force  majeure  et  des 
préparatifs  immenses,  souvent  supé- 
rieurs à  tous  les  moyens  de  l'assié- 
geant; que  de  plus,  il  faudrait  conti- 
nuer le  siège  pendant  l'hiver,  ce  qui 
ruine  l'armée  ,et  donne  à  l'ennemi  le 
temps  de  ramasser  des  troupes  nom- 
tHreuses  pour  venir  au  secours  de  la 
place ,  ou  pour  former  ailleurs  une  di- 
version puissante. 

En  voilà  asses  sur  la  théorie  de 
M.  de  Fourcroy.  M.  de  Cormontatngne 
n'avait  pas  donné  dans  de  semblables 
écarts;  il  s'était  borné  à  mesurer  la 
force  des  places  par  la  durée  de  leur 
résistance,  l/expérience,  disait-il,  ap- 
prend qu'il  faut  tant  de  temps  é  un 
certain  nombre  de  travailleurs  pour 
fouiller  une  toise  cube  de  terre,  tant 
pour  exécuter  teHe  longueur  de  tran- 
chée ,  tant  peur  tel  rameau  de  mine , 
tant  pour  construire  une  batterie,  tant 
pour  faire  un  épaulement  donné,  taht 
pour  faire  une  brèche  proposée.  Or, 
comme  les  travaux  d'un  siège  quelcon- 
que se  composent  toujours  d'une  série 
de  semblables  opérations,  et  que  cette 
série  est  connue  prar  chaque  cas  par 


la  théorie  des  tttaqMade  If.  de  V» 
ban ,  il  n'y  a  aucun  aîége  4mi  an  m 
poiaae  calculer  la  dnién,  tt  par  cansé- 

qnent,  aucune  place  dont  qa  m  fiip 
évaluer  la  forée* 

Ce  raisonnement,  très  plauiiUa  m 
apparence,  est  cependant  tiia  fMuict 
très  dangereux  ;  il  est  fmx,  m  oa  qil 
repose  sur  desahatractionaqw  ne  dsi- 
vent  point  avoir  lieu;  il  eat  dangaaaai, 
en  ce  qu'il  offre  pour  magpinw  de  II 
défense  ee  qui  n'est  que  le 
qu'il  en  résulte  la  persuaaioa 
que  les  places  ne  sauraient  m  ééfenif 
long-temps;  que  les  défenaernaenssat 
déoouragéa,  et  qu'un  gowemenr  croit 
avob  fait  beaucoup  qwnd  il  a  atlsisl 
ce  prétendu  mwmmm^  kxnqwfm  esa- 
traire  il  n'a  fait  qu'uae  très  aédiacn 
défense. 

Les  abstractioBS  q«e  fait  M.  dt€v- 
montaingne  sont  celles  des  ceips  de 
main,  tandis  qu'il  eat  prouvé  par  Hè- 
toire  qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  hdb 
défenses,  de  défenses  prolongées,  ^ 
par  les  coups  de  main.  Vpici  le  tain 
de  M.  de  Goramutaingne. 


Mémorial  pour  li  IbrUacatloD» 


0 


I  » 

I   D 

i 


a  La  force  lies  places  de  guerraaili 
durée  de  leur  défense  varie  beausaaf, 
comme  nous  l'avons  dit,  par  des  d^ 
constancestotalementindJépendaalBi 
do  plus  on  moins  d'inteHigeneedaai 
l'oflacier  qui  en  a  dirigéla  tortWcuMgD. 
Le  nombre  des  troupes  qni  a^  trf*-' 
vent  ;  Fétat  et  la  quantité  de  loatesse^ 
munitions  ;  la  fermeté  et  le  degré  ie 
capacité  de  l'homme  quf  y  ooniOMNK^ 
de,  ainsi  que  de  tous  sesaMes,  tontes 
ces  causes  infNient  inSnkneUt  sur  \m 
résistance  d*une  place  $  de  MêsM  1^ 
conduite,  bonne  ov  maltaise, 
l'assiégeant ,  comparée  i  eeUe 
l'asisiégé,  peut  abréger  eu 


DBi  PtkCËS  FORTES. 


Ae  d'an  siège.  Ce  sont  là  des 
«rvf  dans  l'examen  desquels 
Centrerons  pas  ici,  et  qui  nu- 
leor  place  dans  le  Mémorial 
«  défense  et  dans  celui  |K)ur 
•e  des  places;  nous  voulons 
•Ml  discuter  ce  qui  résulte 
Sur  force,  de  la  bonne  ou  niau- 
Haposition  des  ouvrH<;es. 
19  avons  nn  excellent  moyen 
■gwr,  dans  le  calcul  de  leurs 
M  dépouillé  de  tous  ces  ocei-^ 
Biaus  pouvons  supposer  dans 
faant  l'art  de  pousser  ses  tra- 
auivant  les  règles  ordinaires , 
•pidement  qu*il  est  possible  et 
il  de  le  faire  vis-à-vis  d'une 
M  qui  voudrait  se  bien  défon- 
l'admettre  cependant,  de  la 
e  l'assiégé,  aucun  usage  des 
rces  qu'il  pourrait  tirer  de  son 
4e,  comme  sorties,  fourneaux, 
-approches ,  coupures  ou  re- 
emens,  etc.;  le  supposer  seu- 
t  de  pied  ferme  dans  tons  ses 
|89,  et  faisant  feu  sur  los  utta- 
jusqu'au  moment  où  le  pre- 
9Mut  le  force  à  les  abandon- 

H.  de  Cormontalngnc  n'admet 
\  calculs  que  l'effet  des  armes 
y  néglige,  comme  aewmiru , 
de  simples  aceulené ,  la  bra- 
ï  industrie;  or,  ce  sont  («- 
ces  accessoires  précisément 
les  défenses  brillantes  et  pro- 
;  fl  n'y  eut  jamais,  sans  i*ux , 
défenses  communes,  un  mut- 
défense,  le  maximum  ne  pou- 
Ar  lien  que  par  ces  prétendus 
réL 

idant  quel  doit  être  notre  ob- 
€e  d'obtenir  le  minimum  ou  le 
m  de  la  défense?  En  vain  M.  de 
taingne  annonce  pour  sa  théo  - 
eorrectibqui  auront,  dit-il. 


leur  place  dans  le  MémoritU  pour  ia 
Difensê.  Je  ne  trouve  point  ces  correc- 
tifs dans  le  Mémorial  sur  la  Défense; 
j'y  vois  aenlement  le  détail  de  certai*- 
nes  chiciines  capables  de  prolonger  une 
défense  de  quelques  jours,  mais  avoiiii 
de  ces  traits  hardis  qui  forcent  les  (en- 
nemis de  lever  le  siège  on  de  se  mor- 
fondre plusieurs  années  devant  une 
place.  Quand  même  ces  grands  moyens 
se  trouveraient  dans  le  âiéfaorigi  4ô  ia 
Défeuif,  comme  l'annonce  M.  do  Cor- 
montaingne,  l'impression  faite  n'en  res- 
ferait  pas  moins;  il  n'en  serait  pas  moins 
dit  et  il  n'en  demeurerait  pas  moins 
constant  dans  l'opinion,  que  les  pla- 
ces, fortifiées  par  M.  de  Cormontaln- 
gnc lui-même,  ne  peuvent  tenir  au- 
delà  de  vingt-sept ,  trente ,  quarante 
jours  au  plus,  comme  dans  la  fortifica- 
tion en  ligne  droite ,  qui  est  le  cas  le 
plus  favorable. 

On  est  sans  doute  étonné  de  voir 
toutes  les  ressources  de  l'art ,  dirij 
par  les  plus  habiles  martres,  ne  puis- 
sent, d'après  leurs  propres  calculs, 
conduire  un  assiégé  au-delà  du  qua- 
rantième jour,  et  l'on  se  demande 
comment  il  se  fait  qu'autrefois  •  lors- 
que les  villes  de  guerre  étaient  à  peine 
entourées  d'une  muraille,  eU^  te- 
naient cependant  beaucoup  plu&long- 
temps. 

La  réponse  Qrc|iiiair(^«  et  qiip  «6.1(4- 
sente  le  plus  naturellement,  est  que  si 
l'art  de  fortifier  les  places  s'est  perfec- 
tionné, fart  de  les  attaquer  s'est  en- 
core perfectionné  davantage;  que  la 
poudre  et  les  armes  à  feu  ayant  été  in- 
ventées, toutes  les  défenses  de  l'assié- 
gé se  trouvent  ruinées  en  peu  de  temps, 
par  les  batteries  de  l'assiégeant,  el  ses 
remparts  culbutés  par  les  mines  ;  que 
cependant  une  sorte  d'équilibre  s'était 
maintenue  entre  l'attaque  et  ia  défense 
jusau'au  sièele  de  Louis  XiV    nais 


M 


mt  LA  otrairti 


^'alors  le  génie  de  Veuban  fit  tout 
d'mi  coup  peoeher  la  balance  du  cAfé 
de  k  adence  des  attaques.  Et,  eu  efr 
fét«  on  ftat  tellement  étonné  de  la  chute 
aucoesaive  et  précipitée  des  places  les 
pina  renooMiées  jusqu'alors,  qu'on 
n*oaa  plus,  pour  ainsi  dire,  songera  se 
défendre  ;  on  crut  pouvoir  céder  sans 
déshonneur  à  un  tel  ascendant,  et  c'est 
ainsi  que  s'étiddit  enfin  cette  maxime, 
defenue  trifiale ,  qu'il  n'y  a  point  de 
place  imprenable. 

Cependant  j'obserye  que  l'invention 
4è  la  poudi^' fournissait  de  nouvelles 
armes  à  l'assiégé  aussi  bien  qu'à  l'as- 
siégeant ;  que  si  eUe  avait  donné  à  ce- 
iuî-ct  l'art  des  mines,  elle  avait  donné 
à  l'aulre  l'art  des  oontre-mines  ;  que 
depuis  M.  le  maréchal  de  Vauban,  on 
a  vu  encore  de  très  belles  défenses; 
qu'enfin  cette  triste  maxime,  qu'au- 
cune iriace  n'est  maintenant  imprena- 
Ma ,  fkt-elle  vraie ,  ne  devrait  jamais 
•ottir  de  ta  bouche  d'un  homme  investi 
de  la  confiance  du  gouvernement,  d'un 
miHtaire  à  la  fidélité  duquel  le  souve- 
rain a  remis  l'une  des  dés  de  son  em- 
pire. 

Malgré  fantiNrité  du  nom  de  Gor- 
mootaingne ,  ses  calculs  ont  déjà  été 
critiqués  par  plusieurs  officiers  dbtin* 
ttngués  du  corps  du  génie. 


Si  saerra  prM  nr 
«lanllw. 


de 


«  n  nous  pondt  assex  difficile,  dit  le 
»  général  d'Arçon,  d'apprédergéomé- 
a  triquement  ce  <pM  vandraient  les 
»  saillies  de  l'audace  dans  une  place 

#  qui  refuserait  aux  assiégeans  la  pos- 
a  sibUité  de  développer  leur  supMo- 
a  rite,  qui  les  priverait  de  l'action  des 
M  rieocbats  contre  les  faces  les  plusdé- 

•  cognantes ,  qui  leur  Aterait  l'espace 
. ji  Bécanaire  .pour  l'emplacement  des 


y  batteries  de  contre-flanc  ; 
«combinaison  d'ouvrages,  qui,  es 
a  conservant  aux  défenseurs  la  facd- 
»té  de  multiplier  les  retoun  offea- 
»  sifs,  ajouterait  aux  avantages  physi- 
»  ques,  les  dispositions  U»  plus  pro- 
»  près  à  favoriser  et  à  maioteoir  le 
a  i*oorage  d'esprit  II  existe  néeemi- 
»  rement  beaucoup  d'ari^traire  sor  cet 
9  sortes  d'évaluations.  » 

Nous  voyons  pareillement  qa'eo 
1792,  un  autre  officier  du  mànie  corpi, 
qui  depuis  a  été  inspecteur^g^^aéral  dei 
fortifications,  avait  cru  devoir  s'élever 
à  la  tribune  de  l'Assemblée  natioDale , 
au  nom  du  comité  militaire  dont  il  était 
rapporteur,  contre  ces  cakob  ré- 
trécis des  écoles  sur  la  duiée  des  sié 
ges. 

Ijè  mal  est  qn  «a  acropiani  pour  h 
défense  les  mêmes  armes  que  pour 
l'attaque,  c'est-à-dire  les  armes  à  Ces, 
on  ait  renoncé  aux  andennes,  comme 
moins  avantageuses.  Voilà  l'erreor  et 
la  véritable  cause  du  peu  de  défense 
des  places  actuelles.  On  pouvait  et  on 
devait  employer  pour  la  défense  la 
aimes  andennes  et  les  armes  noavel- 
les ,  et  on  s'est  borné  aux  dernières, 
qui  sont  bien  plus  utiles  à  l'assiégeant. 
mais  qui  le  sont  beaucoup  moins  à 
l'assiégé;  le  premier  doit  procéder 
méthodiquement  dans  sa  marche;  il 
doit  s'emparer  pied  à  pied  de  tous  les 
refuges  de  l'ennemi  ;  tel  est  le  principe 
général  de  M.  de  Vauban  ;  et  la  raison 
en  est  évidente,  puisque  l'un  avançant 
to<4ours,  l'autre  reculant  toiûours,  il 
faut  bien  que  celui-d  finisse  par  être 
entièrement  chassé.  Mais ,  par  la  mê- 
me raison ,  ce  n'est  point  p^ed  à  pied , 
c'est  par  des  coaq»  de  mam  ^e  celui- 
d  doit  se  défendre,  qu'il  doit  attaquer 
auccesaiveaient  toutes  ses  têtes  d'on- 
vrages,  non  pas  au  loin ,  mab  sur  ^r^ 
propres  remparts  et  sur  les  pi^ictics  rw 


DIS  WtàCMB  JfOWtMS. 


6U 


pfodiées  ;  car  si  Tassiégeaiit  n'est  pas 
en  force  pour  soutenir  ce^  travaux,  Us 
seront  détruits  à  mesure  qu'ils  seront 
poussés  en  avant ,  et  s'il  est  en  force 
partout,  c'est  alors  qu*en  faisant  usage 
du  feu  très  rapproché,  il  sera  néces- 
sairement très  meurtrier  pour  celui  qui 
devra  le  soutenir  constamment. 

C'est  donc  principalement  sur  les 
coups  de  main  que  doit  être  fondé  le 
véritable  système  de  la  défense  des  pla- 
ces, et  si  les  armes  à  feu  sont  les  plus 
avantageuses  à  l'assiégeant,  l'arme 
blanche,  au  contraire,  est  la  plus  favo- 
rable à  l'assiégé. 

Et  sans  elle,  en  effet,  sans  les  com- 
bats corps  à  corps,  sans  la  défense  des 
brèches,  nous  ne  voyons  pas  qu'au- 
cune belle  défense  ait  jamais  eu  lieu , 
et  jamais  avec  eux  la  plus  mauvaise 
place  n'a  manqué  de  prolonger  sa  dé- 
fense d'une  manière  inespérée.  Voilà 
une  vérité  constante,  qui  appartient  à 
l'histoire  ancienne  comme  à  l'histoire 
moderne,  aux  siècles  qui  ont  précédé 
l'invention  de  la  poudre,  comme  à 
ceux  qui  l'ont  suivie.  Ce  fait  répond  à 
ceux  qui  affectent  d'invoquer  sans  cesse 
l'expérience  du  passé»  pour  se  dispen- 
ser d'examiner  aucune  idée  nouvelle. 
Cette  expérience  nous  démontre  qu'à 
moins  qu'on  ne  parvienne  à  imaginer 
quelque  moyen  de  résistance  inconnu 
jusqu'à  ce  jour,  aucune  défense  pro- 
longée n'aura  jamais  lieu  s^ns  la  re- 
mise en  activité  du  combat  corps  à 
corps.  Or,  c'est  justement  ce  genre  de 
combat  qu'exclut  formellement  le  cal- 
cul proposé  par  M.  de  Gormontaingne  ; 
faut-il  donc  s'étonner  que  sa  plus  lon- 
gue défense  soit  au  plus  de  quarante 
jours? 

Suivant  le  journal  que  donne  cet  of- 
flcier-général,  de  l'attaque  d'un  hexa- 
gone ,  fortiGé  suivant  son  propre  sys- 
tèmOt  la  défense  ne  peut  aller  au 


deUutÀeiit 


du  trente-cinquième  jour,  et  il  terminé 
les  travaux  de  cette  journée  par  ces 
paroles  :  Il  est  temps  de  se  rendre.  Cril- 
lon  se  fut  écrié  :  Il  est  temps  de  com- 
mencer à  se  battre.  Il  eût  dit,  comme 
au  siège  de  Quillebœuf  :  Criilon  est  d^ 
dans  et  Vennemi  dehors.  Ainsi,  lorsque 
Bayard  défendait  les  murs  de  Mézière  [ 
tout  en  brèches,  M.  de  Cormontaingne, 
son  compagnon  d'armes ,'' lui  aurait 
crié  :  Il  est  temps  de  se  rendre  ;  ainsi , 
lorsque  Guise  réparait  les  brèches  de 
Metz  sous  les  feux  redoublés  de  l'en- 
nemi, M.  de  Cormontaingne,  son  com- 
pagnon d'armes,  lui  aurait  crié  :  Il  est 
temps  de  se  rendlre.  M.  de  Cormon- 
taingne était  sûrement  brave;  il  l'a 
prouvé  souvent.  Il  avait  ce  courage 
léfléchi  qui  soumet  tout  au  calcul,  m 
milieu  même  du  danger,  mais  non  ce 
courage  bouillant,  ce  courage  d'exem- 
ple qui  entraîne  à  sa  suite  une  garni- 
son valeureuse  sur  la  brèche,  qui  cul- 
bute les  ennemis,  les  poursuit,  renverse 
leurs  travaux,  et  détruit  en  une  heure 
ce  qui  a  coûté  un  mois  de  fatigues  à 
l'assiégeant. 

C'est  le  zèle  4e  la  perfection  en  totl 
qui  a  engagé  M.  de  Cormontamgne 
rechercher  ce  degré  de  précision  ;  roaâ 
c'est  un  zèle  malentendu.  Il  est  aisé  de 
concevoir  les  fâcheux  effets  qui  doi- 
vent en  être  le  résultat.  Un  gouver- 
neur croira  avoir  fait  beaucoup ,  com- 
me je  l'ai  déjà  dit,  s'il  a  défendu  sa 
place  quarante  jours,  puisque  c*est  le 
maximum  fixé  par  la  théorie.  Le  soldat 
qui  sait  n'avoir  que  quarante  jours  au 
plus  de  défense,  et  ne  pouvoir  aspirer 
à  la  gloire  de  faire  lever  le  siège,  n'a(> 
tache  pas  beaucoup  d'importance  à 
tenir  deux  ou  trois  jours  de  plus  ou  de 
moins  ;  il  perd  toute  son  énergie ,  ou 
va  mollement,  ou  ne  songe  qu'à  mettre 
sa  responsabilité  à  couvert.  On  ob- 
enfin  une  espèce  de  marche  ré* 


» 


5i6 


DE  LA  DÉFENSE 


trojçradc  mesurée ,  qu'on  appelle  une 
belle  défense,  et  qui  n'est  souvent 
qu'une  vaine  et  hâtive  consomma- 
tion de  tout  ce  qui  était  dans  les  ma- 
gasins. 

Puisque  les  plus  célèbres  ingénieurs 
reconnaissent  que  la  théorie  ne  four- 
nit par  elle-même  aucun  moyen  de 
prolonger  la  défense  des  places,  tandis 
que  Texpérience  a  prouvé  que  cette 
défense  peut  être  Mcn  au-delà  prolon- 
gée ,  il  faut  que  dans  les  calculs  il  y  ait 
un  élément  essentiel  de  négligé.  Cet 
élément ,  c*est  la  valeur,  la  valeur  qui 
ne  saurait  en  effet  se  calculer.  Si  nous 
voulons  que  nos  places  résistent,  com- 
me ont  résisté  les  places  de  Mézières, 
de  Metz,  de  Mastrîcht,  de  Graves,  il 
faut  que  nous  les  défendions  comme 
ont  fait  les  Bayard,  les  Guise,  les  Cal- 
vo,  les  Chamilli,  c'est-à-dire  qu'il  faut 
que  nous  nous  présentions  sur  la  brè- 
che ,  que  nous  y  soutenions  l'assaut , 
non  pas  une  fois  seulement,  mais  jus- 
qu'à ce  que  l'assiégeant  soit  hors  d'état 
d'en  livrer  de  nouveaux. 

Quoi  !  partout  en  rase  campagne ,  le 
combat  corps  &  corps  décide  de  la  vic- 
toire ,  et  ce  combat  ne  sera  point  ad- 
mis dans  la  défense  des  places  !  Tous 
les  postes  à  la  guerre  s'attaquent  et  se 
défendent  à  la  baïonnette,  et  les  rem- 
parts seuls,  qui  sont  les  postes  les  plus 
importans,  les  mieux  fortifiés  par  le 
choix  de  leurs  positions  et  par  les  tra- 
vaux de  l'art,  les  remparts,  dis-je ,  se- 
ront les  seuls  points  où  l'on  d'osera 
paraître  avec  l'arme  leconnue  de  tout 
temps,  pour  la  plus  sûre  et  la  plus  dé- 
<;isive  entre  les  mains  des  Français!  £t 
une  ville  de  guerre,  pour  laquelle  au- 
ront élé  faits  les  plus  grands  sacriBces, 
qu'on  aura  pourvue  de  tout  ce  qu'exige 
nF»e  longue  résistance,  sur  l'appui  de 
jîtiîuoîh»  on  aura  compté  pour  la  sùreli»  ' 
lie  riutéheur,  pendant  4u'éh  a  porté  j 


la  masse  des  forces  au  dehors  pour  ane 
expédition  lointaine,  une  telle  place, 
dis-je,  aura  tenu  à  peine  un  mois, 
qu'on  y  parlera  déjà  de  capitulation! 
Au  bout  de  trente-cinq  jour»,  on  en- 
tendra des  chefs  annoncer  qu'il  est 
temps  de  se  rendre,  tandis  qu'on  a  va 
de  misérables  bicoques  tenir  des  an- 
nées, et  forcer  enfin  l'ennemi  d'aban- 
donner son  entreprise  ;  tandis  qu'on  a 
vu  un  simple  blockhaus  arrêter  les 
Français  eux-mêmes,  pendant  près  de 
quinze  jours,  au  dernier  siège  de  Dint- 
zlk,  pour  le  couronnement  du  chemin 
couvert  et  le  passage  du  fossé  ! 

La  forliflciition  serait  d*un  bien  pettt 
avantage,  si  elle  ne  pouvait  procurer 
qu'un  appui  si  faible  et  si  précaire;  ff 
il  n'est  pas  étonnant  que  des  généraok, 
s'appuyant  sur  les  résultats  du  caknl, 
aient  soutenu  leur  parfaite  inutilité. 
Mais  heureusement  ces  calculs   sont 
faux ,  les  places  fortes  sont  d*unc  im- 
portnnce  bien  supérieure  à  celte  qn^ 
leur  supposent  leurs  pins  zélés  par- 
tisans, et  l'expérience  a  montré  mill^ 
fois  que,  sans  elles,  il  n'y  a  rien 
sure  au  dedans,  aucune  entreprise 
jeure  à  faire  au  dehors. 

De  ce  que  les  meilleures  places  m 
peuvent,  suivant  certains  calculs, 
longer  leur  défense  au-delà  de  quarante 
jours,  tandis  qu'on  a  vu  les  plus  mau- 
vaises tenir  des  années  entières,  on. 
aurait  grand  tort  de  conchirc  qu'il  est^ 
presque  indifférent  d'avoir  des  place»* 
bien  ou  mal  fortifiées.  Les  places  sont 
des  machines  qui  multiplient  la  puis- 
sance en  raison  de  la  longueur  des  le- 
viers. Une  place  bien  fortifiée  réduit 
l'ennemi  à  une  brèche  étroite,  tandis 
qu'une  mauvaise  expose  les  remparts  à 
être  ouverts  à  la  fois  de  tons  cAtés  ;  la 
première  prend  des  fiancs  et  des  revers 
surrennemi  dans  tous  les  points  qui  eu 
sont  liusceptibles  ;  elle  ralentit  la  mar- 


DES  PtàJCM  FOBUS. 

che  de  faBéaRIant,  la  rend  très  péril» 
lease,  protège  au  contraire  les  coups 
de  main  de  l'assiégé,  et  assure  sa  re- 
traite pour  lui  procurer  de  nouveaux 
retours  oDensirs;  elle  multiplie  les 
pertes  de  l'un,  elle  diminue  ceUes  de 
Tautre  ;  elle  exige  du  premier  des  pré- 
paratifis  immenses  et  souvent  supé^ 
rieurs  à  tous  ses  moyens;  elle  les 
épuise  et  le  met  hors  d'état  de  rien  en- 
treprendre de  plus,  tandis  qu'elle  éco- 
nomise et  tient  en  sûreté  le  matériel  du 
second  ;  en  un  mot,  elle  met  celui-ci 
en  état  de  résister  à  un  ennemi  dix 
fois  plus  fort  que  lui,  non  pas  un  mois 
seulement,  mais  indéGniment,  en  rai- 
son des  subsistances  et  des  munitions 
qu*il  a  pu  réunir  et  renfermer  avec  lui 
dans  sa  place. 

M.  le  maréchal  de  Saxe  n'aimait 
point  les  places  fortes  ;  mais  c'est  qu'il 
regardait  comme  une  chose  impossible 
qu'elles  fussent  toutes  suffisamment 
approvisionnées  ;  et  c'est  précisément 
parce  qu'il  les  regardait  comme  suscep- 
tibles d'une  très  longue  défense ,  qu'il 
en  regardait  l'approvisionnement  com- 
me si  difficile. 

cLes  richesses  d'un  prince,  dit-il, 
»ne  s'étendent  pas  à  faire  de  pareils 
»  magasins,  pour  tout  un  pays ,  dans 
»  toutes  les  places  qui  sont  en  risque 
»  d'être  attaquées.  Et  quand  il  aurait  la 
^  pierre  philosophalc  il  ne  le  pourrait 
»  pas  parce  qu'il  mettrait  la  famine  dans 
»  ses  États. 

y»  Les  sièges  que  Ton  a  faits  en  Bra- 
^bant  n'auroient  pas  eu  des  succès  si 
«rapides  si  les  gouverneurs  n'avoicnt 
»  pas  calculé  le  temps  de  leur  résistance 
»  avec  celui  de  la  durée  de  leurs  vivres  ; 
»  c'est  pourquoi  ils  désiraient  autant  que 
«rennemi  que  lâbréchefûtbientét  prête 
•  pour  pouvoir  se  rendre  honorable- 
>  ment  :  et,  malgré  cette  bonne  volonté 
»  fflatuelle,  )'ai  m  plusieurs  geuver« 


»  neurs  être  obligés  àa  le  faire,  sans 
»  avoir  eu  Thonneur  de  sortir  par  la 
»  brèche.  x> 

Mais  ce  qui  prouve  que  M.  de  Saxe 
avait  grande  confiance  dans  la  longue 
durée  de  la  défense  dont  les  bonnes 
places,  bien  approvisionnées,  sont  sus* 
ceptibles,  c'est  qu'il  propose  lui-même 
un  système  de  fortification  qu*il  allri- 
bue  au  roi  de  Pologne,  son  père,  et 
qu'il  regarde  comme  à  peu  près  im- 
prenable. 

Les  autres  réflexions  de  cet  habile 
général,  sur  l'objet  dont  il  s'agit,  doi- 
vent être  dtées;  elles  imprimeront 
l'autorité  d'un  nom  célèbre  aux  vérités 
importantes  que  nous  avons  déjà  dé- 
montrées. 

a  C'est  cependant  sur  la  fin  d'un 
1»  siège ,  dit-il ,  où  il  faut  marquer  plus 
»  de  vigueur,  parce  que  c'est  alors  qu'il 
»  est  question  de  coups  de  main ,  et 
)»que,  plus  vous  marquez  de  vigueur, 
»pluj8  l'ennemi  se  dégoâte,  parce  qu'a- 
]»  lors  les  maladies  se  mettent  dans  son 
»  camp,  que  les  fourrages  et  les  vivres 
»lui  manquent,  et  enfin  que  toutcon- 
2>  court  à  sa  ruine,  ce  qui  décourage  e^ 
»  officiers  et  soldats  ;  si,  avec  cela,  ils 
y»  sentent  que  la  résistance  devient  plus 
»  forte,  et  qu'elle  augmente  à  mesure 
X)  qu'ils  se  flattent  de  la  voir  diminuer, 
»  ils  ne  savent  plus  où  ils  en  sont,  et  se 
»  dégoûtent  totalement.  C'est  pour- 
»  quoi  il  faut  toujours  réserver  les  meil- 
Dleures  troupes  pour  les  coups  de 
s>  main,  ne  leur  pas  seulement  permet- 
»  tre  de  mettre  le  nez  sur  le  rempart, 
)»  et  surtout  ne  les  point  faire  veiller  ; 
»  mais ,  dès  qu'ils  ont  fait  leur  expé- 
édition,  les  renvoyer  à  leur  quartier. 

»Pour  revenir  au  feu  du  chemin 
»  couvert  ou  des  remparts  sur  les  tra- 
»  vailleurs  pendant  la  nuit,  ce  n'est  que 

)idu  bruit ;  c'est  là   que   l'arme 

»  blandie  briUeroit. 


su 


DB  lA  DÉFBNSB 


oEo  roDà  asseï  pour  faire  connottre 
vqiie  les  assiégea  n*ont  pas  pendant 
vie  cours  d'un  siège  d'occasions  plus 
»  avantageuses  de  combattre  l'ennemi 
Dque  celles  que  leur  fournissent  les 
»  ouvrages,  pourvu  que  l'on  puisse  y 
»  communiquer  aisément. 

DBien  des  gens  s'imaginent  que, 
»  lorsque  la  brèche  est  faite,  il  n'y  a  plus 
D  de  salut  et  qu'il  faut  abandonner  l'ou- 
ivrage;  il  est  vrai  que  l'on  ne  sauroit 
»  guère  empêcher  le  logement,  mais 
>>  on  peut  les  en  chasser  et  les  obliger 
»  à  donner  cent  assauts,  parce  que  l'on 
»  peut  s'y  maintenir  toujours  phis  fort 
»  qu'eux,  et  leur  tuer  avec  avantage 
»une  inQnilé  de  monde.  Ils  n'ont,  en 
»  ce  cas,  qu'un  parti  à  prendre,  qui  est 
»  de  faire  sauter  l'ouvrage,  et  il  y  a  ap- 
»  parence  qu'ils  s'en  aviseront  un  peu 
»tard.  Mais  si  les  ouvrages,  quand  il  y 
»  a  des  fossés  secs,  sont  contreminés 
»  de  façon  qu'il  y  règne  une  galerie 
»  souterraine  tout  autour,  l'ennemi  ne 
»  pourra  y  rien  faire  avec  la  mine,  tant 
»  que  je  serai  maître  de  l'ouvrage,  parce 
»  que  s'il  creuse  plus  bas  que  moi,  il 
n  trouvera  l'eau.  Pour  du  reste,  les  mi« 
unes  font  plus  d'épouvante  que  de 
x>  mal ,  et  l'on  trouve  presque  toujours 
»  moyen  de  les  éventer  ou  de  lies  pré- 
i>  venir. 

D  J'ai  toujours  eu  en  tète  un  certain 
»  ouvrage  qui  fut  pris  et  repris  trente- 
»  six  fois  au  siégedeCandie  :  cet  ouvrage 
»  a  coûté  plus  de  vingt-cinq  mille  hom- 
»mes  aux  Turcs,  et  cela  me  donne 
»  bonne  opinion  de  ceux  qu'on  peut 
»  r'attaquer.  Dans  tout  le  cours  d'un 
»  siège,  il  n'y  a  point  d'occasions  plus 
>»  avantageuses,  pour  combattre  l'cnne- 
•9  mi ,  que  celles  que  ces  ouvrages  four- 
fe^nissent^  parce  que  l'on  ne  sauroit 
»6lre  vu  du  dehors;  qu'il  faut  que 
D  l'ennemi  vienne  toujours  par  la  brè- 
9  che,  et  aue  s'il  ^'avise  d'y  mener  du 


»  canon,  c'est  du  canon  perdu  pour  lui. 
»  Enfin,  je  crois  qu'une  telle  forteresse 
»  dégoûteroit  furieusement  de  l'envie 
»  que  l'on  a  pour  les  sièges.  » 

Ces  paroles  d'un  grard  général  n'ont 
pas  besoin  de  commentaires. 

Avant  de  terminer  ce  chapitre ,  je 
citerai  un  passage  in^orlant  du  che- 
valier Folard. 

Traité  de  la  défense  des  places  des  anciens. 

«Les  anciens  avoient  coutume  de 
»  munir  prodigieusement  de  vivres,  les 
»  places  fortes  et  menacées  d'un  siège, 
x>  non  pas  ]{our  trois  ou  quatre  mois, 
»  mais  pour  trois  ou  quatre  années  tout 
»  au  moins;  deux  raisons  les  y  obli- 
»  geoient  ;  la  crainte  d'être  bloqués  et 
y>  la  loi  inviolable  de  se  défendre  jus- 
»  qu'à  la  dernière  extrémité.  Les  mo- 
ttdernes  se  précautionnent  moins  à 
»  l'égard  des  vivres,  comme  dans  le 
»  reste  ;  ils  croient  qu'il  suffit  dun  ap- 
]»  provisionnemcnt  de  trois  ou  quatre 
»  mois,  dans  les  villes  les  plus  fortes  et 
x>  les  plus  importantes;  cela  fait  pitié. 
»  Je  conviens  que  la  loi  des  résistanccà 
»au  degré  le  plus  extrême,  est  une 
»  chimère  en  ce  temps-ci,  on  la  ren^ 
y>  voie  aux  anciens  et  à  nos  pères  qui 
»radotoient;  maison  devroit  considé- 
»  rer  que  l'ennemi  bien  informé  de  l'é- 
D  tat  des  choses,  mesurant  la  force  de 
»  la  place,  aux  vivres  qui  sont  dedans, 
»  et  à  la  dépense  d'un  long  siège ,  ai- 
»  mera  mieux  et*gagnera  plus ,  s'il  est 
»  raisonnable ,  à  la  prendre  par  un 
»  blocus  que  par  un  Siège  dans  les  for- 
»  mes;  il  sera  du  moins  assuré  de  s'en 
»  rendre  le  maître  en  trois  ou  quatre 
1»  mois,  faute  de  vivres,  car  le  siège 
»peut  durer  tout  autant  par  la  rOsis- 
»  tance  des  assiégés.  x> 

Nous  avons  eu  un  bel  exemple  de 
cela  pendant  la  révolution  par  la  prise 


DBS  PLACBS  FORTBS. 


»9 


de  Lnzemboieirg,  qui  fut  obligée  de  se 
rendre  à  nous,  après  huit  mois  de  blo- 
cus» faute  de  subsistances;  tandis 
qu'avec  une  défense  médiocre,  si  elle 
edt  eu  des  vivres ,  elle  eût  pu  tenir 
beaucoup  plus  long-temps  contre  un 
riége  en  règle  :  ainsi  nous  fîmes ,  sans 
perte  d'hommes  et  sans  consommation 
de  choses,  la  conquête  d'une  des  plus 
fortes  et  des  plus  importantes  places 
de  l'Europe,  dans  le  plus  bel  état  de 
défense  «  et  remplie  de  munitions  de 
guerre* 


CHAPITRE  Vn, 

Kèces  officiellefl  relatiTes  à  Tobjet  traité  daos 
cfUe  première  partie.  ^  Nouvelles  lettres-pa- 
tentes délivréea  par  S.  M.  aux  goaverocors  et 
commandans  de  placeâ.  —  Enquête  sur  la 
GODduile  de  ceux  qui  sont  prévenns  de  les 
aroir  mal  défendaes. 

La  désuétude  dans  laquelle  était 
tombé  l'ancien  formulaire  des  brevets 
délivrés  aux  gouverneurs  des  places,  a 
décidé  Sa  Majesté  à  leur  donner  de 
nouvelles  lettres-patentes,  où,  en  con- 
Grmant  les  dispositions  des  anciennes 
ordonnances,  elle  annonce  la  ferme 
résolution  où  elle  est  d'en  maintenir 
désormais  sévèrement  l'exécution. 
Nous  allons  donner  la  teneur  de  ces 
nouvelles  lettres-patentes,  appliquée  à 
la  place  de  Sas-^e^Gand^  à  laqwille 
Sa  Majesté  a  nommé  le  colonel  iut^ 
fosse. 

Nous  rapporterons  ensuite,  confor- 
mément aux  ordres  de  Sa  Majesté,  les 
enquêtes  et  jugemens  rendus  contre 
les  commandans  accusés  d'avoir  mal 
défendu  les  places  qui  leur  avaient  été 
confiées. 

«NAPOLÉON,  par  la  grâce  de  Dieu 
itiesconslitations  de  l'ËtUt,  empereur 


des  Français,  roi  d'Italie  et  protecteur 
de  la  Confédération  du  Rhin. 

»La  place  de  Sas-de-Gând  étant 
menacée  par  Fennemi,  nous  avons  ré- 
solu de  nomtner  pour  commander 
cette  place  un  officier  d'une  bravoure 
distinguée. 

»  Nous  avons  pris  en  considération 
les  services  du  sieur  Lafosse ,  colonel, 
et  nous  Tavons  nommé,  et  nommons 
par  ces  présentes ,  commandant  de  I9 
place  de  Sas-de-Gand. 

»  Nous  lui  enjoignons  de  se  rendre 
sur-le-champ  dans  ladite  place  de  Sas* 
de-Gand ,  et  de  n'en  plus  sortir  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit  après  son 
armement,  d'inspecter  et  de  visiter 
fréquemment  les  approvisionnemens 
de  siège  et  les  magasins  d'artillerie , 
d'avoir  soin  qu'ils  soient  abondamment 
pourvus  et  conservés  à  l'abri  des  atta- 
ques de  l'ennemi  et  de  l'intempérie 
des  saisons.  Nous  lui  ordonnons  de 
nous  conserver  cette  place ,  et  de  ne 
jamais  la  rendre  sous  aucun  prétexte. 
Il  aura  toujours  devant  les  yeux  les 
conséquences  inévitables  d'une  contra- 
vention à  nos  ordres;  nous  entendons 
et  voulons  qu'il  courre  les  hasards  d'un 
assaut  pour  prolonger  la  défense  et 
augmenter  la  perte  de  l'ennemi.  Puis, 
donCf  que  la  reddition  de  la  place  doit 
être  le  dernier  terme  de  tous  ses  ef- 
forts, et  le  résultat  d'une  impossibilité 
absolue  de  résister,  nous  lui  défendons 
d'avancer  cet  événement  malheureux 
par  son  consentement ,  ne  fût-ce  que 
d'une  heure,  et  sous  le  prétexte  d'ob- 
tenir par-là  une  capitulation  plus  ho- 
norable. 

«Nous  voulons  que  toutes  les  fois 
que  le  conseil  de  défense  sera  réuni, 
pour  consulter  sur  les  opérations ,  il  y 
soit  fait  lecture  desdites  lettres  paten- 
tes à  haute  et  intelligible  voix. 

p  Donné  le  dhième  ^our  du  mon 


5r>0 


DE  LA  DtrKNSB 


rlnoât,  an  de  grâce  mil  hoit  cent  neuf, 
do  notre  règne  le  sixième.  » 


En  caorérant  au  général  Colaud,  sé- 
nateur et  gouverneur  d'Anvers,  le 
(Commandement  de  cette  place,  Sa 
Majesté  a  employé  le»  mômes  expres- 
sions; mais  elle  y  a  ajouté  plusieurs 
particularités  importantes  relatives  à 
la  localité;  cest  pourcpioi  je  pense 
qu'il  est  convenable  de  rapporter  ici 
ces  lettres-patentes. 

«NAPOLÉON,  par  la  grâce  de  Dieu 
et  les  constitutions  de  l'Etat,  empereur 
des  Français,  roi  d'Italie,  protecteur 
de  la  Confédération  du  Rhin. 

»  La  place  d'Anvers  étant  en  état  de 
siège,  nous  avons  résolu  de  nommer, 
pour  commandant  de  cette  place,  on 
officier  d'une  bravoure  distinguée  dont 
nous  aurions  éprouvé  le  zèle  et  la  fid^ 
lité  dans  maints  combats. 

»  Nous  avons  pris  en  considération 
les  services  du  général  de  division,  sé- 
nateur Cohud,  et  nous  l'avons  nonuBé 
et  nommons  par  ces  présentes  com- 
mandant de  la  place  d'Anvers,  en  état 
de  siège.  Conformément  à  notre  décret 
du  11  de  ce  mois,  qui  le  nonune  gou- 
verneur de  cette  place,  nous  lui  en- 
joignons d'être  rendu  avant  le.  •  •  • 
dans  ladite  place  d'Anvers ,  et  de  ne 
plus  sortir  de  s^'  remparts  au  moins 
au-delà  d'une  portée  de  fusil  de  ses 
ouvrages  avancés ,  sous  quelque  pré- 
texte que  ce  soit,  d'inspecter  et  de  vi^ 
siter  fréquemment  les  approvisionne- 
mens  de  siège  et  les  magasins  d'artil- 
lerie, d'ftvoir  soin  qu'ils  soient  abon- 
dammment  pourvus  et  conservés  à 
Vabri  des  attaques  de  l'ennemi  et  de 
l'intempérie  des  saisons.  Nous  lui  en- 
joignons de  prendre  toutes  les  précau-  J 


tiens  pour  accroître  lasdltt  ip{Mvt* 
sionnemens,  et  pow  que  les  liaMttDi 
aient  un  approvisionnement  aussi  eoth 
sidérable  que  les  circonstanoei  peuvent 
le  permettre,  et  qui  surpasse  mène 
proportionnellement  celui  de  la  ptooe. 
Il  fera  faire  par  des  commissaires  dvib 
et  militaires  les  vériOcations  pour  tonê» 
tater  Texisience  desdits  approvislon- 
nemens,  dans  les  quarante^uit  heures 
qui  suivront  son  arrivée  à  Anvers  ;  il 
obligera  les  habitans  à  se  pourvoir  de 
futailles  et  de  baquets,  à  les  entretenir 
constamment  remplis  d'eau  ;  trois  ins- 
pecteurs, nommés  pour  chaque  me 
feront  ensemble  des  visites  domiciliai- 
res pour  l'assurance  de  l'exécution  de 
cet  ordre.  Il  ordonnera  que  les  pompes 
â  incendie  soient  mises  dans  le  meil- 
leur état  de  service  ;  il  les  plac43ra  en  ré- 
serve dans  des  lieux  à  l'abri,  autant  que 
possible,  du  feu  des  ennemis;  il  pren- 
dra les  mesures  nécessaires  pour  en 
augmenter  le  nombre.  Il  formera  un 
approvisionnement  de  fascines  néces- 
saires pour  les  gabionnages,  de  palis- 
sades de  rechange,  et  il  fera  rassembler 
tons  les  bois  de  blindage  qu'il  pourra 
se  procurer. 

»Nou9  lui  ordonnons  de  nonscon^ 
server  4^te  place ,  et  de  ne  jamais  la 
rendre  sous  aucnn  prétexte.  Dana  le  cas 
ou  elle  serait  investie  et  bloquée.  Il 
doit  être  sourd  à  tous  les  bmits  repaie 
dus  par  l'ennenii,  ou  aux  nouvelles 
qu'il  tau  ferait  parvenir.  II  n'en  résistera 
pas  moins  à  ses  insinuations  conunei 
ses  attaques,  et  ne  laissera  point  ébran- 
ler son  courage.  Sa  règle  soastanta 
doit  être  d'avoir  le  moins  de  oonom- 
nications  que  possible  avec  l'eBDemi  ;  il 
aura  toujours  devant  les  yeux  les  con- 
séquences inévitables  d'une  eontra- 
vention  à  nos  ordres ,  on  d'une  négli- 
gence à  remplir  le»  devoirs  qui  lui  sont 
impaséft.  Il  n'^nUieim  jaiaais,  qu'es 


DES  fUCn'FMIB. 


M 


pefdsfit  notre  estime ,  il  enoônn  toutd 
la  sévérité  defs  lois  militaires,  et  (pi'eUes 
condamnent  à  mort  tout  commandant 
et  son  état-major,  «'il  iîyre  la  place , 
lors  même  que  deux  lunettes  seraient 
prises  et  le  corps  de  la  place  ouvert. 
Dans  le  cas  où.  l'ennemi  aurait  fait 
sanler  la  contrescarpe  v  il  faut  en  pré- 
?enir  les  suites  en  se  retranchant  dan^ 
rintérieor  des  bastions.  Enfln,  nous 
eatendons  et  voulons  qu'il  courre  les  | 
hasards  d'un  assaut  pour  prolonger  la 
défense  et  augmenter  la  perte  de  Ten- 
nemi.  Il  songera  qu'un  Français  doit 
compter  sa  vie  pour  rien  tA  elle  doit 
être  mise  en  balance  arec  son  hon- 
neur, et  cette  idée  doit  être  pour  lui 
et  pour  ses  subordonnés  le  mobile  de 
tootes  ses  actions.  Puis,  donc,  que  la 
reddition  de  la  place  doit  être  le  der- 
Dier  terme  de  tous  ses  efforts  et  le  ré- 
sultat d'une  impossibilité  absolue  de 
résister,  nous  lui  défendons  d'avanôer 
cet  événement  malheureux,  par  son 
consentement,  tié  fût-ce  que  d'une 
heure,  et  sous  le  prétexte  d'obtenir 
par-li  une  capitulation   plus  hono*- 

rable. 

sNous  voulons  que  toutes  les  fois 
que  le  consett  dé  défense  sera  réuni 
pour  consulter  sur  les  opérations,  il  y 
soit  fait  lecture  desdites  lettres-paten- 
tes, à  hante  et  intelligibte  roii. 

V  Donné  le  onze  aoAt  mil  huit  cent 
neuf,  et  de  notre  règne  le  sixième,  i» 


Le  général  de  division  Monnet, 
ayant  été  prévenu  d'aroir  mal  défendu 
la  ville  de  Flesslngue  dont  il  avait  le 
commandement,  Sa  Majesté  a  ordonné 
(pf  il  serait  fait  à  ee  sujet  une  enquête 
dont  Euas  aHons  rapporter  le  procès- 
vaiWL 


CimtHl  d*emquét$  êut  la  i^iddilion 
d§  Flemngne, 

<c  Ce  jonrd'hui  S8  septembre  1809,  à 
midi,  les  soussignés,  membres  du  con- 
seil  d'enquête,  nonlmés  par  Sa  Majesté 
l'empereur  et  roi,  et  convoqués  par 
Son  Excellence  le  comte  d'Hunebourg, 
ministre  de  la  guerre,  en  exécution 
de  la  lettre  close  adressée  à  Son  ExceK 
lence  par  Sa  Majesté ,  et  conçue  ainsi  ' 
qu'il  suit  : 

«M.  le  comte  d'Hunebourg,  notre 
»  ministre  de  la  guerre ,  des  rapports 
]»  qui  sont  sous  nos  yeux  contiennent 
»les  assertions  suivantes:  Le  gouver- 
9  neur,  commandant  la  place  de  Fies- 
»  singue ,  n'aurait  pas  exécuté  l'ordre 
»que  nous  lui  avions  donné  de  couper 
»  les  digues  et  d'inonder  l'ile  de  Wal 
ncherea  aussitôt  qu'une  force  supé- 
arieure  ennemie  y  aurait  débarqué;  il 
«aurait  rendu  la  place  que  nous  lui 
Bavions  confiée,  Kennemî  n'ayant  pas 
»  exécuté  le  passage  du  fossé ,  le  rêvé- 
»  tement  du  rempart  étant  sans  brèche 
»  praticable  et  intact,  dès-lors,  sans 
»  avoir  soutenu  d'assaut,  et  même  lors- 
»  que  les  tranchées  des  ennemis  n'é- 
»  talent  qu'à  cent  cinquante  toises  de 
»  la  place,  et  lorsqu'il  avait  encore  qua- 
»tre  mille  hommes  sous  les  armes; 
»  enfin ,  la  place  se  seraitrendue  par  l'ef- 
»  fet  d'un  premier  bombardement.  Si  ' 
»  telle  était  la  vérité,  ce  gouverneur 
»  serait  coupable,  et  il  resterait  à  savoir 
»  si  c'est  à  la  trahison  ou  à  la  lâcheté 
»  que  nous  devrions  attribuer  sa  con- 
»  duite.  Nous  vous  écrivons  la  présente 
»  lettre  close,  pour  que,  aussitôt  après 
«l'avoir  reçue ,  voqs  ayiez  à  réunir  un 
x>  conseil  d'enquête  qui  sera  composé 
ï)du  comte  Abovîlle,  sénateur;  du 
1» comte  Rampon,  sénateur:  du  vice- 
D  amiral  ThéveuArd,  et  dncomteSongis, 


6U 


SB  hk  OBF^OrSB 


trois  tiommes  tiiés,  blessés  ou  faits  pri- 
fiMQters; 

»  Considérant  qu'au  moment  où 
l'ennemi  s*est  présenté  devant  la 
place,  elle  avait  des  approvisionne- 
mens,  en  cas  de  siège,  pour  quatre 
mille  hommes  et  cent  chevaux  pen- 
dant quatre-vingtHlix  jours  ; 

)>Que  le  général  Monnet,  dans  sa 
lettre  précitée,  datée  de  Lichfield ,  an- 
nonce que  le  feu  de  l'ennemi  a  consumé 
quatre  principaux  magasins  des  vivres  ; 

»  Qu'il  a  été  déclaré , 

»  Par  le  sieur  Dourster,  garde  du  gé- 
iiie,qu'il  n'avait  rien  appris  à  cetégard  ; 

x>  Par  le  sieur  Korlowski ,  cx>mman- 
dant  du  1^'  bataillon  irlandais,  que  le 
féa  de  l'ennemi  n'avait  détruit  ni  vi- 
vres,  ni  approvisionnemens  de  siège  ; 

x>  £t  par  M.  le  maire  de  Flessingue , 
qu'il  n'avait  brûlé  que  deux  magasins 
de  fourrages* 

x>  Considérant  que  la  place  n'a  es- 
suyé qu'un  bombardement  d'environ 
trente-six  heures,  les  13,  ik  et  15  août; 
<pie  ce  bondmrdement ,  ainsi  que  le  ca- 
Bon  de  l'ennemi ,  n'a  fait  aucun  dom- 
DMge  notable  au  corps  de  la  place  ; 

»  Qu'au  moment  de  la  capitulation , 
il  n'y  avait  point  de  brèche  au  rem-* 
part ,  et  que  la  place  a  été  rendue  sans 
que  l'ennemi  ait  exécuté  le  passage  du 
fossé ,  sans  qu'elle  eût  soutenu  d'as- 
saut ,  et  lorsque  nos  troupes  occupaient 
encore  les  dehocs  ; 

»  Considérant  que  cette  capitulation , 
qui  a  été  signée  dans  la  nuit  du  15  août , 
a  excité  le  mécontentement  et  même 
l'indignation  de  la  garnison  ; 

»  Considérant  enfin ,  qu'il  résulte  des 
déclarations  de  plusieurs  personnes, 
que  le  général  Monnet  a  perçu  et  fait 
percevoir  à  son  profit ,  depuis  1803  jus- 
qu'en 1806,  sans  donner  ni  faire  don- 
ner de  quittance  aux  parties  intéres- 
•éea*  M  droit  de  dix  aoe»  boUandais, 


ou  vingt-deux  sous  tournois,  par  demi- 
ancre  de  genièvre  exporté,  et  qne  la 
seule  maison  de  madame  Wecks,  à 
Flessingue,  a  payé  pour  son  compte, 
de  50  à  80  mille  florins,  dans  l'espace 
d'environ  trois  ans. 

»  Le  conseil  d'enquête  déclare  : 

»  Que  le  général  Monnet  n'a  point 
exécuté,  comme  il  aurait  dû  le  faire 
l'ordre  de  Sa  Majesté  l'Empereur  et 
Roi,  de  couper  les  digues  s'il  était 
pressé  par  l'ennemi,  plutôt  que  de 
rendre  la  place  ; 

»  Qu'il  a  rendu  la  place  lorsqu'elle 
n'avait  encore  essuyé  qu'un  bombar- 
dement d'environ  trente-six  heures, 
ayant  plus  de  quatre  mille  hommes  de 
garnison,  Tennemi  n'ayant  pas  exinruté 
le  passage  du  fossé,  n'ayant  point 
donné  d'assaut,  et  le  rempart  étant 
sans  brèche,  et  lorsque  l'ennemi  était 
encore  à  huit  cents  mètres  de  la  place, 
et  que  nos  troupes  en  occupaient  les 
dehors  ;  par  conséquent ,  sans  qu'il  y 
ait  eu  de  siège  ; 

»Que  ce  gén<^ral  est  coupable,  et 
que  l'on  ne  peut  attribuer  sa  conduite 
qu'à  la  lâcheté  ou  à  la  trahison  ; 

»  Le  conseil  déclare  en  outre  que  ce 
général  a  exercé  des  concussions,  en 
percevant  et  faisant  percevoir  à  son 
profit ,  depuis  1803  jusqu'en  1806,  un 
droit  de  dix  sous  hollandais,  ou  vingt- 
deux  sous  tournois,  par  demi-ancre  de 
genièvre  exporté. 

»  Fait  à  Paris,  à  l'hôtel  du  dépôt  gé- 
néral de  la  guerre,  ce  25  novembre 
1809 ,  à  trois  heures  après-midi ,  et  les 
membres  du  conseil  d'enquête  ont  si- 
gné ,  avec  le  seb'étaire,  la  minute  do 
présent  procès-verbaU 

»  Signé  le  comte  d'Abc vuxb  ,  le 
comte  RAiiPOif ,  le  vice- 
amiral  Theybnabb,  le 
comte  SoNGis,  et  Bus- 


mÉ  flkCM  fAltTÈS. 


JtSS 


«Ce  Jonrdlmi ,  S5  norembre  1800, 
è  trois  heures  de  l'dprès-niidi ,  au  mo- 
ment où  le  coniéA  levait  sa  séance,  le 
ministre  de  la  guerre  lui  a  fait  parve- 
nir une  lettre  que  lui  a  adressée,  de 
LichGeld ,  le  ^  octobre  dernier,  le  gé- 
nérai Monnet,  et  dans  laquelle  se  trou- 
vait une  réponse  dcice  général  à  la  let- 
tre  de  Sa  Majesté  ITmpereur  et  Roi  à 
son  ministre  de  l^^erre,  sur  la  red- 
dition de  Flessing^,  en  date  du  7  sep- 
tembre  dernier. 

»  Le  conseil  a  pris  lecture  de  ces  deux 
pièces,  et  après  avoir  mis  la  matière  en 
délibération ,  il  a  arrftté  qu'elles  n'é- 
taient point  de  nature  è  lui  faire  appor- 
ter aucun  changement  à  la  déclaration 
qu'il  venait  de  faire. 

»  II  a  accusé  réception  de  ces  pièces 
i  Son  Excellence,  les  a  cotées  S ,  nu«- 
mérotées  163  et  IW ,  paraphées  et  in^ 
ventoriées. 

»  Il  a  ensuite  levé  sa  séance. 

»  Fait  à  Paris,  à  l'hAtel  du  dépôt  gé- 
néral de  la  guerre,  les  jour,  mois  et  an  I 
que  dessus ,  et  ont  les  membres  du 
conseil  d'enquête  et  le  secrétaire  signé 
h  minute  du  présent  pfoeès-verbah 

i>  Signé  le  comte  d'âboyille  « 
le  comte  Rampon  ,  le 
vice -amiral  Thev»- 
KARD,  le  comte  SoK- 
Gis ,  Besson.  d 

«Renvoyé  i  notre  ministre  de  la 
»  guerre,  pour  faire  exécuter  les  lois  de 
»  l'eapire  envers  les  pré  venus. 

»  Âtt  palais  des  Tuileries ,  le  6  dé-* 
V  membre  1809. 


et  de  Cayeftne,  nous  en  rapporterons 
également  ici  les  procès-verbaux. 


D  Signé  NAPOLÉON.  » 


Une  semblable  enquête  ayant  été 
ordonnée  par  Sa  Majesté,  relativement 
Ik  reddition  des  lies  de  la  Martini(|UQ 


^Rapport  à  Sa  Majesté  V Empereur  et 
Jloî,  sur  la  reddition  du  fort  Dttaix 
et  de  la  Martinique. 

»  Le  conseil  d'enquête,  composé  de: 
»  Son  Excellence  le  marc  chai  comio 

Serrurier,  président  ; 
»  Son  Excellence  le  comte  Dcjean» 

ministre   de   l'administralion   de    la 

guerre  ; 
»  Le  comte  TEspinasse,  sénateur  ; 
»  Et  le  comte  Gassendi ,  conscillcr- 

d'Ëtat: 

»  Formé  par  Sa  Majesté  pour  con- 
naître les  causes  et  les  circonstances 
de  la  reddition  du  fort  Desaix  et  de  la 
Martinique,  après  avoir  pris  connais- 
sance des  divers  récits  de  ces  évène- 
mens,  avoir  fait  différentes  ooserva- 
tions  aui  oBRciers  qui  en  ont  été  ac- 
teurs, et  se  trouvent  aujourd'hui  en 
France;  avoir  comparé,  pesé  et  dis- 
cuté leurs  réponses,  et  avoir  reçu  com- 
munication de  M.  le  comte  Decrès, 
ministre  de  la  marine,  des  derniers 
états  de  situation  des  divers  approvi- 
sionnemens  de  cette  colonie  ; 

1»  A  l'honneur  de  présenter  è  Sa  Ma* 
jesté  les  résultats  suivans  de  ses  opi- 
nions : 

»  Au  1«' janvier  1809,  les  troupes  de 
ligne  étaient  de  deUx  mille  quatre 
cents  hommes,  non  compris  quatro 
cents  malades;  elles  se  sont  accrues,  Id 
2  février  suivant,  de  trois  cent  cinq 
hommes  de  l'équipage  de  la  frégalo 
l'Amphitrite,  qui  a  été  brûlée.  Dans  ce 
nombre  sont  comprises  deux  compn  • 
gnies  de  canonniers  de  ligne  (dcuj 
cent  treize  hommes). 

»  11  devait  y  avoir  dans  THc  quatrd 
balailloils  de  gardes  natloiial<*s ,  qui 


DB  Lk  DÉFIMWB 


pouvaient  être  de  cinq  a  six  cents 
hommes  cbacan. 
»  Les  approvisionnemens  de  guerre, 


d'après  les  états  du  1*'  janTler  1806,  et 
ce  qui  avait  été  envoyé  dans  le  cou* 
rant  de  cette  année,  consistaient  en  : 


•Jf 


FORT 

DESAU. 


i  4  canons  de  24  et  16  en  bronze.    • 

151  canons  de  fer  de  36,  i4  et  18*    • 

77  canoni  de  Ter  de  ii.  S,  6,  4  et  S. 

99  cauoiis  de  campagne 

25  moriiera 

9  obniiera.    •         

4  caronadei  de  36 *  • 


289  boachei  à  feo  sur  afTôls  divers,  dont 
50  affûts  de  cdie,  approvisionnées  en 
général ,  les  caoons,  de  1000  à  500  bou- 
lets, suivant  les  calibres;  les  mortiers; 
de  âOO  bombes  ;  les  obus,  tdem. 


i4 
34 
34 
12 
12 
5 
2 


11: 


Arsenal 
el  port 

de 
France. 


Sur 

la  côic , 
hors  de 
fer  vice. 


» 

30 

23 

14 

6 

3 


78 


» 
67 
20 
5 
7 
1 


W 


9S 


10 1 


)»  5,000  fusils  avec  baïonnettes  ; 
»  1,500,000  cartouches  d'infanterie; 
»  11,000  livres  de  plomb,  pouvant 
fournir  220,000  balles  ; 
»  357,000  pierres  à  fusils; 
»  300,000  livres  de  poudre  ; 
»  17,000  sacs  à  terre. 
)iLes  approvisionnemens  de  bou* 
che,  à  la  reddition  de  Tile,  consistaient 
encore  en  : 
»  1,300  barils  de  farine,  de  220  livres 

Tun; 
::  1,500  livres  de  biscuit* 
»  300  tierçons  bœuf  salé,  de  210  li- 
vres l'un  ; 
»  98  barils  porc  salé,  etc«,  etc. 
»0n  s'attendait,  à  la  Martinique, 
d'être  attaque  dès  le  mois  de  novem- 
bre 1808,  d'après  les  préparatifs  que 
les  Anglais  faisaient  à  la  Barbade.  L'ar- 
tilerie  et  le  génie  étaient  en  mesure, 
autant  que  les  moyens  de  la  colonie 
avaient  pu  le  permettre.  Le  capitaine- 
général  avait  donné  ses  ordres  et  ses 
instructions  pour  réunir,  au  premier 
coup  de  caoon  d'alanne,  les  gardes 


nationales  ou  milices,  qu'il  ne  tenait 
pas  rassemblées  par  la  crainte  de  di- 
minuer ses  subsistances;  il  avait,  de 
concert  avec  son  état-major  et  les  offi- 
ciers supérieurs  des  troupes,  arrêté  an 
plan  de  défense  qui  consistait  à  con- 
centrer ses  forces  dans  un  rayon  de 
trois  lieues  autour  du  fort  Desaix ,  et 
en  avant  de  ce  fort  était  un  camp  re- 
tranché qu'on  venait  de  réparer.  L'ar- 
deur des  troupes  et  le  bon  esprit  de  la 
colonie  lui  faisaient  espérer  une  belle 
défense. 

»  Le  30  janvier,  a  la  pointe  du  jour, 
on  signale  l'escadre  anglaise,  et  bien- 
tôt après  le  débarquement  en  deux  en* 
droits,  au  Robert,  de  dnq  mille  a  sept 
mille  hommes,  au  Marin,  de  trois  mille 
hommes,  et  le  reste  de  l'escadre  Triant 
vers  Case-Navire  ;  le  capitaine-général 
présume  qu'il  s'y  fera  un  troisième  dé- 
barquement de  cinq  mille  hommes, 
parce  qu'il  a  été  instruit  que  les  An- 
glais l'attaqueraient  avec  quinze  mille 
hommes. 

»Le  capitaine-général  envoie  sur 


DBS  PLACES  FORTES. 


551 


chacun  des  deux  points  de  débarque- 
jnent  efiectuéf  deux  bataillons  de  gar- 
des nationales  sans  troupes  de  ligne  ; 
elles  auraient  dû  cependant  former  la 
tâte  de  ces  deux  détachemëns.  Aussi 
ces  aardes  nationales  ne  rendirent- 
elles  aucun  service  :  le  bataillon  de  la 
pointe  ne  parut  pas,  et  les  autres  se 
débandèrent  deux  jours  après.  Au  con- 
traire, le  capitaine-général  fait  mar- 
cher contre  le  débarquement  présumé 
et  non  effectué  de  fa  Case-Navire,  le 
82«  régiment ,  qui  devait  être  fort  de 
mille  cinq  cents  hommes. 

0 11  eût  été  préférable  que  les  trou- 
pes de  ligne  déjà  rassemblées,  volas- 
sent les  premières  au  point  de  débar- 
quement ;  que  laissant  un  détachement 
pour  éclairer  l'ennemi  sur  un  des  deux 
points  et  servir  de  noyau  à  la  réunion 
des  gardes  nationales,  tout  le  reste 
marchât  sur  le  second  point ,  pour  cul- 
buter ou  du  moins  arrêter  les  Anglais. 

»  On  ne  voit  nulle  part  qu'on  ait  dis- 
posé quelques  pièces  de  campagne  pour 
protéger  la  retraite,  en  supposant  qu'on 
n'ait  pas  eu  de  chevaux  pour  les  con- 
duire et  appuyer  les  troupes  en  mar- 
chant à  l'ennemi. 

»  Le  capitaine-général,  averti  que  les 
Anglais  doivent  attaquer  le  camp  re- 
tranché qui  couvre  le  fort  Desaîx  en 
avant  du  seul  front  attaquable  ;  que  la 
flotte  ennemie  est  sous  le  cap  Safo- 
mon,  loin  de  Case-Navire,  fait  reve- 
nir le  82*  régiment  pour  défendre  le 
camp.  La  colonne  anglaise  venue  de 
Kobert,  avait  repoussé  successive- 
ment jusque  dans  ce  camp,  les  deux 
^orps  qu'on  lui  avait  opposés. 

^  Ce  camp  n'était  pas  tenàble  par  les 
troupes  trop  peu  nombreuses  qu'on 
avait.  Les  ennemis  occupaient  le  mor- 
ne Lacatte  qui  le  domine ,  et  l'on  ne 
put  l'en  déloger;  y  fût-on  parvenu, 
I^  $a  supériorité  il  eût  bientôt  rejeté 


les  Français^  dans  leur  camp.  Le  2  fé- 
vrier, les  Anglais  l'attaquèrent  par  la 
droite  (le  poste  Landais),  et  furent  re- 
poussés; mais  la  seule  crainte  d'être 
attaqué  par  la  gauche,  et  de  voir  la  re- 
traite des  troupes  sur  le  f(»rt  Dcsaix 
coupée ,  fait  abandonner  ce  camp  le 
même  jour. 

D  Ainsi  ce  camp  est  dominé  :1a  gau- 
che n'est  pas  assez  forte  pour  forcer 
d'attaquer  par  la  droite ,  et  pouvoir  se 
retirer  sur  le  fort  Desaix,  si  on  ne  peut 
résister  ;  il  faut  trop  de  monde  pour  y 
tenir,  parce  qu'il  faudrait  occuper  le 
morne  Lacatte;  il  ne  convenait  donc 
pas  pour  la  circonstance.  Il  fallait  oc- 
cuper les  forts  de  France  et  Desaix,  et 
le  morne  des  Olives,  position  inexpu- 
gnable centrale  entre  Saint-Pierre,  le 
fort  de  France ,  la  Trinité ,  d'où  l'on 
peut  tomber  sur  les  derrières  des  assié- 
geans  du  fort  Desaix . 

»  La  défection  des  gardes  nationales, 
le  2  février,  fait  résoudre  le  capitaine- 
général  à  évacuer  le  fort  de  France  sur 
le  fort  Desaix.  Il  donne,  dès  le  3,  pour 
faire  cette  évacuation,  sept  à  huit  cents 
hommes  de  corvée;  il  fait  brûler  VAm- 
phitriie,  etc;  il  charge  le  sous-direc- 
teur d'artillerie  de  retirer  ou  de  dé- 
truire tous  les  approvisionnemens  de  ' 
guerre.  Cet  officier  n'exécute  l'ordre 
qu'en  partie;  cependant  H  a  eu  au 
moins  quatre  jours  pour  le  faife;  car 
les  Anglais  n'y  débarquent  que  le  7, 
arborent  leur  pavillon  le  8,  et  dès  le  11 
tirent,  avec  les  mortiers  français  et 
leurs  bombes,  sur  le  fort  Desaix ,  sur 
lequel  les  autres  batteries  ne  tirent  que 
le  19  au  soir;  ce  qui  accélère  de  beau- 
coup la  fAcheuse  situation  de  ce  fort. 

»  C'est  une  faute  capitale  et  sans 
excuse  au  sous-directeur  d'artillerie 
Sancé ,  de  n'avoir  pas  exécuté  l'ordre 
du  capitaiae-général  ;  c'est  aussi  une 
faute  de  n'avoir  pas  fait  surveiller  cette 


558 


M  EA  nftnsMB 


importante  opération.  Mais  k  parti  | 
d'évacuer  le  fort  de  France  tà  {HtMoapte- 
ment ,  san3  être  menacé  de  Fennemi 
qui  n'arrive  que  cinq  jours  après ,  est 
d'autant  plus  surprenant,  que  l'opinion 
4*un  officier  du  génie ,  très  instruit , 
rapportée  dans  un  mémoire  sur  la  dé- 
fense de  la  Martinique,  qui  a  été  apos- 
tille et  appiouvé  par  le  capitaine-gé- 
néral Villaret,  est  :  qu'il  faut  que  l'en- 
nemi prenne  le  fort  Desaix  avant  de 
s*emparer  de  celui  de  France  ;  et ,  en 
effet,  les  localités  des  deux  forteresses, 
bien  examinées,  rendent  cette  opinion 
très  Boutenable  ;  les  approches  du  tqfi 
de  France ,  qui  occupe  en  entier  iftie 
langue  de  terre  allongée  dans  la  mer, 
sont  très  difficiles,  et  l'ennemi  qui  s'y 
loge  est  écrasé  par  le  fort  Desaix  qui 
le  domine  de  quatre  cent  cinquante 
pieds;  aussi  les  batteries  du  fort  Desaix 
font-elles  beaucoup  d'effet  en  tirant 
contre  les  Anglais  au  fort  de  France. 

»  On  aurait  pu  parer,  comme  on  Ta 
déjà  dit,  à  la  défection  des  gardes  na- 
tionales, en  les  mêlant  aux  troupes  de 
ligne,  et  les  renfermant  ensemi)le  dans 
les  trois  points  a  défendre ,  les  deux 
forts  et  le  morne  des  Olives. 

9  Lllet-aux-Ramiers,  point  essentiel 
de  défensede  la  rade  du  fort  de  France, 
se  rend  le  4  ;  il  y  avait  cent  trente 
hommes ,  et  ils  n*ont  eu  que  quatre 
tués  et  douze  blessés  ;  ce  n'est  pas  là  se 
défendre.  Mais  la  résistance  était  inu- 
tile, dès  que  le  2  on  avait  abandonné 
le  fort  qui  défend  la  rade  de  l'autre 
c6té. 

j»  Jusqu'au  S  février,  on  tire  les  bou- 
ches à  feu  sur  les  Anglais  qu'on  aper- 
çoit; maib  ces  feux  étaient  de  nul  effet, 
les  Anglais  étaient  à  neuf  cents  toises; 
on  ne  voyait  pas  ce  qu'ils  faisaient , 
parce  qu'on  n'avait  pas  découvert  les 
terrains  environnaos,  ce  4|il'oii  aurait 
dû  faire,  au  moins  dans  les  lieux  où. 


en  ITOfc ,  ils  avaient  établi  des  batte- 
ries. Le  but  étant  éloigné,  on  tirait 
sous  un  grand  angle  ;  ce  qui  détruisait 
les  afiOts  et  les  plate-formes. 

»  Il  faut  savoir  arrêter  un  feu  qui  ne 
nuit  point  à  l'ennemi ,  qui  altère  vo- 
tre artillerie ,  et  qui  n'est  qu'un  vaia 
bruit, 

»  On  n'ose  faire  des  reconnaissanoes 
ni  des  sorties  sur  les  Anglais ,  pan» 
qu'on  est  séparé  d'eux  par  des  ravios 
impraticables;  parce  qu'ils  sont  sor 
tous  les  points  plus  forts  que  tes  trou- 
pes qu'on  pourrait  envoyer  contre 
eux! 

»  Ces  opinion3  peuvent  être  con- 
tredites et  discutées;  mais  peu  im* 
porte. 

1»  Du  8  au  19,  on  continue  ces  inutiles 
feux  sur  des  buts  éloignés. 

x>  On  tire  avec  plus  de  succès  sur  les 
batteries  établies  par  l'ennemi  au  fort 
de  France,  et  on  les  fait  taire  plusieurs 
fois. 

a  On  fait  dans  le  fort  des  ouvrages 
utiles ,.  conune  traverses,  bliodages, 
mais  en  démolissant  ceux  faits  dans 
les  fossés  pour  abriter  la  gamisoo,  pa^ 
ce  qu'on  manquait  de  bois  propres  à 
cet  objet.  On  garnit  de  sacs  à  terre  les 
reins  de  la  voûte  du  grand  magasin  i 
poudre,  n'ayant  pas  de  bois  pour  blin- 
der; ceux  qu'on  a  sont  employés  à 
blinder  sa  porte ,  celle  des  dix  cas^ 
mates,  de  la  grande  ù-averse,  eta 

»  C'est  une  grande  faute  de  ne  s'être 
pas  procuré  des  bois  pour  blinder  le 
grand  magasin  à  poudre,  puisque  Tile 
en  pouvait  fournir.  M.  Dupuget  avait 
dit  qu'on  croyait  ce  magasin  à  l'abri  de 
la  bombe,  sans  l'assurer  formellement; 
depuis  sept  ans^  on  eût  pu  le  vérifier. 
Dans  le  doute,  et  pressé  par  le  peu 
d'espace  des  bàtimens  nécessaires, 
c'est  une  gnvde  faute  encore  de  n'a- 
voir pas  fait  évacuer  ce  magasin  danl 


DES  PLACES  FORTES. 

les  ga\eries  de  conire-mines  et  les  po- 
ternes, pour  se  donner  les  moyens  d'a- 
briter les  soldats  entassés  dans  les  case- 
mates ,  et  les  affûts  abandonnés  en 
plein  air  aux  chates  des  bombes  qui 
les  ont  tous  brisés.  Cet  expédient  était 
licté  par  la  pénurie  des  bois  de  blin- 
lage,  par  le  genre  d'attaqué  que  l'en- 
oemi  préparait,  genre  d'attaque  que 
sa  lenteur  annonçait ,  que  des  espions 
on  des  reconnaissances  auraient  fait 
découvrir;  enOn  par  l'évacuation,  qui, 
faite  dans  le  siège  de  179^,  devait  6tre 
sue  de  beaucoup  de  monde. 

»  Le  19  au  soir,  les  Anglais  démas-< 
qnërent  sept  batteries.  Le  capitaine- 
général  dit  qu'elles  étaient  armées  de 
nnquante-quatre  bouches  à  feu.  Le 
lirectenr  du  génie,  qui  les  indique  dans 
sa  relation,  par  leur  nom,  leur  empîa- 
oement,  n'en  compte  que  trente-neuf, 
dont  dix-huit  mortiers,  dnq  obusicrs 
et  16  canons.  Les  bombes  de  l'ennemi 
tirent  Jusqu'au  ^ ,  ébranlent  ou  en- 
dommagent toutes  les  casemates ,  dé- 
truisent les  phtes-formes ,  les  affûts , 
les  blindages,  font  sauter  les  magasins 
provisionnels  des  batteries  du  fort;  dix 
honbes  déjà ,  le  23,  étaient  tombées 
MIT  la  voAte  dii  grand  magasin  à  pou- 
dre.  SoivaDt  le  directeur  du  génie, 
cette  voûte  était  enfoncée  et  létardée 
en  trois  endroits  ;  elle  avait  cédé  sur 
nue  étendae  de  trds  à  quatre  pieds  et 
sur  une  largeur  de  plusieurs  rangs  de 
briques.  Ce  dernier  affiiissement  est  le 
seul  que  mentionne  le  capitaines-gé- 
néral ;  il  lui  donne  la  longueur  de 
quatre  briques  s«r  cinq  d'épaisseur,  et 
qoinse  Hgnes  de  luretubérance  inté*- 
rieire.  Cet  acddeat  fait  naître  la  ter^ 
rettr  de  voir  sauter  le  magasin  à  pou^ 
fke  soua  les  premières  bombes  qui 
pourront  y  tomber. 

»  Cette  terreur,  qui  a  été  le  m(^if  de 
ycefsaates  soUcitationa  des  oITicters 


559 

supérieurs  Au  la  garnison ,  auprès  du 
capitaine  général,  pour  capituler,  n'eût 
pas  eu  lieu  si  on  eût  évacué  oc  mni;a- 
sin  du  2  au  8,  comme  on  l'a  dit  ;  car  il 
y  avait  au  plus  trois  cents  milliers  de 
poudre  en  trois  mille  barils  de  cor.t 
livres,  et  la  garnison  était  de  quin7.e 
cents  hommes,  dont  on  avait  les 
moyens.  Mais  n'ayant  pas  fait  celle 
disposition ,  et  n'ayant  pas  pris  avant 
le  siège  la  mesure  prescrite  de  tout 
temps  de  blinder  le  magasin,  il  fallait 
réserver  les  bois  qu'on  avait ,  pour  le 
blinder  dans  les  endroits  endommagés, 
tout  de  suite  après  la  chute  d'une 
ombe.  n  paraît  qu'on  n'eût  eu  à  blin- 
der qu'en  dix  endroits.  Cette  précau- 
tion eût  calmé  les  craintes  de  l'explo- 
sion ,  puisque  les  sacs  à  terre  employés 
avaient  été  insuflisans.  Le  blindage 
des  portes  des  casemates  pouvait  être 
suppléé  par  d'autres  moyens  ;  on'  les 
couvre  par  une  traverse  faite  à  deux 
toises  environ  ;  on  défonce  à  sept  ou 
huit  pieds  l'intervalle  entre  la  porte  et 
la  traverse,  et  on  purge  bien  le  terrain 
de  pierres ,  ou  on  laisse  vide  l'espace, 
et  on  communique  par  des  planches. 
La  méthode  de  défoncer  les  terrains 
intérieurs,  quond  on  le  peut,  des  lieux 
bombardés,  affMbItt  beaucoup  Teffet 
des  bombes;  on  eût  pu  la  pratiquer 
peut-èfcre  au  fort  Desaix. 

»  Le  capitaine-général ,  voyant  la 
garnison  tourmentée  de  la  crainte  de 
l'explosion  du  magasin,  estimant  quil 
avait  perdu  un  tiers  des  troupes  de 
ligne  de  l'Ile,  dont  sept  cents  aux  com- 
bats du  i**  février  et  deux  cents  dans 
le  courant  du  siège,  a  cru  devoir  étouf- 
fer la  voii  de  son  courage,  et  céder 
aux  instances  réitérées  des  chefs  et 
ofilciers  supérieurs  dont  il  connaissait 
les  talens,  le  zèle,  la  bravoure  et  l'atta- 
chement à  Sa  Majesté,  afin  de  conser* 
ver,  par  une  capitulation ,  des  soldats 


560 


M  hk  juSfbmsb 


valeureux  qui  pouvaient  être  utiles 
encore  à  leur  patrie.  Sans  doute  ces 
troupes,  dans  l'enceinte  des  fortifica- 
tions encore  intactes,  auraient  pu  es- 
suyer jusqu'au  renversement  de  ses 
remparts  les  feux  de  Tassiégeant;  mais 
un  secours  nombreux  était  incertain , 
les  crainles  de  Texplosioa  du  magasin 
n*étant  pas  calmées,  leur  petit  nombre 
ne  permettant  pas  de  s'aller  mesurer 
en  rase  campagne  avec  un  eitnemi  trop 
supérieur,  l'avis  unanime  des  officiers 
étant  de  se  rendre,  le  préfet  colonial 
s'étant  joint  à  eux,  on  crut  devoir  ca- 
pituler. 

»  Le  capitaine-général,  dans  ses  iet* 
très  et  mémoires  envoyés  au  conseil 
d*enquète,  allègue  les  motifs  suivans, 
qui,  ayant  rendu  très  fâcheuses  les 
circonstances  où  il  se  trouvait,  peu- 
vent justifier  sa  conduite.  Suivant  lui  : 
»  l""  L'attaque  par  le  bombardement 
(genre  inouï,  dit-il)...  mais  les  Anglais 
Jircnt  de  même  en  ITOi-,  et  bombardè- 
rent le  fort  avec  trente-un  mortiers , 
(lu  13  au  20  mars.  (Ils  avaient  en  outre 
trente-cinq  canons  ;) 

»  2"  La  défection  des  gardes  natio- 
nales...  .  On  a  dit  dans  ce  rapport  qu'en 
les  combinant  avec  les  troupes  de  li- 
gne et  les  renfermant  dans  les  forts , 
on  tût  pu,  peut-être,  en  tirer  parti; 

»  3«  La  crainte  de  l'explosion  du 
.magasin  à  poudre...  On  a  dit  qu'on 
pouvait  la  prévenir  ou  au  moins  la  cal- 
mer; 

»  4**  La  proclamation  du  général 
lieckvith ,  de  déporter  les  hommes  de 
couleur. ••  L'ennemi  est  maître  de  ses 
proclamations  ; 

»  5^  Une  lettre  du  6  mai  1808,  écrite 
par  le  préfet  colonial  au  ministre  de  la 
marine,  et  qui,  tombée  entre  les  mains 
des  Anglais,  avait  provoqué  l'invasion 
de  iDe...  Cette  lettre  a  paru  au  con- 
seil, sage,  mesurée ,  exposant  en  gé* 


néral  les  besoins  de  la  colonie ,  tcàs 
qu'elle  devait  être ,  et  telle  que  \e  ca- 
pitaine-général en  a  écrit  lui-même 
durant  sept  ans.  Cette  lettre,  d'ailleurs, 
fut  confiée  à  un  bâtiment  léger,  excel- 
lent voilier. 

»  En  résumant  les  causes  et  les  ck« 
constances  de  la  reddition  de  la  Marti- 
nique, le  conseil  d'enquête  trouve  qoe 
les  principales  sont  : 

»  De  ne  s'être  pas  mis  en  mesore 
d'arriver  sur  l'ennemi  avant  son  dé- 
barquement ; 

)»  D'avoir  divisé  ses  troupes  en  trois 
corps,  lorsqu'il  n'y  avait  que  deux  dé- 
barquemens  effectués;  d'en  avoir  com- 
posé un  tout  en  gardes  nationales; 
d'avoir  renvoyé  le  plus  fort  détaehe^ 
ment,  tout  en  troupes  de  ligne,  sur  li 
troisième  débarquement  présumé ,  » 
lieu  de  marcher  contre  une  des  deux 
divisions  débarquées  avec  le  plus  de 
troupes  possible,  et  ne  faisant  qu'é- 
clairer l'autre  division  ennemie; 

x>  De  n'avoir  pas  combiné  ensemble 
les  gardes  nationales  et  les  troupes  de 
ligne,  et  renfermé  les  premières  daos 
les  forts  t 

»  D'avoir  évacué  te  fort  de  France, 
sans  attendre  l'ennemi ,  ayant  même 
en  troupes  de  ligne  de  quoi  y  laisser 
une  garnison  ; 

»  De  n'avoir  pas  fait  surveiller  les 
opérations  du  sous-directeor  d'artille- 
rie chargé  de  retirer  ou  de  détraire  Us 
munitions  de  guerre  an  fort  de  France, 
où  les  Anglais  ont  trouvé  canons,  mor- 
tiers, projectiles,  etc.; 

^  D'avoir  occupé  un  camp  mal  choisi, 
puisqu'on  )'a  abandonné  le  même  jour 
qu'on  a  repoussé  une  attaque  de  l'en- 
nemi, au  lieu  d'occuper  le  poste  cen- 
tral et  ineipugnable  du  Mome-des- 
Olives  ; 

n  D'avoir  entassé  trop  de  troupes 
dans  le  fort  Deaaix ,  qui  n'a  des  casa* 


DBS  FLACBS  fORTlS. 


•U 


mates  que  pour  trois  cents  hommes , 
ce  qui  indique  une  garnison  d'environ 
mille  hommes  ; 

D  De  n'avoir  pas  blindé  le  magasin  à 
poudre  du  fort  Desaix,  au  lieu  des  por- 
tes des  casemates  ; 

»  De  n'avoir  pas  évacué  ce  magasin 
dans  les  galeries  de  contre-mines,  dans 
la  poterne,  pour  avoir  un  local  qui  mit  à 
couvert  la  garnison  et  les  affûts  laissés  en 
plein  air,  que  les  bombes  ont  détruits  ; 

»  De  n'avoir  pas  enfin  blindé ,  avec 
les  débris  restans  des  blindages  des  ca- 
semates, les  endroits  de  la  voûte  du 
magasin  à  poudre,  endommagés  par  les 
bombes,  pour  rassurer  la  garnison  qui 
craignait  l'explosion  de  ce  magasin. 

B  Malgré  cette  exposition  des  causes 
de  la  reddition  du  fort  Desaix ,  le  con- 
seil n*a  vu  qu'avec  la  plus  grande  sur- 
prise qu'on  n'ait  pas  attendu  pour  se 
rendre  que  l'ennemi  assiége&t  la  place, 
puisque  le  bombardement  n'avait  pas 
entamé  les  fortifications,  et  qu'on  ait 
cédé  à  la  crainte  de  voir  sauter  le  ma- 
gasin i  poudre. 

0  Le  conseil  croit  devoir  dire  encore 
à  Sa  Majesté  que  ces  causes  et  circons- 
tances de  la  reddition  de  la  Martinique, 
qu'il  vient  d'exposer,  sont  déduites  des 
relations  du  siège,  des  mémoire  et  let- 
tres de  M.  le  capitaine-général,  et  des 
fëponses  aux  observations  faites  par  le 
omseil  au  chef  de  l'étaUmajor»  au  direc- 
teur du  génie,  au  colonel  du  82«  ;  et  que, 
si  on  les  considérait  d'après  une  lettre 
confidentielle  écrite  de  la  rade  deQuibe- 
rcu ,  par  un  agent  supérieur  de  la  colo- 
nie, ces  causes  et  circonstances  paraî- 
traient sous  un  jour  plus  défavorable. 

»  Paris,  fi9  novembre  1809. 

p  Signé  le  maréchal  comte 
Serrurier  ,  le  comte  Dé- 
JEAN,  le  comte  de  l'Espi- 
KASSE,  le  G.  Gâssezcm.  )» 
t. 


«  Renvoyé  au  ministre  de  la  manne, 
pour  faire  exécuter  les  lois  de  l'empire 
contre  les  prévenus. 

»  Au  palais  des  Tuiloties,  le  6  dé- 
cembre 1809. 

»  Signé  NAPOLÉON,  » 

«  Rapport  fait  à  Sa  Majesté  impériale^ 
et  royale^  êur  la  reddition  de  la  iruge^ 
ne  françaiee. 

pSire, 

»  En  exécution  des  ordres  de  Votre 
Majesté  impériale  et  royale,  consignés 
dans  sa  lettre  close  du  7  septembre 
dernier,  le  conseil  d'enquête,  composé 
des  comtes  de  Cessac,  Uulin  et  Rosily, 
s'est  occupé  d'examiner  : 

p  1*  Si  le  sieur  Victor  Hugues,  corn» 
missaire-commandant  en  chef  de  la 
Guyane  française,  avait  employé  tout 
les  moyens  qu'il  avait  entre  ses  mains 
pour  la  défense  de  la  colonie  que  Votre 
Majesté  lui  avait  confiée  ; 

»  S*"  S'il  s'était  rendu  à  un  petit  nom* 
bre  d'hommes,  pour  mettre  à  couvert 
ses  plantations  et  sa  fortune, 

1»  Afin  de  mettre  Votre  Majesté  à 
portée  de  juger,  en  pleine  connais- 
sance de  cause,  la  conduite  de  M.  Vic- 
tor Uugues ,  nous  croyons  devoir  lui 
présenter  le  tableau  de  la  situation 
géographique  et  militaire  de  la  Guyane 
française. 

)»  Cette  colonie  est  une  vaste  con- 
trée baignée  au  nord  par  la  mer,  et 
qui  s'étend  le  long  de  la  côte  à  l'est 
jusqu'au  fleuve  d*Oyapock,  où  i^om- 
mencent  les  possessions  portugaises; 
et  à  l'ouest,  jusqu'au  fleuve  de  Maroni, 
qui  la  sépare  des  possessions  hollan- 
daises. 

»  Cayenne  en  est  le  chef-lieu. 

»  Celte  ville ,  autrefois  fortifiée,  fu< 
^émaptelée  du  côté  de  la  terre,  peu 


5(a 


DB  Là  DÉFBUSB 


temps  après  Tarrivée  de  M.  Victor  Hu- 
gues dans  la  colonie.  Ce  commissaire 
ne  conserva  que  la  citadelle  et  les  ou- 
vrages qui  la  défendent  do  côté  de  la 
mer.  Ces  ouvrages  sont  revêtus  en 
pierre  :  les  batteries  sont  à  barbettes, 
et  se  trouvaient  armées,  lors  de  la  red- 
dition ,  de  dix*huK  à  vingt  pièces  de 
canon  du  calibre  de  ai  et  de  12. 

»  L*ile  de  Cayenne  se  divise  en  deux 
parties,  par  une  rivière  creusée  de 
main  d'homme,  ayant  trente  pieds  de 
largeur,  nommée  la  Crique-Fouillée. 

^  L'Ile  entière  est  bornée  au  nord 
parla  mer;  au  sud,  par  la  rivière  du 
tour  de  Tile,  de  soixante  pieds  de  lar- 
ge ;  à  l'est,  par  la  rivière  de  Mahury  : 
à  Touest  parla  rivière  de  Cayenne. 

D  La  partie  de  Ttle  de  Cayenne,  si- 
tuée entre  la  Crique-Fouillée  et  la  ri- 
Vière  du  tour  de  Ttle ,  est  un  terrain 
presqu*entièrement  inondé,  plus  diffi- 
cile h  attaquer  qu*à  défendre,  puisque, 
pour  y  arriver,  îl  faut  remonter  par  la 
rivière  de  Mahury,  et  s'être  emparé  de 
trois  positions  qui  en  défendent  l'en- 
trée, et  qui  sont  propres  à  être  armées 
de  batteries. 

n  La  première  de  ces  positions ,  ap- 
pelée le  Diamant,  est  sur  une  monta- 
gne à  la  pointe  de  l'Ile  ;  on  n'y  parve- 
nait que  par  un  sentier  di£Qclle  ;  elle 
était  regardée  comme  imprenable. 

»  A  dix-huit  Cents  toises  de  distance, 
sur  la  droite,  était  la  seconde  position, 
nommée  le  Dégras^des-Cannes. 

9  Lé  troisième  nommée  le  Trio, 
était  établie  à  Centrée  de  la  Crique- 
Fouillée,  à  environ  mille  toises  &  droite 
du  Dégras-des-Cannes. 

^  Le  pays,  situé  entre  la  rivière  de 
Mahury  et  celle  d'Approuague,  est  en- 
tièrement inondé,  à  l'exception  de  la 
partie  cultivée  le  long  de  la  c&te ,  qui 
Inl  dîSMMbéc  par  lo  (reusement  du 
can':!  lie  Torcy,(le  chaque  côté  r^iimiAl 


se  trouvent  situées  les  ivuiclpiles  ha- 
bitations de  la  colonie,  et  notamment 
celle  de  M.  Victor  Hugues  :  les  digues, 
formées  par  ce  canal,  donnent  un 
moyen  direct  de  communiquer  de  Ma- 
hury à  l'Approuague. 

»  Il  existe  encore  deux  autres  conunu- 
nications  :  la  première,  en  descendant 
la  rivière  de  Mahury  ou  celle  de  Cayen- 
ne et  du  tour  de  l'ile  jusqu'à  Roura,  et 
suivant  la  crête  des  montagnes  de  la 
Gabrielle  et  de  Kaw^  qui  forment  une 
chaîne  jusqu'à  Approuague,  Cette  com- 
munication conduit  au  village  d'Ap- 
prouague,  près  le  collège,  habitation  du 
gouvernement. 

»  La  troisième  communication  est 
un  ancien  chemin  abandonné,  et  (pi 
conduit  de  Roura  par  derrière  les  mon- 
tagnes, à  quinte  lieues  de  l'embou- 
chure de  l'Approuague. 

»  Ces  trots  communications,  les  seu- 
les qui  existent ,  étaient  faciles  à  dé- 
fendre 

»  Le  reste  du  pays  étant ,  comme 
robserve  M.  Hugues,  un  vaste  cloaque 
à  travers  duquel  il  est  presque  impos- 
sible de  pénétrer,'  se  trouvait  i  l'abri 
de  toute  invasion. 

s>  Cette  position  oDrait  de  grands 
moyens  de  défense  à  M.  Tictor  Hu- 
gues ;  mais  te  récit  des  opérations  mi- 
litaires que  ce  chef  a  dirigées  prouvera 
à  Votre  Majesté  combien  peu  il  a  su  en 
proBter,  et  qu'il  n*a  pris,  pour  s'assurer 
de  la  conservation  de  l'Ile  de  Cayenne, 
et  par  conséquent  de  la  colonie  en- 
tière ,  que  des  mesures  incertaines  ou 
fausses. 

Le  3  décembre  1MB,  les  Portugais 
venant  de  la  partie  qu'ib  ooe^pdent  à 
l'est  de  Cayenne,  doublèrent  le  cap 
Orange,  et  entrèrent  dans  la  baie 
d'Oyapock ,  an  nombre  de  huii  eenli 
hommes. 

»  Leur  projet  n'était  visibieipentaion 


mttas,  Od  remarqpie  <pi'ib  n'MèrenI 
même  débanpier  qae  sur  la  rive  droite 
àt  royapock;  mais  n'éprouvant  au- 
eawâ  résistance ,  Ua  passèrent  sor  la 
rive  gauche ,  s*einpafèrent  de  tout  le 
pays  situé  entre  la  rivière  de  ee  nom 
et  oeile  de  PApprouague. 

»  Celte  arrivée  de  Tennoni  était 
bien  Mn  d'être  imprévue  par  M.  Yio 
(or  Hugues  ;  déjà,  de  son  aveU,  il  avait 
été  averti,  par  des  avis  particuliers,  des 
ivojels  et  des  entreprises  de  la  maison 
do  Brésa. 

>  U  avait  été  prévenu  ^  d'une  m»» 
aitee  jrius  positive  et  plus  directe  y  de 
rinfasion  des  ennemis,  par  le  tirick  ta 
Jnéfhim^  qui  avait  aperçu  la  flotiUe  à 
l'ea^boucfaure  de  l'Oyapock. 

»  Le  9 ,  Il  en  reçut  officiellement 
l'avis  par  un  manifeste  que  lui  adressa 
la  commandant  portugais,  au  nom  du 
prince  du  Brésil. 

»  M.  Victor  Hugues ,  qui ,  malgré  la 
dMance  ou  il  devait  être  des  inten- 
tiens  du  prince  du  Brésil,  n*avait,  jus** 
fa*è  ce  jour,  ni  visité  lui-même  la 
Grootiàre  qu'il  devait  défendre,  ni 
eiercé,  ni  multiplié  ses  troupes,  ni 
augmenté  ses  approvisionnemens  et 
ses  munitions,  ni  armé,  ni  fortiflé  ses 
positions,  sembla  vouloir  s'occuper  de 
la  défense  de  la  colonie  ;  il  fit  un  ap« 
pd  au  anciens  militaires,  ordonna  la 
levée  de  cinq  cents  nègres,  prescrivit 
Varmement  de  quatre  posUloos  sur  ta 
rivière  de  liahury,  et  Gt  partir  de 
Cayenne  un  détachement  de  quatre 
cents  bommes,  commandés  par  le  liM* 
tenant  Sirdey  «  pour  défendre  la  fron- 
tière. 

»  Cependant  l'ennemi,  qui  n'avait 
point  trouvé  de  résistance  sur  l'Oya- 
pock,  crut  pouvoir  tenter  de  s'emparer 
de  TApprouague. 

s  II  envoya  une  chaloupe  dans  ta 


rivière  dn  ce  nom  ;  mata  eUe  fiât  pb 
par  les  babitans,  qui  firent  prisonniers 
et  envoyèrent  à  Cayenne  seîse  mate- 
lots et  deux  officiers  composent  l'équi- 
page. Ce  léger  échec,  dû  à  ta  fidéUté. 
des  babitans  du  pays,  ne  rebuta  point 
rennemi;  il  entra  le  1&,  à  huit  heures 
du  matin,  dans  la  rivière  de  TApprona» 
gne  avec  une  petite  flotiUe,  pénétra 
encore  sans  résistance  jusqu'à  la  ri- 
vière du  Gorrouai  y  et  s'en  empara  ;  le 
détachement ,  commandé  par  le  lieu* 
tenant  Sirdey,  arriva  pour  être  témom 
de  cette  nouvelle  entreprise ,  et  il  ne 
put  s*opposer  à  son  succès. 

»  Après  une  faible  résistance,  il  se 
retira  au  collège ,  habitation  du  gou- 
vernement. 

B  II  emmena  avec  lui  les  noirs  de 
cette  habitation  ,  et  fit  sa  retraite  sur 
Cayenne ,  tandis  qu'une  cinquantaine 
de  Portugais,  envoyés  de  la  rivière  de 
Corrouai,  mettaient  le  feu  à  cette  mê- 
me habitation ,  la  seule  qui  fut  incen- 
diée dans  cette  partie  de  la  colonie. 

»  L'ennemi ,  maître  de  l'Approua- 
gue,  chercha  a  s'y  établir,  a  s'y  forti- 
fier; mais  comme  *U  vit  que  Victor 
Hugues  ne  faisait  rien  pour  le  repous- 
ser et  l'arrêter,  il  médita  de  nouvelles 
entreprises. 

»  M.  Hugues ,  instruit  de  tous  ces 
mouvemens,  continuait  à  préparer  len- 
tement ses  moyens  de  défense  ;  il  fit 
alors  rétablir  les  postes  que  nous  avons 
décrits  ;  la  position  du  Diamant  fut  ar-  ^ 
mée  de  deux  pièces  de  Si  et  une  de  8,  ' 
et  défendue  par  quarante  hommes, 
commandés  par  un  capitaine. 

»  Le  deuxième  poète ,  celui  du  Dé- 
grasKles-Cannes ,  fut  armé  de  deux 
pièces  de  8,  et  défendu  par  qumze 
hommes  seulement ,  commandés  par 
un  sergent. 

»  Le  troisième  poste,  nommé  Trio 
fut  armé  de  deux  pîèoei  de  8,  «t  dé* 


fenda  par  teentMept  hommes ,  qioe 
commandait  mi  capitaine. 

9  En  face  de  ce  poste ,  sor  la  rive 
droite  de  la  riTiëre  de  Mahury,  et  à 
rembonchure  du  canal  de  Torcy,  fut 
établie  une  autre  batterie  de  deux  piè« 
œs  de  8  et  d'une  pièce  de  campagne  à 
la  Rostaing  ;  ce  dernier  poste  fut  dé- 
fendu par  cent  vingt  hommes,  com-^ 
mandés  par  un  capitaine. 

)»  Les  forces  militaires  de  la  colonie 
te  composaient  à  cette  époque,  ainsi 
qu'il  suit  : 

B  Hommes  (officierc  corn- 

pr») 

»   idem ,    délaclléf 


g^  j         Earopéeos. 


Ux)opes  d'élite. 


dans  nie.    ...    125 

p  PIun,  deux  cents  hommes 
de  couleur  et  babitans  du 
pays,  organisés  en  sa- 
peurs •  pionniers ,  gen- 
darmes et  milice,  ci.  .    , 

B  M.  Victor  Uugaea  avait 
armé,  de  plus 600  esclaves. 


âOOhomniei. 


»  Total. 


iâU  hommes, 


dont  M.  Victor  Hugues  pouvait  dispo- 
ser; il  y  avait  de  plus  alors,  dans  la  ri- 
vière de  Oayenne,  le  brick  la  Joséphine^ 
de  14  canons  et  quatre-vingts  hommes 
d'équipage ,  le  même  qui  avait  donné 
Ravis  de  l'invasion  des  ennemis. 

»  Toutes  les  déclarations  attestent 
que  la  colonie  était  suffisamment  pour- 
vue de  vivres, 

D  Les  poudres  étaient  en  assez  gran- 
de quantité  pour  repousser  l'attaque 
de  l'ennemi  ;  d'après  la  déclaration  de 
M.  Joniot,  capitaine  d'artillerie,  il  y 
avait  eu  trente-huit  milliers  de  cartou- 
ches de  distribuées  et  six  cents  gar- 
gousses  ;  et  il  restait  en  magasin  en- 
core vingt  mHliers  de  cartouches ,  six      „ 

cents  gargousses  et  quatre  milliers  de   débarquer. 


DB  LA  INfePilliS     V 

que  les  Angtaia  et  les  PortngaiS'Sepii* 
sentèrent  devait  remlMNichure  de  la 
rivière  de  Mahury,  et  menacèrent  l'ile 
de  Cayenne.  Leurs  for^s  consistaient 
en  une  corvette  anglaise  de  vingt  piè- 
ces de  canon,  une  goélette,  deui 
bricks,  quelques  pirogues  du  pays,  et 
autres  petites  embarcations;  le  tout 
contenant  environ  six  cents  hommes 
de  débarquement,  dont  cent  Anglais , 
le  reste  Brésiliens  et  qudques  PorUi- 
gais. 

»  Le  7,  à  trois  heures  du  matin,  ib 
eflectuèrent  leur  débarquement,  sur- 
prirentle  poste  du  Diamant,  tuèrent  le 
capitaine  dans  son  hamac ,  et  se  por- 
tant rapidement  sur  le  Dégras-des- 
Cannes,  ils  enlevèrent  ce  poste  sans 
résistonce,  s'y  établirent ,  et  s'occupè- 
rent du  débarquement  du  reste  de 
leurs  troupes  ;  ils  avaient  obtenu  ces 
premiers  succès  avec  environ  cent 
hommes. 

»  M.  Victor  Hngues ,  instruit ,  dès 
quatre  heures  et  demie  du  matin,  de 
la  prise  de  ces  deux  postes,  réunit  txn- 
tes  ses  forces ,  et  sortit  de  Cayenne 
pour  se  porter  sur  le  Dégras-des-Can- 
nes. 

»  L'ennemi  avait  au  phis  cent  cin- 
quante hommes  de  débarqués. 

»  La  marée  basse  rendait  très  diffi- 
cile le  débarquement  du  reste. 

»  Le  poste  du  Dégrasnles-Cannes , 
où  il  cherchait  à  s'établir,  n'étant  point 
fermé  par  la  gorge,  il  était  alors  aisé  à 
M.  Victor  Hugues,  qui  avait  un  nom- 
bre considérable  d'honmies  sous  ses 
ordres,  de  culbuter  Tennemi  par  une 
attaque  vigoureuse ,  et  de  prendre  ou 
rejeter  à  la  mer  tout  ce  qu'il  avait  pn 


poudre  en  barils. 

»  Telles  étaient  les  ressources  de 
M.  Victor  Hugues,  pour  défendre  la 
colonie  qui  lui  avait  été  cMBée,  lors* 


S  M.  Hugues  ne  crut  point  devoir 
suivre  ce  parti  ;  s'arrêfant  un  jour  en- 
tier à  deux  lieues  de  Cayenne  et  à  une 
iieoe  de  Tannemi ,  il  perdit  uo  teiii|is 


DBft  PJUAGB&  rOATBS 

prédeox»  que  l'ennemi  employa  à  dé- 
Iwrqaer  le  reste  de  ses  troupes.  Les 
réclamations  des  militaires  qui  entou- 
raient le  commandant  en  chef,  les  vi- 
ves sollicitations  de  quelques  officiers 
expérimentés,  qui  lui  représentaient  la 
nécessité  d'attaquer  l'ennemi ,  dont  le 
débarquement  s'effectuait  toujours,  ne 
went  vaincre  sa  résolulion, 

»  Ce  ne  fut  qu'à  six  lieures  du  soir 
ijn'il  se  décida  à  faire  attaquer  le  Dé- 
gras-des-Canues  par  cent  cinquante 
hommes  seulement,  commandés  par 
deux  capitaines,  tandis  qu'avec  environ 
trois  cent  cinquante  hommes  d*élite^  il 
fit  un  mouvement  rétrograde. 

»  L'attaque  du  Dégras-des^Caones, 
ordonnée  a  rentrée  de  la  nuit,  fut  in- 
fractueuse. 

»  L'ennemi  avait  eu  le  temps  de 
réunir  tontes  ses  forces,  en  rappelant 
celles  qu'il  avait  dirigées  sur  le  poste 
da  Trio« 

ïï  Instruit  de  la  retraite  absolue  de 
Victor  Hugues,  il  attaqua  le  lendemain 
les  postes  du  Trio  et  du  canal  de  Tor- 
cy,  et  s'en  empara. 

>  M.  Hugues,  qui|  à  hi  tète  de  l'élite 
de  ses  troupes,  qui  n'avaient  pas  en- 
core tiré  un  coup  de  fusil,  était  rentré 
i  Cayenne,  ne  peàsa  plus  alors  qu'à  se 
rencke;  sans  convoquer  de  conseil  de 
(oerre,  sans  réunir  ni  consulter  les 
autorités  civiles,  il  traita  seul,  avec  le 
commandant  portugais,  des  conditions 
de  la  capitulaiion. 

»Ge  préds,  recueilli  sur  les  faits 
énoncés  par  M.  Victor  Hugues  luir- 
oième ,  sur  les  déclarations  des  mili- 
taires» des  employés  civils  et  des  babi- 
ians  de  la  colonie,  donne  assex  de  lu* 
icières  sur  la  conduite  de  M^  Victor 
Hugues. 

»  Le  conseil  d'enquête  a  pensé,  Sire, 
et  Votre  Majesté  le  pensera  comme 


MS 

positions  et  la  pusillanimité  de  ce  chef 
ont  décidé  du  sort  de  la  colonie  dans 
cette  circonstance  importante. 

»  En  effet.  Sire,  l'incendie  des  habi- 
tations, la  révolte  des  noirs ,  tous  les 
msdheurs  dont  se  plaint  H.  Victor  Hu- 
gues, et  qu'il  exagère ,  la  perte  entin 
de  la  colonie  de  la  Guyane  française 
n'ont  été  que  les  suites  naturelles  de 
la  faiblesse  ou  de  l'ineptie  de  ce  com- 
missaire de  Votre  Majesté. 

»  Nous  ne  doutons  pas.  Sire,  que  si 
M.  Victor  Hugues  eût  attaqué  les  en- 
nemis le  7  au  matin,  lorsqu'à  peine  îi 
avait  débarqué  centcinquante  hommes, 
il  ne  les  eût  repoussés  entièrement,  et 
n'eût  empêché  leur  grand  débarque- 
ment qui  eut  lieu  à  midi. 

»  Si  même,  après  avoir  perdu  la 
journée  du  7 ,  il  avait ,  le  8  et  le  0 , 
marché  contre  l'ennemi,  il  pouvait  en- 
core réparer  ses  fautes  et  forcer  les 
Portugais  à  abandonnner  leurs  entre  - 
prises:  il  pouvait  les  contraindre  h 
quitter  l'Approuague  et  l'Oyapock,  en 
se  servant^  contre  leurs  faibles  embar- 
cations, de  la  frégate  la  Topaze  qui 
lui  était  envoyée  de  France  avec  cent 
hommes  de  troupes ,  et  qui  arriva  le 
12,  lorsque  la  capitulation  était  si- 
gnée. Par  là ,  il  lui  était  encore  facile 
de  rétablir  et  de  noKiintenir  l'ordre  dans 
la  colonie. 

»  M.  Victor  Hugues  donne  pour  justi- 
fication de  sa  conduite  plusieurs  motifs 
que  nous  devons  soumettre  à  Votre 
Majesté,  mais  qu'un  léger  examen  sof- 
Dt  pour  détruire. 

»  Le  premier  est  la  faiblesse  des  for- 
ces de  sa  garnison  qu'il  porte  à  trois 
cent  trente-huit  hoimnes  seulement. 

«Cependant,  Sire,  son  état  de  situa- 
tion du  1*'  janvier,  et  la  déclaration 
unanime  de  tous  les  militaires  la  font 
monter  à  cinq  cent  once  hommes  de 


mms,  que  les  lenteurs,  les  fausses  dis-  (  troupes  de  ligne,  indépendamment  dea 


iM6 


M  LA  HPBKSB 


milices  et  des  esclaves  armés;  te  qoi 
portait  à  peu  près  ao  double  ses  forces 
militaires. 

»  L*ennemi  n'en  avaitpas  autant  :  ses 
troupes  se  composaient  d'environ  dnq 
cents  Indiens  peu  aguerris  et  mal 
mes,  et  d'une  centaine  d'Anglais. 

»M.  Hugues  lui-même  était  bien 
persuadé  que  ses  forces  étaient  suffli- 
santés ,  puisque  le  30  décembre ,  qu'il 
s'exagérait  celles  de  l'ennemi  en  les 
évaluant  à  quatorze  cents  hommes ,  il 
écrivait  au  ministre  de  la  marine,  que 
si  l'ennemi  ne  se  présentait  pas  avec  des 
forces  plus  considérables,  il  avait  asseï 
de  monde  pour  le  repousser  vigoureu- 
sement et  tenir  jusqu'au  mois  de 
mars. 

»  M«  Hugues  prétend  qu'il  avait  peu 
de  poudres  et  qu'elles  étaient  de  mau- 
vaise qualité. 

»  La  déclaration  de  M.  Jeniot,  eapl^ 
taine  d'artillerie,  consignée  dans  Tin- 
terrogatoire  qu'il  a  subi  à  la  Rochelle» 
à  son  arrivée  en  France ,  répond  à  la 
première  partie  de  son  assertion. 

B  Qua  a  a  mauvaise  qualité  de  la 
poudre,  elle  est  démentie  par  le  fait 
même,  puisque  M.  Hugues  assure  que 
beaucoup  d'ennemis  ont  été  tnéa  par  le 
feu  de  ses  troupes. 

»  Il  est  à  remarquer  d'ailleurs  que, 
dans  le  moment  même  de  la  première 
invasion  de  l'ennemi,  M.  Hugues  avait 
le  moyen  d'avoir  des  poudres  fraîches, 
le  corsaire  la  Joêifhim,  venant  de  Bor-* 
deaux,  armé  de  quatone  tenons,  et 
ayant  quatre-vingts  hommes  d'équi- 
pages, était  dans  le  port  de  Gayenne  ; 
M.  Victor  Hugues  devait  le  retenir  et 
utiliser  les  ressources  qu'il  lui  offrait  en 
munitions  et  en  hommes;  il  pouvait 
l'employer  avec  succès  à  défendre  l'en- 
trée de  la  rivière  de  Mahury  contre  les 
faibles  embaitations  de  renoemi,  et  à 
le  prévenir  de  ses  BMWvemen».  An 


Heu  de  le  retenb*,  M.  Hugues  Feipédia, 
le  4  janvier,  pour  France,  chargé  de 
marchandises  coloniales.  On  asaureqne 
ce  bâtiment  était  à  la  con^nation  de 
la  maison  Fameux  et  compagnie  à  la- 
quelle H.  Vietor  Hugues  est ,  dit-on , 
associé. 

»  M.  Hugues  cherche  ousrt  à  excuser 
sa  lenteur  et  sa  fiidblease  devant  Teu- 
nemi,  par  la  nécessité  où  11  s^est  trouvé 
de  faire  halte.  Le  temps  était  si  ma«- 
vais,  dll-il ,  les  chemins  d  dlIBdles,  la 
chaleur  tellement  insupportable,  qie 
phuieun  oiBdera  et  soldats  tombèraat 
deftitigue. 

La  distance  de  Guyenne  au  BMuKn 
de  Loyola,  oA  s'arrêta  M*  Hugues, 
n^est  que  de  deux  lieues;  ce  trajet  se 
fit  à  six  heures  du  matin,  dans  le  mois 
de  janvier,  saison  eu  les  chaleurs  sont 
extrêmement  tempérées  dans  cette 
partie  du  monde;  le  chemin,  dépoli 
Gayenne,  est  couvert  par  des  plaa- 
tatioBS  d'arbres;  Il  est  tirés  beau, 
au  dire  des  babltans,  et  praticable 
pour  les  velturas ,  mtane  dans  teites 
les  saisons. 

s  n  est  donc  absurde  dedbe  que  le» 
soldats  tombaient  de  htigm.  M.  Hu- 
gues dte  pour  exeuaple  la  capitaiae 
Frison;  mais  n  faut  observer  que  cet 
ofBcier,  par  sa  constitulien  et  m 
immense  embonpoint,  ne  peut  sap- 
porter  sans  incommodité  la  plus  légère 
marche. 

»  M.  Hugues  prétend  se  justifier  de 
n'avoir  point  convoqué  de  conseil  de 
guerre,  et  de  n'avoir  suM  aucune  lei 
ni  aucun  règfement  relalils  A  la  posi- 
tion oà  il  se  trouvait,  en  dbaot  que, 
n'étant  point  militaire,  et  n'ayant  ja- 
mais eu  aucun  grade  dans  l'armée,  ces 
lois  et  règlemens  ne  peuvent  lut  être 
applicables. 

s  M.  Hugues  avoue  cependant,  lui- 
même,  <|tt*il  tM  enveré  à  Cayenas, 


Dli  PLACES  PbRtES. 


non  fleulement  comme  administrateur, 
mais  encore  comme  commandant  en 
chef  les  troupes  de  terre  et  de  mer. 
C'était  lorsqull  fut  Inventt  de  ce  com- 
mandement qu*il  devait  reconnaître 
son  insoffisance.  S*il  n'était  pas  mili- 
taire, pourquoi  en  prenait*il  le  titre  et 
les  décorationf ,  et  empèehait-il,  ainsi, 
qne  la  colonie  fût  confiée  à  un  militaire 
capable  de  la  défendre? 

»  M.  Hugues  cherche  aussi  à  rejeter 
mr  les  habitant  de  Cayenne  une  partie 
de  ses  torts  ;  il  se  plaint  du  mauvais  es- 
prit qui  régnait  dans  la  ville. 

»  Cependant,  le  90  décembre,  il  écri- 
fiit  au  ministre  de  la  marine  :  «  Je  vois 
tavee  plaisir  que  la  garnison  et  les  Iuh 
tMtana  sont  animés  d'un  bon  esprit,  a 

«Si  les  fautes  de  M.  Victor  Hugues, 
Sire,  n'étaient  pas  suffisamment  dé- 
montrées, on  pourrait  demander  en- 
core'à  ce  gouverneur  pourquoi,  con- 
DftiSfsant  rinespérience  du  jeune  capi" 
tainc  Chevreuil,  il  lui  avait  confié  le 
poste  du  Diamant,  considéré  comme  le 
phis  important,  tandis  que  le  capitaine 
Girerd,  officier  eipérimenté  et  plus  an* 
cfen,  avait  réclamé  l'honneur  do  com- 
mandes ce  poste? 

»0n  pourrait  lui  demander  aussi 
pourquoi,  connaiasant  l'importance  du 
deuiièflie  poste^  le  Dégras-des-Can- 
ne<i,  il  sTei I  coBtonté  de  le  fme  garder 
par  quiiise  hooHiaa  oommandés  par  un 
servent? 

»  Nous  devons  également,  Sire,  faire 
observer  à  Votre  Majesté»  qu'en  même 
tempe  que  M.  Victor  Hugues  donnait 
une  défense  aussi  faible  aux  troi^  postes 
prindpaux  de  Tlle,  il  plaçait  cent  -/ingt 
hommes  au  caoal  de  Torc^,  poste  éloi* 
gné  del'attaqueietqui  ne  pouvait  guère 
sanrirqu'à  protégersaprapre  habitation. 

»  Teb  sont.  Sire,  les  motifi»  qui  nous 
ont  cMmuneua  qM  le  commissaire  de 
Vots^Majealé,  oomMHiaat  w  ébei 


la  Guyane,  n'a  pas  employé  tons 
moyens  à  sa  disposition  pour  la  défense 
de  la  colonie  qui  lui  avait  été  confiée. 

»  L'avisdu  conseil  d'enquête  est,  Sire, 
que  la  conduite  de  ce  commissaire  »loit 
ètreexaminée  par  les  tribunaux  sur  plu- 
sieurs griefsdont  Votre  Majesté  trouve* 
ra  l'énumération  dans  la  résultat  de  l'en- 
quête  que  nous  avons  joint  à  ce  rapport. 

a  Le  conseil  d'enquête ,  Sire ,  n'a  pu 
rien  découvrir  d'asseï  positif  pour 
éclairer  la  religion  de  Votre  Majesté, 
sur  la  question  de  savoir  si  M.  Victor 
Hugues  s'était  rendu  à  un  petit  nombre 
d'hommes  pour  mettre  à  couvert  ses 
plantatioiiB  et  sa  fortune. 

a  Si  Ton  en  croit  la  majorité  des 
créoles,  ce  gouverneur  a  ramassé  une 
grande  fortune  en  se  servant  de  son  in- 
iDuenceet  de  son  autorité  pour  se  réser- 
ver à  lui  seul  le  commerce  exclusif  de  la 
colonie.  Mais  nous  n'avons  pas  cru  de- 
voir asseoir  notre  jugement  sur  des  dé- 
clarations verbales,  dont  quelques-unes 
peuvent avoirété  dictées  par  Tefletde  la 
haine  dont  un  grand  nombre  d'habitans 
de  Cayenne  paraissent  animés  contre 
l*ex-oommissaire  de  Votre  Majesté. 

Toutefois ,  Sire ,  nous  pensons  qoe , 
f6t-fl  vrai  que  Victor  Hugues  n'eût  pas 
été  entraîné  i  rendre  la  colonie  par 
l'espoir  de  sauver  sa  fortune,  il  n'en 
importe  pas  môina  à  yotre  Majesté  de 
faire  ^nïAr  à  ce  commissaire  l'épreuve 
d'un  jugement  par  un  tribunal. 

•  Nous  sommes. 
Sire, 
De  Votre  Mqésté  Impériale  et 
Royale,  les  très  humbles  et 
^ès  obéissans  serviteurs  et 
très  fidèles  sujets, 
a  Signé  le  comte  Cessac,  (e 
général  comte  Hcu^xn. 
le  comte  de  RosiLT  • 
vioe-amiral. 

aFaris,  i*'  décembre  18M.  a 


568 


M  Là  nfamiB 


BésuUatsd^V enquête  formée  en  exécution 
des  ordre*  de  S.  A/.  /•  et  A. 

«  Le  conseil  d'enquête  fermé  en  exé- 
cation  de  la  lettre  dose  de  Sa  Majesté 
renopereur  et  loi  :  1''  pour  connaître 
des  causes  et  circonstances  de  la  reddi- 
tion de  Cayeniie  et  Guyane  françai^ie 
aux  troupes  brésiliennes  et  britanni- 
ques ;  2*  pour  examiner  si  M.  Victor 
Uugues,  commissaire  de  Sa  Majesté , 
commandant  en  chef  à  la  Guyane  fran* 
çaise,  ne  s*est  rendu  à  un  petit  nombre 
d'hommes  que  pour  mettre  à  couvert 
ses  plantations  et  sa  fortune  ; 

»  Après  avoir  entendu  le  sieur  Vic- 
tor Uugues,  et  pris  comiaissance  de  ih 
vers  mémoires  et  pièces  à  Tappui  qui 
lui  ont  été  remis  par  ce  commissaire; 

»  A  près  avoir  entendu  de  même 
plusieurs  habitans  de  111e  de  Cayenne, 
et  militaires  qui  en  formaient  la  gamn 
^on,  ou  lu  divers  mémoires  qu'ils  lui 
ont  fait  parvenir; 

»  Délibérant  sur  le  premier  point  de 
l'ordre  de  Sa  Majesté,  savoir  : 

»  Premier  point.  M.  Victor  Hugues 
a-t-;il  employé  tous  les  moyens  qu'il 
avait  entre  ses  mains  pour  la  défense 
de  la  colonie  qui  lui  avait  été  confiée? 

B  Estime  que  ce  coromiasaire  n'a  pas 
employé  ces  moyens  pour  se  défendre, 
et  que  sa  conduite  doit  être  examinée 
par  les  tribunaux,  aur  les  griefsci-après 
énoncés  : 

»  1°  Pendant  neuf  ans  que  Victor 
Uugues  a  gouverné  la  colonie  "de  la 
Guyane  française,  il  ne  s'est  pas  une 
seule  fois  transporté  sur  la  frontière  de 
l'est  de  son  gouvernement,  la  seule  qui, 
de  son  propre  aveu,  pouvait  être  atta- 
quée, et  qui,  d'après  lui-même,  devait 
l'être  tôt  ou  tard,  depuis  l'arrivée  de  la 
cour  de  Portugal  dans  le  Brésil  ; 


être  prochaine,  il  a  négligé  les  moyens 
de  la  prévenir  ou  de  la  repousser,  et 
lia  songé  a  mettre  l'ile  de  Cayenne  en 
état  de  défense  que,  lorsque  l'ennemi, 
malgré  la  timidité  et  l'incertitude  qu'il 
avait  montrées  «  avait  pourtant  envahi 
sa  frontière. 

i>  3^  Il  n'a  missur  la  rivièreoe Maburv, 
seul  point  par  lequel  l'ennemi  devait  et 
pouvait  pénétrer  dans  TUe  de  Cayenne, 
aucun  bêliment  armé,  ni  chaloupe,  ni 
canot  qui  pût  en  disputer  l'entrée,  ou 
du  moins  avertir  les  forts  de  l'attaque 
de  l'ennemi,  et  H  avait  a  sa  disposition 
un  bâtiment  armé  en  guerre  et  mar* 
chandises,  qui  aurait  empêché  rentrée 
de  la  rivière  et  la  prise  de  ses  batteries, 
qu'il  a  fait  partir  pour  la  France,  biti- 
ment  dont  l'équipage,  les  poudres,  les 
canons  auraient  pu  lui  être  du  plus 
grand  secours. 

pk""  Il  n'a  placé  à  la  batterie  du  Dia- 
mant qu'un  poste  de  quaraute  hommes; 
et,  au  lieu  de  confier  cq  poste,  lo  pre- 
mier et  le  plus  important,  à  un  officier 
de  troupes  de  ligne  expérimenté,  et 
qui  l'avait  réclamé,  il  en  a  remble 
commandement  à  un  jeune  créole  qui 
a  laissé  surprendre  son  poste  et  a  été 
tué  dans  s<m  hamac. 

»  S**  Il  n'a  placé  au  poste,  le  deuxième 
en  importance,  celui  du  Dégras-des- 
Cannes,  qu'un  sergent  et  quinxe  hom- 
mes, tandis  qu'il  en  a  plac^  cent  vingt 
a  un  poste  éloigné,  et  qui  ne  pouvait 
guère  servir  qu'à  couvrir  sa  propre  ha- 
bitation. 

»  &•  Il  n'a  pris  aucun  moyen  poor 
être  averti  à  temps  du  moment  on  l'en- 
nemi donnerait  dans  la  rivière  afin  de 
l'empêcher  de  débarquer. 

T"  Averti  de  débarquement  de  l'en- 
nemi, et  de  la  prise  du  poste  du  Dia* 
mant  et  du  Dégras-dea-Cannes ,  il  a 
perdu  en  values  héaitalions  le  momeot 

dei^prwdr^ofif  dfinpo9tw,  lié  iMrttf^ 


L 


*w.»-  -— 


BBS  PLACES  FOftTBS. 


rennemi  et  de  le  jeter  Aùùs  la  rivière,    entré  dans  la  place  que  deux  jonnaprès 


Il  avait  les  forces  nécessaires  pour  cet 
Abjet. 

»  8**  Lorscpi'it  s*est  résolu  à  attaquer 
l'ennemi  Jln'ii  envoyécontrelui  qu'une 
partie  de  ses  forces,  trop  faible  et  point 
choisie  avec  assez  de  soin,  et  il  a  con- 
lervé  avec  lui ,  à  une  lieue  du  point 
qu'il  devait  reprendre,  la  majeure  par- 
tie de  ses  troupes,  parmi  lesquelles 
étaient  celles  d'élite. 

»9«I1  n'avait  fait  distribuer  à  ses 
))Ostes  et  à  ses  troupes  qu'une  quantité 
beaucoup  trop  faible  de  munitions  de 
guerre,  tandis' que  les  magasins  de 
Cayenne  renfermaient  suffisamment 
de  poudres  et  de  mobiles  pouf  la  dé- 
fense de  la  colonie, 

»10*T1  ne  s'est  jamais  porté  de  sa 
personne  en  vue  de  l'ennemi,  et  il  est 
rentré  dans  la  place  de  Cayenne  ac- 
compagné de  cette  majeure  partie  de 
ses  troupes  d'élite ,  qui  n'avaient  pas 
tiré  on  seul  coup  de  fusil. 

0II*  Résolu  à  capituler,  il  est  sorti 
lai-méme  de  la  place  et  est  allé  seul 
traiter  avec  Fennemi,  et  cela  sans  avoir 
préalablement  ni  assemblé  de  conseil 
de  guerre,  ni  pris  l'avis  des  autorités 
civiles,  qu'aux  termes  des  lois  il  devait 
consulter. 

9 12*  La  capitulation  qu'il  a  faite 
pourrait  être  considérée  comme  belle, 
si  elle  eût  été  précédée  par  la  perte  de 
plusieurs  combats  et  par  la  destruction 
de  la  plus  grande  partie  de  ses  forces. 
Mais  dans  l'état  des  choses  le  conseil 
d'enquête  n*&  vu,  dans  l'acquiescement 
de  l'ennemi  aux  conditions  qui  lui  ont 
été  proposées  par  Victor  Hugues ,  que 
l'empressement  à  faire  un  pont  d'or  à 
un  adversaire  qui  aurait  pu  se  défen- 
dre.  L'on  a  cm  remarquer  encore  que 
Tennemi  se  défiait  lui-même  de  ses 
forces,  et  qu'il  craignait  que  la  capitn* 
lation  ne  lût  un  piège,  piliKii'îl  R'^t 


cette  capitulation. 

»  Second  point.  Le  commissaire  de  Sa 
Unjesté,  Victor  Hugues,  ne  s'est^l 
rendu  a  un  petit  nombre  d'hommes 
que  pour  mettre  à  couvert  ses  planta- 
tions et  sa  fortune? 

0  Le  conseil  d'enquête  n'a  pu  rien 
découvrir  d'assez  positif  pour  émettre 
une  opinion  motivée.  Si  on  eu  croît  la 
majorité  des  créoles,  Victor  Hugues  a 
ramassé  une  grande  fortune  qu'il  a 
voulu  sauver;  mais  ib  n'articulent  que 
des  faits  trop  vagues  pour  asseoir  un 
Jugement.  Fût-il  vrai  que  Victor  Hu* 
gués  n'eût  pas  été  entraîné  à  rendre  la 
colonie  par  l'espoir  de  sauver  sa  for- 
tune, le  conseil  pense  qu'il  n'en  impor- 
te pas  moins  de  faire  subir  à  ce  com- 
missaire l'éprepva  d*un  iuoement  par 
un  tribunal. 

»  Paris,  !«'  décembre  1809. 

I»  Sîs^é  :  le  comte  de  CessaC  , 
le  général-comte  Hcllin,  le 
comte  de  RosiLT,  vice-amiral.» 

a  Renvoyé  à  notre  ministre  de  la 
»  marine  et  des  colonies,  pour  faire 
»  exécuter  les  lois  de  l'empire  contre 
B  les  prévenus. 

»  Au  palais  de  Trianon ,  le  20  dé- 
»  cembre  1809. 

»  Signé  NAPOLÉON.  » 

L'histoire  de  France  a  heureuse- 
ment peu  de  faits  à  ciler  en  ce  genre  ; 
bien  des  places  ont  été  rendues  par 
ignorance,  quelques-unes  par  faiblesse* 
presque  point  par  traliison. 

Voici  ce  que  dît  sur  cela  M.  de  Fen- 
quiëres  : 

a  Pour  entrer  à  présent  dans  le  dé- 
»  tail  des  sièges  dont  la  conduite,  dans 
»  la  défense^  a  été  asses  mauvaise  pour 
»  obliger  les  princes  à  (aire  punir,  par 

ï>  des  conseils  de  guerr««  4«i  gonver- 


M  LA 

BMrsqui  imlreoda  mal  à  propos  les 
places  qui  lear  avoient  été  confiées , 
je  eonnneDcerai  par  celui  de  Naër- 
den ,  eo  Faoïiée  1673,  assiégé  par 
M.  le  prince  d'Orange  et  défendu 
par  Mf.  Dapas. 

»  M.  de  Luxembourg,  qui  comman- 
doit  dans  les  conquêtes  du  roi  en 
Hollande,  entra  dans  la  place  quel- 
ques heuresavant  qu'elle  fût  investie, 
et  en  était  parti  après  avoir  concerté 
avec  M.  Dupas  de  le  secourir,  dès 
que  la  cavalerie  seroit  rassemblée. 
»  Ce  gouverneur,  à  qui  la  tète  tour- 
na dès  qu'il  vit  Tannée  ennemie  cam- 
pée autour  de  sa  place,  la  rendit 
avant  que  l'ennemi  (àt  seulement 
mettre  du  chemin  couvert,  et  signa 
une  capitulation, contre  le  sentiment 
des  principaux  officiers  de  sa  garni* 
son.  Le  roi  envoya  ordre  à  M.  de 
Luxembourg  de  faire  assembler  un 
conseil  de  guerre,  devant  lequel  l'af- 
faire fût  portée  et  le  procès  de  M.  Du- 
pas instruit.  Il  fut  dégradé  des  ar- 
mes en  présence  des  troupes  mises 
en  bataille  pour  ce  sujet,  et  condam- 
né à  une  prison  perpétuelle.  La  rai- 
son pour  laquelle  le  conseil  de  guerre 
ne  le  condamna  point  à  mort,  fut 
qu'il  ne  se  trouva  point  d'ordonnance 
qui  condamnât  un  poltron  à  perdre 
la  vie. 

»  En  1703,  M.  le  duc  de  Bourgogne 
assiégea  et  prit  le  vieux  Brisach. 
L^empereur,  mal  content  de  la  con- 
duite du  gouverneur,  le  fit  arrêter  et 
mettre  au  conseil  de  guerre,  qui  le 
condamna  à  avoir  la  tète  tranchée. 
Le  comte  de  Marsilly,  qui  étoit  aussi 
dans  la  place,  fut,  par  le  même  con- 
seil de  guerre,  dégradé  des  armes. 
n  II  pourroit  bien  y  avoir  quelque 
chose  à  redire  dans  la  conduite  de 
ces  deux  commandans ,  et  je  rap- 
porte cet  exemple  seulement  pour 


»  faire  voir  que  les  autres  pnnces  sont 
»  plus  sévères  que  nous ,  et  punissent 
rigoureusement  ceux  qui ,  dans  la 
défense  des  places  qui  leur  sont  com- 
mises, font  des  fautes  qui  en  causent 
trop  têt  la  perte  :  en  quoi  je  ne  les 
blâme  point. 

»  En  ces  entrehites  (  estait  dit  dans 
la  relation  du  siège  de  Metz  )  fut  dé- 
couverte l'entreprise  du  Bastard  de 
Fontanges  et  de  Clavières,  soldats  de 
la  compagnie  du  capitaine  Babus, 
qui  avoient  qnek|ue  pratique  avec 
l'empereur,  laquelle,  du  eommeaœ- 
ment,  ils  avoient  Aiit  semblant  de 
mener  avec  le  scea  de  M.  de  Gujie  : 
par  le  moyen  de  quoi  on  espéroit 
s'en  prévaloir;  mais  il  fkit  treuTé 
qu'ils  avoient  incliné  du  costé  de 
l'ennemy,  et  fait  d'autres  menées 
qu'ils  céloient  à  M.  de  Guyse ,  bien 
dommageables  au  service  du  roj: 
mesme  soubs  couleur  de  faire  entrer 
»  unsîmplesoldatdanslavnié,yavoient 
»  mis  un  ingénieur  de  Tempereur.  Ils 
»  furent  retenus  prisonniers;  et  peu 
B  après  le  dit  Clavière  mourut  de  ma- 
»  ladie,  de  qui  la  tête  fut  oûse  sur  h 
»  porte  de  Champagne ,  et  le  Bastard 
»  ayant  confessé  la  vérité  du  Eût,  il  bit 
»  exécuté  à  la  fin  du  siège.  » 

En  1638,  le  marquis  de  Légaoës, 
général  des  troupes  espagnoles,  se 
présenta  devant  Brème ,  et  forma  le 
siège  de  cette  ville.  Moiitgaillard  en 
était  gouverneur  ;  la  garnison  n'était 
que  de  six  cents  hommes ,  et  son  com- 
mandant se  disait  payer  comme  si  elle 
eût  été  de  dix-sept  cents  complets. 
Cette  avarice  sordide  devint  funeste  à 
son  auteur  ;  car  les  défenseun  de  Brè- 
me, se  voyant  trop  faibles  pour  résister 
aux  assiégeans,  forcèrent  Montgaillard 
d'ouvrir  les  portes  de  la  place,  le  â7  de 
mars;  ce  qui  Ot  condamner  eetofikjer 
à  perdre  la  tète.  Le  marédul  de  Cré- 


M0  fUMHi  vram . 


Ml 


qai\  Tan  des  plus  grands  capitaines  de 
ce  temps-là,  et  qui  toute  sa  vie  avait 
Tait  la  guerre  en  Italie ,  avait  été  tué 
d*on  coup  de  canon,  le  17  de  ce  mois , 
en  reconnaissant  les  retrancheniens 
des  Espagnols  devant  le  fort  de  BrAme. 
En  1675,  Trêves  fut  assiégée  par  un 
rerpa  de  vingt  mSIe  AHemaiids,  sous 
la  conduite  des  prinoea  de  Lunebourg. 
Celte  ville  était  vivement  pressée,  lors- 
que le  naréehal  de  Créqui,  homme 
d'un  coimfe  entreprenant,  capable 
des  aetioaa  les  plus  belles  et  les  plus 
lémérairea,  essaya  de  la  secourir.  Il 
était  en  mardie,  lorsque  le  11  d'août, 
il  fiit  tout-à^onp  rencontré  par  les 
inpériau  à  Gonsarbrudt.  Surpris,  i^ans 
Aire  déconcerté,  il  ose,  avec  huit  mille 
hommes,  attaquer  dix-huit  mille  com* 
batlans.  L'action  fut  très  vive  d'abord  ; 
■tais  la  cavalerie  française  ayant  pris 
la  fuMe,  tout  le  reste  de  aa  petite  armée 
cessa  de  résister;  et  tout  ce  que  cet 
intrépide  général  put  faire ,  (Ut  de  se 
jeter  dans  Trêves,  à  travers  de  non- 
vean  périls ,  après  avoir  perdu  deux 
mille  soMata ,  son  artillerie  et  son  ba- 
gage. II  détendit  la  place  avec  le  plus 
giand  courage.  Il  voulait  s'ensevelir 
sous  les  mines  des  remparts  ouverts  de 
tous  cAtéa.  Tout  le  monde,  la  garnison 
et  les  bouiigooia  deaMudaient  à  grands 
cris  à  capituler.  Le  maréchal  s'obstine 
à  tenir  encore.  On  murmure;  on  se 
révolte.  Un  capitaine  de  cavalerie, 
nommé  Bols^ourdan ,  va  traiter  avec 
les  ennemis  sur  lahrèche.  On  n'a  point 
vu  commettre  une  lâcheté  avec  tant 
d*«udaee.  Il  menace  le  maréchal  de  le 
tuer,  s'H  ne  signe.  Créqui  se  retire, 
avee  quelques  officiers  fidèles ,  dans 
une  égliae,  oà  il  aima  mieux  être  pris 
A  diaerélion ,  le  •  septenriffe,  que  de  se 
fendre*  Peu  de  temps  après,  OoiS' 
leurdan  fut  arrêté  dans  sa  IWte,  et 
jugé  i  Meti  par  le  oenael  4e  guerre 


Son  crime  n  nvarrperav«rexemple.  On 
le  condamna  k  faire  amende  honora- 
ble, tête  et  pieds  nus,  la  corde  au  cou, 
la  torche  au  poing ,  et  à  être  décapité 
sur  un  échafaud  ;  ce  qui  hit  exécuté  le 
S  d'octobre.  Tous  ses  complices  furent 
dégradés  et  bannis. 

Je  termine  ce  chapitre  par  l'eitrait 
des  articles  de  lois  qui  sent  rdatives  au 
suiet  dont  il  s'aftit. 


idu26imHuin% 


AATICLB  PREMIER. 

Tout  commandant  de  place  forte  ou 
bastionnée ,  qui  la  rendra  à  l'ennemi 
avant  qu'il  y  ait  brèche  accessible  et 
praticable  au  corps  de  ladite  place,  et 
avant  que  le  corps  de  place  ait  soutewi 
au  moins  un  assaut,  ai  toutefob  il  y  a 
«n  retranchement  intérieur  derrière  la 
hrèdie,  aéra  puni,  de  mort ,  è  moins 
qu'il  manque  de  munitions  ou  de  vi- 
vres» 

ART  II, 

Les  places  de  guerre  étant  la  pro- 
priété de  tout  l'empire,  dans  aucun  cas 
les  habitans  ni  corps  administratifs  ne 
pourront  requérir  un  commandant  de 
la  plaça  de  la  vendre,  sous  peine  d'être 
Iraitéa  eomnm  des  révoltés  et  des  tral- 
tiea  à  la  patrie. 

Imâmil  kmwmirê  m  r,  tùre  Ul. 

ARTICLE  PRRIIIRR. 

Tout  militaire  ou  autre  individu,  at- 
taché à  l'armée  ou  à  sa  suite,  convaincu 
de  trahison»  sera  puni  de  mort. 

i 

ART.  II.  ! 

Boni  repuléa  coupables  de  trannosif 


S"*  Toat  commandant  d*ane  place  j 
aMîégée,  qui,  sans  avoir  pris  Tavis,  ou 
contre  le  vœu  de  la  majorité  du  con^ 
seil  militaire  de  la  place  (  auquel  de- 
vront toujours  être  appelés  les  officiers 
en  chef  de  rartlllerie  et  du  génie),  aura 
consenti  k  la  reddition  de  la  place 
avant  que  Tennemi  y  ait  fait  brèche 
praticable,  ou  qu'elle  ait  soutenu  un 
assaut. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Instruction  pratique  par  reierople.— Sscnoiii. 
Eicmples  tirés  de  Thisloirc  ancleonc^Sic- 
T105  If.  Exemples  tirés  de  Thistolre  «o- 
derne. 


Arrêté  du  DireeUnrt  exieutiff  du  16 
muêidor  dt  Van  VII  de  la  république 
françaiêe. 

ARTICLB  PREH1ER. 

ToQt  commandant  de  place  forte  qui, 
è  dater  de  l'ouverture  de  cette  campa- 
gne, aurait  capitulé  avec  l'ennemi, 
pour  rendre  une  place  qui  lut  était 
confiée,  sans  avoir  forcé  les  attaquans 
de  passer  par  les  travaux  lents  et  suc- 
cessifs des  sièges,  et  avant  d'avoir  re* 
poussé  au  moins  un  assaut  au  corps  de 
place  sur  des  brèches  praticables,  sera 
traduit  devant  un  conseil  de  guerre, 
pour  y  être  jugé  conformément  aux 
lois. 

ART  n. 

Les  membres  du  conseil  de  guerre , 
qui  auront  signé  ces  honlevses  capitu- 
lations, et  ceux  qui ,  ayant  droit  d'y 
assister,  n'auraient  pas  protesté  contre, 
seront  également  traduits  au  conseil 
de  guerre,  pour  y  être  jugés  confor- 
mément aux  lois. 

ART.  ui. 

Le  ministre  de  la  guerre  désignera 
le  conseil  de  guerre  qui  devra  connaî- 
tre de  ces  délits,  et  demeure  chargé  de 
l'exécution  prompte  du  présent  arrêté. 
i|ui  sera  imprinié  ao  bulletin  d^  Ipi^. 


Chacun  sait  que ,  dans  les  sciences 
pratiques,  les  exemples  sont  préféra- 
bles aia  meilleurs  préceptes;  c'est 
pourquoi  j'ai  pensé  que  pour  remplir 
robjet  de  celte  seconde  partie,  il  con- 
venait d'en  consacrer  le  premier  cha- 
pitre a  la  notice  des  sièges  les  plus  fa- 
meux, tant  de  l'antiquité  que  des  temps 
postérieurs*  Ce  chapitre  étant  fort 
étendu,  je  le  diviserai  en  deux  sec- 
tions ;  la  première  contiendra  la  notice 
des  sièges  anciens  ;  et  la  seconde,  celle 
des  sièges  modernes,  depuis  Cbarle- 
magne.  Ces  notices  sont  extraites  pres- 
que littéralement  de  divers  historiens. 

Non-seulement  chacun  de  ces  précis 
est  une  leçon  pratique  importante 
pour  l'art  défensif ,  et  sous  ce  rapport  il 
contribue  essentiellemeot  a  remplir 
l'objet  de  cette  seconde  partie  ;  mais 
ces  mêmes  précis,  par  leur  réunion, 
forment  pour  la  guerre  des  sièges,  faits 
avec  les  armes  anciennes,  ou  du  moins 
avec  le  concours  d'un  fort  petit  nom- 
bre d'armes  il  feiii,  ce.  que  sont  pour 
ces  dernières  armes  les  jcmrnaux  qoi 
ont  servi  de  base  aux  calculs  dont  noos 
avons  parlé  dans  le  chapitre  VI  de  la 
première  partie.  Elles  démontrent  in- 
vinciblement combien  ces  premières 
défenses  sont  supérieures  aux  derniè- 
res, et  par  conséquent  combien  il  est 
avantageux  pour  les  assiégés  de  rame- 
ner tout  au- combat  de  l'arme  blanche, 
et  de  réduire  l'ennemi  &la  nécessité 
d'attaquer  toujoiirs  de  vive  force«  con- 
formément au  principe  que  nous  éta- 
blirons, dans  l9  chapitre  III  de  cette 


DBS  PLACES  FORTES. 


573 


.SECTJOUr  PRfiMir.RK. 

exemptes  tirée  de  Vhtstoire  ancienne, 

Slég9  de  Syrseofe  pir  Im  Albënicns,  Tan  413 

avant  Jéius-Cbrist. 

La  plus  florissante  république  de  la 
Sicile  était  la  ville  de  Syracuse.  Cette 
cité  puissante,  riche,  bien  peuplée,  si- 
tuée sur  la  côte  orientale  de  Tlle, 
était  composée  de  cinq  quartiers  diffé- 
rens,  qui,  tous  renfermés  par  de  fortes 
murailles,  et  fortifiés  avec  des  tours, 
de  distance  en  distance,  formaient,  en 
quelque  sorte,  autant  de  plapes  fortes, 
et  prétentaient  à  peu  près  la  figure 
d'au  triangle.  Du  côté  de  la  mer ,  on 
remarquait  Tlle  d'Ortygic ,  qui  renfer- 
mait la  citadelle,  et  commandait  aux 
deui  ports  qui  l'environnent.  Elle 
cooununiquait  par  un  pont  avec  Achra- 
dine,  le  plus  beau,  le  plus  grand,  le 
mieux  fortifié  de  tous  tes  quartiers. 
Au-dessus  d*Achradine,  on  voyait, 
d*uji  côté,  le  quartier  de  Tyque  et 
et  celui  de  Néapolis,  ou  V'^ille-Neuve , 
qui,  séparés  Tun  de  Tautre  par  un  mur, 
s'avançaient  tous  deux  en  pointe  vers 
l'occident,  et  se  terminaient  à  une 
hauteur  qui  les  commandait  et  qu'on 
nommait  Epipole.  Une  vaste  enceinte 
de  murailles  renfermait  tous  ces  quar- 
tiers, et  cette  muraille  immense  était 
défendue  par  deux  forts  nommés  :  l'un 
Eurivèle ,  et  Tautre  Labdale. 

La  seixième  année  de  la  guerre  du 
Péloponèse ,  les  Ségestains ,  opprimés 
par  les  Sélinontaios  que  soutenaient 
ceux  de  Syracuse,  vinrent  implorer  le 
secours  d'Athènes.  Jamais  cette  répu- 
blique n'avait  été  si  puissante,  et  en 
m^e  temps  si  enivrée  de  sa  gran- 
deur. Suivant  Tavîs  d' Alcibiade  et  mal- 
gré les  vives  représentations  de  Micias, 
te  peuple  écouta  favorablement  les 


prières  des  députés.  On  équipa  sur-le- 
champ  une  superbe  flotte  de  cent  cîn»' 
quante  navires,  et  Ton  en  donna  le 
commandement  à  Alclbiade ,  à  Nîcias 
et  à  Lamacchus.  On  fit  vofle  vers  Sy-* 
racuse,  et  pendant  la  nuit  on  entrtr 
dans  le  grand  port ,  et  l'on  prit  terré 
près  d'Olympie  ^ans  avoir  été  aperçu. 
Les  Syracusains  avaient  fait  de  grands 
préparatifs;  et,  pleins  de  courage,  ib 
avaient  résolu  de  se  bien  défendre. 
L'arrivée  soudaine  des  ennemis  les  dé- 
concerta cependant  un  peu  ;  mais  bien- 
tôt ils  bannirent  cette  première  ter>- 
reur,  et  se  mirent  en  bataille  devant 
les  murs  de  leur  patrie.  On  donna  le 
signal  en  même  temps  de  part  et  d'au^ 
tre.  Comme  les  intérêts  étaient  les 
mêmes,  le  combat  fut  opiniAtre,  et  la 
victoire  passa  plus  d'une  fois  de  l'un  et 
de  l'antre  côté.  Un  orage,  qui  survint 
tout  à  coup ,  intimida  les  Syracusains. 
Ils  plièrent  et  se  retirèrent  dans  la  ville 
après  une  longue  et  vigoureuse  résis- 
tance. Cet  échec  ne  servit  qu*à  rani- 
mer leur  ardeur.  L'on  rétablit  et  l'on 
augmentâtes  fortifications;  et,  pour 
mieux  obéir,  on  confia  toute  l'autorité 
militaire  à  un  seul  chef  qui  fut  Hermo- 
crate,  personnage  également  illustre 
et  par  sa  valeur  et  par  son  expérience. 
Cependant  les  Athéniens  s'empare**- 
rent  d'Ëpipole;  et,  malgré  les  tré^ 
quentes  sorties  des  assiégés,  ils  vinrent 
à  bout  d'environner  la  ville  d'un  mur 
de  circonvallation.  Nicias,  par  le  rappel 
et  l'exil  d'Alcibiade  et  la  mort  de  La- 
macchus, tué  dans  une  action,  se  vit 
sans  coflègue  et  seul  maftre  de  toutes 
les  opérations.  Ce  général,  parai>sant 
oublier  tout  à  coup  sa  lenteur  ordi- 
naire, fit  entrer  sa  flotte  dans  les  deux 
ports,  et  pressa  vivement  la  ville  par 
terre  et  par  mer.  Syracuse ,  ainsi  blo- 
quée et  toujours  vaincue,  se  voyait  ré- 
duite à  la  dernière  extrémité.  Déjà  les 


m  u  DÉmnst 


cItoyeDi  déie^iéréi  lODgeaienl  à  M 
rtndre,  lorsque  Cylippe,  capitaine  la- 
c6déiDonien ,  envoyé  à  leur  secours 
ayec  de  bonnes  troupes»  survint  tout  à 
coupfSans  queNiciasse  Tût  misenpeine 
de  l'empêcher  d'aborder,  tant  il  cooip- 


tait  sur  la  victoire  !  Aussitôt  l'espérance   cher.  Il  perdit  nn  grand  ndlnbre  de 


renaît  dans  tous  les  cœurs.  La  joie  pu- 
blique fait  cent  folies.  On  proclame  le 
Spartiate  père  et  libérateur  de  Syra- 
cuse. Ce  général  ne  trompa  point  l'at- 
tente des  alliés.  Il  commença  par  faire 
savoir  aux  Athéniens  qu'il  leur  donnait 
finq  jours  pour  sortir  de  Sicile.  On  ne 
iaigoa  pas  répondre  i  cette  proposî^ 
Bon.  Quelques  soldats  demandèrent 
ffà  héraut  «  Si  la  présenoe  d'une  cappe 
ilacédémonienne  et  d'un  méchant  hit- 
»  ton  pouvaitfaire changer lafortune?» 
EnGn,  il  fallut  de  part  et  d^autre  se  dia^ 
poser  à  une  bataille.  Le  fort  Labdale 
fut  emporté  d*assaut,  et  tous  les  Atbè* 
niens  qui  le  défendaient  passés  au  fil 
de  l'épée.  Chaque  jour  on  en  venait  à 
de  petits  combats  où  Cylippe  avait  con- 
stamment l'avantage.  Tant  de  pertes 
affaiblirent  tellement  Nicias  qu'il  fut 
obligé  de  se  cantonner  vers  la  côte  de 
Plemyre^  qui  forme  l'entrée  du  grand 
>oct,  afin  d'y  conserver  ses  bagages  et 
le  pouvoir  soutenir  sa  flotte.  II  n'y  fut 
^as  long-temps  en  repos.  Le  Lacédé^ 
âionien  vint  l'attaquer,  emporta  ses 
forts,  s'empara  d'une  partie  de  ses  ba- 
gages, pendant  que  les  Syracusains 
battaient  sur  mer  la  flotte  ennemie. 
L'infortuné  Niciasétaitdans  la  dernière 
consternation.  Il  avait  instruit  Athènes 
du  triste  état  où  se  trouvait  l'armée 
depuis  le  débarquement  des  Spartiates; 
on  lui  avait  promis  du  secours,  mais  il 
n'arrivait  point,  et  ses  besoins  étaient 
pressans.  Enfin,  il  était  sur  le  point  de 
périr,  lorsqu*on  vit  une  flotte  athé- 
fiienne    de    soixante-treize    galères, 
.ommandée  par  Démosthène ,  entrer 


fièrement  dans  le  port  Gt  gênéni, 
moins  expérimenté  que  brave ,  pour 
profiter  de  Talarme  où  son  approcbe 
inopinée  avait  jeté  la  ville,  forma  son 
IcH^hamp  quelques  attaques,  contrs 
l'avis  de  Micias.  Sa  tèoiérîté  lui  coitti 


soldats,  et  détruisit  en  un  matant  tootei 
les  espérances  que  son  arrivée  avait  (Ut 
nahre.  Bientôt  les  Athéni^s  se  virent 
réduits  à  une  extrémité  plus  triste  eih 
core  qu'auparavant.  On  songea  à  levtr 
le  siège  après  avoir  tenté  lafortune  dans 
un  nouveau  combat  naval,  la  victoire  fat 
ehcore  pour  les  assiégés,  qui  Atèreot 
même  à  leurs  ennemis  les  moyens  de 
ftair  par  mer,  en  les  enfermant  dans  le 
grand  port.  Il  fallut  donc  tidier  de 
s'échapper  par  terre.  Hermocrate  ea 
ayant  eu  avis,  s'empara  de  tous  les  pas» 
sages  à  l'insu  des  Athéniens.  Ces  mal^ 
heureux  fugitifs  s'étant  mis  en  mar- 
che pendant  la  nuit,  tombèrent  dans 
les  embuscades  qu'on  leur  avait  dres- 
sées de  toutes  parts.  Ils  se  défen- 
dirent long-temps  comme  des  lions; 
mais,  vaincus  par  le  nombre,  par  la  fa- 
tigue et  par  la  faim ,  ils  se  rendirent 
tous  à  discrétion.  On  les  jeta  dans  la 
prison  publique ,  où  ib  menèrent  une 
vie  plus  triste  mille  fois  que  la  mort  la 
plus  cruelle.  Nicias  et  Démosthène 
leurs  chefs,  périrent  par  la  main  d% 
bourreau,  au  mépris  de  la  parole  qn'oa 
leur  avait  donnée.  Telle  fet  l'issue  de 
cette  guerre  qui  durait  depuis  pins  de 
deux  ans,  et  dont  Athènes  s*était  pro- 
mis les  plus  grands  avaritageji 

Siège  de  Veles  par  lei  Romains,  3a»  «oi  arant 

lêttti^Ctirlil. 

La  république ,  fittguée  de  se  voir 
sans  cesse  traversée  dans  ses  projets 
par  les  Yéiens,  leur  dédara  la  guerre, 
après  une  frète  de  vingt  ans;  et,  poar 


mîcut  réu«ir  dans  ce  grand  dessein , 
on  résolut  le  siège  de  leur  capitale.  Si- 
tuée sur  un  roc  très  escarpé,  abondam- 
ment pourvue  de  tout,  la  famine  seule 
pouvait  la  réduire.  L'ouvrage  était 
long,  mais  il  n'effraya  pas.  Il  fallait 
défendre  le  soldat  des  rigueurs  de  l'hi- 
ver ;  on  lui  ilressa  des  tentes  de  peaux, 
qoi  lui  tinrent  lieu  de  maisons.  Les 
Velens,  darft  une  sortie,  avaient  sur- 
pris les  as^iégeans,  brûlé  leurs  machi- 
nes, ruiné  la  plupart  de  leurs  ouvrages. 
Tous  les  ordres  do  TËtat,  enflammés 
du  désir  de  la  vengeance,  jurèrent  de 
ne  point  partir  du  camp  que  la  ville 
a*eût  été  prise.  Les  chevaliers ,  aux- 
quels la  république  devait  fournit"  des 
chevaux,  offrirent  de  se  monter  à  leurs 
dépens.  Le  sénat,  qui  ne  cherchait  que 
la  gloire  et  l'intérêt  de  l'empire,  char- 
mé de  ce  zèle  unanime,  assigna,  pour 
la  première  fois,  une  paie  aux  gens  de 
cheval,  et  à  tous  les  volontaires  qui  se 
rendraient  au  siège.  On  eut  bientôt  ré- 
tabli les  ouvrages  ruinés;  on  en  fit  de 
nouveaux  et  plus  considérables  que  les 
premiers.  Rome  concevait  les  plus 
grandes  espérances,  lorsque  les  brouil- 
leries  et  la  haine  des  tribuns  militaires, 
L  Virginius  et  M.  Sergius ,  qui  com- 
mandaient l'armée ,  firent  presque 
échouer  ses  efforts.  Les  Capenates  et 
les  Falisques ,  voisins  des  Velens ,  et 
par  conséquent  intéressés  à  leur  con- 
servation, armèrent  secrètement,  sur- 
prirent et  attaquèrent  le  camp  des 
Eomatfis.  Les  deux  tribuns ,  ne  pou- 
vant vivre  en^mble,  s'étaient  séparés, 
et  avaient  partagé  Tarmée  en  deux 
corps.  Les  ennemis  tombent  sur  Ser- 
gius. En  même  temps,  les  assiégés,  de 
concert  avec  eux ,  font  une  sortie  et 
l'attaquent  de  leur  cAté.  Le  soldat, 
étonné,  combat  faiblement,  et  plutôt 
pour  défendre  sa  vie  que  pour  donner 


DBS  fLkCMÈ  MRtËS.  Sfg 

tôt  sa  sûreté  (fans  ta  llitte.  Tùut  s'é- 
branle, tout  se  confond  ;  la  déroute  de- 
vient générale.  Virginius  aurait  pu 
sauver  son  collègue  ;  mais  il  aima  mieux 
satisfaire  sa  jalousie  et  sa  haine ,  en 
jouissant  de  sa  défaite.  Le  sénat  les 
obligea  d^abdiquer  leur  charge.  On  fit 
leur  procès,  et  on  les  condamna  h  une 
grosse  amende  :  faible  punition  pour 
un  4  grand  crime  !  Les  Falisques  et  les 
Capenates,  enflés  de  leurs  succès,  re- 
vinrent à  la  charge  ;  mais  pour  cette 
fois,  ils  furent  repoussés  avec  une  per- 
te considérable.  Cependant  le  siège 
n'avançait  pas  beaucoup  ;  et  tout  l'ef- 
fort des  armes  roiiiaines  se  terminait  à 
ravager  les  terres  des  ennemis.  L'an- 
née suivante,  hi  guerre  fut  encore  plus 
malheureuse.  Sous  de  vains  prétextes 
de  religion ,  on  déposa  les  tribuns  mi 
litaires  dont  on  n'était  pas  content.  On 
eut  recours  à  un  dictateur,  comme 
dans  les  plus  pressans  besoins  de  la 
république.  M.  Furius  Camillus,  dont 
la  rare  valeur  et  la  haute  capacité 
avaient  brillé  plus  d'une  fois  dans  le 
commandement,  fut  élevé  à  cette  su- 
prême dignité.  La  présence  de  ce 
grand  homme  rétablit  la  discipline  mi- 
litaire, énervée  par  la  division  des 
chefs ,  et  ramena  la  fortune  sous  les 
étendards  des  Romains.  On  serra  la 
place  de  plus  près  ;  et ,  par  son  ordre , 
on  releva  les  forts  que  les  ennemis 
avaient  renversés,  il  défit  les  Falisques 
et  les  Capenates  ;  et ,  après  cette  vic- 
toire ,  de  mauvais  augure  pour  la  ville 
assiégée ,  fl  fit  pousser  l'attaque  avec 
beaucoup  d'ardeur.  Mais ,  désespérant 
enfin  de  réussir  par  la  fbrce,  il  eut  re- 
cours à  la  sape  et  aux  mines.  Ses  sol  • 
dats,  à  force  de  travail,  et  è  Tinsu  des 
assiégés,  s'ouvrirent  une  route  sonter^ 
raine,  qui  les  conduisit  jusque  dans  le 
château.  De  là ,  se  répandant  dans  la 


la  mort  à  renoemi.  Ou  cherche  bien-  (  ville,  tandis  que  le  général  amuiait  les 


n 


S76 


lui  Lk  wànmz 


Veiens  par  un  assaut,  les  uns  allèrent 
charger  ceux  qui  défendaient  les  mu- 
railles ;  les  autres  rompirent  les  portes, 
et  toute  l'armée  entra  en  foule  dans  la 
place.  Les  citoyens,  éperdus,  ne  savent 
où  fuir.  Toutes  les  issues  sont  fermées. 
Les  uns  sont  écrasés  sous  la  chute  des 
maisons  qui  s'écroulent  :  les  autres  sont 
consumés  dans  les  flammes.  Partout 
on  voit  paraître  l'aflreuse  image  4e  la 
mort.  Le  soldat  furieux  immole  tout  ce 
qui  s*oirre  à  ses  coups.  On  n'entend  de 
toutes  parts  que  des  cris  lamentables. 
Le  dictateur,  touché  d'un  si  triste 
spectacle ,  fait  cesser  le  i^arnage ,  dé* 
sarmc  les  prisonniers  ;  et,  pour  s'ac- 
quitter de  sa  promesse,  abandonne  le 
pillage  à  ses  troupes  victorieuses.  Ainsi 
tomba,  après  dix  ans  de  siège,  cette 
superbe  ville ,  qui  avait  été ,  durant 
trois  cent  cinquante  sept  ans,  la  plus 
redoutable  rivale  de  Rome.  La  répu- 
blique n'apprit  cette  victoire  qu*avec 
les  transports  de  la  joie  la  plus  vive  ;  et 
tous  les  ordres  de  TËtat  s'empressèrent 
à  l'envi  d'honorer  le  triomphe  de  Ca- 
mille. 

Siège  de  Tyr  par  Aleiaodre-Ie-Grtnd,  33a  aoi 
avaDl  Jésas-Chriftt. 

L'ancienne  ville  de  Tyr  ayant  été 
détruite  par  Mabuchodonosor,  573  ans 
avant  l'ère  chrétienne,  les  habitans  s'é- 
taient retirés  dans  une  Ile  voisine  où 
ils  bâtirent  une  nouvelle  ville  qui  porta 
le  même  nom,  et  dont  la  gloire  effaça 
bientôt  le  souvenir  de  la  première. 

La  nouvelle  Tyr  s'appelait  orgueil- 
leusement la  Btine  de  la  mer^  qui  en 
effet  lui  apportait  le  tribut  de  toutes 
les  nations  du  monde.  Elle  voulait  bien 
reconnaître  Alexandre  pour  ami,  mais 
non  pour  outltre.  Le  conquérant  de 
l'Asie  la  fit  sommer  de  se  rendre.  Il  ne 
bit  point  écouté  ;  il  se  disposa  donc  à 


l'attaquer  dans  les  formes.  Il  éleva  une 
digue  qui  fut  d'abord  ruinée  par  les  as* 
sièges  avec  tous  les  ouvrages  qui  avaient 
coûté  bien  des  sueurs  à  ses  soldats.  Il 
la  rétablit  avec  plus  de  peine  encore; 
mais,  lorsqu'on  l'achevait,  un  vent  im- 
pétueux la  renversa.  Il  y  fit  travailler 
de  nouveau  ;  et,  pour  chasser  les  enne- 
mis qui  étaient  maîtres  de  la  mer,  il  as- 
sembla une  flotte.  La  digue  fut  bientôt 
conduite  au  point  où  la  voulait  Alexan- 
dre. Il  fit  dresser  des  tours  et  des  béliers 
et  s'avança  avec  sa  flotte  contre  les  mu* 
railles.  Les  Tyricns,  désespérés,  ne  sa- 
vaient quel  parti  prendre,  lorsque  tout- 
à -coup  il  s'éleva  un  furieux  orage  qui 
les  sauva  encore  pour  cette  fois.  Ils 
avaient  envoyé  des  ambassadeurs  a 
Carthage  pour  demander  du  secours  à 
cette  colonie  sortie  de  leur  sein.  Elle 
était  dans  un  aussi  triste  état  qoe  sa 
mère.  Frustrés  de  cette  espérance,  ib 
ne  perdirent  point  courage.  Pour  se 
défendre  avec  plus  d'intrépidité,  ils  en- 
voyèrent leurs  femmes  et  leurs  enfans 
à  Carthage  ;  il  n'y  eut  point  d'inven- 
tions et  de  stratagèmes  dont  ils  ne  s'a- 
visassent pour  ruiner  les  travaux  des 
assiégeans,  et  faire  échouer  leurs  atta- 
ques vives  et  fréquentes.  Enfin  le  roi 
de  Macédoine,  irrité,  fit  donner  an 
assaut  général.  Januiis  l'on  n'attaqua 
et  l'on  ne  se  défendit  avec  plus  de  va- 
leur. Alexandre  lui-même  monta  lor 
une  haute  tour,  où,  étant  reconnu  par 
la  richesse  de  ses  armes ,  il  servit  de 
but  à  tous  les  traits  des  assiégés.  Les 
Macédoniens,  animés  par  l'exemple  et 
le  danger  de  leur  prince,  redoublèrent 
de  courage,  prirent  enfin  la  ville  et  tuè- 
rent tout  ce  qui  s'offrit  à  leur  fureur. 
On  fit  trente  mille  prisonniers  qui  fu- 
rent tous  vendus.  Cette  ville  avait  sou- 
tenu, durant  sept  mois,  tous  les  efforts 
d'Alexandre,  l'an  332  avant  Jésu»- 
Christ. 


Ht  WLàOm  WOWiU. 


vn 


*  UirMt  vtf  les  Cartkaihiolf ,  l'ao  «a 
«finlJétiit-ClirUt. 


lilybée  était  la  plus  forte  pbce 
4li*eiiS8ent  les  Carthaginois  en  Sicile, 
et  n  perte  devait  entraîner  celle  de 
tout  ce  qui  leor  restait  dans  Tile.  Les 
Bomains  n'oublièrent  rien  pour  s'en 
rendre  maîtres,  ni  les  ennemis  pour  la 
bien  défendre.  Les  consuls,  ayant  fait 
I^èr  leurs  machines ,  abattirent  plu- 
liean  tours  à  coups  de  bélier.  Les  as- 
ilégés.  serrés  de  fort  près ,  firent  une 
•ortie.  la  flamme  à  la  main ,  pour  rui- 
ner les  ouvrages  :  ils  furent  repoussés 
•rec  perte.  Mais  une  antre  toU ,  ayant 
proDlé  d*un  vent  favorable,  Tincendic 
qalb  causèrent  fut  si  grand ,  que  tous 
les  eflbrts  des  assiégeans  ne  purent 
l'arrêter.  Cet  accident  fit  changer  le 
siège  en  blocus.  La  nouvelle  qui  en 
vint  à  Rome,  loin  d'abattre  les  esprits, 
semtria  renouveler  Tardeur  et  le  cou- 
rage des  citoyens;  dix  mille  hommes 
pMaèrent  le  détroit,  et  allèrent  joindre 
les  assiégeans.  Cependant  ce  renfort 
ne  hâta  pas  le  succès  du  siège.  Les 
Dottei  ronuiines,  chargées  de  porter 
lei  vivres  et  des  machines,  furent  ou 
lébitcs  à  force  ouverte ,  ou  brûlées 
;Mr  Carthalon  qui  les  surprit;  eniln, 
ine  tempête  causa  tant  de  dommage  à 
a  marine  des  Romains,  qu*il  ne  leur 
Mtait  plus  que  deux  vaisseaux  ;  ils  re- 
MNicèrent  donc  à  la  mer  sans  lever 
iqnrtont  le  siège  de  Lilybée.  On  fut 
iliiaieurs  années  sans  faire  rien  de  re- 
narquable.  C'étaient  Uius  les  jours  de 
KMiTelles  ruses  de  guerre,  des  pièges, 
lea  surprises,  des  approches,  des  atta- 
Ijoes;  mais  rien  n'était  décisif.  Il  fallut 
lire  de  nouveaux  efforts  pour  équiper 
ine  nouvelle  flotte  ;  le  zèle  des  parti- 
nliers  eut  bicntAt  mis  deux  cents  ga- 
ireê  en  mer  ;  on  en  donna  le  com- 
aandement  au  consul  Lutatius,  qui 


s'empara  de  tous  les  postes  avantageux 
qui  étaient  aux  environs  de  Lilybée. 

Il  prévoyailqu'ilfaudraît  incessamment 
venir  à  un  combat;  aussi  n'oubiia-t-il 
rien  pour  en  assurer  le  succès.  Ln  flotte 
ennemie  parut  bientôt.  Le  dessein 
d'IIannon,  qui  la  commandait,  était 
d'approcher  d*£ryz  sans  être  nperçif 
des  Romains,  pour  déposer  ses  vivresK 
et  prendre  avec  lui  le  vaillant  Amilcar; 
mais  le  consul  pénétra  ses  vues,  et  les- 
fit  échouer  par  sa  présence  subite.  Il 
indiqua  le  combat  poui  le  lendemain. 
Malheureusement  le  vent  se  trouva  fa- 
vorable aux  ennemis.  11  hésita  s'il  de- 
vait donner  la  bataille  ;  cependant,  fai- 
sant réflexion  qu'il  n'aurait  à  faire  qu'à 
des  vaisseaux  chargés  et  pesans,  au  lieu 
que,  s'il  attendait  le  calme ,  il  lui  fau- 
drait combattre  contre  l'élite  de  l'ar- 
mée de  terre,  et,  ce  qui  était  encore 
plus  formidable,  contre  le  courage  in- 
trépide d'Amilcar,  il  ne  délibéra  plus, 
il  lit  donner  le  signal.  L'animosité  des 
deux  nations  rendit  le  combat  cruel  et 
douteux;  mais  l'infatigable  valeur  des 
Romains  l'emporta.  Les  Cartiuiginois 
prirent  la  fuite;  cinquante  de  leurs 
vaisseaux  furent  coulés  à  fond,  et 
soixante  et  dix  pris  avec  tout  l'équi- 
nage.  Le  nombre  des  prisonniers  passa 
ùu  mille.  Cette  défaite  désespéra  Car- 
thage  :  elle  demanda  la  paix  à  quelque 
prix  que  ce  fût  ;  Rome  la  lui  vendit 
cher.  Un  des  articles  du  traité  était 
l'évacuation  de  Lilybée  et  de  toute  la 
Sicile.  Ainsi  finit  la  première  guerro 
punique. 

Si<f0  de  SafoolA  pir  AnnibaL  l'an  219  araat 

Jéaut-Christ. 

Annibal,  qui  avait  hérité  de  son  père 
une  haine  mortelle  contre  les  Komains, 
ne  put  voir  sans  indignation  l'asservis- 
sement de  sa  patrie  à  ces  fiers  répu- 
blicains. II  prépara  tout  de  loin  pour 

87 


nmpf0  mmêmaMH  llndigiié  tnôlé'pfir 
Iwpiel  Caithagc  «fait  perte  801  |do8 
toftux  domaines;  et,  formant  dèa^ors 
le  dessein  hardi  de  porter  la  guerre  et 
la  terrror  de  ses  armes  jusqu'aux  pop- 
tes  de  Rome,  il  commença  le  siège  de 
tagonte,  ville  puissante  et  riche,  alliée 
Êtes  Romains,  et  qni  seule  powait  faire 
échouer  ses  ambitieux  projets.  On  éle- 
¥a  des  oufrages,  on  attaqua  la  ville  de 
trois  côtés  différons ,  on  fit  agir  le  bé- 
lier^  on  ébranla  les  murs^  on  fit  tomber 
des  tours;  mais  les  Sagontinsse  défen- 
^  4atent  avec  courage»  Tous  les  jours  on 
en  vient  aux  mains  ;  la  victoire  est  sou* 
vent  incertaine,  et  si  Tennemi  fait  des 
Jhrèches,  elles  sont  aossiiAt  réparées 
par  de  nouveaux  murs.  Les  Romains 
apprirent  Textrémité  oà  étaient  réduits 
leurs  fidèles  alliés;  au  Udu  do  voler  à 
'  leur  secours,  on  envoie  uno  ambassade 
é  Carthage.  Elle  y  fut  reçue  avec  hau- 
teur. Le  plus  ancien  dea  députés  de- 
manda la  cause  du  siège  de  Bagonte. 
Les  sénateurs  ne  répondant  point  i  sa 
question  :  a  Je  porte ,  leur  dit*il  d*«n 
ton  fier  en  leur  montrant  un  pan  de  sa 
robe  qui  était  plié,  je  porte  ici  Ja  paix 
ou  la  guerre  ^  choisissez.  »  On  loi  ré- 
pondit qu'il  pouvait  choisir  lui-même. 
«  £h  bien,  je  vous  donne  donc  la 
guerre,  répliqua«^t«il  en  déployant 
h  pan  de  sa  robe.  «  Nous  Tac- 
eeptona  de  bon  cœur  et  la  ferons  de 
même ,  »  s' écrièrent  les  Carthaginois 
avec  fierté.  Ainn  commença  ta  eeconde 
goen'e  punique  (l'an  do  Rome&M). 
Cependant  Annibal  pressait  le  stége 
avec  beaucoup  d*ardeur.  Les  Sagontins 
étaient  réduits  à  la  dernière  misère  et 
se  voyaient  sans  ressources.  On  parla 
d'accommodement;  mais  les  condi* 
tiens  leur  parurent  si  dures,  qu'ils  ne 
purent  se  résoudre  à  les  accepter.  Les 
sénateurs  tjrent  porter  dans  la  place 
oblique  tQut  lenr  or  et  leur  arî^ent,  et 


celui  qui  appartenait  en  oomnmti  i 
l'État,  te  jmèran^dawiilte  qa'ih 
avaient  fait  allumer  pour  eét  effet  et  s'y 
précipitèrent  eux-mêmes.  Dsns  ce 
moment,  une  tour,  que  les  béliers  Trap- 
paiçnt  depuis  long-temps»  tombe  toute 
coopavec  un  bruit  épouvantable.  Anssi* 
têilesCar  thaginoisentrent  en  rpoIedaDi 
la,  ville  1 3'en  rendent  maîtres  en  peQ 
do  temps ,  et  passent  au  61  de  l'épée 
toiis  ceujç  qui  étaient  en  âge  de  porter 
les  armes.  Malgré  l'incendie ,  le  butia 
fut  fort  grand  :  Annibal  réserva  tout 
l'or  et  tout  ragent  pour  servir  à  ses 
desseins.  Ainsi  fut  prise  cette  ville  in- 
fortunée, victime  de  son  alliance  avec 
les  Romains,  après  huit  mois  du  siège 
le  plus  cruel  et  le  plus  laborieui  qai 
fût  jamais. 

Slégç  de  CtrtHwge  per  let  Boiaaiiis»  M  us 
■Taol  Jéiui-Christ. 

Cartbage  sur  pied  rappelait  toujours 
le  souvenir  des  batailles  de  Trasiméne 
et  de  Cannes.  C'était  une  perspective 
affligeante  pour  Rome,  On  résolut  de 
la  détruire,  et  ce  Tut  le  sujet  de  la  troi- 
sième guerre  punique.  A  peine  les 
Carthaginois  eurent-ils  appris  que  Tar- 
mée  romaine  approchait ,  qu'ils  en- 
voyèrent des  députés  aux  consuls, 
pour  se  livrer,  eui,  et  tout  ce  qui  leur 
appartenait,  entre  les  maInS  des  Ro- 
mains. Après  leur  avoir  demandé  des 
otages,  on  leur  ordonna  de  livrer  sans 
fraude  et  sans  délai  toutes  leurs  arma. 
Cet  ordre  était  dur  ;  mais  II  fallait  se 
résoudre  à  l'accepter.  On  l'exécuta  sur- 
le-champ.  On  vit  arriver  dans  le  camp 
une  longue  suite  de  chariots  chargés  de 
tous  les  préparatllb  de  guerre  quiétaient 
dans  Carthage:  deux  cent  mille  armu- 
res complètes,  un  nombre  inOni  de 
traits,  de  javelots,  deux  mille  machi- 
ner propres  à  lancer  des  plcric»  et 


Ml  métm  rvBw». 


A»ft  dutdà^  MâffcbAÎMl  611111116  1m  di* 

poié»  oirtlnigîAoîi»*  Mfiompagnéft  d« 
C6  fie  le  Sénat  avait  de  plm  respeo* 
tables  vieillards,  et  la  religion  de  plus 
v^irabies  prêtres,  pour  tâcher  d'ex- 
citer la  eompasaioo.  a  Je  loue  votre 
a  promptitude*  leur  dit  Censorinus, 
sTuD  des  consuls.  Le  Sénat  vous 
a  ordonne  encore  de  sortir  de  Car^r 
s  thage  qu'il  veut  détruire,  et  de  trans« 
s  porter  votre  demeure  ou  il  vous  plai« 
s  ra,  pourvu  que  ce  soit  à  quatre  lieues 
sde  la  mer.a  Ce  fut  un  ooopde  foudre 
pour  les  députés»  En  vain  se  livrèrent* 
ils  aux  plus  grands  transports  da  la  dou» 
leur;  en  vain  essayèrent-ils  d'attendrir 
las  Romains  ;  il  fallut  partir,  et  porter 
ACarthage  cette  réponse  désespérante* 
Un  cri  général  apprit  au  peuple  quel 
était  son  sort;  etausiîtAtle  désespoir, 
la  rage,  la  fureur  s'emparèrent  de  tous 
les  cœvs.  On  se  détermina  tout  d'un 
coup  i  défendre  la  patrie.  Asdrubal  eut 
le  cooimandement  des  troupes.  On  se 
hAta  de  fabriquer  des  armes,  i^s  tem- 
ples, tes  palais,  les  places  publiques  de- 
vinrent autant  d'ateliers.  Hommes  et 
fèmises  y  travalUaient  jour  et  nuit. 
Chaque  jour  on  faisait  cent  quarante 
boucUers,  trois  cents  épées,  cifu|  cents 
piques  on  javelots ,  mille  traits  et  un 
grand  nombre  4e  machines  pour  les 
lancer..  On  manquait  de  matières  pour 
faire  des  cordes  :  les  femmes,  excitées 
par  un  beau  zèle,  coupèrent  leurs  che^ 
veux.  Les  consuls  actuels  et  leurs  suc* 
ccsseura  ne  firent  rien  de  considérable  ; 
ils  se  contentèrent  d'assiéger  faible^ 
ment  la  rivale  de  l'empire,  et  plnstenrs 
fois  même  ils  essuyèrent  de  grandes 
pertes.  Ce  ne  fut  que  la  troisième  aor 
née  da  la  guerre,. que  Scipion»  sur-* 
nommé  depuis  le  second  Africain ,  et 
petii-fils  adopUC  du  grand  Sdpion, 
ayant  été  déclaré  consul,  eut  la  ^oire 
du  renverser  Garthage. 


Cette  superbe  viUe  contenait  alom 
sept  cent  mille  hsbitans*  Elle  était  si* 
tuée  dans  le  fond  d'un  golfe,  environ^ 
née  de  la  mer ,  en  forme  d'une  pres^ 
qu'île,  dont  l'isthme,  qui  la  joignait  au 
continent,  était  large  d'une  lieue  et  un 
quart*  I^  presqu'île  avait  dix-huit 
lieues  de  circuit.  Du  côté  du  continent, 
outre  la  citadelle  appelée  Byrsa,  la  ville 
était  dose  d*uue  triple  muraille  haute 
de  trente  coudées,  sans  les  parapets  et 
les  tours  qui  la  flanquaient ,  à  égales 
distances,  et  qui  étaient  séparées  Taue 
de  l'autre  de  quatre-vingts  toises*  Il  y 
avait  deux,  ports  du  côté  du  cou- 
cjbant.  Le  premier  était  pour  les  mar- 
chands, l'autre,  pour  les  vaisseaux  de 
guerre  ;  ainsi,  l'on  peut  distinguer  trois 
parties  dans  Cartbage  ;  le  port  qui  était 
double ,  appelé  quelquefois  Cothou ,  à 
cause  d'une  petite  Ile  de  ce  nom  qui 
était  vis-à-vis;  la  citadelle  Byrsa,  et  la 
ville  proprement  dite,  qui  environ- 
nait la  citadelle ,  et  était  nommée  Mé^r 
gara, 

Scipion ,  après  avoir  rétabli  la  disci- 
pline militaire  entièrement  ruinée, 
songea  à  pousser  le  siège  avec  vigueur. 
Ayant  fait  prendre  à  ses  troupes  des 
haches,  des  leviers  et  des  échelles,  il 
les  conduisit,  de  nuit,  en  grand  si-- 
lence^  vers  Mégara ,  qu'il  attaqua  vive- 
ment, en  jetant  de  grands  cris.  Les 
ennemis  furent  effrayés  de  cet  assaut 
nocturne  et  soudain.  Néanmoins,  ils  se 
défendirent  avec  courage,  et  les  Ro- 
mains ne  purent  escalader  les  murail- 
les. Scipion  aperçut  une  tour  qu*on 
avait  abandonnée  :  il  y  envoya  un  boa 
nomtoede  soldats  hardis  et  déterminés, 
qui ,  par  le  moyen  des  pontons ,  passé- 
reatde  la  tour  sur  les  murs,  se  jetèrent 
dans  Mégara  et  en  brisèrent  les  portes. 
Le  général  y  entra  dans  le  moment, 
chassa  de  ce  poste  les  ennemis  qui , 
troiihléaparcettenouvellaattaque  aussi 


M* 


DE  Là  DftmiM 


impréfiie  que  la  première,  et  croyant 
que  toute  la  Tille  avait  été  prise,  s'en- 
fuirent dans  la  citadelle,  et  y  furent 
suivis  par  les  troupes  mêmes  qui  cam* 
paient  hors  de  la  ville.  Elles  abandon- 
nèrent leur  camp  aux  Romains,  et 
son^'^nt  aussi  à  se  mettre  en  sûreté. 
AsdroHal ,  irrité  de  cette  honteuse  dé- 
route fit  avancer  sur  les  murs  tout  ce 
qu*il  avait  de  pn^onniers  romains,  et  i 
la  vue  des  ennemis,  il  leur  fit  subir  les 
supplices  les  plus  cruels.  On  leur  cre- 
vait les  yeux  ;  on  leur  coupait  le  nez , 
les  oreilles,  les  doigts;  on  leur  arra* 
chait  toute  la  peau  de  dessus  le  corps 
avec  des  peignes  de  fer;  enfin,  on 
mettait  le  comble  à  cette  barbarie,  en 
les  précipitant  du  haut  des  remparts. 
Ces  exécutions  inhumaines  firent  hor- 
reur aux  Carthaginois;  mais  le  tyran 
ne  les  épargnait  pas  eux-mêmes,  et 
plusieurs  sénateurs,  qui  s'opposaient  à 
son  despotisme,  payèrent  de  leur  vie 
leur  zèle  trop  généreux.  Scipion  se 
voyant  maître  de  Tlsthme ,  fit  cons- 
truire un  mur  du  cAté  des  assiégés , 
qu'il  acheva  au  bout  de  vingt  jours ,  et 
qui  mit  ses  troupes  en  sûreté,  en 
même  temps  qu'il  coupait  les  vivres  i 
la  place,  où  l'on  n'en  pouvait  plus  por- 
ter que  par  la  mer,  ce  qui  souffrait  de 
très  grandes  difficultés,  parce  que  la 
flotte  romaine  faisait  une  garde  exacte. 
Après  ce  grand  ouvrage,  si  heureuse- 
ment exécuté,  il  en  entreprit  un  autre 
plus  étonnant  encore  ;  ce  fut  de  fer- 
mer l'entrée  du  port  par  une  levée. 
Les  assiégés  insultèrent  d'abord  à  l'ap- 
parente tf^mérité  du  consul;  mais, 
quand  ils  virent  que  Touvrage  avançait 
considérablement,  ils  commencèrent 
à  craindre,  et  songèrent  à  prendre  des 
mesures  pour  le  rendre  inutile.  Fem- 
mes et  enfans,  tout  le  monde  se  mit  à 
travailler,  avec  un  tel  secret ,  que  Sci- 
pion ne  put  jamais  rien  apprendre  par  I 


les  prisonniers,  qui 
ment  qu'un  grand  bruit  ae  faisait  en- 
tendre dans  le  port,  sans  qu'on  sût  ce 
qui  s>  faisait. 

Enfin,  tout  étant  prêt,  les  Car- 
thaginois ouvrirent  tout  d*un  coup 
une  nouvelle  entrée  d-un  autre  celé 
du  port,  e*   parurent  en  mer  avec 
une  flotte  assez  nombreuse,  nouvel- 
lement construite  avec  les  vieux  mu- 
tériaux  qui  se  trouvèrent  dans  les  ma- 
gasins. On  convient  que,  sTils  avaient 
été  sur-le-champ  attaquer  la  flotte  ro- 
maine ,  ils  s'en  seraient  infailliblement 
rendus  maîtres,  parce  qu'ils  l'auraient 
trouvée  sans  rameurs,  sans  soldats, 
sans  officiers.  Us  se  contentèrent  de 
braver  l'ennemi ,  et  ne  se  présentèrent 
que  deux  jours  après  pour  se  battre 
sérieusement.  Cette  bataille  devait  dé- 
cider du  sort  des  deux  partis  :  elle  fal 
longue  et  opinfêtre.  Dans  le  combat,  les 
brigantins  carthaginois  se  codant  par 
dessous  les  bords  des  grands  vaisseaux 
des  Romains,  leur  coupaient  tantôt  la 
poupe,  tan  tôt  le  gouvernail ,  et  tanlét  les 
rames  ;  et  s'ils  se  trouvaient  pressés, 
ils  se  retiraient  avec  une  promptitnde 
merveilleuse,  pour  revenir  incontinent 
à  la  charge.  Enfin ,  les  deux  armées 
ayant  combattu  avec  un  égal  avantage 
jusqu'au  soleil  couchant ,  les  Carthagi* 
nois  se  retirèrent ,  dans  le  dessein  de 
recommencer  le  lendemain.  Une  partie 
de  leurs  vaisseaux  ne  pouvant  entrer 
assez  promptement  dans  le  port ,  parce 
que  l'entrée  ^n  était  trop  étroite ,  alla 
mouiller   ér/inrès  d'une  terrasse  fort 
spacieuse,  ou  les  Romains  les  poarsoi- 
virent.  Le  ccc^t  recommença  en- 
core plus  vivement  oue  jamais,  et  dura 
bien  avant  dans  la  nuit.  Les  Carthagi- 
nois y  souffrirent  beaucoup ,  et  ce  qni 
leur  resta  de  vaisseaux  se  réfugia  dans 
la  ville.  Le  lendemain  matin,  Sdpion 
attaqua  la  terrasse,  s'y  logea,  s'y  fo^ 


DW$  FUICES  FOJITB9. 


581 


Uflji,  et  y  fit  construire,  da  côté  de  la 
vifle,  one  maraille  de  briques,  sur  la- 
quelle il  plaça  quatre  mille  hommes, 
avec  ordre  de  lancer  sans  cesse  des 
traits  et  des  dards  sur  les  ennemis. 
Ainsi  Gnit  la  campagne  de  Tan  de 
Rome  605. 

Au  retour  du  printemps,  Scipion  at- 
taqua tout  à  la  fois  le  port  appelé  Co- 
Ibou  et  la  citadelle  ;  il  se  jeta  dans  la 
grande  place  de  m  ville,  voisine  de 
Byrsa,  et  d'où  Ton  montait  à  cette  for* 
teresse  par  trois  rues  en  pente,  bor- 
dées, de  côté  et  d'autre,  d*un  grand 
nombre  de  maisons,  du  haut  desquelles 
on  lançait  une  grêle  de  dards  sur  les 
Romains.  Ib  furent  contraints,  avant 
de  passer  outre,  de  forcer  les  premiè- 
res maisons,  et  de  s'y  poster,  pour 
pouvoir  de  la  chasser  ceux  qui  com* 
battaient  des  maisons  voisines.  Le  com- 
bat, au  haut  et  au  bas  des  maisons, 
dura  pendant  six  jours,  et  le  carnage 
fat  horrible.  Pour  nettoyer  les  rues  et 
en  faciliter  le  passage  aux  troupes,  on 
tirait  avec  des  crocs  les  corps  des  habi« 
tans  qu'on  avait  tués  ou  précipités  du 
haut  des  maisons ,  et  on  les  jetait  dans 
les  fossés,  la  plupart  encore  vivans 
et  palpitans.  Dans  ce  travail,  qui 
fut  long  et  pénible,  on  avait  soin  de 
relayer  les  soldats,  qui  avaient  suc- 
combé à  la  fatigue.  Le  seul  Scipion  ne 
voulut  point  dormir,  ni  se  donner  qu'à 
peine  le  temps  de  prendre  quelque 
nourriture.  Ixs  assiégés  étaient  aux 
abois,  et^  le  septième  jour  de  cette  at- 
taque, on  vit  paraître  des  hommes  en 
habit  de  supplians,  qui  demandaient, 
pour  toute  composition ,  qu'il  plût  aux 
Romains  de  donner  la  vie  à  tous  ceux 
qui  voudraient  sortir  de  la  citadelle  ;  ce 
qui  leur  fut  accordé»  Il  en  sortit  cin- 
quante mille ,  tant  hommes  que  fem« 
mes,  qu'on  Qt  pmer  ver^ le$  camps, 
tT«c^ifegard#,  Aidnii»!  fe  retran- 


cha dans  un  temple  d'£sculape,  avec  les 
transfuges,  au  nombre  de  huit  cents, 
et  sa  femme  et  ses  enfans.  Il  s'y  dé- 
fendit encore  quelque  temps;  mais 
enfin ,  vaincu  par  la  faim  ^t  la  fatigue, 
il  fallut  succomber.  Le  général  cartha- 
ginois, qui  voulait  sauver  sa  vie,  vint 
se  rendre  secrètement  à  Scipion ,  qui 
le  fit  voir  aussitôt  aux  transfuges.  Ces 
malheureux,  transportés  de  fureur, 
vomirent  contre  le  traître  mille  inju« 
res,  et  mirent  le  feu  au  temple.  Pen- 
dant qu'on  l'allumait,  la  femme  d'As- 
drubal ,  s'étant  parée  le  mieux  qu'elle 
put,  vint  se  mettre  à  hi  vue  de  Scipion 
avec  ses  deux  enfans,  et  après  avoir  ac- 
cablé de  reproches  son  perfide  époux , 
et  invoqué  contre  lui  la  vengeance  des 
dieux  et  des  Romains,  elle  égorgea  ses 
enfans,  les  jeta  au  feu ,  puis  s'y  préci- 
pita elle-même  :  tous  les  transfuges  en 
firent  autant. 

Ainsi  tomba  la  superbe  Carthage, 
cette  ville  qui  avait  ^été  si  florissante 
pendant  sept  cents  ans,  et  dont  l'em- 
pire était  comparable  aux  plus  vastes, 
aux  plus  redoutables  puissances.  Sci- 
pion ne  put  refuser  des  larmes  aux 
derniers  soupirs  de  cette  république 
fameuse,  la  Vivale  de  sa  patrie.  Il  l'a- 
bandonna au  pillage  pendant  plusieurs 
jours,  et  fit  mettre  en  réserve  l'or^  l'ar- 
gent, les  statues  et  les  ofirandes  qui  se 
trouvèrent  dans  les  temples,  et  oui 
servirent  d'ornement  à  son  triomphe. 


Siège  de  Numance  par  Scipion,  133  am 
avant  léana-Chrlst 


Les  Arvaques,  peuple  d'Espagne, 
dont  Numance  était  la  capitale,  avaient 
uni  leurs  forces  à  celles  de  Virialhus. 
Le»  Romains  songèrent  à  venger  cette 
infraction  des  traités.  Pendant  plusieurs 
années  on  ne  fit  que  quelques  tentati- 
yei  peu  lmpor»wtes,  Q,  Pomp^ïni,  \n 


582 


DB  LA  DÉFENâS 


rremier  noble  de  la  maison  des  Pôm- 
r^5e,  voulut  entreprendre  le  siège  de 
ia  capitale;  mais  il  fat  battu,  et  ses 
troupes   furent  tellement   affaiblies, 
qu'il  envoya  des  agens  secrets  pour 
conclure  un  traité  de  paix  avec  le» 
Numantins.  Quand  son  successeur  fut 
arrivé,  il  nia  qu'il  eût  Tait  aucun  traitéi 
et  la  guerre  recommença  de  nouveau. 
Les   Uomalns  essuyèrent  encore  de 
grandes  perles.  Popillos,  leur  général , 
s'approcha  de  Numance.  Les  habltans 
n'allèrent  point,  suivant  leur  usage,  &  la 
rencontre  de  l'ennemi.  Ils  se  tinrent 
renfermés  dans  leurs  murs,  sans  paraî-» 
tre  et  sans  faire  aucun  mouvement* 
Cette  apparente  tranquillité  trompa  le 
proconsul  ;  persuadé  que  les  assiégés, 
découragés  par  les  défaites  précédent 
les,  craignaient  d'en  venir  aux  mains , 
il  ordonna  à  ses  troupes  d'appliquer 
les  échelles  aux  murailles,  pour  esca- 
lader la  ville.  On  s'empresse  d'obéir« 
Popilius  alors,  voyant  qu'on  ne  se  dis* 
posait  pas  à  lai  résister,  conçoit  ({uel-^ 
que  soupçon.  Il  fait  sonner  la  retraite. 
Hais  le  soldat ,  flatté  d'emporter  la  Tille 
d'assaut ,'  et  de  s'enrichir  du  butin ,  se 
retire  à  regret  et  lentement.  Tout-à* 
Coup  les  assiégés  sortent  par  plusieurs 
portes,  renversent  tons  ceux  qui  étalent 
montés  sur  les  échelles,  poursuiveut 
les  autres,  et  défont  une  partie  de  l'ar^ 
mée.  Mancinns,  successeur  de  P6pi- 
lins,  vint  mrttre  le  comble  à  l'ignomi- 
nie des  Romains.  Il  n'y  eut  pas  une 
rencontre,  Il  ne  se  donna  pas  une  es-* 
carmouche  où  les  Numantins  n'eussent 
l'GVântage ,  en  sorte  que  le  soldat  ro- 
main, découragé,  ne  pouvait  phis  sou- 
tenir ni  la  voix,  ni  fa  vue  fun  Numan* 
tin.  Le  général  voulut  dissiper  cette 
frayeur  indigne  des  légions  de  la  répu- 
blique. Dans  cette  vue,  il  s'éioignH  de 
Numance  pendant  ia  nuit.  Mais  les  as- 
siégea, arerti»  de  sa  retraite,  partirent 


au  nombre  dé  quatre  mille,  counireftt, 
sans  perdre  de  temps,  après  les  fuyards, 
donnèrent  sur  rarrière-garde,  en  firent 
un  grand  carnage,  poussèrent  le  reste 
dans  des  lieux  fort  difficiles  et  presque 
sans  issue ,  et  quoique  Tannée  romat&e 
montât  à  plus  de  vingt  mille  hommes, 
ils  l'enveloppèrent  de  telle  sorte  qnll 
ne  lui  fut  pas  possible  de  se  retirer  de 
ce  mauvais  pas.  Mancinus,  désespéré, 
envoya  un  hérault,  pour  demander 
quelque  composition.  H  conclut  on 
indigne  traité,  par  le  ministère  de  Th 
bérius  Gracdus,  et  partit  pour  Rome.  • 
Ce  traité  fut  déclaré  uni,  et  l'on  conti- 
nua une  guerre  qui  affligeait  extrême- 
ment et  qui  déshonorait  le  peuple  ro- 
main. Vainqueur  de  tant  de  nations, 
il  voyait,  depuis  plusieurs  années,  tons 
ses  effortji  échouer  devant  une  ville,  et 
ses  armées  presque  toujours  battues 
par  des  ennemis  qui  d'eux-mêmes 
étaient  très  faibles,  et  que  la  seole 
incapacité  des  généraux  avait  rendos 
Jusque-là  formidables.  Pour  remédier 
à  de  si  grands  maux ,  on  songea  i  met- 
tre en  place  un  homme  d'un  grand 
mérite,  et  qui  fût  capable  de  rétablir 
l'honneur  de  la  république.  Le  des^ 
tructeur  de  Carthage  panit  le  seul  en 
état  de  terminer  la  guerre  de  Ifn- 
mance.  On  le  créa  consul,  et  on  loi 
donna  l'Espagne  pour  département. 

A  peine  Scipion  se  (tat-iT  montré  i 
ses  troupes,  que  tout  changea  de  face  : 
hi  discipline  ftit  rétablie ,  le  lose  fot 
proscrit.  Les  femmes  de  débauche,  qni 
se  trouvaient  dans  le  eamp  au  nombre 
de  plus  de  deux  mille,  les  valets  innti- 
les ,  les  marchands,  et  touâ  eèux  dont 
le  talent  est  de  nourrir  ta  mollesse  elle 
libertinage,  furent  obligés  de  prendre 
la  fuite.  Le  soldat  s^accoutuma  i  re- 
'prendre  ses  travaux  ordinaires,  et  à  se 
eotir<>nMr  aot  ordrei  d«  général.  Cette 
Impoiliiife  réfatme  Mctpt  MpiM 


pendant  tonte  sa  première  campagne. 
II  vint  ennite  près  de  Nurnanœ,  pour 
y  prendre  ses  quartiers  d*hivef .  En 
vain  les  asaiéfte  présentteent  la  ba* 
taille,  le  général  romain  ne  Taceepte 
jamais*  Une  seule  fois,  il  en  vint  aux 
mains  avec  enx«  parée  qne  ses  fonmh-^ 
(cenrs  étaient  en  Ranger.  Il  força  les 
Nuroantins  de  prendre  la  fuite  ;  mais 
il  ne  les  poursnivit  pas,  content  d'dtre 
parvenu  à  faire  voir  à  ses  soldats ,  eb 
qui  paraissait  presque  un  prodige*  ces 
fiers  Espagnol:!  fuyant  devant'  eu. 
Pour  Ater  aux  assiégés  tonte  espérance 
et  toute  ressource  »  il  fit  conduire  nue 
ligne  de  cootrevallation  autoqr  de  la 
fille.  Numance  était  située  sur  une 
colline,  et  avait  près  d'une  lieue  de 
circuit;  la  contrevallation  en  ent  le 
douUe.  Ensuite  on  creusa  un  large  fos^ 
se ,  qui  fut  revêtu  de  pieux  i  et  Ton 
construisit  un  mur  qui  avait  huit  pieds 
d'épaisseur  et  dix  de  hauteur,  sans 
compter  les  créneaux.  Le  fleuve  Du- 
nos  passait  le  long  des  mur8,«t  servait 
à  faire  entrer  4es  vivres  et  des  troupes 
dans  la  plece»>Pour  le  fermer,  Sdpion 
biUt  sur  les  deui  rives  deux  fortsv  dkm 
il  jeta  sur  toute  la  largeur  du  fleuve  de 
longues  et  fortes  poutres  attachées,  des 
deux  côtéSi  i  de  gros  câbles^  Ces  pénè- 
tres étaient  armées  de  grandes  pointes 
de  fer,  qui,  étant  perpétuellement  agi* 
tées  par  le  mouvement  des  eaux,  fer- 
maient le  passage  aux  nageur»  et  eux 
plongeurs,  et  a  ceux  qui  auraient  voulu 
paraître  dans  les  barques.  Pour  être 
informé  de  tout,  il  établit,,  sur  toute 
rétendue  des  retrandienetis,  des  sol- 
dat» asset  près  les  uns  des  antres,  qui 
jeu**  et  nuit,  devaient  donner  avis,  cha- 
cun à  son  voisin ,  de  tout  ce  qui  se 
passait  et  de  tout  ee  qu'il  apprenait» 
L'armée  romaine  montait  à  setiantê 
miMe  hommes  :  la  moitié  était  deMInée 
àgarder  tel  mnn ,  vingt  mille  à  com- 


DBs  wLàcm  voniss.  593 

battre,  quand  H  en  serait  besoin,  et  dix 
mille  à  relever  ceux-ci  et  à  les  soute- 
nir. Chacun  avaitia  place  et  son  devoir 
marqués,  et  les  ordres  qu'on  recevait 
étaient  exécutés  sur-le-champ.  Il  n*é* 
tait  pas  pomible  qu'un  siège  si  bien 
conduit  ne  couvrit  de  gleire  cehii  qui 
en  était  l'Ame.  Vainement  les  Nnman^ 
tins  formaient4ls  des  attaques^  ils  ren- 
contraient partout  une  main  prête  à 
repousser  leurs  inutiles  efforts.  Déses- 
pérés ,  ils  se  renfermaient  dans  leur 
ville,  pour  y  dévorer  un  reste  de  pro- 
visions que,  jusqu'à  ce  jour,  la  famine 
avait  épargnées.  Quelque  opiniAtre  que 
fût  leur  courage,  quelque  excessive 
que  fut  leur  fierté ,  les  maux  qu'ils 
éprouvaient  les  contraignirent  de  de- 
mander la  paix.  Abarus,  chef  de  l'am- 
bassade, dit  à  ScipfaHi  que  toute  la 
giftce  qu'il  le  suppUait  de  leur  accorder, 
était  de  les  traiter  humainement,  on 
de  leur  permettre  de  périr  dans  un 
combat,  les  armes  à  la  main.  Le  géné- 
ral romain  leur  répondit  qu'ils  n'a- 
vaient qu'à  s'abandonner  à  la  discré* 
tion  des  Romains,  et  livrer  toutes  leurs 
armes.  Cette  condition  mit  les  assiégés 
en  fureur  ;  ils  massacrèrent  leurs  dé- 
putés ,  et  recommencèrent  leurs  sor- 
ties ,  toojoum  sans  succès.  Lu  famine 
devint  si  grande,  qu'on  se  nourrissait 
de  chair  humaine.  Vaincus  enfin  par  ee 
terrible  fléau ,  ils  se  rendirent  à  Sd- 
pion. Plusieurs  ne  voulurent  point 
survivre  à  leur  patrie,  et  se  donnèrent 
la  mort.  La  ville  fut  renversée  de  fond 
en  .comble  ;  tous  les  citoyens  furent 
vetidits ,  cinquante  Aeulement  fm'ent 
réservés  pour  le  triomphe  du  vain^ 
queur.  Tout  le  crime  des  Nunsantins 
avait  été  de  ne  point  fléchir  sous  la 
donlnnfieti  d*uné  république  ambi- 
tieuse ,  qui  prétendait  donner  des  lois 
à  runivers.  C'est  faire  l'éloge  de  cette 
ville  bellkpiense^  ^na  de  dire  que. 


\ 


pendant;  tonte  cette  guerre ,  qui  dura 
tant  d'années,  elle  n'avait  que  huit 
mille  hommes  qui  portassent  les  ar- 
mes. Jugurlha  et  Marins  se  couvrirent 
de  gloire  dans  ce  siège,  et  méritèrent 
Tcslime  de  Soi  pion.  Numance  fut  dé- 
truite Tan  133  avant  Jésus-Christ. 

s ége  cTAIm  (1)  par  Jolfs-Cétar,  cinqQante- 
deux  ans  a? ant  Jéaus-Christ. 

Le  siège  d'Alise  est  ^'événement  le 
plus  mémorable  de  toutes  les  guerres 
de  César  dans  les  (îaules.  Quoique  les 
Commentaires  de  cet  illustre  général 
romain  soient  entre  les  mains  de  tout 
le  monde,  j'ai  cru  ne  devoir  rien  re- 
trancher de  la  relation  qu'il  fait  lui- 
même  de  ce  siège  fameux ,  parce  que 
cette  relation  forme  à  elle  seule,  en 
quelque  sorte,  un  excellent  traité  de 
l'attaque  et  de  la  défense  des  places; 
on  y  retrouve  des  exemples  de  presque 
tout  ce  qui  se  pratique  encore  aujour- 
d'hui, avec  les  seules  modifications 
qu'ont  nécessitées  le  changement  des 
armes,  tous  les  actes  de  diligence,  de 
bravoure  et  d'industrie  qu'on  peut  at- 
tendre de  deux  nations  qui  combattent 
sous  les  plus  illustres  généraux  de  leur 
mècle,  l'une  pour  la  gloire,  l'autre  pour 
«a  liberté.  S'il  faut  enfin  que  l'une  des 
deùx  succombe ,  c'est  à  cause  du  poids 
que  mettent  dans  la  balance  du  côté 
ae  l'ennemi ,  le  génie ,  la  science  et 
le  bonheur.  Voici  donc,  en  son  entier, 

(1)  Ali  e  ou  Aleiie,  ancienne  viUe  de  la 
Gaule  celtique ,  n*est  plus  aujourd'hui  quun 
village  de  Bourgogne,  déparlement  de  la  Côte- 
d'Or,  appelé  Sainie-Reine,  sur  le  mont  Auioli. 
Nous  avons  déjà  donné,  d'après  notre  propre 
traval,  fme  III,  pages  117  et  suivantes»  kt 
détails  du  siège  d*AH*e,et  cependant  noua  avons 
dû  conserver  ici  ceux  Uraduils  par  Armand  Da- 
banrourt,  et  rappelés  dans  l'ouvrage  de  Carnot, 
La  comparaison  permettra  au  lecteur  4*tppré« 

f4ii(  4rft  «UiMfi»m  f!MM^#||fi  mm^k  iridiM*  ' 


la  relation  c  ce  sirge,  nree  des  O» 
mentaires  de  César,  Guerre  des  Gaaks, 
livre  VII. 

«  Après  aTon"  été  témoin  de  h  dé- 
route de  toute  sa  cavalerie,  Vercingé- 
torix  fit  rentrer  ses  troupes  dans  loa 
camp,  comme  il  les  en  avoit  fait  lartir, 
et  prit  aussitôt  le  chemin  d'Alise,  TiRe 
de  i'Auxois ,  après  avoir  donné  ordre 
au  bagage  de  le  suivre  ineensannneAt. 
César,  de  son  c6té,  plaça  le  sica 
sur  un  coteau  voisin,  sons  la  garde  de 
deux  légions ,  et  se  mit  à  sa  poursrile 
tant  que  le  jour  dura ,  lui  tna  envinn 
trois  mille  hommes  de  son  arrière- 
garde  ,  et  le  lendemain  campa  defut 
Alise.  Après  avoir  reconnu  la  place. et 
voyant  les  ennemis  consterné!  dcpÉH 
la  défaite  de  leur  cavalerie,  qu*ib  ra» 
gardoient  comme  la  principale  force 
de  leur  armée,  il  exhorta  ses  troops 
an  travail ,  et  commença  ses  lignes  de 
contrcvallation  autour  de  la  ville. 

»  Elle  étoit  située  sur  le  haut  d*tn 
coteau  fort  élevé ,  en  sorte  qu'elle  M 
parut  ne  pouvoir  être  emportée  fM 
par  un  siège  en  forme.  Au  pied  de  co- 
teau couloient  deux  rivières,  Tunedte 
côté ,  l'autre  de  l'autre.  Il  y  avoit  de- 
vant la  ville  une  plaine  d'environ  uae 
lieue  de  long  :  de  tons  les  autres  c6Cés, 
des  collines  peu  éloignées  et  de  la  mê- 
me hauteur,  enlouroient  la  place. 
L'ennemi ,  campé  au  pied  des  mors, 
du  côté  qui  regarde  l'orient,  occopoit 
tout  le  coteau  de  ce  cAté-lè ,  et  avoH 

tlon  scolasliqne  d'un  professeur  et  It  Iratai 
conKienclevx  d'hommes  spéciaux,  et  de  i 
naître»  cucore  une  fuis  que  nous  ne  nous 
tenions  pas  de  reproduire.  Notre  travail  aélé 
d'ailleurs  accompagné  d'un  plan  indicatif  (fM 
nous  avons  Alt  dresser  fous  nos  jcai)  des  ai» 
vragea  que  César  aTait  têii  élever,  et  qui  4é* 
terminèrent  la  conquête  dMUte.  Ainsi 
mieux  apprécié  ce  fait  d'armes,  (omidéré 
me  Fan  des  pluA  glorieux  de  ce  grund  qtpiialw* 
{ffM  dN  Mtfo#i«urt,) 


D»  nACBS  fORTB9. 


devant  lai  on  fossé  «t  une  miiniille  sè- 
che, haute  de  six  pieds.  Notre  ligne  de 
contrevaltation  avoit  près  de  quatre 
ttcucs  de  tour;  notre  camp  éloit  avan- 
tageusement situé,  et  défendu  par 
ringttrois  forts,  où  l*on  faisoit  une 
garde  très  exacte  pendant  le  jour  con- 
tre les  sorties  inopinées  ;  la  nuit  on  y 
lenoit  des  troupes  plus  nombreuses,  et 
partout  des  sentinelles. 

»  Pendant  qtt*on  travailloit  à  ces  ou- 
vrages ,  il  se  dorna  un  combat  de  ca- 
valerie dans  h  plaine  entrecoupée  de 
collines,  qui,  comme  nous  Tarons  dit 
plus  haut,  avoitune  lieue  d'étendue  ; 
il  fut  très  opiniAtre  de  part  et  d'autre. 
Comme  la  nôtre  étoit  pressée  par  l'en- 
nemi. César  envoya  les  Allemands  pour 
la  soutenir,  et  mit  ses  légions  en  ba- 
taille a  la  tète  de  son  camp,  pour  arrê- 
ter riiifantcrie  ennemie  en  cas  d'atta- 
que. Cette  précaution  ranima  notre 
cavalerie  ;  et  les  ennemis  s*étant  mis 
en  fuite ,  s'embarrassoient  les  uns  les 
autres  par  leur  grand  nombre,  et  s'é- 
toufifoient  en  voulant  passer  par  des 
portes  trop  étroites.  Les  Allemands  les 
poursuivirent  vivement  jusqu'à  leurs 
retranchemens;  on  en  fit  un  grand 
carnage.  Quelques-uns  abandonnèrent 
leurs  chevaux,  pour  tâcher  de  traverser 
le  fossé  et  de  passer  par-dessus  la  mu- 
raille. Dans  ce  désordre,  César  fit  un 
peu  avancer  les  légions  qu'il  avoit  pla- 
cées A  la  tète  des  retranchemens  ;  ce 
qui  effraya  encore  plus  les  Gaulois  qui 
gardotent  le  camp;  ils  crurent  qu'il 
venoit  à  eux  du  môme  pas,  et  se  mi- 
rent è  crier  aux  armes.  L'effroi  en  por- 
ta plusieurs  à  se  jeter  dans  la  ville  ; 
Vercingétortx  en  fit  fermer  les  portes, 
de  peur  que  le  camp  ne  fût  abandonné. 
Les  Allemands  ne  se  retirèrent  qu'a- 
près avoir  tué  bien  du  monde,  et  pris 
00  grand  nombre  de  chevaux. 

»  Yerdolfétoris  résolut  de  renvoyer 


U6 

pendant  la  nuit  tèote  sa  cavalerie, 
avant  que  les  Romains  eussent  achevé 
leur  ligne  de  contrevallation.  En  la 
congédiant ,  il  donna  ordre  à  chacun 
de  retourner  dans  son  pays,  et  d'en 
ramener  tous  ceux  qui  seroient  en  Age 
de  porter  les  armes.  Il  leur  représenta 
les  services  qu'il  leur  avoit  rendus,  les 
conjurant  de  ne  point  Tabandonner, 
et  de  ne  point  laisser  à  la  merei  des 
ennemis  un  homme  qui  avoit  tout  sa- 
crifié pour  la  liberté  publique;  qu'il 
avoit  des  vivres  à  peu  près  pour  un 
mois  ;  que  cela  pouvoit  aller  un  peu 
plus  loin  en  les  ménageant  ;  mais  que 
s'ils  négligeoient  de  revenir  dans  ce 
terme,  ils  le  feroient  périr,  lui  et  qua- 
tre-vingt mille  hommes  d'élite.  Après 
leur  avoir  ainsi  parlé,  vers  les  neuf 
heures  du  soir,  il  fit  passer  sans  bruit 
sa  cavalerie  par  l'endroit  de  nos  lignes 
qui  n'étoit  pas  fini;  commanda,  soos 
peine  de  mort,  qu'on  lui  apportât  tout 
le  blé  qui  se  trouvoit  dans  la  ville  ;  le 
distribua  A  chacun  par  mesure,  mais 
petite  ;  en  fit  de  mènoe  du  bétail,  dont 
les  habitans  de  l'Auiois  avoient  amené 
une  grande  quantité;  puis  il  fit  rentrer 
dans  la  place  toute  Tinfanterie  qui  cam- 
poit  devant.  Dans  cet  étitt,  il  résolut 
d'attendre  le  secours  de  la  Gaule,  et 
se  mit  en  devoir  de  soutenir  la  guerre. 
»  César,  instruit  de  toutes  ces  parti- 
cularités par  les  prisonniers  et  par  les 
déserteurs,  fit  travailler  aussitôt  aux 
fortifications  suivantes.  On  creusa  d'a- 
bord un  fossé  à  fond  de  cave ,  dont  les 
bords  étoient  escarpés,  et  qui  avoit 
vingt  pieds  de  largeur  et  de  profon- 
deur; et,  A  quatre  cents  pas  de  lA,  il 
établit  le  reste  de  ses  retranchemens  ; 
par  la  il  embrassa  autant  de  terrain 
qu'il  en  fallolt  pour  empêcher  que  l'on 
ne  pût  si  facilement  l'envelopper,  ni 
venir  A  lui  en  bataille,  et  que,  par  sor« 
I  prise,  00  de  noit,  les  ennemis  n*eo- 


BM 


ra  LA  oÈtnwÊ 


côurosMnten  feirie  attaquer  noatraq- 
chéei ,  ou  lancer  à  tout  mometit  des 
trait»  sur  nos  trayailleors.  Il  fît  faire 
encore  deux  fossés  de  quinze  pieds  de 
large  sur  autant  de  profondeur,  et  l'on 
remplit,  des  eaux  que  l'on  tira  de  la 
rivière,  le  fossé  intérieur  qui  étoit  daus 
la  plaine  et  au  pied  des  hauteurs.  Der- 
rière ces  fossés ,  on  éleva  une  terrasse 
et  un  rempart  de  douze  pieds  de  haut, 
gatiii  d*Hn  parapet  à  créneaux,  et  de 
gros  troncs  d'arbres  fourchus ,  plantés 
à  la  jonction  du  parapet  et  dureneipart, 
afin  d'empêcher  l'ennemi  de  monter: 
le  tout  éioit  flanqué  de  tours  placées 
à  quatre-vingts  pieds  l'une  de  l'autre. 
»  Nos  soldats  étoient  obligés  en  mê- 
me temps  d'aller  chercher  du  bois,  de 
pourvoir  aux  vivres  et  de  travailler  aux 
fortiOcations :  pour  fournira  tout  cela, 
il  falloit  aller  loin,  ce  qui  dimiuuoit  le 
nombi^  de  ceux  qui  restoient  au  camp. 
Les  Gaulois  faisoient  d'ailleurs  souvent 
des  sorties  par  plusieurs  portes ,  pour 
tAcber  d'interrompre  nos  travaux: 
César  donc  jugea  nécessaire  d'ajouter 
encore  quelque  chose  è  ces  ouvrages, 
aDn  qu'il  fallût  moins  de  monde  pour 
défendre  ses  lignes.  Ayant  ordonné 
d'abattre  des  troncs  d'arbres  ou  de  très 
fortes  branches  qu'on  polit  et  aiguisa 
par  un  bout,  il  fit  faire  un  fossé  de  cinq 
pieds  de  profondeur  devant  les  lignes, 
et  Ton  y  planta  ces  pieux  les  branches 
en  haut;  ils  étoient  attachés  ensemble 
par  le  pied  afin  qu'on  ne  put  les  arra- 
dier.  Il  y  en  avoit  cinq  rangs  liés  en- 
semble et  entrelacés  les  uns  dans  les 
antres;  de  sorte  que  ceux  qui  s'y 
éloient  engagés,  s'embarrassoient  et  se 
blessoiem  à  ces  branches  pointues  ;  les 
soldats  les  appeloient  des  ceps.  Au  de- 
vant, ou  eut  soin  de  creuser  des  fosses 
profondes  de  trois  pieds  ^  rangées  en 
q[iiinconee,  plus  étroites  par  le  haut  que 
1^  le  bai.  Là^  ou  planta  4es  pieui 


ronds^  gros  eMime  le  coisae,  dmcis  sa 
feu  et  pointus  î  qui  ne  sortoient  de 
terre  que  de  quatre  doigta,  et  qui, 
pour  tenir  plus  ferme,  étoient  chaussés 
de  terre  par  le  ^u  i  l'ouverture  de  b 
fosse  étoit  couverte  de  ronces  et  de 
broussailles  pour  cacher  le  piège.  Il  y 
avoit  huit  rangs  de  ces  fosses  ainsi  gar- 
nies, à  trois  pieds  de  distance  l'un  de 
l'autre.  Les  troupes  les  nommoieutdes 
lys  parce  qu'ils  y  ressembloienL  Au- 
devant  de  toui  eela,  César  flt  enfoncer 
des  semelles  de  bois  d'un  pied  de  long, 
garnies  de  pointes  de  fer,  on  des  espè* 
ces  de  chausses-trapes;  on  en  mit  par- 
tout, à  peu  de  distance  les  unes  das 
autres  :  les  soldats  leur  doanoient  le 
nom  d'aiguillons. 

s  Ce  travail  fini,  il  fit  tirer  dans  les 
terrains  les  phis  unis  qu'on  put  trou- 
ver, et  dans  l'espace  d'envirou  daq 
lieues  de  circuit,  une  pareille  ligne  de 
circonvaliation ,  qui  pAt  mettre  ï  Tabri 
des  ennemis  du  dehors ,  afin  que  si 
en  son  absence  ils  vencHent  attaqoer 
ses  lignes,  ils  ne  pussent»  méoie  avec 
les  phis  grandes  forces,  les  investir  de 
tous  cêtés;  et,  pour  éviter  que  ses 
troupes  ne  s'exposassent  en  allant  toos 
les  jours  aux  vivres  et  an  fourrage,  il 
leur  ordonna  de  s'en  fournir  diacvn 
pour  trente  jonrs. 

0  Pendant  que  ces  choses  se  pas- 
soient  auprès  d'Alise«  les  Etats  de  la 
Gaule  s'étant  assemblée»  réglèreat 
qu'au  lieu  de  faire  prendre  les  aimes 
k  tous  ceui  qui  étoient  en  état  de  les 
porter  «  comme  Yercingétorix  Tavoit 
ordonné,  chaque  peuple  foumiroit  un 
certain  nombre  de  troupes*  pour  éviter 
le  désordre  et  la  confusion,  pour  que 
la  discipline  militaire  fût  mieux  obser- 
vée, et  qu'il  fût  plus  aisé  de  pourvoir 
aux  vivres.  En  conséquence»  on  taxa 
les  Autunoja»  avec  ceux  de  Suie,  an 
Nivemoia  et  de  Brinnira  »  «apia  vas- 


o«l  ttJMito  #olrtBs.  I«r 

failli^  I  tfêtitft-éitiq  mille  homiMS  ;  l«s  (  que  cette  tiaUon,  «ans  fttf«  téntlbéedèi 
AnretpïikiM  atec  cenï  du  Qoercy,  du 


GéfQttdait  et  dtt  Vêlai  qui  en  dépen- 
dent, à  an  pareil  nombre;  oeox  de 
Sens,  de  la  Franche-^lomté,  dn  Berri , 
de  la  Saintonge,  dn  Roaergue  et  dn 
pays  Chartrain ,  à  donze  mille  licm- 
mes  ;  ceox  du  BeauToisfs,  à  dix  mille 
hommes;  les  Limousins,  au  même 
nombre  ;  ceux  du  Poitou ,  de  la  Ton- 
raine,  de  Paris  et  du  Sôissonnais,  à 
hntt  mille  hommes  chacun;  ceux  de 
l'Âmiénois,  de  la  Lorraine,  du  Péri- 
gord ,  de  Halnaut ,  de  Boulogne  et  de 
TAgénois,  ehacun  à  cinq  mille;  les 
Manceant,  au  même  nombre;  les 
Artésiens,  à  quatre  mille  hommes; 
eenx  de  Rouen,  de  LIsieux  et  d*E^ 
vreux ,  à  trois  mille  chacun  ;  ceux  de 
Bàle  et  dn  Bourbonnais,  à  trente  mille  ; 
toutes  les  nations  situées  le  long  de  1*0- 
céan,  que  les  Gantois  appellent  Armo- 
riques,  et  dn  nombre  desquelles  sont 
ceux  de  Quimpercorentin,  de  RènneS, 
d'ATranches,  de  Bayeux,  de  Saint- 
Paul-de-Léon  ,  de  Tréguier  et  de  Saint- 
Briea ,  de  Vannes  et  dn  Cotentin,  cha- 
fnne  à  six  mille  hommes.  Les  peuples 
du  BeauTolsis  furent  les  seuls  qui  ne 
contribuèrent  point,  parce  que,  di- 
rent-ils, ib  foulolent  en  leur  propre  et 
privé  nom  faire  la  guerre  aux  Romains 
sans  tenir  à  personne.  Cependant ,  à  la 
prière  de  Gomins,  leur  alHé,  ils  en- 
toyèrent  deux  mille  hommes. 

»  C'est  oe même Comlus qui,  comme 
on  ra  dit ,  avoit  servi  César  si  utile- 
mimt  et  avec  tant  de  fidélité  dans  la 
guerre  contre  les  Anglais  ;  aussi ,  en  sa 
considération,  c^général  avoit  exempté 
sa  nation  de  tout  tribut ,  l'avoit  rétablie 
dana  tons  ans  droits,  et  tai  avoit  même 
anneié  le  eomté  de  Bourgogne.  Mais 
telle  éUAt  rojdnion  de  toute  la  Gaule 
pour  recouvrer  sa  liberté  et  la  répota- 
qri'alle  méàmb  dans  lea  anMS, 


bienfaits  et  de  la  bienveillance  doM 
César  Tavoit  honorée,  entra  de  totit 
son  cœur  dans  cette  guerre,  et  y  coû- 
tribua  de  toat  son  pouvoir.  Les  Gau- 
lois assemblèrent  huit  mille  chevaux  et 
environ  deux  cent  quarante  mille  hom- 
mes de  pied.  On  en  Qt  la  revue  sur  les 
frontières  do  pays  d'Autun  ;  on  letir 
donna  des  officiers,  et  on  nomma  iionr 
les  commander  en  chef  Comios,  sel*- 
gneur  d'Arras ,  Virdumare  et  Eporê- 
dont ,  tous  deux  Autonois,  et  Verga- 
sillannns,  Auvergnat ,  parent  de  Ver<- 
cingétorix.  On  y  ajouta  un  conseil  des 
dépotés  de  chaque  nation.  Tous  pat- 
tirent  pleins  d'ardeur  et  de  cônOancé, 
et  marchèrent  au  secours  d'Alise  ;  il  n*y 
en  avoit  aucun  qui  ne  fût  persuadé  qui! 
ne  seroitpas  possible  de  soutenir  la  vue 
d'une  si  prodigieuse  multitude,  surtout 
parce  que  nous  aurions  en  même  temps 
à  repousser  les  sorties  des  assiégés,  et 
à  soutenir  au  dehors  tant  de  troupes 
de  cavalerie  et  d'infanterie. 

»  Cependant  les  assiéj^és  qui  avèrent 
consumé  tous  leurs  vivres ,  et  qui  rê- 
connaissoient  que  l'époque  à  laquelle 
ibattendoient  du  secours  étoit  expirée, 
ignorant  ce  qui  se  passoitchex  les  Autit- 
nois,  assemblèrent  leur  conseil,  et  dé- 
libérèrent sur  le  parti  qu'ils  dévoient 
prendre.  Les  avis  furent  fort  partagés  ; 
une  partie  ailolt  à  se  rendre,  une  autre 
à  faire  une  vigoureuse  sortie  pendant 
que  la  faim  ne  les  avoit  pas  encore  trop 
affoiUia.  Je  ne  dois  pas,  ce  me  semblé, 
oublier  Ici  lé  discours  de  CHtognat ,  à 
cause  de  sa  singulière  et  exécrable 
cruauté.  Ce  seigneur,  d'une  haute 
naissance  et  d'un  grand  crédit  en  An- 
vergne^  parla  ainsi  :  «r  Je  ne  dirai  rien 
1»  du  sentiment  de  ceux  qui  donnent 
tktai  esclavage  bonteut  le  nom  de 
»  reddition;  on  ne  doit,  selon  mot,v 
»  tti  Ma  ftgtfder  Motté  citoyMi, 


M  U,  9ÉJIHW 


B  ni  les  admettre  dans  ce  conseil.  Je 
»  ne  m'adresse  qu*à  ceux  qui  sont 
»  pour  une  sortie ,  parce  que  je  dé- 
»  couvre ,  comme  vous,  dans  leur  opi* 
»  nion ,  des  traits  de  l'ancienne  va- 
»  leur  de  nos  ancêtres.  Mais  c'est 
»  Toiblesse  et  nop  pas  fermeté,  de  ne 
»  pouvoir  supporter  un  peu  la  disette. 
»  Il  se  trouve  aisément  plus  de  gens 
»  qui  s'exposent  volontiers  à  la  mort, 
»  qu'il  n'y  en  a  qui  souffrent  paliem- 
»  ment  la  douleur.  Cependant  je  me 
»  rendrois  volontiers  à  cet  avis  (car 
»  l'honneur  a  beaucoup  de  pouvoir  sur 
»  moi  ),  si ,  en  le  suivant,  nous  ne  ris- 
»  quions  que  de  perdre  la  vie;  mais 
»  ici ,  en  prenant  une  résolution ,  il 
»  faut  avoir  égard  à  la  Gaule  entière, 
»  que  nous  avons  appelée  à  notre  se- 
»  cours.  Quelle  sera,  je  vous  prie,  le 
»  découragement  de  nos  voisins  et  de 
.  »  nos  proches,  s'ils  se  voient  obligés  de 
>  combattre  presque  sur  les  cadavres 
»  de  quatre-vingt  mille  hommes  des 
»  leurs  égorgés  sur  la  place?  Ne  rcfa- 
»  sez  pas  votre  secours  à  ceux  qui , 
»  pour  vous  en  donner,  négligent  leur 
»  propre  vie  ;  n'allée  pas ,  par  impru- 
»  dence,  par  témérité  ou  par  foibtesse, 
»  accabler  toute  la  Gaule,  et  la  préci-* 
»  piter  dans  une  éternelle  servitude, 
n  Quoi  !  parce  qu'ils  ne  sont  pas  arri- 
»  vés  précisément  au  jour  marqué , 
»  vous  douteriex  de  leur  fldélité  et  de 
»  leur  constance?  Hé  !  quoi  donc,  pen- 
»  sez-vous  que  les  Romains  s'occupent 
B  tousles  jours  à  se  retrancher  de  plus  en 
B  plus,  uniquement  pour  leur  plaisir? 
B  Si  vous  ne  recevez  point  de  nouvelles 
B  de  la  Gaule,  parce  que  les  passages 
p  sont  fermés,  les  Romains  ne  vousassu- 
B  rentrib  pas  par  leur  conduite  que  lèse- 
^  cours  approche?  Cest  parce  qu'ils  en 
B  sont  effrayés,  qu'ils  passent  les  jours 
1»  et  les  nuits  à  faire  ouvrage  sur  ou- 
n  n»(e<  Quel  est  donc  k  présmt  non: 


B  avis?  C'est  de  faire  anjourdlmi  ca 
»  que  nos  ancêtres  firent  autrefois 
B  dans  une  guerre  bien  moins  dange- 
B  reuse  qu'ils  avoient  contre  les  Cim- 
0  bres  et  les  Teutons  :  lorsqu'ils  se  vi- 
B  rent  renfermé^'  dans  leurs  villes,  et 
»  réduits  a  la  même  disette  que  celle 
B  que  nous  éprouvons,  ils  se  nourri- 
B  rent  de  la  chair  de  ceux  que  lear 
B  âge  rendoit  inutiles  à  la  guerre, 
»  plutôt  que  de  se  rendre  aux  eane- 
B  mis.  Si  nous  n'avions  pas  cet  exem- 
»  pie,  je  pense  qu'en  faveur  de  la  li- 
B  berté,  il  scroit4rès  beau  de  le  don- 
B  ner  et  de  le  laisser  à  nos  descendons. 
B  Car  enHn ,  qu'a*t-on  jamais  vu  de 
B  pareil  à  cette  guerre?  Les  Cimbres, 
B  après  avoir  ravagé  la  Gaule,  et  lai 
B  avoir  porté  un  coup  mortel ,  se  reti- 
B  rèrcnt  enfin  pour  courir  dans  d*ao- 
B  très  pays;  ils  nous  laissèrent  nos 
B  droits,  nos  lois,  nos  champs,  notre 
B  liberté.  Mais  les  Romains,  que  de- 
B  mandent-ils?  que  veulent-ils?  L'en- 
B  vie  et  la  jalousie  seules  les  condui- 
B  sent  :  ils  ne  pensent  qu'à  accabler 
B  ceux  qui  se  sont  acquis  de  la  réputa- 
B  tion  par  leur  valeur  ;  qu'à  s'emparer 
B  de  leurs  terres  et  de  leurs  villes,  qu'à 
B  les  faire  gémir  sous  un  éternel  esda- 
B  vage  :  ils  n'ont  jamais  eu  d'autre  but 
B  en  faisant  la  guerre  ;  et  si  vous  igno- 
B  rcz  ce  qui  se  passe  chez  les  nations 
B  éloignées  de  vous,  jetez  les  yeux  sor 
»  la  Gaule  narbonnaise  votre  voisine, 
B  qui ,  après  avoir  été  réduite  en  pro- 
ju  vince  romaine,  après  avoir  vu  ses  lois 
B  et  ses  coutumes  chaniçées ,  asservie 
B  aux  haches  et  au\  Aitsceauz ,  gémit 
B  sous  un  joug  sans  fin.  b 

B  -Chacun  ayant  dit  son  avis,  ii  fat 
résolu  que  les  malades,  les  vieillards, 
les  femmes  et  les  enfans  sortiroîent  de 
fai  ville,  et  que  l'on  tenterait  tout  avant 
de  suivre  le  sentiment  de  Critognat; 
mais  qu'on  «'y  résoudrait,  VU  If  failott. 


D£S.  PiACKI  FQRi:«S. 


mh 


Haï  te.8«po9m)aidaîi  trop,  plutôt  que 
de  se  rendre  et  d*accepti:r  la  paii-Les 
peuples  de  TAuxols,  qui  les  «voient  rer 
çus  dans  leurs  villes,  furent  obligés 
d'en  sortir  avec  leurs  femmes  et  lejurs 
eofans»  et  s*étant  approchés  de  nos  li* 
gnes  en  pleurant ,  denmndcrent  ins^ 
tamment  d'étro  faits  esclaves  pour  du 
pain  ;  mais  Cosar  mit  des  gardes  sur  le 
rempart  pour  empicher  qu'on  ne  les 
reçût. 

»  Cejidndaft  Cvmius .  et  les  ancres 
chefs  à  qui  le  commandemeût  général 
avoit  été  donné,  arrivent  à  Alise  avec 
toate  Tannée,  et  vont  se  poster  sur 
uae  hauteur  hors  de  la  ville ,  environ 
à  cinq  cents  pas  de  notre  camp.  Le 
lendemain  toute  leur  cavalerie  descend, 
et  couvre  toute  cette  plaine  de  trois 
mille  pas  dont  on  a  parlé,  Tinfanterie 
se  tenant  cachées  sur  les  hauteurs,  à 
quelque  distance  de  là.  Comme  de  la 
ville  on  découvrait  toute  la  campagne, 
les  assiégés  ayant  aperçu  le  secours , 
sortent  avec  empressement  pour  se  fé- 
liciter les  uns  les  autres,  et  pour  se  ré- 
jouir ensemble  de  leur  arrivée.  En 
même  temps  ils  se  rangèrent  en  ba- 
taille sous  les  murs  de  la  ville,  comblè- 
rent sur-le-champ  le  fossé  de  claies  et 
de  fascines,  et  se  préparèrent  à  une 
sortie  sur  nous,  et  à  tout  événement. 

9  César,  après  avoir  placé  son  armée 
sur  Tune  et  syr  Taulre  ligne  de  cir- 
convallation  et  de  contrevallation,  afin 
qu'au  besoin  chacun  connût  le  poste 
qu'il  devoit  occuper  et  s'y  tint ,  Ct  sor- 
tir sa  cavalerie  pour  escarmoucher 
contre  celle  des  ennemis.  De  tous  les 
camps  on  ^royoit  ce  qui  se  passoit  dans 
la  plaine,  parce  qu'ils  étoient  sur  des 
hauteurs;  ce  quirendoit  tous  les  sol- 
dats attentifs  à  voir  quelle  seroit  Tissue 
de  cette  escarmouche.  Les  Gaulois 
avoient  jeté  quelques  arcliers  et  quel- 
ques gens  arqés  à  la  légère  dans  leuyr^ 


escadrons  de  cavalerie,  pour  la.  soute- 
nir si  elle  pijoit ,  et  pour  arrêter  rim-^. 
péluosité  de  la  nôtre.  Ils  blessèrent 
d'abord  plusieurs  de  nos  cavaliers,  qui 
furent  obligés  de  se  retirer.  Les  Gau- 
lois, qui  virent  nos  gens  poussés  par  l0> 
grand  nombre  des  leurs,  se  crurent  ^^ 
sures  de  la  victoire  :  dans  cette  persua- 
sion ,  tcK;:*  de  concert ,  tant  ceux  qui 
étoient  dans  la  ville  que  ceux  qui 
étoient  venus  au  secours,  jetoiçnt  des 
grande  cris  de  joie  pour  encourager 
leurs  gens.  Comme  les  deux  camps 
étoient  témoins  de  ee  qui  se  passoit, 
et  que  les  belles  actions  non  plus  que 
les  lâches  ne  pouvoicnt  être  cachées, 
chacufvétoit  animé  à  bien  faire  par  le 
désir  de  la  gloire  et  sur  la  crainte  de  l'i- 
gnominie. L'action  avoit  presque  déjà 
duré  depuis  midi  jusqu'au  soleil  cou- 
ché sans  qu'il  y  eût  rien  de  décisif, 
lorsque  les  Allemands,  serrés  tous  en* 
semble  en  un  gros  escadron ,  tombè- 
rent sur  les  ennemis  et  les  poussèrent  ; 
les  ayant  mis  en  fuite,  ils  enveloppè- 
rent leurs  gens  de  traits  et  les  taillèrent 
en  pièces.  Dans  les  autres  quartiers, 
nos  gens  poussèrent  aussi  les  ennemis 
et  les  poursuivirent  jusqu'à  leur  camp 
sans  leur  donner  le  temps  de  se  rallier. 
Ceux  qui  étoient  sortis  de  la  ville,  af- 
fligés de  cette  défaite,  et  ne  comptant 
presque  plus  sur  la  victoire,  se  renfer- 
mèrent dans  leurs  murailles. 

»  Les  Gaulois  n'ayant  point  paru  en 
bataille  tout  le  jour  suivant,  préparè- 
rent pendant  ce  temp^  quantité  de 
claies,  d'échelles,  de  trocs;  et  étant 
sortis  vers  minuit  dJ  leur  camp,  sans 
bruit,  ils  se  coulèrent  jusqu'aux  re- 
tranchemens  que  nous  avions  vers  la 
plaine:  ensuite,  poussant  tout  d'un 
coup  un  grand  cri  pour  avertir  les  as- 
siégés de  leur  arrivée,  ils  se  mettent  i 
jeter  leurs  claies,  et  à  coups  de  fron- 
des, de  flèches  et  de  pierres,  travail-* 


M  tk  fàMM 


kat  à  Moger  lei  nMret  de  destiit  le 

rempart;  en  an  mot,  ib  attaquent  le 
camp  de  tontes  parts.  En  même  temps 
Yercingétorix  qni  entend  le  cri ,  donne 
le  signal  et  sort  de  la  Tilie.  Les  nôtres 
courent  anz  retrancfaemens ,  chacun 
prend  le  poste  qni  loi  avoit  été  assigné 
les  jours  précédons  ;  et  à  coups  de  firon* 
des,  de  Héaui ,  de  leviers  et  de  balles 
de  plomb  dont  on  avoit  fait  provision , 
ib  épouvantent  fort  les  assaillans.  Nos 
machines  les  accablèrent  de  traits  ;  et 
comme  Faction  se  passoit  dans  la  unit, 
il  7  eut  des  deux  côtés  beaucoup  de 
blessés.  H.  Antoine  et  C.  Trébonius, 
lieutenans-généraux,  qui  avoient  ces 
quartiers-là  à  défendre,  tiroient  des 
soldats  (!os  forts  éloignés,  et  les  en- 
voyoient  au  secours  de  nos  gens  par* 
tout  où  ils  les  voyoient  pressés. 

9  Tant  que  Ton  ne  se  battit  que  de 
loin ,  les  troits  que  les  Gaulois  nous 
lançoient  nous  flrent  beaucoup  de  mal 
à  cause  de  la  quantité  ;  mais  en  appro- 
chant ,  ou  ils  s'enferroient  eui-mémes 
dans  les  chausse-trappes,  ou  ils  tom- 
boicnt  dans  nos  fossés  et  y  étoîent  per- 
cés, ou  lis  périssoient  des  javelots  qu'on 
leur  jetoit ,  tant  du  rempart  que  des 
tours.  Après  bien  des  coups  donnés  et 
reçus  de  part  et  d'autre,  le  jour  parut 
sans  que  nos  retranchemens  eussent 
été  forcés  en  aucun  endroit ,  et  Ten* 
nemi  se  retira  dans  la  crainte  d*âtre 
enveloppé  et  qu'on  ne  vînt  à  tomber 
sur  lui  des  quartiers  que  nous  avions 
lur  la  montagne.  Cependant  ceux  de 
la  ville,  mettant  eu  usage  tout  ce  que 
Vercingétorix  avoit  fait  préparer  pour 
Tattaque,  comblèrent  les  premiers  fos- 
sés; mais  cette  manœuvre  les  ayant 
occupés  trop  long-temps,  ils  aperçu- 
rent,  avant  d'avoir  pu  arriver  à  nos 
retranchemens,  que  leurs  gens  s*é- 
toient  retirés  ;  alors,  sans  rien  faire  de 
plus,  ils  rentrèrent  dans  ta  ville.  | 


»  Les  OêêMê  io  wffM  m^êimk 

denx  fois  avec  perte,  déRbèrent  sur 
06  qu'Ib  doivent  faire.  Bs  font  venir 
eeui  qui  eonnoissent  le  pays,  ^lafor^ 
ment  de  la  sitttation  du  hant  de  notre 
camp,  et  comment  il  est  fortîOé.  Da 
c6té  du  septentrion ,  il  y  avoit  une  eol< 
Une  qu'on  n'avoit  pu  renfermer  dami 
les  lignes  à  cause  de  sa  vaste  étendae  ; 
nos  gens  avoient  donc  été  obUgéi  de 
les  conduire  le  long  du  pied  de  la  mon' 
tagne  et  sur  la  pente,  dans  un  posta 
assex  désavantageux.  C.  Antistius  Ré- 
ginos  et  G.  Caninios  Rebilus,  Hente- 
nans-généraux,  gardoient  ce  quartier 
avec  deux  légions.  Les  chefs  des  enne- 
mb  Tayaut  fait  reconoottre  par  leurs 
espions,  flrent  marcher  de  ce  cété-li 
dnquante-cinq  mille  hommes  choîsli 
sur  toutes  les  nations  qui  passoieot 
pour  avoir  le  plus  de  bravoure;  ils  ré- 
glèrent secrètement  entre  eux  quané 
et  comment  il  faudroit  faire  l'attaque, 
et  ils  convinrent  de  la  faire  sur  le  midi. 
Ils  donnèrent  la  conduite  de  ces  trou- 
pes à  Yergasillaunus,  Auvergnat,  fun 
des  quatre  chefs,  et  parent  de  Tercin- 
gétorix.  Yergasillaunus  sortit  du  camp 
sur  les  six  heures  du  soir  avec  ses  troa 
pes  ;  et  ne  se  trouvant  plus  qu*à  peo 
de  distance  de  nos  retranchemens  vers 
le  point  du  jour,  il  les  cacha  derrière  h 
montagne,  et  les  laissa  se  reposer  de  la 
fatigue  de  la  nuit  Vers  le  midi,  il  se 
rendit  au  quartier  dont  nous  venons  de 
parler;  en  même  temps  la  cavalerie 
ennemie  s'avance  vers  nos  retranche^ 
mens  du  côté  de  la  plaine,  et  le  reste 
de  leurs  troupes  se  montre  en  batailla 
à  la  tète  du  camp. 

»  Vercingétorix  qui  les  aperçoit  do 
haut  du  château  d'Alise,  sort  avec  son 
monde,  ses  longues  perches,  ses  galo> 
ries  couvertes,  ses  faux  et  tout  rattîrail 
quil  avoit  fait  préparer  pour  Tassaut 
Le  combat  s*atlome  en  même  temps  : 


tost  mk  9»tÊÊfié ,  et  f41  y  a  qnel«^ 
iiae  iodroil  q«i  pvoiiie  foible,  c'est 
là  que  Van  ewri.  Les  Romains  ont 
tant  do  fortiflcatioDS  i  défondro, 
9i*U  no  leur  est  pas  aisé  d*ètre  par* 
tant.  Ce  qui  eontribaoit  encore  beau* 
coop  à  étoDoer  nos  gens  pendant  Fac- 
tion, c'étoient  les  cris  des  Barbares 
qui  ao  ISiifDieBt  entendre  derrière  eux, 
et  la  réflexion  qnlis  falsoient,  que  leur 
nlut  dépendoit  de  la  valeur  des  autres; 
car  on  est  souvent  plus  inquiet  d'un 
danger  éloigné,  que  de  celui  que  l'on 
a  sous  les  yeux. 

9  César  avoit  choisi  un  endroit  d*oà 
il  poQvoit  voir  ce  qui  se  passoit  dans 
chaque  quartier,  et  ne  manquoit  pas 
d'envoyer  du  secours  aux  endroits  qui 
en  avoient  besoin.  Chacun  se  dit  à  soi- 
même,  que  c'est  ici  le  moment  de  Taire 
le  plus  grand  effort.  Les  Gaulois,  d'un 
tié  désespèrent  de  leur  salut  et  de 
jeor  liberté,  s'ils  ne  viennent  pas  à 
bout  de  forcer  nos  relranchemens  ;  les 
Romains,  de  l'autre,  comptent  que  s'ils 
demeurent  victorieux  en  celte  occa- 
sion, ils  verront  la  On  de  leurs  travaux. 
Le  poste  que  nous  avions  le  plus  de 
peine  à  défendre,  étoit  celui  ou  nous 
avons  dit  que  Vergasiliaunus  fut  en- 
Toyé,  parce  que  celle  petite  élévation 
qui  commandoit  sur  la  ponte  avoit  un 
grand  avantage.  Les  uns  nous  lancent 
des  traits  de  dessus  cette  hauteur, 
d'autres  montent  à  l'assaut  couverts 
de  leurs  boucliers  ;  à  tout  moment  des 
gens  frais  relèvent  ceux  qui  sont  fati- 
gués :  la  terre  qu'ils  jettent  dans  nos 
retraochemens  leur  donne  la  facilité 
de  les  franchir,  et  les  garantit  de  tous 
les  pièges  que  nous  avions  cachés  en 
terre;  nous  manquions  d'armes  et  nos 
forces  étoient  épuisées. 

»  Dans  ces  circonstances,  César  dé- 
tache à  notre  secours  Labiéniis  avec 
six  cohortes,  et  lui  onbMuie,  s'il  ne 


peut  pas  arrMer  les  ennemis,  de  reti- 
rer les  cohortes  pour  faire  une  sortie, 
lut  recommandant  de  n'en  venir  Ih  qu'à 
la  dernière  extrémité.  Il  va  hil-mème 
encourager  le  reste,  et  les  exhorter  à 
ne  pas  se  rebuter  du  travail ,  leur  re- 
présentant que  c'étoit  alors  I  heure  et 
le  moment  de  couronner  tous  leurs 
combats  précédons  et  d'en  recueillir 
le  fruit.  Les  troupes  qui  étoient  dans 
hi  place,  désespérant  de  pouvoir  forcer 
les  retranchemens  de  la  plaine  à  cause 
de  leur  hauteur,  tâchent  d'emporter 
les  quartiers  que  nous  avions  sur  la 
montagne,  et  ils  y  portent  tobt  ce 
qu'ils  avoient  préparé  pour  l'assaut. 
Ils  délogent  à  force  de  traits  ceux  qui 
combattoient  de  dessus  les  tours  :  ils 
se  font  des  passages  en  comblant  le 
fossé  avec  de  la  terre  et  des  fascines; 
et  avec  des  faux  ils  détruisent  le  rem- 
part et  le  parapet. 

»  D'abord  César  y  envoie  le  Jeune 
Brutus  avec  six  cohortes  :  ensuite  il  y 
fait  marcher  Fabius,  lieutenant-géné* 
rai ,  avec  sept  autres  ;  enOn  le  combat 
s'échauffant  de  plus  en  plus ,  il  y  va 
lui-même  porter  du  secours.  Il  rétablit 
le  combat,  repousse  les  ennemis  :  après 
quoi  il  se  rend  dans  l'endroit  oà  il  avoit 
envoyé  Labiénus.  Il  y  fait  venir  quatre 
cohortes  du  fort  le  plus  voisin,  ordonne 
a  une  partie  de  la  cavalerie  de  le  sui-- 
vre,  fait  sortir  l'autre  des  lignes  et  lui 
ordonne  de  tourner  tout  aut(»ur,  et 
d'attaquer  les  Gaulois  en  queue.  Quand 
Labiénus  vit  que  le  rempart  ni  le  fossé 
n'avoient  pu  arrêter  les  ennemis,  il 
ramassa  des  forts  voisins  trente-neuf 
cohortes  que  le  hasard  lui  présenta,  et 
envoya  informer  César  du  dessein  qu'il 
avoit  César  accemit  pour  se  trouver 
à  l'action. 

»  Il  est  reconnu  à  la  ootrieur  de  l'ha- 
bit dont  il  avoit  coutume  de  se  parer 
dans  un  jo«r  de  bataHIe  ;  et  les  Geo* 


in 


hb  la.  BÉnpmi 


lois,  qui  de  la  himteor,  te  voient  dans 
le  pencliaat  avec  les  escadrons  et  le» 
cohortes  d<iDt  il  s'étoitfoit  suivre,  vien- 
nent commencer  Tattaque.  Un  grand 
cri  s'élève  des  deui  cAlés,  se  répète 
sur  le  rempart  et  dans  tous  nos  ouvra- 
ges. Nos  gens  ayant  lancé  leurs  jave- 
lots, mettent  Tépée  à  la  main;  en 
mémo  temps  notre  cavalerie  parott  a 
kl  queue  des  ennemis,  et  d'autres  co- 
hortesapprorhent.  Lesieonemis  lâchent 
le  pied,s*enfuient,  et  rencontrent  notre 
cavalerie  qui  en  fait  un  grand  carnage. 
Sédulius,  général  et  prince  des  Liipou- 
sins,  est  tué;  Yergasillaunus,  Auverr 
gnat,  est  fait  prisonnier  en  fuyant; 
soixante-quatorze  drapeaux  sont  pris 
et  apportés  à  César.  De  ce  grand  nom- 
bre d*ennemii,  peu  rentrent  dans  leur 
camp.  Ceux  dj  la  ville  qui  virent  le 
massacre  et  la  fuite  de  leurs  gens,  per- 
dirent toute  espérance  de  se  sauver  et 
abandonnèrent  Taltaque  de  nos  ou- 
vrages. Les  Gaulois  qui  étoient  dans  le 
campf  en  ayant  appris  la  nouvelle, 
prennent  aussitôt  la  fuite.  Si  nos  trou- 
pes n'avoient  point  été  harcelées  du 
travail  du  jour  et  des  perpétuelles  at- 
taques auxquelles  il  leur  avoit  fallu  ré- 
sister, elles  auroient  pu  faire  périr 
toute  celte  armée.  Vers  minuit,  notre 
cavalerie  fut  envoyée  à  leur  poursuite, 
atteignit  leur  arrière-garde,  et  en  tua 
ou  fit  prisonniers  un  grand  nombre  : 
les  autres  se  sauvèrent  dans  leurs  pays. 
»  Le  lendemain  Yercingétortx  as- 
sembla le  conseil,  dit  qu'il  n'avoit 
point  entrepris  cette  guerre  pour  ses 
intérêts  particuliers,  mais  pour  la  li-^ 
berté  commune;,  que  puisqa*il  falloit 
céder  au  sort ,  il  s*offroit  à  eux  pour 
tout  ce  qu'ils  voudroient  faire  de  lui , 
soit  que  leur  intention  fût  ou  de  le  li- 
vrer vivant  aux  Romains,  ou  de  les  ap- 
paiser  par  sa  mort.  Sur  cela  on  dépote . 


les  chefs  et  tes  armes.  Fmt  fain  eié* 
cuter  ces  conditions,  il  se  rend  loi* 
même  dans  ses  retrancheinensà  la  tels 
de  son  camp.  Là,  les  chefs  eonemis 
paraissent  devant  lui.  Vcrcingétorii 
est  remis  entre  ses  mains,  et  les  aimei 
sont  apporté;es  à  ses 


vem  César,  qui  ofjdoane  qu'on  .lui  livre  |  lone  taiiti  si4iaiie. 


Siège  de  JéruielfWi  per  THii$,  Canj^leptii 
JéiUt^'Jiriftt. 

» 

La  ville  de  Jérusalem  ,  si  célèbre 
sous  tous  les  rapports,  a  soutenu,  soit 
dans  les  temps  antiques ,  soit  dans 
ceux  du  moyen  Age,  plusieurs  sié{;es 
fameux.  Je  ne  parlerai  ici  que  de  celui 
qu'en  fit  Titus,  souS  le  règne  de  Tem- 
pereur  Vespasien  son  père. 

Jérusalem,  bftlie  sur  deux  monta- 
gnes très  escarpées,  était  divisée  en 
Irois  parties  :  la  Vîlle-Ifaute,  la  Ville- 
Basse,  le  Temple,  et  chacune  d'elles 
avait  ses  fortifications  particulières.  Le 
Temple  était  comme  la  citadelle  des 
deux  villes;  plusieurs  murnilles  épais- 
ses et  fort  élevées  en  rendaient  Taccè» 
impraticable  ;  à  côté  s*élevait  une  forte- 
resse qui  le  défendait,  et  que  Ton  nom- 
mait Anionia,  Un  triple  mur;  qui  oc- 
cupait l'espace  de  trois  cents  stada[l), 
enfermait  la  ville  entière.  Le  premier  de 
ces  murs  était  Hanqué  de  quatre-vingt- 
dix  tours  très  hautes  et  très  fortes  ;  celai 
du  milieu  n^en  avait  que  quatorze,  et 
l'ancien  soixante.  Les  plus  belles  de 
ces  tours  étaient  celles  d'Uippicos,  de 
Phnzaël  et  de  Mariamnc,  qui  n'étaient 
prenables  que  par  la  famine.  Au  sep- 
tentrion, était  encore  le  palais  d'Hé- 
rode,  qui  pouvait  passer  pour  une  forte 
citadelle.  Ainsi ,  pour  5e  rendre  mettre 
de  Jérusalem ,  il  fallait  former  soccessi- 
ment  plusieurs  sièges,  et,  si  Ton  em- 

(f  )  La  stade  était  une  mesure  décent  vingt  pai 
géomiHriques,  équivalant  k  quatre-vlugt-qua» 


DBS  PLACES  FOBTBS. 


593 


portait  quelque  partie,  le  plus  fort  res- 
tait  encore  à  faire.  Telle  était  la  place 
que  Tite  yint  attaquer  avec  des  soldats 
accoutumés  à  vaincre  ;  et ,  malgré  leur 
valeur,  peutrètre  auraient-ils  échoué, 
si  les  plus  cruelles  divisions  n'eussent 
déchiré  les  entrailles  de  cette  ville  in- 
fortunée. 

Une  troupe  de  brigands  et  d'assas- 
sins, que  l'impunité  avait  rassemblés, 
s'étaient  jetés   dans  Jérusalem ,    et 
avaieni  à  leur  tète  Éléaiar,  de  race  sa- 
cerdotale. Ces  scélérats,  qui  se  don- 
naient le  beau  nom  de  zélateurs,  souil- 
laient le  temple  par  les  plus  grands 
crimes,  et  faisaient  souffrir  aux  ci- 
toyens tous  les  malheurs  d'une  ville 
'  l^ise  d'assaut  par  l'ennemi  le  plus 
emel.  Bientôt  cette  faction  se  divisa , 
et  tourna  ses  armes  contre  elle-même. 
Un  malheureux ,  nommé  Jean  de  Gis- 
cala,  avait  supplanté  Ëléazar,  et  s'était 
rendu  seul  chef  des  zélateurs.  Celui-ci, 
jaloux  de  l'autorité  de  son  rival,  se  sé- 
para de  lui,  et  s'étant  fait  un  grand 
nombre  de  partisans,  s'empara  de  la 
partie  intérieure  du  temple,  d'où  il  do- 
minait sur  les  troupes  de  Jean.  D'un 
autre  côté,  Simon,  fils  de  Gioras,  que 
le  peuple,  dans  son  désespoir,  avait  ap- 
pelé à  son  secours,  s'était  emparé  de 
raatorité,  et  tenait  en  son  pouvoir 
presque  tonte  la  ville.  Ces  trois  sédi- 
tieux se  faisaient  une  guerre  horrible 
et  continuelle,  dont  le  peuple  était 
toujours  la  triste  victime*  On  ne  trou- 
vait plas  de  sûreté  dans  sa  maison ,  et 
il  était  impossible  de  sortir  de  la  ville, 
dont  les  factieux  gardaient  tous  les 
passages.  On  tuait  ceux  qui  osaient 
se  plaindre»  ou  parler  de  se  rendre  aux 
Romains.  La  crainte  étouffait  la  pa- 
role, et  la  contrainte  renfermait  les 
gémissemens  au  fond  des  cœurs.  Lors- 
que Tile  eut  reconnu  la  place,  qu'il  eut 
fait  avancer  son  armée  et  commencer 


les  travaux ,  ces  tyrans,  voyant  le  dan- 
ger qui  les  menaçait  tous  également, 
suspendirent  leurs  divisions  et  réuni- 
rent leurs  forces  pour  conjurer  l'orage. 
Ils  firent  coup  sur  coup  plusieurs  sor- 
ties si  furieuses,  qu'ils  enfoncèrent  les 
Romains;  mais  ces  légers  désavantages 
ne  purent  ralentir  l'ardeur  des  assié 
geans.  Tite  fit  une  seconde  fois  le  tour 
de  la  ville  pour  connaître  par  quel  en- 
droit il  faudrait  l'attaquer;  et,  après 
que  sa  sagesse  eut  pris  toutes  les  pré- 
cautions nécessaires  pour  réussir,  il  fit 
jouer  ses  machines,  mit  ses  béliers  en 
batterie,  et  ordonna  l'attaque  par  trois 
côtés  différens.  Après  bien  des  efforts, 
et  malgré  la  vive  résistance  des  assié- 
gés, il  emporta  le  premier  mur  au 
bout  de  quinze  jours.  Animé  par  ce 
succès,  il  fit  attaquer  le  second ,  com- 
manda de  pointer  le  bélier  contre  une 
tour  qui  le  soutenait,  et  obligea  ceux 
qui  la  défendaient  à  l'abandonner,  et  la 
fit  tomber.  Cette  chute  le  rendit  maître 
du  second  rempart,  cinq  jours  après 
avoir  pris  le  premier.  Mais  à  peine 
jouissait-il  de  cet  avantage,  que  les  as- 
siégés fondent  sur  lui ,  l'enfoncent ,  et 
regagnent  le  mur.  Il  fallut  donc  atta- 
quer de  nouveau.  On  le  battit  pendant 
quatre  jours  en  plusieurs  endroits  à  la 
fois,  et  les  Juifs  furent  enfin  obligés  de 
céder.  Tite  ne  voulait  point  leur  perte. 
Pour  les  porter  à  rentrer  dans  le  de- 
voir, en  les  intimidant ,  il  fit  à  leurs 
yeux  la  revue  de  ses  troupes.  Aucun 
spectacle  n'était  plus  capable  d'inspi- 
rer de  la  terreur  -  mais  les  séditieux 
ne  purent  se  résoudre  à  penser  à  la 
paix.  Le  général  romain  s'en  étant 
apei  çu ,  partagea  son  armée  pour  for*» 
mer  deux  attaques  du  côté  de  la  forte- 
resse Antonia.  Cependant ,  avant  d'en 
venir  à  cette  extrémité,  il  voulut  en- 
core essayer  de  ramener  les  rebelles. 
Il  letr  envoya  l'historien  Joseph, 

38 


B9fr 


M  UL  DÉFnSB 


comme  pliu  propre  qae  tout  autre  à 
les  persuader,  parce  qu'il  était  Juif,  et 
qu'il  avait  teou  dans  sa  natiou  uu  rang 
considérable.  Ce  bon  patriote  leur  6t 
un  long  et  pathétique  discours,  pour 
les  conjurera  avoir  pitié  d'eui-mèmes, 
du  peuple,  du  templ  j  et  de  leur  patrie. 
Il  leur  fit  voir  les  malheurs  qui  les  at- 
tendaient ,  s'ils  n'écoutaient  point  un 
avis  sage.  Il  leur  rappela  adroitement 
tous  les  maux  qui  avaient  accablé  leurs 
pères  quand  ils  avaient  cessé  d'être  fi* 
aàles  à  Dieu,  et  les  merveilles  que  ce 
maître  absolu  de  la  nature  avait  opé- 
rées en  leur  faveur,  lorsqu'ils  lui  furent 
attachés,  n  finit  sa  harangue  comme  il 
Pavait  commencée,  en  répandant  un 
torrent  de  larmes.  Les  factieux  se  mo- 
quèrent de  son  lèle.  Plusieurs  furent 
persuadés ,  et  cherchant  à  se  sauver, 
ils  vendirent  ce  qu'ils  avaient  de  plus 
précieux  pour  une  petite  quantité  de 
pièces  d'or,  qu'ils  avalèrent,  de  peur 
que  les  tyrans  ne  les  leur  enlevassent, 
et  se  retirèrent  vers  les  Romains.  Tite 
les  reçut  avec  bonté  et  leur  permit  d'al- 
ler où  ib  voudraient.  Gomme  il  s'en 
échappait  tous  les  jours,  quelques  sol- 
dats s'aperçurent  de  cet  or  qu'ils 
avaient  avalé.  Aussitôt  le  bruit  cou- 
rut dans  le  camp  que  ces  transfuges 
avaient  le  corps  rempli  de  richesses. 
Ils  en  saisirent  quelques-uns,  leur 
fendirent  le  ventre  pour  vérifier  ce 
foit  et  chercher  dans  leurs  entrailles 
de  quoi  satisfaire  leur  abominable  ava- 
rice. Deux  mille  de  ces  malheureux  pé- 
rirent de  la  sorte.  Tite  en  conçut  une 
telle  horreur,  qu'il  aurait  fait  tuer  tous 
les  coupables,  si  leur  nombre  n'eût 
point  excédé  celui  des  morts.  Cepen- 
dant ce  prince  pressait  vivement  le 
siège.  Après  avoir  fait  élever  de  nou- 
velles terrasses,  pour  remplacer  celles 
que  les  ennemis  avaient  détruites,  il 
tint  conseil  avec  ses  principatx  offi- 


ciers. La  plupart  proposteent  de  doa- 
ner  un  assaut  général;  mais  Tite,  qoi 
n'était  pas  moins  avare  du  sang  des 
soldats,  que  prodigue  du  sien ,  fat  d'un 
sentiment  contraire.  Les  assiégés  se 
détruisaient  eux-mêmes  ;  qu'était41  b6 
soin  d'exposer  tant  de  guerriers  cou- 
rageux à  la  fureur  de  ces  forcenés?  D 
forma  donc  le  projet  d'environner  ta 
place  d'un  mur  qui  ne  permit  plus  soi 
Juifs  de  faire  des  sorties.  L'ooffige 
fut  distribué  entre  toutes  les  légioos, 
et  fini  en  trois  jours.  Ce  fut  dors  que 
les  factieux,  pour  la  première  fob,  dé- 
sespérèrent de  leur  salut. 

^i  les  maux  du  dehors  étaient 
grands,  ceux  qui  consumaient  l'infor* 
tunée  Jérusalem  n'étaient  pas  moîDS 
terribles.  Qui  pourrait  peindre,  s'écrie 
Joseph ,  les  tristes  effets  de  la  bmiae 
qui  dévorait  ces  malheureux)  Elle 
croissait  de  jour  en  jour ,  et  la  foreur 
des  séditieux ,  plus  redoutable  eacore 
que  ce  fléau,  croissait  avec  elle.  Rien  de 
sacré  pour  eux;  ils  arrachaient  toat 
aux  infortunés  citoyens.  Une  porte  fer* 
mée  signifiait  qu'il  y  avait  des  vivres; 
ils  l'enfonçaient,  et  leur  tiraient  pres- 
que les  morceaux  de  la  gorge  avec 
une  violence  brutale.  On  frappait  les 
vieillards;  on  traînait  les  femmes  par 
les  cheveux,  sans  égards  pour  l'âge, 
ou  la  condition.  On  n'avait  nulle  pitié 
de  l'innocent  qui  pouvait  à  penie  bé- 
gayer. Ceux  à  qui  'A  restait  encore 
quelque  nourriture ,  s'enfermant  dans 
le  plus  secret  de  leurs  maisons,  ava- 
talent  le  grain  sans  l'écraser ,  on  se 
remplissaient  de  viandes  crues  de  penr 
que  l'odeur  n'atlirAt  chex  eux  ces  in- 
quisiteurs inhumains.  On  voyait  se 
traîner  d'un  pas  chancelant  des  hom- 
mes enflés,  ou  plutôt  des  fantômes,  le 
visage  desséché,  les  yeux  creux,  et 
tomber  tout  à  coup  où  la  faim  leur  don« 
uait  la  mort.  On  n'avait  plus  ni  la  force, 


DBS  PLACES  FORTES. 


595 


ni  le  courage  d*ensevelir  les  cadavres, 
tant  le  nombre  en  était  grand  !  On  ne 
voyait  plus  de  larmes  ;  les  malheurs 
publics  en  avaient  tari  la  source.  On 
n^entendait  pins  de  soupirs  ;  la  faim 
avait  étouffé  tous  les  sentimens  de  FA* 
me.  Une  multitude  affamée  courait  çà 
et  là  et  se  jetait  avidement  sur  ce  qui 
ne  serait  même  pas  à  Fusage  des  bêtes 
les  plus  immondes.  Enfln  Titus  se  h&ta 
de  terminer  tant  de  maux  par  un  as- 
saut général. 

On  voulut  escalader  le  temple.  Les 
assiégés  repoussèrent  les  Romains.  On 
mit  le  feu  aux  portiques,  et  la  flamme 
gagna  jusqu'aux  galeries  sans  que  les 
Joifsse  missent  en  peine  de  l'éteindre. 
EnGn  ils  voulurent  faire  un  dernier  ef- 
fort, et  se  délivrer,  s'il  était  possible, 
d'an  ennemi  qui  les  pressait  si  vive- 
ment ou  périr  les  armes  à  la  main  et 
vendre  chèrement  le  peu  de  vie  qui 
leur  restait.  Hs  sortirent  avec  impétuo- 
sité par  une  porte  du  temple,  se  jetè- 
rent sur  les  Romains,  les  enfoncèrent  ; 
et  sans  doute  ils  les  auraient  poursuivis 
jusque  dans  leur  camp ,  si  Tite ,  qui 
voyait  ce  combat  du  haut  de  la  forte- 
resse Antonia  dont  il  s'était  rendu 
maître,  n'eût  volé  promptement  au 
secours  det  vaincus.  Les  nouvelles 
troupes  font  changer  la  fortune.  Les 
Jaifs  sont  accablés  par  le  nombre  et 
contraints  de  se  renfermer  dans  le 
temple  dont  le  prmce  ordonne  l'assaut 
pour  le  lendemain.  Mais  dans  ce  mo- 
ment un  soldat,  sans  en  avoir  reçu  Tor- 
dre, et  comme  poussé  par  un  mouve- 
ment surnaturel,  se  fait  soulever  par 
an  de  ses  compagnons ,  et  jette ,  par 
une  fenêtre  de  ce  vaste  et  superbe  édi- 
fice une  pièce  de  bois  toute  enflam- 
mée. Le  feu  prend  aussitôt  ;  les  Juifs 
i*en  aperçoivent,  jettent  de  grands  cris 
et  font  d'inutiles  efforts  pour  arrêter 
les  progrès  de  riocendie.  Titus  lui- 


même  accourt  avec  son  armée  pour  ai- 
der les  rebelles.  Le  soldat  furieux  ne 
songe  qu'à  repaître  sa  vengeance ,  et 
trompe  les  desseins  de  son  général. 
Enfln  la  flamme  consuma  tout,  et  ce 
temple  fameux  fut  réduit  en  cendres , 
la  seconde  année  du  règne  de  Vespa- 
sien.  Les  Romains  firent  un  grand  car- 
nage. Les  factieux ,  par  une  nouvelle 
attaque,  retardèrent  leui  perte  de 
quelques  instans,  et  se  cantonnèrent 
dans  la  ville  et  dans  les  trois  tours 
d'Hippicos,  dePhazaël  et  deMariamne. 
Les  vainqueurs  se  disposèrent  à  les  as- 
siéger; mais,  à  la  vue  des  machines, 
les  rebelles  intimidés  cherchèrent  leur 
salut  dans  une  prompte  fuite  et  laissè- 
rent les  Romains  maîtres  de  tout.  Us 
pillèrent  la  ville ,  tuèrent  des  milliers 
d'habitans  et  mirent  le  feu  partout. 
Tite  fut  déclaré  imperator^  dénomina- 
tion auguste  qu'il  avait  méritée  par  sa 
rare  valeur.  Il  entra  dans  Jérusalem  en 
triomphe,  admira  la  beauté  et  la  soli- 
dité des  fortifications  qu'il  fit  abattre, 
à  l'exception  des  trois  tours  qu'avaient 
tenues  les  factieux.  Onze  cent  mille 
hommes  périrent  dans  ce  siège  mémo- 
rable; quatre-vingt-dix-sept  mille  fu- 
rent faits  prisonniers.  Jean  fut  trouvé 
dans  des  égoûts  où  ce  scélérat  s'était 
caché  pour  échapper  aux  Romains,  et 
condamné  à  une  prison  perpétuelle. 
Simon  fut  obligé  de  se  rendre  après 
avoir  défendu  vaillamment  sa  liberté. 
Il  servit  à  décorer  te  triomphe  du  vain- 
queur; puis  on  Texécuta  publique- 
ment à  Rome.  Eléazar,  qui  avait 
échappé ,  s'étant  retiré  dans  une  for- 
teresse, fut  obligé  de  se  donner  la 
mort.  Ainsi  périrent  ses  barbares 
qui  avaient  causé  la  chute  de  leur 
patrie.  Jérusalem  fut  ruinée,  pour  la 
seconde  fois,  Fan  de  Jésus-Christ  72, 
et  2177  après  sa  fondation.  Tite, 
ayant  ^récompense  la  valeur  de  ses 


596 

goldate ,  retooma  dans  la  capitale  du 
monde,  où  il  reçut  les  honneurs  d*un 
glorieux  triomphe. 

Siège  de  Palmjre  par  Àarélien,  en  273. 


DE  LA  DÉFENSE 

Un  essaim  de  Normands,  avide  de  bu- 
tin ,  vint  assiéger  Paris  qu'ils  avaient 
souvent  et  inutilement  attaqué  les  an- 
nées précédentes.  Leur  armée  était  de 
quarante  mille  hommes,  et  pics  de  sept 
cents  bateaux  couvraient  la  Seine  dans 
Après  la  bataille  d'Emèse,  Zénobie  l'espace  de  deus  lieues.  Lesbalistes, 
se  renferma  dans  Palmyre,  sa  capitale,  |  les  galeries,  les  béliers,  les  brûlots,  les 

tours,  les  cavaliers,  toutes  les  machi- 
nes de  guerre  inventées  pour  la  des- 
truction des  villes,  furent  employés 
par  les  Barbares.  Ils  donnèrent  six  as- 
sauts furieux.  Les  Parisiens  les  soutin- 
rent avec  un  courage  inébranlable.  Ils 
étaient  animés  par  l'exemple  de  leur 
comte  Eudes,  que  ses  grandes  quali- 
tés élevèrent  depuis  sur  le  trdne  fran- 
çais, et  par  les  exhortations  de  TévA- 
queGauzlin.  Ce  prélat,  le  casquées 
tète,  un  carquois  sur  le  dos,  une  hacbs 
à  sa  ceinture,  combattait  sur  la  brèche, 
à  la  vue  d'une  croix  qu'il  avait  plantée 
sur  le  rempart.  Il  trouva  la  mort  eo 
immolant  une  foule  d'ennemis.  Ans* 
chérie,  qui  lui  succéda  sur  le  siège 
épiscopal ,  hérita  de  son  courage  et  de 
son  amour  pour  la  patrie.  Il  continua 
de  conduire  les  assiégés.  Il  était  se- 
condé par  l'abbé  Ebole,  neveu  de  Gauz- 
lin.  Cet  intrépide  ecclésiastique  ré- 
pandait partout  l'étonnement  et  la  ti- 
reur. La  nature  lui  avait  donné  une 
force  prodigieuse.  Dans  le  second  as- 
saut, il  courut  sur  la  brèche,  armé  d'un 
javelot  qui  ressemblait  à  une  grande 
broche,  il  en  perçait  les  Mormènds,  et 
criait  à  ses  compatriotes  :  Poriex  aux- 
ci  à  la  cuisine ,  ils  sont  tout  embroekis. 
Enfin ,  après  dix-huit  mois  d'efforts,  les 
Barbares  firent  une  dernière  tentative. 
Ils  coururent  en  foplo  au  pied  des  mu- 
railles. Ils  n'étaient  *point  attendus. 
Plusieurs  d'entre  eux  avaient  gagné 
les  créneaux ,  et  criaient  déjà  victoire. 
Dans  ce  moment,  un  soldat  d'une 
taille  médiocre,   mais  d'un  courage 


où  Aurélien  vint  l'ac-Méger.  Avant  de 
commencer  les  attaques,  ce  prince  vou- 
lut l'engager  à  se  rendre  ;  mais  la  fière 
reine  lui  répondit  avec  tant  de  hauteur, 
que  l'empereur,  irrité,  pressa  la  place 
avec  beaucoup  d'ardeur.  Les  Palmyré- 
niens  se  défendirent  d'abord  avec  tant 
d'avantage,  qu'ils  insultaient  même  les 
assiégeans,  et  les  exhortaient,  avec 
une  ironie  amère,  à  ne  pas  tenter  l'im- 
possible. Le  siège  dura  long-temps,  et 
ce  fut  la  disette  de  vivres  qui  mit  fin  à 
la  résistance  de  la  reine.  Cette  prin- 
cesse, digne  d'un  meilleur  sort,  fut  ar- 
rêtée et  conduite  devant  l'empereur, 
qui  remmena  à  Rome,  pour  orner  son 
triomphe. 

SECTION  U. 

Exemples  tirés  de  l'histoire  moderne» 
Siège  de  Paris  par  les  Normand! ,  en  686. 

Lorsque  Clovis  eut  jeté  dans  les 
Gaules  les  fondemens  de  l'Empire 
français,  Paris  devint  la  capitale  de 
ses  États.  C'est  sous  le  règne  de  ce 
prince  et  de  ses  successeurs,  qu'elle 
vit  agrandir  son  enceinte;  et  bientôt 
elle  occupa  tout  l'espace  qui  est  ren- 
fermé entre  les  deux  bras  de  la  Seine. 
Dans  la  suite,  les  courses  des  Barbares 
obligèrent  de  la  fortifier  de  plus  en 
plus.  On  les  défendit  l'un  et  l'autre 
par  une  tour  où  Ton  a  bâti  le  grand  et 
le  petit  Ch&telet.  En  885  on  connut 
toute  l'importance  de  ces  précaitiona. 


DES  PLACES  FORTES. 


SOT 


eitraordinaire,  nommé  Gerbaut ,  suivi 
seulement  de  cinq  hommes,  aussi  bra- 
ves que  lui,  s'arance,  tue  les  premiers 
qu'il  rencontre,  renverse  les  autres 
dans  le  fossé,  arrache  les  échelles, 
pourvoit  à  la  sûreté  de  cet  endroit,  et 
sauve  la  ville.  Ce  fut  alors  que  le  roi 
Charles-le-Gros ,  qui  avait  fait  d'inu- 
tiles efforts  pour  secourir  ses  fidèles 
sujets,  traita  avec  les  Normands,  et 
les  fit  consentir  à  se  retirer,  moyen- 
nant sept  cents  livres  pesant  d'argent, 
qu'on  promettait  de  leur  payer  dans 
pielqnes  mois. 

Siège  de  Toulouse  par  Simon  de  Montfort, 

en  1217. 

Pierre  II,  dit  le  Catholique,  roi  d'A- 
ragon ,  ayant  voulu  faire  une  diversion 
en  faveur  de  Raymond,  comte  de  Tou- 
louse, son  beau-frère,  était  venu  en 
1213,  avec  une  armée  formidable,  as- 
siéger dans  Muret ,  Simon  de  Mont- 
fort,  implacable  ennemi  du  comte 
Raymond.  Mais  Simon  de  Montfort, 
qui  avait  dans  la  place  douze  cents  ca- 
valiers et  sept  cents  fantassins,  fit  une 
sortie  si  vigoureuse,  qu'il  tua  aux  en- 
nemis, disent  les  historiens,  quinze  à 
vingt  mille  hommes;  sept  mille  se 
noyèrent  dans  la  Garonne,  et  Pierre 
d'Aragon ,  lui-même,  perdit  la  vie. 

Quatre  ans  après,  en  1217,  Simon 
ie  Montfort  vint  à  son  tour  assiéger  le 
comtc^ Raymond  dans  Toulouse.  Il  es- 
saya d'abord  d'y  entrer  par  le  ch&teau 
narbonnais  ;  mais  il  y  trouva  des  guer- 
riers intrépides,  et  vit  échouer  tous  ses 
efforts.  Il  entreprend  alors  un  siège 
dans  les  formes  ;  il  livre  plusieurs  com- 
bats sanglans  ;  il  donne  plusieurs  as- 
sauts terribles,  et  épuise  ses  forces 
pendant  quatre  mois.  Un  jour  enfin, 
qu'il  menait  les  assiégés  battant  jus- 
que dans  leurs  fossés,  une  pierre,  lan- 


cée par  une  femme,  l'atteignit  à  la  tèt9 
et  le  tua.      ^ 

Siège  d'Henncbon  par  Charles  de  Blois, 

en  ia41. 

Charles  de  Blois,  fier  de  tenir  en 
prison  son  compétiteur,  le  comte  de 
Montfort ,  marcha  vers  Hennebon ,  où 
la  comtesse  de  Montfort  s'était  retirée. 
Cette  ville  passait  pour  la  plus  forte 
place  de  la  Bretagne,  et  les  assiégés 
étaient  encore  animés  par  la  présence 
et  par  l'exemple  de  leur  incomparable 
héroïne.  Elle  fit  des  prodiges  de  va- 
leur. Les  plus  rudes  assauts  se  succé- 
daient presque  sans  interruption.  Ar- 
mée de  pied  en  cap,  on  la  voyait  com- 
battre sur  la  brèche,  courir  à  tous  les 
postes,  encourager  ses  gens,  les  faire 
avancer,  les  soutenir.  Durant  la  plus 
terrible  de  ces  attaques,  elle  monte  au 
sommet  de  la  forteresse,  et  de  là,  dé- 
couvrant que  la  plus  grande  partie  de 
l'armée  ennemie  était  occupée  à  l'as- 
saut, elle  descend  avec  précipitation, 
monte  à  cheval ,  suivie  de  cinq  cents 
hommes,  sort  par  une  porte  éloignée 
de  l'attaque ,  et  fond  avec  la  rapidité 
de  l'éclair  sur  le  camp  des  assiégeans. 
Elle  renverse  ce  qui  s'oppose  à  son 
passage  ;  tout  fuit  devant  elle.  Les  ten- 
^  tes  sont  arrachées  ou  livrées  aux  flam- 
"^mes.  Bientôt  l'embrftsement  du  camp 
est  aperçu  par  les  assiégeans.  Ib  aban- 
donnent l'assaut  pour  arrêter  l'incen- 
die. La  comtesse  rassemble  sa  troupe 
et  veut  rentrer  dans  Hennebon  ;  mais 
les  ennemis  se  trouvant  entre  elle  et 
la  ville,  elle  tourne  bride,  et  prend  la 
route  d'Aurai ,  où  elle  arriva  heuren* 
sèment ,  laissant  ses  ennemis  aussi  sur- 
pris que  saisis  d'admiration,  lorsqu'ils 
iipprirent  que  c'était  la  comtesse  en 
personne  qui  leur  avait. donne  uiia 
alarme  si  vive.  Cinq  jours  après,  elle 


DB  Là  DÉnOIIB 


revient  à  la  tète  de  sa  petite  troupe, 
force  no  des  qnartiers  des  assiégeans, 
et  rentre  dans  la  ville  à  la  vue  de  l'ar- 
mée.  Hennebon  ne  fat  pas  prise;  la 
comtesse  de  Montfort  reçut  d'Angle- 
terre nn  secours  de  troupes,  et  elle 
obligea  Charles  de  Blois  à  lever  hon- 
teusement le  siège. 

Blocai  de  Gsliis  par  Edoaard  III ,  roi  d'An« 
gleterre,  en  1316. 

Après  la  fameuse  bataille  de  Créci , 
Edouard,  pour  proflter  de  sa  victoire, 
marcha  vers  Calais,  qu'il  investit  au 
mois  de  septembre  1346.  Calais  était 
Tune  des  plus  fortes  villes  qu'eût  alors 
la  France  ;  c'était  la  clef  du  royaume. 
La  bonté  de  son  port  y  attirait  un 
commerce  toujours  florissant.  Ses  for- 
tifications étaient  à  l'épreuve;  son 
peuple  était  guerrier;  sa  garnison 
nombreuse  était  redoutable  ;  enfin  le 
célèbre  Jean  de  Vienne,  son  gouver- 
neur, valait  seul  une  armée  entière. 
Tant  de  difficultés,  tant  d'obstacles, 
qui  paraissaient  insurmontables,  ne  fu- 
rent point  capables  d'effrayer  le  mo- 
narque animé  de  plus  en  plus  par  ses 
triomphes.  Au  Heu  de  presser  la  ville 
par  des  attaques  vives  et  meurtrières, 
il  se  contenta  de  la  bloquer  exactement 
par  mer  et  par  terre.  Son  camp,  qu'il 
avait  placé  entre  la  ville,  la  rivière  de 
Haye  et  le  pont,  devint  une  espèce  de 
ville,  aussi  régulièrement  fortifiée  que 
celle  qu'il  assiégeait  ;  les  soldats  se  bâ- 
tirent des  cabanes  pour  passer  l'hiver^ 
Ils  creusèrent  des  retranchements;  ils 
élevèrent,  de  distance  en  distance,  des 
redoutes,  des  fossés  et  des  tours  qui  les 
mettaient  à  couvert  de  toute  insulte. 
Cependant  on  faisait  sortir  de  Calais 
toutes  les  bouches  inutiles  au  nombre 
de  dix-sept  cents;  ces  malheureuf 
proscrits  vinrent  au  camp  des  Anglais. 


Edouard  les  recutgénéreusement,  feu 
fit  donner  &  dtner,  et  deux  sterlingi 
à  chacun.  Cette  cruelle  précaution  ne 
put  sauver  les  assiégés  des  horreurs  de 
la  disette.  La  pkce,  environnée  d'en- 
nemis depuis  plus  de  neuf  mois,  avait 
vu  disparaître  toutes  ses  proiisions  : 
bientôt  la  misère  devint  extrême.  Oo 
se  vit  contraint  de  manger  les  animaux 
les  plus  inmnondes.  Des  diiens,  des 
chats ,  des  souris ,  même ,  étaient  da 
mets  délicieux  ;  et  quand  on  eut  épuisé 
ces  vils  alimens,  on  se  vit  réduit  k  ]à 
disette  la  plus  affireuse,  hi  plus  déses- 
pérante. Néanmoins  le  courage  des  ci- 
toyens se  soutenait  toujours  au  milieu 
de  tant  de  maux.  L'amour  de  la  patrie 
triomphait  de  la  nature  ;  ils  aimaient 
ndeux  mourir  que  de  reconnaître  un 
autre  souverain  que  Philippe.  Ce  prince 
n'oubliait  rien  pour  les  délivrer.  Après 
plusieurs  tentatives  Infructueuses,  il 
rassembla  une  armée  de  soixante  mOIe 
hommes,  &  la  tète  de  laquelle  il  vint  se 
présenter  &  Edouard.  Bientôt  il  recon- 
nut l'inutilité  de  ce  nouvel  effort:  il 
envoya  offrir  la  bataille  ;  le  roi  d'An- 
gleterre répondit  froidement  aux  dé- 
putés :  «  Je  suis  ici  pour  prendre  Calais 
»  et  non  pour  me  battre.  Si  votre  mal* 
9  tre  veut  combattre,  c'est  à  lui  devoir 
D  comment  il  s'y  pi-endra  pour  m'y 
»  contraindre.  »  En  disant  ces  mots,  il 
fit  examiner  aux  députés  toutes  les  for- 
tifications de  son  camp,  et  les  renvoya 
vers  le  monarque.  Philippe,  si  cruelle- 
ment bravé,  frémissait  de  honte  et  de 
colère  ;  mais,  vaincu  par  la  nécessité,  il 
se  relira,  désespéré  d'abandonner  de 
si  braves  guerriers  et  des  sujets  si  fi- 
dèles, à  la  discrétion  d'un  ennemi  vain- 
queur, et  qu'une  longue  résistance 
avait  rendu  implacable.  La  retraite  da 
roi  mit  le  comble  à  la  douleur  des  gé- 
néreux citoyens  de  Calais;  ils  ne  son- 
gèrent plus  qu'à  se  rendre.    A  leur 


DBS  PLACES  FORTES. 


a9v 


prière,  Jean  de  Vienne  monta  aux  cré- 
neaux des  murailles ,  et  fit  signe  qu'il 
Youlait  parler.  Edouard  envoya  Gautier 
de  Manni  et  le  sire  de  Basset  pour  con* 
férer  avec  lui.  «  Chiers  seigneurs,  leur 
9  dit  le  gouvemeur,  vous  êtes  moult 
»  vaiHans  chevaliers  en  faits  d'armes,  et 
9  savez  que  le  roi  de  France,  que  nous 
»  tenons  à  seignem ,  nous  a  céans  en- 
9  voyés.  et  commandé  que  nous  gar- 
B  dioDS  cette  ville  et  chAtel ,  si  que 
p  blfime  n'en  eussions,  et  lui  nul  dom- 
»  mage  :  nous  en  avons  fait  notre  pou- 

8  voir.  Or  est  notre  secours  failli ,  et 
»  nous  si  estraints  «  que  nous  n'avons 
D  de  quoi  vivre.  Si  nous  conviendra 
)>  tous  mourir,  ou  enrager  de  famine, 
»  si  le  gentil  roi,  votre  seigneur,  n'a 
»  marci  de  nous ,  laquelle  chose  lui 
B  veuillez  prier  en  pitié,  et  qu'il  nous 

9  veuille  laisser  aller  tout  ainsi  que 
9  nous  sommes. 

>  Jean  ,  répondit  Gautier,  nous  sa- 
s  ions  une  partie  de  l'intention  de 
»  Monseigneur  le  roi  ;  car  il  nous  l'a 
»  lit  :  sachez  que  ce  n'est  mie  son  en- 
»  tente  que  vous  en. puissiez  aller  ainsi  ; 
»mais  son  intention  est  que  vous  vous 
t  mettiez  tous  à  sa  pure  volonté ,  ou 
)  pour  rançonner  ceux  qu'il  lui  plaira, 
»  ou  pour  faire  mourir.  » 

De  Vienne  redoubla  ses  prières  et 
fes  instances  auprès  de  Mauni,  pour 
engager  à  fléchir  le  courroux  du  mo- 
narque. L'àme  généreuse  du  chevalier 
anglais  fut  pénétrée  de  douleur.  Il  pro- 
mit: il  se  flatta  de  réussir.  Tous  les  gé« 
néraux  se  réunirent  à  lui  poi^  calmer 
Finflexible  Edouard;  et  ce  prince,  cé- 
dant enfin  à  leurs  vives  supplications, 
leur  dit  :  ce  Seigneurs,  je  ne  veux  mie 
»  être  tout  seul  contre  vous  tous.  Sire 
»  Gautier,  vous  direz  au  capitaine  de 
»  Calais,  que  la  plus  grande  grâce  qu'il 
»  pourra  trouver  en  moi ,  c'est  qu'il  se 


^  bourgeois,  les  chefs  tons  nus  et  tous 
D  déchaussés .  les  harts  au  col ,  et  les 
x>  clefs  de  la  ville  et  du  ChAtelet  en  leurs 
x>  mains  ;  et  de  ceux  je  ferai  à  ma  vo- 
»  lonté,  et  le  ramanent  je  prendrai  à 
»  merci.  » 

Mauni  se  imca  oe  porter  ces  ordres 
du  vainqueur  ;  et  Jean  de  Vienne  le 
pria  d'assister  à  la  déclaration  qu'il  en 
allait  faire  au  peuple.  Tous  les  habw 
tans,  assemblés  sur  la  place,  atten« 
daient  la  réponse  d'Edouard  avec  cette 
inquiétude  cruelle   que   donnent  la 
crainte  de  la  mort  et  l'espérance  de  la 
vie.  Dès  que  l'arrêt  eut  été  publié,  on 
morne  silence  annonça  l'anéantisse* 
ment  de  tous  les  coeurs.  On  se  regar- 
dait en  frissonnant  ;  on  cherchait  avec 
effroi  ces  six  victimes  du  salut  public  ; 
on  désespérait  de  les  rencontrer.  Enfin 
des  cris  lugubres,  entrecoupés  de  san- 
glots,  de  gémissemens  et  de  pleurs,  in- 
terrompirent tout  à  coup  ce  vaste  si- 
lence. Mauni,  témoin  d'un  spectacle  si 
touchant,  ne  put  retenir  ses  larmes,  et 
confondit  ses  soupirs  avec  ceux  de  ces 
citoyens  désolés.  Cependant  le  mo- 
ment fatal  approchait  :  il  fallait  se  dé- 
cider. Au  milieu  de  ce.  peuple  vaincu 
par  la  douleur,  abattu,  consterné,  un 
héros,  dont  le  nom  doit  vivre  éternel- 
lement dans  la  mémoire  des  honunes, 
l'honneur  de  sa  patrie,  la  gloire  de  la 
France,  Eustache  de  Saint-Pierre,  se 
présente,  et  suspend  par  ses  paroles  le 
désespoir  de  ses  concitoyens  .  <i  Sei« 
x>  gneurs,  grands  et  petits,  s'écrie  le 
x>  zélé  patriote,  grand  mechef  seroit  de 
D  laisser  mourir  un  tel  peuple  qui  cy 
»  esc ,  par  famine  ou  autrement ,  quand 
»  on  y  peut  trouver  aucun  moyen  ;  et 
»  seroit  grande  grflce  devant  notre  Sei- 
»  gneur,  qui  de  tel  mechef  le  pourrolt 
»  garder.  J'ai  en  droit  moi  si  grande 
r>  espérance  d'avoir  pardon  en  notre 


parte  de  la  ville  six  des  plus  notabicsl  »  Seigneur,  si  je  meurs  pour  ce  peuple 


DB  LA 

»  saayer,  que  je  veux  être  le  premier.  » 
A  peine  eut-il  cessé  de  parler,  qu'il  re- 
çut le  prix  le  plus  pur  de  la  reconnais- 
sance de  ses  concitoyens,  a  Chacun 
»  Talloit  adorer  de  pitié.  »  Ils  se  pros- 
ternèrent à  ses  pieds,  en  les  arrosant  de 
larmes.  Quel  empire  la  vertu  n'exerce- 
t-elle  pas  sur  les  cœurs  !  Jean  d'Aire, 
imitant  le  courage  de  son  cousin ,  vou- 
lut partager  Thonneur  de  mourir  pour 
la  patrie ,  et  vint  se  ranger  à  ses  côtés. 
Jacques  et  Pierre  Wisant,  frères,  et 
parens  de  ces  généreux  martyrs,  brû- 
lant du  même  zèle,  se  dévouèrent  avec 
eux.  Enfin  deux  autres  citoyens,  dont 
rbistoire  n'a  pas  conservé  les  noms, 
ces  noms  sacrés  qu'on  aurait  dû  graver 
en  caractères  ineffaçables ,  achevèrent 
le  nombre  des  six  victimes.  Le  gouver- 
neur, qui  courbé  sous  le  poids  des  an- 
nées et  des  maladies,  pouvait  à  peine 
se  soutenir,  monta  à  cheval  et  les  con- 
duisit jusqu'à  la  porte  de  la  ville.  Là, 
il  les  remit  entre  les  mains  de  Mauni, 
en  le  priant  d'intercéder  pour  eux  au- 
près de  son  roi.  Us  parurent  devant 
Edouard ,  et  lui  présentèrent  humble- 
ment les  clefs  de  Calais.  Leur  magna- 
nimité inspira  de  l'admiration  et  de  la 
pitié  aux  seigneurs  anglais  qui  envi- 
ronnaient le  roi.  Ce  prince  resta  seul 
inflexible,  il  jeta  sur  eux  un  regard  sé- 
vère, et  commanda  qu'on  les  conduisit 
au  supplice.  En  vain  le  prince  de  Galles 
se  jeta  plusieurs  fois  À  ses  pieds,  et  s'ef- 
força plusieurs  fois  de  le  fléchir  :  il  fut 
inexorable.  «  Soit  fait  venir  le  coupe- 
»  tète,  répéta-t-il  d'un  ton  terrible.» 
Ces  illustres  infortunés  allaient  perdre 
la  vie.  Edouard  allait  flétrir  ses  lau- 
riers par  une  indigne  vengeance ,  si  la 
reine  son  épouse ,  héroïne  généreuse, 
n'eût  fait  un  dernier  effort  pour  calmer 
son  aveugle  colère.  Elle  embrassa  ses 
genocr..,  et  le  conjura,  les  larmes  aux 
feux,  de  ne  pas  souiller  sa  victoire.  Le 


DiFB(ISB 

monarque  baissa  les  yeux.  «  Ah!  lb« 
»  dame,  s'écria-t-il  après  on  moment 
x>  de  silence,  j'aimasse  mieux  que  vous 
»  fussiez  autre  part  qu'icy.  Vous  m% 
»  priez  si  acortes,  que  je  ne  puis  vous 
»  éconduire  :  si  les  vous  donne  à  votre 
D  plaisir.  »  Aussitôt  la  magnanime  pria- 
cesse  les  enmiena  dans  son  apparte- 
ment ,  leur  fit  apporter  à  diner,  les  fit 
habiller,  et  les  renvoya  sous  uno  es- 
corte sûre,  après  leur  avoir  fait  donner 
à  chacun  six  pièces  d'or  pour  leurs  be- 
soins. Le  lendemain  Edouard  entra 
triomphant  dans  Calais ,  dont  il  chassa 
tous  les  habitans  et  qu'il  peupla  l'An- 
glais. On  prétend  que  c'est  la  prenière 
attaque  de  place  où  l'on  ait  emplojé  du 
canon. 

Cette  ville,  aussi  célèbre  par  le  «en- 
rage et  la  fidélité  de  ses  habitans  que 
par  son  importance,  fut  recouvrée  par 
Henri  II ,  en  1658.  Le  célèbre  duc  de 
Guise,  qui  avait  déjà  si  vaillanunîE: 
défendu  Metz  en  1553,  reprit  en  bit 
jours  de  temps  la  ville  de  Calais ,  qii 
avait  coûté  un  an  à  Edouard  III ,  st 
que  les  Anglais  avaient  possédée  pei- 
dant  plus  de  deux  siècles.  Cette  perle 
fut  si  sensible  à  la  reine  Marie,  qu'elb 
en  tomba  dangereusement  malade 
Hélas  I  dit-elle ,  Calais  oeeufs  si  fou 
mon  eœur^  que  si  Von  en  fait  la  disêtc- 
lion  après  ma  mort,  on  n'y  trouvera  qui 
cette  ville. 

En  1596,  pendant  que  Henri  IV 
était  occupé  au  siège  de  la  Fère,  le» 
Espagnols  attaquèrent  Calais  et  la  pri- 
rent :  mais  les  habitans  y  signalèrent 
encore  leur  patriotisme.  Après  la  red- 
dition de  la  ville,  les  bourgeois  se  reti- 
rèrent, avec  la  garnison,  à  la  citadelle, 
et  s'y  défendirent  avec  tant  d'obstina- 
tion, que  les  Espagnols  furent  obligés 
de  la  prendre  d'assaut  :  plus  de  neuf 
cent  soixante  bourgeois  y  périrent; 
quelques-uns  d'eux  se  retirèrent  dans 


DBS  PLACES  FOATfiS. 

réglise,  où  ils  se  défendirent  encore 
avec  tant  de  résolution  au*ils  obtin- 
^nt  quartier. 


601 


Siéfp  ae  Reoiiej  par  les  ÀnglaU,  en  1357. 

En  1357,  les  Anglais  s'approchèrent 
de  Rennes,  sous  la  conduite  du  duc  de 
Lancastre,  et  en  formèrent  le  siège. 

Il  y  avait  déjà  six  mois  que  cette  ville 
importante  était  investie,  rien  n'y  pou- 
vait entrer,  et  elle  était  dans  une  néces- 
sité pressante  lorsqu'un  bourgeois  de  la 
ville  s'offrit  d'aller  à  Nantes  avertir  Char- 
les de  Blois  du  danger  où  se  trouvait  la 
place.  Â  peine  avait-il  traversé  le  camp 
ennemi ,  qu'il  rencontra  Bertrand  Du- 
gaesclin  et  lui  dit  le  sujet  de  son 
^jyage.  Le  chevalier  breton  rassemble 
aossitAt  ses  gens ,  qui  formaient  une 
petite  troupe,  se  met  à  leur  tète,  vient 
fondre  sur  les  retranchemens  des  An- 
glais, massacre  tout  ce  qu'il  rencontre, 
renverse  les  tentes,  y  met  le  feu,  s'em- 
pare de  deux  cents  chariots  de  vivres 
qu'il  fait  marcher  devant  lui ,  et  entre 
dans  Rennes  où  il  est  reçu  comme  un 
libérateur.  Cet  intrépide  guerrier  dès 
sa  plu  tendre  enfance  ne  respirait  que 
les  combats,  a  II  n'y  a  point  de  plus 
»  mauvais  garçon  au  monde  (disait  sa 
»mëre),  il  est  toujours  blessé,  le  visage 
»  rompa,  toujours  battant  ou  battu.  Son 
»père  et  moi  nous  le  voudrions  voir 
ftsous  terre.  »  On  n'avait  pu  venir  à 
bout  de  lui  apprendre  à  lire.  Son  pre- 
mier soin  était  de  battre  tous  les  maî- 
tres qu'on  lui  donnait,  a  Je  suis  fort 
j»laid,  disait-il,  et  partant  jamais  je  ne 
»  serai  bien  venu  dçs  dames  ;  mais  puis- 
>  que  je  suis  laid  et  mal  fait  je  veux  être 
>bien  hardi.  x>  Cette  héroïque  habi- 
tude était  déjà  bien  contractée  lorsqu'il 
entra  dans  Rennes.  Le  secours  d'ar- 
mes, de  vivres  qu'il  apportait ,  et  sur- 
tout sa  présence,  rendirent  le  courage 


aux  assiégés  qui  désormais  se  crurent 
invincibles.  Cependant  les  Anglais  ten- 
tèrent un  dernier  effort.  Ils  firent  ap- 
procher d'effrayantes  machines  et  don- 
nèrent le  jour  même  un  assaut  général 
Tout  fut  inutile;  et  le  duc,  désespéré, 
fut  obligé  défaire  retraite,  quoiqu'il  eût 
juré  d'emporter  la  ville  ou  de  périr  de- 
vant ses  murs.  Depuis  ce  jour,  le  nom 
de  Duguesclin  devint  fameux  dans 
toute  la  France,  et  l'Angleterre  vit  dès 
lors  combien  elle  avait  à  craindre  de  ce 
héros  naissant. 

Siège  de  Reims  par  les  Anglais,  eo  1359. 

Edouard  III,  voyant  que  la  trêve 
conclue  avec  la  France  était  expirée, 
partit  de  Calais,  en  1359,  avec  une  armée 
redoutable.  Le  monarque  anglais  se 
présenta  devant  Reims,  dont  il  espérait 
se  rendre  maître  en  peu  de  temps; 
mais  cette  importante  place  était  dé- 
fendue par  Jean  de  Craon  son  arche- 
vêque, prélat  intrépide,  et  par  une 
forte  garnison.  Les  ennemis  souffri- 
rent beaucoup  pendant  ce  siège ,  sans 
pouvoir  se  flatter  d'avoir  remporté 
d'autre  avantage  que  de  ruiner  les  en- 
virons de  la  ville.  Enfin,  après  sept  se- 
maines d'inutiles  efforts,  Edouard 
abandonna  une  entreprise  que  le  cou- 
rage invincible  des  citoyens  avait  ren- 
due impossible. 

Siège  de  Hontergfi  par  les  Andaii,  en  1437. 

r 

En  1427,  trois  mille  Anglais,  sous  la 
conduite  des  comtes  de  Warwick ,  de 
SuSbIk  et  Jean  de  la  Poli,  fondirent  sur 
Montargis  dans  le  dessein  de  s'en 
rendre  maîtres.  Cette  ville ,  avanta- 
geusement située  sur  la  petite  rivière 
du  Loing ,  se  défendit ,  durant  trois 
mois ,  par  le  courage  d'une  garnison 
médiocre  que  commandait  le  brave  La 


602 


DE  LA  DEFENSE 


Faille,  gentilhomme  gascon,  et  par  le 
zèle  de  ses  habitans.  Une  si  longue  ré- 
sistance fit  épuiser  tous  les  magasins; 
et  la  place,  dépourvue  de  vivres  et  de 
munitions,  avait  besoin  d'un  prompt 
secours  pour  soutenir  encore  les  ef- 
forts de  Tennemi.  Le  comte  de  Du- 
nois,  avec  seize  cents  hommes,  et  l'in- 
trépide Etienne  de  Vignoles,  dit  La 
Hire,  se  chargèrent  de  chasser  les  An- 
glais. Ils  étaient  campés  dans  trois 
postes  différens.  Danois  se  propose  de 
former  deux  attaques.  La  Hire  est 
commandé  pour  la  première.  Le  che- 
valier part,  et  sur  sa  route  rencontre 
un  chapelain  :  il  lui  demande  Tabsolu- 
tion.  (X  Confessez-vous,  dit  le  prêtre*. . 
»  —Je  n*en  ai  pas  le  loisir,  répond  le 
»  guerrier  :  il  faut  tomber  sur  les 
»  Anglais.  Au  reste,  j'ai  fait  tout  ce 
»  que  les  gêna  de  guerre  ont  accou- 
»  tumé  de  faire.  »  Là-dessus,  le  cha- 
pelain mi  bailla  l'absolution  telle 
quelle.  La  Hire,  réconcilié,  se  prosterna 
et  fit  cette  prière  :  «  Dieu ,  je  te  prie 
»  que  tu  fasses  aujourd'huy  pour  La 
»  Hire  autant  que  tu  voudrois  que  La 
»Hire  fit  pour  toi,  s'il  étoit  Dieu,  et 
»  que  tu  fusses  La  Hire  I  »  Il  se  relève 
et  fond  comme  un  aigle  sur  le  quartier 
de  Jean  de  La  Poil ,  tandis  que  Dunois 
se  précipite  sur  celui  de  Suffolk.  La 
Poli  résiste  d'abord  avec  courage  ;  mm 
enfin ,  accablé  par  les  coups  précipités 
des  Français,  il  prend  la  fuite  et  se  re- 
tire au  quartier  de  Warwick.  La  Hire 
victorieux  se  réunit  à  Dunois:  tous 
deux  achèvent  d'attérer  Suflblk  qui 
combattait  encore,  et  forcent  Warwick 
d'abandonner  le  siège.  Les  guerriers 
de  Charles  YH  entrèrent  en  triomphe 
dans  la  ville,  amenant  avec  eux  l'a- 
bondance et  la  sûreté.  Le  roi  récom- 
pensa par  des  privilèges  la  valeur  des 
habitans.  Il  leur  accorda  deux  foires 
franches  par  chaque  année,  el  la  per- 


mission de  porter  sur  leurs  habits  une 
M  brodée  d'or,  distinction  glorieuse 
qui  n'appartenait  alors  qu'aux  gens  de 
condition.  Cet  heureux  succès  est  la 
première  époque  de  la  supériorité  que 
les  armes  de  Charles  reprirent  sarcel- 
les de  Henri  VI. 

Siège  d'Orléini  par  les  AaglaU.  en  i4S8. 

Le  13  octobre  U28«  sous  le  règn» 
de  Charles  VII,  les  Anglais  vinrent 
mettre  le  siège  devant  la  ville  d'Or- 
léans: la  garnison  était  faible,  mais 
elle  avait  pour  chefs  des  guerriers  in- 
trépides, les  Gaucoort,  les  Dunois,  les 
La  Hire,  les  Xaintrailles,  une  foule  de 
nobles  de  ce  mérite ,  qui  tous  inspi- 
raient aux  soldats  la  valeur  héroïque 
qui  les  animait.  Les  habitans ,  résolus 
de  s'ensevelir  sous  les  ruines  de  leur 
ville ,  plutôt  que  de  subir  un  joug 
étranger,  étaient  devenus  autant  de 
héros.  Les  femmes  partageaient  cette 
ardeur  martiale,  et  se  dévouaient  elles- 
mêmes  pour  la  défense  commune. 

La  tète  du  pont,  du  côté  de  la  So- 
logne, était  défendue  par  une  forte- 
resse appelée  les  Tourelles, -au-devant 
de  laquelle  on  avait  commencé  un 
boulevart.  Ce  fut  par  ce  retranchement 
que  le  comte  de  Salisbury,  général  de 
l'armée  anglaise ,  fit  ses  premières  at- 
taques. Les  faubourgs  embrasés  à  l'ap- 
proche de  l'ennemi,  n'étaient  pas  en- 
core entièrement  consumés.  Cette 
barrière  l'arrête  d'abord ,  mais  bientôt 
il  fit  élever  une  bastille  sur  les  ruines 
du  couvent  des  Augustins ,  et  l'on  y 
dressa  des  batteries  qui  sans  cesse  fou- 
droyaient les  murs  de  la  ville,  les  ton* 
relies  et  le  boulevart  dont  on  voulait 
se  rendre  maître.  Le  canon  fit  une 
large  brèche;  on  résolut  d'y  monter 
répée  à  la  main.  Le  21  d'octobre,  la 
trompette  donne  le  signal,  et  tout  à 


DBS  PLACES  FORTES. 


loples  Anglais  placent  leurs  échelles 
I  pied  du  rempart.  Hs  se  poussent, 
i  86  précipitent.  On  les  reçoit  avec 
flrépidité;  on  combat  de  part  et  d'au- 
e  avec  nne  égale  fureur.  La  haine 
iUonale  ajoute  encore  au  désir  de 
littcre.  Tandis  que  les  assiégés  préci- 
itadent  les  ennemis  dans  les  fossés, 
SjiçiJent  des  pots  à  feu,  faisaient  rou- 
irdes  pierres  d'un  volume  énorme,  les 
B^lriilaîent  de  cercles  de  fer  embrasés, 
VPtient  des  torrens  d*huile  b#uil- 
■la  y  de  cendres  rouges;  les  fenunes 
p  1|  Tille,  non  moins  actives,  «leur 
ijj^portoîent  tout  ce  qui  à  la  défense 
|i0inroit  servir,  et,  pour  les  rafraîchir 
^  grand  travail»  pain ,  vin ,  viande, 
IWts,  vinaigre,  et  touailles  (ser- 
fieftes)  blanches  leur  bailloient.  Au- 
âmes  furent  vues  durant  l'assaut,  qui 
iftng^s  repoussoient  à  coups  de  lan- 
ces, des  entrées  du  boulevart ,  et  es 
IhÎ68  les  abattoient.  »  Une  si  fu- 
iMÉe  résistance  déconcerte  Salisbury. 
I  ftit  sonner  la  retraite,  et  par  son  or- 
Irâ  OD  travaille  à  l'instant  à  une  mine. 
Bi^ffUt  Mentôt achevée.  On  se  prépare  à 
iHilire  jouer.  Les  assiégés  s'en  aperçoi- 
ipt,  et  désespérant  de  conserver  plus 
flÉg  temps  un  poste  menacé  de  toutes 
iifb, Us  y  mettent  le  feu  à  la  vue  des 
ÉH^Ébetse  retirent  dans  la  forteresse 
ta  Toorelles.  Pour  la  défendre  encore 
pàcpues  instans ,  ils  élèvent  un  nou- 
Aéi  boulevart  sur  le  pont  même,  dont 
IpdMttent  deux  arches.  Cependant  ils 
M  furent  résister  plus  long- temps  aux 
Arts  multipliés  des  Anglais.  Le  fort 
la  Tourelles  fut  emporté,  et  ce  poste 
(fintageux  offrit  aux  assiégeans  une 
mition  commode  et  redoutable.  Alors 
m  Orléanais  dirigèrent  toutes  leurs 
Mteries  contre  cette  partie  de  leur 
riBe  pour  laquelle  ils  avaient  tant  com- 
battu. Les  ennemis,  de  leur  cAté, 
(l'oublièrent  rien  pour  s'y  maintenir  ; 


et  de  part  et  d'autre  on  épuisa,  soit 
pour  attaquer,  soit  pour  repousser, 
tout  ce  que  la  valeur  la  plus  héroïque 
a  de  ressources.  On  était  au  milieu  de 
l'automne  :  Salisbury ,  prévoyant  que 
le  siège  serait  long ,  résolut  d'embras- 
ser la  place  par  une  enceinte  de  plu- 
sieurs forts  qui,  placés  de  distance  en 
distance,  rendraient  presque  impos- 
sible l'entrée  des  secours  et  des  con- 
vois. Pour  diriger  l'exécution  de  ce 
projet  sur  l'assiette  de  la  ville,  il  se 
rendit  au  fort  des  Tourelles ,  d'où  l'on 
pouvait  considérer  toute  l'étendue  des 
environs  d'Orléans.  Il  s'occupait  atten* 
tivement  à  cet  examen,  lorsqu'un  bou- 
let de  canon  lui  emporta  l'œil  et  la 
moitié  du  visage.  Après  avoir  exhorté 
les  principaux  ofBciers  à  continuer  le 
siège  suivant  le  plan  qu'il  leur  en  avait 
tracé,  il  se  fit  transporter  à  Meun,  où 
il  mourut  bientôt.  Le  comte  deSuSblk, 
le  lord  Poil ,  son  frère ,  Talbot,  Glaci- 
das  et  les  autres  chefs  furent  revêtus 
de  son  autorité;  et  ces  capitaines, 
pleins  de  respect  pour  leflr  général, 
continuèrent  leurs  opérations  suivant 
les  instructions  qu'il  leur  avait  don- 
nées. 

Tous  les  jours,  les  assiégeans  et  les 
assiégés  recevaient  de  nouveaux  ren- 
forts. La  garnison  qui  d'abord  montait 
à  peine  à  douze  cents  hommes,  se 
trouvait  composée  de  près  de  trois  mille 
combattans  ;  et  l'armée  anglaise ,  qui 
ne  comptait  au  commencement  que 
dix  mille  guerriers,  s'était  accrue  jus- 
qu'à vingt-troîs  mille  soldats ,  qui  se 
croyaient  invincibles.  La  ville ,  atta- 
quée premièrement  par  le  seul  côté  de 
la  Sologne,  se  trouvait  investie  presque 
toute  entière  par  celuf  de  la  Beauce. 
Vis-à-vis  des  principales  avenues  d'Or- 
léans, on  éleva  six  grandes  bastille^; 
qui  se  communiquaient  par  soixante 
redoutes  moins  considérables    cons- 


e» 


DE  LA  DEFENSE 


traiter  dans  les  intervalles.  Il  n*était 
pas  possible  d'entrer  dans  la  place, 
sans  passer  sous  l'artillerie  des  forts. 
Plus  d'une  fois  les  chefs  français  for- 
cèrent des  quartiers  de  l'armée  enne- 
mie pour  introduire  des  convois.  La 
rigueur  de  la  saison  n'interrompit  pas 
les  travaux;  seulement,  le  jour  de 
Noël,  les  Anglais  proposèrent  une  sus- 
pension d*armes,  et  prièrent  les  assié- 
gés de  leur  envoyer  des  musiciens  pour 
célébrer  celte  grande  fête  avec  plus 
de  solennité.  Les  généraux  se  firent 
des  présens.  Le  comte  de  Suffblck  en- 
voya au  bfttard  d'Orléans  des  rafrai- 
chissemens,  en  échange  d'une  robe  de 
panne  que  ce  seigneur  lui  avait  don- 
née. Jusqu'au  commencement  du  ca- 
rême, il  ne  se  passa  rien  de  remarqua- 
ble. Les  ennemis  commençaient  à 
manquer  de  vivres,  parce  qu'ils  avaient 
ruiné  le  pays.  Dès  les  premiers  jours 
de  février,  le  duc  de  Bedfort  fit  partir 
un  convoi  escorté  de  deux  mille  cinq 
cents  hommes,  sous  la  conduite  du 
brave  Fastot.  Le  comte  de  Clermont, 
ayant  rassemblé  près  de  trois  mille 
soldats,  auxquels  se  joignit  un  déta- 
chement de  la  garnison  d'Orléans,  ré- 
solut d'enlever  le  convoi.  Il  atteignit 
les  Anglais  à  Rouvray,  village  de  la 
Beauce.  Fastot  s'arrêta,  fit  un  retran- 
chement des  chariots  qui  portaient  les 
munitions ,  et  ne  laissa  que  deux  is- 
sues, à  Tune  desquelles  il  plaça  ses  ar- 
chers. L'armée  française,  plus  coura- 
geuse que  prudente,  voulut,  dès  la 
nuit  même,  forcer  ce  retranchement. 
Les  Français  veulent  combattre  à  che- 
val ,  et  les  Écossais  à  pied.  Ce  défaut 
de  discipline  produit  l'cQet  qu'on  en 
devait  attendre.  Après  un  combat  opi- 
niâtre, les  Anglais  sont  vainqueurs. 
Six-vingts  seigneurs,  des  plus  distin- 
gués, restent  sur  la  place,  et  les  autres 
chefs  rendent  dans  la  ville ,  ayant  à 


peine  cinq  cents  hommes  d'armes.  On 
nomma  ce  combat  la  Journée  des  Ha  * 
rengs ,  parce  que  le  convoi ,  conduit 
par  Fastot ,  consistait  principalement 
en  barils  remplis  de  cette  espèce  de 
poissons. 

Autant  le  succès  de  cette  petite  i>a- 
taille  releva  l'espérance  des  Anglais, 
autant  la  défaite  des  troupes  royala 
consterna  le  faible  Charles  VII,  campé 
pour  lors  à  Chinon.  Désespérant  de  sa 
fortune,  le  monarque  délibéra  s'il  ne 
devait  point  se  réfugier  dans  le  Dau- 
phiné.  C'était  son  avis  ;  l'on  s'y  con- 
forma. Déjà  l'on  était  près  d'exécuter 
une  résolution  si  honteuse,  lorsque 
deux  héroïnes  réveillèrent  le  courage 
du  prince  assoupi  dans  les  bras  de  la 
mollesse.  La  reine,  princesse  au-des- 
sus de  son  sexe  et  de  son  rang,  et  la 
belle  Agnès  Sorel ,  employèrent  l'as- 
cendant que  donnaient  leurs  charmes, 
pour  retenir  le  roi,  qui  ne  puts'empi- 
cher  de  rougir  d'avoir  mdns  de  magna- 
nimité  que  son  épouse  et  sa  favorite. 

Cependant  Orléans  allait  incessam- 
ment se  trouver  réduite  aux  dernières 
extrémités.  Les  assiégés  n'osaient  plus 
attendre  leur  délivrance  d'un  prince 
hors  d'état  de  les  assister,  et  qui  lui- 
même  conservait  à  peine  une  ombre 
de  royauté.  Il  ne  restait  plus  qu'mi 
espoir  de  sauver  la  place,  c'était  de  la 
mettre  en  séquestre  entre  les  mains 
du  duc  de  Bourgogne.  Les  envoyés,  an 
nombre  desquels  était  Xalntrailles,  se 
rendirent  d'abord  près  du  duc,  qui 
agréa  la  proposition,  et  vint  avec  eux 
à  Paris,  dans  le  dessein  d'engager  le 
duc  de  Bedfort  à  l'accepter.  Mais  le  fier 
régent  répondit  que  la  ville  ne  serait 
reçue  à  traiter,  qu'aux  conditions  de  sô 
soumettre  aux  Anglais.  Cette  nouvelle 
réveilla  l'indignation  et  le  courage  des 
Orléanais.  Tous  résolurent  de  se  dé- 
fendre jusqu'au  dernier  soupir. 


Tandis  que  la  France  consternée 
n'attendait  plus  que  le  coup  qui  devait 
consommer  sa  perte ,  une  jeune  fille , 
Agée  pour  lors  de  dix-sept  ans ,  s'était 
fortement  persuadée  que  Dieu  la  des- 
tinait à  sauver  sa  patrie  :  cette  jeune 
fille  était  Jeanne  d'Arc.  Je  passe  sur 
les  détails  de  son  histoire,  qui  sont  as- 
se"  connus.  Les  théologiens,  après 
plusieurs  interrogatoires,  décidèrent 
qu'elle  était  inspirée.  Le  parlement  de 
Poitiers  lui  fit  demander  qu*elle  mani- 
festât, par  quelques  prodiges,  la  vérité 
de  ses  révélations,  m  Je  ne  suis  pas  ve- 
>  nue,  dit-elle,  à  Poitiers,  pour  faire 
»  des  signes  ;  mais  conduisez-moi  à 
B  Orléans,  et  je  vous  donnerai  des  si* 
»  gnes  certains  de  ma  mission,  b  Cette 
réponse  si  ferme  étonne,  surprend 
les  juges;  tous,  d'une  voix  unani- 
me ,  déclarent  qu'il  faut  se  servir  an 
plus  tAt  de  cet  instrument  céleste,  que 
le  Tout-Puissant  envoie  à  la  patrie. 
Charles  lui  fait  donner  une  armure 
complète ,  un  étendard ,  des  écuyers , 
des  pages,  un  intendant,  un  chapelain, 
une  suite  conforme  à  l'état  d'un  chef 
de  guerre.  La  nouvelle  amazone  se 
met  à  la  tète  d'un  convoi  considérable, 
destiné  pour  Orléans.  Bientôt  ses  guer- 
riers sont  remplis  de  son  enthousias- 
me. Elle  part ,  suivie  du  maréchal  de 
Boussac,  de  Gilles  de  Rais,  de  l'amiral 
de  Culaut,  d'Ambroise  de  Loré,  de  La 
Hire  ;  elle  arrive,  le  29  d'avril,  à  la  vue 
de  la  place.  Dunois  vint  au-devant  d'el- 
le, n  l'invite  à  satisfaire  l'empresse- 
ment que  les  habitans  avaient  de  voir 
leur  libératrice  Elle  se  rend  à  ses 
prières  ;  elle  entre  comme  en  triom- 
phe. Mille  cris  de  joie  se  font  enten- 
dre. Dès  ce  moment ,  les  Orléanais  se 
crurent  invincibles ,  et  le  furent  en  ef- 
fet. Tout  change  :  les  Anglais ,  vain- 
queurs jusqu'à  ce  jour,  tremblent  au 
leul  nom  de  Jeanne  d'Arc.  Ils  la  croient 


DB8  PLACBS  FORTES.  80| 

magicienne ,  d'aussi  T)onne  roi  que  les 
Français  la  croient  inspirée,  a  Ang\ais, 
B  leur  écrit  l'héroïne ,  vous  qui  n'avez 
x>  aucun  droit  à  ce  royaume  de  France, 
»  Dieu  vous  ordonne ,  de  par  mol , 
p  Jeanne  la  Pucelle,  d'abandonner  vos 
»  forts,  et  de  vous  retirer,  d  On  arrête 
les  courriers  ;  on  ne  répond  que  par 
des  injures  à  cette  sommation.  Jeanne, 
outragée ,  mais  redoutée ,  se  dispose  à 
prouver  sa  mission.  Le  mercredi,  h  de 
mai,  elle  choisit  un  corps  de  troupes; 
et,  remplie  d'une  ardeur  plus  qu'hu- 
maine ,  elle  se  précipite  sur  les  forts 
ennemis ,  et  les  emporte  après  un  as- 
saut de  quatre  heures.  Elle  songe  en- 
suite à  s'emparer  du  boulevart  et  du 
fort  des  Tourelles ,  où  l'élite  des  An- 
glais s'était  cantonnée  sous  les  ordres 
du  célèbre  Glacidas.  Après  avoir  fait 
ses  dispositions  durant  la  nuit,  elle 
donne  le  signal  aux  premiers  rayons 
du  jour.  On  la  suit  ;  on  monte  avec 
elle  sur  les  brèches  ;  on  se  bat  avec 
ardeur  ;  on  presse,  on  enfonce,  on  cul- 
bute l'ennemi  qui  se  défend  avec  cou- 
rage. On  allait  triompher,  lorsque 
Jeanne ,  blessée  à  la  gorge ,  est  con* 
trainte  de  se  retirer  pour  mettre  le 
premier  appareil  à  sa  blessure.  Son  ab- 
sence éteint  le  courage  des  assaiUans. 
Le  soldat  perd  cette  illusion  guerrière, 
qui  le  rendait  victorieux.  Déjà  chacun 
voulait  se  mettre  en  sûreté.  Dunois 
lui-même  était  de  cet  avis  ;  tout-à-coup 
la  Pucelle  se  montre  :  elle  court  au 
pied  du  fort;  elle  y  place  son  étendard. 
Son  intrépidité  passe  dans  tous  les 
cœurs  ;  on  redouble  d'efforts  ;  on  ou- 
blie les  premières  Cotigues.  Les  An- 
glais fuient  ;  le  boulevart  est  emporté. 
Le  lendemain ,  les  vaincus  se  rangent 
en  bataille  du  côté  de  la  Beauce.  Les 
Français,  toujours  conduits,  toujours 
animés  par  leur  héroïne,  se  présentent 
,, dans  le  même  ordre,  résolus  de  com» 


606  l>B  LA 

battre,  qaoiq[lie  fnfériettra  en  nombre 
Mais  ces  ennemis,  autrefois  si  fiers  et 
si  terribles,  n*osent  tenir  devant  eux  ; 
ils  s'éloignent  précipitamment;  ils 
abandonnent  leurs  malades,  leurs  ba- 
gages ,  leurs  vivres,  leur  artillerie ,  et 
près  de  cinq  mille  morts.  Ainsi,  contre 
toute  espérance,  la  ville  d'Orléans  fut 
iélivrée  le  8  de  mai  1429.  La  recon- 
laissançe  publique  s'épuisa ,  en  quel- 
|ue  sorte ,  pour  témoigner  à  Jeanne 
î'Arc  combien  on  sentait  vivement  la 
|randenr  de  ses  bienfaits.  Le  roi  l'en- 
ioblit  avec  son  père,  ses  trois  frères  et 
bOute  sa  postérité.  On  lui  érigea  une 
statue  sur  le  pont  de  la  ville  qu'elle 
venait  de  sauver  ;  et,  pour  éterniser  la 
mémoire  de  cet  heureux  événement, 
on  établit  une  fête ,  que  la  tourmente 
révolutionnaire  avait  suspendue  quel- 
que temps ,  mais  que  Napoléon  a  glo- 
rieusement rétablie ,  et  qui  se  célèbre 
tous  les  ans  le  8  mai.  On  y  prononce 
réloge  de  Jeanne  d'Arc,  qui,  depuis  ce 
siège  mémorable,  n'est  plus  appelée 
que  la  PucelU  i' Orléans. 

Siège  de  Compiègne  par  lei  Anglaff ,  en  1430. 

En  1430,  les  Anglais  vinrent  assié- 
ger Compiègne.  Jeanne  d'Arc  et  Xain- 
trailles  s'y  jetèrent  pour  la  défendre , 
mais  Jeanne  d'Arc  fut  faite  prison- 
nière ,  dans  une  sortie ,  peu  de  jours 
après.  Les  attaques  furent  poussées 
avec  toute  l'ardeur  imaginable.  On 
dressa  les  batteries;  on  creusa  des  mi- 
nes qui  furent  éventées,  et  dans  les- 
quelles plusieurs  des  assiégeans  perdi- 
rent la  vie.  Le  seul  boulevart  qui  cou- 
vrait la  tête  du  pont,  du  côté  de  la  Pi- 
cardie, se  défendit  pendant  plus  de 
deux  mois.  Cette  glorieuse  résistance 
était  TefTet  du  zèle,  de  l'habileté  et  du 
courage  de  Flavi,  gouverneur  de  Com- 
piègne, que  quelques  auteurs  ont  ac- 


DÉFBlfSB 

cusô  sans  fondement  et  même  tans 
vraisemblance,  d'avoir  trahi  Jeanne 
d'Arc,  en  faisant  fermer  trop  tét  la 
barrière.  Ce  vaillant  capitaine  était  se- 
condé par  PhUippe  de  Gamaches,  abbé 
de  Saint-Pharon  de  Heaux,  brave  ec- 
clésiastique, qui  croyait  avec  raison  h 
gloire  de  défendre  la  patrie  compatible 
avec  la  vie  reUgieuse. 

Cependant  Compiègne,  investie  de* 
puis  six  mois ,  se  trouvait  réduite  aax 
dernières  extrémités.  La  famine ,  plus 
pressante  encore  que  les  efforts  des 
ennemis,  ne  laissait  entrevoir  qu'on 
affreux  avenir.  Le  comte  de  Ligni  se 
flattait  d'entrer  bientât  dans  la  ville, 
tout-à-coup  Vendôme,  Xaintrailles  et 
plusieurs  autres  capitaines  paraissent , 
à  la  tête  de  quatre  mille  combattans, 
pour  secourir  la  place.  On  court  an- 
devant  d'eux  ;  de  part  et  d'antre  on  se 
range  en  bataille,  et  l'on  reste  en  pré- 
sence. Pendant  ce  temps,  un  détadie- 
ment  français  entre  dans  Compiègne, 
se  joint  à  la  garnison  ;  et,  sous  la  con- 
duite de  Flavi,  attaque  une  bastiUe  dé- 
fendue par  le  maréchal  Brimen  et  le 
seigneur  de  Créqui.  Deux  fois,  ils  sont 
repoussés;  mais,  animés  par  Xain- 
trailles et  par  les  habitans,  hommes  et 
femmes ,  qui  venaient  en  foule  parta- 
ger le  péril  et  la  gloire ,  ils  attaquent 
pour  la  troisième  fois,  et  emportent  le 
poste.  Ce  succès  enflamme  leur  cou- 
rage; ils  constnusent  un  pont  de  ba- 
teaux ,  passent  l'Oise ,  et  se  rendent 
maîtres  d'un  second  fort  sur  le  bord  de 
cette  rivière.  Les  ennemis,  effrayés, 
abandonnent  une  troisième  bastille.  Il 
ne  leur  en  restait  plus  qu'une.  Leur 
général,  qui  désespérait  de  pouvoir  la 
défendre,  y  fait  mettre  le  feu,  et  lève 
le  siège  avec  tant  de  précipitation,  qa'il 
abandonne  la  moitié  de  son  bagage 
ses  vivres ,  ses  munitions  et  son  artil- 
lerie aux  vainqueurs. 


DES  I^LACES  FORTES. 


6OT 


Mgei  de  Belgrade,  luii  par  Amurai  II.  eu 
1439,  feutre  per  ^homei  II,  en  1455. 

Aa  confluent  au  Danube  et  de  la 
Saye ,  s'élève  la  ville  de  Belgrade ,  ca- 
pitale de  la  Servie.  Sa  situation  avan- 
tageuse sur  une  colline,  la  bonté  de 
son  port ,  les  remparts  qui  la  défen- 
dent, ses  richesses,  la  multitude  de  ses 
citoyens ,  en  firent  de  tout  temps  un 
lieu  célèbre.  Le  premier  prince  infidèle 
qui  l'attaqua  fut  Amurat  IL  Ce  mo- 
narque, suivi  de  toutes  les  forces  de 
son  empire,  passa  le  Danube  vers  l'an 
itô9,  s'arrêta  devant  Belgrade,  l'en- 
vironna de  ses  troupes,  et  la  foudroya 
jour  et  nuit  avec  des  canons  de  cent 
livres  de  balle  ;  mais  rien  n'était  capa- 
ble d'intimider  les  courageux  habitans 
de  cette  ville,  résolus  de  s'ensevelir 
sous  les  ruines  de  leur  patrie  plutôt 
que  de  se  rendre.  Dès  les  premières 
attaques,  le  grand-seigneur  abattit  une 
partie  des  fortifications.  Les  bourgeois 
se  j^sentèrent  à  la  brèche,  et  repous- 
sèrent les  Musulmans  .à  coups  d'arque- 
buses et  de  flèches.  Les  Turcs,  cons- 
ternés de  cette  disgrftce,  n'osèrent 
pendant  plusieurs  jours  s'approcher 
des  remparts.  Enfin,  un  capitaine 
nommé  Ali,  guerrier  intrépide,  vint  à 
bout  de  se  retrancher  sur  le  bord  du 
fossé.  De  ce  poste  avantageux,  il  chasse 
les  assiégés,  les  poursuit  par  la  brèche, 
I  donne  l'assaut,  et  se  répand  dans  la 
fille  ;  il  s'en  croyait  le  maitre.  Tout-à- 
coop  les  habitans  se  rassemblent,  fon- 
dent sur  ses  soldats,  les  font  sortir  par 
la  même  brèche  après  en  avoir  tué  le 
plus  grand  nombre.  Cette  malheureuse 
tentative  découragea  tellement  les 
Turcs,  qu' Amurat  leva  le  siège  et  ren- 
tra dans  ses  provinces. 

En  1455,  Mahomet  II,  qui  venait  de 
monter  sur  le  trône  ottoman  à  la  jDlaceioni  régnait  dans  Belgrade  était  l'eflkt 


d'Amurat  son  père,  voulut  couronne 
ses  exploits  par  la  prise  de  Belgrade.  Ti 
l'investit  par  terre,  tandis  que  ses  vais- 
seaux la  bloquaient  du  côté  du  Danube. 
Ladislas,  roi  de  Hongrie,  campait  au- 
delà  du  Danube  avec  une  grande  ar- 
mée. Ce  prince,  voyant  bien  qu'il  per- 
drait la  place  s'il  n'écartait  les  galères 
des  infidèles,  fit  monter  sur  de  grands 
bateaux  l'élite  de  ses  troupes,  et  tomba 
sur  les  Turcs  avec  tant  de  furie ,  qu'il 
prit  vingt  de  leurs  navires ,  en  coula 
plusieurs  à  fond ,  et  mit  le  reste  en 
fuite.  Cette  victoire  lui  rendit  la  com- 
munication de  Belgrade,  où  il  fit  entrer 
le  fameux  Jean  Corvin,  plus  connu 
sous  le  nom  d'Huniade ,  Yayvode  de 
Transilvanie  et  gouverneur  de  Hongrie. 
Ce  grand  général  était  secondé  par  un 
cordelier  nommé  Jean  de  Capistran, 
mis  depuis  au  rang  des  saints ,  et  que 
le  pape  Alexandre  YIII  avait  envoyé 
en  Hongrie  pour  y  prêcher  la  Croisade. 
Ce  respectable  moine,  profitant  en  ha- 
bile homme  de  la  vénération  que  les 
troupes  avaient  pour  sa  personne,  par- 
courait les  rangs,  montrait  aux  soldats 
la  couronne  du  martyre  suspendue  sur 
leur  tête  et  les  remplissait  d'un  zèle  re- 
ligieux. Dans  toutes  les  sorties,  il  se 
mettait  à  la  tête  des  combattans  le  cnv 
cifix  à  la  main  ;  il  se  trouvait  partout  oà 
le  danger  était  pressant;  il  obligeait 
les  guerriers  à  périr  plutôt  que  de  re- 
culer. Ses  paroles,  ses  exemples  étaient 
un  stimulant  contre  la  crainte,  et  le» 
troupes  qu'il  conduisait  rentraient  tou* 
jours  victorieuses.  Cependant  l'artille- 
rie musulmane  faisait  de  terribles  ra- 
vages ;  déjà  les  remparts  offraient  une 
large  brèche.  Mahomet  ordonna  Tas- 
saut,  conduisit  ses  troupes  sur  le  bord 
du  fossé,  l'emporta,  se  jeta  dans  la  ville, 
et  fit  commencer  le  piUage  sans  éprou- 
ver de  résistance.  Le  calme  trompeur 


606 


M  Lk  DÉFBHSB 


de  la  sagesse  tfHaniade.  Pour  sarpren- 
dre  les  Ottomans  an  milieu  même  de 
leur  triomphe,  cet  habile  capitaine 
avait  rangé  ses  soldats  en  bataille  dans 
une  place  écartée.  Ceux  de  la  citadelle 
devaient,  au  premier  son  de  trompette, 
se  joindre  à  ceux  qui  par  son  ordre 
avaient  abstdosiné  la  brèche,  pour 
tomber  de  cobcert  sur  les  Turcs  et  les 
envelopper.  Le  signai  se  fait  entendre  : 
les  Hongrois  paraissent  de  tous  côtés. 
Les  Turcs  attaqués  en  tète ,  en  queue, 
en  flanc,  ne  savent  où  fuir;  la  plupart 
périssent  sans  se  défendre  ;  quelques- 
uns  se  précipitent  dans  les  fossés  ;  d'au- 
tres ,  en  petit  nombre ,  se  retirent  pnr 
la  brèche.  En  vain  Mahomet  veut  les 
soutenir ,  sa  valeur  opini&tre  est  con- 
trainte de  céder  à  la  fortune  des  chré- 
tiens; et  plus  malheureux  que  son 
père«  le  vainqueur  do  Constantinople 
lève  honteusement  le  siège  de  Bel- 
grade, après  avoir  perdu  un  œil  avec  la 
plus  grande  partie  de  son  artillerie  et 
de  son  armée.  Le  brave  Huniade  mou- 
rut quelque  temps  après  de  ses  bles- 
sures. 

* 

Siège  de  Beauvais  par  Charles-Ie-Hardi,  dac 
de  Bourgogne,  en  1489. 


Charles*le-Hardi ,  duc  de  Bour- 
gogne, mortel  ennemi  de  Louis  XI , 
faisait  à  ce  monarque  une  guerre 
cruelle.  Après  avoir  commis  de  grands 
ravages,  il  se  jeta  tout  à  coup  sur  la 
ville  de  Beauvais,  dans  laquelle  il 
croyait  entrer  sans  résistance,  parce 
qu'elle  était  sans  «arnison.  Les  fau- 
bourgs furent  emportés  d'emblée ,  et 
les  bour^ignons  se  regardaient  déjà 
comme  maîtres  de  la  place,  lorsque  les 
bourgeois,  animés  d'un  généreux  cou- 
rage, opposèrent  à  leurs  coups  un  mur 
impénétrable.  Les  fiUes,  les  femmes 
partagèrent  avec  leurs  pères  et  leurs 
époux  les  périls  de  celte  glorieuse  dé- 


fense. Conduites  par  une  femme  nom- 
mée Jeanne  Hachette ,  elles  coururent 
se  ranger  sur  les  endroits  de  la  mu- 
raille qui  étaient  les  plus  dégarnis. 
Jeanne  Fourquet,rune  de  ces  héroïnes, 
arracha  un  étendard  des  mains  de  l'en- 
nemi et  le  porta  en  triomphe  dans  la 
ville.  La  printipale  attaque  des  assail- 
lans  fut  dirigée  contre  la  porte  de 
Bresie:  déjè  le  canon  l'ayait  fracas- 
sée ;  la  brèche  était  ouverte ,  et  la  ville 
était  prise ,  si  les  bourgeois  ne  se  fus- 
sent avisés  d'entasser  en  cet  endroit 
une  quantité  prodigieuse  de  fagots  et 
d'autres  matières  combustibles  qu'ils 
allumèrent.  La  flamme  suspendit  Tim- 
pétuosité  des  Bourguignons.  L'assaut, 
commencé  sur  les  huit  heures  du  ma- 
tin, durait  encore,  lorsqu'au  déclin  dq 
jour  on  vit  arriver  par  la  porte  de  Paria 
un  corps  de  troupes.  Ces  braves  guer- 
riers, qui  avaient  fait  ce  jour-là  qua- 
torze lieues  sans  prendre  haleine, 
abandonnèrent  en  arrivant  leurs  che- 
vaux et  leurs  équipages  aux'  femmes  et 
aui  filles  qu'ils  trouvèrent  dans  les 
rues  et  se  jetèrent  aux  endroits  de  la 
muraille  où  le  combat  était  le  plus  ani- 
mé. Les  assiégeans  ne  peuvent  résister 
à  la  valeur  de  ces  héros.  Us  reculent 
d'abord,  et  bientôt  ils  prennent  la  faite 
et  se  retirent  en  désordre  dans  leur 
camp.  Le  lendenuin ,  dès  le  point  du 
jour,  un  nouveau  secours  arrive.  Les 
bourgeois  reçoivent  ces  nouveaux  dé- 
fenseurs comme  des  libérateurs  des- 
cendus du  ciel  ;  ils  les  comblent  de  ca- 
resses; ils  dressent  sur  les  places  et 
dans  les  rues  des  tables  couvertes  de 
rafraîchissemens  ;  fls  les  accompagnent 
sur  les  murailles ,  et  le  siège  est  levé. 

Sl^e  de  Méiiiretparrarméede  Ghartof-Qniot, 

en  1590. 

L*empereur  Charles-Quint,   ajant 
rompu  tout-à-coup  la  paix  conclue 


0B9  PlàJU»  ilOETBà. 


Fnoçois  I**,  fit  mardier  teinte- 
anq  miUe  hommes  vers  laChampagoe. 
Le$  viltoi  IroDtières  de  cette  provuoe 
filetaient  point  en  état  de  réaifter,  et 
lea  Impériaux,  pouvaient  sans  peine  pé* 
iMrer^  en  pen  de  temps,  an  centre  du 
royaooie.  Le  monanpie  français,  i 
cette  nouvelle,  assembla  son  consul 
de  guerre;,  pour  détîbârer  sur  le.parti 
qu'il  fallait,  prendre  dans  une  drcon^ 
tance  si  pressante,  Après  bien  des  avis, 
on  conclut  qfï'û  fallait  MAer  Méilères, 
ville  qui  aurait. la  pteraière  A  soutenir 
les  efforts  de  reon^ni,  et  dévaster 
tons  les  environs,  pour  affamer  les  sol- 
dats du  perSde  empemr.  Bayard  aeul 
s'opposa  fortement  à  cette  résolution 
désespérée-  f  Sire,.  dit41  au  roi,  il  n'y  a 
s  point  de  place  faible  là  où  il  y  a  des 
a  gens  de  bien  pour  la  défendre.  Xirai 
»  moinaaAme  m'râfermér  dans  Mézières, 
»  et  je  voua  en  rendrai  bon  compte.  » 
On  ap^audit  au  généreux  projetée 
l'intrépide  chevalier.  Une  foule  de 
braves  et  l!âitedela  noblesse  se  dispu- 
tent rbonneur  de  le  suivre.  Ils  partent, 
et  en  peu  de  jours  arrivent  dans  Mé^ 
Itères  qu'ils  trouvent  hors  d*état  de 
soutenir  le  siège  dont  ib  étaient  me- 
nacés. Bayard  commença  par  faire  sor- 
tir toutes  les  boudiea  inutiles;  ensuite, 
ayant  fait  rompre  le  pont  de  la  Meuse, 
il  ordonna  de  rétablir  les  anciennes 
fortifications  et  d'en  oonstmire  de  nou- 
velles. Il  encourageait  les  travailleurs  ; 
il  leur  distribuait  des  récon^enses  pé- 
cuniaires; il  partageait  avec  eux  leurs 
pénibles  fonctfom •  «  Camarades ,  lenr 
adîsait-il  souvent,  nous  sera-t-il  re- 
»  proche  que  cette  viUe  soit  perdue  par 
»notre  faute,  vu  que  noua  sommes  si 
»  belle  compagnie  ensemble ,  et  de  si 
»  geoade  bien?  Il  me  sênri[>le  que  si  nous 
»  étions  dans  un  pré ,  n'ayant  devant 
a  nous  qu'un  fossé  de  quatre  pieds,  en- 
aoore  cendMittrion»«ous  on  jour  en*- 
T. 


a  tier,  avant  que  d'être  défaits,  fiiett 
»  merci,  nous  avons  fossé,  murailles  et 
aremparts^  où  je  crois ,  avant  qœ  les 
a  ennemis  y  mettent  le  pied,  beaucoup 
»des  leurs  dormirwt  au  fossé.  »  Ces 
paroles  remplissaient  tous  les  cœurs  et 
dbacun  se  croyait  invincible  sous  un 
dief  si  magnanime. 

n  n'y  avait  que  deux  jours  que  lea 
Français  étaient  entrés  dans  la  place;, 
lorsqu'on  aperçut  l'armée  impériale 
qui  s'approcîiaitde  deux  c6téa,  en  deçà 
de  la  Meuse,  sous  les  ordres  du  capi«- 
taine  Sidungen,  et  au-delà,  sous  ceu|L 
du  comte  de  Nassau.  Le  lendemain,  ib 
envoyèrent  un  héraut  sommer  Bayard 
de  leur  remettne  la  ville*  Ce  député  hri 
dit,  «(  qœ  ceux  qui  le  messageoient 
a  piNT  devers  hii,  estnnoient  la  grande 
a  et  louaMe  ohevalerie  qui  en  lui  estoit, 
a  et  seroient  merveilleusement  déplai- 
a  sabs  s*il  estoit  pris  d'assaut;  car  son 
a  honneur  en  amoindriroit ,  et  par 
a  aventure  lui  coAteroit-il  b  vie .  •  •-«• 
a  Dites  à  cent  qui  vous  envoient,  r^ 
a  pondit  en  riant  le  chevalier  sans  peur 
a  et  sans  reproche ,  qu'avant  que  j'a- 
a  bandonne  une  place  que  le  roi,  mon 
a  maître ,  a  bien  voulu  confier  à  ma 
a  foi,  j'aurai  fait,  des  corps  de  ses  en-- 
a  nemis'entassés,  le  seul  pont  par  où  il 
a  me  soit  permb  d'en  sortir.  »  Le  bé^ 
raut,  congédié  avec  cette  réponse,  b 
rendit  à  ses  maîtres,  en  présence  d'un 
capitaine  françab ,  nommé  Jean  Pi- 
card, qui  leur  dit  :  ce  Messeigneiirs,  }e 
»  oonnois  Bayard,  et  j'ai  servi  sous  lui. 
a  Ne  vous  attendez  pas  d'entrer  dans 
a  Mézières  tant  qu'il  sera  vivant  ;  j'ai*- 
a  merob  mieux  qpTû  y  eût  dans  b 
a  pbce  deux  mille  hommes  de  guerre 
a  davantage,  et  que  sa  personne  n'y 
a  fût  point...  —  Capitaine  Picard ,  do- 
a  manda  le  comte  de  Nassau,  ce  sei- 
a  gneur  de  Bayard  estait  de  bronze  ou 
a  d'acier?  S'il  est  si  brave,  qu'il  ae 


fiéfëf  A  note  le  Mre  voir  ;  eàr, 
d'ici  A  quatre  JooM ,  je  lui  enreitaî 
'  Uni  dé  Goupsde  canon,  qu'il  M  lanra 
t  lie  qael  côté  se  tourner. ...  -^  A  la 
bonne  Iieure«  dtt  Pioai'd  ;  mais  tons 
ne  Taarer  pas  oemme  ¥01»  cmyeft.  ^ 
Aussitôt  les  généraux  de  Charles^ 
Qaint  font  dresser  leurs  baUeries;  et, 
«u  moins  de  detti  jours,  plus  de  cinq 
mille  boulets  tombèrent  dans  la  TtUe. 
C'est  dans  cette  ocoaaien  qu'on  em- 
]^oya,  pour  la  première  fois,  les  bom- 
bes et  les  mortier»,  tels  qu'ils  sont  au*- 
jourd'htti.  «  Ce  n'eatoient  de  debara, 
»  dit  Meterai ,  que  canon tiades  ^  que 
i>  bombea«  que  bouleta  enflammés  t  de 
e  dedana,  il  pleUTOit  des  tances  et  des 
faeerclesà  teUi  de  l'huile  booillanle, 
A  des  fascine»  fMdronnées,  des  ftiaées 
a  qui  mcttoient  le  feU  partout.  »>  Dès 
les  premières  décharges ,  mille  hom- 
.mes,  épouvantés,    prirent  la  fuite. 
«Tant  mieual  dit  Bayard;   j'aime 
»  mieux  de  tels  coquine  dehors  que 
4  dedans  :  pareille  canaille  n'estoit  pas 
•»  digne  d'acquérir  de  l'honneur  avec 
»  noua,  a  La  place  étnt  Tivement  atta- 
.quée  depuis  plus  de  troia  semaines.  Le 
;canon  avait  renversé  une  partie  des 
murailles  ;  et  tes  ennemis  «e  flattaient 
d'avoir  bientôt  entre  leurs  'mains  le 
chevalier  et  sas  soMais^  illais  Bayard , 
iqui  réunissait,  dans  un  degré  éminent, 
les  deux  qualités  d'un  grand  capitaine, 
le  courage  et  la  ruse^  imagina  l'eipé- 
dient  le  plus  sitiguUer  pour  se  débar- 
na&aer  de  Siddugeu  qui  rittcommodait 
*  beaucoup.  H  dhargea  un  paysan  d'aller 
porter  au  seigneulr  Robert  de  la  Maf  ck, 
4»  était  à  Sedan  ^  une  lettre  conçue 
eu  ces  tennea:  «  U  me  semble  que, 
.D  dépita  un  an ,  voua  m'aviea  dit  que 
n  vous  vous  proporiet  d'attirer  le  com- 
9  te  de  Nassau  au  service  du  roi,  noire 


bi  LA  biMiisi 

Brtpetation  qu'il  a  d^ètre  getilil^ 
Kl  tant.  Si  vous  croyet  que  cela  paille 
»  se  faire,  je  vous  donne  avis  d'y  tra- 
«  veiller  plutôt  anjourdlml  que  dé*- 
»  main,  parcequ'avatitqu'H  ëoit  vingt- 
a  quatre  heures,  lut  et  lout  son  csmp 
a  seront  mis  un  ptèees.  l*ài  a^  que 
»  doute  mille  Sutaiea  et  huit  oepU 
«hommae  dlsrmes  doivent  coucher 
a  oe  soir  à  troia  lieues  d'ici,  qui,  de*- 
È  mahi ,  au  point  du  Jour ,  fondront 
»  sur  hli ,  pendent  que ,  de  moni^té, 
a  je  ferai  une  vigoureuse  sortie  ;  et 
»8eru  bien  heuraux  celui  qui  en 
a  échappera.  J'at  cru  devob"  vous  eb 
a  prévenir  ;  m«la  il  faut  me  garder 
>  le  secret,  a 

Par  l'ordre  du  chevalier,  le  vUbigeoh 
prend  la  route  du  cMé  du  eamp  de 
SidUngen.  Apeihe  a'est-il  éloigné  de 
la  Ville ,  qu'on  l'arrftte.  On  le  conduit 
au  général  ;  on  le  queatfouue;  on  le 
menace*  Le  bon  honime,  intimidé,  dé- 
couvre son  secret,  pour  éviter  la  mort 
Il  donne  la  lettre  à  Sidilngeu  ;  ce  ca- 
pitaine la  lit;  et,  j^ein  d'iudignatiea , 
il  fai  communique  à  son  conseih  La  fih 
^eur  s^émpara  de  toua  lea  esprits.  On 
s'écrie  que  le  cooate  de  N aasau  est  «a 
tiuitre;  en  bat  le  tambour;  on  Mve 
l'étendard  ;  On  plie  le  bagage  ;  on  pose 
la  rivière.  Eu  vain  le  comte ,  iosUuit 
de  cette  réaolutiou  précipitée^  veut  re- 
tenir son  collègue  ;  sea  diffiiiunliis  dé- 
putationa  ne  ierveut  qu'à  augmenter 
les  aoupçena.  On  décampe  de  part  et 
d'autre ,  et  Méôèrea  eal  délivrée.  Do- 
rant ce  tumulte,  le  porteur  de  la  lettre 
était  neutre  doua  la  >iille,  et  avait  ap~ 
pris  au  ehevetter  tout  œ  qui  hil  était 
arrivé.  Bayanl  éolnla  de  xifu  envoyant 
Iheureux  feueoèa  ^e  sou  stratagème; 
etv  dana  l'uKoèa  de  sâ  joie,  il  dit 
t  Puisqu'ils  n'ont  paa  voidu  commeo-^ 


a  maître,  et  qu'il  est  votre  parent  Je   mcer  le  jen^  ce  aère  donc  moi;  a  et, 


e  le  désiperoia  autant  que  vous ,  ^ir  Iti 


dan^  l'te^tunt,  îiHirenviwm  ^»ii»>^it^ 


DBS  KACtt  FOâTM. 


«Il 


volées  de  eanon,  qai  leur  firent  beau- 
xmp  de  mal. 

•  Ainsi  fut  levé  le  siège  de  Mézières , 
Mgè  éternellement  mémorable,  puis- 
Ili'il  sauva  la  France ,  où  il  n'y  avait 
ptfnt  alors  d'armée  en  état  d'arrêter 
lUirante  mille  hommes.  Il  mit  le  con>- 
Iflè  à  la  gloire  de  Bayard.  Tous  les  bons 
Diloyeflt  s'empressèrent  de  célébrer 
li  ^eur  de  ce  héros  toujours  victo- 
rtaiix. 


4e  IhodM  par  let  OUmmbs,  en  Iftsi. 


En  1806,  Fouk{ues  de  Vîllaret, 
gMndHDaitre  des  chevaliers  de  Saint- 
Itatt  de  Jérusalem,  forma  le  projet  de 
iMfluérir  cette  lie,  pour  en  faire  le 
4ièf-4iea  de  son  ordre.  Secondé ,  dans 
Afrand  dessein,  par  tous  les  souve- 
irina  de  l'Europe  chrétienne ,  il  entra 
111e,  battit  plusieurs  fois  les  Sar- 
et  les  Grecs,  et  se  rendit  maître 
de  Khodes,  après  quatre  ans  de  fati- 
fMs.  Cette  ville  devint  florissante  sous 
k  idottination  des  chevaliers,  qui  épui- 
sHMt  toutes  les  ressources  de  l'art 
pMr  b  rendre  imprenable.  Ces  pré* 
eiMIoiM étalent  nécessaires.  Les  Grecs, 
Mtarrashis,  les  Turcs  essayèrent  plu- 
Mbttn  fois  d'y  entr<{r.  Mahomet  II 
Vttahit  l'assiéger;  ses  généraux  furent 
bMlM;  et  lui-même  mourut,  en  mar- 
iAtot  pour  cette  expédition.  La  gloire 
tb  prendre  Rhodes  était  réservée  à 
Soliman  II,  dont  les  troupes  s'appro- 
«Mirent  de  l*tle  en  1521. 

'Tllliers,  de  l'Isle-Adam,  régnait 
Mn  sur  les  chevaliers  de  Saint-Jean  : 
ipriiid  homme  de  guerre ,  intrépide , 
ëèorageui,  habile,  fécond  en  ressour- 
Mk  n  avaittout  au  plus  sii  mille  guer» 
lien  ft  opposer  à  une  armée  de  près 
de  deux  cent  mille  hommes  ;  mais  ces 
glnerriers  étaient,  comme  leur  chef, 
fMipHs  de'  la  plus  héroïque  valeur,  et 


préféraient  la  mort  A  l'esclavage.  Rho- 
des fut  investie.  On  ouvrit  la  tranchée 
hors  de  la  portée  du  canon  ;  et,  quand 
on  fut  plus  près  de  la  viHe,  les  infidèles 
dressèrent  une  batterie  qui  fut  bientôt 
démontée  par  l'artillerie  de  la  place. 
Les  sorties  fréquentes  des  chevalien 
œmblèrent  leurs  travaux.  En  peu  de 
temps  le  découragement  devint  si  gé* 
néral  parmi  les  Turcs,  qu'il  falhit  que 
le  sultan  vint  lui-même  se  montrer  à 
ses  troupes,  pour  animer  leurs  opéra* 
tiens  par  sa  présence.  Alors  tout  chan- 
gea de  face.  Les  officiers  el  les  soldats 
ottomans,  pour  effacer  jusqu'aux  moin-> 
dres  traces  de  leurs  murmures ,  s'em- 
pressèrent de  se  signaler  sous  I'odII  du 
maître;  et  cette  multitude  de  bras, 
jusqu'alors  peu  terrible,  devint  cnGn 
redoutable.  Les  soldats  et  les  pion- 
niers poussèrent  la  tranchée  sans  relâ- 
che ;  on  y  travaillait  le  jour  comme  la 
nuit,  et  ils  étaient  relevés  tour  A  tour 
par  différens  corps  qui  se  succédaient 
les  uns  aux  autres.  I^  grand-mattre , 
les  voyant  soutenus  par  de  gros  déta- 
chemens ,  ne  jugea  pas  A  propos  de 
continuer  les  sorties,  dans  lesquelles  il 
perdait  plus,  par  la  mort  d'un  seul  che- 
valier, que  Soliman  par  celle  de  cin- 
quante janissaires.  Ainsi  les  infldèles, 
n'ayant  rien  A  craindre  que  le  feu  de 
la  place,  travaillèrent  avec  tant  d'acti- 
vité ,  qu'ils  conduisirent  leurs  travaux 
jusqu'à  la  contrescarpe  ;  et,  pour  ren* 
dre  leurs  lignes  plus  solides,  ils  les  re- 
vêtirent par  dehors  de  poutres  et  de 
madriers  bien  liés  ensemble.  On  aug- 
menta ensuite  les  batteries  qui  ne  ces- 
sèrent de  foudroyer  la  ville,  mais  sans 
succès,  parce  que  leurs  boulets  effleu- 
raient A  peine  les  créneaux  des  mu- 
railles. Us  en  furent  avertis  par  un  Juif 
qui  leur  servait  d'espion  dans  Rhodes. 
Aussitôt  ils  changèrent  leurs  batteries, 
ifoi  dèa4ors  tirèrent  plus  heureuse- 


e» 


't 


OtB  LA  DiFBPSI 


ment.  Voyant  qne  la  place  était«  pcnir 
ainsi  dire ,  couferte  et  enterrée  sous 
ses  fortifications^  ils  résohirent  d'éie* 
ver  deux  cayaiiers  d'une  hauteur  supé- 
rieure à  ces  ouvrages^  et  qui  comman- 
dassent la  fille  et  ses  boulevarts.  Les 
.  soldats  et  les  pionnière,  par  ordre  du 
général,  apportèrent,  durant  plusieurs 
jours,  des  terres  et  des  pierres  qu'ils 
jrfaçaient  entre  les  portes  d'Espagne  et 
tAmergoe,  vis-i-vis  le  bastion  dlta- 
lie.  Ces  deux  endroits  étaient  vus  à 
découvert  par  le  canon  de  la  place. 
9e$  milliers  d'hommes  périssaient  fou- 
droyés, écrasés;  mais  on  ne  comptait 
point  ces  pertes,  pourvu  qu'on  avançât 
l'ouvrage  entrepris.  Enfin,  on  vit  pa-- 
rattre  comme  deux  collines  plus  hautes 
de  dix  à  donze  pieds  que  la  muraille , 
et  qui  la  commandaient  absolument. 
Le  poste  d'Allemagne  fut  le  premier 
attaquée  Les  Turcs  dirigèrent  leurs  ca- 
nons yen  la  muraille.  On  ne  croyait 
pas  qu'étant  sans  terre-plein ,  elle  put 
résister  long-temps  à  la  violence  de 
ces  machines  destructrices.  Le  grand- 
mettre  s'y  transporta,  et  la  fit  appuyer 
en  dedans  par  de  la  terre,  des  poutres, 
des  fascines;  et,  comme  rartillerie, 
placée  sur  la  porte  de  son  palais,  dans 
un  lieu  élevé,  portait  directement  sur 
les  infidèles,  les  canonniers  chrétiens 
les  ruinèrent,  et  mirent  en  pièces  leurs 
gabions  et  leurs  mantelets  ou  parapets. 
Il  en  fallut  refaire  de  nouveaux,  qui  ne 
durèrent  pas  plus  long-temps  que  les 
premiers.  Le  canon  de  la  ville  abîmait 
tout  ;  et  celui  des  Turcs,  au  contraire, 

limai  servi  et  pointé  dans  un  endroit 
aussi  élevé,  battait  toujours  sur  une 
même  ligne,  passait  par-dessus  la  mu- 

'  raiUe,  et  tirait  à  coups  perdus.  Appa- 
remment que  ces  canonniers  igno* 
raient  encore  l'usage  de  plonger,  et  de 
tirer  de  haut  en  bas  et  contre  le  pied 
du  mir.  ftobptés  du  peu  d'effet  df^ 


leurs  batteries,  les  officiers  de  Sotimao 
les  transportèrent  contre  la  tour  de 
Saint'Nicolas^  On  la  foudroya  avec  dou- 
ze canons  de  fonte;  maid  on  eut  le 
diagrin  de  voir  le  canon  démonté ,  et 
les  batteries  minées  par  cdles  de  la 
tour.  Pour  {devenir  cet  effet  de  IV 
dresse  des  canonniers  chrétiens,  on 
résolut  de  ne  tirer  que  de  nuit;  et, 
pendant  le  jour,  on  enterrait  le  canon 
sous  les  gabions,  dans  le  sable.  A  l'ap- 
proche des  ténèbres ,  on  le  remettait 
sur  la  plate-ferme.  Plus  de  cinq  cents 
boulets  portèrent  contre  l'endroit  de 
la  muraille  qui  re^ffdait  l'oeddent,  et 
la  firent  crouler  dans  le  fossé.  On  s'ap- 
plaudissait du  succès  de  cette  batterie 
nocturne,  et  l'on  se  flattait  d'emporter 
le  fort  an  premier  assaut;  mais  on  fat 
bien  étonné  de  voir  paraître  derrière 
les  ruines  une  nouvelle  muraille  ter- 
rassée avec  son  parapet,  et  bordée 
d'artillerie  qui  en  défendait  les  appro- 
ches. Plein  de  colère,  SoUman  fit  atta- 
quer tous  les  principaux  bastions  de  la 
place;  et  le  canon  ottoman,  qai  les 
battît  jour  et  nuit^  durant  un  mob  en- 
tier, les  endommagea  pour  la  {dopart 
Cependant  le  nombre  des  chevaliers 
et  des  citoyens  diminuait  considéra- 
blement dans  Rhodes.  On  manquait  de 
poudre*  Le  grand-maltre  en  fit  faire 
aveo  du  salpêtre  dont  on  avait  provi- 
sion ;  et  l'on  espéra  de  pouvoir,  avec  ce 
faible  secours,  résister  assez  long-temps 
pour  rebuter  l'empereur. 

La  guerre  jusqu'alors  ne  s'était  faite, 
entre  les  assiégeans  et  les  assiégés 
qu'à  coups  de  feu;  et,  quoique  celm 
des  Turcs,  par  la  moltiUide  de  leors 
canons  et  l'abondance  de  poudre ,  fût 
fort  supérieur,  cependant  ils  n'étaieot 
pas  encore  maîtres  d'un^pouoe  de  ter- 
rain dans  les  bastions  et  dans  les  oa- 
vrages  avancés  de  la  place,  tes  letiia- 
ie^  et  je»  netrancbemeDs^  aewes  pu 


Dtt  PUkICSA  FOUTBS. 


0tS 


les  chevaliers,  tenaient  lieu  des  mu« 
railles  abattues.  On  ne  pouvait  empor- 
ter ces  nouveaux  ouvrages  que  par  un 
assaut;  et,  pour  y  monter,  il  fallait 
tenter  la  descente  du  fossé  ou  le  com- 
bler. Soliman,  qui  avait  un  nombre 
prodigieux  de  pionniers  dans  son  ar- 
mée, en  fit  diflTérens  détachemens  ;  les 
ans  jetaient  de  la  terre  et  des  pierres 
dans  le  fossé  ;  mais  les  chevaliers,  par 
le  moyen  des  casemates,  enlevaient  la 
nuit  les  décombres  qu*on  y  avait  jetés 
le  jour.  Les  autres  pionniers  étaient 
employés  à  creuser  des  mines  dans 
cinq  endroits  diiférens,  dont  chacune 
conduisait  son  approche  vers  le  bastion 
opposé.  Quelques-unes  furent  éventées 
par  la  vigilance  du  fameux  Hartinen- 
gue.  auquel  on  est  redevable  de  l'in- 
vention de  découvrir,  avec  des  peaux 
tendues  et  des  tambours,  en  quel  en- 
droit se  faisait  le  travail.  Les  Turcs 
avaient  travaillé  avec  tant  d'adresse , 
que  les  différens  rameaux  de  ces  mines 
allaient  de  l'un  à  l'antre  ;  et  tous,  pour 
faire  plus  d'effet,  aboutissaient  au  mê- 
me endroit.  Deux  de  ces  mines  jouè- 
rent, l'une  après  l'autre,  sous  le  bas- 
tion d'Angleterre.  Leur  explosion  fut 
si  violente,  qu'éfles  renversèrent  plus 
de  six  toises  de  la  muraille ,  dont  les 
mines  comblèrent  lé  fossé.  La  brè- 
che se  trouva  si  laige  et  la  mon- 
tée si  facile,  que  plusieurs  batail- 
lons se  présentèrent  aussitôt  à  l'as- 
saut avec  de  grands  cris  et  le  sabre  à 
la  main.  Ils  gagnèrent  d*abord  le  haut 
du  bastion,  y  plantèrent  sept  ensei- 
gnes, et  s'en  seraient  rendus  maî- 
tres, s'ils  n'avaient  rencontré  der- 
rière une  traverse  qui  les  arrêta.  Les 
chevaliers,  revenus  de  l'étourdissement 
qu'avait  causé  le  brait  effroyable  de  la 
mine,  accoururent  au  bastion,  et  char- 
gèrent les  Turcs  à  coups  de  mousquets, 
de  grenades  et  de  pierres»  Le  grand- 


maitre,  dans  le  moment  que  le  volcan 
joua,  était  dans  une  église  voisine ,  où 
il  implorait,  au  pied  des  autels,  le  se- 
cours du  Dieu  des  années.  Il  jugea 
bien,  à  l'horrible  fracas  qu'il  entendit, 
que  l'éclat  qu'avait  fait  la  mine  serait 
suivi  d'un  assaut.  Il  se  lève ,  dans  le 
moment  que  les  prêtres,  pour  cmu- 
mencer  l'office,  entonnaient  cette  prié* 
re  prélinÛBaire  :  Dêut  in  adjutoHutn 
mium  intendê.  Seigneur,  venez  à  mon 
secours,  a  J'accepte  l'augure,  »  s'écrie 
le  pieux  général;  et,  se  retournant 
vers  quelques  chevaliers  qui  l'acconH* 
pagnaient  :  «  Allons,  mes  frères,  leur 
n  dit-il ,  changer  le  sacrifice  de  nos 
»  louanges  dans  celui  de  vos  vies,  et 
9  mourons,  s'il  le  faut,  pour  ladéfease 
»  de  notre  sainte  loi.  »  Il  dit;  et,  la 
pique  à  la  main ,  il  s'avance  d'un  air 
terrible.  Il  monte  sur  le  bastion,  joint 
les  Turcs,  écarte,  renverse,  tue  toutee 
qui  ose  lui  résister.  U  arrache  le»  m- 
soignes  ennemies ,  et  regagne  impé- 
tueusement le  bastion.  Le  génénd  de 
Soliman,  Mustapha,  rdlie  les  fuyards, 
et  les  reconduit  à  l'ennemi ,  i  coups 
de  sabre.  Il  y  marche  lui-<mteie  arec 
audace.  Le  combat  se  renouvdle«  La 
mêlée  devient  sanglante.  Le  fer  et  le 
feu  sont  également  employés  de  part 
et  d'autre  ;  on  se  tue ,  de  loin  et  de 
près,  à  coups  de  mousquet  ou  d'épée  ; 
on  en  \ient  jusqu'à  se  prendre  corps  à 
corps,  et  le  plus  fort  ou  le  plus  adroit 
tue  son  ennemi  à  coups  de  poignant. 
Les  Turcs,  en  butte  aux  arquebusades, 
aux  pierres,  aux  grenades,  aux  pots  è 
feu,  abandonnent  enfin  la  brèche ,  et 
tournent  le  dos.  Leur  chef  tâche ,  par 
ses  menaces  et  par  ses  promesses ,  de 
ranimer  leur  valeur.  On  ne  l'entend 
point.  Tout  ftait ,  tout  se  disperse  ;  et 
Mustapha  se  retire  avec  eux,  après 
Avoir  perdu  plus  de  trois  mille  hommes. 
C'est  evec  cet  acharnement  furiei^x 


81V 


»B  LA  OLl'EN^IK 


qiroti  fie  disputa  la  vktoîfic  jusqu'au 
Si  septembre,  où  Soliman  fit  donner 
Tordre  pour  un  assaut  général.  Dès  le 
poiQt  du  jour  les  mahonnétaiiii ,  divisés 
eo  quatre  corps  ou  ijuatre  armées,  s V 
vancent  de  quatre  eAtés  et  montent 
G^^ment  sur  la  brèche,  malgré  les 
foudres  qui  partent  de  la  place,  malgré 
un  déluge  de  balles,  de  flèches,  de 
traits  et  de  pierres  :  rien  neles  arrête. 
Les  chevaliers  accourent  en  foule  ;  ils 
repoussent  les  assalUans,  ils  les  préci- 
pitent, ils  renversent  les  échelles.  Les 
infidUes  reviennent  à  la  charge  avec 
plus  d^impétuosité;  mais  tous   leurs 
efforts  sent  inutiles  :  les  chevaliers  sont 
.  invincibles.  Les  prêtres,  les  religieux, 
les  vieiHards,  et  jusqu'aux  enfans,  tous 
veulent  «voir  leur  part  du  péril,  et  re- 
pouasent  enfin  Tennemi.  Des  femmes 
M  le  cédèrent  pas  en  intrépidité  aux 
pionniers ,  ni  en  courage  aux  soldats, 
flusîeinrs  perdirent  la  vie  en  déEandaiit 
lepra  maris  çt  leurs  enfans* 
.  Le  mauvais  succès  de  tous  ses  assauts 
rendit  Soliman  furieux  :  il  flt  périr 
liofltapha  i  coups  de  flèches,  et  plu- 
fieiin  autres  capitaines  auraient  8ui>i 
le  même  aort,  si  on  ne  lui  eût  pas  per- 
,  Mtdé  qu'il  pouvait  eocoro  réussir  dans 
son  entreprise*  On  ne  cessa  de  com- 
battre et  de  former  des  attaques  jus- 
qu'au milieu  de  l'hiver.  Snfin  )e$  infi- 
dèles triomphèrent,  Hhodes,  presque 
entièrement  détruite ,  n'avait  plus  de 
quoi  les  arrêter:  la  plupart  des  che- 
valiers avaient  trouvé  la  mort  en  dé- 
fendant les  fortifications.  Il  fallut  ci^ii- 
.  tuler  et  abandonner  cette  Ile  fameuse 
qui  avait  été,  pendant  près  de  trois 
siècles ,  la  patrie  d'une  société  de  hé- 
ros. Soliman  n'abusa  point  de  sa  vic- 
toire ;  il  traita  généreusemeut k*  grand- 
..maitre,  qu'il  consola,  qu'il  vinita  mê- 
me ,  et  qu'il  plaignit  comme  le  méri- 
Uit  co  personnage  immortel. 


Sfége  de  Blftnellle  par  r«niiée  de  Chtrle<*Qiii^ 

en  ISil. 

Le  connétable  de  Bourbon,  voolaat 
mériter  par  ses  services  la  faveur  de 
Charles-Quint,  à  qui  ce  prince  p^6de 
s'était  vendu,  entreprit  le  siège  de 
Marseille  en  152fc.  Il  assurait  que  trois 
coups  de  canon  étonneraient  si  fort 
ces  bons  bouiigeois ,  qu'ils  viendraient 
la  corde  au  cou  lui  présentor  les  cle6 
de  leur  ville.  Mais  ces  braves  ciloyeos 
résolurent  de  se  défendre  jusqu'à  h 
dernière  extrémité  :  les  feounes  reèaie 
les  plus  qualifiées  partagèrent  avec  les 
hommes  les  travaux  les  plus  pénibles; 
l'ardeur  de  ces  héroïnes  fut  si  grsode, 
que  les  contre-mines,  fjsites  du  cAté  de 
l'attaque,  furent  appelées  la  Tranchée- 
des-Dames,  pour  en  perpétuer  lesoa- 
venir. 

Un  boulet  de  canop ,  parti  de  la 
ville,  tua  deux  gentilshommes  et  un 
prêtre  qui  célébrait  la  messe.  Le  con- 
nétable de  Bourbon  accourut  au  bruit 
que  causait  cet  accident,  et  demanda 
ce  que  c'était.  Le  marquis  de  Pescaire, 
rival  de  son  crédit  dans  l'armée,  lui  ré- 
pondit :  «  Monsieur,  ce  sont  les  cojuals 
9  de  Marseille  qui  noua  en  apportent 
s  les  clefs.  »  Bourbon  méritait  celte 
raillerie  sangbmte.  Dq^uis   quarante 
jours  il  s'épuisait  devant  une  plsœ 
dont  la  conquête,  selon  lui,  ne  deaun- 
dait  que  sa  sejole  présence.  Furieux,  il 
ordonna  de  redoubler  le  feu  de  son 
artillerie ,  et  bientêt  il  vint  è  bout  de 
faire  une  brèche  assez  considérable 
pour  donner  l'assaut^  Les  ingénieurs 
envoyés  pour  \à  visiter ,  raïqiortèrent 
qu'il  y  avait  un  fossé  profond  rempli 
de  feu  d'artifice  et  défendu  par  un 
grand  nombre  de  soldats.  L'étemel 
ennemi  du  connétable,  Peacfire,  vient 
w  fajrç  le  détail  au  couaeil  de  guerre. 


DBS  FUCBS  FORTSS. 


615 


t  ajoote  malignement  :  a  Vous  voyez, 
tfessienn,  que  les  Marseillais  tien- 
nent tonte  prête  nne  table  bien  cou- 
yfgifit^  afin  dâ  recevoir  comme  il  faut 
çrax  qni  voudront  aller  les  visiter. 
Ilpiis  ferions  mieux,  je  pense,  de  re- 
tofmer  en  Italie,  où  les  Français 
pourraient  bien  nous  prévenir.  »  La 
Wf»  qu'on  portait  au  duc  de  Boùr- 
«|.jRiit  applaudir  à  cet  avis.  D'ailleurs, 
Ineçois  P'  venait  au  secours  de  la 
ip  assiégée  avec  une  armée  de  qua- 
i^tfi  mille  hommes.  Les  Impériaux 
Ûjrent  bagage,  et  se  hfttèreot  de  se 
B|{irér  avec  la  honte  de  n'avoir  pu 


â»  Pérofifie  par  le  comte  de  Ifaitra, 

eaisaa. 


1^  comte  de  Nassau ,  un  des  géni* 
n^x  de  Cbarles-Quint ,  menaça  Pé- 
(U|ne  eu  1S36.  Les  babitans,  qui 
oyaJf^Qt  qu*on  ne  s'occupait  pas  sé« 
içusement  de  leur  conservation,  se 
Ifiposaient  à  abandonner  leur  ville , 
loopidlib  furent  déterminés  à  ladéfen- 
Ire  jusqu'à  la  dernière  extrémité,  par 
ik .résolution  de  d'Estourmel,  gentil- 
tô|l}nie  du  voisinage.  Cet  homme  gé- 
léijçpx,  prévoyant  les  suites  funestes 
If  b  perU  de  cette  place,  s'y  trans- 
ififte  AYec  sa  femme  et  ses  enfans ,  y 
4t  conduire  tous  les  grains  qu'il  a 
liez  loi  ou  qu*il  peut  obtenir  de  ceux 
(pi  apnt  touchés  de  ses  discours  ou  de 
10  ^^[emple  ;  il  y  distribue  son  argent 
;'êelui  qu'il  trouve  dans  la  bourse  de 
ift  amis  ;  il  y  montre  une  valeur,  une 
lÂivité,  une  intelligence  qui  rassurent 
s  plus  timides.  Il  parvient,  par  cette 
mdnite  i  en  faire  lever  le  siège. 

§ffê'  de  lantfreeles  par  Vempereiir  Ghtrles- 
QalDt,  en  IbO. 

L'empereur  Charles-Quint,  à  la  tèto 
raine  année  do  cinquante  mille  hom- 


mes, vint,  en  15^3,  se  présenter  devant 
Landrecies ,  ville  des  Pays-Bas ,  dans 
le  Hainaut  français.  Celte  place  élait 
médiocrement  fortifiée.  Bâlic  sur  la 
Sambre,  dans  une  plaine  basse  et  très 
unie,  un  fossé  rempli  d*cau  et  quel- 
ques ouvrages  faisaient  toute  sa  dé- 
fense. Mais  elle  comptait  dans  son  en- 
ceinte trois  mille  fantassins  aguerris, 
et  deux  cents  cavaliers  d'élite  que 
l'exemple  et  l'intrépidité  de  La  Lande, 
leur  commandant,  rendaient  invinci- 
bles. En  vain  le  monarque  allemand 
fit-il  foudroyer  la  ville  avec  cinquante 
pièces  de  canon  ;  en  vain  épuisa-t-il 
toutes  les  ressources  de  sa  formidable 
puissance,  pour  faire  réussir  ses  atta- 
ques multipliées,  Landrecies  fut  re- 
cueil de  sa  fortune  ;  et  ce  prince ,  qui 
prétendait  envahir  toute  la  France, 
vaincu  devant  une  bicoque,  fut  obligé 
d'en  abandonner  la  conquête  après  six 
mois  d'inutiles  efforts. 

8iége  de  MeU  ptr  GbArlet-Qa'nt.  en  IS^. 

Charles-Quint,  ayant  recommencé  la 
guerre  contre  la  France,  vint,  sur  la 
fin  d'octobre  1552,  mettre  le  siège  de- 
vant Mets  avec  une  armée  de  cent  mille 
fantassins,  de  douze  mille  cavaliers,  et 
d'une  nombreuse  artillerie.  La  ville 
était  grande  et  si  faible  qu'il  pouvait  se 
flatter,  avec  raison,  de  n'y  pas  trouver 
beaucoup  de  résistance.  François  de 
Lorraine,  duc  de  Guise,  s'y  était  enfer- 
mé avec  deux  princes  4e  sa  maison, 
trois  princes  du  sang,  cinquante  sei- 
gneurs de  la  première  qualité,  cinq 
cents  gentilshoDomies  avec  lenr  suite, 
et  cinq  mille  hommes  de  la  meilleure 
mfanterie  de  France.  Avec  cette  poi* 
gnée  de  guerriers  illustres ,  de  Guiss 
soutint  durant  soixante-cinq  jours  les 
efforts  opini&tres  du  plus  redoutable 
potcuUt  de  l'Europe,  et  l'obligea  en- 


616 

fin  de  se  retirer  sans  oser  livrer  Tas- 
saut,  quoique  le  canon  eût  fait  brèche 
en  plusieurs  endroits.  Le  froid,  les  ma- 
ladies, les  sorties  fréquentes  avaient 
détruit  le  tiers  de  cette  armée  formi- 
dable. Le  prince  de  la  Roche-sur-Yon 
en  poursuivit  les  tristes  restes.  Ayant 
joint  quelques  compagnies  de  cavalerie, 
11  leur  présenta  le  combat.  L'oflRcier 
qui  les  commandait,  s'étant  retourné  : 
a  Seigneur ,  leur  dit-îl ,  comment  vou- 
ulez-vous  que  nous  ayons  la  force  de 
)» combattre?  vous  voyez  qu'il  ne  nous 
»  en  reste  pas  assez  pour  fuir.  x>  Touché 
de  compassion,  le  prince  permit  à  ces 
malheureux  de  continuer  leur  retraite. 
Le  duc  de  Guise  recueillit  généreuse- 
ment tous  les  malades  qui  n'avaient  jm 
suivre  leurs  compagnons,  et  les  distri- 
bua dans  les  villages  voisins  et  dans  les 
hdpitaux. 

C'est  dans  ce  siège  que  Metz  perdit 
son  ancienne  splendeur.  On  fut  obligé, 
pour  la  défendre,  de  détruire  au  de- 
dans et  au  dehors  plus  de  trente  égli- 
ses magniCques,  dont  quelques-unes 
renfermaient  les  tombeaux  de  plu- 
sieurs rois  de  la  race  carlovingtenne. 
On  frappa  plusieurs  médailles  pour 
éterniser  la  mémoire  de  la  délivrance 
de  Metz.  L'une  représentait  la  devise 
de  l'empereur.  C'étaient  les  colonnes 
d*Herculeavec  ce  mot  latin  uUrà,  pour 
faire  entendre  que,  par  son  expédition 
en  Afrique,  ce  prince  avait  porté  ses 
armes  victorieuses  bien  au'^delà  des 
pays  qu'avait  parcourus  le  grand  Alcide. 
On  ajouta  au  corps  de  la  devise  une 
aigle  enchaînée  et  attachée  aux  colon- 
nes, avec  ces  mots  :  non  uUrd  meia». 
L'équivoque  du  mot  metat  devenait 
très  piquante  pour  Charies-Quint,  parce 
qu'il  signifiait  également  la  ville  de 
Metz  et  les  colonnes  d'Hercule. 

On  ne  peut  trop  admirer  la  conduite 

d^  dur  de  Giii»e  pendant  tout  le  cours 


de  cette  défense,  sa  prévovduic^,  sm 
activité,  son  talent  à  encouraKci  tes 
troupes.  Il  entretenait  surtout  t'enra- 
lation  par  des  sorties,  petites  mais  con- 
tinuelles, ou  les  différens  chei^  de  ces 
expéditions  partielles,  cherchaient  a  se 
signaler  et  à  se  surpasser  les  uns  les 
autres. 

«M.  de  Guise  (dit  M.  de  Salignac, 
»  auteur  de  la  relation  de  ce  siège)  al* 
B  loit  d'heure  à  autre  reconnoitre  le 
»  dommage  que  nos  murailles  et  tours 
9  receuoient,  et  se  mettre  en  lieu  d'oà 
»  il  puBt  mesurer  le  tout  de  son  œil, 
«sans  se  fier  au  rapport  qu'on  hiy  en 
npouuoit  faire,  s'exposant  beaucoupde 
»  fois  à  plus  grand  hazard,  que  l'im- 
«portanced'vne  si  grande  perte,qu'eiist 
»  esté  de  sa  personne  en  ce  lieu,  et  en 
9  temps  de  telle  afiaire  n'eust  bonne- 
»  ment  requis.  11  poumoyoit  auec  le 
»  Seigneur  Pierre  Strozzy  (qui  n'auoit 
»  peu  d^aduis,  ni  faute  de  moyens  en 
»  telles  choses)  et  auec  les  Seigneurs 
»de  Gounor,  de  Saint-Remy  et  de 
»  Camille  Marin  a  sauner  nos  deffen- 
»  ces ,  à  en  faire  de  nouuellés,  et  or- 
B  donner  nouueaux  remparts  là  on  il 
Bostoit  besoin.  En  quoi  on  ne  sçauroit 
ê  estimer  qui  aidoit  plus  à  M.  de  Guise, 
BOU  Texpérience  et  pratique  qu'il 
Bpouuoitauoir  eu  auparauant  de  telles 
B  choses,  ou  bien  son  naturel  disposé  è 
B  la  conduite  et  maniement  du  fait  et 
B  appartenances  de  la  guerre.  Et  ctov 
Bque  les  deux  ensemUe  le  rendoient 
B  si  entendu,  qu'en  la  plus  grande  par- 
Btie  des  délibérations  qui  s'en  fai- 
B  soient,  soiï  opinion  se  trouuoit  digne 
Bd'estre  exécutée. 

BLe  iour  après  vingt'huitième  du 
B  mois,  continuants  les  ennemis  leur 
B  batterie,  ouurireot  la  tour  d'En- 
Bfer  de  dix-huit  ou  vingt  pieds  de 
B  large,  devinants  l'endroit  d'vne  che- 

*  B  minée  qu'eçtoit  le  plus  foible  du  wor, 


DBS  PLACBS  FORtBS. 


ftlT 


»0Q  bien  qbelqu'vn  de  Id  ville  qai 
»<çmoit  le  contenu  du  dedans,  le  leur 
sauoit  enseigné.  Sur  le  midy  tout  ce 
»parc  de  mur  d'entre  les  tours  des 
»  Wâssieux  etLigniers,  pour  aut»ir  esté 
vfort  battu,  et  coupé  assez  bas,  corn- 
»  mença  pencher  en  dehors,  et  se  dé- 
«partir  de  la  terre  qui  l'appuyoit. 
•Deux  heures  après  continuants  les 
»  ennemis  y  tirer,  tomba  tout  d'un 
>coup  dans  la  fausse  braye ,  mais  vne 
»  partie  soubs  soy,  rendant  la  montée 
9  malaisée  pour  venir  &  Tassaut. 

»  Les  ennemis  voyants  renuerser  la 
t  muraille,  ietterent  vn  cry ,  et  firent 
»  démonstration  d'vne  grande  ioye, 
»  comme  s'ils  estoient  arriuez  à  bout 
»  d'une  partie  de  leur  entreprise.  Mais 
»  quand  la  poussière  f  nst  abattue ,  leur 
n  laissa  voir  lé  rempart  desjà  de  huit 
»pied8  par  dessus  la  brèche,  encor  que 
sUen  raz  et  large ,  ils  eurent  à  ra- 

>  battre  beaucoup  du  compte  qu'ils 
9  auoient  fait,  sans  estendre  plus  auant 
»  cette  grande  rizée  qui  ne  s'entendit 

»plus. 

»  Yn  de  nos  soldftts,  appelé  Montilly, 
»  fit  la  brauade  de  descendre  inconti- 
«nent  par  la  bresche,  comme  pour 
»  donner  conuoissance  aux  ennemis 
»  qu'il  ne  se  soudoit  guères  qu'on  y 
i>  peust  aisément  monter.  Nos  gens  de 
»  guerre  de  pied  et  de  cheual  plantè- 
»  rent  leurs  enseignes,  guidons  et  cor- 

>  nettes  sur  le  rempart  :  et  tous  les  ma- 
utins,  au  remuement  de  la  garde,  on 
»  ne  failloit  les  y  mettre.  Gros  nombre 
»  de  nos  harquebouziers ,  que  M.  de 
»  Guise  avoit  fait  aposter,  ayants  atten- 
»  du  que  la  muraille  fnst  ostée,  comme 
>»  s'illeur  eustfait  empeschement,  tirè- 
»  rent  incontinent,  et  tousjours  iusques 
»  à  la  nuit  dans  les  tranchées  et  caua- 
»  liers  des  ennemis,  qui  fust  cause  que 
»  depuis  leurs  harquebouziers  de  la 
•tranchée  in  bord  do  fo86é ,  s'advl- 


»  sèrent  de  faire  des  petites  canonniè- 
D  res  dans  le  terrain,  pour  tirer  à  cou* 
»  uert,  et  de  point  en  blanc  au  long  de 
)»la  bresche,  afin  de  garder  que  les 
B  nostres  pjt,  s'osassent  présenter  au- 
»  dessus  :  loutesfois  les  gens  d^armes 
]»  ayants  Tarmet  en  teste,  et  leurs  sayes 
Dde  liurée  vestus,  ne  laissoientà  mon- 
»  ter  beaucoup  de  fois  au  plus  haut,  pour 
9  y  nuider  la  hotte,  sans  craindre  le 
»  danger  :  tellement  que  les  pyonniers 
I»  mesmes  et  femmes,  qui  seruoient  au 
»  rempart,  s'accoustumèrent  peu  à  peu 
n  à  les  suiure.  Le  reste  du  iour,  les  en* 
»nemls  essayèrent  ce  rempart  qu'ils 
svoyoient  à  coups  de  canon;  mais, 
»  combien  qu'il  fust  fraischement  fait, 
D  toutesfois  se  trouua  en  plusieurs  eiio 
»  droits  assez  fort  pour  arrester  le 
»  boulet. 

« 

>  La  nuit  on  cessa  la  batterie  qui 
»  avoit  depuis  le  matin  esté  de  neuf 
9  cents  à  mille  coups  de  canon,  et  nous 
Dà  plus  grande  diligence  que  iamais 
»  esleuasmes  et  renforçasmes  le  rem- 
»part;  pouruoyants  quant  à  la  tour 
»  d'Enfer,  de  ieter  de  la  terre  deuant 
»  Touuerture,  et  y  faire  vn  rempart  es- 
»  pais  iusques  à  la  moitié  du  second 
»  estage,  réseruant  l'autre  moitié  qui 
»  esloit  deuers  nous  pour  sauner  des 
Dcanonniers,  abattre  le  long  de  h 
»  fausse-braye  deuant  la  bresche ,  et 
Duous  y  loger  dedans  pour  la  dé- 
9  fendre. 

»  Les  deux  iours  d'après  leur  batte- 
»  rie  se  conduisit  plus  lentement  qu'au- 
»  parauant;  car  ils  ne  tirèrent  que  six 
»  cent  trente  coups,  tant  au  long  dû 
»  rempart  d^  la  bresche ,  pour  nous 
»  garder  d'y  porter  terre ,  qu'à  la  tour 
»  d'Enfer,  laquelle  après  auoir  esté  rem- 
»  parée  en  Testage  de  dessus,  enuiron 
D  sept  ou  huit  pieds  de  large,  par  ou 
»  ils  entrèrent  en  espérance  de  nous  en 

»  chasser,  et  venir  malstrei  do  fécond 


eii 


M  ju  Mrwfli 


»4uî  leur  eftoit  assez  oou^rt^  pai^ 
I»  qu'ils  ne  pouuoient  de  là  en  auant 
I»  eitre  assez  offencez  par  ce  grand  œil 
i>  de  la  clef  de  la  voûte  qui  voit  sur  la 
»  bresche  ;  mais  il  y  fust  pourueu,  corn* 
unia  en  Tautre  estage,d'vn  rempart 
»  fait  de  fumier,  de  quelque  peu  de 
»  terre,  et  de  balles  de  laine,  le  plus 
»  léger  qu'on  pouuoit,  pour  ne  pas 
j»  charger  trop  la  voûte.  Ce  soir,  sur  le 
a  tard ,  M.  de  Guise  eust  quelque  ad- 
>  uerlissement  que  les  ennemis  entre* 
a  prenoient  de  venir  la  nuit  gagner  la 
»  tour  d'Enfer,  ayants  fait  grande  pro- 
»  uision  de  fascines  aux  tranchées  pour 
a  y  faire  la  montée,  dont  il  commanda 
a  an  Seigneur  de  Biron  y  aller  auec 
h  vingt  gentilshonunes  de  la  compa* 
-a  gnie  de  M.  le  prince  de  la  Roche- 
»  sur-Yon ,  pour  renforcer  la  garde  lus- 
9  ques  à  minuit,  et  au  seigneur  d'An- 
»  tragues  auec  autres  vingt  de  sa  com- 
a  pagnie  le  venir  relouer.  Ce  que  fust 
a  par  après  continué  toutes  les  nuits 
a  par  la  gendarmerie  et  caualerie  par 
a  rang  de  chacune  compagnie.  Les 
a  princes  et  seigneurs  voulurent  eslrc 
a  de  la  partie  ;  MH.  de  Nemours,  de 
a  Montmorency,  de  Martigues,  de  Dan- 
p  ville  et  autres,  commencèrent  les  pre«- 
a  miers  de  veiller  an  logis  du  comte  de 
a  la  Rocbefoucaud ,  voisin  de  là,  pour 
a  s'y  trouuer  au  hesoin.  M.  de  Guise 
atrauailla  cependant  à  faire  remuer 
a  des  pièces  d'artillerie  de  la  plate-for- 
a  me  Sainte-Marie,  au  bouleoart  et  al- 
a  lée  de  la  porte  Champenuize,  qui  es- 
a  toit  déià  remparée,  et  y  auoit  canon- 
a  nières  pour  battre  en  flanc  à  ladite 
a  tour. 

a  Le  comte  d'Aiguemont  partit  dn 
a  camp  auec  deux  mille  chenaux  et 
a  quelques  enseignes  de  gens  de  pied , 
a  pour  aller  au  Pont-a-Mousson  »  où  il 
a  entra  ;  et  passant  outra,  se  nint  pré* 
a  senter  4enant  la  vjUe  4e  Thoul ,  qu'il 


a  somma  de  se  rendre  :  à  quoi  leiei* 
a  gneur  d'EsdanoUeSi  goonemeur  d'i» 
a  Cille,  fist  responœ»  que  quand  l'Em- 
ik  pereur  auroit  prins  Meta  et  serait  va- 
»  nu  faire  autant  d'efforts  contre  la 
a  ville,  il  aduiseroit  lors  à  la  respoooe 
a  qu'il  deuoit  fairç. 

a  I^  septiesme  du  mois,  de  grand 
a  matin,  on  ouit  sonner  beancoap  de 
0  tabourins  au  camp  de  l'Snipereur,  at 
a  sur  les  huit  heures,  deux  grosses 
a  troupes  de  leurs  gens  de  pied  s'ap* 
a  prochèrent  au  bord  des  traniàé^ 
a  derrière  ces  murailles  qui  s'étendent 
a  vers  Saint- Arnould ,  par^dessus  les- 
a  quelles  on  voyoit  apparoistre  leur 
a  grand  nombre  de  piques.  Et  biea 
a  que  M.  de  Guise  n'e^Uinast  y  aaoir 
a  grand  danger,  estant  encore  la  fa»- 
a  braye  deuant  la  brescbe  tonte  saine 
a  et  entière,  il  fist  toutesfois,  saosdoo* 
a  ner  alarme,  rendre  (eus  les  geas  de 
a  guerre  anx  lieux  qu'il  leur  estoit 
a  ordonnez ,  tant  aux  bresches,  flancs, 
a  places  de  secours,  qu'au  long  des  mo- 
a  railles,  où  se  tronna  bien  petit  nom- 
a  bre  de  gens  pour  vne  ville  de  si  grande 
a  garde,  mais  tous  appareillez  de  bien 
a  faire,  et  monstrant  cette  bonne  vo- 
a  lonté  et  délibération  qu'il  falioit  paor 
a  vaillamment  repousser  l'ennemy.  Les 
a  princes  de  Bourbon,  les  deux  Guise, 
a  celui  de  Nemours,  le  duc  Horace, 
a  MM.  de  Montmorency,  Yidame  de 
a  Chartres,  de  Martigueëi  et  les  autres 
a  seigneurs  et  gens  de  bonne  maison , 
a  auec  plusieurs  gentilshommes,  nur- 
a  chanta  sous  la  cornette  de  M.  de  Gni- 
a  se,  prindrent  le  premier  rang  à  li 
abresçhe,  suiuis  d'vn  bon  nombre 
a  de  soldats.  Cependant  ledit  seigneur 
a  alla  visiter  les  vus  et  les  autres,  non 
a  sans  auoir  grand  aise  du  maintien  et 
a  bonne  contenance  qu'il  voioîten  dia- 
a  cnn ,  ni  ian#i9»  loXiciter  enoaresea 
a  passant  par  be»ui:çnfd(icea  bons  a»aU 


DIS  PLAdBS  FORTES. 


et» 


»  qui  incitent  a  Thonneur,  è  la  verta  et 
si  la  victoire.  Le  capitaine  Fauars, 
»  maistre  de  camp ,  ordonnoit  de  ses 
»  gens  de  pied ,  et  encores  par  dessus 
M  hiy  le  seigneur  Pierre  Stroxzy,  en- 
iisenibie  sur  les  gens  de  chenal.  Le 
»  seigneur  de  Saint-Remy  estoit  pré- 

•  paré  de  ces  artiGces  i  feu  et  engins 
»  de  goerrcL  lesquels  auoient  esté  ap- 
a  portex  de  bonne  heure  en  vne  mai- 
»  son  prochaine,  pour  les  emploier  sur 
i  (es  premiers  qui  Tiendroient.  Aussi  le 
i  seigneur  de  Crenay,  et  autres  gcn- 
»  ttbhommes  et  soldats,  choisis  de  tou- 
i  tes  les  compagnies  et  bandes  aux  cos- 
»  tel  de  la  breschc,  pour  exécuter  bon 

•  nombre  de  harquebouzcs  à  croc  ;  pa- 
»  reniement  le  seigneur  d*Ortobic  et 
»ses  compagnons,  commissaires  de 
I  rartillerie,  auec  leurs  canonniers  aux 
ft  flancs  et  deffences,  et  fusrent  toutes 
»  choses  si  promptement  mises  en  leur 
I  ordre,  et  Tordre  mesmc  partout  si 
»  bien  obserué^que  les  ennemis  eussent 
»  prins  mauuais  conseil  de  nous  venir 
ijssaiilir.  Aucuns  d*eux  s'aduisèrent 
I  d*aller  sur  la  montagne,  qui  regar- 
»  doit  la  bresche,  d  où  ils  la  peurent  voir 
»  fournie  de  museaux  de  fer,  de  mor- 
»  rions  et  corselets ,  qui  ne  fust  chose 
)  qui  leur  deust  beaucoup  plaire. 

»  Trop  long  seroit  à  raconter ,  et 
p  possible  ennuyeux  de  particulariser 

>  toutes  les  saillies  (sorties]  qui  se  sont 

•  fhttes  durant  le  siège,  desquelles  aussi 

>  Vue  partie  n'a  peu  venir  à  ma  connois- 

•  sance,  i  cause  qu'il  s'en  faisoit  en 
)  mesme  heure  deux  ou  trois  par  di- 
»  verses  portes,  et  quelquesfois  nos 
i  gens  ne  rencontrants  les  ennemis , 
is'en  retournoteut  sans  faire  autre 
I  chose  digne  de  récit.  Suflira  que  par 
»  le  récit  d'une  partie  soit  monstre  ne 
»  s'estre  iamais  présenté  un  seul  moyen 
»  de  nuire  ou  de  gagner  sur  l'ennemi, 
»  qne  M.  de  Guise  uç  l'ait  entrepris  i% 


n  fait  sagement  exécuter,  tenant  tous- 
»  jours  Tentreprise  secrette  jus^qucs  à 
»  l'heure  qu'il  y  enuoioit  ;  cl  lors  en 
«ayant  bien  instruit  le  chef,  qui  la 
»  deuoit  conduire,  ietoit  premièrement 
»  les  coureurs  dehors  tous  ensemble , 
»  et  puis  ceux  de  la  grosse  troupe  bien 
»  serrés,  sans  y  permettre  dauantage 
»  que  le  nombre  qu'il  auoit  ordonné 
9  faisant  mettre  des  gens  de  guerre 
»  aux  lieux  de  gardes  en  armes,  aUn 
»  que  l'aduenture,  lorsque  serions  amu- 
»  sez  d'un  costé,  l'on  ne  nous  surprint 
i>  de  l'autre,  et  luy  se  tenoit  à  la  porte 
T>  auec  autre  nombre  de  gens  tant  de 
»  pied  que  de  chenal,  afin  que  si  quel- 
»  que  occasion  se  présentoit  de  faire 
»  dauantage,  ou  bien  qu'il  fallust  sou- 
»  tenir  et  recevoir  les  nostres  pour  es- 
»  tre  foiblcs,  il  pust  promptement  faire 
»  sortir  ceux-cy  aussi  auant  qu'il  en 
»  verroit  esCre  besoin  :  n'ayant  iamais 
»  fait  retraite  quand  il  y  auoit  grosse 
»  troupe  dehors ,  fust  de  pied  ou  de 
»  cheual,  que  au  pas  et  en  bon  ordre, 
»  et  que  la  trompette  et  tabourin  ne 
»  l'eussent  sonnée,  aduertissant  toutes- 
»fois  n'estre  raisonnable,  qu'on  de- 
»  mourast  longuement  dehors  à  la  teste 
»  d'un  camp. 

»  Les  deux  jours  ensuvyans  se  firent 
»  force  saillies,  de  quinze  et  vingt  che- 
»  uaux,  sur  les  routes  de  ceux  qui  com« 
nmençoyent  s'en  aller;  et  par  quel- 
»  qnes  Espagnols  autres  des  leurs  qui 
»  furent  prins ,  nous  sceumes  le  dcslo- 
n  gemcnt  de  r£mpereur  du  château  de 
»  la  Oigne,  qui  s'en  estoit  parti  ce  prc  - 
»  mier  jour  de  l'an,  et  retiré  à  Thion- 
»  ville,  auec  le  malcontentement  qu'on 
»  peut  penser  de  se  voir  descheu  de  son 
»  espérance,  et  sa  grande  armée  qu'il 
»  auoit  assemblée  de  diuers  endroits  de 
M  la  chrétienté,  ruinée,  son  entreprise 
•  tournée  a  néant,  et  luy  quasi  mis, 
»  pour  semir  d'exemple  à  foire  voir  an 


«w 


UE  LA  DUFENSlt 


I 


»  monde,  qae  la  force  et  conseil  des 
»  plus  grands  hommes  n'est  rien  au  re- 
B  gard  de  la  prouidence  de  Diea.  » 

Siège  de  Malle  par  les  Turcs,  en  1565. 


*^^  Après  la  conquête  de  Rhodes  par 
l  Soliman  II»  les  chevaliers  se  retirè- 
rent dans  nie  de  Malte,  du  consente- 
ment de  Charles-Ouint,  qui  leur  ar^ 
corda  cet  asile.  Entre  les  mains  de  cet 
ordre  militaire,  Malte  devint  bientôt  le 
plus  fort  boulevart  de  la  chrétienté 
contre  les  entreprises  des  Turcs  ;  aussi 
ces  infidèles  s'empressèrent-ils  de  dé- 
truire ce  nouveau  refuge  de  la  reli- 
gion ,  et  le  fameux  Dragut  vint  en  for- 
mer le  siège,  en  1565,  avec  une  armée 
de  plus  de  trente  mille  hommes.  11  li- 
vra plusieurs  assauts  terribles  que  les 
chevaliers  soutinrent  avec  leur  bra- 
voure ordinaire.  Le  général  ottoman 
y  trouva  la  mort.  Le  bâcha  qui  lui  suc- 
céda, le  terrible  Mustapha,  attaqua  vi- 
vement le  fort  Saint-Elme,  le  plus  pe. 
til  de  la  ville,  et  il  l'emporta  après  bien 
des  fatigues.  Mais  en  y  entrant  il  ne 
put  s'empêcher  de  dire  :  «  Que  ne  fera 
^>  pas  le  père,  puisque  le  fils ,  qui  est  si 
»  petit ,  nous  coûte  nos  plus  braves 
»  soldats?»  n  vit  dès  lors  que  la  con- 
quête de  Malte  était  humainement  im- 
possible, et  ne  songea  plus  qu'à  se  re- 
tirer. Il  fit  prendre  tous  ceux  qu'on 
trouva  parmi  les  morts  et  qui  conser- 
vaient encore  quelque  souffle  de  vie. 
On  leur  ouvrit  Vestomac,  on  leur  arra- 
cha le  cœur,  et  pour  insulter  à  l'ins- 
trument de  notre  salut  dont  ces  mal- 
heureux guerriers  portaient  la  marque 
5ur  leurs  habits,  on  fendit  leurs  corps 
en  croix ,  on  les  revêtit  de  leurs  subre- 
vestes  ;  et ,  après  les  avoir  attachés  sur 
des  planches,  on  les  jeta  dans  la  mer. 
Ces  cadavres  défigurés  furent  portés 
dans  la  ville  par  les  ondes,  Lé  grand- 


mattre,  Jean  de  la  Valette,  ne  pot  re- 
tenir ses  larmes.  Animé  d'une  jmte 
indignation ,  il  usa  de  repréaailks;  et 
pour  apprendre  au  bâcha  à  respecter 
les  droits  de  rhumanité,  il  fit  ègoipr 
sur-le-champ  tous  les  prisonniers  tara, 
et,  par  le  moyen  du  canon,  on  Jetiki 
têtes  toutes  sanglantes  de  ces  inforta- 
nés  jusque  dans  le  camp  de  leora  coih 
patriotes. 

Siège  de  Tergoés  par  les  FUmaoïto,  ci  ISB. 

Les  Flamands,  révoltés  contre  Phi- 
lippe Il ,  roi  d'Espagne,  voyant  le  doc 
d'Albe  occupé  ausiégedeMons,enl5R, 
résolurent  de  profiter  de  cette  drcoos- 
tance  pour  faire  la  conquête  de  Tergoëi 
en  Zélande.  Ils  s'en  approchèrent  doac 
avec  une  armée  de  huit  mille  hommes 
d'infanterie,  pourvue  de  l'artillerie  et 
des  munitiC*^9  nécessaires  pour  cette 
expédition.  Ter^r^s,  plus  fortiflé  pv 
la  nature  que  par  l'art ,  n'avait  tlon 
dans  ses  murs  qu'une  garnison  de  qua- 
tre cents  hommes ,  commandée  pir 
Isidore  Pachéco.  L'Escaut,  au  loig 
duquel  cette  ville  s'étend ,  la  rend  iott* 
taquable  dans  la  partie  qu'il  baigne. 
Du  côté  de  la  terre,  elle  est  environ- 
née  par  des  marais,  et  ses  défeaseoi 
avaient  fortifié  les  endroits  faibles  avec 
tout  le  soin  possible.  Les  Flamands, 
après  avoir  investi  la  place,  en  pres- 
sèrent le  siège  avec  la  plus  grande  ar- 
deur. Malgré  les  sorties  vives,  fréqnen* 
tes  et  meurtnéies  des  assiégés,  on 
poussa  fort  loin  les  tranchées  ;  et  bien- 
tôt l'artillerie,  qui  ne  cessait  de  fon- 
droyer  les  remparts,  fit  une  brèche  ai- 
sez  large  pour  monter  à  Passant  On 
voulut  le  tenter.  Déjà  l'élite  des  Fla- 
mands s'était  avancée  avec  la  {dus  in- 
trépide résolution.  Les  assises  les 
préviennent ,  et  leurs  efforts  sont  sî 
terribles,  que  les  assailIaDSi  déconoer- 


DES  PLACES  FORTES. 


621 


tèi«  se  retirent  dans  leurs  lignes,  après 
Afoir  perdu  beaucoup  de  monde  et 
phuieurs  de  leurs  chefs.  Un  second  as- 
iMl  donné  d'un  autre  côté,  fut  aussi 
laaiheureux.  Les  ennemis  n*entreprc- 
miient  rien  pour  avancer  leurs  ouvra- 
|es«  que  les  assiégés  ify  op|)osassent 
letplas  grands  obstacles.  Derrière  une 
coupure  ils  en  élevaient  sur-le-champ 
me  antre  :  la  nuit  n'interrompait  point 
leor  travail.  Les  femmes  disputaient 
ua  plus  vaillans  soldats  la  gloire  de  dé- 
fendre la  patrie  :  le  courage  suppléait 
m  nombre.  Les  assiégeans,  rebutés 
PV  cette  continuité  de  mauvais  suc- 
oèii  prirent  alors  le  parti  de  forcer  la 
dU9  par  la  famine,  et  convertirent  le 
àège  en  blocus. 

,  Cependant  le  duc  d*Albc,  qui  venait 
^  ae  rendre  maître  de  Mons ,  jeta  ses 
regards  sur  Tergoes,  et  ordonna  à  San- 
qiie  d'Avila  et  à  Christophe  Mondra- 

• 

pné  de  secourir  au  plus  tôt  cette  place 
||Pportante«  On  arma  promptemertt  un 
iopibre  suffisant  de  navires  pour  y 
embarquer  le  secours,  et  le  faire  des- 
Ijpodre  par  la  branche  septentrionale 
ip  TEscant,  sur  laquelle  Tergoës  est 
litné.  Hondragoné,  chef  de  cotte  en- 
Insprise,  ayant  rassemblé  un  corps  de 
bfUNipea  espagnoles,  allemandes  et  wa- 
(ooties,  tenta  plus  d'une  fois  de  des- 
q|ei|Mlre  le  fleuve  à  l'aide  du  reflux ,  et 
4e  débarquer  ses  soldats  ;  mais  il  n'y 
ipit  réussir.  Les  ennemis  bouchèrent 
constamment  le  passage  ;  et  leur  ma- 
rine, très  supérieure  à  celle  du  roi,  fit 
IjMJoiirs  avorter  le  projet.  D'Avila, 
Qpi  conduisait  les  troupes  de  terre, 
cent  qa'en  établissant  sur  les  bords  de 
IXacaot  quelques  batteries ,  le  feu  da 
qai^n  contraindrait  l'ennemi  de  s'é- 
laigner,  et  pourrait  procurer  à  Hon- 
dragoné un  instant  favorable  pour  ar- 
p:iTer  à  sa  destination.  On  exécuta  ce 
.•4i6Pipi  sqr  la  proposition  qn'il  en  fit  ; 


mais  l'événement  ne  répondit  pas  à  ce 
qu'il  avait  espéré.  L'artillerie,  embout 
bée  dans  un  terrain  fangeux ,  par  le- 
quel il  fallait  la  conduire,  ne  put  avan- 
cer assez  loin.  Enfin,  on  désespérait  de 
délivrer  Tergoës,  lorsque  le  capitaine 
Plumart,  né  dans  ce  canton,  qu'il  con* 
naissait  parfaitement,  brave  homme , 
très  attaché  au  service  du  roi,  vint 
trouver  les  capitaines  espagnols,  et 
proposa  de  passer  à  gué  la  partie  de 
l'ile  qu'une  tempête  effroyable  avait 
submergée  en  1532;  il  promit  que  la 
traversée ,  quoique  d'environ  trois 
lieues,  serait  heureuse  en  la  faisant  a 
marée  basse ,  et  offrit  d'exécuter  son 
projet.  On  en  sentait  toute  la  grandeur 
et  toute  la  difficulté  ;  mais  le  mérite  de 
Plumart  donnait  de  la  force  à  sa  pro- 
position. On  fit  faire  en  diligence  un 
grand  nombre  de  petits  sacs  ;  on  les 
remplit  de  poudre  à  canon,  de  mèches, 
de  biscuits  ;  et,  sans  différer  plus  long- 
temps, on  transporta  les  troupes  au 
village  d'Aggior,  au  dedans  de  ran<;le 
de  rîle  le  plus  proche  de  la  terre  fer- 
me ,  où  il  était  plus  aisé  de  tenter  le 
passage.  On  avait  choisi ,  pour  cette 
étonnante  entreprise,  trois  mille  hom- 
mes irinfanterie  dans  les  trois  nations 
qui  composaient  l'armée  royale  ;  Mon- 
dragoné  en  eut  le  commandement.  Cet 
habile  guerrier ,  persuadé  que  la  marée 
la  plus  basse  qui  monte  et  s'écoule 
dans  l'espace  de  douze  heures,  ne  don- 
nait pas  un  temps  suffisant,  voulut  en- 
trer dans  l'eau  dès  le  commencement 
du  reflux ,  et  sur-le-champ,  il  conduisit 
ses  soldats  à  l'endroit  d'où  ils  devaient 
se  porter  dans  la  partie  inondée. 

Il  y  fit  distribuer  un  sac  à  chacun 
d'eux,  et  leur  ordonna  de  le  porter  sur 
t'épaule ,  afin  d'empêcher  qu'il  ne  fût 
mouillé  ;  puis,  les  ayant  remplis  de  la 
plus  vive  ardeur,  par  un  discours  tout 
de  feu,  il  se  met  i  leur  tète,  et  s^avance 


6^ 


M  LA  DiTEMftlt 


dans  cet  ordre.  Les  Espagnols  mar- 
chent les  premiers;  tes  Allemands 
viennent  ensuite ,  et  sont  suivis  des 
Wallons.  Il  les  arrange  en  files  étroi- 
tes, afin  que  les  soldats  soient  plus  sûrs 
du  gué ,  et  puissent  plus  aisément  se 
secourir.  Tous  s'encouragent  mutuel- 
lement. Enfin,  après  avoir  traversé 
cette  vaste  plaine  d'eau,  avec  la  plus 
grande  constance,  ils  arrivent  heureu- 
sement à  la  digue  dTersichen,  village 
éloigné  de  deux  lieues  de  Tergoës. 
kiondragoné,  après  avoir  laissé  la  nuit 
ï  ses  troupes  pour  se  reposer,  comp- 
tait les  conduire  au  secours  de  la  ville 
ï  la  pointe  du  jour  ;  mais  il  ne  fut  pas 
nécessaire  d'attaquer  les  assiégeans.  A 
la  nouvelle  du  passage  des  royalistes , 
ils  furent  tellement  épouvantés,  qu'ils 
aluandonnèrent  le  siège,  et  se  hâtèrent 
de  s'embarquer.  On  les  poursuivit;  on 
attaqua  leur  arrière-garde,  et  on  la 
tailla  en  pièces. 

Siège  de  Harlem  par  les  Espagnol!,  en  1573. 

Le  siège  de  Harlem  par  les  Espa- 
gnols, en  1573  (dit  Slrada],  fut  mémo- 
rable par  une  infinité  d'évènemens.  On 
y  renouvela  cette  ancienne  façon  de 
faire  porter  les  lettres  par  des  pigeons  ; 
car  un  peu  avant  que  les  passages 
fussent  entièrement  fermés,  les  habi- 
tans  de  Harlem  avaient  porté  des  co- 
lombiers de  la  ville  quelques  pigeons 
privés  dans  Tarmée  navale  du  prince 
d*Orange ,  et  dans  les  villages  voisins 
qui  étaient  de  leur  parti  :  4e  sorte  que 
quand  il  en  était  besoin ,  on  lâchait 
quelques-uns  de  ces  pigeons  avec  des 
lettres  attachées  sous  leurs  ailes;  et, 
comme  ils  se  souvenaient  de  leur  co- 
Vombier  et  de  leurs  petits ,  ils  retour- 
naient en  même  temps  dans  Harlem. 
Le  prince  d*Orange  anima  durant  les 
trois  derniers  mois,. par  k  moyen  de 


ces  messagers  aériens,  le$  babltifts  le 
cette  ville  à  se  défendre  et  à  soutenir 
le  siège  ;  mais  enfin  un  de  ces  pigeons, 
lassé  de  voler,  s*étant  abattu  dans  le 
camp  des  Espagnols ,  fut  tiré  par  an 
soldat  qui  ne  savait  pas  cec  artifice ,  et 
ainsi  Ton  découvrit  les  lettres  et  les 
secrets  qu'il  portait  ;  cela  fut  cause,  de 
puis ,  que  les  soldats  tiraient  iodîlli- 
remment  sur  tous  les  pigeons  qu'il! 
voyaient  voler. 

Il  y  eut  aussi  une  compagnie  de 
femmes  de  Harlem,  qui  se  rendit  illus- 
tre dans  cette  guerre.  Elles  disputaient 
avec  les  hommes  de  l*assiduité  au  tra* 
vail  pour  la  fortification  de  la  ville  ; 
elles  étaient  animées  par  Kenmw, 
femme  d'un  courage  mftle ,  âgée  en* 
viron  de  cinquante  ans  ;  et ,  soos  la 
conduite  de  cette  guerrière,  ayant  eu 
la  hardiesse  de  faire  sur  leurs  murailles 
le  devoir  et  l'exercice  de  soldats,  et  de 
paraître  parmi  eux  dans  les  sorties 
qu'on  faisait  sur  les  Espagnols,  elles  ne 
donnèrent  pas  moins  de  courage  i  la 
ville,  que  d'admiration  aux  ennemis. 

Il  n'y  eut  cependant  rien  de  plus 
merveilleux  dans  ce  siège,  que  la  fer- 
meté des  assiégés  ;  car,  encore  que  te 
secours  eût  été  défait  jusqu'à  trois  fois, 
et  que  leurs  murailles ,  percées  de  dix 
mille  trois  cent  soixante  coups  de  ca- 
non, les  laissassent  à  découvert,  néan- 
moins ils  ne  voulurent  point  entendre 
les  conditions  qu'on  leur  proposa  de 
rendre  leur  ville  ;  et,  bien  qu'ils  lus- 
sent réduits  à  un  petit  nombre ,  ils  y 
suppléèrent  de  telle  sorte,  tant  de  jour 
que  de  nuit ,  par  leur  vigilance  et  par 
leur  assiduité ,  qu'on  ne  pouvait  lever 
la  tète  liors  des  tranchées  «  quMIs  ne 
tirassent  aussitôt  de  plusieurs  endroits 
de  la  ville.  J'ai  ou?  dire  que  eeh  fiit 
cause  que  les  soldats  espagnols,  ou 
pour  se  moquer  des  ennemis,  ou  pour 
leur  faire  user  leur  poudre,  fUsaient 


DBS  PLkCÈS  YOUiEA. 


6Sâ 


qiieli|MR[>ii  voir  ù  dftni  des  casques 
i|u'ils  éievaienl  des  tranchées  sur  des 
piques,  et  qu'en  même  temps  ils 
étaient  percés  à  coups  d'arquebuse. 
QaoiquHIs  fassent  réduits  par  la  fami- 
ne, durant  tes  deux  derniers  mois ,  à 
manger  des  souris,  leurs  souliers  et 
toutes  sortes  d'ordures,  ils  ne  perdi- 
rent pas  encore  leur  obstination  ni  leur 
iudaee ,  résolus  de  se  précipiter  plutôt 
au  milieu  de  leurs  ennemis,  et  de  mou- 
rir en  combattant,  que  de  se  laisser 
égorger  comme  des  bêtes  dans  les 
lAunûlles  de  leur  tttle.  Ils  eussent  sans 
doute  exécuté  cette  résolution,  si  leurs 
enfans  et  leurs  femmes  ne  les  eussent 
telenua  par  leur»  pleura,  par  leurs  cris 
et  par  leura  embrassement,  comme  ils 
étaient  près  de  sortir, 

La  prise  de  Harlem,  comme  sont 
hms  las  longs  siégea,  apporta  aux  £s- 
pagnoh  plus  de  gloire  que  d'avantage; 
car  l'armée  7  ayant  été  diminuée  de 
beaucoup,  et  retardée  même  par  la 
uiutinerie  des  soldats ,  Frédéric ,  qui 
en  était  parti  pour  aller  assiéger  Âlk* 
maër,  fut  contraint  de  lever  ce  siège 
à  l'entrée  de  rbiver. 


Biéfe  de  Llvron  («r  SainuLary-Bellegarde,  en 

1574. 


Louîs  de  Saint-Lary-Bellegarde,  Tun 
des  favoris  de  Henri  III ,  fut  envoyé 
par  ce  monarque,  en  157^,  contre  les 
Huguenots  du  Dauphiné.  Il  était  à  la 
tète  d'une  bonne  armée,  et  croyait 
remporter  de  grands  avantages.  Dans 
cette  persuasion,  il  attaqua  la  petite 
ville  de  Livron  qui  n'était  défendue 
que  par  les  habitans.  Mais  il  fut  re- 
poussé dans  trois  assauts  ;  et  les  fem- 
mes trouvèrent  sa  conduite  si  mépri- 
sable, que  pour  l'insulter,  elles  vinrent 
en  foule  Gler  leurs  quenouilles  sur  la 
brèche.  Ces  bravades  piquèrent  enfin 


le  général  catholique.  Il  donna  un 
nouvel  assaut  ;  les  femmes  le  soutinrent 
seules,  repoussèrent  les  assiégeans 
avec  vigueur,  et  forcèrent  Bellegarde 
à  lever  le  siège. 

Siéga  de  Le^  Rtr  lee  Eipetaolf ,  tu  isra. 


Les  Espagnols  (dit  Strada]  firent  le 
siège  de  Leyde  soûs  la  conduite  de 
François  Yaldès,  avec  plus  de  courage 
que  de  bonheur. 

Valdès,  ayant  d'abord  pris  les  de- 
hors des  ennemis ,  et  bientôt  après 
quelques  forts  voisins,  et  enfin  fermé 
de  tous  côtés  le  chemin  des  vivres 
h  une  ville  si  peuplée,  peu  s'en  fallut 
qu'il  ne  la  réduisit  à  la  dernière  né- 
cessité. Il  écrivit  néanmoins  aux  as- 
siégés une  lettre  toute  remplie  de  dou- 
ceur, par  laquelle  il  leur  présentait  des 
conditions  assez  favorables  s'ils  vou- 
laient se  rendre,  bien  qu'il  leur  té- 
moignât par  la  même  lettre  qu'il  savait 
leur  nécessité;  mais  ils  lui  répondirent 
avec  mépris  et  avec  orgueil  qu'ils  ne 
manqueraient  pas  de  vivres  tandis  que 
le  bras  gauche  leur  resterait ,  et  qu'ils 
le  mangeraient  s'il  en  était  besoin,  se 
réservant  le  bras  droit  pour  défendre 
leur  liberté.  Valdès,  furieux  de  cette 
réponse,  fit  bâter  les  approches,  as- 
siégea la  ville  plus  étroitement ,  et  par 
ce  moyen  H  excita  un  si  grand  désordre 
dans  Leyde,  où  de  tous  côtés  les  ha- 
bitans  mouraient  de  faim,  que  la  po- 
pulace, à  qui  l'extrémité  avait  fait  per- 
dre toute  patience,  menaça  publique- 
ment d'ouvrir  les  portes  à  l'entiemi,  si 
les  magistrats  ne  recevaient  les  condi- 
tions auxquelles  on  leur  proposait  de 
se  rendre.  Valdès,  en  ayant  eu  avis,  ré- 
solut d'assaillir  la  ville  qui  était  déjà 
ébranlée  par    ce  tumulte,  et  com-- 
manda  que  toute  l'armée  se  tint 


mk 


DE  Lk  DBFBNSB 


pret9.  oans  trois  jours ,  pour  Fassaut 
général. 

Tout  le  terroir  de  Leyde  et  les 
campagnes  voisines  sont  entrecoupés 
de  plusieurs  ruisseaux  qui  y  font  quan- 
tité de  tours  et  de  détours ,  le  Rhin 
même  passe  au  travers  de  la  ville ,  et 
s'y  répand  en  beaucoup  d'endroits,  et 
bien  que  TYssel  et  la  Meuse  en  soient 
éloignées,  celle-ci  prenant  son  cours 
vers  Rotterdam,  et  celle-là  vers  Ter- 
gouwe  9  toutefois  elles  s'en  approchent 
par  les  ruisseaux  et  par  les  canaux  qui 
sont  tirés  de  part  et  d'autre  ;  mais  de 
peur  que  ces  rivières  et  ces  canaux  ne 
se  répandent  dans  les  campagnes, 
quand  ils  sont  enOés  des  eaux  de  la 
mer,  et  qu'ils  ne  portent  sur  la  terre  la 
fureur  de  l'Océan  qu'ils  ressentent  en 
eux-mêmes,  l'industrie  des  hommes 
leur  a  opposé  des  digues,  et  pour  ainsi 
dire  prescrit  des  bornes;  de  sorte  qu'a- 
près que  les  Hollandais  eurent  fait  sa- 
voir leur  dessein  à  ceux  de  Leyde, 
par  le  moyen  de  quelques  pigeons ,  ils 
rompirent  les  digues  qu'ils  avalent  éle- 
vées par  lo  travail  et  par  les  dépenses 
de  plusieurs  années,  contre  les  débor- 
demens  de  la  mer  et  des  rivières,  et  G- 
rent  passer  sur  les  campagnes  T Yssel , 
la  Meuse,  et  même  l'Océan,  comme  un 
secours  inopiné;  ainsi  ils  ensevelirent, 
par  l'inondation  de  ces  eaux,  tant  leurs 
propres  héritages  que  tous  les  villages 
voisins,  afin  que  par  ce  ravage,  ayant 
fait  à  leurs  vaisseaux  un  chemin  sur  la 
terre,  ils  noyassent  le  camp  des  assié- 
geans«  et  qu'ils  portassent  aux  assiégés, 
dont  ils  étaient  éloignés  de  quarante 
milles,  ce  qui  est  à  peine  imaginable, 
et  des  vivres  et  des  soldats. 

Cette  nouvelle  sorte  de  mer  qu'on 
vit  naître  subitement  parmi  les  arbres 
et  les  villages,  et  cette  multitude  de 
vaisseaux  qu'on  voyait  sortir  de  ces 
f<KèU  enflent  pu  mteie  dooMr  du 


plaisir  aux  Espagnols,  comme  s'ih 
eussent  regardé  sur  le  théâtre  de! 
Romains,  ces  naumachies  qai  succé- 
daient aux  forêts  et  aux  batailles  fai- 
tes pour  le  divertissement,  s'ils  n'eus- 
sent connu  en  même  temps  qu*0B 
venait  les  attaquer  par  un  spectade  ai 
nouveau;  que  tant  d'eaux  s'étaient  as- 
semblées pour  amener  ce  secours 
contre  eux,  et  que  par  a^nséquent  on 
leur  ôtait  l'espérance  de  prendre  Ley- 
de par  les  munitions  que  Ton  portait 
sur  ces  vaisseaux.  On  ne  saurait  dire 
combien  il  parut  sur  cet  Océan  nour 
veau  de  vaisseaux  équipés  de  soldats  et 
de  canons,  de  tons  les  ports  et  de  tontes 
les  tles  prochaines ,  pour  le  secours  de 
cette  ville,  soit  par  la  conspiration  de 
tous  les  peuples,  soit  par  une  haioe 
commune  contre  la  religion  catholi- 
que, que  quelques-uns  se  glorifièreot 
de  témoigner  ouvertement ,  en  po^ 
tant  à  leurs  chapeaux  de  petites  lu- 
nes, avec  ce  vers,  qui  servait  d'ioscrip 
tion: 

Noof  aifflODfl  mlMx  h  Twe  qpê  nom  n'aSaioMte  Pipt- 

Cette  armée  n'était  pas  moindre  que 
de  cent  cinquante  vaisseaux  tous  ar- 
més, en  guerre  et  remplis  de  toutes 
sortes  d'armes ,  et  il  n'y  avait  pas 
n>oins  de  douze  cents  soldats  outre  les 
matelots.  Toutefois  les  Espagnols  ne 
perdirent  pas  courage;  et  lorsqu'ils 
étaient  contraints  par  les  eaui  qoi 
croissaient,  de  quitter  quelque  fort 
dont  l'assiette  était  trop  basse,  ils 
défendaient  les  autres  avec  une  opi- 
niâtreté si  courageuse ,  que  pour  faire 
quelque  sorte  de  digue  contre  la 
violence  des  eaux  et  des  ennemis, 
n'ayant  point  de  boyaux  ni  de  pareils 
outils,  ils  se  servaient ,  pour  remuer  la 
terre ,  de  leurs  poignards  et  de  leurs 
épées,  et  la  portaient  avec  leurs  cas- 
ques et  leurs  cuirasses. 


Mont  Hfdift  ftm  oeu  da  TovnéiiB 
firent  aiilrefoit  la  même  diose  en  pt- 
refile  nécessité  dans  les  Ptys-Bu,  Ion- 
qo'ib  aasiégeatent  le  camp  de  Q.  Ctcé- 
ron ,  ayant  été  contraints  de  remner 
la  terre  a?ee  lenrs  épées  et  de  la  trans- 
porter avec  leurs  say es.  Mais  d'autant 
qne  te  danger  devenait  plus  grand  par 
les  eaux  qni  crmssaieat  d'heure  en 
heure  outre  mesure,  et  qui  se  hans^ 
saient  par  la  mer  qui  avait  alors  un 
plus  grand  flux  «  à  cause  de  la  pleine- 
lune  et  du  vent  du  nord-ouest  qui 
soufflait ,  les  Espagnols  »  assiégés  plu- 
tôt qn'assiégeans ,  jetèrent  la  plus 
grosse  artillerie  dans  quelques  fosses 
prochaines,  et  enfin  par  une  terreur 
soudaine  de  VaUés,  qui  se  repentit 
trop  tard  d'avoir  laissé  échapper  Toc- 
caaion  de  prendre  cette  ville,  ils  levè- 
rent le  siège  de  Leyde ,  quatre  mois 
après  l'avoir  commencé. 

Mais  celte  faite  ne  se  fit  pas  sans 
bmucoup  de  pertes,  car  Tennemi ,  qui 
suivait  les  Espagnols  avec  des  crocs  et 
des  crampons  attachés  an  bout  de  per- 
ches ou  i  des  cordes  qu'il  lançait  de 
loin ,  les  blessait  cruellement ,  ou  en 
attirait  plusieurs  prisonniers  dans  les 


Siéga  dTAnvert  ptr  IM  Bftpsiaolfk  m  ifitS. 

J'entreprends  (dit  9«rada)  d'écrire 
le  siège  le  plus  mémorable,  le  plus  fa- 
meux qu'on  ait  jamais  formé  devant 
une  ville  :  car  iamais  on  n'arrêta  les  ri- 
vières avec  de  plus  grands  travaux ,  ni 
jamais  l'esprif  humain  ne  conçut  des 
inventions  plus  hardies,  ni  jamais  des 
troupes,  à  qni  phisieurs  sièges  avaient 
donné  de  l'expérience  et  du  courage , 
ne  combattirent  plus  vaillamment.  On 
fit  en  cette  occasion  des  forts  sur  des 
fleuves  rapides;  on  fit  des  mines  sous 
les  eaux;  on  fit  passer   les  rivières 

T. 


par^lesBns  ks  digues;  on  fit  d'autres 
digues  sur  les  rivières. 

Le  prince  de  Parme  se  présenta  de^ 
vaut  Anvers,  à  la  tète  d'une  puissante 
armée,  et  commença  ses  opérations 
par  l'attaque  des  deux  forts  de  LîAo 
et  de  Liefkensoëch,  que  les  retielles 
avaient  construits  sur  les  bords  d4 
l'Escaut.  Un  stratagème  singulier, 
qu'imaginèrent  les  Italiens  de  l'ai^ 
mée  royale,  chargés  de  fiinc  le  siège 
du  dernier,  en  favorisa  beaucoup  le 
succès.  Ils  rassemblèrent  un  grand 
nombre  de  charrettes  chargées  de  foin 
vert,  et  y  mirent  le  feu.  La  fumée,  <pie 
le  vent  portait  sur  le  fort ,  étouOiuit  la 
garnison ,  elle  fut  contrainte  de  se  re- 
tirer un  peu  i  l'écart.  Les  assaillans  en 
profitèrent,  montèrent  sur  les  rem- 
parts, emportèrent  la  place.  Le  prince 
ne  fut  pas  aussi  heureux  à  Lillo.  Mon- 
dragoné,  ne  l'ayant  pas  attaqué  aussi 
brusquement  qu'il  l'aurait  pu ,  y  laissa 
entrer  un  renfort  considérable,  et  per- 
dit  à  Cà  siège  six  semaines  et  deux 
mille  hommes.  On  l'abandonna,  et 
l'on  se  contenta  de  masquer  le  fort  du 
côté  de  la  terre,  et  de  réprimer  les 
courses  des  troupes  qui  s'y  étaient  ren- 
fermées. 

Le  prince  entreprit  ensuite  un  ou- 
vrage de  la  plus  grande  difflcalté  :  c'é- 
tait de  fermer  le  passage  de  l'Escaut. 
Au  mois  de  septembre,  U  fit  bâtir  deux 
forts  en  face  l'un  de  l'autre,  pour  as- 
surer b  navigation.  Dès  qu'ils  furent 
achevés,  après  qu'on  les  eut  biengarate 
d'artillerie,  on  travailla  à  la  constra»)- 
tion  d'un  pont,  projet  chimérique  en 
apptfence,  et  du  succès  duquel*  pour- 
tant dépendait  cehii  du  siège  d'Anvers. 
Pour  faciliter  te  transport  des  maté- 
riaux nécessaires,  le  général  espagno» 
fit  creuser  un  canal  large  et  profond, 
et  dont  la  tengueur  avait  plus  de  deux 
lieues*  On  l'appela  te  canal  de  Punie. 

40 


-  t. 


w^  «A'jfiniiatf 


I».  ■ 


«par  honneur  pour  le  gtiBd  hoflnke 
lavait  entrepris.  Ce  prince^' afin  de 
«tâvre  lei  travaiUeiirs,  et  les  animer 

:p«r  son  exemple,  a?aît  étaUi  son  quar- 
tier au  village  de  Béversen.  Le  comte 
fSerre  Ernest  de  llansfeld,  iieutenant- 
f  énéral  de  Tarmée,  commandait  du 
côté  du  Braba»!,  et  campait  à  Sta- 
hroëch ,  un  peu  aoHiessous  d'Anvers. 
Mondragoné  a'était  retrandbé  presqve 

.  tu  l>ord  de  io  rivière»  <»  faœ  de  Lilio, 
#u  il  contanaii  las  ennemis.  On  avait 

,Mlî  de  toutes  parte  des  fbrts^  soit  pour 
«'«ssuroT  des  digues*  et  em^iédiier  les 
libellas  d'monder  la  campagne,  en  les 
rcoupitiit;  soit  pour  fermer  toute  cem- 
muoicalioa  aveu  les  places  voisines,  et 

.  arrêter  les  secours  ;  soit  enfin  pour  s'up- 
peser  à  la  flotta  emiemie ,  et  suppléer 
à  la  faiblesse  de  celle  du  soi»  Le  mar- 
quis de  Eoubais,  officier  d*ttne  réputa- 

:tion  brillante,  et  qui  la  méritait,  (bt 

»  chargé  de  veiller  à  la  confiection  4u 
pont  t  il  mit  tant  d'activité  dans  les 
soins,  qu'il  M)éonna«  qu'on  espéra  de 
voir  bielitAt  cet  ouvrage  important 

.'fondait  à  sa  perfeotion. 

' .  :  Cependant  les  issiégés,  eOrayés  du 
progrès  d^  Espagnols,  étaient  en  proie 
aux  plus  vives  inquiétudes.  Chaque  ci- 
loyen  craignait  pour  sa  fortune.  On 
n*espératt  anoHn  secours  capable  d'ar- 
rêter le  coup  prêt  à  tonsber  sur  toutes 
les  tètes.  Tbos  les  coeurs  étaient  ébran- 
lés  ;  et  l'on  déclarait  ouvertement  qu'on 
«e  voulait  plus  soutenir  un  siège  qui 

'  '  éevait  oaûter  beaucoup  de  sang  et  de 
tmvaux.  Saint-AMegende ,  alors  bour-> 
'fuemestre  d'An? era,  oat  seul  combat-^ 
tre  cette  résolution  pidMKiue.  Ses  dis- 
owrs  pleins  de  feu  ranimèrent  le  cou- 
rage alMttta  de  ses  concitoyens  ;  et ,  par 
ses  sentimens  généreux ,  il  sut  les  en- 
gager i  jurer,  d'une  commune  voix , 
qu'ils  renooffaient  pour  toujours  à  l'o- 
béîisanoe  de  IWlippe.  On  publia  un 


éditpnr  lequel  ttélMI  «MMdaifilDvi 
peine  de  mort ,  dn  prêter  rortiHoè  aa- 
euH  aeaommodement  proposé  par  ta 
royalistes.  On  se  prépara  ensnitov  stuc 
plus  d'ardeur  que  jamais^  à  la  défanv 
la  phis  opiniêtre;et  psNir  im  prehmgatf, 
on  ordonM  de  no  dislfibuer  |e»vifiqi 
qu'aveo  mesure.  On  forma  plasiami 
oompagiKies  de  bourgeois. 'Onélat'ée 
porter  les  armes  ;  et  Ton  Ai  iooiriii 
préparatifs  néoessatrea  pour 
la  oonstrucUon  du  pont  falali 

Outre  les  vaisattux  qu'n»  ssnaifc 
mes  pour  empêcher  ou  reterderliiiln- 
vaux ,  on  réaokil  d'amployiar  -plpiuali 
navires  singnUers  qu'on  daviit  tmpir 
d'artifice,  afin  de  ruiner  les^onfrsgn 
déjà  faits.  Les  redoutes  queie  fkime 
avait  formées  sur  les  bords  du  fleui^ 
gênaient  Is  croisière  des  frftgain 
d'Anvers.  On  construisit  ou  fàb 
d'une  grandeur  énorme^  et  oafe 
vut  d'une  forte  artillerie,  afin  as  la 
attaquer.  Cette  masse  immmise  ni- 
semblait  en  quelque  sorte  Aubeinti- 
resse  flottante.  Les  assiégea  n  nonc»- 
reot  de  si  grandes  espéranceav  q 
l'appelèrent  u^  riN  mi  la  «mui, 
titre  fsstueux  dont  la  sagease  et  <^aMi- 
vite  du  prince  de  Parme  flteoBualie 
toute  la  vanité. 

Déjà  les  estaeades  qui  fomtaieBl'Iei 
culées  de  chaque  côté  du  pcnt,  too- 
chaient  i  leur  perfeottoo ,  nsalgré  lei 
efTerts  des  rebeUes^  qui  M^vuimit  ssii 
Cesse  de  sanglasM  coosbaie.  lis  Iriat 
partorreet  sur  l'Bscaut  toutes  leséis- 
lulions  «apaUes  de  trouMer  les  assit* 
geansk  Mais,  quelque  choae  qli'oAC»- 
treprtt,  ils  parvinrent  enSn  à  se  pr^ 
curer  un  asses  grand  nombre  île  valh 
seaui  pour  fhrraer  le  fleuve  au  mWli 
de  son  cours;  et,  le  25  février  1M3^  b 
pont  (ut  entièrement  achevé. 

8oB  omplaeeme»t  fut  choisi  enlit» 
les  viUaifes d'OffdM)  et  der.alliMt.^Nirte 


DKt  ftittt  MeTÈS. 


qac  le  lit  da  fleuve  j  était  wnAtti  Mrgé 
que  partout  ailleurs,  et  que  son  cour^ 
faisait  en  cet  endroit  un  conde  pluâ 
marqué ,  en  sorte  que  les  bflttmens  en- 
nemis ne  pouvaient  tombée  perpendi- 
culairement sur  te  pont.  Pour  te  com- 
mencer, on  avait  battu,  sur  chacune  des 
deux  rives  opposées  de  i*£scaut,  de 
longties  Aies  de  gros  pieux ,  que  Ton 
prolongea  autant  que  la  profondeur  du 
fleuve  pat  le  permettre.  On  les  assem- 
bla transversalement,  et  dans  toute 
leur  longueur,  avec  des  pièces  de  bois 
très  fortes  el  très  solides  ;  c*est  ce  qu'on 
appela  les  esiaeades  :  celle  de  Calloo 
avait  deux  cents  pieds  de  long,  et  celle 
d'Ordam  neuf  cents  ;  l'espace  qu'elles 
laissaient  entre  elles  était  de  douze  cent 
cinquante  pieds.  On  forma  sur  chacune 
d'elles  une  espèce  de  place  d'armes, 
capable  de  contenir  un  corps  de  trou- 
pes assez  nombreux  pour  les  défendre, 
et  protéger  les  bAlimcns  qui  devaient 
continuer  le  pont.  Elles  furent  bordées 
d'un  parapet  d'où  le  soldat,  àTabri  des 
coups  de  rennemi,  pouvait  l'incom- 
moder de  son  feu.  Les  deux  forts  cons- 
truits aux  deux  tètes  du  pont,  c'est-à- 
dire  i  l'extrémité  des  estacades,  du 
côté  de  la  terre,  en  protégeaient  les 
deux  flancs.  On  les  avait  garnis,  à  cet 
elTet,  d'une  artillerie  nombreuse;  on 
établit  aussi  des  batteries  dans  les  pla- 
ces d'armes.  A  ces  précautionson  ajouta 
celle  de  hérisser  des  deux  cdtés  les  es- 
tacades de  grosses  poutres  terminées 
en  pointe  et  ferrées  :  elles  saillaient  as- 
sez loin  en  dehors,  et  de  gros  pieux , 
enfoncés  dans  le  fleuve,  les  soute- 
naient à  fleur  d'eau.  On  se  proposait 
par  là  d'éloigner  les  navires  ennemis, 
et  d*aflaiblir  leur  attaque.  Lorsque  tes 
estacades  furent  achevées,  on  appro- 
cha les  bâlimens  destinés  a  fermer  le 
reste  du  cours  de  l'Escaut  dans  la  par- 
Ue  la  plus  profonde  et  ta  ptùs  talrgé.  On 


eholsit  trente^eukMirqaeidëtMkantt 
pieds  de  long  sur  douze  âKt  large ,  ob 
les  plaça  à  tîngt<deux  pieds  de  distance 
l'une  de  l'autre  ;  on  les  fitsi  ehacnne 
dans  leur  emplacement  par  deux  bon« 
nés  ancres,  et  elles  tarent  Uéestoutet 
enscnible  afecun  granduoiidNredefor^ 
tes  chaînes.  Chaque  barque  était  gar- 
nie de  trente  soldats  et  de  quatre  ma^ 
rinlers,  et  défendue  par  deux  èanons 
aux  deux  extrémités.  Le  nombre  total 
des  canons  distribués  sur  les  estacades 
el  le  pont  était  de  quatre-vingt-dix- 
sept.  On  couvrit  encore  te  pont  d'une 
défense  extérieure,  aDn  de  le  mettre  à 
l'abri  de  toute  entreprise.  On  savait 
que  rennemi  construisait  des  espèce^r 
de  brûlots,  avec  lesquels  il  se  proposait 
d'y  mettre  le  feu.  On  craignait  d'ail- 
leurs que  tes  vaisseaux ,  qu'on  avait  ar-* 
mes  dans  ta  ville  assiégée,  ne  vinssent 
l'attaquer  au-dessus  en  même  tempft 
que  les  navires  des  confédéréa  tcnte« 
raient  de  l'attaquer  au-dessous.  Pour 
le  garantir  de  ce  double  danger,  on 
lit  de  grands  radeaux  avec  un  nom- 
bre de  mâts  solidement  attachés  en« 
semble ,  qu'on  mît  à  flot  dans  toute  là 
largenr  du  pont,  et  qui  présentaient  i 
l'ennemi  une  sorte  de  rempart  ou  de 
parapet.  Cet  ouvrage  immense,  qui 
avait  environ  deux  mille  quatre  cents 
pieds  de  long ,  demanda  sept  mois  de 
fatigue  et  d'application.  Les  ingénieur! 
qui  en  eurent  la  direction  s'appelaient 
Jean-Baptiste  Plato  et  Properce  Bar- 
rochio.  Ce  fut  ce  dernier  qui  donna 
l'idée  des  radeaux  qni  couvraient  tt 
pont. 

La  place,  cependant,  n'oubliait  rien 
pour  détruire  l'effet  de  celte  étonnante 
entreprise  :  elle  avait  à  son  service 
un  fameux  ingénieur  italien ,  nommé 
Giambelfi,  natif  de  Mantoue.  Ce  fut 
lui  qui  inventa  et  fit  exécuter  ces  bèti- 
mens  destructeurs,  que  dépais  on  ap^ 


DB  U  9t9fm^ 


pela  manhima  ipi^oates.  Ils  étaient 
eonstniâts  avec  des  bois  très  épais  et 
solidement  assemblés,  au  milieu  des- 
quels était  pratiqué  un  foyer  de  mine, 
proportionné  à  leur  grandeur.  La  mine 
était  formée  par  une  bonne  maçonne- 
rie en  briques  à  cbaux  et  à  sable,  et  il 
n'y  avait  qu'une  lumière  pour  mettre 
le  feu  i  la  poudre  dont  on  devait  la 
remplir.  Ces  funestes  \  aisseaux  étaient 
chargés  de  blocs  de  pierres,  de  boulets 
de  diOTérens  calibres,  i^nfin  de  toutes 
sortes  de  matériaux  d'un  grand  poids, 
entassés  autant  qu'il  avait  été  possible, 
aOn  que  l'effet  de  la  mine  fdt  d'autant 
plus  grand  que  la  résistance  se  trouve- 
rait plus  forte.  Giambelli  employa  plus 
de  huit  mois  à  mettre  tout  en  état.  Le 
grand  navire,dontonadéjàparlé, ne  fut 
pas  si  promptement  achevé.  C'était  un 
vaisseau  à  deux  ponts  très  élevés.  Ce- 
lui de  dessous  était  armé  de  plusieurs 
canons  gros  et  petits  ;  celui  de  dessus 
était  une  grande  place  d'armes,  où  Ton 
établit  un  corps  de  troupes  assez  consi- 
dérable, qui ,  du  haut  de  ce  poste,  de- 
vait faire  un  feu  de  mousquetèrie  très 
vif.  Ce  bAtiment  énorme  n'avait  que 
deu;i  grands  mftts  égaux ,  placés  à  cha- 
cune de  ses  extrémités ,  lesquelles 
avaient  à  peu  près  la  même  forme. 
Afin  qu'il  pût  approcher  des  redoutes 
construites  par  les  royalistes  sur  les 
bords  de  la  rivière,  il  était  lout-à-Eaît 
plat ,  et  ne  s'enfonçait  pas  à  proportion 
de  sa  pesanteur,  parce  qu*il  était  porté 
à  flot  sur  un  grand  radeau  de  grosses 
poutres  soutenues  par  des  tonneaux 
vides. 

Telles  étaient  les  ressources  que  les 
liabitans  d'Anvers  s'étaient  ménagées 
pour  rouvrir  la  navigation  de  TEscaut  ; 
ils  y  avaient  mis  toutes  leurs  espé- 
rances. Les  confédérés  devaient  se- 
conder leurs  efforts.  Un  grand  nombre 
de  vaisseaux  pjmèB  attendaient  auprès 


de  Lillo  l'effet  des  machines  inferna- 
les ,  afin  d'agir  en  même  temps  ;  on  es- 
saya de  reprendre  le  fort  de  Liefken- 
soëch ,  et  Ton  en  vint  à  bout. 

Le  k  avril ,  on  vit  enfin  paraître  sur 
le  lit  du  fleuve  ces  deux  redoutables 
machines  nommées  l'une,  la  Fortune, 
et  l'autre,  l'Espérance,  suivies  de  quel- 
ques navires  plus  petits.  Ils  se  lais- 
saient tous  aller  au  cours  de  h  marée; 
et  n'ayant  per^^onne  à  bord,  ils  vo- 
guaient, pour  ainsi  dire,  abandonnés 
à  eux-mêmes,  et  entraînés  par  le  re- 
flux. Ils  flottaient  à  peine,  qu'il  s'éleva 
au-dessus  d'eux  un  tourbillon  de  feu , 
qui,  après  avoir  brûlé  quelques  ins^ 
tans,  parut  aussitôt  s'apaiser  et  s'é- 
teindre. Les  spectateurs  en  furent 
étonnés.  Tout-à-coup  un  des  petits  bè- 
timens  vint  à  éclater,  lorsqu'il  était 
encore  éloigné  du  pont,  et  ne  produi- 
sit d'autre  effet  que  de  jeter  un  nuage 
de  fumée  très  épais.  Tous  ceux  qui 
étaient  construits  de  môme  n'opérè- 
rent rien  de  plus.  On  n*avait  plus  à 
craindre  que  les  deux  grands  vai;;- 
seaux  qui  approchaient  insensible- 
ment. Le  premier  [c'était  la  Fortune) 
s'arrêta  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière, 
creva  avec  le  plus  horrible  fracas,  et 
réduisit  en  poudre  la  garnison  d'une 
redoute  voisine,  et  plusieurs  soldats  qui 
s'étaient  dispersés  dans  les  environs. 
Quelqu'épouvan  table  qu'en  fût  l'effet , 
celui  de  l'Espérance  effraya  encore  plus, 
et  causa  un  dommage  considérable.  Le 
vaisseau  avait  été  conduit  au  point  de 
réunion  d'une  des  estacades  et  des 
busqués  qui  formaient  le  pont.  Ce  fat 
dans  ce  lieu  qu'il  éclata.  L'air  resta 
long-temps  obscurci.  L'affreuse  se- 
cousse que  reçut  la  terre  s'étendit  à 
plusieurs  milles.  l'Escaut  sortit  de  son 
lit ,  et  ses  vagues  écumantes  franchi- 
rent les  rivages  avec  impétuosité.  Les 
corps  des  tristes  victiqies  qui  avaieof 


DM  MàGISfOftTfiS. 


pèn  dam  oM  endwàflement ,  ae  eon* 
lenraieDt  pas  méone  la  Ogure  humaine* 
La  grêle  épaiaae  de  pierres  et  de  toates 
sortes  d'hiatmineos  de  mort  qoe  lança 
œl  elfroyable  volcan ,  tombant  de  ton- 
lea  parts,  on  grand  nombre  d'infortu* 
^és  forent  tné»  ou  blessas,  on  maltrai- 
^  de  in  manière  la  pins  cmelle.  Cinq 
lents  royalistes  périrent  ;  des  milliers 
i'aatres  burent  esiroptés  on  dangereu- 
sement blessés.  La  mort  du  marquis  de 
Roabaia  mit  le  oombte  au  deuiide  cette 
fatale  journée.  Le  dommage  que  le 
pof it  avait  reçu  ne  fut  pas  aussi  consi* 
déraUe  qu'on  l'avait  craint.  Mais  le 
désordre  était  si  grand ,  que  tout  était 
perdu ,  sans  doute,  si ,  dans  ce  mo- 
ment, les  ennemis  avaient  attaqué  cet 
ouvrage,  lis  n'eurent  aucune  connais- 
sance do  terrible  ettéi  de  la  machine 
infernale  ;  et  la  bonne  contenance  des 
assiégeans  leur  en  Imposa,  jusqu'à  leur 
faire  croire  que  le  pont  n'avait  rien 
souffert. 

Les  citoyens  d'Anvers  n'avalent  plus 
d'espérance  qoe  dans  le  grand  vaisseau, 
qu*its  appelaient  la  fin  cfe  la  guerre.  On 
le  mit  en  oeuvre.  Ce  vaste  château 
s'approcha  d'une  des  redoutes  cons- 
truites sur  le  bord  de  la  rivière ,  du 
c6té  du  Brabant.  Ceux  qui  le  mon- 
taient commencèrent  à  faire  un  feu 
terrible  ;  ils  étaient  plus  de  mille  qui 
soutenaient  l'efiet  du  canon  par  celui 
de  la  mousqueterie ,  e.  qui  descendi- 
rent à  terre  pour  attaquer  la  redoute 
de  plus  près;  mais  ils  échouèrent.  Le 
fort  brava  leurs  bactéries,  et  ib  livré* 
rent  à  la  garnison  des  assauts  inutiles. 
Au  contraire,  leur  énorme  bâtiment 
fot  si  firacassé  par  Tartlllerie  de  la  re* 
doute,  qu'on  eut  bien  de  la  peine  à  le 
réparer,  et  A  le  mettre  en  état  d'être 
employé  de  nouveau.  Cette  seconde 
tentative  Ikit  aussi  malheureuse  que  la 
première,  et  tous  les  eCTorts  qu'oq  fit 


depuis,  soit  pour  emporter  les  ouvr 
ges,  soit  pour  rompre  je  pont,  furent 
également  infructueux.  Le  plus  mé- 
morable des  combats  qui  se  livrèrent 
dans  ces  occasionSi  futcelui  de  la  con«- 
tre-digue.  Le  champ  de  bataille  n*avait 
que  dix-sept  pieds  de  largeur;  les  An- 
versois  voulaient  l'emporter,  à  quelque 
prix  que  ce  fût.  Animés  par  les  exem- 
ples et  les  exhortations  de  Saint- Al- 
dégonde  et  du  comte  d'Hohendoë ,  ils 
repoussèrent  plus  d'une  fois  les  roya- 
listes, et  se  crurent  maîtres  de  l'objet 
de  leurs  généreux  efforts  ;  mais,  acca- 
blés par  le  nombre  des  ennemis  plutôt 
que  vaincus ,  ils  cédèrent  le  triomphe 
et  se  retirèrent  sous  les  murs  de  leur 
ville,  ayant  perdu  deux  mille  cinq  cents 
hommes  et  trente  navires.  Après  cette 
sanglante  victoire,  qui  lui  avait  coûté 
plus  de  mille  soldats,  le  prince  de  Par- 
me enleva  aux  assiégés  tous  les  postes 
voisihs  qui  tenaient  pour  eux ,  et  les 
réduisit  à  se  renfermer  dans  leur  ville. 
Le  désespoir  fut  alors  à  son  comble. 
Tous  les  citoyens  n^avaient  d'autre 
perspective  devant  les  yeux ,  quç  les 
horreurs  de  la  famine  qui  se  faisaient 
déjà  cruellement  sentir,  et  Tinévitable* 
nécessité  de  céder  au  vainqueur.  Le 
peuple  s'attroupa  et  se  souleva  ouver* 
tement  contre  les  chefs,  qui  voulaient 
toujours  se  défendre.  Il  fallut  enfln 
consentir  &  entrer  en  négociation  ;  on 
envoya  au  prince  de  Parme  des  dépu* 
tés  pour  convenir  des  articles  de  la 
reddition.  Saint-Aldégonde ,  qui  était 
à  leur  tète,  retarda  pendant  deux  mois« 
sous  différons  prétextes,  la  conclusion 
du  traité,  croyant,  par  ces  délais  adroite . 
donner  aux  secours  qu'il  attendait  It 
temps  d'arriver.  Enfin,  le  17 août  1585. 
la  capitubtion  (bt  signée.  Le  vain- 
queur fit  ensuite  son  eotiée  dans  la 
place  avec  tout  rq[>par0n  d'un  triom^ 
phe.  Monté  sur  un  courtier  superbe 


6S0 


ïm%k' 


armé  de  pied  en  ««p,  il  imuncbaitua  m^ 
Uea  de  plusieiirs  corps  d'infanterie  et 
de  cavalerre  qur  oavratent  et  fermaient 
cette  briUante  pompe.  Elle  ae  termina 
par  rendre  grAces  an  Dieu  des  batail- 
les, qui  tient  dans  ses  mains  la  défaite 
etla  Tictoire. 


Attaque  de  CbAteta-Reniiid  par  le  duc  de 
Mayenne,  en  1589. 

La  petite  Tille  de  ChAteau-Renand, 
dans  la  Touraine,  n'ayant  que  de  mau- 
vaises murailles,  sembla  au  duc  de 
Mayenne  une  proie  facile  à  enlever  par 
les  ligueurs;  mais  son  commandant, 
Sarronet ,  gentilhomme  breton ,  hom- 
me intrépide,  valait  seul  une  armée. 
Pour  augmenter  la  sûreté  de  sa  place, 
il  avait  fait  creuser  à  Tentour  de  pro- 
fonds retranchemens.  Mayenne  avait 
cru  qu'il  suffirait  d'une  simple  somma- 
tion pour  emporter  une  telle  bicoque. 

Une  première  tentativç  ne  réussitpoin  t. 
Curieux  de  connaître  les  intentions  du 
gouverneur,  il  lui  fait  demander  ce 
qu'il  espère  de  ses  retranchemens  :  y 
enterrer  h  duc  de  Mayenne  avec  ton  ar-^ 
mfe,  s'il  ne  se  retire  promptement.  Tant 
dé  résolution  étonne  le  duc,  qui  se 
trouve  trop  hour^i  d'un  léger  pré- 
texte pour  abandooiicr  une  entreprise 
dont  le  succès  lui  parait  incertain  avec 
un  tel  homme  à  combattre. 

Aliaq'tQ  de  Qnillcûtti|f  par  l'ip^lde  XHIki^ 

en  l^H». 

Pendant  lea  troubles  de  la  liguée  « 
Henri  IV  grijbNi^ivde  forti^  Quille 
iHwf  »  doii^  il  xwaît  d9  s'empajcer» 
Cbagrin  de  cette  pert^ ,  kl  4w  dff 
ys^^l^l^cw&eiÇjM  miilf^  hom^iea  A 
rapMfal,4^yiI^iniic  la  i^epi^ad^e» 
Ut  (qfttRoiiî^n  qfw»  1^.  jroj,  venait  4(9 


faire  eommenoer  fi^iMeet  pas  encvivi 
en  élat  de  défense  ;  leur  étendue  >  de 
plus  d'une  lieee,  semblait  reedre  feo- 
cnpation  de  QQillelNBef  bim  faeile. 
Bellef^rde,  grand-écofer  ée  Fvtiiee, 
entreprit  de  le  défendue  evea  qaamil^ 
cinq  aoUeta,  dix  gentîtskaiettee.  et  aea 
habitant  ipù  étaient  eneare  en  petit 
nombre.  Il  avait  aeelenieiitde  le  pon- 
dre et  det  nMnilipna,  mais  pen  de  vi* 
vrea.  H  reçoit  laeeetsi^emeiit  dnqoente 
soMata,  deoae  genUkhenMKa,  et  la 
brave  Talhot.  Villan  fait  senuBer  Bel^ 
legarde  de  se  rendre  te  ipiieaièKie  jonr 
du  siège.  Geloî-ci  rejette  te»  proposi- 
tions avee  fierté;  le  dixnaeptièae ,  il 
soutint  oonrageusenMBt  on  easant  Si 
résistance  donne  le  tempa  à  Ferveqnet 
de  venk  au  aeeours  de  Beliegarde  avec 
doiue  cents  hommes  et  qnelqne  infao* 
terje.  Villars,  averti  de  lenr  marche, 
leva  le  aiége.  Les  treepet  de  aecoort 
admirèrent  la  téménté  de  BeUegaide  « 
d'oser  tenir  dix-sept  jours ,  non  pas 
dans  une  ville  «  mais  dana  vn  village 
dont  le  fosaé»  dana  let  epdroito  où  l'on 
avait  continence  de  fe  cieuter,  n'avait 
que  quatre  pieds  de  pfofendeur  et  de 
largeur. 

9ié9^  d'Ostsede  pat  les  IcHIMi»,  ae  iitl. 

Heor'  Uaëatent  a  p«Uiè  ta  velelion 
du  siège  Q  Oatende,  sont  iei  Utjce  de  la 

XùUvelU,  Troie,  qu  Mmr^bU  JUi^diiv 
du  #%«  d'O^fnd0.  Ce  ^ége  est»  an  e(* 
Cet,  l!uudej^  pUis  4'U)neaat.4n*iI  j  ait 
jamais  eu,  l'un  de  ceex  ^  l^n  dit  4éh 
ployé  4e  part  et  d'anto^  ie.pliAi  d  tm-r 
dace  et  de  génie,  et  il  est  awm^  une  dee 
preevealeapbianensîUet^n'naie  gar-> 
njson,  «iui  pent  ètoeraMcbîn  etinn» 
taiUâe  à  velentéi^  est  ooraae  ii 
gn^low  Uy  eut  m  $i6m  <i'Osten^ 


vEAnMÊÊ  mmim* 


Bit*» 


gésM  i0fen4i9eat  qsie  ^fkf»A  ta  t^rpa 
leur  aii«iM|oii  pour  «e  retraaelMr*  et 
eueore  ee  fitt  par  ordre  fonnol  des 
ÉhiMiéiiéraux  j  auqueb  le  da«ée.de 
ce  Mége  avaH  donné  le  nM^en  de  ee 
dédomnaifser^  en  enlevanl  au  Eep»^ 
gQote  d'anlf  ea  tiUeâ^  non  mains  impor-* 
tantes  alors  ponr  en  qo^Oelende^  M«* 
les  que  rÉetosoy  Grave»  Ysendik.  Lea 
assiégeanSi  connnandéf  par  le  marqids 
de  Spîffola»  empleyàrent  à  ce  siège 
troia  aaset  aeixanlo«dît^luilt  Jours,  et 
y  paidiieDft  plna  de  soiiaola  et  dix 
nuUe  bonunes.  La  vHle  n'élait  plus 
qu'on  taa  de  déûooilNPea  loraqpi'âHe  fut 
leadue,  et  les  habitans  ae  reUrèrenl 
presque  tona  à  l'Écloae  et  Meua  drcon* 
veififti« 

a&<m  fie  SloottolkM  vm  le  cooNle^  ds 

Le  connétable  de  Luynes,  suivi  du 
roi  Louis  XIII,  des  maréchaux  de  Les- 
dignièrcs,  de  Saint-CTérao^  de  Prasliu, 
de  Thémiiics  et  de  Chaulnes ,  des  ducs 
de  Mayenne,  de.  Guise,  de  Vendôme, 
de  Montmorency  et  de  Chevreuse^  du 
prince  de  Joinville ,  de  Bassompierre , 
de  Schomberg,  en  un  mot,  de  tous  les 
grands  seigneurs  du  royaume,  se  pré- 
senta devant  la  ville  de  Montçiub^in,  le 
17  d*août  1621,  et  en  fornia  Iç  siège. 
Cette  place  des  huguenots  tut  aussi  vi- 
goureusement défendue  par  La  Forçe^ 
Upére,  qu'elle  fut  mal  ^taquée  par  le 
favori  du  monarque  français  :  aussi 
fut-il  obligé  de  se  retirer,  le  2  de  no- 
vembre, après  avoir  fait,  pour  l'empor- 
ter, d'inutiles  efforts. 

Siège  df  U  RochçU»  pir  (.QiiU  XUL  «a  ia87. 

L«4asr#Bal  de  Kkfeeliea  matait  si-* 
gnalar  son  miniatitre  par  la  Mo^oètn 
d€^  lêi  Jlj9flNlev  41^  fit  fidowtrin 


$ii<^er  nalpé  ravia  dai  emenria  de  sa;., 
grandeur  et  de  sa  pnîssani^  ;.  et,  dans 
lecours  de  1627^  une  ardiée de  vingt* 
trois  mille  hommes,  ayant  Louis  XIII . 
à  levr  .téle«  vint  se  présenter  devant  ce 
dernier  asile  dea  protestans»  Le  cardia. 
Dal  conduisait  toutes  les  opérations  ^ 
sons  le  nom  du  roi  ;  il  était  aeeandé  par 
le  due  d*Angoaléme  et  les  maréchaui' 
de  Scbomberg  et  de  Bassompierre. 
C'est  ce  même  Bassompierre  ^ui  avait 
dU  au  conseil  :  Fom  vtrru  gm  noua 
S9rimt  anêez  fom  fOut  pnndrê  La  Bc" 
eheliê.  La  ville  était  vaste  »  bien  forti***- 
Gée^  bien  située,  pourvue  d'une  nom^ 
breuae  artHlerie,  remplie  denroaitiona> 
de  toute  espèce,  et  défendue  par  de«r 
habitans  ^ne  le  sale  de  la  religion  avait 
rendus  presque  învinciMes.  Ils  élurent* 
pour  nudre,  gouverneur  et  général  de 
lenr  viUe,  Jenn  Guiloo,  homme  d'une 
valenr  déterminée.  A  peine  eut-il  été* 
revêtu  de  l'autorité  attachée  à  se  ptace, 
qn'H  aiBembla  tes  habitans  ;  et  prenant 
un  poignard  i  a  le  serai  maire,  leur 
a  dit^H,  puisque  voua  le  voolex  absolu-- 
9  ment;  maisc'estj»  condition  qu'il  me' 
»  sera  permis  d'enfoncer  ce  poignard 
»  dana  lo  aeln  da  premier  qui  parlera 
»  de  se  rendre.  Je  eenaens  qu'on  en 
»  nae  de  méiÉe  envem  fenéi ,  dès  que  je 
»  proposerai- dn  capituler;  et  )e  de* 
1»  monde  que  ee  ))oignani  demennr 
»  tout  exprès  sur  la  table  de  lo  chambm 
»  où  nous  Bona  aasembtemaia  >daBs  la* 
»  maisoii  deviUe*  a^ 

AiehèKen  eependanltavaiUaltè  bkH 
quer  la  place.  Par  son  ordre,  on  forma' 
une  ciroonvaUatmi  qnt  occupait  l^es»* 
pnœ  de  trois  lienes^  on  la  protégeai 
treiae  loris ,  ihnquéS'  da  redonles ,  cl 
garnis  d'artillerie.  Mais  Je  grand  p^nfc 
était  deiamBer  le  port ,  nOn  dTafiMar 
leSrseconm  qni  pourraient  fenir  d'Ao« 
gleterre.  On  essaya  4'enfenes».  dea 
.f4ur  en  «nbanMMr  IfiantiÉai 


•M 


M  UL  Btrans 


on  tendit  une  btune  d'une  force  et 
d'ane  longueur  extraordinaires  :  tons 
ces  moyens  ftarent  inutiles.  Enfln  le 
cardinal  résolut  de  faire  une  digue. 
Dès  qu'il  en  eut  proposé  le  plan ,  tout 
le  monde  se  réoia  contre  un  projet 
si  ebsurde  ;  il  n'y  eut  que  Louis  Mété« 
zeau  et  lean  Tiriot,  tous  deux  archi- 
tectes fiançais  qui  osèrent  se  char- 
ger de  Texécuter;  et  on  les  regarda 
comme  des  tisionnaires.  It  fallait  fer- 
mer un  canal  qui  avait  sept  cent  qua^ 
rante  toises  de  largeur,  dans  lequel 
la  mer  se  précipitait  avec  violence  ; 
et,  quand  le  vent  était  impétueux, 
elle  y  roulait  des  vagues  si  furieuses , 
qu'il  semblait  ridicule  de  vouloir  leur 
opposer  aucun  ouvrage  humain.  On 
enfonça  dans  la  mer,  depuis  la  pointe 
de  Coreille  jusqu'au  Fort-Louis,  de 
longues  poutres,  de  douze  pieds  en 
douze  pieds;  d'autres  poutres,  aussi 
fortes ,  les  liaient  en  travers.  On  jeta 
dans  les  intervalles  de  grosses  pierres 
sèches ,  auxquelles  le  limon  et  la  vase 
servaient  de  ciment.  Cette  digue  fut 
tellement  élevée,  que,  dana  les  plus 
hautes  marées ,  les  soldats  y  étaient  à 
sec.  Son  épaisseur  était  à  l'épreuve  du 
canon  ;  elle  avait  par  le  bas  environ 
douze  toises  de  largeur,  et  quatre  seu- 
lement par  le  liaut,  de  sorte  qu'elle 
était  en  glacis.  On  éleva  à  chaque  bout 
un  fort;  l'on  eut  5oia  de  laisser  une 
ouverture  au  milieu  pour  donner  pas- 
sage aux  marées  ;  mais,  pour  empAcher 
les  vaisseaux  ennemis  de  pénétrer  par 
cette  ouverture ,  on  eu  rendit  l'entrée 
impraticable,  en  faisant  couler  à  fond 
quarante  vaisseaux  remplis  de  pierres 
maçonnées,  et  en  enfonçant  quantité 
de  gros  pieux  dahsia  mer.  Ce  grand  et 
merveilleux  ouvrage,  qui  demanda  près 
de  six  mois  de  fatigues,  était  défendu 
far  plnaienra  batteries  de  canon,  dres» 
téeadani  letiiraferaie,efep4rdMx 


cents  vaisseaux  de  toute  grandeur, 
bien  armés,  qui  bordaient  le  rivage 
On  connut  bientdt  tout  l'avantage  de 
cette  digue.  La  Rochelle,  qui  jusqu'à^ 
lors  avait  Uré  ses  provisions  par  mer, 
les  consomma  en  peu  de  temps,  et  le§ 
Anglais,  qui  deux  fois  s'approchèrent 
pour  délivrer  on  ravitailler  la  place , 
furent  obligés  de  renoncer  i  leurs  ten- 
tatives. EnBa,  apits  un  an  de  blocus, 
les  réformés,  réduits,  depuis  phnieurs 
semaines,  à  ne  se  nourrir  que  d*berbes 
et  de  coquillages,  se  voyaient  moiason- 
ner  chaque  jour  par  b  famine.  Déjà 
ce  triste  fléau  avait  tué  plus  de  dooxe 
mille  personnes  ;  des  maisons  entières 
étaient  remplies  de  cadavres.  Un  jour 
le  maire  vit  une  personne  extéuuée  pir 
la  faim  :  «  Elle  n'a  plus  qu'un  souffle 
»  «to  rie,  lui  dit  quelqu'un.  — En  êtes- 
1»  vous  surpris?  répondit-il  ;  il  faodn 
9  bien  que  nous  en  venions  lA,  vous  et 
»  moi,  si  nous  ne  sommes  plus  secoo- 
»ras.... —  Mais,  ajoute  un  autre,  li 
»  faim  emporte  tous  les  jours  tant  de 
D  monde,  que  bientôt  nous  n'aurons 
»  plus  d'hobitans.  —  Eh  bien ,  reprit- 
»  il,  il  suffit  qu'il  en  reste  un  pourfer- 
»  mer  les  portes.  » 

Tel  était  l'opiniAtre  courage  du  chef 
des  habitans  de  La  Rochelle  ;  et  ses 
soldats,  &  peine  en  état  de  soutenir 
leurs  mousquets,  songeaient  A  mourir 
plutôt  que  de  se  rendre.  Il  ne  leur  res- 
tait plus  qu'un  souffle  de  vie,  lorsque, 
le  28  octobre  1628,  ils  demandèrent  à 
capituler.  Les  articles  portaient  que  le 
roi  pardonnait  aux  Rochellois,  les  ré- 
tablissait dans  leurs  biens,  et  leur  ac- 
cordait l'exercice  libre  de  leur  religion; 
que  les  capitaines  et  gentilshommes 
sortiraient  de  la  ville  Tépée  au  côté,  et 
les  soldats  un  bAton  blanc  à  la  main , 
après  qu'ils  auraient  juré  de  ne  Jamais 
porter  les  armes  contre  le  service  du 
roi.  Les  troupes  prirent,  le  SO,  poaies- 


DBS  WUkiUS  rOKTES. 


sion  de  la  Titte ,  et  le  monarque  y  fit 
son  entrée  le  1*'  de  noTembre.  Les 
fortifications  forent  démolies,  les  fos- 
ses  oomMés,  les  habitans  désarmés  et 
rendus  taillables,  l'échevinage  et  la 
eommonauté  de  ville  abolis.  Il  y  avait 
pies  de  deux  eents  ans  que  La  Rochelle 
ne  reconnaissait  presque  de  souvarains 
que  ses  magistrats.  La  conquête  en 
coûta  garante  millions,  mais  peu 
i'hommes,  à  Louis  XllI. 

Siège  de  8ainl-4eeiiHie-Ldne  en  1635. 

La  petite  ville  de  Saint- Jean-de- 
L6ne,  en  Bourgogne,  fut  assiégée  en 
1685  par  les  armées  combinées  de 
TEmpereur,  du  roi  d*Espogne  et  du  duc 
Charles  de  Lorraine,  formant  ensemble 
quatre-vingt  mille  hommes;  mais  la 
défense  fut  si  vigoureuse ,  qu'elles  fu- 
rent contraintes  de  lever  le  siège.  Le 
roi  Louis  XUI ,  pour  récompenser  le 
courage  et  la  fidélité  des  habitans,  leur 
accorda  plusieurs  privilèges. 

Siège  de  Bôle  par  Heorl  II ,  prince  de  Condé, 

en  1636. 

Uenri  II ,  prince  de  Condé ,  attaque 
DMe  en  1636;  il  annonce  aux  assiégés, 
par  une  patente,  qu'il  les  prend  sous  la 
protection  de  Louis  XllI,  s'ils  se  sou- 
mettent sous  trois  jours,  il  somme  en- 
suite la  garnison  de  se  rendre.  «  Rien  ne 
ù  nous  presse,  reprend  le  gouverneur 
»  Lavergne  ;  après  un  an  de  siège  nous 
*  »  délibérerons  sur  le  parti  à  prendre.  » 
Condé,  qui  voit  qu'il  a  affaire  i  des  gens 
de  cerar,  multiplie  les  attaques  ;  il  ha- 
sarde les  sommations  après  les  plus  lé- 
gers avantages.  Sa  conduite  devient  si 
ridicule  qu'on  le  somme  enfin  lui-même 
de  lever  le  siège.  Un  tiompette  vient 
lui  déclarer  qoe,  s'il  vent  se  retirer,  les 

bahitms  do  Pèle  W  aocordermit  ai^ 


jours  francs,  afin  qu'A  puisse  s'en  aller 
en  sûreté  avec  son  armée  ;  «  Que  si 
»  votre  altesse  rejette  cette  offre,  ede 
»  pourra  bien  s'en  trouver  mal.  —  Et 
»  moi,  répondit  le  prince  en  colère^  îe 
»  ne  recevrai  point  ceux  de  IMMe  A 
»  composition,  à  moins  qu'ils  ne  me  la 
»  viennent  demander^a  corde  au  cou.  » 
Les  assiégés  pou^^setit  l'iosulle  encore 
plus  loin  ;  ils  mem  cent  d'arrêter  Condé 
devant  leurs  murs  aussi  long-temps 
qu'il  a  demeuré  dans  le  ventre  de  sa 
mère  ;  et  puis  de  l'obliger  ensuite  d'en 
lever  le  siège.  Condé  redouble  d'efforts 
pour  ne  pas  prendre  un  parti  si  hon- 
teux; cependant,  après  avoir  épuisé 
toutes  ses  ressources,  il  y  est  obligé. 

Siège  de  Lèridi  par  le  prince  de  Coadè, 
en  1647. 

Le  8  mai  164-7,  le  prince  de  Condé 
quitta  Barcelonne ,  et  en  six  jours  ar- 
riva devant  Lérida,  dans  le  dessein 
d'en  former  le  siège.  Cette  ville  fa- 
meuse est  située  sur  la  Sègre.  Un  mur 
épais,  divers  bastions,  quelques  ouvra- 
gesà  cornes,  un  fossé  large  et  profond, 
un  beauchMeau  qui  lui  sert  de  citadelle, 
la  rendentmoins  redoutable  que  sa  posi- 
tion sur  un  roc  si  vif  et  si  dur  qu'il  est 
presque  impossible  de  le  percer.  Phi- 
lippe IV  en  avait  confié  la  défense  a 
Dom  Georgiô  Britt,  Portugais,  l'un  des 
hommes  de  TEorope  qui  avait  le  plus 
de  valeur,  d'expérience,  de  réputation , 
de  générosité,  de  politesse.  Sa  garni- 
son était  composée  de  quatre  mille 
hommes  d'élite»  et  la  place  munie 
d'une  artillerie  nombreuse,  et  d'une  si 
grande  quantité  de  vivres  et  de  muni- 
tions de  guerre,  qu'il  eût  été  diflBcile  de. 
les  épuiser  en  six  mois  de  tranchée  oa- 
verte.  L'armée  française  ne  montait 
qu'à  aeiie  mille  hommes,  mal  payés,  et 
par  ooméqoent  mynvais  soMifla.  Le 


DB  lia  «ÈÊumm 


rttffréohal  d«  Grammont  iaooomuiBdait 
I0U8  les  ordres  du  f)rince;  le  comte  de 
Marsin  et  le  dac  de  Ch&Uilon  remplis* 
salent  les  fonctions  de  lieatenans*gé- 
néraai;  le  marquis  de  la  Houssaie, 
M.  Bérnanld,  le  comte  de  Broglie^  le 
ehevalter  de  la  Valière,  le  marquis  de 
la  Trousse  et  le  comte  de  Tavanes,  cel« 
les  de  maréchaux  de  camp.  Condé 
s'établit  dans  les  lignes  du  comte  d'Har- 
ooart,  qui,  quelques  mois  auparavant  « 
avait  inutilement  bloqué  Lérida.  La 
paresse  des  Espagnols  les  avait  laissé 
subsister.  Le  prince  les  assura  par  de 
nonveaui  forts,  et  forma  toutes  ses 
dispositions*  DH  les  premières  atta*- 
ques,  le  chevalier  de  la  Valière,  qui  s'é* 
tait  flatté  d'un  prompt  succès,  fut  tué, 
et  sa  mort  resta  sans  vengeance,  parce 
qu'on  attendait  de  jour  en  jour  la 
grosse  artillerie  qui  n'arrivait  point. 
Ce  délai  faisait  languir  le  bouillant  gé- 
néral dans  une  inaction  pénible»  Pour 
surcroît  de  disgrâce,  la  Sègre^  grossie 
par  ia  fonte  des  neiges  des  Pyrénées, 
déborda  avec  tant  de  violence  qu'elle 
entraîna  les  ponts  de  communication. 
A  l'instant,  Britt,  qui  suivait  d'un  œil 
judicieux  toutes  len  démarches ,  toutes 
les  situations  de  l'ennemi,  qui  épiait 
toutes  les  occasions  favorables^  sort  de 
la  place  avec  la  plus  grande  partie  de 
sa  garnison  ;  et,  profltant  de  l'absence 
du  prince  et  du  maréchal  occupés  à 
prendre  quelques  chAteaax,  il  fond  sur 
le  quartier  de  Marsin,  abandonné  à  ses 
propres  forces^  et  qui  avaii  envoyé  la 
cavalerie  fourrager  à  plusieurs  lieues 
ëii  camp.  Bans  cette  circonstance  fa- 
neale,  Marsîo  s'arme  de  tout  soa  cou- 
rage, ilse  présente  d'an  atrintrépîde  à  la 
garnison  de  Lérida, et souUentpendaot 
près  de  deux  heures  lonsles  efforts  des 
Espagnols.  Animéa  par  Texemple  de 
tear  chef,  les  Frafl^aisfontiesprodiges: 
ils  repottiseal  )m§mwrm^Êi^  'iê  atta- 


quent, ib  renverseul.qaatre  cents  die 
vaux  embusqués  dans  les  masures  d'un 
faubourg.  L'ennemi  déconoerté  cher-^ 
che  son  salut  dans  la  fuite.  Les  vainm 
se  |e tient  dans  la  rivière  et  regagnent  i 
la  nage  les  remparts  de  leur  .vîUe.  Ce-» 
pendant  Condé  revient  au  oanap,iéia» 
but  les  ponts  et  dispose  deux  attaques. 
L'une,  qu'il  conduit  lui-même,  em* 
brasse  une  vieille  église»  chnagée  es 
forteresse,  et  située  A  deux  eeotspai 
de  la  ville.  L'autre,  dirigée  par  Gram- 
mont,  est  dressée  vers, une  chapelle 
également  fortiGée.  Le  27  de  mai ,  le 
régiment  de  Champagne,  précédé  des 
vingt-quatre  violons  du  pfince,  ouvre 
la  tranchée  en  plein  jour,  axec  toutes 
les  démonstrations  de  la  joie  et  de  l'es- 
pérance. Tout  répond  d*abord  aox 
vœux  des  assiégeans.  Les  progrés  soot 
rapides,  l'officier,  le  sold&t  même,  801* 
mes  par  le  succès ,  se  livrent  avec  ar^ 
deur  aux  travaux  de  la  guerre,  que 
leur  général  partage  avec  eux;  mais 
bientôt  tout  change.  Le  décourage- 
ment succède  tout  à  coup  à  cette  aUé- 
gresse  ;  les  obstacles  qui  se  rencontrent 
a  chaque  pas  dissipent  l'illusion.  En 
vain  le  prince  prie  et  menace,  en  vain 
U  punit  et  récompense  :  le  guerrier  im- 
mobile se  refuse  à  d*ioutiIes  fatigues. 
Britt,  qui  avait  vu  tranquillement  les 
premières  approches  des  Français, 
s'aperçoit  qu*U  est  tenais  d'agir.  Il  re- 
double le  feu  de  son  artillerie  et  de  sa 
muusqueterie.  Il  prépare  chaque  jour 
des  sorties  terribles  et  meurtrières. 
Plusieurs  fois  il  nettoie  la  tranchée,  il 
détruit  les  travaux,  il  renverse  les  bat- 
teries. Dans  l'une  de  aca  actions,  qui 
fut  la  phbs  saaghinte  du  «iége ,  ii  se 
précipita  sar  la  tranchée  de  Conië, 
suivi  de  plusde  laaKNtié  de  saganiisaii; 
en  moîosdeqaelfues  minutes^  àlmaifta* 
cra  tons  lesnûieuKa^  bfâla  ka  Csseinff 
endfiM  la  cm^ ,  blaïaa  à  la  tètae. 


roRns. 


m 


prit  11.  Dtraauld.  D^a  te  régiment 
suisse  de  Bromme,  eàrayé  d'un  si 
grand  désastre ,  avait  abandonné  tous 
les  postes,  lorsque  Condé  accourt,  lui, 
quatrième.  D*abord  il  force  les  Suisses, 
i  grands  coups  d'épée,  de  retourner  à 
la  Iraocbée  :  il  dégage  Damauld,  re- 
gagne à  découvert,  et  sons  le  feu  prodi- 
gieux de  la  place,  tocs  les  postes  aban^ 
donnés.  Enfin  il  oblige  le  gouverneur 
à  chercher  un  asile  dans  Lérida.  Cette 
victoire  est  d'autant  plus  remarquable 
iin'eUe  fut  remportée  par  ces  mêmes 
Suisses  qui,  peu  de  momens  aupara- 
vant, avaient  paru  si  épouvantés. 

Le  prince,  après cetexploitgloricux, 
iB  hâta  de  rétablir  les  ouvrages.  Cinq 
jonrs  entiers  furent  employés  à  ce 
travail;  et  Ton  se  porta  aux  attaques 
«vec  une  nouvelle  ardeur.  Britt ,  éton- 
né de  tant  de  constance ,  résolut  de 
tout  hasarder  pour  arrêter  les  progrès 
qni  pouvaient  bientôt  lui  devenir  fu- 
nestes. Le  11  de  ce  mois,  entre  midi  et 
une  heure,  c'est-à-dire  dans  Tinstant 
même  que  Condé  quittait  la  tranchée 
pour  aller  dtner  chez  le  comte  de  Mar- 
sin,  au-delà  de  la  Sègre,  la  garnison 
presque  entière  sort  de  Lérida,  et 
tombe  sqr  le  régiment  de  Montpouil- 
Ion  i  la  tète  duquel  le  marquis'de  la 
youssaie  gardait  les  travaux.  Le  suc- 
cès des  assiégés  fut  rapide.  Une  partie 
dp  régiment  est  taillée  en  pièces,  l'autre 
échappe  par  une  prompte  retraite.  I^ 
Monssaie  défend  presque  seul  la  baite- 
rie«  n*ayant  d'autre  espoir  que  de  périr 
répée  à  la  main.  Au  bruit  effroyable 
l|ai  se  fait  entendre ,  le  prince ,  prêt  à 
pener  la  rivière ,  s'arrête,  prèle  l'o- 
reille, distingue  des  clameurs,  en  de- 
vine la  cause,  donne  ses  ordres  et 
court  à  bride  abattue  vers  la  tranchée 
dont  Tennemi  était  le  maître.  Le  pre- 
mier objet  qui  frappe  ses  regards,  ce 
sont  ces  mtaies  Suisses  qui,  dans  une 


autre  occasion,  avaient  pris  la  fuite,  el 
qui,  dans  celle«ci,  réparaient  leur  Iion^ 
neur  par  des  faits  d'armes  héroïques. 
A  la  vue  du  prince,  ils  remplissent 
Tair  de  cris  d'allégresse.  Leur  ardeur 
guerrière  se  ranime*  et,  dans  la  joie 
d'avoir  Condé  pour  témoin  de  leurs  ex- 
ploits ,  ils  témoignent  tant  d'audace  et 
de  fierté  que  ce  grand  général  n*eul 
besoin  que  de  leur  secours  pour  triom- 
pher des  Espagnols  et  regagner  les 
postes  perdus.  Cependant  TinCatigable 
Britt,  dangereusement  blessé ,  se  fai* 
sait  traîner  en  tbaise  sur  les  remparts 
et  à  la  brèche,  encourageant  le  soldat, 
plus  encore  par  ses  actions  que  par  ses 
paroles,  augmentant  sans  cesse  le  feu 
de  son  artillerie,  paraissant  enfin  dé- 
terminé à  s'ensevelir  sous  ies  débris  de 
sa  place.  11  avait  rassemblé  une  si  pro- 
digieuse quantité  de  feux  d'artifice  et 
de  grenades ,  qu'il  vint  à  bout  deux 
fois  de  brûler  la  galerie  des  assiégeansb 
Elle  ne  fut  rétablie  qu'avec  beaucoup 
de  peine.  Une  si  opiniâtre  résistance 
avait  tellement  découragé  rinfanlorie 
française  qu'elle  s'enfuyait  dès  qu'elle 
entendait  le  funeste  cri  d*alerte  à  la 
tnuraiUel  qm  partait  de  la  place,  et 
qui  était  toujours  suivi  d'un  sanglant 
combat 

Toutefois ,  malgré  la  défense  héroï- 
que du  gouverneur,  il  est  constant  que 
Lérida  eût  succombé ,  si  le  prince  eût 
reçu  de  la  France  le  nombre  de  trou- 
pes et  la  quantité  de  munitions  qui  lui 
avaient  été  promises  ou  même  si  la 
désertion,  causée  par  l'excès  des  cha- 
leurs et  des  fatigues^  n'eût  ruiné  Tar* 
mée.  Déjà- il  était  venu  à  bout  de 
faire  brèche  à  la  muraille  de  la  ville  et 
à  ceUe  du  château.  Tout  à  coup  il  ap- 
prend que  l'armée  espagnole»  une  fois 
plus  nombreuse  que  la  sienne,  s'ap- 
proche pour  le  combattre.  Il  n*y  avaît'^ 
,  pas  à  4éUbérer  ;  il  (allait,  ou  emporter 


Wi  LA  DÉmSB 


la  pbioe  d'iisaul,  on  se  résoadre  à  le- 
verlesiége,  cruelle  aUeroative!  Condé, 
que  l'Europe  s*était  accoutamée  à  re- 
garder comme  ioYindble ,  doîMl  céder 
à  un  ennemi  qu*ila  tant  de  fois  vaincu? 
Haaardera-t-H  un  assaut  avec  des  trou«- 
pes  consternées?  et  s*exposera-t-il  à  la 
raéroe  destinée  que  d*Harconrt ,  pour 
être  ensuite  le  triste  témoin  de  la  perte 
de  la  Catalogne?  Cette  dernière  ré- 
flexion décide  le  magnanime  général. 
L'amour  de  la  patrie  remporte  sur  celui 
de  la  gloire.  II  assemble  ses  capitaines, 
et  leur  expose  son  projet.  Cette  résolu- 
tion était  désirée  depuis  long-temps, 
elle  fut  applaudie;  et  Ton  se  disposa  à 
la  retraite  avec  tous  les  transports  de 
la  joie  la  plus  vive.  On  la  fit  heureuse- 
ment, le  17  de  juin  ;  et  Britt ,  qui  était 
sorti  de  Lérida  avec  toute  sa  garnison, 
n'osa  attaquer  Tarrière-garde.  Ce  capi- 
taine ,  durant  tout  le  cours  du  siège , 
a'était  distingué  par  des  procédés  gé- 
néreux. Il  ne  laissa  passer  aucun  jour 
sans  envoyer  des  rafratcliissemens  au 
prince  ;  et,  quand  ce  héros  eut  aban- 
donné son  entreprise,  il  lui  écrivit  qu'il 
ae  serait  fait  une  véritable  joie  de  lui 
apporter  les  clefs  de  Lérida,  si  son  de- 
voir ne  l'eût  forcé  de  ne  les  remettre 
qn'entre  les  mains  du  roi  qui  lui  en 
avait  confié  la  garde. 

siège  de  Candie  pcir  les  Turci ,  en  100?. 

Les  Turcs,  moins  formidables,  il  est 
vrai,  que  sous  Mahomet,  Sélim  et  So- 
liman, mais  dangereux  encore,  assié- 
gèrent régulièrement  Candie  en  1667. 
Quelques  galères  de  Malte' et  du  Pape 
furent  les  seuls  secours  fournis  aux 
Vénitiens  contre  une  inondation  de 
soixante  mille  Turcs ,  dans  une  De  ré- 
putée le  boulevart  de  la  chrétienté. 
Hais  elle  avait  un  digne  rempart  dans 
\t  courage  et  la  valeur  du  noble  Mori- 


«iiH,  généralissime  des  Yénitiens.  Il  y 
soutint  cinquante  assauts,  plus  de  qua- 
rante combats  souterrains ,  et  éventa 
phis  de  cinq  cents  fois  les  mines  des 
assiégeans.  En  vain  le  grand-vistr  Kia- 
perli  tenta  de  corrompre  ce  grand 
homme,  en  lui  proposant  de  le  faire 
prince  de  Valachie  et  de  Moldavie  ;  il 
fut  insensible  a  ces  offres.  Louis  XIT 
donna  inutilement  aux  autres  princes 
l'exemple  de  secourir  Candie.  Ses  ga- 
lères et  ses  vaisseaux,  nouvellement 
construits  dans  le  port  de  Toulon ,  y 
portèrent  sept  mille  hommes^  com- 
mandés par  le  duc  de  Navaillc,  secours 
trop  faible  dans  un  si  grand  danger, 
parce  que  la  générosité  française  ne 
fut  imitée  de  personne!  La  Feuilladc, 
simple  gentilhomme  français,  (itune 
action  qui  n'avait  eu  d'eicmplc  que 
dans  les  temps  de  la  chevalerie  ;  il  con- 
duisit, à  ses  dépens,  près  de  trois  cents 
gentilshommes  à  Candie,  quoiqu*il  ne 
fut  pas  riche.  Si  quelque  autre  nation 
avait  fait  pour  les  Yénitiens  à  peu  près 
autant  que  la  France,  Candie  aurait  pu 
être  délivrée  ;  mais  ces  faibles  secours 
ne  servirent  qu'à  retarder  sa  prise.  Le 
duc  de  Navaille ,  voulant  signaler  son 
entrée  dans  la  ville  par  quelque  action 
d*éclat,  fait  résoudre  une  sortie  qu*il 
exécute  avec  ses  troupes.  Les  commen- 
cemens  de  cette  entreprise  sont  très 
brillans.  On  détruit  les  travaux  des  as- 
siégeans,  on  encloueleurs canons. on 
force  leurs  lignes;  les  Turcs,  surpris, 
vont  se  noyer  dans  la  mer,  ou  se  réfu^ 
gier  dans  des  montagnes  peu  éloi- 
gnées. Les  Français  se  regardent  déjà 
comme  les  libérateurs  de  la  ville.  Mal- 
heureusement leur  ardeur  excessi?e 
leur  ôta  la  victoire.  Un  soldat,  étant 
entré,  avec  sa  mèche  allumée,  dans  un 
magasin  à  poudre  souterrain,  pratiqué 
au*dessous  des  batteries,  y  met  le  feu 
par  mégarde.  Les  munitions,  embrâ 


DRS    PLACSS  FOUTES. 

* 

Bées  par  ce  funeste  accident,  font  sau- 
ter le  bastion  avec  toutes  les  troupes 
qui  sont  dessus.  Limngination  ardente 
des  Français  leur  fait  croire  aussitôt 
que  tout  est  miné  sons  leurs  pieds;  ils 
prennent  répouvante  et  fuient  dans  un 
désordre  extrême.  Ce  découragement 
est  remarqué  des  Turcs  qui  fondent 
aussitôt  sur  les  Chrétiens  et  en  font  un 
horrible  carnage.  Désespérant  de  sau- 
ver Candie,  le  duc  de  Navaille  se  rem- 
barqua avec  huit  mille  Français  en- 
voyés par  Louis  XIV  en  diOTcrens 
temps.  Abandonné  de  ses  alliés ,  Mo- 
risini  capitula  en  1669.  Le  grand-visir, 
plein  d*estime  pour  son  courage,  lui 
accorda  tout  ce  qu'il  voulut.  Le  16  sep- 
tembre, les  Turcs  prirent  possession 
d'une  conquiète  qui  leur  coûta  plus  de 
cent  mille  hommes.  Tous  les  habitans 
en  sortirent,  et  la  garnison  enleva 
Tartillerie.  Les  Turcs,  dans  ce  siège, 
se  montrèrent  supérieurs  aux  Chré- 
tiens, même  dans  l'art  militaire.  Les 
plus  gros  canons  qu'on  eût  vus  en  Eu- 
rope furent  fondus  dans  leur  camp  ;  ils 
firent,  pour  la  première  fois,  des 
lignes  parallèles  dans  leurs  tranchées, 
usage  que  nous  avons  pris  d'eux, 
mais  qu'ite  tenaient  d'un  ingénieur  ita* 
lien. 


637 


Siège  de  Gra?e  |»ar  les  HoIlindaU,  en  1664. 

La  ville  de  Grave  (dit  M.  de  Quincj], 
que  le  général  Rabenhaut  assiégeait 
depuis  la  fin  du  mois  de  juillet  avec  des 
troupes  des  États-Généraux  et  de  l'é- 
lecteur de  Brandebourg,  était  défen- 
due par  M.  de  ChamilU,  lienteoant-gé- 
néral,  officier  d'une  grande  réputation. 
Le  prince  de  Condé,  qui  connaissait  sa 
valeur,  et  que  cette  place  était  fournie 
abondamment  de  tout  ce  qui  était  né- 
cessaire pour  soutenir  uu  long  siège , 
ne  s'inquiéta  pas  beaucoup  Iprsqu'il 


apprit  que  les  ennemis  avaient  entre* 
pris  d*en  faire  le  sîége,  et  ne  sortit 
point  de  ses  postes  d'auprès  de  Charie- 
roy.  Le  général  Rabenhaut  lit  ses  ap- 
proches avec  assez  de  facilité  ;  mais ,  à 
mesure  qu'il  les  poussait  plus  avant,  il 
trouva  une  garnison  s!  opiniâtre,  que 
par  les  fréquentes  sorties  qu'elle  fai- 
sait, on  aurait  eu  de  la  peine  à  dire  si 
c'était  lui  qui  attaquait  ou  qui  était  at- 
taqué, puisque  ce  général  ne  prenait 
pas  un  pouce  de  terrain,  que  les  assié- 
gés ne  le  reprissent  aussitôt  l'épée  à  la 
main.  Depuis  long-temps  on  n'avait  vu 
une  si  belle  et  si  longue  défense,  et  la 
fortune  secondant  la  valeur  de  M.  de 
Chamilli ,  il  ne  se  passa  presque  point 
d'occasion  où  il  ne  remportât  l'avanta- 
ge. Cela  fit  connaître  au  général  Raben- 
haut qu'il  s'était  trompé,  lorsqu'il  s'était 
flatté  de  réduire  cette  place  avec  le  peu 
de  monde  qu'on  lui  avait  donné;  et, 
comme  il  voyait  que  ses  troupes  di- 
minuaient tous  les  jours,  il  fut  obligé 
de  prendre  le  parti  de  se  forlifrer  dans 
son  camp,  pour  se  mettre  à  couvert 
des  fréquentes  entreprises  de  M.  de 
Chamilli ,  qui  ne  se  contentait  pas  de 
l'attaquer  dons  ses  tranchées,  mais  jus- 
qu'au milieu  de  ses  tronpes.  Il  prit  cette 
résolution  d'autant  plus  tôt,  qu'il  sa- 
vait bien  que  le  prince  d'Orange  atten- 
dait tous  les  jours  les  troupes  de  l'é- 
lecteur de  Brandebourg,  qui,  ayant 
manqué  au  traité  fait  par  le  roi,  s'était 
lié  avec  ses  ennemis,  et  que  lorsqu'el- 
les seraient  arrivées,  aussi  bien  que  les 
troupes  de  Brunswick ,  il  était  impos- 
sible que  le  roi  ne  fût  obligé  û'alTaiblir 
l'armée  du  prince  de  Condé  {Kmr  ren- 
forcer celle  de  M.  de  Turenne  qui  était 
très  faible  sur  le  Rhin,  et  que,  par  ce 
moyen,  le  prince  d'Orange  serait  en 
état  de  lui  envoyer  un  renfort  de  trou- 
pes pour  achever  cette  entreprise.  Ce- 
pendant M.  de  Chamilli ,  profitant  do 


638  M  LA  DirusK 

repps  qa'oo  lui  lussait,  fit  travailler  à 
fortifier  les  endroits  de  la  place  qui  en 
avaient  besoin,  en  quoi  il  fut  bien  se- 
condé par  sa  garnison.  Il  se  passa  pen- 
dant ce  temps-là  plusieurs  actions  par- 
ticulières. M,  de  Chamilii  manquant 
d'argent,  et  les  otages  hollandais,  pour 
les  contributions,  étant  renfermés  dans 
Qrave,  ili  rentraient  au  pouvoir  des 
États-Généraux  après  la  prise  de  cette 
place,  et  c'est  ce  qui  avait  déterminé 
les  alliés  à  s'attacher  plutôt  à  cette  con- 
quête qu'à  toute  autre,  et  parce  que  la 
plupart  des  munitions  de  guerre,  qu'on 
avait  retirées  des  places  hollandaises 
que  la  France  avait  abandonnées,  y 
avaient  été  réunies.  Le  comte  d'Estra- 
des ,  qui  commandait  dans  Mastricbt , 
détachaM.deMelin,  colonel, qui  trouva 
moyen  d'entrer  dans  Grave,  d*y  porter 
de  l'argent,  d'en  retirer  les  étages ,  de 
passer  à  travers  les  ennemis,  et  de  les 
conduire  à  Mastricht.  Tout  cela  fit  que, 
lorsque  le  prince  d'Orange  y  arriva, 
;  avec  l'armée  hollandaise»  api  es  la  levée 
du  siège  d'Oudei^arde,  le  siège  n'était 
pas  plus  avancé  que  le  jour  que  le  gé- 
néral Rabenbaut  y  avait  ouvert  la  tran- 
chée. Le  2^  octobre»  le  prince  d'Orange 
fut  joint  par  le  prince  Charles  de  Lor- 
raine, par  le  Rheingraveet  par  le  prin- 
ce de  Waldek.  Ce  prince  se  préparait 
i  pousser  vigoureusepneiit  le  siège,  et 
M.  de  Chamilii  à  défendre  la  place  avec 
.  la  même  opiniâtreté  et  la  même  valeur 
<pi'il  avait  déployées  pendant  quatre- 
vingt-treize  jours,  toute  ruinée  qu'elle 
était  par  les  bombes,  lorsqu'il  reçut  des 
ordres  du  roi  de  se  rendre,  pour  con- 
serrer  la  vie  A  tant  de  braves  gens  qui 
y  étaient,  et  qui  auraient  péri  inutile- 
ment, si  on  leur  eût  permis  d'en  con- 
.  tînuer  la  défense* 


Siéfe de PbUlpiboart pv  ie  priocedeladi, 

en  1076. 


En  1676,  le  prince  Frédéric  de  Bade- 
Dourlach,  général  de  !^armée  des  Cer- 
cles, fut  chargé  du  siège  de  Philips- 
bourg.  M.  Du  Fay,  gouverneur  de  li 
place,  prit  de  son  cAtè  toutes  les  me- 
sures jiossibles  pour  une  longue  dé- 
fense; il  fit  de  si  continuelles  sorties 
sur  leurs  approches,  qu'ils  ne  furent 
en  état  d'ouvrir  la  tranchée  que  la  nuit 
du  2&  au  25  de  juin.  Dès  .e  lendemaîo 
matin ,  les  travailleurs  furent  mis  en 
fuite,  et  les  travaux  en  partie  comblés 
par  les  assiégés.  Tant  que  le  siège  dura, 
les  impériaux  ne  prirent  pas  un  pouce 
de  terrain,  qui  ne  leur  fût  disputé 
avec  la  dernière  opiniâtreté,  et  dont 
on  ne  les  chassAt  le  moment  d'après. 

Les  troupes  qui  attaquaient  la  place 
grossissant  tous  les  jours  par  celles  que 
les  États  de  l'empire  et  les  conOSdérés 
y  envoyaient  continuellement,  et  les 
batteries  nouvelles  qu*îls  avaient  f».ita 
ayant  commencé  à  tirer  le  9  de  juillet, 
à  l'attaque  du  prince  Hcrman  de  Bade, 
et  le  17,  à  celle  du  comte  de  West- 
millier,  elles  firent  un  grand  effet.  Ce- 
lui-ci attaqua  un  petit  ouvrage  déta- 
ché, qu'il  emporta;  mais  dès  le  lende- 
main, il  fut  repris  par  les  assiégés.  Le 
comte  de  Westmiiller  l'ayant  fait  atta- 
quer, une  seconde  fois,  le  même  jour, 
il  l'emporta  encore  ;  mais  le  déborde- 
ment du  Rhin  étant  survenu,  le  con- 
traignit de  Tabandonner  presque  aos- 
sitAt.  Tant  d'attaques ,  de  sorties  et  de 
combats  ne  pouvaient  se  passer  sans  la 
perte  de  beaucoup  de  monde ,  de  la 
part  des  assiégeans;  ils  y  perdirent, 
entre  autres ,  le  prince  Pio ,  Fun  de 
leurs  généraux ,  qui  fût  tué  dans  la 
tranchée  le  29  juillet.  Le  même  jour, 
ita  commencèrent  à  tirer  quinze  mor* 


Dit  MAGBf  FORTES. 


689 


k  qui  foudroyèrent  la  place  pendant 
site  da  siège. 

MBme  OB  était  dans  les  plus  gran* 
chaleurs  de  Tété,  l'eau  fut  bientôt 
rée ,  et  les  assiégeons  travaillèrent 
I  beaucoup  de  diligence  i  réparer 
léSQffdre  que  le  débordement  avait 
ié  dans  les  tranchées.  Ils  avancè- 
fc  tellement  leurs  travaux,  que  M.  Du 
.11  savoir  à  U.  de  Luxembourg  que 
B*étaU  secouru  «  il  n'y  avait  pas 
Ken. de  conserver  la  place;  mais, 
une  il  n'en  recevait  point  de  ré- 
M,  il  vit  bien  que  sa  conservation 
éit  plutôt  sur  lui  que  sur  le  secours 
kwde  Luxembourg.  H  continua  ses 
lia,  dans  lesquelles  il  éprouvait 
4t  la  bonne  et  tantôt  la  mauvaise 
ine,  mais  qui  retardaient  toujours 
tiwraux  des  Allemands.  Un  jour, 
•fe  hit  un  détachement  plus  Tort 
l'ferdinaire,  il  poussa  ceux  qui 
ieat  la  tète  de  la  tranchée ,  et  fit 
f  Cent  ce  qui  était  devant  lui  ;  mais 
ilKHipes,  étant  sur\'enues  au  se- 
Bides  assiégeans,  l'obligèrent  de  se 
rer,  après  avoir  perdu  cinquante 
unes,  ce  qui  lui  fit  prendre  le  parti 
gp^pUis  faire  que  de  petites  sorties, 
ir  conserver  son  monde, 
lependunt  le  Rhin  déborda  encore 
KfMB ,  et  incommoda  beaucoup  les 
légeins;  nuiis  les  eaux  s'étant  écou- 
f  coBune  la  première  fois ,  ils  réta- 
ipt  les  travaux  qui  avaient  été  un 
iftndommagés ,  et  se  virent  en  état 
iifner  le  chemin  couvert,  ce  qu'ils 
Wiile  9  août.  Ils  entreprirent  cette 
Hto  avec  de  gros  détachemens  qui 
■chèrent  en  même  temps  sur  tout 
bwt  de  Touvrage  écornes.  Après 
ervésîstanoe  des  plus  vives  et  des 
li  opiniâtres  de  la  part  des  assiégés, 
M  emporté  du  côté  de  l'attaque  du 
iiqnis  de  Bade;  les  Allemands  y  fi- 
ât une  perte  si  considérable,  que  les 


caporaux  des  régiroens  de  Souches,  de 
Staremberg,  de  Pio  et  de  Grana ,  qui 
donnèrent  de  ee  côté-là,  se  trouvèrent 
commandans.  Les  impériaux  y  eurent 
quinze  cents  hommes  de  tués.  M.  Du 
Fay  fit  le  lendemain ,  pour  le  repren- 
dre, une  tentative  qui  ne  lui  réussit 
pas,  et  les  ennemis  s*y  logèrent  entiè- 
rement. 

M.  le  maréchal  de  Luxembourg, 
ayant  reçu  du  roi  l'ordre  de  marcher 
au  secours  de  la  pla<*c,  fit,  pour  y  par- 
venir, tous  les  efforts  qu'on  pouvait  se 
promettre  d'un  si  grand  général  :  mais 
ayant  reconnu  Tiropossibililé  de  forcer 
les  lignes  du  prince  de  Bade,  il  repassa 
le  Rhin.  Alors  M.  le  duc  de  Lorraine 
somma  de  nouveau  M.  Du  Fay  de  se 
rendre,  tout  espoir  d'être  secouru  s'é- 
tant évanoui.  Il  lui  fit  dire  qu'il  avait 
acquis  assez  de  réputation ,  en  défen- 
dant cette  place  avec  tant  de  valeur 
pendant  un  si  long  temps,  afin  de  pou- 
voir obtenir  une  capitulation  honora- 
ble, qu'il  n'aurait  point,  s'il  tardait  à  le 
faire.  Le  gouverneur  fit  réponse  que 
s'il  voulait  envoyer  quelqu'un ,  il  lui 
ferait  voir  que  par  l'état  de  sa  garnison 
et  des  fortifications  de  la  place,  il  ne 
pouvait  pas  accepter  lo  parti  qu'il  lui 
proposait,  sans  risquer  de  perdre  l'es- 
time qu'il  avait  eu  la  bonté  de  marquer 
pour  lui.  Nonobstant  cette  réponse,  il 
se  voyait  consumer  tous  les  jours  ;  et , 
quoique  sa  garnison  fût  de  bonne  vo- 
lonté, et  le  corps  de  sa  place  bon,  il  lui 
restait  si  peu  de  poudre,  qu'il  était 
obligé  de  faire  tirer  du  canon  rare- 
ment. Il  trouva  moyen  do  le  faire  sa* 
voir  a  la  Cour,  par  un  homme  qu'il  fit 
sortir;  sur  quoi,  M.  de  Louvois  lui  fit 
dire,  de  la  part  du  roi,  qu'il  était  si  sa- 
tisfait de  la  longue  défense  qu'il  avait 
faite,  qu'il  pouvait  rendre  la  place  lors- 
qu'il le  jugerait  à  propos  ;  cette  per- 
mission ne  ralentit  point  sa  fermeté  et 


MO 


M  i^  vtnmu 


son  courage.  Le  prioce  de  fiade*Dour* 
^  lach,  ayant  fait  attaquer  la  partie  du 
chemin  couvert  dont  il  n'avait  pu  se 
rendre  maître,  il  le  défendit  avec  tant 
de  valeur,  que  les  ennemis  ne  s'en  vi- 
rent les  maîtres  qu'après  une  action 
très  vive  et  très  longue,  et  qu'après  y 
avoir  eu  un  grand  nombre  de  soldats 
tués  et  blessés  :  parmi  ces  derniers 
était  le  duc  Frédéric  -  Auguste  de 
Brunsvick  -  Woirembutel ,  qui  com- 
mandait cette  attaque^  où  il  fut  lui- 
même  dangereusement  blessé. 

Sitôt  que  les  ennemis  se  virent 
maîtres  de  tout  le  chemin  couvert ,  ils 
y  établirent  des  batteries  pour  battre 
en  brèche  la  demi-lune  et  l'ouvrage  à 
cornes  ;  ils  attachèrent  à  la  demi-lune 
le  mineur  qu'ils  passèrent  au  moyen 
d'une  galerie.  Mais  les  assiégés  la  brû- 
lèrent et  tuèrent  le  mineur;  en  sorte 
qu'ils  furent  obligés  de  faire  une  brèche 
à  cette  demi-lune  avec  leur  batterie  ; 
elle  fut  assez  grande  le  3  de  septembre 
(1676)  pour  l'attaquer  après  avoir  fait  le 
passage  du  fossé.  Us  s'en  saisirent  avec 
moins  de  résistance  qu'ils  n'avaient  es- 
péré; mais  à  peine  y  eurent-ils  été  une 
demi-heure,  que  M.  Du  Fay  les  en 
chassa,  après  avoir  tué  une  partie  des 
troupes  qui  la  gardaient  et  qui  travail* 
laient  au  logement.  Les  troupes  qui 
flrent  cette  action  se  retranchèrent  si 
bien  sur  la  brèche,  que,  les  Allemands 
étant  revenus  une  seconde  fois  pour 
l'attaquer,  y  furent  repoussés,  ce  qui 
contraignit  le  prince  de  Bade-Dourlach 
de  prendre  des  mesures  pour  attaquer 
en  même  temps  cette  demi-lune  et  un 
des  demi-bastions  de  l'ouvrage  à  cor- 
nes; mais  H.  Du  Fay,  manquant  absolu- 
ment de  poudre,  et  ayant  reçu  des  or- 
dres du  roi  de  conserver  la  vie  au  reste 
d'une  garnison  qui  avait  donné  tant  de 
marques  de  valeur  pendant  le  cours 
d'un  si  long  siége^  fit  battre  la  chamade 


le  8,  au  grand  étonoemeot  dn  anié- 
geans,  qui  n'ayant  pu,  depuis  trois 
mois  de  siège  se  rendre  encore  maftres 
de  la  demi-lune,  eurent  de  la  peiae  k 
concevoir  ce  qui  pouvait  obliger  des 
gens,  qui  venaient  de  donner  tant  de 
marques  de  valeur  et  d'opiniâtreté,  à 
se  rendre  si  vite. 

Le  prince  de  Bade-Dourlach  accorda 
à  M.  Du  Fay  les  conditions  les  plus  ho- 
norables qu'il  demanda,  et  quoique  la 
retraite  de  M.  de  Luxembourg  et  les 
ordres  du  roi  flssent  assez  connaître 
aux  assiégés  qu  on  ne  songeait  plus  i 
les  secourir,  M.  Du  Fay  ne  laissa  pas 
d'obtenir  qu'on  mit  à  la  tète  de  la  ca- 
pitulation, qui  fut  signée  le  9  septem- 
bre, qu'il  ne  sortirait  de  la  pince  qae  le 
17,  si  avant  ce  temps-là,  elle  n'était  se- 
courue par  une  armée  royale  qui  y  Ht 
entrer  mille  ou  huit  cents  hommes  an 
moins.  Il  en  sortit,  le  jour  marqué, 
tambour  battant ,  mèche  allumée,  en- 
seignes déployées,  sa  cavalerie  l'épéei 
la  main,  avec  huit  pièces  de  canon,  oa 
mortier  et  quatre  bateaux  de  enivre;  M 
fut  conduit  à  Haguenan. 

Sfége  de  Itfutricht  par  le  prince  d*0raH*i 

en  1976. 

Le  prince  d'Orange  (dit  M.  de  Quia 
cy  ) ,  était  occupé  pendant  le  siège 
dAire  à  l'attaque  de  Mastricht;  l'ar- 
mée  avec  laquelle  il  tenta  cette  entre» 
prise  était  composée  des  troupes  de 
Hollande  d'£spagne,^e  Brunswid^  et 
d'Osnabruck ,  de  trgis  régimens  An* 
glais  et  de  quelques  régimens  de  ITm- 
pereur  et  de  Brandebourg  :  elle  se  trou- 
vait plus  forte  et  plus  nombreuse  qu'elle 
n'avait  encore  été  depuis  le  commen- 
cement de  la  guerre  ;  mais  l'entreprise 
était  difBeile,  non-seulement  k  cause 
des  fortifications  qui  étaient  excel- 
lentes, mais  encore  eu  égartf  à  dm 


WÊÈ  rlACt»  iOfttBi. 


ttt 


forte  gamnon  de  quatre  mille  cinq 
cents  hommes  d'infanterie,  savoir,  un 
bataillon  de  Picardie,  trois  de  Pié- 
mont,  deux  de  Bourbonnais,  on  de 
Jonsac  et  un  de  Yierset^  deax  régi- 
mens  de  cavalerie  et  un  de  dragons. 
M.  de  Calvo,  maréchal  de  camp,  offi- 
cier de  réputation  et  de  beaucoup  de 
valeur,  y  commandait  en  Tabsence  du 
maréchal  d'Estrades,  que  le  roi  avait 
envoyé  plénipotentiaire  à  Nimègue. 
U.  de  Calvo,  qui  avait  toute  sa  vie  servi 
dans  la  cavalerie,  et  n'était  pas  par 
conséquent  fort  entendu  dans  la  dé- 
fense des  places,  en  fit  Taveu  aux  offi- 
ciers qui  étaient  sous  ses  ordres ,  et 
leur  ordonna  de  prendre  les  mesures 
qu'ils  trouveraient  les  plus  convenables 
pour  faire  une  belle  défense ,  ajoutant 
qu'il  déférerait  volontiers  i  tous  les  avis 
et  aux  propositions  qu'ils  lui  feraient 
pour  le  bien  du  service,  et  qu'il  en  or- 
donnerait l'exécution ,  hors  celle  de  se 
rendre,  à  quoi  il  ne  consentirait  jamais, 
et  qu'il  périrait  plutôt  sur  la  brèche. 

Le  prince  d'Orange  ayant  déter- 
miné le  temps  pour  foire  investir  Mas- 
tricht,  laissa  i  Nivelle  une  partie  de 
son  armée,  sous  le  conunandement  du 
duc  de  Villahermosa ,  pour  observer 
les  mouvemensdu  maréchal  de  Schom 
berg,  qui  était  pour  lors  campé  à  Que* 
vrain ,  et  se  mit  en  marche  avec  le 
reste,  qui  montait  i  quarante  mille 
hommes.  Il  investit  la  place  le  7  juillet, 
il  fit  travailler  a^tx  lignes  de  circonval- 
lation  qui  était  d'une  longue  étendue, 
la  place  étant  d'une  grande  capacité, 
et  donna  tous  ses  soins  pour  taire  ar- 
river dans  son  camp  toute  l'artillerie 
et  les  munitions  nécessaires  pour  une 
si  grande  entreprise  ;  en  sorte  qu'il  fut 
en  état  d*y  faire  ouvrir  la  tranchée  le 
18.  Il  fit  d'abord  la  principale  attaque 
du  cAté  de  la  porte  de  Boisleduc  ;  mais 
f  ayant  fait  qm'Igiit»»'  •'«•pvnïix.  il  trouva 


à  propos  de  la  changer  et  de  la  pousser 
vers  un  bastion  détaché  qui  s'appelait 
Dauphin.  Les  travaux  qu'il  flt^aiw 
avançaient  fort  lentement  par  les  fré- 
quentes sorties  que  faisait  faire  M.  de 
Calvo  ;  de  sorte  qu'à  chaque  pas  que 
faisaient  ses  troupes,  elles  étaient  obli- 
gées de  livrer  autant  de  combats  ;  ce 
qui  forçait  le  prince  d'Orange  d*étre 
presque  toujours  dans  les  tranchées 
pour  aoimerses  troupes  parsaprésence. 
Les  assiégés,  pour  disputer  davan- 
tage la  terrain ,  travaillèrent  à  un  re- 
tranchement dans  le  bastion  Dauphin, 
pendant  que  les  assiégeans  s'en  étanl 
à  la  fin  approchés,  se  disposaient  à  l'at- 
taquer, après  que  le  prince  d'Orange 
en  eut  fait  la  disposition.  Cette  action 
se  fit  en  sa  présence  au  signal  con- 
venu ;  les  assiégés  se  précautionnèrent 
de  leur  oAté  pour  se  défendre;  les 
troupes  commandées  des  assiégeans 
y  marchèrent  avec  tant  de  valeur,, 
qu'après  un  long  combat  elles  chas- 
sèrent les  Français  de  Tangle  flanqué 
du  bastion,  et  travaillèrent  en  mèine 
temps  à  s'y  loger.  Les  assiégés  se  re- 
tirèrent derrière  leur  retranchement, 
d'où  ils  faisaient  un  grand  feu;  mais 
M.  de  Calvo,  qui  était  dans  le  dehors, 
fit  marcher  un  détachement  de  gens 
frais,  qui  attaquèrent  avec  tant  de 
courage,  qu'ils  les  chassèrent  après 
une  longue  résistance.  Le  prince  d'O- 
range, qui  était  présent,  ne  voulant 
pas  donner  aux  assiégés  le  temps  de 
s'y  fortifier,  à  quoi  ils  travaillaient  avei 
beaucoup  de  diligence,  y  fit  marche, 
des  troupes  d'élite;  l'on  combattit  ôt 
part  et  d'autre  avec  beaucoup  de  va 
leur;  mais  les  Français,  obligés  de  ce-* 
der  enfin  à  la  multitude,  se  retirèrent 
une  seconde  fois  ;  1^  de  Calvo  y  envoya 
encore  un  nouveau  détachement ,  qui, 
malgré  tous  les  efforts  qu'il  fit,  ne  put 
empêcher  les  ennemis  d'en  demeurer 


les  mniucs  et  ^«ul<»  cesftcliow  «ni-  !  d«  mmeàrrain4rc,l?seç9OTUy  W^'-- 
reiU  par  une  mi«e  que  M.  Oe  Cal  va  ût  ;  lèreul  et  se  retrçiM  lià^^it  da«s  les  ai- 
jouer,  qui  euleva  beaucoup  de  wopde  j  ues ,  el  le  prince  d'Oranpc  y  fit  éïaWir 


aux  ennemis.  Le  prince  d'Orange,  que 
la  graiiiie  porte  qu'il  avait  faite  dans 
ces  actions,  n^avaii  pnH  rebuté,  voyant 


du  canon  qui  battit  le  corps  de  la  place. 
Depuis  la  prise  de  œ  basiion,  doat 
on  a  donné  le  détail  à  cause  de  la  m- 


que  la  pointe  du  b«istion  était  teltemonl  j  gukirité  de  sa  défense,  les  ossiégésdi- 
ruinée  que  ses  troufies  ne  pouvaient  [  l'endîrcnt  pareillement  pied  à  pied  lei 


plus  s'y  lo;;er,  fit  pousser  le  travail  sur 
la  droite  pour  altai{uer  l'angle  de  Té- 
paulo;  les  Français  lîreut  une  traverse 
dans  ce  qui  leur  restait  de  bastion ,  et 
cr  u'i  en  plein  jour  et  avec  une  diligence 
incioyiible  ;  ils  m;  tinrent  sur  leurs  gar- 
des pendant  la  nuit  ;  mais  le  matin  du 
1*'  août ,  le  prince  d'Orafige  lus  ayant 
fait  attaquer,  les  assiégés  se  trouvèrent 
a  moitié  endormis,  et  avant  qu'ils  eus- 
sent le  temps  de  prendre  les  armes,  il 
y  en  eut  une  grande  partie  de  tués,  le 
reste  fut  chassé.  M.  de  Calvo ,  au  déses- 
poir de  la  perte  de  ce  bastion  ,  promit 
une  demi-pistole  a  chaque  H*hh\i  qui 
en  chasserait  les  ennemis;  il  s'en  pré- 
senta quatre  cents,  et  ajant  mis  de 
bons  officiers  à  leur  tête,  ils  marché- 
refit  aux  ennemis  avec  beaucoup  de 
valeur;  mais  ayant  été  reçus  avec  au- 
tant de  courage,  la  plupart  furent  tail- 
lés en  pièces ,  ce  qui  détermina  M.  de 
Calvo  à  faire  jouer  une  seroiidc  mine 
qui  emporta  en  l'air  la  plupart  de  ceux 
qui  étaient  dessus.  H  fut  question, 
après  cette  dernière  action ,  de  se 
rendre  mattre  du  dernier  bastion. 
Tontes  les  troupes  étaient  si  intimi- 
dées et  si  rebutées,  qu'on  fut  obligé 
de  donner  be^U'Oup  d'eau-de-vîe  à 
celles  qu'on  conimainla  ;  elles  attaquè- 
rent les  assiégés  awc  tant  de  furie, 
que  les  Français  se  culbutèrent  les  nns 
sur  les  autres,  et  il  ne  fut  pas  possible 
a  .M.  de  Calvo  de  les  faire  retourner  au 
combat;  il  Ht  jouer  une  troisième  mine 
qui  acheva  de  f»ire  sauter  le  bastion  et 
eeux  qui  étaient  dessus.  N'y  ayan»  f»«w? 


autres  ouvrages  et  avec  la  méoie  va- 
leur, de  faç4)n  qu'il  y  avait  sfx  semai- 
nes que  le  siège  durait ,  et  que  les  ee- 
nemis  n'étaient  point  cneore  maîtres 
de  la  contrescarpe,  )<trsque  le  prince 
d'Orange  apprit  que  le  maréchal  d'Ha- 
miéres,  après  la  prise  d'Aire,  avait  en- 
voyé la  plupart  de  ses  troupes  au  ma- 
réchnl  de  Schomberg ,  qui  avait  reçi 
ordre  de  marcher  au  secours  de  II 
place  ;  cela  le  porta  à  faire  des  eArti 
surprenans  pour  s'en  rendre  mal^ 
avant  son  arrivée.  Il  flt  attaquer  k 
9  août  le  chemin  couvert  de  Tounige 
à  cornes  et  d'une  demi-lune.  Après  nae 
très  kingue  résistanciî,  le  feu  s'étint 
mis  à  la  poudre  et  aux  grenades  dei 
assiégés,  à  la  gauche  de  l'attaque  dei 
ennemie,  ce  dt'"Sordre  fût  cause  qaHs 
l'emporti-rent  de  <-c  rdté-lè,  non  sans 
une  grande  perte  ;  mars  du  cAté  de  U 
droite  ils  ne  purent  s'en  rendre  nul- 
Ires  que  le  12 ,  qu'ils  l'attaquèrent  nae 
seconde  fois. 

Ils  furent   oa'upés  an  passage  do 
fossé  et  à  faire  brèche  à  l'ouvrage  i 
cornes,  jusqu'au  dix -huitième  jour 
qu'ils  l'attaquèrent:  mais  quelques  ef- 
forts qu'ils  fissent  pour  l'emporter,  ib 
furent  m  vigoureusement  repoussés, 
et  les  mines  en  enlevèrent  un  si  grand 
nombre,  qu'après  un  combat  opiniâtre 
de  part  et  d'nutn»,  leurs  sol  iats  rebutés 
se  retirèrent  en  confusion  dans  leurs 
travaux. 

Cependant  le  prince  d'Orange  sa- 
chant que  le  maréchal  de  Schomberg 
était  déjà  fort  près,  rc^l^ii  de  faire  mit 


Dfiâ  PLAGBà  i^OttTRS. 


649 


cet  ouvrage  à  cornes  un  dernier  effort, 
dans  l'espérance  que  lU.  de  Calvo  se 
rendrait,  si  cet  ouvrage  était  pris, 
d'anttfnf  phis  (jo'if  y  avait  une  grande 
brèche  au  corps  cfe'ta  place.  Il  fit  pour 
cet  elRït  tn  détacheniènC  de  la  plus 
j^nde  partie  deà  offfciers  (finrantcrie 
de  son  andé^,  dont  il  fdrma  un  corps, 
qu'il  envoya  à  Taftaque  fe  26?  août  en 
plein  midi.  Ce»  officiers  allèrent  à  Pas- 
sant avec  beaucoup  de  Gerté  et  de  va- 
leur ;  mais  Ils  trouvèrent  une  si  grande 
résisfance  de  ta  part  des  troupes  qui 
gardaient  cet  ouvrage,  qu'"aprés  avofr 
fcft  one  perte  Irréparable  pour  leur  ar- 
mée, Ib  ftirent  contraints  de  se  retirer. 

Le  maréchal  de  Schomberg  ayant 
reçtflés  troupes  que  te  maréchal  dllu- 
mières  tnl  arait  envoyées,  se  mît  aus- 
sitAt  en  mouvement  pour  combattre  le 
prince  d'Orange  ou  pour  Tobliger  à  îe- 
ver  fe  sîége.  11  fît  iifarcher  une  lieue 
df^tft  foi  Kf .  de  l^ontat  avec  huit  mille 
hommes,  dont  étaîent  tous  les  grena- 
diers de  t*armée;  il  suivit  ce  corps, 
marcha  sur  huit  colonnes,  ses  bagagies 
dans  le  milieu  ;  Il  arriva  dans  cet  ordre 
k  une  Keue  de  Tongres,  oà  it  fit  tirer 
trente-den^  pièces  de  canoir  pour 
avertir  M.  de  Galvo  qu'il  marchait 
i  smr  secoiirsr. 

Le  prince  d^Orsngé,  instruft  de  .«a 
maithe,  eit  voyant  que  Tes  derniers 
efforts  qn'il  at^aft  Faits  lui  avaient  été' 
inutiles,  a^embîa  un  conseil  de  guerre 
dans  lequel  M  fut  arrêté  de  lever  le 
siège,  tr  donna  anssltôtdes  ordres  pour 
conduire  la  grosse  artillerie,  les  muni- 
tions, fes  mafades  et  les  btessés  sur  le 
bord  de  la  Meuse,  où  ils  furent  em- 
barqués. Il  releva  toutes  les  gardes  et 
se reHrar ensuite  avec  beaucoup  d'ordre. 


1       -  • 
nombre  de  fois  et  toiyours  défendue 

avec  éclat.  Elle  fut  prisç  le  11  sepi^qi:- 

bre  I7ii  par  W  fr^qRp,  9PW  ?«|,«tr 
dres  du  maréchal  ae  Berwick,  après 
onze  mois  de  blocus,  et  soiiante-uu 
jours  de  tranchée  mjl^erte»  La  dernière 
attaque  dura  dilptflâ  qtStte  heures  du 
aaUfrfusfikà  mmv  q/m  la»  ■liiiféi  it 
rati?èv^nf  Ams  iê  nMvMlH  tlIM,  qui 
ft*est  réparée  de  fautre  que  pa^  une 
sinaple  muraille,  tb  se  rendirent  exiifia 
à  dj^crétMHQ^  sur  te|miBi«Ba#  <|Mr:kttr 
fil  leiMiédMl,  d»  cwwêftflr  Mer  vie 
et  de  saiffer  hr  VlTIef  M  pRfdge,  Aibyèn- 
nant  une  somme  cL'9r|||^u^^^^gn(^  j;on- 
viendrait,  te  ?ïége  ftvaJt  4tj^.  jffmtifi 
avec  vigueuf  et  soutejpu  ^v^^Qpinii|^ 
treté.  Les  femmes,  1^  yr^i^^  l^  ce^- 
ligieux,  tout  ay wt .  été  .  Wl*it.  On 
con^pta  parnu  \gs^  m^Q^ta  fij^  de  ^pq 
cent  quarante  eccléaj/fatïqttei^séGiiUiw 
et  réguliers,  ii^9,yAmi  provié,  fur 
mille  exploits  «  qfj^  ^elquefoii^  $(m 
le  froc  il  $e  trouv.^  v^  griHHl.CiQiinitti. 

9tê^.  fit  btdea<^  &é  Ùènéi  féx  les  AnVricÊient 
é#  tel  iVcigM^  éD  itM. 


8îége  de  Barcelone  par  le  maréchal*  B<iriHett , 

lA  Tille  de  Barcelone  a  été  assiégée 


La  dCliénse  de  Gâai^«  wiSQQii  ipr 
Faiie  droite  4^  TarvoM^  d*lt«lie^  4W»  \fi 
commandement  du  #Dé<^).  ep  ^ef 
Masqua,  qui  s'éiaît  li^^nifriyM^  ei^feiiiié 
dans  lu  place,  est  l'une  ^  plua  ototir 
nées  et  des  plii9brUlai4ei-(|iie<naiyr  i^ 
fre  le  tableau  de  TIU^tMre  modeo^ 
£Ue4  duré  depuij^  le&gfriau^eB  vw 
ijk  avril  1800)  jusqu'en  &  B»iriel,  c'esK- 
à-dire  soixante  jours,  dans  le  dénue- 
mefAt  te  plus  absolu  et  Fes  ptùB  horri- 
bles privations.  Le  journal  de  cette  dé* 
fense  ayant  été  rédigé  et  publiiîi  aoii^ 
iee  auspieee  du  géaéral  en  chef t  jmtmi 

agimer  distimg^é  de  êëtt^  armé»,  ^ai  atmk 
àti'^méme  coopéré  à  toutes  les  ôpéroitonÉ^ 

nous  ne  nous  permettrons  pas  d*en  rten 
retrancher.  Ce  journal  doit  être  lu  ^ 
son  entier  et  médité  par  tous  les  niU* 


9kk 


M  LA  DtoBMSt 


taiiM  appelés  à  défendre  les  places , 
comme  une  source  d^instructions  pré- 
cieuses ,  et  comme  un  modèle  admi- 
rable de  oonstaDce  et  d'intrépidité  (i). 


CHAPITRE  n< 


temps  de  pfdit  4ét  lenr  trHvéc  dene  une 
plec«,  les  coiDinaDdaiii  et  les  ofllcien  du  génie 
aQiquels  cette  place  est  confiée.  —  Des  pro- 
priétés de  celte  place  relativement  à  yen- 
senMe  de  la  froaiièrtt.  —  Do  site.  -  De  la 
Cmom  des  oafngee  etde  lenra  rapportt  res- 
pectif. —  Des  bâtlmeBS  militaires. 

Après  avoir  montré  ceque  la  conser- 
vation des  forteresses  exige  du  courage 
de  leurs  défenseurs,  nous  examinerons 
ce  qu'elle  réclame  de  leurs  talens. 

La  bravoure  étant  supposée  la  même 
entre  l'assiégeant  et  l'assiégé,  il  est 
évident  que  celui-d  sera  forcé  de  cé- 
der à  l'autre,  s'il  n'existe  pas  poiu*  lui 
un  art  qui  le  dirige  dans  le  dioix  de 
ses  positions,  qui  lui  apprenne  à  se 
couvrir ,  à  former  autour  de  lui  une 
enceinte  dont  toutes  les  parties  se  sou- 
tiennent mutuellement,  à  employer 
enfin  de  la  manière  la  plus  avantageuse 
les  armes  qui  sont  à  sa  disposition. 

L'intention  de  Sa  Majesté  n'a  point 
été  que  cet  écrit,  composé  par  ses  or- 
dres ,  nt  un  traité  de  cet  art,  puis- 
qu'elle est  informée  qu'il  existe  sur  ce 
sujet  d'excellens  ouvrages  consacrés 
spécialement  à  l'instruction  des  élèves 
du  corps  du  génie  ;  mais  elle  a  voulu 

(1)  Lejottmal  da  alége  de  Gènes,  rappelé  par 
Csrnot,  a  été  rédigé  par  le  Heotenantr-général 
baron  Thlébàult,  Tan  des  officiers  d*état-miJor 
'Minéral  tes  plus  distingués  de  FEarope.  Ce  do- 
snmwl ,  q«a  Canot  recommande  à  la  médita- 
Ita  de  tons  les  mililnires  appelés  à  défendre 
las  places»  est  devenu  bien  rare  :  nous  saurons 
eepandant  nous  le  procurer,  et  nous  nous  fe- 
rons nn  devoir  de  le  mettre  soos  les  yeux  de 
tt09  lecti»urfi.  ( iV.  dss  Réd.', 


qu^on  y  rappelât  les  principes  essen* 
tiels  à  une  belle  défense,  et  qu'on  re- 
mit sous  les  yeux  des  militaires  plu- 
sieurs points  trop  négligés  jusqu'à  ce 
jour ,  quoiqu'ils  soient  les  plus  décisifs 
pour  leur  propre  gloire  et  pour  la  sû- 
reté de  l'État.  Je  n'insisterai  donc  pas 
sur  ces  points  principaux,  et  je  passerai 
rapidement  sur  les  autres. 

La  première  chose  qu'ait  à  faire  on 
commandant  ou  un  oflBcier  du  génie 
qui  arrive  dans  une  place,  est  de  Têtu- 
dier  à  fond  pour  en  connaître  les  rap- 
ports, l'ensemble  et  les  détails. 

Il  doit  s'appliquer  à  connaître  ses 
communications  soit  par  eau,  soit  par 
terre,  avec  les  places  voisines ,  amies 
et  ennemies,  pour  donner  la  main  aox 
premières  et  contrarier  les  opérations 
appuyées  par  les  secondes ,  pour  faire 
de  petites  diversions,  harceler  par  ses 
détachemens  l'ennemi,  intercepter  ses 
convois,  lever  des  contributions  dans 
son  pays,  surprendre  quelques-nos  de 
ses  quartiers  ou  postes  mal  gardés. 
Nons  ne  répéterons  pas  ce  qui  a  été 
établi  au  sujet  de  l'utilité  des  places 
fortes  en  général  dans  le  chapitre  II 
de  la  première  partie  ;  il  suffira  de  dire 
ici  qu'on  doit  appliquer  ces  principes 
généraux  à  la  place  qu'on  veut  eianii- 
ner,  afin  de  connaître  les  propriétés 
qui  lui  sont  propres,  relativement  à 
l'ensemble  de  la  frontière. 

Il  faut  ensuite  discuter  avec  la  plus 
grande  attention  tout  ce  qui  tient  au 
site  de  la  place  et  aux  acddens  du  ter- 
rain qui  l'environne. 

«Dans  une  longue  paix,  dit  M.  de 
»  Yauban,  les  gouverneurs  et  les  pria- 
»  cipaux  officiers  des  places  fortes  ou- 
»  blient  que  leurs  villes  peuvent  être 
»  assiégées,  et  ils  en  négligent  les  en^ 
»  virons. 

a  Le  gouverneur  ne  doit  jamais  rien 
»  souBrir  sous  la  portée  de  son  canon, 


DBS  IPiACM  FOim. 


«fr 


»qai  pnifliâ  loi  dérober  tt  vue  des  en- 
»  Demifi  ;  il  ne  doit  y  laiwer  aucun  fossé 
>  sec  à  remplir,  aucun  buisson  à  cou-r 
>per,  aucune  émioence,  s'il  est  possi- 
9  ble,  sans  la  faire  raser  et  aplanir. 

9  II  doit  tous  les  jours  s'attaquer  lui* 
»  même  en  secret,  et  chercher  autant 
»de  différentes  défenses  qu'il  invente 
»  de  nouvelles  attaques.  » 

Il  faut  donc  '  eiaminer  si  la  place 
n'est  point  dominée  par  quelques  Iuuh 
leurs  à  la  portée  du  canon.  C'est  leur 
défaut  ordinaire  ;  car  le  besoin  d'eau 
ayant  déterminé  à  les  bâtir  presque 
loutes  sur  des  rivières ,  il  anive  com- 
munément que,  soit  d'un  c6té  soit  d'un 
autre,  et  souvent  de  plusieurs  côtés  à 
la  f<Âs,  la  place  se  trouve  commandée, 
ou  du  moins  dans  quelques  parties 
de  sa  fortiGcation.  On  remédie  à  cela 
jusqu'à  un  certain  point  par  l'art  d'éta- 
blir le  relief  par  rapport  au  terrain, 
c'est-à-dire,  de  diriger  les  branches  et 
les  terre-  pleins  des  ouvrages,  de  ma- 
nière que  l'intérieur  ne  puisse  en  être 
vu  du  dehors,  malgré  l'élévation  du  ter- 
rain extérieur.  Cet  art  est  connudans  les 
écoles  sous  le  nom  de  déClement^  il  ap- 
partient à  une  théorie  dont  on  occupe 
spécialement  les  élèves  du  corps  du  gé- 
nie. Mais  comme  ce  défilementaété  gé- 
néralement assez  mal  observé  dans  les 
anciennes  places,  il  faut  que  les^iSciers 
du  génie,  employés  dans  ces  places, 
s'occupent  à  y  remédier,  autant  que 
possible  par  des  mouvemens  de  terre 
dans  l'intérieur,  ordinairement  peu 
dispendieux,  lorsque  ces  hauteurs  sont 
médiocres;  mais  si  elles  sont  considé- 
rables, cela  sera  plus  difficile  ;  voici  ce 
que  dit  à  ce  sujet  M.  de  Vauban  : 

«  Les  cavaliers  et  les  grosses  traver- 
»ses  sont  nécessaires  à  plusieurs  pla- 
B ces;  les  traverses  pour  parer  aux  en- 
»  filades  de  quelques  parties  comman* 
»  dées ,  et  ie^  cavaliers,  pour  &ll^  l^ 


vmAme  effet,  et  oomnander a queU 
»ques  parties  du  dehors  on  l'élévation 
»du  rempart  ne  peut  découvrir;  mais 
»il  ne  faut  point  les  mettre  dans  les 
»  bastions,  s'ils  ne  sont  revAtns  et  ab- 
»soluop«nt  «^hawés  de  leur  ten^« 
»  plein. 

»Les  commandemeiis  nuisibles auE 
»  places,  sont  ceux  qui  se  trouvent  dais 
»  l'étendue  de  la  portée  du  canoB;,plBS 
»  ils  sont  près,  plus  ils  sont  dangereux. 
»  Quand  on  peut  les  raser,  c'est  tou- 
»  jours  le  mieux,  sinon  il  faut  les  oocu* 
»  per  par  quelques  ouvrages,  ou  s'en 
»  éloigner,  en  sorte  que  toutes  les  vues 
»  d'enfilade  qu'ils  pourraient  avoir  sur. 
»  la  fortification ,  leur  soient  bouchées 
»  par  des  traverses  à  l'épreuve,  placées 
Ȉ  propos,  et  capables  d'en  rompre 
»  reflet.  » 

Les  commandemeos  dont  nous  ve- 
nons de  parler  sont  ou  grand  désavan- 
tage; mais  ce  désavantage  est  ordinai- 
rement racheté  par  d'autres  circons- 
tances favorables  que  M.  de  Vauban  a 
détaillées  avec  soin.  Son  grand  art 
dans  la  construction  des  phices  était, 
conune  l'on  sait,  de  profiter  habile- 
ment de  ces  circonstances  ou  acddens 
du  terrain  ;  il  sera  donc  très  utile  de 
méditer  ce  qu'il  dit  sur  ce  point  essen-; 
tiel,  le  voici  : 

«  Il  n'y  a  point  de  place  qui  n'ait 
»  quelque  propriété  particulière  qfi\ 
»  peut  lui  être  avantageuse,  quand  on 
»8ait  la  découvrir  et  en  profiter. 
»Par  exemple,  s'il  y  en  avait  ude 
»  coupée  en  deux  par  une  rivière, 
•  chose  assez  commune,  c'est  une  pro- 
>  priété  dont  on  «leut  tirer  plusieurs 
»  avantages. 

»  1*  Si  l'ennemi  attaque  par  un  des 

»  côtés  des  entrée  ou  sortie  de  cette 

»  rivière,  et  qu'il  n'occupe  pas  l'autre  ; 

»  de  là  même  on  pourra  se  prolonger 

j  »  sur  oehii  qui  r  e  sera  point  sttac^. , 


«« 


Ml  lA  MSPBWB 


1»  prendre  des  re? en  mr  les  irandiéès.  | 
»  i*  S'il  attaqae  par  les  deui  <*Atés  i 
y»  de  (a  rivière  à  la  fois,  ^es  attaques 
»  étant  divisées ,  H  aura  de  la  peîiie  à 
»tes  soutenir,  et  il  sera  obligé  de 
»  monter  beaucoup  plus  ftrt;  sinon  il 
i>  sera  eiposé  à  être  battu  à  Tune  ou  à 
ttt'mitl^deseB  atla^ties  par  les  sorties, 
»àeiiue  de  (a  difllenité  des  communia 

•  ealions  interrompMs  par  le  canal  de 
»  M^  rivière. 

»  S""  S'il  y  a  des  retenues  d'ean  ou 
»des  écluses  à  l'entrée  de  cette  place, 
»en  arrêtant  les  eaux  on  pourra  inon- 
»der  quelques  parties  des  environs, 
»eoniMie  à  Ondenarde,  Tournay,  Con- 
»  dé,  Menin ,  Douay,  Valencicnnes  et 
»  plusieurs  antres  qui  ont  ces  avan- 
ie tégei;  ao  moyen  desquels,  grande 
»  partie  de  leur  circuit  devenant  inac- 
»  cessible ,  c'i'st  un  avantage  considé- 
»rablc;  et  si  on  peut  ménager  des 
6  conrans  dans  les  fossés,  ce  sera  en- 
»  core  un  nouvel  obstacle  qu'on  op- 
»  posera  &reniiemi. 

tttt^'Si  la  place  est  environnée  de 
0  marais  qui  n'en  permette:  it  les  ap- 
»  proches  que  par  des  chaussées,  c'est 
Bûn  grand  avantage,  en  ce  que  les 
s  tranchées  en  sont  toujours  mauvaises, 
»  sujettes  ani  écharpes  et  aux  eriHIades 
»du  canon  de  la  place,  ce  qui  rend  leur 
ii marche  fort  tente  et  très  meurtrière, 
È  et  donné  moyen  à  la  place  de  pouvoir 
»  défendre  son  chemin  couvert  de  pied 
»  ferme,  comme  aussi  le  loisir  de  pré- 
»  parer  les  retranchemens  des  autres 

•  parties. 

dS^'S!  une  partie  du  circuit  de  la 
»  place  est  située  sur  des  rochers  es- 
»  carpes,  et  à  l'abri  de  l'escalade,  c'est 
Doutant  de  pièces  inaccessibles;  et  par 
»  conséquent  un  avantage,  en  ce  que 
u  cette  partie  f^a  pas  besoin  de  grands 

•  soiu$9  ni  de  beaucoup  de  troupes 
»  pour  M  sûreté. 


»  0"  S'il  y  a  de  grands  dehon  a  ta 
»  plate ,  comme  des  ouvrages  L  oome 
»  ou  à  couronne,  quelque  pièce  équiva 
x>  lente  de  plus  que  les  dioses  ordinti 
)>res;  oà  cela  se  trouvera,  ce  aen 
x>  autant  de  moyens  d*eh  |MHivolr  re- 
»  doubler  la  défense,  ou  de  la  prolonger 
»consMérablemefit,  parce  que   Ton 
))peut  opiiiiAtrer  la  résistntice  de  eei 
9  pièces ,  sans  crainte  que  si  elles  5<Mit 
»  emportées  de  vive  force ,  cela  pmne 
»  exposer  le  corps  de  la  pbce  à  quelqia 
»  événement  FAcheux; 

»  T  S'il  y  A  des  demi-hines  doilMei, 
»  dont  les  intérieurs  soient  revêtus, 
»  c'est  un  moyen  sûr  de  prolonger  II 
B  défende  de  la  grande,  et  de  faitt  va^ 
»  loir  tous  les  autres  petits  retranHto- 
f>  mens  qu'oti  y  voudra  fdire ,  sini 
A  crainte  que  leur  prise  puisse  être  soi- 
»  vie  d'un  succès  qui  mette  la  place  ei 
»  danger. 

»  ^  S'il  y  a  des  pièces  cotlAtéràlei 
»  qui  aient  des  vues  ou  quelques  croi- 
9  sées  sur  les  fronts  attaqués,  ce  MS 
»  encore  un  os  a  rohger  pour  l'enus- 
»  mi,  auquel  elles  causeront  du  retarl 
»  pour  se  pafer  de  leur  eiBst,  si  on  sait 
0  en  niire  un  empkA  contenable. 

f>  O*"  S'il  y  a  quelques  flancs  dans  b 
»  front  attaqué ,  dont  l'opposé  direct 
»  ne  puisse  être  occupé  par  les  bâtie- 
)»  ries  entiemies,  ce  flanc  sera  très  t^ 
p  neste  à  i*ennemi,  parce  que  pouvant 
»  faire  usage  de  son  canon  et  de  la 
»  mousqueleriè  dans  le  temps  d^in  oh 
s  saut ,  il  pourra  lui  faire  manquer 
»  son  coup ,  et  lui  Causer  de  grandai 
»  pertes. 

0 10*  S'il  y  a  des  nctranvhcmen^  ra- 
»  vêtus  dans  les  bastions  aCtaqués,et 
»  de  longue  main  préparés,  que  l'en- 
»  nemt  ne  puisse  pas  ruiner  par  ses 
»  batteries  du  dehors,  la  garnison  poo^ 
»  ra  liardiment  soutenir  plusieurs  is« 
a  sauts  m  GortM  de  la  place,  on 


icNNldrè  4«réM  p«Më  Mie  etn- 
»  portée» 

I»  tl^  S1I  y  a  «lie  tMllè  enceinte 
B  intérieure  sur  pied  en  tout  ou  en 
»  lîérlie,  (ttl'elle  Wîl  l-éi^êtee,  fet  qu'elle 
»  aTOffiin^  le  ëërrier^  ilb  la  farilficàtibn  ' 
»  iliôiKmé  alUimitîfe,  bn  l)burrti ,  selon 
•  (tutelle  sera  tfiêpd^éë,  W  hire  «orvli- 
»  d'ttti  bon  tiÉtranchemett^  à  MCiflc  fln 
9  que  te§  pi'écédèflfl^é 

»  ir  8{  tô  fdèié  éê  M  plare  e«t  re- 
»  vélu ,  l'ennemi,  ëti  ftilanl  ft  liassent, 
9  m%  oblige  de  défiler  par  tes  Bblilel^ 
»  euvettur^  et  défenses  ^(l'il  se  sera 
9  faites;  ce  qui  lui  causera  urt  désëvaiv- 
B  têffà  GonsidéraMé.  » 

Loft dtan^  qu'on  fera  l'etaihen  d'une 
plaM  Mrte,  M  hêtsi  liéce^saire  de  tUer 
soft  cttMiièD  sar  (ihacftné  de  teê  pro- 


DBS  PIACBS  FORTJBS.  ^^^ 

h  ^and  on  le  peut  fV'  dtl  ttatr «n**' 
a  et  spacieux. 

»  Ne  jamais  attaquer  |mr  ka  anfles 
»  rentrans  qui  poissent  donner  lieu  à 
B  IVnnemi  d'envelopper  ou  etoiéer  sur 
»  la  tête  des  attaques,  parce  qu'au  bea 
»  d'eiDbrasser^  il  se  brouterait,  par  les 
9  suites,  que  la  tranoHée  aérait  enf e<- 
»  loppée^  comme  il  est  arrivé  au  siège 
»  de  Turin;  » 

La  première  de  ces  deai  remarques 
suit  de  ce  qu'il  faut  loujours,  en  toute 
action  de  guerre^  avoir,  autant  que 
possible,  un  front  supérieur  à  celui  de 
renncmi,  etifue  parliculièreinent  de- 
vant an  fiont  de  fortification,  il  serait 
impossible,  si  l'on  ne  pouvait  Tembras- 
ser^  de  prendre  des  prolongeroens  sur 
ses  faces  pour  faire  agir  les  ricochets. 


aM  dlft^Mës  parties  Aë  l'eti^einte, 
pour  savoir  jdsqùà  quef  péiiM  telle  oa 
tcHa  <le«»i  (Mptiétés Jiadt  tiii  Ap^ar- 

telfiri 

0»  tichera  prlnaipél^iifénft  de  l'é- 
cdMaMra  ce  qùTof»  inommé  le  f^ont 
d'«t^4M(  laT'tÉi^é^ittÊ  iteM  i{ui  e»t  le 
plus  faîMa.  Oela«n  Iframalrement  trèè 
cdnntt  ëaiiê  MMqae  place,  et  facile  a 
juger.  Ce  iènt  presque  toujours  les 
paitiea  te^fvtas  siKRanies,  à  midns  qu'el- 


prtétéfr  jfrtftdprtrt,  m  <lè  \ê  OWfipârer       La  seconde  lépnt  aux  propriétés  de 


ce  q«*on  nomme  la  fortMoaiion  en  li- 
gne droite  :  propriétés  bien  4<?telop- 
péeS  par  M:  de  Cormmitiingoe,  et  qui 
appartienneni;  dans  un  plu^  haut  de^ré 
eacare,  à  la  fartificalion  rentrante  dont 
^arle  id  M;  ée  Vauban:  ktt  snrphi» , 
M.  de  Yaiiban  observe  qu'il  ne  ftiut 
pas  toujoars  se  ier  ti  ee  que  rennemi 
attaquera  par  le  point  le  plus  faible , 
parce  qu'il  y  a  des  cas  où  ce  point,  qui 
est  le  piqs  faible  par  luî-ÉBèaric;  te  Fe»t 


ie«neioi*tttTaièerrteaenlredèsliew  P«,  lo^wR^m  te  côniîdèfô  relative- 
voMai  itM««wAle#,  qrt  tia  permet>^  ment  à  d'airtfaacircOBSttnccs  particn^ 
tTÈïmp^i à léftneiw» de  développer  «ères,  telles ^  la  position  respedive 
se^a*ai|Uea,  et  de  ^*^id*a  (toproter*.  l  des  armées  kelligéfârtesy  6u  hi  factltfté 


gemeos  sur  les  branches  des  ouvrages, 
oa  BWfr  ««MeV  d(##iâÉa  tue  itfbnMIa^ 
tioU,  mttm  naultjae'pdliflfciiwa^pée, 
o«Kéiv  éàm  tféfeadué»»  ^av  «a»  fa#tf- 
fidRidnatëdMMees  ëi  emmmAaéast 

C'est  ce  que  M.  de'VêitNÉir  àiPtma  h 
céamitfVpMr'èavadariaÉas  générales 
sur  MàtlÉqlMi  pi  il  e'eiîptiiM  àUsi  : 

cN#  jémaia  attaqaar  par  des  ttew 


du  traiiiport  dea  matériaux. 

L'art  de  W  forliioation  est  n^cca* 
iafmnant  lié  étroitMënl  avec  ceTii 
des  attaquea^  et  Fon  na  i«ge  bien  dca 
^ai^ties  phis  au  mdina  ftortea  d'dàe  pia^ 
èe,  i|aa  par  la  difficulté  piaa  ou  moins 
|caàda  de  les  attaqàer.  li  tard  doàè 
essentiel,  lorsqu'on  fera  l'examen  des 
difefiaoS  fronts  é'atae  plhce,  di^applt^ 


•  sePrtîtet  étroits.,  ufc  pandas'  imfais;  |  {aer  à ahaoïm  *'«>^  !!^^*,"f 
aafcioaonaBtalispiadaBehsiisséeli  ""    "^ 


fênSM  de  h  teogaa  «ipérieDoe  4» 
H.  de  Vauban,  dans  la  science  des  at^ 
taquet,  doet  il  est  le  créateur.  En  indi- 
quant h  Tassiégeant  ce  qui  constitue  le 
fort  et  le  faible  de  la  place  qu'il  doit 
attaquer,  il  indique  évidemment  à  l'as- 
siégé ce  qu'il  doit  faire ,  de  son  côté , 
pour  augmenter  la  résistance  et  corri- 
ger les  parties  défectueuses  de  sa  place. 
a  II  n'y  a  point  de  place,  dit~il,  qui 
>»  n*ait  son  fort  et  son  faible,  à  moins 
»  qu'elle  ne  soit  d'une  construction  ré- 
»  gulière ,  et  située  au  milieu  d'une 
»  plaine  rase  et  vaste ,  telle  qu'est  le 
»  Neuf-Brisach  ;  mais  comme  il  se  tron- 
»  ve  peu  de  places  fortifiées  de  la  sorte, 
»  et  que  presque  toutes  sont  régulières 
o  en  parties,  et  irrégulières  en  d'au- 
D  très,  par  rapport  a  leurs  fortifications, 
»  presque  toujours  composées  de  vieil- 
»  les  et  de  nouvelles  piècesi^lles  ont  tott- 
»  tes  quelque  défaut  ou  avantage,  par 
»  rapport  à  la  situation,  plus  grand  à 
»  un  côté  qu'à  Tautre,  ou  par  la  nature 
»  de  la  campagne  des  environs;  cela 
»  fait  une  diversité  qui  nous  oblige  à 
»  autant  de  différentes  observations. 
»  Développons  ceci  le  mieux  que  nous 
3»  pourrons,  la  chose  en  vaut  bien  la 
»  peine. 

»  Si  la  fortification  d'une  place  a 

»  quelque  côté  situé  sur  un  rocher  de 

»  vingt-cinq ,  trente  «  quarante ,  cin- 

»  quante  ou  soixante  pieds  de  haut, 

»  que  ce  rocher  soit  sain  et  bien  es- 

»  carpe,  nous  la  dirons  inaccessible  par 

»  ce  côté  ;  si  ce  rocher  bat  au  pied 

»  d'une  rivière  d'eau  courante  ou  dor- 

»  manie,  ce  sera  encore  pis  ;  si  quel- 

»  que  côté  en  plein  terrain  est  bordé 

»  par  une  rivière  qui  ne  soit  pas  guéa* 

9  ble,  et  qui  ne  paisse  être  détournée, 

que  cette  rivière  soit  bordée,  du  côté 

de  la  place,  d'une  bonne  fortification 

capable  d'en  défoidre  le  passage,  on 

iH)urra  la  dire  inattaquable  par  oe 


»  côté;  <|iie  si  son  oo«n cal 

»  gné  de  prairies  basses  et  marécageu- 
»  ses  en  tout  tenq»,  eUe  le  sera  enoora 
»  davantage. 

»  Si  la  place  est  environnée  en  par* 
9  tie  d'eau  et  de  marais  qui  ne  se  pois- 
»  sent  dessécher,  et  en  partie  acoessi- 
)»  ble  par  des  terrains  secs  qoi  bordent 
»  ces  marais  ;  qne  ces  avenues  soient 
»  bien  fortifiées,  et  qn'il  j  ait  des  piè- 
»  ces  dans  les  marais  qui  ne  soient  pas 
>»  abordables ,  et  qui  paissent  voir  de 
»  revers  les  attaques  du  terrain  ferme 
»  qui  lea  joint  ;  ce  ne  doit  pas  être  là 
»  un  lieu  avantageux  aux  attaques,  à 
»  cause  de  ses  pièces  inaccessibles,  par- 
»  ce  qu'il  faut  pouvoir  embrasser  ce 
»  que  l'on  attaque.  Si  la  place  est  en- 
»  vironnée  de  terres  basses  et  de  ma- 
»  rais,  comme  il  s'en  trouve  aux  Fays- 
a  bas,  et  qu'elle  ne  soit  abordable  qna 
»  par  des  chaussées,  il  faut  : 

a  1®  Considérer  si  on  ne  pent  point 
a  dessécher  les  marais,  s'il  n'y  a  point 
a  de  temps  dans  Tannée  où  ils  se  des- 
»  sèchent  d'eux-mêmes,  et  en  qoeUe 
B  saison  ;  en  an  mot,  si  on  ne  peut  pas 
»  les  faire  écouler  et  mettre  à  aec. 

)»  2*  Si  les  chaussées  sont  droites  on 
»  tortueuses ,  enfilées  en  tout  ou  en 
»  partie  de  la  place,  et  de  quelle  éten- 
»  due  est  la  partie  qui  ne  Test  pas,  et 
a  à  queUe  distance  de  la  place;  quelie 
»  en  est  la  largeur,  et  si  l'on  peut  y 
»  tournoyer  une  tranchée  en  la  défr- 
»  lant. 

a  3*"  Si  on  pent  asseoir  des  batteries 
s  au-desBos  on  à  côté  sor  quelque  ter- 
9  rain  moins  bas  que  tes  nôtres,  qoi 
»  paisse  croiser  sur  les  psrties  atta- 
r  quées  de  la  place. 

a  fc*  Yoû*  si  les  chaasaées  sont  si  fort 
»  enfilées  qu'il  n'y  ail  point  de  traas- 
»  lersales  un  peu  considérables  |ui 
»  bssent  front  à  la  place  d'aaseï  près, 
a  et  s'il  n'y  a  point  qMkpm  endroit 


D»  rtàCBS  VOATB8. 


U» 


•  qui  piiiSB^faire  an  coatfert  constdA*- 

>  ïMe  contre  elles ,  en  relevant  nne 
»  partie  de  leur  épaîsseor  sar  l'autre,  et 
»  à  quelle  distance  de  la  place  elles  se 
9^  trouvent. 

s  5"*  Si  des  chaussées  voisines  Tune 
»  de  l'antre^  qai  aboutissent  i  la  place, 
■  se  joignent,  et  en  quel  endroit,  et  si, 
»  étant  occupées  par  les  attaques,  elles 
»  se  peuvent  entre  elles  secourir  par 
»  des  vues  de  canon  croisées,  ou  de 
»  revers  sur  les  pièces  attaquées. 

B  6*De  quelle  nature  est  le  rempart 

•  de  la  place  et  de  ses  dehors;  si  elle  a 

>  des  chemins  couverts,  si  les  chaus- 
»  sées  qui  les  abordent  y  sont  jointes, 
»  et  s'il  n'y  a  point  quelque  avant-fossé 
»  plein  d'eau  courante  ou  dormante, 
B  qui  les  sépare.  Ou  cela  se  rencontre , 
»  nous  concluons  qu'il  ne  faut  jamais 
»  attaquer  par  là ,  pour  peu  qu'il  y  ait 
»  d'apparence  d'approcher  de  la  place 
»  par  ailleurs,  perce  qu'on  est  presque 

•  toujours  enfilé  et  continuellement 
»  écharpé  du  canon ,  sans  moyen  de 
»  s'en  pouvoir  défendre ,  ni  de  s'en 
»  rendre  maître,  ni  embrasser  les  par- 

•  ties  attaquées  de  la  place. 

»  A  l'égard  de  la  plaine,  il  faut  : 
•  l*"  Examiner  par  ou  on  peut  em- 
»  brasser  les  fronts  de  l'attaque,  parce 
»  que  ceux-là  sont  toujours  à  préférer 
»  aux  autres. 

»  2*  La  quantité  des  pièces  à  pren- 
»  dre  avant  de  pouvoir  arriver  au  corps 
s  de  la  place,  leur  qualité,  et  celle  du 

>  terrain  sur  lequel  elles  sont  situées. 
»  3*  Si  la  place  est  basUonnée  et  r&- 

»  vêtue. 

»  fc"*  Si  la  fortification  est  régulière 
»  ou  à  peu  près  équivalente. 

»  6"*  Si  elle  est  couverte  par  quantité 
»  de  dehors,  quels  et  combien,  parce 
»  qu'il  faut  s'attendre  à  autant  d'affai- 
»  res  qu'il  y  aura  de  pièees  è  prendre. 

s  0*81  les. chemins  couverts  sont 


»  bienfaits,  contre-aminés  et  palissa- 
»  dés,  et  si  les  glacis  en  sont  raides  et 
»  non  commandés  des  pièces  saperiez 
»  res  de  la  place. 

»  T  S'il  y  a  des  avant-fossés,  et  d» 
»  quelle  nature. 

»  8*  Si  les  fossés  sont  revêtus  et  pro*- 
»  fonds,  secs  ou  pleins  d*eau;  de  queHe 
»  profondeur  ;  si  elle  est  dormante  ou 
»  courante,  et  s'il  y  a  des  écluses,  et  la 
»  pente  qu'il  y  peut  avoir  de  l'entrée 
»  des  eaux  à  leur  sortie. 

»  O""  S'ils  sont  secs  ;  quelle  en  est  la 
»  profondeur,  et  si  les  bords  en  sont  ^ 
)»  bas  et  non  revêtus.  Au  reste,  on  doit 
»  compter  que  les  plus  mauvais  de  tous 
»  sont  les  fossés  pleins  d'eau  quand 
»  elle  est  donnante. 

»  Les  fossés  qui  sont  secs,  profonds 
a  et  revêtus,  sont  bons;  mais  les  meil- 
a  leurs  sont  ceux  qui,  étant  secs,  peu* 
»  vent  être  inondés,  quand  on  le  veut, 
»  d'une  grosse  eau  courante  ou  dor- 
a  mante,  parce  qu'on  peut  les  défen*- 
»  dre  secs  et  ensuite  les  inonder,  et  y 
»  exciter  des  torrens  qui  en  rendent  le 
»  trajet  impossible.  Tels  sont  les  fossés 
»  de  Yalenciennes.  du  cAté  du  Ques- 
a  noy ,  qui  sont  secs,  mais  dans  lesquels 
s  on  peut  mettre  telle  quantité  d'eau 
9  dormante  ou  courante  qu'on  voudra, 
»  sans  qu'on  le  puisse  empêcher.  Teb 
»  sont  encore  les  fossés  de  Landau, . 
)»  place  moderne,  dont  le  mérite  n'est 
s  pas  encore  bien  connu.  Cette  place 
a  toute  neuve,  et  sans  être  achevée,  A 
»  déjà  soutenu  trois  grands  sièges , 
»  dont  aucun  n'a  été  conduit  avec  une 
»  grande  intelligence ,  et  les  défenses 
B  Tont  été  encore  plus  mal. 

»  Les  places  qui  ont  de  tels  fossés,  • 
s  avec  des  réservoirs  d'eau  qu'on  ne 
a  leur  peut  ôter,  sont  très  difficiles  à  - 
»  forcer,  quand  ceux  qui  les  défendent 
y>  savent  en  faire  usage. 

»  Les  fossés  revêtus,  dès  qu'ils  ont 


flM 


m  LA  «ÉrBllSB 


»  dni,  flodie,  qnîme,  vingt  et  vinfrt- 
»=  cinq  pieds  de  profondeur,  sont  aussi 
»  fcrt  bons,  parce  que  les  bombes  ni  le 
•  canon  ne  peuvent  rien  contre  ces 
vfevètemens,  et  que  l'on  n*y  peut  en- 
»  trer  que  par  les  descentes,  c'est -à- 
B  dire  en  défilant  un  à  on  ou  deux  à 
v  deux  au  plut  ;  ce  qui  est  sujet  à  bien 
»  des  inrhnvéniens;  car  on  vous  chi- 
»  r.ine,  par  différentes  sorties,  sur  vo- 
»  tre  passage  et  vos  logcmcns  de  mi- 
»  neurs;  ce  qui  cause  beaucoup  de 
»  retardement  et  de  perte ,  outre  que 
»  quand  il  s'agit  d'une  attaque,  on  ne 
)»  la  peut  lontenir  que  faiblement,  par- 
»  ce  qu*il  faut  que  tout  passe  par  un 
»  trou  ou  deux,  et  toujours  en  défilant 
D  avec  beaucoup  d'fhcoromodité. 

»  il  faut  encore  examiner  si  les  fossés 
»  sont  taillés  dans  le  roc ,  si  ce  roc  est 
»  eontino  et  dur  ;  car  s'il  est  dur  et  mal 
oaisé  à  miner,  vous  aerex  obHgé  de 
»  combler  ces  basés  jusqu'au  rex  du 
»  chemin  couvert  pour  faire  votre  pas- 
»  sage,  qui  est  un  travail  long  et  diMI- 
»  elle,  principalement  s'il  est  profond  ; 
)>caf  ces  aMuœavres  densandent  beau- 
»  coup  d'ordre  et  de  temps,  pendant  le- 
i»t|Qel  l'ennemi,  qui  songe  à  se  défen- 
»  dre  f  vous  fait  beaucoup  souffrir  par 
»alHicMcanea;  il  détourne  lea  maté- 
»  fiatix,  arrache  lea  fascines  «  y  met  le 
D  feu ,  vous  inquiète  par  ses  sorties 
9 et  par  le  feu  de  aan  canon,  de  ses 
D  bombes  et  de  sa  mousqneterie,  contre 
»  lequel  vous  êtes  obK^  de  prendre  de 
»  grandes  précautions,  parce  qu'un 
»  grand  feu,  de  près,  est  fart  dange- 
»  reuT]  o'est  pourquoi  il  faut  de  néces- 
Dsité  l'éteindre  par  un  phn  grand  et 
»  bien  disposé. 

a  Après  s'être  complètement  instruit 

»de  la  qualité  des  fortifications  de  la 
i>  fitace  qu^  l'on  doit  attaquer,  il  en  faut 
V  r\  îmii'*»''  i('s  florin  «t  v^^ir  si  i|uHfirîo 
>>  Vldciu  i  etiemuè  iireiïa  ou  tiléittf lité  de 


-  j»  terrain  peut  favoriser  vos  approche» 
I  »  et  vous  é|)argner  quelque  bout  ds 
»»  tranchée.  S'il  n'y  a  point  de  eomaïaa- 
»  dant  qui  puisse  vous  servir  ;  si  la  tar* 
»rain  par  oii  se'Kioivent  coiidmri  kf 
X»  attaques  est  doux  et  aisé  à  fenteisir: 
0  s'il  est  dur  et  mêlé  de  pierrea«  Issl* 
x>  loux  et  rocailles,  ou  de  rochea  peKa, 
x>  danfi  lequel  on  ne  puiaae  que  peu  aa 
»  point  s'enfoncer. 

»  Toutes  ces  différences  sealcou^ 
Ddérables;  car  si  c'est  un  terrain  rilè 
»  à  manier,  il  sera  facile  d'y  fibt  de 
»  bonnes  tranchées  en  peu  de  templ, 
m  et  un  y  court  bien  moi  na  de  riaqwk 
»  S'il  est  mêlé  de  pierreietde  cailkm, 
»il  sera  beaucoup  plu»  difficile,  et  \m 
»  éclats  de  canon  y  sont  dangereu. 

a  Si  c'est  un  roc  dm*  et  pelé,  dans  la- 
D  quel  on  ne  puisse  s'enfoncer ,  il  ImI 
D  compter  d'y  apporter  toutes  lea  teim 
»  et  matériaux  dont  on  aura  besaià; 
)»  de  faire  les  trois  quarts  de  la  traachie 
x>  de  fascines  et  de  gabions ,  floémads 
D  ballots  de  bourre  et  de  laine,  oa  <{■ 
»  produit  un  long  et  maovaia  trafil, 
x>qui  n'ei^t  jamais  à  l'épreuve  dv  eaasa 
x>  et  rarement  du  mousquet,  et  dont  «a 
x>  ne  vient  à  bout  qu'avec  du  temps,  da 
»  péril  et  beaucoup  de  ëépenae;  e'sit 
»  pourquoi  il  faut  éviter  tant  que  ïm 
x>peut  d'attaquer  par  de  leliea  ava- 
»  nues.  » 

Quand  oo  a  reeenno  ka  avantagsi 
et  lea  désavantagea  d»  site  général  de 
la  place,  et  du  site  particulier  de  cha- 
que front,  H  faut  examiner  ce  qu'an 
nomme  le  Système  des  furtiiicatièDS, 
c'est-à-dire  son  tracé ,  le  nombre  et  h 
disposition  des  pièces  en  particulier, 
voir  si  chacune  des  pièces  qui  le  ^^og. 
posent  remplit  bien  son  objet,  et  s'il 
n'est  pas  susceptible  de  quelque  amé- 
lioration peu  coûteuse.  Il  ne  s'agir 
y>oiiit  m  df  rechorcbrr  ç\i\c\  psf  tr- 
I  meilleur  système»  po^slblr  dr  foriîJ:*;;- 


DES  PJAGBS  FORTES. 


«61 


tî'>Ds;  il  ne  s*agit  pas  de  démolir  les        a  C'est    ane   vérité   généralement 
places  qui  existent,  pour  en  construire   »  adoptée  aujourd'hui  (dit  M.  Gay  de 


d  autres,  mais  il  s'agit  Je  bien  défendre 
ceUes  qu'on  a  et  pour  les  bien  défen- 
dra, il  faut  les  bien  connaître.  Lors- 
qu'on les  connaît  bien ,  qu'on  les  a  en- 
visagées sous  tous  leurs  rapports ,  on  y 
découvre  souvent  des  propriétés  qui 
valent  au  moins  celles  qu'on  aurait  pu 
leur  procurer  par  des  constructions 
Douvres.  Les  places  de  M.  de  Vau- 
ban  «  comme  sont  presque  toutes  celles 
qui  forment  le  çrand  cordon  des  fron- 
kitrça  de  l'empire,  ont  le  gracd  avan- 
tage de  la  simplicité,  et  celui  d*ètre 
biw  appropriées  au  site.  C'est  ass.z 
d'avoir  à  les  entretenir,  ou  du  moins 
à  y  faire  quelques  légères  moditica- 
tioQS.  En  général  elles  sont  suscepti- 
bles d'une  très  bonne  défense,  comme 
noua  le  prouverons  dans  le  chapitre  IlL 
Illeur  manque  principalement  des  sou- 
terrains, des  lieux  abrités  pour  les 
iM^mmes,  les  subsistances»  l'artillerie , 
leftnuuiilioB3.  Voila  leur  défaut  osscn- 
tiçit  auquel  il  faut  remédier  peu  a  peu. 
IL  de  Vaubau  sentait  la  nécessité  des 
feux  couverts,  il  a  essayé  de  s'en  pro- 
curer par  set  tours  bastioimées.  Cet 
ewi  D*a  point  réussi ,  et  il  en  est  resté 
un  grand  préjugé  contre  les  baltcri.  s 
caiematéeâ.  Cependant  plusieurs  per- 
MMoei  se  sont  élevées  contre  ce  pré- 
jugé. M.  de  Hontalembert  l'a  attaqué 
le  premier,  et  avec  d'eicellentes  rai- 
Mms.  Un  amour-propre  mal  entendu 
lui  a  suscité  des  adversaires ,  qui ,  au 
lien  de  s'attacher  à  montrer  simple- 
neot  l'abus  qu'U  avait  fait  de  sou  prin- 
cipe, oBt  attaqué  le  principe  lui-même. 
Mf  4e  Hontalembert  a  certainement 
rendu  «u  service  important  à  la  fortîQ- 


»  Vernon  )  que  les  feux  casemates  sont 
»  d*une  exécution  facile ,  qu'on  doit 
p  les  employer  dans  une  innnité  de 
»  circonstances,  et  que  leur  combînai- 
»  son  avec  les  autres  élémens  de  fortl- 
»  fications,  est  la  seule  manière  de  com- 
p  poser  des  systèmes  sus::eplibles  d*op- 
»  poser  une  résistance  proportionnée 
»  aux  b(îe')ias  de  la  guerre,  et  à  la  vio- 
»  lence  des  attaque.**  qui  semblent  tous 
»  les  jours  prendre  de  nouveaux  ac- 
»  croissemens.  » 

Mais  M.  do  !^IontaIembrrt  a  abusé  de 
ces  feux  couverts  en  voulant  les  faire 
servir  aux  défenses  éloignées,  et  cela 
seul  pouvait  les  discréditer  plus  que 
n'avait  fîiiit  auparavant  le  non-succès 
de  celles  de  M.  de  Vauban  ;  parce  qu'il 
est  évident  qu'en  quelque  nombre  que 
puissent  être  les  feux  caseipatcs,  on 
aura  bientôt  détruit  leurs  voûtes,  ^i 
elles  sont  vues  de  la  campagne,  qu'elles 
ne  ralentiront  passcnsiblt^ment  le  pro- 
grès des  tranchées,  et  que  cependant 
leur  consommation  en  poudre  et  pro- 
jectiles sera  si  grande,  qu'elle  surpas- 
sera tous  les  approvisionnemens  pos- 
sibles. 

Le  v^Titable  usage  des  feux  couverts 
consiste  à  les  placer  dans  les  lieux  où 
ils  ne  puissent  être  battus  directement, 
à  moins  que  ce  ne  soit  par  des  batte- 
ries très  inférieures.  C'est  uniquement 
pour  les  garantir  des  bombes  et  des  ri- 
cochets qu'on  les  couvre,  et  non  pour 
qu'elles  puissent  lutter  long -temps 
contre  des  batteries  directement  op- 
posées. 

La  iNremière  condition  pour  que  des 
Ceux  couverts  remplissent  leur  objet. 


Qfiiom ,  eu  ramenaut  les  idées  aur  les   est  donc  qu'ils  soient  parfaitement  dé- 

fen  casemates,  qu'on  regaidait  avant  |  robes  aux  vues  de  la  campagne,  d'où 
hll  cnmine  impraticables  en  ffrand ,  '  ils  pourraient  élre  haltu>  de  plehi 
4anui>  que  le  contraire  t?>t  prouvé. 


ioueu  Leur  ùcMuittuou    irt  •  \t.li.;^«^>-*- 


Ml  LA  OÉPBim 


méat  pour  les  défenses  rapprochées  ;  et 
alors,  si  l'on  reut  employer  leur  action 
directe,  ce  ne  doit  être  que  pour  em- 
pêcher on  détraire  l'établissement  de 
Tennemi  sur  les  ouvrages  mêmes  de  la 
place. 

Mais  l'emploi  principal  et  véritable- 
ment essentiel  des  feux  couverts,  est 
de  prendre  des  revers  sur  les  travaux 
de  l'ennemi;  non  seulement  parce 
qu'il  lui  est  bien  plus  diflRcile  de  se 
garantir  de  ces  feux  de  revers,  mais 
encore  parce  qu'alors  ces  feux  cou- 
verts sont  absolument  indestructibles 
par  les  batteries  de  l'assiégeant  ;  car , 
étant  couverts,  ils  sont  d'abord  à  l'abri 
de  la  bombe  et  du  ricochet  ;  et  étant 
dirigés  sur  les  revers  des  travaux  de 
l'ennemi ,  ils  sont  dérobés  aux  coups 
directs  ;  et  c'est  alors  qu'ils  fournissent 
un  nouveau  genre  de  défense  infini- 
ment supérieur  à  tout  ce  qui  existe ,  et 
procurent  l'avantage  de  conserver  un 
feu  très  meurtrier,  intact  jusqu'à  la  fin 
du  siège. 

On  peut  les  placer  oudans  des  case- 
mates voûtées ,  ou  sous  des  blindages 
à  l'épreuve  de  la  bombe  :  ceux-ci  sont 
de  beaucoup  préférables,  i^  comme 
moinsdispendieux  ;  S*  comme  occupant 
moins  de  place  et  s'élevant  moins  haut , 
ce  qui  les  rend  plus  faciles  à  cacher  ; 
3"  comme  susceptibles  d'être  déplacés 
et  même  transportés  aux  endroits  du 
besoin  ;  h"*  comme  moins  sujets  à  la 
fumée,  à  cause  des  ouvertures  qui  res- 
tent entre  les  pièces  de  bois  du  blin- 
dage ;  5*  en  ce  que  les  coups  de  canon 
étonnent  les  maçonneries  et  les  dégra- 
dent assez  promptement,  ce  qui  n'a 
pas  lieu  dans  les  batteries  blindées; 
6*  enfin ,  en  ce  que  souvent  l'on  peut 
employer  celles-ci  dans  les  places  ac-  | 

tuel'^,  sans  démolitions  ni  constme- 
tion!»  nouvelle*. 

^.e^  baU»  f  H'5  iMiihi*  (  >  on*  l'v  pnnu)- 


sées  par  l'ancien  directeur  des  fortift 
cations  de  Saint-Omer,  où  elles  ont 
été  éprouvées  pour  la  première  fois,  et 
où  elles  ont  parfaitement  réussi.  Oo 
en  trouve  le  développement  dans  le 
Mémorial  pour  la  défenu  iu  places , 

de  H.  de  Cormontaigne ,  auquel  les 
éditeurs  semblent  les  avoir  attribuées, 
mais  c'est  par  inadvertance. 

Si  les  casemates  sont  moins  avanta- 
geuses pour  contenir  des  batteries  que 
les  blindages,  elles  ont  une  autre  es- 
pèce d'utilité  qui  les  rend  très  pré- 
cieuses ,  c'est  de  servir  de  souterrains 
pour  les  magasins  et  de  galeries  pour 
les  contremines.  C'est  par  le  défaut  des 
uns  et  des  autres  que  pèchent  la  plu- 
part de  nos  places,  ainsi  qu'on  l'a  déjà 
dit  ;  si  donc  toute  l'escarpe  qui  forme 
l'enceinte  d'une  place  était  voûtée  i 
l'épreuve  de  la  bombe,  cette  casemate 
continue  lui  procurerait  des  avantages 
inappréciables. 

C'est  pour  remplir  au  moins  en  par- 
tie ce  but  important ,  que  dans  les  ou- 
vrages neufs,  les  officiers  du  génie  ont 
pris  le  parti  de  construire  des  revête^ 
mens  en  décharge.  Cette  construction, 
adoptée  par  le  comité  des  fortifications, 
sur  la  proposition  de  l'ancien  directeur 
de  Saint-Omer,  le  même  qui  a  fait  aussi 
adopter  les  batteries  blindées,  cette 
construction ,  dis-je,  réunit  l'avantage 
de  procurer  de  longues  galeries  de  mi- 
nes tontes  faites,  celui  d'une  grande 
économie,  et  surtout  celui  de  rendre 
les  brèches  très  difficiles  à  faire  prati- 
cables ,  à  cause  des  pieds-droits  qu'on 
ne  peut  parvenir  à  rompre  complète- 
ment ,  comme  on  l'éproava  à  Diilem- 
bourg  pendant  la  guerre  de  sept  ans , 
quoique  cette  construction  y  fiât  très 
imparfaite,  n'ayant  pas  eu  poor  but  de 

rempHr  cet  olijet. 
*  Ue venons  a  lexamen  du  systèoie 


1  • 


Vm  HJkCIS  VOftTCB. 


Ce  tyM^^-o0aipi'<BtKf  m  wMé«  l6  r^ 
lief ,  le  Gommandenait  et  le  défile- 
menl.  A  chaque  pas  que  Ton  fait  en 
suiTant  les  remparts ,  il  faut  fixer  son 
attentioa  sur  chaean  des  points  princi- 
paux. Par  rapport  an  tracé,  il  faut  exa- 
miner si  toutes  les  parties  sont  vues  et 
suifisamment  flanquées,  si  les  parapets 
et  terre-pleins  sont  asseï  laiiges,  s'il  y 
a  moyen  de  caser  quelques  pièces  d'ar- 
tillerie que  Tenoemi  ne  puisse  aperce' 
voir  ou  contrebattre,  et  surtout  si  l'on 
peoi  Se  procurer  quelques  revers  sur 
les  glacis  ou  quelques  tirefr«n-brècbe. 
Par  rapport  au  relief ,  il  faut  examiner 
si  Ton  découvre  bien  la  campagne,  si 
les  maçonneries  sont  bien  couvertes 
par  les  giads,  si  les  parapets  sont  assez 
hauts  pour  couvrir  les  tirailleurs,  si  les 
fossés  sont  profonds,  et  principalement 
si  le  mur  d'escarpe  est  asseï  élevé  pour 
être  à  l'abri  de  l'escalade  et  des  atta^ 
qoes  de  vive-force.  Par  rappCH-t  au 
commandement  «  c'est  de  considérer 
si  les  pièces  sont  placées,  suivant  les 
règles  reçues,  bien  en  amphithéâtre, 
pour  que  celles  du  dedans  dominent 
convenablement  celles  du  dehors.  Cette 
règle  cependant  est  rejetée  comme 
très  mauvaise,  par  de  savans  militai- 
res :  M.  de  Saxe  la  réprouvait  absolu- 
ment; on  ne  peut  se  dissimuler  ses 
graves  ineonvéniens ,  qui  sont  qu'au- 
cun coup  tiré  par  l'assiégeant  n'est 
perdu,  qu'au  contraire  on  ne  peut 
souvent  faire  usage  de  ceux  de  la 
place V  crainte  de  tuer  les  défenseurs 
qui  sont  dans  les  ouvrages  avancés; 
enfin ,  qu'on  ne  peut  dérober  les  ou- 
vrages intérieurs  aux  batteries  éloi- 
gnées, principalement  aux  atteintes  du 
ricochet ,  d'où  résulte  que  dès  le  pre- 
mier jour  de  la  tranchée  ouverte,  les 
feux  de  la  place  sont  presque  tous  dé- 
montés. Aussi  plusieurs  officiers  du 
génie  ont^ils  proposé  de  ne  donner  au* 


cun  eommandemeuf  ou  creorans  au  de* 
hors,  ou  mémo  de  le  prendre  en  sens 
contraire,  et  leurs  raisons  sont  très 
fortes.  Enfin,  par  rapport  au  défile- 
ment ,  il  faut  bien  examiner  si  sur  le 
terre-plein  des  ouvrages  on  n'est  point 
aperçu  du  dehors.  Ce  défaut  qu'on 
cnnrait,  d'a|M^  les  premiers  princi- 
pes de  la  fortification,  ne  devoir  se 
rencontrer  nulle  part,  est  au  contraire 
très  commun ,  et  c'est  un  de  ceux  qui 
méritent  le  phis  toute  l'attention  des 
oiBeiers  du  génie» 

Au  surplus,  il  ne  nmf  pus  se  ngorer 
qu'on  ne  saurait  se  défendre  que  sur 
une  enceinte  bastîennée.  La  meilleure 
défense  est  d'abord  une  bonne  mu- 
raille haute  et  bien  revêtue,  qu'on  ne 
puisse  escalader  ni  emporter  d'emblée. 
Car  il  fondrait  nécessairement  y  faire 
brèche ,  et  ces  brèches  formeront  des 
étranglemens  que  leur  position  rend 
toujours  susceptibles  d'une  vigoureuse 
défense.  «  Remarquez  (  dit  le  général 
»  d'Arçon  )  que  ces  flanquemens  com- 
»  passés  dont  on  fait  tant  de  cas  dans 
»  les  dispositions  du  cabinet,  ne  pro- 
»  doisentdans  les  actions  que  desavau* 
»  tages  bien  faibles  et  souvent  illusoi> 
a  res  :  on  voit  en  effet  dans  chacun  de 
a  ces  ouvrages,  qui,  de  loin  ou  de  près, 
a  participent  à  la  crise  d'une  attaque , 
a  qu'il  existe  une  sorte  d'égoisme,  dn- 
a  quel  il  résulte  qu'on  s'intéresse  infi- 
a  niment  moins  à  la  sAreté  de  ses  voi- 
a  sins  qu'à  la  sienne  propre,  a 

C'est  pour  ces  mêmes  raisons  qu'il  ne 
faut  pas  non  plus  trop  s'effrayer  du 
mot  d'angles  morts.  La  phipart  de  ctg 
angles  n'ont  aucun  danger ,  soit  parce 
qu'ils  sont  à  peu  près  inaccessibles  p« 
les  fossés  pleins  d'eau  ou  leur  grand 
éloignement  du  lieu  des  attaques,  soit 
parce  que  l'ennemi  peut  toujours  dé- 
boucher en  force  de  très  près  sur  cpmx 
qui  voudraient  les  insulter.  1*.*]  jki  . 


1^  ton  iâ 

danA  le  ayslème  de  M.  de  Vauban, 
Tangle  que  fait  ia  tenaille  dan^son  mH 
lieu,  et  dont  ou  a  raisoo  de  ne  |ni8 
H'ipquiéter. 

Il  faut  eiLaBiiuer  fi  chacune  des 
pièces  qui  entreRt  49M  U  compoaHiM 
des  fronUf  de  la  place  (emplit  bien  aeft 
oh^et,  si  elle  a  les  dimeuaious  couveiia- 
blea  et  &i  elle  esl  soaceptible  de  retnw- 
chement. 

On  prendra  garde  aux  oumgea  re- 
vêtus et  à  ceux  qui  oe  le  font  paa,  tant 
aux  escarpes  qu'aux  gorges  el  conlfee- 
carpert,  et  anrtevi  à  la  iacHitéel  à  la  sû- 
reté de  tontes  lea  conuMUNcatiena  au 
ponts  dorraana  et  ponla  leris,  portes, 
poternes,  etc. 

On  remarquera  s'il  y  a  «n  chemin 
des  rondes  :  M.  de  Vanban  regrettait 
de  n'en  avoir  pas  fait  parlont,  et  ce 
n'était  pas  f^ans  raison  ;  non  que  le  ehe» 
min  des  rendes  soit  très  utile  en  lui- 
même,  mais  comme  alors  le  parapet  se 
trouve  tn^s  reculé ,  h  brèche  nVn  en- 
traîne pas  la  chute,  ce  qui  est  extrême- 
ment important  pour  sa  détViise. 

M.  de  Cormontakigne  a  très  bien 
démoHtré  la  nécessité  dos  réduits  dans 
lesdemi-iunee;  il  faiat  donc  examiner 
s'il  y  eH  a,  s'ibsent  refétus,  ou  s'il  est 
pessibk  d'en  faife. 

Les  Petraaahemens  dans  lea  bastions 
sont  encoreplu»  indispensablea  :  il  tmt, 
s'il  n'y  en  a  peint,  <iu  e»  faire  Uml  de 
suite,  eu  on  aioar  as  BMÎna  le  pvojet 
fait  et  arrêté  d'waiice,  pour  pouvoir  y 
mettre  hr.  lawk  anaritM  que  le  front 
d'attaque  est  connu. 

C'est  «s  grand  défani  que  le  man- 
qiicBacnt  de  hi  teaeilte  defvani  mi  front, 
pane  que  sana cHe ta  brèche  pent  se 
faire  sur  tout  le  pourtour  4e  la  pkh  e, 
et  qa*il  eat  tsèa  diflloile  d^eséenter  de» 
sorties. 

I^s  caponnières  vis4-vi9  le  milieir 
de  la  courtine,  lorsqn'eHea  sont  bien 


I. 


faites,  aenl très aUlen peui  ktélÊtm 
dtt  fessé;  celle  qtut  Vmà  pmvrait  faire  i 
l'angle  flanqvé  do  baalioii  ne  le  mnà 
pas  moins.  Un  raveKo ,  qui  eoovrMl 
celle  pointe,  el  qui  a^élèverail  dn  tmi 
du  fossé  jusqu'à  Ishanleor de  I' 
serait  d'un  esoeHent  mafe  penr 
vrif  leaflanea  dea  batteriet  dn 
conveH,  el  pour  diapiiter  vi 
ment  le  passage  de  fossé. 

Ue  autre  genre  de  défense,  qet 
rite  auasi  beaoooup  de  eeeaidératiee, 
eat  eeh>i  do  pianlafc  dca  giedaee  a^ 
biea  prepeaé  par  jkl.  de  SaInMML 
Cette  méthode ,  qui  se  pvatiqiie  bea^ 
coup  à  présent,  eat  oa  ne  peol  flm 
utile  ^  tant  par  le  qeenlilfr  de  bab 
qu'elle  fournit  et  dent  on  e  ee  si  gmrf 
besoin  dans  les  places  aariéféet,  fm 
por  toa  racines  qui  restent  apiés  il 
ornpe  et  qiri  vendent  très  diflMIe  k 
progrès  des  sapes. 

Il  serait  à  désirer  qn'on  plaetM  di 
même  en  charmille  le  hanCdetekaa- 
quelle  des  chemins  ccmverts,  aed» 
sous  du  {«arapet ,  ainsi  que  Font  M 
quelques  oflleiers  dn  génie  ;  ce  sent 
nn  excellent  moyen  de  suppléer  aai 
palissades  qui  sont  si  dt^fiMdieaBei. 
On  devrait  également  ne  pa»  eégflipr 
de  pienler  d^éphles-  les  onvrages  m 
terre;  ce  qnï  vaudrait  naieui  que  hi 
fraises  et  pïiKssades  qifon  y  plafel  h 
hète  an  moment  du  besoin.  Ces  hAl 
bien  entretenues  ne  sont  guère  kÊt 
rieures  è  on  mur  d^esf arpe.  On  peM^ 
rail  employer  penr  cet  lÂjet  le  geflit 
épineux ,  qid>  est  d'une  tfè»  grande  dik 
fénse. 

Quant  anx  mancKUvresr  d'Iraor,  m 
sait  que  souvent!  ettes  procurent  dM 
moyens  de  défense  supérieurs  k  tom 
cenx  qu'on  pourrait  tirer  de  ta  pittk 
grande  p<^rfection  d^ns  le  système  des 
fortiflcationa  proprement  dites.  B  Ont 
donc  les  éfodier  avec  le  phia  giini 


Dits  PlACM  FOHTBt. 

rfn:  é'est  la  partie  scientifique  de 
ut  des  officiers  du  génie  ;  c'est  là  que 
)  calcul  et  la  théorie  de  l'hydrodyna- 
liqne  peuvent  s'exercer  utilement.  La 
Mte  et  le  coun  des  eaux  doivent  6tre 
IM  étudiés,  lour  entrée  et  leur  sortie 
taatamment  surveillées,  aînst  que  les 
doses,  portes  d'eau  el  égouts,  pour 
viterles  surprises,  soit  par  stratagè- 
Mf  iolt  de  vive  force. 
S'il  existe  un  moyen  de  rétablir  Té- 
ailibre  entre  Tatlaquc  et  la  défense, 
eêi  sans  doute  oehû  des  contre-mines; 
ièijfvii  d'autant  plus  prédeui  qu'il  <ip- 
mde  admirablement  tous  les  nntres  et 
ifil  coûte  peu  d'Iiommos.  Malheuren- 


dUPITRÇ  lU, 

De  la  |il4çe  rappMëe  en  étal  <|e  f  iiçrn^  -r.  pifr 
piiiilioni  défei^Hivi  tf.  —  Du  pcr5onntfl  et  di^ 
msU^rhl  iM^cfvaire  à  la  dér^nse.  ->  <jr»'rnl- 
son.  —  Artni.  rie.  —  SobflMsnres.  —  Xvtmy 
viflonnemfw  d*  tow  gmref . 


Il  serait  fort  inutUe  d'avoir  d'mtfet- 
lentes  places  de  guerre,  si  eltea  derr^ 
meuraient  sans  forces  actives,  et  syiis 
approvisîonuomens;  elles  tombtvaieut 
bientôt  entre  ks  rpaius  de  ri^nemLqi^ 
sans  ctoute  en  ferait  un  meiMeor  iisnift^. 
Vne  vilte  forte  n'est,  a  prupreuiciiit 


mieiit  Jns(|u'icî  on  n'a  pas  nttarhé  à  j  parler,  qu'une ç^ande batterie:  si  wkk^ 
ï' moyen  l'importance  qu'il  iloit  avoir  !  batterie  est  sans  canon,  ou  si  n'ft  ea- 
If  que  derraiont  lui  attirer  quelipips  {  nons  sont  sans  hommes  pour  loaseovir, 
n^rniges  excellens  pnhHés  sur  (*ptfe   an  sites  hommes  sent  sans  s|^Vi¥>^lV')- 


laffère.  fl  fSnut  que  Tofflcier  du  izénie 
niAaisse  bien  toutes  les  {galeries  de 
iiitre-mrnes  de  la  place  qui  lui  est 
)nflée,  qu'il  on  parcoure  lou»*  les  m- 


C4^,  il  ne  lestera  plus  qu'une  |)Q6ilÂ9W 
heureuse  qui  appertioDdr^  aw  prcn)ier 
occupant. 
Ainsi  Tart  de  pourvoir  une  plac94e 


i#anx,  qu'il  se  fnmîlrarrsc  avec  les  dé- I  tout  ce  dont  elle  peut  avoa  besfÀp 

pour  sa  défcnne,  etii  aurisi  cssmt^lipe 
celui  de  la  bien  consUruiro,  et  liiSs^As 
qu'il  exige  sonisiana  cesse  renaissant, 
parce  que  les.  approvisionueoi^s  se 
consomment,  et  qu'il  but  iftie  assiduité 
continuelle  pour  les  enlcetenir  et  ies 
renouveler. 

M.  de  Yaulmn  est|  coowie  «ou»  l'a- 
ven» dit,  le  pvemier  qui  se  soii  0(i;c^ 
de  former  des  tableaux,  pvaiir  L*avw^ 
vÎMonnement  de  toutes.  \es  ^c^t.Bt 
sous  ue  nom  il  comprend  la  gCffiHNi^ 
l'artillerie,  lessubsistenf/v.  M.  de  Çfi^ 
Montaingnea  ehevehé^enâuitft.À  \^i^ 
fectionner  les  tableaux,  de  M*  <^  V<hi- 
ban  ;  mais,  pour  a/voir  voulu  y  fl^iipoctier 
trop  de  précision,  il  a  (Hé  aux  «saiégiis 
la  lalitude  nécessaire  pour  uii#  longue 
défense,  et  nous  avons  vu  ies  iu^^vé- 
-niens  majeurs  qui  résulieqi  du-  aes 
Icalonls.  ConuMBil  suM>QMe  (|ii.'iMiiMse 


i,  qu'il  en  étudie  l«i  correspondHO- 
s  BTec  les  parties  supérieures  du  ter- 
lin,  le  moyen  de  les  rérer.et  qu'il 
biAe  d'avance  tout  le  parti  qu'il  pourra 
n  tirer  dans  l'occasion. 
■  Enfin  on  visitera  très  soigneusement 
nia  les  bâti  mens  mili'aire**,  tels  que 
«  casernes  de  soMats  et  les  quartiers 
èr  caralerîe,  les  arsenauT,  les  ma$;n- 
fAf  à  pondre,  les  hôpitaux  militaires, 
M  corps-d»^garde ,  prisons,  souter- 
Éhia,  etc.;  on  examinera  s'ils  sont  so- 
lles,bien  aérés,  suffisansponr  leurob 
if;  et  dans  le  cas  contraire,  quels  s<»Ht 
*  moyens  d'y  suppléer.  On  trouve  les 
IStails  relatih  à  ce  dernier  objet,  dans 
i^  Science  des  Ingénirure  de  Be!idor, 
ittvrage  utile,  qui  pourtant  aurait  be- 
olh  d'être  refait. 


OK  LA  Dipsnsi 


détendqueparle  fea,  qae  jam^b  un  ne 
détruit  les  travaux  de  l'assiégeant, 
qu'on  ne  reprend  jamais  tin  ouvrage 
qui  a  été  une  fois  perdu,  il  règle  ses 

approyisionnemenssur  le  minimum  de 
la  défense,  de  sorte  que  Tennemi  a 
presque  aussitôt  fait  de  réduire  la  place 
par  blocus  que  par  un  siège  régulier, 
n  est  vrai  cependant  que  M.  de  Cor* 
moataingne  propose  d'ajouter  aux  sab- 
itstances,  pour  le  cas  du  blocus  et  pour 
le  prolongement  de  la  défense,  par  les 
actions  de  vigueur;  mais  c'est  trop 
peu  de  chose^  pour  qu'on  puisse  espé* 
rer  de  faire  une  résistance  compa- 
rable à  celles  dont  nous  avons  cité 
an  si  grand  nombre  d'exemples,  et 
nous  eussions  pu  en  dter  beaucoup 
d'autres. 

Il  faut  convenir  aussi  que  c'est  ici 
que  se  rencontre  la  plus  grande  diffi- 
culté, si  bien  que  de  très  célèbres  gé- 
néraux, tels  que  M.  le  maréchal  de 
Saxe,  la  regardant  comme  insurmon- 
table ,  ont  mieux  aimé  renoncer  en* 
tièrement  au  système  des  forteresses, 
quoiqu'ils  pensassent  d'ailleurs  qu'on 
pouvait  les  rendre  imprenables ,  que 
d*expoaerl'Étatauxinconvéniensd'6tre 
entouré  d'un  cordon  de  places  mal  ou 
point  du  tout  approvisionnées.  C'est 
donc  un  sujet  digne  des  plus  profondes 
télexions,  mais  qui  tient  plus  à  l'ad- 
ministration suprèmeelle-mémequ'aux 
commandans  d'armes  et  aux  officiers 
dn  génie.  Cest  à  enxde  mettre  sous  les 
yeux  du  gouvernement  les  besoins  de 
Iw  place,  d'insister,  autant  qu'ils  le 
peuvent,  pour  qu'elle  soit  conalam* 
ment  pourvue  de  tout  ce  qui  lui  est  in- 
dispensable, mats  ils  ne  peuvent  rien 
de  plus.  C'est  seulement  lorsque  la 
piaee  eat  mise  en  état  de  siège ,  que 
leur  devoir  est  de  rassembler  prompte- 
ment  toutes  les  ressources  du  pays  en* 
vliuuMDt  de  les  mettre  en  lieu  de 


bûreté,  de  veiller  à  leur  bonne  dlslii-- 
butioD  et  à  leur  économie. 

Les  petites  places  ont  Hoconvénient 
denepasfournirdes  abris  suflQsanspoar 

couvrir  tous  les  approvisionnmneDS  aé- 
oessaires  à  un  long  sîége,  une  grands 
partie  reste  exposée  aux  bombes;  et 
pour  se  donner  plus  d'espsce,  <m 
est  souvent  obligé  de  construire  de 
grands  dehors,  comme  des  ouvrages  i 
couronne. 

Les  grandes  |daoea  ont  nu  autre  in- 
convénient, c'est  que,  malgré  les  rè- 
glemens,  il  est  impossible  d'astreindre 
les  citoyens  à  s'approvisionner  pour  li 
durée  d'un  long  siège:  quelle  que  soit 
leur  bonne  volonté,  ils  n'ont  pas  les 
facultés  pécuniaires.  On  fait  bien  pas- 
ser dans  les  villes  de  l'intérieur  dm 
partie  des  personnes  qui  ne  font  que 
consommer  sans  être  utiles  ;  mais  la 
mesure  est  violente,  et  comme  impos- 
sible lorsque  la  ville  a  une  grande  po- 
pulation. 

il  serait  à  désirer  que  dans  les  gran- 
des places  ou  pût  établir  peu  à  pen 
des  greniers  d'abondance  qui,  aux  ap- 
proches du  besoin,  distribueraient 
dans  toutes  les  petites  places  environ- 
nantes, et  que  ces  magasins  fussent 
voûtés  à  l'épreuve  de  la  bombe ,  si  on 
ne  pouvait  les  éloigner  suffisamment 
du  point  d'attaque. 

Les  tableaux  d'approviaionnemens 
dressés  à  ce  sujet  par  les  grands  ingé- 
nieurs dont  nous  avons  parlé,  ont  an 
moins  l'avantage  de  foiunir  la  nomen- 
clature des  choses  nécessaires,  et  à  pen 
près  les  proportions  convenables.  Seu- 
lement il  faut  les  regarder  comme  faits 
pour  un  minimum  de  défense,  et  les 
augmenter  dans  un  même  rapport  an- 
tant  que  possible.  Il  est  diffidie  qu'il 
puisse  y  en  avoir  trop  ;  car  on  peut  tenir 
pour  certain  qu'une  bonne  garnison  se 
défendra  indéUmment  dans  une  bonr^ 


DBS  PLACJKS  FOHTBS, 


6^7 


plaee  msti  long-temps  qa'dte  aura  de 
qooi  vWre  et  de  quoi  combaitrep 

Mais  souvent  il  arrive  qu'on  a  beau- 
coup de  choses,  et  que  parce  qu'on 
manque  seulement  de  quelques  unes 
qui  sont  essentielles,  on  ne  peut  pro- 
longer sa  défense;  par  exemple,  on 
aura  assez  de  subsistances,  mais  on 
manquera  de  bois  pour  faire  cuire  leS 
alimens;  on  aura  trop  de  pièces  d'artil- 
lerie et  point  d'affûts  ;  ce  seront  les  fu- 
sils, la  poudre  ou  les  outils  de  divers 
genres  qui  manqueront  :  c'est  à  quoi 
il  faut  donner  toute  son  attention.  Les 
tableaux  existans  peuvent  préserver 
d'un  pareil  accident,  parce  qu*ils  four- 
nissent du  moins  la  nomenclature  des 
objets  et  le  rapport  de  leurs  quotités. 

Ce  serait  ici  le  lieu  de  placer  ces  ta- 
bles considérées  sous  ce  point  de  vue  ; 
mais  comme  elles  remplissent  les  ou- 
vragesclassiques,ceserait  répéter  inu- 
tilement ici  ce  qu'on  trouve  si  facile- 
ment ailleurs;  je  me  bornerai  donc  h 
quelques  réflexions  générales  qui  tien- 
nent à  la  question  importante  dont  il 
s'agit. 

La  garnison  peut  être  composée  en 
partie  de  nouvelles  milices  qui  y  ac- 
quièrent bientôt  de  l'expérience;  mais 
il  faut  nécessairement  un  noyau  de 
troupes  parfaitement  aguerries  et  dé- 
terminées. 

L'artillerie,  la  poudre,  les  munitions, 
ne  sauraient  se  trouver  en  trop  grande 
quantité  dans  une  place  qu'on  veut  bien 
défendre,  mais  il  faut  au  préalable 
avoir  disposé  des  abris  sûrs  et  en  éten- 
due calculée.  Il  faut  surtout  des  mi- 
neurs, et  tant  qu'il  y  en  aura,  il  est 


des  palissades;  on  siy>plée  aux  soutev*- 
rains,  on  se  procure  des  communica-» 
lions  multipliées ,  on  rétablit  les  aiïûts 
brisés,  on  construit  des  radeaux  pour 
la  défense  du  fossé,  on  se  couvre  en  un 
moment  dans  les  lieux  les  plus  exposés, 
et  Ton  se  met  en  mesure  de  se  loger  à 
l'abri  au  plus  près  des  tëtcs  de  snpe 
Le  chauffage  et  la  nourriture  des  trou- 
pes en  exigent  d'ailleurs  une  grande 
consommation. 

C'est  une  chose  précieuse,  lorsqu'on 
peut  se  la  procurer ,  qu'un  vaste  em- 
placement qui  puisse  servir  au  parcage 
des  chevaux  et  bestiaux,  et  d'au- 
tres où  Ton  cultive  des  légumes.  Cela 
peut  avoir  lieu  lorsque  la  force  de  la 
garnison  permet  d'avoir  un  cnmp  re- 
tranché sous  les  murs  de  la  place,  ou 
lorsque  cette  place  n'étant  attaquable 
que  sur  un  point,  il  se  rencontre,  an 
dehors  de  son  enceinte,  de  grands  es- 
paces couverts  par  une  inondation, 
ou  une  grande  rivière  facile  à  garder. 

On  supplée  aux  souterrains  par  les 
caves  des  particuliers,  en  recouvrant 
les  voûtes  d'une  grande  quantité  de 
fascines  croisées  les  unes  sur  les  an- 
tres^ et  de  fumier  ou  de  terre. 

S*il  n'y  a  pas  de  moulins  dans  la 
ville,  ou  s'ils  peuvent  être  ruinés  par 
l^ennemi ,  on  établit  des  mbnlinsà  Ûas 
en  suflisanteqnantilé. 

On  a  proposé  des  casernes  défensi- 
ves, voûtées,  à  répreuve  de  la  bombe* 
Rien  certainement  ne  serait  plus  aran- 
tageux  pour  procurer  du  repos  au  sol- 
dat, pour  servir  d'hôpitaux  où  les  ma- 
lades seraient  au  moins  délivrés  d*in- 
quiétude  en  même  temps  qu'ils  s<Aif- 


obligé  de  se  rendre. 

On  ne  saurait  non  plus  jamais  avoir 
trop  de  bois  ;  avec  le  bois  on  fait 
de  suite  un  bon  retranchement,  des 


plus  que  probable  qu'on  ne  sera  pas    frent physiquement;  où  Ion  placerait 


les  effets  qui  doivent  être  abrités,  et 
qui  en  même  temps  pourraient  servir 
d'excellens  retranchemens  derrière  les 
bastions. 


tambours  en  charpente ,  des  fraises,  ]     Enfin,  dans  )es  lieux  où  l'on  ne  peut 
T.  48        ' 


Di  LA  Btnmt  ■ 


•1 


le  procurer  de  bonne  eau  en  ralBsante 
quantité,  comme  it  arrive  déni  plu- 
rieurs  villes  maritimes,  il  est  indispen- 
sable qu^il  y  ait  de  grandes  citernes 
bien  couvertes  contre  les  feux  verti- 
taux,  entretenues  par  le  gouverne- 
ment, indépendamment  de  celles  qui 
ioivent  exister  dans  les  maisons  par- 
ticulières. 

De  plus  grands  détails  sur  tous  ces 
objets  ne  sont  pas  du  ressort  de  cet 
Ouvrage  ;  mais  on  ne  peut  trop  enga- 
ger les  gouverneurs  et  tous  les  officiers 
qui  doivent  concourir  avec  eux  à  la 
défense  des  places ,  à  s*occupcr  avec 
la  plus  grande  sollicitude  de  ce  qui 
concerne  les  approvisionnemcns  en 
tous  genres,  car  c'est  véritablement  la 
partie  la  plus  délicate  de  leurs  travaux, 
et  celle  où  la  négligence  cause  le  plus 
souvent  la  reddition  DrénoAturée  dca 
meilleures  forteresses. 


CHAPITRE  IV. 

,  D«  la  mile  en  él^t  de  liége-  —  Ueisrai  eom- 
mandées  par  les  circonstances.  —  Investisse- 
ment. —  Oa?ertnre  de  la  tranchée.  —  Dé- 
feose  éloignée.  —  Défense  rapprochée  (1). 

Il  y  a  dans  la  défense  d'une  place 
trois  périodes  à  distinguer  essentielle- 
ment. La  première,  depuis  Tinvestis- 
.lement  jusqu'à  l'ouverture  de  la  tran- 
€;|iée  ;  la  seconde ,  depuis  l'ouverture 
de  la  tranchée  jusqu'aux  premiers  lo- 
lemens  de  l'assiégeant  sur  le  glacis  ;  et 
h  troisième,  depuis  les  preopiiers  loge- 
mens  sur  le  glacis  jusqu'à  l'attaque  du 
lernier  retr^chement.  La  première 

(1)  Danseel4^tje  n'emploie  qae  lesmesu- 
9t»  ancienne,  à  eaoae  des  Tréqucntes  citations 
(ne  J'ai  été  obligé  d*y  Ihire  des  Oa%rAges  de 
H.  de  VaiiliaB  et  autres  écri? lins,  qui  ont  écrit 
avsni  rétablissement  des  mesures  actuelle^  ce 
qui  aurait  rendu  les  rapprochem(>ns  dilBdJM. 
SI  /en  ave^  usé  antrement. 


de  ces  périodes  répond  à  la 
tion  des  lignes  de  ciroonvallaUm  dde 
contrevallation  de  l'assiégeÉiit  :  la  se- 
conde répond  aux  traran  de  la  Inn- 
chée  jusqu'à  l'établissement  de  la  tni 
sième  parallèle,  qui  a  Heo  ordinaha- 
ment  près  de  la  queuo  dea  glaeia ,  d 
c'est  cette  période  de  la  défense  qa^ 
nomme  Défbnse  éloignée  :  la  tralMèaM 
période  comprend  l'attaqne  du  cheaiB 
couvert,  le  passage  do  fossé,  laprba 
de  la  demi-lune  et  de  son  rédoil,  et 
enfin  celle  du  bastion  et  de  set  reliM- 
chemens.  C'est  cette  dernière  péfioda 
de  la  dofense  qu'on  nomme  Béfeaio 
rapprochée. 

La  première  de  ces  trois  périadei 
se  passe,  de  la  part  de  l'assiégé, 
presque  toute  en  préparatifs.  L'en* 
nemi  lui-même  n'attaque  pas  encore 
précisément  ;  il  ne  fait  que  se  prépa- 
rer, et  se  metu-e  en  mesure  contre  la 
entreprises  qu^on  pourrait  faire  iv 
lui,  soit  du  dehors,  soit  du  dedaai. 
L'investissement  est  ordlnairenesl 
précédé  de  ce  qu'on  nomme  la  mm 
en  état  de  siège;  c'est  l'état  oè  le 
trouve  la  place,  lorsque  le  aanveraia 
jugeant  la  place  menacée  ao  poiot 
d'exiger  des  mesures  extraordinaries, 
confère  au  gouverneur  ou  comman- 
dant le  droit  de  disposer  de  tout  dm 
la  place  et  aux  environs,  comme  si  die 
était  réellement  assiégée.  Cest  à  cette 
époque  qu'il  faut  en  effet  commencer 
les  mêmes  dispositions  défensives,  qm 
si  hi  place  était  déjà  investie. 

On  s'empare  d'abord  de  tons  im  poa* 
tes  avantageux  qui  entourent  la  plaee 
à  la  portée  du  canon,  afln  d'obHgff 
rennemi,  s'il  arrive,  à  forcer  préala 
blement  ces  points,  ce  qui  le  retarde 
d'autant,  ou  ce  qui  le  contraint  i  étea- 
dre  ses  Kgnt'S  et  son  camp  d'une  auh 
nière  démesurée.  Enfin  U  en  résilia 


WH  f}4fm  F9»T?i. 


m 


ktJrté  jpptir  exécuter,  mm  ioqoiétiuie» 
tQQsles  n^ouvemens,  transports  de  ma- 
tériaux et  travaux  avancés  qu'exigent 
les  cirfiorstaocef.  Ce  temps  est  très 
préciaix;  mais  U  faat  que  ses  postes 
avancéfl  aient  avec  la  place  une  corn- 
mçoication  assurée,  parce  qii*autre- 
ment  Tennemi  les  couperait,  ou  les 
enlèverait  de  vive-force. 

Comme  il  est  toujours  très  important 
de  aavoir  qiieb  sont  les  projets  de  l'en- 
nemi ,  il  faut  envoyer  de  petits  déta- 
chjço^ns  i  la  découverte  ^  avoîr  des  es- 
pions, tâcher  de  faire  quelques  prison- 
niers, desquels  on  puisse  tirer  de  bous 
renseignemens  sur  la  force  et  la  position 
des  armées  ennemies ,  ainsi  que  sur  les 
Ueu)(  ou  ellea  font  leurs  plus  grands 
préparatifs. 

Quand  l'inveslbsement  est  fait ,  on 
envoie  de  petits  détachemens  jusqu'à 
quatre  ou  cinq  cents  toises  des  glacis  ; 
cea  détachem^Q9  se  mettent  en  embus- 
cade ventTQ  à  terre  pour  tout  obser- 
ver ;  ib  tAchent  de  correspondre,  et  le 
S<ûr  iU  se  rapi^ochçnt  des  chemina 
couyerts.  Alors  ils  laissent  passer  les 
personnes  isolées  qui  s'approchent  de 
la  place*  piiobablement  pour  la  recon-* 
naître,  çt  lorsqu'elles  sont  trop  enga-» 
gées  pour  se  retirer,  on  en  fait  des 
prisonniers,  qu'on  interroge  sur  la  si- 
tyatioftde  Tarmée  ennemie,  et  dont 
çn  tfre  ordinairement  des  lumières 
très  importantes. 

On.  ne  dpit  jamais  rien  négliger  pour 
avoir  des  nouvelles  de  l'ennemi;  dans 
cette  première  période  surtout ,  il  est 

«^U^ôpiement  avantageux  de  savoir 
qp^  tara  le  front  d'attaque  et  le  lien 
de  fflaverture  de  la  tranchée.  Les  pe- 
tite détachemçns  dont  nous  venons  de 
pader  aeront  très  utiles  pour  cela  »  et 
comm^  lennemi  est  encore  fort  éloi-^ 
gnéa  ib  ne  ris(i|UQrQnt  gnère  d*4tre  sur* 
pb^ten)«y^  . 


»'  .  j 


n  çst  également  essentiel  de  don- 
ner et  recevoir  fréquemment  des  nou- 
velles de  Tarmée  amie.  Autrefois  on  éle- 
vait pour  cela  des  pigeons  qu'on  exer- 
çait i  porter  et  rapporter  des  lettres 
attachées  sous  leurs  ailes.  On  envoie 
aujourd'hui  des  explorateurs  déguisés, 
qui  connaissent  bien  le  pays,  et  ifû 
vont  et  viennent  sans  cesse ,  autant 
qu'ils  le  peuvent.  On  observe  aussi  con- 
tinuellement da  haut  des  tours,  étonna 
peut  nier  qu'il  ne  fût  très  avantageux, 
dans  toutes  les  périodes  du  siège,  d'avoir 
un  ballon  aérostatique,  qn'on  tiendrait 
avec  des  cordes,  élevé  à  la  pins  grande 
hauteur  possible.  Au  fameux  siège  de 
DÔle,  en  1636,  les  Français,  qui  étaient 
assiégeans,  ruinèrent  à  coups  de  ca- 
non la  tour  de  la  principale  église,  qui 
découvrait  à  plus  de  dix  lieues  les  en- 
virons, sous  prétexte  qu'on  tirait  sur 
eux  du  haut  de  cette  tour.  Il  n'en  était 
rien ,  dit  Jean  Boy  vin,  auteur  de  la  re- 
lation de  ce  siège,  a  Les  François  n*es- 
»  toient  pas  si  mal  informés  de  nos  af- 
»  faires,  qu'ils  ne  sçussent  bien  qu'en 
9  ce  clocher  on  n'avoit  jamais  donné 
»  coup  que  de  cloche  :  et  c*estoit  ce 
»  qui  les  piquoit ,  parce  que  cette 
»  échauguette  esclairoit  toutes  lenra 
»  allées  et  venues,  et  aux  occasions 
0  donnoit  l'alarme  si  à  propos,  et  avec 
»  telle  distinction  de  coups,  que  tons 
»  ceux  de  la  ville  açavoient  en  même 
»  temps  si  Tenneroy  s'advençoit  ou  re» 
»  culoit ,  et  de  quel  costé  :  et  encor  par 
»  certains  drapeaux  de  différentes  cou- 
»  leurs,  arborés  ores  d'une  part,  oraa 
»  d'autre,  signaloit  l'infanterie  ou  la 
»  cavalerie  qu'elle  descouvroit.  » 

«  Il  est  a  prési^mer  (dit  M.  de  Van- 
»  ban  ]  que  le  gouverneur  aura  eu  soin 
»  de  se  munir  d*un  chiffre  pour  don-^ 
»  ner  des  nouvelles  au  général  et  anx 
»  villes  voisines ,  et  qu'il  sera  convetu 
»  des  signaux  pour  établir  une  eoT'* 


m 


bE  LA  DirBNiS 


»  rcspondance  du  ptas  haut  clocher  de 
9  la  ville  avec  un  ou  deux  de  la  cam* 
»  pagne. 

»  Comme  il  est  important  de  savoir 
»  de  quel  côté  Tennemi  attaquera,  on 
»  pourra  le  d<^mëler  en  observant  la 
»  partie  où  nos  troupes  auront  plus  de 
»  désavantage,  où  le  resserrement  des 
»  gardes  sera  plus  fréquent.  On  en 
»  jugera  aussi  par  Tamas  des  maté- 
»  riaux  plus  abondant,  et  par  rétablis- 
»  sèment  du  pure,  qu'on  tiche  toujours 
»  de  faire  à  portée  de  Touverture  de  la 
»  tranchée.  Tout  cela  pourra  se  décou- 
9  vrir  des  lieux  élevés  de  la  place,  avec 
D  de  bonnes  lunettes,  mais  il  sera  en- 
0  core  plus  sûr  de  l'apprendre  par  des 
»  espions.  » 

A  cette  époque,  Tasslégé  se  hAte  de 
compléter  ses  approvisionnemcns  en 
tous  genres,  et  de  les  mettre  en  sû- 
reté, soit  dans  les  souterrains,  s'il  y  en 
a,  soit  sous  des  blindages:  il  fait  ren- 
trer tout  ce  que  les  environs  lui  oflrent 
de  ressources,  les  grains,  les  chevaux , 
les  fourrages,  les  bestiaux ,  les  bois  et 
même  les  ouvriers  de  la  campagne  qui 
jpeuvent  ôlrc  utiles  pour  les  travaux  de 
la  défense. 

Le  premier  soin  d'un  commandant 
assiégé  doit  être  de  faire  sortir  de  h 
place  les  personnes  inutiles  ;  plus  il  re- 
tarde cette  opération ,  moins  elle  est 
efficace;  il  les  fait  accompagner  jus- 
^  qu'aux  places  voisines  par  de  bonnes 
escortes  pour  leur  sûreté. 

On  fait  de  suite  recouper  les  para- 
pets et  former  les  banquettes,  tant  sur 
les  remparts  que  dans  les  cliemins 
couverts;  on  arme  ceux-ci  d'un  rang 
de  palissades  sur  tout  le  pourtour  de  la 
place,  et  d'un  double  rang  sur  ie  front 
J*uttaque,  aussitôt  qu'on  parvient  à  le 
découvrir.  On  fait  également  fraiser  et 
palissader  les  ouvrages  en  terre  suscep* 
libUs  d'attaque  ;  en  môme  temps  on  | 


met  des  barrières  partout  où  it  en  est  | 
besoin  ;  on  a  soin  des  poternes,  des  eu- 
nettes  et  des  bateaux  qui  servent  aux 
communications  ;  on  donne  de  l'air  aax 
souterrains  et  aux  galeries  de  contre- 
mines,  enOn  on  dispose  tout  pour  pou- 
voir s'en  servir  au  premier  moment. 

On  fait  confectionner  diligemment 
une  grande  quantité  de  fascines,  pi- 
quets, gabions,  sacs  à  terre,  etc.  On  ne 
saurait  jamais  avoir  trop  de  toutes  cet 
choses. 

Les  plus  petits  détails  dans  le  cou- 
rant du  service  quoiqu'indispensa- 
blés ,  ne  sont  point  susceptibles  d'en- 
trer dans  cet  écrit;  on  les  trouve  avec 
tous  leurs  développemens  dans  les  ou- 
vrages classiques  qui  font  partie  du 
cours  ordinaire  d'instruction  des  élè- 
ves du  génie,  et  Ton  ne  peut  trop  les 
exhorter  à  n'en  négliger  aucun,  Lfi 
plus  célèbres  officiers  de  ce  corps  ea 
ont  de  tout  temps  senti  l'importance, 
et  n'ont  pas  dédaigné  de  s'en  occuper 
essentidlement. 

On  redouble  d'attention  pour  que  (e 
service  journalier  de  la  garnison  se 
fasse  avec  la  plus  grande  ponctualité; 
on  tire  de  la  bourgeoisie  les  hommes 
en  état  de  porter  les  armes  ;  on  les  or- 
ganise en  compagnies  ;  on  les  emploie 
aux  lieux  les  moins  exposés,  à  la  garde 
des  magasins,  aux  travaux  retirés  des 
retranchemens  que  Ton  construit  ou 
qu'on  répare. 

On  établit  une  police  sévère  et  une 
exacte  surveillance  envers  lés  penoa- 
nes  suspectes. 

^  Lorsque  la  garnison  est  peu  nom- 
breuse, on  règle  le  service  par  tiers, 
c'est-à-dire,  qu'un  tiers  de  la  garnison 
est  sons  les  armes  devant  l'ennemi ,  un 
second  tiers  est  toujours  prêt  à  mar- 
cher, et  lé  troisième  se  repose.  Quadd 
la  garnison  est  forte,  la  moitié  se  re- 
paie, «Il  quart  est  en  préseDc«  de  Teu- 


DU  PLàSU  FOETn. 


Ui 


Demi ,  et  leiettese  tient  toujours  prêt 
à  oMPcfaer. 

On  Torme  Ifs  conaeit  de  défense,  on 
a  oa  plaordirecteur  $nr  lequel  ou  dis- 
cale chaque  jour  ce  qull  y  a  de  mieux 
à  faire,  et  on  tient  le  procès-verbal  des 
opérations,'  aQn,  de  pouvoir  dresser  le 
journal  de  la  défisse,  et  rendre  compte 
un  jour  ou  gouvernement  de  tout  ce 
qui  s'est  fait  pendant  le  siège. 

Dans  ces  premiers  temps«  les  sur- 
prises, les  attaques  de  vive-force^  les 
escalades  sont  très  dangereuses,  parce 
que  rennemi  se  trouve  tout  porté  et 
très  nombreux  ;  de  sorte  que  pour  évi- 
tei  les  formalités  d'un  siège,  il  cherche 
Daturetlement  à  tenter  un  coup  de 
nain  ;  il  faut  donc  être  continuelle- 
ment sur  aes  gardes,  veiller  soigncu- 
seinent  à  ce  que  rien  ne  diminue  la 
banteiir  des  rempart»,  que  les  portes 
dérobées  qui  donnent  sur  les  jardins 
des  fosséa;  et  auxquelles  on  fait  sou-* 
fent  peu  d'attention  en  temps  de  paix, 
enOa  l'entrée  et  la  sortie  des  eaux ,  les 
égoolo  et  pu»  sages  provisoires  soient 
exactement  fermés^  Il  Esot  en  mdme 
temps  éclairer  toutes  les  avenues  de  la 
place  pendant  la  nuit  par  des  balles  à 
feu,  la  nMrindre  négligence  à  cet  égard 
pouvant -avoir  les  plus  terribles  consé- 
qumflef  vie-è*vis  d'un  ennemi  entre- 
prenant^ et  rendre  inutiles  tes  disposi» 
lions  les  plus  savantes  d'aHieurs. 

Oorapetoutxeqtti  offusque  la  vue 
jusqo'A  la  portée  du  canon,  et  l'on 
eomUe  les  petits  fossés  qui  favorise- 
raient les  approches  ou  la  reconnais- 
sance de  la  place. 

Dans  dtaque  ville  de  guerre  on  sait 
i  peu  près  le  temps  nécessaire  pour 
tendre^'  lea .  mondations  ;  on  les  com- 
mence dOkie  de  nanière.  qu'elles  puis- 
sent être  achevées  avant  le  comment- 
(Dément  des  attaques^ 

On  fait  mettre  le^birboltes  en  état» 


et  on  y  fait  placer  du  canon ,  qui  j 
reste  jusqu'à  ce  que  rennemi  ait  établi 
ses  batteries;  on  tâche  de  tromper 
l'ennemi  sur  la  portée  du  canon  de 
la  place,  afin  de  l'engager  à  mal  as- 
seoir et  son  camp  et  Touverture  de  la 
tranchée. 

Dès  que  le  lieu  de  cetti:  ouverture 
est  connu ,  on  fait  préparer  les  embra- 
sures et  les  plate*formes  pour  les  batn 
teries  ;  on  fait  faire  les  ouvrages  de  for- 
tiOcations  passagères  qui  peuvent  être 
utiles,  tels  que  les  Oèches  au  pied  du 
glacis.  Ces  flèches,  mises  à  l'abri  du 
coup  de  main ,  retardent,  comme  on 
le  sait,  beaucoup  le  commencement 
de  la  troisième  période ,  qui  est  la  plus 
importante. 

tf  A  cette  époque  on  doit,  dit  M.  de 
n  Vauban ,  faire  travailler  diligenunenf 
»  à  des  fourneaux  sous  le  glacis  de  la 
B  contrescarpe,  et  avancer  aux  pointas 
»  des  angles  saillans  de  la  même  con- 
»  trescarpe  de  petits  travaux  enfoncés 
»  en  forme  de  contre-garde«  sous  le 
9  parapet  desquels  on  fera  aussi  quon«- 
»  Uté  de  petits  fourneaux ,  et  on  fera 
»  planter  des  palissades  à  deux  pieds 
a  du  parapet ,  au-dedans  de  l'ouvrage, 
»  élevés  d'un  pied  et  demi  plus  que  la 
p  hauteur  du  petit  travail,  o 

En  même  temps  on  établit  prompte- 
ment  les  ponts  de  communication , 
dont  les  bois  ont  dâ  être  préparés 
d'avance  et  rois  en  magasin.  . 

On  travaille  au  plus  vite  i  faire  les 
réduits  dans  les  demi-lunes  qui  n'en 
ont  pas,  et  des  retranchemens  aux 
bastions.  Il  serait  bien  à  désirer  que 
ces  travaux ,  d'oà  dépend  la  bonne  dé- 
fense de  la  place,  fussent  faits  de  lon- 
gue main  et  revêtus  à  l'escarpe  :  au  dé- 
faut de  ceu»:i ,  il  faut  les  taire  le  plus 
solidement  possible  en  terre  et  en  fes* 
cinage,  sur  des  plans  arrêtés  d'avance 
e(  ^édités  è loisir;  il  7  a  deycas oili qn 


m 


MIA  MMIIisi 


pent  les  faire  même  en  mdçonnerie. 
«L'on  a  vn  à  Lérida,  en  16^7  (dit 
»  M.  de  Vauban},  les  assiégés  fonder 
»  et  élever  une  muraille  à  l'épreuve 
0  du  canon,  entre  l'ouverture  de  la 
»  tranchée  et  la  place,  à  qui  elle  for- 
o  mait  une  seconde  enceinte  du  cAté 
D  de  la  place.  » 

On  élève  encore  deb  réduits  aussi  forts 
que  possible,  dans  les  places  d*annes 
rentrantes  et  saillantes  du  chemin  cou^ 
tert  :  faute  de  mieux  on  se  borne  i 
lès  faire  en  charpente,  ou  avec  des  pa- 
lissades. 

Lorsque  Tennemi  commence  i  che- 
miner sur  1^  capitales,  on  fait  ce  qu'on 
appelle  une  ligne  de  contre-approche  : 
c'est  une  tranchée  droite,  enfllée  de  la 
place,  et  que  l'on  dirige  sur  les  flancs  de 
l'ennemi  logé  dans  ses  parallèles  et  ses 
boyaux  de  tranchée.  Cette  ligne,  re- 
commandée par  M.  de  Vauban ,  n'est 
pas  assez  en  usage.  Il  faut  au  moins, 
lorsqu'on  ne  peut  pas  l'exécuter,  tâcher 
de  saisir  quelque  position  momentanée 
et  favorable  pour  surprendre  l'ennemi 
sur  les  enfilades  de  ses  travaux  ;  ce  qui 
peut  souvent  se  répéter  plusieurs  fois 
dans  le  cours  d'un  siège. 

A  mesure  que  l'assiégeant  approche 
de  la  place ,  le  danger  de  l'attaquer 
corps  à  corps  diminue,  parce  qu'on  a 
moins  loin  a  l'aller  chercher,  Hiotna  de 
temps  à  demeurer  exposé  à  son  feu,  €t 
plus  de  facilité  h  faire  la  retraite.  Mab 
i  cette  distance,  ce  ne  sont  encore 
que  de  petites  sorties  qu'il  faille  hasar- 
der ;  il  ne  s'agit  que  d'interrompre  ies 
travailleurs,  et  les  disperser  pour  leur 
faire  perdre  tanlét  une  nuit,  iuulAt 
une  autre ,  et  non  de  livrer  des  conii» 
bats.  Si  cependant  on  s'apergoit  que 

eelui-ci,  plein  de  la  confiance  qu'on  ne 
l'attaquera  pas  sérieusement,  n^iige 
les  pràcautiont  nécessaires  à  sa  •ûralé, 
Ml  le  surprendrait  de  temps  en  temps] 


par  de  vîgohHMMlte»  UMH;  U&i^fL 
puyées  par  l'artillerie  volante,  llr  CM» 
lerie  et  les  batteries  de  ta  jÊÊùt  ;  ûhâ 
toujours  être  habile  à  preoirv  Ma  A^ 
nemi  sur  le  temps,  et  à  pMÊUtét  M» 
tes  ses  flmtes. 

«  Les  sorties  faites  i  praptt,  • 
»  M.  de  Vauban,  peofettt  rtnÉttiir 
»  Uement  retarder  les  apprMbii;  tifl 
»  peu  d'actions  à  ta  guefre,  ce  tadîk 
gence  et  ta  bonne  condnittsoieMtftai 
nécessaires  qu*en  celle«ci.  Partadi^ 
ligence,  fous  surprenet  les  enaMÉii 
par  ta  vigueur,  vous  taa  netteté 
désordre,  et  les  contra%iMK  dTi 
donner  un  travailqu'ita  ne 
rontet  ne  rétiMiront 
qnand  tous  l'auret  détrafi;  et^ivll 
bonne  conduite,  vmw  vow  aarrci  di 
leurs  travaux  contre  euxHiiteet,il 
fskitesensuite,  d'une  Aiite  foreée,  «É 
belle  retraite.  Enfin  ta  èonne  0» 
duite  garantit  presque  tanimtn  éà 
dangers  que  suit  ta  BHmvaiae.  la 
connaissance  que  ta 
de  ta  faiblesse  eo  de  ta 
duite  de  ceux  qui  aero«it  de  fttdii 
la  tranchée,  doit  obliger  éi  tat  aMs» 
quer  avec  pius  eu  méiiiade  fNua;! 
doit  encore  te  taire 
vais  temps  aura  mis  l'i 
d'état  de  pouvoir  se  sertir  de* 
mes  à  feu  contre  lea  troopea  <|iii 
tirent  sur  toi;  et,  coiimm ta 
des  sorties  tait  un  des  principame- 
tardemens  de  l'attnqise»  le  §mfm 
neur  ne  dm  t  pas  se  eenlealer  d'Mr 
une  seute  fois  bettu  l'ennemi,  eldi^ 
truit  ses  travaux  ;  il  doit  ai  bieii  prai^ 
dre  ses  mesures  par  iiii-«ièiiie«  qae 
sans  trq^  tatiguer  les  aoldeto,  Mr»- 
bute  i'asaiégeeot,  taelAI  per  de  pMi^ 
tes  et  même  de  tanaaea  iorttaf,  ë 
tantôt  par  de  ?éritahlei«  aid  Modri» 
sent  leurs  eflfeta. 
»  Je  fie  atta  ^ueHa  raison  a  pu  em* 


fMler  jQ^li*ici  les  gouvernean  de 
htto  sortir  de  leurs  places  qoinze  ou 
¥tegt  matires  pour  chasser  les  tra- 
Vifliènrs  de  Tattaque.  Je  ne  demande 
pasqne  cette  petite  troupe  combatte, 
ittHis  qu'elle  Tonde  seulement  sur  sii 
ou  sept  cents  hommes ,  qui  n'ont 
ffoût  toute  arme  que  Tépée  et  la 
pelle,  et  qui  ne  demandent  qu'un 
prétexte  pour  se  retirer,  ou,  pour 
Meiix  dire,  de  prendre  la  fuite. 
Quelque  soin  que  prenne  ensuite  un 
lltteicr-général  pour  rassembler  les 
piMniers,  il  est  certain  qu'il  ne  s'en 
MTonvera  pas  la  moitié,  Ce  qui  re- 
lÉHtera  extrêmement  le  travail.  Ou- 
tré reRét  de  cette  petite  sortie,  dont 
je  Viens  de  parler,  elle  en  produira 
m  autre  non  moins  considérable  que 
te  premier,  puisqu'elle  servira  à  dé- 
couvrir les  postes  que  tiendront  les 
fNNtpM  commandées,  sur  lo  droite 
et  là  gauche  des  attaques,  pour  sou- 
tenil*  les  travailleurs  ;  lesquels  étant 
reconnus  par  les  assiégés,  ils  feront 
lilli,  à  coup  sûr,  sur  ces  troupes  qui 
ti*Otit  point  de  couvert  pour  s'en  ga- 
fftntk.» 

C'est  une  défense  mal  entendue,  que 
de  faire  uti  graAd  feu  d'artillerie  pcn- 
dMt  ieè  deux  premières  périodes  du 
iiége;  de  cette  erreur,  dans  laquelle 
tombent  presque  toujours  les  comroan* 
défis  qui  ne  sont  pas  asiel  instruits  de 
ce  «tel  regarde  la  guerre  des  sièges,  il 
réMlte  qee  lés  canons  sont  tous  dé* 
BMMtéa  on  hors  de  service,  aVant  qu'on 
ail  pu  leé  employer  utilement ,  et  que 
la  plus  grande  partie  des  munitions  est 
consommée,  lorsque  le  vrai  temps  de 
s^en  servir,  qui  est  la  troisième  période 
des  attaques,  est  arrivé.  C'est  ici  un 
pNJdgé  duquel  ont  beaucoup  de  peine 
à  levenir  ceux  qui  se  Ogurent  vague- 
uRMftqaè  la  bonne  défense  d'une  place 
eilfmpiyrtiotlihéeài 


voa 

I  «Je  souhaiterais  cependant,  dit  M.  de 
»  Vaubon ,  qu'un  gouverneur  ne  se 
»  servit  jamais  de  son  canon,  que  pour 
y>  rompre  quelque  batterie  plus  faible 
]»  que  celle  qu'il  y  peut  opposer,  ou 
»  quelque  logement  qui  rincommode- 
»  derait  dans  la  suite,  parce  que  Ton 
»  doit  ménager  extrêmement  la  pou* 
D  dre  dans  une  piace  assiégée.  D'ail 
»  leurs,  à  bien  considérer  toutes  cho* 
»  ses,  les  assiégeans  ont  toujours  plus 
»  de  canons  que  les  assiégés ,  et  plus 
»  de  munitions  ;  ce  qui  les  rend  tout^è- 
x>  fait  supérieurs,  surtout  aux  places 
»  ordinaires.  Ainsi  je  crois  qu'il  serait 
x>  plus  utile  de  réserver  la  poudre  pour 
»  la  mousqueteric ,  qui  en  consomme 
»  moins,  et  fait  plus  de  mal  aux  assié- 
»  geans,  et  pour  de  petits  fourneaux  ; 
»  car  la  charge  de  dix  ou  douze  pièces 
»  de  batterie,  placée  sous  un  logement, 
»  le  détruit  plus  facilement  que  cent 
»  volées  de  canon.  » 

L'usage  de  l'artillerie ,  dans  les  pre- 
miers jours  de  la  tranchée  ouverte,  n'a 
pour  objet  que  d'obliger  l'ennemi  i 
faire  ses  travaux  solides ,  et  à  ne  rien 
négliger  pour  la  sûreté  de  sa  marche, 
ce  qui  la  ralentit;  et  il  suffit  pour  cela 
de  la  canonner  lorsqu'on  voit  qu'il  se 
néglige  on  veut  aller  trop  vite  ;  mais 
les  gronds  effets  de  rartillerio  de  la 
place  n'ont  lieu  que  dans  la  troisième 
période  de  la  défense,  et  elle  doit  être 
soigneusement  conservée  pour  cela. 
On  peut  cependant  suivre  très  utile- 
ment, dans  plusieurs  circonstances,  le 
conseil  que  donne  M.  de  Cormontain- 
gne ,  de  tirer  de  la  place ,  à  ricochet , 
sur  les  tranchées.  Cette  méthode  est 
économique,  et  fait  beaucoup  plus  de 
ravage  que  le  canon  tiré  de  plein  fouet. 
On  peut  également  employer  les  obu« 
siers  pour  ces  ricochets  ;  relTet  en  sera 
plus  considérable. 

Voilà  pour  ce  qui  regarde  iea  deex 


Dremlères  périodes  du  siège  ;  )iMqtt'îcî 
la  défense  a  dû  être  à  peu  près  la  même 
pour  tous  les  systèmes  de  fortitication, 
parce  que  rennemt  n'était  pas  eneore 
parvenu  jusqu^àax  ouvrages  mêmes,  ses 
premier*  travaux  n'ayant  eu  lieu  qu  au 
milieu  de  la  campagne.  Maintenant 
qu'il  commence  à  établir  son  legement 
sur  le  pied  des  glacis,  cette  défense  va 
devenir  spéciale,  et  doit  se  mo*lifier 
suivant  la  nature  des  ouvrages  qu'il 
faut  attaquer  successivement.  Ici  est  la 
ligne  de  démarcation  entre  ce  qu'on 
nomme  Défense  éloignée  et  Défense 
rapprochée.  Ces  deui  espèces  de  dé- 
fenses diffèrent  essentiellement  par 
leur  objet.  Le  but  de  la  première  est 
seulement  de  retarder  la  marche  de 
Tennemi;  celui  de  la  seconde  est  de 
l'arrêter  tout-à-fait,  ou  de  le  détruire 
entièrement,  s'il  persiste  à  vouloir  con- 
tinuer ses  opérations.  Lorsque  l'assié- 
geant est  encore  au  loin  dans  la  cam- 
pagne ,  bien  retranché  dans  son  camp 
ou  dans  ses  places  d'armes ,  il  serait 
trop  hasardeux  de  lui  aller  présenter 
le  combat  avec  des  forces  très  inférieur 
res;  on  se  borne  à  le  harceler.  Il  serait 
aussi  trop  dispendieux,  à  cette  distan- 
ce ,  de  vouloir  anéantir  se»  travaux  à 
coups  de  canon  :  toutes  les  munitions 
que  peut  contenir  une  plaee  seraient 
bientôt  consommées  sans  que  Ton 
puisse  espérer  d'obtenir  un  effet  consi- 
dérable; car  sureent  coaps,  à  peino 
deux  ou  trois  porteraleni-ila. 

Mais  lorsque  l'ennemi  commence  à 
entamer  les  ouvrages  de  la  place,  qu'il 
établît  sa  troisième  parallèle  à  la  queue 
des  glacis,  le  temps  est  venu  de  son- 
ger» non  pas  seulement  à  mvAtiplier 
les  chicanes  et  les  petits  moyens,  qui 
peuvent  retarder,  mais  non  empêcher 
la  perte  de  la  place  ;  il  faut  conce- 
voir le  projet  de  l'ensevelir  entière* 
ment  dans  la  niasse  des  terres ,  qa*il 


oéranav 

entreprend  de  rerouer  pour  amrv 
jusqu'au  dernier  retranchement;  l'ex^ 
cution  de  ce  projet  est  même,  on  l'ose 
dire,  plus  facile  que  celui  de  le  retarder 
seulement  de  huit  jours  ;  en  interpo- 
sant à  chaque  pas,  entre  lui  et  nous, 
quelque  nouvel  obstacle,  toujours  fa- 
cile à  surmonter  par  un  adversaire,  si 
supérieur  en  nombre  et  en  moyens  de 
toute  espèce. 

Pour  bien  régler  sa  défense ,  il  faal 
s'attacher  à  connaître  d'abord  le  pria- 
cipe  des  bonnes  attaques.  Ce  principe 
est,  sans  contestation,  celui  qu*a  cons- 
tamment suivi  M.  le  maréchal  de  Yao- 
ban  ;  celui  qui  a  donné  à  sa  roélhode 
une  supériorité  si  grande,  et  qu'il  ex- 
pose comme  il  suit,  dans  son  résumé, 
intitulé  :  Maximes  généralei  été  atté- 
quu  ;  car  c'est  pour  les  assiégeaos  qu'il 
écrivait  alors  : 

«  Employer  la  sape  dès  que  la  trao- 
y»  chée  deviendra  dangereuse ,  et  ne 
i>  jamais  faire  a  découvert  ni  par  force 
»  ce  que  l'on  peut  par  industrie ,  at- 
»  tendu  que  l'industrie  agit  toujours 
»  sûrement,  et  que  la  force  ne  réussit 
»  pas  toujours,  et  on  hasarde  pour  l'or- 
»  dinaire  beaucoup.  JUaxinit  VU, 

»  Ne  jamais  porter  un  ouvrage  en 
»  avant  près  de  l'ennemi,  que  celui  qui 
»  doit  le  soutenir  pe  soit  en  ctst  de  le 
a  faire  avantageusement.  Max.  XII 

»  Employer  les  batteries  à  ricochet 
»  et  les  cavaliers  de  tranchée,  a  la  prise 
»  des  chemins  couverts,  par  préférence 
^  aux  attaques  de  vive  force,  dans  tons 
B  les  endroita  où  on  pourra  le  faire. 
3»  Max.  XIV, 

a  Observer  la  même  maxime  a  l'at^ 
»  taque  de  tous  les  dehors  et  même  du 
a  corps  de  la  place«  Ma^.  XV. 

»  La  précipitation  dans  les  sièges  ne 
»  bêie  point  la  prise  des  places,  la  re- 
a  tarde  souvent ,  et  ensanglante  ton- 

»  jQi0ti  la  fdm  '  témpjv»^.  hmo^ 


DBS  FL4CS9  FORTJia. 


86& 


jilone,  Landau  et  plosieurs  autres. 
»  Uax.  XYÏL 

»  Ne  jamais  s'écarter  ni  s'éloigner 
»  de  Tobservalion  des  règles ,  sons 
»  prétexte  qu*ane  place  n'est  pas  bon- 
»  ne ,  de  peur  de  donner  lieu  &  une 
»  niauraise  de  se  défendre  comme  une 
j»  bonne.  Max»  XXIL  x> 

On  voit,  par  ce  qui  précède,  comme 
on  le  voit  par  l'ouvrage  entier  de  M.  de 
Vauban ,  que  le  véritable  esprit  de  sa 
méthode,  son  principe  fondamental, 
est  qneVagsié'jeani doit  toujours,  autant 
quil  te  peut,  gagner  pied  à  pied^  et  non 
par  violence,  les  points  quil  veut  occuper. 
D'où  il  suit  qu'au  contraire  le  bui  de 
Vassiégé  doit  être  de  ré  luire  son  ennemi 
À  ne  pouvoir  rien  hi  enlever  que  de  vice 
force.  C'est  celte  vérité  qu'il  ne  faut 
jamais  perdre  de  vue,  et  qui  doit  diri- 
ger l'assiégé  dans  tou^^  ^^  coéra  lions 
de  la  défense. 

Il  est  clair,  en  eflet,  que  si  l'assiégé 
prend  la  résolution  de  ne  se  défendre 
que  pas  6  pas,  contre  un  ennemi  plus 
fort  que  lui,  et  qui  l'attaque  par  le  mô- 
me pror^édé,  il  faudra  qu'il  lui  cède 
successivement  toutes  ses  positions;  il 
pourra  bien  le  retarder  dans  sa  mar- 
che, par  une  série  de  petites  difficultés 
sans  cesse  renaissantes,  mais  non  l'ar- 
rêter ni  le  détruire.  Au  lien  que,  dans 
les  coups  de  main ,  c'est  souvent  le 
plus  faible  qui  >*emporle,  lorsqu'il  est 
ou  le  plus  courageux,  ou  le  plus  habile, 
ou  le  mieux  secondé  par  sa  position. 
Nous  supposons  ici  la  bravoure  et  les 
(alens  égaux  entre  l'assiégé  et  l'assié- 
geant ;  mais  il  reste  à  celui*ci  un  ter- 
rain choisi  et  préparé  par  l'art.  Le  se- 
cret donc  est  de  tirer  le  meilleur  parti 
possible  de  cet  avantage,  et  ce  secret 
consiste  à  ramener  tout  à  une  suite,  de 
coups  de  main.  A  la  guerre ,  dit  le 
grand  Frédéric,  il  faut  toujours  vouloir 
œ  qaé  rennemi  ne  veut  pas;  or,  ici 


qu'est-ce  que  l'ennemi  ne  veut  pas?. 
C'est  le  coup  de  main  ;  son  grand  prin- 
cipe est  de  vous  chasser  mélho«'.lque^ 
ment  et  pied  à  pied  de  toutes*:  os  posi- 
tions ;  le  vôtre  doit  donc  èt^e  de  l'obli- 
ger à  vous  attaquer  de  vive  force  par- 
tout. Qu'est-ce  que  l'ennemi  a  intérêt 
d'éviter?  Ce  sont  les  actes  de  vigueur; 
il  faut  donc  les  multiplier.  Qu'est-ce 
que  Texpérience  a  montré  lui  ôtre  fa- 
tal dans  tous  les  temps?  Qu'est-ce  qui, 
dans  tous  les  temps,  a  produit  de  bel- 
les défenses?  Ce  sont  les  combats  corps 
à  corps  ;  il  faut  donc  rétablir  ces  com- 
bats; et,  au  lieu  de  regarder  tout  cela 
comme  moyens  accessoires,  il  faut  en 
faire  le  moyen  principal,  regarder,  au 
contraire,  tout  le  reste  comme  secon- 
daire, non  pour  en  négliger  l'applica- 
tion ,  mais  pour  le  subordonner  h  la 
défense  principale ,  et  la  rendre  plus 
cflicace. 

Ce  n'est  point  par  une  science  pure- 
ment géométrique,  par  des  systèmes 
de  fortificaUon  plus  ou  moins  ingé-^ 
nieux,  qu'on  peut  suppléer  aux  coups 
de  vigueur.  Un  tracé,  habilement  com- 
biné avec  le  relief  et  avec  le  site  de  la 
place,  peut  ralentir  considérablement 
les  progrès  de  l'assiégeant;  mais  quel- 
que lents  que  soient  ces  progrès,  il 
avance  insensiblement,  envahit  suc- 
cessivement tous  les  points,  et  vous 
chasse  enGn  de  toutes  vos  positions.  Il 
n'y  a  qu'un  moyen  de  l'arrêter  absolu- 
ment :  c'est  de  détruire  ses  propres 
travaux  à  mesure  qu'il  les  exécute  ;  et 
cela  ne  peut  se  faire  que  par  des  coups 
de  main. 

L'avantage  de  cette  manière  de  se 
défendre,  en  attaquant,  pour  ainsi  dire, 
toujours  soi-même,  est  évident;  car 
l'ennemi,  quoique  beaucoup  plus  fort 
es  masse ,  est  obligé ,  par  la  nature 
nième  de  son  procédé ,  de  s'étendre 
beaucoup,  et  par  ooniiéqaent  d^^tra 


m 


Bt  lA  Mbmni 


faible  en  chaque  point.  Ainsi,  en  l'al^ 
laquant  à  l'improriste ,  tantAt  sur  un 
de  CCS  points,  tantAt  sur  un  autre,  on 
est  toujours  certain  de  la  supériorité, 
d'àiiénntir  partiellement  ses  travaux , 
et  erinn  de  le  détruire  entièrement  lui- 
même  en  détail. 

Saisissons  bien  l'esprit  de  la  méthode 
proposée  ;  elle  ne  consiste  point  ft  te- 
nir de  pied-ferme  dans  un  ouvrage, 
en  faisant  lutter  d^égal  à  égal  une  gaN 
nîson  médiocre  contre  une  force  ma- 
jeure ;  mnls ,  au  contraire ,  à  opposer 
toujours  le  fort  au  faible.  Ou  Tenneml 
vous  attaquera  de  vive  force ,  suivant 
Tusage  pratiqué  communément  autre- 
fois, ou  bien  par  la  marche  régulière 
pratiquée  depuis  M.  de  Vauban.  SI 
Tennemi  attaque  brusquement  avec  des 
troupes  nomiTcuses,  il  faut  lui  céder 
ihomentanément,  le  laisser  exposé,  le 
plus  long-temps  possible,  au  feu  le 
K>lus  vif  de  tous  les  points  environnans, 
qui  doivent  être  préparés  pour  cela. 
S'il  persiste  à  vouloir  demeurer  dans 
le  lieu  qu'il  a  pris,  il  y  perdra  son  dé- 
tachement tout  entier;  s'il  se  retire, 
c'est  alors  quil  faut  revenir  en  force 
avec  la  plus  grande  vivacité,  le  pousser 
tépée  dans  les  reins  sans  s'aventurer, 
culbuter  ses  logemens,  et  revenir 
promptement  pour  ne  pas  demeurer 
soi-même  exposé  ft  son  feu ,  lorsqu'il 
aura  opéré  sa  retraite. 

Si,  au  contraire,  l'ennemi  prend  la 
marche  régulière  de  M.  de  Vauban; 
qu'il  chemine  pied  à  pied ,  qu'il  cher- 
che à  vous  cerner,  h  vous  envelopper 
de  toutes  parts,  h  vous  resserrer  de 
plus  en  plus  par  ses  places  d'arme^,  ses 
demi-places  d'armes,  ces  empiétemens 
insensibles  en  apparence,  mais  qui  de- 
viennent bientAt  efl^ayans  par  ledr 
continuité  de  Jour  et  de  nuit,  alors 
'  f  imriiénsé  développement  de  ses  tra« 
"  vaux  votis  fourott  lei  moyeM  de  tom- 


ber inopioéniint  tantAt  «iir  un  point, 
tantAt  sur  l'autre  ;  vous  «ttaquei  ses 
tètes  de  sape,  toujours  mal  ioutenaes, 
parce  que  «  s'il  mettait  beaucoup  de 
monde  pour  les  protéger,  le  feu  de  la 
place  Ici  deviendrait  très  meurtrier. 
Vous  percereE  impunément  ses  tran- 
chées et  ses  couronnemena  de  chemin 
couvert,  qui  ne  peuvent  être  91e  fai- 
blement gardés  en  diaque  point,  et 
Vfius  7  porterez  un  bon  détachement, 
non  pas  seulement  consme  dans  lei 
premières  périodes  do  siége^pourfaire 
fuir  les  travailleurs,  mais  pour  les  (aer 
et  raser  leurs  travaux. 

AîOsi  votre  but,  dans  tous  les  cas,  et 
ce  à  quoi  vous  parviendrez  en  prenant 
toujours  l'ennemi  sur  le  temps,  sera 
d'opposer  dans  toutes  les  circonstances 
le  fort  au  faible ,  malgré  la  dispropor- 
tion des  moyens  qui*  comparés  en 
masse,  sont  de  beaucoup  en  faveur  de 
l'ennemi* 

Si  M.  de  Vauban  eût  eu  autant  d'oc- 
casions d'étudier  les  vrais  principes  de 
la  défense,  qu'il  en  a  eu  d'étudier  ceui 
de  l'attaque,  il  eAt  sans  doute  prouvé 
par  les  faits  tout  ce  que  nous  venon« 
de  dire.  La  simplicité  de  ses  systèmes, 
de  fortiOcation  montre  qu'il  sentait 
très  bien  que  ce  n'était  pas  dam  un 
labyrinthe  de  petits  ouvrages  qu'il  pla- 
çait sa  confiance,  mais  dans  la  facilitée 
déboucher  en  force  à  chaque  instant, 
pour  tomber  isolément  sur  chaque 
portion  des  travaux  de  l'ennemi. 

Faisons  l'application  de  ces  princi- 
pes généraux  aux  principal^  époques 
de  k  défense  rapprochée,  qui  est  celle 
dont  il  s'agit  en  oc  moment  et  la  seule 
qui  en  soit  susceptible. 

La  première  opération  qui  se  pré- 
sente est  le  couronnement  du  chemin 
couverte  La  troisième  parallèle  de 
l'ennemi  est  établie^  il  est  iogé  sur  les 
glacis,  il  s'avence  i  le  double  sape  sur 


m  Kât 

tes  eapRalei  desbastioM  et  de  ta  demi'  | 
hine  :  son  bat  est  de  nous  chasser  da 
dieinln  couvert  pied  à  pied,  e'est^à- 
dlrè  par  des  cataliers  de  trândiée  qui 
ètt  enfllent  les  branches  :  eh  bien  I  il 
Ant  le  contraindre  à  rattac|Qer  de  vite 
Ibree,  car  son  avantage  est  de  la  pren^ 
drë  autrement  :  é'est  nne  sotte  de  la 
«anime  fondamentale  de  M.  de  Van* 
bn,  et  c*eit  ce  qn'il  arHcale  ailleurs 
lÊTuné  manière  posithre  et  spéciale, 
pottr  rattaqoe  dn  chemin  couvert 
é Toutes  les  Ibis,  di^il ,  <(a*on  peut  se 
li  tendre  mailre  du  chemin  couvert  par 
»  Indnstiie,  sans  être  obligé  d*en  venir 
%wn  mains,  c'est  sans  contredit  le 
nmellleuf  moyen  qu'on  puisse  em- 
«plofer. 

»  Hais  si  ee  chemin  couvert  n'est 
»  point  battu  des  ricochets,  qu'on  ne 
9  aolt  pu  en  état  de  le  dominer  par  de 

*  fètils  cavaliers ,  qu'il  soit  bien  tra- 
%  versé  et  la  garnison  forte,  on  sera 
W'ptiùirèVrt  obligé  d'en  venir  aoi 
n  naine,  et  de  le  forcer  par  une  atta- 
»  que  générale.  * 

LeiplUi  habiles  générant  ont  tous 
ideplé  cette  méthode  d'attaquer  les 
ébeminft  easverts.  «  Cette  manière  dr- 
«  «Mipecteetsage,  dit  M.  deFeuquiè- 

•  Ni,  aiMre  tellement  la  possession 
)s  d*ttn  gladi,  ipi'M  ne  le  peut  plus 
»  perdre.  Je  rejette  entièrement  l'an- 
**  den  uaage  d'attaquer  des  contrescar- 

a  pes  de  Tive  force,  comme  étant  d'une 
il  t#op  grande  eeniommation  d'hom- 
a  nea.  La  manière  de  forcer  l'attaqué  à 
'  w  abandonner  sa  footrescarpa  et  son 
a  Cliemin  couvert  pratiqué  et  mis  en 

#  wagepar  M.deVaubaa,est  ta  meil- 
a  lenra,  ta  plus  sAra  et  cane  qui  eoAta  te 
ik  flUdhM  d'hommes,  le  ne  rapporterai 
t  M  que  troia  eiemplei  des  oontrea- 
a  eârpaa  attaquées  de  vive  força,  pour 
a  fiMvar  qaa  ealta  andaame  manière 
^■m  abaeimMrt  à  rslaiar.  a 


Les  trois  eiempiaa  que  dte  M.  da 
Feuquiëres,  sont  ceux  de  Mastricht^ 
en  1873,  de  Mayence,  en  1660,  et  de 
Namur,  en  1696. 

Puisque  l'intérêt  de  l'assiégeant  est 
d'éviter  l'attaque  de  vive  force  dans 
l'invasion  du  chemin  couvert,  celui 
de  l'assiégé  est  évidemment  d'empê- 
cher que  son  ennemi  puisse  s'en  em* 
parer  autrement;  et  te  moyen  nous  en 
est  indiqué  par  les  paroles  de  M.  de 
YaubaUf  rapportées  il^dessus.  Car, 
puisqu'on  est  obligé  d'en  venir  aux 
mains,  lorsque  le  chemin  couvert  n'est 
point  battu  de  ricochets,  ni  dominé 
par  les  cavaliers  de  tranchées,  l'assiégé 
doit  fliire  tout  ce  qu'il  faut  pour  empé» 
cher  tes  uns  et  les  autres.  Or,  il  est 
évident  que  les  elTets  du  ricodiet  et 
des  cavaliers  sa  réduiront  à  bien  paa 
de  chose,  si  avant  les  attaques  on  a 
"élevé  aux  anglea  saillans  du  chemin 
couvert  des  bonnettes  fort  hautes.  Car 
alors  l'ennemi  ne  pourra  plus  donner  i 
ses  cavaliers,  qui  sont  vers  le  milieu  de 
ta  pente  deaglads,  asset  de  relief  pour 
s'élever  auMiessus  de  ces  bonnettes  et 
plonger  dans  les  branches  du  chemin 
couvert. Ces  mêmes  bonnettes,  parleur 
élévation  formant  traverse,  arrêteront 
en  grande  partie  l'action  du  ricochet, 
même  avant  rétaUisaeniani  des  cava- 
lière; et  ceui«d,  qui  aont  placés  sur 
leurs  directions,  les  iotareepteront  on- 
Uèrement ,  si  on  essaie  de  les  construire. 
Par  te  moyeu  de  cea  iimplei  bonnet- 
tes, qui  aoni  des  oovrsges  de  campa- 
gne médiocres,  on  empêche  donc  l'ef- 
fet des  rioodMlts  et  des  cavalière,  et 
par  conséquent  on  aaaèna  l'ennemi  i 
ta  néceasité  d'attaquer  te  chemin  cou- 
vert de  vivo  forée. 

C'est  ee  qua  M.  da  Vauban  observe 
htl^'Wême.  a  II  7  a  t  dil-U^  une  chose 
a  Menaértense  à  reuMU'qtter^  c'est  tpie, 
à  eaaaiA#  tes  ptaoaade  fuerraaaM  prea* 


M  Lk  •tWI»B 


»  que  tontes  irrégtif ières  el  différem- 
»  ment  situées ,  il  s'en  tron?e  sur  des 
»  hauteurson  lericochet«  ayant  peu  de 
»  prise  ne  pourrait  dominer  avec  assez 
»  d'avantage.  Il  y  a  encore  celles  où  les 
»  situations,  qui  pourraient  coRvenir 
»  anricochot ,  sont  ondes  marais  ou  des 
»  lieu  coupés  de  rivières  qui  empè- 
»ehent  l'emplacement  des  batteries, 
»  et  celles  enôn  où  les  glacis  élevés  par 
»  Icnr  situation  sont  si  raides  qu'on  ne 
9  peut  plonger  ie  chemin  couvert,  par 
»  les  logcmens  élevés  en  cavaliers 
»  qu'on  peut  faire  vers  le  milieu  du 
»  giocis.  Lorsque  cela  se  rencontrera, 
»  on  pourra  être  obligé  d'allaqœr  le 
»  chemin  couvert  de  vive  force.  ». 

La  manière  de  résister  à  cette  der- 
nière attaque  n'est  point  de  la  soutenir 
long-temps  de  pied  Terme,  mais  seule- 
ment Jusqu'à  ce  que  l'ennemi  ait  coupé 
la  palissade,  opération  qui  sera  (nfes 
meurtrière  pour  lui,  puisqu'il  sera  obli- 
gé de  la  foire  sous  les  baïonnettes  de 
Tassiégé,  attendu  que  les  ricochets 
n'ont  pu  la  détruire.  Pour  empêcher 
l'assiégeant  d'aborder  faeilement  cette 
palissade,  il  faudra  jeter  sur  le  glacis, 
jusqu'à  trois  ou  quatre  toises  en  avant, 
une  grande  quantité  de  chausse-trapes; 
ai  cet  espace  en  est,  non  pas  simple- 
ment parsemé,  mais  en  quelque  sorte 
couvert,  ce  sera  un  très  grand  obstacle 


et  on  se  rétablirii  dans  le  chtiunn  co«- 
vert. 

Il  est  vrai  que,  suivant  les  principes 
de  M.  de  Yauban ,  l'assiégeant  ne  doit 
tenter  une  aeroUale  eipédilion  que 
quand  il  est  parvepu  à  éteindre  préala- 
blement  tous  les  Ceux  de  la  place.  Biais 
si  les  feux  de  la  place  sont  éteints  h 
cette  époque,  c'est  que  l'assiégé  l'aura 
bien  voulu*  Celui-ci  ne  doit  tirer  qu'à 
barbette ,  jusqu'à  l'établissement  de» 
premières  bilterios  de  l'assiégeant:  û 
cette  époque,  il  doit  se,  hftter  de  retirer 
son  canon  qui,  sons  cela,  serait  bieotét 
tout  démonté;  ne  plus  tirer  qu'à  la  dé- 
robée, tantôt  d'un  point,  lantét  de 
lautre.  Ensuite ,  lorsque  l'ennemi  at- 
taque le  chemin  couvert,  et  que  ses 
batteries  ne  peuvent  plus  i^ir,  de  peur 
de  tirer  sur  ses  propres  gens ,  qui  ne 
sont  presque  plus  séparés  de  l'assiégé, 
on  garnit  de  nouveau,  bien  vile,  le 
rempart  de  petites  pièces  de  canon  i 
mitraille,  ou  d*obusiers«  il.  est  impos- 
sible que  l'ennemi  persiste  à  demeurer 
dans  une  pareille  position* 

Le  lieu  le  plus  favorable  à  l'assiégé, 
pour  se  retirer  après  cette  attaque  de 
vive  force ,  est  la  place  d'armes  ren- 
trante de  chaque  côté,  sous  la  protec- 
tion de  son  réduit,  et  des  feox  du  bas- 
tion et  do  la  demi-lune;  mais  il  faat 
convenir  que  cette  retcaite  n'est  pas 


et  qui  coùteni  beaubodp  de  monde  à   très  commode,.parl/|  manière  dont  nos 


l'ennemi.  Si  enfin  il  vient  à  bout  de 
couper  la  double  palissade  qu'on  a 
coutume  de  mettre  sur  le  front  d'at- 
taqile,  on  se  retirera  subitement,  et 
cependant  en  bon  ordre,  afin  de  lais- 
ser l'assiégeimt  seul  exposé  à  tout 

-le  feu  de  l'artiUerie  et  de  la  mous- 
queterie  des  remparts  préparés  pour 
cela;  et  lorsque,  ftttigôé  du  massa- 

r  ère ,  il  prendra  le  parti  de  s'en  retour- 
ner, on  reviendra  sur  lui,  on  aicbèvera 


sa  déroute,  on  détmbr»  tes  toifaox,  peu  prèiintantttf  Uimr  deeoutnNk 


places  sont  construites,  et  que  si  l'ea- 
nemi,  bravant  tous  les  feux  dont  il  est 
entouré,  continuait  à  poarsuivre  l'assié- 
gé, et  le  forçait  d'abandonner  aussi  ses 
places  d'armesrentranteSh  etde  seréfu- 
gierdanale  iossi,  celui^  n'aurait  plus 
de  moyen  de  revenir  sur  l'assiégeaut, 
nprèsl'aUaque  de  vive  force,  sinon  par 
quelques  petits  escaliers  ^'on  nomme 
Pas-de^uris,  et  qoe-fe  retniir  offen- 
sif dont  aoos'  avons  pariée  lui  seeiit  à 


DB9  PLACB»  F0RTJI9.  Mp 

'  .•  •  • 

oarpe  se  tournerait  donc  alors  contre  I  être  va  de  tous  les  Ceux  du  corps  de  ta 


l'iissiégé  luUnième,  et  l'assiégeapt  se 
trouverait  sur  le  chemin  couvert, 
comme  dans  un  fort,  dont  il  serait 
désormais  impossible  de  le  débusquer. 

C'est  sans  doute  d*aprèà  ces  observa- 
tions justes,  que  de  très  habiles  gêné- 
rau7  ant  pensé  que  les  murs  de  con- 
trescarpes éteient  beaucoup  moins 
utiles  que  nuisibles;  car,  ainsi  que 
aous  venons  de  le  dire,  ils  se  tournent 
contre  Tassiégé  du  moment  que  le  che- 
min couvert  est  pris  ;  il  n*y  a  plus  de 
retours  offensifs  à  espérer ,  puisque  ce 
n'est  pas  en  défilant  par  des  pasKle- 
souris  et  des  barrières  étroites,  qu'on 
peut  tomber  en  colonne  à  Timproviste 
sur  une  sape.  Si  au  contraire,  au  lieu 
du  mur  de  contrescarpe,  il  y  avait  p;ir« 
tout  un  talus  en  pente  douce  et  pres- 
que en  glacis,  il  est  évident  que  l'as- 
siégé serait  toujours  en  mesure  d'atta* 
quer  avec  supériorité  tel  point  du  che- 
min couvert  qu'il  jugerait  a  propos;  et 
que  si  l'ennemi,  pour  se  garantir  de 
ces  attaques  soudaines,  voulait  cons- 
tamment se  tenir  en  force  majeure 
partout,  il  serait  forcé  de  laisser  per- 
pétuellement exposée  au  feu  de  la 
place  une  grande  quantité  de  troupes 
qui  seraient  bienlÂt  entièrement  dé- 
truites. 

Observons  que  si  le  mur  de  contres- 
carpe était  supprimé,  et  qu'à  sa  place 
il  exist&t  un  glacis  en  dedans,  il  serait 
inutile  de  laisser,  comme  on  le  fait, 
cinq  toises  de  largeur  au  chemin  cou- 
vert, quatre  pieds  suffiraient ,  c'est-à- 
dire,  qu'il  n'y  aurait  pins,  à  proprement 
parler,  que  la  banquette  ;  mais  cette 
banquette  serait  accessible  partout ,  et 
ieglads  dont  nous  venons  de  parler  ser- 
virai td*un  chemin  couvert  en  pente,  très 
large,  qui  donnerait  peu  de  prise  aux 
ressauts  du  ricochet,  et  sur  lequel 
raist^ot  ne  pourrait  se  loger  saua 


place. 

Les  murs  de  contrescarpe  ne  sont 
donc  avantageux  que  dans  les  petites 
places  où  la  faiblesse  de  la  garnison  ne 
lui  permet  pas  de  tenter  le  moindre 
coup  de  main,  et  se  trouve  par  consé- 
quent réduite  à  retarder  Tennemi  par 
des  chicanes;  et  il  serait  à  souhaiter 
que  du  moins  les  gorges  des  places 
d'armes  rentrantes  fussent  en  glacis 
vers  le  fossé,  au  lieu  de  n'y  communi- 
quer q^e  par  des  escaliers. 

11  est  vrai  que  l'assiégeant ,  lorsqu'il 
aura  réussi  à  enlever  de  vive  force 
le  chemin  couvert,  pourra  poursuivre 
l'assiégé  jusque  sous  ses  murailles  d'en- 
ceinte ;  mais  ce  n'est  là  qu'un  avantage 
apparent  et  faux  ;  (uir  il  ne  s'agit  pas 
pour  l'assiégeant  de  faire  une  incur- 
sion momentanée  dans  les  fossés  de  la 
place,  il  s'agit  d*y  former  un  établisse- 
ment solide.  Or,  c'est  ce  qu'il  ne  saurait 
faire  loin  de  la  masse  des  forces  qui  de- 
vraient le  soutenir,  exposé  a  tous  les 
feux  de  la  place,  des  caponnières,  des 
demi -lunes,  des  réduits  déplaces  d'ar- 
mes saillantes  et  rentrantes,  et  à  tous 
les  coups  de  main  de  la  garnison- 
Mais  je  m'abstiendrai  d'étendre  plus 
loin  ces  observations;  car  il  n'est  au- 
cun<sment  question  ici  de  proposer  de 
nouveaux  systèmes  de  fortification  « 
encore  moins  de  conseiller  des  dei-> 
tructions  sous  prétexte  d'améliorer; 
il  faut  savoir  se  borner  à  ce  qui  existe, 
et  en  tirer  le  meilleur  parti  possi- 
ble (1). 

C'est  cette  continuelle  alternative 
des  coups  de  main  et  du  jeu  des  batte- 


(1)  Sitr  les  nonyellei  Idées  qol  pèaTfiit 
à  méfiortr  k  lyHtoe  éékoêki,  on  Un  iwm 
fnùtrofavnge  iHê  M.  Gay  de  TcrD^n,  iiAU«M: 
Tr^Ui  élimêiUairê  ^ÂH  miUlalf f  il  tff  A 


"Ma 


iKB  !▲  Mywwm 


lies  qui  doit  elnpflcher  Paésiég^int  de 
couronner  le  chemin  couvert^  sans 
^*il  en  coûte  rien,  pour  ainsi  dire,  i 
Tassiégé  ;  Il  est  aisé  de  voir  combien 
ces  manœifvres  alternatives  sont  faciU- 
tées  par  ta  non-existence  du  mur  de 
contrescarpe,  lorsque  cela  se  rencontre 
ainsi  ;  et  il  faut  se  rappeler,  à  ce  sujet, 
ce  que  nous  avons  déjà  cité  dç  M.  te 
maréclial  de  Saxe  sur  le  siège  de  Can- 
die, où  un  ouvrage,  non  revêtu  i  ta 
gorge,  fut  pris  et  repris  trente  six  fois» 
et  coûta  vingt-cinq  mille  hommes  aux 
assiégeans.  Il  lie  reste  donc  à  ceux-ci 
que  la  ressource  de  la  guerre  souter- 
raine: or  c'est  avoir  déjà  fait  t>eaucoup 
que  de  l'avoir  réduite  à  un  moyen  si 
lent,  et  ou  l'assiégé  lutte  contre  lui 
'  d^égal  à  égal  sur  un  terrain  préparé 
par  lui-même,  et  dont  lui  seul  a  le  se^ 
cret.  Mais  il  est  à  remarquer  de  plus, 
que  cette  ressource  ne  conduit  Tassiè* 
géant  à  rien.  Il  ne  fait  que  remuer  la 
terre  par  l'explosion  de  ses  mines,  il 
ne  peut  l'emporter  ;  elle  reste  là  pour 
être  le  théâtre  de  nouveaux  coups  dd 
main  semblables  aux  premiers.  Le$ 
contre-mines  de  l'assiégé,  au  con» 
traire,  détruisent  les  logemens  de  son 
ennemi,  et  l'empêchent  de  gagner 
on  pouce  de  terrain.  Obligé  de  gar« 
der  la  tranchée  pour  se  garantir  des 
'  ittaques  imprévues  sans  cesse  renou- 
velées ,  il  reste  en  butte  à  tous  les 
feux  de  la  place ,  et  son  armée  89 
tonsume  jusqu'au  bout,  tant  qu'il  y 
a  des  mineurs  et  de  l'artillerie  dan9  la 
garnison. 

Pour  empêctier  cet  ellbt  de  rartille- 
rie  de  la  place ,  If.  de  Tauban  prescrit 
avec  raison ,  comme  nous  l'avons  déjà 
dijk,  de  l'éteindre  eoUèreoient  ;  il  le 
fceicriL  à  ohaquo  iosUnl.  comme  la 
-^lose  la  plus  essenlieHe,  parée  qu'il 
lent  bien  que  le  succès  de  sa  méthode 
M  dépend  absolument;  mais  aussi, 


pour  empêcher  oa  auocta,  it  o*)  a  qtt% 
savoir  eonserver  ces  feux  quil  veut 
éteindre,  et  c*est  ce  que  Tassiégé  peot 
et  doit  loujoura  faire.  Pour  cela,  il  ae 
ftiut  pas  qui!  lea  abandonne  dès  le  pre- 
mier instant  au  ravage  des  batteries  à 
ricochet  II  faut  qu'il  sache  qu'an  seol 
coup  de  canon,  ménagé  pour  la  dé<- 
fensé  rapprochée ,  est  plus  ttUle  qm 
cinquante,  tirés  sur  la  queue  des  tnir- 
chées  ;  ijuSine  on  deux  pièces  d'artil- 
lerie adroitement  dérobées  è  la  vue  de 
Tennemi,  cachées  seulement  derrière 
un  orilloB ,  et  mises  à  Tabri  de  h 
bombe  sous  un  blindage,  est  une  choie 
si  précieuse,  quit  est  comme  impos- 
sible aux  colonnes  ennemies  qu'eUti 
prennent  en  flanc,  de  monter  à  fu- 
saut  ;  que  s'il  attend  le  moment  favo- 
rable pour  ouvrir  de  nouvelles  embra- 
sures, derrière  lesquelles  sont  des  ptè* 
ces  de  canon  couvertes  contre  les  feax 
verticaux ,  jusqu'au  moment  du  be- 
soin ,  l'ennemi  verra  san^  cesse  tes  feoi 
de  la  place  se  rallumer,  lorsque  b 
croyant  bien  éteints»  il  aura  peoié 
pouvoir  venir  poser  son  logement  lar 
b  Crète  du  cheiuin  couvert. 

Avec  ces  altentîons,  Fassiégé  con- 
servera certainement  son  feu  jusqu'à 
la  On ,  et  il  viendra  même  une  époque 
où  il  pourra  être  mis  dans  S4  pins 
grande  activité,  tandis  que  celui  de 
l'assiégeant  sera  forcé  de  se  taire.  Cette 
époque  est  celle  où  la  %ne  de  démar- 
cation entre  tes  deux  armées  commen- 
cera à  s'effacer  ;  car,  dans  cette  mêlée, 
les  batteries  de  Tassiégeant  hit  détrui- 
raient plus  de  monde  qu'A  Tassiégé,  et 
cetui-d ,  au  contraIre«  après  avoir  ai- 
tiré  son  ennemi  au  plus  près,  n'a  qu'à 
se  retirer  brusquement ,  pour  le  lus- 
ser  seul  exposé  au  feu  10  phis  meur- 
trier. 

Je  ne  pens^  donc  pas  que  Jamais 
rasatégeanf  puisse  s'établir  soUdemeat 


ùm  HJlCB»  fORTBS. 


fOr  «Mcoiilregotfpc  kien  faite,  en  pré- 
MDOt  d'une  bonne  garnison ,  et  cepen- 
dant ca  n'est  praprement  là  qne  le 
fooimenoenent  des  hoslililés.  il  font 
ensoiU  4u*U  busse  la  descente  de  fossé 
par  nne  galerie,  et  qn'il  arrire  par  un 
toag  défilé  an  fond  de  oe  fossé.  Com- 
ment concevoir  qu'il  puisse  y  débou- 
eher«  si  Tassiégè,  au  lieu  de  n'opposer 
que  du  perpétuelles  retirades,  prend  le 
parti  d'attaquer  hii^nième  à  chaque 
Bûnuta?  Il  a  tant  de  déboaché&  pour 
arrirer,  en  un  instant ,  à  ce  passage 
étranglé,  il  lut  est  si  facile  de  disperser 
les  matériaux  de  Tépaulement ,  de  brû- 
ler en  masse  des  fagots  passés  un  à  un , 
de  renverser  les  frêles  travaux  d'un 
pont  mal  affermi ,  qoe  si ,  en  rase  cam- 
pagne, une  poignée  de  soldats  pouvait 
ae aaiair  d'une  pareille  position,  elle  s'y 
regarderait  avec  raison  comme  inatta- 
quable. 

Joignons  i  ce  coup  de  main  les  bat- 
teries biaisées  de  la  courtine  et  de  la 
tenaille,  qui  ont  vue  sar  ce  débouché , 
et  qu'il  est  très  difficile  de  détruire,  les 
batteries  sur  chaloupes  dans  les  fossés 
irieina  d'eau ,  les  feux  de  caponnières , 
les  coups  dérobés  que  l'on  dirige  du 
haut  de  la  brèche  même,  lorsqu'elle  est 
faite ,  les  fourneaux  qui  peuvent  ren- 
verser vingt  fois  la  descente  de  fossé,  et 
enfin  les  abattis  aveo  lesquels,  en  s'y 
prenant  de  bonne  heure ,  on  masque 
ce  déboudié  par  des  obstacles  contre 
lesquels  le  canon  ne  peut  rien ,  et  la 
iK^mbe  très  peu  de  chose ,  et  l'on  sera 
lans  doute  surpris  que  ce  pas  hasar- 
deux soU  franchi  par  l'assiégeant,  quel- 
ques efforta  qu'il  fasse. 

J'ignore  comment  l'ennenû  parvien- 
dra è  la  brècba^  si  le  chemin  couvert 
et  le  passage  du  fossé  sont  bien  dé- 
fendus. Mais  en  supposant  qu'enfin 
le  terme  est  venu  de  la  défendre, 
MQiyons  ce  qu'il  faut  faire  pour  «pie  l'as- 


siégeant ne  puisse  outrepasser  fé^ 
tranglement  qu'elle  forme. 

Je  suppose  que  d*abord  le  gonver^ 
neur  a  eu  sein  de  faire  faire  un  bon  re- 
tranchement; autrement,  la  brèche 
une  fois  forcée,  la  place  n'aurait  aucun 
moyen  de  se  garantir.  Avec  un  retran- 
chement,  au  contraire,  Fenceinte  dé 
la  place  peut  être  prise  et  reprise  non>- 
bre  de  fois,  et  c'est  précisément  cette 
série  d'actions  de  vigueur  qui  doit  faire 
snceomber  enfin  l'assiégeant ,  si  la  dé- 
fense est  habilement  conduite. 

Voyons  d'abord  comn>ent  H.  de 
Yauban  veut  qu'on  attaque  les  brè- 
ches ;  prenons  pour  exemple  celle  de 
la  demi-lune. 

«  Il  faut ,  dit-il ,  se  préparer  an  1o« 
»  gement  par  l'amas  des  matériaux  n^ 
»  cessaires,  comme  fascines,  gabions, 
»  sacs  à  terre  et  quantité  d'outib 
»  dont  il  faut  avoir  provision ,  le  plus 
»  près  qu'il  sera  possible,  sans  embar- 
»  rasser  la  tranchée,  et  les  ranger  sur 
»  le  revers  par  tas.  On  aura  soin  de 
»  bien  accommoder  les  logemens  qui 
»  doivent  faire  feu ,  préparer  toutes 
»  les  batteries  de  canon ,  de  bombes 
»  et  de  pierriers,  de  commander  cinq 
»  ou  six  compagnies  de  grenadiers 
»  d'eiiraordinaire,  à  telle  fin  que  de 
»  raison ,  et  avertir  ceux  qui  comman- 
»  dent  les  batteries  de  ce  qu  11s  de- 
»  vrottt  exécoter,  suivant  les  signaux 
»  qu'on  leur  transmettra,  et  pour  cet 
»  effet,  les  faire  venir  sur  les  lieux  pour 
»  les  voir  de  pins  près  et  recevoir  leurs 
)»  instructions. 

9  Le  signal  pourra  se  faire  par  un 
»  drapeau  qu'on  élèvera  sur  fa  pointe 
»  des  logemens  du  chemin  eouVcri , 
»  en  lieu  où  il  puisse  être  vu  de  ton- 
»  tes  les  batteries  en  même  temps  et 
9  des  logemens,  observant  de  faire  dis- 
»  paraître  les  autres;  moyennant  quoi 
»  tout  étant  prêt  »  les  fasSa  passés  entra 


ff» 


D£  LA  OBFBNSB 


»  les  MC8  à  terre,  préU  à  faire  feu ,  on 
»  attendra  en  silence  le  signal ,  qui 
»  sera  de  hausser  le  drapeau  quand  il 
»  faudra  faire  feu ,  et  de  le  baisser 
»  quand  on  le  voudra  faire  cesser.  Cela 
»  préparé  de  la  sorte  ci  les  brèches  en 
»  état ,  on  fera  monter  deux  ou  trois 
»  sapeurs  dans  la  brèche,  non  vers  la 
»  pointe,  mai^  sur  la  droite  et  la  gau- 
»  che,  joignant  les  endroits  où  finira  la 
»  rupture  des  murs  du  c6ié  des  épau- 
»  les»  où  il  se  fait  pour  l'ordinaire  un 
»  couvert  entre  la  partie  du  revète- 
B  ihent  qui  demeure  sur  pied  et  celle 
a  qui  tombe. 

9  Ces  deux  ou  (rois  sapeurs  se  roet- 
X»  tront  dans  ces  couverts,  et  tireront 
»  les  décombres  en  bas  en  remontant 
»  vers  le  haut;  ils  feront  place  pour 
»  eux  et  pour  deux  ou  trois  autres 
»  qu'on  y  fera  monter,  avec  ordre  à 
»  tous  de  s*en  revenir  quand  l'ennemi 
»  se  mettra  en  devoir  de  les  en  chas- 
»  ser.  Dans  ce  cas ,  aussitôt  qu'ils  en 
»  seront  dehors,  il  faudra  faire  le  si- 
9  gnal  ;  et  les  batteries  de  toute  espèce 
»  et  les  logemcns  faisant  leur  devoir, 
»  il  est  sûr  que  l'ennemi  n'y  demeu- 
)>  rera  pas  long-temps,  et  qu'il  en  sera 
»  bientôt  écarté. 

»  Sitôt  qu'on  s'en  apercevra  «  il  fau- 
»  dra  baisser  le  drapeau  et  faire  re- 
»  monter  les  sapeurs,  qui,  reprenant 
»  leur  ouvrage,  le  diligenteront  de  leur 
»  mieux,  avec  ordre  de  l'abandonner 
»  comme  la  première  fois ,  dès  que 
B  l'ennemi  se  représentera;  ce  qu'il 
»  pourra  bien  faire  une  seconde  fois, 
a  et  même  une  troisième.  A  chaque 
a  fois  il  faudra  toujours  recommencer 
»  à  faire  jouer  les  batteries ,  même 
»  celle  du  chemin  couvert ,  ce  qui 
»  écartera  certainement  l'ennemi  et 
1  laissera  la  liberté  d'établir  le  loge- 
»  ment  :  ce  ne  sera  apparemment  que 
a  là  preqiiàre  et  seconde  fois  qu'ils  re- 


a  viendront ,  qu'ils  feront  jouer  lei 
»  mines,  a'il  y  en  a,  te  qui  lerab 
»  marque  infaillible  qu'ils  abandaa* 
1»  nent  l'ouvrage.  Ce^^  mines  ne  seroat 
a  pas  d'un  grand  effet,  attendu qn'dki 
»  joueront  à  vide  si  nos  gens  D*y 
»  pas ,  ou  dans  l'endroit  où  il  n'y 
»  personne,  comme  à  ia  pointe,  ai 
»  dans  celui  où  il  y  en  aura  peu  ;  ai- 
»  quel  cas  elles  ne  pourront  attraper 
»  que  trois  ou  quatre  hommes  ao|rii|. 
x>  Cependant  les  sapeur?  auront  fvi- 
a  paré  quelques  couverts  dans  l'ena- 
»  vation,  qu'il  faudia  occuper  par^ 
»  petits  détachemens  quand  ii  en 
»  temps,  sans  trop  se  presser; 
p  sitôt  qu'ils  auront  abandonné  l'oB- 
»  vrngc  ,  il  faudra  travailler,  de  viv 
»  force  au  logement ,  et  le  bien  êm 
»  rer  dans  l'excavation  des  brèches,  «I 
D  non  plus  avant;  ensuite  rétendisà 
»  droite  et  à  gauche  sur  le  rempart, it 
»  y  entrer  par  des  sapes,  formant  lae 
D  portion  de  cercle  qui  occupe  tovt  h 
»  terre- plein  de  son  angle  Oanqaé, 
x>  d'où  l'on  coulera  après  par  les  n- 
9  trémités  le  long  des  faces  do  la  droik 
»  et  de  ia  gauche,  jusqu'à  ce  que  i'M 
»  se  soit  mis  en  état  de  forcer  les  if- 
»  tranchemens  de  la  gorge,  ce  qui  a'in 
»  pas  loin. 

y>  La  suite  du  logement  de  la  déni- 
D  lune  sera  continuée  jusqu'à  son  «h 
»  tière  occupation ,  qui  ne  sera  tenn- 
0  née  que  par  la  prise  du  retraDCll^ 
a  ment  de  la  gorge,  s'il  y  en  a,  eiftf 
»  rétablissement  fait  tout  le  long  è 
D  ses  bords  ;  ce  qui  aura  lieu  parlepia^ 
»  longcment  des  sapes  à  droite  et  i 
»  gauche  le  long  du  rempart ,  conM 
»  ii  a  été  dit  ci-dessus,  et  par  une  trai- 
D  chée  menée  en  dedans  de  b  plaal* 
»  Les  prolongemens  des  sapes  met* 
n  tront  à  portée  de  prendre  les  travo^ 
»  ses  en  état  de.  voir  la  eommunict- 
»  tion  de  la  tenaille  à  la  domi^Boe,  K 


Mi  PLACBS  POBTM» 


«rs 


»  te  Èrmcliée  fSKttHera  Im  tttaqoies  des 
»  rebindieoieM  à  te  gorge  qnend  il 
»  en  flere  tm|».  » 

On  Yoit,  par  ce  détail,  que  M.  de 
Taliban,  fidèle  à  son  prindpe,  vent 
qa'on  tâdie  de  s'emparer  de  te  demi- 
lune,  {ried  à  pied,  et  non  derife-foree. 
Telle  est  sa 'maxime,  oeostamment 
couronnée  du  suçote,  tant  qu'il  est  po^ 
iiMe  d*eB  fsire  usage  :  celle  de  Pas- 
siégé  doit  donc  être  au  ecmtraire  d'em- 
pêcher, de  toutes  les  manières  possi- 
bles, qa»  Tennemi  puisse  emporter 
cette  Blême  demi-Iuoe  autrement  que 
de  Tife-force.  En  effet,  dans  une  at- 
taque de  Tite-foroe,  il  est  évident  qu'à 
bravoure  égale  entre  Tassiégeant  et 
raasiégé,  celui-ci  doit  remporter,  car 
il  ne  peut  être  attaqué  que  sur  on 
front  égal  an  sien ,  ainsi  le  nombre  ne 
fait  plus  rien  en  ce  moment ,  et  Pa- 
vantage  de  la  position  est ,  sous  tons 
les  rapports,  pour  lui  :  il  ne  peut  être 
inquiété  sur  ses  derrières,  et  c'est  lui 
an  contraire,  qui  par  ses  sorties  inopi- 
nées pourra  surprendre  ceux  de  son 
ennemi ,  en  même  temps  qu'il  aura  pu 
ménager  <pielqiies  pièces  d'artillerie 
pour  le  pnûidre  à  revers.  Enfin  la  re- 
traite est  assurée  par  le  réduit,  non 
pas  pour  7  trouver  un  dernier  reluge, 
mais  pour  en  déboucher  cent  fois  de 
suite  et  reprendre  la  position  momen- 
tanément  abandonnée. 

Puisque  l'avantage  est  tout  pour  l'as- 
siégé, dans  le  cas  de  Tattaque  de  vive- 
foice,  c'est  à  lui  de  réduire  l'assiégeant 
i  ne  pouvoir  l'attaquer  autrement.  La 
mardie  à  suivre  est  ta  même  que  celle 
qui  a  été  prescrite  pour  te  défense  de 
la  contrescarpe;  mais  à  la  brèche ,  Ve- 
vantageest  bien  plus  grand  puisque  le 
front  d'attaque  est  plus  resserré,  le 
foyer  des  corps  de  réserve  plus  rappro- 
ché, et  que  l'ennemi  ne  peut  aborder 
cette  brèche  que  par  de  longs  défilés. 


Il  s'agit  donc  d'empêcher  que  Ten- 
nemi  n'établisse  son  logement  au  haut 
de  te  brèche,  que  de  là  il  ne  s'étende 
de  droite  et  de  gauche  pour  vous  cer- 
ner et  embrasser  bientôt  tout  le  terre- 
plein  de  l'ouvrage,  ainsi  oue  le  Anescrlt 
M.  de  Yauban. 

Gomme  tout  ce  travail  s'exécute  pied 
à  pied ,  en  cheminant  à  la  sape,  il  faut, 
pour  l'arrêter,  harceler  sans  aucune 
interruption  les  têtes  de  sape.  Chacune 
d'elles  est  conduite  par  quelques  tra- 
vailleurs sans  moyens  de  défense,  et 
soutenus  seulement  en  arrière  par  un 
très  petit  nombre  de  soldats  ;  il  n'y  a 
done  qu'à  tenir  au  plus  près  de  ces 
travailleurs,  de  médiocres  détache- 
mens  abrités  jusqu'au  moment  d'agir. 

Ces  détachemens  ne  laisseront  pas 
un  instant  les  travailleurs  tranquilles; 
fls  tomberont  sur  eux  avec  vivacité, 
les  tueront,  renverseront  leurs  tra- 
vaux commencés,  et  seront  retirés 
avant  que  les  soldats  destinés  à  sou- 
tenir ces  travailleurs  soient  arrivés, 
quelque  diligence  qu'ils  puissent  faire. 
D'autres  fois  les  petits  détachemens  de 
l'assiégé  chass^ont  les  travailleurs  en 
jetant  force  grenades  dans  la  tête  de 
sape  ;  d'autres  fois  enfin ,  ils  la  culbute- 
ront par  une  fougasse  ou  Teifilosion 
d'une  simjde  bombe  enterrée  à  proxi- 
mité. 

Si  la  chute  de  l'escarpe  n'a  pas  en- 
traîné le  parapet,  et  que  l'ennemi 
cherche  à  se  couler  dans  son  épaisseur 
pour  gagner  insensiblement  les  épau  ^ 
les  de  l'ouf  rage  à  droite  et  à  gauche 
il  suffira  de  tirer  du  réduit  avec  de  gros 
canons  dans  ce  parapet;  car,  quoiqu'il 
soit  à  l'épreuve ,  comme  le  logement 
de  l'ennemi  le  partage  en  deux  suivant 
sa  longueur ,  le  boulet  percera  jusqu'à 
ce  logement  et  y  tuera  les  travailleurs. 
Le  même  moyen  peut  être  employé 
dans  un  i^nd  nombre  d'occasions,  et 


mk 


DÉ   LA   DÉFBIISB 


il  est  Hurprenaiit  qu*ori  ne  se  «oit  point 
encore  avisé  de  le  mettre  en  usage.  Si 
le  parapet  était  encore  trop  épais  pour 
que  le  boulet  pAt  atteindre  Vennemi 
dans  son  logement,  il  suCRrait  do  le  dé< 
maigrir  un  peu.  Lesobus  pourront  être 
ciiiployé^î  dans  ces  occasions  avec  en-^ 
core  plus  de  succès». 

Mais  un  moyen  plus  efficace  encore, 
sera  celui  de  pratiquer  quantité  de  eem- 
pures  perpendiculairement  depuis  l'es- 
carpe jusqu'à  la  gorge ,  ce  qui  fera  de 
l'ouvrage  une  suite  alternatif e  de  tra- 
verses • -paisses  de  trois  ou  quatre  toi- 
ses au  sommet ,  et  de  fbssés  profonds, 
par  exemple  de  douze  pieds  et  Inr^e  de 
même  an  Tond.  Alors  les  sapes  de  l'en- 
i»emi  ne  pourront  cheminer  sans  tra- 
verser ces  fossés  qui  sont  des  espèces 
de  lignes  de  contre  approche  et  sans  se 
faire  prendre  en  flanc  par  les  fusiliers, 
ou  même  le  canon  à  larfonche  qnV>n 
aura  mis  i  ta  gorge  dans  l'enfilade  de 
chacun  de  ces  fossés.  L*8ssiégé  emlmo. 
que  dans  ces  mêmes  fossés ,  dans  de 
petits  enfoncemens,  et  abrité  par 
quelques  blindages,  s^  trouvera  ea 
uies^ire  de  tomber  à  chaque  instant 
comme  l'éilair  sur  les  travailleurs, 
ou  de  les  accabler  de  grenades,  ou 
enfin  de  s'enfoncer  dans  le  massif  des 
traverses  et  de  faire  sauter  pièce  à 
pièce  toute>  los  parties  du  logement 
de  Tennem!. 

Par  ces  manœuvres,  il  est  évident  que 
rassiégé  aura  rempli  son  principal  objet 
qui  est  4e  réduire  l'assiégeant  à  l'atta- 
quer de  vive  force ,  c'est-à-dire  à  lui 
livrer  l'assaut,  et  ainsi  disparaîtra,  non 
pas  h  supériorité  de  Tartillerie ,  qu'on 
ne  saurait  empêcher,  mais  celle  qui 
résulte  de  la  marche  prescrite  par 
M.  de  Vauban,  et  qui  est  fondne  essen- 
tfellement,  comme  nous  Tavons  dit, 
'  '!r  ce  principe  qu'il  faut  envahir  gra- 
ihî'lhmonf  et  plwf  A  pîpff ,  toutes  Ks 


;  position^  de  l'assiégé.  L*ennemi  ne 
I  pourra  plus  attaquer  que  de  vire  fores 
I  partout,  comme  on  Msaît  dam  le 
!  seizième  siècle ,  lors  des  défenses  de 


I 


Rhodes,  de  Mets,  de  Leyde,  et 

on  Ta  fait  encore  postérievreraeiit  à 

Ostr>nde,  à  Candie,  à  Lérîda. 

Il  nous  reste  donc  à  traiter  de  h  der- 
nière scène ,  mais  la  pins  sanglaiile  et 
ta  plus  décisive,  celle  dei  assauts:  Les 
anciens ,  qui  ne  défendaient  pes  toan 
plaees  autrement,  nous  ont  apprfi  fir 
leur  expérience  comment  o»d«?vritlto 
soutenir.  L'Invention  des  amm  à  Uni 
étant  survenue ,  il  fallut  modifler  h 
méthode  des  anciens,  et  Voo  adaph 
celle  qui  s'est  pratiquée  jii9qn*a«  mûà- 
chai  de  Vauban.  Depuis  eette  ép<N|ai, 
il  n'y  a  presque  phis  d'assaut,  et  c'«t 
\  fetkî  même  de  sa  nouvelle  ndliiale 
f  des  attaques',  mais  comme  nouacfOfaii 
^  avon*  prouvé  que  Taesiégé  pevi  Iti- 
'  jours  réduire  son  ennemi  è  ne  I^Ul- 
j  «•••AT  que  de  vive  torce,  nous  paann 
que    i('S  assauts    seront  né^êsqpii»- 
ment  remis  en   vigueur  tel  que  h 
doctrine  de?  anciens  à  cet  égard,  €M- 
binée  sur  l'usage  des  arsiei  à  tact 
des  mines»  doit  redevenir  te  hêm  k 
notre  nouveau  système  de  défeoia.  le 
ne  puis  donc  mieux  termioer  eatOi- 
r  vrage  qu'en  rapportant  le  b^au  ehl- 
I  piti^  du  chevalier  de  VilK  sur  la  bm- 
:  nière  de  soutenir  les  aasauts. 

a  C'est  è  préseol,  dit-il,  fa'N  faut 

0  desployer  ee  qu'on  a  d'iuueoliaa, 

9  mettre  en  eeuure  toute  aorte  d'art- 

»  flces,  et  eipoaer  toute  la  force  at  le 

»  courage;  ear  tout  oe  que  V^anmàj 

»  a  Ait  n'est  que  pour  venir  i  l^aiNnt 

»  et  entrer  dans  la  plaee;  et  toutca  les 

»  presparations  qu'on  fiait  dans  vue  pkt- 

»  ce,  tant  des  fortîAcatioBa  eilérienei 

^  9  que  du  corps  metme ,  et  toutes  hi 

;  »  résistauee»,  ne  foui  que  l'eupeaifeer 

'vd^nfrtr  v:)  cstaal  si  ftoJïm  H  ae 

,    T 


DKS   PLACBS   FORTES.  675 

raiitrien  espargner  puisqu'on  a  des-  j  »  bien  ferme  en  terre,  ayatit  Ses  pôln- 


»  Une  le  tout  à  cet  eQect 

p  I^s  nvachines  et  les  9rtlBce$  ser- 
»  oent  beaucoup  en  cette  action,  mais 
»  plus  que  toute  autre  chose ,  la  force 
»  et  |é  courage  des  soldats.  C'est  en 
»  cçtte  occasion  qu'on  connoist  ceux 
»  qui  sont  braues  geps;  car  sans  doute 
»  ç'i]  y  a  des  poltrons,  ils  commenceront 
)»  4  qxuf  murer  eti  parler  de  5e  rendre; 
»  ce  que  le  gouuerneur  ne  doit  aucil- 
»  nement  permettre  :  ains  chàstier 
»  exemplairement  ceuf  qui  en  diront 
»  le  moindre  mot. 

»  Auant  que  Tennemy  vienne  à  Tas- 
n  5aut,  il  faut  qu'il  ait  fait  bresche  00 


»  Ituec  le  canon,  pu  auçc  la  mine,  telle    »  Tennemy  en  donne  le  loisir.  8*11  bftt 


»  que  la  montée  en  soit  aisée.  Pour 
»  sçauoir  si  elle  est  raisonnable ,.  il 
»  enuoyera  quelquVn  pour  la  recon- 
»  noîstre.  Il  faut  tascher  qu'il  n'en  rap- 
»  porte  pas  la  nouuelle  ;  car  on  doft 
»  auoir  aux  costez  de  la  bresche  des 
»  mousquets  à  crocs  ou  des  pièces  coiir- 
»  tes  pour  tirer  contre  ceux-là  ;  car  les 
»  canons  seront  alors  desmontez  si 
»  Tennemy  a  fait  son  deuoir,  ou  bien 
»  on  aura  ruiné  les  lieux  où  on  les  peut 
»  mettre  ;  et  quand  mesme  on  en  au- 
»  roit  quelqu'vn  en  estât,  il  faut  le  gar- 
»  der  pour  defibndre  la  bresche,  parce 
»  que,  si  on  le  tire  auant  Tassant /Fen- 
»  neroy  fera  en  sorte  de  le  desmonter; 
»  c'est  pourquoy  il  faut  le  cotiseruer 
»  pour  Tne  meilleure  occasion. 

9  Sî  Tennemy  fait  la  bresche  auec  le 
»  canon ,  il  ne  peut  tirer  que  de  jour  ; 
»  de  nuit,  quelle  inu^ntion  qu'on  ^â- 
»  che  auoir ,  les  coups  sont  presque 
»  tous  perdus.  On  taschera  à  taresparer 
»  de  nuit,  refaisant  ce  qui  sera  rompu 
9  on  auec  do  [a  terre,  ou  auec  des  pî^ 
1)  ces  de  bois ,  ou  bien ,  si  ou  peut ,  on 
»  mettra  en  diuers  endroits  de  la  mon- 
B  têe  de  la  bresche  des  palissades  de  cinq 


»  tes  de  fer  pliées  en  bas  ;  cela  arreste 
»  Fennemy  lorsqu'il  vent  monter,  ou 
D  s'il  les  veut  rompre  à  coups  de  ea* 
»  non.  Il  luy  faudra  beaucoup  de  temps, 
0  et  la  nuit  en  suiuant,  on  en  peut  re- 
»  mettre  d'autres. 

t  Que  s*fl  bat  si  ftirfeusement  qu'il 
n  ne  donne  aucnU  relasche,  on  diîipo- 
»  sera  le  lien  de  telle  façon  qu'on  le 
»  puisse  deffendre  h  conuert;  car  outre 
»  tes  retranchemens  qu'on  doit  anoir 
»  desia  faits  plus  arrière  sur  le  bord  de 
)»  la  bresche ,  on  eslenra  quelque  petit 
»  parapet  de  sacs  de  terre,  on  de  gn-^ 
»  bions,  on  (f  autre  chose  si  toutesfots 


9  tousionrs,  on  se  mettra  à  eosté,  de 
p  façon  qu'on  flanque  et  deseonnre  k 
»  montée,  et  qu'on  solt  à  counert  dé  la 
»  batterie. 

»  An  haut  de  la  bresche ,  où  it  ftittt 
»  que  l^ennemy  se  toge  estant  mofrié, 

>  on  aux  premiers  retranchemens  lorft- 
p  qu'on  voit  ne  pouuoir  pins  resparer 

>  ces  lieux,  on  fera  de  nuit  quelque 
»  fougasse,  a  laquelle  on  puisse  donner 
x>  te  feu  qnand  on  tondra ,  des  tîetix 
»  qui  sont  plus  arrière  ;  on  parsèmertr 
»  sur  la  bresche  plusieurs  eloux  à  qua- 
x>  tre  pointes,  qu'on  appelle  diausse- 
x>  trapes;  ce  sont  autant  d^empesché^ 
Bmensponr  l'ennemy;  des  planent 
»  toutes  pleines  de  ctonx  pofnlos  qn^ 
»  sortentdehors  quatre  doigts  sont  et- 
»  ceTleibraent  bonnes  pour  mettre  sur 
D  la  bresche;  mnfsilfantqu^enes  sofent 
9  épaisses  et  de  boi^  pesant,  et  qn'elles 
D  soient  attachées  auec  des  ehalsnès  de 
9  fer,  afin  que  l'ennemy  m  pfiisse  ny 
9  tes  oster  n^  renuerset*.  Les  eheuatx 
9  de  ft-ise  seroÉt  aussi  yn  grand  obsla- 
9  de  à  ceux  qui  voudront  monter. 

' 9  A  costé  de  la  bresche  on  ranger* 
9  quantitt  dé  moustfuéfis  i  evoc  peuf 


»  ou, six  pieds  de  hauteur,  plantées  |»  tirer  contre  les  premièlti|ÉT  Vfeu 


Vît 


Di  LA  ntnmi 


t  dront  armet  i  TespreoTe  du  mous- 
»  quet,  des  pièces  courtes  diargées  de 
D  ferraille  «  et  particultèrenieDt  de  ces 
»  pierriers  qoe  nous  avons  cy-deuant 
»  ditqaisecbargentàboëte:  les  canons 
»  de  réserue  seront  aussi  en  estât.  On 
»  tiendra  prests  tonte  sorte  de  feux 
»  d*artiBce,  comme  bombes,  qn'on  peut 
»  faire  rouler  par  dessus  des  aix  qui 
0  auront  yn  rebord  de  chaque  costé 
p  qui  les  conduisent  bien  auant  dans  la 
»  bresche,  afin  que  les  nostres  ne 
soient  endommage!  ;  des  grenades  » 
des  barils  foudroyans,  des  soliues 
roulantes  armées  et  chargées  de  feux 
d'artifice,  des  mortiers  pour  jetter, 
plusieurs  autres  inuentions ,  des  es- 
pinars,  des  bruslons,  des  sautereaux, 
des  flasmes,  des  taupes ,  et  plusieurs 
antres  que  nous  descrirons  antre 
part.  On  aura  aussi  des  diaudières 
pleines  d'huile  bouillante  qu*on  jet- 
tera auec  de  grosses  cuillères  aman- 
chées  d'vne  longue  perche,  quantité 
de  pierres  pour  jetter  à  la  main ,  et 
tout  ce  qu'on  croit  pouuoir  nuire  à 
l'ennemy. 

»  Quand  l'ennemy  fait  la  bresche 
auec  la  mine,  parce  que  c'est  vn 
prompt  efibrt ,  et  qu'il  donne  bien- 
t<ist  après,  on  n'a  pas  loisir  ny  de 
resparer  la  bresche ,  ny  d'y  mettre 
les  obstacles  <pie  nous  nuons  dit.  Il 
faudra  auoir  presparé  deux  ou  trois 
retranchemens  à  l'endroit  où  on  doit 
faire  la  mine,  afin  que,  s'il  en  em- 
porte yn,^^  y  en  reste  vn  autre,  ou 
deux  tout  entiers,  ou  afin  de  ne  point 
perdre  de  terre  sans  disputer,  n'en  fai- 
sant qu'?n  fort  arrière.  Du  reste,  on 
presparera  toutes  les  machines,  ar- 
mes et  artifices,  ainsi  <pie  nous  auons 
dit,  les  tenant  toutesfois  vn  peu  es- 
loignez  du  lieu  où  la  mine  doit  joiier, 
aùn  qu'ils  ne  soient  emportei  par 


»  Puisque  Kennemy  fait  vne  nrioe , 
s  on  est  bien  asaeuré  qu'il  ne  montera 
»  pas  au  haut  de  la  muraille  qu'elle 
9  n'ait  joiié  ;  c'est  ponrquoy  il  ne  faut 
»  pas  tenir  des  soldats  là-dessus  oy  ao- 
»  tour  de  ce  lieu ,  au  moins  de  jour, 
»  parce  que  de  loin  on  peut  descouorir 
9  s'il  voulait  faire  quelque  surprise  :  de 
9  nuit,  on  y  tiendra  seulement  voe 
»  sentinelle  :  le  oorps-de-garde  sera 
a  vn  peu  è  l'escart  du  lieu  où  se  fait  h 
p  mine. 

»  On  est  aussi  asseuré  d'estre  atta^ 
»  que  par  les  endroits  auxquels  on  yoît 
»  que  l'ennemy  s*est  approché  pied  à 
»  pied,  de  telle  façon  qn'anec  ses  trao- 
»  chées ,  trauerses  et  galleries,  il  s'est 
s  logé  an  pied  de  la  fortification ,  et 
s  qu'il  a  rompu  ou  sapé,  ou  miné  ;  c'est 
s  l'endroit  par  où  sans  doute  il  taschen 
p  d'entrer,  ou  pour  le  moins  s'y  loger. 
»  n  y  a  aussi  des  indices  par  lesqaeb 
a  on  peut  connoistre  quand  Tennemy 
»  veut  donner.  Ouelquefois,  auant  que 
»  mettre  le  feu  à  la  mine,  il  fait  som- 
»  mer  ceux  de  la  place  à  se  rendre,  et 
»  c'est  afin  de  ne  gaster  pas  la  place, 
»  de  lacpielle  il  espère  bîentost  estre 
s  maistre,  ce  qui  pourtant  ne  se  doit 
»  faire  qu'aux  lieux  qu'on  est  aasearé 
s  de  prendre ,  parce  qu'à  vn  lieu  fort 
»  de  monde,  ce  seroit  les  aduertir  de 
9  se  mettre  en  deffence  ;  l'ennemy 
9  fera  aussy  des  efforts  extraordinaires 
9  toutle  jour  et  toute  la  nuitprécédente, 
9  pour  rompre  les  deffences ,  ne  don- 
i>  nant  aucun  relasche  aux  ennemis, 
9  ny  temps  de  les  réparer  :  on  verra 
9  aussi  que  plus  de  soldats,  qu'ils  n'a- 
9  uoient  aecoustumé ,  entrent  ce  jonr 
9  dans  les  tranchées;  si  on  ne  peut  pa* 
9  les  voir,  on  les  jugera  par  le  bruit  et 
9  par  les  piques  qu'on  verra  sortir  bor» 
9  destranchéesen  plus  grande  quantité 
9  que  ks  autres  jours  :  tout  le  monde 
9  sera  en  action  ;  l'armée  se  presparera 


z^»^^;- 


PL.ICBt  FOKffcS. 


et  1DIII16  camp  se  moûtira  exlraordi- 
ndrement:  ceux  qui  ne  oomtaUeDt 
pas.  et  qui  vienneiit  par  oorioiité, 
a'aeieBiblent  en  tronpes  ior  les  lieu 
hauts,  poor  tov  ee  combat:  bref  on 
voit  des  moatemeos  qoi  donnent  as- 
SOI  à  connoistre  qne  l'eonemy  se 
preqiare  à  cette  action  ;  ies  espions 
ne  doinent  pas  manquer  de  faire  leur 
deaoir,  d'adnertir  eeu  de  la  place 
des  lien  qne  l'ennemy  veut  atta- 
q^^^  du  nombre,  de  la  qualité  des 
soldais  qui  sont  destinez  à  cet  ef- 
fect,  des  armes ,  madûnes  et  artifices 
desquels  il  se  veut  semir.  Tordre  qu'il 
doit  tenir,  et  toutes  les  autres  parti- 
cularités qu'ils  pourront  descouurir, 
et  qu'ils  jugeront  seruir  à  U  deffence 
des  assaillis. 

»  Ce  sont  leschoses  qu'on  doit  prea- 
porer;  reste  à  dire  du  nombre  des 
soldats,  de  leurs  armes,  de  l'ordre 
qu'on  doit  tenir  tant,  en  la  distribu* 
bution  des  soldats,  du  jeu  des  artifi- 
ces, du  temps  qu'il  faut  pour  les  faire 
agir,  et  toutes  les  autres  circonstan- 
ces nécessaires  d'estre  obseruées 
dans  vue  action  si  importante. 
»  Je  Youdrois  distribuer  mes  soidata 
en  la  façon  suiuante,  j'en  ferois  trois 
parties,  don  1 1' vue  feroit  ungros  qne  je 
tiandroisdansia  grande  placed'armes 
en  estât  d'aller  aux  lieux  où  il  seroit 
nécessaire  pour  la  d^Geoee  :  du  reste 
j'en  ferois  quatre  parties,  les  trois 
me  seruiront  pour  deflèndre  les  trois 
attaques  que  je  suppose  que  l'enne- 
raj  peut  faire,  et  l'autre  quart  seroit 
dispersé  au  reste  de  la  place ,  par 
»  les  lieux  qui  ne  seroieat  pas  atta- 
M  quez  ;  comme,  par  exemple,  si  j'auois 
»  trois  mille  honunes,  je  mettrois  un 
B  gros  de  mille  bommes  dans  la  place 
»  d'armes,  cinq  cents  bommes  à  cha* 
•  mne  des  trois  attaques,  et  cinq  coïts 
a  nommes  au  reste  de  la  pif  ce  :  jesdnq 


»  cents  qui  seroii ^mix  anaques,  je  von- 
»  drois  les  partager  ainsy  :  cent  qui  se* 
»  roient  à  la  brescbe  pour  tirer  et  de(- 
»  Csndre,  cent  cinquante  seroient  plus 
a  arrière  pour  soustenir  et  rafraischir 
»  ceux-ci,  les  autres  cent  dnquante  se- 
a  roient  en  bas  du  bastion  en  bataille, 
»  ouàcostésur  les  remparts,  à  couneii 
9  des  parapets,  les  cent  restant  se  met* 
»  troient  aux  flancs  ou  lieux  qui  pour* 
»ioient  fianquer  et  descouurir  la  brea* 
»  che  ;  les  bourgeois  seroient  disperses 
»  en  mesme  proportion  queceux  qui  se* 
>»  roient destineipourd^endre  les posp 
»  tes  attaquez,  parce  que  difficilement 
a  ils  se  veulent  exposer  aux  péribqu'lla 
»  voyent  deuant  eux  ;  ib  sendroient 
a  pour  jetter  des  feux  d'artifice ,  ruer 
»  continueliement  des  pierres ,  appor- 
»  ter  des  munitions  et  autres  rairais- 
»  chissemeos  ;  les  autres  feroient  dea 
9  oorps-de-garde  par  les  places  et  rues, 
»  bien  que  j'estime  cela  fort  peu  né- 
»  cessaire,  et  se  mettronten  garde  tout 
a  autour  du  reste  de  la  place ,  meslei 
»  auec  les  soldats,  parce  que  dans  vna 
»  place  assiégée  je  ne  voudrois  jamais 
»  me  fier  à  garder  vn  poste,  fiist-il  at* 
V  taqué  ou  non,  à  des  bourgeois  seuls, 
9  car  d'eux-mesmes  ils  sont  craintilk; 
a  il  faut  nécessairement  quelqucs-vns 
a  bardis  meslez  parmy  eux  pour  les  en- 
a  courager,  et  cela  les  fait  quelquefois 
»  esiiertuer;ilfautgarnirtoutlecontour 
h  de  la  place  de  soldats,  c'est-à-dire 
a  qu'il  y  ait  garde  partout;  encore  que 
a  Tennemy  n'y  fasse  point  d'attaque , 
»  si  on  en  abandonnoit  quelques  par* 
a  tiessans  y  laisser  personne,  l'enne-^ 
a  my  en  pouiroit  estre  aduerty ,  l'atta- 
»  quer  et  l'emporter,  mesme  les  lieux 
a  qu'on  croit  forts  de  nature ,  et  diffi* 
»  cilement  accessibles;  il  faut  les  gar-* 
a  der  de  peur  d'estre  pris  par  là,  corn* 
a  me  plusieurs  autres  l'ont  esté  ;  il  est 
a  vrai  qu'il  y  faut  moins  de  moMai» 


)»  chapitre  d«  s  gardes. 
h  Les  m>ldats  doiaent  être  ainsi  ar» 
toett  à  chaque  corps,  ii  y  en  doit 
éttoir  vn  nombre  d'armez  à  l'espreuue 
da  mousquet;  comme  par  eiemple, 
âa  premier  cent  4  je  voudrois  qu'il  y 
en  eus!  vingt  ainsi  armec^  et  aux  au*^ 
très  qui  aousiiéndroient,  autant  à  cha- 
que corps,  y  en  ayant  tout  autant  à 
eiiaque  attaque  ;  il  y  en  faudroit  pour 
Iroto^  eetit  octante ,  ai  ob  en  éuoit  de 
reste,  on  lea  bailleroit  au  corps  de 
résertie.  Il  Sefoit  nécessaire  qu'il  y 
euat  tout  autant  de  rondaches^  qui  ie^ 
f  oient  portées  par  ceui  qui  ne  seroient 
pas  armez  ;  au  defihut  d'iceux  «  on 
pourroît  porter  dés  mantelets  à  l'es^ 
prenue  du  mousquet ,  pour  en  faim 
i  Yti  instant  rn  parapet  tout  autotir 
de  la  breicfaei  or  parce  qu'il  faut 
qu'ils  soient  fort  épais  peur  estre  à 
l'espreune^  et  par  conséquent  diiBcî'- 
les  è  manier  ;  je  Toodrois  les  faire 
fort  estroits  de  six  ou  huit  pouces  « 
hauts  de  quatre  pieds^  auecdes  trous 
pour  tirer;  on  les  mettroit  les  ms 
contre  les  autres,  afin  de  tenir  a  cou<» 
oert  tous  ceux  qui  seroient  à  la  def- 
ftince;  les  soldats,  outre  leurs  épées,. 
auront  des  piques  fortes ,  et  quel« 
()ues-Tns  auec  des  crochets  pour  jet* 
ter  par  terre,  mu  attirer  à  soy,  ceux 
qu'on  pourroit  accroclier  des  enne- 
mis;  les  pertuisanes  et  hallebardes 
seroient  aussi  fort  bonnes. 
0  On  entre-meslera  m  piquier  et  vn 
moBsquetaif c  «  et  en  quelques  cn<» 
droits  on  mettra  lea  mousquets  h 
eroc,  et  les  deux  tiers  des  mouFquets 
qui  seront  autour  de  la  bresche,  je 
Vondfois  qu'ils  fussent  fort  courts  ^ 
açaYob*  de  deux  pieds,  on  deux  pieds 
el  demyt  ayant  ?n  pouce  ou  dauin* 
tage  de  calibre,  chargez  de  plusieurs 
btiiea  ;  et  la  raison  est ,  parce  que  les 


DB  LA   n^.FE!fSa  ' 

»  tirs  sont  forts  oovli^  d  UtmA  iw 
h  ?ne  medée,  cette  quantité  de  halsi 
»  endonunagemit  grandement  lea  as» 
»  aaillans.  Lea  antres  motfapals»  ki 
amousqnutsè  croc  et  pièuescanhi 
»  seruhront  pour  nuira  à^eux  q^ sa> 
a  roient  anbei  à  reapranue  des 
a  quets  ordinaires:  parœ  que  f 
a  téndi  que  les  mousqueta  dei  gani» 
a  aons  loient  plus  forte  que  ceuk  qifaa 
»  porte  è  la  oampagUei  teHemént^il 
a  n'y  ait  foint  d'armes,  mi  bien  peu  4 
a  l'eapreuue  de  oes  usousqueta* 
a  Les  pièces  courtes  que  notts 
a  dit ,  ^t  léte  pierriers  qui  ae 
»  à  boâte^  aerofit  logez  è  costé  dé  h 
9  breschei  aux  lieux  où  ils  ne  pour* 
a  ront  estf e  ny  tus  ny  rompes  par  lei 
»  canons  des  ennemis  :  lei  UMirtien  i 
a  jotter  les  feux  d'artiOee  seront  auss; 
a  4n  lieux  couuerta»  et  toutes  lesaulfn 
a  inuéhèions  qu'on  aUra  pieapééct 
•  pour  défendre  la  breaiihe,  aeroat 
»  tnises  aux  endroits  qili  ne  aont  pelai 
a  descoùuerts,  desquels  on  se  aenrirs 
a  comme  noua  Je  d»una  cyniprèa. . 

a  £n  cette  occasion  on  peut  feir 
»  clairement  combien  aont  néoeasaHei 
et  utiles  les  orillona;  car  outra  lea  ad- 
uantages  dés  flanca  eootiefta  puar 
rompre  les  galleries  auec  lea  Mi 
pièces  de  réserue  que  renneaiy  ba 
sçauroit  desmonter  ;  açanoir^  r^ntaa 
flanc  haut  ^  l'autre  au  flanc  bas«  al 
l'autre  à  la  fausse  braye,  eneûra 
quelles  ne  ieaconurent  que  la  faci 
du  bastion,  aussi  ne  peut-^ou  kl 
gaster,  si  on  ne  loge  les  batterfai 
là  dessus;  el  lorsque  l'onnèmy  vîrni 
è  l'assaut  pour  se  log elr  dans  la  bres* 
che,  il  n'y  a  personne  qui  ne  Yoye 
comme  on  peut  faire  pàsaèr  le  temps 
aux  assaillana  auec  res  trois  pièces  *. 
on  les  tiendri  donc  toutes  prestes*  el 
quantité  de  cartouches  pour  lea  re^ 
I  a  charger  promptement  ;  au  lieu  dl 


]» 


Mm  ft4AW 

a  balles  seulaSf  on  y  ^eltra  Ues  thms- 
1»  ne$,  ferrailles,  barres  de  fer  et  autres 
»  biocailles. 

1»  Tout  estant  disposé  en  bon  estât  « 
•  et  tons  les  Ueuji  attaques  t  garnis  éga- 
»  Ipmeot ,  et  le  rosl^  de  la  plaee  gardé 
x>  par  le  nombre  des  soldats  nécessai- 
»  res ,  lorsqu'on  verra  que  TeimeKiy 
veut  faire  JQÛer  la  mofà^  ce  qu'on 
conooistra  par  tes  indicé  que  nous 
auons  dit.«  on  fera  retirer  tous  les 
soldats,  qii'il  n'y  ait  personne  sur  le 
bastion  i  se- tenant  un  peu  à  l'eacart  ; 
lorsqu'elle  aura  joiié,  on  s'appro- 
chera, se  ceuurant  sur  le  bqrd  de  la 
bresche,  auec  des  sacs  ou  hottes^  ou 
barriques,  ou  mantelets  ;  mais  il  ne 
faut  pas  se  haster  de  se  présenter, 
parce  que  les  ennemis  auront  sans 
doute  pointé  touft  leurs  canons  pour 
tirer  sans  cesse  contre  la  brescbe^  aûo 
,qu'on  n'y.  viepne  è  la  deffence  ;  c'est 
pourquoy  on  se  tiendra  au  costei 
ou  .aux.  retranchemeas  qui  descou^ 
vriront  dans  icelle  ;  cependant  il  faut 
que  reqnemj  passe  le  fossé  à  des- 
eounertf  à  cauii^  que  la.  gsjlerie  sera 
rompue  et  cQUuerte  du  débris  de  la 
muraille;  c'est  lors,  que  ceux  des 
flancs  dptueht  faire  leur  deuoir  à 
force  de  tirer  de9  coups  de  mous- 
quets, et  de  canons,  dds  qu'ils  com- 
menceront à  les  dçscouurir  :  comme 
ils  s'approcheront,  een\  qui  seront 
à  la  deffence  4^-  K  brescl^e  les  sa- 
lueront de  leurs  aM>rtiers,  pierriers, 
canons  courts,  mousquets  et  autres 
aiDDses  qu'ils  auront  presparées  ;  k 
OKesurex|u'ils  s*i4V>irocberont  et  qu'ils 
tascheront  à  itionter,  on  jettera  les 
feux  d'arti&te,  grenades,  bombes,  et 
tels  autres  qiie  nous  auons  dit  cy- 
dessus  :  les  pierres  voleront  conti- 
nuellemont^  jettées  par  ceux  qui 
seront  plus  arrière  à  conuert;  s'ils 
^.s'eJDtorfiènt  à  monter,  plus  haut,  on 


fOWBS. 


«T» 


D 
» 

» 

S 
» 


P 


opposera  les  manteMsi  les  ronds-* 
ches,  les  piqaeiS,  et  toute  sorte  d'au* 
très  armes,  les  huiles  bouillantes,  les 
artifices,  et  la  recharge  des  boëlos 
continuera  tousiours,  tellement  que 
tout  le  lieu  soit,  continuellenient  eu 
feu;  les  mousquetaires,  tout  aussi* 
tost  qu'ils  auront  tiré,  se  retireront 
pour  recharger,  et  feront  place  aux 
autres  qui  seront  tous  prests  :  si  l'en- 
nemy  opiniastre  le  combat,  il  faudra 
rafraischir  ceux-ci ,  et  faire  aduan-  ' 
cer  les  autres  frais,  qui  sont  plus  ar- 
rière,  qui  s'opposeront  à  ceux  que 
rennemy  eauoyera  .  de  nouueau. 
Quand  on  a  sousCena  le  premier 
choc,  il  faut  bien  espérer  du  reste; 
car  il  faut  croire  que  ce  sont  les  plus 
hardis,  et  les  mieui^  armez  ;  lorsqu'on 
sera  dans  l'effort  du  combat ,  on  fera 
joiier  quelques  bsrils  foudroyans>  ou 
bien  si  on  auoit  pq  apprester  quelque 
fougasse,  comme  lorsque  )a  bresche 
se  fait  auec  le  canon ,  on  y  donnera 
le  feu  :  les  bombes  et  autres  artifices 
qu'on  fera  rouler  dans  la  foule,  fe* 
rontun  très  grand  efiTect  :  on  fera  tout 
agir  san.s  cesse  ;  si  l'eonemy  se  retire 
pour  réunir  et  donner  lieu  au  canon 
de  tirer  contre  les  nostren,  ils  se  met- 
tront aussi  tost  k  Gouuert^  a  coslé  ou 
dans  les  plus  proches  retranchemenSf 
et  s'ils  reuiennent ,  on  les  receura  en 
la  mesme  façon  qu'on  aura  fait  la 
première  fois. 

»  Les  ennemis  rencontrant  vne  si 
asseurée  résistance ,  se  contenteront 
pour  cette  fois  de  se  loger  sur  la 
bresche ,  se  icouurant  auec  des  ga- 
bions et  planches;  alors  les  canons 
qui  seront  aux  flancs,  tireront  conti- 
nuellement  là-dessus,  et  du  haut  de  la 
bresche  on. fera  rouler  ou  descendra 
les  naesmes  artifices  que  nous  auôns 
dit  pour  rompre  la  gallerie,  jusques 
à  ce  qu'oncles  aura  fait  desloger  ;  et 


ra  LA  BÉvniHi 


»  en  mesme  temps  \n  nuit  on  resparera 
V  la  bresche  le  mieHX  qu'on  pourra , 
»  en  escarpaiit  la  montée  et  y  faisant 
»  plusieurs  palissades,  et  vn  fossé  an 
»  haut,  laissant  autant  de  terre  qu'il 
»  faut  pour  estre  h  l'espreuue  du  ea- 
»  non ,  lequel  sera  sans  doute  en  angle 
»  rentrant  comme  est  tousioun  la  bres- 
»  che,  a6n  que  tout  soit  flanqué  :  on 
»  mettra  aussi  en  bon  estât  les  retran* 
p  chemens  qui  seront  plus  arrière ,  y 
D  faisant  des  palissades  au  deuant,  et 
B  toutes  les  deflences  qui  peuuent  em- 
»  pescher  l'approche  à  l'ennemy,  et 
»  arrester  ses  efforts.  Icy  on  remar* 
»  quera  que  les  flancs  iichans  ont  vn 
»  grand  aduantage ,  parce  qu'ils  des- 
n  couurent  dans  les  logemens  que  l'en- 
»  nemy  fait  dans  la  bresche,  ce  que  les 
»  rasans  ne  sçauroient  faire. 

»  Parce  que  les  feux  d'artifice  sont 
»  vne  des  principales  pièces  et  des  plus 
»  nécessaires  pour  la  deSence  d'vne 
»  bresche,  je  diray  le  moyen  de  s'en 
»  seruir,  sans  tomber  aux  accidens  qui 
»  arriuent  ordinairement  :  ceux  qui 
»  auront  charge  de  les  garder,  se  tien- 
»  dront  à  couuert  plus  arrière,  les  met- 
9  tant  en  des  lieux  couuerts;  et  lors- 
»  qu'on  s'en  voudra  seruir,  ceux  qui 
»  les  doiucnt  jetter  les  prendront  des 
»  mains  d'autres,  qui  les  prendront  de 
»  ceux  qui  les  ont  en  garde,  et  qui  leur 
»  porteront  :  pour  les  jetter,  ils  s'ad- 
»  uanceront  sur  le  bord  de  la  bresche, 
»  et  les  ayant  jettex ,  se  retireront  tout 
9  aussitost  pour  en  aller  prendre  d'au- 
»  très. 

»  Les  grenades  dans  les  pots  de  terre, 
»  achevez  de  remplir  de  poudre,  et  des 
»  mesches  allumées  autour,  sont  bon- 

>  nés  pour  jetter  dans  les  bresches, 
n  parce  qu'elles  prennent  immédiate- 
p  ment,  et  les  pots  tombent  i  terre  et 
Bse  cassent;  mais  il  faut  estre  bien 

>  adroit  à  les  manier,  car  si  on  les  laisse 


9 

» 
P 
P 

P 

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P 

P 
P 

P 
P 
P 
P 


choir,  elles  feront  autant  de  mal  aut 
nostres,  comme  jettées  a  propos,  en 
font  aux  ennemis.  Je  donneray  dans 
mrs  artifices  quelques  inuentîoiis 
pour  faire  prendre  les  grenades  îm* 
médiatement  comme  elles  tombent, 
a  Que  sy  on  est  contraint  d'abandon- 
ner la  bresche ,  on  se  retirera  aux 
plus  proches  retrandiemens  pour 
faire  nounelle  deffence  ;  cependant, 
s'il  est  besoin,  on  enuoyera  quérir 
du  secours  de  ceux  qui  sont  dans  la 
place  d'armes,  ce  qui  toutesfois  ne 
sera  plus  lors  nécessaire  ;  car  après 
auoir  fait  vne  bonne  résistance  à  la 
bresche,  et  ayant  vn  retranchenient 
fait  à  propos,  l'ennemy  ne  bazardera 
pas  le  reste  de  ses  soldats,  et  ne  les 
fera  pas  donner  à  descounert  conlre 
vn  lieu  bien  fortifié,  et  quand  il  le 
feroit ,  asseuKément  il  n*y  gagnerait 
rien ,  parce  «qu'il  y  aura  palissade , 
fossé,  bons  flancs,  armes  et  artifices 
de  toute  sorte,  et  gens  frais  pour  k$ 
deflTendre. 

p  Pour  s'aduancer,  il  se  seniira  de 
la  mine  ou  de  la  sape  ;  la  nuit  d'après, 
comme  il  prospérera  ses  logemens  et 
recommencera  l'attaque,  il  faadra 
faire  vne  sortie,  et  porter  leainstra- 
mens  et  machines  nécessaires,  pour 
rompre  et  bnisler  les  logemens  des- 
quels nous  auons  parié  aox  sorties, 
et  conune  il  fiiuC  rompre  la  gallerie. 
p  Lorsque  l'ennemy  attaquera  les  re- 
tranchemens,  on  fera  les  mesmes  ré- 
sistances qu'on  a  fSiites  à  la  bresche 
et  aux  dehors,  à  quoy  on  cura  beau- 
coup plus  d'aduantage  ;  parce  qu'as- 
seurément  après  tant  d'efforts  bits,  S 
faut  que  les  plus  courageux  ayeot 
esté  tuez ,  et  si  les  autres  sont  rebo- 
tez ,  ih  ne  voudront  pas  retourner 
aux  attaques ,  et  si  on  les  y  con- 
traint ,  ils  ne  feront  rien  qui  vaSIe; 
car  véritablement  dans  vne  anoéa, 


ee  o*eit  pM  ie  Mmlm  t|«i  iUt  ki 
fMte,  maïs  c'est  le  mwaim  des  geis 
de  coBiir,  et  lonqa'il  n'y  en  a  phia,  il 
M  faut  rien  craindre,  esfésifllerafc* 
cBenaent  au  «itrea. 
»  Le fonnemeur qoi  ve«t  faifetont 
ce  qa*ni  boame  de  bien  peut  feke , 
doit  te  défendre  jmiua  i  ce  qu'il 
B'awa  pfau  de  qaoy.  le  covwir ;  ce- 
pendant  fn'il  aura  aonatenu  ces  lieni 
qne  nous  aiionf  dit,  il  aura  en  loisir 
de  faite  ses  relnnchettras  géaé- 
lanx ,  dans  lesquels  11  doit  encore 
faire  vue  nouvelle  deSçnce ,  encore 
qne  ces  ouvrages  ne  puissent  pas 
estre  si  faits,  «itant.  nouvellement 
faits  ;  aussj  les  OBnemis  sont  les  plus 
fofliies^  leuiu  canons  gestes,  etos- 
veirtea  i^feiee  de  tirer  ;  ks  no  nitions 
coBsoflMuées,  et  toute  ramée  lassée, 
la  disposition  et  Tordre  de  ladelleoce 
seront  les  awsmes  que  nous  avons 
dit.  Tm  gounemeur  ne  doit  jamais 
parier  de  c^ùtuler  qu'alors  que  le 
prince,  loi  commandie,  ou  qu'il  man* 
qa$  de  Heu  ou  de  terre  pour  se 
oonorif,  ou  de  soldati,  oo  de  mu- 
nitions. » 
On  seot  qu'a  cause  du  perfectioBno- 
aMBt  des  aroMSy  il  y  a  quelques  modi- 
ScatioBsi  faire  à  te  q!ttudit,  dans  tout 
ce  chapitre,  le  chevalier  de  vaie;  mab 
le  bon  sens  indique  lulHsamment  ces 
Bodifleations. 

Pout-dtre  n'Jnsiste-t-il  pas  asses  sur 
l'emploi  des  chausse-trapes;  c'est  une 
excellente  défense  en  pareilles  circons- 
tances, parce  qu'elle  est  eitrémement 
portative,  et  qu'elle  embarrasse,  plus 
que  toute  autre  chose,  la  marche  de 
l'ennemi;  il  faut  en  couvrir  la  baèshe. 
Le  canon  même  n'a  presque  aucune 
prise  sur  ces  petits  corps  pointus  ; 
et,  lorsque  la  brèche  en  est  convena* 
biemeot  couverte,  il  faut  è  l'ennemi 
un  temps  considérable  pour  les  enc- 


laver, de  qneiqpie  maniim  qu*B  s'y 
prenne. 

On  doit  également  employer  tsite 
arme  défenslre ,  avec  proAHhm,  au-- 
devant des  uidt-de«pie  et  des  petites 
places  d'aroMS  que  fait  l'ennami  pour 
soutenir  ceux  de  seascMali  qui  sont 

haut  4e  la  brèche;  car  ils  ne  peunont 
passer  que  dlBdlemaut  et  trte  lente- 
ment par4essus  toutes. ces  potetes 
étendues  sur  une  grande  lacgeuvi  peur 
arriver  au  secours  de  leur  tète  delran- 
diée  attaquée  à  l'improviste,  elle  sera 
culbutée ,  leurs  tnvstjllenrf  tués ,  et  la 
retraite  i^ectnée  «vaut  qu'ils  aieni  pu 
les  joindre;  et,  lorsqu'ils  ^en  retour- 
neront, ils  éprouveront  encore  un  re- 
tard qui  les  laissera  long-temps  expo- 
sés au  feu  des  réduits,  des  coiqiuras  et 
des  retranchemens. 

Les  chevaux  delrise  et  les  herses  de 
fer  sont  aussi  très  utile»;  mais  ilssoot 
dilBciles  à  manier  et  facUes  i  rompre 
par  le  canon  ;  j'abnerais  mieux  em- 
ployer, è  leur  place,  des  espèeaa  d'é- 
toiles à  six  pointes,  pesant  dq^  dix 
jusqu'à  ta-ente  livres,  chacune,  peur 
qu'un  seul  hooMne  puisse  la  porter  et 
la  ^acer  tout  doauiteoàfl  faut»  On  en 
poorrait  garnir  te  haut  do  la  brèche  au 
iBfflmMit  de  l'assAUt.  f hafiMi  dm  tirtdats 
portant  uiie  ou  deux  4e  cea  espèaes 
de  hérissons  qu'il  piaaerait  devant  tau , 
oà,  09  les  endievAtiunt  loi. uns  dans 
les  entras,  ils  formeraient  une  sorte 
d'abattis. 

Pour  fafa^  une  de  ces  étoiles,  il  n'y 
a  qu'à  prendre  trois  petites  bAcbes  à 
brûler,  soit  de  brin,  soit  fendues ,  de 
deux  ou  trois  pieds  chacune ,  ou  des 
bâtons  gros  comme  le  poignet ,  et  les 
assembler  perpendiculaireBsent  les  uns 
aux  autres ,  en  les  encastrant  à  mi-« 
bois,  et  les  arrêtant  avec  de  grande 
clous,  des  boulons,  ou  seulement  des 


;  * 


M  Uft  DÉFINMK 


taillés  en  pointe ,  ou  armés  A^lt  fêr 
f«inlQi 

PirtMi  de  it  firadra  «rrAter  moffiM- 
tttAéiiiMt  bti  flÉoilveiiieiit  bhisqtte  de 
r«tobMil{  dëiKt  eu  Uroto  Ttili|^5  de  fes 
Sloilëi  èliélti^étrééfr  Ibnneihitil  Me 
tsfbéê  dé  èlMvM  de  frtoer  eontiM  ^i 
¥MldrA  lAitlll  i|tt*ilid  ^isside  ^  et 
i|tt*on  {Miti#ni  Mleferfiénd  ^u  voudra 
M  fdporter  aiUètti^  ;  on  (miil  fhcileiMtit 
trouterto  iBôyM  deled  «ttodier  sor 
flIMcertUië  I  radtre  par  des  esjièeètf  de 
érodiets. 

'  Eonn^  AMI  tie  dévMi  jmé  onietlre 
un  avère  irai  bon  mbyén  d*erihM^# 
fMt  an  tempit  an  bord  dHine  Irèche 
en  &ant ,  nmtiÀneêiié  de  rbsêanhint  : 
(f «M  de  MnMf ,  t<Mit  lè  lotig  de  ééfte 


d*eiilrèiiniri  eemid  Mv njuaiMiié 

•ottYmltiM  flttceèi,  nDgnndfeift 
pM  de  la  brMiei  patee-^ll  m  fte 
wfBoHe  é  raasiégt  d*eiilinCeM  -dMo)- 
ci,  et  plus  facile^è  I^ÉaaMgdaill  d*ré- 
teiddre ,  40e  totB4«rïl  «il  «lUrf  dans 
nn  ibMé  in  babt  de  la  brèilie. 
'  Dans  cet  ottffage^jeÉkeniiadlliriié 
an  grand  prineifpe  de  là  dMaoBef  prii- 
efpe  fiHidé  anr  eetad  dea  moIRenwMi- 
taqnea  eottnieat  qni  aeni  ceHei  de 
M .  de  VMbatt  ;  e^aM  à  %»  Atae  fÊià- 
olpeqifHfont  rapj^orter  eisnbeMba- 
ner  nne  femle  de  déMie  dftM  HH^Us 
nodfn'anrions  pn  entrer  mHê  rf|Mr 
wifU  settoure  datie  bednltoapd^l- 
tr^s  ouvra^^eê  eoffMËaj;  et  aMiMalfcrpéP* 
drê  devne  le  bttleSBeMt^nmie^ 
nettsf  devions  tendre  eeMttnflMMfC  Ce 


brebhe,  tmft>s8é1ai>geetpre(bndqtt*ea  tat est  lé  pf)Mf|iè  dont mifeliMMks 

remplit  de  bois  à  blAlèf,  de  flgtotl  dejpiêriéf^prinelpe  qtfl  tetiatiuililluu 

gondreiHiês  et  de  teàtea  sûHes  de  maf  ies^ientpleadennM  «aÉA'lèfPeUr 

Hères  WtobdsHMes.  On  attend  i|be  tbd|Utre  de  eîetteaeflWdd  Mtfe,  àfcto 

t'iMeilireonithetiée  de  toonierÉres^  qdë  fonrnHMnt  ie«  jMMiiârÉx  «9  tt|e 

lauti  <t  l'on  dUMie  sur^enf^am^,-  da  «iir  lei^tiela  Mt  élê  Mail  M»afclb 

tduieepintSf  rèmiadeboto; od  t  jette,  rélMéb  ddft»  lé  ehé^tM^  tT  deltfA- 

de  tdna I  detf  feni  tfUiltMcé  et  nombre  tMèfé ,  tfe%%^it^  difé  «  «uMWM  le 

de  petNs  aaea  de  tMmdre.  AuésI  long*  maximum  de  la  défense  Ar  MMMbi, 

tenipa  qtron  peut  enMtenir  r«eti«fté  M  enlM  fa  dêfelMe  fUir  fhrtMrMIthche 

de  ^ene  BMniie,  I*ennei6l  eet  arrêté  à  M  dSftnae  par  leairtnes  àiéi-^ 
«f  Mitiez  ex^  an»  fMt  de  liiic  /  teriifine  peM 

ÉîMtivaenlMiM^etàfntfMfiitefli*  lire  de»  étiom  et  m  proeggft» tmk 

"eettqitftoiÉbMIftariuii  cette  dêflMi-  deraagteijeâillf  WodarttiuliiiitiMid^i 

M  i  VraiMée  fÊt^¥aiÊtJÊtê  HlflHàMs,  la  conclusion  qui  suit;'H^'lMféfMlhf 

'et  ^dMeMiêMflMM  fMf"  M.-  TauMèr,  |  dd  eetUJF  nndrMfd  ei  iA|NMfaMiriioc« 

rR  ^i^iiv  ■  enCvVe  prefeTavie  •  esiie  1  irtife 


/  ■      * 


.  '  i  . 


><  ■       .V.. 


.'        l-    ■ 


Di»  flMtS' fOMRft. 


CONCLUSION  GÉNÉRA  LE. 


Deê  fdwipéé  ëi^dsés  d«M  eel  écrit, 
4tli  naos  A  d«rf I  «*é^|fa|ih(i  t 

Mm  té  êiféMè  dfê  pÛÊéêÈ  fMêê^  la 
Nlfinr  a  rindêiffi^  K^  Hffiè^nê  point 
TMM  MHè  î'aifMt  mûi$  Mlê$  péutféfU 

VALktRÎ  IUttUMutt!  T^to  la  d6- 
t^tuie  dai  plâi^  ë$i  dâM  c^  deox 
Wioiê,  qui  ôUt  Mt  thfténii  le  sujet  d'tiâe 
«Midtnii p»mi dé tèt Ottvtàgë »  tiMdft 
On  a  âA  remarqua,  dah9  tadt  eë  qtii  a 
été  dtt,  qtle  pôuf  Mra  «flSbaces,  H  ftint 
qk'éilèil  lit;ha«tit  toiijolu^  de  eoticen; 
ciU*6llés  fié  ces^efit  Jttmai)  de  se  lecoù- 
der  ttmtUèHénUértt. 

Ed  éllbt,  ttnéilé  4ae  éMI  M  kfaVMi^e 
de  rci^légé,  pM^  eèlto  de  l'asifé* 
géant  Idi  èit  laippeMiFg  égèto.  it  est  évi^ 
d«nt  i|tie  1*  petite  treape  Mmt  fb/Me 
de  eédér  à  la  grande  $  è  iàefiia  qM  la 
première  nm  dM  inéitiitrfe  ^  kd 
S4HI  pfulM,  péitf  totapéiMi»  rtuNirio- 
Htédttmmfcrc;  MM^  %à  pirefleaa, 
ta  BmvMte  Mdiér  Ail  «watt  Ibi  M^ 
fire. 

LItMtsttto  iiiii,  iofl  fiiidèiiNnit  se- 
cmiéédé  nfBt  «ndert  imIi»}  «tri  dia- 
pré» It  e^wd  dM  piQè  samsii  ittgé- 
aïKMf,  il  ii^«it  tMÊmm  pkMe,  sÉMe 
CMiSéMidiMillil  iMlilia^fitiK^ia, 
qui,  abatrlMMU  llltè  dM  aM«s  eatra- 


ordinairea  d0  vigomir,  qtt^M  M  peut 
faira  entrer  dans  le  oatoiil,  puisse  tenir 
plus  de  qQanmtë  jonrs  de  traitdtiée 
oavertei  eonti*e  une  attaque  régu- 
lière. 

Mail  s'il  est  vrai  qne,  prises  aépanft* 
tuent ,  la  valeur  et  Timittstrie  ne  siil^ 
flsant  poini,  d'bn  autre  oôM ,  tes  fa- 
meuses déflMfisès  dés  SMiens  ooii#e 
des  ennemis  ittssi  braftbqtt'ei»,  celles 
qti  otit  eu  Ueu,  kirsA»  la  cHevats#i9èt 
}«aq«*à  rinventtod  de  Ui  poodee,  cMtre 
des  assaiiiaM  non  mUns  iMrépidea^  et 
enfin  ^  plttsîeiit^  (#fefisi»  égatofisent 
brillantes,  qnl  apperUennQnl  ant  sib- 
«les  postérieurs  <  ptooTetit  que  qeaiid 
la  valeur  d'une  garirison  se  jcHnt  au 
talent  des  chefs  qui  la  dfn'gent,  la  dé* 
flmsè  peut  se  prolonger  Indéfliiimant, 
e»  raism  des  aubsistaiieès  et  des  a^ 
provisionueasens^de  la  place; 

La  véritable  eanae  d»reai»étti&  dif- 
férence qui  ésialè  eiMiu  Ifta  Mles^- 
fsnsÉs  doiit  a0ua  veuon^de  paHer,  et 
ealM  qui  unt  Muakattee matMini- 
tigidiusut ,  fj^t  dvldaauaiàit  de  <e 
qttoeeadéitiiànuaoutr  su^oeiiis  aV 
péwauiuqliaianl  parla'feUf«t4u«e 
qu'un  duaragev  «ne  lais  «idevè^  *^at 
«uuaé  M  pouaMT  juaDaiaétnercj|n;| 
tendis  qoé  lea  anaita^ilè  cMuÉlsaaHnti 
pas  oiéme  tes  ènus  à  ftu;  que  dans* 


le  oioyea-êge,  un  en  employait  très 
pea  à  la  gnerre  des  sièges  ;  qa'enfin , 
au  petit  nombre  de  défenses  brillantes 
qui  ont  eu  lien  dans  les  temps  moder- 
nes, les  assiégés  n'ont  regardé  les  ar- 
mes à  feu  que  comme  des  moyens  se- 
condaires;qu*iisfondaientleursmoyeflS 
prtncipanx  sur  l'emploi  de  l'arme  blan- 
ehe^t  les  combats  corps  à  corps.  C'est 
par  ce  genre  de  combats  que ,  dans  le 
cours  d'un  siège,  le  même  ouvrage 
était  pris  et  repris  nombre  de  fois  ;  ce 
qui  est  la  naie  manière  d'en  prolonger 
extnordinairement  la  durée ,  et  d'é- 
puiser las  forces  de  rennemi. 

Or,  la  bravoure  est  plus  nécessaire 
.  sans  doute ,  dans  le  combat  corps  à 
oorps,  que  dans  celui  des  armes  à  feu, 
soutenu  derrière  un  parapet;  ainsi, 
quoique  les  troupes  soient  aujourd'hui 
aussi  braves  qu'elles  l'aient  jamais  été, 
c'est  bien  léellemont  parce  quon  ne 
fait  pas  jouar  à  leur  bravoure,  dans  la 
défense  des  places,  le  même  rôle  qu'au- 
trefois, le  osème  rAle  qu'on  lui  fait 
jouer  encore  dans  la  guerre  de  campa- 
gne, que  les  défenses  modernes  sont 
inférieures  à  ce  qu'elles  étaient;  et  il 
demeure  prouvé,  comme  on  l'a  dit  ci- 
dessus,  que  ces  deux  éiémeas,  la  bra- 
voure et  l'industrie,  qui ,  pris  séparé- 
ment ,  ne  sauraient  suiBre ,  peuvent , 
au  contraire,  tout,  lorsqu'ils  sont  com- 
binés; qu'alors  ils  se  multiplient,  pour 
ainsi  dire ,  l'un  par  l'autre ,  et  qu'ils 
produisent  dea  résultats  supérieurs  à 
eeux  de  l'attaque  eUe^méme. 

UdeaaeureégaleaieDt  prouvé,  par 
suite  de  cette  mailme,  que  ai  les  ar- 
mes à  feu  août  lei  plus  faivonriiles  à 
l'assiégeant,  les  amea  l>lBndies^  au 
contraire,  sent  leaplus  favorables  i 
l'assiégé  ;  et  ipie  caluh^  doit ,  autant 
on'il  le  peut,  rameser  le  syalèoM  gé-  i 
MMl  de  sa  défense  i  une  série  non  in- 1 
UuTompue  de  coups  de  main.  En  effet,  : 


que  peut-îl  y  avoir  de  plus  insignitot 
qu'une  défense  qui  se  borne  è  faire  an 
feu  continuel  sur  des  tranchées  où  Toa 
ne  voit  personne,  et  à  se  retirer  à  me-  i 
sûre  que  l'ennemi  avance,  au  moyen 
de  la  sape  dans  cette  tranchée  cou- 
verte? N'estai  pas  évident  que  oelai<i 
marche  presque  sans  aucune  perte,  et 
qu'il  exécute  ses  travaux  presque  aossi 
vite  que  si  l'assiégé  ne  tirait  pas  on 
seul  coup?  C'est  cependant  sur  celte 
prétendue  défense  qu'est  calculée  la 
durée  du  siège  dans  les  principes  de 
M.  de  Cormontaingne  et  de  ceux  qui 
professent  sa  doctrine  ;  aussi ,  de  leur 
propre  aven,  toute  la  perfection  qa'ib 
ont  pu  ajouter  au  tracé  de  M.  de  Vsa- 
ban,  se  réduit  à  une  prolongatioa  de 
sept  à  huit  joura  au  plus;  cbétive  amé- 
lioration, que  même  on  leur  conleste, 
et  qu'ils  achètent  par  un  surcroît  de 
dépense.  Convenons  que  ce  n'est  point 
en  tirant  force  balles  dans  les  parapets 
d'une  sape,  qu'on  peut  en  arrêter  les 
progrès;  mais  que  c'est  en  attaquant 
de  vive  force  la  tète  de  cette  sape,  en 
tuant  les  travailleurs  qui  j  sont  sans 
défense ,  et  qui  ne  peuvent  être  que 
faiblement  soutenus  par  les  fusiliers 
qui  sont  derrière  eux  ;  c'est,  dis-je,  en 
harcelant  perpétuellement  cette  tète 
de  sape,  soit  par  de  petits  détachemens 
qui  tombent  dessus  à  l'improviste,  soit 
en  y  jetant  sans  cesse  des  grenades , 
soit  en  la  faisant  sauter  par  de  petites 
fougasses.  Ainsi  l'art  doit  se  diriger  es- 
sentàellemeot  vers  lea  moyens  de  loger 
ces  petits  détachemens  à  couvert,  au 
phis  près  de  ces  tètes  de  sape,  et  d'en 
aasurer  la  retraite. 

ÂJOtadùU  on  n'attaNpMit  guère  que 
de  rive  force;  on  se  défendait  de  mê- 
me, et  lea  plus  mauvaisea  places  te- 
naient dea  années  entières;  aigoor- 
d'hui  les  attaquée  ae  fout  pied  è  pied  : 
la  défense  suit  le  mima  procédé,  eiie» 


M»  «LACM  rotarit. 


melMurit  ^Im^  40  gwne  tiwaaB^à 
pe<M  nu  moto*  D*oA  vjwt  cehi?  Ce 
n'eflC  point  de  la  s^périimlé  de  FertU* 
lerie  des  «saiégeaos ,  puisque  Fra  ?oU 
encore  de  temps  en  tempe  dee  défen- 
les  oomparables  à  celles  des.anciens; 
mats  cesdéfenses  n'ont  lien  qoe  quand 
on  prend  le  parti  de  se  défendre  com- 
me eox, c'est-4^re par  deseoups  de 
main.  Il  faut  donc,  si  l'on  yent  conser<* 
ver  aes  places^  en  revenir  à  ce  mode; 
il  Tant  rétablir,  dans  la  défense  des 
rempacts»  l'osage  des  combla  à  l'anne 
blanche ,  reconnus  d^à  pour  si  déci- 
sifs partoutailleurs  pour  la  valeur  Iran* 
çalse;  il  faut  qu'au  lieu  d'être  accessoi- 
res, comme  on  a  vu  que  le  suppose 
H.  de  Gormootaingne  pour  établir  ses 
calculs,  ces  combats  aient  essentielle- 
ment partout  la  préémiuence;  qu'enfin 
le  système  des  constructious,  l'usage 
de  rartillerie,  l'emploi  des  contrenni- 
nés,  toutes  les  ressources,  en  unmçt, 
que  peut  suggérer  l'art,  suivant  les  di- 
verses circonstances,  soient  rapportés 
et  constamment  subordonnés  à  cette 
défense  majeure,  à  ce  but  principal. 

On  se  convaincra  facilement  qp'ici 
la  théorie  doit  être  d'accord  avec  l'ex- 
périence ;  car,  dans  l'emploi  des  armes 
i  feu,  il  est  naturel  que  l'assiégeant  ait 
toute  la  supériorité  ;  son  artillerie  est 
tottjonrs  beaucoup  plus  nombreuse: 
comme  il  enveloppe  le  front  d'attaque, 
ses  feux  sont  convergens,  et  l'assiégé 
prête  de  toutes  parts  le  flanc  aux  rico* 
chets.  Mais  à  l'arme  blanche ,  c'est  le 
contraire;  dans  la  mêlée,  l'assiégeant 
ne  peut  plus  faire  usage  de  son  feu , 
parce  qu'il  se  détruirait  Ini-mêm^B  ;  il 
ne  peut  se  présenter  à  la  brèche  sur  un 
front  plus  grand  que  celui  de  l'assiégé. 
Celui-ci  ne  peut  être  pris  en  flanc  ni 
or  les  d^rières;  il  occupe  la  hauteur, 
et  ne  peut  être  abordé  que  par  nn  che* 
min  escarpé  et  miné,  sur  lequi^l  il  peut 


fUre  rouler  des  paqtres,  des  pierres , 
des  boaUies,  desleta  d'artîiice  ;  ^oAs^ 
il  voit  lui-même  en  flanc  les  colonnea 
de  son  ennemi  ;  et,  avec  un  peu  d'in^ 
dustrie ,  il  peut  les  battre  de  revers. 
L'assiégé  a  donc  tont  Tavantage  dans 
ce  genre  de  combats» 

L'art  de  la  défense  n'est  dwc  poiat^ 
pomme  l'ont  Imaginé  quelques  per- 
sonnes, ceini  d'éluder  le  choc  à  la  fa* 
veur  d'un  rempart,  mais,  au  oanlvaire, 
celui  de  pouvoir  se  battre  avec  avan- 
tage un  oonti^  dit;  oehii  d'êlre  sans 
cesse  agresseur,  lorsqu'on  semblait 

condanmé,  par  les  droonatances,  à  être 
constamment  chassé  et  poursuivi ,  A 
chercher  perpétuellement  quelque  re- 
traite nouvelle  pour  éviter  d'être  aeca<^ 
blé  par  un  ennemi  supérieur.  L'indus- 
trie est  de  convertir  le  système  géné^ 
rai  de  la  défense  en  une  suite  d'attaques 
partielles,  mais  multipliées  et  combi* 
nées  de  nmnière  à  opposer  toujours  1/$ 
fort  an  faible,  sans  cependant  jamais 
compromettre  mm  partie  trop  coqsi* 
dérable  de  ses  forces. 

Si,  pour  éviter  l'avantage  ^pie  don* 
nent  A  l'assiégé  les  attaques  hites  de 
vive  force  par  son  adversaire,  celui-ci 
prend  le  parti  de  procéder  méthodi^ 
queaaent,  et  de  s'emparer,  pied  à  pied, 
de  toutes  les  défenses  de  la  place ,  ce 
qui  constitue  le  grand  principe  des  at- 
taques de  M.  de  Yauban ,  l'assiégé  ne 
sera  pas  forcé  pour  cela  de  renoncer 
aux  coups  de  main,  qui  doivent  faire 
toujours  la  base  de  son  système  défen- 
sif  ;  mais  il  devra  les  combiner  avec 
l'emploi  des  armes  à  feu ,  de  manièri 
cpie  par  le  jeu  alternatif  des  uns  et  der. 
autres,  U  empêche  l'ennead  de  s'é- 
tablir jamais  solidement  en  aucno 
point. 

Le  véritable  esprit  de  la  défense  an 
consiste  ni  à  livrer  daa  combats  ietem-- 
pertifs  et  trop  Mfim^,  nii  Un  dt 


M  Lk  raMffst 


cdfitiiittBlle9  retihkiet .  en  9e  Gonleii->  ' 
tant  de  retarder  lé  marehe  de  Passlè*  > 
^eant  par  une  aérie  de  péltts  obstacle» , 
mais  à  épier  toutes  les  occasions  de 
prendre  celuis;i ,  snr  lé  temps,  par  un 
mnp  de  main  inopiné,  lorsqu'il  8*af^ 
faiblit  quelque  part,  pour  s'étendre  et 
peur  embrasser,  par  son  développe- 
mettt,  les  wnagea  de  la  place,  et,  M 
contraire,  à  le  lâlMer  tout  d'un  éoop 
e«)N>sé  au  plus  grand*  feu  de  la  place , 
préparé  peur  cela,  torsqifoH  le  toit  se 
ràunir  en  masse.  Efi  général,  en  peut 
di»^  que  contra  les  attaques,  IMtes  par 
eeiipB  de  malâ,  Il  faut  se  défeiidre  pied 
à  pied  ;  et  contre  les  attaques ,  faites 
pied  à  pied,  H  faut  se  défendre  par 
coups  de  mahi. 

Sur  œ  principe ,  dans  les  points  oA 
l'ofi  erahit  d'être  attaqué  de  vive  force. 
Il  faut  semer  le  plus  d'obstacles  possi- 
ble, comme  palissades,  herses,  chaussa* 
Irapes ,  étoiles  à  pointes ,  mabtelets , 
abattis ,  puis  se  retirer,  pour  laisser 
t'enneoBl  deiil  eiposéau  plus  grand  ffen 
de  la  place,  pendant  tout  le  temps  quil 
emploiera  à  détruire  <m  écarter  ces 
obstacles  ;  il  Aiut ,  de  plus,  avoir  des 
corps  de  r^erve  à  couvert:,  et  à  quel- 
que distance,  pour  tomber  sur  les  pre* 
liiieR  détachemens  qui  auraient  fran- 
chi c<^  mêmes  obstacles.  Sens  les 
points,  au  contraire,  ou  renneifii pousse 
ses  attaques  pied  à  pied,  comme  aux 
têtes  des  sapes,  il  AMit  se  loger  au  plus 
près  de  lui,  et  nettoyer  Tintervalle  qui 
en  sépare ,  afin  de  pouvoir  tomber  à 
chaque  instant  sur  ses  travailleurs,  les 
surprendre,  et  avoir  opéré  sa  retraite, 
avant  que  la  forée ,  qui  doit  soutenir 
ces  tPffraUteors  puisse  être  arrivée. 

Oe  mede  essentiel  de  défense  doit 
cependant ,  par  sa  nature  même ,  être 
aéierfé  pour  la  feniière  période  du 
siège  :  dans  les  prMriêres,  il  ne  pour- 

fw  wefr  iim,  piHym  iMidratt  riler 


éhérdiér  l'ennemi  trop  teh  pour  pou* 
vefr  le  sutfTendi^ ,'  et  revenir  suns 
éprouver  sarédctlM.  A'  cette  disunee, 
H  serait  absurde  aussi  de'prélenére  Ar- 
rêter le  progfês  de  sea  tranchées ,  I 
force  d'artilierie.  Il  Ihot  donc,  pendtat 
les  ppof Bières  poNocieB  uu  nege ,  se 
berner  à  tirer  sur  les  pointa  négUgts 
par  feufiend,  et  à  (kire  de  temps  ea 
temps  des  sorties,  ordinairement  peti- 
tes, pour  disperser  ses  travaMeors ,  le 
rencbre  eirconspecSt  dans  sa  marche,  et 
PéUiger  de  donner  à  ses  travani  ane 
solidité  qui  len  empêche  l^avanceroent 
trop  rapide.  B*aHletirs  l'alternative  con- 
ftrmélle  du  ftm  et  de  Terme  l>lanche, 
qui  doit  fisire  la  bètse  de  la  défense  rap- 
prochée ,  ektge  que  Ton  conserve  soa 
feu  ]ttsqii*àr  la  (In,  et  qu'on  ne  l'eipose 
pas,  dêa  les  premiers  jours,  au  ravage 
des  ricochets  et  des  bombes.  Ce  priiH 
cipe  résuite  évidemment  de  ce  qae 
M.  de  Yauban ,  dont  la  méthode  dans 
les  attaques  est,  avec  raison,  regardée 
eomme  la  meilleure ,  ne  veut  pas  que 
l'assiégeant  se  porte  sur  fe  théâtre  de 
cette  défense  rapprochée,  que  les  feai 
de  la  place  ne  soient  prAilablement 
bien  éteints.  El,  en  etfet,sans  cette  pré- 
caution, ses  trandiées,  ses  paraRMes, 
ses  cavaliers ,  ses  eenronnemens  de 
chemin  couvert  seraient  Menlét  dé- 
truits, et  il  n*y  aurait  aucune  sêreté 
derrière  ses  minces  parapets  gabien- 
nés,  ou  de  terre  remuée,  qui  sont  bien 
à  l'épreuve  du  mousquet,  mais  non  pas 
à  l'épreuve  du  oanôn  ni  des  obus  ;  d'oâ 
il  suit  que  tout  le  système  desattaqoes 
de  M.  de  Vauban  est  à  peu  près  anéanti, 
du  moment  que  Tassiégé  trouve  la 
moyen  de  conserver  une  bonne  partie 
de  son  artillerie  ponria  dernière  pé- 
riode du  siège;  etêertea,  cela  ne  M 
est  pas  bien  tfffldie.  Cette  observation 
est  très  importante  ;  «  Ces  (tadneïi, 
aeei  trêteaut,  dit  M.  d6  Toreoae 


*9<"iV». 


DBS   PLACKS  F0RTB9. 


en 


3  {iÊémmr€ê  iwrla  guerre),  vous  déro- 
»  bent  à  ToBil  de  l'ennemi ,  qui ,  sans 
B  cela,  verroit  tout  ce  qui  se  fait  dans 
»  la  tranchée  ;  ik  vous  mettent  aussi  à 
9  couvert  du  mousquet,  mais  non  pas 
»  du  canon.  »  « 

Db  l'écrit  qu*on  vusnt  bb  urb, 

RÊSULTB,  JB  CROIS,  BIBN  ivmBM- 
MBNT,  GBTTB  VÉRITÉ  TRANOmiXI- 
SANTB  :  C'BST  QUB  LBS  BARRIÈRES  DE 
l'empire  FRANÇAIS  SONT  ABSOLUMENT 
INEXPUGNABLES,  POUR  QUELQUE  PUIS- 
SANCE ou  RÉUMON  DE  PUISSANCES  QUB 
CE  SOIT,  SI  ELLES  SONT  BIEN  DEFEN- 


DUES :  c'bst  qu'unb  bonbb  garni- 
son, ÉTABLIE  DANS  L'UNB  DB  NOS 
PLACES  ACTUELLES,  BT  ANIMÉB  DU 
NOBUB  DÉSIB  DB  S'iLLUSTRBR  PAR  UNE 
DÉFENSE  MÉMORABLE^  ^PEUT,  AUSSI 
LONG-TEMPS  QU'ELLE  SB  TROUVERA 
POURVUE  DE  SUBSISTANCES  ET  DE 
MUNITIONS,  TENIR  TÊTE  A  UNE  AR- 
MÉE DIX  FOIS  AUSSI  NOMBREUSE,  ET 
SE  PROMETTRE  ENFIN  DE  LA  FAlàs 
ÉCHOUER  ET  MÊME  DE  LA  DÉTBUIRB 
ENTIÈREMENT,  SI  CELLE-CI  S'OBâTl- 
NAIT  A  VOULOIR  SORMONTEB  LA  BK 
SISTANCE. 


^•^ 


*v. 


•  .■»■>. 


»»-^ 


MÉMOIRE  ADDITIONNEL 


ou  L*ON  PROPOSE 


UNE  NOUVELLE  IHANIÈRE  DE  DÉFENDRE  LES  PLACES 


Il  y  a  bien  des  années  qne  j'ai  ima- 
giné une  nouvelle  manière  de  défendre 
les  places  ;  mais  je  ne  Tai  point  fait 
connaître  jusqu'à  présent,  parce  qu'elle 
aurait  pu  être  employée  contre  la 
France  elle-même  par  les  ennemis  ;  je 
me  réservais  de  prendre ,  à  cet  égard , 
rinitiative  dans  une  occasion  impor-^ 
tante,  si  je  me  trouvais  un  jour  chargé 
de  la  défense  d'une  place  assiégée, 
comme  cela  pouvait  arriver  par  les 
fonctions  de  mon  état.  Mais  aujour- 
dliui  que  le  temps  est  arrivé  d'appli- 
quer à  la  plus  grande  sûreté  des  fron- 
tières françaises  tout  ce  qu'on  pourra 
découvrir  d'utile  pour  perfectionner 
Fart  défensif,  je  n'hésite  plu»  à  rendre 
fRibliques  mes  anciennes  réflexions. 

Si  le  moyen  que  j'ai  à  proposer  mé- 
rite quelque  attention,  c'est  sans  doute 
par  son  extrême  simplicité,  qui  le  rend 
applicable  partout,  et  indépendant  de 
tout  système  de  fortiflcation  ;  c'est  parce 
qu'il  n'exige  l'emploi  d'aucune  arme 
nouvelle,  et  qu'à  proprement  parier,  il 
n'a  rien  de  nouveau  lui-même ,  puis- 
qu'il ne  consisli  que  dans  l'emploi 
plus  fréquent  d'un  moyen  déjà  usité  ; 
ce  moyen  est  celui  des  feux  verticaux, 
que  je  propose  de  multiplier  prodi- 
T. 


gieusement  dans  la  défense  des  places, 
et  dont  je  vais  discuter  les  effets  sous 
ce  nouveau  rapport.  Ce  n'est  pas  d'au- 
jourd'hui qu'on  a  senti  l'utilité  de  ces 
feux  verticaux  multipliés.  «  Comme  les 
»  pierres  et  les  grenades  (dit  M.  de  Van- 
»  ban  ),  jetées  avec  des  mortiers ,  font 
»  plus  de  mal  encore  que  les  bombes, 
»  et  qu'elles  tuent  et  blessent  beaucoup 
9  plus  de  monde  •  il  faudra  s'en  pré- 
»  cautionner  de  son  mieux.  » 

Mais  l'effet  de  ces  feux  verticaux 
n'ayant  point  été  exactement  analysé, 
on  n'a  pu  apprécier  le  ravage  extrême 
qu'ils  peuvent  occasionner,  et  l'on  n'en 
a  jamais  fait  la  base  de  la  défense , 
comme  je  le  propose  ici. 

Un  fusilier,  qui  tire  de  derrière  un 
parapet,  est  obligé  de  se  découvrit 
beaucoup.  Un  canon  que  l'on  tire,  soit 
à  barbette,  soit  même  par  une  embra^ 
sure,  reste  fort  exposé  à  tons  les  coups 
de  l'assiégeant,  ainsi  que  ceux  qui  le 
servent;  et,  de  plus,  les  feux  horizon- 
taux qui  partent  des  fusils  et  des  ca- 
nons de  la  place,  vont  presque  tous  se 
perdre  dans  les  parapets  des  tranchées 
et  des  sapes  de  l'ennemi.  Mais  si ,  au 
lieu  de  tirer  horizontalement,  le  fusi- 
I  lier  tirait  obliquement  en  l'air,  comme. 


.«^.* 


)90 


DE   I.A   DEPBNSB 


par  exemple,  »om  l'angle  de  45  degrés, 
et  si,  au  liea  du  canon,  on  faisait  usage 
\  de  mortier  sous  fe  idéiK  atg(tf,  Il  M 
serait  pas  nécessaire  de  faire  des  cou* 
pures  dans  les  parapets  pour  les  embra- 
sures; les  fusiliers  et  les  mortiers  se 
trouveraient  entièrement  à  cotrr^rt  Sé^ 
feux  directs,  et  l'on  conçoit  même 
qu'en  s'enfonçant  au-dessous  du  para- 
pet, il  serait  kciht  d'éliiUir  de^J^M^rc 
ges  qui  garantiraient  les  hommes  atta- 
chés à  ces  batteries,  des  bombes  et  des 
ricochets.  II  reste  donc  à  savoir  quel 
est  le  degré  d'efficacité  de  ces^ 
verticaux,  substitués,  comme  je  le  pro- 
pose, à  la  plus  grande  partie  des  feux 
horizontaux. 

Je  suppose  ju^on  nq  CQnpm^cç  â 
faire  usag/e  dîç  ces  feux  verticaux  qu'à 
rétablissemeiU  de  la  troisième  parai- 

« 

lèle,  parce  qu'auparavant  les  coup§  se^ 
raient  trop  inceftains  ;  depuis  cette 
époque  jusqu'à  fouvertur^  des  brè- 
ches, il  se  passera  au  moins  dix  îours , 
suivant  les  cafculs  les  plus  restreints. 
Il  s'agft  donc  dasavoic  quel  sera,  pen- 
dant ces  dix  |ours  ^  rcflTèt  qu'auront 
produit,  dans  farmée  assii£geante ,  les 
feux  verticaux  tirés  de  la  pïacf?, 

La  troisième  parallèle  étant  suppo- 
sée à  cinquante  toises  des  angfes  flan- 
qués des  bastions  et  de  la  denu  lune, 
et  le  côté  extérieur  dupolj^gofie.  étant 
supposé  de  cent  qiiatre-viugJiS  toises^  le 
champ  occupé  par  l'a^méa  a^siégjsaïUa, 
.entre  les  deux  c^pitalea  des  but^tions 
attaqués,  sera  h  Rço^pr^sde  ceatqpar 
tre-vingts  toises,  nmlUpUées  par  cijar- 
qaante  toises  ou  oeuf  milb  toises^car- 
rées  ;  n^ais  j^  Tes  porte  à  (yJÛQxe  oûUe 
loises  carrées,  pour  calc»|lçr  sht  le  mi^ 
nimum  d'effet  ^  et  pour  tenir  liieu  de 
l'espace  otcnpépar  rénoemi^.à  droite 
et  à  gau(îie  du  front  attaqpé ,  parce 
qu'en  eltet  les  bonnes  règ)e&  exigeât 
jirîl  s'f tende  difts  deux  rAt#f«,.  eadj^ 


bordant  les  capitales,  pour  embrasser 
le  front  et  contenir  rassiégé. 

MdbiéiMil«  Mtt  btttte  étendue  de 
quinze  mille  toises  carrées,  il  faut  sa- 
voir la  superficie  que  couvrent  réelle- 
ment, i^ar  leurs  corps,  les  hommes  de 
f'arMééf  ifssîégeante,  qui  composent  les 
travailleurs  et  la  garde  de  la  tranchée. 
On  compte  ordinairement  que  ce  nom- 
b»  Hh^fBfKm^^  dfîMtra  iir  iQ#p  égal 
aux  trois  quarts  de  celui  qui  forme 
la  garnison,  parce  qu'il  faut  toujours 
que  cette  portion  du  corps  assiégeant 
en  état  de  repousser  la  sortie 
que  pourrait  faire  la  garnison  tout  en- 
tière. Supposant  donc  seulement  une 
garnison  de  qjaatre  raille  kpmroes , 
i(  fau<ïr^  au  moins  troia  oiilte  hottunes 
de  garde  â  la  tranchée»  c'est-à-dire 
que  le  nombre  dés  âssiégeans^  répan- 
dus sûr  les  avenues  de  ta  place ,  sera 
au  moins  de  (rois  mille  hommes  ;  et 
puisque  ces  aveuueii  occppent,  comme 
on  Ta  dit  ci-dessus,  ua  eq^ace  de 
quinze  ipille.  tpises  carrées^  le  nombre 
dfes  assiégeant  9era  lacinquièsie  partie 
du  nombre  des  toiseacarréeii  occupées 
par  les  méfies  avenues,,  c'est-à-dire 
dans  la  proportion  Cuo  bomuaie  s«r 
cm€(  toise»  carréeav 

Supposons  maiiUeoant  que  la  pr(H 
jectjoa  du  corps  d'uu  homme  sur  une 
surface  hori^ntaie.aQitse«leaieQld'wi 
pied  carri,  i1  faudra  trente-six  hoin- 
Q[ies  pour  occuper  pieinemeut  et  sans 
iuterstice^s  la  "Valeur  d'aue  toise  carrée; 
donc  ^  le  nombre  des  assi<^éans  étant 
d'un  bomhi^e  p^ur.  cinq.  toiseS'asrrees, 
sa  projection  sera  itu«.  pied  carré  sur 
cent  quatrerviiigt^  c!est-Mii*o  4^  ^ 
superficie,,  OQCupée:  réeUenaient  pa^  les 
individus  qui  composent  Vannée  «ssié- 
geantov  sera  la  cent  g^atre-  vingtième 
paj'tie  de  t^out  le  cAfim9  ^W  lequel  s'é- 
tendent se^  txavaux* 

Tïsuît  4(iV»n  dp  rà,qn'en  général,,  sor 


0BS   PLACES  fORTKS. 


ë9t 


cent  quaUe-YiDgts  coups  tirés  de  la  pta-  j  cuo  de  ces  ouvrages,  à  Tangle  flanqué 
ce  eu  ligne  inclioée  ou  parabolique,  un  :  dans  le  sens  de  la  càpîlatè ,  poilr  tirer 
doit  frapper  renneml  dans  une  longue  1 4e  long  de  cette  même  capitale,  sur  les 


série  de  décharges  ;  c'est  le  minimum 
des  effets  que  puissent  pDduire  les 
feux  verticaux  t  f9sce  que  j'ai  supposé 
toutes  les  données  beaucoup  au-des- 
tous  de  ce  qu'elles  sont  réellemeut. 
Par  exemple,  j'ai  supposé  l'assiégeant 


qu'il  occupe;  or,  environ  la  moitié  de 
ce  terrain  est  pnsc  par  les  fossé»  où 
rennemi  n'est  pa»  encore ,  il  est  con- 
centré sur  le  glacis^  où  il  est  facile  de 
concentrer  aussi  tous  les  feuit  verti- 
caux, ce  qui  en  double  à  peu  près  l'ef- 
fet, surtout  en  dirigeant  ces  (eux  sur 
les  capitales  où,  l'ennemi  est  plus  ras- 
semblé. Be  même,  j'ai  évalué  à  un 
pied  carré  seulement  la  projection  du 
corps  d'un  homme  ;  mais  un  travail- 
leur courbé,  un  homme  qui  marche  ou 
qui  a  les  bras  en  mouvement,  offre 
bien  plus  de  prise  ;  et  d'ailleurs  la  li- 
gne décrite  par  la  balle  ne  le  frappe 
pas  perpendiculairement:  elle  vient 
sous  un  angle  qui  approche  de  qua- 
rante-cinq degrés;  et,  sous  celte  direc- 
tion, un  homme  présente  une  surface 
plus  que  double  de  celle  de  sa  projec- 
tion sur  un  plan  horizontal.  Il  est  donc 
clair  que  l'effet  des  feux  verticaux  es^ 
beaucoup  plus  considérable  que  nous 
ne  l'avons  supposé  ;  que  le  calcul  se- 
rait encore  fort  restreint,  quand  nous 
supposerions  que  sur  cinquante  balles 
lancées  en  l'air,  il  y  en  a  une  qui  porte  ; 
mais,  pour  éviter  les  fausses  objec- 
tions, nous  nous  en  tiendrons  à  notre 
premier  résultat^  que  sur  cent  quatre- 


zigzags  de  l'ennemi,  parce  que  c*es(  là, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  qu'il  se 
trouve  te  plus  ra^seniblé. 

J'observe  d'abord  qiï^en  s'établissant 
derrière  le  parapet,  redressant  inté- 
rieurement ce  parapet  perpendiculai- 


nniformément  répandu  sur  le  terrain    rement  à  la  capitale  «  s'enfonçant  de 


douze  ou  quinze  pieds  dans  le  terre- 
plein  du  rempart,  s'epaulant  de  droite 
et  de  gauche,  et  blindant  la  batterie  a 
l'épreuve  de  la  bombe ,.  de  manière  à 
ne  laisser  que  le  jour  nécessaire  pOiir 
que  le  feu  s'échappe  librement  sous 
l'angle  de  qiiarante-cinq  degrés,  j'^ob- 
serve,  dis-je,  d'abord  que  cette  batterie 
de  deux  mor(îers,  l'un  à  droite,  l'autre 
à  gauche  de  la  capitale ,  se  trouvera 
parfaitement  à  l'abri  des  bombes  et  des 
ricochets ,  aussi  bien  que  des  feux  di- 
rects. Les  derrières  de  la  tatterie  se- 
ront laissés  tout  ouverts  pour  éviter  la 
fumée ,  et  on  fera  régner  autour ,  soit 
une  barrière,  soit  un  petit  fossé  plua 
bas  encore  que  le  sol  de  cette  batterie^ 
pour  éviter  les  éclats  des  bombes  qui 
pourraient  tomber  aux  environs. 

Le  mortier  de  douze  poUces,  dont  fa 
bombe  pèse  cent  cinquante  livres,  peu{ 
lancer  un  poids  éga/  de  petites  balles 
de  fer  battu,  d'un  quart  de  livre  eha* 
cune,  ce  qui  fera  six  eenta  Ëallea  4 
chaque  coup  ^  ainsi  les  deux  mortienf 
de  la  batterie  lanceront  ensemble ,  i 
chaque  décharge ,  d(ouze  cents  balles  „ 
et  par  conséquent  les  six  mortiers  des 
trois  batteries  en  lanceront,  à  chaque 
décharge,  troië  mille  six  cents^  Donc^ 


vingts  balles  i«mcéeS|  une  au  moins  '  puisque,  sur  cent  qucttre-vingts  baltes^ 
frappe  l'ennemi.  |  une  doit  porter,  sur  les  trois  mille  six 

Je  suppose  qu'on  établisse  seulement  cents,  il  y  en  aura  vingt  qui  porteront, 
six  mortiers  de  douze  pouces  sur  le  '  c'est-à-dire  qu'à  chaque  décharge  dèii 
rempart  des  bastions  attacpiés  et  de  Ur  trois  batteries,  il  y  aura  vin^t  des  «^ 
demi-lune,  c'est-à-dire  deux  sur  chan  '  siégeans  mis  hors  de  combat. 


693 


DR  LA  DÉPRNSË 


Il  nous  reste  à  savoir  combien  de 
décharges  on  peut  faire  dans  les  vingt- 
quatre  heures ,  tant  du  jour  que  de  la 
nuit. 

•  Je  suppose  que  de  chaque  mortier, 
on  tire  cent  coups  par  jour  ;  ce  qui  fait 
à  peu  près  un  quart-d'heure  d'inter- 
valle d*un  coup  à  l'autre.  Puisque  les 
batteries  mettent  hors  de  combat  vingt 
hommes  à  chaque  décharge,  il  y  aura 
pour  chaque  jour,  depuis  l'établisse- 
ment de  la  troisième  batterie,  deux 
mille  hommes  hors  de  combat ,  et  par 
conséquent,  pendant  lesdix  jours  com- 
pris jusqu'à  l'attaque  des  brèches,  vingt 
mille  hommes. 

L41  force  de  la  garnison  a  été  sup- 
posée de  quatre  mille  hommes;  sup- 
posant donc  Tarmée  assiégeante  cinq 
fois  aussi  forte,  elle  se  trouvera  de 
vingt  mille  hommes,  c'esl>à-dire  qu'elle 
sera  entièrement  détruite,  avant  seu- 
lement que  d'être  en  mesure  d'insulter 
les  brèches. 

Si  la  garnison  était  plus  forte,  l'en- 
nemi perdrait  des  siens  en  proportion, 
de  sorte  que  pour  une  garnison  de  dix 
mille  hommes,  il  en  perdrait  cinquante 
mille  par  la  seule  action  des  feux  ver- 
ticaux, indépendamment  des  autres 
genres  de  défense  et  des  maladies. 

Je  n'ai  supposé  que  dix  jours  depuis 
l'établissement  de  la  troisième  paral- 
lèle jusqu'à  l'attaque  des  brèches  ;  mais 
quelle  est  la  place  qui  n'en  exige  pas 
le  double  ou  le  triple?  Or,  le  nombre 
d'hommes  perdus  par  l'assiégeant  de- 
viendra aussi  double  ou  triple;  mais 
j'ai  voulu  prévenir  tous  les  sujets  de 
contestation,  en  adoptant  le  minimum 
même  des  calculs  que  j'ai  réfutés  ail- 
leurs. Par  cette  même  raison,  j'ai  sup- 
posé  que  chaque  mortier  ne  tirait 
qu'un  coup  par  quart- d'heure,  quoi- 
qu'on puisse  facilement  lui  en  faire 
tirer  le  double  san»  échauffer  la  pièce. 


Il  est  donc  impossible  de  rodaire 
une  place  quelconque,  soit  petite,  soit 
grande,  défendue  de  cette  manière,  à 
moins  qu'on  n'invente  quelques  nou- 
veaux moyens  d'attaque,  quoique  ces 
moyens  soient  aujourd'hui  regardés 
comme  parvenus  au  maximum  de  leur 
perfection. 

Si  l'assiégeant ,  pour  se  soustraire  à 
cette  pluie  de  balles ,  essaie  de  che- 
miner sous  des  blindages ,  on  'X)nçoit 
qu'à  la  moindre  sortie,  il  sera  mis  dans 
la  plus  grande  confusion  ;  car  com- 
ment se  dégagera-t-il  de  ces  longues 
galeries  blindées  pour  faire  tête  à  l'as- 
siégé? Comment  réparera  t-il ,  à  cha- 
que fois,  le  désordre  occasionné  dans 
ses  logemens?  Comment  empêchera- 
t-il  qu'on  ne  les  culbute  ou  qu'on  ne 
les  brûle?  Et  où  trouvera-t-il  une  assez 
grande  quantité  de  bois  pour  suffire  i 
un  semblable  travail,  abstraction  faite 
du  temps  énorme  qu'il  faudrait  ponr 
l'exécuter. 

Si  l'assiégeant  prend  le  parti  de  che- 
miner sous  terre,  en  se  bornant  à  atta- 
quer par  les  mines,  il  se  réduira  de  Ini- 
même  à  une  condition  pire  que  celle 
de  l'assiégé,  qui  a  ses  contre-mines 
préparées;  il  ne  pourra  plus  avoir  de 
batteries,  au  moins  rapprochées,  puis- 
qu'elles ne  seraient  plus  gardées.  Vb^ 
siégé  conservera  donc  tout  son  feu ,  et 
il  est  évident  qu'un  pareil  siège  est 
impossible. 

Observons  que  la  garnison  n'est 
point  du  tout  exposée,  ni  fatiguée  pai 
ce  nouveau  genre  de  défense;  quelta 
roule  tout  entière  sur  quelques  com« 
pagnies  de  bombardiers;  qu*il  n'y  a  ni 
canons  démontés,  ni  affûts  brisés;  qu'il 
s'agit  seulement  de  seconder  celte 
opération  par  des  sorties  faites  à  pro- 
pos, pour  inquiéter  l'ennemi,  et  le 
forcer  d'avoir  toujours  grand  monde  h 
la  garde  des  tranchées,  afin  d'augmcri- 


DES  PLAGES  FORTES. 


693 


ter  l'effet  des  feux  verticaux  qui  doi- 
vent le  détruire;  qu'enfin  ii  est  impor* 
tant  surtout  d'y  joindre  la  guerre  sou- 
terraine, qui  coûte  fort  peu  d'hommes, 
afin  de  gagner  du  temps  et  d'arrêter 
l'ennemi,  le  plus  possible,  sous  la  gréie 
des  balles. 

Ce  genre  de  défense  a  encore  cela 
de  particulier,  que  l'assiégeant  ne  peut 
user  de  réciprocité  envers  l'assiégé; 
car  celui-ci  laisse  agir  ses  mortiers  qui 
lont  sous  des  blindages,  en  se  tenant 
rai-même  sous  les  abris  de  la  place  ; 
tandis  que  l'assiégeant  est  obligé  de 
cheminer  à  ciel  ouvert,  et  de  conser- 
ver toujours  dans  ses  tranchées  un 
nombre  d'hommes  suffisant  pour  les 
garder  contre  le9  sorties  imprévues  de 
l'ennemi. 

Je  n'ai  supposé  que  six  mortiers  en 
activité  ;  on  peut  en  mettre  beaucoup 
plus,  et  les  placer  ailleurs  qu'aux  points 
indiqués  :  par  exemple,  dans  les  pre- 
miers jours,  on  peut  les  mettre  sur  les 
saillans  du  chemin  couvert,  et  pendant 
les  derniers,  sur  la  courtine  ou  le  mi- 
lieu de  la  tenaille.  Le  lieu  le  plus  con- 
venable pour  enfiler  les  branches  du 
chemin  couvert  est  sur  les  deux  faces 
de  la  demi-lune ,  aux  points  où  elles 
sont  rencontrées  par  le  prolongement 
de  la  crête  du  chemin  couvert  des  bas- 
tions ;  et  «  sur  les  faces  des  bastions , 
aux  points  où  elles  sont  rencontrées 
par  les  prolongemens  de  la  crête  du 
chemin  couvert  de  la  demi-lune.  En 
plaçant  deux  nouveaux  mortiers  à  cha- 
cun de  ces  quatre  points ,  on  en  aura 
en  tout  quatorze ,  qui  couvriront  sans 
cesse  tout  le  glacis  de  projectiles,  et  ne 
permettront  certainement  pas  que 
l'ennemi  s'y  établisse. 

On  peut  aussi  suppléer  aux  mortiers 
de  douze  pouces  par  d'autres  de  dix  ou 
ie  huit ,  par  des  obusiers ,  ou  même 
par  des  pierriers  qu'on  chargerait ,  si 


l'on  veut,  de  balles.  Ces  balles  ne  de- 
vant être  portées  qu'a  cinquante  toises 
au  plus,  la  charge  de  poudre  serait  très 
petite,  fatiguerait  peu  les  pièces,  et 
n'occasionnerait  que  peu  ou  point  de 
recul,  ce  qui  en  rendrait  le  service  fa- 
cile. 

Enfin  on  peut,  comme  je  l'ai  dit  au 
commencement,  employer  de  simples 
fusiliers  qu'on  exercera  à  tirer  se  us 
l'angle  d'à  peu  près  quarante-cinq  d^ 
grés,  et  qu'on  pourra  placer,  soit  le  long 
de  la  courtine,  soit  dans  les  fossés,  au- 
près des  angles  flanqués ,  vis-à-vis  des 
capitales,  où  l'on  pourra  même,  si  l'on 
veut,  établir  des  blindages  pour  les  fu- 
siliers. 

En  se  servant  des  mortiers,  pierriers 
ou  obusiers,  il  sera  nécessaire  de  faire 
auparavant  quelques  coups  d'épreuve , 
pour  régler  les  portées,  et  faire  varier, 
au  besoin,  l'angle  du  pointage. 

Il  me  reste  à  dire  un  mot  sur  la  dé- 
pense qu'entraîne  ce  nouveau  mode. 
Comme  il  s'agit  seulement  ici  de  six 
mortiers,  ou,  si  l'on  veut,  de  douze  ou 
quinze,  qui  tirent  de  quart-d'heure  en 
quart-d'heure,  avec  de  très  petites 
charges  de  poudre,  et  que  cela  dispense 
de  tirer  grand  nombre  d'autres  pièces 
d'artillerie,  il  est  évident  que  l'écono- 
mie en  argent,  aussi  bien  qu'en  hom- 
mes, est  un  nouvel  avantage  de  cette 
méthode.  Quoique  j'aie  supposé  les 
balles  faites  de  fer  battu ,  comme  les 
charges  de  poudre  seront  fort  petites, 
il  est  possible  que  les  balles  de  fer 
fondu  puissent  résister  aux  chocs  sans 
se  briser,  ce  qui  épargnerait  considé- 
rablement sur  la  dépense;  mais,  en 
supposant  le  contraire,  ce  que  l'expé- 
rience peut  apprendre  facilement ,  il 
ne  serait  pas  nécessaire,  pour  cela, 
d'avoir  de  grandes  provisions  de  fer 
battu;  ii  suffirait  d'avoir  des  barres  or- 
dinaires de  fer  carré,  depuis  huit  jus- 


6M 


DB  LA  DEFEHSB  DBS  PLACB8  FORTBS. 


qn'n  rtorzc  lîgnc^J  d*équarri$sage  ;  ces 
barres,  qui  peuvent  servir  à  toutes 
sorte>  d'usage,  seraient  coupées  pen- 
dant le  siège  même,  en  morceaux  longs 
d'un  pouce  à  peu  près,  et  sons  se  don- 
nef  la  peine  de  les  arrondir,  on  char- 
gerait de  cette  mitraille  les  mortiers, 
obusier^  ou  pierriers,  ce  qui  produirait 
ie  méine  effet  aiae  les  balles;  et  non 


seulement  on  ferait  usage  (fe  ces  fers 
tenus  en  magasins  et  toujours  utiles, 
mais  on  en  trouverait  des  provisions 
toutes  faites  chez  les  serruriers  et  ma- 
réchaux de  la  ville  ;  cependant  il  serait 
à  propos  que  tout  cela  fût  ensaboté  et 
appuyé  sur  un  culot  de  fer,  placé  aa 
fond  de  l'âme  de  la  pièce. 


»' 


MÉMOIRE 


FORTIFICATION  PRIMITIVE 


PODK  8EKym  DE  801TB 


AU  TRÂlTË  DE  LA  DÉFENSE  DES  PLACES  FORTES; 


Pae   CARNOT. 


DISCOURS  PRÉLIMINAIRE 


TRAITÉ   DE  LA   DÉFENSE  DES   PLACES   FORTES. 


••• 


QuoiQint,  dans  tout  le  cours  de  ce  Traite  ^  j'aie  eu  à  coeur  d'être 
tompris  par  les  personnes  qui  ont  seulement  les  premières  notions  de 
Tart  militaire ,  j'ai  pensé  que  la  longueur  seule  de  l'ouvrage ,  et  la  né- 
cessité où  je  me  suis  trouvé  quelquefois  d'entrer  dans  des  discussions 
techniques^  pourraient  en  interdire  la  lecture  à* un  assez  grand  nom- 
bre :  et  comme  cependant ,  dans  un  sujet  qui  intéresse  si  fort  la  société 
entière,  il  importe  que  les  connaissances  ne  soient  pas  concentrées 
dans  un  seul  corps ,  je  me  suis  attaché ,  dans  ce  discours  prélimi- 
naire ,  à  résumer ,  avec  toute  ta  précision  possible ,  les  principaux 
points  de  cette  partie  de  l'art,  qui  d'ailleurs  n'est  point  abstraite; 
afin  que  tout  le  monde ,  même  ceux  qui  n'en  ont  fait  aucune  étude , 
puissent  en  saisir  l'esprit  et  en  juger  sainement.  Je  me  propose  donc, 
dans  ce  discours,  d'exposer  en  peu  de  mots  l'état  de  la  question, 
sujet  de  cet  ouvrage,  de  faire  connaître  la  situation  actuelle  des 
choses  à  cet  égard ,  la  nécessité  reconnue  d'y  apporter  des  change- 
mens ,  et  enfin  quels  sont  ceux  de  ces  changemens  qui  paraissent  les 
plus  propres  à  l'améliorer. 

C'est  réqttilîbre  des  forces  militaires  qui  rend  les  États  indépendans 
les  uns  des  autres.  Mais  toutes  les  puissances  ne  pouvant  mettre  sur 


698  DISCOURS    PHÊLl  MIN  AIRS. 

pied  le  même  nombre  d'hommes ,  cet  équilibre  ne  saurait  jamais  sub- 
sister, que  par  des  obstacles,  soit  natyrek,  ,soit  artifipieU^  gui  prêtent 
un  point  ^appui  au  plus  faible,  et  retardent  au  moins  ITûvasion  de 
son  pays,  jusqu'à  ce  que  les  autres  puissances,  intéressées  au  maintieD 
de  cet  équilibre,  aient  réuni  leurs  efforts  pour  contrebalancer  ceux  de 
la  puissance  prépondérante. 

Si  de  jgraqçles  cbatne^  de  mQptqj^04S|  4'iAn^PQ^^s  fprèl»^  4w4l^serts 
arides,  des  marais  impraticables,  ou  la  mer,  séparent  les  frontières 
de  ces  diSërentes  puissances,  ces  obstacles  seront  des  fortifications 
naturelles^  supérieures  À.  1ûu&  kft.tcu'âiULik  Tart;  mais  si  les  lignes 
de  démarcation  sont  établies  au  milieu  de  plaines  fertiles,  traversées 
par  des  communications  faciles,  il  faudra  suppléer  par  des  travaux 
d*iod4«MPia  à  cqs  dé£Qp$68  »«tur^lai. 

Des  retraaolMiii^Dfi  qqïUmw^  du  musailles  von  interrompues, 
comme  celliÇ  H^î  borne  la  Chiae  m  oûrd  ^  swûm^t  dçs  ouvrages  trop 
(tispepdîeux,  trop  iifMim  à  garëw  êê/^  twte  leur  éfenëfie:  etflsrf- 
&ml'  W»  Yemkfmi  le»  «ôt  fbrcëa  m  un  points  pour  qu'il  en  fikt  maître 
partout,  Ifi  l)es(HP  ^t  h  rftflexkm  ont  béentôt  fait  lentir  qu'il  vaot  mieux 
sfi  hormt  jt  g^rdm-  kw  points  priiieipaui  par  des  piaefe  isolées,  dns 
Jfisqualie»  on  fMsepabto  tous  les  moyens  nè0essa»r#»  i  une  dèfonw  lo- 
^Alâf  M  4^1»  qpoiquo  séparées,  n'en  font  pas  moips  l^effist  d'une  ligne 
coRtiwM  '  pAro6  que  si  Tenoemi  voulait  pénâtrer  daps  lee  intervalles, 
il  f»  trouTerait  eiponé  h  Mre  bareelé  sur  ses  demères.,  et  ceu^  psr 
Iw  garuîsQOd  de  ces  plaees ,  qui  ae  r^andf  aîent  dans  ces  întervallss, 
et  reudraienl  la  retraite  inpossiUQ  ou  du  mpms  très  pènlleuse. 

De  «e«l>lablM  points  d'appui  ne  sont  paa  jqAbmi  instlilei  tu  plus 
fori  I  pare*  que  les  autres  puissanees  pouffaient  à  bod  ii^n  fimner  des 
0oaUtioas«(mtjre  lui  >  Vattaquer  4  rimpnmete,  eu  profiter  de  queiqwas 
troubles  intérieurs  dans  ses  Ëtats ,  les  susciter  mèmei  pour  j  fospèoher 
«ee  levée»  9  et  rorgmiiatîon  eiiaete  qu'eaige  toute  fwoa  «rmte»  quel- 
que uflHiiireuee  qu'elle  eoit» 


L'expériçpcp  a  prpuvé  qw'HP  cordoij  r^uU^r  de  pUe«5  fortin,  dis- 
tribuées (îpDv^fiabl^iQjeot  si)r  las  frontière,  ëUit  le  p}«A$  ^K  moym  de 
prévpQir  063  cri^asy  e^  4e  préâçryçF  les  ZW^  de  ca3gF»ii4p&el  wNto^  rid- 
volulions  qui  Iqs  ^juley^F^fent  ^  fSOM^ftnt  ^-utf^fo'th  ^  W  h^^^^v^mt 
eucpre,  Jes  pays  qui  «pat  ^n^ièr^WfîPl^éogâ»  de  fortifiwatiwsî  que  c'est 
rar  e]le^  qq'pp  «$(  dispensé  d'^ypir  «pf^m^^lleBwpt  me  j^  d'ke* 
;..>uibr^fi9«  »rin^4  pdfir  garder  twjte»  )e$  la? eou^  àl  tavrîtoire  ; 
qu'elle  ompâpheot  )aib  peup)^  c^yilîsé»  de  dev/^r  1«  ppoie  des  bar- 
bares, 4  )p  $pjrl  4es  ii4^as  d'être  epippKoujfe  pM*  Je  WftiivAÎjs  3uc,cés 
fl'ap^  Vieille;  /p'^lte8  n^altriçept  jiijsqq'à  Wiî^rteip^^^^ 
assurent  la  possession  des  passages  importans,  des  ports,  ide^i^titre- 
pôi»  de^swlv^t^qisas,  4^  gr^nd»  /6tobli;»s(^naenis 4e  coflimeriçai  qu'^t^Hes 
préy)(}W99t  une  qdulUtudç  4e  guerres,  par  la  série  dm  diffieullés 
qu'eU(^  Iftiffi^qt  pntrewfr  «wx  copqu^rans^  et  par  Im  r^soyrws  qu'elles 

Ce  n'e^  p^s  ^'P9  ne  punisse  abiifiçr  des  places  fortes ,  icouiiiiD  oo 
jl)}i)^  d^  tmAliÇurey  e)^.$a$  ;  mus  leur  ins(îtMtfoo  n'eq  est  pafi  moins 
bonne  et  utile ,  l'abus  facile  à  éviter,  et  leurs  inconvénieus  générale- 
ment bien  au-dessous  des  avantages  qu'elles  peuvent  procurer.  Ce  sont 
les  armes  défensives  des  puissances,  comme  les  boucliers  le  sont  des 
individus  :  les  boi^çliers  ne  blessent  point ,  ils  ne  font  que  parer  les 
cpup§.  jl^ies  plope^  fbr^  ^nt  4e  n)èpe  (^^sepUellement  con«orvatrice9, 
et  aeute  nous  oe  rapfMNrt,  pami  1m  grands  iiMtnmam  de  fcuerre, 
dies  semblent  être  justifiées  aux  yeux  de  Inhumanité. 

Mais  po'  ir  que  les  places  fortes  puissent  produire  les  heureux  effets 

qu'on  a  i^  dfpti  4'eo  «tteoi^,  U  f«ut  qp'eUe^  i^jent  ût^xpugnable^  A 
laide  de  Imv  gttriMûB^  au  ifue  (k  moîaa,  elles,  puinteni  étaa  assez  lm\r 
guement  défendues ,  pour  6ter  aux  ennentis  Pea^ie  de  les  attaquer,  n 
faut  ausài  qu^elles  nMnspirent  point  une  fausse  ôonfiance,  en  laissant 
penser  qu'elles   peuvent  se  défendre  d'elles-mêmes.  Il  faut   enfiu' 


700  mSGODM  nÔLlIflNAlBB. 

* 

qu'elles  n'affaiblissent  point  l'esprit  militaire ,  qui  doit  toujours  etr. 
puissamment  maintenu  dans  chaque  pays ,  pour  que  ce  pays  ne  de- 
vienne pas  le  jouet  des  puissances  étrangères ,  et  pour  qu'il  soit  dis> 
pensé  du  besoin  d'être  injuste  ou  astucieux  envers  elles. 

Si  les  places  n'étaient  pas  susceptibles  d'une  longue  défense ,  elles 
ne  rempliraient  pas  leur  objet;  car  elles  ne  donneraient  pas  i  celui 
qui  serait  attaqué  le  temps  de  réunir  ses  propres  forces  ou  celles  de  ses 
alliés  contre  l'i^resseur.  La  place  tomberait  entre  les  mains  de  celui- 
ci,  augmenterait  encore  sa  force  comparative,  et  produirait,  par 
conséquent ,  l'eflEet  diamétralement  opposé  à  l'équilibre  qu'il  s'agit  de 
maintenir. 

Il  faut  savoir  maintenant  si  les  places,  telles  qu'dles  existent,  telles 
que  nous  savons  les  défendre  dans  l'état  actuel  des  choses,  remplissenl 
cette  condition  fondamentale.  Or  rexpérienœ  prouve  le  coiitrure;  car 
nous  voyons,  par  le  relevé  des  journaux  de  tous  les  sièges  moder- 
nes, que,  sauf  quelques  exceptions  rares,  dues  à  des  circonstancei 
particulières,  nos  places  médiocres  ne  peuvent  tenir  phis  de  vingt 
jours,  et  les  meilleures  plus  de  quarante  jours  (1)  :  intervalle  qui  ue 


(1)  M.  de  Vautan  calcule  les  munitions  nécessaires  tant  pour  l'assiégeant  que  pour 
Tassiégé ,  sur  le  pied  de  trente  jours,  à  peu  près,  de  tranchée  ouverte;  M.  de  Gx^ 
montaingne ,  sur  le  pied  de  vingt  â  quarante  jours ,  suivant  la  grandeur  des  places. 
Personne  ne  doute  cependant  que  nos  places  de  preoiier  ordre»  telles  que 
Lille,  Mets,  Strasbourg,  ne  puissent  tenir  beauœop  plus  long- temps,  ei 
rexpènence  ie  prouve.  Mais  ces  exceptions  sont  en  très  petit  nomlNre«  el  vieDoeoi 
de  ce  que  ces  places  ont  des  enceintes  redoublées,  ou  des  manœuvres  d'eau, 
ou  d'autres  avantages  tirés  de  la  nature  du  site ,  ou  enfin  de  ce  qu'elles  sodI 
•ontreminées;  mais  surtout  de  ce  qu'en  temps  de  siège  elles  sont  toujours  pourvues 
d'une  garnison  vigoureuse,  et  de  tous  les  approvisioonemens  dont  elles  ont  besoin 
pour  une  longue  résistance.  U  n'en  est  pas  moins  vrai  de  dire  qu'en  général,  dans  le 
mode  actuel  de  défense,  la  durée  moyenne  des  sièges  est  de  trente  jours  au  plus;  et 
c'est  M.  de  Cormontaingne  lui-même  qui  pose  en  principe  que  le  maximmm  est  de 
quaratile  jours. 


DISCOURS  PRÉMMINAIRB.  rOi 

5ufPt  point  pour  rassembler  des  forces  imposantes .  surtout  si  les  ar-* 
mées  se  trouvent  employées  à  des  expéditions  lointaines. 

II  n*en  était  pas  ainsi  autrefois  :  les  places  fortes  se  défendaient  pen- 
dant des  années  entières ,  et  le  plus  souvent ,  après  de  vains  efforts^ 
/assiégeant  se  voyait  obligé  de  lâcher  prise ,  avec  une  armée  totale- 
ment ruinée.  Le  siège  d'une  place  était  donc  alors  une  opération  dé- 
cisive^ aussi  bien  pour  celui  qui  l'entreprenait  que  pour  celui  qui  avait 
à  le  soutenir. 

Tel  était  l'état  des  choses  lorsque  parut  M.  de  Vauban:  elles 
changèrent  bientôt  de  face;  Yauban  créa  un  nouvel  art  des  attaques, 
aucune  place  ne  put  tenir  contre  ses  procédés;  toutes  succombèreni 
au  terme  à  peu  près  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus. 

Mais  cet  illustre  ingénieur,  toujours  occupé  de  l'attaque ,  ne  fit  rien 
d'important  pour  la  défense  :  il  construisit  à  la  vérité  beaucoup  de 
places  neuves  ;  mais  presque  toutes  avant  que  d'avoir  fait  ses  grandes 
découvertes  sur  la  science  des  attaques  :  elles  ne  furent  donc  pas  dis- 
posées pour  contrebalancer  l'ascendant  de  son  nouvel  art,  et  ces  nom-* 
hreux  monumens  firent  seulement  connaître  les  ressources  du  génie  ie 
leur  auteur,  pour  adapter  la  fortification  au  terrain,  et  profiter  de  ses 
avantages  naturels  ;  mais  elles  ne  rétablirent  point  l'équilibre  que  M.  de 
Vauban  avait  rompu  lui-même,  et  laissèrent,  pour  ainsi  dire,  rd- 
gretter  l'inexpérience  où  l'on  avait  été  jusqu'alors. 

Ses  successeurs  ont  cherché  à  rétablir  cet  équilibre  sans  y  avoir 
réussi  ;  et  de  leur  aveu ,  les  changemens  qu'ils  ont  faits  à  sa  mani^'^ 
de  fortifier,  ne  procurent  pas  aux  places  fortes  une  résistance  sensibn^ 
ment  plus  grande  que  celle  qui  avait  lieu  auparavant. 

Cette  branche  de  l'art  militaire  est  donc  restée  inférieure  aux  au- 
tres, et  Ton  sent  chaque  jour  le  besoin  de  travailler  à  la  rétablir  dans 
le  rang  qu'elle  a  perdu. 

Malheureusement,  les  talens  supérieurs  des  hommes  qui  s'en  sont 
occupés  sans  succès  remarquAbles.  ont  conduit  à  la  persuasion  coni* 


70^  DISCOURS  PR^imilAliB. 

m  une  que  la  chose  est  impossible.  M.  de  Vauban  lui-méilie,  obligé 
de  changer  de  rôle  sur  la  fin  de  sa  vîé ,  et  dé  chercher  Ae  nouveaux 
moyens  de  défense,  n'a  laissé  sur  éela  qu'iiri  petit  iioiîîbfe  d'idées 
éparses;  et  tes  travaux  qu^ît  fit  exécuter  alors,  portent  le  caractère 
d'imperfection  de  tous  tes  arts  naissans.  Sa  méthode  des  âftaqueS  avait 
eu  pour  objet  et  pour  résultat ,  de  ne  pas  laisser  sur  lés  remparts  un 
seul  point  qui  fût  habitable  pour  les  défenseurs,  où  l*on  pût  conser- 
ver une  pièce  d'artillerie.  //  voulut  alors  rendre  à  t assiégé  ce  quHl 
lui  avait  ôté;  il  renouvela,  pour  le  mettre  à  couvert,  l'emploi  des 
casemates  qu  on  avait  abandonnées,  il  en  fit  établir  d'une  construction 
particulière  a  Lanrfau  et  à  Neufbfrisâch  ;  maïs  elles  n'atteignirent  qu'im- 
parfaitement le  but  qu'il  s'était  proposé,  et  laissèrent  seulement  voir 
quelles  avaient  été  ses  interiiiohs. 

Ses  disciples,  au  nombre  desquels  M.  de  Cormontaingne  tint  le 
premier  rang,  tout  en  affectant  la  plus  scrupuleuse  fidélité  aux  prin- 
cipes de  leur  maître ,  exclurent  néanmoins  précisément  celui  de  ces 
principes,  que  M.  de  Vauban  avait  regardé  comme  seul  capable  de 
rétablir  l'équilibre  perdu;  les  casemates  furent  abandonnées  de  nou- 
veau ,  et  décidément  bannies  des  fortifications  modernes.  On  imagina 
un  nouveau  système  qui  fut  annoncé  comme  une  simple  modification 
de  celui  de  Neufbrisach,  quoiqu'il  en  différât  par  ce  point  essentiel; 
on  établit  des  formules  pour  calculer  la  durée  probable  des  sièges, 
suivant  la  nature  de  leur  tracé  seulement,  et  sans  y  tenir  aucun 
compte,  ni  des  actes  de  vigueur  que  peut  faire  une  garnison,  ûi  des 
moyens  que  peut  procurer  la  disposition  des  ouvrages,  soît  pour  fa- 
voriser les  coups  de  maîti,  soit  pour  mettre  Tartillerie  à  couvert;  on 
décida,  d'après  ces  formules,  qu'on  avait  atteint  le  maximum  de  la 
perfection,  et  il  fut  en  quelque  sorte  interdit  d'autorité  aux  jeunes 
officiers  du  génie,  de  se  livrer  à  de  nouvelles  recherches  sur  fa  fnême 
question.  C'est  ainsi  que  cette  branche  de  la  science  militaire  devint 
une  sorte  de  trafisaction  tacite  entre  l'assiégeant  et  Tassiègé;  qu6  des 


)  otiraàes  méthodiqties  fixèrent  Vèpoqbe  ptécm  de  la  capittildtlod  pour 
4'baque  ûrdre  de  forteresie*^  que  cfé  firèi  fttt  pltts  faH  de  dèfdttdref  lés 
piaces  qui  fut  enseigné  dans  ieê  écoles,  niaîs  celtii  cfé  les  rendre  bcmcH 
rablemenl  ^  »près  oei'taines  (orriiaHtèiir  con vmtfes; 

Une  fëflexton  bi«n  sînlpte  fttiraH  dû  eependai»^  f«ife  VeéùnMtte 
de  suite  le  peu  à^  ÈoMàë  des  base»  de  eë  Mleol  ;  e'e^t  qn'il  eM  MaMi 
en  principe  dam  Tari  n^iKtaffe  y  et  p^ôuté  psir  uà  gràm}  M^bréf 
d'expérience»,  qife  tonie  place  qtA  peut  èt#e  ravihtillée  à  folcFàté, 
cmnme  le  si&nt  ovà'mMtemmt  }m  port^  de  mef ,  ési  toajodt^  très  dtf^ 
fieile  à  prendre,  quel  quesoil  (f  ftiflleftfrs  le  traeé'  de  sa  fefttifioAtien.  Il 
n'est  donc  pas  vrai  que  ce  tracé  soit  le  seul  ni  même  le  principal  élé- 
ment de  la  défense^  C'e^  au  corrfi^ttire  vttt  élément  tfds  seeondaire  ;  le 
principal ,  comme  on  te  Toil  par  le  faH  ({ce  nous  venons  de  tapportef, 
consiste  dans  la  force  de  k  gftrnison  et  le  matériel  des  appi^ovisk>t<ne^ 
mens. 

M,  de  Montelemberl,  qui  n'ëUif  paiêtt  astreint  à  la  diseiplMre  deâ 
ofiSciers  do  génie ,  ressuscita  le  système  dei^  easeniates  qn'ârait  v  ot/fd 
intf  oduire  M.  de  Vauban  ^  mdis  sur  de^  basë9  diSérentes  et  beattôoup 
plus  étendues  ;  elles  ne  furent  pfus  dans  sa  fortification  une  é^ce 
d'aceessoife^  maist  le  principe  fondamfental  de  tmites  ses  consfruetioiffe; 
il  proQva  par  de  grande»  expériences  y  qoe  l^s  défaits  qui  les  év^^etft 
fait  proscrire  pouvaiest  être  corrigés,  el  que  T usage  en  éfa4t  ftiéfle. 
Cette  décottveirte  fit  époqatr,  elle  fut  eombatttfe  ave^  d'itufîBitft  mfoifif» 
d'urbanité  par  le»  antagomi^es  d^  M«  de  liotf(alen>bert ,  qtM  te  raisott 
n'était  pas  de  leur  côté. 

Mais  M.  de  Montalembeft,  quevqae'  #un  esprit  in^véttfif ,  ne  fti^a  db 
sa  découverte  amouA  parti  arraiièâigdmt^  et  les  appK^Mii^i^  qef  ?f  eftf  fit 
à  la  coosp^sitioA  d'ao  grand  nombre  de  s^tèMe?,-  ne  fafent  point 
heureuses^  A  si^  fia  trop  èk  la  nÉBkikvd»'  ië  sm  iMir  6>â^nMtès  po^ 
empêcher  les  approcbea  d^  resneim;*  il  ae  les déf oiMfi  poiitf^  aul  battte^ 
ries-  de  lai  campagne ,  (fii'N  prétendit  faire  taire  in>ec  tes  siettne»^  satis* 


7M  DISCOURS  PBéLIMlNAlRE. 

prendre  garde ,  que  quand  même  il  aurait  eu  la  supériorité  du  nombre 
des  canons,  les  clefs  de  ses  voûtes  battues  de  plein-fouet,  de^ 
vaient  être  bientôt  détruites,  sans  qu'il  pût  les  rétablir,  et  que 
U  quantité  seule  des  munitions  qu'il  aurait  fallu  consommer  pour 
^vrêter  les  progrès  de  l'ennemi  «  était  un  obstacle  invincible  à  Tadop- 
$on  de  ces  systèmes.  Cependant  la  vérité  fondamentale  a  surnagé,  et 
/es  casemates  sont  généralement  reconnues  aujourd'hui  par  les  ingè^ 
nieurs  eux-mêmes ,  comme  Tunique  moyen  de  conserver  TartiUerie, 
et  de  sauver  les  défenseurs ,  sans  lesquels  une  place,  quelque  parfaite 
qu'elle  soit  par  elle-même,  n'est  plus  qu'un  corps  sans  âme,  une 
machine  sans  moteur. 

Mais,  à  quoi  serviront  ces  casemates,  si  l'on  ne  parvient  à  les  dé- 
rober aux  vues  de  l'ennemi?  Et  si  on  ne  les  empêche  d'être  vues  par 
l'ennemi,  comment  le  verra-t-on  soi-même,  puisqu'il  est  évideot 
qu'on  ne  peut  voir  sans  être  vu  7  Comment  fera-t-on  feu  sur  lui ,  sans 
recevoir  ses  coups  réciproquement?  Comment  enfin  pourra-t-oR  l'ar- 
rêter ou  seulement  ralentir  sa  marche?  Voilà  le  problème  qui  est 
maintenant  à  résoudre ,  et  dont  M.  de  Montalembert  ne  s'est  point 
occupé. 

La  solution  de  ce  problème  est  cependant  fort  simple ,  et  c'est  Tud 
des  deux  points  principaux  qui  servent  de  base  à  la  nouvelle*  doctrine. 
Cette  solution  s'obtient  bien  simplement,  en  substituant  des  feux  cour- 
bes ou  verticaux,  tels  que  celui  des  mortiers  et  des  pierriers,  au  feu 
direct  des  canons  et  de  la  mousqueterie.  Car  les  premiers  peuvent, 
étant  casemates ,  tirer  par-dessus  les  parapets  qui  les  dérobent  aux 
vues  de  la  campagne,  se  trouver  ainsi  à  l'abri  de  tous  les  coups,  et 
néanmoins  aller  chercher  l'ennemi  derrière  ses  épauleraens,  tandis 
que  des  feux  directs ,  tels  que  ceux  qui  font  la  base  de  la  défense  ac- 
luelle ,  sont  nécessairement  aperçus  de  tous  les  points  qu'ils  peuvent 
découvrir  eux-mêmes;  que  le  plus  souvent  ils  sont  battus  par  plongée, 
d'enfilade  et  de  revers,  et  qu'enfin  ils  ont  à  lutter  contre  la  force 


toujour»  npéiiettre  de  raniègeaift,  qui,  manqué  par  des  parapets 
contre  ces  feux  directs,  ne  leur  laisse  presque  aucune  prise. 

Hais  la  solution  de  cette  première  difficulté  ne  suffit  point  pour  dé^ 
truire  Teflet  des  attaques  de  M.  de  Yauban  ;  car  sa  méthode  consiste  a 
marcher  avec  peu  de  nsoude,  à  s'avancer  pied  à  pied,  à  cerner  et  eiK 
veloppor  peu  i  peu  par  ses  lignes  toujours  bien  liées  entre  elles ,  tou- 
jours bien  soutenues  les  unes  par  les  autres,  toutes  les  défenses  de  la 
place  ;  sana  jamais  brusquer  les  attaques,  tant  qu'il  peut  s'en  dispen^ 
ser;  sans  Jamais  rassembler  sur  un  même  point  une  grande  masse  de 
forces;  sans  jamais  compromettre,  comme  on  le  faisait  wuxA  lui,  par 
des  coups  de  main  hasardés ,  une  portion  considérable  de  son  •armée* 
Marchant  toujours  avec  circonspection,  toujours  couvert  par  ses  épau«- 
lemens,  le  feu  de  la  place  ne  peut  lui  atteindre,  dans  ses  têtes  de  tnusK 
chëe,  que  par  hasard  un  petit  nombre  de  travailleurs  qu'il  fait  rem* 
placer  aussitôt;  et  c'est  avec  cette  marche  compassée  et  Irate  en 
apparence  qu'il  abrège  pourtant  d'une  manière  inimaginable  la  durée 
des  sièges;  qu'il  en  atténue  prodigieusement  le  danger  pour  l'assié- 
geant^ et  qu'il  rend  le  succès  de  ses  opérations  infaillible. 

Peu  de  personnes  paraissent  avoir  saisi  le  véritaUd  esprit  de  oi 
système  des  attaques  de  M.  de  Yauban  ;  peu  ont  remarqué  en  quoi 
précisément  consiste  le  caractère  qui  le  distingue  de  la  méthode  pr& 
tiquée  avant  lui,  et  c'est  ce  qui  iait  sans  doute  qu'on  n'a  pas  trou\é 
le  véritable  genre  de  défense  qu'il  convient  ft'opposer  à  ce  systèrai 
d'attaques.  M*  de  Yauban  lui-même  semble  croire  que  la  jdace  dd. 
toujours  finir  par  être  prise ,  et  que  l'assiégé  ne  peut  se  promettre 
autre  chose  que  de  retarder  plus  ou  moins  la  marche  de  l'ennenki.  Ci 
préjugé  pouvait  en  quelque  sorte  paraître  légitime  chea  un  homme 
accoutumé  à  ne  trouver  jamais  d'obstacle  insurmontable;  mais  son 
influence  n'en  a  pas  été  moins  nuisible ,  en  ce  qu'elle  a  détourné  les 
idées  du  noble  but  qu'elles  doivent  se  proposer ,  qtd  est  la  levée  du 
S  et  les  a  retenues  dam  cet  esprit  de  chicanes  et  de  relirodeê 


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CToi»  qui  doil  se  faite  (,1)-  Ce  q««  i  ses  pour  se  trouver  sous  la 

baiaon  des  idées,  et  pour  mettw  îi^  ^ur  |^  gi^^jg  ^^^^^  j^ 

Quelque  certaines,  au  surplus  force,  l'assiégé  met  en 

rites  que  je  viens  d'établir,  ce  se  iqb  que  les  coups  de 

4a  l'esprit  humain,  que  de  p<  iaJa  place,  sinon 

éprouver  de  longues  contradiction 

autres  vérités;  elles  seront  long-temp^  W  de  iape> 

rance,  La  force  seule  des  choses  en  amènera  foiJBie  une 

ou  moins  tardive.  'WMhuit 

«  La  coutume,  dit  le  général  Lloyd,  est  un  tyran  plu^  ^^      ^  '** 

»  que  tous  les  despotes  de  TOrient.  Il  n'y  a  point  d'argumeM 

»  qui  puisse  arracher  des  esprits  une  opinion  bien  ou  mal  toM^ 

»  c'est  au  temps  seul,  aidé  de  quelques  circonstances  favorables  4u 

»  sécher  dans  ses  racines.  On  se  donne  bien  de  la  peine,  pour  im 

m  gagner  que  de  la  haine,  quand  on  entreprend  de  démontrer  à  hq 

»  homme  qu'il  est  dans  rerreur,  et  que  son  opinion  est  absurde.  « 

0 


Ces  observations  du  général  Uoyu,  quoique  faites  avec  un  peu 
greur,  n'en  sont  pas  moins  vraies  et  de  tous  les  pays. 

Quelques  objections  m'ont  été  ftutes  sur  les  premières  éditions;  fai 
répondu  en  peu  de  mots  dans  celle-ci  à  ces  objections ,  qu'il  m'eAt 
suffi  peut-être  d'énoncer,  pour  en  faire  sentir  la  petitesse  et  le  ridicule. 

Mais  il  en  est  une  sur  laquelle  je  me  crois  obligé  d'entrer  ici  dans 
quelques  développemens ,  parce  qu'elle  a  séduit  des  personacs  de 
bonne  foi,  et  je  reconnais  qu'en  effet,  je  n'avais  pas  donné  sur  cela. 
dans  les  premières  éditions,  des  explications  suffisantes.  Il  s'agit  du  sa- 
^fice  d'hommes  qu'exige  en  apparence  le  nouveau  mode  de  défense 
l»t>po8è.  Ce  sacrifice,  au  contraire,  comme  on  va  le  voir,  n'est  pas,  à 

(1)  Ceux  qoi  veulent  connaître  à  fond  ce  qui  se  praUque  réellement  a^ourd'hui 
'dans  la  construction ,  rattaque  et  la  défense  des  places,  ne  peuvent  mieux  ikire  que 
de  eooiQlter  Tonvrage  de  M.  de  Bousmard^  en  quatre  vDlomes  in-4^,  avee  un  lUas  in- 
Is^depwcfeai. 


q^qu^  travaux  du  momeat ,  multiplier  et  agraadîr  ces  débouchés 
t^kaut  les  localitëii,  et  suppléer  auj:  casemates  par  des  blindages,  fai 
discuté  au.  long»  dans  Touvrage  même»  oes  déE[ittt3  et  beaucoup 
d'iudres  quiaput  mhérens  à  la  foriificaUon  actuelle*  at  j'ai  proposé  les 
mpfçnsd'yjremèdieri  soit  dans  le  cas  de  forteresses  neuves  à  cons- 
truirei,  aoit  dws  le  cas  où  il  s'agit  seulement  de  corrections  ou  de  mo- 
diOcations  à  faire  aux  anciennes  places.  Dans  ce  Discours  préliminaire 
jctïBie  bonie^  &  ce  qui  regarde  l'acte  même  de  la  défense  propremeot 
ditie  f  sans  m'occuper  des  crastructfons*.  J'observerai  seulement  )ue 
dfps  la  système  de  fortifications  appelé  moderne,  bien  loin  de  remé- 
dier aux  deux  défauts  majeurs  doqt  nous  venons  de  parler,  on  n'a  fitit 
que  les  aggraver:  l""  en  en  proscrivant  absolument  les  iSeux  couverts; 
2^  en  multipliant  les  barricades  qui  séparent  l'assiégé  de  son  ennemi^ 
de  sorte  que  les  retours  oCfonsifs  sont  devenus  encore  plus  diCBdles 
qu'autrefois.  On  y  est  donc  réduit,  pour  toute  défense ,  au  feu  direct 
dont  nous  avons  fait  voir  la  presque  nullité.  Ajassi  on  peut  accor- 
der à  M.  de  Cormpntaingne ,  que  ses  calculs  ^  f(mdés  sur  cette  hypo- 
thèse, sont  réellement  aiqplioableç  à  son  pro{Nre  système,  dont  ils  dé- 
montrent la  foiblesse;  mais  ils  pe  le  sont  nullement  au  nouveau  moda 
qp'il  n'anait  pu  prévoir  dans  ses  formules,  absolument  étrangères  à 
l'^ternative  des  deux  moyens  essentiels  sur  lesquela  est  fondé  ce  oou- 
ypVl  système  de  défense. 

,  Ce  sont  les  développemens  de  ce  que  nous  venons  de  dire,  les 
preuves  détaillées,  les  applications,  les  diverses  conséquences  q^  en 
dé^vent^  qui  font  le  siyet  de  l'ouvrage  que  j'ai  entrepris;  ainsi  pour 
ft^  les  idées  sur  le  but  précis  de  cet  ouvrage,  et  afin  qii!on  n'y.  <to^ 
che  pas  ce  que  je  n'ai  pas  eu  la  prétention  d'y  mettre,  je  dirai  que 
c'est  simplement  F  exposé  des  changemens  qui  me  paraissent  étevcir 
éfre  faits  aux  méthodes  actuellemerU  pratiquées  dans  la  çonsbructim 
et  la  défense  des  places.  Tel  est  le  cçrcle  dans  lequel  je  me  sub  ren- 
^pdé;  mon  but  n'étant  pas  d'enseigner  ce  qid  se  faj^  mais,  ce  que  je 


mooim  MÉiniiiuiiB.  7M 

crois  qui  doit  se  flûre  (i).  Ce  que  f  ai  dit  de  plus  n'est  que  pour  la 
iniaoB  dtos  idèes^  et  peur  mettre  de  reusemble  dans  les  principes.    ( 
4>iielqiie  certnaes,  au  sarplns,  quelque  palpables  que  soient  (es  Té^' 
rites  que  je  viens  d'établir,  ce  serait  méconnattre  la  marche  ordinaire'. 
4a,L'e^îtr  humain^  que  de  penser  qu'elles  seront  accueilles  sans  ' 
éprouver  de  ki^$iies  contradictioiis;  elles  avont  le  sort  de  tontes  !es^ 


autres  vérités;  elles  seront  long-temps  repoossèes^  elles  le  sont  d'à- 
raoce*  La  force  seule  des  ckoses  en  amènera  un  jour  l'adoption  plut 
ou  moins  tardive. 

«  La  ootttttme,  dit  le  général  Llaffdj  est  un  tyran  plus  impérieux 
»  que  tous  los  despotes  de  FOrient.  H  n'y  a  point  d'argnment  direct 
»  qui  poisse  arradber  des  esinrits  une  opinion  bien  ou  mal  fondée; 
»  c'est  au  temps  seul,  aidé  de  cpielqnes  circonstances  (hvorablcs,  à  la 
«  séeher  dans  ses  racines»  On  se  donne  bien  tle  la  peine ,  pour  ne 
B  gagner  que  de  la  hame^  quand  on  entreprend  de  démontrer  à  Un 
»  bomma  qu'il  est  daas  rerrrar,  et  que  son  opinion  est  absurde.  « 

Cea  observations  da  général  IJoya,  quoique  faites  avec  un  peu  d'ai- 
greur; n^en  sont  pas  moins  vraies  et  de  tous  les  pays. 

Quelques  objections  m'oot  été  (kîtes  sur  les  premières  éditions;  f  ai 
répondu  en  pen  de  mots  dans  oelle-^i  à  ces  objections ,  qu'il  m'eAt 
suffi  peat^'étre  d'énoncer,  pour  en  faire  sentir  la  petitesse  et  le  ridicule. 

Mais  il  M  est  une  sur  laquelle  je  me  crois  obligé  d'entrer  ici  dans 
qaelqnes  développemens ,  parce  qu^elle  a  séduit  des  personacs  de 
boBM  foi 9  et  je  reconnais  qu'en  effet,  je  n'avais  pas  donné  sur  cela, 
dans  les  preniérés  éditions,  des  explications  suffisantes.  D  s'agit  du  sa- 
crifice d'bomraes  qu'exige  en  apparence  le  nouveau  mode  de  défense 
proposé.  Ce  sacrifice,  an  contraire,  comme  on  va  le  voir,  n'est  pas,  à 

■ 

(i)  Ceux  qtii  vedlent  oooaaltre  à  fond  ce  <iui  se  pratique  réellement  ai^ourd'lmi 
dâni  la  '€<mstnicU<m ,  rattaque  et  la  défenae  des  places,  ne  peuvent  mleui  Ikire  que 
flii  tiamillir  runitagn  in  M*  éè  WomuMé^  en  qnalre  volamef  iè-a^^  avee  an  atlas  io- 


es  attoodant  que  repoemi  s'ap{iro(^e  assez  pour  se  trouver  sous  la 
portée  de  ses.  pierriers  casemates ,  c'est-à-dire  sur  le  glacis  même  de 
la  plaoe.  Atora ,  si  œt  ennemi  se  présente  en  fopce  »  Tassiégé  met  ea 
jeu  tous  lei^  pîerriers  et  l'acoable  de  projectiles,  sans  que  les  coups  de 
rasaiégeant  puissent  tomber  sur  qui  que  ce  soit  de  la  place,  sinon 
par  un  hasard  qu'on  ne  saurait  pr6¥oîr. 

Si  au  contraire  l'assiégeant  se  borne  à  pousser  des  téces  de  sape  ^ 
dans  lesquelles  il  y  ait  seulement  quelques  travailleurs ,  on  forme  une 
multitude  de  petits  détachemens  qui,  partant  à  Vimproviste,  pendant 
qu'on  sui^nd  Tacticm  des  pîerriers,  marchent  rapidement  sur  les 
tâtea  de  sape,  tuent  les  trayailleurs,  culbutent  leurs  tranchées,  et 
sont  reyenus  avant  que  rennemi,  dont  le  système  supposé  alors  est  de 
SB  tenir  hors  de  la  portée  des  ieux  vei*iicaux ,  ait  pu  venir  au  secours 
de  ces  travaillefu^s.  Telle  est  la  marche  prescrite  à  V assiégé,  depuis  le 
commencement  du  siège  jusqu'à  la  fin. 

Je  den^ande  maintanant  laquelle  de  ces  deux  méthodes  est  la  plus 
sûre  pûuc  les  d^enseurs,  et  la  plus  meurtoière  pouf  l'assiégeant  ?  Il  ne 
faut  pas  être  bien  savant  pour  répandre  i  cette  questiop. 

Sapa  doute  il  lut  de  la  valeur  et  de  l'industrie  toikt  ensemble,  poinr 
eoaduice  une  défense  telle  que  je  viens.de  la  proposer;  il  faiit  de  la 
valeur  pour  les  coups  de  main  midtipliés  qui  doîventavoîr  lieu  à  Tat^* 
taque  continuelle  des  tétas  de  sape  ;  il  faut  de  4'hidustri6  pour  saisir'  le 
iBomeQt,coAV)enable^  prendre  l'ennemi  sur  le  temps,  mettre  Fartittene 
et  les  hommdsÀ.cowerti  lorsqu'ils  ne  sont  pas  employés  à  ces  atta^ 
q^es}  mais  n'eatr^ilpas  évident  que^ces  deux  éiémens  mconlestables  "" 
de  toute  boone  défense ,  la  valeur  et  l'industrie,  sont  ici  combiofo  de 
la  n^aniére  la  plas  avantageuse ,  tandis  que,  dans  les  procédés  ordi- 
nairesy  ils  le  sontsebs  fcuH  ;  cpie  le  aooottd  y  manque  absoklment,  e| 
que  le  mauvais  eniRloi  d«i  prenuer  ne  bit  qu-aooélérer  la  perte  totale 
de  r.ftssiégé. 

I^  méiJ^Qée  piopMe  eit  (ondée  1^  elleeoH- 


711  MSGOlJBf  ncfeUlDIlAIBII. 

siste  essentiellement  à  convertir  le  système  fèn^nl  de  la  défense  en 
une  série  d*altaqiies  partielles  ;  mais  remarquons  que  ces  coups  de 
^  main  se  iont  toujours  en  opposant  le  fort  au  faible ,  un  détachement 
^  de  gens  armés  contre  un  groupe  de  travailleurs  surpris  et  peu  ou  point 
soutenus.  Remarquons  que  ces  attaques  partielles  n'ont  jamais  lieu  au 
loin  ;  que  la  scène  se  passe  toujours  sur  le  glacis  et  sous  le  feu  iinmë- 
diat  de  la  place  ;  que  si  Tenncmi  y  vient,  il  est  accablé  de  feux  verti- 
caux ;  que  s'il  n'y  vient  pas,  on  n'a  rien  à  en  craindre,  et  qu'on  reste 
alors  mattre  du  champ  de  bataille. 

L'expérience  prouve  qu'on  court  bien  moÎDs  de  risque  en  faisant, 
par  intervalle,  des  incursions  momentanées  pour  surprendre  rennemi, 
qu'en  demeurant  toute  une  journée  collé  derrière  un  parapet,  enfilé  et 
plongé  de  toutes  parts  ;  et  cependant  la  première  manœuvre  produit 
un  tout  autre  effet  que  la  seconde,  au  moral  aussi  bien  qu'au  physique. 
Elle  entretient  le  courage  ;  elle  soutient  la  confiance,  qui  est  le  gage 
de  la  victoire.  Le  caractère  national  du  Françab  est  d'attaquer  tou- 
jours ;  il  gagne  de  l'audace  en  atiant  à  Tennemi  ;  il  en  perd ,  s'il  at- 
'  tend  ;  un  rôle  passif  ne  lui  convint  jamais.  Pourquoi  ne  ferait*oa  pas 
usage  de  ces  données  dans  la  défense  des  places,  aussi  bien  que  dans 
la  guerre  de  campagne?  Cest  une  grande  erreur  que  de  négUger,  dans 
un  calcul,  ces  résultats  d*une  longue  suite  de  faits. 

Dans  le  système  actuel  des  retirades  méthodiques ,  la  perte  de  la 
place  est  inévitable  ;  dans  le  nouveau  système,  au  contraire,  on  n'est 
jamais  forcé  de  la  rendre,  aussi  loi^* temps  qu'on  a  des  hommes,  4les 
'  subsistances  et  des  munitions ,  parce  qu'on  ne  perd  pas  un  seul  point 
du  théâtre  de  la  défense  rapprochée ,  qu'on  ne  le  reprenne  aussi- 
tôt, et  avec  moins  de  perte  d'hommes  que  s'il  avait  flillu  le  défendre 
quelques  heures  seulement  de  pied  ferme.  La  valeur  est  donc  mieux 
employée  dans  le  nouveau  mode,  mieux  secondée  par  l'industrie. 

La  valeur  et  l'industrie  sont  donc,  ainsi  que  je  l'ai  avancé,  les  deux 

él^m^RS  de  lA  d^NtB^  ^  ^Mvm  Mt  le  n^jet  d'uae  des  fartiai  de 


mon  ouvrage.  C'est  daii9  la  première  de  ces  deux  parties  que  î'ai  cilé 
une  multitude  d'exemples  de  sièges  aucieus  et  modemesy  pour  faiie 
connattre  combien  le  prunier  de  ces  élëmens  influe  sur  la  dèfeme 
des  places,  combien  il  est  fécond  en  ressources,  combien  il  prête  de 
«ecoiurs  à  l'industrie  elle-même. 

Ce  serait  cependant  prendre  le  changç,  que  de  considérer  cos 
exemj^  comme  des  règles  à  suivre  lillèralement.  Us  ne  sont  tels  ai 
S0U6  le  rapport  de  l'industrie ,  ni  même  sous  celui  de  la  bravoiuw. 
Sous  celui  de  l'industrie^  quoiqu'ils  suggèrent  une  foule  de  stratagèr- 
mes  toiyours  utile;; ,  ils  o£Brent  néanmoins ,  en  général ,  des  procédés 
trop  inférieurs  à  l'état  des  connaissances  actuelles  ;  sous  celui  de  la 
bravoure,  ils  n'offrent  point  une  conduite  suffisamment  tempérée  pnr 
les  mœurs  de  notre  siècle  ;  ils  se  ressentent  de  la  bartmrie  que  les 
cordons  de  places  fortes  ont  eux-mêmes  infiniment  contribué  à  baoûr 
de  l'art  militaire.  L'opinion  générale  se  révolterait  contre  les  furciifs 
qu'ont  souvent  inspirées,  dans  la  défense  des  places  anciennes,  l'aveu- 
glement des  prétentions  et  les  haines  personnelles.  Ce  n'est  (riitt  là  du 
courage,  car  le  courage  est  généreux  ;  il  sait  fiûre  le  sacrifice  de  aas 
ressentimens,  et  reconnaître  les  lohi  de  la  nécessité. 

La  ligne  de  démarcation  qui  existe  entre  la  bravoure,  qui  fait  la 
Ivoire  des  béros,  et  la  férocité,  qui  déshonore  les  faux  braves,  est 
tracée  dans  les  cœurs.  Les  lois  positives,  qui  doivent  toujours  être  les 
int^rètes  de  l'opinion  des  sages,  la  déterminent  clairement;  elles 
assignent  le  terme  auquel  un  gouv^neur  peut  se  rendre,  ^  je  ^ai 
fflêoie  qu'alws  il  le  doit  ;  car  elles  ne  l'autorisent  point  à  laire  égoi^gv 
la  population  d'une  ville  confiée  à  sa  surveillance.  Elles  ont  marqué 
l'ouverture  du  dernm*  retranchement  pour  le  terme  de  la  capîtnlatims; 
mais  elles  exigent  de  lui  qu'il  se  hâte  de  faire  ce  retranchement,  et 
qu'il  défende  tout  ce  qui  est  en  avant  jusqu'à  son  dernier  soupir.  La 
loi  exige  des  défenseurs  tout  ce  qui  est  dans  Tordre  des  choses  possî* 
blés  ;  evger  pli»  qu'ellei  c'est  vouloir  qu'eU«  09  l'PJiMo  pai^ 


fil  MBOOra»  ««ÉLWfllAn» 

Il  n'y  ft  «ucone  contradiction  à  poser,  en  princij^,  qu'une  place  ne 
(bit  jamais  se  rendre^  tant  qu'elle  «t  pourvue  d'hommes^  de  vivres  et 
"Ae  munitions,  et  à  fixer  néanmoins,  pour  terme  de  la  défense ,  Tou- 
verture  de  la  brèche  au  dernier  retranchement.  Cest  qu'en  ^fot,  cette 
brèche  ne  peut  jamais  avoir  lieu,  si  la  place  est  bien  défendue;  car, 
pour  foire  brèche  au  retranchement ,  il  faut  que  Tennemi  dresse  sa 
^batterie  sur  Tenceinte  du  corps  de  place.  Or,  cette  baiiene  ser^  ou  ne 
•sent  pan  soutenue  ;  si  elle  n'est  pas  soutenue ,  elle  doit  éftre  enlevée 
sifr-4e-champ ,  d'un  coup  de  main,  par  la  garnison;  et  si  elle f est, 
<èile  aéra  écrasée ,  ainsi  que  le  détai^ement  qui  la  soutient,  par  les 
4dm  verticaux  sans  nombre,  qui  doivent  être  blindés  ou  casemates 
derrière  le  parapet  du  retranchement.  C'est  la  brèche  au  oorps  de 
^laoe  qui  doit  être  défendue  à  toute  extrémité  ;  en  la  défendant  ainsi, 
ae»  empêchera  qu'il  n'en  soit  fait  une  au  retranchement,  et  le  salut  des 
'-iMlsîtans  ne  sera  jamais  compromis.  En  posant  donc,  en  prînoipe,  que 
•la  place  ne  doH  point  ae  rendre,  on  ne  fait  qu'imposer  aux  eommao- 
idans  l'obligatton  de  la  défendre  avec  toute  la  bravoure  dont  ils  soot 
^^ftpables,  et  a\'ec  tons  les  moyens  d'industrie  dont  ils  ont  pu  acquérir 
la  connaissance,  par  une  constante  application  à  des  devoira  d'une  si 
kaute  importance. 

n  serait  trop  long*  de  faire  voir  ici  combien,  sous  divers  autres 
rapports^  le  nouveau  système  de  déCense  épargne  de  rigueiars  et  de 
dévastations  gratuites.  J'observerai  seulement,  et  c'est  ce  qu'il  y  a  de 
plus  remarquable  à  cet  égard,  que  comme  il  concentre  toute  4a  défense 
mr  le  glaeis  même,  il  n'exige  plus  ni  le  rasement  des  maisons  qui 
«|Dl  au-<^à  sous  le  canon  de  la  place,  ni  l'incendie  des  &ubouifs  (1 V 
.fM  Teipiilaidn  même  des  bouehes,  appelées  inutiles,  n'est  plus  uns 


(1)  Il  faut  86  rappeler  que  quatre  années  après,  le  général  Carnot,  gouverDeor 
d* Anvers,  a  mis  ce  principe  d'humanité  en  application,  et  sans  nuire  à  la  défense 
de  la  plafe  quf  hii  était  confia.  {Jfoté  ia  Miéact$wrê^ 


«onnemens  qui  dérive  des  principe»  géniaux  établit 
M>jC9  n'^4»9Q  poiol  tu  système  qwjQ  propose^  loai»  u^  sfitème 
qu9  jt  ^)Qmb«|s,  ^'îl  faot  wpuler  de  laoriBer  înitfileBieDt  lee  bomnm 
rtl)«t  ^^iKMeiu  Sttivaat  ce  dernier,  le  mérite  d -mie  lortereMe  doA  se 
pnwwr  WJWjUiroert  per  la>  dofée  pr<4mble  dniiége,  saos  «mm  dfsifd 
;illK.  ftrtef :  iwp^ma  4ee  dèiu  parUes  beU^énmtffw  B  vaut  mîen 
#Mir,  tt$9ilkgéf  dam^eil  lyslèmei  retarder  d'un  jour  la  marche  des 
ttiêVm%  4iMi  d'inéul»  U  moitié  de  Tarméa  eniieaw}  il  intr  mmx 
^glfgm^  ime>hwire  que  de  leover  la  meitié  de  lafanriMHt;  OnAe 
»lltaiW  gue  le  tempe  (  fautai  être  étomié  que  les  sectateurs  d'uee 
pifllft  dMtriim  se  mettent  si  peu  en  peine  de  preeurer  des  abris  à 
âgmikrààbmpBimf  et  qu'ils  u'imaginesit  rien  de  mieuv  que  d'entasser 
jlAMwes  sur  clûcaatst 

^  Maïs m4iMiifWiNP«lA  tmiaMa  pesns  mofesi»  m  nmpKsseDt  point 
robjet  qu'on  s'en  était  promis  :  ils  ne  retardent  en  aucune 'aMMière  la 
-•fPt^4ftl*^ptMB»  (pÂsint  B^wssakesseatloelours.  ortie  de  ses  défen- 
«liKii?  Ul  «ml  mojimàe  retarder  oeltofertat  de  rempèeber^  larsqn^ene 
iflil^4b«  empéehée^eet  done  de  toemer  asa  vues  sur  la  oonsemtôon  de 
)Ma  Biémeadébnseufs^  et  la  phia  grande  destnmtioo  des  ennemis*  Or, 
•4tMMlWDta»«nA<«  qit-oii  p'ohimdrft  paiy  ea tbuNhNMWDt  enêk- 

Vwmm,  pwi4in|^f>'i»  eootMir»  eelunci  diui||iu  dans  sM  tran- 
tbéet*  ««MWMkUtt  à  ton»  Ib»  «oup»  dirai»!»,  ta»  Mal»qif«ii  ail  vAMlu 
lÉ^lw  VOrtaK  B  4«4  é«i<]Ml  fM»  e'Mt  jmtotaeafc  1»  pMtm*^  tfo  ee 
•fMoM^^'il  finit  pr«Mht«>;  qa'illiut  éQinMrdai.abrià%ox.«Mfeiii^eaft, 
iBif  nhtrrhni  l'anneott  an  frad  de  sn  Utt^àbhmjm»  éaïf  tàik  pkw- 
jMNi,  ,«t  MftpMtee  en  méiM.ttnipa  fa'ifc  ■•  pmiid  m  4kid«r  tes 
dbtaiL;»qw  iNHic  pelu  A  fMA  te  «Dnlqùndraiè  ■'■ai|MB<d«(*  tfalM  ots 
moBUietK  «1  à  y:  àroiaiwy  ^iMÉtanmeat  <■:  l(>fc»j  ^  fa 


éMram  par  éts  ooups  ée  maôtis  tMpiiite.  Or  teiki  <M  âàM  mù  fXh 

semble  la  noaydle  maitbe  froposbe. 
Ces  moyem»  dmHk-^en^  ne  aoBt<»flB  pas  employësçoe  ftniHUms 

^csscNTtîes;  n'a^^4«^80  pas  ées  pierriOFS  poor  la  dèfeose  ées  placea? 
Oui,  on  bit  ées  softies,  et  Ten  a  des  pierriers;  mais  ces  moyens 

^ssBt  îaftrâiaiil  seooiidaires  daas  la  dèAmse  aeluétte,  taois  qtt'fls  doi- 
vent en  fairer  le  moyen  priwipal.  On  fait  des  sorties  grandes  A^rarte; 
H  tmA  qu'elles  soisot  au  contraire  petites  et  firéqomtes,  et  que,  pour 
en  assnmr  l'effirt,  il  y  ait  sor  tontes  les  aimmes  éb  h  plMtp  memal- 

«titiide  de  dèboochès  :  ot^  oes  débcwàéê  n'exmtont  pas.  On  a  qoBlqaK 
pierriers;  mais  il  en  fMit  sa  très  grand  nombre ,  il  faut  qn'ils  soient 

;  rendus  indestmctS^eSy  et  po«r  cela  li  faut  des  abris  Mitidès  on  casih 

.  mfttès;  or  il  n'y  a  point  de  send^Ues  abris.  Ce  sont  les  deminoMiyeDs 
qui  perdent  tout,  qui  discréditent  les  meillènres  dlMMësy  qui  font 

:  échouer  tous  les  piofets^^  el  q«  ne  font  jamais  qn'aggrafër  le  mil  en 
tons  genres» 

Les  oonteeHûunes^  din-^*€»  eneore ,  soM  depuis  le«fg-4empfli  <km- 
sidérëes  comme  méritant  la  i^Mrenoe  sur  tons  les  lotrer  moyens 
connus  y  pour  rétablir  antaut  que  posaftle  réquffibre  entre  ratlaqoesl 
la  déCrase;  ne  ▼audrail-'il  pM  mîeut  empfloyer  00  moyeu  que  oeui 
que  vous  proposesf  Sur  ceh  f  obsenre,  1*  qu'un  des  moyens  n'empêche 
pas  l'autre,  et  qu'au  ecmtraire  ces  deux  moyens  secondent  très  eBon 
cemeut  l'un  l'autre  ^2*  que  malgré  l'utiKlé  tien  reconnue  des  conlie- 
mines,  elles  avantages  ré^  qu'où  en  a  tirés  dans  quelques  occasioBs, 
l'eiliérieoce  n'a  pas  en  général  répondu  aux  graÉds  éSiefIs  qtfon  s'en 
était  promis;  8*  qu'au  contraire,  dèpais  l'inventiou  èes  minis  smralUff- 
gées  et  de  la auppranioti  possible  du  bourrage,  lu  gwAu  seutemine 
panait  être  un  nouveau  mojun  d'abréger  encore  la  pfine  des  plaees, 
]Ant6t  qu'un  oMyen  de  prulongsr  leur  déinlso;  V  queies  gvpndssje- 

.  témes  du  couti^-nneus  s'euatent  presque  plus  «aile  pariuteutaidns- 

*l«mi»  à  des  dépeuaa^  éMniMB^  s^il  frilait  lesé^^ 


MI00CB8  niuHiiuiw. 


7« 


«ystèioes  qui  s'étendent  au  loin  dans  la  <^pagne,  ei^leur  supposant 
tout  le  succès  possible ^  ne  font  que  gagner  du  temps ,  mais  sans  contri- 
buer efflcacement  à  la  destruction  bien  plus  importante  de  l'ennemi ,  qui 
est  encore  trop  éloigné  ;  6*  que  la  guerre  souterraine  ne  peut  produire 
à  Ut  ibis  ces  deux  effets,  savoir,  le  retard  des  progrès  de  l'assiégeant 
et  sa  destruction,  lesquels  ne  pçuvent  avoir  lieu  que  dans  la  défense 
rapprochée,  en  le  retenant  sous  le  feu  voisin  des  remparts.  Hais  alors 
les  simples  fougasses  produisent  le  même  effet  que  des  contre-mines 
préparées  d'avance  :  et  Fempio  de  ces  fougasses  entre  tout  aussi 
bien  dans  notre  nouveau  plan  de  défense  que  dans  le  mode  actuel. 

Tel  est  le  compte  préliminaire  que  j'ai  cru  devoir  rendre ,  de  mon 
ouvrage,  aux  personnes  dont  on  doit  respecter  l'opinion,  et  qui  s'iden- 
tifiant  au  bonheur  de  la  patrie,  ne  peuvent  cependant  approfondir 
toutes  les  questions  qui  s'y  rapportent 


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MÉMOIRE 


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LA  FORTIFICATION  PRIMITIVE, 


vom  tiftinK  M  loixa 


AO  TRAITÉ  DE  LA  DÉFENSE  DES  PLAŒS  PORTES. 


les  premières  fortifications  furent 
probablement  de  sitnples  mnrailles,  ou 
des  terrasses  revètoes,  sans  formes  dé- 
terminées et  sans  flanquement.  La  né- 
cessité d'empêcher  l'ennemi  d*âppro- 
cher  dn  pied  de  ces  murailles  ou  de 
ces  terrasses,  pour  les  saper  sans  qu'oU 
pAt  le  voir  d'en  haut, fit  successive- 
ment imaginer  les  mâchicoulis,  les 
tours ,  les  lignes  angulaires  ou  à  re- 
dans, et  enfin  la  ligne  bastionnée. 

Hlîs  rénorme  quantité  d'artillerie 
employée  dans  ta  suite  à  l'attaque  des 
places,  et  surtout  Finvenlion  du  rico- 
chet, rendirent  à  peu  près  inutiles  ces 
remparts  droits,  derrière  lesquels 
étaient  rangé  les  défenseurs,  et  il  fal- 
lut songer  à  de  nouveaux  moyens  de 
conservation. 

Alors  on  s'occupa  d'améliorer  le 
tracé  ;  on  couvrit  le  corps  de  place  par 
ua  grand  nombre  de  dehors  ;  on  in- 
venta l'art  du  défilement;  an  rail  à 
profit  les  aecfden»  dit  terrain ,  pour  se 
dérober  aux  plongées  de  l'ennemi, 
pour  prendre  des  revers  sur  les  ave- 
itfi«a  de  la  place  ;  on  coiNrtnttttt  des 
rvtPtacheHiens,  des  Miiida^»t  dea^ca^ 
semâtes  ;  on  likiit  en  usage  les  contre- 


mines,  les  lignes  de  contre-appro^ 
che,  etc.,  mais  toujours  sans  succèii 
remarquables;  et  l'attaque  conserva 
sur  la  défense  la  supériorité  qu'elle  s'é- 
tait  aequtse. 

S'il  est  quelques  moyens  de  rétablir 
Tespèce  d'équilibre  qui  existait  autre- 
fois entre  l'attaque  et  la  défense,  il  me 
semble  que  ce  doit  être  en  convertis- 
sant le  système  général  de  cette  dé-- 
fense  en  une  série  d'attaques  partielles, 
en  combinant  les  retours  offensifs  avec 
l'emploi  des  armes  à  feu ,  de  manière 
à  prendre  toujours  l'ennemi  sur  M 
temps  ;  tellement  que  là  oà  il  est  ped 
nombreux ,  on  tombe  «nr  lui  à  fîm- 
proviste  par  détachemen;  et  que  Ift  dd 
sa  sûreté  t'oblige  de  se  rassembler  en 
grand  nombre ,  on  fasse  pleuvoîr  sur 
lui  une  grêle  de  projectiles. 

C'est  ce  prîndpe  que  j'ai  essayé'  de 
développer  dans  mon  Ttàiti  âe  la  Dé- 
fense des  Places  fortes^  ouvrage  très 
imparfait  sans  doute,  mais  qui  peut 
mettre  sur  la  voie  pour  parvenir  à  des 
résultats  plus  importans. 

Mais  à  ce  sujet,  une  nouvelle  ré-' 
flexion  se  présente  naturellement  ;  c'est 
de  savoir  si  ta  fortification  bastionnéor' 


71» 


iDR  UL  vonviCATKm  ramitTfs. 


ou  angulaire ,  en  général ,  est  bien  en 
effet  la  plus  propre  à  favoriser  cette 
combinaison ,  et  si ,  en  prenant  pour 
base  de  la  défense  cette  alternatiTe , 
dont  je  viens  de  parler»  des  coups  de 
main  avec  l'emploi  des  armes  à  feu ,  il 
ne  serait  pas  plus  avantageux  d'en 
revenir,  pour  le  fbnd«  à  ces  anciens 
remparts  circulaires,  ou  qui  n'avaient 
aucane  forme  déterminée.  Telle  est  la 
question  que  je  me  suis  proposé  d'exa- 
miner ici. 

Je  diviserai  ce  que  i*ai  à  dire  sur  cet 
objet  en  deux  paragraphes  :  dans  le 
premier,  je  traiterai  de  la  fortiBcation 
primitive  en  général  :  dans  le  second , 
j'appliquerai  les  mêmes  principes  aux 
améliorations  .  possibles  du  système 
bastionné. 

SI''- 

De  la  Ibrtiflcation  primitive  en  aéatetl. 

Le  fléau  de  toutes  nos  fortifications 
modernes  est  le  ricochet.  Or,  le  moyen 
le  plus  eiScace  pour  l  éviter  sur  des 
rempurts  découverts  parait  être  de 
donner  à  la  magistrale  de  ces  remparts 
toute  autre  forme  que  la  ligne  droite , 
t'est-à-dire  toute  autre  forme  que  cçlle 
|tti  loi  est  assignée  par  des  systèmes 
lastionnés  ou  angulaires  quelconques. 
U  seul  changement  des  lignes  droites 
01  lignes  courbes  remédierait  donc 
léjà ,  en  grande  partie,  au  plus  grave 
des  incunyéniens  connus  ;  mais  la  chose 
esl-elle  praticable ,  sans  donner  lieu  à 
d'autres  inoonvéniens  plus  graves  en- 
core? Voilà  ce  qu'il  s'agit  de  savoir. 
Or,  il  m'a  paru  que  non  seulement  ce 
changement  était  très  possible ,  mais 
que ,  loin  d'être  nuisible ,  il  devait  au 
contraire  procurer  une  foule  d'au- 
tres avantages,  tcb  que  ceux  de  la  sim- 
plicité, de  l'économie,  et  surtout  de  la 
grande  facilité  qui  en  résulte  de  plier 


la  fortification  à  tous  les  accidens  d'an 
site  frrégqlî^r, 

four  fixer  les  idées ,  je  supposai 
d'abord  que  Tespace  à  fortifier  soit  ab- 
solument circulaire ,  et  que  la  ligne 
magistrale,  ou  cordon  du  mur  d'escarpe 
du  corps  de  place ,  soit  une  circonfé- 
rence exacte. 

Derrière  ce  mur  d'escarpe  circulaire 
j'établis  un  rempart  en  terre  composé 
d'un  chemin  des  rondes  ^  d'un  parapet 
et  d'un  terre-plein  pour  l'artillerie. 

Ce  corps  de  place  est  entouré  d'an 
fossé,  puis  de  deux  couvre -faces  con- 
centriques, en  avant  l'un  de  Tait- 
tré ,  eomme  deux  ceintures  parfaite- 
ment circulaires,  ayant  chacune  son 
mur  d'escarpe,  son  chemin  des  rondes 
et  son  fossé.  Le  tout  est  enveloppé  par 
un  glacis  ordinaire,  au-delà  duquel  est 
un  avant-fossé  que  termine  un  mor 
de  contrescarpe,  toujours  de  forme 
circulaire  et  concentrique  au  corps  de 
la  place. 

D'après  ce  \é%e€  aperçu  du  nouveau 
système,  je  vais  entrer  dans  tous  les 
développemens  nécessaire^  au  moyen 
du  profil  pris  sur  l'un  quelconque  des 
rayons  de  l'enceinte  circulaire  ;  ce|ifD- 
fil  étant,  par  hypothèse,  le  même  poor 
tous. 

Soit  AB  (planche  I**,  fig.  1),  one 
ligne  horizontale  «  que  je  suppose  re- 
présenter le  tenain  naturel.  A  dooie 
pieds  ou  quatre  mètres  (1)  au-dessous, 


(1)  Dant  ce  Mémoire,  comne  diDi  le  TraiU 
de  la  Défeniê  det  Placu  flirtes,  fai  fait  nm^ 
indlfréremment  des  meturet  aneieniiei  et  des 
mesarcs  nouvelles .  paroe  que  fai  ea  loofeaC 
à  y  parler  dei  forliacationa  eilalanlea  i|iii  tôt 
été  tracées  sur  lei  anciennea  mesures.  Aa  loi^ 
plos,  comme  it  ne  s*sgit  pas  ici  d'une  pré- 
cision malhémariqae ,  Je  supposerai ,  en  néon 
t>res  ronds ,  <|oe  la  toise  est  é^valeBle  à 
deux  nètrefc  Laa  desateaaenl  eoléa  en  mkm 
seutemenl.  *" 


»• 


S}IE  LA  lOKTif  ACATIOK  PAIMITIVE*  7S1 

|e  trace  une  seconde  cligne  horizontale  |  rieur  du  glacis,  je  donne  à  sa  base  le 


pour  r^résenter  le  fond  des  fossés. 

De  ce  fond  des  fossés  s'élève  le  mur 
d'escarpe  eb  du  corps  de  place,  auquel 
je  donne  vingt-quatre  pieds  de  hau* 
tour .  six  pieds .  d'épaisseur ,  et  que  je 
suppose  être  vertical  des  deux  côtés, 
c'est-à-dire  sans  talus  ni  retraites.  Cette 
hauteur  de  vingt-quatre  pieds  est  suf- 
fisante ici  pour  empêcher  les  surprises, 
parce  qu'en  avant  du  corps  de  place,  il 
y  a  deux  autres  enceintes  revêtues., 
celles  des  deux  couvre-faces  qu'il  fau- 
drait escalader. 

Du  sommet  a  du  mur  d'escarpe ,  je 
mène  une  droite  horizontale  aC ,  à  la- 
quelle je  donne  dix  toises  ou  vingt 
mètres  de  longaeur  ;  le  point  C  repré- 
sente la  crête  du  premier  couvre-face. 
De  ce  point  C,  j'abaisse  une  verticale 
Cm  sur  la  ligne  horizontale  qui  repré- 
sente le  fond  des  fossés;  puis,  de  ce 
point  m,  je  porte  en  avant,  sur  cette 
même  horizontale,  dix-huit  fois  la 
hauteur  Cl»,  c'est-à-dire  soixante-et- 
douze  toises  ou  cent  quarante -quatre 
mètres  ;  ce  qui  détermine  le  point  F. 
Je  mène  la  ligne  CF ,  que  je  nomme 
ligne  dt plongée.  Cette  ligne  de  plongée 
aura  par  conséquent  vingt-quatre  pieds 
de  pente  sur  cent  quarante-quatre 
mètres  de  longueur,  ou  quatre  pouces 
par  toise,  qui  est  la  pente  ordinaire  des 
glacis, 

A  vingt-sept  mètres  en  avant ,  dans 
le  sens  horizontal ,  je  marque  le  point 
D ,  qui  représentera  la  crête  du  second 
couvre-  face  ;  et  a  vingt-sept  mètres  en 
avant  de  cette  crête ,  je  marque  sur  la 
même  ligne  de  plongée  le  point  £,  qui 
représentera  la  crête  du  glacis. 

Je  donne  trois  toises  ou  six  mètres 
d'épaisseur  au  terre-plein  de  chacun 
aes  deux  couvre-faces,  et  je  suppose 
leurs  talus  intérieurs  et  extérieurs  à 
terres  roulantes.  Quant  a^  talus  ioté- 


double  de  sa  hauteur,  afin  qu'on  puisse 
y  monter  très  facilement. 

Par  cette  construction  la  tête  du  gla- 
cis se  trouve  élevée  de  trois  pieds  au- 
dessus  du  terrain  naturel ,  et  par  con- 
séquent de  quinze  pied^oucinq  mètres 
au-dessus  du  fond  du  fossé.  Ain.^i  la 
base  de  son  talus  est  de  dix  mètres.     > 

En  avant  de  chacun  des  deux  cou«> 
vre-faces,  dans  le  fond  des  fossés  qui 
les  séparent  entre  eux  et  du  glacis, 
sont  des  murs  de  trois  pieds  dépais- 
seur  et  douze  pieds  de  hauteur,  éloignés 
chacun  de  deux  mètres  du  talus  des 
terres  qui  sont  en  avant.  Derrière  cha 
cun  de  ces  murs  est  un  chemin  des 
rondes  qui  le  sépare  du  couvre-face 
qui  est  derrière,  et  auquel  ce  mur  sert 
d'escarpe.  Le  terre-plein  de  ce  chemin 
des  rondes,  est  de  six  pieds  au-dessous 
du  sommet  de  ce  mur,  afin  que 
rbomme  qui  ^'y  trouve  soit  entière- 
ment couvert  par  ce  même  mur,  qui 
est  crénelé  ;  le  long  de  son  parement 
intérieur  on  place  une  quantité  de  dez 
de  pierre  ou  de  bois  de  dix-huit  pouces 
de  hauteur,  pour  exhausser  le  soldat 
lorsqu'il  veut  tirer  ou  jeter  des  grena- 
des pardessus  ce  mur. 

A  l'extrémité  de  la  ligne  de  plongée, 
c'est-à-dire  au  point  où  elle  rencontre 
celle  qui  représente  le  fond  des  fossés  I 
je  laisse  sur  le  prolongement  de  cette 
dernière  un  espace  de  quelques  toii^es. 
qui  se  règle  daprès  lo  be.soin  qu'on  a 
de  terres  pour  les  remblais.  Cet  e>pace 
forme  un  avant-fossé  continu,  et  tient 
lieu  d'une  grande  place  d'armes,  faisant 
tout  le  tour  de  la  forteresse  en  dehors 
du  glacis.  Enfin  y  cette  place  d'armes 
est  couverte ,  du  cdté  de  la  campagne, 
par  un  mur  vertical  de  trois  pieds  d'é- 
paisseur, élevé  depuis  le  fond  du  fossjé 
jusqu'au  terrain  naturel.  Ce  mur,  qui, 
par  conséquent,  aura  douze  pieds  de 


V 


1^ 


StR  LA  PORTIPICATIOII  MlBItlIré^. 


hauteor,  eA  ce  que  j'appeflerat  fnur  de 
eontrefcarpt. 

Derrière  le  revêtement  du  corfis  dte 
place,  que  je  suppose  crénelé  et  de  six 
pieds  d'épaisseur,  est  le  rempart  en 
terre,  composé  d'un  chenu n  des  ron- 
des, d'un  parapet  et  d'nn  terre-plein 
pour  l'artillerie.  Le  chemin  des  rondes 
a  douze  mètres  de  largeur,  et  son 
terre-plein  est  de  douze  pieds  aa-des^ 
sous  du  somrfiet  de  revêtement;  la 
crête  du  parapet  en  terre,  qui  est  der- 
rière ,  est  élevée  de  vingt-quatre  pieds 
au-dessus  du  terrain  naturel,  ou  trente- 
sh  pieds  &u-des<;us  du  fohd  dû  Tof^sé  ; 
la  largeur  de  sOki  terre-plëlti  est  de 
ttDi^  toises  ou  sît  inëtres,  et  son  talus 
(extérieur  est  à  terres  roillante<t.  Au 
pied  de  ce  tàlUS,  dans  le  chemin  des 
t'onde^) ,  règne  un  contre-itoui'  de  neuf 
pieds  de  hauteur  et  trois  pieds  d'épais- 
seur pour  arrêter  les  projectiles  qui 
(bourraient  tomber  sur  le  talus,  et  pour 
tes  empêcher  de  rouler  dans  le  chemin 
des  rondes.  Le  tefre-plein  pour  l'artil- 
lerie est  supposé  de  quinine  ou  seize 
mètres  de  largeur ,  et  huit  ou  neuf 
pieds  au-dessous  de  hl  crête  du  para- 
pet ;  derrière  ee  terre-plein  sont  sup- 
posés son  talus  et  ses  ranipes.  On  com- 
munique du  pied  de  Ces  talus  intérieurs 
au  fond  du  fossé  du  corps  de  place  par 
des  poternes. 

Comme  le  canon  placé  sur  ce  terre- 
plein  est  peu  ou  point  exposé  an  rico- 
chet, à  cause  de  sa  forme  circulaire , 
les  pièces  en  batterie  ne  peuvent  guère 
être  atteintes  autrement  que  par  la 
bombe.  Une  fbis  que  ces  pièces  sont 
établies,  elles  ne  sont  sujettes  à  aucun 
déplacement,  à  moins  que ,  par  ha- 
sard, quelques-unes  d*entre  elles  ne 
viennent  à  être  démontées,  et  qu'il  ne 
Mï\e  en  amener  d'autres  à  leur  place. 

Le  chemin  des  rondes  forme  une 
tetterle  b»^(*  qtti  fliit  tout  fc  tour ,  pt 


dans  laquelle  on  établit  une  rtilgft 
continue  de  mortiers  et  dé  j[^efHen^. 
On  communiqué  de  plain-pled  de  Hn- 
térleur  de  la  place  à  cette  batterie  basse 
par  dés  passages  souterrains  pratiqués 
sous  le  rempart  en  terre  ;  ee  qui  rend 
flicile  l'approvisionnement  de  cette 
batterie  eontiiiaé.  Les  créheaiix  percés 
dans  le  revêtement  qui  c  -^uVre  le  che- 
min des  rondes  servent  pour  les  l\i!i{- 
fiers  et  grenadiers ,  lorsqu*on  susperid 
Faction  des  mortiers  et  pieHîers.  Ce 
revêtertteht  n'ëtaht,  par  la  construc- 
tion ,  éloigné  que  de  vingt  mètres  de 
la  crête  du  premier  couvre-ftce ,  il  est 
évident  qu*on  pleut  défendre  ce  couvre- 
face,  depiïis  le  cheihin  des  roMdes,  par 
des  grenades  jetées  à  h  main  ;  le  ^ 
cond  couvfe-flice  est  défendu  de  la 
même  manière  depuis  le  chemin  des 
rondes  du  premier  ;  et,  en6n,  ta  crête 
du  glacis  est  encore  défendue  de  mê- 
me depuis  le  chethin  des  rondes  do  se- 
cond couvre-face,  avec  des  grenades 
lancées  à  la  malh ,  et  qui  vont  tom- 
ber Jusque  dans  le  couronnement  du 
glacis. 

On  fait  au  premier  oouvre-fhce  une 
banquette  de  deux  mètres  Seotemoat 
de  largeur ,  pour  y  mettre  des  fusi- 
liers, tant  que  la  batterie  des  pierriers 
qui  sont  dans  le  chemin  des  rondes 
du  corps  de  place ,  tt*est  po^  encore 
mise  en  jeu  ;  le  peu  de  largeur  de  cette 
banquette  et  sa  forme  (airtukh«  la  dé- 
robent à  raction  Al  ricochet  ;  et ,  com- 
me elle  est  commandée  de  vingt- 
quatre  pieds  par  la  batterie  de  canons 
du  corps  de  place,  le  fleu  de  cette  Srtil- 
lerîe  et  cehii  de  la  motBqheterie  du  pre- 
mier coUvre-fiice  peuvent  avoir  tien  •»- 
multanément. 

On  commum'qbe  d'une  coupure  à 
Tautre  par  des  passages  t)ratiqués  soos 
les  couvre-faces,  voûtés  à  l'épreuve,  et 
forme?  ji^T  (^  t^oîitiî.s pnrtï*'  î  rr:;(r.'e 


WÉ  là  "fMIMfMàiiÉil  PtÊÊuUtfË* 


•m 


MfdteHlfm  «ut  :  i^  de  IMnief  et  assn-^ 
ref  lé  fibre  tircatatlmi  dM  défeMeiM  ; 
S^  de  ^strilT  d'abHs  pt^t  éMx  qui  sont 
desthiés  éax  txftps  de  mkîn  et  fieUtes 
sorties;  3*des^op|k»eràuieiiMprlBëi 
dti  itiinfeur  qiii  eheitliënittCfcit'eMQter 
le  cotivre-fiice.  Il  e^t  e^tentid  éè  re^ 
marcfiier,  I  eet  égéifà,  ^t  Ul  n&élè 
fùtïctàM  dû  66ntre-i!iheiir  est  d'aller 
8009  terfë  Mi-tféVatit  de  fêotieiM  ptm 
rempèèhèir  ffétablUr  së^  féiMëaQt; 
inabqûit  Mt  bien  ne  garder  d^tf  lllfl^ 
M'ioèmé  tû  cet  éfidrôtt ,  piiiM|M  M 
serait  détriilM  te»  ^WMles  pMehafiM 
de  8ôh  eôrt)à  dé  fdan^  :  11  a  tout  Taf att^* 
tage  aiif  t'éonelAI  êh  ne  eonstràfftriit 
point  de  fourheààt ,  })fiis()tae  Mù  tHt- 
Tàil  en  est  d^âtitÀât  ittolildrë ,  et  (pkH 
n*a  proprement  qti^ttoe  tftiiple  sorvelU 
knce  à  èièrcél*. 

te  talQS  intériedf  du  glacis,  tt^MaUt 
point  retèbl,  iiials  ait  conthiire  fc  pente 
très  douée,  tort  Wx  défetisettnl  ft  fMré 
dès  sortfès  bfQs<|ties  îtar-d^sns  la  crête, 
qaand  ils  testent  et  où  il»  tetdetlt,  ed 
flranehisMItit  Hietté  crëtle  totit4-6mip, 
flOtl  pour  attaquer  '  en  flatic  li^  tlrafi-« 
diées  faites  ^r  le  gtads,  sôit  pour  bàr^ 
celer  àé  front  léft  tAtes  dé  sftpe  ;  c'est 
ntk  dêbducbé  Cbtithiu  tpA  occupe  tout 
re  circtitt  de  la  ^tâcé.  Là  i«ifaile  eat 
protégée  pa^  h  tttur  créfielé  fohriatit 
i'escartie  dû  inoutl^face  t^i  est  der- 
rière ,  tt  qut  tièut  liea  d*otie  palissade 
qûé  le  canon  ne  saurait  roMp^.  LéS 
soldats,  rangés  derrière  ce  tuur,  ne 
mas^tieittthrfhtlè  ^  de  ratttlIeHe  do 
fempart,  iktfA  j^luè  que  tseMt  de  fiiouS'^ 
quetettedttpréiiUef  COitre-fecel  fetcé^ 
luf  qd'iB  fàxit  de  iMrt  crêfiêàttt ,  jbiat 
aùr  i^nAdeS  tfûnti  jettetit,  pttf-dessus 
le  mur,  danS  les  tètés  de  isft  de  1"^^ 
nenii,  etnpëche  qtte  cèlul-cl  tte  puiasè 
eouTôntier  le  glàds  pied  à  )[»ied.  Si  &eA 
dé  tif 6  fàlt^  ^tfS  Ifedlife'^oiiêni^  % 


sôiis  le  fëd  dlret^  du  cafioii  db  liptioi'i 
sous  eeiuf  de  M  dtoMtueleHë  lUiigM 
sur  la  banquette  du  (n^emier  courre^ 
face  et  sous  eëlitf  des  greùadéa  qui  M 
seront  jetées  à  la  mëfn  du  eheuM 
des  r6U(tes  dU  toeoud  couvhMIiee,  IMI 
cea  feui  peutàut  a?off  lieu  sMndtàirt* 
uieht; 
tl  eii  (tut  diM  autatic  du  ttui*  cM<> 

nMé  4af  est  datis  rautre  ooupune.  tiiMh 

cun  de  ees  ftiurs  peut  être  edusidéilt 
tout-iKia-fbis,  Il  l'égard  du  enuTre-IMu 
qui  estdeftfère,  éotumé  tau  KVêteniétll  ' 
d*«sc*rpe,  auquel  n  flidt  uéeessaiM^ 
ment  faire  brèt^e  aMMt  de  pouHA^ 
dUnneC  f âslàttt  ou  ftIM  sou  fegemelil 
à  la  sape;  et,  paf  rappoit  au  cobtre^ 
fteé  ota  au  ^laeH  qui  est  en  ayant ,  m 

mèuie  fatuf  piN>duff  rëlKt  ^'une  pé» 
lissade  (tue  f  entietti  ne  peut  briser  par 
le  rieoehet  et  qui  Vempèche  d'y  étàMtf 
son  logement. 

Pour  appl-éder  lès  eifets  de  ce  genre 
de  défense,  il  faut  se  rappeler  ce  que 
dit  M.  deCormontaingne  au  sujet  du 
courbuuement  du  glacis  dans  le  iji- 
tème  ordinaire.  «  S'il  arrivé,  dit  té  sfr^ 
y  vantiugértieuf,  qu'il  soit  resté  quel- 
»  qu'un  dans  Pangle  du  eheuiin  cdu^ 
»  vert,  oà  !1  y  U  un  petit  espace  que  M 
»  catalters  uè  sauraient  décoiitrlr,  «I 
»  que  Im  gfetiadès  laueées  dé  fcepoMk 
aintommodent'li  tùH  les  sapettri, 
a  qtfils^e  puissent  éheufiner.  Il  hé^ 
é  dra,  sans  hésiter,  faire  ^soHIr  un  sei^ 
»gêtat  atec  ait  <m  huit  grenadteM 
»  qui,  se  imiadt  ttibitement  suf  lu 
a  haut  dtt  efaeUiîu  eoutèrtde  cet  angM^, 
a  feruut  feu  à  bout  toudiant  tat  eeut 
a  qiii  rocéupent,  Viendront  regagteT 
a  eusutle  te  boyaU  au  i^us  ttte,  et  r^ 
a  pètertntoétte  nianoeurre  ti  réunemi 
»  If  obàtimé.  a 

Ce  que  dft  id  M.  de  Cbftnontaingn* 

pdur  tes  ataftaui^iév  iiWtwÉ  ût^  gwia 


T^r 


sOB  tk  Miuiric^riw  «imijf  |v«.; 


tèiM  poor  toiia  le»  points  <ia  cireuît  de 
Ia4iia€0.  Il  n'eo.ert  aDcuxi  sur.  tout  le 
pourUMV  du  couronnemp^t  pu  Tassiégé 
nf^puitte  jeter  à  la  matu  aotantdetgre- 
n{^çs  qu*il  le  veut  de  derrière  le  mur 
CE^Ié  qui  règne  dans  le  fond  du  fossé; 
maift  il  y  a  cette  différecice^  que,  dans 
le  nouveau  système ,  il  ne  servirait 40 
riea  à  Tassiégeant  de  laire  sortir  de  la 
tranchée  des  grenadier  pour  faire  feu 
sur  IjBs  défeusçurs,  attendu  que  ceux- 
ci  sont  couverts  paf  le  mur,  et  que  ce 
niur  étant  crénelé»  ce  seraient  les  gre* 
nadters  assiégeans  eufL-mèmes  qui  rer 
cçvquient  \o^  coups  de  fusil. 

lAdépendanunant  de  ces  gcenades 
que  Tiussiégé  lance  de  ce  cbeoûn  des 
TQodes  dan9  le  couropuement  du  gla- 
cis^ et  de  la  mousqueterie  qui  part  de 
sf  s  créneaux ,  il  pe^t  se  porter  lui-même 
t9utàconp  du  haut  cle  ce  glçicis,  par 
son  tnlus  intérieur,  qui  est  à  pente  très 
douce,  faire  feu  sur  les  trayaiUeiiirs 
qui  sont  dans  la  tète  de  sape,  ou  leur^ 
j^ter  des  grenades,  et  faire  ^  retraite 
aussitôt  Après  sous  la  protection  de 
ces  créneaux. 

M.  de  Yauban  pose  en  principe, 
avec  grande  raison^  qu'on  .ne  doit  ja- 
mais attaquer  le  chemin  couvert  de 
wve  force  que  quand  il.  n*.est  pas  pos- 
sible de  s'en  emparer  pied  à  pied,  par- 
ce que  l'attaque  de  vi^e  force  est  une 
opération  des  plus  critiques  et  de/»  pins 
meurlrières  pour  Tassiégeant.  D'un 
^i^bre  côté,,  il  déclare  qu'on  est  cepen* 
d/int  obligé  d'en  v^nir  à. cette  extré- 
mité lor^u'OB  n'a  pas  pu  parvenir  i 
rompre  la  palissade  par  le  ricocdb^et,  qu 
i\.plonger  dans  le  terre-plein  par  des 


cavaliers  de  tranchée,  parce  qu'alors   douze  toises  de  longueur  en  rampe, 


et  ne  leur  penoeltmit  fas  d^tfaocer. 
Or  tel  est  {e  cas  dans  le  nouveau  syi- 
tèn^»  paroe  que.  l'escarpe  de  chacun 
deftcoavre4iBces.rempiiC  4  l'égard  de 
l'QUvtage  qui  est  en  Rivant,  l'effet  d'une 
palissade  que  le  ricochet  ne  saurait 
roippre.  L'assiégpaot  est  doue  obligé 
d'attaqper  de  vife  force  pour  chasser 
Passiégé  par  un  combat  corps  à  corps  ; 
miMSConiaie  le.  premier  ne  peut  pas 
pljtts  couper  ou  détruire  à  la  main  ce 
mur  tenait  liea  de.  palissade  que  le 
rompre  avec  le  canon,  il  s*e)asuit  qu'il 
ne  saurait  joindre  son  .ennemi,  ni  par 
couaéqneut  le  chasser  de  vive  force  de 
sop  chemin  des  rondes,  qui  lui  tient 
lieu  de  chemin  couvert,  et  que,  par 
conséquent,  il  ne  peut  enlever  la  crête 
du  glacis,  non  plus  que  celles  des  deux 
couyre-fa<:es  qui  viennent  ensuite,  et 
qui  sont  défendues  de  même,  ni  pied  à 
pijed^  ni  de  vive  force. 

Avant  d'arriver  au  couronnement  de 
C|Ç  glacis»  il  est  clair  qu'il  faut  avoir  fait 
un  premier  couronnement  au  haut  de 
la  contrescarpe.  Or,  si  .l'on  a  pratiqué 
dans  le  mur  de  cette  contrescarpe ,  en 
la  construisant,  des  enfoucemens  ou 
petites  galeries  souterraines  de  six  oa 
huit  toiles  de  longueur,  de  plain-pied 
avec  le  fond  du,  jbssé,  et  fermées  à  leurs 
entrées  par.  4ef  portes  à  l'épreuve  du 
mousquet,  les  défenseurs  pourront  s'j 
mettre  à  L'abri,  et  en  partir  à  voionU 
pourinquiéter  l'ennemi  dans  ce  couron 
nement,  soit  par  la  guerre,  souterraine, 
soit  pfur  des  sorties. 

Pour  exécuter  ces  sorties,  je  prati- 
querais, dans  la  contrescarpe ,  et  dans 
le  sens  des  rayons,  des  coupures  de 
deux  toises  de  laigair  chacune,  et  de 


l'assiégé,  demeurant  maître  de  son, 
chemin  couvert ,  ne  cesserait  de  har- 
celer de  Jà  les  tètes  de  sape,  qui  ^ 
tfouverai^qt^jtoiypurs  à  sfi  proximité» 


pourmonterdei'avant-fossé  ou  grande 
place  d'armes  au  terrain  de  la  cam- 
pagne «nviroonante.,  et  faire,  i  Tim- 
Pftovirt^^.d^exciujiinns,^  les  dtr- 


Mi'  M  »oimM:A¥ÉMf  îteMTiVi. 


fannemLOe»cflWf  f(»,  conme  6it  le 

MMdei»f»liKr«ii  {looftaitles  esp»- 
ter PMeét i'thitHi  i^iMrènr eent m6- 

itiMM,  lesMbiieelMmmi  i^êlifM  ga- 

C<i  éfhouiiiéaMWlitftftMliiiéspfcrdés 

feirrilim;i^€h0«MXide  M»e  bu  des 

«ntoide  hMip,  wêê  ItiHitii  du  jetterftH , 

.«H  tapoMr>,  4e  piUto- p6iilft  YélaM  en 


Twl  ^MitMMMnl  MTff  MMfé  loin 
liT  0Mkp«gM,  oii  se  cottten(«ra 
4e  tîrâ*ilH^#eiiipm  à  rieochdf:^r«es 
Mgsagf^  et^de  f^  fNMl  ^or  ses  bnt- 
lesies;  lirsquITseiii  Arrivé  sa  haut  de 
la  contrescarpOi  l^rt  ftii^  son  loge- 
■leiiiel  oanslniire  è  iés  batteries,  il 
s'y  tibatein,  mt  léut  ie  pourtour,  en 
fiise  m  feu  dfire^  de  VàiHtlterre  du 
eorps  4e  fd^e,  à  lli  Inousquetefib  du 
'  preiBler -twrwpfcce,  tst  à  toute'  la  rati- 
fée4èiiMrHlin  t^^  l'Assiégé  liura  pu 
étobUr  dtn^'lé  ^emht  des  rondes  tiù 
jee4qd  cMnrfcMiice ,  'le  plus  voisin  dû 
glBei9,iaihs  qMles  dfitenseurs,  àînst  As- 
Irfbufit,  «trient  Hxposéi  è  tirer  les  uns 
sorte  anHTM; 

'  Lon(|ii'èns<lite  renneml  ouvrira  la 
«Ofltrdscartle  pottr  opélier  sa  dtesteïite 
4efMisé;  dMftue  é^\é^  êêt  âécouverle 
jiiqt*att' pied[ ,  taiat  des  rempart!  du 
IrDnt^lMritè^tqye^ë  ses  parties  cblla- 
léiiates,  lé  dêboBéhé  ietH  battu  difèc- 
4m6iitiet  «d'écbarpe  par  un  immense 
'4èvekHlfKênieiit  d'artillerie  et  de  tnous- 
queterie,  sans  que  pour  cela  ràctîon 
des  feux  verticaux  du  cheteifa  des  ron- 
des du  second  couvre-face  soîl  inter-  i 

"•  Aprtsisf  descente  de  fos^é,  et  pen- 

8ant  que  rëiinemi  s'avancera  sur  le  projectiles  tout  le  teuain  qm  «si  an 

glacis»  oa  é\»ïAm  UM  aoii«eUe  ra^  avMtv  où  r«i¥ieiiii,  conme  4m  vient 

1^  -4»  fèmriêm*  dtai  -lr>4keaiii  ^4aa  de  le  dire,  est  obligé  de  se  tenif  ^h. 


116 

premier  c(Hivre4kdè,  et  l'Âi 
retirera  ceux  du  second.  Ainsi,  le 
taênse  nombre  de  pierriers  sera  tou-  f 
jours  en  action ,  sauf  les  points  vis-à-  ' 
vis  desèpiels  il  se  trouvera  des  liommes  ' 
étftis  le  dienfib  'âe/&  rondes  du  second  \ 
eoiivt*e4iKe,  sur  quoi  H  sera  toujours  ' 
fiwHe  de  s%0lendre,  à  causé  de  ta' 
préxlMté  des  deiix  endroits; 

£n  supposaÉit  que  l'assiégeant  soit 
parvenu  à  8*emparer  de  la  ck-étedu  gla- 
cis et  du  coilvreM*ace  le  j^us  évincé ,  il 
fkttdri  nééessairement  qu'il  se  tienne 
en  foreè  dàbs  la  coupure  qufles  sépare, 
pour  ne  pas  être  attaqué  à  l'improvt^ 
dans  cette  même  coupure  sAr  ses  deux 
flanés:  alors  t'aèsiégé  cjuifte  la  bah- 
queftté  de  son  premier  couvre-face . 
qu^Haveit  occupée  jtisqu*aiors,  et  ifétd- 
Mil  sa  ligne  de  mousqueterie'  dans  le 
ôbeinin  des  rondes  du  corps  dé  place, 
d*où  il  tiré  par  h^  créneaux ,  dès  que 
Pennemi  commence  h  paraître  au  haut 
de  ce  couvre-face ,  ce  qui  n'em()èc1ve 
j)ds  le*  feu  Simultané  du  canon  du  rem- 
part. De  pins,  lesdéfenseurs,  étant  ainsi 
i^etirés  du  c6uvre-fo<^e,  lan(;ent  leurs 
grenades  à  la  main ,  depuis  le  chemin 
des  rondes  du  corps  de  place,  sur  ce 
même  couvre-face,  qui  n'en  est  éloi- 
gné que  de  dix  à  douze  '  toises.  En- 
fin ,  on  met  en  Jeu  la  nouvelle  rangée 
de  piérriers  qu^on  à  dfi  établir  dans 
ce  chemin  des  rondes,  en  observapt 
de  faire  retirer  les  soldats  qui  soDt 
en  avant  dans  ce^  liiéme  âiemirJ  des 
rondes  dhaqué  toh  qu'on  se  dispose 
è^  mettre  le  feu  aux  piefrieré  qui  sont 
derrière. 

Ces  piérriers ,  qui  sloipprovisionnëflt 
facilement  de  la  place  par  les  passages 
pratiqués  de  plain-piéd  sous  là^  masse 
de  terre  du  rempart,  inonderont  4p 


196 


«m  14  fQMtmuTiM  nuMrqm. 


force,  pour  w  pu  être  sans  i^eue 
harcelé  sur  ses  deai(  flancs. 

Tels  doivent  ^tre  lea  procédés  de  la 
défense  jusqu'à  ee  que  la  brèche  soit 
faite  au  corps  de  U  place.  Que  cette 
brèche  soit  anfio  ouverte  *  aoii  avec  ie 
canon  placé  je  un  saia  où ,  soit  par  la 
f  uerre  soutOT^e*  je  ne  sais  cobd- 
ment,  au  pnoini  sera-ce  toujowi  dans 
un  mur  d*escarpe  dont  le  parapet  est 
isplè  par  le  chemin  des  roudes.  Ainsi 
ce  parapet  ne  tombera  point  dans  le 
fossé,  et  l'assiégé  le  conservera  jusqu'à 
la  fin.  Par  conséquent .  en  supposant 
qu'il  soit  décidé  à  soutenir  l'assaut ,  il 
ne  cessera  de  pouvoir  faire  rouler  des 
grenades  grosses  et  petites  le  long  de 
cette  brèche,  qui  restera  haute  et  es- 
carpée; et  si  l'assiégeant  ne  parvient 
point  à  donner  à  cette  brèche  une 
grande  largeur  «  il  ne  pourra  éviter 
d'être  pris  «  pendant  l'assaut ,  sur  ses 
deux  flancs  par  le  chemin  des  rondes , 
en  même  temps  que  ses  derrières  seront 
menacés  d'être  attaqués  de  même  par 
les  coupures  du  glacis  çt  par  la  grande 
place  d'armes,  qui  règne  au  bas  de  la 
contrescarpe  «  tout  autour  de  la  place. 

Quoique  ce  nouveau  système  de  for- 
tification ne  soit  pas  fondé  sur  le  prin- 
ci()c  du  flanquement,  il  est  à  remar- 
quer qu'il  n'est  aucun  point  du  théâtre 
des  opérations  qui  ne  soit  défendu  de 
très  près  par  une  grande  quantité  de 
feux  ,  soit  d'un  genre,  soit  d'un  autre  ; 
ce  qu'on  ne  saurait  dire  du  système 
bastionné,  tel  qu'on  l'admet  aiU<W>' 
d'hui ,  et  p9nr  lequel  ce  qu'on  appelle 
flanquement    n^existe    véritablement 

,  que  de  nom  (>)•  U  est  à  remarquer 

(1)  On  filt  ius  tes  o^yraist  aa  t|fiàM  «p^ 

pelé  moderne  lont.  pour  la  plupart,  tfè$  wêI 
iiiiqiiéi,  oa  ne  le  loot  polnl  du  tout.  Le  corps 
4ie  plate  «éme  IMI  pohrt  eieoipt  de  ce  débat, 
^  eii  «i  frtvi  an  ToiK  ési  piviiMM  de  esfff* 


surtout  que,  dana  fci 
ici  proposé ,  l'anMai»*  depuis  I»  eau* 
ronnement 4n  glada  jva^à  ie  Bnéi 
siège,  ne  cesse  pas  wa  aesl  iesisBt 
d'être  aoH«  la  jet  de  la  gsteide  ik 
main,  qui,  an  jugaMeoi  éaiiihiaa^ 
lèbres  ittgéajeiiff  ^  est,  4e  ImIbb  te 
aroea  coneuesé  la  piv  deegewMsa  et 
la  pins  prappe  à  amller  MMis<M«eHi 
marebe  de  l'ennenl.  Ce  fleora  éei^ 
fenae  rend  CMuee  JMpoaaiMe  le 
eédé  méthodique  4ea  eepaa, 
par  M.  de  Yauban,  et  réduit  Vi 
à  n'attaquer  jamaiafM^e  vive  faaee,cs 
qui  doit  être  «  eonuM  je  M  dit  «ri»- 
tes  foia«  le  but  eoeslnet  dea  eSoilsds 
l'assiégé,  puisque  e'eai  eiiisl  q«*il  paat 
ramener  l'état  des  eheeee  à  ee  fÉl 
était  avant  U.  de  Veubw. 

Si  l'on  deeaeure  iNeo  eenTuiMB  ds 
cette  vérité,  que  le  aecoèe  4e  ie  dfc» 
fense  consiste,  en  effet  « 
ment  dans  l'art  de  co^MpdM  Vi 
nemi  à  n'attaquer  îeneîa  ^iiede 
force,  afin  de  le  tenir 
exposé  à  découvert  eu  iaa  délai 
queterie  et  de  l'artillerie  4e  le 
on  sentira  que  le  vrai  «eyee  d'y 
venir  est  de  le  harceler  leUemeet 
ses  têtes  de  sape,  qu'il  loi  aeit 
aihle  de  cheusûier  ainai  pied  à  pied.  Or 
il  est  visible  que  ce  qu'il  y  e  4e 
eflkace  pour  harceler  «inai  Vi 
dans  les  tètes  da  Mpe  ea|«  d'une  parti 
la  multipliâté  dee  pettipa 
de  près  4  fippaoviale ,  fit  4a  Vi 
le  jet  CMt  avec  proteioe  de 
jeiéei  à  la  uiaiii  dans  ces  mêmm  IMe 
de  sapes  (1)  ;  Il  fiint  dnw  «uc  la  iu^ 
ment  de  l'a»idrt  ao|t  (tmnrtenwiimf 


(I)  De  ee  qata  doit  tM^eoi, 
posiible,  coelnJpdiy  reaafnl  à  qfMaew  b^ 
a»aU  qae  de  ^re  toree,  Q  CifU  |e  fHrder  #e 
coDchnre  q«*0B  doive  «ton  lai  rdMtler  de  pW 
eiMlei  eaneiN  ton  le 
leas 


sm.iâ  wmmncknmi  mmmMm, 


79T 


plos  piè^  possible  de  eeiui  de  l'asdé- 
geîMit  ;  et  pour  qQ'eoe  lartificelten  soil 
bonne,  il  fimt  «ii'eHe  purnsf  ae  prêter 
à  ee  genre  de  défenie,  c'est-à-dire 
qn*dle  doit  è(re  disposée  de  meoière 
que  dons  le  débnse  rapprochée ,  le 
cbemnement  de  reqnemî  ne  pnisse 
m  faire  «pie  aona  le  jet  imniédiet  des 
grenades  à  la  nmin ,  et  sans  cesse  me*- 
nacé  d'une  attaipie  snbiie.  Les  eonps 
tirés  de  loin  nepeiifent  qœ  ralentir, 
asais  non  aifèter  entiàrenaent  le  prcH 
grèsd€»  sapes  ;  les  grandes  sorties  sont 
iiçileinent  prévennea  etrepovssées  par 
reanemi.  La  proiisiité  eortinnelle  de 
legenient  de  l'assiégé  de  eelui  de  Tae- 
siégeant,  pendant  toute  la  défense 
rapprochée,  est  donc  indi8peQ3aUe 
poiff  le  succès  de  cette  défense;  et 
foilà  pourquoi  M.  de  Yauban  prend 
toHÎQurs  tant  de  soin ,  lorsqu'il  veut 
pofl^r  son  attaque  sur  nn  point  qne^ 
conque,  de  conesenoer  par  en  écarter 
l'assiégé,  soit  par  ses  ricochets,  aeît 
par  ses  pierriers,  soit  par  ses  cavaliera 
de  tranchée ,  et  qu'U  o^attaque  enfin  de 
vive  force  que  quand  il  hii  est  inpoa** 
fjble  de  iiiire  autrement.  C'est  donc 
à  renqdir  oatte  condition ,  de  se  loger 
toujours  au  pins  près  de  l'ennemi ,  à 
couvert  autantque  possible  de  son  feu 
et(  de  ses  coupa  de  main,  que  doivent 
s'appiviuer  oeu|[  qui  sont  chaigéa  de 
construire  les  plaees  fortes;  et  la  forw 
tîficatiou  primitivcqui  Gsit  la  base  du 
système  préoédeut  «  me  parait  être  ee 
qu'il  y  a  de  plna  propae  à  remplir  cette 
oondition« 

foice  ans  ftnT  ébUgm  l'MtaeBii  ëe  n  monU«r 
w  n%sM  «spûié  «a  feu  <ftt  la  fhee.  €a  leraii 
4oiie  allef  dlncteoiani  eonlre  le  but  ^ue  d^op- 
•ton  ta  défaOM  d«  pM  fmne,  piiiique, 
ta  niSMa,  ta  Iba  et  ta  ptaee  én^tun 
nSctaninirotnt  MtfpeBdu.  Lt  rîgto  BâtvraU^ 
«MU  ■mna^Wr  par  ta  réacitoa  ctl  que,  «Mira  le t 
attaquât  df  Tiva  forte,  il  te^  emptayer  pr»- 
ta  tan*«ci  et  rwJUhita  ai  da 


Ce  système  n'est,  àrpropveroent  par- 
ler, qne  la  fortification  primitive  elle* 
même  ;  c'est**JHdire  telle  qu'elle  pouvait 
eiister  avant  l'inventiim  du  flanque^ 
ment:  ce  n'est  autre  chose  qu'un  long 
glacb,  commençant  près  dn  corps  de 
place,  et  finissant  à  ^extrémité  de  la 
ligne  prolongée.  Dans  ce  glacis  sont 
faites  transversalement  phtsteurs  cou- 
pures assez  peu  tioignéea  l'une  de  l'an  • 
tre  pour  qne  chaouue  d'elles  puisse  être 
défendue  de  celle  qui  est  derrière  par 
des  grenades  Jetées  à  la  main ,  et  pour 
qu'il  en  résulte  autant  d'enceintes  re» 
vêtues,  auiquellea  il  faille  faire  brèdie, 
soit  pour  les  enlever  d-assaut,  soit  poni 
s'y  loger  à  la  sape.  En  un  mot ,  la  place 
entière  n'est,  à  proprement  parler, 
qu'une  vaste  tenr  enveloppée  d'un 
glacis,,  dont  tous  les  points  sont  sos« 
ceptibles  d'être  défendus  par  une  al- 
ternative continuelle  de  coups  de  main 
et  de  l'emploi  des  armes  à  feu ,  oonfor*- 
mément  au  principe  que  j'ai  posé  pour 
la  défense  des  places  fortes  en  général. 

On  ne  manquera  pas  de  m'objecter 
que  ces  coupures  dans  iea  glacis  sont 
autant  de  pamllèlea  ou  places  d'armes 
toutes  faites  pour  l'assiégeant,  et  que 
les  couvre-faces  en  terre  sont  des  pa- 
rapets tont  constniits.  Admettons  cela 
pour  un  instant  ;  maiscesera  seulement 
lorsqu'ils  seront  pris.  Or  la  dilBculté 
est  de  les  prendre,  d'empêcher  ensuite 
que  l'assiégé  ne  les  reprenne  :  c'est  de 
s'y  garantir  des  retours  offensifs  qui , 
pouvant  à  diaque  instant  se  renonve^ 
1er  sur  ses  deux  flancs  par  ces  mêmes 

ta  Moutqnaiiffte  ;  et  ^ne^  aoatra  toi  attigaei  mé- 
ibediquea  on  faiUf  pied  à  pted,  ee  tout  princf- 
pataaienitoi  Ami  eawbet  taaeét  de  prèti  conmM 
ta  grenade  à  ta  naata,  al  tas  petitee  eortiee,  qvHI 
ÛMH  OMttra  an  Mace^  le  tefteadral.  daiM  ane 
aatre  aoie  4e  ee  Mémolra,  sar  ta  défease  dite 
de  pied  ftaie,  pafee  qne  è^eit  ta  potat  ta  plut 
inttal  ae  toaa»  «t  quakf  idéesà  ee  tqjel  m 


19^ 


SDR  LA  FORimCATTOn  mmtiTB. 


f-oopures,  oUigent  rtssiégeant  à  de- 
mûfirer  coDStamment  en  force  sar  le 
thédtre  des  attaques,  m  pleuvent  les 
feui  verticaux.  La  meiHeure  place 
^  possible  pour  ia  défense  d'un  pays  de- 
vient aussi  une  Torteresse  toute  faite 
pour  l'ennemi ,  du  moment  où  elle  est 
prise. 

Je  ne.  reviendrai  pas  sur  ce  que  j'ai 
dit ,  dans  mon  ouvrage,  au  sujet  des 
feux  courbes  ;  je  crois  y  avoir  répondu 
d'avance  à  toutes  les  objections  qui 
m'ont  été  faites  depuis  :  il  se  peut  qu'il 
y  en  ait  quelques-unes  de  vraies  ;  mais 
elles  ne  se  rapportent  qu'à  de  simples 
aecessoires,  et  le^  principes  n'en  sub-» 
sistent  pas  moins. 

.  Des  expériences  faites  sur  des  pro« 
jectiles  trop  petits  Re  prouvent  rien , 
sinon  qu'il  faul  en  erafrfoyer  de  plus 
gros; 

Celles  qui  ont  été  faites  par  le  géné- 
ral prussien  Sbamliorst  ont  confirmé 
l'opinion  que  nos  prédécesseurs  s'é* 
taient  formée  de  Tefficadté  des  feux 
courbes,  et  l'ont  augmentée;  elles  ont 
appris  que  le  pierrier,  employé  d'une 
manière  convenable,  porte  beaucioup 
plus  loin  qu'on  ne  lavait  cru  jusqu'à* 
lors,  et  disperse  moins  ;  que  les  pierres 
ne  s*éorasent  point  et  sont  meurtrie* 
res  ;  qu'en  un  mot,  cette  arme  remplit 
à  elle  seule  toutes  le^  vues  d'acticHi  et 
d'économie  qu'on  peut  désirer.  Cela 
suRità  mon. objet,  qui  est  uniquement 
celui  de  la  défense  des  places;  et  le 
surplus  n'est,  à  cet  égard,  qu'une 
théorie  oiseuse  (1). 

(1)  M.  le  mi^or  Borkeoslein,  dans  to  Mvanl 
Traité  4u*il  %ienl  de  publier  à  BerUo,  ror  rAr<« 
tîilecie,  rail  voir  que  inoa  oakul  sar  les  chraeet 
rcl«li\ea  aux  feux  eourbea  s'accorde  fMiftile- 
mem  avec  les  résallals  qu'oot  founiis  ies-ei|^ 
ri^ncesdugéoérai  Sbaroborst,  et  que  je  ii*eo 
lii  évalué  tous  les  avantages  qu'au  minimmn; 
r.  CI t-a^iia  que,  sur  cent  qwir«-»viii9tt  coups 
tirés  au  baatfd  ev  lis*e  panboliqqe,  «■  aai 


Je  passe  sous  silence  une  fonle  d'i^n- 
très  considérations  relatives  aux  avan- 
tages de  ta  forttflcatîon  primitivedontje 
viens  de  parler,  teisque  celui  d'un  meil- 
leur oommàndettent  sur  la  campagne, 
celui  d'une  plus  grande  sAreté  dhins  les 
communications,  celai  de  la  suppres- 
sion du  paiissadement  et  des  nombreux 
trvmnx  d'urgence  qu'exige,  dans  le 
système  ordinaire,  la  éeule  mise  en  état 
de  siège  ;  enGn ,  et  principalement,  ta 
conservation  des  défenseurs,  qui ,  dans 
le  nouveau  système,  sont  la  plupart  du 
temps  sous  des  voûtes  &  l'épreuve  <m 
dans  des  chemins  des  rondes  dérobé:) 
aux  vues  de  l'ennemi ,  ou  sur  des  ban- 
quettes qu'on  ne  peut  battre  en  rico- 
chet ,  à  cause  de  leur  peu  de  largeur  et 
de  leur  forme  circulaire  ;  tandisquedans 
le  système  aujourd'hui  pratiqné,  le  Th- 
Cochet  en  détruit  une  si  grande  quan* 
tité ,  sur  les  remparts  et  sur  les  che- 
min» couverts,  sans  ^a'il  en. résulte  b 
moindre  utilité  pour  le  succès  de  la  dé- 
fense. 

J'ai  supposé  d'abord ,  pour  plus  de 
simplicité,  que  l'encctnte  de  la  place 
était  parfaitement  circulaire;  mais  il 
est  évident  qu^on  peut  lui  donner  une 
autre  forme  courbe  quelconque,  sans 
rien  changer  à  ses  propriétés,  et .  par 
là,  adapter  cette  fortMcatton  à  tous  les 
aecidens  du  terrain  ;  tondis  qu'on  ne 
saurait  y  plier  les  longs  cAtés  de  la  ii- 
gne  bastionnée  sans  la  livrer  aux  effets 
désastreul  de  la  plongée  des  ricochets. 
Ce  nouveau  système  est  donc  inflni- 
ment  plus  maniable  et  plus  convenable 

iDoins  doit  porter ,  conmie  ja  l*ai  soppaié ,  ea 
prenant  le  terme  moyen  sur  «n  très  grsod 
nombre  de  coups.  Quant  è  ce  qui  regarde  It 
grosseur  des  prqjeetiles,-  if.  le  major  llork«a>- 
tem  fait  observer,  avec  Juste  ralsoo,  que  oe  a'eil 
point  là  le  maud  de  ladiflicvllé,  psrcaqaesl 
les  iirejectiles  de  quatre  onces  ne  snfisent  pss» 
on  saura  bien  ea  employer -de  huit;  que  si  crus 
d9  buH  tpti  afmore  trop  pelka,  on^an  aiofiMfqi 


MB  lA  MaTinCAnOM  miMITlYS. 


W9 


k  le  foiiiie&UoD  irréguiière  ;  on  peut 
hii  faire  siûfre  les  uiiuosilés  d'une  en* 
ceinte  déjà  iracée«  ceux  d'une  rivière, 
d'une  ebainedc  hauteurs  ou  de  la  mer. 
On  pei|t  égidement ,  suivant  ce  sys- 
tème, fortifier  les  endroits  trop  res* 
serrés  pour  la  ligne  bastioonée,  et  les 
rendre  «isceptibles  à  peu  près  de  la 
même  défense  que  les  grandes  places. 


de  feiie;  qn*enfln,  si  ccax  d*an6  livre  M  «ont 
pas  encore âsseï  gm,  od  esemploitrâ  de  deux, 
de  tiH^ii,  etc.  Yojejc  fon  ouvrage  écrit  en  al- 
lemand ,  2  >ol.  in-4,  inlitulé  : 
Versuch  zu  einem  iBhrgebâuâê  dêr  theoriteh- 
praetitehen  artiUerie  wU»nsehaft.  ^on 
Cerl  Friedrich  B^rkentttiny  majur  in  *on<- 
fUeh  norme§i$ehêi¥  dienste,  rUtif  von 
S^hwéfdforden,  Btrlin,  1892.  *  Gedruehi 
und  verUgt  bey  G.  Reimer. 
Ceiu  mémei  qui  se  sont  le  plus  ailacbës  à 
raire  la  critique  de  mon  sjstème  de  défense  par 
les  feos  verticaat  convienneni  tous  que  Jasqu*i- 
d  on  ft  en  la  tort  de  négliger  beaucoup  trop  ce 
moyen,  nnanimement  recommandé  par  les  pluf 
célèbres  ingénieurs.  Cet  aveu  me  suffit.  Je  n'ai 
ccriatnement  pas  eu  U  pensée  de  m'en  attribuer 
la  décoaverte,  puisque  j*ai  moi-même  invoqué 
ranlorHé  de  cea  maîtres  de  l'art  par  la  citation 
^pne  J'ai  fsite  de  Uml  ce  qu'ils  ont  dit  de  plus  Tort 
à  ce  a«jel.  Biais  si  ce  moyen  de  défense  n'éiait 
pas  nouveau  en  tbeorie,  il  l'était  au  moins  dans 
la  pratique;  je  pouvais  donc,  ainsi  qiic  Je  l'ai 
fait  dans  mon  ouvrage,  mcrélre  réservé  pour 
en  dire  1  appDcatlod  dans  quelque  «ocaaion  im- 
portante. Je  pourrais  Uire  ok^erver  aussi  qu'il 
y  a  quelque  diCTé^ence  entre  remploi  des  feui 
courbes  comme  moyen  simplement  auxiliaire, 
ainsi  qu'on  Ta  toujours  fait,  et  remploi  de  ees 
viémes  feui  comme  moyen  principal  (quoique 
noltément  cMluslf),  comme  Je  Pai  propeaé;  car 
cette  difrérence  cbange  totalement ,  non  seule-* 
ment  le  aysiéme  général  de  la  défi^nse,  maia 
encore  celui  de  larmt  ment,  et  ce!ul  delà  cons- 
tmctiott  même  des  places. 

En  dernicte  analyse,  û  seule  objection  plaa-' 
4ible  qui  m*ail  été  faile  est  celle  de  dire  :  Vos 
projecUica  sont  trop  petita;  or ,  à  cela  il  y 
a  amai  une  seule  réponse  à  faire  :  Employai- 
en  de  plus  gros,  les  pierres  ne  manquent  pas. 

Sans  me  livrer  à  de  vaines  discussions  sur  le 
mérite  compiraïKdea  umea  aneleiinei  et  des 
dmaa  WMivêlkf ,  il  a»  iqrAt  de  ipvo^  fBCwm9 


Par  exemple  »  \o  moindre  iari  oirré 
bastienné,  en  lui  donnât  pour  cdté 
^térieur  troiseents  mètres  seoleme^t, 
exigerait  un  emplacement  de  q^atin- 
vingt-dix  mille  mètres  4airrés  entre  les 
quatre  cAtés  extérieurs,  et  cependont 
ne  procurerait  qu'une  fortifiealion 
étranglée  et  très  mauvaise  à  4ous 
égards:  tandis  qu'une  enceinte  df- 

ll^cbe  est  meurtrière  pour  que  Je  lui  donne  la 
préfétvnce»  même  sur  Isa  armea  à  feu.  loraqée 
rusage  en  est  plus  ter  et  plus  cojnmoda*  loi. 
par  exemple,  je  crois  qu'on  pourrait  employer 
avec  succès  des  arcs,  des  arbalèles  ou  la  fronde, 
pour  rempTSccr,  au  besoin,  les  plerrlers  dans 
les  chemfns  des  rondes  des  rouvre^'fecefl  et  du 
oérpa  de  placer  liea  morticrt  portaiill  de 
Cobeorn  pourraient  y  être  d'un  «eelleal  impo 
de  même  que  le  petit  moriier  à  main  quelTai 
proposé  pour  tirer  par  les  créneaux.  Si  les  In- 
convénlens  auxquels  on  prétend  que  cetoi-cl  est 
fujet  ne  aont  pas  entièrement  Imagtnairei,  4u 
moins  est-il  miUemoyena  d*y  remédieri  solian 
diminuant  convenablement  la  cbarge  de  pou- 
dre, soit  en  augmentant  l'angle  d'inclinaison, 
soit  en  l'armant  d'un  Tort  crochet,  pour  empê- 
cher le  recul.  Quand  même  la  portée  de  cette 
arme  serait  réduite  à  Iranle  ou  quarante  taista 
aeulemeot  par  la  diminution  de  la.  charge  de 
poudre ,  eile  serait  encore  très  précieuse,  par* 
ce  que,  lancine  ainsi  de  l'iniérieur  d'un  ou- 
vrage, elle  aora't  encore  a^sex  de  force  pour 
f^nchir  lea  ftiMés  les  plua  larges,  et  aller  lom- 
ber  dans  lea  batteriea  Ut  brédbt  ai  lea  contet- 
batteries  de  l'ennemi. 

J'ajouterai,  par  occasion,  que.  malgré  le  ridi- 
cule qu'on  a  voulu  jeter  sur  l'expédient  proposé 
par  M.  Flacbon  de  la  Jomarière.  de  détremper 
au  moyen  de  pompes  les  terrea  du  loKsrocnt  do 
t'aone  mi ,  je  persista  à  croire  que  ce  moyen 
pourra  s'utiliser.  Si.  par  exemple,  lorsque  l'af- 
siégeant  donne  l'attautau  bastion.  Il  y  avait  au 
bas  du  rempart,  derrière  la  brèche,  plusieuta 
pompes  dont  les  Jeta  retombassent  aur  cette  brè- 
che, Je  doute  fort  qu'il  lui  fat  poasibk  d*y  awa- 
ter,  et  encore  moina  d'y  établir  un  logeant.  Il 
y  a  des  personnes  auxquelles  il  ne  .faut  point 
proposer  d'innovations;  ce  n'est  cependant  que 
par  des  innovations  que  les  arta  font  des  pré- 
grès. Lea  premieii  eiMia  en  toutes  «boaea  aant 
ordinaireaieat  irèa  impivfeilsi  naia  lia  rqifer- 
i^ent  qneit^uafoia  la  f^riMe  de  vérUdf  aaiti* 


1M 


Mm  LA  WWmtàTlM  VftHUnVB. 


cUlifre  Al  rêjam  de  cent  mètres,  qui 
a*êxtgeniil  q^'un  einpiacemeiit  de 
trente  Mille  mètres  carrés,  c'es(<44lre 
te  tien  seulement  da  fort  dont  on  vient 
de  inrler,  disposée  soif  ant  le  nouveau 
tfstène,  pourrait  Hiire  une  excellente 
puee* 

Au  premier  eoupHl'oBil  on  poorrait 
croire  qoe  la  dépense  da  nooveaa  sys- 
tème. Ici  proposé,  doit  être  plus  consi- 
dérable que  celle  du  système  de  M.  de 
Cormontaiiif  ne  ;  mats  avec  en  pea  d'at- 
tention ,  on  reconnaîtra  facilement  que 
e^est  le  contraire,  et  qu'on  peut  la  ren- 
dre encore  beaucoup  moindre  san9  al- 
térer essentiellement  ses  propriétés. 

1*  Le  mouvement  des  terres  pour  les 
déblais  et  remblais  est  beauconp  moins 
^spendieui  dans  le  nouveau  système 
que  dans  l'autre,  parce  que  lés  fossés 
iOBfc  moiiis  profonds,  et  que  les  eica- 
nations  s'y  font  sans  épuisement  d'eau. 

S*"  Les  murs  du  nouveau  système , 
étant  tou9  circulaires,  exigent  beau- 
eoup  moîos  de  développement  pour 
renfermer  un  espace  donné,  que  ceux 
qol  ont  une  forme  angulaire  ou  bas- 
tionnée. 

3"  Ces  murs  étapt  détapbés  des  terres 
•xigent  moins  d'épaisseur,  etœux  aux* 
quels  j'attribue  six  pieds  d'épaisseur, 
par  exemple,  peuvent,  sans  nuire  es- 
sentiellement à  leur  solidité,  être  ré- 
duits à  cinq  ejt  même  à  quatre.  De 
plus,  leurs  peremens  étant  verticaux , 
ees  murs  ne  sont  point  sujets  aux  dé- 
gradations qui  minent  en  peu  d'an- 
nées les  murs  terrassés  ou  eu  talus. 

fc«  Lm  mon  d'escarpe  et  de  contres- 
earpe  du  neuveau  système,  ainsi  que 
oeux  qui  sont  dans  les  coupures  du  gla- 
cis, sont  beaucoup  moins  élevés  rcspec* 
tivémeut  que  ceu;(  d'escarpe,  de  cou- 
•  tresearpe  et  de  getfo  de  l'ancien. 

P  On  peut ,  sans  Inconvénient  sen«- 
siHè,  supprimer  etetiferélment  la  con* 


treacarpe  en  nomreau  tyetèRae,  en 
substituant  un  ample  tahia  en  terra 
ou  un  glacis  à  contre^pente  ;  on  peot 
également  supprimer  le  controHaar 
de  trois  mètres  de  hauteur  et  de  troif 
pieds  d'épaisseur,  étabK  dans  le  che- 
min  des  rondes  du  corps  de  place 
pour  arrêter  les  projectiles  qui  roirien^ 
sur  le  talus,  et  y  suppléer  par  aae 
simple  tranchée  faite  au  pied  de  ce 
talus. 

6*  L'immense  quantité  de  pierni 
de  taille  employées  dans  le  systètnc 
actuel  poir  revêtir  les  angles  saillans, 
et  pour  les  soubassemeps  dans  les  fos- 
sés pleins  d'eau,  est  d'une  trèsgraade 
dépense,  qui  n'a  pas  Keu  dans  le  noo- 
veau  système,  où  tontes  les  fonda- 
tions, d'ailleurs,  se  font  è  sec. 

T"  Le  terrain  occupé  par  la  fortift- 
cation,  et  qu'il  faut  par  eooséqaeat 
acheter  des  parttculiers,  est  beancoap 
moins  considérable  dans  le  noQveaa 
système  que  dans  l'autre. 

8°  Le  nouveau  système  dispense  da 
palissadement  et  d'une  ioMnenaequaa- 
tité  de  barrières,  de  rampes,  de  tan- 
bours  en  charpente,  etc.,  qui  devien- 
nent bientét  inutiles  si  la  place  n'est 
point  assiégée. 

Je  fais  abstraction  dea  feirancheaeas 
et  autres  ouvrages  accessoires,  parée 
que  c'est  pour  un  système  comme 
pour  l'autre. 

D'apiès  ees  considérationa,  et  «as 
entrer  dans  te  loésé  oiroonstandé  de 
chacun  d'eux ,  il  est  évident  que  la  dé- 
pense du  nouveau  système  est  tout  sa 
plus  moitié  de  celle  du  système  de  H.  de 
Gormontaiogiie. 

On  peut  renforeer  de  pinstean  aa- 
nières  le  système  dont  on  vient  de  par- 
ler. La  première,  et  la  plus  Importante, 
est  un  retraocbçmeot  général,  c'est- 
àniira  une  neuirelte  eneeiuto  en  de- 
dans de  M  prcmiefe,  et  Msant  ton  is 


0IUI 14  mmmwnm  nmrnn* 


m 


Ifilir  ifi  la  place  iptérienrement  :  cette 
Movelle  enceinte  est  Biuceptible  de  ëi- 
v«rs  degrés  de  force  ;  on  peat  se  con- 
^epter  d'en  fairq  un  simple  mur  de  ci- 
bitubitioo ,  pour  l'instant  où  renoemi . 
iéjl  maître  do  corps  de  place,  serait  par* 
!nw  à  J  éUMk  ses  batteries  de  brtehe. 
l^V^  ce  CM,  U  suffit  d'un  bon  mur  cré* 
,ffllé»  isolé  49  rempart  p«r  une  rue,  et 
mtffi  depiMs  le  sol  de  la  place  jusqu'à 
^|l  bant^  de  la  crAte  i^  oième  rem-» 
■art*  Si  roQ  Teot  augmenter  la  força 
fece  ratraochemeot ,  on  adossera  à  ce 

K^  eu  4(4eoB  de  la  place,  une  suite 
sades  à  l'épreuve  de  la  booibe,  de 
iç|!t  9u  huit  toises  de  profondeur,  sur 
)^|aqiielles  ou  établira  uq  terre^plein 
pour  les  batteries  de  canops,  soit  dé-* 
çonrertes,  soH  blindées,  dont  le  para- 
Mt  sera  en  pierres  ou  eu  briques,  at-* 
laftda  qn*il  ne  peut  être  aperçu  de  la 
jpavipagne.  Les  arcades  qui  sout  w 
deMOQS  forment  autant  de  sopterraios 
peur  aenrir  de  magasini  et  même  de 
casernes. 

Mab  le  mieux  serait,  en  eifet,  de 
eoDstrqire  une  caserne  défensive  qui 
lit  tout  le  tour  de  la  place,  en  laissant 
0Dtre  èUe  et  le  pied  du  rempart  une 
ki^  esplanade  cpii  servirait  au:^  exer- 
dces  de  la  troupe,  ainsi  que  de  parc  i 
rariillerie  et  pour  les  effets  de  la  for- 
tlllcation ,  et  ou  Ton  pourrait  réserver 
liii  emplacement  pour  servir  de  pro- 
menade publique.  Il  fout  toujours  de 
grandes  casernes  et  de  vastes  ^uter- 
ni&a  dans  iMie  place  assi^ée^  pour 

£*eDè  soit  capable  d'une  bonne  dé- 
ise;  et  la  dispositiop  ipdiquée  ici 
«se  paraît  la  meilleune.  Au  surplus , 
Vla-I^vls  des  parties  de  l'enceinte  qiM 
aont  éloignées  des  froat^  attaqifables. 
In  dâtore  pourrait  être  rédujte,  comme 
m  Ta  dit  plus  haut,  i  un  ^mple  nuir 

Qm  aaeoode  ipiavi^  ^  mfSfW 


l'enceinte  de  la  place  serait  de  pro;or^ 
ger  la  queue  des  glacis  jusqu'à  six 
pieds  au  moins  au*dessous  de  Teau  « 
lorsque  le  terrain  s'y  prèia ,  en  éloi- 
gpant  d'autant  la  contrescarpe,  qui 
aurait  alors  beaucoup  plus  de  hauteur, 
et  régnerait  ainsi  derrière  un  fossé 
plein  d'eau.  Comme  cette  contres- 
carpe serait  toujours  vue  dîrectemeo 
fin  plein  depuis  le  corps  de  place, 
aipsi  que  le  fossé ,  la  descente  et  le 
passage  de  ce  fessé  plein  éprouve- 
raient de  grandes  difficultés.  L'assiégé 
se  ménagertiit  ses  communications  par 
de  petits  ponts  da  bois  ou  de  petites 
chaussées. 

Une  troisième  nsanière  de  renforcer 
les  parties  faibles  de  l'enceinte  serait 
4e  construire  au  haut  de  la  controH- 
carpe,  à  quelques  toises  eu  avant  du 
bord ,  une  chaîne  de  fortins,  pour  ser* 
Tir  de  postes  avancés,  et  tenir  l'en- 
nemi plus  long -temps  éloigné  de  la 
place.  Ces  fortins  paqvent  recevoir 
toutes  sortes  de  fonnes,  comme  ceUes 
de  redoutes,  de  flèches,  de  lunettes, 
suivant  les  circonstances;  on  y  entre 
par  des  passages  souterrains ,  dont  la 
porte  est  dans  le  nuir  de  contrescarpe, 
dont  le  fortin  doit  être  assez  proche 
pour  en  être  défendu  par  des  grenades 
jetées  è  la  nMin  ;  chacun  de  ces  fortins 
doit  aussi  pouvoir  se  défendre  isolé- 
ment, en  jetant  des  grenades  de  son 
intérieur  sur  le  logement  de  l'ennemi , 
lorsqu'il  vient  le  cerner- 

Par  exemple,  poipr  construire  un 
semblable  fortin  en  forme  de  redoute 
carrée,  dont  pu  ifi$  angles  regarde 
la  campagne ,  il  n'y  a  qu'à  examiner 
le  tracé  donné  (planche  I,  fig.  2). 

A  est  une  portion  du  mur  de  la  con- 
trescarpe ijaos  tequel  est  pratiquées 
une  porte  dont  le  seuil  est  au  niveau 
d/e  rayantr-fossé  qui  aatdnrrjèra,  ou  uii 
nw  nkr4«HU9  de  Vên»  «'H  j  m  ^ 


dans  cet  amnt^fa^.  l>e "cette  porte ,  |  dont  ih  j»otjr  «^on  parapet,  denx  poor 
on  Gomamniqve  de  plain-pfSed  par  uo 
^ssagé  dooterrain,  voAlé  à  l'épreave, 
de  six  à  hùU  toisea  ^eoleinetiC ,  à  Thi- 
térienr  de  la  redeute»  par  Tun  des  an- 


fies;  ce  aonterrain  dctt  se  fermer  par 
une  double  porte  à  rentrée  et'  a  la 
sortie.  €elte  redoute  n'est  autre  chose 
ifu'une  petite  place  d'armes  de  dix  mè- 
tres s6«denent  dé  flice,  close  par  un 
mnr  de  six  pieds  d'épaisseur  et  haut 
de  dtx-'hult,  de  manière  qu'il  domine 
le  terrain  environnant  de  six  pieds. 
Au  niTean  de  ce  terrain,  £*e^t-à^iré  à 
six  pieds  au-dessous  du  sommet  de  ce 
mur  de  ia  redoute,  règne  intérieure* 
•uienl  une  iMmquetfè  de  deux  pieds  de 
'  lafgeor,  prise  sur  l'épaisseur  du  mur, 
dont  le  haut  se  trouYe  ainsi  réduit  à 

•  (|U8tre  pieds  d'épaisseur,  et  forme  une 
espèce  de  parapet,  dans  lequel  sont 
peircés  des  créneaux  de  trois  en  trois 

'  pieds  ;  et,  entre  ces  créti^ux,  sont  des 

•  dés  de  pierre,  pour  exhausser  le  soldat 
lèTsqn'U  veut  tirer  ou  jeter  des  grèna- 
lies  par-dessus  ce  parapet  -,  on  monte 
à  cette  banquette  par  des  gradins.  Il  y 
a,  dans  hi  partie  inféfieiife  de  ce  mur, 
un  second  rang  de  créneaux,  pratiqués 
sous  de  petites  arcades,  pour  abriter  le 
soldat,  et  dont  le  seuil  est  d'un  mè- 

'tre  aùHlessus  du  terre«-plein  de  la  re- 
doute. 

Cette  redoute  est  entourée  de  tous 
eMés  par  un  fossé  de  six  mètres,  ex- 
cepté à  l'endroit  du  passage  d'entrée, 
'^i  est  séparé  de  ce  fossé  par  un  mur 
^nelé  semblable  au  premier.  Ce  fossé 
tst  de  plain^ed  avec  le  terre-plein  de 
la  redouté,  et  son  mur  extérieur  ne 
s'élèf e  qu'a  là  fiauteur  de  la  cohtres- 
carpe. 

Au-delà  de  ce  fossé,  mais  seulement 
vis-à-vfs  des  deux  faces  extérieures , 
est  le  oouvre^ace  de  la  redoute ,  au- 
'i|uel  je  dcHine  dix  mètres  d'épaisseur. 


le  talus  extérieur  de  ce  parapet,  et 
deux  pour  là  baifiquette  qui  est  der- 
rière. La  hauteur  de  la  crête  de  ce 
couvre-face  est  ta  même  que  celle  da 
mur  de  la  redoute. 

Ce  couvre-face  est  revêtu  et  entouré 
d'un  fessé  qiii  est  de  plaln-pied  avec 
l'autre,  et  vient  se  réunir  à  lui;  il  en 
est  seulement  isolé  par  un  mur  cré- 
nelé placé  dans  l'alignement  des  faces 
intérieures  de  la  redoute,  mais  qui  ne 
S'élève  qu'à  là  hauteur  de  la  gorge  da 
couvre-face,  et  se  termine  en  dos  d'Ane 
au-dessus. 

On  communique  de  Tintérieur  de  la 
redoute  au  petit  fossé  clos  qui  la  sé- 
pare de  son  couvre-face,  par  une  porte 
de  quatre  pieds  seulement  de  hauteur 
et  huit  de  largeur,  aDn  que  l'ennemi, 
s'il  voulait  pénétrer  dans  l'intérieur  de 
la  redoute  par  ce  petit  fossé,  ne  put  le 
faire  que  dilTicnement,  en  se  baissant 
beaucoup,  et  en  défilant  un  par  un, 
dans  cette  redoute,  au  milieu  des  dé- 
fenseurs. On  donne  trois  pieds  de  lar- 
geur à  ces  portes,  pour  qu'elles  puis- 
sent servir  à  ramener  les  blessés;  on 
monte ,  du  petit  fossé  clos  à  la  ban- 
quette du  couvre-face ,  par  de  petits 
gradins. 

En  examinant  cette  construction,  on 
voit  :  l"*  que  l'ennemi  ne  saurait  coo- 
per  la  communication  du  fortin  i  la 
place,  puisqu'elle 'se  fait  par  une  gale- 
rie souterraine  dont  l'entrée  appar- 
tient à  l'assiégé  ;  2*  que  le  couvre-face 
dé  la  redoute  Tournit  un  feu  de  mous- 
queterie  rasant  sur  la  campagne,  rt 
que  le  peu  de  largeur  de  sa  banquette 
ne  donne  point  de  prise  au  ricochet; 
S<>  que  l'ennemi  ne  peut  aborder  ce 
couvre-face  d'aucun  côté  sans  venir 
s'établir  sur  le  bord  de  son  fossé,  qui 
est  défendu  par  les  fj^enades  que  l'as- 
siégé peut  jeter  à  fa  main,  tant  de  la 


SCR  LA  FOKTiriCATlOK  VUMITIVB. 


^^ 


I 


I  1 


banquette  du  eouvre-face  que  de  celle 
âe  h  fëêmte  éUé-fnèkne;  ^^^  que  si 
Kevinemiteut  se  loger  sur  lé  couvre^ 
^e ,  f I  flfy  trouvera  ^tonl  1è  feu  de 
moinqueterie  des  créneauï  de  la  rè- 
d(»ufe  et  90US  le  jet  des  grenades  lan- 
Gées  i  la  maîD ,  de  son  intérîeur; 
S*  que  quand  même  Tennemf  serait 
maître  du  fosse  extérieur'  du  couvre- 
hee ,  il  ne  )e  serait  pas  pour  cela  da 
Ibssé  intérieur,  et  encore  moins  de  la 
redoute  elle-niême;  •<"  qifén  suppo* 
sant  fai  rédouté  prise  et  oecupée  par 
rènnemt,  on  peut  Ty  accabler  par  des 
grenades  lancées  à  la  main  depuis  le 
hârut  du  mur  de  contrescarpe,  aiiquet, 
dans  ce  cas;  on  aura  eu  soin  de  faire 
une  banquette;  7^  que  cette  petite 
pièce  se  défend  par  elle-même  sans 
le  secours  d'aucune  autre;  et  !nâé- 
péifdattifhenl  de  tout  flanquemènt; 
§^  qu^elIe  prend  des  reterS  sur  la  con- 
trescarpe,  de  manière  qu'on  ne  peut 
couronner  cèfle^ci  sans  avoir  pris  totis 
les  fortins  q\Ah  couvrent  sur  l'éten- 
due dû  front  d'attaque  ;  9*  qu'enfin , 
en  supposant  Une  chaîne  continue  de 
ces  fortins  sur  le  bord  de  là  contres- 
carpe, éloignés  Tun  de  Tantre  d'envi- 
ron cent  mètres,  de  manière  que  cha- 
cune des'  coupures  ftiitës  à  la  Contres- 
carpe pour  les  sorties,  comme  nous 
TavoDS  dit  phis  haut,  se  trouve  placée 
entré  deux  de  ces  fortins ,  ces  sorties 
seraient  efficacement  protégées  dé 
droite  et  de  gauche.  ' 

On  voit,  par  ces  détails,  que  de  sem- 
blables fortins  peuvent  augmenter  con- 
sidérablement la  défense  de  ta  place; 
qu'ils  tiennent  Kea  d'une  première 
enceinte,  et  donnent  le  tempâ  néces- 
saîre  pour  faire  Intérieurement  les  dis- 
posîfiOns'convenables. 

J'ai  dit  qu'on  pouvait  donner  à  ces 
fortins  toutes  sorteLd&formes  :  les  fi- 
gures a,  3,  k,  eu  oBreat  divers  eiem- 


ples,  et  s'expliquent  assez  d'elles-mè* 
mes,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit. 

Un  antre  moyen  d'augmenter  la 
force  de  la  place  consisterait  à  établie, 
sur  la  pente  du  glacis,  des  lignes  de 
contre-approche,  pour  favoriser  les 
sorties  et  prendre  des  rereri  sur  M 
trsfvaux  de  Tennemi. 

De  simples  tronéhées  droites  creu^ 
sées  en  terré,  telles  que  le  sont  les  Ih 
gnes  ordinaires  de  contre-approche , 
né  rempliraient  point  l'objet,  parce 
que  leur  Intérieur  ne  pourrait  être  dé^ 
robe  aux  vues  de  Fennemi  ;  Il  faut  ici 
qu'elles  soient  faites  en  relief  et  en 
zigzags,  c'est-i-dire  qu'elles  soient  for-* 
mées  d'une  suite  de  traverses  élevées 
sur  la  pente  du  glacis ,  en  recouvre- 
ment l'une  de  l'autre,  de  manière  quil 
y  dit  entre  elles  un  libre  passage  que 
l'ennemi  ne  puisse  apercevoir,  mafs 
dont  tous  les  points  soient  vus  et  dé* 
fendus  de  la  place,  problème  qui  peut, 
je  croîs,  se  résoudre  comme  il  suit  : 

Je  trace  (  planche  I,  fig.  5  ),  dans  la 
direction  du  rayon,  une  droite  AB,  de 
la  crête  du  glacis  Jusqu'à  Pavant-fossié 
qui  la  terminé  au  bas  ;  à  droite  et  I 
gauche  de  ce  rayon,  je  lui  mène  deux 
parallèles,  qui  en  soient  éloignées  de 
douze  mètres  chacune ,  ce  qui  fait  un 
intervalle  de  ringt-quatre  mètres  entre 
ces  deux  parallèles,  rétablis  ensuite 
entre  efies  des  traverses  en  recouvre- 
ment,'telles  qd'on  les  wit  dans  la  fl-* 
gure;  ces  traverses  forment  comme 
une  sàlté  de  zigzags ,  dont  les  angle» 
sont  supposés  de  soixante  degrés,  là 
largeur  de  chacune  de  ces  traverses  est 
de  quatre  mètres ,  et  leur  hauteur  de 
deux  ;  de  sorte  que  lé  terre-plein  su- 
périedr  de  ces  traverses  forme  une 
pente  parallèle  à  ce  glacis,  commandé^ 
de  deux  mètres  par  le  parapet  du  corps 
de  placé,  {a  ligne  serpentante ,  qui 
patte  eiftre  elles^  inarque  le  sentier  de 


i^  fim  u  foûtmcàtiQn  nmmn. 

GommaDioation  de  la  crèta  du  libds  à 
ravaot-fowé  de  la  grande  place  d'ar* 
me»  qui  rigDe  ao  bat  de  te  contrea* 
carpe.  Toutea  les  parties  de  ce  sentier 
lotit  aperçues  du  corps  de  place ,  en 
mime  temps  qu'elles  sont  couvertes 
des  vues  du  dehors  par  les  traverses 
eUes-ro£mes{  ces  traverses  couvrent 
^leanent,  par  leur  relief,  te  crête  du 
gteeis  par  où  se  font  les  sorties.  Enfin, 
il  est  évident  que  Tassiégé  peut,  non 
seulement  se  servir  de  ces  traverses, 
comme  parapets,  pour  faire  feu  sur 
l'assiégeant ,  mais  encore  déboucher 
partout ,  à  droite  et  à  gauche ,  entre 
elles,  sur  les  travaux  de  l'enneoNi,  pour 
l'attaquer  de  flanc  et  de  revers,  ou  tirer 
par  Ici  iulcrvalles. 

Je  suppose  qu'il  j  ait  de  semblables 
lignes  de  contre*approcbe  de  cinquante 
ep  cinquante  mètres,  ce  qui  occupera 
près  de  te  moitié  de  te  surface  du  gte* 
cis  ;  alois  l'ennemi  ne  pourra  exécuter 
ses  opérations  à  cAté  de  ces  lignes, 
sans  se  voir  continuellement  harcelé 
4e  droite  el  dte  gauche.  S'il  prend  te 
parti  d'étendre  ses  tranchées  des  deux 
côtés ,  pour  s'en  en^arer,  U  en  ren- 
contrera d'autres  plus  loin;  ainsi, 
quelle  qgoe  soit  l'étendue  tpCH  veuilte 
f^mbrasser,  il  aura  toi^ours  une  de  ees 
lignes  de  eootre^approche  très  près  de 
lui,  sur  chacun  de  ses  flancs.  On  œn- 
ceit  que  ces  ouvrages  doivent  être 
faits  d'avance  ^  et  q|ii'ii  faut  les  met* 
tre  an  nombre  des  ouvrages  perma«* 
pens, 

£nfin,.un  moyen  dont  on  pepte»* 
çore  se  servir  poqr  augottnter  te  forea 
de  ce  système,  consisterait  à  ptenter  et 
entretenir  soigneusement,  ai  haut  éje 
la  contrescarpe,  une  forte  haie  vive  de 
huit  ou  neuf  pieds  de  hauteur,  avec 
une  berme  de  quelques  mètres  en  de- 
dans, sur  le  bord,  et  qui  fera  tout  te 
toui  de  te  place. 


Cette  benne  smriisa  mmmt  iu 
prenUer  cbeann  des  rondes  poor  ean 
pécher  tes  surprises  et  te  reconnsis* 
sauce  de  la  pteoe;  car  celni  qui  est  an 
dedans  voiteehii  qui  est  en  dehors  da 
loin  et  sans  être  vu. 

Les  avantages  que  procure  cette  hsia 
vive  regardent  moins  te  front  d'atta- 
que lui-même  immédiatement,  que  \m 
portions  de  Tenoeinte  qui  en  sont  k 
pins  poignées,  parce  qu'elte  dérobée 
te  vue  de  l'enneoii  ce  qui  se  pasM  an 
cet  endroil  sur  te  glacis;  de  torte 
qpi'on  peut,  par  exemple,  y  faire  psr- 
quer  te  bétail  nécessaire  à  te  coomoh 
mation  de  te  garnison.  On  peut  ami 
j  faire  des  manœuvres  et  des  dispoé- 
tiens  pour  tomber  en  ordre  et  en  farasi 
même  avec  de  te  cavalerte  et  de  l'ar* 
tillerie*  sur  les  derrières  dn  front  d'aï» 
taque,  par  te  grande  ptece  d*armes  si 
avant-fossé,  en  appuyant  Tune  des  si* 
les  i  te  contrescarpe,  tersqne  reoaemi, 
après  te  descente  de  ^  avauMesiéi 
s'avanoe  en  cheminant  sur  te  glacis. 

Si  l'assiégeant  pepse  qu'il  lui  soit  né- 
cessaire de  détfuire  cette  haie,  soit  sa 
te  coupant  à  la  main,  soit  4  coups  de  es- 
non,  ce  ne  sera  pas  sans  une  grandi 
perte  d Vnv>^^  m  une  greuda  coar 
sommation  de  mnnitiqns  de  guena. 
Dans  tous  les  cas ,  elle  wm  iwdu  dsi 
services  importens»  surtout  celui  d'enh 
pêchiv  te  reconnaissance  de  l|t  place* 
L'assiégé  coupe  lui-mêm^  ensuite  lei 
portions  de  cette  haie  qui  pourraieat 
lui  dérober  les  manc^vreé  de  l'enaa» 
mi,  ce  qui  ne  sera  nécessaire  qu^aprèi 
l'achèvement  cte  la  s^nde  parallèle, 
parce  que  jusqu'alors  on  voit  très  bica 
les  cheminemens  it  U  tranchée,  de- 
puis le  rempart,  par-^èiaus  te  liste. 


Nia  lA  MATlftGftnOM  tMllinVBt 


fil 


SU- 

Ap^iMtton  lies  prlndpff  esposdâ  (htli  le  pirt- 
grapto  pHeédml,  à  l'aoïéiiortikMi  dis  Ifitè^ 
met  buiioidiés. 

I^es  observations  développées  dans 
le  paragraphe  précédent  peuvent,  jus- 
qu'à un  certain  point  «  s'appliquer  à 
ramélioration  des  systèmes  bastion- 
nés  ;  tel  est  l'objet  de  ce  second  para- 
graphe. 

Pour  cela,  je  reprendrai  le  plan  que 
j'ai  proposé  dans  mon  Jr«i<^  d€  im  D^ 
fenst  d€ê  Placée,  en  y  faisant  des  bm>- 
difications  propres  à  rendre  plus  sen- 
sibles les  avantages  qu'on  peut  tirer 
de  l'emploi  des  Ceux  courbes  combinés 
avec  le^  retours  offensifs* 

La  fig.  1,  planche  II»  représente  le 
plan  d'un  des  fronts  du  système  pro- 
posé; je  suppose  que  ce  front  appar* 
tienne  à  un  octogone  régulier. 

Je  trace  la  ligue  magistrale  du  corps 
de  place  comme  dans  le  système  or- 
dinaire de  M.  de  Vauban,  c'est-à-dire 
que  le  cAté  eitérieur  est  supposé  de 
cent  quatre-vingts  toises,  les  faces  des 
baations  d'environ  cinquantenleux  toi- 
ses, les  flancs  à  peu  près  perpendicu- 
laires aUK  lignes  de  défense* 

Derrière  le  reviiteaient  ou  mur  d'es* 
carpe  »  que  je  suppose  avoir  9ix  pieds 
d'épaisseur,  et  ving^uetre  piecb  de 
hauteur  au  dessus  du  fond  des  fossés  y 
est  le  rempart  en  terre ,  oeaaposé  : 
1'  d'un  chemin  des  rondes  large  de  sit 
pieds  V  et  aussi  de  six  pieds  plus  bas 
que  le  dessus  du  mur^  La  portio»  de  ce 
mur,  qui  couvre  le  ohemin  des  rondes, 
est  crénelée;  V  d'un  pars|»ei  en  terre 
élevé  de  douie  pieds  au-dessus  de  la 
nmmlle,  et  lame  de  sit  toisas,  savoir  : 
trois  toises  poiv  son  terreirieia,  et 
trM^  (oisea  peur  «on  talus  ealéfieut« 


qui  se  lenmM  en  Imé  m  cbeniin  des 
rondes  ;  S^  du  teire-pMn  du  rempart 
destiné  à  rartiHerie,  de  sept  totSes  de 
largeur,  sans  eomptertes  rampes  et  le 
talus.  On  communique;  de  l'intérieutr 
de  la  place  au  chemin  des  rondes,  par 
des  passages  soutemrifls  pratiqués  sous 
le  rempart. 

Derrière  ce  rempart  est  une  rue  de 
dii  ou  dottie  mètres  de  largeur,  après 
laquelle  vient  le  retranchement  géné^ 
rai  faisant  tout  le  tour  de  la  place  $  el 
composé  :  i^  d'un  revêtement  dé  six 
pieds  d'épaisseur^  et  élevé  jusqu'au  ni- 
veau de  la  crête  du  pampet  qui  est  euh 
avant,  c'est<^*è^ire  de  vingt- quatre 
pieds  aihdessus  du  sol  de  la  place.  La 
portmn  de  ce  retrahebement  qui  ré*- 
pond  à  la  gorge  du  bastion,  est  per* 
pendiculaire  à  la  capitale;  2^  d'un  ter- 
re-plein établi  à  deux  toises  au-des- 
sous du  haut  du  revêtement  ^  et  dont 
la  largeur  etot  A»  seite  mtires,  sRn  de 
pouvoir  y  cousiruire  des  batterie!  Min-^ 
dées,  dent  nous  douneroils  Pexplica^ 
tiou  phis  bas;  8*  tfutt  espace  suffisant, 
derrière  le  terre^^pldn ,  pour  les  rsm^ 
pes  et  les  talus. 

En  svant  de  la  portion  de  ce  retran-' 
chôment  «  qui  fliK  fice  I  lé  gorge  du 
bastion,  est  M  épatleméM  en  telte, 
pour  couvrir  le  revêtement  qui  est 
deiTièle,  eontre  les  cbupft  de  ricochet 
qui  peuvent  tetiir  dans  le  sens  de  li 
capitale,  et  pour  servir  de  parapet  à 
une  batterie  de  mortiers  et  de  pfer- 
riers,  qui  sera  dressée  peMant  le  sié» 
ge4  et  dont  reflfet  doit  être  d*émpêcher 
le  logement  de  retmêmi  «m"  les  faees 
des  bastions. 

Au-devant  de  la  eonrUoe  est  la  te- 
naille avec  son  aratft^cof^s ,  que  |é 
nommerai  ensemble  houki^art  contrat; 
le  tout  est  revêtu  ;  niais  l'escarpe  a 
dtx-4mit  pieds  de  hauteur  au-dessus 
dti  têêé  dtt  foMêf  tft  Ik  gofgo  deotè 


7S9 


ftVR  LA  P0RTfnC4TIOK  MlfMlTlTK 


^uleioeiit,  c'eii-à-ïdire  que  celle-ci  esl 
4e  niveau  avec  le  teiraÎD  naturel.  Les 
ailes  sont  dans  le  prolongement  des 
faces  des  hastioas.  Les  faces  de  l'avanlr 
oorps  sont  alignées  aux  angles  de  flanc 
du  corps  de  place^  et  le  sommet  de  son 
angle  saillant  est  le  point-^miiieu  dtt 
rôté  eitérieur  du  polygone  ;  de  sorte 
(|Ae  les  trois  angles  flanqués  des  deux 
bastions  et  du  boulevart  central  sont 
en  ligne  droite.  Les  flancs  de  ce  bou- 
levart sont  perpendiculaires  aux  lignes 
de  défense  V  et  leur  longueur  est  de 
seize  à  dix-huit  mètres.  La  crête  du 
parapet  de  ce  même  boulevart  est  de 
six  pieds  au^essous  de  celle  du  corps 
déplace,  ou  dix-huit,  pieds  au-dessus 
du  terrain  naturel  «  il  est  séparé  de  la 
courtine  et  des  flancs  des  bastions  par 
un  fossé  de  six  à  huit  mètres. 

En  avant  du  boulevart  central  est  la 
denû-lune ,  qui  a  le  même  relief  que 
lui  ;  ses  branches  ont  vingt4iuit  mètres 
de  l9rgeur,  savoir  :  huit  mètres  pour 
le  terre-pleia,  y  compris  la  banquette, 
et  dix  mètres  pour  chacun  des  talus , 
qui  sont  à  terres  roulantes;  le  bas  de 
son  talus  extérieur  est  aligné  à  Tangle 
d'épaule  du  bastion.  Cette  demHune , 
étant  de  mêfne  relief  que  le  boulevart 
central,  empêche  qu'on  ne  puisse  pren- 
dre de  la  campagne  aucun  ricochet  sur 
celui-ci ,  dont  les  faces  et  les  flancs 
vfMit  couper  les  branches  de  cette  de- 
mi-lune. 

Au-devant  46  chacun  des  bastions 
et  de  la  demi-lune  est  une  contre-gar- 
de ou  couvre-face,  dont  le  relief  est  de 
douxe  pieds  au-dessus  du  terrain  natu- 
rel, ou  vingt-quatre  pieds  au-dessus  du 
fond  des  fossés  ;  de  sorte  qu'ils  couvrent 
exactement  les  nsaçonneries  des  ou- 
vrages qui  sont  derrière.  Leur  largeur 
est  de  vingt-quatre  mètres ,  savoir  : 
hi^it  mètres  pour  le  terre  plein,  y  com- 
pri)^  la  bapqttotti»,  et  huît  mities  pour 


chacun  des  talus,  qui  sont  à  terres  rou- 
lantes. 

Les  couvre-faces  des  bastions  n'en 
sont  séparés ,  au  fond  des  fossés ,  que 
de  six  mètres,  aBn  que  du  chemin  des 
rondes,  qui  est  derrière  l'escarpe  de 
ces  bastions,  on  puisse  jeter  a  la  main 
des  grenades  snr  le  tenrè-plein,  cl  jus- 
que sur  le  talus  extérieur  de  ces  pièces. 
Ces  f  ouvre-faces  se  trouvent  ainsi  sé- 
parés à  leurs  épaules,  dont  je  suppose 
les  profils  en  maçonnerie,  par  un  fossé 
d'environ  douze  mètres  du  boulevart 
central,  et  par  un  fossé  de  dix  mètres, 
des  épaules  de  la  demi-lune  et  de  son 
couvre-face. 

Une  traverse  appuyée  a  la  branche 
du  couvre-face  du  bastion  et  parallèle 
à  celle  de  la  demi-lune,  couvre  le  dé- 
bouché qui  existe  entre  Tune  et  l'au- 
tre :  le  relief  de  cette  traverse  est  le 
même  que  celui  du  couvre-face.  Le  cô- 
té opposé  est  terminé  par  un  mnr  qui, 
prolongé  de  part  et  d*autre ,  joint  In 
demi-lune  avec  son  couvre-face,  ce  qui 
forme  entre  elles  un  large  fossé  ser- 
vant de  place  d'arnies.  Le  mnr  dont 
nous  venons  de  parler  est  crénelé  i 
droite  et  à  gauche  de  la  traverse,  pour 
défendre  la  place  d'armes,  d'une  part, 
et  de  l'autre  pour  sauver  l'angle  mort 
formé  par  la  jonction  de  cette  traverse 
avec  le  couvre-face  du  bastion.  Dans 
ce  mur  doivent  être  ménagées  des 
portes  pour  les  communications  et  les 
sorties.  La  demi-lune  est  revêtue  ex- 
térieurement d'un  mur  crénelé,  der- 
rière lequel  règne  un  chemin  des  ron- 
des. La  place  d'armes,  dont  nous  ve- 
nons de  parler ,  fournit  un  vaste  em- 
placement pour  les  feux  verticaux. 

A  l'angle  flanqué  de  chacune  des 
trois  contre-gardes,  dont  nous  venons 
de  parta',  est  établi  un  fortin  à  redoute 
pentagonale,  tel  que  celui  qui  est  in- 
diqué (planche  I,  flg.  3  ^,  peur  doaner 


ilDm  L4  fOATlFICl  1  lUN  FftUlinVE. 


191 


des  feux  rasant  sur  la  campagite»  el  dé- 
fendre les  fossés. 

EofiD^  tout  le  système  de  cette  for- 
tificatioD  est  enveloppé  par  on  i^ds  à 
ooDtre-peote ,  qui  vient  Bnir  dans  le 
fossé  à  dooie  nôtres  des  couvre-foces, 
et  s'étend  da  c6té  de  la  campagne  au- 
tant qn*il  en  est  besoin  ponr  foornir  leà 
terres  nécessaires  à  tous  les  remblais. 

Il  me  reste  à  eipliqaer ,  comme  je 
rai  annoncé  pins  haut,  la  construction 
des  batteries  blindées,  qui  doivent  être 
établies  sur  le  terre-plein  du  retran- 
chement général  vis-à-vis  de  la  gorge 
des  bastions. 

Le  sol  de  ces  batteries  (planche  II, 
6g.  2)  est,  CQmme  je  Tai  dit  plus  haut, 
à  douze  pieds  au-dessous  du  cordon 
du  revêtement:  dans  ce  revêtement 
sont  percées  les  embrasures  à  trois 
pieds  au-dessus  du  sol  ;  ees  embrasu- 
res sont  éloignées  de  quinte  pieds  de 
milieu  en  milieu.  Chaque  pièce  de  ca- 
non occupe  sa  case  particulière  de  neuf 
i  dix  pieds  de  largeur  dans  œuvre,  huit 
pieds  de  hautenr  et  dix  mètres  de  pro- 
fondeur. Les  fluirs  de  refend  sont  donc 
de  cinq  i  six  pieds  d'épaisseur ,  huit 
pieds  de  hauteur  et  dix  mètres  de  lon- 
gueur; ils  ^nt  perpendiculaires  an 
mur  de  revêtement  avec  lequel  ils  sont 
liés  par  la  construction  des  maçonne- 
ries. Sur  ees  murs  de  refend  sont  po- 
sés, de  l'un  à  l'autre,  des  poutres  ou.  de 
simples  corps  d'arbres  en  grume  for- 
mant au-dessus  de  chaque  casetun 
blindage  do  quatre  pieds  d'épaisseur, 
lequel,  par  conséquent,  arasera  le  des» 
sua  du  revêtement.  Enfin,  on  chargera 
encore  ce  blindage  desix  ou  huit  pieds 
de  terre  ou  de  fésdnea,  pour  le  mettre 
entièrement  à  l'épreuve  de  la  bombe, 
La  batterie  est  ouverte  par  derrière 
pour  l'évacuation  de  la  fumée ,  et  il  7 
règne  un  terre^plein  de  six  mètres 
pour  la  facUîlé  desasouvemans. 


Si  l'on  mauquaitoe  nois  ou  œ  temps 
pour  l'exécution  d'un  pareil  blindage, 
on  pourrait  se  borner  A  une  espèce  de 
demî-bllndage,  c'est-à-<lire  qu'au  lien 
de  l'étendre  depuis  le  revêtement  ju^ 
qu'A  l'extrémité  intérieure  des  murs 
de  refend,  qui  ont  dix  mètres  de  lon- 
gueur, on  ne  l'éteudrait  que  jusqu'A 
trois  oa  quatre  mètres  de  revêtement, 
ce  qui  servirait  toqjouia  A  couvrir  les 
caoonnlers. 

C'est  avec  ces  batteries  blindées^  fai 
ne  peuvent  d'ailleurs  être  aperçues  du 
dehors,  et  qu'on  peut,  par  conséquent, 
regarder  comme  indestructibles,  que 
Tassiégé  accueillera  l'ennemi ,  lorsqne 
cehii-ci  commencera  A  paraître  sur  le 
haut  du  bastion,  pour  y  former  s<m  lo- 
I  gement  ou  nid  de  pie.  A  l'elTet  de  ces 
batteries  de  canon  blindées  se  joindra 
celui  de  vingt  A  vingt-cinq  pierriem 
rangés  derrière  l'épaulement  de  la  gor- 
ge du  bastion ,  comme  il  a  été  dit  ci- 
devant. 

Lorsqne  l'ennemi  entreprendra  le 
siégede  cette  place,  il  pourra  se  pro- 
poser d' j  pénétrer,  ou  par  un  senl  bas- 
tion, on  par  les  deux  bastions  d'un 
mèm»  firent,  conune  on  le  fait  ordinai- 
rement. 

Autrefbis  on  attaquait  par  un  sedt 
bastion,  mais  on  a  reconnu  les  incon- 
véniens  de  ce  procédé.  En  efiét,  ou  ces 
bastions  sont  retranchés  d'avance ,  ou 
ils  ne  le  sont  pas.  S'ils  ne  le  sont  pa»« 
et  qu'on  attaque  par  un  seul  bastiou 
l'aisiégé  pourra  s'y  retrancher  pendan 
le  siège  ;  mais  s'il  est  attaqué  par  deux 
bastions  A  la  fois,  il  ne  le  pourra  pas; 
car  il  faudrait  alors  qu'il  Ht  un  retrait 
chôment  A  chacun  des  deux  bastions 
attaqués,  ce  qui  ne  se  peut,  puisqu'il  a 
déjA  bien  de  la  peine  A  en  retrancher 
un,  tant  bien  que  mal.  L'assiégé^ 
daoÉce  cas,  n'euia  donc  pas  besoin  do 
se  kmer  sur  les  bastions  pour  y  établir 

W 


7.'» 


SUA  LA   FOKIiFlCAMON  t»RlMtTlfVB. 


w^H  batteries ,  et  la  place  sera  obligre 
de  se  rendre  dès  qae  les  brèches  y  se- 
ront faites. 

Supposons  maintenant  que  les  detlt 
bAiitlons  soient  nstranchés  d'arance.  Si 
t'ennemi  attaque  par  Tun  des  deux 
seulement,  H  flradni  quMI  s'étnblîsse 
au-dessus  pour  feiire  brèche  au  retran- 
chement; mais  alors  son  logement  sera 
battu  des  deux  bastions  collatéraux 
qui ,  n'étant  pas  eux-mêmes  attaqués , 
n'ont  point  à  s*occupe1r  de  lébr  propre 
défense,  et  rendront  ce  logement  très 
difficile  à  établir.  Si,  au  contraire,  Ten- 
nemi  attaque  tout-A-1a-(bis  les  deux  bas- 
tions d'un  même  fVont ,  les  défénsetirs 
de  chacun  d^eui  ayant  à  pourvoir  à  leur 
propre  sAreté,  concentreront  leurs 
moyens  autour  d'eux,  et  ne  s'occupe- 
ront point  de  l'autre  bastion  attaqué  ; 
o'est  ce  qoedémontre  Texpérience,  car, 
ainsi  que  le  dit  le  généra)  d'Arçon,  a  On 
)i  voit  dans  chacun  des  ouvrages  qui, 
D  de  près  ou  de  loin,  partit ipent  (Via 
n  crise  d'une  attaque ,  qn'il  existe  une 
M  sorte  d*égoïsme ,  dwfuel  il  résulte 
»  qu'on  s'intéresae  infiniment  moins  à 
»  la  Mkotéde  ses  voisins  qu'à  la  sienne 
»  propre.  A  ])eine ,  dit  pareillement 
»  M.  de  Bousmard,  s*aperçoit-on  du 
»  feu  de  flanc  pendant  le  passage  du 
»  fossé  ;  on  est  bien  plus  occupé  des 
n  greiiodes  qu'on  reçoit  du  haut  de  la 
»  brèche,  et  des  parties  de  la  face  en- 
»  core  debout  de  part  et  d'avtre.  » 

Il  est  donc  évident  que ,  soit  qu'il  y 
ait  des  retranchement  propnrés  d'a- 
vance dans  les  bastions,  soit  qu'il  n'y 
eu  ait  pas,  u  est,  en  général,  plus  avan- 
tageux pour  l'assiégeant  d^attaquer 
lout-ft-la-fois  lea  deux  bastions  d>Hi 
même  front  qu'un  seul. 

Cependant  on  doit  aussi  considérer 
le  nombre  di^s  pièces  à  prendre  ;  car, 
dit  .\i.  de  Vaukiii ,  il  «Eut  »'aîlendre  k 
Wki»i  d'affairps.  Si,  par  i  !icm|>le ,  U.^s 


dcmMunes  n'ont  point  de  réduits,  itj 
nura  également  trois  pièces  à  prendre, 
soit  qu'on  atta((ue  par  les  deux  bastioip 
à~1a-1bfs,  soit  qu'on  attaque  pat  Hft 
seul.  Dans  le  premier  cas,  n  fbndi^  l!B^ 
cer  une  demi-lune  et  deui  bastloDi, 
et  dans  le  second  un  bastion  et  deux 
demi-hmes.  Si  les  deux  denAMunëi 
ont  des  réduits ,  et  qu'on  actaqae  pv 
un  seul  bastion,  il  y  aura  cinq  ^èeeii 
prendre,  savoir,  les  deux  demi-lqiMp, 
les  deux  réduits  et  le  bastion ,  tHI^ 
qu'il  hy  en  aurait  que  quatre  en  ilti- 
quant  les  doux  battions  à  la  fols,  savoir, 
la  demi-lune ,  son  réduit  et  lëS  dèttX 
bastions.  Ainsi ,  dans  ce  second  cas,  oa 
aura  un  motif  de  pfais  pour  attaqMï 
les  deux  bastions  è-la-foîs.  Si,  an  co^ 
traire;  il  n'y  avait  point  de  réduits  ma 
demi-lunes,  maïs  qu'il  y  eût  des  con- 
tre-gardes aux  bastions ,  en  attaquait 
deux  d'entre  eux ,  il  y  aurait  cinq  j/Uh 
ces  à  prendre,  savoir  la  demf-lune  dl 
liront,  les  deux  oontre-gardes  et  Itt 
deux  bastions;  tandis  qu'en  attaquant 
par  un  seul  bastion ,  il  n'y  aurait  qé 
quatre  pièces  à  prendre,  savoir,  \à 
deux  demi-lunes,  la  contre-garde  et 
le  bastion.  C^tte  considération  poaf'> 
rait  donc  d('*terminer  è  n'attaquer, 
dans  ce  cas ,  que  par  un  seul  bastioS. 
Dans  le  système  proposé,  if  y  a  neuf 
pièces  à  prendre  avant  d'arriver  an  r^- 
tranchement  général ,  soit  qu'on  atta- 
que deux  bastions  i  In  foh,  soit  qu^ 
en  attaque  wi  seul  ;  savoir,  pour  le  pre- 
mier cas,  les  deux  bastions  attaquM , 
leurs  deux  couvre-fa'-es  (tf  leum  deax 
fortins,  la  demi-lune,  s^  couvre-Aci 
et  son  fbrtin  :  en  tout  neuf  pièces.  Fotf 
te  second  cas ,  il  y  a  fe  bastion  d*atta- 
qoe,  son  eouvre^hce  et  son  IbrNn .  IM 
deux  demf^lnnes,  leurs  deux  couvre- 
fé<^e!»  et  leur»  deux  fortins  :  en  tout  pa^ 
reitiement  neuf  pièces.  Ainsi,  darts  oe 
Ci:s,  piT  !c*  v'.:[:^\  iLTtitions  dCMfUij  j»i!i«* 


9uA'lA'h)BTIF1CATION  PRÛlltivil.  7;rà 

i'âcêinÈ,  n'y  AiiraK  arantage  ponnle  retrancfi^rfient ,  s'il  y  en  a  un; 
'éidégeanti  attaquer  deto  baitîoasà-  '  que  la  rhnte  de  cm  terres  aplanit  la 
•-fois.  >  brèche  et  la  rend  d'un  accès  facile  ; 

ttàft  ai  nctoa  ooiflpift)nê  aM§l ,  tous  !  qu'enfin,  la  trouée ,  qui  exiMe  entre 
\rilhppcH  dh  nonÂre  dea  pièces  à  le  bastion  et  la  tenaille,  donne  à  Tas- 
liMMrfs,  le  ttoitTeau  système  proposé  siégeant  la  faculté  de  faire  brèche  à  la 
iC  '  ifMïmt  actuellement  pratiqué,  i  rourtine ,  et  de  tourner  le  retranche- 
MÉf&f&ni  un  arantage  Immense  en  ment  qui  pourrait  être  fait  à  la  gorge 
féléit  dd  premier,  pulsqti^il  s'y  trouve  dti  bastfoYi.  Or  totrtës  ces  défectuosité 
néllf  pièces  è  prendre  avant  d'arriver  disparaiss<>int  dans  le  nouveau  système. 
M  retranchement  général  »  tandis  que   Pour  faire  brèche  au  bastion ,  il  hut 

d'abord  s'être  établi  sur  la  contrc-^rde 
ou  ravoir  fait  sauter  par  urie  mine,  et 
le  peu  de  lari^enr  de  celles  ne  permet 
ni  run  ni  l'autre  sans  les  plus  grandes 
diiflcnltés.  L'assiégé  conserve  jusqu'à  la 
fin  le  parapet  de  son  bastion ,  la  brèche 
demeure  hante  et  escarpée  ;  et  si  Ten- 
nemi  ne  vient  pas  à  bout  de  détruire  è 
peu  près  tout  le  mur  d'esc^npe  qui  rou- 


Ulàêie  système  actuel  H  n'f  en  a  que 
ptitiie,  éh  supposant  qu'il  existe  un  pa- 
m  înétrahchement,  et  pas  une  seule 
ojfiifiie  le  reGranchement  n'existe  pas, 
xi  «tni  est  le  cas  ordinaire  (1). 

(^e  si  taaintenant  nous  considérons 
à  'dMkddté  de  prendre  chacune  de  ces 
;iiti(M  partlculî^reniient,  nous  trouve- 
"ôiniitueravantageestencore  beaucoup 
im'granddn  même  cAté;  car  si  nousr  vrele  chemin  des  rondes,  l'assiégé  vien- 
90ÉI|parona,  par  exemple,  la  défense  du  dra  par  ce  même  chemin  des  rondes 
ÛÉtlofi  dans  les  deux  cas,  nous  voyons  Taltaquer  sur  ses  deux  flancs  lor^qn'il 
ibe,  dans  le  système  aujourd'hui  pra-  donnera  l'assaut,  ou  le  harceler  dans 
tiMé,  la  brèche  s'ouvre  è  la  face  de  ce  ses  tètes  de  sape ,  s'il  procède  pied  A 
bStfon  dès  que  l'assiégeant  est  logé  sur 
la  |tolnté  du  glacis  de  la  demi-lune  (dé- 
lut  radical  de  ce  système  )  ;  que  son  pa- 
rjmfet  tofribe  dans  le  fossé  avec  l'esr^iipe, 
en  hisse  è  découvert  tout  le  terre*plein 
ijf'tanpaft  qui  est  derrière,  et  même 

m 

(1)  tl  Ml  de  fjiil  qu'une  plseé  qal  n't  point  de 
r%lMitefaeiTCnt,  thifl  que  le  lont  presque  tonlei 
qpil  «Minl  «HmiiPd'htl.  eit  mlie  ea  M^ 
«èe  te  fMlrièBe  Jow»  de  ce  qu'en  peut  «p* 
Bf|j|yi,pnpreincDt  b  déteuc  rapprocliée,  G*esi- 
b^jirt  députe  le  couronnement  du  chemin  coo- 

aef,  per  coUfdquent.  obligée  de  se  rendre  le 
ne  Joar  an  irfUs  lird,  fi  Ton  ne  vent  per 
|yili>>an  ttpieiB  àdlre  eatpertéed^wentr» 
H^^eppe  fue  Veaneari  «il  une  seule  pièce  à 
Hffpdtt.io  jKNirraii  ajouter  que  même  un  ro- 
imchenient  ne  garanlirait  point  la  place  de  cet 
MneînenteflN  de!  parapet»,  que  la  brèche  fti- 
nÉlÉé  dai*  le  fÊtêêt  eumam  eeui  qui  eil<ilent. 
lie^iynidBlt  epyeia  nsedsrwg  ne  remédia  peftni  à 
OfiMHulnH^attf  ;  mels  ses  païUsuM  préiendeM 
|U*U  est  ùnpOMiMe  de  flUre  mieui,  et  que  le 


pied.  Ensuite,  lorsqu^I  voudra  s'établir 
sur  la  brèche,  il  y  sera  pris  de  flanc  et 
de  revers,  A  bout  touchant,  par  le 
boulevart  du  centre,  qu'il  ne  peut 
battre  en  ricochet,  et  par  tout  le  flanc 
de  rantre  bastion,  par-dessus  cebou- 

peu  de  riftistance  dont  il  est  susceptible  tie ht  à 
la  mtnre  même  des  armes  employées  par  Te»- 
sMgmnt;  mels  puisqu'il  eai  p»ne?é  par  l'eipé* 
rienee  que  le  mode  des  atiaquci  eonlrilme  a  in 
reddition  plus  ou  moins  proiopte  de  la  plavs* 
pourquoi  le  mode  de  défense  ne  contribuerai t-Ii 
pas  à  retarder  ou  à  empêcher  cette  reddition? 
Pourquoi  ne  pas  convenir  d'un  faîl  notoire? 
G'eit  que,  depuis  remploi  de  llrlillerie  dans  la 
8;uerre  des  sièges,  les  procédés  de  i 'attaque  se 
soni  infiniment  perfectionnée,  tandis  que  ceux 
de  la  défense  el  de  la  construction  sont  restéx  les 
mêmes,  à  très  peu  de  chose  prèst  11  est  cepen- 
dant difficile  de  croire  que  la  défense  qui.  par 
sa  nalttre«  est  subordonnée  au  mode  d'atuque, 
soit  parvenue,  avant  co|ltM:i,  i  son  plus  haol 
degré  de  perfecHon, 


710 


mm  là  fOETrriciiTion  miuriti^ 


levait  (1);  lorsqu'enRn  il  sera  panreott 
toat  en  haut  pour  fornier  son  nid-de-pie» 
il  s'y  trouvera  sons  le  feu  direct  da  ca- 
non dn  retranchement,  et  sous  la  grêle 
de  projectiles  lancés  par  les  mortiers  et 
pierriers  cpil  sont  rangés  à  la  gorge  du 
bastion. 

La  prise  de  la  contre-garde  4e  ce 
bastion  n'oflBre  pas  moins  de  diflBcultés, 
car  elle  est  battue  de  flanc  et  de  revers 
par  les  feux  plongetns  du  boulevart 
du  centre  et  du  bastion  opposé.  Elle 
est  sous  le  feu  direct  à  bout  touchant 
de  la  mousqueterie  des  créneaux  dn 
bastion  qu'elle  couvre,  et  sous  celui  des 
grenades  jetées  à  la  main  du  chemin 
des  rondes  du  même  bastion,  qui  n'est 
éloigné  du  terre-plein  de  cette  contre- 
garde  que  de  dix-huit  à  vingt  mètres. 
Le  talus  intérieur  de  cette  pièce  étant 
à  terres  roulantes ,  elle  peut  être  prise 
et  reprise  maintes  fois,  avant  que  l'as- 
siégeant puisse  s'en  assurer  la  posses- 
sion définitive.  Les  sorties  pour  faire 
ces  coups  de  main  ne  peuvent  être  em- 
pêchées que  des  logemens  qui  seraient 
établis  sur  la  pointe  même  de  cet  ou- 
vrage ;  logemens  qu'il  est  comme  im- 
possible, de  maintenir  sous  la  multitude 
des  feux  auxquels  ils  seraient  exposés 
de  toutes  parts,  sans  pouvoir  se  couvrir 
par  le  peu  d'espace  qu'ils  occupent, 
prétendre  se  frayer  un  passage  sous 
cette  pièce,  à  la  sape,  malgré  le  contre- 
mineur^lea  sorties,  le  feu  direct  des 
créneaux  «et  la  piniedes  grenades  lan- 
cées du  Mut  de  la  pièce  elle-même,  de 

• 

(1)  On  peut,  à  chacira  des  angles  d'épaole 
perpeodicoliireiiient  à  la  ftee,  établir,  pendant 
le  li^ge,  deaz  pièoet  de  canon  blindécsp  pour 
enfiler  le  chemin  des  rondes.  Ces  pièces  seront 
eonvertes,  contre  le  ricochet,  par  des  pièe^  de 
iMis  inclinées,  jusqu^aa  moment  del'assnut;  alors 
eOes  seront  toot4-coQp  démasquées,  et  l>nne- 
ffH  ne  pourra  pins  tlr^r  sur  elles,  parce  qu'il  se 
•rottYora.  sur  la  brèehe.  interposé  entre  elles  et 
sas  propres  haiMrles. 


la  traverse  qui  s'appuie  Sttr  elle  et  da 
chemin  dea  rondaa,  €st  eneere  ploi 
absurde. 

MAn|  de  pijsndre  eei  ouvrage,  il  faat 
s'être  emparé  du  fortin  qui  est  à  ion 
angle  flanqué.  Or  ce  fortin  est  non 
seulement  défendu  par  les  demi-hiBei 
collatérales  çt  leurs  couvre-faces,  mais 
il  est  par  lui-même,  et  sans  le  secours 
d'aucune  autre  pièce,  capable  d'une 
résistance  opiniâtre. 

De  plus,  il  est  évident  que  l'enoemi 
ne  peut  s'établir  sur  ce  fortin,  situé 
dans  un  angle  rentrant ,  sans  s'être 
préalablement  emparé  de  la  demi- 
lune,  et  que,  pour  être  maître  de  celle- 
ci,  il  faut  d'abord  être  maître  de  soa 
couvre-face  et  de  son  fortin  :  or  ceoi-d 
sont  flanqués  et  défendus  par  une  ioh 
mense  quantité  de  feux,  tant  d'artille- 
rie que  de  mousqueterie.  H  ne  faot 
donc  pas  croire  qu'il  fût  facile  à  l'as- 
siégeant, ni  même  qu'il  pût  luiêtrebrt 
utile  de  se  faire,  sur  la  pointe  de  ce 
couvre-face,  un  logement  pour  obser- 
ver les  mouvemens  intérieurs  de  l'es- 
siégé  ;  car  cehû-d  l'aurait  bîentêt  dé- 
busqué d'un  poste  si  mal  soutenu.  Eo 
effet,  cette  pointe  est  battue  par  toate 
l'artillerie  des  tèct$  des  bastiims ,  par 
une  grande  partie  de  celles  de  la  coor- 
Une  et  du  boulevart  central,  et  par 
tout  le  développement  de  mousquete- 
rie des  deux  couvre-faces  des  deax 
bastions.  U  n'existe  pua  un  aonl  poial, 
dana  toute  la  fortiflcalioii ,  sur  hMpel 
on  puisse  concentrer  une  si  graade 
quantité  de  feux  de  tous  genres.  Si, 
néanmoins,  l'assiégeant  veut.i  toat 
prix  se  maintenir  sur  cette  point»,!! 
sera  indispensable,  atnai  que  le  prescrit 
M.  de  Vauban  pour  tous  les  cas  aaa* 
logues ,  qu'il  pousse  son  logement  de 
droite  et  de  gauche  jusqu'aux  extré* 
mités  des  bmnehea,  iutraMot  l'i 
gé  reviendrait,  par  cea 


•m  jjk  FonTincATmif  nuaurrrx. 


m 


che»,  mmpifsrpHrMis  deas  flânes,  en 
nontant  à  Timproviste  sur  ces  deu 
brattcfaes,  uÂl  fêr  les  rampes,  soit  par 
/es  talas  intériêfors,  qiii*smt  à  terres 
roQlaiites,  et  qa'on  peut  adoucir  aviaot 
qa*on  le  ?eQl. 

En  veilè ,  je  pense ,  asset  ponr  oon- 
vnnae  les  personnes  de  bonne  foi: 
c'est  pour  ^es  seolement  que  j'éeris. 
D*aiitres  poorront  sfBrmer,  si  cela  est 
entré  dans  leurs  irnes ,  qn'nne  senle 
enceinte,  qui  est  mise  en  brèehe  dte  le 
prenter  numient  de  la  défense  rappro- 
diée.  Tant  mieux  que  cinq  bien  coo- 
vertes,  et  qu'il  faut  enlever  socœssiTe- 
ment  à  la  sape  ou  de  vi?e  force.  Il  n*j 
a  point  de  paradoxe  qu'on  ne  poisse 
soutenir,  point  de  vérité  qu'on  ne 
puisse  obscurcir. 

En  prenant,  comme  je  Tai  fait,  dans 
mon  Traité  éê  la  IHfrnu  des  Plae$9^ 
rallemative  des  retours  oflensl&  et 
de  l'emploi  des  armes  à  feu,  pour  base 
de  cette  défense ,  j'ai  supposé  que  les 
attaques  étaient  dirigées  suivant  la  mé- 


(1)  Lei  demi-mcfares  perdeot  tom,  eomme 
je  rai  é^  dH  •lileort.  Béen  ém  perfoimet  ctol' 
raienl  pMi^te«  avoir  fiyt  hmoeaup^  ea  mal» 
um  dasi  «da  place  anWgéa  aviavt  de  laoïtien 
os  de  plerriets  que  de  pièce»  de  canoo,  aiui 
que  le  propoie  M.  de  Taoten.  Qu'arriTeraiMi 
alors?  Ceil  qae  la  place  ieialt  eensée  avoir  été 
déflBodM  par  d^  feax  vertioaax,  et  que,  eepen- 
dasl.  #«raBC  paa  Mt  ane  réiiitattca  beanoonp 
pl«t  $nuidoqM  lei  anina»  on  eo  coBdaraH 
que  la  déteue  par  lea  feux  varticau  ne  vaut 
pa«  mieux  que  parles  feux  directs,  elle  pr^nçé 
ne  ferall  qné's'eiiraeiiier  de  plus  eu  plus.  Mais 
H.  de  Yaoban,  non  plwqae  toosceoi  qui  oaf, 
josqa'tel,  la  plii  leiiiwnwiwM  rmaee  dM  tax 
oonrbea,  ne  tes  a  Jaawds  eonsMéids  qaa  coaMoe 
uo  moyen  poremam  secondaire  ;  et,  dans  cette 
bypolhèse,  c^est  beaneonp.  ea  effet,  d'armer  la 
ptaee  d'entant  de  mortier»  on  de  pîerriers  que 
de  canons.  Il  n^en  ast  point  ainsi  l<irsqae  foo 
•a  piopeat»  cmnsin Je  l'ai  Mt,  do  coosIdéKrles 
tax  eonriMs  comme  inoycn  principal  dans  la 
détonsa  rapprochée.  Ceoe  sont  pas  alors  autant 
4»  pIsrricTf  qos  <N  eanons  qifil  fant  employer, 


thode  de  M.  de  Yaoban,  qui  consiste  à 
s'avancer  graduellement  par  des  opé- 
rations toujours  bien  Hées ,  à  cou?ert 
par  de  bons  parapets,  les  lianes  bien 
appuyés,  et  c'est  contre  de  semblables 
attaques  que  j'ai  soutenu,  et  que  Je 
soutiens  plus  que  jamais,'  qu'il  faut 
prindpalement  employer  les  feux  ver- 
ticaux, comme  pouvant  seuls  atteindre 
reonemi  au  fftHid  de  ses  trandié«i  (1). 
Mais  si  l'on  juge  à  propos  d'abandon- 
ner les  principes  de  M.  de  Yauban  ;  si, 
au  lieu  d'approcher  pied  à  pied ,  on 
multiplie  les  attaques  en  Tair  et  de  vive 
force,  comme  au  seixième  siècle,  je 
me  défendrai  aussi  comme  on  le  faisait 
au  seixième  siècle,  lorsque  les  sièges 
duraient  plusieurs  années  etéchouaient 
le  plus  souvent.  Il  n'y  a  pdnt  de  pacte 
tut  entre  l'assiégeant  et  l'assiégé  pour 
la  manière  d'attaquer  et  de  défendre; 
et  il  faut  croire  que  l'un  n'est  pas 
moins  attentif  que  Tautre  à  profiter  de 
tonales  avantages  que  les  drconstanoes 
peuvent  lui  offiir. 


mais  dli  fois  plus  :  Il  faut  au  moins  deux  cents 
de  ces  pierriers,  dont  la  moitié  soit  toujours  en 
action  :  telle  est  ndée  fradamentale  de  mon 
syalèraé  de  défense;  et  c'est  là  qn>st  la  non* 
veaulé«  Ces  pierrten^  pouvant  être  de  fer  eonlé 
et  de  peu  d'épaissenr.  eoùteraient  peu;  et. 
comme  ils  ne  Jettent  que  des  pavés  avec  de  pe- 
tites charges  de  poudre,  la  dépense  qa'ils  occa- 
ilonneraieni  serait,  en  résultat,  l>eanconp  moi» 
dre  qne  celle  qu^nife  lé  mode  wiuel.  De  pini, 
|e  suis  persuadé  qu'on  pourrait,  en  très  ginudo 
partie,  suppléer  à  ces  feux  verticaux  par  dm 
arcs,  des  arbalètes  et  la  ftonde;  mais  U  ftu- 
dnit,  pour  cefei,  le  vouloir,  et  avoir  dans  cha* 
que  place,  suivant  son  taponanee,  «n  batalUon 
ffune ou  une  compagnie franelie,  inamovililai 
et  rompus  à  ces  divers  exercices,  ainsi  qu*au  tir 
de  larqueiiuse.  Mais  Je  le  répète ,  ces  moyens 
ne  sont  point  exclusifs,  et  ne  doivent  diminuer 
en  rien  l'action  des  feux  directs.  Cmtde  la 
eomMnsisoii  des  uns  et  des  autres  employés  |u- 
dtcieusemeni  avec  les  retours  offensm,  que  ?ér 
suliera  Is  bonne  déflipse. 


*\-J 


m^ 


Sro  ié  •  l^aBf  tf  iCATlON  PUMITVVB4 


En  résumé,  quai  doit  6lr6  ratsoDDêr 
Uenient  lo  but  de  nos  recherches?  il 
me  semble  qae  c'est  de  ramener ,  s'il 
est  possible  «  Tétat  des  choses  à  ce  qu*U 
était  avant  les  méthodes  imaginées  piU' 
y.  de  Vauban.  Or^  toutes  les  décoU'*- 
irer tcH  essentielles  de  M.  de  Vauban , 
dans  Tart  d'attaquer  les  places ,  se  ré- 
duisent, à  deui  puiots  :  !<>  l'invention 
du  ricochet;  â"" la  substitution  des  atta- 
ques régulières*  ut  faites  pied  à  pied 
aux  attaques  décousues  et  de  vive  fopoe 
qui  étaient  autrefois  qsiti«s»  C'est 
donc  essentieilement  à  neutraliser  les 
effets  de  cea  deuK  procédés  qu  il  faut 
a'appliquer  dans  l'art  de  eonstruiru  et 
dk|  défendre  les  pbces. 

Or,  quant  au  ricochet,  les  meilleurs 
eipédiens  qu'on  ait  imaginés  jusqu'ici 
sont  :  1^  la  soieuce  du  déGlement^  qui 
consiste  à  faire  passer  les  plans  qui  con- 
tiennent lea  branches  des  ouvrages 
«tt-Hlessus  des  positions  où  l'ennenû 
peut  établir  ses  batteries;  if"  à  couvrir 
ces  branches  par  des  tuonnettes,  des 
cavaliers  ou  des  traverses  suffisamment 
élevées;  3"  à  diriger  ces  mêmes  bran- 
ches dans  des  marais  ou  autres  points 
Inaccessibles,  it&ode  lea  soustraire  aus 
enfilades;  hf*  à  étendre  la  fortiOeatîon 
en  tiçne  droite,  afin  que  les  prolonge- 
niuiis  (les  hces  tombent  si  près  des 
filtres  parties  de  la  fortification,  que 
Vemuuni  ne  puisse  s'y  établir  sans  se 
trouver  à  la  grande  proximité  de  Tar- 
tilterie  de  la  place;  5*  à  donner  aux 
ouvrâmes  un  gratid  relief  aRn  que  les 
baqlçts  dû  l'itunem  passent  par-des^ns 
sans  y  retoaiher ,  eu  qn'-en  y  remon- 
lent ,  ce  soit  sous  un  angle  trop  grand 
pour  se  relever  et  faire  des  ricochets  ; 
Ç«  &  donner  aux  bra^chea  des  ouvrages 
4ràs  peu  de  longuwr  en  ligne  droite,  et 
ivèmeèles  rendre  absobimeiit  eoivbes 
8*11  est  po<nible;T*A  leur  donner  très  peu 
dt-  Ini^inir,  alin  qu'elles  offrent  moins 


de  prisa  aux   battariea  d'anfiMa  de 
rennemi  ;  8*  à  btinder  on  caseoMter  lai 
amplaeeniiens  destinés  à  l'artiHeria  de 
la  place  et  à  set  ll&feMevft;  0*  i  déta- 
ber  entièfement  lia  OBVfigea  au  vaei 
du  dehors,  en  ne  leur  donnant  pas  plu 
da  relief  qn^à  ceux  qui  sont  an  atMit; 
lOû  a  n*amployer   anr  les   rempvli 
qu'une  artillerie  très  légère  et  Mi 
mobile,  afin  de  pouvoir  la  déplacerai- 
sémeni  et  la  soustraire  promptenaat 
aux  batteries  préparées  de  l'ennoH. 

La  oombinaison  de  tona  cea  eM>ya« 
fiiit  une  partie  essentielle  de  la 
des  officiers  du  génie  ;  eC ,  en  les 
ployant  habilement,  ils  pearent 
venir,  sinon ,  à  détmire  entlèreaMBt 
las  affi^  da  ricochet ,  du  moina  4  In 
atténuer  infiniment. 

A  ces  moyeps  )'an  ajouterai  id  aa 
antre,  qui  me  parait  mériter  dlaoM 
plus  de  considàpation  qu'il  est  très  sia^ 
pie,  et  également  applicable  aua  plien 
andannaaet  aux  placée  i  conatraîre. 

Ce  aaoyea  eonaialamii  i  planter  1^ 
régulièrement  sur  tous  les  glacis  an 
grand  nombr(^  d'arbrisseaux  de  daq  i 
9ix  mètres  de  haytewT,  da  «Mnièic 
qu'ils  déroberaient  è  l'enneosi ,  paa- 
dant  les  premiers  jonrs  dn  siège,  Fan- 
semble  des  ouvrages  de  la  place,  réia- 
pëcberi^ieqt  d*en  faire  la  reeoiiiyaik 
sauce ,  et  d^  prendre  lea  aUysanMii 
nécessaires  pour  remplacanaent  dsi 
batteries  de  ricochet.  Il  serait  loi^OMi 
facile  à  l'assiégé,  en  étudBant  le  terralB 
et  en  élag^ant  à  propq9  OM  aif|ri>- 
saaux,  de  ae  ménager  antre  wx  du 
échappéaa  pour  déoonvrir  |ie  la  piaoe 
tous  les  points  de  la  campagne  ;  taadb 
qu'ils  n'offriraient  à  Tcnnemi  qu'un 
labyrinthe,  dont  l'f^pect  changerait  aa 
gré  de  l'assiégé,  qui  abattrait  eu  éla- 
guernit  à  volonté ,  tantèt  fnn ,  laaiit 
ruutr(^  (le  ces  arbrisseaux.  Toute  celte 
pltipiiilioo  peut  et  doit  se  flaire 


SUB  M  nBtrïrtiJktimxJfmn^rvfU' 


Tir'î 


«•ire  à«Bih<de»gfaiids  flrbre»^  qui  ont 
été  proposée  par  M.  de  Sâiot^Anil  pour 
«B  autre  objet,  et  dont  V\ài}ilé  est  T9r 

Le  BeeoBd  obfet  de  Taseiégè  doit 
tire  d'enqièdier  rmnfiTBi  de  suivre» 
au  moins  dans  la  défense  rapprochée , 
la  marehe  méthodiqBe  dessapes^  afin 
de  le  ooDtraiBdre  à  n'attaquer  jamais 
qae  <te  inve  forée.  Voyons^  s'il  est  pos- 
sible 4  Qotnment^a  remplira  ee  second 
eb}el;»  escere  plu»  importaol  que  le 
premier. 

Ce  qui  a'oflhe  d'idNNïd,  comme  nous 
l'aiioQft  défà  dit  plusieurs  fois ,  est  de 
se  loger,  toujours  «u  plus  près  de  Ten- 
Mmi^  de  maniàre  à  oe  qu'il  ^  trouve 
continuellement  sotti  le  jet  de  Ui  gre- 
nade 4  et  exposé»  dans  ses  tranchées , 
aux  eeups  de.  mtin  bcus<piesi  aiix  peti- 
tes sortiea ,  sana  qu'il  puisse  user  île 
fepréaaUtes;  car^  »e  trouvant  ainsi  sans 
eesae  harcelé  dane  ses  tâtQS  de  sape,  il 
aef u  oUIgé  de  tea  discontinuer  et  d'at- 
laqia  a*  da  vite  forée»  Il  a'agit  dope  de 
savoir  comment  l'assiégé  peut  se  pro- 
curer de  senibl9)>les  logemens  pendant 
tout  le  cour»  delà  di^use  rappfoebée; 
of ,  c'est  M.  de  Yauban  lui-même  qal 
va  nous  l'îfidlquër, 

«  Toutes  les  fois,  dît  ce  grand  ingé- 
4^  nieur,  qu'on  peut  se  :rendre  maltrç 
»  du  diemin  couvert,  par  indualrie, 

vsnm  ^e  obNgé  d'en  venir  adi 
»  mains/c'est,  àftns  (îonti'cdlt,  le  meif- 
»  leur  moyen  qu'on  puisse  employ<^r. 
»  Maia  aï  ce  cbemin  oouvert  n'e^t 
»  pMol  batiu  de»  rkodietay  ou  ai  )ei 
i  glads,élevé»{i«i'leùrsltuatimi,adittM 
D  taides  qu'on  ne  petit  pldrigef  dtfns  lé 
:«(<^liemin  couvert  par  lea  logemens 
a  élevée  en  ûavalieca  qu'on  peutlaire 
»  verU  le  milieu  du  «toda^  M  pourra 

n  ètte  dbfîgé  d'ateft^nér  le  chemtn  toit- 

rf  vert  de  vîvc  force.  » 


jreeonnatt  que  l'assiégeant  peut  se  trou> 
Ter  obligé  d'attaquer  ^  vive,  force.  : 
c'est  lorsque  Tassîégé'eat  couvert  dam; 
sa  position  par  un  obstacle,  ne  CAt-cie 
qu'une  palissade^  que  le  ricochet  ne 
saurait  détruire ,  et  qu'on  ne  peut 
d'ailleun»  parvenir  à  le  dominer  nt 
plonger  dans  cette  position r  pour  Teri 
chasser  préalablement. 

Bêla,  je  conclus  que  pour  réduire 
renaemi  à  ne  pouvoir  attaquai  Je  <  be* 
min  couvert,  ou  toute  autre  position 
semblable  «  que  de  vive  force,  il  n'y  a 
qu'à  :  l'^  sutMStituet.  à  la  palissade  un 
obstacle  que  ne  saurait  rompre  le  rif- 
cochet,  tel)  par  eiemple«  qu'un  bon 
mur  crénelé;  V"  substituer  au  glacis 
bas  à  pente  douce ,  comme  les  glacis 
ordinaires,  un  glacis  très  haut  à  pente 
raido,  comme  les  glacis  coupés» 
.  DiOBc ,,  pour  ré4uire  l'ennemi  à  ne 
pouvoir  jamais  attaquer,  que  de  vir? 
force  pendant  tout  le  cours  du  siégea  U 
faut  lui  présenter  une  série  d'obatacles 
de  ce  genre ,  c'est-^rdire  ioujours  des 
glacis  coupés  à  l'épreuve  du  canon  di-^ 
reot ,  avec  un  mur  crénelé  derrière  à 
l'épreuve  du  canon  à  ncochet. 

Teliea  sont^  en  eQet,.  les  conditions 
que. j'ai  téehé  de  remplir  dana  les  deux 
ayalème»  exposés  ^Mlessus,  et  princH- 
^lement  danacaW  de  la  foctÂfication 
primitive. 

D'après  caa  prinaipes«  qui  me  pa- 
raissent incontestablesi  je  penae  qu'il 
aérait  posaiblo^  aana*  beaucoup  de  dé** 
penaaai  d'Augmenter  eowdérablenient 
la  force  des  places  actuellemant  eaia^ 
tantes  4  en  trauaformant  aux  angles 
aaillans  lea^Ufaeia  ordinaires  en  glacto 
coupés*  ,#l  e»  aubatituant  i  la  palissade 
un  mur  orénelé  qui  régnerait,  iPera  la 
mllMBU  de  la  largeur  dq  cbemîA  cour 
verty  tout  le  long  de  ses  branches.    . 

Je  remarque  d'abord  que^  par  celle 


Vojjà  donc  DP  cas  ^  M'  de  Vaubaa  t  ounstruction*  tout  demeure  flanvuésur 


7i4 


sm  u  MvnncATioif  wmmikxt. 


tv 


les  glacis ,  et  qu'elle  ne  donne  lien  k 
aacan  angle  mort  ;  car,  pour  cela ,  Il 
n'y  a  qu'à  prolonger  les  pans  de  glacis 
de  places  d'armes  rentrantes,  jnsati'an 
terrain  naturel,  et  enlever  tout  le  mas- 
sif des  terres  comprises  entre  ces  plans, 
ainsi  prolongés,  et  les  talus  des  glacis 
coupés  Tis4-Yis  des  angles  flanqués  des 
bastions  et  de  la  demi-Inne.  Ces  mas- 
sifs de  terres  entêtées  pourront  être 
employés  très  utilement,  soit  à  relever 
les  glacis  en  général ,  soit  k  faire  des 
traverses,  des  bonnettes,  des  barbettes, 
des  cavaliers  ;  car  il  ne  fhut  pas  oublier 
que  le  relief  de  la  fortification  ne  sau- 
rait être  trop  grand,  ainsi  que  l'observe, 
avec  raison,  M.  de  Cormontaingne,  et 
qu'on  n'a  jamais  autant  de  terres  qu'il 
serait  à  désirer. 

Je  suppose  d'abord  qu'on  en  emploie 
une  partie  à  former,  dans  le  terre- 
plein  de  chacune  des  places  d'armes 
saillantes,  taht  des  demi-lunes  que  des 
bastions ,  dans  le  sens  de  sa  capitale , 
une  traverse  élevée  de  deux  mètres  au 
moins  au-dessus  de  la  crête  du  glacis 
coupé.  Cette  traverse  arrêtera  la  plu- 
part des  coups  de  ricochet,  et  très  peu 
de  ceux  qui  passeront  par-dessus  pour- 
ront retomber  dans  le  chemin  couvert. 
De  plus ,  cette  même  tranrene  annule- 
rait également  l'eflfet  des  cavaliers  de 
tranchée,  s'il  y  en  avait;  mais  ces  ca- 
valiers ne  sauraient  même  avoir  lieu , 
parce  que  le  glacis  n'existant  plus ,  il 
faudrait  leur  donner  trop  de  hauteur 
pour  qu'ils  puissent  plonger  pardessus 
la  traverse. 

En  général,  malgré  le  préjugé  con^ 
traire,  il  est  certain  que  les  glacis  cou- 
pés sont  beaucoup  plus  avantageux  que 
les  glacis  à  pente  douce.  Ceux-ci  sont 
aux  autres  ce  qu'une  brèche  très  apUh- 
nie  est  à  une  brèche  escarpée ,  et  qui 
demeure  telle  malgré  les  coups  de  ca- 

uou  qa'on  peut  tirer  dedans,  Ite  plus, 


leur  peu  de  largeur  ne  permet  point 
à  l'assiégeant  de  se  loger  Mh-des»» 
pour  y  établir  ses  batteries;  et,  si! 
veut  les  attaquer  par  la  guerre  souter- 
rune ,  elle  est  tout  en  faveur  de  l'as- 
siégé, auquel  il  est  toujours  facile  de 
prévenir  l'ennemi,  et  de  l'empêcher 
d'établir  ses  fourneaux ,  sans  qu'il  ait 
besoin  d'en  faire  luf-même.  Les  glacis 
à  longue  pente  favorisent  d'aïUeurs 
singulièrement  l'attaque  méthodique, 
tandis  que  les  glacis  coupée  ou  à  pente 
raide  nécessitent  l'attaque  de  vive  f(» 
ce ,  comme  l'observe  H.  de  Vaubui  ; 
et  enfin  les  premiers  absori>en.t  noe 
immense  quantité  de  terres,  qui  poQ^ 
raietit  être  employées  d'une  manière 
infiniment  plus  utile. 

Tels  sont  les  moyens  par  lesquels  on 
peut  neutraliser,  en  très  grande  partie, 
les  deux  découvertes  principales  de 
M.  de  Yauban,  et  ramener  l'état  des 
choses  à  ce  qu'il  était  autrefois,  en  ré- 
duisant cehû  qui  assiège  à  n'altaqeer 
jamais  que  de  vive  forœ  (1).  Les  autres 

(1)  r«t  dit,  diiif  wnn  de  meenotef  préeédei- 
t»,  qw  Je  veTiendnto  rar  k  naaiére  de  n  dé- 
fendre contre  les  atta^net  de  vive  force,  et  dci 
ineonvénicns  de  ce  qu'on  nomme  dëreniedB 
pied  ferme  ;  ceit  eit  d'autant  plus  néoeifaire, 
que  bien  des  personnes  me  semblent  être  en- 
core dans  rerreor  à  cet  égard,  et  qne  M.  ds 
Yaaban  luf-rotoe  ne  panlt  paa  avoir  en  dei 
idées  entièrement  fliet  s«r  ce  point  essenlieL 
TantAl  U  approoTC,  par  exemple,  et  UnlM  U 
blâme  la  défense  des  chemins  eonrerts  de  Kay- 
senrert,  qui  fàt  faUe  de  pied  Anme.  C'en 
qn*en  effet  ta  défense  de  ces  ebemins  eooreils 
fot  admirable  comme  trait  de  bravoure,  «ait 
liés  maavilie  sooa  le  rapport  de  riaduitiic. 
«  L'assiégé,  dit  M.  de  Tauban,  y  perdit  trois 
»  cent  cinquante  à  quatre  oems  bommes  aa 
»  deui  heures  de  temps,  ce  que  dix  Jours  di 

•  siège  de  plis  n*aartient  penl-étit  pas  bit,  â 

•  ledétoildétadérense  eûtétépini  ménsfé.» 
Mais  comment  failait-U  ménager  ealte  délmsat 
C'est  ce  que  M.  de  Vauban  ne  dit  pas.  Paiiqas 
l'ennemi  attaquait  de  vire  force,  il  fallait  aé- 

cerMitment  oo  IqI  leidr  I6is,  cwxm  sa  fi 


nm  Là  roAiipicATioii  psuitutb. 


745 


moyens  d'améliorer  la  défense  ont  été 
aidRsamment  dé?eloppés  dans  le  coani 
de  cet  OQfTage,  et  sont  fondés  princi- 
palement sur  la  combinaison  des  re- 
toors  oflensîfc  et  de  l'emploi  des  armes 
à  fea;  mais  sortont  sur  eelai  d'une 
immense  quantité  de  feux  verticaux.  II 
ne  me  reste  rien  à  dire  à  ce  sujet  ;  c'est 
i  l'expérience  seule  qu'il  appartient 
ie  confirmer,  de  détruire  ou  de  per- 
fBctionner  les  aperças  que  j'ai  propo* 
ses.  Je  retiens,  en  finissant,  au  princi- 
pal objet  de  ce  Mémoire ,  qui  est  la 
fortification  primitive. 

De  ce  que  j'ai  dit  sur  le  peu  d'effica- 
dté  des  feux  de  flanc  dans  le  système 
bastiooné,  liiat-il  en  conclure  que  je 
regarde  le  flanquement  en  général 
comme  une  cbose  absolument  inutile? 
Non ,  sans  doute  ;  je  dis  seulement 
qu'on  ne  doit  pas  en  faire  un  principe 
exclusif;  et  les  plus  habiles  ingénieurs 

Clit,  en  aètndooaer  le  càernln  eonverl  pour  me 
pfiM  Y  retitter,  puisque  loole  commanlealloQ  te 
Inwvalt  à  rinslaot  eonpée,  aa  moytn  en  mir 
de  comrcicerpe.  La  gemiioQ  a^eit  Imveiiieiit 
défendae  de  pied  ferme;  mais  elte  a  perdu  trola 
cent  eloquaDle  à  quatre  cents  hommetf  Mns 
fruit,  sant  Mre  autre  cboie  qv'accélérer  la 
|rtn  de  la  place  par  la  perle  de  lee  déta- 


LorM|ue  renoemi  eotrepreodda  eoaraïuer  la 
ehemin  coavert  de  vive  force ,  ce  n'est  ni  de 
pM  renne,  ni  par  des  sorties  prématurées,  qa*il 
thvÊ.  le  eombatlre,  mais  onliiQeBient  par  la 
OMNiiqMlerie  etrartfUerie  dea  remparts,  ait- 
<|iielles  H  f«it  m  lAler  de  faire  Jow,  penr  lemr 
laisser  prodalre  librement  tont  leureflbt,  ce 
qui  dure  ordinairement  deoi  on  trois  bearca. 
«  Après  qnoi,  dit  M.  de  Tanban.  on  peut  rêve- 

•  nlr  par  la  droite  et  par  la  gauche  par  de  bons 
»  Macbenens.  et  ntlaqaar  Tenneml,  ponr  lors 
»  nffbibU,  et  eneate  mal  établi  dans  ses  Boweanx 

*  logemena  » 

On  peut  donc  être  surpris  de  lire  dans  un 
onvrege  moderne^  répuléclasstque,  que  dans  le 
cas  du  eouronnement  entreprit  de  vive  Ibree» 
reaalégé  doit.  anmiiAtQM  leaeolenea  éssaU^ 
âmes  fagnent  le  baut  dn  glada.  Mre  teuirè- 
Qoop  cepser  k  H^  ét$  rempern,  sohir  de  m 


ont  pensé  de  notème,  puisque  tous  leurs 
systèmes  sont  remplis  Sangles  morts 
ou  de  parties  non  flanquées.  La  forti- 
fication est  assujettie  à  plusieurs  maxi- 
mes dont  aucune  n^est  absolue ,  mais 
qu'il  faut  combiner  et  modifier  suivant 
les  circonstances,  de  manière  q«e  Ten» 
semble  ou  le  résultat  seul  de  cette 
combinaison  aille  le  mieux  possible  au 
but  ^'on  se  propose. 
*  On  prend  pour  axiome  que  tont 
point  doit  être  flanqué  et  défendu.  Le 
mot  flanqué  est  ici  de  trop  ;  il  suiBt 
que  ce  point  soit  défendu ,  n'importe 
comment,  pourvu  qu'il  le  soit  bien.  Il 
peut  être  défendu  par  des  feux  de 
flanc  ;  mais  il  peut  Pètre  aussi,  et  sou- 
vent beaucoup  mieux,  par  des  feux  di- 
rects, par  des  feux  courbes,  par  des 
feux  souterrains,  par  des  sorties,  par 
des  manœuvres  d'ean.  En  admettant 
tontes  ces  défenses  comme  propres  à 

plioes  d'armes,  ef  mareber à  reumml  pour  le 
eombattre. 

G*wt  le  renversement  de  teoe  lea  prinsipm; 
il  s'agHici  de  l'opération  lapins  décisive,  som- 
me Tobserve  tr^  bien  Tauteor  ;  et  certes,  c'e»t 
mal  choisir  son  moment  pour  aller  eombattre 
un  ennemi  sopérienr,  pour  dealer  en  sa  pré- 
aenee  par  dm  barriérea,  pour  fbira  taire  le  ta 
de  ses  pfeprm  remparts,  que  dTnttendM  qae  cet 
ennemi  arrive  »vec  Télite  de  sm  troqpm  en  «^ 
dre  de  baUtlle;  tandis  que  cette  seule  Uàê,  peo- 
dhnt  tout  le  cours' do  siège,  il  est  obligé  de  M 
montrer,  en  masie  et  très  tong-temps,  entière- 
ment à  déeenveit  Ce  n'est  peint,  ainsi  qu^en  k 
voHpar  les  peieles  ctléee  plue  beat  de  M* de 
Vauban.  aussilèl  que  les  colonnes  aasaUiantai 
gagnent  le  bsut  du  glacis ,  qu'il  fsut  sortir  de 
s«  places  d*armes  ponr  le  eombattre,  maia 
deux  ou  trois  bedrm  après,  lorsqri'liest  aMbN 
par  des  déabarges  mompHdm  d'artillerie  et  de 
nmusqiiBiefAe*  et  encore  mal  (Mabll  dane  sas 
nouveau  legemens. 

J*al  cru  devoir  signaler  une  erreor  aossi  gra- 
ve, échappée,  sans  donle,  i  un  auteur  mtl- 
mable,  parce  que  le  passage  qui  la  «oMIent  s  été 


non  comme  un  emiliH«^,.nMli  cemiM  M*^ 
rtid,  panr  Mpr  di  fvmm  dosiriafi. 


i 


246  SUg  Ik  FQRTinCATlON  paiifiTi^B- 

se  suppléer  les  unes  aux  autres,  ainsi  le  même  temps  pour  constniire  Ip4 

que  la  raison  Tindique,  on  se  donne  batteries,  le  même  temps  pour  faire 

une  grande  latitude  pour  varier  la  dis-  brèche,  le  mâme  temps  pour  le  diifo- 

position  des  ouvrages,  et  pour  sortir  sitif  de  Tassaut  ;  mais,  cpmnM  on  va  le 


çnfîn  d*9ne  routine  dont  les  effets  sont 
pt  bornés,  d'après  tapt  de  journaux  de 
siège ,  tant  réels  que  fictifs  :  un  vaste 
champ  s*oavre  dàs-lor9  à  rimagioa- 
tion. 
Prenons  pour  exemple  un  hexagone 


voir ,  la  fortification  bastionoét  est 
d'ailleurs,  sous  tuua  les  rapporlu,  tiès 
inférieure  à  celle  qui  est  puiwMnt 
circulaire. 

V  Celle-d  coAtera  beaucoup  noîr^. 
parce  que  le  mur  d'escarpe  aura  moini 


régulier  bastionné.  Sa  tenue,  suivant  !  de  développement,  et  que  répai^sear 
le  journal  fictif,  doit  Atre  de  vingt  sera  moindre,  n'ayant  point  de  poyf^ 


Jours  seulement,  savoir  :  quatone  jours 
jusqu'au  couronnement  du  glacis,  et 
six  autres  jours  pour  forcer  le  corps 
de  place ,  desquels ,  deux  pour  l'éta- 
blissement des  batteries,  deux  pour 
foire  brèche,  et  deux  pour  le  dispositif 
de  ^assaut. 

Maiutenant ,  an  Heu  de  cette  place 
)mUoiinée«  supposoQS-en  une  autre 
de  mèinei  capacité  intérieure,  oieis 
dont  la  magistrale  soit  entièrement 

circulaire,  eutoivée  d'un  foasécoocen- 
trique  de  cinq  ou  six  toises  seulenent 
de  iargeifr,  enveloppé  d^Hti  glads  de 
même  relief  et  de  mène  pente  que 
celui  du  polygone  bastionné,  dont  nous 
venons  de  parler,  mais  avec  on  ch^ 
ifiiii  CHvert  on  simple  banquette  de 
six  pMb  seoleHienl  de  levgeiir.  Je 
Supposé,  de  phis,  que  Tescarpe  soit  un 
mur  Yerticat  de  quatre  pierfs  d*épais- 
seur,  percé  de  oréneaux ,  avec  un  che- 
min dea  rondes  par  derrière.  Je  dis 
qui  eelte  derntèle  pièce  doit  tenir 
iottfttt  que  rstitre ,  d*après  le  Journal 
fictif;  mais  qu'en  réalité,  elle  aura  sur 
elle  de  grends  avantages. 

Je  dit  d'ebofé  qu'elle  tiendra  vingt 
Jom,  de  même  qve  la  preenière;  eer 
il  faudra  évidemment  les  mètn^  tnm- 
chées,  les  mêmes  places  d'armes  et  de- 
Bî-flaeas  d'armei,  la  même  somme 
enfin  de  toevanx  leetAriels,  pourairi- 
Wr  an  eouronneOBtent  du  glacis  ;  puis 


sée  à  soutenir.  Se  dégradation,  psr 
l'intempérie  des  saisons  «  aéra  anni 
beaucoup  moindre,  à  censé  des  pare- 
mens  verticaux  de  son  ravàtenwet; 
if  le  rempart  circnlaine  ne  donne  as- 
cuoe  prise  au  ricochet^  non  pins  fK 
son  chepiio  couvert,  tijndjs  qn  en  pso 
de  jours  toute  l'artillerie  de  la  phci 
bastionnée  aerp  hors  de  service,  le 
palisMdement  de^  chemina  cpnv^rb 
ruiné,  et  les  défenseurs  en  très  gnade 
partie  tués  ou  blessée;  8*  le  brèche 
sera  très  difficile  à  faire  et  à  reain 
praticable  à  Tenoeinte  eifenialre,pBvee 
que  le  peu  de  targenf  du  fMié  fié  per- 
met pas  au  cdtton  de  l^aAlégêviot  <k 
plonger  jusqu'au  pied  de  TeBcaips, 
dont  une  partie  restera  debeni  el  aon 
recouverte  de  terres,  comme  aui  sv- 
tres  brèches;  qtié  le  chemid  dés  fon- 
des empêche  le  para|»ct  de  tomber 
dans  le  fossé  et  de  le  combler;  et 
qu'enin  le  tains  eiléricnr,  étant  à  lar- 
res  roulantes,  eonserv e  ht  raidear  de 
sa  montée,  malgi^  Teffet  des  batle- 
ries  de  brèche  ;  4"*  le  chemin  des  ron- 
des procure  une  ligne  de  mousquetohe 
couverte  4  qui  tire  à  bout  loorinitt 
sof  Tennemi,  lorsque  cetai-H  vent  Aa- 
blir  son  logement  sur  le  haut  du  giscû 
et  le  cbemiu  couvert.  i)e  plus,  le  che- 
min des  rondes  n'étant  qu*à  la  distsase 
d'environ  huit  toises  de  la  crête  ds 
gleds,  le  codrefinerliefkt  de  tt  ghrH  se 


Iroavc  sous  le  jet  des  grenades  lancées 
-É  ta  fflaln,  ée  «e  chemin  des  nwdes  ; 
S*  si  l'ennemi  n'a  pas  prodigtettsement 
«MgilalirMle,tora(|n*flvMHmdoilner 
FMtdl,  rmilégft  poaM  venir  da  SnUs 
tu  d«gRaclMper  Icdiemlli  des  rondes, 
«HtiiWtfIft  «nlAMne  isMinanM  inr  aes 
dewt  Ame»';  rrsBsIégfknt  ne  mrtrt 
^■ttMlMr  le  (Btaetir  la  corpi  de  plaee , 
iMHe  qtte  Mld-d  est  ctmtert  par  le 
mât  VtHetrpt  qai  «at  détMhé  des  ter- 
VM,  «t  <(Q*Mi  tts  peat  l'atthiiier  d'an 
éiié  util  Mi«  «Mtendn  de  firatre; 
^lA  MnimnlaitlMii  sont  beatinap 
yioa  farina  (uns  te  Knpltt  clK&laire , 
fbrrt  fè'ettM  M  flwt  par  des  pÉMagn 
lto«t(jimlM  4ttt  servent  M  tMaie  temps 
oWIn  MK  BeflinMim. 
^^H  ne  peoMenl  pu  pht  lofn  ce  pt- 
fiMe  tnntn  h  fBrfiOatfen  bastionnée 
WlfUirtiflaitloa  pttrettsnt  cjretdalre. 
Wm  éWdent  ^e  ee  partlMAe  ert  Mqt 
flUmnltte  A»  U  denilèr«.  I^  Bia- 
^jtiettnt  nt  dont  une  oéTenu  pét] 
Ml)MHlU(e ,  et  M.  de  Bountara ,  (pie 
fâd^'dtè,  dit  yvee  nboA  <^  l'on 
^  iparçottl  {tdoe.  Cependknt  cette 
MtMterfteH  dMolaire  n'e|t  que  r^btn- 
cbe  dn  s^tème  qui  a  été  propoif  tu 
MtttttaMmwiit  né  C9ll.|^inoifE). 
'  (iiMi^;)W'eiKon  <le  ce  taèt^  p^ 
.NMte,  qiAl  né  ftm  ^  loger  du  mé- 
rite d'une  fortèMlKe  tinn|neibent  par 
U  somme  des  travaux  matériels  que 
doit  Taire  l'assiégeant  pour  s'en  erapa- 
rer,  mais  aussi  et  surtout  par  It  diffi- 
culté de  ces  travaux,  et  par  les  moyens 
que  savent  se  procurer  les  défenseurs. 
solvant  les  localités,  pour  s'opposer  à 
lenr  exécution.  '' 

L'un  des  plus  grands  avantages  de  la 
fwtiBcation  circulaire  est  de  pouvoir 
fournir  des  feux  directs  dans  tous  les 
aens,  sur  les  avenues  de  la  place ,  tan- 
dis que  dans  la  fortiBcation  bastionnée 
ou  angulaire,  it  y  a  au-devant dechaqu^ 


SDK  j^  roi-nriUTtQ9  f/iiiuiiiji. 


,W 


angle  Danqué,  i  droite  et  9  jUi)cbc  de 
la  c«p{tale,  un  grand  espace  qui  en  e^ 
entièrefpent  dépourvu,;  çt  t^ei^  ce  qt^ 
fait  que  raa^gdant  choisit  les  ca|Hts- 
les  pour  j  i^ire  cheminer  ses  ÛV)- 
chées.  Par  exeqipte ,  sj  )'tn|le  flanqué 
d'un  hasttçn  est  droit ,  Il  y  a  vn  quatt 
entier  de  j'horlion  dont  le  fummçt  Jfi  r 
cet  angle  est  le  centre,  mi  ne  rccoîl 
aucun  fïù  direct  :  si  l'angle  est  de  60', 
comme  aux  demi-lunes  ordinaires,  it  7 
aura  d<-ax  tiers.  À'IS  vérité,  l'on  peut 
diriger  de  loîp,  comme  de  la  courtine, 
quelques  pièces  d'artillerie  sur  ces  es- 
paces, en  biaisant  les  embrosuret  ;  mais 
outre  que  l'on  afihiUi^alui:!  beaucoup  les 
parapets,  comme  le  fusilier  tire  natu- 
rellement devÉlit  lui,  ces  mé^es  e»? 
paces  n'en  dçmeurent  pas  mtilia  ààn 
nues  du  fou  de  monsquelerle ,  qui  est 
le  plus  Imporfvit.  Cev  de  ce  genre 
qui  se  croiaept  turtesotpîttles.'par- 
(ept  de  trop  1<^  pour  Atré  fbrt  ran- 
gèrent, I)^^,  torique  Tùaté^eant 
vieat  établir  Ses  Utterles  w  Ûi  Baîl" 
laos  du  (ilaçls,  ris^vis  du  angles  flan- 
qués, I9  pièce  de  fortlBcsMiiu  qui  est 
derrière,  et  qui ,  tl  elle  était  arrondie 
Sur  le  devant,  pourrait  bire  feu  sur  ces 
bafteriei,  en  plougeapt  et  j)  b()ut  tou- 
chant, se  trouve  n'avoir  absoluqieivE 
aucune  Action  sur  eQes. 

On  iBn  peut-être  que  d  l'enoehilé 
était  sans  Banqaement,  l'ennemi  pour- 
rait y  attacher  sur-lfrchamp  le  mineur 
ou  des  sapeurs,  pour  y  faire  brèche 
sans  canons  ;  mais  indépendamment 
de  ce  que  cela  ne  peut  avoir  lieu  parce 
que  le  mur  est  détaché  des  terres  et 
A^elé  t  c'est  ici ,  sous  tous  les  rap- 
ports, une  grande  erreur  qu'il  est  im- 
portant de  relever.  Ces  sapeurs  ou  mi- 
neurs ne  viendront  pas  seuls  ou  faible- 
ment soutenus,  car  alors  rassiét;é 
n'aurait  qu'une  sortie  à  faire  pour  les 
(uer.  Il  faut  donc  qu'ils  soient  appujés 


718 


fUA  Lk  lOnVIGATlOlf  raiMIflTB. 


par  nne  fbite  capable  de  tenir  tète  à 
b  gamifon.  Or«  cette  force  ne  peut 
venir  à  découvert,  piii8qa*elle  serait 
évidemment  fondroyée  par  l'artillerie 
de  la  place.  Elle  ne  peat  donc  arriver 
qne  par  dea  trandiéei  bien  liées  et  bien 
aontennes  les  unes  par  les  antres, 
c'est-à-dire,  en  solvant  les  mêmes 
procédés  qae  ceu  qu'on  emploie  an- 
Jonrd'hni. 

C'est  en  cela  que  les  sièges  actaeb 
difl%rent  essentiellement  de  ceux  qui 
étaient  en  usage  avant  l'invention  de 
la  poudre.  Les  anciens  venaient  an 
pied  des  murs  pour  les  saper  ou  pour 
les  battre  avec  le  bélier,  et  comme 
nous,  ils  étaient  obligés  de  soutenir 
leurs  travailleurs  contre  les  sorties  de 
l'assiégé;  mais  les  soldats  qui  soute- 
naient les  travailleurs  n'avaient  pas, 
comme  nous,  besoin  de  se  couvrir  de 
parapets,  et  de  venir  en  louvoyant  par 
des  boyaux  de  tranchée,  parce  que  les 
projectiles  lancés  par  les  assiégés  ne 
pouvaient  les  aller  dierdier  bien  loin, 
et  que  les  casques,  les  cuirasses  et  les 
boucliers  des  assiégeans  suffisaient 
pour  les  garantir  contre  la  plupart  de 
ces  projectiles.  Ainsi ,  ils  paraissaient 
avec  sécurité  en  force  autour  des  murs 
de  la  place,  tandis  qu'aujourd'hui 
now  ne  pouvons  en  approcher  que 


par  des  tranchées  profondes  et  bwa 
couvertes. 

iM  tours  dont  les  anciens  IUb» 
quaient  leurs  murailles  leur  étaient  né* 
cessaires,  parce  que  c'était  de  li  ses 
lement  qu'ils  pouvaient  combattre  avsi 
quelque  avantage  leur  ennemi ,  att»- 
dié  au  pied  de  ces  murailles  pour  Isi 
saper  ou  pour  les  battre  avec  le  bélîer; 
mais  le  canon ,  qui  tient  aujourd'hai 
lieu  du  bélier,  ne  saurait  se  pbesr 
comme  lui  au  ped  de  la  muraille  à  la 
quelle  on  veut  faire  brèche  :  ce  causa 
est  éUUl  sur  la  crête  du  giads»  st 
pourrait  être  battu  directement  ds 
haut  du  rempart  qui  est  via-è^  i 
celui-ci  était  approprié  pour  cela  beaa 
coup  plus  efficacement  qn'D  ne  peat 
l'être  d'un  flanc  très  éloigné,  eontrs 
lequel  il  est  aisé  de  se  couvrir  par  aa 
simple  épanlemenL  C'est  donc  um 
fausse  analogie  qui  a  fait  penser  «pi'oa 
pouvait  remplacer  les  tours  andennei 
par  des  bastions,  lors  de  llnventioa 
de  la  poudre ,  et  la  découverte  des 
armesà  feu  aurait  dû  ramener  à  la  Ibr- 
tiflcation  primitive,  au  lieu  d'en  écaiter 
de  plus  en  plus. 

n  serait  à  souliaiter  que  l'on  voaldt 
peser  ces  réflexions  mArement,  daai 
le  seul  intérêt  des  progrès  de  l'art 
passion  et  sans  pr^ngés. 


JOURNAL 


OPÉRATIONS  MILITAIRES 

DU  SIÈGE  ET  DU  BLOCUS  DE  GENES, 
COUPD'OEIL  SUR  LA  SITUATION  DE  L'ARMÉE  D ITALIK, 

M  ËM  MOMBIIT  0«  Ll  «faliftAL  IIAMÉllA  ÏÏK  rUT  LB  COVUAMDBIUNT,  iOtQO'AU  •LOCV» 

ACCOMPAGNÉ  DE  PLUSIEURS  TABLEAUX 

BT  D'UNB  CARTK  DB  LA   VLACB  BT  DBt  BlfVlBONS   BB  «ÈBBi 

'      Wr  P.1»  «IIÉBAIILT, 

«àflfalAl.  IM  MUSABa. 


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J/  /î!  MM. 


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PRÉFACE. 


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^.     t 


'  TmÈBkVti  t}ë  baron  l?aul-Charle^François-Adrien-Henri-Dieu- 
donné),  ils  deThlébaalt,  secrélaire  du  grand  Frédéric.  En  1792,  la 
Firànce  était  attàqdèe  ;  lô  jeune  Thiébault ,  qui  Venait  de  terminer  ses 
études  en  droit ,  s'engagea  volontairement  dans  un  des  bataillons  ^ue 
Paris  efâvoyàit  aux  frontières.  Sa  bravoure ,  sa  capacité  1q  firent  dis- 
lîKigtiek';  i1  edf  l^honneur  de  parcourir  tous  les  grades ,  et  chacun  d'eux 
fat  la  récompense  d^une  action  d'éclat ,  de  blessures  ou  de  services  im- 
portais.  Tow-à-tour  sergent  y  lieutenant ,  capitaine ,  nous  le  voyqns 
aox  armées  de  la  Moselle,  des  Ârdennes,  du  Rhin ^  du  Nord  et  d'Italie. 

Cbéf  de  bataillori  après  la  bataille  de  Rivoli,  nommé  adjudant-«énéral 

,  •    •  • 

sur  le  champ  de  bataille  de  Cipoué ,  il  rejoint  ensuite  le  généra]  en  chef 
Méseèttûk  tSénes.  En  iSOd,  promu  au  grade  de  général  de  brigade, 
encore  sur  te  <5hkmp  de  bataille;  membre  de  la  Légion-d'Honneur  â  la 
cfAatiofi  dé  Pordrë,  puis  commandant,  il  fait  avec  la  mém^  distinction 
\m  campM^e^  dTAnâterlitz  et  d'Iéna.  Gouverneur  du  pays  de  Fulde, 
^  hâbitans  hii  offirirenl  tine  épêe  d'honneur  en  témoi^ag^  de  leur 
rwofiiiliisMtiice  ;  Thiébauit  avait  administré  paternellement  leur  payi* 


759  niFÀGt. 

Après  la  paii  de  Tilsitt ,  tiomtnè  chef  d'ëtat-inajor  du  corps  qui  marche 
sur  Lisbonne;  en  1808,  général  de  division,  gouverneur  de  la  Biscaye 

\  A  de  la  Vieille-Castille ,  il  fit  bénir  son  administration.  N'oublions  pas 
la  particularité  suivante  :  le  général  Thiébault ,  dans  les  mains  duqud 

I  l'épéeet  la  plume  étaient  également  bien  placées^  écrivit  T histoire  do 
rUniversité  de  Satamanque,  qui,  pour  lui  témoigner  sa  gratitude,  lui 
oonfera  te  doctorat  ;  cet  ouvrage  manquait  ;  les  Espagnols  Font  tra- 
duit  et  adopté;  certes  il  est  piquant  de  voir  réunis  sur  la  même  tète 
le  bonnet  de  grenadier  et  celui  de  docteur.  A  Salamanque ,  les  habi- 
tans  donnèrent  le  nom  de  Thiébault  à  la  belle  place  que  le  générai 
fit  établir  au  centre  de  la  ville.  A  Aldça  de  Poute,  à  la  tête  de  trois 
mille  hommes,  il  soutint  pendant  trois  jours  de  glorieux  combats  con- 
tre Tarriére-garde  de  Wellingtou ,  forte  de  quinze  mille  hommes.  En 
1813,  de  retour  à  Tarmée  d'Allemagne,  il  fut  nommé  gouverneur  de 
Lubeck,  puis  commandant  supérieur  de  Hambourg*  U  servit  la  France 
jttsqu^au  dernier  moment,  car,  en  1815,  il  commandait  woote  au 
pont  de  Charenton.  En  1818»  Thiébault  fut  Tun  des  huit  lieutenans- 
généraux  d'état-major  et  président  de  la  commission  chargée  de  r6- 
diger  les  programmes  des  cours  de  l'Ecole  d'application ,  car  il  est 
telle  direction  élevée  dont  le  prétendu  zèle  ne  saurait  se  charger,  et 
pour  laquelle  force  est  bien  de  recourir  aux  capacités,  lliiébaidt  a  Mè 
suivi  dans  sa  retraite  par  l'estime  et  la  sympathie  du  pays  ;  sa  carrière 
a  été  glorieusement  remplie;  peu  d'états  de  services  peuvent  être  com- 
parés aux  »ens;  c'est  par  ses  talens,  par  son  courage  que  de  la  position 
de  soldat  il  s'éleva  aux  premiers  grades.  Le  général  Thiébault  est  Ym 
de  nos  écrivains  militaires  les  plus  distingués;  sa  place  est  marquée 
auprès  des  Mathieu  Dumas,  des  Suchet,  Davoust,  Lamarque  et  de 
tant  d'autres  officiers,  houneur  de  nos  armées,  également  recommaa- 
dàbles  par  leurs  faits  d'armes,  leurs  combinaisons  du  champ  de  bar* 
taille  et  par  leurs  travaux  dans  le  cabinet;  réponse  concluante  aux 
vaines  allégations  de  ceux  qui ,  vainciui  nar  nos  armes  et  par  le  Wfh 


ntria.  768 

rag9iiiti^gMi46  fios  chefe,  s'eSbrçaieiit  de  rabaisser  les  hautes  com- 
bmaisoDs  àB  la  tactique  et  de  la  stratégie  &  la  force  brutale  du  euue- 
tenre  moBuloMBi. 

Les  principaux  ouvrages  militaires  du  général  Thiébault,  sont  : 

1*  Mmml  été Mjwirmê  Qénirmm  H  ém  MIoMê  m^ph§é$imi»Uê  EnOê-Uai^f 

divigionnaireê ,  un  TOl.  ÎD-e»,  1799. 
2*^  Vuis  iur  la  RéorgoÊiiêatim  dn  QiuKrHir$'6énér(mœ  $i  du  EiaU^Majotê ,  un  vol. 

in-^,  48iO.  (  Les  principes  exposés  dans  cet  ooTrage  o&l  été  en  partie  adoptés 

lom  ée  la  deraiére  oifanisatton  du  eorps  royal  é'étatHOMdor.) 
3*  /ovrMl  à$»  Op^rmikmê  ém  SMjff  $$  dm  Bheuê  d$  tUnm  (déelaré  clapsique  p«r 

Carnet),  un  vol.  iii-4*. 
4^  Mamiêl  général  dm  arvia  deê  BlaU^Mai^ri  fénêramm  «1  démitUmmairu  dami  1$$ 

arméetf  un  vol.  in-8*»  1813. 
5»  B0laii^dirE9pédUimdêPùriagalmiWIHim»^ 
6*  JÀUrêd^nm  O0i€i9f  fnmfai»  à  kfd  WMm§$iim,  mmrêêitim  dênUèm  eampagmm, 

«815. 

Eo  parlant  du  Journal  des  opérations  du  siège  et  du  blocus  de  Gè- 
nes, Camot  a  dit  :  L^  Journal  de  la  défense  de  Géne$  doit  êbre  lu  en 
entier  par  le$  militairee  appelés  à  défendre  les  places^  eùimne  une 
source  d^instmetions  précieuses  H  comme  un  modèle  de  constance  et 
dHntttépiati.  La  seconde  édition  de  cet  excellent  ouvrage  est  entière- 
.rnent  èpiiisAe.  Le  gteéral  Thiébault ,  et  nous  aimons  à  l'en  remercier 
.comÉied'ua  nouveau  service  qu'il  rend  ATarmée,  a  iHen  voulu  non 
seulement  nous  permettre  de  le  reproduire  en  extrait,  mais  encore 
noue  eonwiuniqtter  le  paragraphe  suivant  qui  sera  placé  en  tète  de  la 
trosiène  édîtioB  qu'il  pr^are.  Ce  fragment  fera  comprendre  fin 
AiMOce:que  kt  drosse  héroïque  de  Gènes ,  défense  prolongée  au  prix 
dw  plus  aAreuses  privations  et  d'un  courage  qui  résista  même  A  la 
•faiiA ,'  ow^çasur  f  événement  de  la  bataille  de  Marengo  qui  avait  rendu 
41tftlie  ArlA  Fcanoe.  Nous  forons  seulement  remarquer  que  le  général 
Tbiébaub  s'est  attaché  à  &ire  ressortir  les  services  de  ses  camarades 
ie*loiia  gfades,  tsidis  que  par  une  modestie  qui  sera  dignement  e^ 


Dans  rëditioD  nouyelle  que  nous  anaonçons,  et  4111.  MiMWI*  4e 

faire  çlu  JoiiirnaV4»  8^^  et  4h  ^qç»^  (|{|  Çlôqes  W  fl«YWift  *  !♦'<»» 
historique,  didactique  et  classique,  ouvrage  dont  la  place  est  marquée 
dans  toutes  les  btbllolBèqlles  mflltdlrôs,  lô  général  Thiëbautt,  après 
ivoir  consacré  qne  partie  de  son  iatfodpctioa  i  çoo^^er  ce^  éYène- 
,WPRt  ^ve,ç  le?  siégps  çt  WPSW-te»  film  célèhren^e  Vhi*|»ira«ideime 
et  moderne  9  $oii&  les  rap^ito  de  \a  gihiatîsa  rit|padÎ¥6  éet  troupes 
^■vank  te  siège  et  le  Moei]9/«te  la  duiée  ete  ftm  et  de  Patitre,  de  la 

disproportion  des  forces ,  des  moyens  et  dé  facbarnement  dans  les 
combats ,  de  l'héroïsme  de  la  défense  et  des  résultats  de  sa  {prolonga- 
tion^ Ç9n4ujjte;^i}gj:  ....... 

v    «Et oapQi»4anfeëidei«eSi.{a4to4é)à^«iti«»éina»^0iy J9|^^ 
»  rage  dans  les  souffrances,  au  stoïcisme  dans  les  privatioiiif»  à  larè- 
.«^  ligAsOioA  Mu^  oK^véïçitè^  qmminAéAé  U  mà^  je  tMtttw|i  qta'ils 
.'«(  dist^Qgu^ai.  et  ^ni>£«pV  tes  dtfaoseurs  de  GAoea  auUtiit  et  fiai  peo^ 
v^f^  êt^  gue  h  glowe  des- iMFW^>  qwib  «a  peNMttaoi  aMuaft  ei<fa 

,  D  SaQ&da^kâQ9  ae  pauV  rieo  «jouter  iVlMin«w  dd  U  ftil^tirt  ^te 

A  ^upport^ept  to$  b^bitoDs  de  ^frMwe^  de  flagni^,  d#  f^Wkip, 

.j^  d^Mis^^  4a  ^rus«kw,  de  Palniyne,  daCalMt^  ii*(La  BadWIe, 

.  l^  d'Uari^Wx  «t  «ttoie  de  PBj?i»^  asaiëg^par  tteBii.IVi.4M.  MiMigtind 

>  ou  pmsa  qu'ai  Pa(is4:'èMie»lde&rèmtt4akit^iitoQ^Ml^ 

t  i|ou^  9^  justice^  à  La  Rooh^a,  dta  f99tatam  «mbàtlMl  foor 

^  lew  religion  ;  à  Uavtem  »  des  faabitaM  dèroiié»  cil  piîÉe»<iM)iio 

;^  «t  bMâftant  les  Espf^gttolsk;  à  Calais,  ie^Vnmifm  iwiIwiébI  kâimàâ 

14  d^  lewi?  soiikveraiA  et  voulant  sauves  lew  mlàê'  «1  iM»:iHiiM(  et 

t^dana  les  autres  a^égea  que  je  vien»  dévoiler,  ifMifc'èliwsV  èta»  faMMlei 

ji^  d6(pu4^it  k\w  patries  leur«  bieoA^  iem  fibsrtè^  liiii  i  fiiiniBw,  leur 

%  exi^tenee  et  G^e^liwl46Qhafipwairp91ap^  4V«DlMÉfiiu  wmmm- 


/  • 


PtÊÊim.  7N 

ttottf  k  «Mr  éeikhMitial  «»tiér«V  qUattd  oa  lidngto  (jMdnif  c«rMoar- 
iMMs  ki  toMil*  dt»  iMbltAiw^  rètiakd'iolirdtoft  4'eff»tts>  failaieat 
IMM»  «onmaiM»  imn  tesr  iroiqpei ,  tes  titcitainft ,  lés  «oulMioleDt  par 
IM  «vri^Mrto  d'MI  toM  iMavhM,  ë*liD  itttértt  tmMNMe  el  cnmomD , 
#ttM  AniMi»  ^  tMait  de  ^  MalsMy  el  >lii  mforçueM  ea  com- 
battant avec  elles,  on  conçoit  que  l'on  se  soit  xMuit  4  maa^ar-ides 
iMMMifiiÉnmidMy  de  rheilM,  dÉ:via«x:oQir»)  el  D^^ 
lintnliiM,«Oiiill«a«d0niieriiég»deMr^.eb)  •nténwraaratft^  anx 
dê^flk  d»«inc«r«  etdf  MtUMileBi  pv  Titaa^  eti  eb  fiiii^  adopttv  la 
MMliltl4»»  «omiMOitagnal to  fità  Alak }  et  l'on  fiqpfiqua  de  tndttit 
le  dèseepeir  dea  SyrAciMi«(s  «tdaa  Irait  cents  traanfiiges' de  Carthafle^ 
tes  MuiMiktiflÉ  M  tuant  «uk-iBènM»)  an  moment  de  la  chut»  de  leur 
plaee^  doute  mille  personnes  mourant  de  faim  i  La  Aochelle,  et 
ptMqw  autant  à  Calai»,  sans  parler  de  se  rendre;  les  bahiUng 
dikrfedi  tdidani  se  ^^Acipttef,  en  masse,  sm*  les  baïonnettes  des 
tatiègeaiM^  0to,,  etc.  Mai»  ce  gué  $$1  mtifm  dàm  PktaMrt,  e'est 
(|tie  pour  ancun  de  ces motifc,  en  défisodant  une  viUe  étrangère,  et 
qui  renfermait  soixante -"quinse  mille  habitans  et  réfugie«,  qn'il 
ftdlaH  tfb^nrer  tk  cMleBip)  6q  faiiaftt  une  i^iierre  ordînaîre^  eo  \u\^ 
liût  y  (Btme  pArt,  mnite  dts  iatrigoes,  4m  •èduetions^  des  tFahisoDs, 
â  p^jATM  A  dftiiMrftUsêf  ^  rebuter  et  dicoomger  toa  troupes,  à  exci^ 
tef  lee  b^MltM  à  la  rM<dtô^  «i  à€  fauire,  eostre  une  arnnto  et  yne 
ÈaWi^i  éént  ta»  clMfii,  êmo  tentes  lee  gwantm  du  drûH  des  sens, 
offriieM)  SMS  ««sset  IM  p/M  AMiardWfe  randttfons^  on  eût  fsit, 
{«f  dèvooemetit  fwtf  sâ  pstrie^  per  l'efst  du  o«raetère  d'uq  seul 
boDittiQ,  ffmt  l'hdDMvf^  enfla  ^  w  qui  a'^atût  jemaîs  j^BUltô  que  de  la 
iMUff  dea pAHii^  d»  taMtnDe^  de  la  terreur^  du  dàs^spoir^  et  d'une 
^folMlè  «MDtilto^  jUftiftfte  fmt  IduIm  lea  ooasidèratMNia  buoiaines; 
eulàb^ùey  êê  eette  soete  ^  on  ail  pôilé  k  CMMiistaoce  jusqu'A  dévorer 
M'qtti  ne  paMfssait  pa»  su«teptîUe  à-élnmêÈigb^d$»lkwrer*$a4:s 
«  imglèèNmf  jasqtsIkfeHba  p«r  hêi  faMÎM  M  lea  «pûMwee^  ua 


7M  P«te 4CS. 

»  nombre  éffiraiant  de  citoyens  el  de  soldais ,  c'estp-àntire  plus  de 
»  trente  mille^  et  que,  {lar  Texcès  du  besoin^  Ton  ea  spk  ïenu  k 
)/  oette  épouvantable  eztrémiléy  dont  on  ne  oonsacre  ici  le  souTeqir 
«,  qu'avec  un  sentiment  màlè  d'honreor  et  de  pitié  >  je  veux  dire  de 
»  manger  de  la  chair  humaine  ^  ttim  que  oela  est  arriva  sur  plusieurs 
»  champs  de  bataille. 

»  Enfin,  sous  le  rapport  des  résultats,  la  censtaiice  et  la  bramure 
»  des  Syracusiens,  sous  Harmocrate«  d^vrèrenl  leur  patrie}  et  l'qii- 
»  niâtre  défense  de  Spolette  et  autres  petites  places  de  l'Itdie»  retarda 
s  l'exécution  des  projets  d'Aonibal  centre  les  Romains  et  sauva  Bomoi 
»  peut-être  ;  la  valeur  des  Parisiens  les  préserva  du  joug  des  Nor* 
»  mands;  deux  fois ,  et  sous  les  ordres  d'Huniade,  les  babitans  de  Bet- 
9  grade,  en  conservant  leur  ville,,  arrêtèrent  les  ravagesd'Âmuratet  de 
»  Mahomet  H,  et  couvrirent  l'Europe;  la  délénse  de  Marseille  débar* 
»  rassa  la  France  d'une  des  armées  de  Charlest-Quint;  et  LaQdreeies 
H  fut  recueil  de  sa  fortune;  la  prise  d'Ostende  coûta  quaitre-vingt-dix 
0  mille  hommes  aux  assiégeaus,  et  le  siège  de  Candie  immortalisa 
»  Gorsini.  Qu'ajouterai-je?...  De  nos  jours,  la  durée  des  sièges  de 
»  Lille,  de  Thionville  et  de  Landau,  la  durée  des  blocus  deMaubeuge, 
»  concoururent  puissamment  à  couvrir  nos  frontières,  à  arrêter  l'eft- 
9  nerni ,  et  à  donner  à  nos  armées  le  temps  de  se  remettre  et  de  se 
»  réorganiser,  et  la  défense  de  Mayence,  tout  en  conservant  sa  garoi*- 
»  son  à  la  France,  détruisit,  pour  ainsi  dire,  une  armée  tout  entière 
i>  à  rAulriche;  et  cependant  la  durée  de  la  défense  de  Gènes  eut  des 
»  conséquences  plus  importantes,  puisqu'elle  força  l'ennemi  à  se  mof- 
>  celer,  qu'elle  commença  la  ruine  et  la  défaite  d'une  des  plus  belles 
»  armées  que  P Autriche  ait  mises  en  campagne;  qu'elle  la  oontraigoit 
>i  à  des  sacrifices  que  l'occupation  même  de  cette  ville  ne  pouvait  plus 
»  compulser,  et  qui  furent  irréparables;  qu'elle  fiacifita  l'entrée  de 
»  l'Italie  à  l'armée  de  réserve,  et  qu'elle  rendit  Ui  victoire  de  Mareogo 
»  possible;  et  que  d'autant  plus  glorieuse  iia'elle  résuttaH4e  phis  tfef* 


PAtTAGB.  m 

»  forts  et  fut  plus  importante  j  cette  défense  forma  le  premier  anneau 
»  de  cette  chatne  d'èvènemens  surnaturels  qui  en  1800 ,  et  postërieu- 
»  rement  à  cette  époque,  illustrèrent  la  France  et  couyrirent  l'Europe 
»  des  monuœens  de  sa  gloire. 

9  Ainsi  ^  sous  le  rapport  de  la  situation  respective  des  troupes,  de 
»  l'état  de  débandement  dans  lequel  le  général  Masséna  trouva  Tar- 
»  mée  d'Italie,  du  temps  bien  évalué,  des  forces ,  de  la  famine,  des 
»  épidémies  et  des  pertes;  du  nombre  comme  de  la  nature  des  com- 
»  bats,  et  de  leur  acharnement,  des  résolutions  les  plus  hardies,  des 
»  motifs  les  plus  magnanimes,  enfin  des  résultats,  il  est  évident  que 
»  le  siège  et  le  blocus  de  Gènes ,  déjouant  les  plus  vastes  projets ,  con- 
»  tribuant  au  succès  des  plus  hautes  conceptions,  et  faisant  briller 
»  d'un  nouvel  éclat  la  gloire  d'un  grand  capitaine,  l'emportent  sur  tovt 
»  ce  qu'en  ce  genre  de  guerre  il  esi  possible  de  leur  comparer,  m 


IMf|.  ISI  pliiTlÔM  an  n  républicain. 


AifBHÉ  MÂSSËNA, 


Au  CITOYEN  Paul  Thiébault,  général  de  brigade 


Je  vous  renvoie  ci-joint,  citoyen  général,  le  manuscrit  d'après  lequel 
doit  se  faire  la  seconde  édition  du  Journal  du  Siège  et  du  Blocus  de 
Gènes. 

Je  Tai  lu  avec  toute  l'attention  que  mérite  un  ouvrage  destiné  à 
consacrer  un  événement  que  le  zèle  et  le  dévouement  de  tant  de  braves 
rendraient  mémorable,  quand  même  les  circonstances  eussent  été 
différentes. 

Il  est  impossible  d'être  plus  exact  dans  les  détails,  plus  rigoureuse- 
ment vrai  dans  les  raisonnemens ,  et  plus  juste  dans  les  conséquences 
que  vous  ne  Têtes. 

Je  ne  vous  parlerai  pas  de  ce  que  votre  amitié  vous  a  dicté  relative- 
ment à  moi;  mais  je  ne  puis  manquer  de  vous  témoigner  combien  j'ai 
aimé  à  remarquer  le  soin  particulier  avec  lequel  vous  vous  êtes  plu  à 
rendre  justice  aux  corps  qui  ont  défendu  Gênes ,  et  aux  chefs  de  tous 
grades  sous  les  ordres  desquels  ils  ont  combattu  durant  cette  é[)oque 
si  pénible  et  si  glorieuse  pour  eux  tous. 

Je  vous  assure  de  mon  estime  et  de  mon  attachement. 

AIabséna. 


=f*«?iwpe=^pwwp 


aE=^<)>     «•< 


?••>*• 


COUP^D'OEIL 


LA.  SITUATION  M  L'ARMÉE  D'ITAUE, 


*  f         « 


LB   MOWSUT   017    LB    GBMBBAL   MA8SB9A    BU    A    PBlI   LB    COMMA|IDpMBKT , 

JUIQU'aV  BLOCUf  DB  CÉBBa. 


La  lOle  de  fiéaes,  sîtaée  f^uf  le  bord 
de  ta  mer^  est  hàtîe  en  amphilbéAtre, 
furie  peBehanid^mie montagne,  donl 
ta  baie  ocoupe  une  étendue  d'environ 
quatre  milles  d'Italie,  et  qui  aépace  ta 
Ugorie  en  de»  periiesà  peu  firèa  éga- 
ta8.  Btle  est  entre  tasiorrenade  ta  Pot- 
cevera  et  du  BiaagUQ,  qui  donnent  en 
dcMvent  lenranomaà  deux  valléea  à  pen 
prèapacaUètaa^  par  leaqeeltas  on  arrive 
à  ta  baitfe  crAte  des  Af>eniHna< 

Cette  viUe  est  fermée  par  deux  en-> 
ceintes  de  fertiilcations;  l'une,  inté- 
rieiire«  oooupe  ta  moitié  de  la  menta- 
gne  sor  le  penchant  de  laquelle  G6nes 
est  bMie;  et  l'autre,  eitérieure,  ren- 
ferme ta  totalité  de  ta  montagne,  et 
forme  un  an^  exact,  dont  la  mer  est 
ta  base.  Les  deux  cMés  de  ce. môme 
triangle  s'élèvent  sur  des  escarpeqiens 
qui  regardent  les  deox  vaUées,  et  far* 
ment  un  angjie  aigu,  sur  la  sommité  de 
ta  montagne  ;  l'ouvrage*  qui  ta  couvre 
se  nomme  TEperon ,  à  cause  de  ta  fi- 
gure que  forme  l'eusembta  de  cette 
doiibta  enceinte»  IL  part  de  luette  somn 
mtté  mm  oréte  jcn  dos  .d!ène,  qni  dé- 
veiie  par  des  èscarpemens.  tvès  ditt- 
eitaa«.sttués  à  sa  droite  et  à  «a  gaucbei 
•nr  les  denx.toTrees.JPu  rM&  opposé 
icetad  par  lequel  ^le,  tient  k  ta  ^îlle, 


elle  déverse  sur  uneespèf:ede'Coi  par 
lequel  se  (ait  la  comaïunitation  des 
deux  vallées  de  ta  Poleevera  et  du  Bi^ 
sagtto.  Cest  entre  l*£peron  et  ce  col 
que  se  trouve  ta  poaitîen  des  Ueni^ 
Flores,  c'est-à-dire  deux  pointes  qni 
coupent  cette  oréte  et  ta  tbmmatideDt, 
et  le  Meot-^isoié.  sur  foquel  est  bèti  4e 
fart  Diamant.  Au^ta  de  ce  eel ,  la 
crête  lecônmienee  et  se  prolonge  eu 
s'élevnnC  jusqu'à  ta  sommité*  des  A4Mn- 
nins*  C*est  sur  la  gaucba  du  Bisiigne 
que  se  trouvent  les  forts  deQoemi  ^  de 
Sainle-Técle  el  de  Rieheliett,  qui  dé- 
fendent les  approebes  de  ta  Medona» 
del-Monie  et>d'Alban>. 

Le  terraio,  sur  lequel  les  foitfSea^ 
tiens  de  <iénes  se  trouvent  traeéea»  a 
été  parfaitement  saisi  i  les'  ftanca  et  les 
vues  y  sont  mullipliéB  avec  une 
naissance  exacte  des  sites  biaarraa 
l'environilént.  Le  refeipart^t  d'i 
largeur  ^urodigteuse,  ce  qui  toren 
ceptibta  de  toutes  les  sottes  d'envrogaa 
qui  peuvent  ajouter  à  la  défense. 
*  Le  MocttS  de  Génea  est,  par  son  in^ 
poitanee  et  par  tes  cifoonataneea  qui 
l'ont  accompagné,  l'oie  des  opérations 
lés  plus  faites  pour  însphor  nn  vif*  in^ 
térèt  aux  militaires  et  à  touotae  FfOlf- 
çais,  et  pour  tenîrnne  ptaeedistingiiée 


ïiS 


ôS0f^ii*SltL 


dans  l'histoire  de  cette  aoavelle  guerre 
de  b  révolution. 

Afin  qu'il  ne  reste  aucâh  dditlté  k  cet 
igard ,  il  suflBt  de  se  rappeler  c|ue  Gè- 
nes (  la  seule  place  importante  qui ,  efi 
1800 ,  nous  restât  en  Italie)  se  trouvait 
en  mèm  te*ifi  l^bjet  |4  r»iiliitio» 
de  la  maison  d*Autridie,  et  de  la  sol- 
licitude de  la  République  française; 
que  Gênés,  défende  paf  Une  fbipiéé 
de  soldats  débiles,  composUftt,  après 
les  désastres  de  la  dernière  campagne , 
les  débris  de  l'armée  d'ItaUe,  fiil«Hi« 
qnée  par  une  armée  fraîche,  victo- 
rieuse et  quintuple  de  la  nètre  ;  que  la 
ffise  de  Gènes  avait  paru  si  importante 
à  l'emperaur  d'Àutridie,  que  c^est  à 
VièBM  qut  a'êrtètfe  le  plan  de  eeUe 
attaque,  diM  toqudie  on  mit  à  profil 
soi  maui  piéiciii  et  pissés,  notre  dé^ 
•fenainlf  notre  niairei  et  tous  leadé* 
atvMtâgn  de  no^  position  niyMre  i 
flt  qni  It  eoalUiM  en  tièM  lembhit  »f oir 
«n  qittlque  sorWi  attaahé  rhonnlHi#  dé 
la  funipÉgne,  «u  du  Moioa  de  son  éé» 
IM^  à  rodiupalien  de  eette  i^aéé. 
VaiUMra  toiil  dsrail  d'antanl  plus  éfi^ 
denHent  faire  délirer  eui  puisaanees 
de  la  cealHieli  de  eonquèrir  fièÉiei«et  à 
ta  VKaMe  de  la  eeesenr«'«  qœ  Peilipe^ 
reur  parvenant  à  ne«a  l'enfever ^  se  tfftii^ 
v«it  iMltre  de  ritalle  entière ,  poetait 
ëifJHf  de  f  epwndre  ses  prainièrei  p»- 
iitiaiia  wiêé  les  ÀlpM-liarttimetf  aùi*^ 
•uiBMv  Mt  i^ee  la  févnion  de 
iMiMr  tOÊL  eff^rli  qm 
WÉè  peorffMpMrede  cecètd,  m  en^ 
MfesbraePMiarfliéeAiiMiln  jelfHd 
Mevtf'Seafaawfei^ewaflMMPeeeefieiiesi 
nous  iMBieÉa  une  diiwiioli  peiniiitf^ 
fsà  ne  pMivaK  OMM^ilef  de  fiilMider, 
#li»eiuMlèpe  Immise,  |ei  epèntleii 
8e  eee  aiMoes  eees  w  setsfe^  eai  wêêêê 


' 


*-- 


MeM  taèépin  leniieet  de  mi  ooii^ 


sidérations  majeures,  et  wmà 
fMTtef  f4P  Heotages  conuBCfcian  qM 
Geties  0fo<Àre,  de  quelle  ImportiBn 
militaire  n'est  pas,  pour  l'armée  qri 
doit  foire  la  guerre  dans  le  Piénaet, 
cette  place  qui  offre  en  même  tenp 

les  magasins,  et  un  point  d'appvi  ial- 
nimeqt  respectable?  De  ^oudle  impor- 
tance n'est-^lle  pas  pour  le  oonunem 
et  là  sAfété  de  la  Corse  et  dn  midi  de 
la  France? 

tmà  fuldenc  mis  en  usage  par  l'en- 
nemi pour  s'assurer  de  cette  oonqoèle,* 
qu'il  entreprit  avec  tous  les  avantagei 
possibles.  Sidvèns  ta  èlrtt  êUÊmlHà 
des  faMs  qd  cetopdWbt  eel  IMI# 
4M,  et  veyeiia  eeMbled  te  fitta  H* 
suppléer  aoi  reÉ^ureesi  et  ta  tMtf 
ati  nenriiret 

Mais  tvant  dé  émÊMÈ&U  ta  ÉÊm 
tleA  des  flilta  parttmfiWinuiêinwiaM 
«I  MoœSi  )etMis  toi  ydtt  tir  ta  M» 

MâMéM  «tr  pril  iè  MaMtttMMMf 
tout  préMgMrtt  VMf  «M  tfliiVMÉi 
dèsastMe^  el  ee  inet ,  #9  4fÊi8ÊçfÊl§  wtt 
que  r  on  penèl  les  NlglMi,  8fe  M 1»' 
eelifMtt  <tue  dii  prtÉéipM  4é  détNp 
Biiition  el  dif  mtali 
Oéntlée  de  tous  iéëMr^,  oèftaf^Ml» 

keuMttièiMiéef'difis  H  iiMbiii  lifHi 
^MN^Rwee,  oCfteiMM  rnirer  le  infla  w 

Hilel,  lÉllgaïuieiffâ  el'  QèflgUHI^  MV* 
inei  uv  nos,  cieeourvgce  es  uMitnBr,  vs 

KMdata  dé  MttlMihMI  j^  èfW  i(WM 

Spcoirvs»  EÂÊw  rcpuiea  esaieDC  eevwMS 
dèliloâ#Étiiëld«è«<iafll»;  ellta 
hMJfltlIi  qitf  pftl^^èèîéAf  i  §ê 
fuK^  ott  kèpMI,  y  dWéif 

psn^nif  MBa  19  piu  ro^^n  amBe^ra,  sue 

IWi  M  ttâÊtrét  (4b««ÉMt  II  W, 


SUE  LA  SlTDATiOtl  M   L'aAMÉE  D*1TALIB. 


M 


tf^t  béAUeM|>  d*hdpltatii,  on  n'enter- 
rnll  phi^  que  très  tard  ),  une  mort  pins 
pMnpte,  plue  <Mruelle  et  plufl  certaine 
<pié  àM%  hM  ektnpft  nahains  et  sur  iet 
Mtltèt  ({iilla  quittaient. 

MnaTamiée,  toutes  lea  parties  de 
êisrAèè  pfê^ntaienl  d'aussi  déplon^ 
bto«  résuRats  t  partout  la  misère  la  plut 
cruelle  faisall  les  ratages  les  plus  af«- 
9hÊM\  éi emnant  y  ramédierf  tout 
élitl  irtds,  tes  magasina  et  les  caisses; 
fois  Ma  «ft>rts  saeoassib  dea  différons 
ihofhi  do  Mtte  armée  o'afàient  servi 
4É*I  yaonvir  leor  inutilité,  toutes  las 
pttUlques  et  ptHrées  étaient 
toutes  lea  espérances  étaient 
lUiOiles;  otràrméo,  dans  eet  état  pi^ 
ItfiMi,  se  consumait  a? ee  vue  rapî- 
el>ayawle,  par  lei  épidéoiiea. 
IH  déaertloiia,  la  faim»  et  las  mala» 
Ul  quelles  p#aduiaalent,  tnlévaieDt 
lit  trois  à  quatre  coula  houH 
àl*miiée,  et  il  étall  à  craimbo  que 
cUMiUiearéuwItsno  parfiossmtafant 
peu  à  la  dissoudre  entièrement. 
•   BesiupuU  da  natte  natiira,  portés  à 
eu  iapi,  et  auiqueb  le  gouvaroMiattt 
BtrwtOflal»  uiMgré  ita  promesses  sans 
MM  «éfM«éua4  n'avait  uppUqué  depuis 
fegpinfula  auBUu  remède  oncace,  n'e-- 
nuleut  ptt  naauquor  d*en  predkure  tou'* 
)MM  do  uoiveen;  ul  o^esl  par  leur 
eeuteuta  que  /eflillUett  cliaque  jour 
rentière  dissolution  du  FanUée.  Tout 
«i^UBonéa  Ihyattcua  eoulvées  Uvrées  au 
^iuaiipoivvUD  cberchaM  à  éahappar  a  la 
aeoM/qui  ^  tous  eAtéa  |  peraissait 
euuais  figura  la  pha  bi*auiu>  guiteiaii 
quu^  sens  fli^iu  usage  de  ses  ennea, 
mâioBBi  noua  til«  dane  le  rivière  de 
Oluea,  puiFJiâ  deue  un  aeul  hîvor(le 
fi»  désusHuui  dent  loi  euualea  du  la 
|uem  puissesil  faire  moutiett  )  près  de 
iMBla  UrfHecomliellans.  La  soUe  était 
Mllréu  *a  einq ,  aix  et  sept  umis. 
M  éM  pourtant  Tétat  épouvanlu- 


bie  de  cette  armée,  lorsque  le  général 
Masséna,  par  le  dévoueuient  le  plus  gé^ 
néreut ,  quittant  une  armée  victorieuse 
et  dans  Taboodance,  en  accepta  le 
commandement. 

Le  général  en  ebaf ,  de  son  c6té«  M 
exécuter  avec  tant  de  rigueur  Tordre 
qui  praacrivait  à  tous  les  Italiens  réfor- 
giésde  se  rendre  à  Dijon  i  qu'il  débar  ^ 
raasa  Gènes  d*HU  gr^'od  nombre  de  boo^ 
ehes  inutiles. 

La  faim  que  nos  soldats  éprouvaient 
était  teBe,  qu'ils  MOgeaieot toutes  le» 
radnea  et  les  herbes  qu'Us  pouvaient 
découvrir  sur  lei  rocbers  arides  qu'ils 
défendaient  :  a'est  ainsi  que  toute  um 
compagnie  de  la  W^*  de  Ugne  sempoi-^ 
sonna  en  mengeani  ud9  9Qupu  4â  ci- 
guoi  A  la  fin,  loi  bounMidr  corvée  4ff 
corpa  «u  peu  éloigié«4u  Gèaefi  n><^ 
voient  pins  le  forae  de  vew  4ux  dis- 
tributieus. 

Cette  mlièN  gépéiul^t  oaiUl  WR^^? 
Iwnsion  oaoliuueVe  du  di«eUo  é^em 
eeeeMMles^  Tout  contoaiieit  les  ioteik 
tiens  du  général  em  ak^fr  etmnutait 
aeneffarta*  Su  eQMi  toul  «»«iub)^t  se 
réunir  contre  lui  i  la  uéglîgance  4ui 
unSf  la  mauvaise  foi  des  uufar#s,  Yî^t 
capàailé,  le  défaut  de  nioyeiia«  et  iei 
venta  qui ,  peudaul  ptail4e  quatre  mois 
I  (dicouatauce  quî  u*étei|  jaipais  arrir 
iét),  reatèrauA  coustauipientGQutcairea 
à  l'arrivage  dea  convoie  v^n^nt.  4e 
Frenouè  fièoea^  U«  djeui  Ul  ln^hom- 
nset  paraiaseiea*oen|urési  peur  èmm 
la  parti  do  l'enuiu,  et  du  la  Miurîe, 
00  pour  prépereff,  ^  le  difficulté  du 
anooèa^  fa  gMru  hitto  britliote  m  ce^ 
hii  qui ,  eudgré  tant  d'oheteeka,  pus- 
viendrait  à  on  réaidtat  lieurem(^ 

Meia  que  foui  nui  maw  préaeus  «t 

uffgeua  dee  remèdes  qui  uu  pui»veut 

agir  que  dans  le  suite?  Aumi,tuut^ 

espéraul  uu  avenir  plus  taeypeux ,  lis 

j  embarras  se  multipliaient  totyours*  et  ^ 


COCP-UUHI. 


respoJr  alors  fondé  de  tes  voir  sous  peu 
terarinés,  était  pow  le  général  en  chef 
un  soulagement  d'autant  plus  faible , 
que  toutiiiiTer  s'était  passé  en  raines 
espérances  et  en  une  attente  inutile  ; 
qu'il  était  arrivé  au  moment  où  les  dé- 
bouchés des  Alpes  étaient  devenus  pra- 
ticables; qu'il  savait  que  Tennemî  se 
préparait  à  rentrer  en  eampagne,  com^ 
mençait  à  se  rassembler,  manœuvrait 
sur  toute  sa  ligne,  et  déjà  serrait  les 
avant-postes  de  Tannée  française  ;  qu'il 
ne  pouvait  se  dissinraler  que  ses  trou« 
pes  n'étaient  pas  en  état  de  faire  la 
guerre,  et  qu'il  voyait  leur  décourage* 
ment  augmenter  chaque  jour,  avec  le 
prolongement  de  leurs  maux.  En  effet, 
l'ennemi  s'était  renforcé  et  reMt,  pen- 
dant qu'en  Italie  l'armée  française  avait 
continué  à  se  fondre  et  à  s'anéantir. 

On  ne  peut  disconvenir  que  l'entrée 
en  campagne  du  général  de  Mêlas  ne 
soit  digne  des  plus  grands  éloges,  et  ne 
mérite  d'être  citée,  par  les  mesures  au 
moyen  desqueHes  il  ca^ha  les  forces 
qu'il  avait  en  Italie. 

Toute  cette  armée  autrichienne,  tê^ 
surée  par  notre  état  et  notre  faiblesse , 
S'était  bornée,  pendant  t'hiver,  à  nous 
ftiire  observer  par  un  simple  cordon , 
et  avait  été  répartie  dans  toutes  les 
places  du  Piémont ,  de  la  Lombardie, 
'du  pays  de  Yenise,  du  Bolonais,  de  la 
Marche  d'AncAne  et  de  la  Toscane. 

Ainsi  divisée,  eHe  avait  en  effet  paru 
fiible  partout;  mais  die  avait  reçu  fii- 
dlement  tout  ce  qui  avait  pu  être  né- 
cessaire à  so»  entière  restauration.  Les 
recrues  et  les  renforts  qu'elle  s'était  pn>- 
curés  pendant  son  long  repos,  répar- 
tis d'après  le  même  systètre,  n'avaient 
presque  pas  été  sperçus  >es  rapports, 
de  qudque  cêté  qu'ils  aient  été  reçus, 
hvaient  Mt  mention  de  si  peu  de  trou- 
'pes,  que  l'on  regardait  généralement 
cette  armée  comuM*  ir^^  M^  d'.ivoîr 


réparé  les  pertes  de  la  dernlèrocanipa- 
gne,  d'autant  plus  que  l'on  avait  ré- 
pandu et  accrédité  le  bmit  que  les  ma- 
ladies l'avaient  oonsidérabiemeBt  ré- 
duite. Enfin  l'on  croyait  encore  qu'elle 
rentrerait  tard  en  campagne,  ou  méflae 
que  l'on  pourrait  la  prévenir,  lorsque 
déjà  les  corps  qui  la  composaient  mar- 
chaient pour  se  rassembler. 

Quand,  par  ce  mouvement  spon- 
tané, on  vit  toutes  les  villes  fournir 
tont-èK^oup  de  nombreux  bataiBoiis  à 
l'armée  active,  et  M.  de  Mêlas  réanir 
en  pea  de  jours  àix  mille  houunes  ea 
avant  de  Bobbîo«  sept  nûHe  en  avant  de 
Tortone,  trente^sinq  miHe  à  Aeqm  et 
Alexandrie,  et  nous  attaquer  avec  des 
forces  aussi  respectables ,  en  faMssnt 
encore  dans  le  Piémont  tente  sa  esva- 
lerie,  une  artillerie  superbe,  et  vingt 
mille  hommes  d'infénterie  J'étonne- 
ment  fut  oniveisel,  et  l'on  ne  pat 
s'empêcher  d'admirer  le  seeret  de  eei 
préparatifli,  et  la  prédsim^de  l'exéco- 
tion. 

Mais  un  rapprochement  qii ,  sans 
doute,  n'échappera  pas  à  l'hiskure. 
c'est  que  deux  mois  et  dix  jours  après, 
M.  de  Mêlas  a  été  battu  par  l'effet  d'ane 
luse  en  partie  sembhèie  à  celle  qa'ii 
venait  d'employer,  et  bien  plus  éton- 
nante par  la  hardiesse  de  sa  concqh 
tion ,  et  par  les  difBcullés  que  son  eié* 
eution  présentait. 

De  ces  fisits  découlait  ^ioe  consé- 
quence accablante  :  c'est  qua,  forcée 
dans  ses  positions,  l'armée  n'avait  ea 
grande  partie  que  Gênes  peur  retnaie, 
et  Oêties  n'était  pas  approvisionnée  ; 
Savone  mêUMs  n'avait  pu  l'être.  D'an 
cêté,  le  gouvervKDBent  ligurien  décla- 
rait ne  pouvoir  phis  concourir  à  novr* 
rir  les  troupes;  et  pour  surcroit  de 
douleurs,  les  mdadies  costinoiient 
leurs  ravages;  et  pour  comble  d'em- 
barras, l'argent,  si  néœsaatfe dansunf 


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50K   LA  MitATlON   i>E   l'aRMÉÈ  D^ITÀlIB. 


706 


armée  où  tout  abonde,  manquait  ab- 
solument dans  celle-ci ,  où  to4  mash 
quait  avec  lui.  La  poste  dès  cour- 
riers ,  et  des  officiers  de  tout  grade , 
portait  sans  cesse  ces  afflîgeans  détails 
au  premier  consul  ;  mais  la  position  de 
Tarmée  était  telle^  qu'elle  nç  pouvait 
être  seoovue  où  ^e  '^tait  C'ast  une 
vérité  que  le  gouvernement  n'avait  pas 
pu  avouer,  mais  qu'il  est  facile  d'éta- 
blir; et  en  eCfet,  il  lui  aurait  faHù,  à 
cette  armée,  des  sommes  énormes  pour 
changer  sa  situation  ;  et  de  moindres 
dépenses  pouvaient  créer  une  armée 
tout  entière.  Il  lui  aurait  fallu  en  in- 
fanterie d'immenses  renforts  :  or,  les 
troupps  ne  pouvaient  y  arriver  qu'a- 
près une  marché  aussi  longue  que  fa- 
tigante, et  il  n'y  avait  pas  même  dans 
la  Ligifrie  de  quoi  nourrir  et  solder  le 
peu  de  troupes  qui  y  étaient.  Il  lui  au- 
rait fallu  de  la  cavalerie,  et  fon  n'avait 
pas  même  le  fourrage  nécessaire  pour 
faire  vivre  le  petit  nombre  de  chevaux 
des  généraux  employés  dans  l'armée. 
Il  lui  aurait  feliu  de  Tartillerie,  et  il  n'y 
avait  pas  de  route  pour  l'amener,  pas 
de  chevaux  pour  la  conduire,  et  pas  de 
fourrages  pour  nourrir  les  chevaux.  La 
mer,  le  seul  moyen  de  nous  procurer 
dea  secours,  appartenait  aux  Anglais. 

Quant  au  général  Masséna,  qui  ne 
pouvait  penser  que  l'armée  de  réserve 
fût  en  mesure  de  secourir  l'armée  d'Ita- 
Ke,iletttladouleurdesevoirbloquédans 
le  moment  où  la  pénurie  et  la  misère 
étaient  à  leur  plus  haut  degré  ;  dans  le 
moment  où  l'armée,  sans  fournisseurs, 
et  après  avoir  épuisé  une  grande  par- 
tie des  ressources  locales,  n'avait  pas 


dans  ses  noagasins  pour  vingt-qualre 
heures  ^  poin  ;  et  où ,  pour  comble  de 
malheur,  il  attendait  à  l'aile  droite 
trois  demi-brigades  et  trois  régimens 
de  cavalerie,  et  où  il  savait  deux  mil* 
lions  arrivés  à  Nice,  et  les  dix  -  huit 
miUe  quintaux  de  blé  eipédiés  de  Mar- 
sei^  pomt  Cènes^  par  la  cempagnie 
Guyot. 

Mais  nu  15  germinal ,  l'ennemi  qui , 
par  son  attaque,  ne  nous  laissa  pas  le 
temps  de  recevoir  de  secours,  détruisit 
à  la  fols  toutes  nos  espérances  d'ar- 
gent, de  vivres  et  de  renforts.  Aussi, 
comme  nous  n'étions  point  en  mesure, 
et  qu'il  n'y  avait  aucun  équilil»'e  de 
forces  ni  de  moyens  entre  nous  et  lui , 
nous  ne  pouvions  rien  opposer  au  choc 
de  ses  masses;  nous  ne  pouvions  lui 
faire,  avec  quelqu'avantage ,  qu'une 
guerre  telle  que,  par  le  résultat  dès 
mouvemens,  nous  parvinssions  à  le  di- 
viser, afin  de  nous  porter  réunis  sur 
ses  parties  éparses.  C'est  d'après  toutes 
ces  données,  que  s'étant  principale- 
ment dirigé  sur  Vado  et  sur  Savone, 
il  s'empara  de  la  première  de  ces  deux 
places  dès  le  second  jour  de  l'attaque, 
et  isola  par  ce  mouvement  l'aile  droite 
de  l'armée.  Cette  dernière,  seule,  dé- 
fendit Gênes  contre  tous  les  efforts  des 
coalisés.  Gênes  était  le  but  connu  dea 
tentatives  de  l'ennemi.  Ce  journal  ne 
comprendra  donc  en  détail  que  lés 
opérations  de  cette  aile,  qui  sont,  par 
cette  raison ,  ce  qu'il  y  a  de  plus  inté- 
ressant dans  le  rôle  que  ces  débris  de 
l'ancienne  armée  d'Italie  furent  appe- 
lés à  remplir  au  commencement  de 
cette  nouvelle  campagne. 


n 


JOURRAL 


wm 


OPÉRATIONS  MILITAIRES 


DU  3l|:Gfi  ET  DU  BLOCUS  DE  GÊNES. 


l qotW^  «V90  1q  resU)  dd  Varaée;  oe 
Aa  IQi  gefikitDai  »  jour  de  la  reprise  ]  ^  d«vwaU  mèoM  ebaque  jaur  d'M- 


des  hostilités ,  l'aUe  droite  de  rari^ae 
d'Italie,  aux  ordres  dq  Ueutenap^  d'ar- 
mée, le  générât  Soullc,  formait  trois 
divisions. 

Ijd  tableau  qui  se  troute  &  la  fin  de 
ce  volume,  sous  le  n*  1 ,  indique  Tem- 
placenient  et  la  força  de  cette  aile. 

£lle  était  cQinposée  de  quinze  mille 
trois  ceqt  vingt  ^QiUDies,  desquels  dé- 
falquant un  cinquième,  qui  est  au  moins 
ce  en  quoi  les  états  de  situation  diffè- 
rent du  nombre  des  combattans ,  Ton 
verra  Vélite  de  tout  ce  qui  restait  de 
Varmée  d'Italie^  à  peu  près  douie  mille 
tiommes. 

Telle  était  la  situation  militaire  de  cette 
aile  de  Tarinée,  losrque  la  campagne 
«'ouvrit.  S^a  ligne  qui ,  sans  compter  (a 
jnarine,  avait  plus  de  soixante  milles  d'é- 
tendue, ré(ai(  beaucoup  trop  sans  doute 
pour  le  nombre  des  hommes  qui  pou- 
vaient être  employés  à  sa  défense.  Elle 
ne  pouvait  néanmoins  être  resserrée  : 
il  fallait  nécessairement  garder  les  cA- 
tes  pour  prévenir  le  débarquement  et 
prctféger  les  arrivages,  occuper  tous  les 
débouchés,  et  conserver,  autant  qu'il 


lapt  plua  important  «  que  les  nsienn 
btemeqs,  laa  mouvemens  et  les  reooiH 
Miasancei  que ,  depuis  ptas  de  dii 
jours,  l'ennemi  faisait  sur  tout  uoUt 
front,  et  les  magasins  i;onsidéreUai 
qu'il  avait  formés  en  plusieurs  poioU 
différens  de  sa  ligue,  se  pouvaient 
permettre  de  douter  d'uM  itiifse 
nrochaine  et  générale.  Il  était  doK 
indispensable  de  l'observer  de  |iès  «i 
sur  tous  les  points,  et  de  suppléer  a  k 
faiblesse  des  moyens  par  tout  oa  qui 
pouvaient  la  valeur,  l'afitivîté,  et  Vn-- 
périeuce  la  plus  éclairée« 

Aussi  les  instructions  les  plus  pié- 
cises  et  les  mieux  détaUléea  avahea^ 
elles  été  données  par  le  général  «o 
chef  à  ses  lieutenans.  £U#s  a'acco^* 
daient  toutea  k  recommander  de  mi- 
vre1e  système  des  massMftft  (Wréa- 
nir  d'après  cela  chaque  ditisioa  aai 
premières  tentatives  de  renneroi,  ce 
parti  étant  le  seul  qui  pût  diminuer  les 
risques  de  notre  position ,  qui  nous  ré- 
duisait à  n'avoir  sur  les  différens  poiuU 
de  notre  ligne  qu'une  apparence  de 
forces  :  enfin  Gènes,  le  but  connu  def 


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768 


JOUENAL  DES  OPERATIONS  MILITAIRES 


projets  de  la  coalition ,  avait  de  même 
été  indiquée  pour  le  point  de  retraite 
des  trois  divisions  de  l'aile  droite. 

Nous  étions  ainsi  dans  l'attente  de 
l'explosion ,  lorsque  le  16,  l'apparition 
de  toute  la  flotte  anglaise  fut  le  signal 
des  attaques,  qui  en  effet  commencè- 
rent le  même  jour  :  savoir  à  Recco  que 
nous  évacuâmes  le  matin ,  mais  où  nous 
rentrâmes  le  soir  ;  à  Borgo-di-Fornari, 
où  l'ennemi  voulut  couper  la  ligne  de 
nos  troupes,  et  où  le  général  Poînsot  le 
repoussa  en  lui  faisant  quatre-vingt- 
quatre  prisonniers  ;  et  sur  les  hauteurs 
qui  se  trouvent  à  la  gauche  de  Cadi- 
bona  (1),  où  nous  conservâmes,  par 
une  résistance  opiniâtre ,  toutes  nos 
positions. 

16  Germinal. 

Le  16  germinal  l'attaque  fut  géné- 
rale. Afln  d'en  présenter  les  principa- 
les circonstances,  suivons-la  de  la  droite 
à  la  gauche,  c'est-à-dire  depuis  Recco 
jusqu'à  Vado. 

Elle  eut  lieu  sur  les  troupes  de  la 
première  division  par  un  corps  de  dix 
mille  Autrichiens,  rassemblé  en  avant 
de  Bobbio,  auquel  s'étaient  joints  tous 

(1)  Il  y  a  trois  prinripaui  débouchés,  qui, 
dans  la  rivière  du  Ponent,  versent  du  Piémont 
à  la  mer.  Ces  débouchés,  tous  praticables  pour 
l'artillerie,  sont  le  Col  de  Tende,  Cndibona  et 
la  Bochetia.  En  choisissant  le  premier,  les  Au- 
trichiens réunissaient  presque  toute  l'armée  d'I- 
talie sur  leur  derrière,  manquaient  un  de»  pre- 
miers buts  qu'ils  devaient  avoir  (celui  de  la  di- 
viser), nralUpliaient  les  obstacles,  cl  augmen- 
taient leurs  risques.  En  s'avancent  par  la  Bo- 
chetta,  ils  réunissaient  toute  Tarmée  française 
lurleur  front,  et  ne  tiraient  aucun  parti  des 
avanUges  de  leor  position  militaire. 

Cadlbona  nuI  leur  présentait  prosqM  tons  les 
avantages  réunis  sans  incon\éniens.  En  s'aven- 
ir çant  par  là.  Ils  coupaient  noire  ligne,  bloquaient 
Savonne  qui  éuit  sans  vivres,  se  liaient  à  la 
flotte  anjïlni^e  par  la  rade  de  Vado 


les  révoltés  de  Fontana-Buooa,  et  qui, 
soiis  les  ordres  du  lieutenant-générd 
Baron  Otto ,  i^lalt  destiné  à  se  porter 
sur  Gènes. 

« 

Monte  <Cornua  fut  de  ce  oAté  le 
point  de  la  principale  attaque.  L'en- 
nemi ,  après  avoir  forcé  Panesy,  Saiat^ 
Alberto  et  Bargaglio,  y  arriva  sur  trois 
fortes  colonnes,  et  par  un  mouvement 
rapide,  contraignit  la  7i',  qui  défen- 
dait cette  position,  à  Tabandonner. 
Cettii  demi-brigade  se  retira,  partie 
sur  Nervi  y  partie  sur  le  Honte-Facdo, 
où  la  106«  se  porta  pour  la  soutenir. 
Dans  raprès-dtner,  cette  dernière  po- 
sition fut  encore  enlevée,  malgré  tout 
ce  que,  dans  différens  combats  (aax-^ 
quels  la  nuit  seule  mit  fin  ),  le  généni 
de  brigade  Darnaud  et  ses  troupes  aient 
pu  faire  successivement  poiu*  la  con- 
server et  la  reprendre. 

Malgré  ces  avantages,  l'ennemi  eat 
cent  prisonniers  de  faits  dans  cette 
affaire,  où  il  ne  nous  en  fit  point  (1). 
Nos  troupes  près  d'être  reployées  de 
llecco,  de  Nervi  et  même  de  Bogliasco, 
prirent  cependant  position  de  manière 
à  couvrir  Gènes,  et  à  ne  pas  abandon- 
ner Quinto,  qui  nous  resta. 

A  Torriglia  et  Scoffera,  Tattaqne 

de  cette  rivière  où  les  vaisseaui  poissent  sftre- 
meni  mouiller)  ;  forçaient  l'aile  droite  à  faire, 
pour  les  attaquer,  des  mouvemens  eilrémemeai 
difficiles,  pénibles  et  dangereux;  et  enfla  ils 
trouvaient,  contre  ses  eflbrts  et  ceux  du  cealrr, 
d'inexpugnables  positions  sur  les  bauteuisée 
Saint-4acqucs,  de  Monle-Notte,  etc.  Hais  U 
lenteur  des  mouvemens  de  l'armée  antrichieoBe 
annula  pour  elle  la  majorité  des  elTels  qu'clb 
devait  attendre  de  ton  état,  du  nette,  et  de  la 
bonté  des  plans  arrêtée  pour  la  eampagne. 

(1)  Le  cbef  de  balaUlon  du  Peliet,  de  la  100*, 
y  fut  blessé  de  cinq  coups  de  ton. 

Parmi  les  braves  qui  eurent  encore  oeeMJoa 
de  se  disUnguer  dans  ceUe  journée,  e  général 
Miulis  nomma  avec  éloge  le  citoyen  Guinnoat, 
lieulenant  des  grenadiers  de  la  St«  de  ligne. 


DU 


1 1 

SIKGB  BT  DU  BLOCUS  DB  ûéNBS. 


7(S9 


avait  aussi  été  1res  vive.  Le  général 
de  brigade  Petitot ,  qai  y  commandait, 
s'y  était  défendu  avec  toute  rinlelli- 
gence  possible;  mais  le  Monte-Faccio 
ayant  été  emporté,  sa  brigade,  forte  de 
mille  combattans  seulement,  se  trou- 
▼ant  compromise,  il  fut  contraint  d'o- 
pérer sa  relnite  sur  Prato  dans  le  Bl- 
sagno,  où  le  général  en  rhef  le  Ot  sou- 
tenir par  Idildr^  qu'il  tira  de  Gènes  à  cet 
effet. 

Le  général  Petitot,  en  donnant, 
dans  une  des  charges  de  Tennemi, 
l'ciemplc  de  la  plu^  grande  bravoure, 
fut  blessé  d*un  coup  de  feu  (1).  Le  chef 
de  brigade  Gond ,  de  la  Si'  de  ligne, 
le  remplaça  momentanément  dans  le 
commandement  de  cette  brigade. 

La  sec(mde  division  avait  été  atta- 
quée avec  moins  d'acharnement.  Après 
un  combat  peut-être  plus  long  qu'opi- 
niâtre, les  postes  que  nous  avions  à 
Caiella,  Savîgnone,  Borgo  di-Fornan. 
Pianone,  Castagno  et  Ronco,  afin  de 
ne  rien  compromettre,  s'éiaient  reti- 
rés devant  des  forces  supérieures  (2) 
que  l'ennemi ,  après  avoir  bloqué  Gavi, 
dirigeait  par  plusieurs  roules  sur  la  Bo- 
chetta,  pour  attaquer  cette  position  de 
front  et  la  tourner  en  même  temps  ;  ce 
qui  détermina  le  général  Gazan  à  faire 
prendre  aux  2*  et  3«  de  ligne,  posivJwi» 
à  Buzalla,  poste  flanqué  par  la  Scri\ia 
et  le  Monle-Jovi ,  et  si  important  à 
cause  de  Tembranchcment  des  routes 
qui  s'y  croisent.  Il  retira  aussi  sur  Mo- 
lini  les  troupes  qu'il  avait  à  Voltaggio, 
et  en  avant  de  cette  AoûLion  •  et  oui, 


<i)  La  21*  de  >lgDe  tH  dans  cette  araire  doute 
ofActers  et  ceoi  einqua;)te  sous-officiers  et  sol- 
dats \uéû  ou  btesséfl. 

{'i)  tans  ce  mnuvrnnent  rétrograde,  nou4  per- 
dîmes uu  contol  de  Tarinr  et  d'eau-divvte.  des- 
tina i  Gavr  et  qui  fut  pris  près  de  Caruzio,  par 
ta  cavarerie  «nnemie. 
(3)  La  ^  dqni-Urigade  de  li^ne,  qui  sa  dia- 


par  Pianone  et  Castagno,  aurnient  pu 
être  enveloppées  (3).  Les  cabanes  ^e 
Marcar'^lo,  Rossiglione  et  Monte- 
Calvo,  attaquées  cvec  beaucoup  de  vi- 
gueur, furent  de  même  évacuées  en 
un  instant  malgré  les  efli  rts  de  la  78*, 
chargée  de  les  défendre  ;  mais  les  truu 
pes  de  cette  demi-brigade  reprirent 
presque  de  suite  ces  positions  confiées 
a  L>  valeur  (%),  Cette  reprise  de  Mon- 
te-Calvo  était  d'auiant  plus  importante,  i 
que  de  celle  position  rennemi  se  liait 
avec  les  troupes  qu'il  avait  à  SasscUo, 
pouvait,  en  descendant  sur  Cog  )lello, 
couper  toutes  nos  communications  par 
terre  avec  Savone ,  et  envelopper  la 
troisième  division. 

Pendant  que  ces  divers  évènemens 
avaient  lieu  dans  la  première  et  la  se- 
conde division ,  la  troisième,  comman- 
dée par  le  général  de  brigade  Gjrdane, 
soutenait  de  terribl«>s  combats. 

Des  trente  mille  homm*  s  que  M.  de 
Mêlas  avait  rassemblés  seulement  dans 
la  province  d*Acqui,  vingt  mille,  sous 
ses  ordres,  marchaient  sur  Savone, 
par  la  route  de  Spigno,  Dego,  Cairo  et 
Altare,  et  nous  n'avions  dans  cette  par- 
tic  que  trois  mille  combattans.  Par  des 
prodiges  de  valeur,  ils  arrêtèrent  l'en- 
nemi pendant  trois  heures  en  avant 
des  redoutes  de  Torre,  d'Altare  et  de 
Monte-Notte;  mais,  accablés  par  le 
nombre  et  toujours  attaqués  et  chargés 
par  des  troupes  fraîches  et  nouvelles, 
ils  quittèrent,  vers  les  dix  heures  du 
matin ,  ces  ouvrages  pour  se  retirer  à 
Cadibona,  oii  ils  devaient  prendre  po- 


ff ngua  par  aa  valenr  et  la  préeisf on  de  ses  mou- 
vemens,  flt,  vers  le  soir»  soixante  prisunniers  à 
renneml. 

(4)  La  rentrée  de  n<>s  troupes  dans  Roasl- 
glionf  est  entièrement  due  au  dëvouemeiit  que 
montra  dans  cette  oecaiion  le  troisième  bal«ll- 
ioodelaWdeligne. 


U 


770 


JOUBNAL  DES  OPÉRATIONS  MILITAIEBS 

■il    I  ■  ■•     ' 


sition ,  mais  où  il  fût  Impossible,  de  les 
l^allier,  'Pentiemi  ayant  profilé  de  son 
pren)ier  succès  avec  tant  de  vitesse  et 
d'impétuosité,  que  ce  village  fut  pres- 
qu*aus8itôt  enlevé  qu'attaqué. 

C'est  dans  ce  moment  qu'arriva  le 
lieutenant  gér.éral  Souît  (par  i  dans  la 
nuit  de  Corneçiliano).  H  voit  le  danger 
qui,  d«ns  le  désordre  où  il  la  trouve, 
menace  toute  cette  division;  et  ju- 
geant qu'il  n'y  avait  qu'un  coup  de  vi- 
gueur qui  pût  la  sauver,  il  cède  à  la 
fois  à  un  mouvement  généreux  et  i 
rimpétuosiié  de  son  courage,  il  s'é- 
lance au  milieu  des  soldats,  saisit  un 
drapeau  de  la  97*  demi-brigade,  et  le 
porte  dans  Vendroîl  où  les  Autrichieni 
faisaient  les  plus  rapides  progrès.  Ce 
trait  d'audace,  et  d'un  dévouement  gé- 
néreux, produit  sur  des  Français  un 
effet  digne  d'eux  ;  les  troupes  se  ral- 
lient, rhomme  intimidé  devient  un 
brave,  et  l'ennemi  est  arrêté.  L'adju- 
dant-général Malhis,  employé  auprès 

'  du  géfiéral  Soult.,  est  blessé  dans  ce 
moment. 
Le  général  Soult  prend ,  vers  une 

'  heure  après  midi, la  position  de  Monte- 
Moro.  Le  feu  se  ralentit;  mais  l'en- 
nemi déborde  bientôt  la  ligne  des 
tniupes  qui  lui  défendaient  les  appro- 
ches de  Savone  avec  tant  d'opiniâ- 
treté. Tne  dd  sos  colonnes,  dont  le 
mouvement  occupait  le  plus  le  général 
Soult ,  était  c«lle  qui ,  descendant  des 
Ibauteurs  de  la  Stella,  se  dirigeait  sur 

'  Albissola,  seul  point  par  lequel  la  divi- 


I 


(1}  En  tués  et  Messes,  la  97*  perdit  dans  cet 
difrércns  conibali  quinze  officier!!,  an  nombre 
dc$qur>1fl  ii^tk  le  cftef  ^  ibi'aU'.on  Criwy.  cl  cent 
80iiai>lP-elBq  ^uaKtffiriprs  el  Sijdats. 

(2y  Toulf  la  troisième  division  fut  rasseinbJée 
}h,  eic  pU  le  deuxième  ei  Le  Lroiaiénie  batail- 
lon de  la  3«  J^^^ére.  et  le  druiième  balaiU^o  de 
la  63*.  Ces  trol^  batalUonf ,  laÎMéa  4i«n«  les  re-  i 
d  .utes  de  Montenes  no,  ne  les  quktérenl  apréa  > 
cinq   beures  du  soir  qii'nn    ttovcti  d\in  si-    $  iiv  r.l  justiiU'o. 


sioa  pouvait  se  retirer  rar  G^nes  :  sa 
posîtton  devenait  critique  :  le  général 
eût  bien  de  suite  effectué  ^sa  retraite; 
mais^  pour  jeter  quelques  vivrea  daus 
le  fort  àp  Savane,  qui  n'avait  l^p^i^re 
approvisionné  à  cause  de  la  djisette.(|e 
Tarmée.  il  fallait  gagner  b  nifit^ife 
général  Soult,  frappa  de.  celte  jaéces- 
sîlé,  manœuvre  pour  t>*;cijper  l'en- 
nemi :  ce  dernier  prend  le  change  pen- 
dant deux  heures;  mais  vers  trois  lieu- 
res  après  midi^  il.mj^che  sQr  Monte- 
Moro.  Cette  position  se  trouvant  à  la 
fois  tournée  et  attaquée  de  front ,  la 
retraite  fut  ordonnée;  l'eunemi  nous 
serra  même  de  si  près,  qu'il  entra  avec 
nos  troupes  dans  les  faubourgs  de  Sa- 
vone. Il  en  fut  néanmoins  chassé,  et 
la  ville  nous  resta  pendant  la  nuit(l), 
temps  précieux,  pendant  lequel  le  gé- 
néral Soult  jeta  dans  le  fort  la  91*  de 
li|^*»,  forte  de  six  cnts  hommes,  char- 
gea le  général  de  brigade  Bujet  de  sa 
défense,  et  lui  donna,  pour  approvj- 
siormemens  les  vivres  qui  devaient 
être  distribués  le  17  à  la  troisième 
division. 

A  deux  heures  du  matin ,  ayant  éva- 
cué la  ville  de  Savone,  il  se  rassembla 
aux  Capucins  [-2]  et  se  retira  de  la  sur 
les  hauteurs  d'Albissota ,  où  Tenneroi 
était  déjà,  mais  d'où  il  fut  chassé  avec 
vigueur  (3),  par  l'effet  des  mouvemens 
au  moyen  desquels  le  général  Soult  se 
fit  jour. 

Quelque  succinct  que  soit  ce  taUeaa, 
il  suffit  néanmoins  pour  prouver  que 


gtié\  eontebo  ï  cet  efîpt  :  coap^  dn  reste  de 
la  division,  ils  se  dirigèrent  sur  Voltry .  a»rés 
avoir  forcé  rennemi  à  la  SifU««  ri  pa  ff|i<^ 
gnireiii  la  di^UioD  que  le  i8,  i  Ja  pûsUioadB 
VarrajEgio. 

(3)  Ifp  gén*r9\  de  brigade  .Gardanne/  fwna 
par  ses  tait  ns  di»iiogués,  ei  par  des  rQaML<ja»- 
ces  militaires  intmiment  nrea,  ijcatt  apieen 
dans  cette  Journée  fanglanle  à  at'^paialioail 


MitiÂeg  ur  Ml  Au^GHs  M  eftiiw. 


771- 


ces  coiHbili  de  Torre,  de  CadiboDa  el 
de  Monte-Moro«  qui  furent  soutenu^  4 
CQSïfm  de  bâîoDoeUes,  de  pierres  et  de 
crosses  «  ont  dû  coûter  beoucou^  dt. 
monde  de  perl  etd*sutre.  H  n'y  eut  ce- 
pendant |M|A  plmde  proportion  entre 
le  nombre  des  morts  et  des  blessés  4e 
Tennemi  et  le  nombre  des  n6tres«  qu'il 
n'y  en  evait  entre  les  forces  respecU- 
Ycs.  En  raison  de  notre  faiblesse,  Fen* 
nemi  ne  poaveii  Ifrer  que.  eur  des 
hommes  éfiers  ;  ee  raisoB  de  sa  force , 
nous  tirions  toujours  sur  des  masr 
ses  (1). 

Vers  deui  henres  après  midi ,  peu* 
dant  que  nos  troupes  noutenaiofit  de 
tous  eMés  les  attaques  nombreuses  et 
terribles,  ai  moyen  desquelles  l'en* 
neni  sépara  l'aîte  droite  du  centre  dq 
l'armée,  et  prépara  ainsi  le  blocus  de , 
GAnes^  une  frégate  anglaise  approcha 
de  cette  ville,  et  tira  sur  le  quartier  de 
Cnrigyian  (le  pins  populeux  et  le  plua 
pauvre),  à  peu  près  quarante  coups  de 
canon  Le  but ,  qui  était  de  produire 
Jm  soolèvefD^|it  fut  manqué.  M  peu- 
ple resU  tranquille,  et  la  frégate  reprit 
le  large  vers  trois  heures. 

17  Germinsl. 

L^neml,  parvenu  le  16  au  soir  è  la 
tiiedeOèn«eper  roccupation  du  Monte» 
Faedo,  y «vattrilamé^  pendant  la  nuit, 
DntfAagraod  nombre  de  feux,  poor  auf- 
menter  encon  l'idée  que  ses  premiers 
soooèa  avaiem  donnée  de  aa  force. 
Gétie  tottdalte  avait  poor  but  prines» 
pal  d'exdteri  un  aeutèvement  le  peu** 
pie  de  la  ville  et  celui  de  la  campagne. 
Ce  moyen  ne  fht  pas  le  seul  dont  Pen- 
nemi  fit  usage  dans  les  mémes^vues. 

(I)  Va  ia>  pflrSU  w  Jmir  là  «eiM  vHigt.-Wt 
baornét;  dti«ii  le  Dombra  âm  bleftés  fe  trouva 
Uth^àf  baiMlliHi  tMafllt. 

fw)x#MlS'SIMt  "M  fV^nSf li  ^psnle  Ml^  ISSMS<" 

paiilioDi  ci-dctsui  rapportées,  et  partie  sur  des 


Par  son  ordre,  le  tocsin  tat  sonné  en 
même  temps  dans,  toutes  les  valléea 
qui  avoisinent  Gènes:  de  nombre» 
émissaires  furent  envoyés  dans  tous 
les  villages;  et  faisant  à  la  fois  servir  à 
l'exécution  de  seadesseios,  les  voies  de 
la  rigueur  et  ceUes  de  la  persuasion  » 
ses  agens  furent  chargés  de  caresser  * 
les  uns  et  de  menacer  les  autres.  On  fit 
plus,  è  l'égard  d'un  peuple  pauvre  el 
memntiit;  ceux  des  hebitans  qui  prî* . 
rent  les  armes  furent  soldés,  et  les  au- 
tres Curent  imfiosés  (2). 

Un  de  res  êtres  vils  qui  trafiquent 
partxwt  de  leur  infamie,  ce  même  Aa« 
sereto,  dont  nous  avons  parié  daas 
l'une  des  notes  de  cet  ouvrage,  était 
le. principal  instrument  de  ces  ma* 
ncFuvres  :  M.  le  b  ron  d'Aspres,  colo- 
nel dn  régiment  des  ehass*  urs  de  soai 
nom ,  commandant  alors  le  corps*  da 
troupes  qui  nous  avaitenlevé  le  Monte^ 
Faccio,  était  regardé  par  tous  lesGé» 
nois ,  comme  rbomma  qui  en  était 
l'âme. 

Le  général  en  chef,  trop  mililaim 
pour  ne  pas  chercher  è  tenir  campa- 
gne le  plus  long-temps  possible,  et 
trop  poUtique  à  la  foi<  pour  ne  pas  sen- 
tir la  nécessité  de  battre  l'ennemi  sona 
les  yeux  de  ces  mêmes  Génois  quif. 
avaient  été  témoins  de  ses  avantagea^ 
résolue  <  avant  de  se  livrer  à  jdes 
opérations  qui  pouvaient  le  retenir 
quelques  jours  loin  de  Gênes)  de  ra^ 
prendre  la  Monte  Facoîo,  et  ari^ 
cette  attaque  pourlelandensaîn  mai* 
tin.  La  nuit  Alt  donnée  aux  disposé*» 
lions,  et  le  soleil  en  se  levant  éclaira 
la  marche  des  deux  colonnes  destinées 
à  cette  entreprise, 

féadsDinrafs  à  esl  dtH  par  la  dudieMe  de  Pir- 
ms»  li  ros  f'm  rapporte  «ai  dépetitian»  4a 
plMieuis  etpiSQi  AisUléi  à  Gènes  pea^aat  |s 
oaan  du  aiQsai. 


^  ■» 


rtà 


joorhal  dm  méeatioiis  aiurAïass 


f.e  général  Dartiaud  commandait 
celle  de  droite,  compoeée  de  la  7fc«  et 
dé  la  iOO»  de  ligne ,  et  déboucha  par 
Qninto. 

Le  général  de  division  Miplia  com- 
mandait celle  de  gauche,  composée  de 
deux  bataUloDSde  la  2B*  légère,  moina 
leurs  carabiniers  (1);  et  marcha  par  Fa- 
rine! 

Le  feu  des  deux  colonnes,  qaoicpie 
parties  de  points  très  éloignés,  com- 
mença à  quatre  minutes  de  distance. 
Cet  ensemble  si  heureui,  et  si  remar- 
quable dans  un  pays  de  montagnes,  la 
valeur  des  troupes,  qui  fut  supérieure 
à*  tous  les  éloges  qu'on  pourrait  leur 
donner,  le  dévouement  desofBciers, 
l'exemple  des  chefs,  la  présence  du 
général  Masséna,  tout  concourut, 
malgré  la  supériorité  du  nombre  et 
les  avantages  inappréciables  de  la  po- 
sition ,  à  ramener  la  victoire  sous  nos 
drapeaux  {i). 

L'ennemi  culbuté  sur  le  Monte-Fac- 
cio ,  le  fut  de  môme  à  Panesi ,  à  Saint- 
Alberto  et  à  Scoffera,  que  successive- 
ment il  voulut  encore  défendre,  et  où 
le  général  Darnaud  prit  position  après 
l'en  avoir  chassé.  Pendant  ces  derpiers 
mouvemens,  le  général  Miolis  oeoopa 
le  Monte-Cornua  arec  un  corps  de  ré- 
serve. 

•  Cette  affaire  fut  hardie ,  rapide  et 
brillante.  Le  «hef  d'escadron  fiurthe, 
premier  aide-de-eanqp  du  général  en 
chef,  et  qui,  d'après  ses  ordres,  avait 
suivi  le  mouvement  des  troupes  com«- 
mandéea  par  le  général  Miolis,  se  cou- 

■ 

(I)  La  95*  légère  partit  à  trois  heures  da 
matin  de  Coroegliano  pour  sa  rendre  à  la  pre- 
mière dlTitlon ,  elle  y  fui  remplacée  par  la  3«  de 
ligne  qui  y  resta  en  réscrre. 
'  (t)  Pour  grttTir  œtre  mioiitagne.  les  soldats 
forent  eoRtralnls  de  marebrr  pendant  une  demi- 
heure,  et  sous  on  feo  très  meortrler,  toomino 
par  homme.  Cette  atuque  eoùlo  à  la  8&*  légère 
cent  braves.  Le  cai^iudne  LaUemand,  les  lieiir 


vrit  de  gloire  dans  cette  nffabe,  et 
particulièrement  en  chargeant  à  la 
tète  des  grenadiers  du  bataillon  de  la 
U*  et  de  ceux  des  73»  et  106*  qu'il 
avait  eu  ordre  de  conduire.  On  peut 
dire  de  ee  militaire,  que  jaranis  le  ba- 
sait! ne  loi  oflRre  on  vain  Toccasion  de 
justtOer  et  d'accroître  la  réputation  que 
ses  talens  et  sa  bravoure  lui  ont  ao- 
quise. 

Au  moment  où  le  général  en  dief 
vit  rennemi  forcé  sur  ce  point ,  il  en- 
voya aux  deui  bataillons  de  la  35*  1^ 
gère,  qui  combattait  encore  sous  les  or 
dres  du  général  Miolis,  Tordre  de  seren 
dre  à  Gènes,  et  partit  pour  le  Bisagno, 
avec  sa  réserve  (  le  troisième  bataillon 
et  les  carabiniers  de  la  »"  légère). 
Mais  la  victoire,  organisée  par  hii ,  Ty 
avait  précédé,  et  déjà  la  brigade  du  gé- 
néral Petitot ,  alors  sous  les  ordres  de 
radjndant-<général  Hector,  et  qui, 
après  avoir  été  renforcée  par  la  92"  de 
ligne,  était  chargée  d'opérer  une  di- 
version ,  battait  l'ennemi  de  ce  cèté, 
lorsque  le  général  Masséna  y  arriva,  et 
se  portait  sur  Campnnardigo,  où  elle 
arriva  dans  la  journée. 

La  reprise  du  Monte-Faccio,  celle  du 
Monte-Cornua ,  quinze  cents  prison- 
niers faits  à  l'ennemi ,  parmi  lesquels 
se-  trouva  le  baron  d'Aspres,  nous  of- 
frent les  résidtats  de  ces  diffiirens  com- 
bats (S).  La  réputation  de  ee  demki 
peut  seule  donner  une  idée  de  l'im* 
pression  heureuse  que  sa  prise  Dt  en 
faveur  de  la  bonne  cause.  £lie  doubla 
nos  avantages  par  son  effet  moral.  Les 

tenana  Hasfy  et  Morcenary,  et  le  sergeot-nni- 
JorBeHeville,  tons  qua  re  de  celte  dcmi-dri- 
gade,  s*élane^r<nt  Ie«  premiers  dans  les  rftrsa- 
cbemf  ns  du  Monte- Facdo. 

(3)  Le  teron  d*Aspce8,  échappé  ans  U09f» 
qnlaraiontenUYé  le  Mooto-Faccla  se  Iroafa 
dans  le  nombre  dei  prlsonotera  qoa  fit  la  à4* 
ligna,  •Di.nrdfisde  ratttnÉantrsMial  Uadar. 


DU  SIÂOB  ET  DU  BLOCUS  DB  GÉMBS^ 


m 


Patriotes  reprirent  courage,  et  le&agi- 
tatears  forent  comprimés  (1  ).    • 

La  rentrée  du  général  eq  chef  à  G£- 
nes  fut  touchante  ;  les  acclamations 
universelles,  produites  par  l'admira- 
tion et  la  reconnaissance,  Tacçompa* 
gnèrent  (2). 

La  seconde  division  reprit  dans  la 
même  journée  Borgo-dî  Fornari ,  Sa- 
vigone  et  Cazclla,  L9  troisième  recUOa 
sa  ligne  de  Varraggio  à  Ciampani  (3). 

18  Germinal. 

Toute  cette  journée  fut  donnée  à  des 
dispositions  générales  et  particulières. 

Les  dispositions  générales  consistè- 
rent à  diviser  l'aile  droite  en  deux  corps 
d'armée. 

Le  premier,  chargé  de  la  défense  de 
Gênes,  sous  les  ordres  du  général  Mkh 
Us,  forma  deux  divisions:  la  première, 
commandée  par  le  général  de  brigade 
Darnaud ,  occupant  Testetle  nord^eat; 
et  la  seconde,  commandée  par  le  gé-^ 
néral  de  brigade  Spital,  occupant  l'ouest 
et  le  nord-ouest. 

Le  second  corps  d'armée,  devaht  te- 
nir canq)agne,  Gorma  de  même  deux 
divisions  :  celle  de  droite,  anx  ordres  du 
général  de  division  Gazan ,  et  celle  de 
gauche,  aux  ordres  du  général  de  bri-* 
gade  Gardanne;  le  lieutenant-général 
Soult,  marchant  avec  la  première,  elle 
général  en  chef  avec  la  seconde. 

Le  but  du  mouvement  général ,  était 


{i)  Devx  «ireoniiaDcet  t joutèrent  earore  à  la 
^oire  de  cette  Journée;  rune  bonort  noe  tron- 
pfs,  qiif,  malgré  leur  misère,  ne  dépou>UèrfjDt 
pu  les  prisonniers qu*ellcs firent;  Tauire  honore 
l4»B  Génoia,  qui  app^n'lèrrirt  au-ndevant  de  nos 
blessés,  du  yn  et  du  kioulllon.  et  se  dUputèrent 
le  plaisir  de  les  porter  sur  dei  maielas,  et  dans 
des  porlaMlnes  ou  ettaiset  à  porteurs  préparées 
par  enȈ  cet  effet. 

(2)  Nous  Tf%rtiUmÊ  de  ne  psa  atoir  le  nom  de 
tous  lea  Imveftde  la»  déiMm  MMlia  qoi  ae  lonl 
parti 


de  débloquer.  Savone,  de  rétablir  les 
communications  avec  le  général  Su- 
chet,  et  de  reprendre  notre  première 
ligne. 

Le  plan  consistait  à  forcer  rennemi 
de  ae  morceler  pour  faire  face  à  cha- 
cune des  deux  divisions  f|ui  devaient 
marcher  à  lui ,  séparées  par  tont  l'ia- 
tervalle  qu'il  y  a  des  hautes  crêtes  des 
Apennins  à  la  mer  ;  de  lui  refuser  brus- 
quement la  gauche,  lorsque  les  trpupes 
de  la  division  Gardanne  auraient  dé- 
passé les  ppsitiona  de  Varnaggiç  ;  de 
réunir,  par  un  mouvement  rapide,  les 
deux  divisions  à  Monte  Itotte  ;  aussitAt 
réunies  par  ce  mouvement  suc  la  crête 
des  Apennins,  d'attaquer  les  troupes 
que  l'enneo^i  aurait  dans  cette  partie, 
ou  bien  de  se  reployer  sur  celles  qui 
tiendraient  la  marine,  et  surtout  sur 
Savone  et  Yado,  pour  nourrir  les  trou- 
pes, et  approvisionner  cette  première 
place  avec  les  magasins  que  Tenneipi 
avait  4éjà  dans  la  dernière;  ou  bien  de 
conserver  les  hauteurs  pour  empêcher 
l'arrivée  dès  renforts  que  l'ennemi 
pourrait  recevoir  ;  ou  bien  encore,  de 
marcher  au-devant  du  général  Suchet, 
si  ce  dernier  s'avançait  vers  nous,  et 
parvenait  à  se  porter  à  Cugliano , 
comme  il  en  avait  l'ordre,  ou  seule- 
ment occupait  Saint-Jacques;  le  tout 
suivant  les  circonstances. 

Dans  la  nuit  du  18  au  19,  tous  les 
corps  qui  devaient  composer  la  colonne 

(3)  L'activité  de  rad||udanl*généiBl  Dégiovani 
et  les  mesures  par  te^quellea  U  acheva  de  iipain- 
tenir  la  tranquillité  à  GéoiS,  méritent  ici  uoe 
observation  pan  içu Hère. 

GVst  dan«  cette  cireonslance  majeure,  (|ue  se 
€réaaidaiff«ourcea.M  «aauvamayeiKl'ulfM', 
pour  le  servioe  de  la  place,  Je  .iét«.  .^e  «tous  lp< 
Italiens  réfugiés  qui  restaient  à.Gjônea;  qu'il. fi 
former  en  compagnie  volontaire  loui  les  em- 
ploya français  dé  ramée,  et  qu'il  IravàUla  'si 
elBéaGenaent  à  loujoui^  ranimer  00  à  abdleiiti^ 


nHedela 


t'-i 


»  1 


•  ith 


T74 


iOimil'At  DÉS  (yPÉKATIdlfS  IfrtlTAtlIVft 


du  général  Sonît  forent  dirigés  «ir  Vôl- 
fry;  quant  à  IVnnemi  (par  nue  inao 
ffon  dont  le  motif  nous  e^t  htconnn  ), 
il  employa  reniement  cette  journée  à 
nous  observer,  et  à  porter  dîfférens 
corps  de  sa  gauche  et  de  sa  dh)îte  vers 
le  centre  de  ses  positions  qui  était  à 
Sbs»IIo. 

De  toutes  parts  autour  de  Gènes,  le 
focsîh  eoniinna  de  sonner  pendant 
cette  journée  ;  et  ce  qui  prouve  que 
l*f  nnemi  avait  des  intelligences  nom- 
breuses drns  la  ville  et  dans  les  fau- 
iKMirgs,  c*est  que  dans  la  soirée  du  18 , 
des  fusées  partie^  de  Carîgnan  et  de 
Satfit-Merre-d'Arena ,  répondirent  à 
diflérens  sl^naut  aperçus  dans  les 
montagnes  et  sur  fa  mer. 

IftGarakul. 

A  trois  heures  du  matin ,  le  tocsin 
redouble  de  tous  côtés,  et  le  bruit  se 
répand  que  ptu>icurs  milliers  de  Pié- 
moiitals,  réunis  aux  insurgés  ife  la  Li* 
gurie,  descendent  de  fa  Polcevera, 
pour  coup*  r  la  communication  de  Gè- 
nes à  Voltry.  La  position  de  Tarmée 
qui,  dans  ce  moment,  se  trouvait 
mbrcetée  à  Gènes,  à  tollry  et  à  A^ar- 
raggio,  rendait  ces  nouveftts  très  alar- 
mantes. 

L*on  annonce  cependant  des  co- 
lonnes descetidant  sur  Gènes  de  tous 
côtés. 

*  Le  général  en  chef,  malgré  Taglta- 
tion  que  produisent  ces  nouvelles,  ne 
ehange  rien  à  ses  résolutions. 

Les  bruits  du  mouvement  de  Ten* 
nemi  devenant  toujours  |>las  sérieux , 
ta  Bodifttia  «yMt  été  évacuée»  et  une 
iarle  eotoonft^meaiie  ft'afaofaiil  aiir 
tontte^Dedfno/le  géoéral  en  chef  se 
liiiermineà  laisser  à  Gènes  le  général 
Je  divbîQQ  OodiQot  ^  chef  de  Tétat* 
mmotH^^ni,  et  U  ctaisf  de  jkwide 
Mirèa.  rnmmanffayil  la  MJ/Êkk  •/ 


4».» 


D*après  le  plan  arrêté,  îe  généra 
Soult  devaiC  être  le  même  soir  i  Sa»- 
seKo;  mais  un  des  mouvêmnns  de  Teih 
nemFretsrda  le  sien  (1),  par  la  nécM- 
sité  d'assurer  ses  derrières ,  et  de 
conserver  ses  communications  avec 
Gènes. 

Yers  deux  heures  du  malin ,  an  mo- 
ment où  ce  général  se  disposait  i  quit- 
ter VoWry  pour  se  porter  è  SasseHo, 
il  apprit  que  l'ennemi ,  maître  du  poste 
des  cabanes  de  Marcirollo,  s*était  avan- 
cé jusqu'à  Aqua-Santa,  ou  Nostra-Si- 
gnora  del  Aqua  (â  trois  milles  deVol- 
tr]).  Dans  cette  situation,  convainca 
de  l'indispensable  nécessité  d*attaquer 
f  ennemi  dans  ses  nouvelles  positions, 
le  général  Gazan  est  chargé  par  lui  de 
cette  opération. 

D'après  les  dfsposft?on^  arrêtées,  le 
général  Poinsot  marche  sur  Campo- 
Pireddo  avec  un  bataillon  de  la  78*  de 
Hgne  et  la  »2»,  pour  y  observer  et  y  in- 
quiéter PennemI,  pendant  que  deni 
autres  colonnes  parties,  Pune  de  Sestri, 
et  l'autre  de  Massone,  se  dirigent  sur 
les  Cabanes,  qui,  ainsi  que  Rossiglione, 
irous  avalent  été  enlevée!^  le  18. 

A  rapproche  de  nos  troupes,  Aqua- 
Santa  est  évacuée  ;  mais,  près  de  Mar- 
earollo,  rennemi ,  rassemblé  au  nom- 
bre de  trois  mille  hommes,  accepte  le 
combat,  dans  fequH,  forcé  i>ur  totis 
les  points  par  une  charge  extrêmement 
vive,  H  est  complètement  mis  en  dé- 
route, et  perd ,  sans  compter  ses  morts 
et  ses  Measéa*  deui  pièces  de  «mon  et 
six  cents  prisofiniers  qii'R  laisse  aa 
(K»nvoir  du  générar  Gatan 

Ce  succès  obteuu,  (e.  g^éralCaïao 


(S>  G#ilt  •taMMiaiy'' ,  foi  m*WÊêà  H»t  ^ 
pré%ae.  détruirit  ewtiérf mcot  et  io#yiittilfii«t 

ijot(ii*-Mafvi 


n  «Ée*  Bv  BV  iMciTs  M  fiAiin< 


^5 


qm  l'ennemi  ne  put  loi  désister,  ni  m 
rallier  nulle  part.  La  viHe  fut  emporlèe 
au  pas  de  rharge  ;  une  partie  du  régi- 
ment de  DeuIschmeMer  fut  coupée  de 
la  même  manière  ;  et  lor»qiie  W  général 
Poînsot,  àan  mille  au  delàde  SasscNo, 
alteîgnît  rarlillerie  de  Tennemî,  e»^ 
ix>rtée  par  cinquante  hu^^ardti,  il  travail 
avec  loi  que  quinte  chasseurs,  qni  seuls 
avaient  pu  le  suivre  dans  m  course  ra« 
pide. 

La  victoire  souriant  à  Tandace,  tn^is 
pièces  de  canon  restèrent  en  son  poo* 
voir.  L*eniiemi  perdit ,  outre  cela ,  par 
la  prise  de  Sassello,  un  convoi  de  deux 
cent  miHe  cartouches,  et  six  cents  pri* 
sonniers. 

Le  général  en  chef,  qui  ne  put  être 
instruit  des  retards  forcés  que  le  gé- 
néral Soult  éprouvait  dans  son  mouve- 
ment sur  Monte  Notte  Soperiore,  n'en 
effectuait  pas  mollis  le  sien  avec  les 
trmpes  de  la  division  Gafdanrie,  qui 
venait'd*ètre  renforcée  par  un  bataillon 
de  grenadiers  des  corps  restés  autour 
de  Gènes. 

Cette  colonne,  qui  ne  formait  pas 
plus  de  quatorze  cents  dombattans,  dé-* 
bouche,  vers  huit  heures  du  matin,  de 
Verraggio,  passe  pAf  Gastagnabo,  et 
se  ^rige  sur  la  8te|la.  'A  la  moitié  de 
sa  route,  eite  se  trouve  en  présence  dé 
dtfférentes«olonnes,  qu'i  urre  très  pe-^' 
tite  distance,  Tennemi  portait  dans  la 
même  direction  ;  %n  suivant  les  ma-^ 


se  porta  è  Cmpo^-Freddo,  que  le  gé^ 
néral  Poinsol  venait  de  traverser,  et 
où  la  divMon  prit  poaîttan  dass  la  soi* 
rée4iil9(l). 

Cette  victoire,  ramfiortée  è  Marca«* 
rollo,  assura  le  mouvement  et  les 
derrières  de  la  division  Gaian  ;  mais  la 
nécessité  absolue  de  ce  rombat  n'en 
produisit  pas  moina  le  mal  inévît  «ble 
de  mettre  ks  troupes  do  général  doult 
bera  d'état  de  conroarir  aux  opéra-* 
lions  que  le  général  en  chef  atait  ar<* 
rèties  pour  la  kndeaEMMn. 

aaGamiiial. 

Le  30,  à  quatre  heures  du  matin,  le 
lieutenant-généri)!  Soult  se  dirigea  par 
Aqua-Bona ,  Mariino  et  Sau-Pîetro  del 
Qrba^sur  Sassello.  A  un  mille  de  Pallo, 
il  fut  informé  que  quatre  régimens  en- 
neniis,  formant  huit  mille  hommes, 
venant  de  Monte* Notte,  se  portaient 
t  la  Verreiria,  et  que  le^  lendemain  cette 
colonne  devait  attaquer  le  détache- 
ment que  nous  avions  à  Ciampani  «  et 
le  porter  ensuite  à  Voltrj  afin  de  cou-< 
per  la  retruit^  4  \»  colonne  qui  suivait 
la  marine,  et  avec  laquelle  marchait  le 
général  en  chef.  Pour  déjouer  ce  pro- 
jet, le  général  Qaxan  prit^  avec  les  3«  et 
78«  de  ligne,  position  à  PsUo,  sur  le  che- 
min qui  conduit  de  la  Verreria^  ffotàr 
zenrie,  et  le  général  Poinsot  reçut.  or«» 
dre  d'^ttequer^ à  la  ha^tew  d^  Sassellon 
rarrière-garde  de  lenneoûi  qoi  filaîM  anelons  opposés  i  celui  que  tenatent 


par  U  sur  la  Vorreria. 
.  A  la  tète  du  bataillon  de  la  2&*  lé^ 
gère  «  le  général  Poinsot  exécuta  ce 
ipoHvement  avec  tant  4*MPpétuoiMâr 


(1)  Ba  avint  da  Cawpo-Frtddoi  le  sénéral 
Mnwa  atiéigait  laiM»#analdrAlviafi,  ratta** 
4{ua  M  lui  fit  cent  fmglrauatre  priioniilerf.  Daas 
cette  afTaire,  le  capiuiDe  HuiabefUliarcbaiil, 
de  la  1»*,  fil  k  loi  Mi|l  doq  prliooDleri  à  Teo- 


nos  troupes. 

Oes  colomieaaiitridiiennes,  compo- 
sées des  corpé  des  brigades  de  Saint- 
Julien ,  de  Bfentano  et  do  Bellegarde , 
formaient  la  gauche  et  le  tewtre  ûé 

Tenneari. 

Dana  cette  situation ,  Tennemi  com-^ 

meace  le  feu;  nos  troupes  y  répondent 

sans  ralentir  leur  mouvement  (  le  bnt 

1  étant da  gaffer  les  hauteurs  sur  les- 


776 


joimifAL  DES  opÊmATioifs  muTAimcs 


quelles  la  colonne  de  droite  se  diri--î 
geait]  ;  rennemi,  qui  s'en  aperçoit, 
marche  sur  nous,  et  déployant  des 
forces  décuples  des  nôtres,  en  couvre 
bientôt  par  différentes  lignes  les  hau* 
teurs,  et  force  le  général  en  chef  à  pren^' 
dre  position ,  aHn  d*attendre  que  le 
mouvement  dugénéralSoultsurMonte- 
Kotte  force  l'ennemi  à  se  diviser,  et 
que  l'arrivée  de  la  colonne  de  droite,  et 
du  deuxième  bataillon  de  grenadiers 
arhève  de  le  mettre  à  même  d'agir  of- 
fi^iisivemerit,  et  de  suivre  les  disposi- 
tions du  plan  arrêté,  plan  d'après  lequel 
cette  di vision  devait  attendre  l'attaque 
du  général  Soult  pour  faire  la,sienne. 

Le  feu  devient  terrible.  Le  général 
Gardarme  est  blessé  :  immédiatement 
après  lui  l'adjudant-général  Cerisa  l'est 
également;  Tadjudant-général  Cam- 
pana,  le  chef  d'escadron  Burthe,  le 
chef  de  bataillon  Laudier,  et  le  capi- 
taine Marceau)  tous  trots  aides -de^ 
camp  du  général  en  chef)  le  sont  en 
moins  de  trois  heures,  soit  en  portant 
des  ordres,  S')it  en  ralliant  les  troupes, 
soit  en  soutenant  la  valeur  des  soldats 
par  l'exemple  de  h  .leur. 

Pendant  ce  temps,  l'ennemi  charge 
six  fois  notre  front,  et  six  fois  il  est  re» 
poussé  avec  une  perte  considérable; 
mais,  comme  nous*  n'étions  pas  €n  état 
de  le  poursuivre,  il  juge  uotre  faiblesse, 
et  se  détermine  à  proQter  de  noire  opi- 
niAtre  résistance  pour  nous  envelopper. 

Les  impressions  morales  font  tout 
sur  nos  troupes;  l'idée  qu'elles  allaient 
être  secondées  par  un  second  bataillon 
de  grenadiers,  et  par  la  colonne  de 
l'adjudant-général  Sacqueleu,  et  que  le 
général  Soult  tournait  l'emiemî ,  leur 
fit  faire  des  prodiges,  en  faisant  sou- 
tenir, à  mille  quatre  cents  hommes,  un 
combat  de  huit  heures,  contre  plus  de 
dix  mille. 

Le  feu  se  ralentit  pendant  près  de 


trois  heures,  que  renimni  emptr.r  ^ 
former  les  deux  fortes  colonnes  qui  f: 
valent  nons  tourner;  et  vers  ^i;«tr> 
heures  du  soir,  il  exécuta  son  monve- 
ment,  et  nous  força  d'autant  plus  vite 
à  une  prompte  retraite  ,  que  ni  le 
deuxième  bataillon  de  grenadiers,  ni 
la  cotonne  de  droite ,  ni  le  général 
Soult  n'avaient  paru. 

La  siupériorité  de  Tenncmi ,  la  na- 
ture de  son  mouvement ,  son  achar- 
nement, les  pertes  de  la  journée,  les 
difficultés  du  paya,  tout  ayant  démon- 
tré au  général  en  chef  l'impossibilité 
de  rien  entreprendre  avec  les  troupes 
de  cette  colonne,  il  laissa  au  général 
Frcssînet  (qui  en  avait  P'çu  le  com- 
mandement au  moment  on  le  général 
Gnrdaime  avait  été  blessé),  le  soin  de 
la  retraite,  lut  envoya  pour  renfort  la 
compagfiie  de  ses  gardes  à  pied ,  qui 
arrivait  sur  le  champ  dé  bataille,  et  se 
rendit  à  la  coloime  de  droite,  à  travers 
d'horribles  précipices,  suhî  de  trois 
officiers,  qui  seuls  lui  restaient  de  tout 
son  état -major,  au  risque  d'être  pris 
par  l'ennemi,  ou  assassiné  par  les 
paysans  armés  quil  rencontra  dans 
les  montagnes. 

Mais  enfin ,  à  travers  des  périls  de 
tant  d'espèces,  et  après  avoir  été,  vers 
la  fin  de  sa  marche  surtout ,  constam- 
ment talonné  par  les  tirailleurs  enne- 
mis ,  il  arriva,  après  une  heure  et  de- 
mie, précisément  dans  la  route  par  la- 
quelle cette  colonne  se  retirait.  Il  loi 
fit  de  suite  reprendre  ses  positions  dn 
matin  sur  les  montagnes  en  arrière  de 
Verraggîo,  et,  se  tronvant  i^u-làsur 
le  flanc  gauche  de  l'ennemi ,  qii  déjà 
avait  dépassé  ce  village,  il  fit  seconder, 
par  le  capitaine  Mathivet ,  comman* 
dant  quatre  compagnies  de  la  H^,  \eê 
elTorts  du  second  bataillon  des  greno* 
diers,  qui  enfin  arrivé,  favorisait  U  re- 
traite de  la  colonne  de  gauche,  et  p<iri 


WS  MÉGB  ET  DU  BMCUS  OU  OÉSIBS. 


Tn 


vint  ainsf ,  vers  les  neuf  heures  du  soir, 
à  arrêter  l'ennemi. 

A  dix  heures,  il  se  rendit  à  Cogo* 
letto  (1)^  et ,  en  faisant  prendre  A  too- 
te^  les  troupes  position  en  avàtit  de  ce 
villflire,  il  donna  les  ordres  les  plus  pré- 
cis pour  que  les  corps  fassent  de  suite 
reforma,  et  rassembla  en  un  seul  eorps 
les  lieux  bataillons  de  grenadiers,  qui 
avaient  successivement  donné  dans 
cette  journée.  Son  projet  était  de  quit- 
ter la  niorine,  d'appuyer  sur  sa  droite, 
et  de  se  rc'^nnir  pendant  la  nuit  au  gé- 
néral Soult,  afin  de  ne  plus  former 
qu'une  masse,  et  alors  de  manœuvrer 
sur  les  différentes  ^divisions  de  Ten^ 
nemi,  ou  de  marcher ^rolt  a  Loano 
pour  7  opérer  la  jonction  du  centre  et 
de  l'aile  droite  de  l'armée,  et  de  re^ 
marcher  ainsi  rassemblé  au  secours 
de  Gènes,  la  nuit  pouvait  cacher  son 
mouvement  pendant  quatre  heures, 
et  quatre  heures  pouvaient  lui  suffire 
pour  assurer  la  réussite  de  cette  entre- 
prise  :  il  instruisit  les  généraux  Oudi- 
not  et  Miolis  de  cette  résolution ,  et 
Gt  de  suite  évacuer  sur  Gènes  tout  ce 
qui  86  trouvait  sur  la  marine. 

21  Germioêl. 

Cette  idée  de  la  réunion  subite  de 
toutes  ses  forces  sur  la  droite  de  ses 
positions  était  vraiment  militaire,  et 
conséquente  au  système  de  guerre  ar- 
rêté par  le  général  en  chef.  C'est  ce 

(1)  De  louift  ceMe  iouraée»  le  général  en  chef 
n'avait  point  quitté  le«.liraiilear§.  Il  avait  perdu 
un  général  de  brigade  sur4e«i,  deui  adiadan«- 
généraui  <ur  troi»,  et  tittis  aides-d  ^^amp  sur 
cinq.  Vf  rg  la  fin  de  raffaire,  il  dit  ave«  .amar- 
tant»  à  Tadludant^général  Tbiébaull,  ce  mot 
^ut  proQve  combien  U  élait  virement  affecté  d» 
aa  fil  nation... .  La  mort ,  JhUbmult ,  na  donc 
^êwmlu  da  noMiI.Dans  la  joamée,  il  Jiii était 
éctiappé  à  dkffénMilea  repriiea  de  l'écrler.^... 


qu*il  pouvait  faire  de  plus  décisif  dans 
ce  moment  ;  ceux  qui  la  comprirent 
furent  frappés  de  sa  justesse,  que  la  si- 
tuation des  choses  rendait  évidente  : 
cette  jonction  inattendue  assurait  en 
effet  l'anéantissement  du  corps  ennemi 
que  le  général  SouU  avait  devant  lui, 
et  pouvaitconduire  à  des  résultats  heu- 
reux. 

Le  départ  étant  fixé  à  deux  heurei 
du  matin ,  le  général  en  chef  flt  appe- 
ler à  une  heure  le  général  Fressinetet 
toHS  les  chefs  des  corps,  pour  leur  coni" 
muniquer  son  plan ,  et  donner  à  cha» 
cun  ses  ordres  particuliers  sur  ce  qu'ils 
avaient  à  faire  pour  concourir  à  sa 
réussite. 

Mais  le  général  Fressinet  lui  dédara 
((  qu'il  avait  été  absolument  impossible 
»  de  reformer  les  corps,  etqu*il  lui  pa- 
»  raissait  impossible  de  faire,  avant  te 
»  jour,  aucun  mouvement.  » 

Cette  déclaration  ayant  été  en  subs- 
tance celle  de  tous  les  chefs  des  corps 
de  cette  division ,  le  général  en  chef 
fut  contraint  de  différer  son  entreprise. 

Si  le  lecteur  veut  bien  se  rappeler  Té- 
tât des  troupes  avant  le  blocus,  leur 
faiblesse  physique,  le  délabrement  de 
leur  santé  à  tous,  et  toutes  les  causes 
de  découragement  qui  les  entouraient, 
il  concevra  combien  il  était  difficile  de 
leur  faire  tenir  campagne,  et  combien 
elles  devaient  être  loin  de  pouvoir  sou- 
tenir de  nouvelles  privations  et  de 
grandes  fatigues. 

Le  jour  vint  et  éclaira  le  peu  d'or- 
dre qui  régnait  parmi  les  troupes;  le 
rapport  fait  par  le  générât  Fressinet  et 
les  cbeft,  était  vrai  à  la  l^Vtre,  et  les 
corps  ne  se  formèrent  que  dans  la  ma- 
tinée. < 

Unereconnaissancequelechefde  bri- 
gade Cassague  lit  à  la  pointe  du  jour,  et 
le  rapportde  l'adjudant  générai  Gautier 
<|ui  arr<va  rera  dix  lieurea  4u  matin  fl« 


WB 


joraHAi  9BS  winxt9on9  miTAitss 


te  diWskm  de  Faile  droite,  achetàr ént 
46  démontrer  au  général  en  dif  f  hi  né* 
eessitt^  de  renforcer  le  général  Soult. 

Avant  midi ,  ces  troupes,  comma^«- 
dées  par  le  général  de  brigade  Ffessî- 
tiet ,  étaient  en  marche  :  mois,  soit  qne 
Tenliemi  ait  eu  connaissance  do  mouve- 
ment que  le  général  en  chef  avait  voulu 
faire ,  soit  qu*il  Tait  prévu ,  soit  <|0*ll 
ait  voulu  renforcer  le  corps  que  legé- 
fiéral  Soult  combattait,  soit  qu'il  ait 
voulu  se  porter  entre  lui  et  le  général 
en  chef,  ou  les  tourner  l'un  ou  l'antre. 
le  fait  est  qu'il  faisait  en  méoie  tempe, 
et  dan»  la  même  direction ,  un  moove- 
meat  semblable  à  celui  du  général 
Fressifiet,  et  que  pendant  quatre 
milles,  les  colonnes  autrichiennes  et 
françaises  fUèrent  sur  des  crêtes  pa- 
rallèles A  portée  du  canon  l'une  de 
l'autre. 

Le  lendemain ,  âf  germinal ,  le  gé- 
néral Mouton  reçut ,  en  conséquence, 
à  deni  heures  du  matin ,  l'ordre  de  re- 
connaître la  p<isition  de  l'ennemi  avec 
quatre  cents  hommes  choisis  par  lui 
dans  son  corps.  Dans  sa  marche,  il  ra- 
massa quelques  traînards  autrichiens , 
et  s'éclairant  de  leurs  réponses,  il  ap- 
prit ,  entre  autres  choses  d'eui ,  que 
les  trois  régiment  qui  tenaient  la  Ver- 
reria,  étaient  Lattt>rmann ,  Detttd* 
dimeister  et  Wokasowitsch. 

Au  crépuscule,  il  arrive  à  la  vue  des 
premiers  poste»  ennemis,  soutenu  par 
un  bataillon  de  la  35*  légère  et  par  les 
grenadiers  do  la  il*  de  ligne;  il  les  at- 
taque avea  un  seul  détachement  ^  et  les 
force  tous*  Lt  major  du  régiment  de 
Latlermann ,  avec  une  partie  de  son 
eorps,  É'avance  pour  proléger  leur  re- 
traite. Son  détachement  est  culbuté, 
•I  lui-^roêmeest  pria.  C'est  ainsi  que  nos 
trMipea  arrivèrent  à  h  Verreria,  prin- 
eipale  position  de  l'ennemi.  Alors  la 
«éfMBO  devint  tratamH  opiniêlre; 


nmt^  la  bravoure  eitvaovdinaire  de 
nos  troupes,  jointe  à  la  bonté  des  dis* 
peaitions^  leur  fit  surmonter  lea^bsta- 
olea  des  lieui  et  du  nombre  ;  et  Te ih 
nemi«  p^nssé  de  loua  cêtés,  fat,  au 
bout  de  d  ni  heures  de  rombat,  coa*> 
ir.'iint  d'effectuer  sa  retraite  ;  ce  mrHH 
veinent  rétrograde  fnl  aaisi  ;  les  eforti 
redoublèrent  avec  les  aoecèa^  et  la  vie* 
toire  fut  complète.  Deni  rnlHe  priMO* 
niera  et  sept  drapeaux  en  lurent  rheu- 
renx  résultat. 

Cette  affaire  »  dit  le  général  Soult 
(  dans  son  rapport  an  général  en  chef  |, 
fait'le  plus  grand  honneur- au  général 
Gacan<  L'adjndant-général  Gauthrin, 
chef  de  rétat-major  de  l'aile  droite,  s'j 
distingua*  Les  cbefa  de  brigade  Mou- 
ton ,  de  la  3*  de  ligne,  et  Godinol ,  dt 
la  95^,  s'y  comblèrent  d'honneur.  \jt 
premier  devança  les  phis  braves  dam 
l'attaque  A  importante  de  la  Verreria. 
La  conduite  des  troupes  et  de  U  plu- 
part doH  officiers  fut  de  même  au-des* 
sus  de  tout  éloge,  par  les  prodif^es  de 
valeur  qui  se  renouvelèrent  A  chaque 
instant. 

Cette  jonction  infiniiaent  heur^^uie 
acheva  de  compl*  ter  cette  journée, 
l'une  des  plu»  glorieuaes  comme  des 
plus  pénibles,  de  tout  le  mouvement 
du  général  Soult  (I).  Ellecoâta  à  Teu- 


(1)  Sur  r«s  ffitr«flittii,  t«i)4ii  ^«s  \m  Aulri- 
cliieDs  pliaient  sou^  lot  efforU  re^loubl^  de  boi 
braves,  A»fereto,  ce  d^erleur  de  soo  p«y<»  et 
des  drapf aui  de  la  lil»erté,  cet  lioviintf,  que  >ofl 
infamie  CMMiaiMie  i  mm  têpUê  ëa  «éléSri:i 
•4Mifiiak  Géua»  da  aspHolar. 

Cdiak  MM  daole  le  asaaia  àé  rioifodMre 
alleeaop  da  piad  de  Tana»  quoique  le  iiaeac 
fil  pat  mauraoU 

Dans  GSiia  dégfiùlanta  gasMMnda,  Julit-lh' 
ntHiéfm  A99ÊT9tOt  au  bap  Oé— 1^  prof»Mii««i 
à  sa»  campaivioCai  quil  aH^t»  k  U  iHù  do  ^M 
rania  niUla  twaimas  da  travpaa»  mwnmtm*  per 
<|uatra<*vlnii  nUla  ibaliMiaiM,  prm&n  M» 
d'assaut .  aiai  wiiniiliii  diait  fa/Hda. 


nemi  près  de  étttl  ttiflle  hommes,  dbrrt; 
Ips  trois  cinquièmes  tMttM  faits  pri- 
sonniers de  piètre  (1). 
'  la  Tïxiit  obscnfe  qti'î!  fatSutt  (î),  et  le 
dispersement  des  troupes,  décidèrent 
fe  ïieutenant-gériéral  (  pour  lié  rien 
comprOïtteftnf),  à  ordonner  que  les 
troupes  se  ralliassent  à'  fîrOs-Pa^to,  H 
que  la  position  de  rBermetfe  ne  (û% 
tenue  que  par  dcs'posl^.  Cest  a^ifi 
que  se  termina ,  pour  les  troupes  du 
général  Souft ,  cette  journée  dans  la- 
queHe  elles  rortibatttrcnt  avec  taut  de 
succès  tes  brîjfêdes  de  Btfssy,  de  Lat- 
termaun  et  de  Sticher,  quî  formaient,* 
sous  les  ordrôfi  du  comté  de  Palfy,  le 
centre  du  éorps  qtfe  commandart  en 
î>er»ofine  le  général  Hféla!!. 

tn  batalBoft  de  la  7»  fttt  chargé  de 
conduire  à  Cènes  le»  pièces  de  canons 
et  les  prfsonnfefs  que  Tennemi  avait 
perdus,  tant  dans  cette  journée  que  fa 
veillé  et  l'avant-veîffe. 

Mais  pendant  que  fa  victoire  conroft- 
nait  ainsi  sur  notre  droite  les  efforts 
des  braves  que  commandait  d'une  ma- 
nière si  brillante  le  généf^l  Souif ,  FeU- 
nemi ,  qui  avait  vu  partir  toute  la  co- 
lonne conduite  par  fe  général  Pres>l- 
net,  pressentit  la  faiblesse  dû  corps 
qui  restait  k  h  gàucbe,  él  résolut  d'en 
protfter  pour  lé  battre,  et  pouvoir,  en 
cas  de  besoin ,  porter  etisùftW  toutes 
ses  forces  réunies  contré  le  gétiêrhl 
Soult. 

Veirs  une  îifem*e  après  ifaBt ,  iT  atta- 
qua ta  !^,  qui ,  sous  lés'  ordres  de  sou 
chef ,  tenait  ta  position  en  ayant  de 


Cogotefto,  sm*  la  rive  dfWte  du  torrent, 
et  qiii,  en  cas  de  retraite,  avait  drdtfe 
de  se  retirer  sur  la  position  q«ri  se 
trouve  à  la  gauche  du  même  torrent, 
et  oA  l*ad}vda*t-gènéral  Oanfter,  qoi 
arrivait  de  Fa  colonne  du  général  Soull, 
était  en  réserve  avec  le  bataiHon  dé 
grenadiers. 

Pressée  par  des  forces  wpérteurw,' 
on  doit  tfes  éloges  à  la  résistance 
que  la  97*  opposa  aui  premfèï^  at- 
taques de  Fennem?;  mais  une  fUi 
chassée  de  sa  position,  sa  retraite 
fut  une  véritable'  déboute.  Tous  les 
efforts  pour  la  rallier  ou  lui  faire 
monter  la  eôte  oè  était  la  i^ésërve 
fttreint  înutites  ;  et  dan»  te  f4ti  grand 
désordre,  elle  se*  jeta  tout  entiim 
sur  Im  bords  de  la  mer,  oé  «Me  fR 
v)v«menl!  eanonnée  par  ^  (fMfoupk 
ennenilai(quisiii>afentMEisnos  moti- 
if^mens),  et  Uentdt  chargée  par  la 
ôavaierîe.  ^ 

Oiiint  an  gAnéral  ^  ekef ,  brSqtTil 
vit  que  dans  un  paya  de  montdgneS, 
iluamnré^inq  tnimmea  des  hussards 
ée  Steekkr  ehargeaieiit  Impunément 
une  dem«^brfgade  tout  évitiez,  et  qite 
déjà  «la  étaient  maftres  de  Collet to, 
M  scf  mit,  avec;  le  général  Oud^tOt, 
è  I»  tète  d'une  freffitalne  d'officiers 
et  deguidea  ^'11  avait  tffét  Inl,  les 
chargea  et  lea  rejeta  au^elà  du  ti^- 
fiena;  I*,  wmtcrmis  par  lenr  InfanterK^, 
ilraenHiérent:  pea  éMnstant  après  Hs 
revinrent  *  la  ehaife,  tit  ftarent  une 
aeeondtf  fola  repousséfs  ^,  ddn»  mîe 
domttai6  aliarge  4H6  tMdnisit  le  éhèf 


fSr  jjçur  ei»iidiilpç  I-»  priioonieri»  pi  qu^yi  ^r^sod 
DPmbi-é  (feiftrè  eut  t^è -happa,  et  retourna  à 
Vf nof mi'  CHlé  Mrrô^^tftniDé  obd  fftf  ai  perafe 
DO  griod  oombrc  daos  toutei  Ici  aflklref  de  ce 

Moelle.'-     •■'  -     / 

:  ALaVMMdNeaariemleniiréUllMleèl^ 
AMoreeiiledeliBoaiqiMCcrit.' ""^  n*^i  **) 


(3)  Ht  eqreot  ao  hanerd  t^f»  deux  jptii,  \t^% 
eu  quatre  beâj^és»  dans  ces  deux  charges  qui 
nous  eoûl^rent  irofi  blessés  d-ms  le  nombre 

a«>ji4aMi»e  iMiiiv  1»  eneyi^n  it«rry;  f*m^M*  ad- 
loinra  rMJMHajoff^éiMrsl^  et^^f.  pef  la>«atfie! 
HÊ»  ieii'eli4*i«l,'atfi'  ^t^'à^fi»  aveiv  ttçè  daql 
ê&tàpê'tàemÊam/  Mttue^iiSlnieéaiMMaiMiaeene^ 
chirgê  le  vafnemeilre-fâidcii^    • 


7IM 


nVM$X  DBS  OFERATIOtfS  If lUTAIRBS 


d'escadron  Contant ,  commandant  tes 
{{aides  du  général  en  chef  (1). 

On  voit  par  le  tableau  des  évène- 
meos  de  cette  journée,  que  le  but  du 
général  en  chef  fut  cependant  entière* 
ment  rempli ,  puisque  la  diversion  qu*ÂI 
parvint  à  opérer  par  Teflet  de  sa  pré* 
sence,  assura  les  avantages  si  impor- 
tans  du  général  Soult,  qui  avait  en 
effet  non  seulement  les  quatre  ciur 
quiëmes,  mais  encore  l'élite  des  trou- 
pes, et  tous  les  généraux. 

22  Germinal. 

Nous  trouvons  ici  une  nouvelle 
preuve  de  ce  que  nous  avons  déjà  dit 
sur  les  dangers  que  la  difficulté  des 
eommunica tiens  apporte  A  la  guerre 
des  montagnes.  En  effet,  le  général 
en  chef,  qui  ignorait  ce  qui  s-étaît 
passé  aux  divisions  de  droite,  avait 
vainement  envoyé  au  général  SouH 
dnq  officiers  pour  le  prévenir  de  son 
mouvement  rétrograde.  Aucun  n'était 
nrrivé;  et  tandis  que  la  colonne  de 
gauche  se  replinit  sur  Gènes ,  celle  de 
droite  marchait  sur  Monte-Notte. 

Le  général  en  chef  n'ayant  point  de 
nouvelles  du  général  Souit,  jugea  par 
son  silence  qu'il  n'avait  reçu  aucune 
de  ses  dépèches,  et  résolut  alors  de  re- 
prendre l'offensive  pour  seconder  ses 
<q)érations,  s'il  avait  des  succès,  ou  fa- 
ciliter sa  retraite  s'il  avait  des  revers. 

Pendant  fes  différens  mouvemens, 
l'ennemi,  en  faisant  descendre  un  nou- 
^au  corps  de  troupes  de»  montagnes 
auxquelles  Santo-Martino  est  appuyé, 
avait  repris  l'Hermette  avec  un  autre 
corps  d'environ  unq  mille  hommes,  et 

(1)  Cet  offlcier  i^élantun  peu  trop  alNUMloiuié 
en  pouraiiviDtl'ennenii ,  Ail  coupé  du  memeiit 
•I  faiUit  être  prti.  11  n'échippe  qo-ea  pefimt 
avec  «nu  elMval  à  traven  les  barques  qui  omi* 

Yri<«ai  le  nn^     u 


le  général  Soult,  toojoim  supérieur  anir 
difficultés  qui  de  tous  cAtés  et  à  chaque 
instant  se  multiplhiient  sous  chacun  de 
ses  pas,  avait  de  nouveau  formé  le  pro- 
jet de  l'en  chasser. 

.  Les  munitions  commençaient  à  man- 
quer; cette  circonstance  eût  été  em- 
barrassante pour  beaucoup  de  chefs; 
elle  ne  le  fut  pas  pour  le  général  Soult, 
qui  suppléa  à  ce  manque,  par  l'ordre 
d'enlever  cette  position  an  pas  de  charge 
et  à  la  baïonnette,  et  par  la  défense 
faite,  sous  peine  de  mort ,  de  tirer  un 
coup  de  fusil.  Ces  dispositions  furent 
scrupuleusement  suivies.  Presque  tou- 
tes les  troupes  furent ,  pour  l'attaque, 
formées  par  sections  en  colonnes.  La 
charge  fut  battue,  et  la  position  em- 
portée. Nous  fîmes  dans  cette  affaire, 
très  meurtrière  pour  l'ennemi ,  deux 
cents  prisonniers,  dans  le  nombre  des- 
quels se  trouva  le  colonel  du  régiment 
de  Keith  (2).  Le  chef  de  bi:igade  Cassa- 
gne,  qui  faisait  alors  fonction  de  géné- 
ral de  brigade,  justifia  dans  cette  occa- 
sion l'opinion  que  Tarmée  avait  de  ses 
talena  et  de  sa  valeur. 

Chassé  des  premières  positions  de 
l'Hermette,  l'ennemi  se  rassembla  sur. 
les  dernières  hauteurs  de  cette  mon- 
tagne, ce  qui  détermina  le  général 
Soult  à  l'y  faire  attaquer  par  les  géné- 
raux Gaxan  et  Poinsot  ;  mais  l'ennemi 
avait  sur  ce  point  des  retranchemens 
qui  ne  permirent  pas  de  Ty  forcer. 

Quant  au  corps  ennemi  qui  était  des- 
cendu par  Santo-Martino.  il  alla  dans 
le  plus  grand  désordre  ^  rallier  aux  ré- 
serves qui  étaient  placées  sur  les  hau- 
teurs de  Yerraggio. 

En  conséquence  de  cette  non-réns- 
9ite  de  l'attaque  de  droite,  la  division 
se  rassembla  et  prit  position  sur  les 

(2)  Le  général  Poinsot,  en  làUani  ce  cohiorl 
pritonnUfi  eut  la  fourreau  éê  aou  af Wa  coapf 
par  deux  lMiiiet«  •<  1  •        .Mur.  » 


t  .BC  iUtaK  BT  «V  BLOCi;»  »E  gArI». 


781 


hpatoiiift  qtf elto  avait  conquise»  dans 
la  matinée,  et  la  63*  partit  {lour  Gènea, 
eacoiiaat  les  priaooDÎefa  et  ks  lilessés. 

83  Germinal. 

Laa  troupes  aux  ofdres  du  général 
Sonlt  ne  firent  ee  jonr-là  aucun  okmik 
vemest  :  lirnaturedes  nouvelles  posi- 
tions de  reanemi  «  la  fatigue,  la  Csim 
et  le  manque  de  munitions,  furent  les 
niotirs  de  cette  halte,  que ,  dan»  tous 
les  cas,  les  nuages  e&trèmement  é[«is 
qui,  pendant  une.gtande  partie  de  la 
raaUnée,  enveloppèrent  ces  montagnes 
si  élevées,  auraient 


94  Gennioal. 

Le  âfc ,  Tennemi  se  resserra,  et  pre- 
nant la  ligne  de  l'Ërro  et  du  Resio,  ap- 
puya sa  droite  à  Albissola.  11  renforça 
en  même  tempsses  camps  de  la  Moglia, 
de  la  Gâtera  et  de  Sanin-lustina*  ' 

Le  général  Soult  suivit  le  roou?e«- 
roent ,  et  voulut  en  profiter  pour  enle- 
ver le  camp  de  Santa^iustina  ;  mais  ce 
fut  iraineanent  qu'il  le  fit  attaquer  par 
les  35*  légère  et  3*  de  ligne,  C4>mman- 
dées  par  le  général  Poînsot.  Ce  camp 
étail  retranché,  et  cet  ob^ttade,  qui 
n'avait  pas  été  prévu ,  rendit  dans  cette 
entreprise  l'effort  de  nos  troupes  inu- 
tile. 

De  son  e6té,  legénérai  en  chef  par- 
tit de  Gènes  le  SS  au  matin,  arriva 
▼ara  neuf  heures  à  Voitry  ;  les  troupes 
fUi  y  étaient  se  portèrent  jusqu'à  Ver- 
raggio,  sans  qu'il  s'engageât  d'affaire, 
rennend  ayant  de  même  abandonné 
toute  la  marine  pour  se  rassembler  snr 
les  hauteurs  de  Savone. 

La. lendemain,  le  général  en  chef 
prît  position  eu  arrière  d'AUussola, 


ayant  son  quartier^^^éoéral  à-Galie  (I). 

Cette  journée  du'S4  se  passa  en  re- 
connaissanaes  départ  et  d'autre^ 

Le  soir,  le  général  fit  partir  un  ba-    '^ 
teaù  chargé  de  grains  pour  Savone; 
mais  les  corsaires  l'empêchèrent  d'ar-^ 
river,  et  ie  forcèrent  de  rétrograder  à^; 
Celle.  f 

25  Garmloal. 

De  très  grand  matin ,  l'ennemi  dé- 
tache une  forte  colonne  des  hauteurs 

« 

de  Savone.  Celle  colonne,  qui  paraît 
dirigée  sur  la  Stella,  appuie  sur  sa  gau- 
che, lorsqu'elle  est  arrivée  h  la  hauteur 
de  ce  village;  peu  après  elle  quitte  les 
crêtes  et  disparait  dans  les  gorges  des 
montagnes,  en  remontant  la  rive  droile 
du  Resio. 

Le  général  Masséna,  dan?  la  vue 
d'empêcher  que  celte  colonne  n'ache- 
v&t  son  n^ouvement  contre  le  général 
Soult,  pu  du  moins  qu'il  ne  s'en  déta- 
chât d'autres,  désirant  d'ailleurs  con- 
nuîlre  les  forces  que  l'ennemi  conser- 
vait devant  lui ,  et  ses  moyens  de  dé* 
fense,  le  fait  attaquer  après  quelques 
reconnaissances  faites  dans  les  mêmes 
vues. 

En  ordonnant  ce  mouvement ,  Tin- 
tention  du  général  en  chef  était  bien 
de  profiter  du  succès,  si  la  chance  des 
combats  lui  avait  décidément  été  fa* 
vorable  ;  mais  il  ne  voulait  pas  com- 
promettre le  peu  de  troupes  dont  il 
pouvait  disposer:  c'est  d'après  cela, 
qu'en  leur  recommandant  de  ne  rien 
aventurer,  il  ordonna  au  chef  de  la 
73*  de  ligne  de  marcher  avec  sa  demi- 


Ci)  T«dle  cette  marcke  ae  SI  aow  le  fev  de  la 

Sou»  ansMie»  qai  nous  lua  pluai^ori  hominef, 
et  Dous  força  de  quitter  le  chemiii  de  la  marine, 
et  de  marcher  à  traveri  les  monlagnef.  La  J06« 
feule  perdit  dans  ce  trajet  naur  honuaes»  doai 
luiaflkiar. 


brigade  «nr  lecowrent  des  Capadiiii,  1     Lecon^l  dora  prêt  de  tPOislM^ 


] 


situé  sur  tat  heuleura  qui  serrent  Al- 
bissola  de  Sav  one,  eià  lad  jiidaot*g6né<> 
rai  Gautier  d'atlaquer^  avec  le  bataillon 
de  grenadîen,  le»  flnoatagiiei  fiii  iaii'»* 
qnentlagaiir^hedecelteposiltoii»  i^e  gé- 
nérai de  dî  vision  OudîMl,  ohef  de  l'élan 
major  géuéral  de  l'armée,  chargé  de 
commander  cette  attaque,  conduisit  la 
colonne  de  gaucne.  Quant  au  général 
en  chef,  qui  par  ces  dispositions,  ne 
conserva  avec  lui  que  la  lOÔ*  demi-bri- 
gade, il  la  plaça  de  manière  è  en  for- 
mer sa  réserve,  et  à  mettre  sa  droite  à 
Tabri  de  toute  insulte. 

Ueniiemi  avait  dans  c^te  partie 
deux  de  ses  meifleùrs  régtmens  dln- 
fantcri».  et  cinq  bataillons  de  grena- 
diers ;  aussi  sa  défense,  digne  de  ces 
troupes  d'élite,  fut-elle  très  opiniâtre; 
Il  se  trouva  cependant  forcé  un  mo- 
ment, et  par  le  général  Oudinot,  et 
par  Tadjudant-général  Gautier,  cha^ 
cun  sur  des  points  dlGTérens;  mais  sou- 
tenu sur  toute  sa  ligne  par  des  troupes 
en  échelons,  et  i  des  distances  très  rap- 
prochées, il  reprit  vivement  le  terrain 
qu'il  avait  perdu,  et  poursuivit  de 
même  les  grenadiers  qui ,  en  gravis- 
sant celte  montagne,  et  par  la  nature 
du  terrain  ,  s'étaient  éparpillés  et  n'é- 
taient plus  en  mesure  de  se  rallier. 
Dans  les  pays  de  montagnes,  cet 
ordre  par  échelons  est  {pour  peu 
que  d^nlteurs  les  dispositions  soient 
bonnes]  le  plus  Tormidible  de  tous 
pour  la  défensive.  AussitAt  que  le  gé- 
néra! en  chef  >*aperv'til  que  ses  troupes 
ballaionl  en  retraite,  il  s'nvança  à  la 
lèle  d'un  dos  bataillons  de  1 1  106*,  ar- 
rêta l'ennemi  au  moment  où  ce  der- 
iiier  voiihit  4niv«nier  le  torretHd'Albis* 
«ola;  raeilfttt  de  cette  manière  la  re- 
traite des  grenadiers,  qui  de  suite  se 
reformèrent  «.  et  rejeta  l'enneaii  sur  la 
montagne.  .    . 


lea  :  il  ftU  soiri  par  un  tiraiUemettl  qai 
«a  finit  qu'avec  h  jonr»  el  ehaeun  ra> 
prit  sa  position  primitive,  après  aveif 
fait  de  part  et  d'autre  quelques  pertei 
en  blessés,  morts  et  prisonniers.  L'ad* 
judant-général  Gautier  eut  an  chev^ 
tué  aoKsIui  danaxille  aflam.  La  auit 
f enoe,  et  aor  t'avia  que  l'eanemi  fiMt 
sur  netfe  droite,  le  général  en  ehef  «e 
rendit  à  Verraggio,  e€  lit  prendre  t 
radjudanH^iéral  Gantier,  q«i  oook 
aaandaît  alors  la  totalité  des  traoïMS 
dont  noua  venons  de  parler»  la  poriUou 
an  avant  dn  village. 

C'est  U  que  le  général  en  chef,  ia- 
quiet  de  ne  point  amr  de  nouvelles  éa 
général  Suchet  e  t  désirant  surtout  hiter 
les  attaques  qu'il  lui  avait  ordonnées, 
fit  partir  à  c^t  effi't  le  général  Oudi- 
not  (1)  :  conduit  par  le  brave  Bavastro, 
ca|iitaine  de  oarsairo,  on  général ,  ac- 
oempagné  de  son  aide-deKsanp  Oa- 
mangeot ,  arriva  à  Finale  après  psn 
d'heures  de  navigalioD. 

Dans  celte  journée,  la  vidoire  as 
couronna  nnlle  part  noa  «iérts;  car 
pendant  que  la  colonne,  condoila  par 
le  générai  en  chef,  «vait  fait  sur  6i- 
voneup  inutile  effiort,  leatraapesdn 
général  6o«iitcédaitnt  de  niéine  i  ans 
supériorité  tro^diSfraporUonnée. 

DiMrans  motifs  qui  Tdwaiiainat  de 
sa  position  et  des  oMNiveinaM  da  l'en- 
nent,  avaient  déêaraiiné  ce  fénéwri  à 
risquer  une  affaire  générale.  D'un  celé, 
ses  troupes  oiaBqnaMint  4a  paie  de- 
puis deux  jours^  et  loMchaîent  à  la  in 
de  leurs  «Qnttilmê  etd'iio.awlniaêié, 
i'enneov  ae  retfaoehait  à  la  JfogHa»at 

• 

les  q«i«Utés  r«r«s  ti  ji  pré<*ieuii>f  qii^  carK;4- 
r*8ent  Thomnie  de  guerre,  )fS  Ulens  qui  W 
I  errfeUoniwiit ,  oetlê  Sélicateue  ^ai  lès  anlh 
bUi,  wt  Pairmta  bsureuMt  qol  toMMuiC' 


fi  ^ 


M  iltiB  jfr  M  SUHSOê  M  OAMt. 


$*éteitMBfMi«  ^  SMMiio,  d'oA  il 
Mçail  les  denièreê  du  général  Sa«tt. 
Pour  prévenir  net  deseeûit  que  ite  ommi* 
vcmani  découvrait,  il  iiJiftitcopibaltre. 

Le  général  Gazan  fit  son  expédilkia 
de  SiflgpUo  «vee  attiaol  de  oéléffîté  4ue 
de  «uccès. 

On  Mt  dansoelte  oTiaaMon  la  iM9wt 
de  ce  que  peoveni  dea  Croupes  fraoçai* 
lea.  Saoa  repoa^  tons  paifi  •  ei  presque 
gant  cartottiiiea»  les  aaîdaU  «ardièreut 
à  rennemî  avec*,  un  courage  liérou|Mk 
Tout  œ  que  peuvinl  Th^tueur  et  i'in* 
trépîdiié,  fui  déployé  daos  o^le  aclioo 
eiktrèMement  oieurti-iire.  Deui  foia* 
dii  miUe  Autrkhiena  retraqcbéa  jua^ 
qa*fiux  dents,»  et  ayant  une  nomlN'euse 
artillerie,  cédèrent  à  la  valeur  d*une 
poignée  de  braves^  qui  deui  fois  par*^ 
iinf«ot  sur  la  oréte  des  hauteurs  de 
Poute-iirrea,  et  qui  auraient  fiol  par  s'y 
étiAlîr^  éi  M.  de  Mélas^  atec  nue  ré* 
serve  de  eioq  mille  oemlNittiiUit  (l)«  ne 
ttt  arrivé  vers  la  Au  de  la  journée,  et 
ii*eèt  ranimé  ses  troupes  par  sa  pré* 
aeoce«  et  par  ce  renfort.  Cette  circoaa- 
tance  nous  enleva  une  victoire  qui  fut 
loiig«>4emps  halaucée  par  les  efforts 
aomaturels  que  ûreot  nos  troupes,  par 
la  t)onté  des  dispositions,  et  par  la  ma* 
Btàre  avec  laquelle  (à  Teiemple  du 
général  Soult)  cette  aSair^  fut  cou* 
dttite  par  tous  les  autrei  chefs  qui  s'y 
trouvAreut  sous  ses  ordres»  La  nuit  mit 
fin  à  ce  eooibat  terriWe,  après  lequel 
chacun  reprit  les  positions  qu'il  avait 
avant  rott*K|ue, 

La  général  Freasinnt  fiit  blnmé  an 
conwMînnraarnt  de  cette  affiwre  d'un 
onup  de  Cbu  é  la  enÎMe  fauiibe,et  ne 
qnitia  cependant  le  <:liamp  de  bataiUe 
que,  lorsqu'une  demi-heure  après,  il 
meut  une  seconde  t^lainufe  éia  téta. 


||)  tes  mêmei  ((u1  le  msUn  éuient  partis  de 
Mvooe. 


nftetar 


Veapèee  de  gnavra  que  fait  me  aiw 
pén,  fésnitant  nécesaaîreaient  de  sa 
sitoalieo  et  de  aa  farce,  il  4tait  tout 
naturat  que  M.  de  Mêlai,  et  le  général 
Masséna^  suivissent  une  tadiqaa  tanft>> 
à'ttt  diiérante»  'EQiqottrs  ans  prisai 
avec  un  ennemi  inQniownt  plus 
brans  qna  lui,  Inèut  du  fénénl 
chef  avait  toujoum  été  de  le  di  vîesr 
assrehant.  sur  deui  eelenoes.  LHina 
faîMa^  mansBuvrait  autant  que  cela  hrf 
était  passible,  tairait  d'oaeaper  l'en* 
nemi>  et  ne  l'attaquait,  en  ne  reoavatt 
la  combat  que  quand  il  n'y  avait  pas 
d'autre  nioyen  de  le  teinr  aa  présence^ 
ciamBiff  à  Albîasoltf ,  on  anaup  saoyen 
de  l'éviter,  eomme  à  Cogelello  ;  Tautn 
tAehait  de  aoutenir  l'oSensive,  en  ntan 
nissant  la  presque  totalité  ée  sas, trou* 
pesaur  les  difinkenseorpsde  l'annenni 
et  de  cette  manière,  de  battre  auoces- 
sivament  aes  divisions»  coramn  on  la 
vnit  é  Marearofo,  Sasaela,  ia  Verr^ 
ria,etc.  L'annemi^  eu  cantralret  poa« 
vaut  se  diviser  sans  trop  a'affalblir, 
cherchait  toujours  à  nous  tenveiopper, 
et  ne  nous  faisait  faee  aana  nous  ehar^ 
ger,  qiie<pendant  que  des  eolonms  dé* 
tachées  nous  tournaient  de  tous  «Aléa. 
Dnna  le  eouNnencensecit  des  affaires, 
rimpétaoiité  de  qadqueamoi  de  nea 
aerps,  cette  valeur  qui  fait  parfois  dia« 
parattre  l'avantage  du  noaibre,  et  dea 
nonvemens  heurenaement  cemhinéa 
avaient  fait  tourner  ciite  dernière  ma^ 
nœuvre  à  notre  avantage  ;  maia^  oMi 
fés  d'employer  toujoun  tM  snêmes 
f  orps,  d  était  inévitable  que  des  efforts 
si  souvent  idpélés  ne  fiaisaaot  par  las 
épnisevé 

L'ennemi  paedattaana  doute  quatre 
ou  eioq  fais  plus  de  inonde  que  nous  ; 
nuiis^  avec  oatte  diiéranoa  qp'il  élail 


JOOHNAL  DE»  OPÉRA TftOMl- MlUTAmS 


en  mesure  de  réparer  ses  pertes,  et 
que  les  nôtres  étaient  d'autant  plus  ir- 
'  réparables,  que  nos  avantages  étant  le 
prix  du  déyouement  te  plus  entier,  les 
journées  de  gloire  se  payaient  du  sang 
des  plus  braves,  de  sorte  que ,  tout  en 
baltatii  l'ennemi,  Aous  nous  affaiblis* 
sionspar  nos  fietoires,  tandis  que  re- 
lativement à  nous  il  se  fortiOait  même 
par  ses  défaites. 

L'attaque  des  positions  de  Teniiemi 
à  Albissola,  la  Gâtera ,  Ponte<-Ivrea  et 
k  Moglia,  B'ayant  pas  réussi,  il  ne 
restait  qu'à  se  retirer.  A  quoi  pouvait 
servir  de  s'arrêter  plus  long4emps  dans 
d'affreuses  montagnes^  où  les  troupes 
étaient  en  proie  aux  privations  de  toute 
espèee,  et  où  i\  n'y  avait  plus  que  des 
dangers  pour  elles?  Indépendamment 
de  ees  considérations  générales ,  il  ne 
restait  pas  au  générai  Soult  trois  car- 
louches  par  homme;  il  n'existait  pns 
même  une  once  de  pain  dans  toute  sa 
division.  Les  horreurs  de  la  faim  étaient 
telles,  qu'elles  avaient  réduit  les  trou- 
pes aux  dernières  extrémités.  Une  si* 
tuation  semblable  ne  pouvait  pas  lais- 
ser de  doute  sur  le  parti  qu'il  y  avait  à 
prendre  ;  aussi  le  26 ,  à  une  heure  du 
matin ,  lea  troupes  reçurentpelles  Tor- 
dre de  se  porter  à  Sassello,  où  le  lieu* 
tenant-général ,  dans  la  vue,  soit  d'ar-^ 
réter  l'ennemi  en  Toccupaut ,  soit  de 
le  divber,  soit  de  le  porter  à  faire  de 
faux  mottvemens,  et  de  se  procurer 
f^f^ABi  les  moyens  de  donner  un  peit 
de  repos  à  ses^eorps,  prit  uae  posiiion 
telle,  qu'il  annonçait  une  marche  vers 
Cairo  ou  Dego. 

r  L'emiemi  ne  prit  cependant  pas  le 
ahangesur  les  intentions  du  général 
Soult,  eta6a.de  ralentir aa  marche,  il 
ne  tarda  pas  a  l'attaquer,  pendant que^ 
fidèle  à  son  système,  une  de  ses  oo- 
tonnes  se  portait  sur  l'Uermette  pour 
pouvoir  aeconder  le&troiqpes  destinées 


à  t»uper  la  retraite  à  celtes  du  général 
âoult.  Ce  dernier  pénétrant  les  vues  de 
l'ennemi ,  pressa  s:i  marche  pour  ar- 
river rapidement  à  Gros^Pasto,  et  s*y 
rassembler. 

Le  général  Soult  n'était  pourtant  pas 
encore  en  position  à  Gros-Pasto,  et  déjà 
les  postes  avancés  de  la  9^  de  ligne,  qui 
était  à  la  Verreria,  se  battaient  contre 
des  troupes  que  remiemi  avait  déta- 
chées de  ses  camps  de  la  Galera  et  de 
Santa^-Jostina^ 

En  arrière  de  la  Verreria,  il  y  a  une 
position  d'où  l'ennemi  fK>uvait  A  erloat 
moyen  de  jonctioit-  ontn'  les  colonnes 
conduites  par  le  général  en  chef  et  le 
général  Soult.  M.  de  Bellegarde,  que 
ta  supériorité  de  ses  forces  rendit  trop 
confiant  dans  cette  occasion ,  négligea 
de  s'en  emparer.  Quant  au  général 
Soult,  il  profita  d'un  brouillard  très 
épais  pour  faire  reployer  ses  brigades, 
et  pour  s^y  porter  avec  la  plus  grande 
partie  de  son  monde  »  et  quand  ce 
brouillard  fut  dissipé,  l'enni^mi  nous 
vit  sur  deux  lignes,  déboniant  son 
flanc  droit,  et  placés  de  manière  à  coq- 
vrlr  VoKry.  H  n'était  que  six  heur(*5 
du  soir,  les  troupes  à  petite  j»ortée  de 
fusil  ;  le  combat  paraissait  inévitnbie. 
Ces  dispositions  en  imposèrent  néarn 
moins  à  Termemi.  L'affaire  ne  fut  point 
engagée,  et ,  dans  une  immobilité  par- 
fiiite,  Ton  demeura  en  présence  jus- 
qucs  après  dix  heures.  Le  général  Soolt 
alors,  malgré  l'excessive  fatigue  des 
soldats,  absolument  affamés,  ordonna 
au  général  Gazan  de  mettre ,  à  truis 
heures  du  matin ,  27  germinal,  s  s  co- 
lonnes en  mouvement,  et  de  les  diri- 
ger sur  Yoltry,  en  passant  par  Area- 
zano. 

Elles  arrivèrent  à  Lerca  et  i  Aren- 
zano  en  même  temps  que  les  troupes 
de  la  division  de  gauche,  avec  laquelle 
se  trouvait  le  général  en  chef,  ei 


DU  ÈIÈQH  £T  DU  BLOi:i]S  DK  GÉNBS. 


7ttô 


qui ,  parties  de  Cogoletto,  eATectoaient 
mènie  leur  retraite  sur  Yoltrj,  où  les 
deux  divisions  prirent  position  dans 
Vaprès-midi .  et  où  toutes  les  trou- 
pes qui  les  composaient  furent  réu- 
nies sous  les  ordres  dn  général  Soult , 
et  reçurent  dos  vivres  et  des  munitions. 

Tous  les  militaires  éclairés,  qui  ont 
suivi  le  lieutenant-général  Soult  dans 
cette  expédition ,  se  sont  plu  à  rendre 
hommage  aux  taleus  si  distingués  qu'il 
y  a  développés.  Une  circonstance  qui 
a  été  principalement  remarquée  et  ad- 
mirée, c'est  que  tous  les  corps  ont 
donné  à  leur  tour  ;  tous  ont  eu  occa- 
sion de  se  faire  connaître  ;  aucun  d'eux 
n'a  été  plus  exposé  ou  plus  employé 
que  les  autres;  cette  attention,  qui  a 
été  la  même  pour  les  officiers-généraux 
et  supérieurs  qu'il  avait  sous  ses  or- 
dres, lui  a  fait  le  plus  grand  honneur 
dans  l'opinion  générale. 

Pour  le  général  en  chef,  il  se  rendit 
à  Gènes,  où  d'autres  soins  l'appelaient. 

sa,  29  el  80  GermlDâl. 

Voltry  ne  nous  présentant  aucune 
position  susceptible  d'une  défense 
avantageuse,  du  moment  que  l'en- 
nemi était  maître  de  la  Madona  di  Ses- 
tri  et  de  Rîvarolo,  il  n'est  pas  douteux 
que,  sous  les  rapports  militaires,  il  n'eût 
été  préférable  de  continuer,  dès  le  ma- 
tin du  28 ,  la  retraite  des  deux  divisions 
sur  Gènes,  aOn  de  ne  pas  risquer  d'être 
coupé  par  Seslrî  ou  Coniegliano.  Mais 
il  existait  un  peu  de  grain  à  Voltry; 
les  distributions  de  la  journée  ne  pou- 
vaient être  faites  que  le  soir,  et  notre 
misère  était  telle,  que  les  moindres 
quantités  étaient  précieuses  pour  nous. 
Il  fut  donc  arrêté  que  le  28 ,  les  deux 
divisions  seraient  nourries  a  Voltry,  et 
que  cette  journée  serait  employée  à 
évacuer  sur  Gênes  tout  ce  qui  pouvait 

V. 


se  trouver  de  vivres  à  Voltry,  Pra,  Sea- 
tri  du  Ponent  et  Cornegliano. 

M.  de  Mêlas,  qui  ne  pouvait  perdre 
de  vue  le  double  avantage  que  sa  posi- 
tion militaire  lui  donnait  constamment 
sur  nous,  résolut  de  profiter  du  séjour 
que  nos  troupes  faisaient  à  Voltry,  pour 
empêcher  leur  rentrée  à  Gênes  ;  et  ei 
conséquence,  dans  la  matinée  du  28, 
il  partagea  en  deux  corps  toutes  celles 
qui  se  trouvèrent  à  sa  portée.  Sou 
corps  de  droite,  composé  de  trois  ré^ 
gimens,  devait,  sous  les  ordres  de 
M.  de  Bellegarde,  attaquer  notre  cen*- 
tre,  et  occuper  nos  troupes  en  avant 
de  Voltry,  Son  corps  de  gauche,  com- 
posé de  six  régimens,  et  conduit  par 
lui-même,  devait  se  rendre  à  Sestri, 
forcer  notre  droite ,  et  attaquer  en- 
suite, par  leurs  revers,  toutes  les  po- 
sitions occupées  par  nos  troupes  (1). 

Ce  plan  fut  suivi  à  la  lettre  par  l'en- 
nemi ;  mais  l'attaque  de  notre  centre  se 
fit  avec  trop  de  vigueur,  le  mouvement 
de  ll.de  Mêlas  avec  trop  de  lenteur  « 
de  sorte  qu'au  moment  de  leur  retraite 
(qui  se  Qt  sous  les  ordres  du  général 
Gazan),  nos  troupes  ne  trouvèrent 
point  encore  l'ennemi  à  Sestri.  Pen«- 
dant  ce  mouvement  rétrograde,  elles 
soutinrent  à  Voltry,  et  en  avant  de 
cette  position ,  de  terribles  combats  : . 
l'extrême  valeur  de  la  106%  et  3ur-[ 
tout  des  trois  compagnies  de  grena- 
diers, qui  forcèrent  la  passage  du  pre- 
mier pont  de  Voltry,  déjà  occupé  par 
Tennemi ,  et  protégèrent  jusqu'au  der- 
nier homme,  la  retraite  de  la  brigade 
de  gauche,  aux  ordres  de  l'adjudant-* 
général  Gautier,  vainquit  sûr  ce  point 
tous  les  obstacles.  Mous  eûmes,  dans 
ces  différens  combats,  des  compagnies 
à  moitié  détruites.  Le  soir,  nos  divî« 


(i)  Vers  midi,  ce  mouvement  «?aUélé 
nonce  par  un  déserteur  auUkiiieo. 


786  JOUKNAL  DES  OPÉRATIONS  MILITAIRES 

frons  prirent  position  à  la  hauteur  (fe  qui,  par  leurs  résultats,  nous  (tarent  à 
Saint-André ,  et  conservèrent  même  peu  près  tous  favorables.  Ceux  qui 
Sestri  toute  la  nuit,  afin  de  ractiiterla  {  peuvent  être  cités  sont  ceux  du  19, 
retniite  des  corps  qui  la  soutenaient.  [  celui  du  2V ,  et  celui  du  27  germinal. 
Pendant  cette  marche  nocturne,  la  78*  ;  Ceux  du  19 ,  sur  les  hauteurs  deTor- 
perdît  quatorze  hommes  qui  se  précî-  riglla ,  où  Tadjudant-général  Hector, 
pîtèrcnt  dans  dos  abîmes,  et  la  même  ;  attaqué  par  une  forte  colonne  enne* 
demi-bri[^adc  soutînt,  sur  la  droite  de  mie,  parvint,  en  Tenveloppant ,  à  la 
Voltry,  un  combat  que  les  Autrichiens  battre  et  à  lui  faire  près  de  trois  cents 
lui  livrèrent,  éclairés  par  des  fiam-  prisonniers;  et  à  la  Bochetta,  où  nous 
beaux  et  par  des  torches.  filmes  forcés,  et  où^  en  faisant  un  mal 


Le  citoyen  Sibille ,  commandant  des 
fbrces  maritimes  de  l'armée,  et  qui, 
dons  le  moment  où  cette  affaire  s'enga- 
^a,  exécutntt  avec  sa  llotille  son  nNm- 
Tement  sur  Voltry,  rentra  dans  Gênes. 

Ce  même  jour  fbt  marqué  par  la 
mort  du  général  de  division  Marbot, 
oflRcîer  justement  estimé;  il  ne  put 
échapper  aux  ravages  de  Tépidémie 
dont  il  avait  été  atteint  k  Savone,  et 
qui ,  délitant  alors  tous  les  pays  oc- 
cupés par  cette  malheureuse  armée 
d'Italie,  leur  faisait  de  cette  manière 
partager  une  partie  de  ses  désastres. 

Le  lendemain  89,  les  troupes  pas- 
sèrent la  Polcevera,  après  avoir  em- 
ployé hi  nixlt  à  se  rassembler.  La  68* 
soutint  dans  cette  retraite  un  combat 
assez  vif  «  sous  les  ordres  du  chef  de 
brigade  Cassagne. 

Pendant  cette  série  d'opérations  de 
guerre,  les  troupes,  restées  aux  ordres 
du  général  Miolts  ,  avaient  soutenu 
presqtre  journellement  des  combats, 

(1)  Dans  le  commencement  de  cette  aflkire, 
le  elier  de  ferigade  Briio  eut  le  brat  droit  tra* 
vtné duttcballa^  Blal^sé cette  ^le«Mie^ U  resta 
toute  la  journée  lur  le  dkamp  de  bataille;  U  fit 
plus,  il  ne  quitta  pas  un  moment  soo  corps 
pour  se  faire  traiter.  Parmi  les  braves  que  cette 
journée  cotMa  encore  à  la  même  demi-brigade, 
nous  citerons  le  chef  de  batailto»  Moitié,  blessé 
en  cbargeao;  a  la  tête  des  carabiniers,  et  qui , 
à  l'affaire  du  15,  s*éiait  déjà  distingué,  à  Buha, 
«Tttne  manière  particulière. 

3)  !)  :ti«  }*  ît;  p  rt  de  se»  upcratious.  le  gé- 


prodigieux  à  l'ennemi ,  la  S*  légère  per- 
dit, par  sa  résistance,  cent  vîngt-dcui 
hommes  sur  quatre  cent  vingt  combat- 
tans.  Celui  du  24^ ,  en  avant  de  Saint- 
Martin  d*A!baro,  et  dans  lequel ,  puis* 
samment  secondé  par  le  chef  de  bri- 
gade Brun ,  commandant  la  8*  légère, 
le  général  Darnaud  fit  plus  de  cent 
prisonniers  à  l'ennemi,  après  l'avoir 
complètement  battu;  et  (!)  celui  du 
27,  sur  notre  ligne,  entre  les  forts  du 
Diamant  et  de  Richelieu,  ligne  que 
rennemî  attaqua  trois  fois,  et  où  trois 
fois  il  fut,  malgré  sa  supériorité, 
repoussé  par  -l'adïadanl-général  Ot- 
tavi  (2),  qui,  en  le  poursuivant,  par- 
vint  à  lui  enlever  la  posftion  de  Monte- 
Croce,  011  il  hii  prit  plus  de  cinquante 
hommes. 

Le  dO,  tous  los  ouvrages  de  la  place 
et  toutes  les  positions  environnantes 
forent  visités  par  le  général  en  chef , 
accompagné  k  cet  effet  du  lieutenant- 
général  SouH,  du  général  L^martiV 

Dérat  MioMa,  en  VMdaal  oonapia  do  tes  diflift- 
roules  aflaires.  depuis  le  ih  jus^n'aq  90»  dooaa 
les  piiis  grands  éloges  aux  géoéraot  Darnaud  si 
Pcliioi.  et  À  l'adjudant-général  Oti^vi;  il  ea 
donne  de  même  au  chef  de  brigade  Bmo.  sa 
chef  de  bataillon  DnpelKer,  de  Fa  106* >  su  chef 
d*eaeadiron  la  Vîllette,  an  elMf  de  bataJUoo  La» 
ccoÎA,  au  capMsinedo  g^nie  DekMS,  asoa  aiife- 
de-<'amp  le  cspUioc  Bcroard^  au  citoyen  Me- 
Dard,  5f)ti9-licu;enarit  à  U 106%  etaui  ciioveos 


M  MteB  KT  BO  ftijOeUt  »•  GÈMÊê^ 


78» 


lière«  cMinMnidMit  en  chef  f  «rimeriez  (  qni^  outie  d'anlrat  afaotasM  iacaU»" 
et  lia  chef  de  krigade  Mv es,  eontmaiK  labtas,  étail  cinq  fois  ph»  nomtaraM 
dant  le  génie.  Tontes  les  réparations  !  qoe  taî ,  et  Tenait  d'obiemr  sur  lé  gé«* 
nécessaires  aoi  forlarorefeit  ordonnées  m  néral  Stiehel  an  avantage  qni  avait  no* 
les  changenMms  k  opérer  daaa  le  plaoo*  mentanément  forte  ce  général  à  un 
ment  des  pièces  lé  furent  de  mèoie  :  mouvement  rétrograde.  Il  s'attaeho 
UR  système  général  de  défense  fkit  ar-  f  donc  a  se  fortifier  dans  ses  posittona^ 
/été,  et  le  eorps  d'armée  de  droite  rcH  à  falra  contiinier  la  redierehe  dea 
^t  une  organisation  nouvelle.  moyena  de  subsistanoe  qai  pouvaieul 

D'après  cette  refonte,  Il  ne  C^rnaa  se  trouvera  Gènes,  et  à  établir  la  plua 
plus  que  deoi  divisions  et  une  réserve:   grande  économie  possible  dans  rem" 


la  première  ani  ordres  de  général 
Miolis;  la  setoonde  an  ordres  du  gén^ 
rai  Gaxan ,  et  la  réserve  aoi  ordres  du 
général  Poiosot. 

La  dîvtsioii  du  général  Miolfa  était 
forte  de  quatre  mille  cinq  cents  com* 
battans,  et  oecupo  toul  le  Levant  de-> 
puis  la  mer,  Jusqu'à  la  position  des 
Deux-Frères^  ainsi  que  nous  veoons 
de  le  détailler. 

La  division  Gaean  était  forte  de  trois 
miUe  cinq  eenta  lieuamesy  et  occupa 
tout  le  Panent,  c*est*à-«dire  Saint*- 
Pterre  d'Arena,  la  rive  gauche  de  la 
Poleevera,  jusqu'à  Hivarolo,  Uant  sa 
droite  avee  les  postes  avancés  dea 
Deux-Frères. 

La  réserve ,  forte  de  seiae  cents 
hotttoes,  fui  placée  à  Gènes* 

Onvoitf  par  la  force  de  ces  trois 
corpa«  qu'en  quime  joura  de  eoaabat , 
rarmée  avait  perdu  plus  d'uu  tiera  éea 
braves  qui  lu  eomposaieut. 

ter  et  2  Floréal. 

(juelque  brillante  qu'eért;  été  roffèn- 
srre^  que  pendant  quinre  jours  le  gé- 
néral Masséna  avait  soutenue,  elle  n'a^ 
vait  pu  cependant  lui  laisser  de  doute 
sur  la  certitude  qu'abandonné  à  ses 
propra»  larces,  H  D*avait,  avec  des 
troopea  qui ,  à  raison  de  leur  état  el 
de  leur  nombre,  vouaient  de  Cslre  tes 
pta»  grands  effsrls,  rien  à  eapéret  par 

forea  dea  umea  contre  ia» 


plot  de  ceoi  enistans.  Four  le  premier 
de  ces  objets,  Il  appela  toute  la  garde 
natlonafe  au  maintien  du  bon  ordre  el 
à  la  défense  de  la  viHe  ;  diaque  cenofi^ 
nier  liourgeois  eut  sa  place  marquée 
daos  une  des  batteries  ;  chaque  bataH^ 
Ion  son  service  réglé,  et  ses  plaoas 
d'alarme  déterminées;  il  fit  de  plue 
former  en  légion  m>  grand  nombre  do 
réfugiés  Italiens  qui  étaient  à  Gènes,  el 
aoiquels  se  joignirent  volontairement 
quelques  centaines  de  Polonais,  qui  Sis 
trouvèrent  parmi  les  prlsomiters  Mio 
à  rennemi. 

Le  commandement  de  cette  légion , 
que  radjudant- général  Gautier  a  veto 
organisée,  fut  confié  ati  chef  de  iMk 
taHlon  Rossignol. 

Ces  mesures  nairent  le  général  oé 
chef  à  même  d'avoir  presque  toulea 
ses  forces  dispouiftiea  contre  l'arméo 
autrichienne. 

Pour  le  second  objel  il  fit  ^  par  teuo 
les  moyens,  acheter  tout  ce  qn€  l'aw 
put  trouver  de  grains;;  et  de  plus  fl 
écrivit  en  Corse ,  il  écrivit  au  général 
Suehet,ll  écrivit  à  Marseille.  Il  aetim 
outre  cela  les  recherches  reialivea  mtâ 
subsistances,  d  se  fit  rea^ttre  l'état  do 
toua  lea  chevaus  eiistaa»dans  Génea. 

Pour  le  troisSème,  il  étaftM  tne  sur* 
veihmce  très  sévère  sur  la  maautear^ 
tieo  im  pain  et  sur  les  dMribulieM. 

Excepté  la  reprisé  dar  Montai'Ralfi^ 
pm  bpsmmer  baiaillem  de<l»W^ 


78S 


JOURNAl  DKS  OPittATlOMS  MlUtURM 


ligne^  eeê  deux  jours  se  passèrent  sans 
évènemens  remarquables  sous  les  rap- 
ports de  la  guerre  ;  mais  ils  n'en  furent 
pas  moins  activement  employés  par  le 
général  en  chef.  Une  des  c^rations 
essentielles  de  ces  journées ,  fut  de 
centraliser  le  gouvernement,  aBn  d'ac- 
célérer encore  la  marche  des  affaires» 
et  d'assurer  la  prompte  exécution  de 
toutes  les  mesures  arrêtées.  A  cet  ef- 
fet, le  général  en  chef  fit  nommer, 
dans  le  sein  même  du  gouvernement  « 
une  députation  ou  concmiission  spé- 
ciale qui  siégea  chez  lut ,  et  qu'il  pré- 
sidait lui-même  ;  mais  comme  il  sentit 
qu'il  fallait  toujours  laisser  aux  Ligu- 
riens l'exercice  du  pouvoir,  et  ne  pas 
leur  enlever  l'autorité  nationale,  le 
gouvernement  resta  chargé  de  la  sanc- 
tion des  arrêtés  pris  par  cette  commis- 
kiion. 

C'est  à  ce  moment  que  le  général 
Masséna  commença  à  recueillir  une 
partie  du  fruit  de  toute  sa  conduite 
politique,  militaire  et  administrative, 
depuis  son  arrivée  à  Gênes.  La  manière 
dont  chacune  de  ses  actions  avait  été 
caractérisée,  ce  qu'il  avait  fait,  et,  au- 
tant que  tout  cela,  ce  qu'il  avait  cher- 
ché à  faire  ;  l'expédition  éternellement 
glorieuse  qu'il  terminait,  tout  en  un 
mot  l'avait  tellement  entouré  de  l'es- 
time et  de  l'admiration  générale,  qu'il 
se  trouvait,  par  l'effet  de  l'opinion, 
une  force  morale  qui  le  mettait  en  état 
d'exécuter,  pour  le  salut  de  Gênes  et 
celui  de  l'armée,  tout  ce  qui  était  hu- 
mainement possible  :  aussi  sou  in- 
fluence, pendant  les  soixante  jours  du 
Uocus,  fut  telle,  qu'elle  s'étendit  à 
tout,  et  suppléa  à  tout.  Elle  valut  i 
l'armée  une  force  double  de  celle  qui 
résultait  du  nombre  de  ses  soldats;  elle 
fit  découvrir  ou  livrer  tout  ce  qui  exis- 
tait en  comestibles;  elle  donna,  à 
iM  population  aussi  nombrouse,  et 


qui  après  tout  ne  pouvait  voir  en  aous 
que  des  étrangers,  une  patience  qoi 
n'a  jamaia  eu  d'exemple,  et  que  peut- 
être  on  eût  vainement  attendue  de 
beaucoup  de  villes  de  France;  et  elle 
fit  supporter  aux  troupes  les  fatigues, 
la  mauvaise  nourriture,  la  misère  et 
tous  les  fléaux  qui  les  accompagnent. 

L'on  peut  dire  de  lui  qu'il  se  molli- 
plia,  qu'il  nwitiplia  tout  autour  de  loi; 
et  que,  dans  le  nombre  des  problèBies 
que  ce  blocus  laisse  i  résoudre,  on  le- 
marquera  surtout  celui  de  savoir  com- 
ment, dans  un  pays  où,  avant  le  blo- 
cus, il  n'y  avait  pas  de  vivres  pour 
trois  jours,  il  en  trouva  ensuite,  et  pea- 
dant  le  blocus  le  plus  rigoureux,  ponr 
soixante ,  de  même  qu*il  retrouva  des 
guerriers  et  des  héros  dans  des  soldsts 
qui  semblaient  ne  plus  pouvoir  suppor* 
ter  une  marche. 

L'homme  ordinaire  admirera  ces  ré- 
sultats sans  les  comprendre  ;  l'homme 
borné  voudra  douter  de  ce  qu'il  ne 
pourra  concevoir  ;  mais  l'homme  pen- 
sant et  judicieux  reconnaîtra  danseei 
faits  les  effets  sublimes  des  grandes 
mesures  et  des  grands  exemples. 

D'après  l'avis  que  rennemi  préps- 
rait  une  escalade,  le  général  en  dief 
fit  rassembler  toutes  les  grenades  qoi 
existaient  dans  les  arsenaux  de  Gêaes, 
et  ordonna  que,  dès  le  jour  même,  les 
soldats  employés  à  la  défense  des  ou- 
vrages et  des  forts,  fussent  exercés  i  en 
faire  usage. 

Quelques  désordres  commis  dans 
nos  troupes  donnèrent,  à  cette  épo^ 
que ,  lieu  à  l'adresse  suivante  : 

«  SOLUATS , 

»  L'on  m'a  déjà  porté  plussaurs  fois 
»  des  plaintes  relativeaoent  à  dea  voies 
»  de  fait  et  à  des  pUiages  exercés  par 
a  quelques-uns  d'entre  vous;  ees  excès 
»  viennent  de  se  reaouvnler  très  r  ' 


W  nÉaS  BT  ou  BU>CUS  DB  GÉHBSr 


«aament  è  Bisagno  et  i  Casteletto. 
9  lis  sont  bien  criraÎDeis,  les  mili- 
taires qui  s'abandonnent  à  une  con^ 
daite  aussi  atroce,  et  qcà  aggravent 
de  cette  manière  les  manx  que  la 
grcrre  fait  déjà  si  cruellement  peser 
sur  les  habitans  de  la  Ligurie. 
»  Au  surplus,  songez  que  c'est  une 
obligation  pour  moi  de  punir  et  de 
protéger,  et  croyez  que  je  la  rempli- 
rai tout  entière. 

9  Je  protégerai  les  (citoyens,  et  je  fe- 
rai respecter  leurs  personnes  et  leurs 
propriétés. 

9  Je  punirai  les  coupables  ;  et  dès  ce 
moment  j'ordonne  que  tous  les  effets 
volés  soient  restitués  ;  que  les  auteurs 
des  vols  soient  arrêtés  et  traduits  à 
une  commission  militaire  ;  que  les  of- 
flclers  commandant  les  compagnies 
cantonnées  dans  les  villages ,  soient 
mis  aux  arrêts  forcés,  et  qu'ils  soient 
destitués,  si,  dans  les  vingt-quatre 
heures,  ils  n'ont  pas  trouvé  et  dési- 
gné les  coupables. 
9  Soldats,  dont  la  carrière  militaire 
se  compose  de  bravoure ,  de  priva- 
tions, de  vertus,  ce  n'est  point  à 
vous  que  je  m'adresse ,  et  vous  êtes 
le  plus  grand  nombre  ;  je  ne  désigne 
id  que  quelques  malfaiteurs,  qui  veu- 
lent déshonorer  nos  armes,  et  qui 
servent  les  vues  de  l'enneoû.  » 

3,4,5et6F1ordal. 


Le  3  Ooréal,  rennemi  tenta  Tenlève- 
ment  des  troupes  chargées  de  la  dé- 
fense de  Saint-Pierre  d'Arena. 

Son  plan,  ingénieusement  conçu, 
fut  exécuté  avec  audace  ;  mais  la  va* 
leur  française  et  la  présence  d'esprit 
d'un  seul  homme,  Grent  tourner  cette 
entreprise  à  la  gloire  de  nos  armes. 

A  trois  heorea  du  matin,  une  grande 
)ieiire  «vant  le  foor^  rennemi  fit  fatset 


9 
9 

9 

9 
9 
9 

9 
9 
9 


la  Polcevera  i  tout  le  régimeât  de  Na- 
dasti.  Il  fila  entre  Saint-Pierre  d'Arena 
etRivarolo;  coupa,  parce  mouvement, 
la  5*  légère,  qui  tenait  ce  dernier  poste, 
et  la  sépara  des  3*  et  25'  légères,  qui 
occupaient  le  premier  ;  a  riva  par  les 
jardins  à  Saint-Pierre  d'Arena ,  força 
les  gardes  qui  se  trouvaient  sur  sa  route, 
surprit  le  premier  bataillon  de  la  3*,  et 
les  premier  et  troisième  bataillons  de 
la  25*  légère,  les  rejeta  sur  les  hau- 
teurs et  sur  la  Lanterne,  et  proQta  de 
ce  moment  d'avantage  pour  prendre  à 
revers  le  deuxième  bataillon  de  la  25^, 
qui  était  en  position  sur  la  Marine.  Le 
colonel  Nadasti ,  et  l'un  des  aides-de- 
camp  de  M.  de  Hélas,  avaient  déjà  fait 
trois  officiers  de  ce  bataillon  prison- 
niers, lorsque  le  général  Cassagne,  avec 
les  premier  et  troisième  bataillons  de 
la  25*  légère,  chargea.  Le  colonel  Na- 
dasti ,  déconcerté  par  ce  mouvement , 
demanda  au  capitaine  Chodron ,  de  la 
25*  (l'un  de  ses  prisonniers),  le  che- 
min le  plus  court  pour  regagner  le  pont 
de  Cornegliano.  Celui-ci ,  par  une  ruse 
que  sa  présence  d'esprit  hii  suggéra , 
lui  indiqua  un  chemin  au  travers  d'un 
jardin.  Ce  colonel  s'y  jeta , quatre  cent 
cinquante  hommes  de  son  régiment  l'y 
suivirent  ;  à  peine  y  furenWls  entrés , 
que  les  citoyens  Moogenot,  capitaine, 
Henrion,  lieutenant,  Gautheret , sous- 
lieutenant  ,  et  Boulogne ,  chasseurde  la 
même  demi-brigade,  s'emparèrent  de 
la  porte,  et  crièrent  :  Bat  les  armeê!  Le 
capitaine  Chodron ,  changeant  de  rêle, 
leur  dit  aussitôt  :  Messieurs,  c'est  wm$ 
mainiman$  qui  êiss  tnss  pmontiterf . 

Ce  capitaine  Chodron  avait  été  dés- 
habillé par  les  Autrichiens.  Au  moment 
où  ils  se  virent  pris  à  leur  tour,  les  offi- 
ciers de  Madasli ,  qui  né  s'étaient  point 
opposés  à  la  manière  avec  laquelle  il 
avait  été  traité,  lui  offrirent  leurs  mon- 
tres, pour  qu'il  les  fH  respectert  6«r* 


IMMAL  DM  OfWATIOfIfi  HlUirAmBS 


toi  bijoux ,  répondit  ce  capitaine, 

H* en  ai  pas  6e<o»A  pour  faire  pour  vous 
ce  que  voue  n*av€Z  pae  su  faire  pour 
moi.  L'an  des  afficiers  répliqua...  Nous 
avio9hs  perdu  la  téie.'^La  tUel  répliqua 
le  capitaine ,  on  n'est  pas  fait  pour  éire 
officier ,  quand  on  peut  perdre  la  iéte  au^' 
irtsneai  que  par  un  boulei  de  eanon^ 

L'ennemi  laîaia  soixante  morts  dans 
Saint*Pierre  d*Arena;  nous  perdîmes 
quarante  hommes  pris  et  trente^-cinq 
Ûessés  ou  lues. 

Le  chef  de  brigade  Godinot ,  com^ 
«andadt  la  iS*  légère  «  s'étant  trop 
avancé  pour  reconnaître  Tennemi,  fut 
pris  dàs  Je  commencement  de  TaSaire. 
Il  fut  échangé  le  surlendemain  contre 
te  colonel  du  régiment  de  Nadasti. 

Cette  attaque  de  Saint-Pierre  d'A- 
fiena  fut  combinée  avec  une  autre  que 
l'ennemi  fit  faire  dans  le  même  mo- 
ment par  un  bataillon  des  chasseurs 
d'Aspres,  sur  la  position  des  Deux- 
Frères,  que  défendait  la  97*  de  ligne, 
et  d'où ,  après  une  heure  de  combat , 
il  fut  repoussé  avec  perte. 

Le  même  jour,  le  général  Miolis  fit 
faire  de  fortes  reconnais^nces  dans  le 
fiiaagno,  et  en  avant  de  la  Sturla.  Ces 
reconnaissances  avaiept  pour  but  de 
suivre  différent  movvemens  CaiU  de 
ces  c6tés  par  Teniemi  ;  elles  donnè-^ 
rent  Iteo  à  des  combats  très  vils,  et 
coâtèrent  quelques  braves. 

Le  4 ,  le  général  en  chef,  fortement 
pressé  de  faire  connaître  sa  positioo 
flo  premier  consul ,  profita  d'une  nuit 
fmmbre  pour  lui  dépécher  le  chef  d'es- 
cadron Franceschi,  aide-de^camp  du 
CénéiiiSottlt*  aS&tiu  qui  s'était  cou^ 


■  (1)  Taeiaa  las  ftis  qos  le  tewjps  le  iMmeW 
laiw  lo$Mny  eo  chefeip^i^it  de»  of Aciers  ap 
premier  consul  oo  au  géoéral  Sucbet.  Beaucoup 
d*eDtre  cui  furent  pris  :  de  ce  nombre  soBt  10 
ebef  ^ttoeétoû  Dreuin^  la  cief  ée  bataUloa 


vert  d'honnenr  daoa  les  durmèns  af- 
faires, et  qui ,  à  reotrée  de  la  nuit, 
partit  dans  une  nacelle  (!)«  pour  nn- 
plir  cette  mission. 

Un  règlement  que  le  général  en  chef 
fit  publier,  eut  pour  but  de  déterminer 
tout  ce  qui  tenait  à  la  police  de  la 
place. 

Dans  la  matinée,  un  parienentaire 
anglais  étaf  t  entré  daQ:^  le  port  de  Gè- 
nes, apportant  au  général  Maaséna  une 
sommation  rédigée  dans  la  ferme  b 
plus  honorable.  Le  général  en  chef  y 
répondit  en  déclarant  qu'il  défendrait 
ia  ville  jusqu'à  la  dernièpe  extrénilé; 
et  fit  connaître  le  tout  aux  habitaosde 
Gênes  par  une  proclamation. 

Le  £ ,  le  général  Maaséna ,  snr  ia  de- 
mande des  généraux  Spital  «  Gaaan  et 
Soult ,  destitua  un  oflicior  supérieur, 
pour  s'être  permis  devant  sa  troupe 
quelques  propos  de  nature  à  la  décoa- 
rager.  U  crut  auMi  devoir  le  «iiénie 
Jour  ranimer,  par  iessouvellea  suiTaii- 
tes,  l'esprit  public  de  Gênes. 

lUSiÉifA ,  QijfBaAL  %n  cur«  aux  ha- 
BiTAMs  nn  tx  viixn  mt  efims. 

a  Le  général  Ondinot ,  chef  de  l'état- 
»  major-général  ♦  est  airfvé  près  diigê- 
»  néral  Sachet* 

»  U  est  faux  qne  it  générai  finchet 
»  ait  été  battu  ;  il  a  repoussé  rennenii, 
»  et  au  lien  d'avoir  perdu  mille  bom- 
»  mes  à  la  dernière  affaire,  il  a  fait  trois 
)»  oentis  pri)»Qaniers  ;  il  a  reçu  et  fo^i 
a  des  renforts  de  i  raiicc, 

»  Les  anné#  du  Khi»  ^t  '^^  i^'  '  '^® 

y  ont  dA  se  motice  en  mo9veaM.fU  «la 

Uacnee»  lu  premier  étaii  diCT^renliv  fois  parvetto 
à  braver  ou  à  tromper  les  vais&eaui  qui  ftr- 
maieot  le  blocus  de  Gènes  ;  et  prind patement 
deas  aae  nilssioft  diffletle  el  impevtaate,  4eBl 
Il  M  «av0é  aanr  la  toai»  al^aM  ffMvVl  i«^ 


î     ^ 


DU  hltQK  ET  DU  BLOCUS  DB  gAiW. 

»  10  au  M  germfnal  ;  celle  du  Rhin  e^t  ' 


70t 


«  f'orle  de  cent  cinquante  mille  hom- 
»  mes  ;  celle  de  réserve  de  soixante- 
)»dix  raille  hommes.  L'armée  de  ré- 
1»  serve  entre  en  Ilalie  par  la  vallée 
»  d*Aosl. 

»  Le  MoBt-Cenis  est  repris  par  nos 
»  troapes. 

9  La  forteresse  de  Savone  est  appro- 
»  visionnée  pour  un  mois. 

»  Le  général  Carnot  est  ministre  de 
1»  la  guerre  ;  le  général  Berthter  com^ 
»  ttiande  Tarmée  de  réserve. 

»  L'ennemi  a  voulu  la  guerre;  les 
»  armées  françaises  ouvrent  la  campa- 
»  gne  avec  tin  développement  de  for- 
»  ces  imposantes,  et  tel ,  qu'il  doit ,  par 
»  la  victoire ,  le  forcer  d'accepter  la 
»  paix. 

9  Habitans  de  la  ville  de  Gènes  !  l'ar- 
»  mée  d'Italie,  ferme  dans  la  résolution 
»  de  vous  défendre,  voit  approcher  Té- 
»  poqne  de  votre  délivrance;  persévé- 
9  rez  avec  elle ,  et  avant  quinze  jours 
»  l'ennemi  aura  évacué  la  Ligurii*.  » 

Le  6  floréal  se  passa  sans  offrir  au- 
cun fait  militaire  qui  mérite  la  peine 
d'être  rapporté. 

On  conçoit  néanmoins  que,  de  notre 
cAté,  le  désir  de  connaître  la  position 
et  les  mouvemens  de  Tcnnemi ,  nous 
faisait  faire  de  continuelles  reconnais- 
sances, et  que,  de  son  côté,  l'ennemi, 
qui  était  intéressé  à  tout  nous  cacher, 
et  à  rétrécir  le  cercle  de  notre  ligne, 
s'opposait  partout  à  notre  marche.  Il 
résultait  donc  inévitablement  de  là  des 
escarmouches  très  fréquentes,  mais 
dont  le  détail  aurait  d'autant  moins 
d'intérêt  qa'eUes  n'eurent  aucune  in- 
fluence directe  ni  indirecte  sur  le  sort 
de  Gènes  ou  des  armées  respectives. 


7,  8  cl  9  Floréal. 


Depuis  plusieurs  jours,  le  général 
Masséna  savait,  par  le  contenu  des  d& 
pèches  qu'il  avait  reçues,  le  mouve- 
ment de  l'armée  de  réserve.  DiO'urens 
rapports  annonçaient  des  marches  et 
contre-marches  de  la  part  de  l'en-» 
nemi.  Tout  cela  détermina  le  général 
en  chef  à  ordonner  le  7  une  recon- 
naissance forcée  sur  la  position  de 
Tentiemi,  au-dessus  de  Corncgiiano. 
Le  général  de  brigade  Cassugne,  en 
conséquence  des  dispositions  arrêtées 
à  cet  égard ,  passa,  entre  Saint-Pierre 
et  Rivarolo,  la  Poicevera  avec  les  pre- 
mier et  second  bataillons  de  la  3^  lé- 
gère ;  il  flt  d'abord  replier  devant  lui 
tous  les  avant- postes  autrichiens;  mats 
arrivé  aux  positions  de  l'ennemi ,  ce 
dernier,  en  montrant  des  forces  con- 
sidérables, démasqua  par  son  feu  plus 
de  quinze  pièces  de  canons  qui ,  dans 
tous  les  sens,  battaient  la  rivière  et  les 
routes  qui  y  conduisent  ou  qui  en  par- 
tent. Lorsque  le  général  en  chef  eut 
vu  ce  qu'il  désirait  sur  les  forces  et  les 
moyens  de  défense  de  l'ennemi ,  il  lit 
replier  le  général  Cassagne,  qui ,  dans 
son  mouvement ,  avait  été  secondé  par 
une  fausse  attaque  que  le  second  ba- 
taillon de  la  25*  légère  avait  faite  vers 
l'embouchure  de  la  Poicevera,  sous  les 
ordres  de  son  chef  de  brigade  Godinot. 

La  connaissance  de  quelques  faits 
particuliers,  et  les  rapports  de  déser- 
teurs autrichiens  déterminèrent  le  gé- 
néral Masséna  à  faire  un  appel  à  tous 
les  Français,  Italiens  et  Polonais  qui 
se  trouvaient  dans  l'armée  austro- 
sarde.  La  proclamation  qui  eut  cet 
objet  pour  but,  fut  en  conséquence 
Ce  même  jour  6,  le  règlement  de  1  traduite  en  allemand  et  en  italien ,  im- 


polke ,  arrêté  le  4 ,  fut  suivi  de  diffé- 


primée  par  colonne  dans  les  trois  laii- 


rena  ordres  relatifs  à  des  mesures  de  |  gués ,  et  répandu»  dans  l'armée  en- 
défense  en  cas  d'attaques  nocturnes.    |  nemie  avec  profusion ,  et  (mr  .tom 


7ra 


JOmHAL  MS  0P£RATI01«S  MIIJTAIRBS 


les  moyens  possibles,  surtout  par  le» 
espions ,  les  prisonniers  qu*on  ren- 
dait, etc. 

Les  8  et  9  il  n'y  eut  rien  de  nou- 
veau. Ce  calme  était  celui  qui  précède 
les  grands  orages. 

10  Floréal. 

Le  10  floréal ,  à  deux  heures  du  ma- 
lin ,  il  s'engage  une  vive  fusillade  aux 
avant-postes  de  la  position  des  Deux- 
Frères.  Vers  trois  heures,  le  feu  se  ra- 
lentît dans  cette  partie.  Avant  quatre 
heures,  notre  ligne  du  Ponent  est  at- 
taquée (1);  l'action  y  commence  par 
une  vive  canonnade  qui  part  de  toutes 
les  batteries  de  la  Coronata,  et  de  six 
chaloupes  canonnières  qui  prennent 
en  flanc  les  reiranchemcns  de  la  Ma- 
rine, que  défendait  le  deuxième  batail- 
lon de  la  25*  légère,  à  la  tète  du  village 
de  Safnt-Pierre  d'Arena. 

A  cinq  heures,  les  avant-postes  de 
la  S"*  légère  sont  obligés  de  se  replier 
sur  Uivarolo.  L'ennemi  charge  trois 
fois,  mais  toujours  inutilement,  les  re- 
tranchemens  que  les  carabiniers  de 
cvAie  demi-brigade  défendaient  a  l'en- 
trée de  ce  village. 

A  six  heure»,  l'ennemi  se  présente 
à  la  fois  sur  toute  notre  ligne  du  Le^ 
vant;  partout  il  déploie  des  colonnes 
d'attaque  soutenues  par  de  nombreu- 
ses réserves.  Il  nous  force  sur  plusieurs 
points,  et  en  faisant  descendre  du 
Monte-Faccio  des  forces  très  considé- 

(1)  Par  ces  di«pofilionf  et  la  conduite  des  at- 
taques de  celle  Journée,  Bf.  le  général  Otto 
rendit  hommage  à  son  prédécesseur,  M.  de 
Fchulembourg,  qui,  le  13  Juin  17f6,  et  avec  des 
forces  égdles,  attaqua  de  la  même  maDière  les 
troupes  qui,  soui  les  ordres  de  M.  de  Boufflers, 
défendaient  Géoes. 

Mais  ce  n*est  pu  la  seule  remarque  que  le 
rapprochement  de  ces  deux  Journées  fera  laire 
à  ceux  qui  les  compareroqi.  Le  militaire  ohser* 

YiifQr  y  Tfmi  ep  mlviii(  to  <l<mif  q4'9l|«« 


rabics,  nous  enlève  le  Monte^Rati^ 
bloque  le  fort  de  Richelieu  et  s'empare 
du  fort  de  Quezzi ,  dout  la  construc- 
tion n'était  que  commencée,  et  en 
avant  duquel  il  prend  position.  Il  tente 
l'enlèvement  de  la  Madona-del-Monte; 
mais  le  chef  de  brigade  Vouillemoct 
manœuvre  avec  tant  d'habileté,  que, 
malgré  le  petit  nombre  de  ses  tfoapes, 
il  conserve  sa  position. 

Dans  le  même  temps,  f  ennemi  presse 
vivement  Saint-Martin  d'Aibaro.  Par- 
venu dans  les  premières  maisons  da 
village,  il  soutient  par  un  feu  terrible  de 
croisées  celui  de  ses  tirailleurs,  qui  ar- 
rivent sous  le  plateau.  Nos  troupes  s'é- 
branlent; déjà  les  ordres  du  général 
Darnaud  ne  sont  plus  entendus,  et  sa 
bravoure  éclairée  n'offre  plus  qu'un 
exemple  inutile,  lorsque  le  général  en 
chef  qui ,  parcourant  toujours  tous  les 
points  de  sa  ligne,  ne  peut  jamais  se 
faire  attendre  là  où  sa  présence  est 
nécessaire,  et  qui  souvent  semble  s'y 
porter  par  inspiration ,  arrive  accompa- 
gné de  l'adjudant-général  Thiébaultet 
de  quelques  autres  officiers,  qu'il  charge 
aussitôt  de  se  joindre  au  général  Dar- 
naud ,  pour  arrêter  un  tiraillement  qui 
devenait  général,  et  qui,  chei  nos 
troupes,  est  toujours  on  présage  de  re- 
traite ;  pour  faire  rentrer  les  hommes 
détachés  dans  leurs  compagnies  res- 
pectives ;  pour  renforcer  les  réserves 
en  diminuant  le  nombre  des  éclai- 
reurs,  et  pour  faire  prendre  à  quelques 

présentent,  combien  la  manière  actuelle  rfe  dire 
la  guerre  remporte  sous  les  rapports  de  lachar- 
nemcnt  dans  le  combat,  de  la  dur^  de  rsction. 
de  la  complication  des  opératloi»  et  de  leur  ra- 
pidité, sur  celles  dont  resi>ectivement  on  iaUsH 
usage  alors.  En  1800.  les  Autricbiens  fircpt  ro 
une  maiinée  ce  qu'en  1716  ils  devaient  eiécoler 
en  deux  jours.  En  1800,  le  général  Mafféoa  fit 
en  trois  heures  ce  qal  devait  en  coftterqea- 
renle4iqH  à  M.  de  PoafQers, 


M  «iteB   Bf  DC  BljQCOS  DB  6âHBS« 


798 


corps  une  position  plus  resserrée.  €es 
mesures  rétablii^sent  Taflaire  au  point 
que  renoemi,  qui  avançait  sous  le 
feu  le  plus  nourri  et  à  la  vue  de  beau* 
coup  de  troupe»,  s'arrête  à  l'instant  où 
il  cesse  (i),  et  ne  tarde  pas  à  se  res- 
iierrer  lui-même»  du  moment  où  il  voit 
moins  de  monde. 

Vers  neuf  heures  du  matin ,  à  la  fa- 
veur d'une  attaque  extrêmement  vive, 
et  tout-à-fait  inattendue,  Tennemi 
nous  enlève  la  position  importante  des 
Deux-Frères  (2),  d'où  il  bloque  le  fort 
Diamant ,  qu'il  somme  quatre  fois  de 
se  rendre  (3),  et  d'où  il  commande  les 
ouvrages  de  l'Ëperon. 

A  peu  près  à  la  même  heure,  quatre 
cents  Autrichiens,  passant  la  Polcevera 
à  la  droite  de  Saint-Pièrre,  rejettent 
sur  les  hauteurs  le  premier  bataillon 
de  la  3«  légère  qui  tenait  cette  posi- 
tion ,  et ,  soutenus  par  le  feu  de  toute 
la  ligne,  pénètrent  dans  ce  village 

(1)  Deax  eauMs  peaveiil  avoir  produit  eet 
effoi;  la  première  e>t  qae  le  réublisscmeot  de 
Tordre  parmi  do«  troapes,  muliipliait  les  obs- 
tacles pour  ri-nneiDî  ;  la  seconde  est  qu*il  povH 
Tait  eroire  que  nous  nous  préparions  à  charger. 

(a!)  Aprèf  avoir  donné  à  diflKrrntes  reprisct 
l'eiemple  du  plus  grand  courage.  Je  chef  de  ba- 
taiîloi  Frossaro,  commaDdanl  la  OT«,  a  éié  tué 
à  celte  attaque,  en  chargeant  l*ennemi  à  la  lèle 
de  Fes  grenadiers. 

(3)  Les  deux  premières  sommations  ftirent 
Mtf  s  le  ma  Un  par  le  comte  de  Ptlfy,  et  les  deux 
dernières  par  le  comte  de  Hohenxollern,  dans 
raprès-midi.La  fermeté  du  commandant'Ber- 
irand,  et  la  conflunce  que  ne  pouvait  manquer 
de  lut  donner  la  valeur  si  souvent  éprouvée  de 
la  H*  de  ligm*,  qui  eomposalt  la  garnison  de  ce 
fort,  rendirent  toutes  rcs  sommations  inutiles. 

Nous  ne  rapporterons  ici  que  la  dernière 
sommation,  et  la  réponse  qui  fut  foite. 

Copie  de  ia  sommaiion  réitérée,  faiU  par  le 
iieuienant^général  eopUe  de  HohentolUrnf 
au  commandant  du  fort  du  Uiamant, 

«  Je  vous  somme,  commandant,  de  rendre 
9  voira  fort  dana  rinitaBt;  aani  cela,  tout  est 
t  prêt.  )6  voqv  priwlf  d*iiss«|it,Mvoaf  paiM  •« 


jusqu'à  la  croisée  des  chemins*  Le 
chef  de  brigade  Godinot  les  charge  à 
la  tète  du  troisième  bataillon  de  la  25* 
légère,  leur  tue  plusieurs  hommes, 
leur  fait  vingt  prisonniers,  et  les  force 
a  repasser  rapidement  la  rivière  (4). 

Enfin  la  2i«  de  ligne,  qui  occupait  te 
revers  de  la  montagne  qui  verse  du 
fort  de  l'Eperon  dans  le  Bisagno,  sou- 
tint pendant  plus  de  deui  heures,  et 
avec  un  avantage  décidé,  les  eObrtsd'un 
ennemi  très  supérieur^  et  finit  même, 
en  lui  enlevaut  le  pont  de  Carega,  par 
lui  faire  cinquante  prisonniers. 

Pendant  ces  opérations,  qui  prirent 
une  partie  de  la  matinée,  et  durant  les- 
quelles, malgré  la  pluie  la  plus  abon- 
dante ,  le  feu  ne  fut  interrompu  sur 
aucun  point,  la  Hotte  combinée  rasait 
les  côtes,  et  tirait,  afin  d*exciter  le 
peuple  à  la  révolte;  mais  tout  était 
contenu  par  la  force  et  la  sagesse  des 
mesures  prises. 

a  fil  de  Tépée.  Vous  pouvez  encore  obtenir  ooo 
»  capitulation  honorable. 
»  Devant  le  Diamant,  à  quatre  heures  du  soir. 

a  Lb  COMTB  OB  HOHBNBOLLBmR.  » 

t 

iteponse  du  commandant  du  fort. 

«  M.  le  général,  rhonnoor,  le  bien  le  plus 
9  cher  aux  vrais  soldats,  défend  trop  impérieu- 
»  sementi  li  brave  garnison  que  Je  commande, 
»  de  rendre  le  fort  dont  le  commandement 
»  m'est  confié,  pour  qu'elle  poisse  consentir  à 
a  se  rendre  sur  une  simple  sommation  ;  ei  ]*ai 
a  asioz  à  cœur,  M.  le  général,  de  mériter  voire 
a  esiime,  pour  vous  dé  larer  que  la  force  seule» 
a  et  Timpossibilité  de  tenir  plus  loog-tempa, 
a  pourront  me  déterminer  à  capituler. 

»  Signé  BBBTBJtHd.  a 

(4)  Les  rapports  des  ofOdors  pris  dans  cette 
Journée  se  sont  accordés  à  porter  à  vlngt-claq 
mille  hommes  les  forces  que  l'enoeml  employa 
contre  nous  au  nord  et  dans  le  Levant,  et  à 
douze  on  quinze  iMtalUons  celles  qa*U  avait 
dans  le  Ponent.  En  effet,  comment  eat-41  pu 
suffire  sans  cela  4  dos  attaquas  si  moltipUées, 
dans  on  pays  surtout  où  11  était  diOMIa  qa'«|M 

eolonno  i|tl  wt  plm  €w  potalf 


Aux  premiers  coups  de  canon ,  legé-  '  MioKs,  et  la  renforça,  pour  F^éetttaii 
néral  Masséna  s*était  porté  à  la  Lan-  i  de  ses  desseins,  des  deoi  premiers  bt- 
terne,  pour  observer  les  mouvemens    taillons  de  la  2*  et  de  la  3^  de  ligne, 
de  l'ennemi  d«nns  le  Ponenl.  En  un  '     Mais  afin  de  ne  rieii  ayenturer,et 
moment,  il  avait  jugé  que  l'ennemi  |  avant  de  mettre  ses  réserresen 
ne  pouvait  rien  espérer  de  ce  côté ,  et, 
en  conséquence,  Il  s'était  rendu  dans 
le  Levant,  où  Gênes  présente  à  la  fols 
beaucoup  moins  d*étendue  et  beau- 
coup moins  de  défense,  et  qu'il  jugea 
devoir  être  le  point  de  la  véritable  at- 
taque de  l'ennemi. 

Aussi ,  vers  deux  heures  après  midi, 
lorsqu'à  travers  tant  d'attaques  succes- 
sives et  différentes,  de  tant  de  mouve- 
mens divers,  le  général  en  chef  se  fut 
assuré  que  le  but  de  l'ennemi  était  de 
conserver  la  po.-ition  des  Deux-Frères, 
et  d'enlever  celle  de  la  Madona-del- 
Monte,  d'où  il  nous  forçait  d'évacuer 
Albaro,  et  d'où  seulement  on  peut 
bombarder  Gênes,  il  résolut  de  pro- 
fiter de  ses  réserves  qui  n'avaient 
point  encore  donné,  et  de  la  sécurité 
'que  notre  retraite  et  le  temps  affreux 
qu'il  faisait ,  devaient  donner  à  l'en- 
nemi, pour  l'attaquer  à  son  tour,  re- 
prendre, s'il  était  possible,  s^es  pre- 
mières positions,  et  faire  ainsi  tourner 
contre  l'ennemi  ses  propres  entrepri- 
ses. Celte  résolution  était  audacieuse 
.dans  la  situation  des  choses;  'mais  que 
serait  la  guerre  sans  l'audace? 

D'après  ce  plan ,  le  général  Soult  fut 
chargé  de  l'attaque  des  Deux-Frères, 
et  reçut  à  cet  eOel  les  Td''  et  106%  ainsi 
que  le  troi>ième  bataillon  de  la  2®  de 
liguo.  JLo  général  en  chef  continua  à 
diriger  les  opérations  de  la  première 
divisiou,  commandée  par  le  iiénéral 

(1)  Le  capUaiDe  ilatbivei ,  de  la  6^  de  ligne, 

•djoini  à  radjadam^céBéffal  Tb&ébauU,  se  irou- 

'\9fti,  a%ec  le»  eiioyena  VaiUe,  capiUine,  ei  Dra- 

•  plar,  ifvieiilHMiJor  au  ménie  corpa.  avoir,  par 


vement ,  et  de  se  porter  ainsi  sur  le 
centre  de  l'ennemi,  il  jugea  devoir  en 
affaiblir  la  gauche,  et  pour  cela  il  fit 
donner  au  général  Damand  l'ordre  de 
ne  laisser  qu'un  cordon  devant  l'en- 
nemi ,  de  forcer  sa  gauche,  el  de  le 
reporter  rapidement  sur  ses  derrières, 
afin  de  le  battre,  et  de  lui  enleverme 
partie  des  troupes  qui  avaient  faillie 
l'attaque  de  Saint-Martin,  et  passé  h 
Sturla,  près  de  la  Marine,  où  l'adjndaat- 
général  Ottavi  se  trouvait  avee  le  troi- 
sième bataillon  de  la  62*  de  ligne,  et 
quelques  compagnies  des  8^  légère  et 
7i*  de  ligne. 

Ce  mouvement ,  que  le  général  Dar- 
naud  exécuta  avec  autant  de  prccisioii 
que  de  vigueur,  hii  fit  infiniment 
d'honneur,  et  lui  livra  quatre  cent^ 
prisonniers  (1). 

Cette  opération  assurait  la  droite  des 
corps  que  nous  pouvions  faire  avancer 
à  la  gauche  d'AIbaro.  il  était  alors  prè$ 
de  trois  heure^  du  soir,  et  c'est  i  ce 
moment  que  le  général  Poînsot  fat 
chargé  de  reprendre  le  fort  de  Quczii, 
avec  les  premier  et  deuxième  batailioos 
de  la  3*"  de  ligne,  pendant  qu'a  la  tête 
de  la  78*  de  ligne,  l'adjudant-génénl 
Hector  tournerait  le  Montc-Rati,  en 
suivant  la  crête  qui  lie  la  Madona-dei- 
Monte  au  fort  Richelieu. 

Ce  dernier  mouvement,  nécessme 
ment  très  lent,  ne  put  suffisamment 
seconder  le  premier,  dans  lequel  nos 

tricbiffM,  «oniinaDdés  par  quatre  oflleienL  fi 
étaient  perdus;  mais  la  présence  d'esprit  dn  ea- 
piiaine  Bf  atbivet  les  sauva  ;  elle  fbt  telle,  qu'il 
parvint  à  penuder  aux  enaamii  q«'Hs  élaieet 


VtWm  éê  leu>  c—rigi,  davaucé  leoci  caoïarades,  |  enveloppéa,  à  leur  feife  metire  iMi  les  arnai, 
tombéreot séirtaan nittea 4e qoaiff^ioiU Au-  »  età ica rameaer 


M  aiÉM  Sr  00  SMG1I8  QB  «Ém. 


«16 


trMp«É  fiirent  TiTMient  repousséet, 
H  dMS  leqael  le  chef  de  brigade  Mou* 
ton«  ewnmÊSkJmi  1*3^  de  ligne  (i),  et 
te  chef  de  hitaiHon  Ghana,  du  néme 
corps,  ftirenl  grièvement  bleasés. 

Cette  réftMtance  opiniâtre  de  li  part 
de  l'ennemi  achève  de  juattfier  cette 
eatreprîie  aux  yeux  da  général  en 
chef;  et  quoiqu'il  ne  lui  reste  plus  qne 
deux  bataillon»  de  la  9*  de  ligne,  il  or- 
donne au  générai  Miolia  de  se  mettre 
à  la  tête  du  premier,  e  t  de  se  diriger  sur 
ie  flapç  droit  de  rennemi ,  et  A  Tadjor- 
dant-f^néral  Thi^boultde se  portera  la 
tète  des  quatre  premières  compagnies 
du  second  batailloo^etaupas  de  charge, 
lor  son  flanc  gauche,  pendant  que  les 
deux  bataillons  de  la  3^,  après  avoir  été 
ralliés  par  le  général  Poiasot ,  soute- 
naient au  centre,  et  dans  une  poâiition 
bvorable,  Je  choc  redoublé  dea  eo- 
nemis. 

Le  mouvement  de  Tadjudant-géné*- 
lul  Thiébault,  qui  était  le  plus  direct, 
et  c^lyi  qui  coupait  la  retraite  à  l'en- 
nemi, s'il  avait  pu  s'eiécuter  vive- 
ment, donpa  Ueu  au  combat  le  plus 
acharné  sur  ce  point  ;  l'ennemi  se  dé- 
fendit en  désespéré;  attaqué  trois  fois, 
trois  fote  il  repoufaa  cette  petite  co- 

(1)  L'amie  diU  «ni  loiat  vrttmcst  nit^r- 
self  de  madame  Brignalet  ehn  taqiielle  le  eom- 
mandaDt  Mouton  élatt  logé,  d'avoir  conservé  en 
lai  on  tles  ofûciers  do  mérite  le  plus  rare. 

Que  cette  note  lef ve  à  comacrer  à  cet  égard 
to  rcflDBMliaiaoa  da  toaa  eesx  qai  tavam  èp- 
préckr  la  varia»  ei  a*iméf«iaar  aa  aari  des 
Graves. 

(2)  £n  ce  anoment  TadjodaDt-génëral  Dégio^ 
vanl  n*avan  qoe  quatre-vingi»  Français  dans 
Géaea  pour  le  serTioe  de  la  place  et  du  port. 

^3)  U  cbif  tfosiadraa  Hcrvo  adrlie  dédire 
«MédMSiaUa  masiian, par  lawaolèro^lDiiiil 
aatoadoMu  là  qaiiaqMMlblBd»  ne  paa  nom- 
«MT  l0ll»«har  dTMadM»  MaMigoa»  «iri  ••  dii- 
HPiM  noiHaifaraMi  ialidfli4tié,«t  plr  la  an- 
Bléra  il«aiélia  airpvlacar  am  irsapw»  il  so- 
da ua^  pas^  partHi  da  ci- 


lonne.  Trop  près  pour  faire  usage  des 
armes  à  feu,  le  combat  continua  à 
coups  de  crosses  et  de  pierres.  DoM  la 
aeconde  charge,  le  citoyen  D^ey,  ad-* 
joint  à  l'état-major  général ,  ht  tué  ; 
peu  après,  le  capitaine  adjoint  Mar- 
ceau fut  blessé;  mais  bientôt,  profi- 
tant de  laaupérioriié  du  nombre,  l^en- 
nemi  enveloppa  cette  colonne. 

C'est  aJors  que  le  généial  en  chef 
fit  avancer  les  quatre  dernières  com- 
pagnies du  second  bataillon  de  la  i«  de 
ligne,  4ui  étaient  tout  ce  qui  lai  restait 
de  troupes  en  réserve  (1)«  L'adjudanf>- 
général  Andrieux  fut  chargé  de  con^ 
duire  ce  demi-bataillon,  et  le  général 
Masséna  hiimème,  à  traveraies  pierres 
et  le  feu  le  plus  meurtrier,  suivi  de  ses 
officiers,  marcha  à  la  tète  de  ce«  trou> 
pes,  jusqu'à  ce  qu'il  eât  opéré  leur  jonc- 
tion avec  la  colonne  à  la  tète  de  laqiiette 
ïhiébault  combattait  encore.  Ce  reu^ 
fort  décida  la  victoire,  et  deni  ceals 
prisonniers  eu  furent  le  résultat. 

Les  adjudans^générauz  Thiébault  et 
Andrieux  cootinuèrent  à  pmirsnivre 
l'ennemi  (3),  et  effectuèrent  en  avant 
du  fort  de  Quezzi  (k)  leur  jonction  avec 
les  troupes  du  général  de  division  Mio- 
lis  (5)«  qui ,  de  son  côté,  avait  culbuté 

foyen  Jamea,  t0É»<4ieiilenant  do  Ip  2»  de  bé- 
taillc,  qui.  par  son  audace,  ao  eoovrlt  aussi  de 
gloire  (^ns  cette  anaire»  apris  la^elto  il  fut 
r«iit  lieiiti'Dant. 

(i)  Ce  point  de  Queizi  avait  été  désigné  pour 
la  eonstrueUoo  d'an  fort  ;  to  Iraeé  en  éiali  fait , 
et  i*eaéottilon  ooamwacde.  Il  y  tfait  delà  dea 
partira  de  revétemept  de  quarante  pieds  de 
baut,  d'autres  plus  basses,  mais  sans  remparts 
en  terr^,  et  sans  parapets.  Trois  grandes  ouver- 
tures dans  les  parties  mortes,  et  très  accessibles, 
élolgaaient  tonte  idée  de  rétablir  ee  fort,  et  ni 
lia  Autriehteoi,  hilés  Français  n*avaieht  en- 
Bore  iongé  à  en  tirer  ancoa  parti  pour  la  dé- 
•feasisdeiapDSltiOtt. 

'{bi  Ue  gdaéral  Miblii  se  loua  beaoeoap  de  la 
eomiotlè  do  ebe#  de-balanièn  Manhin  et  do  ea- 
l«taiaaliai|err;tfèUr1l». 


IfBo 


JOURNAL  DES  OPtEATlONS  MlUTAIftBS 


tont  ce  qni  tétait  troové  sur  son  pas- 
tfsige,  et  avait  fait  trois  cent  cinquante 
prisonniers. 

Sarcla  droite,  l'adjudant-général 
Hector,  secondé  par  une  sortie  faite  à 
propos  par  la  garnison  du  fort  de  Ri-* 
dielieu ,  et  par  la  charge  que  sur  son 
front  le  général  Miolis  fit  exécuter  au 
général  Poinsot ,  et  à  l'adjudant^éné- 
rai  Andrieux ,  et  au  moyen  de  laquelle 
ils  enlevèrent  à  Fennemi  ses  deux  der- 
nières redoutes  sur  le  Monte-Rati ,  fit 
mettre  bas  les  armes  à  un  bataillon 
ennemi  de  quatre  cent  cinquante  hom- 
mes qui  se  trouva  sans  retraite,  et  qui 
fut  pris  avec  son  drapeau.  On  s'empara 
dans  la  même  soirée  de  sept  ou  huit 
cents  échelles  destinées  à  l'escalade  de 
Gènes  et  de  ses  forts,  et  faites  de  ma- 
nière à  ce  qu'on  pût  y  monter  jusqu'à 
trois  hommes  de  front.  Ces  échelles 
furent,  pendant  la  nuit,  brûlées  par 
nos  troupes. 

De  son  dVté,  l'adjudant-général  Gau- 
tier, qui ,  avec  très  peu  de  monde,  oc- 
cupait une  forte  colonne  ennemie  sur 
larivegaucheduBi8agno,lui  Otsoixante 
prisonniers,  et  l'empêcha  de  prendre 
les  troupes  du  général  Miolis  à  revers. 

Enfin ,  sur  tout  le  front  de  la  pre- 
mière division,  l'ennemi  se  trouva, 
vers  cinq  heures  du  soir,  battu  et  mis 
en  pleine  déroute  (1). 

Trop  habile  pour  ne  pas  profiter  de 
reflet  que  la  vue  de  ces  avantages  avait 
produit  9ur  ses  troupes,  le  général 
8outt ,  placé  de  manière  a  planer  sur 
les  points  de  ces  ditTérens  combats , 
saisit  cet  instant  pour  ordonner  l'at- 

(i;  Dus  lOQ  rapport  Mir  les  âdiiirct  de  celle 
jeuniée,  le  cspiialne  lleyiavter,  commaiideiil 
•lor»  la  a3«  de  ligne,  rend  uo  compte  iofiniineBl 
ftfantegeax  de  la  cooduile  &n  lieoleaaos  Ville, 
Abel  et  Galand,  et  da  loaa-lieiileDant  Nogier. 

9)  En  alMBdoBiiÉaC  les  DoHZ-Frèrtt,  lef 
Amrklilspaaorllreiiilmsdeiiv  cafMinf  de  )f  «fi 


taque  des  Denx-Frères,  position  ter- 
rible, où  M.  le  général  Hohensolleni 
avait  rassemblé  de  grandes  farces ,  et 
où,  malgré  les  difficultés  du  terrain ,  il 
avait  déjà  fait  porter  à  bras  deux  piè- 
ces de  canon ,  tant  il  sentait  Pimpor- 
tance  de  la  conserver. 

Le  général  de  brigade  Spital  fat 
chargé  d'enlever  cette  position,  qui 
fut  vigoureusement  défendue;  maïs 
les  talens  et  la  valeur  de  ce  général  6- 
rent  surmonter  tous  les  obstacles;  et 
par  reflet  de  son  exemple,  l'ardeur  des 
attaquans  s'étant  toujours  accrue  à  rat- 
son  de  la  résistance,  rien  ne  put  ra- 
lentir leur  mouvement.  La  105*  se  con- 
duisit dans  cette  alTaire  avec  sa  bra- 
voure accoutumée.  Au  nombre  de  ses 
blessés ,  l'armée  vit  avec  douleur  le 
chef  de  bataillon  Dunesme,  qui  la  com- 
mandait. Cent  cinquante  hommes  for- 
mant les  débris  de  la  73*  de  ligne,  com- 
mandés par  le  chef  de  bataillon  Cou- 
tard,  officier  d'une  grande  distinction, 
arrivèrent  les  premiers ,  et  sans  avoir 
tiré  un  seul  coup  de  fusil ,  au  naut  de 
la  position  d'où  l'ennemi  fut  chassé,  et 
où  il  laissa ,  avec  une  centaine  de  pri- 
sonniers, ses  deux  canons,  qui  de  suite 
furent  employés  contre  lui  (2). 

La  terre  resta  jonchée  de  ses  morts, 
dans  le  nombre  desquels  se  trouva  le 
colonel  de  Colloredo. 

Les  citoyens  Fantucci,  adjudant- 
général  cisalpin ,  et  Legrand ,  chef  de 
bataillon  du  génie,  au  service  de  la  ré- 
publique romaine,  se  firent  remarquer 
dans  cette  affaire  par  leur  conduite  (3). 

Ainsi  se  termina  cette  journée,  b 

eBcaitrenens,  et  les  flieM  rottler  damk»  iNids 
qui  avoAaiiiaienl  la  iMllerte.  liée  greuediait  deb 
73*  s*eo  aperçureal»  el  Icf  reportéreoi  au  Iml 
de  la  moBlagneavee  une  rapidité  léHe*  qv'aviM 
4|tte  les  eonefliia  riianDi  hors  de  partée,  en  9ê, 
le  tempe  de  eTea  aerriroonm  coxHBiènKt. 
ra)  Jakm  d»  telor  le  ploa  irnaé  Jiir  ^w  «f 


«9  mtM  n  M  mjocm  u»  ain». 


7W 


plus  brUlaote  du  blocus  ;  jouniée  qui 
coûta  à  renneini  plus  de  quatre  miUe 
hommes,  dans  le  nombre  desquels  il  y 
en  eut  seize  cents  de  pris,  et  qui  le  vit 
successivement  attaquant ,  et  attaqué^ 
\ainqueur  et  vaincu. 

Cette  journée,  que  la  fortune  sembla 
partager  entre  les  combattans,  et  dans 
laquelle  la  victoire  fut  toujours  pour 
celui  qui  prit  l'offensive,  sera  éternel- 
lement glorieuse  pour  le  général  Mas- 
séna,  aux  yeui  de  tous  les  hommes  en 
état  de  juger  les  opérations  de  la 
guerre. 

Mais  si  elle  fut  belle  sous  les  rap- 
ports militaires,  combien  ne  fut-elle 
pas  importante,  relativement  à  l'esprit 
public  des  Génois,  qui  le  matin  avaient 
vu  l'ennemi  établi  sous  leurs  murs,  et 
qui  perdaient  par  celle  victoire,  la 
crainte  d'une  attaque  sérieuse  par 
terre.  Aussi  l'enthousiasme  fut-il  tel , 
que  le  retour  du  général  en  chef  chez 
lui  fut  un  triomphe. 

L'ordre  du  jour  contint  le  lende- 
main le  témoignage  d'estime  et  de  sa- 
tisfaction que  la  conduite  de  tant  de 
braves  avait  provoquée ,  et  qu'il  est  si 
doui  à  un  chef  de  leur  rendre. 

La  41*  de  ligne  et  son  commandant, 
qui  avaient  défendu  le  fort  DîMsant , 
reçurent  du  général  en  chef  une  lettre 
ae  féliciUtion  sur  leur  conduite. 

Une  distribution  extraordinaire  d'eau» 
de-vie  fut  faite  à  toutes  les  troupes. 

Les  résultats  de  cette  journée  furent 
de  plus  rédigés,  adressés  au  gouverne- 
ment ligurien,  traduits  et  imprimés 

faits  hittoriqvei  qoi  UhuirèreBt  dans  celle  }oar- 
oée  lei  trmei  Uranfaiiet,  aont  Dommeroas  eih- 
cofe  ! 
DulUaune,  leiseut-eMijor  de  canUoierf  à 

Lei  ciloyeu  de  Flandre  et  Térove,  Heatenaas 
de  la  7S«,  qui .  lecondéi  par  deni  loldaU  feule- 
ment, firent  mettre  bas  les  âmes  à  eani  Ànlrl- 


dans  les  deux  langues,  publiés  et  aA* 
chés  partout. 

llstiaPlerSal. 

Le  général  en  chef  pensa  devoir 
proflter  des  différentes  impressions 
que  la  victoire  du  10  avait  dû  faire 
sur  nos  troupes  et  sur  celles  de  l'en- 
nemi; et  après  avoir  laissé  reposer 
les  corps  pendant  la  journée  du  11,  il 
chargea,  le  12,  le  général  Miolis  do 
faire  différens  mouvemens ,  afln  d'at- 
tirer l'attention  de  l'ennemi  dans  le 
Levant,  et  d*y  occuper  les  troupes  qu'il 
y  avait  ;  et  de  son  côté  il  Gt  porter,  à  la 
pointe  du  jour,  une  forte  reconnais- 
sance sur  les  positions  de  Coronata , 
occupées  par  l'ennemi ,  avec  rinten*- 
tion  de  la  soutenir  vigoureusement  si 
Tcnneroi  faisait  le  moindre  mouve-- 
ment  douteux  ;  ou  si,  comme  cela  était 
possible,  le  défaut  de  succès  de  son 
attaque  générale  du  10  déterminait  sa 
retraite,  que  le  mouvement  de  l'année 
de  réserve  pouvait  ne  pas  tarder  i 
rendre  nécessaire 

Le  chef  de  brigade  Godinot ,  de  la 
25*  légère,  faisant  fonctions  de  généra! 
de  brigade,  fut  en  conséquence  cbaigé 
d'inquiéter  l'ennemi  sur  la  Polcevera, 
depuis  la  mer  jusqu'à  Rivarolo,  avec  la 
3*  légère,  la  3*  de  ligne,  et  douze  com- 
pagnies de  grenadiers  des  corps  non 
employés  dans  cette  affaire. 

Le  général  de  division  Gazan  dé- 
boucha de  ce  dernier  village  :  sa  co- 
lonne, composée  des  5*  et  25*  légère, 

Gansin  et  DekNine,  sergeiis-majoft  an  même 
corps»  et  ifttl,  qneiqiie  Uauéi,  restèreot  an 

feu. 
Châtelain,  AlsUier,  qal  i'eaiMra  dn  dm« 

pean. 

Et  enfiu  le  capitafae  Robilfard,  le  ronrrier 
BtcaMe,  Abonelte,  umboor;  Lenation,  HoU 
lier,  qui  M  diitiMvArait  *  «i^uie  par  dea  pio* 
dlfss  de  vaisor. 


tn 


IMMAK 


et  de  là  iW^ie  ligM^  «e^dtriges  sar  la 
f^auciie  de  la  Coronata,  et  mardia  de 
tnanière  à  la  prendre  à  revers  (1). 

La  97<'  de  ligne,  débooehant  de  la 
position  des  Deux-Frères,  fit  de  son 
cMé  une  fausse  attaque  sur  !a  char* 
treuse  de  Rivarolo. 

Il  y  atait  è  peine  une  heure  que  le 
(eu  était  commencé ,  et  déjà  le  géné- 
ra! Gazan,  A  la  fareor  d*une  attaque 
pitrèmement  vire ,  arrivait  aut  pièces 
lerenneroi,  qui  de  son  cAté  commen- 
rail  à  les  évacuer;  déjà  tout  un  régi- 
ment de  troupes  légères  autrichiennes 
avait  posé  les  armes  ;  mais  quelques 
coups  de  fusri,  tirés  sur  ce  régiment  au 
moment  oà  il  se  rendait,  etTarrivée 
d'une  forto  réserve  autrichienne  chan- 
gèrent soudainement  la  face  des  aiTai- 
res,  et  nos  troupes  hirent  repoussées, 
emmenant  cependant  quatre-vingt-dix 
prisonniers  avec  ellos  (â). 

Le  général  Soult  fit  soutenir  la  divi- 
sion Gazan  par  la  2«  de  ligne  qui  était 
restée  en  réserve  sous  les  ordres  du  gé- 
néral Poinsot,  et  marcha  lui-même  è 
la  tète  d'une  partie  de  cette  demi-«bri- 
gade ,  dès  qu*il  sut  que  Te  général  Ga- 
zan  était  blessé;  et,  débouchant  dans  ta 
Polcevera  par  le  centre  do  village  de 
Rîvarolo,  il  prit  un  ordre  de  bataiîte  tel 
que,  par  son  feu,  il  arrêta  les  chasseurs 
de  Bussi  et  le  5»  régiment  de  hussards 
hongrois  qui,  par  lé  lit  de  ce  torrent, 
chargeaient  pour  couper  la  retraite 
à  nos  trotipes  (3). 

La  diflicnlté  du  terrain,  le  créneJla. 


(1)  C«  lOMiTtoieBl  aMwlaiL  mm  «ranéft  pa»- 
tie  (te  rarliUfrie  teM  y>Mwii  «Mit  hétiMé 
toat  le  coteaa  de  It  Coronata. 

(^  Daoa  ې  moRieil  ǝ  l'amesil  inlfiitlt  le 
feu  de  son  ariillerie,  un  obus,  après  avoir  frappé 
le  mur,  roula  su  nsUita  du  giwipe  tmaé  p«r 
iegéaéctl  en  chef,  aikaolQcitrsdefODélat- 
iQiyftr.aa  coaunenceaieAi  d«  I'avomm  de  &iv^ 
tolo,  el  y  écUU  aaisli6t  ;  il  ooavjaL  v  tèkf^  U* 


HMttdeliai  les  mars  ^  ]ai#iM  qrf 
se  fronveiit  sur  6t  coteaa,  les  ouvrages 
mulli^Késdont  reanewirafait  couvert, 
les  chenaux  de  frise  dont  toutes  les 
routes  étaient  remplîet ,  le  feu  croisé 
de  plusieurs  batteries  tirant  à  nrityaiile, 
la  graiftie  aupériorilé  des  forces  de 
Temiemi ,  Pétat  de  ses  troupes,  la  fal^ 
blesse  que  prodnisatt  ehei  les  nAtrei 
le  manque  de  nourriture ,  la  perte  de 
tant  de  bons  officiers,  le  coaunaiide- 
oMit  de  presque  tootes  leaoonupagnies 
conOé  dans  nos  corps  à  des  officier»! 
la  suite,  les  longues  souffrances,  H  mi- 
sère, répiiisemeiil  et  le  décourage- 
ment d'un  grand  nombre  (  eflet  ordt- 
naiie  de  ces' différentes  causes),  et  en-* 
fin  la  blessure  que ,  dans  le  nomeni 
décisif  le  général  divisionnaire  Gazas 
reçut  à  la  tète ,  furent  les  CMSts  évH 
dentés  de  la  non-réussite  de  cette  ten« 
tative  qui  était  très  militaire,  pnisqn'ea 
mettant  à  profit  les  effets  de  kt  victoire 
du  10,  elle  tendait  à  nons  livrer  Partit- 
lerie  dont  Fennemi  afait  cowert  la 
Coronata,  tous  ses  pféperattfs  de  siège 
et  d'escalade,  beaucoup  de  prisonniefS 
et  les  vivres  que  le  général  savait  être 
arrivés  pour  pkisieors  jours  à  Sestri; 
elle  avait  outre  ceh  Pavairtage  de  for- 
cer reenemi  à  amener  de  nouvelles 
troupes  contre  nous,  et  à  perAre  da 
temps  &  reprendre  cette  position ,  et  à 
la  fortifier  de  nonveen. 

Après  cette  aSkire,  a  y  eut  vme  trive 
de  trois  quarts-d'benre  que  i^nnemi 
demanda  afin,  disaient  les  oflfeiersqoi 


plusgraads  ravages,  wmmme^am  mm^ém  è 
rcfieU«r  qm  ,1e  oikpilpiMCwlier.  eOwMttrè» 
estimé,  et  qui,  à  côté  de  ropl,  tooslia  raide  bmcI 
par  ne  4cUi  qii^  l»i  Uifsm  le  piàiriw  Ud 
grenadier  qui  se  u>ottTaii  dtas  le  greepaettle 

(a)U  M^  paMi 


ta  proposèrent,  que  chacun  pût  ramas-  i  ronata  et  à  le  hérisser  de  nouveltes 


ser  ses  morts  et  ses  blessr*^,  mais  q-.rils  ! 
employèrent  à  débaucher  nos  soldats. 
Plusieurs  désertions  suivirent  des  en- 
tretiens particuliers  où  des  éaûgrés 
SQuls  avaient  paru 

Aussilât  que  le  général  en  chef  eut 
avis  de  cette  (rêve,  et  avant  d'en  con- 
naître raôme  les  détails,  il  avait  ordon- 
né qu'elle  fût  rompue. 

Pendant  tout  le  comhat,  dans  lequel 
la  â* légère  se  conduisit  très  bien  (1), 
Tescadre  anglaise,  forte  de  cinq  vais- 
seaux et  frégates,  fut  en  batailledevant 
Cornegliano  et  Saint-Pierre  d'Ârena. 

Cette  journée  fut  cruelle  pour  l'élat- 
miyor. 

Le  général  de  division  Gazan  y  fut 
blessé,  ainsi  que  l'un  de  ses  aides  ae- 
camp  et  son  officier  de  correspon- 
dance. 

L'adjudant-général  Fantueci  fut  tué. 
Ses  adjoints  Fascarolo  et  Gasparinelti 
furent  blessés.  Le  citoyen  Carlier,  ad- 
joint à  l'état- major-géiréral,  fut  tué 
ainsi  que  nous  venons  de  le  dire. 

La  capitaine  llosa ,  attaché  a  l'adju- 
dant-général  Reille,  fut  légèrement 
touché  par  ua  boulet  heureusement 
amorti. 

13,  14. 15, 16,  17, 18, 19  et  90  Floréal. 

L' adjudant-général  Heille ,  parti  le 
11  d'Anttbes,  arriva  le  13  à  six  heures 
du  matin  h  Gènes,  apportant  des  dé- 
pdchiss  importantes  au  général  en  chef. 

Pendant  toute  cette  journée,  l'en- 
nemi travailla  à  ajouter  encore  de  nou- 
veaux ouvrages  à  son  camp  de  la  Co- 

(1)  En  UM»  ci  h\nsé9^  ïtt  &e  légère  perlit 
dans  celle  affoice  cent  cinquaote-oeaf  hommes, 
donl  dix-huit  ofOciers,  au  nombre  desquels  se 
troQta  le  chef  de  bataillon  Manset.  Ce  dernier 
rut  blessé  en  se  faisant  jour  à  travers  les  enne- 
mis fé  Vivaient  anitlippé. 


pièces.  Il  fortifia  surtout  le  côté  par  le* 
quel  nous  avions  manqué  le  lui  enlever 
la  veille,  et  fit  sur  plusieurs  points  des 
démonstrations  d*attaque,  dans  la  vue 
sans  doute  de  protéger  les  travailleurs. 

Dans  la  mAme  journée  le  bruit  se  ré- 
pandit qu'il  avait  roço  des  renforts  et 
que  dans  la  nuit  il  devait  escalader 
Gônes.  Lef.iit  est  qu'entre  autres  mou- 
vemcns,  il  porta  une  colonne  de  plus 
de  deux  mille  hommes  du  cAté  de 
Monte -Crelo. 

Ijsl  73"  passa  de  la  deuxième  division 
dans  la  première  et  fut  chargée  de  la 
défense  du  fort  de  Quezzi. 

On  rapporta  dans  la  même  journée 
que  la  cavalerie  ennemie  filait  dn  côté 
du  Piémont.  Cette  nouvelle  confirma 
nos  espérances  sur  la  marche  de  Tar*- 
mée  de  secours.  Malgré  cela  les  vîvrea 
éprouvèrent  tout-à-coup  un  renchérir 
sèment  considérable. 

Le  i^,  dès  la  pointe  du  jour,  l'enne- 
mi fait  joiier  toutes  ses  musique?»  eiv 
signe  de  réjouissance. 

Le  15,  un  petit  bateau  chargé  de 
grains  trompe  les  efforts  des  Anginfa 
et  apporte  à  Gènes  des  vivres  pour 
cinq  jours. 

Les  16  et  17  n'offrent  absolument 
rien  de  remarquable,  aucun  fait  mili^ 
taire,  aucune  nouvelle  ne  consacra  ces 
journées,  si  ce  n'est  quelques  re- 
connaissances qu'exécuta  le  général 
Miolis,  le  16  surtout ,  mais  qui  *  ne 
conduisirent  à  aucun  résultat  qui 
puisse  intéresser.  Un  dea  évènemens 
de  ces  journées,  que  ik)u»^  ne  pourront 
cependant  manquer  de  rapporter,  c'est 
la  destruction  d'un  aqueduc  que  les 
paysan»  armés  coupèrent  le  16 ,  et  qui 
était  d*autant  plus  important  qu'rl  fai- 
sait aller  une  grande  partie  des  mou- 
lins de  Clones. 
[     Le  18  f  un  espion  nous  apprend  que 


JOOMAL  DBS  OnfcAATJOfH  MILITAIABS 


l'on  a  entenda  pendant  deux  jours  une 
très  forte  can  nnade  du  cAté  de  Ta- 
rin ;  que  ropinion  générale  est  que  Ten- 
nenû  a  été  battu,  que  les  Français 
marchent  sur  Milan.  Le  même  espion 
ajoute  que  le  16  au  soir,  M.  de  Mêlas, 
à  la  tête  de  dix  mille  hommes ,  a  passé 
à  Sassello,  marchant  vers  le  Piémont. 

Le  besoin  d'encouragement  fait  re<- 
cevoir  ces  nouvelles  avec  avidité. 

Vers  dix  heures  du  matin,  la  flotille 
napolitaine ,  arrivée  le  17,  canonne  et 
bombarde  Saint-Pierre  d'Arena  et  es- 
iaie  ainsi  son  effet  sur  les  réduits  de 
quelques  pauvres  pécheurs  et  sur 
quelques  palais  non  habités  ou  changés 
en  hôpitaux  militaires.  Deux  corsaires 
français  sortent  du  port  de  Gènes  et 
répondent  au  feu  de  la  flotille.  Ils  sont 
protégés  dans  cette  sortie  par  la  batte- 
rie de  la  Lanterne  et  par  celle  de  la 
Marine  établie  à  Saint-Pierre  d'Arena. 
Au  bout  d'une  heure,  une  des  barques 
ennemies  est  traversée  par  un  de  nos 
boulets  ;  cette  circonstance  met  6n  à 
ce  combat  ridicule  et  barbare. 

Dans  la  même  journée,  le  chef  de 
brigade  Poochin ,  de  la  108*,  remplace 
dans  le  commandement  de  la  place  de 
Gênes ,  Tadjudant-général  Dégiovani , 
qui  est  particulièrement  employé  au- 
près du  général  en  chef. 

Le  10 ,  à  la  pointe  du  jour ,  la  flotille 
napolitaine  bombarde  Albaro  :  son  feu 
dure  trois  ou  quatre  heures. 

L'ennend  fait  dans  cette  journée 
différons  mouvemens  dans  le  Levant  : 
le  bruit  se  répand  qu'il  est  arrivé  douze 
cents  Calabrais  à  Nervi. 

Le  20,  dans  l'après-midi,  dix-neuf 
coups  de  canon  tirés  par  l'amiral  an- 
glais, et  quelques  décharges  d'artillerie 
faites  dans  le  camp  ennemi  se  font  en- 
tendre et  donnent  lieu  à  diverses  con- 
jectures. 


21  Floréal. 

Deux  fois  déjà  depuis  notre  blocus, 
le  Levant  avaitété  pour  nous  un  théâtre 
de  victoires.  Attaquans  et  attaqués 
nous  y  avions  vu  des  légions  menaçao' 
tes  se  changer  devant  nous  en  colonnes 
de  prisonniers  timides,  et  descendre 
humblement  des  cimes  qu'elles  cou- 
vraient avec  orgueil. 

Deux  fois,  et  toujours  par  l'effet  des 
combinaisons  du  général  Masséni, 
l'armée  y  avait  moissonné  d'abondans 
lauriers  ;  mais  cette  terre  amie  n'était 
point  encore  épuisée  pour  nous,  et  les 
victoires  des  17  germinal  et  10  floréal 
devaient  en  quelque  sorte  être  éclipsées 
par  une  nouvelle  victoire  plus  éclatante 
encore. 

Une  circonstance  particulière  en  dé- 
termina l'instant:  le  général  en  chef, 
bien  résolu  de  profiter  du  départ  de 
M.  de  Mêlas,  et  d'une  partie  de  son 
armée,  pour  affaiblir  encore  le  corps 
ennemi  qui  était  resté  chargé  de  notre 
blocus,  méditait  depuis  plusieurs  jours 
la  manière  de  le  forcer  à  s'éloigner  oa 
à  se  renforcer  autour  de  Gênes  poor 
opérer  une  plus  puissante  diversion; 
mais  le  point,  ou  plutôt  le  montent  de 
son  attaque  n'était  point  encore  décidé, 
lorsque,  le  20,  il  reçut  du  général  Otto 
une  lettre  par  laquelle  ce  dernier  le 
prévenait  que  le  jour  même  son  canon 
tirerait  en  réjouissance  d'une  victoire 
remportée  sur  le  général  Suchet  :  cette 
nouvelle,  qui  aiu'ait  intimidé  un  honinne 
faible,  ou  découragé  un  homme  ordi- 
naire, produisit  sur  le  général  Masséna 
un  effet  tout  contraire.  Une  noble  in* 
dignation  s'empara  de  son  âme,  elle 
l'excita  à  venger  son  lieutenant,  et  Ini 
fournit,  avec  cette  idée  mftie  et  géné- 
reuse, tous  les  moyens  de  l'exécutof. 

En  conséquence,  et  de  suite ,  il  ar- 
rêta pour  le  leDddfoaîo  des  diqigai* 


m  anÊUÊcm^WÊ 


WM 


HMt^  tf  apito  iMcpieilét  H  difîsa  en 
foalra  corps  les  truupet  qii*il  résotak 
4b  hke  coneouf  ir  à  reiécutton  de  son 
opojet 

Vnn  «  sa»  les  ordres  du  général 
Miolis,  fut  composé  des  «h ,  7^«  el  78* 
demi-brigides  debattiHe. 

L'asbre,  sons  les  ordres  da  Mente- 
nantiiénéral  Soolt,  le  fnt  des  K*  lé- 
gère, 9%  8»  et9b*  de  ligne. 

La  106^  forma  la  réserve  de  la  divi- 
sion Miolls,  et  les  92*  et  97«,  destinées 
à  kl  fausse  altaqoe,  reçurent  l'ordre  de 
ae  porter  en  avant  du  Diamant  pour 
occuper  Tennemi  dans  cette  partie. 

Le  général  Mîolts  fut  chargé  d'at- 
taquer le  Monte-Faccio,  et  le  général 
Souk  de  le  tourner,  et  d'envelopper 
par  ce  monvement  les  troupes  chargées 
de  le  défendre. 

L'attaque  de  front  se  fit  sur  trots  co* 
tonnes,  savoir:  la  78*,  formant  celle 
da  gauche,  et  marchant  sous  les  or- 
dres de  Tadjudant-général  Gautier. 

Le  général  MioUs  occupait  le  centre 
avec  la  74",  et  avait  sur  la  droite  l'ad- 
judanl-générnl  Relllc,  commandant  la 
62^,  pendant  que  le  chef  de  brigade 
Wouillemont ,  avec  la  8*  légère,  occu- 
pait la  Marine. 

L'adjudant-^général  Gautier  obliiit 
des  succès  rapides,  succès  qu'il  com- 
manda autant  par  son  courage  que  par 
ses  dispositions  et  ses  manœuvres,  et 
au  moyen  desquelles  il  enleva  à  l'en- 
nemi son  camp  relraiiché  de  Bavari , 
dans  lequel  la  78*  trouva  trente  à  qua- 
rante sacs  de  riz. 

'  Le  général  Miotis  et  l'adjùdant-gé- 
néral  Reille  s'emparèrent  de  même 
d^s  premières  positions  de  l'ennemi 
sur  le  Mùnu-Faccio;  malheureuse- 
ment ce  dernier,  en  se  repliant ,  ayant 
formé  ses  masses,  proQla  d*un  moment 
de  fluctuation  parmi  nos  troupes ,  et 
des  avantages  que  lui  offrait  sa  posi  - 
f. 


tioo;  reprit  lHiaM|uei)ienl  t'offensiviC, 
les  chargea  avec  beaiiconp  de  vigueur, 
et  les  rejeta  sur  la  Sturla,  sans  qu'il  Mt 
possible  de  les  rallier,  nu  seulement  do 
les  arrêter  ;  et  cela ,  quoique  le  général 
en  chef  eût  successivement  fait,  dans 
cette  vue ,  avancer  toute  la  réservé* 
Mais  pendant  que  l'ennemi  suivait  avè  1 
acharnement  cette  partie  de  nos  tfoii^ 
pes,  le  général  Soult  opérait  victorieth 
sèment  son  mouvement.  i 

II  avait  divisé  ses  forces  en  une  avant- 
garde,  et  en  un  corps  de  bataille  ou  r^ 
serve.  Le  générai  Damaud  comman- 
dait à  la  première  les  25*  légère  et  24* 
de  ligne,  le  général  Poinsot  comman- 
dait à  la  seconde  les  2*  et  3*  de  ligne. 

Parti  vers  cinq  heures  du  matin  (sa- 
voir, son  avant-garde  de  Gavctfo  dans 
le  Bisagno,  et  son  corps  de  bataille  des 
glacis  de  la  porte  Romaine),  le  gêné* 
rai  Soult  avoit  suivi  la  gauche  liu  Bisa- 
gno, passant  par  BUantino,  Olmo^ 
Prafo,  Olhetio  et  C(i*soto^  culbutant 
devant  hii  les  postes  autrichiens  qUl 
étaient  dans  ces  dilTérens  cantonne-* 
mens,  en  même  temps  qu'un  corps  dé- 
taché avait  forcé  les  camps  que  l'en- 
nemi avait  sur  le  Monte-Creto.  Arrivé 
à  Cassolo,  il  pa^sa  la  rivière  ;  le  gêné*; 
rai  Darnaud  s'empara  rapidement  des 
avancés  du  pont,  et  se  porta  jusqu'i. 
l'embranchement  des  chemlr^  de  Tor-^ 
riglia  et  de  Campanardigo,  où  l'en* 
nemi  pouvait  prendre  une  position 
avantageuse;  mais  il  n'eut  pas  le  temps 
de  se  rallier.  Pour  le  général  Darnaud, 
il  s'y  arrêta  le  temps  qui  fut  nécessaire 
pour  y  rassembler  toutes  ses  troupes. 

Arri>é  au  pied  du  Monl-Salviaggia , 
la  3*  de  ligne  fut  chargée,  par  le  gé- 
néral Soult ,  de  combattre  une  colonne 
ennemie  qui  s'avançait  pocr  l'atta- 
quer, et  de  couvrir  ses  derrières,  ce 
qu'elle  fit  avec  un  entier  succès. 

Quant  à  la  colonne  dû  général  Dar 

U 


te  éihgem  sv  tes  hantenrs  l     Quant  att  général  60 


ii-9tem^  pvriiit  à  la  cièle  deti 
eteaofft  lechoun  ileSorri . 
PcBiiul  ce  tnjct,  te  général  Dar- 
avait  kaUm  reaneinî  à  différantes 
cC  lui  aiaîi  d^  fait  plus  de 
û  ccsts  priuiMitera  dn  rcgimeot  de 
Jardâi  et  da»  cbasems  de  Braoteno. 
Msii»  ie  troïKvaal  alon  e&UèfneflKnt 
éiii^pë  Ja  c«rpi  de  kateilte,  il  Ait  a»- 
ntUi  par  un  -^urp»  taaatai  beanewp 
nperuînr  ja  au  par  k  Donbre,  et 
fliu  earanï  eai  cis  i|ue  tes  traepcs  ^ 
k  cuiii(Ki!HLea&  a*  êUMl  pa»,  aioiî  fw 
ciiks  dtt  j^HUfffal  Oanasii.  aSaméca  et 
konfiâctrs  ik  £iîi(nK.  Oiks celte poaft- 
tiQa  criUi^«  il  !)UiaiiAt  pfaft  de  daoi 
k*un»  an  ccmbat  «knt  jim  Uka*  aceb 
duBicaèn:oc  l'un^galiU*.  Oepeadai 
Vitiwkxt  ik  U  :^  Je  li^ae,  et  ae» 
aaJKPk  JiTi^inuit  ^n»  kl  ocdres  de 
isètttênl  Poiosot .  «t  aùnwt  à  ratee  de 
cLjGfer  ciKie  défeoRTe  pàukk  et  dif- 
ficiie  en  uck  offenbive  bciiteBlr.  Parka 
ori!n»  du  ^rèoérii  âoalt  «  qni  arma  iaa- 
mêdiatemoQt  aprèi  cette  cofoene,  k 
bataillon  de  la  2*,  et  ie$  jj^oadîefs»  fo- 
rent de  suite  formés  dans  k  centre  en 
colonne  serrée  :  la  charge  donna  k  si- 
gnal de  l'ai  laque  ;  k  25^  s'ékn^  sur  k 
flanc  gauche  de  Tennemî  ;  b  2«*  sur 
ton  flanc  droit  ;  par  cette  manœoTre  « 
rennemi  surpris  fut  culbuté  et  préd- 
pilé  (lu  haut  (Ses  rochers.  Plus  de  huit 
cents  Autrichiens  roulèrent  dans  les 
abfmes;  un  plus  grand  nombre  fut 
pris  dans  hrs  retranchemens  de  Monte- 
JFaccio,  monument  éternel  de  la  gloire 
du  nom  français,  et  témoin  constant  des 
défaiti's  de  ses  nombreui  ennemis. 

Le  général  :ioult,  maître  de  Monte- 
Faccio,  y  fit  faire  une  halte,  après  k- 
quelle  le  général  Darnaud  se  dirigea  sur 
Nervi ,  dont  il  s'empara.  Il  y  trouva  des 
vivres  pour  ses  trouves»  et  jr  xu-it  deux 
pièces  de  canon. 


■laiiièrfe  dont  toatea  ka 
eéral  Mklis  (eirepté  k  n»4 
de  Fadjudant -général  Gavlicst, 
laknt  rottréas  k  oBatûa  ««veit 
itait  alors  impolaiUe  de 
suite  li's  corpa  iqei  lea 
k«r  avait  fait  prendre  peaiti 
Martk  d'Albaroet  à  k  patim 
avait  fait  rccompléter  lêure 
et  kur  avait  fait  faire  aoe 
eitraordinaire  de.  vin  ;  cette 
mit  i  Blême  de  ks  reporter 
vera  une  heure  apria  midi  ;  et  i  ai 
trouva  si  bkn  en  mesure  poor  aaeae- 
lir  k  féoéralS^uit  (  ail  en  avait  ee  ba- 
seia  )i  qa*avant  quatre  heorea  de  aair 
k  gwérel  Miolis  avait  déjà  rdleUI  kl 
coBaaoicatJORS  avec  ka  troiqie>4Bab 
général  Soult  avait  laissées  dans  k  ih 
sagno;  qu'a  k  méaiie  heure,  k  MPélai 
ce  poaitieo  sur  k  lionte-Beti ,  et 
k  tète  de  k  ookene  de  dreile% 
posée  de  k  8*  légère,  eirite  à  Nart 
eemème  temps  que  lea  troopea  du  gé- 
eéral  Darnaud. 

A  b  nuit«  ce  dernier  se  replkà  C«^ 
tagna.  La  ^  rentra  à  Géoes.  j  naM* 
nant  plus  de  quinze  cents  prisoenicifr 
Le  reste  des  treupes  acheva  le  kndt- 
main  de  reprendre  ses  premières  pa- 
silioBs ,  en  conservant  cependant  b 
Monte-Facdo. 

Vers  k  seir^  cette  victoire  fat  an- 
noncée à  Gènes  au  son  des  bandai 
militaires,  et  b  ville  fut  illuminée. 

L*enlhoostasme  fut  âiéme  d*auteal 
plus  grand ,  que  du  moment  où  k  di- 
vision Miolis  avait  battu  en  retraite»  il 
n'avait  plus  été  possible  au  gén^ 
en  chef  d'avoir  des  nouvelles  dM  géné- 
ral Soult;  et  cette  circonstance  était 
extrêmement  sérieuse,  attendu  que  oa 
général  se  trouvait  enveloppé  par  l'en- 
nemi  qu'il  avait  toorné;  qu'agissant 

seul,  îîjDOUvnît^^rc  arr*aM<*  j>nr  ••^  •'"ni' 


bre  ;  et  qûé  pâ^  consiéqnent  beaaeoup  I  sacré  au  repos;  il  le  ftit  de  mime  a  la. 


de  personnes  avaient  cm  la  Journée 
complètement  malheureuse,  jusqu'au 
moment  où  Ton  en  publia  le  brillant 
résultat.  Dans  son  rapport  au  général 
en  chef,  le  général  Darnaud  donne , 
relativement  à  cette  affaire,  les  plus 
grapds  éloges  aux  chefs  des  S5«  légère 
et  31*  de  ligne,  au  cherd*escadron  La- 
vileite  [blessé  dans  la  dernière  charge), 
et  au  sous-lieutenant  Mamard ,  de  la 
ICtt*,  qui  y  fut  de  même  blessé. 

22  et  23  Floréal. 


Le  général  en  chef,  qui  avait  pour 
bot  constant  d'approvisionner  Gènes, 
à  la  Eiveur  des  avantages  par  lesquels  il 
parvenait  à  éloigner  rcnneroi  de  ses 
mors,  jugea  pouvoir  proGter  de  la  vie-- 
toire  du  21 ,  pour  chercher  à  en  rem- 
porter une  nouvelle  avant  que  rennemi 
eût  eu  le  temps  de  réparer  ses  per- 
tes. Les  succès  brillans  obtenus  dans 
cette  journée  avaient  bien  fait  appor- 
ter, des  villages  enlevés  à  Tennemi , 
quelque  bétail  et  des  herbes  dans  Cô- 
nes; mais  pour  avoir  des  grains,  il  fal- 
lait encore  étendre  les  conquêtes. 
D*Qn  autre  côté,  le  général  Masséna 
connaissait  assez  la  situation  de  son 
armée,  pour  savoir  que  dans  un  pays 
où  la  victoire  échappe  souvent  au  plus 
brave,  pour  favoriser  le  plus  robuste, 
il  était  impossible,  avec  des  troupes 
épni>ées  par  de  longues  souffrances,  et 
usées  pour  ainsi  dire  au  moral  comme 
an  physique,  de  combattre  deux  jours 
de  suite,  surtout  sur  ]e^  rochers  pres- 
que inaccessibles  de  la  Ligurîe,  et  con- 
tre on  ennemi  en  présence  duquel  Ton 
De  pouvait  arriver  qu'après  deux  ou 
trois  heures  des  efforts  les  plus  péni- 
bles, et  déjà  à  moitié  vaincu  par  la  fa- 
tigue. 


Le  22  fiit  donc,  par  néce&fité,  cbta^   de  ta  3«  légère. 


célébration  de  la  victoire  de  la  veille , 
qui  se  flt  à  midi  par  vingt-cinq  coupa 
de  canon,  dont  le  motif  fut  offlcielli^ 
ment  annoncé  aux  généraux  enne- 
mis (1).  Mais,  le  23  au  roatiti,  le  géné- 
ral en  chef,  malgré  la  nouvelle  de  la 
retraite  du  général  Suchet  sur  le  Var« 
se  trouvant  toujours  supérieur  aux  cMt- 
prîees  de  la  fortune,  ou  bien  indépen- 
damment de  toute  autre  considération  « 
voulant  faire  usage  de  toutes  ses  rei^ 
sources,  et  cherchant  à  presser  lea 
évènemens  à  proportion  que  le  teoipa 
semblait  lui  échapper  avec  plus  de  ra*» 
pidité,  marchait  déjà  à  une  eipéditioÉ 
nouvelle ,  et  qui ,  relativement  à  l'of- 
fensive (si  souvent  reprise  par  lui), 
devait  être  décisive  entre  les  troopaa 
qui  défetidaient  Gênes,  et  celles  qoi^ 
en  ce  moment,  bloquaient  cette  placer- 
Le  but  de  cette  attaque  était  Teniè- 
vement  du  camp  de  Monte -Creta^ 
point  central  de  toutes  les  positions  da 
1  ennemi  autour  de  Gênes ,  et  réello^ 
ment  la  clef  de  toute  la  ligne  ;  je  dit  la 
clef,  parce  que,  maîtres  de  cette  mon* 
tagne,  les  localités  sont  telles  que  nooa 
devions  le  forcer  à  s'éloigner  de  Gè- 
nes. Par  suite  de  ce  mouvement,  noi 
forces  pouvaient  tout-à-coup  être  réo« 
nies ,  et  par  sa  continuation ,  nooa 
étions  les  maîtres  de  nous  porter  d'w 
côté  sur  les  derrières  de  Coronata^ 
d'où  l'ennemi,  dans  le  Ponent,  nooa 
gênait  le  plus,  et  de  l'autre,  dans  leLo- 
vaut ,  où  l'ennemi  n'avaR  que  de  ùi^ 
blés  points  d'appui.  La  perte  de  son 


(1)  A  roinatt,  le  22,  rennemi  Attaqua  SiMi^ 
Pierre  d*Arena  ayec  vigueur.  Deui  centi  bm» 
mes  passèrent  même  la  Polcevera  ;  mate  comao 
cette  afTéire  n*ett  d'aucun  intérêt  eonno,  naia 
nous  bornons  à  la  citer,  et  à  dire  que  erê  deua 
cetis  bonunes  furent  battus  et  repousses  par  le 
soQ9-4ieutenant  Bazière,  et  Yingt-clnq  chasseart 


«01 


JOCENAL  PRft  OPAbAVONS  MlUtAimSI 


camp  de  Monto-Crelo  l!obUgeaît  donc 
à  se  retirer  sur  la  Bochetta  et  eo  ar-^ 
rière  de  VoUry  et  de  Sestri  du  Levant, 
à  évacuer  PortoQiio,  et  à  abandonner 
l'artillerie  qu'il  avait  à  CornegUano,  et 
à  Sestri  du  Pooent ,  où  niôiiie  nous 
avions  Tespérance  de  trouver  quelques 
magasins. 

Rien  ue  fut  négligé  pour  assurer  la 
réussite  de  cette  opération  si  majeure, 
par  les  résultats  qu'elle  ne  pouvait 
manquer  d'avoir.  C'était ,  en  quelque 
sorte,  la  dernière  tentative  que  le  gé- 
népi Masséna  pouvait  songer  à  faire. 
La  nécessité  de  contenir  le  peuple  de 
Gènes ,  que  des  souffrances  trop  pro- 
longées aigrissaient  tous  les  jours  da^ 
vantage  «  et  que  par  tous  les  moyens 
possibles  on  excitait  à  la  révolte ,  ne 
pouvait  plus  guère  permettre  de  sortir 
de  cette  place.  Le  choix  des  troupes 
et  des  chefs  se  fit  avec  un  soin  égal. 
Les  troupes  reçurent  tout  ce  qu'il  était 
possible  de  leur  donner.  Enfin,  un  es- 
poir fondé  faisait  d'avance  ranger  cette 
journée  au  nombre  de  celles  qui  de- 
vaient nous  laisser  des  souvenirs  glo- 
rieux et  consolans. 

Mais,  par  un  premier  malheur,  l'ep- 
nemi ,  qui  avait  senti  l'importance  de 
sa  position  de  Monte-Creto ,  y  avait 
rassemblé  ou  en  avait  rapproché  une 
grande  partie  de  ses  forces  ;  cette  cir- 
constance ,  ignorée  par  le  général  en 
chef,  ne  put  donc  rien  changer  à  ses 
résolutions,  et  le  corps  destiné  à  cette 
attaque  fut  divisé  en  deux  colonnes. 

Celki  de  droite,  composée  des  3*  lé- 
gère, et  des  2%  3%  2V  et  62«  de  ligne, 
marchait,  sous  les  ordres  du  lieutenant- 
général  Soult,  sur  le  camp  de  Monte- 
Creto.  Elle  partit  de  la  porte  Romaine, 
à  huit  heures  du  matin ,  et  se  dirigea 
par  la  vallée  du  Bisagno. 

Celle  de  gauche,  commandée  par  le 
général  Gaxan  ,  déboucha  par  le  fort 


de  l'Éperon  ;  et,  passant  par  les  Deux- 
Frères ,  se  dirigea  sur  les  Quatre-Âs , 
qui  »se  trouvent  à  leur  droite ,  et  qae 
l'ennemi  occupait  par  de  fortes  re- 
doutes ,  en  même  temps  qu'il  soute- 
nait ces  dernières  par  un  camp  consi- 
dérable. 

Les  3*  légère  et  02'  de  ligne ,  for- 
mant ,  sous  les  ordres  de  l'adjudaDt- 
général  Gautier»  l'avant-garde  du  gé- 
néral Soult,  commencèrent  le  combat 
vers  onze  heures  du  matin.  La  valeur 
des  troupes,  l'intelligence  de  leur  chef, 
leur  confiance  réciproque,  signalèrent 
le  début  de  celte  journée  par  des  suc- 
cès marqués.  Partout  l'ennemi  ployait 
devant  cette  petite  colonne  ;  et,  au  boat 
de  plusieurs  heures  d'une  marche  qa'un 
combat  continuel  rendit  extrèmemeot 
pénible,  et  après  avoir  enlevé  deux 
camps  et  plusieurs  retranchemens,  elle 
arriva  au  camp  de  Monte-Creto,  dé- 
fendu par  de  nombreux  ouvrages ,  et 
par  une  ligne  de  troupes  soutenues  par 
plusieurs  réserves. 

Pendant  que  l'adjudant-général  Gan- 
tier avait  obtenu  ces  diffërens  succès, 
la  2V*  de  ligne,  sous  les  ordres  de  son 
chef,  avait  attaqué  et  enlevé,  malgré 
la  plus  vigoureuse  résistance,  la  mon- 
tagne de  l'Aspino  &  Fennemi ,  et  se 
trouvait  de  cette  manière  seconder  les 
troupes  chargées  sur  ce  point  de  la 
principale  attaque,  et  les  flanquer. 

Dans  le  même  temps,  la  division  di^ 
général  Gozan  était  également  aux  pri« 
ses  avec  l'ennemi  ;  déjà  la  brigade  da 
général  Spital  s'était  emparée  de  ses 
premières  positions  ;  déjà  l'on  formait 
des  pelotons  pour  suivre ,  un  peu  ras^ 
semblés,  les  braves  qui  marchaient  sur 
les  redoutes  de  l'ennemi ,  lorsque  l'o- 
rage le  plus  violent  et  le  moins  attendu 
sembla  tout-à-coup  confondre  la  terre 
avec  les  cieux  :  des  nuages,  tellement 
épais  qu'en  se  touchant  l'oii  ne  se 


M  MteS  RT  W  WÎXHXS  M  OÉlfBS. 


foytitpaâ,  ooaYrirent  les  montagnes 
élevées  qae  aeos  occapions,  et  enve- 
loppèrent tons  les  combatUins,  au 
point  que  Ton  ne  s'epercerait  plus  qn'à 
lafaTeiir  des  éclairs.  Après  trois  quarts- 
é*heure  d'un  yéritable  déluge,  pendant 
'feqoel  personne  Vosaît  faire  un  pas, 
chaenn  se  trom-a  on  l'orage  Tavait  pris  ; 
mais  tOQt  était  mouillé ,  et  la  terre  et 
•tes  armes.  Le  moment  de  Ténergie  (1) 
fiait  passé.  Ler  sentiers  étaient  deve- 
hoa  extrêmement  giissans  et  difficiles , 
et  pendant  ce  temps ,  l'ennemi  s'était 
'encore  renforcé  par  l'arritée  des  corps 
-qui ,  placés  dans  tea  Tallées  enriron- 
nantes  et  au-dessous  des  nuages, 
avaient  pu  marcher  pendant  l'état  de 
atagnalion  dans  lequel  nous  avions  été 
si  )ong*temps.  Les  obstacles,  en  un 
met ,  avaient  augmenté  en  proportion 
de  la  diminution  de  nos  moyens.  On 
fit  encore  des  efforts ,  mais  ils  furent 
tous  malheureux.  L'enthousiasme,  ce 
ressort  des  Ames,  qui  est  tout  pour  les 
Français,  était  usé. 

Sur  la  gauche ,  le  général  Spital ,  en 
cherchant  à  ranimer  ses  tronpes ,  eut 
son  cheval  tué  sous  hii ,  et  lui-même 
ae  blessa  dans  sa  chute.  L'adjudant- 
général  Rente  prit  sa  place,  se  jeta  en 
avant,  et  ne  put  faire  partager  le  cou- 
rage dont  il  donna  l'exemple  avec  le 
plus  grand  dév^nement. 

Sur  la  droite,  l'adjudant -général 
Gautier,  par  la  force  du  sien ,  obtint 
encore  une  diarge ,  nu  moyen  de  la- 
quelle il  enleva  les  redoutes  qui  dé- 
•  fendaient  le  camp  ennemi  ;  mais  aus- 
sitôt ,  ce  dernier  fait  donner  l'une  de 
ses  réserves,  que  conduit  le  général 
Hohenzollern  lui-mèma.  Le  choc  est 
terrible;  Kon  ae  bat  corps  à  corps,  et 


(i)  A  U  fln  do  blocus,  elle  éUK  Mbie  dans 
pof  troupes,  par  reffet de toatee  qu'aies  sytient 

foalVm 


Gautier  tombe  blessé.  Ses  troupes  re» 
culent.  Le  lieutenant-général  fait  ra- 
pidement avancer  le  général  Poinsot, 
à  la  tète  de  la  2*  de  ligne  ;  l'ennemi 
plie  à  son  tenir,  nos  troupes  arrivent 
au  camp  de  Monte-Creto.  Le  feu  x^st 
mis  par  elles  aux  baraques  de  ce  camf>  ; 
mais  Tarrlvée  d'un  nouveau  corps  en^  > 
nemi  rend  encore  cet  effort  inutile,  et 
nos  troupes  se  dispersent  de  nouveatl. 
C'est  alors  que  lé  lieutenant-générAl 
Soult,  accompagné  et  secondé  du  chef 
d'escadron  Souk,  son  frère  et  son  arde- 
de*camp,  et  du  citoyen  Mengodt,  lieu- 
tenant au  k*  régiment  de  hussards, 
rallie  la  3^  de  ligne.  Les  troupes ,  &  sa 
voix,  s'arrêtent  un  instant;  il  semble 
leur  communiquer  la  valeur  qui  l'ani- 
me; mais  une  balle,  qui  lui  fracassé  Ta 
jambe  droite,  nous  arrache  la  victoire. 
La  retraite  s'opère  ;  et ,  pour  comble 
de  douleur,  le  général  Soult  reste  au 
pouvoir  de  l'ennemi.  Le  terrain,  natu- 
rellement glaiseux  et  incliné,  était 
tellement  imbibé,  que  nos  soldats,  ex- 
ténués de  fatigue  et  s'y  soutenant  à 
peine ,  ne  purent  l'enlever,  malgré  les 
efforts  qu'ils  firent  pour  y  parvenir. 
L'ennemi  suivit  d'autant  plus  fiiiMe^ 
ment  notre  mouvement  rétrograde', 
qu'il  avait  détaché  une  colonne  pour 
nous  tourner.  Cette  colonne  serait,  en 
effets  arrivée  assez  à  temps  pour  cou- 
per la  retraite  à  la  moitié  de  nos  trou- 
pes ,  si  elle  eût  eu  affahe  è  tout  autre 
qn'à  des  Français. 

n  y  eut ,  dans  cette  rencontre  im»- 
prévue  pour  nos  bataillons,  une  action 
assez  vive,  et  dans  laquelle  le  chef  de 
brigade  Perrin ,  commandant  la  2*  de 
ligne ,  reçut ,  à  la  jambe  gauche ,  une 
balle  dont  il  mourut  vingt^trois  jours 
après. 

Au  moment  où  le  général  en  chef 
avait  jugé  f entreprise  roanquée^  il 
^aît  d^ttdu^  >  dé  te  diviaion  fii«a^^ 


m 


JOimilAL  BES  OraBATlOIfS  mUVâKBS 


*• 


radjudtnl^éiiéral  Hector,  qai,  ayec  la 
Itier^  descendit  dans-  le  Bisagna  pour 
protéger  la  retraite  des  troupes  du  gé- 
néral SouU.  Ce  corps  seconda  très 
heureusement  les  eflbrta  par  lesquels 
4a  2*  de  ligne  se  fit  jour.  Le  soir,  cha- 
que corps  rentra  dans  ses  kneiennes 
positions. 

Pendant  ces  différens  combats  «  le 
fénéral  Mîolis  occupa  Tennemidans  le 
Levant  et  dans  le  Blsagno,  au  moyen 
de  fortes  reconnaissances. 

C'est  atnsi  que  se  teimina  pour  nous 
eelte  journée  d*un  véritable  deuil; 
cette  journée  fatale  è  tant  dé  braves , 
et  dans  laquelle  l'armée  fit  trois  pertes 
irréparables  pour  elle.  Le  lieutenants- 
général  SouU,  par  les  services  les  plus 
aigaaiés,  justifia,  pendant  ce  blocus,  sa 
haute  réputation. 

La  fortune  inconstante  partagea  ses 
faveurs,  et  se  joua,  ce  jour-là,  de  nos 
voBux  et  de  nos  espérances^ 

Cent  vingt  prisonniers  ennemis  res- 
tèrent en  notre  pouvoir  ;  on  prit  avec 
eux  un  colonel,  un  major  et  huit  au- 
tres officiers. 

-  Pendant  que  Tarmée  avait  été  atnsi 
occupée  hors  de  Gènes,  quatre  mille 
taumes,  des  sonnettes  à  la  main,  s*é- 
4(iient  rassemblées  dans  la  vilto  en  de- 
mandant du  pain  «  et  la  fin  de  leur 
misère.  De  Targent,  distribué  è  propos 
par  le  commandant  de  la  place  «  et  ca 
sagesse,  dissipèrent  cet  attroupenieiàl , 
mais  ne  purent  tranquilliser  sur  un 
peuple  nombreux,  soiÙErani»  et  agité 
par  des  meneurs  adroits. 

M^aSiiS^  t7t  »,  sa  et  30  Florétf . 

'  Le  jnr,è  deux  heures  do  matin,  tes 
galères  et  chaloupes  napolitaines  bom- 
^Mrdeut  Gèties,  et  prindpatetnènt  le 
Ifuartler  éa  la  lUttrftié.  Le  peuple  fê^ 
•pwranle  et  fait  de  toutaSfrtrti.  Au 


milieu  de  la  nuit,  la  ville  est  pletae  de 
monde,  des  rumeurs  sa  font  entendra, 
des  iîisées  partent  de  Tim  des  endroit» 
où  soiit  les  prisonniers.  La  générrie 
bat,  mais  ne  rassemble  presque  per- 
sonne de  la  garde  nstionale  qui ,  da^ 
puis  le  29,  ne  prenait  presque  plus  de 
part  aui  mesures  de  poKce.  Le  itts 
des  patriotes  était  refroidi.  Les  menac- 
ées dont  Assereto  remplissait  loutas 
ses  proetarmatious  les  intimidait  à  pré- 
portion  que  notre  position  dofrâatt 
plus  critique. 

Au  milieu  de  tout  le  désordre  ds 
cette  nuit,  le  général  en  diet  parooa» 
rut  toute  la  ville. 

Le  jour  mit  fin  aubomlHirdemeotfi). 

Le  S8,  l'ennemi  Cait  une  forte  ra- 
connaissance  sur  le  Monte-Faccie  ;  il 
est  repoussé  après  un  combat  d'una 
denû^heure. 

Pr«riàre4éGad«4s  SiaivisL 

Rien  ne  peut  peindre  la  cmelle  pra- 
portion  dans  laqueMe  chacun  des  jours 
du  mois  de  prairial  a  multiplié  les 
maux  que  Gènea  a  aoufiipartf  par  les  ef- 
fets de  ce  cruel  blocuSf  U  faudrait, 
pour  présenter  è  cet  égard  wi  tableao 
fidèle  et  complet,  aoaty^,  pour  ainsi 
dire,  les  tourmens  que  l'on  y  a  éprou- 
vés, et  calculer  le  nomhc^  4oa  malhea- 
reux  qui,  pendaot  ces  jours  de  dou- 
leurs, ont  été  inuaolés  à  la  nécessité, 
cette  divinité  terrible,  devant  la^ieUe 
tout  plie ,  et  qu'avec  tant  de  raisoa 
les  anciens  di^ieut  être  de  fer,  Mail, 
sans  chercher  À  présenter  tous  les  de- 
tails  de  cette  aiGreusc  .sîMiatioii,  «uis 


(1)  Im  raaiMSSMrtail  ssnUaa^at 
malgré  le  jour,  à  rester  en  groupes.  Prés  (Toa 
de  ees  groupes  des  cris  se  firent  entendre  si 
XDomant  da  pscHse  du  a^rsl  Uaiséot:  S 
s*arcé(|.  p^  |«  i^lUaux^at  «an  r^gird  at  umi 
fuir. 


OT  MÉM  »  W  BIMVS  DR  OtMI. 


npfÊXm  tMfè»  RM  dreonstmcH  4e 
cm  démtnês ,  mdb  déerire  la  ftim  dé- 
vorante remplissant  jour  et  nuit  les 
airs^es  cris  du  désespelr ,  les  mes  de 
Merls  et  de  menrans  (i),  «ans  parler  de 
eea  Woliai^  qnt,  flMrte  de  pain ,  ont 
terminé,  dans  des  réduits  hiden,  leur 
an^eose  existence;  sans  chepcheF  des 
contrastes  dans  la  rage  des  nns,  dans 
la  asome  et  profond  abattement  des 
antres  ;  sans  scruter  toutes  les  horreors 
do  eette  misère;  sans  tracer  le  tableau 
éetont  on  peuple  pèle,  défiguré  et  li* 
▼Me  se  disputant  les  choraux  qui, 
morts  de  maladie,  éioîent  traosportéa 
èJoToirio,  s'arrachent  les  chteni,  les 
ehate  et  les  antres  animaui  domesti<* 
^uos,  et  mangeant  jusqu'à  des  souris, 
éei  rats  et  de  rherbe,  la  pâture  des 
feesHant  qui  amant  été  dévorto;  sans 
nous  étendre  davantage  sur  ces  lugu* 
Mot  aouveoirs,  nous  laisseious  à  cha- 
oUAde  nos  iodeurs  i  se  flgurer  quelles 
hoareum  la  fasuioe  doit  avoir  produites 
dans  une  enceinte  de  cent  soisanto 
mille  âmes,  oà  do  tout  temps  il  y  a 
Ou  fceaueoup  do  pauvres»  et  où ,  au 
eoHMseaeeaMut  du  blocus,  le  peuple 
uoreoevuit  défè  plus  par  jour  qu'une 
de  pain  ppr  personne, 
Aa  90  iloréak  le  général  Masséna, 
unodn  omtéaaiutions  qui  sont  f4* 


ill  Va  pstisal  M  (leMa  diNiloa9>M9S  4paiasb 
iBçllSiSaCoKVCtMitfiMr^  |Nir  le  spavemo.- 
■ni»!  de  tel  relatiopf  ordiniiret  avec  |e  gétkérat 
en  chef,  à  tfn  daas  an  rifipoft  qtnr  fit  à  ce  tu- 
fgl!  «  Det  weHweriut  réptmémà  <mi  lei reet, 

•  baol  à  chaque  pas  de  pure  débUlaoftt  «les 
%  fiafana  déUUi^f  et  ceurant  dans  la  villa  tn 

•  jelaat  des  cris  algni  ;  des  pbysioDomles  pâles 
»  et  défigurées  où  se  pflgnaleot  i-la>*fils  le 
é'dSseipeir  au  prtoat  ei^s  ânfaiiies  éa  fave? 
»lirgdei  nena  ei  aea  aieavaai  que  ia  pallea 
1  liliaii  bkniftl  ealeier  s«m  tes  feniiaUUi  a^ 
»  eoelnmées  :  voilà  eoe  faible  esquisie  du  iMr 

•  bleaa    déchirant   qu'offrait   aui   yeuT  dé 


tes  pour  étonner  tous  eeuz  qui  sont  à 
même  de  les  apprécier,  oao  (  dans  ce 
moment  où  celte  immense  population 
détenait  cependant  si  redoutnble)  don^ 
mr  Tordre  de  retrancher  an  peuple  le 
pain  que  de  temps  immémorial  le 
gourernement  lui  faisait  distribuer,  oi 
qui  lui  étttt  alors  plus  nécessaire  quo 
jamais. 

Le  but  de  cette  mesure  audacieuin 
était  de  tout  réserver  à  l*armée  ;  mais, 
pour  prérenir  les  asalhcurs  qu'elle 
pouvait  occasionner,  le  générai  en  chef 
fit  multiplier  les  soupes  d*berbes  quo 
Ton  vendait  à  bas  prix  au  peuple,  do 
mémo  que  pour  le  mettre  à  même  dO 
payer  ces  soupes ,  il  fit  soldw,  par  la 
classe  riche  ou  aisée,  tonte  la  classe  in* 
dîgenle.  Ainsi  diaque  père  ou  mère 
pauvre  reçut  seiae  sous  par  jour ,  et 
chaque  enfant,  ou  autre  individu  pau^ 
vre  MUS  enfant,  dix  sous. 

Les  curés  donDèren|  les  listes  do 
leurs  paroissiens^ 

Le  réie  de  Fimposition  peraonnello 
servit  de  base  pour  Tassiette  de  ce 
nouvel  hnpét;  et,  de  eette  manière, 
ces  secours  furent  régohmaés. 

Cette  mesure,  en  formant  deus 
nouveaux  partis  dans  la  ville,  produis 
sitoneoio  io  Mon  do  faire  cesser  dea 
Dmrmuiea  qui  doronaiant  alamanit 

il  ODdsieiite.  »  El  l*«a  pourrait  ajgn|«r  aies 
rautmir  de  ri?ii<i<  mut  Cétat  d$  Ginu  :  Cette 
ville  célèbre ,  qui  couvrait  la  nrr  de  ses  valF- 
seadx,  qui  atait  pris  et  déirrré  des  rois,  doal 
la  iiaissueoa  a? aH  potié  la  soerre  atoc  des  suc* 
césinaliPi  4fm  dlwnes  oartiaa  du  monde  qi 
itoot  plailem  £^eu  dltiOle  ovaieoi  rcçq  la 
loi. 

Mais  un  hit  que  rblstolre  recneHlera  avee 
éléasement,  c^l  qo*ao  iDiHea  d*oa  état  de 
choses  4  fiBlul,  U  flVf  eut  presque  point  d'il»* 
subordination  dans  Tannée,  ni  de  mouvemeal 
dans  le  peuple ,  point  de  yoIs,  point  de  désor* 
dast,  eiliasdanakaMaa«lora  du  bombaiile« 
■Mlbelqii%  aiB  bsuias  du  aoir  toM  ka  oèr 
al  I  leyuoa  éuleet  habltneUeDMol  roUids 


80B 


jovnuÊL  w^  onktATioNs  uutunii 


eonn  Ton  parvint  par  elle  à  sobstanter 
Tarroée  jusqu'au  l"  prairial. 

Alors  les  embarras  les  plus  cruels  se 
Grent  sentir.  Il  n'existait  plus  de  quoi 
faire  pour  deux  jours  le  pain  déjà  si 
mauvais  que  Ton  distribuait  aux  trou- 


A  peu  près  dans  ce  temps,  l'ordw^ 
nateur  Aubernon  fit  faire  un  easal  qû 
prouve  encore  combien  le  désir  de  se 
créer  des  ressources  était  en  propor» 
tion  de  leur  manque  total.  Cet  essai. 
consista  à  faire  sécher  dans  les  foun 


pes.  Dans  celte  extrémité,  le  général    de  la  ville  les  épis  encore  verts  des 


en  chef,  qui  pensait  si  justement  que 
gagner  du  temps  était  tout  gagner , 
mit  tout  en  œuvre  pour  prolonger  Ta- 
gonie. 

A  cet  effet,  il  fit  ramasser  tout  ce  qui 
existait  en  amandes,  en  graine  de  lin , 
en  amidon,  en  son,  en  9j^oïne  sauvage 
et  en  cacao;  et,  amalgamant  le  tout, 
il  en  fit  faire  une  composition  que  Ton 
donna  au  lieu  de  pain.  11  est  impos- 
sible de  rien  imaginer  de  plus  dégoû- 
tant que  cette  nourriture,  que  la  difli-' 
culte  de  sa  manutention  achevait  de 
rendre  exécrable,  qui  n'était  qu'un 
mastic  pesant,  noir ,  amer,  et  tell^* 
ment  imbibé  par  l'huile  du  cacao  et 
du  lin,  qu*il  n'avait  aucune  consistance 
et  n'était  susceptible  d'aucune  cins- 
son  (1). 

Le  besoin  de  diminuer  les  maladiea 
que  cette  nourriture  multipliait  déter- 
mina à  distribuer  en  même  temps  aux 
troupes  du  fromage,  le  peu  de  légu-* 
mes  verts  que  l'on  pouvait  se  procurer, 
et  quelques  salaisons,  de  même  que 
l'on  distribua  aux  officiers  des  rations 
de  chocolat.  Dans  les  hôpitaux,  où  les 
besoins  étaient  doublement  cruels  et 
pu  Ton  manquait  de  tout,  on  recevait 
à  peine  un  peu  de  pain  de  son  et  quel- 
ques mauvaisesoonBtures  que  l'on  au- 
rait encore  été  bientôt  obligé  de  sup- 
primer (à  cause  du  mal  qu'elles  Grent], 
quand  même  ce  qu'on  put  en  trouver 
n'aurait  pas  été  de  suite  épuisé. 


»  (1)  Od  ne  peot  doDoar  aae  fdés  de  Mtlt 
oompotiliOB  qtfen  li  eonnjpanwl  a  ds  Is  loorè» 


champs  de  blé  qui  se  trouvent  entra 
les  deux  enceintes  de  la  ville,  pour  voir 
si  Ton  pourrait  en  retirer  quelque 
chose  qui  ressemblât  à  de  la  farine. 
Mais  les  grains  étant  encore  trop  jeu- 
nes, leurs  épis  ne  renfermaient  qu'une 
substance  laiteuse,  et  presque  tousAh 
seront  Le  petit  nombre  de  ceux  tfà 
étaient  plus  formés  donna  en  séchant 
une  espèce  de  semoule,  encore  en  à 
petite  quantité.,  que  dans  huit  jours 
tous  les  fours  de  la  ville  auraient  à 
peine  suffi  pour  distribuer  anx  IroBpes 
de  quoi  faire  une  soupe. 

L'espérance  que  cette  idée  avait  faH 
concevoir  s'évanouit  donc  par  eetls 
expérience  et  fut  mise  au  nombre  daf 
beaux  rêves. 

C'est  ainsi  que ,  par  des  efforts  wam 
naturels,  le  dévouement  le  plus  rare  il 
le  plus  constant ,  fit  d'une  part  mntli» 
plier  les  ressources,  et  de  Tautre  soih 
tint  le  courage  avec  lequel  les  troupsi 
supportèrent  leurs  privations,  leurrfa- 
tigées  et  leur  misère,  et  surtout  fit  tm 
cevoir,  sans  de  trop  vives  plaintes, 
cette  e^tpèce  de  pain  auquel  cependant 
si  peu  d*estomacs  pouvaient  rèiister.  ' 

Les  chiens  rendaii^nt  ce  pain  aprtîj 
ravoir  avalé  :  chez  les  honunes*  il  ajov:* 
tait  la  fièvre  à  cette  marque  d*indi-> 
gestion. 

A  onze  heures  du  matin,  Taide-de* 
camp  du  général  Gazan  arrive  chex  la 
général  en  chef  et  le  prévient  que  fw 
entend  le  canon  du  côté  de  la  Bochel* 
ta,  et  la  fusillade  du  côté  de  Oampo- 


•  \ 


M  niM  BT  00  BIOCUS  »B  OÉKBi* 


Wii.  Les  on»  se  félîoitent,  les  autres 

s'embrassent;  les  figures  de  nos  enne- 
asis  secrets  s'aUengent  aux  cris  de  joie 
des  patriotes.  Un  mouvement  nouveau 
inime  tout  Gènes.  De  rétonnement 
on  passe  a  Tenlhousiasme  qui  bientôt 
se  change  en  délire.  Déjà  les  troupes 
avaient  pris  les  armes,  et  le  général  en 
chef  était  sur  les  hauteurs  en  avant  de 

.  la  Tenaille,  pour  voir  si  Tcnnemi  fai-* 
sait  quelque  mouvement;  mais  les 
trois  camps  qu*ii  avait  sur  la  rive  droite 
de  la  Polcevera  étaient  dans  leur  état 
naturel.  Partout  il  nous  montrait  ses 
forces  ordinaires  ;  un  orage  lointain 
parut  expliquer  le  "bruit  i^ntendu ,  et, 
après  avoir  presque  acquis  cette  dou- 
loureuse certitude  «  tout  le  monde  re* 
prit  ses  positions  ordinaires. 

Ainsi  se  passa ,  pour  Gânes  et  Far* 
mée»  œtte  journée  si  douce  d'abord, 
et  ensuite  si  cruelle ,  à  cause  du  dé- 
courageuient  qui  succéda  chez  tout  le 
flspndeàuoe  espérance  trompeuse^à 
laquelle  il  en  coûtait  d'autant  plus  de 
renoncer,  qu'elle  devenait  à  tout  ins- 
tant plus  nécessaire ,  et  qu'on  s'y  était 
plus  entièrement  livré. 

I^  général  en  chef  reçut  dans  cette 
journée  une  demande  d'entrevue  de  la 
part  desgéoéraui  Keith,  Otto  et  Saint- 

.  Jidion.  Il  leur  envoya  l'adjudant-géné- 
rai  Andrieux  pour  connaître  les  motifs 
de  cette  demande  :  elle  avait  pour  but 
la  remise  d'une  lettre  que  M.  de  Mêlas 
écrivait  au  général  Masséna,  pour  lui 

•  renouveler  les  offres  de  la  capitulation 

.  ia  plus  honorable. 

(1)  On  croyait  g<5néra1einent  à  Géoes  que  le 
'  prcniicr  congol,  proflianl  de  renUtvmom  da 
général  Mêlai  à  couvrir  le  blooaf,  lèekerallda 
aurprendre  MaÉUMM»  ra  Jalcrait  da  là  dans  le 
Tyrol»  (arallyco  caniii\uani  aofijnouvciBea(,«a 
Joociioo  ovec  le  général  Sloreau,  el.  à  la  iéle 
des  deai  annéei.  Irait  à  Tienne  dicter  les  con* 
diilons  de  la  paii.  Mais  tt  portait  des  eeopf 
plas  lûitai  ^taf  rs|»MM, 


Le  citoyen  Andrieux  M  se  emt 
point  autorisé  à  s'en  charger  du  mo»^ 
ment  où  il  en  connut  la  contenu,  et  ae 
borna  à  en  rendre  compte  au  général 
en  chef  pour  lequel  elle  fut  portée 
.  dans  la  journée  aux  avantrposies  fraor* 
çais. 

Accoutumé  à  ne  traiter  avec  les  en- 
nemis de  son  pays  que  les  armes  à  la 
main,  le  premier  mouvement  du  géné- 
ral en  chef  fut  de  rejeter  toute  ouver- 
ture semblable;  mais  nous  étionsarrivés 
au  terme  ou  Bonaparte  savait  que  nous 
devions  tomber.  Le  moment  où  il  noas 
avait  semblé  pouvoir  nous  débloquer 
était  passé.  Ayant  toujours  su  se  mé- 
nager les  moyens  de  faire  ce  qu'il  a 
projeté  ou  résolu,  il  semblait  à  qud- 
ques  militaires  que  Gènes  n'était  pis 
nécessaire  à  l'exécution  de  ses  projets, 
puisqu'il  ne  débloquait  pas  cette  pla- 
ce (i);  et  que ,  pendant  que  le  généfai 
Mêlas  morcelait  son  armée  pour  la 
couvrir,  Bonaparte  marchait  à  l'exécu- 
tion d'autres  desseins.  L«  diversion 
que  la  défense  de  Gènes  avait  faitlute 
à  l'ennemi,  et  qui  avaiUacilitéii  l'année 
de  réserve  le  débouché  des  Alpes,  et 
son  entrée  dans  le  Piémont  et  la  L09- 
bardie,  pouvait  être  tout  ce  que  Bona- 
parte avait  attendu  de  nous.  L  plan 
de  campagne  prouvait  d'ailleurs  que  le 
but  du  gouvernement  n'avait  jamais 
été  de  sacrifler  l'armée  d'Italie  à  Gè- 
nes; mais  seulement  de  l'employer  i 
tenir  cette  place  autant  que  possibldi; 
et,  après  cela,  d'occuper  l'ennemi  éêm 
le  Bas-Piémont  (S)  afln  da  l'y  envek^ 

[%  11  est  rare  de  voir  an  général  réaliur  kl 
espérances  de  son  ennemi  aassi  cooiplètemetl 
qae  Te  fit  M.  de  liélas,  es  portant  «ne  partk 
de  aon  armée  rar  la  Tar.  En  attaqaaat  la  mÊ^i 
de  la  Fmaco»  il  crut  être  pivs  haorcux  qaaaa 
J*avatent  éié  le  prince  Eugène  et  la  géiiéml 
Brawn,  et  il  se  trompa.  Son  plan  et  la  maniera 
dont  U  fat  exécnié  valafeat  en  alM  enoaie 

snomi  ^^s  lai  wars» 


"MO 


MTAÎAL  HES  6PÉilATIO]9«  MMàMM 


fèr  ensuite.  D'un  antre  côté,  Il  n'exis- 
tilt  plus  i>ar  homme  une  rntion  com- 
plète de  cette  composition ,  qu'à  la 
plftce  de  pain  on  donnait  aux  troupes, 
#1  qui ,  distribuée  par  Taibles  portions, 
«•  poii?ail  mener  que  jusqu'au  i(^. 
Presque  tous  les  chevaux  étaient  man- 
féaiil  était,  an  surplus,  teniips  de  faire 
^velqne  chose  pour  des  troupes  qui , 
éi  teur  cAté,  avaient  tout  fait ,  et  que 
k  patrie  était  si  intéressée  à  conser- 
'^nr.  n  était  encore  également  impof- 
'liBt  de  sauver  tout  un  étaVmajor  gé- 
néral et  près  de  six  mille  malades  ou 
Meaaés  ;  enfin ,  c'eût  été  faiblesse  que 
de  ne  pas  savoir  supporter  un  revers, 
^dontaH  surplus,  et  indépendamment 
de  toute  antre  considération ,  rien  ne 
'fouvait  plus  garantir,  et  que  tons  les 
rttorts  possibles  avaient  vainement 
^encouru  à  prévenir,  à  éviter,  ou  du 
«Mrina  à  retarder. 

^*    Ces  motifs,  qui  tous  démontraient 

révidente  nécessité  de  se  conserver  t*a- 

fttntagè  qu*oOrait  la  démarche  de  l'en- 

'Mmî^  déterminèrent   le  général  en 

ehef  k  répondre  :  «  fuê  quoique  cette 

1  autêriure  fût  prématurée^  U  te  réser" 

%  vott  cependant  ée  traiter  de  $tHi  objet 

JÊ  lorsqu'il  /an  eeraii  emfj^mment  00- 

*' »  (Supé,  9 

UPraiiiaK 

Avant  une  heure  du  mat'm,  le  bom- 
>ardtaient  de  Gènes  était  déjà  recom- 
mencé} mais  U  fut  moins  long  et 
«>PM>ioa  vif  qu'à  r«nlinaire.  Le  général 
çn  chef  ^  qui,  aux  premiers  coups,  se 
|)jflapdait  toq|ours,  k  la  batterie  de  la 
^Cave«  (st  de  là  à  celle  de  la  Lanterne , 
peur  observer  par  hii-môme  tout  ee 
'  qui  se  passait ,  tant  au-dedans  qu'au 
dehors  de  la  place,  se  porta  ce  jour-là, 
lils-CieUi^ . dernière  pla(:e  au  fort  de  V$- 
peron,  pour  juger  do  bvuît  dij^oanan 


que  l'on  croyait  7  entendre  ;  mais  (Ci- 
tait encore  Tillusion  du  désir,  qui  série 
renouvelait  cette  errenr  si  douce.  Aprti 
s'être  assuré  par  lui*même  de  cette  vé- 
rité, et  après  avoir  appris,  par  les  rap- 
ports de  plusieurs  généraux ,  enTOjfi 
à  cet  effet  de  tous  cètés ,  que  Temieni 
tenait  toutes  ses  positions  ordinaires , 
et  n'avait  finit  pendant  la  nuit  anem 
mouvement,  il  rentra  vers  sept  heuro 
chez  lui. 

Instruit  de  ces  drlTéreiis  faits,  le  gé- 
néral en  chef  rassemble  cbex  loi ,  ven 
midi,  les  chefs  des  eorpsqai  compa- 
senl  l'armée.  H  se  fait  rendre  compte 
par  eux  de  Tétat  de  leurs  demi-briga- 
des, n  concerte  avec  enx  les  moycas 
d*y  ramener  l'ordre  et  d'y  resserrerki 
liens  de  la  discipline,  que  Texcès  dei 
souffrances  y  relAchait  sans  eease.  D 
fait  des  promotions;  il  charge  les  cM 
de  l'avancement  de  leurs  sotis-ofl- 
ciers ,  et  les  autorise  même  à  eiMr 
ceux  qui ,  dans  cette  cireonstance  dl- 
flcile,  ne  justifieraient  pas  leurs  pra- 
motions  antérieures;  enfin,  Il  lem* de- 
mande sur  quoi  il  pourrait  eompler, 
s'il  se  déterminait  à  tenterune  trouéeT 

A  l'unanimité,  tous  lui  dédarèreat 
qu'il  ne  pouvait  espérer  être  suivi  qae 
par  des  officiers ,  les  soldats  n'étant 
plus  en  état  de  soutenir  un  combat,  ai 
même  une  simple  marche. 

iSPrstrM. 

Jamais  besoin  de  nouvelles  ne  fat 
plus  grand  ;  jamais  silence  ne  IM  plai 
complet  ni  plus  accablant 

Quelques  hruita  vagues  se  répandent 
que  six  espions  de  Bonaparte  ont  déiji 
été  arrêtés  autour  de  Gênes,  et  fusillés 
par  l'ennemi,  et  que  la  crue  des  eaox 
du  Pd  rç^rde  I9  marche  et  les  opéra- 
tions de  4'#r(]9é(l  dpieçauri.  fiiUle». 
était  cependant  raiieinM^o  à  Y 


M  nàUL  M  BD  mtoam  »b  oâmsi 


f?tA  tout  ce  qoi  parvint  joaqa'i  doim  , 
encore  avec  tous  les  caractèrei  de  l'ie- 
certilude. 

Ce  qui  malheitreasemeot  était  trop 
4vkleBt,  c'était  l'accroiasemeDt  ém 
naax  de  toute  espèce ,  le  progrès  des 
maladies,  le  nombre  effrayant  des 
nerts  dont  la  famine  semait  les  mes , 
le  laUeau  de  ^  misère  la  plus  affrejise  ; 
enfin  celui  du.  découragement ,  de  la 
tristesse,  du  méeontenteoKnt  et  du 
fléaespoir,  qui  se  manifestaient  égale- 
ment sur  les  visages  décolorés  des  ha- 
hitans  et  des  militaires. 
r    Mais  enfin,  comme  nous  touchions 
«W  manque  total  de  subsistances  de 
-tMA  genre ,  et  que  nous  avions  perdu 
tint  espoir  d'éire  secourus  à  temps , 
rw^odant-général  Andrieux,  sous  le 
fféteite  d'une  entrevue  relative  aux 
prisonniers,  fut  chargé  d'aller  recevoir 
A  Rivarolo  les  propositions  de  l'enne- 
:»,  et;  d'entrer  en  négociation. 
.    Le  premier  mot  de  l'ennemi  fut  que 
Jf  capitulation  qu'U  offrait  était,  que 
l'armée  retournât  en  France,  mais 
^e  la  général  restât  prisonnier  de 
guerre. 

«  Vous  valez  ieul  viH§t  mille  âom- 
»  mes,  »  écrivait  M.  Keith  au  général 

.  Mais  ce  dernier,  déterminé  à  mou- 
rir plutAt  lea  armes  à  la  aiain,  qu'à 
consentir  â  rien  qui  ne  fût  digne  de 
lui,  tranchant  sur  toutes  les  petites 
JWBcuités  en  eUcanes,  répondit  à  cette 
première  proposition,  en  dédaraat 
qu'aucune  négociation  ne  serait  jamais 
ouverte,  H  le  moi  éê  ccptlu/olton  détail 
%iltêemflo\ié. 


précieux  que  fussent  les  momens  4^. 
cette  journée,  déjà  ^i  critique  ^  elle  #e 
passa  en  négociations  orageusea.  La 
ténacité  des  négociateurs  ennemis  eiÉ* 
pécha  d'arriver  au  bot  voulu  par  le 
général  Masséna ,  qui  tenait  à  la  eon- 
servation  de  la  totalité  des  armes  et 
des  bagages  de  son  armée,  et  è  ea 
qu'elle  eût  tous  les  moyens  d'évacua 
tion   qui  pouvaient  lui  être 


satfes. 


14  Prairial. 


^  Cette  réponse  fut  porfée  par  le  ci* 
toyen  Andrieux  aux  pléajpotftntlijias 
dm  généraux  ennemis,  et  quelque 


Le  li  au  matin,  les  négedatioae  re- 
prirent cependant  ;  mais ,  vers  quatre 
heures  du  soir,  Tadjudant^énéral  An- 
drieux fit  prévenir  le  général  en  chef 
que  les  dlfflcultds  ne  s'aplanissaient 
pas,  et  que  les  ennemis  refusaient  d'ac- 
corder que  rarméoi,  évacuant  Gèaee, 
emportât  avec  elle  pins  de  trois  miUe 
fusils  et  six  pièces  de  canon. 

U  bJiait  eepeodaat  se  bâter  de  pren- 
dre un  parti  ;  car  il  n'y  avait  plus  au- 
cune distribution  à  Caire  le  16  à  midi, 
et  c'est  dans  cet  état  de  détresse  que 
le  U,  vers  six  heures  du  soir,  le  gé- 
néral Masséna  donna  au  citoyen  Uorin 
les  pouvoirs  extraordinaires  d'après 
lesquels  il  se  réunit  de  suite  aux  con- 
férences ,  et  pour  instructions  ce  qui 
suit  :  V9irm4ê4m§m$rm  Génee^  a«#e  ar- 
mu  et  ba§€§eê ,  eu  bien  elle  se  ferajmfr 
dtmoM  pac  la  fane  dee  btaon$uUu,     . 

Pendant  toute  cette  journée,  la  viHe 
resta  calme.  La  publicité  des  négocia* 
tiens  contribua  â  cette  traoquiUité  : 
car  les  souffrances  étaient  horribles  (1). 

(1)  Cet  éltt  de  dooteon  produisit  même  ud 
effet  n^al  ^  niérfte  d'être  comêcré  :  cet  efftt 
est  que  le  protongemcnt  de  min  insapporli- 
blet  «Ttlt  SbI  par  fpeler  tout  le  monde;  on  ae 
teneU  plos  lei  aai  i«i  aatres  que  p«r  fapprS- 
hensloii  de  revenir,  et  le  beiotn  de  coneourir 
aivtuellement  à  la  défeBM  eomnrane.  Il  n'y 
Était  féeUement  plft  d^^rei  Uéni  qie  ee«i  # 


•M  JOOft  N^4  L  DBS  OrteATlMt  «lUT AlftES 

Tout  l69  traits  étaient  décomposés,    Iq  ht'me  d^  Génois  contm  le (;oimr- 
-^Btes  les  figures  portaient  ^empreinte 


d'oee  profonde  douleur  ou  d'un  som- 
bre désespoir;  les  rues  retentissaient 
des  cris  les  plus  déchirans;  de  tous 
côtés  la  mort  nmUiplialt  ses  victimes , 
et  l'épidémie  dévastatrice  et  la  foim 
dévorante,  mettant  le  comble  à  tant 
d'horreurs,  exerçaient  à  l'envi  des  ra- 
vages effrayans  ;  tout  enfin ,  dans  ces 
affreux  momens ,  semblait  tomber  en 
dissolution,  et  le  peuple  et  l'armée  (1). 
Relativement  à  Gênes ,  on  ne  peut 
s'empêcher  de  l'observer  ici,  la  con- 
duite de  cette  malheureuse  ville  laisse 
un  grand  exemple  de  résignation  (2)  ! 
Qui  pourra  jamais  croire,  en  eflM,  que 
cent  soixante  mille  âmes,  si  long-temps 
en  proie  k  toutt'S  les  horreurs  de  la 
famine ,  vovant  mourir  de  besoin  un 
nombre  prodigieux  de  vieillards  et 
d'enfans,  réduits  i  vivre  d*herbes ,  de 
ntioes  et  d*antmaiix  immondes  ou 
VBorts  de  maladie ,  et  malgré  le  dépé- 
rissemeitt  évident  de  leur  santé,  se 
aoieiit  déterminés  à  prolonger  tant  de 
ealamités ,  plutôt  que  de  tenter  une 
"révolte  contre  une  troupe  faible  par 
son  nombre,  mais  bien  plus  faible  par 
son  état  physique,  et  pendant  que  de 
tons  côtés  on  excitait  ce  même  peuple 
i  profiter  de  l'anéantissement  de  l'ar- 
mée, po0r  terminer,  disait-on,  lés  souf- 
frances de  tous  (à);  effet,  à  jamais  re- 
marquable, de  ce  que  peuvent  sur  un 
peuple  les  inimitiés  nationales,  et  de 
ee  qiio  produisit,  dans  cette  occasion , 


.^  (I)  Pendiol  ce  Uoc«f ,  le  jour  naissani  a 
ionvant  éclairé  dia»  Géoei  d*borrU>lef  ta- 
lileanx....  A  différeatat  iapris«i»  Il  eat  arrivé,  à 
cea  beurea,  .da  tranvar  daaa  les  rues  dca  ca4a- 
vrea  e alaaaéi^  dei  mérat  aiortei  de  têkn,  ayaat 

.au  sein  def^cnfaiu  mortacomneaHeal  elc. 

.    (9)  Si  ]ai^  Fran^ia  fircol.  en  i74a,  eaaae 

/(OfnmDi^  avec  l^  CîéaoU^  oonua  iea  troupea 
fif  r  Aalriehe  et  du  Pfémoii)    il  flift  mm^ 


nement  autrichien. 

Mais  il  y  a  plus  à  cet  égard  :  c'est 
que  le  peuple ,  sans  argent  faute  de 
travail ,  sans  alimens  à  cause  du  prix 
excessif  du  peu  de  denrées  que  l'on 
voyait,  réduit  h  la  misère  la  pins  hi- 
deuse, et  livré  a  toutes  les  ealamités. 
n'a  jamais  enlevé  un  pain,  ni  dans  les 
boutiques,  ni  dans  les  rues  de  Gênes, 
et  que  phis  de  quinze  mille  Ames  ont 
ainsi  expiré  de  besoin  à  côté  du  pain 
qui  aurait  (momentanément  do  moim) 
pu  les  arracher  au  tombeau. 

Cependant  l'heure  de  la  délivrance 
avait  sonné;  mais  ee  ne  fut  qu'apMs  . 
une  discussion  dé  neuf  heures,  et  dans 
laquelle  les  négodateurs  français  vei- 
lèreut,  par  une  contenance  froide  et 
assurée,  et  par  une  énergie  teojoQts 
soutenue,  te  senthnent  profond  et 
douloureux  que  Kélat  dans  lequel  ils 
savaient  Tarmée  et  la  ville,  ne  pouvait 
manquer  de  faire  natire  en  eux,  qu'ils 
]iarvinrent  à  annuler  les  efforts  qu'une 
politique  savante  leur  opposa  de  h 
part  des  négociateurs  ennemis,  et 
qu'ils  remplirent  les  intentioDS  du  gé- 
néral en  chef. 

Cette  conférence  ise  termina  le  15,  i 
trois  heures  du  matin ,  et  Tadjudant- 
général  AnArieux,  ainsi  qUe  le  dtoyen 
Morin,  portèrent  de  suite  au  général 
en  chef,  qui  les  attendait  avec  nôipa- 
tience  inséparable  de  sH  position ,  des 
conventions  qui  hoiiOraîettt  el  Parméa 
et  son  chef. 


qae  les  habiûins  de  la  ville  de  Géaes  acquitté* 
refit,  dan«  cette  ocGsaloa,  la  dette  contractée 
par  pui  80U9  M.  de  Boufllere. 

(3)  Des  Françaii  «aêaae  toenl  asaei  aeélérali 
pour  parlagtr  ce  rôle  inràme,  pour  provofpier 
le  massacre  ne  Tarmcc,  et  peindre,  sons  Ictoat- 
leurs  les  plus  noires .  la  conduite  héroïque  du 
génial  en  elief. 


Dtns  1a  cottffirence  dont  bous  venons 
de  parler.  Ton  étsit  ceHyenu  que  de 
part  eê  d'autre  les  cheb  des  armées  se 
rénaîniîent  le  malin  pour  la  clôture 
des  négociations,  la  signature  défini- 
tive des  articles  et  TéchaDge  des  trai- 

t4^. 
Celte  disposition  Tut  maintenue,  et 

à  iMMif  heures  du  malin ,  Teatcevue  eiU 
làuidans  la  petite  chapelle  qui  est  eu 
nailieu  du  pont  de  Cornegliano^  et  qui, 
pac  k  position  respective  d^s  armées, 
se  trouvait  entre  les  postes  français  et 
iHitrichiens. 

C'est  là  (pie  se  rendirent  le  général, 
Masséna,  commandant  en  chef  Tarmée 
fiîan$aise  eu  KaUe,  accompagné  de 
l'adjudaiit-général  Reilie  et  de  Tadju*- 
daot-général  Andrieuj^^  du  citoyen 
Morîn  et  du  chef  dleacadron  Coiir- 
tant,  commandant  les  gardes;  n^lord 
Keith,  oonumandant  dans  la  iMéditer- 
ran^e  les  fprces  iiavales  combinées,  le 
général  Otto ,  commandant  le  blocus 
deGènes»  et  le  général  3aint^ Julien, 
dmgé  de  la  partie  polKlque,  chacun 
d'eux  suivi  de  deux  ou  trois  personnes 
seulement. 

Pendant  toute  cette  entrevue,  qui 
allait  décider  du  sort  de  tant  de  bra- 
ves, le  général  Jklasséaa  conserva  une 
frat^heur  d'idées  si  parfaite ,  et  une 
galté  si  biei^  soutenue,  qu'il  fut  tou- 
jours égaleçient  léoond  et  heureux  en 
saillies. 

Jamais  négodateur  ne  couvrit  plus 
d'adresse  par  des  formes  plus  franches 
et  plus  naturelles. 

Celte  aisance  parfaite,  et  qui  con- 
trastait -d'um  manière  si  particulière 
avec  la  gravHé  des  autres  contractons, 
eut  pour  Karrnée  Tavanlage  de  persua- 
der à  Tennemi  que  notre  position  dan# 


Gènes  n^était  pas  mA  Mmt^^,. 
qu'elle  l'était  réeUament  ;  et  pour  la  . 
général  Masséna,  celui  de  lui  faire  ob*.. 
tenir  tout  ce  qu'il  demanda,  en  même, 
temps  qu'elle  lui  flt  jouer  etsouteujr 
seul  le  premier  r^  avec  des  hommes 
qui ,  par  les  circonstances,  semblaient,*, 
momentanément  du  moins,  appelés  4 , 
le  partager. 

Un  des  moyens  par  lesquels  il.  par-* 
vint  au  but  qu'il  s'était  proposé ,  fut 
d'alimenter  la  mésintelligence  qu'il  9dr , 
vait  exiater  (quant  aux  individus),  en- 
tre les  Anglais  et  les  Autrichiens  ;  et , 
c'est  ainsi  que  flattant  à  propos  For- 
gueil  des  uns  aux  dépens  de  Fampur- 
pnipre  des  autres,  il  se  fortifia  des  fai- 
blesses de  tous. 

Rdatiyement  à  l'armée,  une  seule, 
clause  donna  lieu  ce  jour-là  à  u^e  vivaç. 
discussion,  et  manqua  d'annuler  en 
un  moment  le  travail  de  plusieurs  joui» 
de  négoeialions. 

Celte  clause  fut  celle  de  faire  partir, 
huit  mille  hommes  de  nos  tix>upes  par 
terre  (L).  Le  général  Otto  voulut  même 
soutenir  le  refus  d'y  adhérer.  Mais 
le  général  Masséna,  reprenant  alors, 
toute  la  fierté  qui  convenait  à  son  rôle, 
à  son  caractère  et  à  son  nom ,  termina 
cette  contestation  en  rompant  toutr-à-> 
coup  une  conférence  qui ,  cependant  • . 
était  sa  dernière  ressource.  Ses  adieux, 
aux  généraux  ennemis  furent  :  Vous  m 
le  voulez  paef  eh  bien,  JUesiieurs^  à  de^ 
main.  Celte  fermeté ,  la  manière  dont 
son  parti  fut  pris,  en  imposèrent.  Il  fat 
rappelé,  et  Tarlicle  pas>a  (2). 

Dans  tonte  cette  conférence,  le  gé- 
néral Masséna  eut  Infiniment  à  se  louer 


(1)  Ccftt'à-dire  le  ooinbrc  eiagéré  de  tout  ce 
qui  n'était  pu  dam  les  hôpitaux. 

(2)  Ou  nous  avait  bien  as>uré  que  le  généri| 
Masséna  était  vir,  dit  alors  un  officier  autri* 
chien  ;  mais  nous  ne  pensions  pas  alors  qu'U  li 
fft^  aatsai  «ne  cela. 


a» 


i* 


watmiâ.  tm  ûÊÉÊÊOMM 


dêrnMNittiMtdde  t'anifral  Keith ,  qui, 
îiAkistaiit  tOQjoani  pour  qa'oivlai  acooi^ 
dât  tout,  répétait  à  chaque  instant: 
Ifbiùieiir  le  génétûl^  totr$  éifkn$e  èêi 
ttiff  hirtÂqwê  ptmr  ^  fan  jnilue  riem 
««il»  refk9$r.  Il  lui  donna  ttêmd  dM 
manfoea  toutes  pèttieairèrea  de  défé- 
rénfe,  d*eatlme  et  de  conaîdéralion  (1). 

Mais  malgré  tout  ce  que  ee  traité 
d*éfacu8tiou  arait  d'honorable,  et  par 
lé  fbnd,  et  par  les  formea  que  les  gè- 
néraùt  ^nnemia  y  mirent,  U  ne  oo»- 
rehaitimint  au  général  en  chef,  et 
contrariait  aea  désira  et  ses  espérances, 
sei  ycBQi  et  ses  deséeins.  Aussi ,  la  pos- 
sibilité de  recerotar  encore  pendant  la 
journée  quelques  noufelles  qui  chaii>* 
geasscnt  su  situation,  le  détermina- 
t«^le  à  ne  signer  que  vers  la  nuit,  et 
après  afoir  ? ingt  fois  répété  aux  Gré- 
DOIS  qui  remplissaient  ses  apparte*- 
Olens  :  Mt^lhmteua^  «ontis  doneaiMors 
votre  patrie  I  Donnez-moi  on  aoimroM^ 
moi  quelqneê  vivres  pour  qnettre  ou  cinq 
jâUre  seulrment ,  ei  je  déchire  le  traité. 

Mais  tout  était  épuisé,  le  courage  des 
îftdiTîdus  et  les  ressources  publiques, 
et  ce  traité  d'éraenation  était  le  seul 
moyen  qui  restât  au  monde,  pour  ne 
pas  perdre  avec  Gènes ,  que  rien  ne 
pouvait  plus  sauver,  les  débris  des 
corps  qui  Tavaient  défendue  d'une  Mh 
mère  sl^  étonnante. 

Enfin ,  à  sept  heures  du  soir,  le  gé^ 
néral  Masséna  signa  le  traité,  tel  qu'il 
âtait  été  arrêté  le  ttatin ,  et  I*on  se 
donna  réciproquement  des  étages. 

(1)  Lt  général  ea  ckief  Toaltll  «amsotr  les 
ciag  corMir^t  français  qni  se  uonvaieoi  à  Gè- 
neii,  et  contre  cette  demanle,  le  vice-amiral 
Keith  alléguait  les  dispftsilions  d*un  blll  que 
fous  n'êtes  pai  Unu  dt  eonnaitre,  djsalt-il  au 
|én<:*ral  iUa.^séna;  mais  que  Je  dois  reepeetert 
étâWeurs,  monsieur  le  général,  ajoula-t-il, 
iMhif  avons ,  vous  le  savez,  un  parlement  et 
hùix  partU  en  Angleterre,  Ca  l'iisotis  éUiéttC 
iTQp  l;<Mines  pour  «Ire  combàltÙM  |iar  dès  têt^ 


Le  16  au  soir,  la  porte  de  la  Lan- 
terne fut  occupés  psur  deux  batailloos 
hongrois. 

Le  ehef  d'escadron  Bortbe ,  alon 
convalescent  des  blesaurea  reçues  la 
30  germinal ,  à  Varraggio,  fut  chai|i 
de  porter  au  premier  eoMul  les 
peaux  pris  par  Tarmée. 

Une  partie  de  la  nuit  do  IS  an  M 
employée  à  délivrer  dos  passeports  # 
tous  les  réftagiés  et  patriolea  italitM. 

Le  16,  avant  le  jour,  le  chef  de  fei*^ 
taillon  Graaiani,  chargé  pur  le  généfri 
Maaséna  de  porter  «n  premier  ceMai 
copie  du  traité  d'évaenatioD,  partit  la 
Gènes  i  cet  effet. 

Le  16,  à  la  pointe  du  jour*  tottt  II 
qpiartier  général  partit  peur  AntilMa, 
sur  cinq  corsaires  nrançais. 

La  division  Gazan  ae  rendit  lenlM 
jour  à  Voltry . 

L'embarquement  des  troupes  du  gé^ 
néral  Miolis  commença  et  continua  kl 
IT,  18, 19,  etc. 

L'évacuaUon  des  hépltanx  Ait  piv 
lente ,  mais  se  flt  de  même  avec  oïdie. 

Le  général  Miolis  et  rétat-major  di 
Tarmée  ne  quittèrent  Gênes  que  le  11. 

Telle  fut  la  fln  de  ce  bloeus  i  j 
mémorable. 

L'histoire  des  guerres  de  lu 
tion  n'offre  pas  en  effet  de  Mie  plas 
glorieuse.  Eh!  qui  ne  toitcpiu^  dsM 
cette  lutte ,  tout  militait  eu  fu? eur  éê 
rennemi ,  auquel  nea  troupes  n'anrainl 
eu  à  opposer  qu'un  courage  ifiTindHat 
Vérité  sur  laqnelle  la  série  des  faiu 


timêtH\a§ifiémLMêeeémU  senUt;  ntii^f^- 

ptrenant  le  Ion  de  U  plaisaoïerie MSomtien 

l'amiral,  lui  dlt-tl,  quelle  eatitfoêtionlm  pKn 
de  quelques  chitift  eorsaireê  pomi^èOie  oiemÊir 
poutveme  à  la  prive  êo  Cémmi  fmi  eak  Mife 

emiooé  %mu  lee  ams,  e'ail  Hm  le  «mOu  fni 
voue  ma  MaHsx  le»  petUe,  —  Ek  aiafi,niMi- 
i^Mir  la  gitUrat ,  répliqua  ramlral  BaHb  M 

Mm,  KrmpfMonà  phie. 


110  uiam  m  m  wdw9  m  «inti. 


itÊt 


iséo  parcourir,  ne  pentlait»] 
lir  «won  lUrate  ;  renié  qoi  €st  recon- 
■M  éi  evMée  par  les  «niB  ci  les  Mae» 
jBte  du  la  gloire  française  «  par  cet» 
§a'eUe  oanaeie  et  qu'elle  honore  ^ 
cowne  par  tem.  qu'elle  doit  le  phii 
hooiilier  ;  vénié  qui  est  également  évi'^ 
deate,  soit  que  nous  tappeKoftis  la  si* 
taatîOQ  des  deux  armées  avant  le  Mo- 
eus»  soit  que  nous  les  eiaasiaieni  pen- 
dant le  blocus  même. 

et  qu'y  a*t*il  de  plus  remarquable 
et  de  pkis  glorieux  que  ee  qui  lient  à 
ae  blocus?  Qui  pourra  jattaîs  le  citer 
sans  que  l'orgueil  national  en  soit 
flatté;  ae  rappeler  sans  une  noble  sa^ 
tjsfiiçti0n  d'en  avoir  pdrtngé  les  tra- 
Tfu ,  et  y  penser  saaaélonnemeiit? 

Menneé  d'être  assailli  par  des  forces 
totalement  supérieures  au  siennes,  le 
fénéral  Wasaéna»  après  avdîr  prévenu 
l^gouTernement  de  tout,  ose  (en  s»*- 
crffiant  ce  qui  le  concerne  personnel- 
lement), «ttendre  l'ennemi  dans  ses 
posMions. 

I!  y  est  attaqué,  et ,  ainsi  que  cela 
ne  pouvait  manquer  d'arriver,  forcé 
sur  tous  les  points. 

Maia  bientét  il  reprend  l'ofibnsive, 
et  non  cmitent  de  battre  Tennemi  sous 
les  murs  de  Gênes,  II  Ta ,  avec  huit  ou 
neuf  mille  hommes  débiles,  jusqu'aux 
portes  de  Savone ,  disputer  la  victoire 
à  plus  de  trente  mille  hommes,  choisis 
dans  la  plus  belle  armée  du  monde ,  et 
Qent  campagne  pendant  quinze  jours; 
les  braves  qu'il  commande  tuent  ou 
blessent  plus  de  huit  mille  hommes  à 
r«nnttiit  ;  se  repiolent  autour  de  Gè-*- 

(I)  On  volt,  par  ce  rapprocbemetit  à  quelle  di- 
v^rdon  pntsséme  cette  déFenfte  oftenlt  ve  de  Génps 
{«!  f^!c  nprHskm  petit  être  admise)  força  Tannée 
impériale,  et  combien  elle  dut  Ikvoriser  toutes 
len  opéra llontide  rirtaiéé  de  réserve,  \  la  tête  de 
lifl^tile  le  g;én^ral  ftertbier  descendait  alors  vie- 
n#téti»Ptnent  des  Alpeu,  H  celles  du  cen  tre  de  far- 


nes  sans  que  M.  de  Hélâft  pérfienne  H 
tes  itiuper  ;  mntènenl  ptns  de  sii  iniHe 
prisonniers,  et  y  NppoKent ,  entre  an^ 
très  dépouilles,  sept  Arapeaox  et  (Aw 
pièces  de  canon ,  gage  de  leuf  vk 
toire. 

Tandis  que  des  détails  d'adminblni* 
tion  et  de  foovemement  semMafenl 
devoir  absortner  tous  les  instans  du  gé«* 
néral  en  chef,  et  que  par  des  tfsvaua 
pénibles  il  se  crée  des  ressoatees  «M 
ions  genres,  l'ennemi ,  qui  regardé  aoti 
ineatinn  «lomme  une  preuve  de  la  fti^ 
blesse  de  ses  troupes,  viehi  Tadaqnar 
de  nouveau  ;  et  senUabie  au  volcan , 
dont  les  irruptions  soudaines  portent 
k  flamme  et  la  mort  dans  Ions  kâ  Hbok 
qui  l'ûvoisinent,  cette  poignée  de  hé^ 
ros,  se  rappelant  son  audace  tndomp* 
tée,  mnUiplie  encore  ses  victoirta^  lota^ 
qu'elle  semble  réduite  a  «ne  simple  dé*» 
fensive,  repousse  l'ennemi  partout  eè 
il  se  présente,  l'attaque  encore,  le  force 
à  chereher  sa  sûreté  derriè^a  de  kioai- 
breui  retranchcmenfl  ;  le  bat  pdf tbttt 
où  elle  peut  le  combatll-e,  ou  du  moins 
lui  fait  éprouver,  à  différentes  reprisea« 
des  pertes  énormes,  et  force  de  eett* 
manière ,  à  l'étonnement  et  k  l'admis 
ratio»  les  ennemis  les  plus  acharnés 
du  nom  frànçafs,  de  la  liberté  et  de  la 
gloire  de  la  république  (1).  Qui  pouvait 
jamais  rien  attendre  de  semUaUe  de 
ces  tristes  débris  de  l'armée  d^ttulie? 
Qui  aurait  cru  que,  malgré  la  dripro- 
portion  la  plus  marquée  des  moyens  et 
des  forces,  ces  malheureux  soldats, 
sans  pain  ot  sansargcot,  sans  habitset 
sans  chaussure,  souvent  sans  muM- 

* 

mée  d'Italie  commandée  par  le  ftfaéraL  aecfcev 
Il  est  en  effet  reconnu  qoe  par  ceUa  suitt 
non  interroDipae  de  combats  al  aanalam*  H.  aa 
Alélas  fut  à  pluslevrs  reprises  obUsé  de  raMr  » 
cbir  et  de  reoforcer  les  troupes  du  blocuSi  ai  4^ 
tenir  constammeni  lea  honuMS  4'^ls  antanr  da 


Géoeâ. 


«W*li&** 


9$^ 


iOÇMAI.  M»  OFtRATlOltS  MUTAOIBS 


tfoDS,  à  It  fin  presque  «in»  diefs, 
a'ayanfc  pins  an  monde  que  le  senti- 
meut  de  l'honneur  national ,  aient  en- 
core été  en  état  de  soutenir  pins  de 
soiiante^tx  combats  outiataiHes,  aient 
détruit  à  Tennemi  près  de  deux  fois 
pins  de  monde  qu'ils  n'étaient  de  com- 
batiaos;  lui  aient  pris  plus  d'hommes 
qu'ils  n'en  avaient  à  lui  opposer;  l'aient 
souvent  comtNittu  avec  ses  propres  car-* 
louches  (1  )  ;  aient  subsisté  de  son  pain  ; 
aient  contenu ,  au  milieu  de  tous  ces 
évènemens^  nne  population  de  plus  de 
soiiante  mille  âmes  (2)  ;  aient  défendu 
par  terre  et  par  mer  une  ville  dans  la- 
quelle il  faut ,  suivant  les  règles,  vingt 
mille  hommes  de  garnison ,  et  devant 
laquelle  les  Autrichiens  n'ont  jamais  eu 
moins  de  vingt-cinq  miUe  hommes  de 
leurs  meilleures  troupes  (3)  ;  aient  vécu 
d'une  nourriture  que  les  chiens  refu- 
saient ;  aient  supporté  dans  cet  état 

(1)  Nom  éUans  à  proportioii  prei^oe  «ai tl 
INuivrei  en  monitioai  qu'eo  sobslstaneci.  ku 
moment  où  m>ui  fûmes  bloqués,  la  crainte  de 
manquer  de  poudre  fut  une  de  celles  qui  orcu- 
pèfcnt  le  ploi  le  général  rn  chef.  On  travailla  de 
Mlle  à  eo  fabriquer,  mais  on  ne  put  en  faire, 
pendant  le  blocus,  qne  douse  mille  livres;  lors 
de  l'évaenaiion,  il  ne  rcaiail  pas  dana  les  arse* 
naux  quatre  mille  livres  de  poudre,  celle  ava- 
riée y  comprise,  et  cela  pour  le  service  de  l'ar- 
tiUerie,  de  Tinfanterie  et  des  pièces  des  côtes 
(les  pins  approvisionnées  de  toutes),  qui  pour- 
tant ne  Tétaient  oas  i  dix  coups  chacune.  Si  lV>n 
>onge  que  chaque  nuit  de  bombardement  nous 
coûtait  près  de  deux  milliers  de  poudre,  on 
sentira  que  si  Vennemi  avait  connu  notre  di- 
satio,  quant  k  eet  ohjt't,  il  pouvait  en  deux  Jours 
épuher  tantes  nos  munitions. 

(S)  Gènes  offre  une  population  do  eent  i  eeni 
vingt  mille  âmes.  Albaro,  Saint-Martin ,  Uisa^ 
gno,  Saint-Pierre  d*Arena,  Casielcito,  la  Ma- 
dOQO-del-Monte.  Ions  les  autres  villages  com- 
pris dana  son  enceinte,  et  les  nombreux  indivi- 
dMqttl.deiotttelaL^gurie.  parra-son  d'opinion 
oa  4e  erainte.  s'étalent  réfugiés  à  Gènes  lors  de 
Il  reptile  des  fto^Hlilés,  ajoutaient  à  ce  premier 
eéitti  de  qnifailte  à  soiiante  niille  per- 


soixante  jours  de  blocua, 
cinq  jours  de  siège,  quinae  jours  de 
marches  oontinueiies  oans  les  rocbeis 
les  pltis  difficiles,  et  sur  les  montagnes 
les  pltis  escarpées  ;  et  sans  compter  tons 
les  jours  de  combats  qui  les  ont  suivis, 
toutes  les  nuitsde  bomlNir dément,  la  Ta- 
mine,  plus  terrible  que  tons  ces  maui , 
et  la  misère  accablante  qui  y  mettait  la 
comble?  Mais  aussi  quelles  pertes  de  la 
part  de  l'armée!  qned'eflbrts  inouis! 
et  quel  fut  le  prix  de  tant  de  gloire  (V)  ! 
Le  lieutenant-général SoukfutUesséet 
pris.  Dé  trois  généreux  de  division ,  an 
mourut  d»  l'épidémie  (le  général  Mar* 
bot),  et  un  fut  blessé  (le  général  Ga- 
zan  ).  Oe  six  généraux  de  brigade,  qua- 
tre furent  blessés  (Gardanne,  PelîM, 
Fressinet  et  Damaud].  De  douxe  adja- 
dans*généraux ,  six  furent  blessés  (Ce* 
risa,  Mathis,  Hector,  Keilie,  Gantier  et 
Noël  Huart);  un  fut  blessé  et  pris 

(8)  Non  seulement  la  viHe  de  Gén^s  Ait  pré» 
serrée  dune  attaque  de  vite  force  tant  de  km 
annoncée,  non  seulement  le  peuple  futrooleno, 
mais  même  (ouïes  les  approcher  de  la  place  fd- 
rcnt  conslammont  défendues;  et  il  f^tllut  poor 
cela  un  iripto  effort,  celui  de  rési.<ter  à  l'enne- 
mi, celui  de  supporter  i  i  misère  et  celai  de  la 
faire  supportera  une  population  dorent  aoisania 
mille  àmef.  11  c»l  vrai  qu'à  la  fin  du  blocus  Tev 
ces  du  mal  rendit  ce  dernier  effort  peu  pénible. 
Ce  malheureux  peuple,  par  les  erfels  de  la  fa- 
mine, des  épidémies  et  de  toutes  les  calamités 
que  peuvent  engendrer  tei>  guerres  les  phis 
cruelles,  était  réduit  à  un  état  d'aoéaniisaemeBl 
tel  que  la  force  physique  nécessaire  ponr  sne 
iosurrecUon  n'existait  réellement  plus. 

(I)  Les  ravages  de  cette  misère  ne  $e  son^  pm 
bornés  auxbVaves  que  nous  avons  perdos  i  Gè* 
nés  même.  Pendant  plusieurs  mofa  chaque  Joar 
a  ajouté  parmi  nos  iroupes  de  nouvelles  victi- 
mes à  celtes  que  les  maladies  nous  avaient 
déjà  enlevées,  cl  la  moindre  fatigue  en  a  cod- 
duil  dans  les  hôpitaux  un  nombre  d*auiaiit  plus 
grand,  qu  il  a  été  impossible  u'cropécher  qaa 
l'intempérance  ne  suivii  de  si  longues  et  de  «i 
crut  il  s  privations.  Quant  aut  habilan$,ilcn 
est  mort,  après  l'évacuation,  pièa  de 
Joar  pendant  trois  jBois. 


ou  ilÉei  BT  I)U  Bi.OCUS  DB  GÉHBI. 


MT 


(Campana);  an  fat  taé(Fantacî);  les 
officiers  d'état-major  et  aidefl-de-camp 
forent  aussi  cmeUement  traités;  deux 
d'entre  eux  furent  tnés,  sept  pris  et 
qnatone  blessés,  parmi  lesquels  plu- 
Âean  le  furent  deux  fois  ;  le  capitaine 
Marceau  (  frère  de  feu  le  général  de  ce 
nom  )«  le  fut  en  trois  affaires  diffé- 
leolei,  trois  fois  en  trente-un  jours.  Le 
dief  de  bataillon  Lavilette ,  employé 
•après  du  général  Hiolis,  le  fut ,  en  un 
seul  jour,  trois  fois,  outre  deux  autres 
fois  pendant  le  même  blocus.  Onxe 
chefs  de  corps,  sur  dix-sept,  furent 
blessés,  tués  ou  pris.  Les  trois  quarts 
des  officiers  des  corps  le  furent  égale- 
ment (1),  ainsi  que  cinq  à  six  mille  corn- 
battans  sur  douze  mille. 

Et  si  Ton  défalque  encore  près  de 
deux  mille  hommes  qui ,  par  leur  épui- 
sement et  leur  dépérissement ,  étaient 
hors  d*état  de  faire  leur  service,  on  ne 
trouvera  plus  dans  dix-sept  demi-bri- 
gades que  trois  à  quatre  mille  hommes 
en  état  de  se  battre,  la  veille  du  Jour  de 

(1)  Rien  D*est  plus  digne  dVloge  et  d'admi- 
ration ,  qae  la  conduite  des  offtders  des  corpi 
dsns  ce  biocui;  pénétrés  de  It  néeeKlté  de 
coooBMnder,  par  leur  eiemple,  lei  laerlflirei  et 
lot  efforts  que  les  cireoostances  rendalenl  In- 
dispenssbiet,  Ib  se  dévouèrent  de  la  manière 
Is  pàm  honorable.  Un  exemple  suffira  pour 
^roinror  cette  vértlé.  De  quatre-vingt-dii-srpt 
^lOcicirs  qui.  au  commencement  du  blocu«,  tt 
ivoavaient  dans  la  S*  de  ligne,  U  n*y  en  eut  que 
qui  ne  tarent  point  Mewés.  La  première 
I  de  cet  héroïsme  f<ut  sans  doute  la  valeur 
i;  nais  ce  qui  ne  dut  pas  manquer  d*y 
heaacoup,  re  fût  le  rare  mérite  des 
ifh  de  prOMiue  tous  les  corps,  qui  avalent 

d'Inexprimables  trésors.... 

M  Dens  ces  trois  ou  quatre  mille  combat- 

•n  grand  oombre  avaient  encore,  à  raison 

]0«r  HMMeise,  rauiortsaUon  de  faire  Ikction 

I,  ei  avaient  besoin  qu'on  1rs  aidât  k  arriver 

Tau  Heu  de  leur  fSiclion.  Or.  que  pouvait 

»,  dans  cet  état  surtout,  oetie  poignée  d*liom- 

pour  une  défer.»e  comme  è^l'e  <le  Gène?? 

•f  rappeler  s  rrl  «*fi«M!  q»»e  ou«  I**  rom 


la  convention  d'évacuation  (2)  ;  non^  di* 
sons  Ja  veille,  parce  que  le  jour  même, 
les  troupes,  n^ayant  reçu  dans  la  distri- 
bution ,  qui  ne  laissa  rien  dans  aucun 
magasin  ni  dans  aucun  four,  que  deiii 
onces  de  l'espèce  de  pain  qu'on  leur 
donnait,  il  est  facUe  de  concevoii 
qu'elles  étaient  hors  d'état  de  faire 
une  marche,  ou  seulement  de  suflBre 
à  aucun  mouvement  (3). 

Après  tant  d'efforts,  de  constance, 
que  peut-il  manquer  à  la  gloire  de 
cette  armée  et  de  son  chef?  Rien ,  bi 
ce  n'est  d'avoir  eu  un  succès  digne  de 
l'un  et  de  l'autre. 

C'est  à  quoi  la  fermeté  du  général 
Hasséna  sut  encore  suppléer,  lorsqu'il 
n'avait  plus  pour  la  soutenir  que  la 
force  de  sou  caractère. 

C'est  par  elle  qu'il  en  imposa  à  l'en- 
nemi ,  au  point  de  ne  pas  permettre 
que  le  mot  de  eapiiulation  fût  seule- 
ment employé  dans  la  rédaction  du 
traité  d'évacuation  de  Gènes.  C'est  par 
elle  qu'il  obtint  des  conditions  telle- 


mandement  de  M.  de  Boufflers .  dii-buit  mille 
hommes  n'ayant  pu  paru  sufAsans  pour  la  garde 
Journalière  des  seuls  ouvrages  de  la  place  de 
Gènes ,  le  sénat  rendit  un  décret  par  iequt*!  Il 
fût  enjoini  aui  porteurs  de  cbaifes,  et  à  tout  do- 
mestique en  Age  de  porter  les  armes  de  les 
prendre  aussiiôl  11  n'y  eut,  ijoute  Booamid, 
pas  un  maître  qui  n'offrit  ses  geni,  pas  un  do- 
mestique qui  refusât  d'obéir. 

(3)  Les  rues  et  ks  places  étaient  ce  Jour-là 
pleines  de  soldais  couchés  et  qui  n'avaient  pas 
la  force  de  se  relever.  Aussi  étions-nous  perdus 
lii  l'ennemi  (ainsi  qu'il  en  a^alt  reçu  l'ordre; 
a>ait  ce  Jour-ii  le^é  le  blocus:  notre  dHres^e 
était  telle  que,  dans  celte  dernière  supposition, 
nous  aurions  été  obligés  de  capiiuler  avec  les 
Anglais  puur  ne  pas  mourir  de  faim;  les  envi- 
rons de  Gènes  n'offraient  aucune  espèce  de  rea* 
sources,  et  nous  ne  pouvions  plus  être  sauvés, 
c'est-è-dirc  être  nourris  que  par  TennemL  Ainsi 
débloquer  Gènes  n'éuit  plus  rien,  si  Ton  ne 
FMiuvait  en  même  lemps  la  ravitaiUer,  ou  ds 
moins  sustenter  l'armée 


k 


8t8 


JOURNAL  DM  ôrâftATlONS  HlLlTAlRhS  UO  S|KGB  Pg  HÏblfSS. 


ment  honorable»,  qu'elles  sont  jusqu'à 
présent  «aiiS  exemple  ;  qu'il  dicta  des 
lois  aux  vdinqu^un  :  <|tt'il  changea  une 
iufaile  en  un  triomphe;  et  qu*aiiisi 
qi4*l)9  oRici^r  «uirichien  robserva  avec 
tQ^l.V>ùne#y  CQ  fu|  l'ftiinomi  qui  eut  l'air 
i^  (;^piluiûr  avec  hii. 

Préiicotoiiii  par  un  mol  le  résumé  de 
toijit  ^  qui  pfféoUe  :  ce  mot  consiste 
à  dire  que  pendi|B(  aalxanle  inurs,  le 


général  iMasséna  a  fait,  presqaeMm 
troupes,  la  guerre  à  toute  une  annép, 
s*esl  bsittu  souvent  seos  munitiorn,  a 
sufli  saui)  fond$  n  d*inévitablfs  dé- 
penses, et  a  nourri  Tarmée  san»  ma- 
gasin^, 

Ce  rapprochement  nous  offre,  pour 
ainsi  dire ,  tout  ce  qui  tient  m  bK>cu9 
de  Gè|)e&;  tout,  eicepté  la  f?ioire  des 
hrave$  qui  n'y  IQA&  immortalisés. 


i 


EXTRAITS  DE  JOMINL 


PRÉCIS 


L'ART  DE  LA  GUERRE, 


NOUVEAU  TABLEAU  ANALYTIQUE 

»BS    PRINCIPALKS   COMBINAISONS    DB    LA     STRATÉGIB       DE    LA     GRANDB    TACTIQUE 

BT   DB  LA  POLITIQUE  HILITAIRB; 

Par  le  Bmrao  4a  S^JUtESn^ 


Atde-d*-eanp  itaéral  de  S.  BL  rBraperenr  de  toatei  lei  BoMiefr 


«fOUYELLE  ÉDITION» 


i 


JOMINI  (Il  fiidui  làiM  K). 


n  est  des  hommes  sur  la  conduite  desqueh  rhistorieu ,  avaût  de 
prononcer ,  doit  attendre  que  le  temps  ait  calmé  reffervescence  des 
opinions  et  ramené  les  partis  à  une  juste  impartialité.  Tel  est  le  baron 
de  Jomini.  Étranger  à  la  France  par  sa  naissance ,  mais  plein  d'en- 
thousiasme et  de  cœur,  et  saisi  d*admiration  pour  Théroisme  de  ses 
armées ,  il  Tint  lui  offrir  volontairement  le  secours  de  son  génie  et  dt 
son  bras.  Militaire  aussi  intrépide  sur  les  champs  de  bataille  qu'histo- 
rien profond  et  stralégiste  habile  dans  le  silence  du  cabinet ,  il  rendit 
de  grands  services  à  sa  patrie  adoplive,  depuis  le  jour  où  les  faisceaux 
de  larépubliqw  rayennéreot ,  i  Zurich,  de  l'éclat  d*une  grande  vie-* 


V 


cCtilà  loft  «M  raatcv  de r JR»|o#)i  tft fo C» 
m  yifwi  4i  Sam  attrtbae  «i  général  Jomini  d'avoir 

•  fméf  aax  alliés,  le  Mcm  des  opératloiis  de  la  cani-j 
9  pagne  et  la  situatfon  du  corps  de  Ney.  Cet  offlcier  oe 

•  eonnaissait  point  le  plan  de  TEmpefeor  ;  Tordre  du  \0 
9  monvement  général,  qai  était  toiUours  envoyé  à  cba- 
9  e«n  des  maréchaax,  ne  lai  avait  |^s  été  communiquéi 
9  «t  rcûMl  conna,  rEopereor  ne  l'acenaerBlt  pas  da 
9  crime  qu'on  lui  impute.  Il  n*a  pat  trahi  ses  drapeaux  ; 
9  a  ataiî  à  te  plaUiêrê  d^uM  grande  Urfustieê  ;  U  a 
9  49é  av$ugl4  ^t  un  Ê9nHmtnî  honorable.  Il  n*était 
9pa$  Franpaii;  l*aniour  de  la  pairie  ne  Fa  pai  re- 
9  lena.  »  (Extrait  d«i  Hémoires  dktés  par  Napoléon  à 
Saint^-OélèM.) 


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^*i  pmêWm  Wmfmwm^êtiim  pHmtUanê  U  TakhM  MMjfiff  4K^4|Dvqf|imr  4t  Im 
.^  r.  '  JMitiq^  •mroj^imê ,  difuU  Louis  XI  Vju$quà  la  Révolulian ,  wn  Ut  principaki 

Causes  et  les  principaux  Évènemens  de  celle  Révolulion.  Paris  ,   181^1824  » 

15  vol.  io-S'  et  Atlas. 

P  Vie  politique  et  mililaire  de  Napoléon ,  raconUe  par  luù-méme.   Paris  ,  itH  l 
1  4  vol.  în-8»  (  anonyme  ). 

4^  Précis  polilique  et  mililaire  de  la  CatApagHi  de  i^fSI.  P&rif  ,4839. 

5»  Précis  de  VArl  de  la  Gueirc  et  de  la  Politique  des  Élali  ;  fiéiumê  àéfniràèlé  éêê 
grandes  Jftaximes  qui  ont  fàU  la  ghirg  iéi  ptus  oéièbrtê  Cmpiêmines ,  H  ftrl  Ml 
''         être  <e  Bréviaire  de  toÈi  Uf  Bommeê  d'étal.  2  vol.  in-S^. 

#*  Pladieors  Brochures  intèressantos,  entre  autres  :  Obsertalions  sur  les  Pr^be^ 
bilités  d*une  Guerre  avec  la  Prusse ,  et  $ur  les  Opérations  qui  auront  vraisembla- 
blemenl  Ivu.  —  Une  Réfutation  des  Erreurs  du  général  Sarrazin ,  sur  la  Campagne 
de  1813.  —  Une  Réfutation  des  Erreurs  du  marquis  de  LondonJerry,  ^-«-  VlfÊ 
Polilique  stratégique  avec  le  général  RUhle  de  Lilienslern.  — Corrtiptmdmsoê  emi 
le  baron  Monnier.  —  Cmretpfmdaneê  atee  M.  Cape  figue  sur  l'Invcuion  de  Im 
Suisse  par  les  Autrichiens ,  — Deu»  Epitres  d* un  Suisse  à  ses  Concitoyens,  — > 
Système  militaire  de  la  Suisse. 

De  tous  les  ouvrai}[os  du  général  Jooiini,  le  plus  important^  celui 
ifai  mérite  le  plus  incoutesUblerncnt  de  passer  à  la  postérité,  c'est  h 
Précis  de  F  Histoire  de  la  Guerre  (1).  Nous  aurions  vivement  désiré 
de  pouvoir  le  reproduire  en  entier,  mais  des  motifs  que  Ton  com- 
pqrend  d'ailleurs  de  la  pari  du  libraire-éditeur,  nous  obligent  à  ne 
donfier  que  des  extraits  raisonnes  des  articles  les  plus  importans,  et 
cette  reproduction  a  été  consentie  par  Fauteur  et  par  l'éditeur,  avec 
une  bienveillance  pour  laquelle  nous  ne  saurions  leur  témoigner  trop 
de  reconnaissance.  Cependant ,  pour  donner  une  idée  juste  de  l'ou- 
vrage, nous  présenterons  Texposition  complète  des  matières  qu'il 
traite.  Cette  nomenclature  suffirait  pour  attester  qua  le  général  Jo- 
mini  est  également  remarquable  comme  homme  politique  et  comme 
militaire ,  si  ses  ouvrages  ne  l'avaient  pas  prouvé  depuis  long- 
temps. 

(1)  Paris  ,  1838 ,  2  vol.  in-8*.  Chez  Anselin  el  Dumaine  ,  rue  Daupiiia«, 


lifÊÊmî  {IM  atstKAJL  BABUN  Ml) 

Dans  son  Pr€Cf9  de  fArt  de  la  Guerre ,  Tauteur  ccwninqpmj  par 

définir  les  six  branches  distinctes  qni  constituent  Fcnsemble  de  Fart, 
1*  La  politique  de  la  guerre.  —  2^  La  stratégie  ou  l'art  de  bien 
diriger  les  masses  sur  le  théâtre  de  la  guerre  j  soit  pour  Tinvasion 
d'un  pays  étranger ,  soit  pour  la  défense  du  sien.  — 3*  La  grande  tac- 
tique dés  batailles  et  des  combats.  —  4*  La  Ic^tique  ou  l'applica- 
tion pratique  de  l'art  de  faire  mouYoir  les  armées.  —  5*  L'art  de 
l'ingénieur ,  l'attaque  et  la  défense  des  places.  —  6*  La  tactique  de 
détail.  On  pourrait  même  y  ajouter  la  philosophie  ou  la  partie  morale 
de  la  guerre,  mais  il  parait  plus  convenable  à  l'auteur  de  la  réunir 
dans  une  même  section  avec  la  politique.  I^  chapitre  I*'  traite  de  la 
politique  de  la  guerre,  en  dix  articles  intitulés  :  Art.  1*'.  Guerres of 
fensives  pour  revendiquer  des  droits.  —  xVrt.  2.  Guerres  défensives  en 
politique  et  offensives  militairement. — ^Ârt.  3.  Guerres  de  convenance. 
—  Art.  4.  Guerres  avec  ou  sans  alliés. 

Le  chapitre  II,  intitulé  :  De  la  Politique  mitilaire ,  traite  de  tout  3e 
système  d'organisation  intérieure ,  par  lequel  un  état  doit  se  préparer 
&  la  guerre  par  la  création  d'une  bonne  armée,  de  bons  états-majors 
et  de  bonnes  institutions. 

Le  chapitre  DI  de  cet  ouvrage  si  remarquable  renferme  la  stratège 
proprement  dite  ;  ici  la  bonté  de  l'auteur  et  celle  de  l'éditeur  nous 
permettent  de  donner  plus  (Texténsion  i  nos  citations.  Nous  allons 
profiler  de  cette  permission  que  nous  considérons  à  juste  titre  comme 

■ 

une  bonne,  fortune  pour  nos  lecteurs  et  pour  nous. 


DE  LA  STRATÉGIE. 


Mflnttioo  ei  principe  fondaniMitaL 

L'art  de  la  guerre  se  compose  de 
ciDq  branches  principales  :  la  stratégie, 
la  grande  tactique,  la  logistique,  la 
tactique  de  détail  et  l'art  de  l'ingé- 
nieur. Nous  ne  traiterons  que  1^  trois 
premières  ;  il  est  donc  urgent  de  com- 
mencer par  les  définir. 

Pour  le  faire  plus  sûrement ,  nous 
suivrons  l'ordre  dans  lequel  les  combi* 
naisons  qu'une  armée  peut  avoir  à  faire 
se  présentent  a  ses  chefs  au  moment 
où  la  guerre  se  déclare;  commen- 
çant naturellement  par  les  plus  im- 
portantes, qui  constituent  en  quelque 
sorte  le  plan  d'opérations,  et  procédant 
ainsi  à  l'inverse  de  la  tactique,  qui 
doit  commencer  par  de  petits  détails 
pour  arriver  à  la  formation  et  à  l'em- 
ploi d'une  grande  armée  (1). 

Nous  supposons  donc  l'armée  en- 
trant en  campagne  :  le  premier  soin 
de  son  ohef  sera  de  convenir,  avec  le 
gouvernement,  de  la  nature  de  guerre 
qu'il  fera  ;  ensuite  il  devra  bien  étudier 
le  thé&tre  de  ses  entreprises  ;  puis  il 
choisira,  de  concert  avec  le  chef  de  l'É- 
tat^ la  base  d'opérations  la  plus  conve- 
nable, selon  que  ses  frontières  et  celles 
de  ses  alliés  s'y  prêteront. 

(i>  Foor  apprMdre  la  Uttllqne,  il  ftut  étudier 
d'abord  l'écele  de  peloton,  puis  celle  de  batail- 
lon, fnfln  Ict  évolniionade  ligne;  alora  on  passe 
aux  petitei  opération!  du  service  de  campagne. 


Le  choix  de  cette  base,  et  {dus  en- 
core, le  but  qu'on  se  proposera  d'at- 
teindre, contribueront  à  déterminer  la 
s6ne  d'opérations  qu'on  adoptera.  Le 
généralissime  prendraun  premier  point 
objectif  pour  ses  entreprises  ;  il  choisira 
la  ligne  d'opérations  qui  mènerait  à  ce 
point,  soit  comme  ligne  temporaire, 
soit  comme  ligne  défiqitive,  et  s'atta- 
chant  à  lui  donner  la  direction  la  plus 
avantageuse,  c'est-à-dire  celle  qui  pro- 
mettrait le  plus  de  grandes  chances 
sans  exposer  à  de  grands  dangers. 

L'armée ,  marchant  sur  cette  Kgne 
d'opérations  aura  un  front  d'opéra- 
tions et  un  front  stratégique  :  derrière 
ce  front  elle  fera  bien  d'avoir  une  ligne 
de  défense  pour  servir  d'appui  au  be- 
soin. Les  positions  passagères  que  ses 
corps  d'armée  prendront  sur  le  front 
d'opérations  ou  sur  la  ligne  de  défense, 
seront  des  positions  stratégiques. 

Lorsque  l'armée  arrivera  près  de  son 
premier  objectif  et  que  l'ennemi  com^ 
mencera  à  s'opposer  à  ses  entreprises, 
elle  l'attaquera  ou  manœuvrera  pour 
le  contraindre  à  la  retraite  ;  elle  adop- 
tera à  cet  effet  une  ou  deux  ligues  strar 
tégiques  de  manœuvres,  lesquelles 
étant  temporaires  pourront  dévier, 
jusqu'à  certain  point,  de  la  ligne  gè* 

puis  à  la  castraméUitlon.  ensuite  les  marclies, 
enfin  la  formation  des  armées.  Mais ea  stratégie, 
le  commencement  part  dn  sommet,  e'esl^Mire 
du  piMi  4a  la  campagne. 


{ 


W6 


ÉHÈLà/tÈOtÈ', 


Demie  d'opéntîons,  arec  laqueDe  il  ne 
faat  point  les  confondre. 

Pour  li  r  le  front  stratégique  à  la 
base,    on  formera .  à  mesure  qQ*oA 

avano  ra,  la  liiine  d'étapes  et  les  lignes 
d'approvi'iionnemens,  dépôts,  etc. 
Si  In  lijin  -  lionéralions  est  un  peu 


é-endue  en  profondeur  et  qu'il  y  aK    ra  deni  TÎties  à  Tabri  d'insulte  qaoo 


des  corps  ennemis  à  portée  de  Tinquié- 
ttr,  on  aura  a  (•hoi>ir  er  tre  Tattaque 
el  l'expulsion  lie  tes  lorps,  ou  bien  à 
pourstthre  Tenfreprise  contre  farinée 
ennemie,  soit  en  ne  s*inquiétant  pa» 
des  corps  secondaire» ,  soit  en  se  bor- 
nant à  l^  obscn  er  :  ^t  Ton  s'arrête  à  ce 
dernier  parti,  i!  en  résultera  an  double 
front  stratégique  et  de  grands  détache-* 
mens. 

L'armée  étant  prés  d'atlefndre  son 
point  objectif  et  Fennemi  foutant  s'y 
opposer,  il  y  aura  bafdilfe  :  lorsque  ce 
choc  sera  indécis,  on  s'arrêtera  pour 
recommencer  la  lutte  ;  si  Ton  remporte 
la  victoire,  on  poursuivra  ses  entre- 
prises pour  atteindre  ou  dépasser  le 
premier  objeciif  et  en  adopter  un  se- 
cond. 

Lorsque  le  but  de  ce  premier  ot>- 
jeciif  sera  la  prise  d'une  place  d*armes 
importante,  le  siège  commencera.  Si 
l'armée  n'est  pas  ass/^i  nombreuse  pour 
continuer  sa  marche  en  laissant  un 
Lorps  de  siège  derrière  soi,  elle  pren- 
dra près  de  I  j  une  position  stratégique 
pour  le  couvrir;  aest  ainsi  qu'en  1796 
l'armée  d*i:a!tc,  ne  comptant  pas  ciii- 
quanlc  mille  comballa.'  s.  r:e  put  dé- 
passer Manlone  pour  pé:»étrer  au  coeur 
de  TAutrichc,  m  laissant  \in«'t-ci:iq 
nîHe  ennemis  dans  (tUe  piace,  et 
ayant  en  outre  qnarant"  mille  Aîih- 
chiens  en  face  sur  la  doubl-  ligne  du 
r^rol  et  (lu  Friuul. 

Dans  le  cas,  au  contr  ire,  où  l'armée 
aiarail  U'}»  forces  suflisan tes  pour  tirer 
lui  plus  granJ  fruit  de  sa  victoire,  ou 


bien  qu'il  n*y  aurait  pas  de  aiége  à  M- 
re,  elle  marcherait  à  un  second  objectif 
plus  important  encore»  Si  ce  point  se 
trouve  à  tfne  certaine  âisttfnce,  il  sera 
urgent  de  se  procurer  un  point  d'ap- 
pui intermédiaire  ;  on  formera  donc 
une  base  éventuelle  au  moyen  d'une 


aurait  sans  doute  occupées:  en  cai 
contraire ,  on  formera  une  petite  ré- 
serve stratégique  qui  couvrira  les  der- 
rières et  protégera  les  grands  dé|>ôts 
par  des  ouvrages  passagers.  Lorsque 
rarmee  franchira  des  fleuves  considé- 
rables on  y  construira  a  la  hà!o  dai 
têtes  de  pont;  et  si  les  pof)ts  se  trou* 
vent  dans  dis  villes  ferniéesde  nmraii- 
ies,  on  élèvera  quelques  retranche^ 
mens  pour  augmenter  la  défense  dt 
ces  pos:es  et  pour  doubler  ainsi  la  9f>^ 
MrCé  de  la  base  éventuelle  ou  de  la  ré- 
serve stratégique  qu'on  y  placerait. 

Si  au  contraire  la  bataille  a  été  per* 
due,  il  y  aura  retraite,  atin  de  se  rappro- 
cher de  la  base  et  d'y  puiser  de  noÊr 
velies  forces,  tant  par  les  détachemens 
que  Ton  attirerait  à  soi,  que  par  les 
places  et  camps  retranchés  qui  arrê- 
teraient l'ennemi  ou  Tobligeraient  à 
diviser  ses  moyens. 

Lorsque  l'hiver  approche ,  il  y  avra 
cantonnemens  d'hiver,  ou  bien  les 
opérd!ions  seront  continuées  par  celle 
des  deui  armées  qui,  ayant  oblew 
u..-e  supériorité  décidée  el  ne  trouvait 
pas  d'obstacles  majeurs  dans  ki  ltj(iie 
de  défense  ennemie ,  voudrait  profiler 
(ie  son  ascendant  :  il  y  atiraii  «lors 
campagne  d'hiver;  cettiî  résoiniion, 
qui  dans  tous  les  m  de^vient  e^aie- 
m  nt  pénible  poor  les  dem  arp^éas, 
ne  pn  sen'e  fviis  de  combinaisons  pas- 
ijf  iiiieres,  si  ce  n'est  d'exiger  un  re- 
doubtement  d'activité  dans  les  euCre- 
prises  afin  d'obtenir  le  dénouement  le 
plus  prompt. 


8TIUTE0t«. 


817 


Telle  esl  la  marçbe  ardioaire  d'une 
guerre  ;  telle  sera  aussi  celle  que  nous 
suivrons  pour  procéder  à  Teiainen  des 
(iiuérentes  combinaisons  que  ces  opé- 
raUoo^  amènent 

Toutes  celles  qui  embrassent  l'en- 
aapble  du  tbéAlre  de  la  guerre  sont  du 
domaine  de  la  stralégie  qui  compren- 
dcaaiafti: 

l"*  La  dôQnilion  de  ce  thé&tre  et  de$ 
diverses  combinaisons  qu'il  offrirait; 

^  La  détermination  des  points  dé- 
cisifs qui  résultent  de  ces  combinai- 
SOR&  et  da  la  direcuon  la  plus  favorable 
à  donner  aux  entreprises; 

d"*  La  choix  et  réiaWsaeaient  dé  la 
baae  fixe,  et  de  la  zone  d'opérations; 

4^  La  il  txTmi  nation  du  poiut  objec* 
tif  qu'on  se  propose,  soit  offensif,  soit 
défensif; 

6^  Lea  fronts  d'opérations,  les  fronts 
atratégiques et  ligne  de  défense; 

6"  Le  choix  dvs  lignes  d'opérations 
qui  mènent  de  la  base  au  point  objee- 
Uf  ou  au  front  stratégique  occupé  par 
rarmée  ; 

7°  Celui  des  meilleures  lignes  stra- 
tégique» à  prendre  pour  une  opération 
doDiiée;  le»  manœuvres  différentes 
pour  embrasser  ces  ligne»  dans  leurs 
diverses  combinaisons  ; 

S*  Les  bases  d'opérations  éventuelles 
el  les  ré^rvea stratégiques; 

9*  Les  marches  d'armées  considérées 
eomme  manœuvres  ; 

10*  Les  magasins  considérés  dans 
leurs  cai^curtsiavec  les  marehes  dtfs  ar- 
mées; 

11^  Les  forteresses  envisagées  com-> 
me  moyens  stratégiques,  comme  refu- 
ges d'une  armée ,  ou  comme  obstacles 
4  sa  optarchQ:  les  sièges  à  faire  et  a 
a>iivrir; 

IS"  Les  points  nà  i)  importe  d^as- 


13*  Les  diversions  et  les  grands  dé-* 
tachemens  qui  deviendraient  utiles  ou 
nécessaires. 

Indépendamment  de  ces  combinai- 
sons qui  entrent  principalement  dans 
la  projeclion  du  plah  général  pour  le* 
premières  entreprises  de  la  campagne, 
il  ostd'autresopérationsraixtesqui  par- 
ticipent de  la  siratégie  pour  la  direct  ion 
à  leur  donner,  et  de  la  tacliquo  pour 
leur  exécution,  comme  les  pa^^sagis  de 
fleuves  et  rivières,  les  retraites,  les 
quartiers  d'hiver  ,  le^  surprises ,  les 
descentes,  les  grands  convois,  etc. 

La  deuxiènie  branche  indiquée  est 
la  tactique»  c'est-à-dire  Içs  manœuvres 
d'une  armée  sur  le  champ  de  bataille, 
ou  de  combat,  et  les  diverses  forma- 
tions pour  mener  les  troupes  à  Tat- 
taque. 

La  troisième  branche  est  la  logisti- 
que ou  Tart  pratique  de  mouvoir  les 
armées,  le  détail  matériel  des  mar- 
ches et  des  formations,  l'assiette  des 
camps  non  retranchés  et  cantonne- 
mens,  eu  un  mot  l'exécution  dv  s  com- 
binaisons de  la  stratégie  et  de  la  tac- 
tique. 

Plusieurs  controverses  futiles  ont  eu 
lieu  pour  déterminer,  d'une  manière 
absolue ,  la  ligne  de  démarcation  qui 
sépare  ces  diverses  branches  de  la 
science  :  j'ai  dit  que  la  stratégie  est 
l'art  de  faire  la  guerre  sur  la  carte,  Fart 
d'embrasser  tout  le  théâtre  de  la  guer- 
re ;  la  tactique  est  Tart  de  combattre 
sur  le  terrain  où  le  choc  aurait  lieu , 
d'y  placer  ses  forces  selon  les  localités 
et  de  les  mettre  en  action  sur  divers 
points  du  champ  de  bahrîUe,  c^sl-à- 
dîre  dans  un  espace  de  quatre  <ra  cfftq 
lieues,  de  manière  que  tous  les  corps 
.agissans  paissent  recevoir  des  ordres  et 
les  exécuter  daas  le  courant  mêoM  de 


seoir  des  camps  retranchés,  têtes  del  Tactfon;  eiiOn  ta  log1sHqn«f  n'est  au 
pont,  ctCti  ^  fond  que  la  science  de  préparer  OQ 


STRATÉait. 


d'assurer  l'application  des  deux  autres. 
On  a  critiqué  ma  définition  sans  en 
donner  de  meilleure  ;  il  est  yrai  que 
beaucoup  de  batailles  ont  été  décidées 
aussi  par  des  mouvemens  stratégiques, 
et  n'ont  été  même  qu'une  série  de  pa- 
reils mouvemens  ;  mais  cela  n'a  jamais 
eu  lieu  que  contre  des  armées  disper- 
lées, c^s  qui  fait  exception  ;  or  la  dé* 
finition  générale  ne  s*appiiquant  qu'à 
des  batailles  rangées,  n'en  est  pas 
voins  exacte  (1). 

Ainsi,  indépendamment  des  mesu- 
les  d'exécution  locale  qui  sont  de  son 
lessort,  la  grande  tactique,  selon  moi, 
comprendra  les  objets  suivans  : 

I*  Le  choix  des  positions  et  des  li* 
gnes  de  bataille  défensives; 

2*  La  défense  offensive  dans  le  com- 
bat; 

3«  Les  différens  ordres  de  bataille, 
ou  grandes  manœuvres  propres  à  atta- 
quer une  ligne  ennemie  ; 

k*  La  rencontre  de  deux  armées  en 
marche  et  batailles  imprévues; 

5^  Les  surprises  d'armées  (2); 

6^  Les  dispositions  pour  conduire  les 
troupes  au  combat  ; 

7*  L'attaque  des  positions  et  camps 
retranchés  ; 

8*  Les  coups  de  main. 

Toutes  les  autres  opérations  de  la 
guerre  rentreront  dans  le  détail  de  la 
petite  guerre  ,  comme  les  convois,  les 
fourrages,  les  combats  partiels  d'avant- 
garde  ou  d'arrière-garde,  l'attaque 
même  des  petits  postes,  en  un  oiot 


(1)  On  ponrrall  dira  ^«e  la  taeUqoe  ett  la 
lombat,  et  que  la  iirailftie  c*e»t  toute  la  guerre 
avaol  le  C(»mbai  al  apré«  le  combat,  les  siégea 
aeult  cxceptéi,  encore  appariiponont^Ug  à  la 
•Iraiégie  pour  décider  ceui  qu'il  faut  faire  et 
eomment  il  fout  let  couvrir.  La  stratégie  dét-ide 
o*  l'on  doit  agir:  la  logistique  y  amène  et 
place  les  troupes  ;  la  tactique  décide  leur  em- 
niai  elle  mode d^iéeotioa. 


tout  ce  qui  doit  être  exécuté  par 
division  ou  détachement  isolé. 


Du  principe  fondamental  de  la  guerre. 

Le  but  essentiel  de  cet  ouvrage  estdt 
démontrer  qu'il  existe  un  principe 
fondamental  de  toutes  les  opérationi 
de  la  guerre ,  principe  qui  doit  pré' 
sider  à  toutes  les  combinaisons  pour 
qu'elles  soient  bonnes  (3).  Il  con- 
siste : 

1*  A  porter,  par  des  combinaisons 
stratégiques ,  le  gros  des  forces  d'une 
armée  successivement  sur  les  points 
décisirs  d'un  théâtre  de  guerre,  et  au- 
tant que  possible  sur  les  communica- 
tions de  l'ennemi  sans  compromettre 
les  siennes; 

2"*  A  manœuvrer  de  manière  à  en- 
gager «e  gros  des  forces  contre  des 
fractions  seulement  de  l'armée  enne- 
mie; 

o"  Au  jour  de  bataille,  à  diriger  éga- 
lement, par  des  manœuvres  tactiques, 
le  gros  de  ses  forces  sur  le  point  déci- 
sif du  champ  de  bataille,  ou  sur  la  par- 
tie de  la  ligne  ennemie  qu'il  importe- 
rait d'accabler; 

k*  A  faire  en  sorte  que  ces  masses 
ne  soient  pas  seulement  présentes  sur 
le  point  décisif,  mais  qu'elles  y  soient 
mises  en  action  avec  énergie  et  en- 
semble, de  manière  è  produire  un  ef- 
fort sirouHané. 

On  a  trouvé  ce  principe  général  si 


(aj  U  s'agit  des  snrprisea  d'armées  en  pleine 
campagne,  et  non  de  surprises  de  qoariien 
d'hiver. 

(3)  SI  maintes  entreprises  ont  réussi  qnoiqee 
eiécutées  contre  les  principes,  ce  n'a  été  qae 
dans  le  cas  où  l'ennemi  s'en  éearuit  inl-niéne 
encore  davantage,  et  Jamais  lorsqu'il  opérait 
bien  Ce  n'est  que  contre  des  bandes  indiscipli- 
nées que  ron  peut  »'en  écarter  siOf 


mmAtàmm. 


«9 


simple  que  les  criliqnes  ne  lot  ont  pas 
manqué.  On  a  objecté  qu'il  était  fort 
aisé  de  recommander  de  porter  ses 
principales  forces  sur  les  points  déci- 
sifs et  de  sayoir  les  y  engager,  mais 
que  Tart  consistait  précisément  à  bien 
reconnaître  ces  points. 

Loin  de  contester  une  vérité  si  naïve, 
l'aToae  qu'il  serait  au  moins  ridicule 
d'émettre  un  pareil  principe  général, 
sans  l'accompagner  de  tous  les  déve- 
loppemens  nécessaires  pour  faire  sai- 
sir les  différentes  chances  d'applica- 
tion ;  aussi  n'ai-je  rien  négligé  pour 
mettre  chaque  officier  studieux  en  état 
de  déterminer  facilement  les  points 
décisifs  d'un  échiquier  stratégique  ou 
tactique.  On  trouvera ,  à  l'article  19 
ci-après,  la  définition  de  ces  divers 
points,  et  on  reconnaîtra  dans  tous  les 
articles  18  à  22,  les  rapports  qu'ils  ont 
avec  les  diverses  combinaisons  d'une 
guerre.  Les  militaires  qui ,  après  les 
avoir  médités  attentivement,  croiraient 
encore  que  la  détermination  de  ces 
points  décisifs  est  un  problème  inso- 
luble, doivent  désespérer  de  jamais 
rien  comprendre  à  la  stratégie. 

En  effet,  un  théAtre  général  d'opé- 
rations ne  présente  guère  que  trois 
Ednes ,  une  à  droite ,  une  à  gauche , 
ime  au  centre.  De  même ,  chaque 
lône,  chaque  front  d'opérations,  cha- 
que position  stratégique  et  ligne  de 
défense,  comme  chaque  ligne  tactique 
de  bataille,  n'a  jamais  que  ces  mêmes 
wbdivisions ,  c'est-à-dire  deux  extré- 
mités et  un  centre.  Or  il  y  aura  tou- 
purs  une  tle  ces  trois  directions  qui 
fera  bonne  pour  conduire  au  but  im- 
r  portant  que  l'on  veut  atteindre  ;  une 
des  deux  autres  s'en  éloignera  plus  ou 
moins ,  et  la  troisième  lui  sera  tout  à 
fait  opposée.  Dès-lors,  en  combinant 
les  rapports  de  ce  but  avec  les  posi- 
tions ennemies  et  avec  les  points  géo- 


graphiques, il  semble  que  toute  ques- 
tion de  mouvement  stratégique,  com- 
me de  manœuvre  tactique,  se  réduira 
toujours  à  savoir  si ,  pour  y  arriver, 
l'on  doit  manœuvrer  à  droite,  à  gau- 
che, ou  directement  devant  soi  :  le 
choix  entre  trois  alternatives  si  simples 
ne  saurait  être  une  énigme  digne  d'un 
nouveau  sphinx. 

Je  suis  loin  de  prétendre  néanmoins 
que  tout  l'art  de  la  guerre  ne  consiste 
que  dans  le  choix  d'une  bonne  direc- 
tion A  donner  aux  masses;  mais  on  ne 
saurait  nier  que,  c'est  du  moins  le 
point  fondamental  de  la  stratégie.  Ce 
sera  au  talent  d'exécution,  au  savoir- 
faire,  à  l'énergie,  au  coup-d'œil,  A  com- 
pléter ce  que  de  bonnes  combinaisons 
auront  su  préparer. 

Nous  allons  donc  appliquer  d'al)ord 
le  principe  indiqué  aux  différentes 
conîbinaisons  de  la  stratégie  et  de  la 
tactique,  nous  réservant  de  prouver, 
par  l'histoire  de  vingt  campagnes  cé- 
lèbres ,  que  les  plus  brillans  succès  et 
les  plus  grands  revers  furent,  A  très 
peu  d'exceptions  près ,  le  résultat  de 
l'application  ou  de  ronbli  que  Ton  ett 
fit  (1). 


Do  iystéiiM  dsi^pératioBS. 

La  guerre  une  fois  résolue ,  la  pre* 
mière  chose  A  décider,  c'est  de  savoir 
si  elle  sera  offensive  ou  défensive. 
Avant  tout,  il  convient  de  bien  dé- 
finir ce  qu'on  entend  par  ces  mots. 

L'offensive  se  présente  sous  plu- 
sieurs faces  :  si  elle  est  dirigée  contre 
un  grand  État,  qu'elle  embrasse,  sinon 

(1)  On  trouvera  la  raltUon  de  eei  ainsi  «•»- 
pasnf I,  avec  cinqoanla  plani  dt  btttUlet,  dans 
VHUt9tr$  â»  ia  guêrr$  àê  «<pt  ont,  dtni  eetPa 
des  gnerret  de  la  BéYOliiUon,  el  dans  la  Tle  pe- 
liUqne  et  mllf faire  de  NepeMea,  pakIMs  par  la 
géniral  JemiaL 


&3Û  STRATÉGIB. 

en  entier,  du  mains  en  grande  partie,  '     Appliquée  à  une  simple  opération 
c'est  alors  uni  invaision;  si  elle  ne  s'ap-  I  passagère,  c'est-à-dire  conNÎdérée  com- 


plique qu'à  l'attaque  d'une  province, 
ou  d'une  ligue  de  défense  plus  ou 
moins  bornée,  c'e.4  alors  une  offensive 
ordinaire;  enfin,  si  ce  n'est  qu'une  at- 
taque sur  une  position  quelconque  de 
Tarmée  ennemie ,  et  bornée  à  une 
seule  opération,  cela  s'appelle  l'initia- 
tive des  mouvemem  (1).  L'offensive,  con- 
sidérée moralement  et  politiquement, 
est  presque  toujours  avantageuse, 
parce  qu'elle  porte  la  guerre  sur  le  sol 
étranger,  qu'elle  ménage  son  propre 
pays,  diminue  les  ressources  de  l'en- 
nemi,  et  augmente  les  siennes;  elle 
élève  le  moral  de  l'armée  et  impose 
souvent  la  crainte  à  son  adversaire; 
cependant  il  arrive  aussi  qu'elle  excite 
son  ardeur,  lorsqu'elle  lui  fait  sentir 
qu'il  s'agit  pour  lui  de  sauver  la  patrie 
menacée. 

Sous  le  rapport  militaire,  l'offensive 
a  son  bon  et  son  mauvais  cdté;  en 
stratégie,  si  elle  est  poussée  jusqu'à 
Vinvâsion  ,  elle  donne  des  lignes  d'o- 
pérations étendues  en  profondeur^  qui 
sont  toujours  dangereuses  en  pajs  en- 
nemi. Tous  les  obstacles  d'un  théAtre 
d'opérations  ennemi ,  les  montagnes, 
les  fleuves,  le»  défilés ,  les  places  de 
guerre,  étant  favorables  à  la  défense, 
«Of>t  aussi  contraires  A  l'offensive  ;  les 
habitans  et  les  autorités  du  pays  se- 
ront hostiles  A  Tarmée  envahissante , 
au  lieu  d'être  des  instrmnens  ;  mais  si 
cette  armée  obtient  un  succès ,  elle 
frappe  la  puissance  ennemie  jusqu'au 
eœur,  la  prii^  de  ses  moyens  de  guerre, 
ti  peut  amener  un  prompt  dénoue- 
jnent  de  la  lutte. 

(i)  Cettt  diaUneilOB  ptnUfa  Irop  «ubUl»  :  Je 
]»  qroi«  juMe  8«rs  j  aiUcber  «n  graiid  prix,  n 
•tt.  certain  qu«  Ton  pem  preikdfe  riiii(Utlv« 
d  une  attaque  pour  une  demi-b«arc^  Umi  en 
ftuivani  en  général  le  sjsléme  défensir. 


me  initiative  des  mouvemens,  l'ofTeD- 
sive  est  presque  toujours  avantageuse, 
surtout  en  stratégie.  £n  effet,  si  l'art 
de  la  guerre  consiste  à  porter  ses  for- 
ces au  point  décisif,  on  comprend  que 
le  premier  moyen  d'appliquer  ce  prin- 
cipe sera  de  prendre  Tinitialive  des 
mouvemens.  Celui  qui  a  pris  celte  ini- 
tiative sait  d'avance  ce  qu'il  fait  et  ce 
qu'il  veut  ;  il  arrive  avec  ses  masses  au 
point  où  il  lui  convient  de  frapper. 
Celui  qui  attend  est  prévenu  partout; 
l'ennemi  tombe  sur  des  fractions  de 
son  armée;  il  ne  sait  ni  où  son  aJvei- 
saire  veut  porter  ses  efforts,  nî  les 
moyens  qu'il  doit  lui  opposer. 

£n  tactique ,  l'offensive  a  aussi  des 
avantages;  mais  ils  sont  moins  posi- 
tifs, parce  que  les  opérations  n'étatit 
pas  sur  un  rayon  aussi  vaste,  celui  qui 
a  l'initiative  ne  peut  pas  les  cacher  à 
l'ennemi ,  qui ,  le  (découvrant  à  Tins- 
tant,  peut,  à  l'aide  de  bonnes  réser- 
ves v  remédier  sur-le-champ.  Outre 
cela,  celui  qui  marche  à  l'ennemi  a 
contre  lui  tous  les  désavantages  résul- 
tant des  obstacles  du  terrain  qu'il  de- 
vra franchir  pour  aborder  la  ligne  de 
son  adversaire,  ce  qui  fait  croire  qu'en 
tactique  surtout,  les  chances  des  deux 
systèmes  sont  assez  balancées. 

Au  reste,  quelques  avantages  que 
Ton  puisse  se  promettre  de  l'offensive 
sous  le  double  rapport  stratégique  et 
politique,  il  est  constant  qu'on  ne  sau- 
rait adopter  ce  système  exclusivement 
pour  toute  la  guerre,  car  il  n'est  pas 
même  certain  qu'une  campagne,  com- 
mencée offensivement,  ne  dégénère 
en  lutte  défensive. 

La  guerre  défensive,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  a  aussi  ses  avantages 
lorsqu'elle  est  sagement  combinée: 
elle  est  de  deui  espèces  :  la  défense 


STBAltelB. 


m 


inrrtc  ou  passive,  et  la  défense  actiTe#fdibles  de  Tennemi,  en  prenant  rini- 
a\ec  lies  retour»  ofTensifs.  Ln  première  |  tiative  dcë  mouvemens. 


csl  toujourH  pernicieuse  ;  la  s^^nde 
peut  procurer  de  grAnds  succès.  Le 
but  d*uDn  guerre  défensive  étant  de 
couvrir  le  plus  long-temps  possible  la 
portion  du  territoire  menacée  par  l'en- 
nemi, il  est  évident  que  toutes  les  opé- 
rations doivent  avoir  pour  but  de  re- 
tarder ses  progrès,  de  contrarier  ses 
entreprises  en  multipliant  les  difficul- 
tés de  sa  marche,  sans  néanmoins 
laisser  entamer  sérieusement  sa  pro- 
pre armée.  Celui  qui  se  décide  à  l'in- 
vasion le  fait  toujours  par  suite  d*un 
ascendant  quelconque;  il  doit  cher- 
cher dès-lors  un  dénouement  aussi 
prompt  que  possible.  1^  défenseur, 
in  contraire,  doit  le  reculer  jusqu'à 
ee  que  son  adversaire  soit  affaibli 
par  des  détachement  obligés ,  par 
les  marches,  les  fatigues,  les  priva**- 
tions,  etc. 

Une  armée  ne  se  réduit  guère  à  une 
défense  positive  que  par  iurte  de  re- 
vers ou  d'une  Infériorité  flagrante. 
Dans  ce  cas  elle  cherche,  sous  l'appui 
des  places,  et  à  la  faveur  des  barrières 
naliirelles  ou  artiffcielle»,  les  moyens 
de  rétablir  l'équilibre  des  ehances ,  en 
ninhipliant  les  obstacles  qu'elle  peut 
4>pposer  à  renoemi. 

Ce  système,  lorsqu'il  n'est  pas  pous- 
sé trop  loin,  présente  anssi  d'heureu- 
ses chances,  mais  c'est  dans  le  cas 
seulement  où  le  général  qui  se  croi- 
Mit  obligé  d'y  recourir,  aurait  le  bon 
esprit  de  ne  pas  se  réduire  à  une  dé- 
tMise  inerte,  c'est-à-dire  qu'il  se  gar- 
èsfait  d'attendre  sans  bouger,  dans  les 
féstes  Êxes,  tous  les  coups  que  l'en- 
•eml  voudrait  lui  porter;  il  faudra 
qu'il  s*appli«|ue,  au  contraire,  à  redou- 
Mv  l'activité  de  ses  opérations ,  et  à 
saisir  toutes  les  occasions  qui  se  pré- 
senteront de  tomber  sur  les  points 


Ce  genre  de  guerre,  que  j'ai  nommé 
autrefois  la défen6ive-oflensive(l), peut 
être  avantageux  en  stratégie  comme 
en  tactique.  En  agissant  ainsi,  on  se 
donne  les  avantages  de^  deux  systè- 
mes, car  on  a  ceux  de  riniliative,  ei 
l'on  est  plus  maître  de  saisir  l'iiiKtanfi 
où  il  convient  de  frapper,  lorsqu'on 
attend  l'adversaire  au  milieu  d'un  échi- 
quier que  Ton  a  prép;iro  d'avance  au 
centre  des  ressources  et  des  appuis  de 
son  propre  pays. 

Dans  les  trois  premières  campagnes 
de  la  guerre  de  sept  ans,  Frédéric-le- 
Grand  fut  agresseur;  mais  dans  les 
quatre  dernières,  il  donna  le  vrai  roo-»- 
dèle  d'une  défense-offeusive.  14  faut 
avouer  néanmoins  qu'il  fut  mer>cil- 
leuseraent  secondé  par  ses  adversaires-, 
qui  lui  donnèrent  à  l'envi  tout  le  loisir 
et  les  occasions  do  prendre  l'initiative 
avec  succès. 

Wellington  joua  le  même  réie  daas 
la  majeure  partie  de  sa  carrière  en 
Portugal,  en  Espagne  et  en  Belgique , 
et  c'était  en  effet  le  seul  qui  cenvînl  à 
sa  position.  Il  est  toujours  facile  de  faire 
le  Fabius  lorsqu'on  le  fait  sur  un  terri** 
toire  allié ,  que  l'on  n'a  point  à  s'in- 
quiéter du  sort  de  la  capitale  ou  des 
provinces  menacées,  en  un  mot,  lors-^ 
qu'on  peut  consulter  uniquement  les 
convenances  militaires. 

En  définitive,  il  paraît  incontestable 
qu'un  des  plus  grands  lalens  d'un  gé- 
néral est  de  savoir  empleyer  tc»ur  à 
tour  ces  deux  systènes,  et  surtout  «iii  ê 
savoir  ressaisir  l'initiative  eu  milieu 
mèflM  d'elle  latte  défensive^ 


(1)  n^Miires  ToBÉ  wornuoét  dél^Me  aett? e.  ce 
qui  n'eit  pas  aussi  Juste .  puisque  la  défende 
pourrait  élre  très  acUve  sans  être  orTensivt 
pour  cpla;  on  peut  n<^anmoins  adopter  le  mot, 
qui  est  le  plus  grauiinatieal.  ^ 


•TMATtfiUW 


IHi  tUÉtn  det  opértitont. 


l 


Le  théâtre  d'une  guerre  embrasse 
^  toutes  les  contrées  où  deui  puissances 
peuvent  s'attaquer,  soit  par  leur  pro- 
ifre  territoire,  soit  par  celui  de  leurs 
alliés  on  des  puissances  secondaires 
;  5|u'elles  entraîneront  dans  le  tourbil- 
lon par  crainte  ou  par  intérêt.  Lors- 
qu'une guerre  se  complique  d'opéra- 
tions maritimes  »  alors  le  théâtre  n'en 
est  pas  restreint  aux  frontières  d'un 
État,  mais  il  peut  embrasser  les  deux 
hémisphères,  comme  cela  est  arrivé 
dans  la  lutte  entre  lu  France  et  l'An- 
gleterre depuis  Louis  XIY  jusqu'à  nos 
jours. 

Ainsi  le  théâtre  général  d'une  guerre 
est  une  chose  si  vague  et  si  dépen- 
dante des  incidens,  qu'il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  le  théâtre  des  opé- 
rations que  chaque  armée  peut  em- 
brasser indépendamment  de  toute 
eomplication. 

Le  théâtre  d'une  guerre  continen- 
tale entre  la  France  et  l'Autriche  peut 
embrasser  l'Italie  seule ,  ou  l'Allema- 
gne et  l'Italie,  si  les  princes  allemands 
y  prennent  part. 

Il  peut  arriver  que  les  opérations 
soient  combinées,  ou  que  chaque  ar^ 
mée  soit  destinée  à  agir  séparément. 
Dans  le  premier  cas ,  le  théâtre  géné- 
ral des  opérations  ne  doit  être  consi- 
déré que  comme  un  même  échiquier, 
sur  lequel  la  stratégie  doit  faire  mou- 
voir les  armées  vers  le  but  œmmun 
•ipii  aura  été  arrêté.  Dans  le  second 
cas,  chaque  armée  aura  son  théâtre 
d'opérations  particulier,  indépendant 
de  l'autre. 

Le  théâtre  d'opérations  d'une  armée 
comprend  tout  le  terrain  qu'elle  cher- 
cherait s  eî>vrihîr,  Pt  tout  relnî  qu'elle 
peut  avoir  à  défendre.  Si  elle  doit  opé- 


rer isolément,  ce  théâtre  Ibrme  tout 
son  échiquier,  hors  duquel  elle  pour- 
rait  bien  chercher  une  issue  dans  le 
cas  où  elle  s'y  trouverait  investie  de 
trois  c6tés ,  mais  hors  duquel  il  serait 
imprudent  de  combiner  aucune  ma- 
nœuvre ,  puisque  rien  ne  serait  prévu 
pour  une  action  commune,  avec  l'ar- 
mée opérant  sur  l'autre  échiquier.  Si. 
au  contraire,  les  opérations  sont  con- 
centrées, alors  le  théâtre  des  opérations 
de  chaque  armée  prise  isolément,  ne 
devient,  eu  quelque  sorte,  qu'une  des 
zones  d'opérations  de  l'échiquier  gé- 
néral que  les  masses  belligérantes  doi* 
vent  embrasser  dans  un  même  buL 

Indépendanunent  des  accidens  to- 
pographiques dont  il  est  parsemé,  cha- 
que théâtre  ou  échiquier,  sur  lequel 
on  doit  opérer  avec  une  ou  plusieurs 
armées,  se  compose  pour  les  deux 
partis  : 

1*  D'une  base  d'opérations  Sic; 
9*  d'un  but  objectif  principal  ;  3*  de 
fironts  d'opérations,  de  fronts  stratégi- 
ques et  de  lignes  de  défense  ;  k*  de 
zones  et  de  lignes  d'opérations  ;  5'  de 
lignes  stratégiques  temporaires  et  de 
lignes  de  communications  ;  6*  d'obsta- 
cles naturels  ou  artiflciels  â  vaincre  ou 
â  opposer  à  l'ennemi;  7o  de  points 
stratégiques  géographiques  importans 
à  occuper  dans  l'offensive ,  ou  i  cou- 
vrir dt^fensivement  ;  8*  de  bases  d'o- 
pérations accidentelles  et  intermédiai- 
res entre  le  but  objectif  et  la  base  pO' 
sitive  ;  9*  de  points  de  refuge  en  cas  de 
revers. 

Pour  rendre  la  démonstration  plus 
intelligible.  Je  suppose  la  France  vou- 
lant envahir  T Autriche  avec  deux  ou 
trois  armées,  destinées  à  se  réunir  sous 
un  chef  et  partant  de  Mayence,  du 
Haut-Khin,  de  la  Savoie  ou  des  Alpes 
maritimes.  (Chaque  contrée,  que  l'une 
ou  laulre  de  cos  troi:^  armées  aurait  à 


iVClÂtéâlB. 


paAiniritr;  Miré  en  quel^ef  sorte  Qtie 
i6iiie''d\>pératioti9  de  Téchiquier  géné- 
riiT;  ma»  si  Pàrmée  d^Itaiié  ne  doit 
agir  que  jusqu'à  TAdige,  sans  rien  oon- 
êerter  avec Tarmée  du  Rhin,  alors  ce 
qui  n'était  considéré  que  comme  une 
idoe  d'opérations  dans  le  plan  gêné* 
hil,  devient  Tonique  échiquier  de  cette 
armée  et  son  théâtre  d'opérations. 
'  Dans  tous  les  Cas,  chaque  échiquier 
doit  avoir  sa  base  particulière ,  son 
point  objectif,  ses  zdnes  et  ses  lignes 
d'opérations  qui  mènent  de  la  base  au 
but  objectif  dans  l'offensive,  on  du 
but  objectif  à  la  base  dans  la  défen- 
sive. 

Quant  aux  points  matériels  ou  to- 
pographiques dont  un  théfttre  d'opé- 
rations se  trouve  plus  ou  moins  sillon- 

• 

ne  en  tous  sens»  l'art  ne  manque  pas 
d'ouvrages  qui  ont  discuté  leurs  diffé- 
rentes propriétés  stratégiques  ou  tac- 
tiques :  les  routes,  les  fleuves,  les 
montagnes,  les  forêts,  les  villes  offrant 
des  ressources  à  l'abri  d'un  coup  de 
main,  lés  places  de  guerre  ont  été  l'ob- 
jet de  maints  débats,  dans  lesquels  les 
plus  érudits  ne  furent  pas  toujours  les 
plus  lumineux. 

Le^  uns  ont  donné  aux  noms  des  si- 
gntiîcalions  étranges;  on  a  imprimé  et 
professé  que  les  fleuves  étaient  les  li- 
gnes d*opé^atfons  par  excellence  I  Ôr, 
comme  une  telle  ligne  ne  saurait  exis- 
ter sans  offrir  deux  ou  trois  chemitis 
pour  fnouvoir  Tarmée  dans  la  sphère 
dé  sies  entreprises,  et  au  moins  une  li- 
gne de  retraite ,  ces  nouveaux  Moïses 
prétendaient  donc  transformer  ainsi 
les  fleuves  en  lignes  de  retraites ,  mê- 
me en  lignes  de  mananivres  î  tl  parais- 
sait bien  plus  naturel  et  plus  juste  de 
dire  que  les  fleuves  sont  d'excelleales 
lignes  d'approvisioiMiement,  de  pois- 
sans  nnxîllaires^pour  faclfiter  rétablis- 
sement d'une  bonne  ligne  d*opéra- 


1  • 


tions,  mais  jamais  cette  ligne  elle-* 
même.  ^ 

Wous  avons  vu ,  avec  un  égal  éton- 
nement,  un  écrivain  grave  allirmer  que, 
ii  l'on  avait  un  pays  à  créer  pour  en  /at- 
re  «ffiBoA  ihédtrê  de  guerre,  U  faudrait 
éviter  d*y  eomtruire  des  routes  conver-- 
génies  parce qu  elles  faettitentCinvasion  î  l 
Comme  si  un  pays  pouvait  exister  sans 
capitale,  sans  villes  riches  et  industrieu- 
ses,etc6mme  M  lesroules  n'allaient  pas 
forcément  converger  vers  ces  points 
où  les  intérêts  de  toute  une  contrée  se 
concentrent  naturellement  et  par  la 
force  des  choses.  Lors  même  qu'on  fe- 
rait une  steppe  de  toute  TAIIemagne 
pour  y  reconstruire  un  théflire  de 
guerre  au  gré  de  l'auteur,  des  villes 
commerçantes  se  relèveraient,  des 
chefs-lieux  se  rétabliraient,  et  tous 
les  chemins  iraient  de  nouveau  con- 
vergei  vers  ces  artères  vivificateurs. 
D'ailleurs  ne  fut-ce  pas  à  des  routes 
convergentes  que  r<irchiduc  Charles 
dut  la  facilité  de  battre  Jpurdan  en 
i79G?  Et  dans  le  fait  ces  routes  ne  fa- 
vorisent-elles pas  la  défense  plus  en- 
core que  l'attaque ,  puisque  deux  mas- 
ses, se  repliant  sur  deux  rayons  con- 
vergens,  et  pouvant  dès-lors  se  réunir 
plus  vite  que  les  deux  masses  qui  les 
suivraient,  seraient  ainsi  à  même  de 
les  battre  séparément.  ; 

D'autres  auteurs  ont  voulu  que  les 
pays  de  montagnes  fourmillent  de 
points  stratégiques,  et  les  nniagonis- 
tes  de  cette  opinion  ont  aflirraé  que 
les  points  stratégiques  étaient  au  con- 
traire plus  rares  duns  les  Alpes  que 
dans  les  plaines ,  mais  qu'en  échange, 
s'ils  étaient  moins  nombreux,  ils  n'en 
étaient  que  plus  imporlsns  et  plus  dé- 
cisifs. 

Quelques  écrivains  ont  présenté 
aussi  les  hautes  montagnes  comme 
autant  de  murailles  de  là  Chine  inac- 


8S>  &xp4^V4WI' 

re^sîbles  pour  tpus|  ^udis  que  Napo*- 1  fncUQn  d'un  ét9t  û*iA  mif  WniV 


léon,  en  parlant  des  Alpes  Rhétieooea, 
'disait  ff  qu'une  armée  devait  paner  par^ 
tout  où  ¥11  homme  fouwait  fçeer  1$ 
fiid,  x> 

Des  géni^ram  non  noins  expéri- 
mentés que  lui  dans  la  guerre  de  mon- 
tagnes, ont  partage  wii  dpute  la  mèr 
me  opinion  en  proclamant  la  grapde 
diRiculté  qu'on  éproure  i  y  mener 
une  guerre  défensive,  à  moins  d^  réu- 
nir les  avantages  d'une  levée  en  maM^ 
des  populations  à  ceux  d'unei  armée 
régulière,  la  première  pour  ^rder  les 
ctmes  et  harceler  l'ennemi»  la  demjàre 
pour  lui  livrer  bataille  sur  les  poii^t^ 
décisifs  à  la  jonction  des  grandes  val- 
lées. 

En  relevant  ces  contradictions,  nous 
ne  cédons  point  i  un  (utilç  esprit  de 
critique ,  mais  seulement  à  l'envie  de 
démontrer  à  nos  lecteurs  que,  loin 
d'avoir  porté  l'art  jusqu'à  ses  dernières 
limites,  il  existe  encore  une  multitude 
dn  points  à  discuter. 

Nous  n'entreprendrons  pas  de  dé- 
montrer ici  la  valeur  stratégique  des 
divers  accidens  topographiques  ou  ar- 
tificiels qui  composent  un  théâtre  de 
guerre,  car  les  plus  Importans  seront 
examinés  dans  les  diSérens  articles  de 
ce  chapitre  auxquels  ils  se  rapportent; 
cependant  on  peut  dire  en  général  que 
cette  valeur  dépend  beaucoup  de  l'ba- 
bileté  des  chefs ,  et  de  Tesprit  dont  ils 
sont  animés;  le  grand  capitainç  qui 
avait  franchi  le  Saint-Bernard  et  or- 
donné le  passage  du  Splîîgen,  était 
loin  de  croire  à  VimêœpmgfMbiUii  de  ces 
chaînes. 


Diibate  tfapÉwUiBi. 

Le  premier  point  d'un  plan  d'opéra- 
tions eft  de  s'assurer  d'une  bonne  ba- 
•e  ;  on  nomme  ainsi  l'étendue  ou  la 


tinsra  aea  retaourçi^  «t  resM»  (tli 
celle  d'où  elle  devra  partir  pow  on 
expédition  ofTenaive ,  ti  Qik  elle  Umr 
verauq  refuge  w  beeoî»;  celle eeli 
sur  la  jtteUe  elle  dem  e'uppiijfr  ê  4i 
cpuvre  90Q  peys  défeoeit  eau?  ot 

Ursqu'anefirq^iUitre  offre.  4a  beeni 
barrji^  oetiireUee  et  ertîQcielM,  db 
peut  foimw  pinsi ,  tour  k  tpor,  toit 
we  excellente  bafte  ppur  rofleesîfei 
sQît  une  ligne  de  défense  lompi^oe  f» 
tK)rnerait  à  vouloir  pr^rT^  k  P9 
d'Inyaidon. 

Dans  ce  dernier  caa«  il  aère  pmdentii 
se  ménager  alors  une  bonne  base  tti^ 

cQnde  ligne,  car,  biem  qu'an  food  e^ 
arme  soit  censée  trouver  un  appui  |l|: 
tout  dans  son  propre  paja,  eoom 
existe-t-il  une  grande  différence  eaiff 
lea  parties  de  ce  pays  entièrement  dfc* 
nuées  de  points  et  de  moyens  militai' 
res,  d'arsenaux,  de  forts,  de  magasiai 
à  l'abri,  et  les  autres contréea  oq  lea 
trouverait  de  puissantes  ressources  4e 
cette  espèce  :  ce  sont  celiea-li  H^ 
ment  qui  peuvent  être  oensidérici 
comme  des  bases  d'opéralteM  seB^r 

des. 

Chaque  armée  peut  avoir  Mocevi- 
yemept  plusieurs  bases  :  par  fT^■*flt^ 
une  armée  firançaise  opérant  eu  Allei' 
magne  Ura  pour  prenuère  baie  b 
Rhin«  elle  pourra  en  atoir  aa-deiA# 
fleuve  partout  où  elle  aura  des  alliés  tm 
des  lignes  de  défense  permapeelai 
d'un  avantage  reconnu  ;  UMûa  ai  elle  aH 
ramenée  derrière  le  fleuve .  eUe  tn^ 
vera  une  nouvelle  base  nr  le 


(I)  m  la  base  ir«etetfoM  su  If  |lM 
•UMi  celle  des  ippffpvitioonamiM,  Q  y  a  ||9 
eieepUoMy  da  mofDi  pour  ce  qui  coaceraa  Ip 
iFiffSi.  Dm  année  frençeite.  plirée  emfÊlèej 
poerrak  tirer  la  ■afcaÉHinte  ée$  pMvtecaeaii  li 
laretiplttUe  aa  ae  la  FaMieaale»  ai  ta  leailii 


STftATfiGIS.  ^ 


835 


ou  la  Moselle;  ellt  fMl  %m  vm^ 
troisième  sur  la  S^ne,  une  quatrième 
sur  la  Loire. 

En  citant  ces  b^ses  successives ,  je 
pe  veux  pas  dire  Qu'elles  doivent  tou- 
jours être  i  peu  {près  paraHàles  à  la 
première:  il  arri^  souvent  au  coa- 
traire  qu'un  chantement  total  de  di- 
rection devienne}  nécessaire  :  ainsi , 
une  armée  françiise,  repoussée  der- 
rière le  Rhin,  poiy'rait  bien  chercher 
sa  nouvelle  base  brincipale,  soit  sur 
Béfort  ou  Besan|on,  soit  sur  Mé-r 
lières  ou  Sedan ^e^inme  l'armée  russe, 
après  l'évacuation  de  Moscou,  quittant 
la  base  du  nord  et  de  l'est,  vint  s'ap- 
puyer sur  la  ligne  de  l'Oka  et  sur  les 
pirovippes  piéridionales.  Ces  bases  laté- 
rales, perpendiculaires  no  front  de  dé- 
fense, sont  souvent  décisives  pour  em- 
pêcher l'ennemi  de  pénétrer  au  cœur 
du  pays ,  ou  du  moins  de  sY  main- 
tenir. 

Une  base  appuyée  sur  un  fleuve 
large  et  nnpétueux ,  dont  on  tiendrait 
les  rives  par  de  bonnes  forteresses  si- 
tuée i  cheval  sur  ce  fleuve,  serait  sans 
contredit  la  phis  favorable  qu'on  pût 
désirer.  • 

Plus  la  base  est  large,  moins  elle  est 
facile  ft  couvrir,  mats  moins  il  sera  fa- 
cile aussi  d*en  couper  l'armée. 

Un  État,  dontia  capitale  ou  le  centre 
de  puissance  esl  trop  prêt  de  la  pre- 
mière frontière ,  offre  moins  d'avanta- 
ges posrbaaer  ses  défenseurs,  qu'un 
Élut  dont  ta  capitale  serait  plus  éloi- 
gnée^ 

Toart»  Mae,  peer  êtie  pariktte,  doit 
oOHr  ffom  oe  trois  placta  dTMe  eapa- 
cRé  mfltaante  pour  y  établir  des  maga* 
rim,  ée»dépAls,  Ho.  KHe  doit  afolr  au 
moine  «se  MtedQ  pont  reimiidiéemir 
diaoïfie  des  rivières  isgoéabies  qa>  a> 
troui^eiit. 


d'aaaofd  aug.  lentes  les  quali- 
tés que  nous  venons  d*éaumércr  ;  mais 
il  est  d'autres  points  s|r  lesquels  les 
avis  ont  été  plus  diviséç.-.PIusieurs  écri- 
vains ont  voulu  qu'une  |ase,  pour  être 
parfaite ,  fût  parallèle  iavec  celle  de 
l'adversaire^  taijis  qn'i|i  contraire  j'ai 
éqis  l'opinion  que  1rs  b^ses  perpendi- 
culaircnr  S  'celles  de  re|iuemi  étaient 
les  plus  avantageuses^  notamment 
celles  qui,  présentant  deux  faces  à  peu 
près  perpendiculaires  IJune  à  l'autre, 
fit  figurant  un  angle  relitrant,  assure- 
raient une  double  base  au  besoin , 
rendraient  mattre  de  deux  côtés  de 
l'échiquier  stratégique ,  prociireraîcrit 
deux  lignes  de  retraite  fort  dîstanlrs 
Tune  de  l'autre,  enfin  fncîHt<*raIcnt  t'ont 
changement  de  ligne  d'opératfons  rjue 
la  tournure  imprévue  de?  chances  dé 
la  guerre  pourrait  nécessiter. 

La  configaratroo  générale  du  IhéfttfV. 
de  la  guerre  peut  avoir  aussi  mie 
grande  influence  sur  k  dh^ctfon  à' 
donner  aux  lignes  d'opérations  fet  par 
conséquent  aux  bases). 

En  effet ,  si  tout  théâtre  de  guerre 
forme  un  échiquier  ou  figure  présen^ 
tant  quatre  faces  plus  on  moins  rég«« 
lières,  il  peut  arriver  qu'une  dee  ar* 
mées,  au  début  de  la  campagne ,  oo» 
cupe  «ne  seule  de  ces  far^s ,  eomnae^t^ 
est  possible  qu'elle  en  tienne  deuir, 
tandis  que  l'ennemi  n'en  oecoperait 
qu'une  seule,  et  que  la  quatrième  for« 
meraît  un  obstacle  insurmontable.  La 
manière  dont  on  embrasserait  ce  tbéli<^ 
tre  de  guerre  présenterait  donc  des 
combinaisons  bien  différentes  daoa 
chacune  de  ces  hypothèset. 

Pour  faire  mieux  comprendre  retle 
idée,  je  dlerai  le  Ihéétre  de  la  guerre 
ilea  arméea  françaises  en  Weslphalie, 
depuis  1757  >ttsqn'en  i7Si«  et  celui  de 
Itepoléoa  en  1806,  représentés  Tua  et 
l'autre  par  la  figure  ci-après  : 


I    • 


iTIUTtelB. 


Dans  le  premier  de  cet  IhéAtret  de 
guerre,  le  c6té  AB  était  formé  par  la 
mer  da  Nord,  le  c6té  BD  par  la  ligne 
du  Weser,  base  de  l'armée  du  duc 
Ferdinand  ;  la  ligne  du  Mein  formait 
le  côté  CD,  base  de  Tannée  française, 
et  la  face  AC  était  formée  par  la  ligne 
du  Rhin,  également  gardée  par  les  ar- 
méea  de  Louis  XV. 

On  voit  donc  que  les  armées  fran- 
çaises, opérant  offensivement,  et  te- 
nant deux  faces ,  avaient  en  leur  fa- 
veur la  mer  du  JNord  formant  le  troi- 
sième côté,  et  que  par  conséquent  elles 
n'avaient  qu'à  gagner  le  côté  BD  par 
des  manœuvres,  pour  être  maîtresses 
des  quatre  faces,  c'est-à-dire  de  la 
base  et  de  toutes  les  communications 
de  l'ennemi  comme  le  montre  la  figure 
ci-dessus. 

L'armée  française  £,  partant  de  la 
base  CD,  pour  gagner  le  front  d'opé- 
rations FGU,  coupait  l'armée  alliée  J, 
du  côté  BD,  qui  formait  sa  base;  cette 
dernière  aurait  donc  été  rejetée  sur 
l'angle  L«A,M,  formé  vers  Embden 
par  les  lignes  du  Rhin,  de  rJEms  et  de 
la  mer  du  Nord  ;  tandis  que  l'armée 
française  £  pouvait  toujours  comnra- 
niquer  avec  ses  bases  du  Mein  et  du 
Khin 


La  manœuvre  de  Napoléon  sur  la 
Saale ,  en  1806,  fut  combinée  absolu- 
ment de  même  :  il  vint  occuper  à  Jéna 
et  à  Naumbourg  la  ligne  FGH«  et 
marcha  ensuite,,  par  Halle  et  Dessao, 
pour  rejeter  l'armée  prussienne  i  mr 
le  côté  AB,  formé  par  la  mer.  On  sait 
assez  quel  en  fut  le  résultat. 

Le  grand  art  de  bien  diriger  ses  li- 
gnes d'opérations  consiste  donc  à  com- 
biner ses  marches  de  pnaoière  à  s'em- 
parer des  communications  de  l'ennemi 
sans  perdre  les  siennes  ;  on  volt  aisé- 
ment que  la  ligne  F  G  H»  par.sa  posi* 
tion  prolongée  et  le  crochet  laissé  sur 
l'extrémité  de  l'ennemi ,  conserve  tou- 
jours ses  communications.avec  la  ba^e 
CD;  c'est  l'application  exacte  des 
manœuvres  deMarengo,  d'Ulm  et  de 
Jéna» 

Lorsque  le  théâtre  de  la  guerre  ne 
sera  pas  voisin  d'une  mer,  il  sera  ton- 
jours  borné  par  une  grande  puissance 
neutre  qui  gardera  sas  froattères  et 
fermée  un  des  côtés  du  carré:  sans 
doute  ce  ne  sera  pas  une  barriàre  aussi 
insurmontable  qu'une  mer;  mais,  eu 
thèse  générale,  on  peut  tMijours  la 
considérer  comme  un  obstacle  sur  le- 
quel il  serait  dangereux  de  se  replier 
après  une  défaite,  al  âvaolageiix  fut^à 


trmATÉeie. 


mêoM  de  refouler  son  ennemû  On  ne 
viole  pes  imimnément  le  territoire 
d'oM  pQiiMBce  qui  aurait  cent  cin- 
quante à  deux  eeni  mille  hommes  ;  et  si 
usearmée  batlne  prenait  ce  parti,  elle 
n'en  serait  pas  moins  coupée  de  sa  base. 
Si  c'était  une  petite  puissance  qui 
bornât  le  théâtre  de  la  guerre^  il  est 
probable  qu'elle  y  sernit  bientôt  en^ 
giobée,  et  la  face  du  carré  se  trouve- 


rait seulement  un  peu  plus  reculée  }qs> 
qu'aux  frontières  d'un  grand  État,  ou 
jusqu'à  une  mer. 

La  configuration  des  frontières  mo- 
difiera parfois  la  forme  des  diverses 
faces  de  l'échiquier,  c'est  à-dire  que 
ces  formes  se  rapprocheraient  alors  d( 
ce|Ie  d'un  parallélogramme  ou  d'ur 
tropèze  selon  le  tracé  des  deux  ligo^ 
tUi  \h  figure  suivante  : 


Dans  l'un  et  Tautre  cas,  lesi  avanta- 
ges de  l'année  qui  se  trouverait  mai- 
tresse  de  deux  des  laces  et  aurait  la 
facilité  d'y  établir  une  double  base, 
seraient  encore  bien  plus  positifs,  puis* 
qu'elle  pourrait  plus  aisément  couper 
l'ennemi  de  la  Cace  rétrécie  qui  lui  res« 
terait,  ainsi  que  cela  arriva,  en  1806,  à 
l'armée  prussienne  dans  le  cAté  BDJ 
du  p«f  ^lélogramme  formé  par  les  li- 
gnes du  9\Aiu  de  rOder,  la  mer  du 
Kord  et  Isk  frontière  des  montagnes  de 
Franconie. 

La  base  de  la  Bohême,  en  iS13,  prou« 
ve,  aussi  bien  que  tout  ce  qui  précède, 
en  faveur  de  mon  opinion ,  car  ce  fut 
pat  U  direction  perpendiculaire  de 
.  cette  base  avec  celle  de  l'armée  fran- 
çaise,  que  les  alliés  parvinrent  à  para- 
lyser les  avantages  immenses  que  la 
liffne  de  l'Elbe  eAt  procuiés  saps  cela 


à  Napoléon  ;  circonstance  qui  fit  tour 
lier  toutes  les  chances  de  la  campagne 
en  leur  faveur.  De  même,  en  1812,  ce 
fut  en  se  basant  perpendiculairemc;nt 
sur  l'Oka  et  Kalouga  que  les  Russes 
purent  exécuter  leur  marche  de  flanc 
sur  Wiaxma  et  Krasnoï. 

Au  surplus ,  pour  se  convaincre  de 
ces  vérités,  il  suffit  de  réfléchir  que  le 
front  d'opérations  d'une  armée,  dont  la 
base  serait  perpendiculaire  à  celle  des 
ennemis,  se  trouverait  établi  parallèle- 
ment à  la  ligne  d'opérations  de  ses  ad- 
versaires, et  qu'il  lui  deviendrait  ainsi 
très  facile  d'opérer  sur  leurs  commu- 
nications et  leur  ligne  de  retraite. 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  bases  per- 
pendiculaires seraient  surtout  favora- 
bles lorsqu'elles  présenteraient  une 
double  frontière,  selon  ce  qui  est  tracé 
aux  figures  susmentionnées;  or,  1^ 


?fc' 


8^8 


STflATÉOlC. 


fTi tiques  ne  manqueront  pas  d'objec- 
ter que  ceci  ne  s'accorde  guère  avec  ce 
que  j'ai  dit  ailleurs  en  faveur  des  fron- 
tières sntllantes  du  côté  de  Tennemi , 
et  contre  les  lignes  d'opérations  don* 
•  •  ^   b'c.i  é  égalité  de  forces. 

I  /objection  serait  plus  spédense  que 
jiisle ,  car  le  plus  grand  avantage  d^ane 
Jiiise  perpendiculaire  résulte  précisé-^ 
mont  de  ce  qu'elle  forme  ce  saillant 
qui  prend  à  revers  une  partie  du  théâtre 
des  opérations.  D'un  autre  côté,  la  pos- 
session d'une  base  à  deux  faces  n'em- 
porte nullement  l'obligation  de  les  oc- 
cuper en  ferces  toutes  les  deux;  il 
suffît ,  au  contraire,  d'avéir  sur  I'iHto 
d'elles  quelques  points  foftifiés  avec 
un  petit  corps  d'observation,  tandis 
({ue  l'on  porterait  tout  le  poids  d^'ios 
forces  sur  l'autre  face,  ainsi  que  cela 
eut  lieu  dans  les  campagnes  de  1800 
et  180(3.  L'angle  presque  droit ,  formé 

^r  le  Rhin  depuis  Constance  à  Bâle, 
et  de  là  à  KchI ,  offrait  au^général  Mo- 
reau  une  base  parallèle,  et  une  autre 
"^WJ^dhdlculaittî  à  celle  de  son  antago- 

'  rtistè.  Il  poussa  deux  divisions  par  sa 
gaachti  sur  la  première  de  ces  bases, 
Vers  Kchl ,  pour  y  atlifo^  l'attention  do 

'rèrinemi,  tandis  qu'il  fila  âvcd  neuf  di- 
trsiuns  sur  l'extrêtalté  de  la  face  per- 
pendiculuiro  du  côté  de  Schalîhouse, 
ce  qui  ramena  en  peu  de  mafches 
jusqû'aui  portes  d'Aug^bourg,  après 
(juc  les  deiix  divisions  détachées  l'eu- 
roht  déjà  rejoint. 

iVhpotéotK  en  1806,  avait  aussi  la 
double  base  du  Meiu  et  dii  Rhiir ,  for- 
rrant  presque  un  ringle  droit  renlraril; 

I  il  se  contenta  de  laisser  Mortier  sur  la 

^  face  parallèle,  c'est-à-dire  sur  celle  du 
Ilhin ,  pendant  qu'avec  toute  la  masse 
de  ses  forces,  il  gagnait  l'extrémité  de 
la  face  perpendiculaire,  et  prévenait 
ainsi  les  Prussiens  à  (icra  et  à  Natim- 
bourg  sur  leur  ligne  de  retraite. 


8i  Uni  de  fiiito  Mi|MMM  pNtMM 
que  les  bases  à  dem  Hmk»  ,  ëtoifn 
serait  a  pea  prés  perpsiidic«laireè«ii 
de  l'ennemi,  soni  les  meiHeiirai  îllpl 
bien  recofinattre  aimi  ^iia«  «Insh 
cas  oà  l'on  manqverait  d'une  btsa  pih 
reilie,  on  pourrait  y  soppléer  en  p«tie 
par  un  changement  de  firool  stnitéfi- 
que.    '  *> 

Une  antre  question  non  noina  im- 
portante sur  la  meilleure  direction  à 
donner  aux  bases  d'opérations ,  eit 
celle  qui  se  rattache  aux  bases  établici 
sur  les  rives  de  la  mer  et  qui  ont  aMi 
•donné  lieu  à  de  graves  ^reurs,  carat 
tsnt  elles  sont  favorables  pour  les  aHi 
autant  elles  seraient  reUoutalrfes  poar 
les  autres,  ainsi  qu'oo  ^pu  s'en  assurer 
par  tout  ce  qui  précèëe.  Le  daogrr 
qult  7  aurait  pour  une  armée  conti- 
nentale à  être  refoulée  fur  la  mer  a  été 
si  fortement  signalé,  qte  l'on  ne  sae- 
rait  trop  s'étonner  d*efttendre  encors 
vanter  le»  avantages  d«k  bases  établies 
sur  ses  rivages  et  qui  ne  sauraient  ean- 
venfr  qu*à  uiie  armée  itiiiiUVé.'  Ea 
etki .  Weltingtoti  vetiant  htèç  ÉhlkNle 
au  Siîcours  du  Portugal  l!t  de  VÈê^ 
gne,  né  pfcmvilH:  adopter  de  mdÊeiàt 
bkse  ((ué  caite  dé  Llsbeùné^  M  psir 
ndiéui  dtt^  èëllè  de  la  |ll«iqi1te  (b 
Toites^Vedas ,  qui  côéfté  les  Mriès 
avet^tfes  de  cette  capHèledo  aélé  de 
terre.  Id  les  rites  du  Ta^  el  eeHlBi^ 
la  mer  ee  cen^rèienl  pateWiteftent  ses 
deôt  llimcs ,  MMià  elles  éWwuaietfl  ee- 
Core  ^H  ligne  de  retftfite  qui  né  peetait 

avoir  lieu  que  sur  ses  vaii^seaut. 

Séduil!<  ^êr  les  ataf litiges  que  1 1-  Ta- 
meui  camp  retfatirh>^  de  Tiirre»-Ve- 
dras  afait  proeurés  M  généM  tffigiais, 
et  nt  jugeant  que  les  eSMi  «nr  te- 
monter  aux  ciusei,  bien  des  gêné 
faux ,  fort  sttvans  d'alllenni ,  m  réé- 
lurent plus  Vdir  de  bonnes  bases  ber- 
mis  celles  ^,  placées  9ur  les  rtTesda 


«ruifts»; 


M!t 


It  flMf  4  pranMMiMt  à  rflvméé  dt  fn- 
ailes  iippniflBiMnemeiii«et  desrefoges 
ifeedetllatesà  l'abri^  toute  iroolte. 
Utveog^HMnt  fàtpOMsé  à  tel  poiol, 
4^6  le  féeéral  Pfuhl  toeteneil,  en 
Mit  s  4M  Je  beie  eetoreNe  im  RiMe» 
éieH  *  ili(re«  bleèpMne  s(i«lègiqae« 

Feéciné  per  de  «emUebles  idées,  le 
eekNiel  Gertoa^N&as  imprima ,  qti'ee 
tMSMepeiéoft  aeieil  dû  placer  le  moi^ 
iMde  son  armée  en  Bohème,  et  jeter 
eentelnqnante  miHe  hommes  mm»  bmê- 
cèm  4ê  IJMf ,  vers  Himbovrgl  1 1  oq<- 
kNem  f|ee  le  première  règle,  poor  toi»* 
tae  lea  beses  d'une  armée  eonUnetiiale. 
est  de  s'appuyer  sur  le  front  le  plus 
oppoei  à  h  mer,  «Tes^à^dire  sir  celui 
qet  pleeereH  ratmée  ta  eentie  de  lene 
les  élémens  de  sa  puissance  militaire  et 
desa  peptfetlen^  dentelle  se  treuterait 
•eperée  et  coupée,  si  «Aie  commutait 
!a  A»te  grave  de  s*ep|Miyer  à  la  mer. 

tl*e  puissance  immlaire,  agissant  sur' 
le  continent ,  doN  natofellement  Mre 
le  eatoiil  dteméHralement  opposé,  et 
eela  peis^appUt|uef  néannotes  le  mime 
aiiènie,  qui  pteaerit  à  chacun  ds  fhtr^ 
dbir  sa  èass  mr  Ht  ptfMt  «d  il  pmil  imi 

intu^tr  sa  mèim  lênnfê  «m  Hfmgé  tmM^. 

One  paissanee,  (brte  à  la  fols  mir 
leiire  eetuiÉie  str  iiiw,  ei  dont  les  es^ 
sadres  nottbrtnies  doMiiftêraient  uAe 
flier  rMlIrte  du  théâtre  de»  opèratlons« 

pQiunait  bieii  encete  biMv  une  petite 
armée  de  ^uaitnte  *  dhcpiante  mille 
MIMMÉ «arle  rifage^  eu  M  assenrant 
un  refuge  Mea  protégé  et  dei  àppro^ 
visionnemens  de  toute  espèce  :  mais 
donner  aoe  pareille  base  à  des  masses 
sentinentales  de  eent  eiofuente  BHlIe 
heiDffles.  eojpigéet  èontre  des  fortics 
dttd^lineeset  I  peu  près  égales  eh  nom- 
bre, ce  serait  toujours  un  acte  de  folie. 
Cependant  «eomma  lente  aaaxiasa  a 
•es  exceptions,  il  eti  IB  eat  dans  le- 


quel il  peut  être  convenable  de  dévier 
à  (*e  que  nous  venons  de  dire,  et  de 
porter  ses  opérations  du  côté  de  la 
mer  :  c'est  lorsqu'on  aurait  affaire  à 
un  adversaire  peu  redoutable  en  cam- 
pagne, et  qu'étant  mattre  décidé  de 
cette  mer,  on  pourrait  s*approvision«- 
ner  aisément  de  ce  cèté  tandis  qu'il 
serait  difficile  de  le  faire  dans  Tinté- 
rieur  des  torrea.  Quoiqu'il  soit  fort  rare 
de  voir  ces  trois  conditions  réunies,  ce 
ftit  néanmoins  ce  qui  arriva  dans  la 
guerre  de  Turquie  en  1828  et  1839. 
Toute  l'attenlion  fut  fixée  sur  Wama 
et  Bourges,  en  se  bornant  à  observer 
Schumia,  système  qu'on  n'eAt  pas  pu 
suivre  eu  face  d'une  armée  euro- 
péenne,  lors  même  qu'on  eût  tenu  la 
mer,  sans  s'exposer  à  une  ruine  pro- 
bable. 

Malgré  tout ,  cette  guerre  fut  asses 
bien  eondalte,  à  quelques  fautes  près: 
on  eut  soin  de  se  couvrir  en  s'assurant 
des  fbfteresses  de  Braîlof ,  Warna  et 
SiHsirle,  pais  en  se  préparant  un  dépôt 
à  Bkîspoli.  Dès  qu'on  fut  suffisamment 
basé,  en  peusta  droit  sur  Andrinopie, 
ce  qui  auparavant  eût  été  folie.  Si  l'on 
n*étail  pas  venu  de  si  loin,  en  1888,  ou 
que  l'on  eftt  eu  deaii  mois  de  bonne 
saison  de  plut,  tout  eût  été  terminé  dès 
cette  première  campagne. 

Outra  les  bases,  permanentes,  qui  se 
troiiven>nt  oïdinaffement  établies  sur 
ses  propres  flrontières,  ou  du  moins 
dans  le  payé  d^m  alUé  sur  lequel  on 
potttrttit  compter,  H  eti  est  aussi  d'é- 
venluelles  ou  temporaires,  qui  dépen- 
dent des  opérations  entreprises  en  pays 
eooeaû  :  mais  comme  ceUair-ci  sont  plu- 
Hldespointsd'appui  passagers,  nous  en 
dirons  quelques  motsdans  un  article  par- 
ticulier, afin  d'éviter  la  tonfùston  qui 
pourrait  résulter  d'une  similitude  de 
dèmMûaatîoB* 


840 


STSAHiOIE^ 


Des  points  et  lignes  stratégiques,  des  poinig  dé* 
cisiTs  du  théâtre  de  la  guerre,  et  des  objectifii 
d'opérations. 

Il  y  a  des  points  et  des  lignes  stra- 
tégiques de  diverses  natures.  Les  uns 
reçoivent  ce  nom  par  le  fait  seul  de 
leur  site,  duquel  résulte  toute  leur  im- 
portance sur  l'érhiquier  des  opéra- 
tions; ils  sont  donc  des  points  stra* 
tégiqucs  géographiques  perroanens. 
D'autres  acquièrent  leur  valeur  par  l^ 
rapports  qo*ils  ont  avec  le  placement 
des  forces  ennemies  avec  les  entrepris 
ses  que  Ton  voudrait  former  contre 
elles  :  ce  sont  donc  des  points  straiégi^ 
ques  de  manœuvres  et  tout-à-fait  éven* 
tuels.  Enfin  il  y  a  des  points  et  lignes 
stratégiques  qui  n'ont  qu'une  impor- 
tarice  secondaire,  et  d'autres  dont  riui» 
portance  C2»t  à  la  fois  immense  et  in- 
cessante :  ceux-ci  je  les  ai  nonunés. 
points  êtratégiques  décisifs» 

Je  vais  m'eObrcer  d'eipliqoer  ces 
rapports  aussi  nettement  que  je  les 
conçois  moi-même,  ce  qui  n'est  |^s 
toujours  aussi  facile  qu'on  le  croit  eo 
pareille  matière. 

Tout  point  du  théAtre  de  U  guerre 
qui  aurait  une  importance  militaire, 
soit  par  son  site  au  centre  des  com- 
munications, soit  par  des  établisse*- 
mens  militaires  et  travaux  de  fortifica- 
tions quelconques  qui  auraient  une  in- 
fluence directe  ou  indirecte  sur  l'échi- 
quier stratégique,  sera  de  fait  un  point 
stratégique  territorial  on  géograpbir 
que. 


(f  )  On  me  reprochera  peat-4irs  encore  un 
barbarisme,  fiarce  que  Je  donne  le  nom  de  potaM. 
décisif  ou  objectif  à  des  lignes,  et  qu*un  point 
ne  saurait  être  une  ligne.  11  est  Inutile  de  faire 
observer  à  mes  lecteurs  que  les  points  objectifs 
ne  sont  pas  des  points  géométriques,  mais  une 
formule  grammaticale  ei  primant  le  iMi  qu'ont 

irmée  te  propMS:  Et  li  Von  dtfputo  lUiM  %w  le 


Ud  illiiitre  géoénd.  alBraie,  a«  m^ 
traire,  que  tout  point  qui  réaeiiaîtki 
condiUons  soameDtionBéea  se  senil 
pas  pour  cela  qd  point  atnitégî^w» 
s'il  ne  se  trourait  sur  une  ëiredii^ 
convenable  relativeinenl  à  l'epéraiiia 
qu'on  aurait  en  me.  On.  me  pardae^ 
nera  de  professer  une  opinion  difli- 
rente,  car  un  point  stntégiqof 
jours  tel  par  sn  nature,  el  ceim 
qui  serait  le  plus  éloigné  et  la  sphèia 
des  premières  entreprises,  pourra  f> 
être  entraîné  par  la  tournure  inpiA- 
vue  des  événemens,  el  acquérir 
toute  l'importance  dont  il  serait 
ceptible.  U  eût  donc  été  plus  exact ,  à 
mon  avis,  de  dire  que  tous  les  poialf 
stratégiques  ne  sont  pat  des  poiolsdiN 
cisifs. 

Les  lignes  stratégiques  sont  égaie* 
ment  ou  géographiques  ou  relalifBk 
seulement  aux  manoeuvres  tempocair 
res;  les  premières  peuvent  être  subdi- 
visées en  deux  classes,  savoir,  les.  Ii« 
gnes  géographiques  qui  par  leur  îbh 
portance  permanente  appartienoeat 
aox  points  décisifs  du  théAtre  de  b 
guerre  (1),  et  celles  qui  n'onlde  valsar 
que  parce  qu'elles  lient  deuit  poiali 
stratégiques  entre,  eux. 

De  crainte  d'embrouiller  oes  difla- 
rens  sujets,  nous  traiterons  dans  m 
article  séparé,  des  lignes  stratégiqQai 
qui  se  rapportent  à  une  inameuvm 
combinée,  pour  nous  borner  id  à  ce 
qui  concerne  Iss  points  déeiêifs  H  sèffs- 
tifs  de  la  zâoe  d'opérations  sur  lafasis 
les  entreprises  seront  dirigées. 

mot  décisir,  td  qu'an  poial  par  lol->uitae  «t 
rarement  déeisif ,  on  peut  j  sabslilner  le  mol 
isy^ortmni^  bien  qu'il  n*cipiûiie  pas  Msai  Sv- 
tement  U  pensée  que  j'y  ratucbe.  Il  est  im-^ 
file,  je  pense,  d^jooler  qu'un  point  ne  saurttl 
être  ôéchit  qu'autant  que  }h  Opérations  tenieni 
dlrisSeadans  la  sphèra  ai»  H  pourraH  avnir  im 

[secioaiirlsitréfaltst,  (  ^ 


QDi)iH)t»tl  éiistedes  rapports  iotimes 
entre  ces  deux  espèces  de  points,  va 
que  tmitobjeetif  devra  nécessairement 
être  un  des  points-  décisifs  da  théâtre 
de  ta  cnierre,  il  y  a  cependant  une  dis- 
tinction à  faire,  car  tous  les  points  dé- 
cisifs ne  sauraient  être  à  la  fois  le  bat 
objectif  des  opérations.  Occupoos-noos 
donc  d'abord  de  bien  définir  les  pre- 
miers, ce  qni  conduira  plus  fadleme^iC 
au  bon  choix  des  seconds. 

ie  crois  qu'on  peut  douner  ie  nom 

de  point  siratigique  décUif  h  tOttS  ceuX 
qui  sont  susceptibles  d*excrcer  une  in- 
fluence notable ,  soit  sur  l'ensemble 
d'une  campagne,  soit  sur  une  seule  en- 
treprise. Tous  les  poîntStdont  le  site 
géographique  et  les  avantages  artiB- 
ciels  favoriseraient  Tattaque  ou  la  dé* 
fense  d'un  front  d'opérations»  ou  d'une 
ligne  de  défense,  sont  de  ce  nombre, 
et  le»  grandes  places  d'armes  bien  si- 
tuées iieoneot  le  premier  rang  parmi 
eux. 

Les  noinis  décisifs  d'un  théâtre  de 
guerre  sont  donc  de  plusieurs  espèces. 
Lea^premiers  sont  les  points  ou  lignes 
géi^grapbiques  dont  l'importance  est 
permauenle ,  et  dérive  de  la  configu- 
ration même  de  cet  échiquier:  pre- 
îwuti.  par  exemple ,  le  théâtre  de  la 
guerre  deâ  Français  en  Belgique;  il  est 
tout  simple  que  celui  des  deux  partis 
qui  sera  maître  du  cours  de  la  Meuse, 
Aura  des  avantages  incalculables  pour 
s'emparer  du  pays;  car  son  adversaire, 
débordé  et  enfermé  entre  la  Meuse  et 
la  mer  du  Nord ,  ne  pourrait  recevoir 
bataille  parallèlementa  cette  mer,  sans 
courir  risque  d'une  perte  totale  (i).  De 
même,  la  vallée  du  Danube  présente 
une  séria  de  pointa  tmportans  qui  l'opt 

(1)  Ceci  ne  s'applique  qu'à  des  armées  conti- 
rcnla^rs  et  non  aux  Anglais,  q^i.  basés  »ur  An« 
%cr»  00'  Ovtemte.  n'aartteat  rfan  i  rfiSotiffr  de 
)  ocoapallapi  4a  ls  Nfiif  4s  U  Maaie* 


«4 

lait  regarder  comme  la  clef  de  F  Aile* 
magne  méridionalOp 

Les  points  décisifo  geograpnques 
sont  aussi  ceux  qui  rendreient  maître 
du  noeud  de  plusieurs  TuUées  et  du 
centre  des  plus  grandes  communicft- 
tiens  qui  coupent  un  pays.  Par  «cem* 
pie,  Lyon  est  un  point  stratégique  im«- 
portant ,  parce  qu'il  domine  lea  deui 
vallées  du  Hhéne  et  de  la  SaAne,  et 
qu'il  se  trouve  au  centre  des  commn^ 
nieations  de  la  France  avec  l'Italie  et 
du  midi  à  l'est  ;  mais  il  ne  serait  déeir 
sif  qu'autant  qu'il  s'y  trouverait  nne 
place  forte  ou  un  eamp  retranché  avec 
tète  de  ponts. 

Leipiig  est  ineontestableaent  un 
point  stratégique,  iiarce  qu'il  se  trouve 
à  la  jonction  de  toutes  les  communicvr 
tiens  du  nord  de  l'AUemagoe.  Si  cette 
ville  était  fortifiée,  et  située  à  cheval  sur 
un  fleuve^  elle  serait  presque  la  clef  du 
pays  (si  un  pays  a  une  clef,  et  si  cette 
expression  figurée  veut  dire  autre  ohose 
qu'un  point  décisif). 

Toutes  les  capitales ,  qui  se  tromveiit 
au  centre  des  routes  d'un  pays,  seraient 
ainsi  des  points  stratégiques  décisifs^ 
non  seulement  par  cette  raison ,  mais 
encore  par  les  autres  motifs  statistiques 
et  politiques  qui  ajoutent  à  cet^  im^ 
portance. 

Outre  ces  points,  il  existe^  dans  les 
pays  de  montagnes,  des  défilés  qui  sont 
les  seules  issues  praticables  ur  une 
armée  ;  ces  points  géographiques  peu- 
vent être  décisifs  dans  une  entrepriae 
sur  le  pays  ;  on  fait  ce  que  le  défilé  de 
Bard ,  couvert  d'un  petit  fort ,  eut  d'im- 
portance en  1800.  V 

La  seconde  espèce  de  points  décisifs 
est  celle  des  pointa  éventuels  de  roa- 
nceuvres,  qui  sont  relatifs  et  résultent  \ 
de  l'emplacement  des  troupes  des  deux 
partis  ;  par  example,  Mack  se  trouvant 
coocentr^  en  VWi  ▼#  r«  Utm,  et  tlteii* 


STRATEGIE. 


4«titTailnée  mbM  if»  la  Monifie,  lé 
point  décisif  pour  Tattoqner  était  Do^ 
nawertboale  Bas'-Leeh,  car,  en  le  ga- 
l^tiant  atati^  lui,  on  coupait  sa  ligne  de 
retrafte  Mt  rAutriche  et  sur  l'armée 
destinée  A  le  seconder.  Au  contraire, 
en  1800,  Kray  se  trontant  dans  la 
mêine  position  d'Ulm,  n'attendait  le 
eonconn  d'aucune  armée  du  côté  de 
ta  Bobéole ,  mais  bien  du  Tyrol  et  de 
llhrtnée  victorieiise  de  Mêlas  en  Italie  ; 
dès  lors  le  point  décisif  pour  l'attaquer 
n*étaitplas  Donawertli,  mais  bien  du 
eOlé  opposé,  c'est-A-dire  par  Schafl^ 
bouse,  puisque  e'était  le  moyen  de 
prendre  à  revers  son  front  d*opéra- 
floiis^  de  le  couper  de  sa  retraite,  et 
Ile  l'isole^  de  l'armée  secondaire  anssi 
bien  que  de  sa  base,  en  le  rejetant  sur 
le  Mein.  Dans  la  même  campagne  de 
f  800,  le  premier  point  objectif  de  Bo- 
naparte était  de  fondre  sur  la  droHe  de 
Mêlas  par  lé  8aint4^nard,  pour  s'em- 
'^arer  enstaite  de  tes  communications  ; 
on  juge  que  le  Saint-Bernard ,  Yvrée 
et  Plaisance  n'étaient  des  points  dé- 
tisib  que  par  leurs  rapports  avec  la 
•marche  de  Mêlas  sur  Nice. 

On  peut  poser  comnie  pHncipe  gé- 
néral que  les  pohits  di^cisif^  de  manœu- 
vres sont  sur  celle  des  etttémités  de 
l'ennemi  d'où  l'on  pourrait  le  séparer 
plus  fecilement  de  sa  base  et  de  ses  ar- 
mées secondaires ,  Sbtis  s'ettk>ser  soi- 
même  à  courir  ce  risque.  On  doit  tou-> 
jours  préM^er  l'ettrêmitê  opposée  è  la 
Mer,  pafce  qu'il  est  aussi  avantageux 
de  refouler  rennefUi  sur  la  mer  que 
Hangereui  du  sretposer  *  pareHle 

chance,  à  moins  que  Toé  n'ait  aOkire  à 
unie  armée  ittsirtain^  et  iulUrieure  :  dans 
ce  cas  oh  peut  chettber  è  là  couper  tfe 
ses  vaisseaui ,  bien  que  ce  soit  parMs 
daugefèui. 

SI  l'hrfttéè  éAheiÉie  est  morcelée,  ou 
itlendÉe  sur  une  ligne  trM  longue, 


alors  le  point  décisif  sera  te  fMirat  car 
en  y  pénétrant  ou  augnmien  la  dhi* 
sion  des  forces  eunemtes  •  <feg|'è  dira 
on  doublera  leur  BiiMcsaa,  ut  ces  trou- 
pes accablées  isotémedt  auront  iaus 
doute  perdues. 

Le  point  décisir  d^ni  dHaap  de  ba- 
taille se  déteftuine  : 

i*»  Par  la  configurutioh  du  terrain; 
9*  par  la  combinaiSM  des  toeaHtéaavec 
le  but  stratégique  qu'Une  traaée  sa 
propO!<«;  9^  par  TeaiplaDaiMut  des 
forces  reSpeMivea. 


Dfli  )Mnls  éHeSttft. 

On  pourtuit  dire  de  ces  polutai 
me  de  cent  qui  précèdent,  qu'il  y  a  des 
points  objectifs  de  manœuvres  et  d'au- 
tres qui  sont  géographiques,  léhi  qu'une 
forteresse  importante,  lu  ligué  d'un 
fleuve,  un  front  d'opérations  qui  oflH- 
Niit  de  bonnes  Ngues  de  dêCsnaeeu  de 
bons  points  d'appri  pour  des  entre- 
prises ultérieures  Cependant,  conuie 
le  choii  même  d*un  objèolir  gêogra<^ 
phique  est  une  combinaison  qui  peut 
être  rangée  dans  la  classe  des  manceu- 
vres,  il  serait  plus  eiuct  de  dira  que  les 
nns  ne  se  rapportent  qu*à  des  points 
territoriaux,  et  que  léa  autres  s'atta- 
chent exclusivement  eus  fbrcea  euue- 
mies  qui  occupent  ceut-ci. 

En  sti^iégie,  lé  but  d'une  uaHipagne 
détermine  le  point  objedtiT.  81  ee  but 
eèi  offèosir,  le  point  sert  roècupatiou 
dé  la  cépitsié  ennéttHé,  ou  eellé  d'une 
tA^o^nce  mtlItaiM  dont  la  perle  pour- 
rait déterminer  l'enuettl  I  la  paix. 
Bah»  là  guerre  ffiutafliou ,  M  eipitale 

est  ordinairement  le  point  objectif  que 
se  propose  rassaillant  Toutefois,  la  d- 
tuatîou  géographiquo  de  cette  eapitaie, 
les  rapports  pelitiquea  dul 


b«Uiféra»l«i  «vie  len  fwiigiMioet  t 
liai ,  le»  reflflources,  mil  positives  «  «oit 
fMénlîvM4  forment  êulast  de  oondii- 
MMoi»  étrangères  iu  fond  à  le  leience 
deseombits,  meie  très  intinenentliées 
oéHBinoinaeveo  les  pltns  d'opéraiioMt 
eiqtti  penvent  décider  si  une  armée 
doi4  désirer  onoraindre  de  pooaser  jns- 
i|a*à  la  capîiaie  ennemie» 

Asns  ce  dernier  o»,  le  point  objee- 
•  ttf  ponrra  èlre  dirigé  oontre  ia  partie 
«  dn  front  d'opérations  on  de  te  ligne  de 
défense  «  on.  se  tronverait  qneiqne 
place  imputante  dont  la  conquête  aa^ 
snrerfHi  à  J'armée,  la  possessioii  da 
temioife  oecupé:  par  eiemple  dons 
une  guerre  oontre  TAntriobe^  si  la 
France  eûTafaissait  riiatie«  son  premier 
objeetif  serait  d'etteîodre  la  ligne  dd 
TesaÂn  et  daP6;  le  second  poiM  ob- 
jectif serait  Mantooe  et  la  li^e  de  l'A^ 
«g». 

OeP9  la  défOMîve,  le  peint  objeatir, 
{Ml  Uep  d'être  eeloi  qne  Ton  feut  eoli-* 
i|nérir«  sera  cjsini  400  Ton  dMTcbe  à 
eottYiir.  La  eapitalo  étant  eensée  le 
foyer  de  la  puissance,  devient  le  point 
objeetif  prineîpeLde  te  défensbe  ;  maii 
H  peut  j  aYoîff  des  points  pins  rappr^ 
fik6$r  cemnm  te  déCenie  d'une  ptf^ 
asière  ligne,  et  de  te  première  baae 
d'Qpévptioni;  ainsi  nne  armée  firan- 
gaise«  céduîte  è  te  défensive  derrière  te 
Abin^  ««ré  pour  premier  point  ot^ectff' 
C^Bupèçtepr  ite  pamape  du  fleuie;  elte 
ener^ioim  à.aeoanirtr  leaptesead'AIsnee, 
ai  l'nwMiî  pmveneît  à  effectuer  aon 
.pniaagn  et  à  tes  assié^sr;  te  second  eb- 
lectif eerede.eomrrirte  pvemièrebeae 
4fopérnslens  qui  se  liMVera  lur  te 
Mewe  on  te  Moaelte^  but  que  l'on  p€nt 
égatemnnt  atteindre  par  une  défisnae  te* 
lémb»  uQSSi  bten  fue  par  une  détenae 
defirMt. 

gp  psinis  objecta  ée  «•- 
ri  e!flstè4ir»  caim  .qui  se  te^ 


Ma 

portent  surtout  à  te'^desMotton  ou  à  la 
décomposition  des  aniièea.  ennemies, 
on  jogere  de  toute  leur  isagortanee  par 
ce  que  nous  avons  déjà  dit  ptas  haut 
des  pirfnts  décteifk  de  ta  même  espèce. 
C'est  en  quelque  sorte  dans  te  bon 
dioii  de  cea  pointe  que  consiste^te  U- 
lent  le  plus  précteui  pour  un  géiiéml . 
et  te  gage  le  plus  sAr  de  grands  succès  i 
Do  moins  est-il  oertein  que  ce  ftit  le 
mérite  te  plus  incontesteble  de  Napo- 
léon. Rejetant  tes  tteilles  routines  qoi 
ne  s'attachaient  qu'à  te  priaed'unfr^u 
deux  placée,  ou  è  roccupalioii  d'une 
petite  province  .Hmîteopiie,  il  psrat 
oottvaiDcu  que  lu  premier  mojreo  de 
teire  de  grandes  ehesea  était  de  s*ap- 
pliquer  surtout  à  disloquer  et  rainer 
rarmée  ennemie,  «nrteinquo  lesËAats 
ou  les  proWneeA  losnbunt  d'eux-^né- 
meaquand  îb  a'uirt  phisdefsraesor- 
gsnisées  pour  tes  cowrir.  (I).  Mesmer 
d'uo  coup-d  œil  s&r  lee  àbanees' qu'of- 
friraient tes  dlfférfotea  nènea  d'un 
IhéMre  de  guerre;  diriger  sea  masses 
coneentriquement  sur  celle  de  ses  aé- 
nes  qui  serait  éiidemment  te  pins 
avantageuse;  ne  rien  négliger  pour 
s'instruire  de  te  position  approalmative 
des  forces  ennemies;  pute  fondre  alors 
avec  te  rigidité  de  l'éclair  soit  sur  le 
centre  de  celte  armée  si  elte  étidt  di- 
viséOi  soit  sur  celte  del  dbui  eiiréoM- 
tés  qui*  conduiffuit  plue  dkeotemeut 
sur  ses  communioattens«  te  déborder, 
te  couper ,  rentomer  «  te  pousÉuivre  à 
outrance  en  lui  InsptfteMnt.des  direc- 
tions divergentea;  enfin  ne  ta  quitter 
qu'après  l'avoir  enéanite  ou  diapersée  : 
voite  ce  que  toutes  les  premteres  eam- 

Hk}  laeuMie  d'Uiiuaaè  et  loaisi  M  gastim 
iHUionIci  p^arraiem  éift  sii^  oomeM  êieea* 
tioDs;  eependant  saoi  le  Mcourt  ^*uac  année 
orgtttifée,  loU  iîfàn%èifé^  loli  oÀUouTe,  toute» 

tans  t^HNifê  efei  poiAiiàifdie  istte^Mfili  è 


p 

I 


Mi 

pagnes  «ie  NKpoléen  incMqMni  cooMie 
^n  des  neiUeoTs  systèmes,  ou  du 
moins  conjme  les  bases  de  celui  qu'il 
préférait. 

pha  tard  am  immenses 
et  mx  contrées  inhospita- 
lières de  ta  Rossie,  ces  manœuvres 
n'eurent  pas  è  la  vérité  le  même  suc- 
cès qu'en  Allemagne  :  toutefois  on 
doit  reconnaître  que ,  si  ce  genre  de 
guerre  ne  convient  ni  à  toutes  les  ca- 
pacités, ni  à  toutes  tes  contrées,  ni  à 
tontes  les  circonstances,  ses  chances 
n'en  sont  pas  moins  ks  plus  vastes,  et 
qu'elles  sont  réellement  fondées  sur 
l'application  des  principes  :  l'^us  outré 
que  Napoléon  fil  de  ce  système,  ne 
saurai!  détruire  les  avantages  réels 
qu'on  pourrait  en  attendre  lorsqu'on 
saurait  imposer  une  linsite  à  sessuceès, 
et  mettre  ses  entreprises  en  harmonie 
avec  rétat  respectif  des  armées  et  des 
nations  voisines. 

Les  maximes  que  l'on  pourrait  don- 
ner sur  ces  importantes  opérations 
stratégiques,  sont  presque  tout  entiè- 
res dans  ce  qoe  nous  venons  de  dire 
sur  les  points  décisiili,  et  dans  ce  que 
nous  exposerons  plus  loin  en  parlant 
du  choix  des  lignes  d'opérations. 

Ponr  ce  qui  concerne  le  choix  des 
points  objectifs,  tout  dépendra  ordi- 
nairement du  but  de  la  guerre,  du  ra- 
ractère  qoe  les  circonstances  ou  la  vo- 
lonté des  cabinets  lui  imprimeraient, 
enfin  des  moyens  de  guerre  des  deux 
partis^  Dans  maintes  occasions  où  l'on 
aurait  de  puissans  motifs  de  ne  rien 
donner  au  hasard ,  U  serait  phis  pru- 
dent de  borner  le  but  de  la  campagne 
à  l'acquisition  de  quelques  avantages 
partiels,  eo  ne  visant  alors  qu'à  la  prise 
de  quelques  villes  ou  à  obtenir  réva- 
cuation  de  petites  provinces  limitro- 
phes. Lorsque  an  contraire  on  se  sen- 
tirait les  moyens  de  courir  de  grandes 


ehanees  avec  espoir  de  saceès,  eè  sers , 
«emme  Napoléon,  à  b  destruction  dr 
l'armée  ennemie  qu'il  fondra  songer 
On  ne  pourrait  conseitler  les  manoa- 
vres  d'IJIm  et  de  Jéna  à  l'année  qoi 
nsarcherait  uniquement  peur  assiéger 
Anvers.  Par  des  motilï  tont  dîlBirefts, 
il  n'eût  pas  été  prudent  de  les  conseil- 
ler à  l'armée  française  au-dnià  do  liié- 
men,  à  cinq  cents  lieues  de  ses  fron- 
tières, puisque  leschanees  désastreuses 
eussent  surpassé  de  beaucoup  tous  les 
avantages  qu'on  aurait  pu  se  pro- 
mettre. 

U  est  encore  une  wrtd  partioohère 
de  points  objectifs  qu*on  ne  saurait 
passer  sons  silence  ;  ce  sont  ceux  qui . 
ayant  pour  but  un  point  mHiCanfe  qnei- 
conqne,  se  rattachent  néanmoins  aux 
combinaisons  de  la  politique  bien  pins 
qu*à  celles  de  la  stratégie',  dans  ks 
coalitions  surtout  il  est  rare  qu'ils  ne 
jouent  pas  un  très  grand  rMe ,  en  in- 
floant  sur  les  opérations  et  sur  les^^oas- 
biuaisons  des  cabinets  r  or  pourmit 
donc  les  nommer  dm  poimi$  -  ^èfweiifi 

En  effet,  outre  les  rapports  tntiOM 
qui  existent  entre  la  politique  et  la 
guerre  pour  la  préparation  de  celle-ci, 
il  se  présente,  dans  presque  toutes  les 
campagnes,  des  entreprisea  militaires 
formées  pour  satisfaire  à  des  ^ues  po- 
litiques, souvent  ftort  iaq^tifntes,  mais 
souvent  fort  peu  ratioiinelles,  et  qui. 
stratégiquement  parlant,  conduisent 
A  dea  fautes  gravns  pliMt  qu'i4ies  opé- 
rations utiles.  Nous  nous  bornerons  A 
en  dter  deux  exensples:  l'expédition 
du^  duc  d'Yorck  sw  Dualmque  en 
1793,  inspirée  aux  Anglaia  par  d'an- 
ciennes vues  maritimes  et  commer-> 
eiaies,  demie  aux  «apArationa  dea  coa- 
lisés une  direction  divergentoqulcaon 
leur  perte,  et  ce  point  objectif  notait 
hun  aous  aucun  rapport  mililsirr .  Vn^ 


iMitiotfi  en  oièflHi- prince  fittlc.ia  Hil* 
larmleeififWf  égaienwiit  dictée. par 
imménm  km»  du  ^UnetdeLontkea 
eoiwboréeir  par  les  airtèce^pensées  de 
rAvt^khesur  la  Belgique,  ne  Ait  pas 
nMrina  f mieate ,  car  eHe  motiva  la  aiar« 
dhe  de^  Parchidne  Charles  de  Zorich 
MIT  Manheim,  opéralinn'  fort  contraire 
au  intéféts  manifeates  dm  armées  oofr* 
Maéea  à  l'époqne  ai  eHe  fat  résolue. 
'*  Ces  téritéii  f»ron?efitc(ue  le  choix  des 
points  objeetHb  potKiqnes  doit  être 
subordonné  an  tutérèts  de  la  atraté« 
gie,  dtt  moins  Jusqu'à  ce  que  les  gran- 
des questions  nûiitairessoienldéeidées 
par  lés  armes. 

An  démenrant ,  ce  sujet  est  si  faste 
eC  si  compliqué  qu'il  serait  absurde  de^ 
vouloir  le  soumettre  i  des  règles  :  hi 
seule  que  Von  puisse  proposer  est  celle 
que  nous  venons  dMndIquer  :  pour  la 
mettre  en  pratique,  il  Riut ,  ou  que  les 
points  objectifs  politiques  ado|)tés  dans 
le  cours  d*une  campagne  soient  d'ac- 
cord avec  les  principes  de  In  stratégie, 
ou  dans  le  cas  contraire ,  qu'ils  soient 
ajournés  jusqu'après  une  victoire  déci- 
sive. En  appliquant  cette  maxime  aux 
deux  évènemens  précités ,  on  recon-* 
nattra  que  citait  à  Cambrai,  ou  au 
coeur  de  la  France,  qu'il  fallait  conqué- 
rir Dunkerque  en  1793,  et  délivrer  la 
tilollande  en  1799 ,  c'est-à-dire  en  réu- 
nissant les  eflbrts  de  la  cooHtfon  ëur 
un  point  décisif  des  frontières,  et  en  y 
frappant  de  grands  coups.  Du  reste , 
les  expéditions  de  cette  nature  ren- 
trent presque  toutes  dans  la  classe  des 
grandes  diversions. 


euxi  que  t'<>»  ^aal  wmmA  t^oté  de  le» 
piendre  pour  une  senle  et  même  oho« 
sa  ^  bien  qu'ils  difièrent  aa  fond. 

De  ce  nombre  sont  les  fmnis  d'opéra* 
tiens,  les  fronts  stratégiques^  lealignef 
de  défense  et  les  positions  stratégl- 
qoes.  On  pourra  s'assorer,  par  les  ob- 
servations suivantes^  des  rapports  hiti* 
mes  et  de  la  différence  «ini  eiistent 
entre  eux,  et  apprécier  les  motîEsqni 
noua  ont  décidé  à  les  réunir  dans  nn 
même  tttide. 


Den  Itontk  d'cféiatiant,  ém  Ihwlf  ftraléaiaati, 
.des  ligoea  dedéfimia  el  flMjKiilltoDs«Ua- 

T]  bst  certait)s  pointe  de  h  sden^^e 
nUitaire  qui  ont  tant  d'aflDnité  entre 


Bn  ftoau  d'apéntoas  «t  *«iii  steaU%taaM> 

Dès  qu'une  armée  est  disposée  aur  la 
iteederéchiquier  qu'elle  veut  ensbras 
ser,  soit  pour  attaquer,  soit  pour  se 
défendre^  elle  y  occupe  ordlnaireoiettl 
des  positions  rtralégiques. 

L'étendue  du  front  qu'elles  embi;aa« 
sent  et  qui  fait  face  du  e6té  de  l'en** 
nemi,  se  nonunera  le  front  stratégi- 
que. La  portion  de  l'échiquier  d'oè 
Tenneaii  pourra  présumablement  ar«* 
river  sur  ce  front  en  une  on  dans 
marches,  sera  le  front  d'opérations. 

II  existe  entre  ces  deux  sortes  de 
fronts  une  si  grande  analogie,  que 
bien  des  militaires  les  ont  confondues 
tantM  sous  l'une  de  ces  dénomina- 
tions, tantAt  sous  l'autre*  En  prenant 
néanmoins  les  choses  à  la  rigueur.  Il 
est  incontestable  que  le  nom  de  front 
stratégique  convient  mieux  pour  dé^ 
signer  celui  des  postCions^védles  ocou'* 
pées  par  l'armée  ^  tsndis  que  le  nom 
de  fVont  d'opénitions  désignerait  mien 
cet  espaee  géographiqne  qui  sépare  les 
deux  armées ,  s'étend  à  ttV3  ou  pin^ 
sieurs  marches  an-deià  de  chaque  ex*- 
trémité  de  lefur  frOnt  stratégique ,  el 
oà  M  est  probable*  enfin  qu'elles  vien* 
dront  s'entrechoquer. 

Ceci  parait  si  rationnel,  qno  je  n*liéi« 


riteiirif  milleiMiil  à  eomterer  détoii^ 
milf  eetto  douMe  déflaitton,  il  Je  m 
craignah  d^èlre  encore  aoeiMé  de  n'at- 
taelier  à  dee  sabUlité»  de  terminelôgie 
par  trop  mlnotieiiaes  ;  car,  dans  Vêp- 
pUcattôn  pratique  qae  d'autiea  écri- 
rahis  vouÂrontMre  decea  nota,  il  eat 
probaHe  f«e  plualéuri  d^enCre  em 
coetiDiienMal  à  ne  paa  les  dbtingiier; 
elleaemploieront  indiaUnctement  pour 
ftinimler  «m  même  idée«  Je  nae  eon* 
tente  donc  de  signaler  la  dMértnee 
que  l'on  pourrait  assigner  à  ces  deux 
expressions,   et  de  m*y   conformer, 
peur  ma  part,  autant  que  eela  peut  ae 
faire. 
[       Dfcs  qae  les  opérations  d*OM  cam- 
pagne seront  sur  le  point  de  commen** 
cer,  une  des  deoi  années  prendra  sans 
donte  la  résolution  d'attendre  renne» 
mi  ;  dès-lors  elle  aura  soin  de  s^asaurer 
d'nne  ligne  de  défense  plus  ou  moins 
préparée  à  Vavance,  et  qui  pourra  être, 
soit  sur  la  ligne  même  du  front  slraté«- 
gique,  soit  un  peu  plus  en  arrière.  De 
là  il  résulte  naturellement  que  parfois 
aa  front  semblera  former  également  la 
ligne  de  défense ,  eomme  le  cas  s'en 
présenta  en  1795  et  en  1796  sur  la  li- 
gne du  Rhin ,  qui  aenrit  à  la  fois  de 
Ugae  de  défense  aux  Autrichiens  ainsi 
qu'aux  Frsnçais,  tandis  que  le  liront 
stratégique  et  le  front  d'opérationa  dea 
deux  partis  se  trouvaient  ausai  sar 
aette  Kgne.  C'est  sans  doute  ee  qui  a 
bit  confondre  souvent  ces  trois  cfao^ 
ISS,  qui,  pour  se  trouver  réunies  par^ 
àtts  dans  une  même  localité,  n'en  sont 
fm  moina  de|  choses  fort  différantes. 
En  efièt,  une  armée  n'a  pas  toujours 
une  ligne  de  déCaase,  surtout  lors* 
qu'elle  envahit  un  pays;  elle  n'a  paa 
non  plua  de  front  stratégique  lors** 
qu'elle  se  trouve  réunie  dans  un  seul 
camp ,  tandis  qu'eUa  a  loij^Mirs  un 
front  d'opéyationat 


U  muttipydté  dan 
pouvant  vendre  Min^éiivUMIf  atiaa  qas 
ptas  claire,  fea  citaNé  «mm 
pour  Éire  juger  la  4i$ÊimâiÊm 
aée.  Lors  de  la  repHae éealMiatfliMa»* 
la  fin  de  18tS,  le  btwt  séiiérri  4l*0|ii» 
letieM  de  Nepoiéon  a'élMdnil  dotaal 
depoia  Hambeusf  imqa*A  Wîtlen|gn>> 
d'oà  il  hwgeait  la  ligne  4ee  «IBAi  j» 
que  vers  Glogau  et  Irealnv^  priaquii 
droite  éUit  à  i/nrenbeff  ;  Min.ilsB 
rabattait  en  arrière  sur  In  ffMtièiidl 
Bohême  jusqu'à  Baeade*  tm  $mm 
étaient  répartiea  aor  ce  f  caiHl  ftW  m^ 
quatre  asassea,  dont  lea  poailioQ^  str»* 
tégiques  étaient  intérieuraa  on  ceQt% 
lea,  et  présentaient  trois  fraati  dil|^- 
reos,  Ranené  plus  tarddonrièmrEibe, 
sa  ligne  réelle  de  défense  ne  l'étct* 
dait  alors  qu'entre  Wittenbeig  et 
Presde,  avec  un  crochet  en  nrrî^  ait 
liarienberg  ;  car  Kambourg ,  et  Magr 
debourg  oérne^  se  Moavaieiik  déjà  01 
dehors  de  son  édhiquier  générait  4| 
eût  été  perdu  s'il  eftt  songé  à  y  poi^ 
sea  opérations. 

Comme  autre  exemple,  je  citen}  ^ 
position  autour  4e  Maatoue,  on  fnH^ 
son  front  d'opérationa  a'^tea^ait 
réalité  depuis  les  montagnea  4o 
game  jusqu'à  la  mer  AdrinMquo,  tpt 
dis  qq'au  besoin  a^  ligne  f^ello  4|  #• 
fenae  était  sur  i'Adigo  mfin  1«  Im# 
Garda  et  Legnago,  e^suilê  a^r  taMtoa 
do,  entre  Peaûhiere  et  MiiMmi«>()MNI 
son  front  ftntt^qii»  variai^  aetan  IR 
poBîtîona. 

Ce  serait^  diui  rate,  feii9  iRinn  A 

nos  lecteurs  que  d'ÎQsi|t«r  |||iq  tfmfr 
temps  sur  ce  point,  et  la  diatinction  de 
ces  trois  objets  étant  reconnue,  il  ne 
noua  reste  q«*à  les  wnmiaier||É|iaré> 
nient;  et  à  présenter  le  pelif  wmbre 
de  maiimes  qui  leur  sont  communes, 
ou  qui  sont  pKopros  à  cbacua  d*eux  ea 


êtmhtàêmé 

Le  fn>nl  4'epéNllioii$  él|«l  donc 
l'atpaM  géûirapU^M  qui  lépwre  it 
ffMil  stvilégiqiie des  deui  armits,  et 
sur  toquel  «liea  peufent  venir  8e  beur* 
ter,  il  88  trouve  ain8i  ordinairement 
élaUî  i  pe»  pria  pefalMcmopt  à  la 
kaie.  Le  froal  atratégiqoo  elisftlf, 
to«l  en  eaajwpiiaant  on  eapace  an  pea 
fluina  étondo  qoo  le  ftont  dea  opéra* 
liena  évestnellea  on  préamnaUea,  aéra 
dana  la  mtee  directicMi,  et  devra  être 
erdîMiireiiient  établi  de  pMBiire  à  oeii» 
pev  traaiwaaleiBent  la  Ugne  princi-' 
pale  d'opérations,  et  à  se  prolonger 
au-deli  des  flancs  de  celle-ci  de  ma- 
nière à  la  ooavrir  autant  que  pos- 
sible. 

Toutefois  la  direction  de  ce  front 
peut  varier  ausai  selon  les  projets  que 
l'os  forme ,  ou  selon  les  attaques  de 
reonomi,  et  il  arrive  assea  fréquem- 
méat  qno  l'on  aoit  appelé  à  présenter, 
au  contraire,  un  front  perpendiculaire 
à  la  baae  et  parallèle  à  la  ligne  d'opé- 
rations primitive. 

Lea  ohangemens  de  front  stratégi- 
que sont  en  eUM  une  des  grandes  ma- 
nœuvres les  plus  importantes  ;  car,  en 
formaat  ainsi  une  perpendiculaire  avec 
sa  propre  base,  on  se  rend  mettre  de 
deiii  côtés  de  rédiiqnier,  et  on  place 
ahiai  Pwmée  dans  une  situation  près- 
qno  «qsbI  favorable  qne  si  elle  avait 
nno  boae  à  de«  fliees. 

Le  troïïi  stratégique  adopté  par  Na- 
poléo»,  dans  sa  marehe  sur  Eylan, 
pfdaanlait  toutaaees  partirularités  ;  ses 
ploelB  d^opéralMoa  étaient  à  Y arsovfe 
et  à  Tboro,  00  qui  Msalt  do  la  Vistole 
uos  aorte  do  baâo  temporaire  ;  le  front 
dMiol  paraVèlo  à  la  Marew,  d'où  Na- 
paléOD  pnrlR  en  É*appuyant  sur  Sie- 
rook ,  Poltnsk  et  Ostrolenka ,  aBn  de 
moncBiivrer  par  sa  droite  poor  jeter  les 
1IM8M  sur  BIbing  ot  la  mer  Bakiqne. 
OMa  do  pareUa  eas,  le  frenl  atratégi- 


847 

que,  peur  peo  quifou  trouvât  un  point 
d'appui  sur  sa  nouvelle  direction,  pro-^ 
duirait  le  méane  avantage  que  nous 
venons  de  signaler.  11  faut  seulement 
ne  paa  perdre  de  vue  que ,  dans  une" 
semblable  manœuvre.  Fermée  doit  être 
sàrode  pouvoir,  an  besoin,  regagner 
sa  base  temporaire ,  c'est^àmire  qo*if 
est  indispensable  que  celte  base  se 
prolonge  derrière  le  front  stratégique 
et  s'en  trouve  ainsi  couverte  :  Napo* 
léon ,  marohant  de  la  Narew  par  A)« 
loostein  sur  Eylau ,  avait  derrière  aa 
gauche  la  plaoe  de  Tborn,  et,  plus  loin 
encore  du  front  de  Tarmée,  la  tête  def^ 
pont  de  Praga  et  Varsovie;  en  fwt» 
qoo  ses  eoroauinications  étaient  par- 
faitement sAras,  tandis  que  Beningsen, 
forcé  de  lui  faire  face  et  do  prendre  sa 
ligne  de  combat  paraitèlemenl  à  la 
Baltique,  pouvait  être  coupé  de  m  base 
et  refoulé  sur  les  bouches  de  ta  Vii-^ 
tule.  Napoléon  exécuta  en  change^ 
ment  de  front  stratégique  non  mointf' 
remarquable  dans  sa  marche  de  Oéra^ 
sur  iéna  et  Naumbourg,  en  1806.  Mo»* 
re»ii  en  fit  un  pareil  en  IMO,  en  se 
portant  de  l'Iller  par  sa  droite  sur 
Aogsbourg  et  DilHngen ,  Ibisant  face 
au  Danube  et  à  la  France,  et  fbrçant 
par  là  Kray  à  évacuer  son  fbmeux  camp 
retranché  d'Ulm. 

On  peut  donner  è  son  front  siraté* 
gique  une  pareille  direction  pevpoMI* 
cvtaiire  à  sa  base,  soit  par  un  meuve* 
usent  do  eonversion  momentané,  exé-^ 
enté  ponr  une  opération  de  qnelquea 
joora  seulement,  soit  0b  l'adoptant 
pour  un  temps  Indétei  dans  le  but  de  ' 
OBOttre  à  profit  les  avantages  majem 
que  certaines  liicalttés  pourraient  of- 
frir, pour  frapper  des  coupa  dédsHb  on 
procurer  à  l'armée  nne  bonne  ligne  do 
défense  et  de  bons  pivota  d*opératlona 
qui  équivaudraient  presque  à  une  baao 
!  réelle. 


11  arrif  e  soq? eni  qa'aoe  année  Si 
forcée  d'avoir  des  doobies  fronts  stra- 
tégiqaef,  soit  par  k  oooGgiiratîon  de 
eerlaîDS  théâtres  de  gaare^  soit  parce 
fue  tonte  la  ligne  d'opérations  offen* 
sifo,  nn  peu  étendue  en  profondeur, 
eiiged'Mre  bien  essorée  sur  ses  flancs. 
Dans  le  preoiier  cas,  on  pent  citer  pour 
exenqiie  la  frontière  de  Turquie  et 
celie  d'Bspagne.  Des  armées  qui  Ton- 
draient frandûr  le  Balkan  on  TÉbre 
seraient  foreées  d'avoir  nu  double 
front  :  la  prenuère  ponr  Caire  face  à  la 
vallée  du  Danube,  l*antre  ponr  Caire 
tece  aux  Coroes  venant  de  Saragosse  ou 
de  Léon. 

Toutes  les  contrées  un  peu  vastes 
offrent  plus  on  moins  cette  même  obli- 
gation ;  par  exemple  :  une  armée  Cran- 
fiaise,  marchant  dans  la  vallée  du  Da- 
nube, aura  toujours,  soit  du  cAté  de  la 
Bohème,  soit  du  c6(é  du  Tyrol,  la  né- 
cessité d'un  double  front  stratégique , 
dès  que  les  Autrichiens  auraient  jeté 
dans  ces  provinces  des  corps  assez 
nombreux  pour  lui  donner  des  inquié- 
tudes sérieuses.  Les  pays  seuls,  dont 
la  frontière  serait  très  étroite  du  c6té 
de  l'ennemi,  feraient  exception,  at- 
tendu que  les  corps  qu'on  y  laisserait 
en  se  retirant  pour  menacer  les  flancs 
de  l'ennemi,  seraient  eux-mêmes  ai- 
sément coupés  et  pris.  Cette  nécessité 
des  doubles  fronts  stratégiques  est  un 
des  inconvéniens  les  plus  graves  ponr 
Oiie  armée  offensive,  puisque  cela 
oblige  à  de  grands  détachemens  tou- 
jours dangereux  jusqu'à  certain  point. 
'  Il  va  sans  dire  que  tout  ce  qui  pré* 
cède  se  rapporte  surtout  aux  guerres 
régulières  entre  diverses  puissances; 
car,  dans  une  lutte  noUonale  ou  dans 
une  guerre  intestine,  les  hostilités  em« 
brassant  presque  toute  la  surface  du 
pays,  les  divers  fronts  ne  sauraient 
être  circonscrits  de  la  sorte.  Cepen- 


dant chaque  grande  fractioa  dHane  ar- 
mée qui  agirait  partîeUomcat 
but  déiermiilé,  aurait 
jours  son  front  stratégique  partiodMr,  \ 
qui  serait  déterminé  autant  par  les  )a- 
calités  que  par  l'emplaceiiitBt  dea^iBr- 
ces  ennemies  qu'elle  serait  appelée  à 
combattre  par  grands  rasseaaUenMns; 
ainsi,  dans  la  guerre  d'Etpa^K»  Su- 
chet  en  Catalogne,  M aasénn  €o  Parla- 
gai,  avaient  chacun  leur  froot  i4ralé- 
gique ,  bien  que  d'autres  oorpu  da  la 
grande  armée  n'en  missent 
déterminé. 


Oei  lignes  de  déTeaia. 

Les  lignes  de  défense  sont  de  phi- 
sieurs  natures;  il  y  en  a  de  stratégi- 
ques et  de  tactiques.  Dans  les  premiè- 
res, il  y  en  a  qui  sont  pernuineoteset 
tienneut  au  système  de  défense  de 
l'État,  comme  les  lignes  de  frontièns 
fortifiées,  etc.;  d*autrea>qui  ne 
qu'éventuelles,  et  se  rapportent 
ment  à  la  position  passagère  on  sa 
trouve  une  armée. 

Les  lignes  de  frontières  sont  des  i» 
gnes  de  défense  permanentes,  lar» 
qu'elles  présentent  un  mélange  d'obs. 
tacles  naturels  et  artificiels ,  tels  que 
des  chaînes  de  montagnes,  des  granél 
fleuves  et  des  forteresses,  formait 
tre  eux  un  système  bien  lié. 
cliatne  des  Alpes,  entre  le  Piémont  al 
la  France ,  est  une  ligno  de  défenaav 
puisque  les  passages  praticables  sont 
garnis  de  forts  qui  mettraient  de  gran* 
des  entraves  aux  entrepnses.d'unoar» 
mée ,  et  qu'au  sortir  des  gorges ,  de 
grandes  places  d'armes  couvrent  en*^ 
core  les  différentes  v<illéesdu  PiénuMit. 
De  même  le  Rhin,  l'Oder,  l'Elbe,  peu- 
vent à  quelques  égards  être  aussi 
sidérés  comme  des  ligna»  do  dâ 


STBATiGlK. 


t^9 


permanentes,  à  cause  des  places  im- 
portantes qui  les  couvrent. 

Toutes  ces  combinaisons  se  rappor- 
tant plutôt  au  système  des  places 
qu'aux  opérations  d^une  campagne.. 

Quant  aux  lignes  de  défense  éeeniuel" 
les,  on  peut  dire  que  toute  rivière  un 
peu  large,  toute  chaîne  de  montagnes 
et  tout  grand  défilé  ayant  sur  leurs 
points  accessibles  quelques  retranche- 
mens  passagers,  peuvent  être  regardés 
comme  des  lignes  de  défense  à  la  fois 
stratégiques  et  tactiques ,  puisqu'elles 
servent  à  suspendre,  durant  quelques 
jours,  la  marche  de  l'ennemi,  et  l'obli- 
gent souvent  à  dévier  de  sa  marche 
directe  pour  chercher  un  passage  moins 
diiTicile  ;  dans  ce  cas,  elles  procurent 
un  avantage  stratégique  évident;  mais 
si  Tennemi  les  attaque  de  front  et  de 
vive  force,  alors  il  est  constant  qu'elles 
ont  aussi  un  avantage  tactique,  puis- 
qu'il est  toujours  plus  difficile  de  forcer 
une  armée  derrière  une  rivière  ou  dans 
un  poste  fort  par  la  nature  et  par  Tart, 
que  de  l'attaquer  en  plaine  découverte. 

Toutefois  il  ne  faut  pas  s'exagérer 
cet  avantage  tactique,  puisqu'on  tom- 
berait dans  le  système  des  positions 
(starke  positionen)  qui  a  causé  la  ruine 
de  tant  d'armées;  car  quelles  que  soient 
les  difficulté»  de  l'abord  d'un  camp  dé- 
fensif,  il  est  certain  que  celui  qui  y  at- 
tendra passivement  les  coups  de  son 
adversaire  Gnira  par  succomber  (1). 
D'^oilleurj),  toute  position  très  forte  par 
<i  nature  étant  d'un  accès  difficile  (2), 
il  est  aussi  difficile  d'en  sortir  que  d'y 
arriver,  et  l'ennemi  pourra  avec  peu 
de  monde  en  garder  les  issues  et  blo- 
quer, pour  ainsi  dhre,  l'année  dans  sa 

(1)  li  fiiat  obferver  qull  nlett  pas  qawtlôii 
ici  éi  eampt  fortifléf ,  qoi  font  aat  giaada  4if- 
Céreoce. 

(2)  11  eit  qoettipo  ici  de  pofitioof  pour  cam* 
pt r  et  Don  de  cbainpf  de  iMlaiUe. 


position  avec  des  forces  inférieures  à 
ses  défenseurs  ;  c'est  ce  qui  arriva  aux 
Saxons  dans  le  camp  de  Pirna,  et  à 
\^mser  dans  Mantoue. 


Des  pof  itions  i tratégiquei . 

n  est  une  certaine  disposition  de^ 
armées  à  laquelle  on  peut  donner  le 
nom  de  position  stratégique,  pour  la 
distinguer  des  positions  tactiques  ou 
de  combat.  Les  premières  sont  celles 
que  l'on  prend  pour  un  temps  donné , 
afin  d'embrasser  le  front  d'opérations 
sur  une  plus  grande  étendue  que  cela 
n'aurait  lieu  pour  combattre.  Toutes 
les  positions  prises  derrière  un  fleuye 
ou  sur  une  ligne  de  défense ,  dont  les 
divisions  seraient  à  certaine  distance , 
comptent  dans  ce  nombre  :  celles  que 
les  armées  de  Napoléon  avaient  à  Ri- 
voli ,  Yéronne  et  Legnago  pour  sur*» 
veiller  l'Adige;  celles  qu'il  avait  en 
1813  en  Saxe  et  en  Silésie,  en  avant 
de  sa  ligne  de  défense,  étaient  des  po- 
sitions stratégiques,  aussi  bien  que 
celleà  lies  armées  anglo-prussiennes  sur 
la  frontière  de  Belgique,  avant  la  ba- 
taille de  Ligny  (1814),  et  celle  de  Mas- 
séna  sur  l'Albis,  le  long  de  la  Limmat 
et  de  l'Aar,  en  1799.  Même  les  quar- 
tiers d*hiver,  lorsqu'ils  sont  très  serrés 
et  placés  en  face  de  l'ennemi  sans  èlrt 
garantis  par  un  armistice,  ne  sont  au- 
tre chose  que  des  positions  .stratégi- 
ques; tels  furent  ceux  de  Napoléon 
sur  la  Passarge,  dans  l'hiver  de  1807. 
Les  positions  journalières  qu'une  ar- 
mée prend  dans  les  marches  qui  ont 
lieu  hors  de  portée  de  l'ennemi,  et 
qu'on  étend  parfois  pour  lui  donner  le 
change  ou  pour  faciliter  les  mouve* 
mens,  appartiennent  aussi  à  cette 
classe. 

On  voit  donc  que  cette  dènommt-» 


1150 


STRATÉGIB. 


tion  peut  s'appliquer  également  à  ton-   sont  des  places  d'armes  passagères  oa 

'  tes  les  situations  dans  lesquelles  une    éventijblles. 
armée  se  trouverait,  soit  pour  couvrir 


plusieurs  points  à  la  fois,  soit  pour 
former  une  ligne  d'observation  (^el- 
conque,  enlln  pour  toute  position  d'at- 
tente. Ainsi  les  positions  étendues  sur 
une  ligne  de  d:  fcnse,  les  corps  établis 
sur  un  double  front  d'opérations,  ou 
couvrant  un  siège  pendant  queTarmée 
opère  d'un  autre  côté,  en  un  mot  jTes* 
que  tous  les  grands  détachemens  com* 
posés  de  fractions  considérables  d'une 
armée,  sont  également  à  ranger  dans 
celte  catégorie. 

Les  maximes  que  Ton  pourrait  don* 
her  sur  les  divers  sujets  qui  précèdent 
sont  en  petit  nombre,  parce  que  les 
fronts,  les  lignes  de  défense  et  les 
positions  stratégiques  dépendent  près* 
que  toujours  d'une  fouie  de  circons- 
'  tances  combinées  avec  les  localités  qui 
varient  à  Tinfini. 

Pour  les  uns  comme  pour  les  autres» 
le  premier  des  axiomes  sera«qu'ils  doi* 
vont  offrir  des  liens  sûrs  de  communi- 
cation avec  divers  points  de  la  ligne 
d'opérations. 

Dans  la  défensive,  il  est  avantageux 
que  les  fronts  stratégiques  et  les  lignes 
de  défense  aient  sur  les  flancs ,  de 
même  que  sur  le  front,  de  grands  obs- 
tacles naturels  ou  artificiels  qui  puis- 
sent servir  rie  points  d'appui.  Les  points 
d'appui  que  peut  offrir  un  front  straté- 
gique se  nomment  aussi  de:^ pivots  d'o- 
pérations, ce  sont  des  bases  partielles 
pour  un  temps  donné,  et  qu'il  ne  faut 
pas  confonure  avec  les  pivots  d'uue 
manœuvre.  Par  exemple,  dans  la  cam- 
pagne de  1796,  Véronne  fut  un  excel- 
lent pivot  d'opérations  pour  toutes  les 
entreprises  que  Napoléon  fit  autour  de 
Mantoue  pendant  huit  mois  entiers 
liresde  était  de  même,  en  1813,  le  pi- 


Les  pivots  de  manœavres  soat  dti 
corps  mobiles  qu'on  laisse  sur  oo  peint 
dont  l'occupation  est  e>senlielle,  pen- 
dant que  le  gros  de  Tarmée  mardie  i 
de  grandes  entreprises  ;  ainsi  le'  corps 
de  Ney  était  le  pivot  de  la  manceuvre 
que  Napoléon  fit  par  Donavcrt  et  Aogs- 
bourg  pour  couper  Mack  de  sa  ligne  de 
retraite;  ce  corps,  porte  à  cinq  divi- 
sions, masquait  CIm  et  gardait  la  rive 
gauche  du  Danube.  La  manœuvre  finie, 
le  pivot  cesse  d'exister,  tandb  qo^on 
pivot  d'opérations  est  un  point  maté- 
riel, avantageux  sous  le  double  rap- 
port stratégique  et  tactique,  et  qui  sert 
d'appui  pour  toute  une  période  de  la 
campagne. 

Quant  à  la  ligne  de  défeose,  la  qua- 
lité la  plus  désirable,  selon  moi,  est 
que  cette  ligne  soit  aussi  peu  étendue 
que  possible  ;  car  plus  elle  sera  rétré- 
cie,  plus  facilement  rarmée  la  couvria 
si  elle  est  rejetée  sur  ïf^  dléfensive.'% 
convient  ausM  que  le  fronl  stratégique 
ait  une  étendue  assez  bornée  pour  que 
l'on  puisse  réunir  les  fractions  qui  le 
compo>ent,  sur  un  point  opportun, 
aussi  promptement  que  possible.  Pour 
le  front  d'opérations ,  il  n'en  est  pas 
tout-à-fait  de  même,  car  si  ce  front 
était  trop  rétréci ,  il  serait  difficile  i 
une  armée  olTensive  de  faire  des  oêt 
nœuvres  stratégiques  qui  pussent  ame- 
ner de  grands  résultats,  vu  que  ce  front 
rétréci  offrirait  à  l'armée  défensive  les 
moyens  dp  le  couvrir  plus  aisément 
Toutefois  un  trop  grand  front  d'opéra 
lions  ne  convient  pas  non  plus  anx 
succès  des  opérations  stratégiques  of- 
fensives: car  une  étendue  trop  im- 
mense donnerait  à  l'ennemi,  sinon 
une  bonne  ligne  de  défense,  du  moins 
des  espaces  assez  vastes  pour  se  sous- 


wt de  tousses  mouvempns.  Ces  pnîfîls    îraîrc  aux  r5st;!tnls  dtorc  m^r.Tuvre 


«•:• 


■tMfiiiriimn  H^i^^uaMuLA    Aimi  Iêê 

bfUnA  gp»»tfQpi  4a  Marwgo  «  4'U|iii . 
d«  Jém ,  ii'a«r»i«Qt  pa«  e«  49  pareils 
répwUAUi  »i|r  w  (héAM  fiWÎ  éUn^fl 
«pia  ooliii  de  la  gperre  4e  Huiiîe»  m 
1913»  pvm  que  rarmée,  ^vpée  de  «a 
FirfRcjpale  ligne  4e  retraite,  aurait  w 
en  trenvfr  une  autre  ep  «9  r^tae( 
sur  uue  mAm  diGEéreute  4e  eelle  ^'eU^ 
avfit  prinMUireniefit  ad(Vt^» 
.  J(^9  ppi'îtion»  atraiégîivg»»  fiffient»  |^ 
peu  4^  .^o$e  pr^,  le«  luénea  çoiii)»Hr 
naisees*  i^ea  aondittoo»  ef^ati^Ues 
npor  iQRie  {MmtieA  pareille  laet, 

qu'elle  soit  plus  conceutré^  que  led 
i«r$ea  de  l'euu^iDi  aiiqqei^le  lerait 
O0po^,  et  que  \ou\m  lea  partiin»  de 
rarxeée  aieut  de^i  nîowi^uoka^us  (ai- 
Gilea  e(  aArei  peur  peuyeir  se  réuojr 
seRft  que  rçopecol  tiA  en  état  d'y  metp- 
tre  opposition;  aiosi^  i  (orées  i  peu 
pr^  égales,  toutes  les  positious  ceu? 
traLles  ou  inCérjieures  seraieiit  préféra^ 
blés  au^  posHipns  e;(térieures«  peisque 
pas  dernières  eipbrasaeraient  néeesw- 
Temm%  un  front  beaucoup  plus  étendu 
ef,  occasiounçreient  un  qu>rcelleiuent 
de  forces  toujours  dangereux.  La 
grande  mobilité  des  parties  qui  CQip- 

peeent  une  position  stratégique  peut 
au^si  contribuer  à .  leur  sécurité  qu 
Q)^e  >  leur  supériorité  sur  l*^nnemit 
par  l'emploi  alternatif  et  successif  des 
forces  sur  les  dlflférens  points  de  l'é- 
chiquier qui  ri^ultera  de  cette  activité 
de^le»  Ru>UTen^en9.  Enfin  une  armée 
■•  sanrait  eoovper  adreoient  une  peaif 
tfoB  atfttégiqm,  sens  prendre  la  pré- 
caution  favoir  une  ou  dent  positions 
tactiques  reconnues  d*avance ,  i  Teffet 
d'y  rénnjir  Termée.  de  recevoir  ren** 
neni  et  de  le  eeesbattre  avec  toutes 
les  forces  disponiUea  lorsque  ses  pro-* 
Jets  seraient  bien  démasqué?;  c*0St 

ain^i  qfie  Napoléon  avait  préparé  m 

champs  de  bataille  de  RMâ  et  à'Aaê^ 


•M 

et  raNi44iiç  çtMfiaa  fwim  4»  W«r 
$oit  qu'une  aupée  campai  apitini*elit 

tro«va  à  pri»9umUé4a  WiP»siti9«s4M 
caetonnemeas  assea  seir^a  ppnr  I  pla-^ 
cer  du  moins  une  partie  î^m  b^riçef, 
le  géeéral  4qît  surtout  veiller  à  ce  qqe 
ces  portions  soient  établies  4e  ma* 
Qi^re  à  ne  pas  étn)  trop  fMea49W  «» 

front }  mu  anrfa^  foe  Vçm  p^vrrait 

nimper  en  queiqua  8ort«  le  earré  atrfr 

tégique.  «t  qui  présepterait  trob  (IMI 
à  peu  pr^  égales,  parait  )a  »e4e  pr^ 
férable  ;  w  toutes  les  4ivimn«  n'aiM 
raient  q«'un  espai^a  mayw  *  pfrcv»^ 
rir  pour  arriver  de  toivia  les  pointa  dg 
carré  vers  le  centre  commw  qni  ternit 
destiné  k  recevoir  le  cMKi*  . 

Comme  d'ailleurs  ces  pqsitii^na  atrar. 
tégiquea  tiennent  i  pe«  pr^  A  t4^ 
tes  les  combinaient  4'nne  gue^na» 
elles  se  représenteront  daqs  )a  pl^t« 
part  4es  articiea  qui  traitw(  4e  cuM 
diverses  combinaisons ,  et  npus  aif 
saurions  rien  ajouter  de  laiUan^  MW 
cet  objet,  sans  tomber  dans  des  re- 
dites inutiles. 

Avant  de  quitter  des  objets  qui  se 
confondent  souvent  dans  les  mêmes 
combinaisons,  je  dois  dire  encore  deux 
mots  sur  les  lignes  de  défense  straté- 
giques. II  est  incontestable  que  cha- 
cune de  ces  lignes  doit  avoir  aussi  son 
développement,  un  point  particùlfer 
qui  devra  servir  de  ratliemeof  pour  )| 
défende  tactique,  lorsqu'il  s'agira  4^ 
oembattre  sérieusement  t'emieml  vé 
serait  parvenu  àfranaMriefmitdel» 
position  stratégique.  Par  eiemftè^ 
toute  armée  gardant  une  portiQn  cQi)* 

sidérabla  dq  eoers  d'wa  liviéra»  na 
peuvent  4eur  eo  force  loate  retendus 
de  cette  ligne,  devra  avoir»  un  peu  an 
arrière  au  centre,  un  çbamp  de  te* 

taille  bien  chçisi  d'avancç  pour  j  n- 


8Si^  vTâMÊÊmS" 

cueillir  mi'&tfl^SdM  iTtAéeftlifioif ,  et  1  oAe  des  comMnMNiM  très*  bonto, 


■1k 


opposer  ainsi  toutes  ses  forcer  concen- 
trées à  Fennemi.  Je  n'observerai  rien 
sur  ces  tK>sîtiOns  de  combat  «Jlif,  t^n- 
trent  dans  le  donâaine  de  la  tactique, 
et  je  né  dois  imrlcr  ici  que  des  ligties  de 
défense  stratégiques. 

Une  seule  remarque  qui  nous  resté 
à  faire  sur  ces  dornières,  c'est  qu'une 
armée  offensive  entmnt  dans  un  pays 
avec  riritentiôn  de  le  soumettre  ou 
même  seulement  de  l'occuper  tem>- 
poralrement ,  agira  toujours  avec  pru- 
dence, quelque  grands  qu'aient  été  i^es 
succès  antérieurs,  en  se  préparant  une 
bonne  ligne  de  défense  pour  lui  servir 
au  besoin  de  refuge  dans  le  cas  où  un 
revers  de  fortune  viendrait  à  changer 
la  face  des  alTaires.  Ces  lignes  rentrant 
du  reste  dans  la  combinaison  dès  bases 
teinporaires  ou  éventuelles;  nous  nous 
bornerons  à  les  indiquer  ici  pour  com- 
pléter l'aperçu  que  nous  donnons.  Dans 
une  science  on  tout  se  lie  si  étroite- 
ment ,  ces  répétitions  sont  un  incon- 
vénient inévitable. 


ÇpnblMlfoof  sUratéglqnet  du  cboii  el  delà 
direction  des  li^ei  d*opëratioiis. 

Si  le  choix  d'une  zone  d'opérations 


(1)  On  a  eiiliqiié  celte  déflDiUoii.  $i  comme 
elle  t  po  eo  effet  donner  lieu  à  des  méprises,  je 
croii  devoir  Feipliquer. 

D*tbordil  fiul  ne  pas  oublier  qa*il  s*«gitde 
Ugnes^maneiiifres.  c'est-4-dirc  deeoroblMl- 
8on8*'et  BOit  de  grands  chemlot.  Ensniie  il  laui 
idaeitra  aussi  qa'ona  armée,  marchant  pir 
deux  ou  trois  routes  peu  distantes  les  unes  des 
antres,  de  manière  à  se  réunir  en  deux  (bis 
vingt  quatre  beorei,  n'a  pas  pouf  cela  trof«  li- 
gnes d*opératlona-mancra?res.  Lorsque  Moreaa 
at  Jonrdan  entrèrent  ao  Allemagne  a?ec  deux 
aiasaes  de  soixantenlix  mille  hommes  indépe»' 
danlet  l'ane  de  l'autre,  iU  formaient  bien  une 
ligM  doublé;  mais  nne  armée  française  dont  [ 


en  ce  sens  qu'il  n'eiiste  jaoïiis  que 
deux  ou  trois  de  ces  sAnes  mr  chaque 
théâtre  d'opérations,  et  que  leontfaii- 
tages  dépendent  le  plus  soo?ent  dn 
localités,  il  n'en  est  pas  toot-à^futda 
même  des  lignes  d'opérations;  car  kvs 
rapports  avec  les  diverses  positions  de 
rehnemi,  avec  tes  commairieatiois 
plus  ou  moins  nombreuses  de  TécW* 
quier  stratégique  et  arec  les  mancst- 
vres  projetées  par  le  général  en  chef/ 
les  ditisent  en  autant  de  classes  dilé- 
rentes  qui  reçoivent  leurs  noms  de  tes 
mêmes  rapports. 

Nous  appellerons  lignes  d^ojpérmkm 
timjiUê,  celles  d'une  armée  agissant 
la  même  direction  d'une  frontière , 
former  de  grands  corps  indépendans. 

Par  U(ine$  (Tapiratioms  doubles ,  jen- 
tènds  celles  que  formeraient  deux  ar* 
mées  indépendantes  l'une  de  l'autre  sur 
uiie  même  frontière ,  on  aussi  celles  que 
suivraient  deux  masses  à  peu  près  égi^ 
lés  en  forces  et  obéissant^éanmoins  m 
un  même  chef,  mais  agissant  séparé- 
ment à  de  grandes  distances  et  pour 
un  long  espace  de  temps  (1). 

Les  lignes  d'opérations  întétîsurss  Soal 
celles  qu'une  ou  deux  armées  formé-» 
ront  pour  s'opposer  à  phtsleurs  masses 
ennemies,  mais  auxquelles  on  donna- 


on  détachement  seulement  partirait  doBw- 
Rbin  pour  marcher  sur  le  Mryn,  taudis  qaa 
cinq  ou  six  autres  corps  marcberaieBl  dn  HsM* 
Rhin  sur  Ulm ,  ne  farmerall  pas  pour  cala  «si 
double  ligna  d*opératiow  daw  la  aane  fuaji 
donna  à  ce  mot  pour  désigner  una  maacBavia. 
De  même  Napoléon,  réunissant  sept  eorps 
pour  marcher  par  Bâmberg  sur  Géra,  pcndaal 
que  Mortier,  a?ec  nn  corps  seulemaot,  mtr^ 
chalt  sor  Csssel  ponr  oeeoper  la  Hvsaa  et  isa- 
quer  rentreprisa  prlnelpala,  na.  formait  ibiaa 
qu'une  ligue  géoérala  d'opérations  avec  on  dé- 
tachement accessoire.  La  ligna  territoriale  sa 
composait  de  deux  rayons , 
aȎiallpasdoobia. 


nnr^n^ 


,jnAk  uw  dtçeçtioii  teUe^  qœ  Toç  .p^t  .4'ooe  haute  iipportaiice  Milieu  qa  « 
rapprocher  Jes  différens  corp»  et  lier  .ordînak eroent  bien  saisie»  qaa  par 
leurs  mouvemens.  avant  que  Teopei^i  [  génie  vaste  et  actif. 
eAt  la  possibilité  de  lenr  opposer  une 
plus  grande  masse  (1). 

LêPligmu  exlérieure$  présçuteut  le 

^xésuUat  opposé  ;  ce  sont  celle»  qu'une 

armée  formera  en  même  temps  sur  les 

deux  extrémités  d'une  ou  de.  plusieurs 

€asses  ennemies. 

L0i  Ugnei  à* opérations  com»ntnqiuê 
font  plusieurs  lignes  qui  partent  de 
points  éloignés  pour  arriver  sur  un 
même  point,  en  avant  ou  en  arrière 
de  leur  base. 

Ou  entend  par  lignes  divergenies 
celles  que  prendra  une  seule  masc^ 
.partant  d'un  point  donné,  et  se  divi- 
sant pour  se  porter  sur  pluspeurs 
ppints  divergens. 

Us  lignes  j^ro fondes  sont  celles  qui, 
parlant  dQ  leur  base,  parcourent  une 


grande  étendue  de  terrfiin  pour  arriver  oédeate,  un  résultat  bien  différant.  Les 


à  leuyr  but. 

J*eaig^oierai  le  mot  de  lignu  seconr 
dnires  pour  désigner  les  rapports  de 
de.  deax  armées  entre  elles,  Ifu^u'elles 
agissent  dana.una  sphère  à  pouvoir  se 
prêter  un  mutuel  appi^i  ;  ainsi  Ta^inée 
4e  Sambre-^t'Meuse  était,  en  179S, 
ligne  se^ndaire  de  rarmée  du  Rhin; 
en  1812,  l!«rmée  ^e  liagratioa  était  se- 
.fwdaîre  de  l'arnite  d^  Barclay- 

Jlfse  lignes  Mcçid^ntelks  sont  ceUes 
ajneQées  par  de»  évàneme^s  qui  font 
/phasger  le  plan  primitif  de, aasipagne 
.et  doim^KU  une<  nouvelle  direction  aux 
Of^tims.  Ces  deroiàre»  sont  rares  et 

* 

\  (S>.  QMU|Mi  écrkalM  aheuMiiNli  «nt  dit  <|tie 
Je  eojafeMais  Im  fiviUons.€9ttratoi,(>e«n)faA^ 
eltsUunfi^)  e^tfi  la  ligAp  d>|{éfftlf9f..£n  oolfi 
il»  ont  lorl  ;  one  année  peui  avoir  une  poslUop 
centrale  en  présence  de  deux  corps  enoemis,  et 
ne  p«a  atoir  des  Ifgnet  d'opérâtioni  intérim: tirer. 
aisaactt.aaim  aliaset.  Ibrt-difflrcmai.  Deoti^ 


Enfin ,  on  pourrait  même  ajouter  à 
cette  nomenclature  les  îignu  d'opéra- 
lions  profris^irse^  .et  les  ligu9  définitif 
vts;  le»  premières  désigneraient  celles 
qu^une  avmée  suit  poiur  marcher  à 
une  première  entreprise  décisive, 
sauf  à  en  adopterune  plus  solide,  ou 
plus  directe  après  les; premier»  succès; 
mais  elles  semblent  appartenir  autant 
à  là  classe  des  lignes,  stratégiques 
éventuelle»  qu'à  celle  des  lignes  «d'opé- 
rationsr 

.  Ces  définitions  prouvent  aaaer.  com- 
bien mes  idées  diffèrent  de  celle»  des 
auteuni  qui  m'oat  devancé. 

£o  1796,  les  Itgoe»  d'opératious  sur 
le  Rhin  sont  calquée»  sur  celles  de 
1737  et  aor  celles  de  Flandre  en  17db , 
mais  obtiennent^  comme  i'aonée  pré- 


^armées  du  Mhin  et  de  Sambre^- 
lieuse  partent  des  deux  extrémités  de 
-la  base  pour  pr^dre  une  direction 
oonoentrique  aur  le  Danube.  EUe»  for- 
■lent  comme,  en  1794,  deux  lignes 
.extérieures.  L'atohidae  Charles,  plus 
JialHle  que  le^  prince  de  Coboorg,  pro- 
fite de  hi  dîreotion  intéaieure  des 
aienue»  pour  leur  danner  un  point  de 
-coneenftealîon  plus  rapproché ,  pois  il 
aaiait  l'ioatant  oàle  Baoube  couvre  le 
4^orp».de  Latour,  pour  dérober  quel- 
ques marches  à  Morcau,  et  Jeter  tou- 
te» ae»  forces  surhidroiLede  Jourdan 
qu'il  aoeable;  la  bataiUe  de  Wartx- 

piloyer  le  nom  de  rtyoM  d'opératiott  poar 
iMsicBer.  ae  ^att  J'ealaiida  ^per  ligoes' .  ddo- 
plt^  eto,;  vital  à  o^Qx^d ,  .lâpr  jPtjfaftaameot 

e»t  piuf  ^pécieui.fortQut  flTon  vej|t  figurer  le 
théâtre  d'opérations  par  un  cercle  ;  maii  comme 
tant  rayon  e»t  une D^è.  Je  eroh  nw'&m  une 


*'^\  *Ki4  ♦»•    l 


>   I 

4 


Kk 


M*àMitÉ. 


bourg  dtdde  dtt  wti  de  rAllemégtié, 
et  ooDtr«int  Tantiée  de  Mofeatt,  éten»- 
dae  sur  une  ligne  inuneiifle,  à  faire  sa 
rUHiitek 

BonaparlB  commeoéé  sa  ettrrlère  ex- 
traordinaire en  Italie.  8en  systènie  t^ 
d'isoler  les  années  plédiontaise  et  an- 
«riehlenne  ;  il  rAossit,  par  la  bataillé  de 
tlîliésimo,  à  lanr  flUre  pretKke  deux 
lignes  alralégic|nes  extérienrës,  et  les 
bat  ensuite  snoceasirettient  à  Mondoti 
et  i  Lodi»  One  armée  fonni  lable  ee 
rasaemMe  dans  le  Tyrel ,  ponr  sanver 
Maotooe  qu'il  assiège;  elle  eonmiet 
rimpmdence  d'y  marcher  en  deux 
eer|M  wéfuréi  ftr  un  to».  L'éclair  est 
moins  prompt  qne  le  général  français; 
il  lève  le  siège  en  abandonnant  tout,  ae 
perte,  avee  lamajenre  partie  desea  for- 
ées snr  la  première  colonne  qai  débon- 
she  par  Brescia,  la  bat  et  la  recette  dâtls 
les  montagnes.  La  seconde  cellHine,  ar- 
rîfée  MU*  le  même  terrain,  y  est  battue  i 
lentonr,  et  (broée  à  se  retirer  dans  le 
Tyral  pmr  eommnniifaer  evee  aa 
droite^  Wnrmser^  p«nr  qui  ces  le^oM 
sont  perdues,  vent  conrrir  les  deui  W 
gnes  de  Roveredo  et  de  Yicenae  ;  Bo- 
nàparte^  après  eprta  Avoir  aocaUé  et 
repouasi  ta  premibré  sm*  le  Lavis, 
ehangenlors  de  direotten  à  droise,  dé- 
bottdM  par  lesfergeade  la  Brentasnr 
la  ligne  de  gaiidie,  et  forae  les  débris 
de  «atte  belta  erméei  à  se  sanirèr  dans 
Mantenêv^'à  ils  sent  enfin  contraiiis  i 
eapitnier. 

En  17901  ka  hoetOâtéa  reioBsmenf- 
oent;  les  Fran^i  funia  pomt  avoir 
formé  deux  lignes  extérieures  en 
il^d^  en  ont  néanmoÎDS  trois  sur  le 
I  Rbin  et  ta  Paswibe.  Une  nrmée  4e 
gMKbe  ebserre  ta  Bns4ibin;  eeHe  di 
cenkt«  ttsaréhe  ini*  le  fibtttibe;  la 
finisse*  fiii  flanque  fltalta  et  ta  Soua- 
be,  est  occupée  par  une 

ermée  anssi  forte  nue  les  di 

# 


Ls#  fHii#  0ai^p9  aw  |MlMiBinw  vfPI  VMMf 
que  âdm  la  tétUéèê  l^Am;  i  fèdMl. 
e(ii^  tieest  A  kkt  iMé  itpÊNMui 

L'artMdttû  a  des  foroM  ÉfgâH,  Btafc  k 
les  réunit  contre  le  oenttfb  (|ll1l|bè8lii 
k  Mockaîch,  et  riMêé  d1i«hflfk  est 
tbtcèé  A'éntaiSt  leiCtrlMMtM  tlMA 
eMétttalé; 

Les  ooalisés  cetllittétteilt  WmHWk 
la  même  faute  que  lentlî  àfflfeHiMI; 
Étt  lied  de  tMmfMfVHi  le  eMM^uêto  da 
«e  bodlévart  tentràl,  qtil  teW^odUll 
chef  ensuite ,  ils  fMntent  tMb  MNlis 
ligtoé  ett  Suisse  et  Sttf*  lé  ftS^MIL 
Leur  armée  de  Suisse  est  iècdbléil 
Zurich,  tandis  que  édita  dM  Miilts'a« 
muse  à  Matibeim. 

En  Italie,  tas  FHIH«ai*  fbrfiiêntk 
doubte  entrtepriS^âéNaples,  eA  trenll- 
deux  mille  hommes  seM  6ecdpé8  iift- 
titeittent ,  tandis  que  ^br  r Adigê ,  ei 
doivent  se  fortertoSpIdsgtvMsconpi, 
l^rmée  trop  fAlMe  essuie  des  revM 
accablant!.  Lorsque  cett# année  del^ 
plé$  retient  an  Nord,  elle  éOMMÉél  en- 
core ta  faMe  de  t^t^Mdré  une  dimtN* 
stratégique  opposée  A  celle  ^e  linreslg 
Bt»ivaN>w  pn^Bl^habftaident  de  ta  jpl- 
sition  èentrale^Kh^en  tni  Mtase,  mirclb 
àta  pi«toièfe  de  «es  Mrmfeftb,  et  ta  Mt 
1  quelques  MeueS  dé  Tautro. 

En  1600,  BeMparte  est  revéoÉdH- 
gy  pte,  «t  cette  éampégite  prCseMS  Hàk 
nouvelta  oombltiaiaon  des  Ifgiiei  dl'o- 
pérattans  t  «Ml  MMiniÉlt»  teiHè  IMi^ 
mes  «tant  Sur  Ma  deatt  Itanél  4ê  \k 
«nisse,  débbiichenid^ili  MléSir  taM* 
irabe,  et  de  l'entre  êof  le  Mt  MM 
marche  s^avante  assura  la  conquête  vis 
contrées  imaonses;  rbirtetae  modems 
n'avait  oAsrt  jusqn'aiofiancHSoenmbI 
itabon  settbtabte;tesàfméMfraiCstsi 
tbrment  deux  lignes  ItitértaoïM  pi  M 
soutiennent  réciproquement;  taa  An» 
trtahtanaaont  lereia,  on  coAiMifo^è 


fTBATtelE. 


left  mut  hum  dWtt  Êé  mimnniqiier. 
Par  la  cembinalson  habite  de  n  raar*- 
che,  Tarroée  de  réserve  coupe  rennemi 
de  sa  ligne  d'opérationa ,  et  conserve 
elle-Diëme  toutes  ses  relations  avec  ses 
frontières  et  avec  rarmée  du  Rhin,  qai 
forme  sa  Hgne  secondaire. 

La  iig.  ni,d-eontre,  démontre  cette 
vérité  et  présente  la  situation  respec- 
tive des  deux  partis  ;  A  et  AA  indi- 
quent le  front  d'opérations  des  armées 
de  réserve  et  du  Rlrin:  B  et  BB«  celui 
de  Mêlas  et  de  Kray  ;  CCCC  les  passa- 
ges du  Saint*  Bernard,  du  Simploo ,  du 
SaiBt*Gothard  et  du  Sptugen  ;  D  indi- 
qua lea  deux  lignes  d'opérations  de 
l'armée  de  réserve;  E  retrace  les  deux 
lignaa  de  retraite  de  Mêlas;  LG  mar- 
que le  choc  qui  eut  lieu  à  Marengo. 
HiK  indiquent  les  divisions  françaises 
conservant  la  ligne  de  retraite.  On  voit 
par  celte  figure  que  Mêlas  est  coupé 
de  sa  base,  et  que  le  général  français, 
au  oratraire ,  ne  court  aucun  risque , 
puisqu'il  conserve  toutes  ses  comouini- 
caliens  avec  les  frontières  et  avec  ses 
lignes  secondaires. 

L'analyse  des  évènemens  mémora- 
bles dont  nous  venons  d*esquisser  l'en- 
semble,  suffira  pour  convaincre  de 
l'importanœ  du  dioix  des  lignes-ma- 
noeuvres daua  les  opérations  militai* 
res.  En  effet,  il  peut  réparer  les  désas- 
tres d'une  bataille  perdue ,  rendre 
vaine  une  invasion,  étendre  les  avan- 
tages d'une  vidDire ,  assurer  la  cou  * 
quête  d'un  pays. 

En  coasparant  les  eombinaisous  et 
lea  résultais  des  plus  célèbres  cam- 
pagnes, ou  verra  aussi  que  toutes  les 
ligni^  d'opérations  qui  out  réussi  se 

(1}  Je  croit  d«?oir  répéter  qne  Je  o'ai  jamais 
admis  la  pofisibililë  de  tracer  d*avanee  le  plan 
de  loote  une  campagne.  Cela  ne  peut  s'enteo- 
dre  que  du  préfet  primitif  qui  indique  le  point 
otijeetif  que  l'on  le  propeae  d'atteindre,  le  tya- 


rattacbaielit  au  prtndpe  foudamental 
que  nous  avons  présenté  à  diverses  re^ 
prises,  car  les  Itgnêê  êimplu  et  les  H^ne§ 
iniérieures  ont  pour  êui  de  mttlre  en  ath 
twn^  au  point  le  plu$  imporîont ,  et  par 
le  «layea  de  mouwemonê  straii^iquêi  ^  um 
ptui  grand  nombre  de  dMtione ,  et  par 
eoniéqvent  une  plue  forte  massée  que  iet^ 
nêmi.  On  se  convaincra  également  que 
ceux  qui  échouèrent  renfermaient  les 
vices  opposés  à  ces  principes ,  puisque 
toutes  les  lignes  multipliées  tendent  à 
présenter  les  parties  faibles  et  isolées 
à  la  masse  qui  doit  les  accabler. 


Maxlmei  nir  lea  lignes  d'opéraUons. 

De  tous  les  évènemens  analysés  ci- 
dessna,  je  crois  qu'on  peut  déduire  Us 
maximes  suivantes: 

1^  Si  Fart  de  la  guerre  consiste  à 
mettre  en  action  le  plus  de  forces  pos- 
sible au  point  décisif  du  théâtre  des 
opérations,  le  choix  de  la  ligne  d*opé- 
rations  étant  le  premier  moyen  d'y 
parvenir,  peut  être  considéré  comme 
la  base  fondamentale  d'un  bon  plan  de 
campagne  (1).  Napoléon  le  prouva  par 
la  direction  qu'il  sut  assigner  à  ses 
masses,  en  1805,  surDonawertb^et,  en 
1806,  sur  Géra;  manœuvres  habites, 
que  les  militaires  ne  sauraient  trop 
méditer. 

S"  La  direction  qu'il  convient  de 
donner  à  cette  ligne  dépend  non 
seulement  de  la  situation  géographi- 
que du  théAtre  des  opêratioNS ,  mais 
encore  de  remplacement  des  forces 
ennemies  sur  cet  échiquier  stratêgi- 

téme  général  qn*OQ  luirra  poar  y  arri? er,  et  la 
première  entreprlie  que  foa  ftmnen  à  cet  eflh  ; 
le  reite  dépend  natarenement  da  résultat  de 
cette  première  opération  et  dei  noufeUee 
chancei  qu'elle  amènera. 


(ig. 


que.  T4mi9fék  on  ne  nortmitr  le    

que  iur  le  centre  ou  eur  Tune  dee  estrémi' 
téi  :  dans  le  ca$  eeuUment  où  l'on  aurait 
dee  forces  infiniment  supérieures  ^Userait 
possible  d'agti'  fur  le  front  et  les  esctré» 
mués  en  même  v^ttift ;  dttns  toute  autre 
supposition,  ce  serait  une  faute  eapi-^ 
taie  (1). 

En  général  on  peut  poser  en  prin-« 
cipe,  que  la  meîUeare  direction  d'une 
ligee^manmuvre  sera  sur  le  centre  de 
Tennemi ,  si  celui-ci  ooromet  la  faute 
de  diviser  ses  forces  sur  un  front  trop 
étendu;  mais  que,  dans  toute  autre 
hypothèse,  lorsqu'on  sera  maître  de 
son  choix,  on  devra  donner  cette 
direction  sur  Tnne  des  extrémités,  et 
de  là  sur  les  derrières  de  la  ligne  de 
défense  et  du  front  d'opérations  de 
l'ennemi. 

L'avantage  de  cette  direction  ne 
provient  pas  seulement  de  ce  qu'en 
attaquant  une  extrémité  Ton  ^l'a  à 
combattre  qu'une  partie  de  l'armée 
ennemie  ;  il  en  dérive  un  pins  grand 
nombre  encore  de  ce  que  sa  ligne  de 
défense  est  menacée  d'être  prise  à  re- 
vers. C'est  ainsi  que  l'armée  du  Rhin 
ayant  gagné,  en  1800,  l'extrême  gauche 
(le  la  ligne  de  défense  de  la  Forêt- 
Noire,  la  fit  tomber  presque  sans  com* 
bat ,  et  livra,  sur  la  rive  droite  du  Da* 
nube,  deux  batailles  qui ,  bien  que  peu 
décisives  en  elles-mêmes,  eurent  pour 
résultat  l'invasion  de  la  Souabeetde  la 
Bavière,  par  suite  de  la  bonne  direction 
(le  la  ligne  d'opérations.  Les  résultats 
(le  la  marche  qui  porta  l'armée  de  ré- 
>f»rve  par  le  Saint-Bernard  et  Milan 
^ar  l'extrême  droite,  et  ensuite  sur  les 
ilerrières  de  Hélas,  furent  bien  plus 


(1)  On  ne  calcole  pM  rinfériorité  d*aiie  tr- 
■lée  d'aprèi  le  chiffre  cuci  du  nombre  des  sol- 
dau;  le»  talent  du  cUef .  le  moral  dee  troape;, 
leuîi  qualités  coniUtuiiveiieoiopieAiaiuttdaiif  j 


1  rijiaos  •More;  Ha  8Mt 

pour  nous  dispenser  de  les  rappeler 

ici. 

Cette  manœuvre  se  trouve,  il  est 
vrai,  en  opposition  flagrante  avec 
certains  systèmes  un  peu  trop  ex- 
clusifs, qui  exigent  des  bases  paral- 
lèles à  celles  de  l'ennemi ,  et  des  ii- 
gnes  d'opérations  doubles  formant  un 
angle  droit  dont  le  sommet  sentit  di- 
rigé sur  le  centre  du  front  stratégique 
de  l'adversaire.  Mais  nous  avons  déjà 
assez  parlé  de  ces  systèmes  ponr  démon- 
trer que  nos  maximes  sont  préférables. 
Toutefois,  lorsquMI  s'agirait  d'opérer 
sur  le  centre  de  l'ennemi,  rien  ne 
s'opposerait  à  l'adoption  du  système 
à  angles  droits  de  Bolow,  pourra  qu'on 
ne  tint  aucun  compte  des  conditions 
exagérées  dont  ses  commentateurs 
l'ont  surchargé,  et  que  les  lignes  dou- 
bles qu*il  nécessite  fussent  intériea- 
res. 

8*  Il  ne  faut  pas  croire  néanmoins 
qu'iUufBse  de  gagner  l'extrémité  d'un 
front  d'opérations  ennemi  pour  pou  - 
voir  se  jeter  impunément  sur  ses  der- 
rières, car  il  est  des  cas  ou  en  agissant 
de  la  sorte  on  se  trouverait  soi-même 
coupé  de  ses  propres  communications. 
Pour  éviter  ce  danger,  il  importe  de 
donner  à  sa  ligne  d'opérations  une  di- 
rection géographique  et  stratégique 
telle,  que  l'armée  conserve  derrière 
elle  une  ligne  de  retraite  assurée,  ou 
qu'au  besoin  elle  en  trouve  une  d'un 
autre  côté  où  elle  pourrait  se  jeter 
pour  regagner  sa  base  par  un  de  ces 
changemens  de  lignes  d'opérations 
dont  nous  parlerons  ci-eprès. 

Le  choix  d'une  telle  direction  Qit  si 

la  balance,  el  la  anpërlorité  lera  tOY^oon  rdi- 
tive,  bien  que  les  proportion»  numériq«ei  y  «»* 
irent  pçnr  beaucoup. 


STBATtelK. 


857. 


inoiDortaiit ,  qn*il  caractérise  à  lui  seul  '  portance  de  ces  sortes  de  combioai- 

Due  des  plus  grandes  qualités  d*un  gé-  |  sons;  revenons  &  la  suite  des  maximes 


néral  en  chef,  eton  me  permettra  d*en 
citer  deux  exemples  pour  me  faire 
mieux  comprendre. 

Par  exemple,  si  Napoléon ,  en  1800, 
•près  avoir  passé  le  Saint-Bernard,  eût 
marché  droit  'par  Turin  sur  Âsti  ou 
Alexandrie,  et  qu'il  eût  reçu  la  bataille 
à  Marcngo  sans  s*ètre  assuré  auparavant 
de  la  Lombardie  et  de  la  rive  gauche  du 
Pô ,  il  eût  été  coupé  de  sa  ligne  de  re- 
traite plus  complètement  que  Mêlas  de 
la  sienne  ;  tandis  qu*ayant  au  besoin 
les  deux  points  secondaires  de  Casai  et 
de  Pavie,  du  cdté  du  Saint-Bernard,  et 
ceux  de  Savooe  et  de  Tende ,  du  côté 
de  TApennin,  Napoléon  avait,  en  cas 
de  revers,  tous  les  moyens  de  rega- 
gner le  Var  ou  le  Valais. 

De  même,  dans  la  campagne  de  1806, 
s'il  eût  marché  de  Géra  droit  à  Leipzig, 
et  qu'il  y  eût  attendu  l'armée  prus- 
sienne revenant  de  Weimar,  il  eût  été 
coupé  de  sa  base  du  Rhin ,  aussi  bien 
que  le  duc  de  Brunswick  de  celle  de 
'Elbe;  tandis  qu'en  se  rabattant  de 
Géra  à  Touest  sur  la  direction  de  Wei- 
mar, il  plaçait  son  front  d'opérations 
en  avant  des  trois  routes  de  Saaifeld, 
Schleiz  et  Uof ,  qui  lui  servaient  de  li- 
gnes de  communications,  et  qu'il  cou- 
vrait ainsi  parfaitement.  Et  si ,  à  la  ri- 
gueur même,  les  Prussiens  avaient 
imaginé  de  lui  couper  ces  lignes  de  re- 
traite, en  se  jetant  entr^.Géra  et  Ba- 
reith ,  alors  ils  lui  eussent  ouvert  sa  (!-* 
gne  la  plus  naturelle,  la  belle  chaussée 
de  Leipzig  à  Francfort ,  outre  les  dix 
chemins  qui  mènent  de  la  Saxe  par  Cas* 
sel  à  Coblentz ,  Cologne  et  même  We- 
sel.  En  voilà  assez  pour  prouver  Fim- 


(i>  QMod  le»  Iktcttou  d'une  armét  «ont  dit» 
miflt  4e  qaelqiict  nartbei  wvknmi  du  gret, 
il  Hortoot  lonq«*ellei  n»  loni  pM  deeUaéeeè  |  deiHsMfd 


annoncées  ; 

4*  Pour  manœuvrer  sagement,  il 
faut  éviter  de  former  deux  armées  in- 
dépendantes sur  une  même  frontière  : 
un  tel  système  ne  pourrait  guère  con- 
venir que  dans  les  cas  de  grande  coa- 
litions, ou  lorsqu'on  aurait  des  forces 
immenses  qu'on  ne  saurait  faire  agir 
sur  une  même  zone  d'opérations  sans 
s'exposer  à  un  encombrement  plus 
dangereux  qu'utile.  Encore ,  dans  ce 
cas  même,  vaudrait-il  toujours  mieux 
subordonner  ces  deux  armées  à  un 
même  chef,  qui  aurait  son  quartier- 
général  à  l'armée  pnncipale; 

5""  Par  suite  du  principe  que  nous  ve- 
nons d*énoncer,  il  est  constant  qu'à  for- 
ces égales,  une  ligne  d'opérations  sim- 
ple, sur  une  même  frontière,  aura  l'avan  • 
tage  sur  une  ligne  d'opérations  double  ; 

6*  Il  peut  arriver  néanmoins  qu'une 
ligue  double  devienne  nécessaire,  d'a- 
bord par  la  configuration  du  théâtre  de 
la  guerre,  ensuite  parce  que  l'ennemi 
en  aura  formé  une  lui-même,  et  qu'il 
faudra  bien  opposer  une  partie  de  l'ar- 
mée h  chacune  des  grandes  masses  qu'il 
aura  formées; 

7«  Dans  ce  cas,  les  lignes  Intérieures 
ou  centrales  seront  préférables  k  de^x 
lignes  extérieures,  puisque  l'armée  qui 
aura  la  ligne  intérieure  pourra  faire 
coopérer  chacune  de  ses  fractions  à  un 
plan  combiné  entre  elles,  et  qu'elle 
pourra  ainsi  rassembler  le  gros  de  ses 
forces  avant  l'ennemi .  pour  décider  du 
succès  de  la  campagne  (1). 

Une  armée,  dont  les  lignes  d'opéra- 
tions offriraient  de  tels  avantages,  se- 
rait donc  à  même,  par  un  mouvemeot 

•glr  fioléaeot  poor  lovl«  la  têniptpt9f  tê  mM 
•ton  dct  iNMltlMt  ttratéslqvef 


8B8 


STRATiGlB. 


stratégique  bieo  combiné ,  d'accabler 
saccessâyement  les  fractions  de  l'adver- 
saire qui  viendraient  s'offrir  alternative- 
ment à  ses  coups.  Pour  assurer  la  réus- 
site de  ce  mouvement ,  on  laisserait  un 
corps  d'observation  devant  la  partie  de 
l'armée  ennemie  que  l'on  voudrait  se 
borner  à  tenir  en  échec,  en  lui  pres- 
crivant de  ne  point  accepter  d'en- 
gagement sérieui ,  mais  de  se  con- 
tenter de  suspendre  la  marche  de  l'ad- 
versaire à  la  faveur  des  accidens  du 
terrain  et  en  se  repliant  sur  l'armée 
principale  ; 

8*  IJne  ligne  double  peut  convenir 
aussi  lorsqu'on  a  une  supériorité  telle- 
ment prononcée,  que  l'on  puisse  ma- 
nœuvrer sur  deux  directions  sans  s'ex- 
poser à  voir  l'un  de  ses  deux  corps  ac- 
cablé par  l'ennemi.  Dans  cette  hypo- 
thèse ce  cérait  une  faute  d'entasser  ses 
forces  sur  un  seul  point,  et  de  se  pri- 
ver ainsi  des  avantages  de  la  supério- 
rité, en  réduisant  une  partie  de  ses 
forces  à  l'impossibilité  d'agir.  Néan- 
moins, en  formant  une  double  ligne,  il 
sera  toujours  sage  de  renforcer  conve- 
nablement la  partie  de  l'armée  qui ,  par 
la  nature  de  son  théâtre  et  par  les  si- 
tuations respectives  des  deux  parties, 
serait  appelée  è  jouer  le  r61e  le  plus  im- 
portant. 

9^  Les  principaux  évènemens  des 
dernières  guerres  prouvent  la  justesse 
de  deux  autres  maximes.  La  première, 
c'est  que  deux  masses  intérieures,  se 
soutenant  réciproquement,  et  faisant 
face,  à  certaine  distance^  à  deux  mas- 
ses supérieures  en  nombre,  ne  doivent 
pas  se  laisser  resserrer  par  l'ennemi 
dans  un  espace  trop  rétréci ,  où  elles 
finiraient  par  être  accablées  simulta- 

déliai  liilpiig^  Wtpiléaa  n*a«iii  fèm  a»  Ind 
qu'une  teole  Ugne  tfopéwiMw»»  9i&m  mméi  i 
M  formatent  plus  qiM  dei  poiiiiooi  strttégiquet 


nément ,  ainsi  que  cela  anÎTa  k  Nspo- 
léon  à  la  célèbre  bataille  de  Leipzig  (1). 
La  seconde,  c'est  que  les  lignes  inté- 
rieures ne  doivent  pas  non  plus  donner 
dans  Texcès  contraire,  en  s'étendnnt  à 
une  trop  grande  distance,  de  peur  de 
laisser  à  l'ennemi  tout  le  temps  de 
remporter  des  succès  décisifs  contre 
les  corps  secondaires  laissés  en  obser- 
vation. Cela  pourrait  se  faire  néan- 
moins lorsque  le  but  principal  que  Ton 
poursuivrait  serait  tellement  décisif, 
que  le  sort  entier  de  la  guerre  en  dé- 
pendrait; dans  ce  cas  on  pourrait  voir 
avec  indifférence  ce  qui  arriverait  sur 
les  points  secondaires. 

10^  Par  la  même  raison ,  deux  lignes 
concentriques  valent  mieux  que  deux 
lignes  divergentes  ;  les  premières,  plus 
conformes  aux  principes  de  la  stratJ- 
gie,  procurent  encore  l'avantago  de 
couvrir  les  lignes  de  communicaliofis 
et  d'approvisionnement;  mais  pour 
qu'elles  soient  exemptes  de  danger,  un 
doit  les  combiner  de  manière  à  ce  que 
les  deux  armées  qui  les  parcourent,  ne 
puissent  rencontrer  isolément  les  for- 
ces réunies  de  l'ennemi ,  avant  d'être 
elles-mêmes  en  mesure  d*opérer  leur 
jonction  ; 

1 1""  Les  lignes  divergentes  peuvent 
néanmoins  convenir,  soit  après  une 
bataille  gagnée ,  soit  après  une  opéra- 
tion stratégique  par  laquelle  on  aurait 
réussi  è  diviser  les  forces  de  son  adver* 
saire  en  rompant  son  centre.  Alors  il 
devient  naturel  de  donner  à  ses  masses 
des  directions  excentriques  pour  ache- 
ver la  dispersion  des  vaincus;  mais 
quoique  agissant  sur  des  lignes  diver- 
gentes, ces  masses  se  trouveront  néan- 
moins en  lignes  intérieures»  c'est-à- 


esomtet)  omlf  te  néoc 
plkaMe  à  an  pniiteni  T 
pétatteM:«*«ilte 


i4^ 


vnMÈSlMé 


«é 


plus  faciles  à  réuDir  que  celles  de  Peil- 
neifli; 

là*  n  «Mvé  pftrfMft  qu'une  Année  se 
vdft  fUtéè  de  Changer  de  lignes  dV 
péntidiil  m  mllifi  d*une  campa^e , 
èe  que  tiMé  irtoAs  désfgné  sous  le  noiti 
de  ngnM  âcddéntelles.  Cest  une  tna^ 
ncMf^e  dès  plùê  Jelicates  et  des  plus 
importantes,  qùf  peot  donner  de  grands 
MsuKabs,  mais  amener  aussi  de  grands 
reter^,  lorsqu'on  ne  la  combine  pas 
^▼ec  sagacité ,  car  on  ne  s'en  sert  guère 
que  p6nr  tirer  Tannée  d*une  situation 
èrtibÂrrasMfite.  Nous  atons  donné,  au 
chapitré  X  du  Traité  des  grandes  opé- 
rations, un  etemple  d*un  pareil  chan- 
gement, exécuté  par  Frédéric  à  la 
Mié  de  la  levée  dti  siège  d'Olmuti 

Napoléon  en  projeta  plusietirs,  car  II 
à?ait  l'habitude ,  dans  ses  învèsions 
aTehtareuses ,  d*àvoir  un  pareil  projet 
prêt  à  parer  aux  étènemens  imprévus. 
A  l'époque  de  la  bataille  d'Austerlitz , 
il  avait  résolu ,  en  cas  d'échec ,'  de 
prendre  sa  ligne  d'opérations  par  la 
BohèiM  tur  Passau  ou  Ratisbonne, 
qui  lui  offlràit  lin  pay^  neuf  et  plein  de 
resaoflltei ,  an  Heu  de  rèt>rendre  ceffe 
de  Yieme,  Hjiâ  ne  préaéfttait  que  des 
fwnét ,  ^  oà  rarehiduc  Charieâ  aurait 
p«  le  fîréireoir. 

Stt  181^ ,  il  eototaimc*  l'etécntion 
d'mft  aiaiiMitre  ptaê  taurfie,  maia  ftH 


torisée  dn  ikioins  par  lé»  locâtilés,  et 
qui  consistait  à  se  baser  stir  Iti  celntui^ 
des  forteresses  d'Atséice  et  de  L(yrraine, 
en  ouvrant  aux  alliés  lé  chemin  de  ftj^ 
ris.  il  est  certain  qtie  si  tfortier  et  VUSè- 
motit  etisientpu  le  joindre,  et  s'il  avâh 
eu  cinquante  mille  hommes  de  plus,  À 
projet  aurait  pu  entraîner  les  suites  les 
plus  décisives,  et  mettre  le  sceau  à  sa 
brillante  carrière  militaire  ; 

13"  Ainsi  que  nous  llavons  dit  pkni 
haut  (  maxime  2*],  ta  configuration  dea 
frontières  et  la  nature  géographiqto 
dû  théâtre  des  opérations,  peuvent 
aussi  exercer  Une  grande  Influence  m 
la  direction  même  à  donner  à  ces  U^ 
gnes,  comme  sur  les  avantages  que  Vétk 
peut  en  obtenir.  Les  positions  cen^ 
traies  qui  forment  un  angle  saiiladt 
vers  l'ennemi ,  comniïe  la  Bohème  et  la 
Suisse  (voyez  figures  2  et  3  de  la  carie 
Annexée  pag.  855),  sont  les  phis  avao- 
tageûsès,  parce  qu^elleS  mènent  natil» 
rellèment  à  l'adoption  des  lignes  intér 
rieures  et  facilitent  les  moyens  de  pren- 
dre l'ennemi  à  revers.  Les  cAtéS  de  cet 
angle  saillant  sont  donc  si  imporlans, 
qu*il  faut  joindre  toutes  les  ressources 
de  l'art  à  celles  de  la  nature  pour  li^s 
rendre  inattaquables. 

Au  défaut  de  ces  positions  cêntralet, 
on  pourra  y  suppléer  j^r  la  diretS- 
tion  relative  des  lignes -manoeuvrèk 
oorame  li  figure  d-iprès  l'expliqué ': 


•»** 


A 
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f  ■ 


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te  IhÉt  girtidié  àè  W ,  fori 
ttfilM-i»;  «t  SU  m-  1iaHMNlft>  1  (Mùl  flMèllMèHéiiftl  tX' 


WIr 


ffBATtalE' 


une  extrémité  de  chacune  des ,  iiipes 
extérienres  AB ,  FG ,  qa*elles  pourront 
accabler  Tune  après  Taulre  en  y  por- 
tant aitemativement  la  masse  de  leurs 
forces.  Cette  combinaison  présente  les 
résultatsdes  lignesd'opérationsde  1796« 
de  1800  et  1809; 

U"*  La  cooOguration  générale  des 
bases  peut  avoir  aussi  une  grande  in«- 
fluence  sur  la  direction  à  donner  aux 
lignes  d'opérations,  laquelle  devra  na- 
turellement être  subordonnée  à  la  si^ 
tuation  des  bases  respectives,  ainsi 
qu'on  peut  s'en  assurer  en  se  rap- 
pelant ce  que  nous  avons  dit  plus 
haut.  En  effet,  au  simple  examen 
de  la  figure  annexée  audit  article, 
page  836,  on  voit  que  le  plus  grand 
avantage  qui  résulterait  de  la  con- 
formation des  frontières  et  des  bases, 
consisterait  à  prolonger  celles-ci  per- 
pendiculairement à  la  base  de  l'en- 
nemi ,  c'est-à-dire  parallèlement  à  sa 
ligne  d'opérations,  ce  qui  donnerait  la 
facilité  de  s'emparer  de  cette  ligne  sur 
le  point  qui  conduit  à  sa  base,  et  d'en 
couper  ainsi  l'armée  ennemie. 

Mais  si ,  an  lieu  de  diriger  ses  pro- 
pres opérations  sur  ce  point  décisif, 
on  choisissait  mal  la  direction  de  sa  li- 
gne, tout  l'avantage  de  la  base  perpen- 
diculaire deviendrait  nul.  Il  est  évident 
jque  l'armée  E ,  qui  posséderait  la  dou- 
ble base  AC  et  CD ,  si  elle  marchait  par 
la  gauche  vers  le  point  F,  au  lieu  de  se 
prolonger  par  sa  droite  vers  GH ,  per- 
drait tous  les  avantages  stratégiques  de 
sa  base  CD. 

Le  grand  art  de  bien  diriger  ses  li- 
gnes d'opérations  consiste  donc,  comme 
on  vient  de  le  voir,  à  combiner  leurs 
rapports  avec  les  bases  et  avec  les  mar- 
.  ches  de  l'armée,  de  manière  à  pouvoir 
s'emparer  des  communications  de  Ten- 
nomi  sans  s'expoaer  à  perdre  les  sien- 
pes ,  problème  de  stratégie  le  pM  im- 


portant comme  le  plus  difficile  irèv«- 
dre. 

IS""  Indépendamment  des  cas  préci- 
tés, il  en  est  encore  un  qui  exerce  une 
influence  manifeste  sur  la  direction  i 
donner  aux  lignes  d'opérations  :  c'est 
celui  où  la  principale  entreprise  de  la 
campagne  consisterait  à  effieduer  le 
passage  d'un  grand  fleuve  en  présence 
d'une  armée  ennemie  nombreuse  et 
intacte.  On  sent  bien  que  dans  œ  cas, 
le  choix  de  la  ligne  d'opérations  ne  sau- 
rait  dépendre  seulement  de  la  volonté 
du  général  en  chef,  ou  de  l'avantage 
qu'il  trouverait  i  attaquer  cedaiœ 
partie  de  la  ligne  ennemie,  ear  ia  pre- 
mière chose  à  considérer,  c'est  de  sa- 
voir le  point  où  Ton  pourrait  eflTectaer 
le  passage  plus  sûrement ,  et  celui  sur 
lequel  se  trouveraient  les  moyens  ma- 
tériels nécessaires  à  cet  eflet.  Le  pas- 
sage du  Rhin  par  Jourdan,  en  1795. 
s'exécuta  vers  Dusseldorf ,  par  ia  même 
raison  qui  décida  celui  de-  la  Yistule. 
pap  le  maréchal  Paskiévitch,  ven  0»- 
siek,  en  1831,  c'est^àrdire  purce  que 
l'armée  n'ayant  pas  à  sa  suite  dea  équi- 
pages de  pontons  suffisana,  il  fallut 
faire  remonter  des  grandes  barques  do 
commerce  achetées  en  Hollande  par 
l'armée  française,  de  mAme  que  l'ar- 
mée russe  avait  fait  achetcar-  les  aiennes 
à  Thorn  et  Dantzîg.  Le  territoire 
neutre  de  la  Prusse  founiit,  dana  ces 
deux  circonstances,  ia  facilité  de  faire 
remonter  le  fleuve  à  ces  barques  sans 
que  l'ennemi  pût  y  mettre  obstacle. 
Cette  facilité,  d'un  avantage  incalcu- 
lable en.appareaffe%  «etaalpa  néan- 
moins les  Français  aux  invasions  dou- 
bles de  1795  et  de  1796,  qui  échouè- 
rent précisément  parce  que  la  double 
ligne  d'o|)érations  qui  en  résulta  donna 
les  moyens  de  les  battre  parâellement. 
Paskiévietb ,  qm^uh  avisée  jm  SH^fÊW^ 
la  Hait^yislole  qu'A  im^iiiiqH«Hdéti 


sriuMàA 


>  4 


8iH^ 


chemèot  secondaire,  et  aprèsque  far- 
l'année  principale  fut  déjà  arritée  à 
Lbwicz. 

Lorsqu'on  a  des  pontons  militaifes 
en  suffisance,  on  est  moins  soumis  aui 
vicissitodes  du  passage.  Cependant  il 
faut  encore  choisir  le  point  qui  offre  le 
plus  de  chances  de  succès  par  Jes  lo- 
calités et  la  position  des  forces  enne- 
mies. La  discussion  entre  Napoléon  et 
Moreau  pour  le  passage  du  Rhin ,  en 
1800,  que  j'ai  rapportée  dans  le  tome 
13  de  l'histoire  des  guerres  de  la  révo- 
lution ,  est  un  des  exemples  les  plus 
curieux  des  différentes  combinaisons 
que  présente  cette  question  à  la  fois 
stratégique  et  tactique. 

L'emplacement  choisi  pour  'le  pas- 
sage exerce  la  même  influence  sur  la 
direction  qu'il  convient  de  donner  aux 
premières  marches  après  qu'il  est  ef- 
fectué, vu  la  nécessité  où  l'on  se  trouve 
forcément  de  couvrir  les  ponts  contre 
l'ennemi ,  du  moins  jusque  après  une 
victoire;  ce  choix  peut  néanmoins,  en 
tout  état  de  cause,  présenter  une  juste 
application  des  principes  ;  car,  en  dé- 
finitive, il  se  bornera  toujours  à  la 
seule  alternative  d*un  passage  princi- 
pal sur  le  centre  ou  sur  une  des  extré- 
mités. 

Une  armée  réunie ,  qui  forcerait  le 
passage  sur  l'un  des  points  du  centre, 
contre  un  cordon  un  peu  étendu ,  pour- 
rait se  diviser  ensuite  sur  deux  lignes 
divergentes  aOn  de  disperser  les  par- 
ties du  cordon  ennemi  qui ,  se  trouvant 
ainsi  hors  d'état  de  se  réunir,  ne  son- 
geraient guères  k  inquiéter  les  ponts. 

Si  la  ligne  du  fleuve  est  assez  courte 
po0|f  que  l'armée  ennemie  reste  plus 
concentrée,  et  si  l'on  a  les  moyens  de 
prendre  après  le  passage  un  front  stra- 
tégique perpendiculaire  au  fleuve,  alors 
ic  meilleur  serait  peut-être  de  le  passer 
iiur  une  des  extrémîtéi,  afin  de  rejeter 


toutes  fes  fbites  ebrièkniea  en  dehors 
de  la  direction  des  ponts.  Au  surplus, 
nous  traiterons  ce  sujet  à  l'article  87 
sur  les  passages  de  fleuves. 

16*  Il  est  encore  une  combinaison 
des  lignes  d'opérations  qui  ne  doit  pas 
être  passée  sous  silence.  C'est  la  diffé- 
rence notable  qui  existe  entre  les  chan« 
ces  d'une  ligne  d'opérations  établie 
dans  son  propre  pays  ou  celle  établie 
en  pays  ennemi.  Là  nature  de  ces 
contrées  ennemies  influera  aussi  sur 
ces  chances.  Une  armée  franchit  les 
Alpes  ou  le  Rhin  pour  porter  la  guerre 
en  Italie  ou  en  Altemagne  :  elle  trouve 
d'abord  des  étnts  du  second  ordre  ;  en 
supposant  même  que  leurs  chefs  soient 
alliés  entre  eux ,  il  y  aura  néanmoins 
dans  les  intérêts  réels  de  ces  petits 
états,  ainsi  que  dans  leurs  populations, 
des  rivalités  qui  empêcheront  la  même 
unité  d'impulsion  et  de  force  qu'on  ren* 
contrerait  dans  un  grand  état.  Au  con- 
traire, une  armée  allemande  qui  pas-- 
sera  les  Alpes  ou  le  Rhin  pour  pénétrer 
en  France,  aura  une  ligne  d'opéra- 
tions bien  plus  hasardée  et  plus  expo- 
sée que  celle  des  Français  qui  pénétre- 
rait en  Italie,  car  la  première  aurait  à 
heurter  contre  toute  la  masse  des  for- 
ces de  la  France  unie  d'action  et  de  vo- 
lonté (1). 

Une  armée  sur  la  défensive,  qui  a  sa 
ligne  d'opérations  sur  son  propre  sol , 
peut  faire  ressource  de  tout  ;  les  habi- 
tans  do  pays,  les  autorités,  les  produc- 
tions, les  places,  les  magasins  publics 
et  même ' particuliers ,  les  arsenaux, 
tout  la  favorise  :  il  n'en  est  pas  de 
même  chex  les  autres ,  du  moins  pas 
ordinairement  ;  on  ne  trouve  pas  too- 

fi)  Ou  rômprend  qac  )e  |mrle  ici  et  chaiioM 
ordinatet  duM  uM  gaerrs  tnirc  dcoi  p«is- 
MBccs  4eu|cment«  e i  ùtm  tm  éiu  de  calma  i«- 
iér^ur.--Lei  cbaaoçt  des  auerf^de.partia|oi|l 
4$ê  •Utpll^Mê* 


m 


nÈàSÉÊiÈi 


poser  m  drupenu  n^Uooal. 

J'ai  dit  qte  la  patore  de$  oootrées 
influençait  a^iai  Jei  ckances  de»  li|in(i» 
d'opérations  ;  en  eQet ,  outre  les  mo- 
difications qoe  noqs  venons  d*eipri-* 
OMT,  il  est  eertaio  que  l'établissement 
d^s  lignes  d'o|iérations  dans  des  con- 
trées fertiles,  riches,  industrielles,  of- 
frent aux  assaillaos  bien  plus  d'avan- 
tages que  celles  dans  des  contrées 
plus  arides  et  plus  désertes ,  surtout 
lorsqu'on  n'a  pas  à  lutter  contre  des 
populations  entières*  On  trouvera  ef* 
fecti vendent  dans  ces  contrées  fertiles, 
industrielles  et  populeuses,  ;nîlle  cho* 
ses  nécessaires  à  toutes  jbss  armées  « 
tandis  que  dans  les  autres,  on  ne  ren- 
contrera que  des  buttes  et  de  la  paille; 
les  chevaux  seuls  y  trouveront  de  la 
p&ture ,  mais  il  faudra  traîner  tout  le 
reste  avec  soi,  en  sorte  que  les  em- 
barras de  la  guerre  s'en  accroîtront  à 
l'infini,  et  que  les  opérations  vives  et 
hardies  seront  plus  rares  et  plus  ha- 
sardeuses. Les  armées  françaises,  si 
bien  accoutumées  .aux  douceurs  de  la 
Souabe  et  de  la  riche  Lombardie,  fail*- 
llrent  périr,  eu  1S06,  dans  les  boues 
de  Pulstuck,  et  périrent,  en  18t2, 
dans  les  forêts  marécageuses  de  la  U- 
thuanie. 

17*  Il  est  encore  une  ri^e  relative 
aux  lignes  d'opérations*  h  laquelle  ph^ 
sieurs  écrivains  ont  attaché  une  haute 
Importance,  ^i  semble  fort  juste 
quand  elle  est  rédoJte  en  formules  de 
géométrie ,  rpais  qui ,  dans  Tapplicfi- 
tiioo  Y  pourrait  être  rangée  dans  te 
iJasse  des  utopies.  ^Ipp  cette  règle , 
il  faudrait  que  les  cuntrées  latér«tles  de 

chaque  ligne  d'opérations  fussent  dé- 

4wrassées  de  tout  ennemi,  à  um  dis- 
Imce  fui  égalerait  la  profomleiir  de 
eette  lis^ne ,  attendu  qne ,  sans  eela , 
ces  ennemis  pourraient  menacer  la 


ligne  4e  retraitai  idée goe  l'09  a  tra- 
duite géométriqqemeot  conune  n  sdt: 
c  II  ne  peut  y  avoir  de  sûreté  pour  ane 
a  opéretipn  que  quand  Teiinemi  ^ 
a  trouve  refoulé  en  dehors  d'un  demi- 
»  cercle  dont  le  milieu  est  le  sujet  le 
a  plus  central  (mittelstes  subject],  et 
a  dont  le  rayon  (halbmesserj  est  égal 
a  à  la  longueur  de  la  ligne  d'opéra- 
a  tiens,  a 

Puis,  pour  prouver  cet  axiome,  (aot 
soit  peq  obscur,  on  démontre  que  lei 
angles  de  périphérie  d'un  cercle ,  qni 
ont  le  diamètre  pour  côté  opposé,  for- 
ment des  angles  droits,  et  qi^'en  con- 
séquence l'angle  à  quatre-vingt-dii 
degrés  exigé  par  Bulow  pour  les  ligoçs 
d'opérations,  ce  fameux  Càput^Pord 
stratégique,  est  le  seul  système  rai- 
sonnable; d'où  Ton  conclut  ensuite 
charitablement  que  tous  ceux  qui  ne 
veulent  pas  que  la  guerre  se  fasse 
trigonométriquement  sont  des  igno- 
rans. 

Cette  maxime ,  soutenue  avec  tant 
de  chaleur,  et  très  spécieuse  sur  le 
papier,  se  trouve  néanmoins  à  chaque 
pas  démentie  par  les  évèuemens  de  la 
guerre;  la  nature  du  pa^fs,  les  lignes 
de  fleuves  et  de  montagnes,  l'état  mo- 
ral des  deux  armées ,  l'esprit  des  peu- 
ples, la  capacité  et  l'énergie  des  chefs, 
ne  se  mesurent  pas  avec  des  angles, 
des  diamètres  et  des  périphéries.  Sans 
doute  des  corps  considérables  ne  sau- 
raient être  tolérés  sur  les  flancs  de  la 
ligne  de  retraite ,  de  manière  à  Hq- 
quiéter  sérieusement;  mais  pousser 
trop  loin  la  maxime  tant  vantée,  ce 
serait  s'enlever  tout  moyen  de  faire 
un  pas  en  pays  ennemi  ;  or  il  Krait 
d'autant  plus  naturel  de  s'en  aftao- 
chir,  qu'il  n'est  pas  une  campagne  des 
dernières  guerres  et  de  celles  du  prince 
Eugène  et  de  Marlborough  qui  n'at- 
teste la  nullité  de  ces  prétendues  rê-* 


^^  mathématiques.  Le  général  Mo- 1  rations  qui  ^^ondoiraU  «  ds  cette  base 


reau  ne  se  trouvait-il  pas  aax  portes 
4e  Vienne ,  en  1800 ,  quand  Fussen , 
Scharniti  et  le  Tyrol  entier  étaient  en- 
Qore  au  pouvoir  des  Autrichiens  ?  Ma* 
poléoQ  ne  s6<trouvait-iI  pas  à  Plai* 
sauce  quand  Turin,  Génea  et  le  col  de 
Tende,  étaient  occupés  par  Tarmée  de 
Alélas?  Je  demanderai  enQn  quelle 
figure  géométrique  fprmait  l'armée  du 
prince  Eugène  de  Savoie ,  lorsqu'elle 
marchait  par  Stradella  et  Asti  au  se- 
cours de  Turin ,  en  laissant  les  Fran* 
cais  sur  le  Mincio,  à  quelques  lieues 
seulement  de  sa  base? 

Il  s^ilirait,  à  mon  avis,  de  ces  trois 
év^emens,  pour  prouver  que  le  com-< 
pas  des  géomètres  pâlira  toujours,  non 
seulement  devant  les  génies  tels  que 
Napoléon  et  Frédéric,  mais  devant  les 
grands  caractères  ,  tels  que  les  Souva- 
cow,  les  Masséna,  ete. 


Dct  inoyeDS  d*as8urer  lei  U^oes  d'opérations  par 
dea  baaei  paMo^érea  ou  dei  résenrea  atralé- 
fhliMa. 

Lorsqu'on  pénètre  offensivement 
dans  un  pays,  on  peut  et  Ton  doit 
même  se  former  éet  basée  évetUueiUi , 
qui,  sans  être  ni  aussi  fortes  ni  ausnl 
sères  que  celles  de  ses  propres  fron- 
tières^ peuvent  néanmoins  être  consi* 
itérées  comme  des  bases  passagères; 
«ne  ligne  de  fleuve  avec  des  tètes  de 
pont,  avec  une  ou  deni  grandes  lignes 
à  Pabri  d'un  eoap  de  main,  pour  oou- 
vrir  les  grands  dépMs  de  Tarmée  et 
servir  à  la  réunion  des  troupes  de  ré-* 
serve,  pourra  être  une  etceUente  base 
dip  eette  espèce. 

Toutefois  il  va  sans  dire  qu'une  pa- 
reille Ugne  ne  saurait  point  servir  de 
base  passagère,  ai  une  force  hostile  se 
tiûwatt  i  iNPOumité  de  la  ligne  d'ope- 


supposée,  à  la  base  réelle  des  frontiè« 
res.  -*  Ainsi  Napoléon  aurait  eu  une 
bonne  base  réelle  sur  TEIbe,  en  l8tS, 
si  l'Autriche  était  demeurée  neutre; 
mail)  cette  puissance  s'étsnt  déclarée 
contre  lui,  la  ligne  de  l'Blbe,  étant 
prise  à  revers,  n'était  plus  qu'un  pivot 
d'opérations  très  bon  pour  favoriser 
une  entreprise  momentanée,  mais 
dangereux  à  la  longue,  *ii  Ton  venait  i 
y  essuyer  un  échec  notable. 

Or,  comme  toute  armée  battue  en 
pays  ennemi  peut  toujours  être  etpo- 
sée  a  oe  que  son  adversaire  manœuvre 
de  manière  à  la  couper  de  ses  frontiè» 
res,  si  elle  persistait  i  tenir  dan«»  le 
pays,  il  faut  bien  reconnaftre  que  ces 
bases  temporaires  lointaines  seront 
aussi  plutôt  des  points  d'appui  Instan-^ 
tanés  que  des  bases  réelles,  et  qu'elles 
rentrent  en  quelque  sorte  dans  la 
catégorie  des  lignes  de  défense  éven-- 
tuelles. 

Quoi  ip'il  en  soit ,  on  ne  peut  pas 
non  plusse  flatter  de  trouver  toujours, 
dans  une  contrée  envahie ,  des  postes 
à  l'abri  d'Insulte ,  propres  à  offrir  des 
points  d'appui  convenables  pour  for- 
mer une  base  même  temporaire.  Dans 
ce  cas,  on  pourra  y  suppléer  par  l'éta- 
blissement d'une  réserve  stratégique, 
invention  tout  à  fait  particulière  au 
système  moderne,  et  dont  les  avanta«- 
ges ,  comme  les  ioconvéniens ,  méri- 
tent d'être  examinés. 


Dai  féierfsi  attatéglqaef . 

Les  réserves  Jouent  un  grand  rôle 
dans  les  guerres  modernes  ;  i  peine  en 
avaif^oii  l'idée  autrefois;  depuis  le 
gouvernement ,  qui  prépare  les  réser- 
ves nationales;  jusqti'tm  chef  d^m  pe- 


8M 


$TaATÉGlB 


lolon  de  tiraiilearift ,  chacun  &ujour<^ 
d*hui  yeat  avoir  sa  réserve. 

Outre  les  réserves  nationales  dont 
noas  avons  parlé  dans  le  chapitre  de 
la  PoUtiqne  militaire ,  et  qui  ne  se  lè- 
vent que  dans  les  cas  nrgens,  nn  gou- 
vernement sage  a  soin  d'assurer  de 
bonnes  réserves  pour  compléter  les 
armées  actives  :  g* est  ensuite  au  géné- 
ral à  savoir  les  disposer  lorsqu'elles 
sont  dans  le  rayon  de  son  commande^ 
ment.  Un  État  aura  ses  réserves ,  Tar- 
mée  aura  les  siennes,  chaque  corps 
d'armée  et  même  chaque  division  ou 
détachement  ne  manqueront  pas  non 
plus  de  s'en  assurer  une. 

Les  réserves  d'une  armée  sont  de 
deux  espèces  :  celles  qui  sont  dans  la 
ligne  de  bataille,  prêtes  au  combat; 
celles  qui  sont  destinées  h  tenir  l'armée 
au  complet,  et  qui,  tout  en  s'organi- 
^nt,  peuvent  occuper  un  point  impor- 
tant du  théâtre  de  la  guerre,  et  servir 
même  de  réserves  stratégiques.  Sans 
doute  beaucoup  de  campagnes  ont  été 
entreprises  et  menées  a  bonne  fln , 
sans  qu'on  ait  songé  h  de  pareilles  ré- 
serves; aussi  leur  établissement  dé- 
pend-il ,  non  seulement  de  l'étendue 
des  moyens  dont  on  peut  disposer, 
mais  encore  de  la  nature  des  frontiè- 
res, et  de  la  distance  qui  sépare  le 
front  d'opérations,  ou  le  but  objectif, 
de  la  base. 

Toutefois,  4ik>  i^u'on  se  décide  à  l'in* 
vasion  d'une  contrée^  il  est  naturel 
qu'on  songe  h  la  possibilité  d'être  rejeté 
sur  la  défensive;  or,  l'établissement 
d'une  réserve  intermédiaire  entre  la 
base  et  le  front  d'opérations  offre  le 
même  avantage  que  la  réserve  de  l'ar- 
mée active  procurera  un  jour  de  ba- 
taille :  car  elle  peut  voler  sur  les  points 
împortans  que  l'ennemi  menacei^it , 
sons  pour  cela  affaiblir  l'armée  agis- 
sante. A  la  vérité,  la  formation  d'une 


telle  réserve  exigera  certain  nombre 
de  régimens  qu'on  sera  obligé  de  dts- 
tran-e  de  l'armée  active  ;  cependant  on 
ne  peut  disconvenir  qu*ane  armée  oo 
peu  considérable  a  toujours  des  reth 
foKs  à  attendre  de  rintérienr,  des  re- 
crues à  instruire,  des  milices  mobili- 
sées à  exercer,  des  dépêts  régimentai- 
res  et  des  convalescens  è  utiliser;  en 
organisant  donc  un  système  de  dépôts 
centraux  pour  les  laboratoires  de  muni- 
tions et  d'équipement ,  en  faisant  réu- 
nir à  ces  dépôts  tons  les  détechemens 
allant  et  venant  de  Tannée,  en  y  joi- 
gnant  seulement  quelques  bataillODS 
de  bonnes  troupes  pour  leur  donner 
un  peu  plus  de  consistance,  on  forme- 
rait ainsi  une  réserve  dont  on  tirerait 
d'émtnens  services. 

Dans  toutes  ses  campagnes.  Napoléon 
ne  manqua  pas  d'en  organiser;  même 
en  1797,  dans  sa  marche  audacieuse  sor 
les  Alpes  Noriques,  il  eut  d'abord  le 
corps  de  Joubert  sur  l'Adige,  ensuite 
celui  de  Victor,  revenant  des  États- 
Romains,  aux  environs  de  Vérone.  En 

1805,  les  corps  de  Ney  et  d'Augerean 
jouèrent  alternativement  ce  rêle  en 
Tyrol  et  en  Bavière,  comme  Mortier 
et  Marmont  autour  de  Vienne. 

Napoléon  marchant  à  hi  guerre  d^ 

1806 ,  forma  de  pareilles  réserves  sor 
le  Khin  ;  Mortier  s'en  servit  pour 
soumettre  la  Hesse.  En  même  temps 
des  secondes  réserves  se  formaient  i 
Mayence ,  sous  Kellermann ,  et  ve-* 
nalent ,  i  mesure  de  leur  formation , 
occuper  le  pays  entre  le  Rhin  et  PElbe, 
tandis  que  Mortier  était  appelé  en  Po- 
méranie.  Lorsque  Napoléon  se  décida 
à  pousser  sur  la  Vistule^  i  la  fln  €ie  la  mê- 
me année,  il  ordonnna,  avec  beaucoup 
d'étalage,  la  réarion  d'nne  armée  de 
rElbe  ;  sa  force  éUii  de  soixante  raille 
hommes,  son  but  de  couvrir  Hambourg 
contre  lea  Anglais^  et  d'impofer  a  TAa- 


triche,  dent  te  dt^KnitlMi  éMmi 
•usti  JMiiifoslet  que  les  inlérèt». 

Le<  Prunîens  ea  avaient  formé  nna 
•emblabie  è  Halle,  m  1806;  mais  elle 
était  mal  placée  :  m  oo  l'a? ait  établie 
MU*  TElbe,  à  Wittembergoa  Dessau,  et 
qu'elle  eût  Tait  son  deyoir*  elle  eét 
peiil4tre  laiifé  l'armée,  en  doonaot 
att  prince  de  Uohenlolie  et  i  BIncher 
le  tempi  de  gagner  Berlin  oa  du  meioa 
ttetUn. 

Caa  réferres  leront  tnrtMt  ntilet 
dans  let  contrées  qni  présenteraient 
m  denMe  front  d'opécalions  :  elles 
fenrront  alors  remplir  la  doable  dek^ 
tination  d'observer  le  second  front ,  et 
4a  ponvoir  an  besoin  concourir  ani 
opérations  de  j'arasée  prindpele  «  si 
rennemi  venait  i  menacer  ses  OancSi 
en  si  m  revers  la  forçait  à  se  rappro* 
cher  de  la  réserve.  Uest  inutile  d'ajon* 
1er  qu*Jl  font  nésnmoins  éviter  de  tom 
ber  dans  des  détachemensdangereni; 
eliontes  les  fbisqn -on  ponrro  se  dispen- 
aer  de  oes  réserves,  H  faudra  le  risquer, 
on  n*f  employer  do  moins  que  les  dé- 
ffts.  Ge  n'est  guère  que  dans  les  invn- 
sionalointaiiies«  on  dans  rintérienr  de 
aon.  propre  pays,  lorsqu'il  est  menacé 
d'invasioo^qu'eHes  semblent  utiles;  car 
st  l'on  bit  la  guerre  à  dnq  ou  sii  mar- 
ches seulement  au-delà  de  la  frontière, 
fonr  se  disputer  une  province  limi- 
trophe, ces  réserves  seraient  un  déta- 
chement tout-è-Mt  superflu.  Dsos  son 
propre  peys  on  pourra  te  pins  souvent 
^  ^«n  dispenser  :  ce  ne  sera  que  dans  le 
eaii  d'Invasion  sérieuse,  lorsqu'on  or- 
donnera de  nouvelles  levéÂ,  qu'une 
pereille  réserve,  dans  un  camp  retran- 
dié,  sons  hi  protection  d'une  ptsce  aer- 
mnt  de  dépét,  sem  même  indispen- 
-saUe.  C'est  au  talons  du  général  à 
Juger  de  l'opportunité  de  ses  rèierves, 
d'apès  l'état  itt  pays,  la  profondeur 
de  la  ligne  d'opérations,  la  nature  des 


pointa  fMtiflés  qu'on  y  posséderait, 
enOn ,  d'après  la  proiimité  de  quelque 
province  ennemie.  Il  décidera  aussi  de 
leur  remplacement  et  des  moyens  d*y 
utiliser  des  délachemens  qui  aflaiblh^ 
rsient  moins  l'arméo  active,  que  8i  on 
en  tirsit  des  divisions  d'élite. 
.  On  Bse  dispensera  do  démontrer  qne 
ces  réserves  doivent  occuper  les  point 
stratégiques  les  plus  intéressans  qui  se 
trouveraient  entre  la  base  réelle  des 
froetières  et  le  front  d'opérations,  on 
entre  le  pointobjeetif  deeette  mémebsl- 
se  ;  elles  garderont  les  places  de  guerre 
s*il  y  en  a  déjà  de  soumises  ;  elles  oh» 
serreront  ou  investiront  celles  qui  ne 
le  seraient  pas;  et  si  l'on  n'en  possède 
aucune  pour  servir  de  point  d'sppuî  à 
ces  réserves,  celles-ci  pourront  travail* 
1er  à  tracer  du  moins  quelques  campi 
retranchés  on  tôles  de  ponts,  pour  pro- 
téger les  grands  dépôts  de  l'armée,  et 
doubler  la  force  de  leur  propre  position. 
Du  reste,  tout  ce  que  nous  avons  dit 
sur  les  lignes  de  déiense,  relativement 
eux  pivots  d'opérations,  peut  s'appli- 
quer aussi  aui  bases  passagères  conune 
aux  réserves  stratégiques,  qui  seront 
doublement  avantageuses  lorsqu'elles 
posséderont  ^^terailsjsivots  bien  si- 
tués. 


ëtt.  lynian  acuni  ém  ifdits. 

On  entend  par  le  système  de  posiF- 
tionSt  cette  ancienne  amnière  de  bira 
une  guerre  méthodique  avec  des  arméCL 
campées  sous  la  tente,  vivant  de  leurs 
ma^tts  et  de  leurs  boulangeriee, 
s'épient  réctproqoemeat ,  l'une  pour 
assiéger  une  place,  l'autre  pour  la  con- 
vrir;  l'une  convoitant  une  petite  pro- 
;  vince,  Tautre  s'opposnnt  à  ses  desseins 
,  par  des  positions  soi-disant  inutta- 

té 


mm%  m  ^ritkpn  depoit  te  nofé»^ 
Ige  jvtqv'i  )•  fèvdlalmi  frmçMr^ 

Dm»  ï%  ooort  de  colle  féf <4aiion«  éê 
fraiNh  chingMHM  iorfinffMt  ;  éMi 
N  7  evi  d'akoid  diftrs  sytlènMi,  et 
tous  ne  forent  pae  des  perfeelîettoe- 
aenede  l'ert  En  «TM^  w  eoanMça 
b  foerre  eemae  #»  Ymmk  taie  eo 
iTOA:  leeariBéee 
mm  iMre  pleeet,  et  leealUée 
peur  iee  e«iéger .  Ge  de  Ibt  qn^en  lft% 

en  debeti^fine  le  répnhUfne  jWe  nn 
«illîeii  d*benlniee  el  qurtforee  ereséêe 
«r  eee  ennenriei  féna  fnt  eiora  de 
IMndra  d'entrés  aéttiodei)  ee»  et^ 
ttéee  ii'eyeni  ni  tebleei  ni  loide;  ni 
eMgeiinSt  nerehèrenl ,  bivenefdàrent 
nn  eenlennérenl  I  leni  mohililij  ffwà 
eeernt  et  devint  nk  jnrtrnment  dntte- 
eto*  IjHm  laelîqoe  timegen  ensiâ;  Inv» 
eheb.  W%  tinreia  en.  eaMnl»  ileir* 
4»'eUei  leni  plee  fedlee  i  HMnier  ^e 
lieUiBei  déplef éee^  ei  pAet  en  pnfs 
ennpé  de  le  Flendrn  el  dei  Vetfes^tè 
ile  eembeMeient ,  île  jetèrent  nne  pnt^ 
lie  de  Ieiir9  fereee  en  tiieiHenre  ponr 
einf  Hr  ieere  coloeneik 

Ce  eystèM,..qnt  ee^uWeiwideeeit^ 
constances,  réussit  d*abord  au-delà  de 
toute  attente  ;  il  déconcerta  les  troupes 
méthodiques  de  la  Prusse  et  de  TAu- 
irieber  ensaî  bîen:qne  lewe  eheh: 
Mack  V  enivn  entrée,  enqnel  on  attri- 
buait le  succès  du  prince  de  Cobourg , 
Mipfimte  ie  Mputettofi  é#  MeprMAint 
v8e  msiMMSitene  penr  mcntw  we  n** 

MMe  à  eee  tirtilMiitlH  Lé  f&êf¥9t 
benme  m  ^éiell  ilae  epèrçn  qM  Ml 
Hveilleon  faîieleni  le  iMll  «  iMie  i(aè 
lee  celonnes  onleveient  lee  pesiMww  t 

Les  premiers  gfnérem  de  le  répn-^ 
Mique  ferent  des  hemneft  de  combet 
et  rien  dephm;  le  frfiif4pelr  dim*tf««i 


wm!  ne  UÊÊfÉtM  0k  wê  dotMn  dn  Met 
publie}  eto  fui  qnelqMMlInflne;  ■ 
Irai  fmn&iér  ndemnoine,  nn  dee  mcii- 
irare  flBOTTceiMie  etreleilpqneÉ  neeeM 
gnerre  ^t  de  M  :  ee  ftt  M  qnl  perte, 
à  la  fin  deiivt,.  nMl  féeertn  d'éKH 
liKceMveâent  en  sehnrf  de  finn^ 
ner^qne^  de  llenbenge  m  de  ftlMee; 
en  eeMb  %fÊê  celle  peMé  nHMn«  Irea^ 
pertén  en  peeln^  al  eeeondén  fm  lu 
troupes  déjà  reseemblées  gnr  leelMlÉi 
pdMnl  à  ftdre^  «nMuer  he  lerrtMire 


4 


.  ;•  •    •        i* 


Le  owninfiiedb ilM  Ai 

endinii  on  Te  dd)à  dir;  ne  folie  kiei 
Mes  trtnrieeynemni  emednie  mini» 
eeenl  etolégiqunde  Veneén»  A»  hi  Me^ 
eelle  nv  In  aamhan«  i;^  iMini  pNn 
peeraedue  i  en  feeln^  en 
«MaMite  wctt.delluBiM  tt  li 
4i4lé*»  lirBel8ii|Éei 


}. 


r- 


MieÉB  ilrigÉn  per  Cleiiliyi; 
Clialeler  ntAthnidl,  feepnlle*el 
te  prinen  de  Coberai*  ^eÉiiiiX 
^ili  ce0ee%aienl  bm  tneUnUgin 


en  ITOU,  dnieÉrdneeldn  Mméeei,  fi^ 
lin  tnerebn  qeî  n*élÉil  ^  l'ep* 


MB4M->lè  lee 


pnur  nient  trente  dee  vieMi^  eM 
ifeeleeiénémask 
Aiiee  en  mettent  lentes 
en  lignné  heibenbè  Item 
de  te»  diepeuei  ntteeeÉbet 
l'iiileidetait»  et  nto  geedetu  Mi 
eeeve  ^pie  dn  minèee  détediMneni 
eepefaiee  dn  lien  lépeiO  il  fin 
veneM  k  cnibutet  née  seoln  dt-  cen  di^ 


Te»  Alatt  l'étet  dee  ânee, 
Nepnileo  ddbiHe^  IteM  :  le  live^iH 


tTHAtieiÉ. 


W8T 


de  feft  marches  dérouta  Antfichffpns  et 
Plémontafs  dès  sèi  premières  opéra- 
ticfns;  car,  déga^  de  tont  matériel  ; 
inatne,  il  aarpassa  la  mobilité  de  toutes 
lea  armées  modernes,  n  conqnit  la  Pé« 
niiisifTe  par  ane  série  de  marches  et  de 
combafs  stratégiques.  I 

Sa  course  sur  Vienne,  en  1797,  fut 
dne  opération  téméraire,  mais  légiti- 
iiié(!  peut-être  par  la  nécessité  de  vain- 
cre f  archidoc  Charles  atant  l*arrivée 
des  renforts  venant  du  Rhin. 

La  campagne  de  1800,  plus  caracté- 
risée encore,  signala  nne  ère  noufelle 
dans  la  projection  des  plans  de  guerre 
et  dans  la  direction  des  lignes  d'opéra- 
tions ;  de  là  datèrent  ces  pointa  objec- 
tfft  hafdis  qui  ne  visaient  h  rien  moins 
qd*it  la  capture  ou  à  hi  destruction  des 
armées.  Les  ordres  de  bataille  ftarent 
égaleiùent  moins  étendus ,  rorgsinîsa^ 
tiôn  des  armées  en  grands  corps  de  deoi 
ou  trois  divisions  devint  plus  ration- 
gj^He.  Le  système  de  stratégie  moderne 
^t  dès  lors  porté  h  son  apogée,  caries 
campagnes  de  1805  et  de  1806  tie  hh- 
rent  que  des  corollaires  du  grand  pro- 
blème résolu  en  éSOO. 

Quant  à  la  tactique ,  celle  dès  co- 
lonnes et  des  tirailleurs,  qne  Napoléon 
trouva  tout  établie,  convenait  trop  an 
Sol  coQpé  de  ritaKe  pour  qu'il  ne  Fa* 
dopfAt  pas. 

AoJourd*hui  se  présente  une  ques- 
tion grave  et  capitale,  c'est  de  décider 
si  te  système  de  Napoléon  peut  aller  à 
toutes  les  tailles,  à  toutes  les  époqttes, 
k  toutes  les  armées;  ou  si ,  en  cas  con- 
traire, il  serait  possible  que  des  gouver^ 
nemens  et  des  généraux  pussent  rete- 
nir ào  système  méthodique  des  guerres 
de  positron  après  avoir  médité  sm*  lea 
évènemens  de  1800  h  1809.  Que  Ton 
compare  en  effet  les  marches  et  les 
campemens  de  la  guerre  de  sept  ans 
iitt  deut  de  te  guerre  de  sefrt  seiM- 


nes  (1),  oti  avec  les  trofs  ntAt^tè^  - 
coulèrent  depuis  le  départ  d«  caM^  d» 
Boulogne,  en  1805,  Jusqu'à  TarrHiëo 
dans  les  plaines  de  la  Moravie  ;  et  qM 
l'on  décide  ensuite  sr  le  système  d» 
Napoléon  est  préféraMe  à  f  ancien. 

Ce  système  de  rempereur  tlm  Fran« 
çaîs  était  de  /Ssirt  diM  Hiuiê  fm-Jamt, 
dé  wmhMft  tÊ  de  cmntvÊmr  m^mtêiw  an 
repof .  Il  m'a  dit  lui-même  qill  ne  fon- 
naissait  jfas  d'autre  guerre  que  cel)e*K; 

On  objectera  que  le  caractère  aven^ 
turetix  de  ce  grand  capitaine  se  réunis* 
sait  à  sa  position  personnelle,  et  à  la  si* 
tuation  des  esprits  en  France,  pooif 
Teiciter  à  faire  ce  qu'aucun  autre  chef 
n'aurait  osé  tenter  à  sa  place^  soit  qfi'il 
fSt  né  sur  le  tréne,  soit  qu'il  fttt  simplÉ 
général  aux  ordres  de  son  gouverne^ 
ment.  Si  cela  est  incontestabtcï,  il  tliè 
paraît  vrai  aussi ,  qu'entre  lé  systèiM 
des  invasions  démesurées  et  celui  det 
positions ,  il  y  a  un  milieu  ;  en  sortir 
que,  sans  imiter  son  audace  impèi* 
tueuse,  il  sera  possible  de  suivre  let 
routes  qu'il  a  frayées,  et  que  le  Sy^ 
tème  des  guerres  de  position  sera  prtF 
bablement  proscrit  pour  long-temps» 
ou  du  moins  considérablement  modiSâ 
et  perfectionné. 

Sans  doute  si  l'art  se  troute  «grandi 
par  l'adoption  do  système  des  marches» 
Iliumanicé  y  perdra  plus  qu'elle  n'y 
gagnera ,  car  ces  in<;ursions  rapideir  éC 
ces  bivouacs  de  masses  considérable^,' 
se  nourrissant  au  Jour  le  jour  des  tàii-^ 
trées  mêmes  qu'elles  foulent ,  ne  irlp^ 
pellent  pas  mal  les  dévastation^  des  peu' 
pies  qui  Se  rvèrent  Mr  PEurope  depàii 
le  quatrième  jusqu'aor  trelrième  sièefa. 
Toutefois  il  est  peu  probable  qu'on  y  M^ 
nonce  de  sitAt ,  car  une  grftttde  vérité 
a  été  du  moins  démontrée  par  !M 


(1)  Epilbéle  que  Napoléoa  doooilC  à  la 
iMkitoAfàtt. 


ai 


goMTOi  dellipQléM,  eul  que  les  dit*  I  départ  el  de  tear  arriTée,  les  préc» 
imcMiie  tennieniplasnetire  qo  pajs  { Uons  de  lear  itiDéinire,  lea  moyens  de 

communicatioRS ,  soit  entre  elles,  soit 
avec  le  point  qai  leur  est  assigné,  ton- 
tes choses  qui  font  une  branche  essen- 
tielle des  fonctions  de  Tétat-major. 
Mais,  outre  ces  détaib  tout  naatérieis, 
il  existe  une  combinaison  des  marcha 
qui  appartient  aux  grandes  opérations 
de  la  stratégie.  Par  exemple,  la  mar- 
che  de  Napoléon  par  le  Saln^Bemard, 
pour  tomber  sur  les  communicatioos 
de  Mêlas  ;  celles  qu'il  Qt ,  en  1805,  psr 
Donawerlh,  pour  couper  Hack,  et  en 
1806»  par  Géra,  pour  tourner  lesPnis- 
siens;  la  marche  de  Souwarow,  pour 
voler  de  Turin  sur  la  Trebbia  au-de- 
vant de  Macdonald;  celle  de  rarméo 
russe  sur  Taroutin ,  puis  sur  Krasnoi, 
furent  des  opérations  décisives,  non 
par  leurs  rapports  avec  la  logistique, 
mais  par  leurs  rapports  avec  la  stra* 
tégie. 

Toutefois,  à  bien  considérer,  ces 
marches  habiles  ne  sont  .jamais  qu'an 
moyen  de  mettre  en  pratique  les  di- 
verses applications  du  principe  que 
nous  avons  indiqué  et  que  nous  déve* 
lopperons  encore  :  faire  une  belle  mar* 
che  n'est  donc  autre  chose  que  po^ 
ter  la  masse  de  ses  forces  sur  un  point 
décisif;  or,  toute  la  science  consistera 
à  bien  déterminer  ce  point ,  d'après  ca 
que  nous  avons  précédemment  essayé 
de  démontrer.  En  effet,  que  fut  la  mar* 
che  du  Saint-Bernard ,  sinon  une  ligne 
d'opérations  dirigée  contre  une  extié- 
miié  du  front  stratégicpie  de  rennemi, 
et  de  là  sur  la  ligne  de  v^etraitet  Que 
furent  les  marches  d'Dlm  et  de  léna, 
si  ce  n'est  encore  la  même  manosuvret 
Que  fut  la  marche  de  Blucher  à  Water- 
loo, sinon  l'application  des  lignes  stra- 
tégiques intérieures  déjà  recomman- 


à  l'abri  d'invasion .  et  que  les  états  qui 
veuleat  s'en  garanUr  doivent  avoir  un 
bon  système  de  forteresses  et  de  lignes 
de  défense,  un  bon  système  de  réser- 
ves et  d'institutions  militaires,  enfin  un 
bon  système  de  politique.  Aussi  par- 
liMit  les  populations  s'organisent-elles 
en  milices  pour  servir  de  réserves  aux 
armées  actives,  ce  qui  BMintiendra  la 
force  des  armées  sur  un  pied  de  phis 
en  plus  formidable  ;  or,  plus  les  armées 
sont  nombreuses ,  plus  le  système  des 
offératioAS  rapides  et  des  prompts  dé- 
nooemens  devient  une  nécessité. 
:  Si ,  dans  la  suite ,  Tordre  social  re- 
prend une  assiette  plus  cahne ,  si  les 
nations,  au  lieu  de  combattre  pour 
leur  existence,  ne  se  battent  phis  que 
pour  des  intérêts  relatifs,  pour  arron- 
dir leurs  frpntières  ou  maintenir  l'é- 
quilibre européen ,  alors  un  nouveau 
droit  des  nations  pourra  être  adopté, 
et  il  sera  peut-être  possible  de  mettre 
kçs  armées  sur  un  pied  réciproque  qui 
soit  moins  exagéré.  Alors  aussi ,  dans 
une  guerre  de  puissance  à  puissance» 
on  pourra  voir  des  armées  de  quatre- 
vingt  à  cent  mille  hommes  revenir  à 
fu  système  de  guerre  mixte,  qui  tien- 
drait le  milieu  entre  les  incursions 
volcaniques  d'un  Napoléon  et  l'impas» 
sibk  système  des  iiark$  Ptmiùmem  du 
siècle  dernier.  Jusque-là  nous  devons 
admettre  ce  système  de  marches  qui 
a  produit  de  si  grands  évènemens,  car 
le  premier  qui  oserait  y  renoncer  en 
présence  d'un,  ennemi  capable  et  en- 
treprenant ,  en  deviendrai!  probable- 
ment la  victime, 

.  Par  la  science  des  marches,  on  n'en- 
tend pas  seulement  aujourd'hui  ces  mi- 
nutieux détails  de  logistique  qui  consis- 


tent a  bien  combiner  Tordre  des  trou*   dées. 

,1 

pas  Oans  les  colonnes,  le  tempe  de  leur  [    De  là  on  peut  concbire  qiie  tous  las 


moufcniiens  stratégiques  qui  tendent 
1  porter  les  niasses  d'une  armée  ano- 
oessivement  s^r  les  dHTérens  peints  dn 
liront  d*opérations  de  Tennenii ,  seront 
les  marche*  habiles,  puisqu'elles  ap- 
pliqueront tè  principe  général  indiqué 
page  828,  en  mettant  en  action  le  gros 
des  forces  sur  des  fractions  seulement 
de  l'armée  ennemie.  Les  opérations 
des  Français  «  à  la  fin  de  1793,  depuis 
Dunkerque  à  Landau ,  celles  de  Napo- 
léon, en  1796, 1809  et  18i& ,  sont  à  ci- 
ter comme  modèles  eu  ce  genre. 

Un  des  points  essentids  de  la  science 
des  marches  consiste  aujourdlmi  à  sa* 
▼oir  bien  combiner  les  mouvemens  de 
ses  colonnes,  de  manière  à  embrasser, 
sans  les  exposer,  le  plus  grand  front 
stratégique  posaiMe,  aussi  iong-tempa 
qu*elies  sont  hors  de  portée  de  Ten-* 
oemi  :  par  ce  moyen  on  par?ient  à  le 
tromper  sur  le  vérilable  objectif  que 
Ton  se  propose  ;  l'armée  peut  se  raou- 
Toir  avec  plus  d'aisance  et  de  rapidité, 
et  trouve  plus  facilement  des  vivres. 
Hais  alors  il  faut  aussi  savoir  prendre 
d'avance  ses  mesurea  de  concentra- 
tion pour  réunir  ses  masses  lorsqu'il 
B^agira  d'un  choc  décisif.  Cet  emploi 
alternatif  des  mouvemens  larges  et  des 
mouvemens  concentriques ,  est  le  vé- 
ritable cachet  d'un  grand  capitaine. 

Il  serait  inutile  de  nous  étendre  sur 
toutes  ces  combinaisons,  puisqu'elles 
rentrent,  pour  leur  application,  dans 
la  série  des  maximes  déjà  présentées. 

Nous  observerons  néanmoins  en- 
core qu'il  existe  une  espèce  de  mar- 
ches qu'on  a  désignées  sous  le  nom  de 
marches  de  flanc,  et  que  nous  ne  sau- 
rions potwr  sous  silence.  Dans  tous  les 
temps  on  les  a  présentées  comme  des 
manœuvres  hasardées,  sans  avoir  ja«- 
mais  rien  écrit  de  bien  satisfaisant  sur 
ce  sujet.  Si  Ton  entend  par  là  des  nsu- 
ocauvre^  de  tactique  faites  à  la  vw  de 


S9Z 

la  Hgne  de  battfltoemwwte,  nutJnuiii 
qu*ttn  mouvement  de  flanc  ne  aolt  akm 
une  opération  fort  détieate,  bien  qo'ella 
réussisse  parfois;  mais  si  l'on  veut  pai^ 
lar  de  marches  atvarlégiques«rdiMîrei, 
je  ne  conçois  rien  au  danger  d'un 
maithe  de  flanc,  à  moins  qtie  les  phis 
vulgaires  précautions  de  logbtiqae 
n'aient  été  négligées.  Dana  un  mou- 
vement stratégique,  les  deux  corps 
de  bataille  «onemia  doivent  toujours 
être  séparés  par  un  intervalle  d'envi- 
ron deux  marches  (en  comptant  la  dia- 
tance  qui  sépare  les  «vant^gardes  res- 
pectives, de  rennemi  et  de  leurs  pro- 
pres colonnes).  En  pareil  caa,  H  ne 
saurait  exister  aucun  danger  réel  dana 
le  trajet  stratégique  d'une  poi^Uion  à 
une  autre. 

Il  7  a  deux  cas  néanmoins  où  une 
marche  de  Oanc  semble  tout  à  fait  in- 
admissible :  le  premier  est  cehii  où  le 
système  de  la  ligne  d'opérations,  des 
lignes  stratégiques  et  du  front  d'opé- 
rations présenterait  également  le  flâna 
à  l'ennemi  dans  tout  te  cours  d*Me 
entreprise;  tel  Ait  le  fameux  projet 
de  marcher  sur  Leipxig  sans  a^inqoié* 
ter  de  Dresde  et  des  deux  oeiit  ein<* 
quante  miHe  hommes  de  Napoléon  « 
projet  qui ,  arrêté  à  Trachenberg  an 
mois  d'aoAt  1818,  eAt  été  probable- 
ment fatal  aux  armées  alliées ,  si  les 
sollicitations  que  j'adressai  de  Jung- 
ferteinitx  à  l'empereur  Alexandre, 
n'eussent  décidé  Sa  Majesté  à  le  faire 
modifier.  Le  second  cas,  c'est  lors- 
qu'on aurait  une  Kgne  d'opérations 
lointaine  ou  profonde,  comme  ceUe 
de  Napoléon  à  Borodino ,  surtout  si 
cette  ligne  d'opérations  n'oflbat  en- 
eore  quHine  seule  ligne  de  retraKe 
convenable;  alors  tout  mouvemenide 
flâne  qui  la  laisserait  en  prise  smeil 
une  faute  gmve.  '     ' 

Bans  les  eontrées  on  lea  oennMml^ 


«TO 


K^ufjtou. 


-  ! 


m\mm  teoMikiniii  ieraiefii  nouibreii 
Mt.  les  mottveaieQfl  dd  fiafic  seront 
Aoiofi  daiiKereuK ,  parce  qu'au  bcioin 
an  poarraii  recoorîr  à  ub  cbaogemeBt 
i»  Ji^ae  d'opératiaM,  h  f  oa  était  ra- 
.pmifi^é.  L'élat  phyiique  et  BMOial  das 
-•nnAes,  le  earâotère  jgHm  ou  moias 
éMcgîqae  4es  «heb  et  des  troupes , 
yeuveot  aussi  ioBuer  sur  l'opportuoité 
de  pareils  mouvemeos. 
Jt  Au  foit ,  ias  «larches  soufent  citées 
de  léna  et  d'Utm  Airept  de  vérilaUes 
ffiaaœuvres  de  Oanc,  tout  oomme  celle 
aar  Milan  après  le  passage  delà  €Uu- 
aella,  et  celle  du  BMréchal  Paskievitch 
v^ar  aller  frauchir  la  Vistule  i  Ossiek  : 
•r  chaeuB  sait  ai  eil^à  réussirent. 

il  en  ^t  autrensaot  des  nouveneos 
tnciiques,  faits  par  le  flanc  eu  présence 
^  reiiaaaii»  tfey  eu  fut  poni  à  Den- 
iitwiUy  MarnaMftt  à  Salamaniiue,  et 
Frédéri&to^raiid  à  KoUin\ 

Cependant  la  oianœuf  re  de  Fiédé- 
rJc-faMîfaad  à  LeuUien,  devenue  si 
aélfelM-e  dans  les  annales  de  l'art,  fut 
.  an  véritable  manvement  de  cette  es* 
pèce  ;  mais  luibilemeot  couvert  par 
«ne  masse  de  cavalerie,  caché  par  les 
hauteurs,  et  opéié  contre  une  armée 
*.  i|ui demeurait  iauBobiledanji  son  camp, 
1  il  eut  un  succès  immense,  parce  qu*aa 
-  «noment  du  choc  ce  fut  réellement 
ramiée  de  Daun  qui  prêta  le  flanc,  et 
nun  celle  du  ruj.  Outre  cela,  il  faut 
€Uii»c4iiraus«Î4|u  avei:  l'aucieu  système 
de  se  oKNivoir  par  ligues ,  à  distance 
4^,  pcrtotoiis ,  pour  se  former  sans  dé- 
ploiement parnn  a-droite  ou  un  à-gau- 
^e  eu  bataille,  les  moovemens  paral- 
lèles à  la  ligne  ennemie  ne  ikhiI  pas 
4ies  amiches  de  flanc ,  puisqu'alors  le 
flâne  des  coionnes  n'est  eu  réalité  au- 
iro  chose  que  le  front  de  la  ligne  de 
•.  èntaiHe. 

La  fameus«>  m.'Tche  du  prince  £u- 
flAna«n  vne  du  camp  français^  pour 


tourner  kê  lignes  de  Tnrin»  flit  ftim 
plus  estraordioaire  encore  que  œlls 
de  Leuihen,  et  ne  réusait  pas  moins. 

Dans  ces  différentes  baitailles ,  je  le 
répète,  ce  furent  des  mouvemens  tac- 
tiques et  non  stratégiques  :  la  marche 
du  prince  Eugène,  de  Maotone  sv 
Turin ,  fut  une  des  plus  grandes  opé- 
rations stratégiques  du  siècle  ;  mais  il 
s'agit  ici  du  mouvement  fait,  la  veille 
de  la  bataille ,  pour  tourner  le  camp 
français.  Au  reste ,  la  différence  des 
résultats  que  présentent  ces  cinq  jour- 
nées .est  une  preuve  de  plus  qu'en 
ce  point  aussi  la  tactique  est  variaUe. 


0c« frMliAstf  «i  de  ItariSéfMMc  pv lai ilfte- 
raMci  ou ppr  Isi Us"^ re^êocbéts.  ^hth 
auerrt  d«  f  iége. 


Les  forteresses  ont  deux 
tîoiis  capitales  à  remplir  :  la  première, 
€*est  de  couvrir  les  frontières;  la  i^ 
coude,  de  favoriser  les  opérations  de 
rarmée  en  campagne. 

La  défense  des  frontières  d'un  État 
perdes  places  est  en  général  une  chose 
un  peu  vague  ;  aans  doute,  il  y  a  quel- 
ques contrées  dout  les  abords ,  cou- 
verts par  de  grands  obstacles  naCoreis. 
offrent  très  peu  de  points  accessibles 
qu'il  serait  possible  de  couvrir  encore 
par  des  ouvrages  de  l'art  ;  mais  dans 
ks  paji»  ouverts,  la  chose  est  plus  di(- 
licile.  Ll*s  ciiaincs  ocs  Alpes,  des  Pj- 
rouées,  celie^i,  uiouis  élcvôcs,  des  Crs- 
packs,  du  Kiescngcbirg ,  ùc  IX'^i^L- 
birg,  du  Uobmerwalii .  Ue  la  lurèt- 
Noire,  des  Vot^jes,  uu  Jura,  ^ut  luuN'S 
plus  ou  flooios  susceptibles  d*£tre  cou- 
vertes par  un  bon  système  de  places. 
^Je  ne  parle  pas  du  Caucase,  sosn 
élevé  que  les  grandes  Alpes  •  parce 
qu  jl  ne  sera  probablement  jamais  Is 


mt 


I>e  toutes  eesiraoUèrei,  fig!^  ^oiJn 
la  France  et  le  Viéff^qiétf^îi}^  nM^ia 
coiiycrie  ;  k&  va]ii^Q$  ^  U  Sture  et  de 
Sii«e  «  Ie4  P9«sagys  d^  ^'Arfl^otièi» ,  «fa» 
MiOUt-GeoèYe»  dJi  Mpui-CIeoys,  lUMib 
léputé»  pratîcaM^ ,  M»i^  orairerta 
de  forts  en  ^a^^M^erie,  p^M  d#^  pbiT 
ce«  eoiisidérabl^^  i(i  troiiraief4,  am 
^éboiu^hésdei  vall^  4«n^  lea  plaînea 
4^  Piémpnt  :  nM  o§  |iiprai|ia)t  pU» 
l|if5cUe  9  yaiocTiç, 

Toutefois ,  il  faat  bien  l'aYoner,  cea 
h^lUifi  défonaes  de  L>rt  n'eqipAchfroni 
jaqiiMi  enti^enient  une  troM^  de  pas*- 
|ier»  4*alH>rd  parce  ^ne  iea  petita  farta 
ipi' w  peot  Gonstroifa  il^os  tea  gi9q|W 
0ûpt  auiceptiblam  4'ètre  wlevéi ,  eii«^ 
iijLiCe  parce  qa'joo  trouva  toi^oim  flv^)r 
i|ue  chemin  jugé  ipnpraticïiU^  at  oii 
Mfi  euMfDî  aiKla<^ieiijL  ptrvi^,  i  lorcf 
da  trayijl»  à  ;se  fv^^fux^  m(fi,  La 
passage  des  Alpes  par  FfêMà^m  V^  ff 
Piw  défiât  pw  G3iU«Fd<  ci^VÎ  ^  Sajnt- 
j^ernard  par  Napoléon ,  J^fi9  T^ipé^ 
diiion  du  S(4iigen ,  si  4>i«tt  rpqi^iibif 
par  Matthieu  J^nni^a,  prouvant  qil^ 
jNapoiéou  diaait  î^vac  mêon  ^  i#  gé^ér 
rai,  fil  une  4rm4§  f^^  v^rtof^  oi^  PNI 

Aampe  fifu^  fQ$er  U  V^l  Maxime  pevir 

être  ipn  peu  augér^,  mfii  qw  ^aracr 
tériae  c^  grpi)d  %vilÊxmn  f^  49'M  f 
^pUquéaTtti-mivieikyec  ^\  de  W^ 
ces! 

P'autry  liiffftH^»  #»'>>  fioiurprtap  par 
de  grand»  fieuyaa  «  «iiu^o  Mwnédiaîe*^ 
ment  en  première  lÎKa^t  f^  iPPiof  ^f 
aecoade.  11^  étopMO^lsepfsi^fuitqi^ 
ces  Ugii^. /wi  ^««■oMwt  â  bifff  fai^ 
pour  séparer  deanatÀons^»  saos  ioter- 
fepler  iavs  rapporta  de  oowMqce  «t 
de  voi8Wfa«  ne  fisnaant  nulle  part  la 
l^tne  réelle  de»  Êroiitîèrea;  car  on  ne 
pouvait  paa  dira  §  m  la  ligne  du  h9r 


Q4l9ip«n  l«A!i4|Qe  te»  Tor^,  av«if fit 
pied  dans  la  Moldavie.  0^  mteie  le 
^bip  o«  fut  jamais  upe  froati^e  ré^Uf 
entre  la  f  ranime  et.rAUeni#gne,  fWh- 
oue  les  Français  eurent  longrtempp 
Ofa pièces  snr  la  riT9  droite,  tendis  .Qgp 
les  AllemendaaTaient  May^ce ,  {iUiem- 
i^eipis  et  les  tAtes  de  pont  die  Maiir 
hnim  et  de  Wesel  aur  le  rive  feiediew 

Toutefois  si  le  |>anabe,  le  Mhin,  if 
BMne,  i'£l)>e,  TOder,  la  ViMule,  «e 
Pô  et  r  Adige ,  ne  sont  onUe  part  dep 
lignes  de  première  frontière,  odp 
n'empAche  pea  de  les  Certifier  ponmf 
lignes  de  défense  perman^fitee  »  »iir 
tons  ka  peints  où  il»  peiwont  offqr 
un  sf  stème  de  défense  satisfaisant  pev 
couvrir  un  front  d'opérations. 

Une  des  lignes  de  ce  ivinns^  qv^on 
peut  piler  pour  e^eeiple ,  est  ceUe  d^ 
rinn  *  4|ai  aépareit  le  BevifN^  d^  r Aur 
trieil^;  flaiif^  au  and  par  les  Àlp»P 
tyrolienne»,  an  nnrd  p»r  osUes  de  Â^- 
iKtaip  et  par  le  IMnot^i  »on  fronti  m 
vt0A  pn»  étendu ,  ae  tren^re  ennvntit 
par  In»  pince»  de  Peaeau^  Itrannau  fi 
Salrtionff .  iflofd  'CempoM  %  aveo  w 
peu  de  poé»ie,  eette  ijrnntii^e  à  dnnv 
fcjstinn»  ineipugeables,  do^t  la  conrr 
tîne,  fnrmie 4ie  Jtroi»  ^UfS»  place»,  » 
ppurliossii  nn  des  flenvn»  Iw  plus  imr 
pétueux  ;  mais  il  ^*eit  np  pen  isiw^ifi 
ce»  avantage»  mv^rlela^ioerrfépiUiète 
d'ine&pngn»Me»j  dont  il  le»  décore^ 
a  rfwt  liToia  sa^gtins  jiMn^entî»  4M» 
le»  cwnpagpe»  de  1890,  mUf.  tm> 

Le  plup^t  des  Ëtat»  européens,  loip 
4'evnir  des  froi^tièie»  f ua»i  jEDyrmider 
|)le»  «ue  icelle»  des  iMpes  et  da  l'inn« 
{fé»ente|iltdes  pays  de  plaine»  nnrerr 
tes,  ou  des  montignn»  eeaossiMe»  enr 
un  JMMpbm  4^nsidéral^le  4a  feints; 
nntoe  pnojelt  n'étnat  pa»  d'nfeîr  le  fée- 
graphie  militaire  ,de  TEnrepe ,  nnn» 
nons  borneren»  è  préiinter  In»  ma»- 
me»  gtteérale»  qui  ptuneni  e'eppli^ner 


9h 


wnàitÈÊnL 


^ 


è  toutes  les  êoittrées  fndisthieteliient. 

Lorsqn'iine  FrorHière  se  tronve  en 
fwys  ouvert ,  il  Taut  bien  renoncer  k 
Vidée  de  vouloir  en  faire  une  ligne 
formelle  et  complète  de  défense,  en  y 
nniUîpliant  des  places  trop  nombreux** 
aes,  qnî  exigent  des  armées  pour  eii 
garnir  les  remparts,  et  en  définitîre 
n'empêchent  jamais  d'entrer  dnn»  le 
paya.  Il  sera  phîs  sage  de  se  contenter 
d'y  établir  quelques  bonnes  places  ba** 
bilement  choisies,  non  plus  pour  em- 
pêcher l'ennemi  de  pénétrer,  mais 
pour  augmenter  les  entraves  de  sa 
marche,  tont  en  protégeant  ou  favori- 
sant, au  contraire,  les  mouvemens  des 
armées  actives  chargées  de  le  repous- 
ser. 

S*it  est  vrai  qu'une  plaec  soit  rare- 
ment par  elle-même  ira  <dl)stacle  ab- 
aoiu  à  la  marche  de  Tarmée  ennemie , 
tt  est  incontestable  qu'elle  la  gêne, 
qu'elle  la  force  a  des  détachemens ,  à 
des  détours  dans  sa  marche;  d*un  au* 
tre  cêté,  elle  favorise,  au  contraire, 
f  armée  qui  la  possède,  en  lui  donnant 
tous  les  avantages  opposés  ;  elle  assu^ 
fera  ses  marches,  fsivorisera  le  débou- 
dié  de  ses  colonnes  si  elle  est  sur  un 
fledve,  couvrira  ses  magasins,  ses  flancs 
el  ses  mouvemens ,  enfin  lui  donnera 
un  refuge  au  besoin. 

Les  forteresses  ont  donc  une  in- 
fluence manifeste  sur  les  opérations 
mlKtahres  ;  mais  Tart  de  les  construh-e, 
de  les  attaquer  et  de  les  défendre  te- 
nant à  l'arme  spéciale  du  génie,  il  se- 
rait étranger  à  notre  but  de  traiter  ces 
matières ,  et  nous  nous  bornerons  A 
eiaminer  les  points  par  lesqtiels  elles 
tiennent  A  la  stratégie. 

Le  premier  est  le  choix  du  site  oà  il 
convient  d'en  construire i  le  deuxième 
est  la  détermination  des  cas  dans  les^ 
quels  00  peut  mépriser  les  places  pour 
passer  auti^,  H<mfx  dsn^  losquels  on 


Ibfté  de  tes  aMéger;  le  ft&hSkm 

consiste  dans  les  rapports  existant  eo« 
tre  le  siège  de  la  place  et  Tannée  ac 
tîve  qui  doit  le  couvrir. 

Autant  une  place  bie"^  sitaco  .^vo- 
rtse  les  opération»  ^  autant  les  places 
établies  hors  des  directions  importan- 
tes sont  funestes  :  c'est  un  fléau  pour 
l'armée ,  qui  doit  s'aflaibltr  à  l'effet  de 
les  garder,  et  un  fléau  pour  l'État,  qoi 
dépense  des  soldats  et  de  Fargent  et 
pure  perte.  J'ose  aflBm^er  que  beau* 
coup  de  places  en  Europe  sont  dans  es 
cas. 

L'idée  de  ceindre  toutes  les  firon* 
tières  d'un  État  de  places  fortes  très 
rapprochées,  est  une  célamité;  on  a 
faussement  impdté  ce  sjstèmeé  Tau- 
ban  ,  qui ,  loin  de  l'approuver,  dispu- 
tait avec  Louvois  sur  le  grand  nombre 
de  pointe  inutile  que  ce  ministre  von* 
lait  fortifier.  On  peut  réduire  les  maxi- 
mes dé  cette  partie  de  Tari  aux  pria- 
eipes  d-après  \ 

1*  Un  État  doit  avoir  des  places 
échelonnées  sur  trois  lignes  depuis  la 
frontière  Jusque  vers  la  capitale.  Trois 
places  en  première  ligne,  autant  ea 
seconde ,  et  une  grande  place  d^armes 
en  troisième  ligne,  près  du  centre  de 
puissance,  forment  un  système  è  peu 
près  complet  pour  chaque  parlte  des 
frontières  d'ttn  État.  S'il  y  a  quatre 
fronts  pareils,  cota  fera  de  vingt-qua- 
tre à  trente  places. 

Oh  objectera  peut-être  que  ce  nom- 
bre est  déjà  très  considérable .  et  que 
f  Âtitriche  même  n'en  avait  pos  autant; 
tnais  il  faut  considérer  que  la  France 
en  a  plus  de  quarante  sur  un  tiers  seu- 
lement de  sa  frontière  (  de  Besançon  è 
Dunkerque),  sans  qufe  pour  cela  elle  ea 
ait  sunisammènt  en  troisième  ligne 
du  centre  de  sa  pahisanœ.  Vu  eoniité. 
réuni ,  f I  y  a  Quelques  année» .  f*^*^ 
^ftiiffiec' mr  res  foriN-ess^ ,  a  c^Rfik 


i|ii*ft  IMbift  eh  ajouter  encoit.  CêHi  M 
prouve  pas  qn'il  D'y  en  ait  déjà  trop, 
tnais  bien  qu'il  en  manque  anr  des 
points  importans,  tandis  qât  celles  de 
première  Hgne ,  trop  entassées ,  doi- 
vent être  maintenues  parce  qa'elles 
eiistent  En  comptant  que  la  France  a 
deui  fronts  de  Bunlierque  iBàle,  un 
de  BAlc  à  ia  Savoie,  un  de  la  Savoie  à 
Nit-e,  outre  la  ligne  tout  à  fait  séparée 
des  Pyrénées,  et  la  ligne  maritime  des 
côtes  de  i*Océtfn,  il  en  résulte  qu'elle 
a  sis  fronts  à  couvrir,  ce  qui  eiigerait 
de  quarante  i  cmquante  places.  Tout 
militaire  conviendra  que  c'est  autant 
qu'il  en  Aut,  car  le  front  de  la  Soisse 
et  eekii  des  c6tes  de  TOcéan  en  eil-* 
gent  moins  que  ceux  du  novd-eêt 
L'essentiel,  pour  qu'elles  atteignent 
leur  but,  est  de  les  établir  d*après  un 
système  bien  combiné.  Si  l'Aalricbe 
eut  un^Aomlnre  de  places  moins  consi- 
dérable, c'est  qu'elle  était  entourée 
des  petits  États  de  l'empire  germani- 
que ;  qui ,  loin  de  la  menacer,  met-* 
taient  leurs  propres  fortereases  à  sa 
disposition. 

Au  surplus,  le  nombre  indiqué  n*tt* 
prime  que  celui  qui  parait  nécessaire  à 
une  puissance  présentant  quatre  fronts 
à  peu  près  égaui  en  développement. 
La  monarchie  prussienne,  formant  une 
immense  pointe  de  Kœnisberg  jn»- 
qu'nux  portes  de  lleli,  m  saurait  être 
fortifiée  sur  le  même  système  que  la 
France,  l'Espagne  ou  l'Autriche.  Ainsi 
les  dispositions  géographiques,  ou 
rezirème  étendue  de  quelques  Étals , 
peuvent  faire  diminuer  ou  augmenter 
ce  nombre ,  surtout  lorsqu'il  y  a  des 
places  anaritimes  à  y  ajouter. 

8*  Les  forteresses  doivent  toujours 

être  construites  sur  des  pofnts  strate^ 
giques  importans  désignés  i  l'article 
i8.  Soua  le  apport  tactique,  on  doit 
a*attachei  i  laa  uttuoir  do  préfétwce 


m 

dan*  un  sKe  qui  ne  soft  pal  donriné, 
et  qui,  fbdtRant  le  débouché,  rendrait 
le  blocus  plus  diflicile. 

3*  Les  places  qui  réuniront  le  plus 
d'avantages,  soit  pour  leur  propre  dé- 
fense ,  soH  pour  favoriser  les  opéra- 
tions des  affinées  actives ,  sont  incon-- 
testablement  ceHes  qui  se  trouvent  ki 
cheval  sur  de  grands  fleuves  dont  elles 
dominent  les  deux  rives  :  llayenee, 
Coblenti,  Strasbotrg,  en  y  comprt-- 
nant  Kehl«  sont  de  vi^iris  modèles  en  ice 
genre. 

Cette  vérité  admise,  on  doit  recoft- 
naître  aussi  que  les  places  étAllei  au 
confluent  de  deux  grandes  rivières  ofat 
l'avantage  de  dominer  trois  fironts  d'o* 
pérations  différens ,  ce  qui  augmente 
leur  importance  (  la  place  de  If  odRn 
eatdansce  cas).  Mayenoe,  lorsqu'au 
avait  encore  le  fort  de  Gustavsbouig  à 
la  rive  gauche  du  Meyn ,  et  Cassel  i 
la  droite,  était  U  phu  formidaMe  plaeo 
d'armes  de  l'Europe  ;  mai»  comme  ele 
exigerait  une  garniaon  de  vlngt^cinq 
mule  hommes ,  un  État  ne  saurrtt  en 
avoir  beaucoup  de  cette  étendue. 

h*  Les  grandes  places  ceignant  des 
viles  populeuses  et  commerçantes, 
offrent  des  ressources  pourune  armée  ; 
dies  sont  beaucoup  préférables  aux 
petites,  surtout  lorsqu'on  peut  encore 
compter  sur  l'aide  des  cHoyena  pour 
seconder  lagaroiaon  :  Mets  arrèla  toMo 
la  puissance  de  GbarlesHjuint;  UNo 
suspendit  toute  une  année  les  opéra** 
tions  d'Eugène  et  de  M arlboroogh  ; 
Strasbourg  fut  maintes  fois  le  boula* 
vart  des  armées  frantaisea.  Dana  iaa 
dernières  guerres,  on  a  dépassé  cea 
places,  parce  que  tous  tes  flots  de  I'Bih 
I  rope  en  armes  se  précipitaient  sur  la 
France;  mais  «»«  «rm*®  d«  cent  cin- 
quante mille  AUenwinda^  qui  aurait 
devant  elle  cent  mille  Flrançaia,  pov^ 
jTa^'eUe  tapunéumut  ^éaéltiui  aurli 


«ri 


•TEATÉGll, 


|wi»  amiMes?  C*^t  ce  411a  i#  ni  gar- 
derai d'affirmer. 

50  ^^(j^9  QQ  fî^sait  U  g^e^re  ani  pla- 
ces, #iu  G4I9P»  f  #u^  pcMiiofii  ;  4v)P 


jlfil  4^rAiei;ii  temps ,  «n  cwtram ,  #û  net  ^neioie»  ao  caïQpagiie ,  peiit«M 


|l#  la  faisait  piof  ^u'aw  CiM'Geaorfani- 
aé^f  «»&0  a'iiumiétiûr  oî  4^  obaladea 
ptMkî^ls,  ni  As  cauK  da  r^rt.  ftajare 
0ld^menï^i  V\m  ou  l^otre  de  eea 
nttàm^  serait  égajeiwni  un  «bus. 


i# irériMWe acieoce  de  Je  guaifecM-  ^oflayne  le  Psmk^f  to  JMûii,  TSibe, 


liste  à  prendre  un  juste  milieu  entre 
^deus  ^xUémea. 

.    jïiw  doute,  |e  plu9  in»pqrtaat  aéra 
tQsijpun  4e  yiaer  d'aiM^  à  battre  mai- 


jifibteJMot  et  à  dwottdftt  le»  maïaiep  (DonM«uerra9tBaive||Nitwiseifle]iiit 


'  firyaiiii<ies  d^  TenneiiM  (VM  tondreknt 

lu  caoiiN«ae.  Poiar  ài^îj^e  <:e  peîpt 

idéctoif.^n  yevt  di^i^asaer  lea  forteMa^ 

aiid;  imi»  H  l'on  ii*4ibteiuMt  w'w  de- 
.  «p^vceàa,  «lorf  il  devieiidr^it  wpr«- 
'  lAw^t  jde  vpuraiiive  we  jnyaaioB  aapa 
^fusafire.  An  mate,  toul  d^yend  de  la 

,ekMaMofi  et  de  la  force  reapMtive  ^p 

aroiM»  AifiM  4i9  4e  l'eafTJii  d#i  fiefii^ 
lation^. 

L'Autriche,  gnerroj»»^  seule  eontre 

la  Fi^uace^  ne  pourrait  pps  r^f>étefp  les 
.  4q>éivitioos  4»  ift  greode  iJliaMe  de 

I^H.  i>e  pataie ,  il4ist  probable  que 
.  l'on  ne  y#r«a  fea  de  aUiM  cjmquttate 

Mille  Framteis  ae  baaandar  eu^df^  des 
'.  A1|MP  Kori(|uea ,  m  eieur  de  la  mo- 

«MTchie  entriebiepne  •  oonune  Hfapo- 
.  Moe le  it eu  17»7  U).  Oe  pweilséyè- 

Mmeee  ddfeudent  d'ue  eoncours  de  i     Oaea  Ma  paya  de  iwirlipieia,  de  ye- 

woonatancea  4111  font  eige^Mon  wi  lits  forte,  hiep  studa*  valeeiit  ^es  fb- 

lèglea  covmiHiea.  |iiea;4yÂi»e  s'eifPi^iB^fenBer  det 


pu|sqa*eu  lîeiii  d'iîoater  eux  fanes 
de  lyméo  active,  jl  les  éueneiait  ea 
fes  divisant;  flii'une  enndn,  «eubet 
ayec  raison  chercher  i  détruire  leslK^ 


daeger  se  gUascir  eqtre  plofiem  plaœi 
pour  eUeûpdne  W  but,  en  #f eut  leio 
tontefoia  de  les  Taire  observer  ;  fu'ePê 
ne  aenrelt  cependant  envnbîr  nu  pejrs 
ennem  en  pemaut  on  «rend  •epie. 


eani  rddnîre  w  inoina  une  4sf  fiacss 
«Ufiéea  mr  ^jBfNiy«,  «fin  4'«vwr  nés 
Ua»$  de  reireite  liwmie.  AMtmse 
d'une  telle  p|a<ïe,  rarmép  ppwre  alen 


aon  mi(ériei  de  eiége  #  r^Mirr  simfs- 
aiyeisent  d*a»trpa  f^fi^resee»;  car  phis 
Tannée  aglpsepte  evw^ia ,  pkn  le 
eorfn  de  aîége  pmwe  se  fleUef  de  tar- 
J9iner  |'ei|(re|«îfl^  eene  Mtf^Umi 
fir  TenneiiMi» 

7^  Si  les  irnnde»  «itiDea  aon»  biea 
§im  ayaotageMseis  que  Je«  Pfii|es,byv 
4q[«e la  pepplatiaii «K egiie, il  f^teoe- 
yenir  aussi  que  ces  demiJMt  imriint 

eveir  cependant  leur  4effé  4'inv<)r- 
tMce,  non  panr  arrêter  f  aiipeiei .  yi 
les  maaquerait  fedlmpont»  naeii  peur 
Csywiaer  |ea  opéretiepe  de  l'erore 
en  ompegne;  le  fort  4n  Knetiigstein 
fut  eeaa»  ntibs  ma  Fnmcaia  ^n  ||f3 
que  la  yeste  place  de  Oniade.  «efi» 
i|u'il  pnwnmit  we  tête  die  ppnl  aar 
l'Elbe. 


t 


9^  On  cpnclura  de  ce  i^ui  précède  : 
flpe  des  places  sont  w  eppni  esseoliel, 


passagea,  et  non  de  servir  de  nsAift  i 
une  armée  i  le  petit  Cort  ^3erd  W- 


{il  ^9  m  J^iAns  ea»  M>oléojp  (T^yoji  ffïê  f^  renf^i}!^  P^JftWS  ^Tsimu  «m  eiMii. 

roflensive  dini  le  Frioal;  U  avait  devant  tut    parée 'qa*II  a*j  avab  rien  deTaot  lai  qai  pn 

^frenif -eliiq  nHIe  AaAfMSens,  ^  ea  attan-    rMapromèifré  n  ^«taftle.  It  apéia  éaat  ki  fé- 

.eniei<lU0i«lllavtBaMa«  RMd.  U  aénéral    a*"' •*  «'«UN  4ai  aniéaiiMnt  ta  li 

ftfS>»jlPaiti  iaaaMaa  aaea»  l'anMa  4la  •  maaapfa^^avai 


mmÊtÊmfÊimteM 

«fMtte  4es  Aoaittrat  4^  tbt  Ml 
•«n»  autniDélée  ««  m  U  émi 
ï^wrlel  fiM9M4«  i<rfii0l,  de  ylMCiiBt 
•MdiirM.  at  «itaM  te  petfti  iKiftei 
propres  à  faciliter  les  opératioM  des 


d»«wraiUiP'Éfes  u  mimm  fsNé.  ptOf 
>Mliii*wi  ètwIartoMtoAnuni*- 
Jtnr  dK  fvjt,  poOT  T  phcer  dw  éi- 
t*tK  iM«p«.  MagHiM,  ti^pitau,  «M. , 
-à  l'akri  ^»MfTi  U«M  qH  hiimum 
it  mv.  HTtMt  ti  la  gHéi  sa  était 


jHlhaw  1^  fMr  l'&W  «tfaiBie. 

ItaiiSi  yewreatawir^hafortiw 
que  daD*  de*  combinaisonB  de  gMH« 
-— ritWWWi  »WM  *»—■■*— t^tei 
iHHMtde  voir  MwlmiiK  pavaM 

>WaCrw(ta 

Jtpjpgw  faittil  comiiwiWni  im  m- 


i  i  CMM  4e  la  CadUM 
4H  atXfi  nUt  dMWtii  fOltf  iW  «IfPft- 

iwiiimwtiWi  A  t'waié»  ikm,  au 
Um  it  M  «Mcatnr,  m  iSIft,  au 
JpqltMà.  «tait  «DiriB  ^anvr"  «v 

.fmm  (t'iUm  rei»ulé»^A  la  aBor,  «ml- 
fé»  ieUmiimmêàiim  étpuimar 


<t^  iwtw*,  il*  Mut  4t  4WH  d»- 

d'attaquer  les  plapes  ^u'etfe  d^pf»; . 
'•ni  iè'  ^rtÛA  ae  ^penafr'  Ae  les  faire 
■Maèttérroa  dé  imiiadelea  oteerver; 


dana  tes  en  oè  II  f  «M  aonU  ptustMvi 
sur  m  espaœ  rapprodlA ,  fl  fMiAa 
Utwer  ufi  corps  entier  M)U>  an  méà* 
chef,  i|«i  tes  iofMtini  ad  ohaerrert , 
selon  les  circoiislances. 


atmm»  tê  u  «raUctB. 


La  plHtiart  des  opéralisna  il 
tefi  de  la  guerre  parlitipant  é  U  fols  de 
U  t;tfulégiG  peur  Ig  directioa  dsos  la- 
qualle  il  ««infiit  d'agir,  et  de  b  Ue- 
tiqiu  foiir  la  eenifaiile  de  l'action  elte- 
même.  Avant  de  traibf  de  «ois^pd- 
ralieiM  aûites,  il  convient  donc  de 
présenter  ici  les  csmbiiiaiioiMt  deia 
greade  tactiqae  ri  dm  bataille* ,  aéaei 
qti«  leMmaumettà  l'aide  dee«{uelleH on 
pe«t  obtenir  l'appUcatioii  du  principe 
foodimentâl  de  11  fuerre.  Par  ce  moyen 
on  uiura  mieui  l'enaeeible  de  ces 
opér^itioDS,  moitié  stratégtques,  makHé 
tactiqeea  ;  an  ne  peraellra  sealeaeot 
de  réeaoïer,  se  préalable .  le  rontenu 
daihapitre  qu'on  vient  de  lire. 

l^  mvùèr^  d'applii|««r  le  priadfra 
géoéral  de  la  guerre  i  tow  Jop  tbéMi«s 
d'opèrattoDi  potttiUea,  «oeuste  eu  «e 
qui  suit  : 

1°  A  «avoir  tirer  parli  dei  avantages 
que  pourrait  procwer  la  dîrtMitioii  ri- 
luiproquedee  deui  bases  d'opérplMw. 
HEltm  ce  qui  a  été  développé  ea  fiuwr 
de»  ligiMft  «aillantes  «t  pefpe«die>lij- 
rf  s  à  la  baMC  eaiiMMe  i 

^  A  «hoiiir.  euli«  les  trata  lù^fi» 
que  fniCiAle  eediaairMNWt  iw  ÀtM- 
quier  stratégique,  celte  sur  laquelle  6D 
peut  pvricr  le^  «bn(W  k»  fim  funestes 
tl'eufiii«ti.«t0dl'<OD  oowt  aoi-m^flie 
le  moins  (le  risques; 

3°  A  bien  établir  et  bien  diri^t;r  mis 
Ujgi'fA  d'opération^,  en  adoptant.  )(|Mr 
io  délens^ve^leSjej^jg^  J<H^=^' 


m 

.  «Mt  doonto  pw  rwnoUdoc  Owriai,  n 
17M,  el  par  Napoiéoii  en  1814,  oa 
Mn  49eU  Ai  lurécbal  So«It,  eo  18U, 
pour  ks  relnilei  pHilMei  au  fnm* 

UtttSm 

i  OtM  roflènriTe,  aa  ooaCraire,  oo 
anra  à  iiuvre  le  aystème  qui  asiara  les 
nccèf  de  Napoléon  en  1800,  180&, 
1806,  par  la  direcdon  donnée  i  ses 
forcei  Mir  une  extrénuté  du  front  itra- 
(égiqw  de  rennemi,  ou  bien  <elni  de 
la  diiection  anr  le  eentre,  qui  lui  réos- 
ait  ai  bien  en  iTM,  1800«  1814  ;  le  lent 
aek»  ka  poaUiona  leapeoiif  ea  dea  ar- 
niiéea«  etielon  lea  difenea  maximes 
d^  présentées  ; 

4*  A  bien  ohoiair  ses  Ugnea  airatégi* 
qnea  éventueUea  de  manœuvre  «  en 
.  leur  donnant  la  direoliott  eonvenaUe 
pour  pouvoir  toigoufa  agir  avec  la  ma- 
jeure partie  do  aea  diviaiooa,  et  pour 
eaapècher^  au  contraire,  lea  partiea  de 
l'année  ennemie  de  ae  eoneentrer  ou 
do  ae  soutenir  réoipvoqueneBt  ; 

§*  A  bien  eamUocr,  éam  k  mim 

toutes  lea  peaiUons  stratégiquea,  aiéal 
que  tous  lea  grands  détacbemeos  qu'on 
'aérait  appelé  i  faire  pour  embmser 
lea  partiea  indiapeuaablea  de  récbi- 
quier  stratégique. 

<^  Enfin  i  imprimer  à  ses  masses  la 
plus  grande  activité  et  la  plus  grande 
mobilité  possibles ,  afin  que  par  leur 
«mploi  aucoeaair  et  alteruetir  aur  les 
points  où  il  importe  de  ftupper^  on  a^ 
teigne  le  but  capiM  de  mettre  en  ae- 
tloo  dea  forces  supérieures  contre  des 
iructions  seulement  de  rannée  enne- 
mie. 

C'est  par  la  vivaeité  dea  marchea 
qu'on  mullipUe  l'action  de  ses  forces , 

en  neutralisant,  au  contraire ,  ^^^ 
giraode  partie  de  celles  de  son  adver- 
Mire  ;  mais  si  cetie  vivacité  auflt  ait» 
^unt  peur  procurur  des  auccis,  sas  et- 


Ms  sont  eenlHpIés  si  rou 
direction  babile  aux  eflJorta  qaréb 
amènerait,  «'est-inliiu  longue  om  ef- 
forta  seraient  dirigea  aur  les  peinls 
strut^utf  dédsils  de  la  uAne  d'o- 
péraiious,  0*  ils  pounuient  portsr 
les  coups  les  ptas  funestes  à  i 


Cependant ,  cooame  Fou  n'eat  pas 
toojoQia  en  mesure  d'edopter  co  peint 
décisif,  exdusivemettt  i  tout  aulrs, 
on  pourra  ae  contenter  parfob  d'atp 
teindre  en  partie  le  but  de  toute  ea^ 
trepriae«  en  aacbant  combiner  l'emplai 
rapide  et  aocoessifde  ses  forces  sur  dss 
partiea  isolées,  dont  In  déimle  serait 
abrs  inévitable.  Lanqu*on  réunira  la 
double  condition  de  la  rapidité  et  de 
h  vivacité  d^na  l'empM  dea  masses, 
avec  la  bonne  direction  ,  oo  ne  sera 
que  pma  asauré  de  remporter  la  vic- 
toire et  d'en  obtenir  de  grands  résal- 
tais. 

LesopécHions  qui  prouvent  le  mieax 
ces  vérités  aont  ceOea,  ai  aoovent  d- 
téea,  de  1800, 1814,  comme  aussi  ceHo 
ordonnée  à  la  On  de  1783  par  Carnet; 
une  quarantaine  de  batailionSt  trans- 
portés Sttceaa«âvement  do  Dunkerque 
i  lienio,  i  Maubeugc  et  à  Landau,  ea 
renforçant  les  armées  qui  s'y  tien- 
vaiciit  déjà,  décidèrent  quatre  victoi- 
res qui  sauvèrent  la  France.  Toute  k 
acicnce  des  marcbes  se  trouverait  re»* 
formée  danscette  aage  opération,  si,  i 
cette  combinaison,  on  pouvait  ajouter 
le  mérite  de  l'applici^n  au  point  stra- 
tégique décisif  du  tbéàtre  de  la  guene; 
maia  il  n'en  fot  paa  ainai,  car  l*arméa 
autricbienne  étant  alors  la  partie  prin- 
dpalo  de  la  coalition,  et  ajaot  m  re- 
traite sur  Cologne,  c'était  sur  la  Meuse 
qu'un  effort  général  des  Français  eèt 

porté  les  plus  grands  coups.  Le  comité 
pourvut  au  danger  le  phis  immédiat. 
et  l'observation  fw  je 


>.^  k'K^    An* 


>••   *>•   »»4.    •«•J» 


•  «A>         «   •• 


MHmJt  AmiaiMr  eB  rieD  le  mérite  de 
^  manoBaYre  ;  eOe  renferme  la  moitié 
du  principe  stratégique,  l'autre  moitié 
eoDsiste  précisément  à  donner  i  de 
pareils  eflforts  la  dire^n  la  plus  dé- 
cisive ,  comme*  Nop^l^on  le  fit  à  Vlm , 
i  léna,  à  Ratisbonne.  —  Tout  Tart  de 
la  guerre  stratégique  est  dans  ces  qua- 
tre applications  différentes.  On  me 
pardonnera  de  répéter  si  souvent  ces 
mêmes  citations  ;  j'ea  ai  déji^  dédoit 
les  motirs.  ^  .  •  .  s  -  ;  ^ 
il  serait  inutile,  je  pense,  d'ajouter 
qu*un  des  grands  bots  de  la  stratégie 
est  de  pouvoir  assurer  des  aianlage» 
réels  i  l'armée,  en  lui  préparant  le 
tli^Atre  le  plus  favorable  à  ses  opéra- 


Uoui,  si  elles  ont  tieu  dans  sou  propre 
pays  ;  l'assiette  des  places ,  des  camps 
Hstranchés ,  des  télés  d^  ponts  ;  l'ou- 
verture des  grandes  directions  décisi- 
ves ne/orment  pas  la  partie  la  moinsi 
intéreSÉaftte  de  cette  science.  Nous 
avons  indiqué  tous  les  signes  auxquels 
on  peut  facilement  reconnaître  ces  li- 
tgneset  ces  points  décisifs,  soit  perma- 
nens,  soit  éventuels.  Napoléon  a  don- 
né des  leçons  dans  ce  genre  par  les 
ch^sa^es  dr Simficiii  et  du  Hont-Ce- 
nis  ;  rAutriche  en  a  sagement  profité , 
depuis  1815,  par  les  routes  du  Tyrol 
-mt  la  Lombardie,  le  Saint-Gothard  et 
le  Splogen,  ainsi  que  par  diverses  pla- 
ees  projetées  ou  eiéeiitées. 


»«  «c;»i  «^ 


mmf^mmm^ 


ML4 


GRANDE  TACTIQUE 


M.&  BAtlILLËS 


• 


Les  batailles  sont  le  choc  définitif 
de  deux  armées  qui  se  disputent  de 
grandes  questions  de  politique  et  de 
stratégie.  La  stratégie  amène  les  ar- 
mées sur  les  points  décisifs  de  la  zone 
d'opérations,  prépare  les  chances  de  la 
bataille  et  influe  d'avance  sur  ses  ré- 
sultats; mais  c'est  à  la  tactique,  réunie 
au  courage,  au  génie  et  à  la  fortune , 
à  les  faire  gagner. 

La  grande  tactique  est  donc  Tart  de 
bien  combiner  et  de  bien  conduire  les 
batailles.  Le  principe  directeur  des 
con^inaisons  de  la  tactique  est  le  mê- 
me que  celui  de  la  stratégie ,  c*est  de 
porter  le  gros  de  ses  forces  sur  une 
partie  seulement  de  l'armée  ennemie, 
et  sur  le  point  qui  promet  le  plus  de 
résultats. 

On  a  dit  que  les  batailles  étaient  en 
déHnitive  l'action  principale  et  déci- 
sive de  la  guerre  ;  cette  assertion  n'est 
pas  toujours  exacte,  car  on  a  vu  des 
nrmées  détruites  par  des  opérations 
stratégiques  sans  qu'il  y  eât  de  batail- 
les, mais  seulement  une  série  de  petits 
combats.  Il  est  vrai  aussi  qu'une  vic- 
toire complète  et  décisive  peut  donner 
les  mêmes  résultats  sans  qu'il  y  ait 


eu  de  grandes  oombinaboiis  8lr«U|i* 
ques. 

Les  résultats  d'une  bataille  dépen- 
dent ordinairement  d'un  ensemble  dt 
causes  qui  ne  sont  pas  tonjours  du  do- 
maine de  l'art  militaire  :  l'espèce  d'or- 
dre de  bataille  adopté ,  la  sagesse  des 
mesures  d'exécution,  le  concours,  phs 
ou  moins  loyal  et  plus  on  moins  écU* 
ré,  des  lieutenans  du  généralissime;  h 
cause  de  la  lutte ,  Télan ,  les  propor 
tiens  et  la  qualité  des  troupes ,  la  si- 
périorité  en  artillerie  on  en  cavalerie 
et  leur  bon  emploi ,  mais  par-;dessiis 
tout  l'état  moral  des  armées  et  même 
des  nations ,  voili  ce  qui  donne  des 
victoires  plus  ou  moins  décisives  et  dé- 
termine leurs  résultats.  Aussi  M.  le  gé- 
néral Clansewitz  avance-t-il  un  gros  so- , 
phisme  en  nous  disant  que  sans  na- 
nœuvres  tournantes ,  ane  bataille  m 
saurait  procurer  de  victoire  complète. 
Celle  de  Zama  vit  périr  en  quelqoff 
heures  le  fruit  de  vingt  ans  de  gtôir» 
et  de  succès  d'Annibal,  sans  que  per- 
sonne eût  songé  à  le  tourner.  A  ftî- 
voii,  les  tourneurs  ftirent  complète- 
ment  battus,  et  ils  ne  forent  plus  he«- 
reui  ni  à  Stookach ,  en  ITW ,  ni  I 


.L 


M  tk  âRAlfDfi  TACTIOCE  Et  Dl-S  lATAILLlS. 


S7f 


▲luterliU  »  en  1805  Je  suis  loin  de 
repousser  les  manœuvres  tendant  à 
déborder  et  tourner  nne  aile ,  car  Je 
les  ai  constammint  prAnées;  mais  il 
importa  de  savoir  tourner  à  propos  et 
habilement,  et  je  crois  que  les  ma* 
nœuvres  stratégiques,  pour  s*emparer 
des  communications  sans  perdre  le» 
tiennes ,  sont  plus  sAres  que  celles  de 
tactique. 

n  y  a  trois  smles  de  batailles  :  les 
premières  sont  les  batailles  défensives, 
<f fist-à-dire  celles  qoe  Kvre  mie  arttiée 
datir  uftê  position  avantageuse  où  elltf 
attend  Penneiiri  ;  les  secondes  sont  lea 
batailles  offensives,  livrées  par  une 
année  jMMtr  attaquer  Tennemi  dans  une 
Itosition  reconnue  ;  le»  tmiolèmes  sont 
lea  batailles  imprévues,  ou  livrées  par 
let  deu  fnrtis  en  tnarehe. 


Oas  fMMoot  €C  btiafllit  MflNifiwa 

Lorsqu'une  aimée  s'attend  à  un  com- 
bat, eHa  prend  position  et  forme  sa 
ligna  de  bataille. 

Je  nommerai  ligne  de  baMHe  la 
porilioA  déployée,  ou  composée  de  Imh 
taillons  en  colonnes  d^attaqae,  qu*«ie 
entrée  prendra  pour  occuper  un  camp 
01  un  terrain  où  elle  recevra  le  combat 
sans  but  déterminé  ;  c'est  la  dénomi- 
iMtfon  propre  à  one  trMrpé  formée  se- 
lon fardonnatire  d'eierciee ,  sur  une 
oo  plusieurs  KgriPS^  Je  nommerai ,  an 
eeniraire,  ordre  da  bataille  la  dispaal^ 

(1>  Ce  n*eti  poinilc  plaftriv  4'laMver  ^1  Bt 
parla  à  modifier  let  dénoniiiiationi  rrçuM,  ou  i 
tu  créer  de  Doaveltef.  ^our  dévrlo^iper  une 
•ëlèneè,  iî  nt  orieat  qu'an  métlie  ntoc  ne  ffght- 
aa  pat  dent  choife  taot  à  hH  difTéretitei;  tl 
l'iB  lleal  à  MiMner  aréire  de  Aainillt  le  fUnple 
atffarllllou  dei  iraapci  dent  U  ligne«  elore  da 
■aina  ne  hot-U  pu  donner  let  nomt  d'ordie 
de  twlaint  tMIqai,  tTordrt  de  baialUe  eonciri 


tion  des  troupes  indiquant  une  me- 
nœuvre  déterminée;  par  eiemple, 
rordre  parallèle,  Tordre  oblique,  Tor- 
dre pefpendicnlafre  snr  les  ailes. 

Cette  dénomination,  quoique  neuve, 
parait  fndispenssbie  pouf  bien  désigner 
deux  objets  qn*il  faut  se  garder  de  (3efi- 
fondre  (I).  Par  là  nature  de  ces  deel 
dioses,  on  volt  que  la  ligne  de  bataille 
appartient  plus  particulièrement  «ai 
système  défênsif,  puisque  Tannée  qui 
attend  Tennemi  sans  savoir  ce  qu*il  fi 
faire,  IbrnM  vraiment  une  ligne  de  ba- 
taille vague  et  sans  but.  l/ordre  de 
balMIle,  indiquant,  au  contraire ,  une 
disposition  de  troupes  formées  avee 
intention  pour  le  combat,  et  supposant 
une  inanœtivre  décidée  d'avance,  ap« 
paHient  plus  part  icvlièrement  à  Toitfre 
oflcnsif.  Je  ne  prétends  pourtant  pat 
que  la  ligne  de  bataille  soit  etclusite- 
ment  défensive,  car  une  troupe  tK>urra 
fort  bien  allef  h  Tatfaque  dittnn  posi-^ 
tion  disns  cette  formation;  de  tnèmd 
une  afmée  défensive  pourra  adoptei* 
un  ordre  oblique  ou  tout  aulrr  ordre 
propre  à  Toffbnsive.  le  ne  parie  que 
des  cas  qui  sont  les  plus  fréqoens. 

Sans  suivre  absolument  ce  qu'on 
nomme  le  système  de  guerre  de  posl^ 
tioits,  une  arrbée  peut  être  néanmoini 
souvent  dans  le  cas  d'attendre  Tentte«« 
ml  disiis  un  poste  atantageut,  fort  pkf 
sa  nature ,  et  cboist  d*atance  peur  ]f 
r(*cevôrf  bne  bataille  défenslte.  On 
peut  prendre  tm  tel  peste  KMqu'oil 
tient  à  coutrir  un  point  objectif  im^ 
portant,  tel  qn*dne  capitale,  de  grandi 

à  det  ■ewauii  ■  tapoUeelM.  Déni  ce  tet. 
U  fendcail  déttsms  cte  waiwivne  pat  let  Ui^ 
OMt  de  lyttteede  kaleilie  oblique,  eie.  Mait  |e 
préfère  la  dénominellon  que  i*ei  idopl^  :  Tor- 
dre de  betenie  lur  le  papier  phit  te  noatmè^  H^ 
bleaa  e>ir|anlMltoa,  et  h  ftiraiÉiioe 
aalfè  HT  la  iinaM  picadm  la  ■amei 
Mailk 


Mi  tATâJUJB. 


dépôb  on  un  point  «intéghpw  déchif ,  fiM»  «or  le  centre.  One  tene  posit..«. 
,uidoiiii»e I. centrée, «itol«Hl'«««»«  M»»»»  d«  pta»  enatageaseï 


protège  un 
Les  maiiiaes  qii*a  bat  ol>serfer  or« 

diouremeot  «oni  ; 
1*  DVoir  d«  d&boQcbés  plos  faciles 

panr  toiaber  sur  reonenû  quand  on 
jBfe  le  mo«ent  fa? orable,  que  TeoBe- 
011  n'en  aurait  pour  s'appiôcker  de  la 
Ufpie  de  bataille; 

i*  D'assurer  à  rarlIUerie  tout  son 
eOétdefensif; 

a*  0*avoir  un  lamte  a? antagen , 
pour  dérober  les  ipoufemeas  qu'on 
brait  d'une  aile  a  l'autre,  aûn  de  por- 
ter dea  masses  sur  ks  point  jogécoa- 

b'  De  pouvoir»  nu  eontraire,  décoor 
?rir  alaéiiient  les  noa?eBieos  de  l'en- 

nemi; 

6*  D*«voir  une  retraite  facile  ; 

<r  D'avoir  les  flancs  bien  appnjés  ^ 
i  TeOet  de  rendre  impossible  une  at* 
laque  sur  les  extrémités,  et  de  réduire 
l'ennemi  i  une  attaque  sur  le  centre , 
ou  du  moins  sur  le  front  ; 
.  T*  On  remédie  quelquefois  an  dé- 
faut d'appui  pour  les  flancs  par  des 
crochets  en  arrière.  Ce  système  est 
dangereux,  en  ce  qu'fin  crochet  inbé* 
rent  à  la  ligne  gène  les  mouvemens,  et 
que  l'ennemi,  en  plaçant  da  canon  sur 
l'angle  des  dmx  lignes,  y  causerait  de 

Îrands  ravages.  Une  double  réserve, 
isposée  en  ordre  profond  derrière 
l'aile  qa'on  veut  mettre  i  Tabri  d'in- 
sulte, semble  mieux  remplir  le  but 
qa*ttB  crochet.  Les  localités  doivent  dé- 
terminer l'emploi  de  ces  deux  moyens  ; 
g*  Ce  ne  sont  pas  seulement  les 
flancs  qne  l'on  doit  chercher  i  couvrir 
dans  nne  position  défensive ,  il  arrive 
louvent  que  le  front  oOre  des  obsta* 
des  sur  une  partie  de  son  développe- 
meni,  de  manière  è  mettre  l'ennemi 
flans  la  nécessité  de  diriger  ses  atta^ 


pour  une  armée  défensive* 
Qb  m  peut  se  dissimuler  néanmoins 

qne  toc9ce9  moyens  ne  sont  qne  à& 

paUiaUfc,  3tow  le  meiUeiir  de  Um 
pour  une  armée  «i^J  iUio*  ftnai 

i  dàfpîiMvcmcnt,  c'est  de  savoir  rcprcç- 
dre  rinjliaUse  lorsque  le  moment  al 
venu  de  le  faire  avec  succès. 

Nous  aviODsmis  au  nombre  des  qm- 
Utéa  requises  pe«r  une  poailion ,  oJU 
d'offrir  une  retraite  facile  :  eed  noo* 
mèttO/Ji  l'emnen  d'une  qoestion  soo- 
levée  par  la  bataille  de  Waterloo»  Uos 
anoéo»  adossée  i  une  (orèt,  quand 
elle  aurait  on  bon  chemin  derrière  son 
centre  et  chacune  des  ailes,  aerai(«Ua 
compromise,  comme  l'a  prétendu  Na- 
poléon ,  si  elle  venait  i  perdre  la  ba- 
taille? Pour  moi,  je  crois,  au  contraire, 
que  pareille  position  serait  plus  favo- 
rable à  une  retraite  qu'un  terrain  en- 
tièrement déconvert,  ear  ramée  bat- 
tue ne  saurait  traverser  une  piaiae 
sanareeter  exposée  an  ptua  grand  dan- 
ger. Sans  doute  si  la  retraite  dégéné- 
rait en  déroute  complète,  une  partie 
di  eanon,  resté  en  batterie  devant  la 
férêt,  serait  probablement  perdue; 
mnia  l'infanterie ,  le  eavelerie  et  la 
surplus  de  l'artillerie  se  relirenieot 
aussè  bien  qu'à  Irivurs  une  plaine.  Si 
le  retraite,  an  eontraira,  se  fait  en  ar- 
dre, rien  ne.  «aurait  mien  la  protéger 
qa'uneforèt  :  bien  entendu  leutefoi» 
qu'il  existe  an  moina  deux  bons  cbs- 
mtns  derrfèro  la  ligne  ;  que  Toi»  ne  sa 
laisse  pas  serrer  de  trop  près  sans  an* 
ser  aux  mesures  lléceasaires  pour  la 
retraite  ;  enfln  qu'aucun  mouvement 
latéral  n'ait  permis  i  reonemi  de  de- 
vancer l'arniée  à  l'issue  de  la  forêt, 
ainsi  que  eehreut  lien  à  Hobentodee, 
Nous  avons  déjà  Indiqué,  en  parlant 
des  opéraâoos  stratégiques,  les  diver- 


ra  Lk  OAAM^JB  TACTIQUE  KT  l>£S  BATAULIMS. 


»81 


ses  ehances  que  procurent  à  une  armée 
les  deux  systèmes  offensif  et  défensif, 
et  nous  avons  reconnu  qu*en  stratégie 
surtout ,  celui  qui  prenait  l'initiative 
avait  le  grand  avantage  de  porter  ses 
masses  et  de  frapper,  là  où  il  jugeait 
convenable  à  ses  intérêts  de  le  faire , 
tandis  que  celui  qui  attendait  en  posi- 
tion, prévenu  partout  et  souvent  pris 
au  dépourvu ,  était  toujours  forcé  de 
subordonner  ses  mopvemena  à  ceux 
de  son  adversaire;  mais  nous  avons 
reconnu  également  qu'en  tactique  ces 
avantages  sont  moins  positifs ,  parce 
que  les  opérations  n'étant  pas  sur  un 
rayon  aussi  vaste ,  celai  qui  a  l'initia- 
tive ne  saurait  tes  cacher  à  l'ennemi , 
qui,  le  découvrant  à  l'instant,  peut,  à 
l'aide  de  bonnes  réserves,  y  remédier 
sur-le-champ.  Outre  cela,  celui  qui 
marche  à  l'ennemi  a  contre  lui  tous 
les  désavantages  résultant  des  obsta- 
cles du  terrain  qu'il  doit  franchir  pour 
aborder  la  ligne  de  son  adversaire. 
Quelque  plate  que  soit  une  contrée ,  il 
y  a  toijkjours  des  inégalités  dans  le  ter- 
rain, de  petits  ravins,  des  buissons,  des 
haies,  des  métairies,  des  villages  à  em- 
porter ou  à  dépasser  ;  qu'on  ajoute  à 
ces  obstacles  naturels  les  batteries  en- 
nemies à  enlever,  et  le  désordre  qui 
s'introduit  toujours  plus  ou  moins  dans 
une  troupe  exposée  long-temps  au  ftu 
d'artillerie  ou  de  mousqueterie,  et  Ton 
conviendra  quen  tactique  du  moins, 
l'avantage  de  Tinitiative  est  balancé. 

A  la  longue,  tonte  armée  qui  atten- 
dra l'ennemi  dans  un  poste  Gxe,  Onira 
par  y  être  forcée^  tmidis  qu'en  profi- 
tant toujours  des  avantages  de  la  dé- 
fensive pour  saisir  ensuite  ceux  que 
procure  l'initiative,  elle  peut  espérer 
les  phis  grands  succès.  Un  général  qui 
attendra  l'ennemi  comme  un  auto- 
mate, sans  autre  paKi  pris  que  cehii 
de  combattre  vaillamment,  succom- 

V. 


bera  toujours  lorsqu'il  sera  bien  atta  • 
que.  Il  n'en  sera  pas  ainsi  d'un  général 
qui  attendra  avec  la  ferme  résolution 
de  combiner  de  grandes  manœuvres 
contre  son  adversaire,  afin  de  ressaisir 
l'avantage  moral  que  donnent  l'impul- 
sion offensive  et  la  certitude  de  mellr» 
ses  masses  en  action  an  point  le  plu 
important,  ce  qui  dans  la  défensive 
simple  n'a  jamais  lieu. 

En  effet ,  si  celui  qui  attend  se  trouve 
dans  un  po«te  bien  choisi ,  où  ses  mou- 
▼emens  soient  libres,  il  a  l'avontnge  de 
voir  venir  l'ennemi  ;  ses  troupes,  bien 
disposées  d'avance  selon  le  terrain ,  et 
favorisées  par  des  batteries  placées  de 
manière  à  obtenir  le  plus  grand  effet, 
peuvent  faire  payer  cher  à  leurs  adver- 
saires le  terrain  qui  sépare  les  deux 
armées;  et  quand  l'assaillant,  déjà 
ébranlé  par  des  pertes  sensibles,  se 
trouvera  vigoureusement  assailli  lui- 
même  au  moment  on  il  croyait  tou- 
cher à  la  victoire,  il  n'est  pas  probable 
que  l'avantage  demeure  de  son  côté, 
car  l'effet  moral  d'un  pareil  retour  of- 
fensif de  la  part  d'un  ennemi  qu'on 
croyait  battu,  est  fait  pour  ébranler 
les  plus  audacieux. 

Un  général  peut  donc  employer  avec 
le  même  succès,  pour  les  batailles,  le 
système  offensif  ou  défensif;  mais  il 
est  indispensable  à  cet  effet  : 

1«  Que,  loin  de  se  borner  à  une  dé- 
fense passive,  il  sache  passer  de  la  dé- 
fensive à  l'offensive,  quand  le  moment 
est  venu  ; 

2^  Qu'il  ait  un  coup-d'œil  sûr  et  beau- 
coup de  calme  ; 

3**  Qu'il  commande  à  des  troupes  sur 
lesquelles  il  puisse  compter; 

ib*  Qu'en  reprenant  l'offensive,  il  ne 
néglige  point  d'appliquer  les  principes 
généraux  qui  auraient  présick*  à  son 
ordre  de  bataille  s'il  eût  commencé  par 
être  l'agresseur; 

M 


ra  lA  «RAHDB  TACTrQOB  tT  DÉS  ftâTAlLlBi. 


W2 

S''  Qu'il  porte  ses  coups  lurlen  poiflcs 
décisifs. 

L'exemple  de  Bonaparte  à  filvoll  et 
*  Austerlitz ,  celui  de  Wellington  à  ta- 
lavera,  à  Salamanque  et  à  Waterloo, 
prouvent  ces  variétés. 


Des  bauilles  ofTenslTéi  et  des  difTéreni  brdrM 

de  bataille. 

On  entend  par  batailles  offensives 
celles  que  livre  une  armée  qui  en  as- 
saillit une  autre  dans  sa  poMtkm  (1). 
Une  armée  réduite  à  la  déreosive  stra- 
tégique prend  souvent  Toffeiisive  dans 
Tuttaque,  comme  l'armée  qui  reeevra 
l'attaque  peut ,  dans  le  courant  mime 
de  la  bataille^  ressaisir  l'inUiaUve  et 
reprendre  la  supériorité  qu'elle  pro- 
cure, t 

On  ne  saurait  dissimuler  que  les  as- 
saillans  ont,  en  général,  l'avantage 
que  procure  la  supériorité  de  con- 
fiance morale,  et  qu'ils  savent  presque 
toujours  mieui  ce  qu'ils  veuleot  et  ce 
qu'ils  font. 

Dès  qu'on  a  résolu  d'assaillir  l'en- 
nemi ,  on  doit  adopter  un  ordre  d'at- 
taque quelconque,  et  c'est  ce  que  j'ai 
cru  devoir  nommer  des  ordres  de  Im- 
tallle.  Toutefois  il  arrive  aussi  fré- 
quemment que  Ton  doive  commencer 
la  bataille  sans  un  plan  arrêté,  faute 
de  connaître  exactement  la  position 
de  l'ennemi.  Il  faut  toujours  bien  se 
pénétrer  d'avance  qu'il  y  a ,  dans  cha- 
que bataille,  an  point  décisif  qui  pro- 
cure la  victoire  mieux  que  les  autres 
en  assurant  l'application  des  principes 
de  la  guerre,  et  qu'il  faut  se  mettre 
en  mesure  de  porter  ses  efforts  sur  ce 
Win  t. 


ri)  Dam  toutes  les  bauilles,  il  i  a  un  atta- 
j^aant  et  un  attaqué;  chaque  bataille  sera  donc 
trCcnslve  pour  l'un  pt  défenalTe  r^r  fMifr'». 


Le  point  dédsif  d'un  dlUMip  Use  te- 
taille  se  détermine,  corome  fiolis  Tâ- 
tons déjà  dit ,  par  la  configurât idn  du 
terrain ,  par  la  combinaison  des  loca- 
Ktés  atec  le  but  stratégique  qu'une  ar- 
tiiée  se  propose,  enfin  piar  l'emptace- 
inent  des  forces  respectives. 

Donnons  nti  exettaple.  Lorqu'une  afle 
ennemie  appuie  siir  dés  hatiteun  d'où 
l'on  battrait  sa  figue  daits  tout  son  pro- 
longemenl,  i'éedepattofi  Aë  ces  hau- 
teurs semble  le  point  tactique  le  plus 
avantageux  ;  mais  H  pe«t  se  Mre  néan- 
moins que  ces  hauteurs  soi  enld^un  ao- 
ces  très  difflcile  et  situées  précisément 
nt  point  le  moins  important  relatlve- 
menr  aux  vues  stratégiques.  A  la  ba- 
taille de  Bèotten ,  la  gauciie  des  a'Iiés 
appuyait  aux  metitagmes  escarpées  de 
la  Bohême,  alors  plutôt  Ofetttre  qu'en- 
nemie ;  il  somUait  donc  qu'en  tactique 
le  versant  de  ees  montagnes  dAt  être  le 
point  décisif  à  endporter,  et  c'était  tout 
l'opposé,  parce  que  le  teiraia  était  li 
très  favorable  à  la  défense,  que  l'armée 
alliée  n'avait  qu'une  seule  Hf^  de  re- 
traite sur  Reichenbach  et  Goriitz ,  et 
fue  les  Franf ais,  en  formant  la  droite 
dans  la  plaiiie,  s'emparaiefti  de  rette 
ligne  de  reiiraile  et  rejetaient  l'armée 
alliée  ièm  les  montagnes,  0ù  elle  eàt 
perdu  tout  son  matériel  cft  lÊtàe  grande 
partie  de  son  personnel.  Ce  parti  offrait 
donc  plus  de  facilité  de  terrain ,  de  plus 
immenses  réaultals ,  moins  d'obatades 
à  vaincre. 

I>e  ce  qui  précède  on  peut ,  Je  erois, 
déduire  les  Vérités  suivaniea  :  %•  la  det 
topographiqoe  d'un  champ  d4S  bataille 
n'est  pas  toujours  la  def  taetiqne  1 1*  le 
point  décisif  d'un  ebampde  bataille  est 
incontestablement  celui  qui  réunit  l'a- 
tantage  stratégique  avee  laa  IneaKtés 
les  plus  favorables  ;  9*  dans  le  eas  ad  il 
n'y  a  pas  de  diflieulléa  de  terrain  trop 


M  tk  èaâUDi  tikeTlQ€f  JIT  bti  tAtAIULBÉ* 


ce  champ  de  bataillé,  ce  ^HK  éû  eM 
ordlnaireméftl  lé  plti*  Imporiaût;  »* 
loulefoîs,  Il  arrive  atiSrf  (jtic  la  détef- 
niinatioA  de  ce  polht  dépend  aurtoat 
de  rémplacémeïït  dé*  tbfcëi  ftip^c- 
tîves  :  ainsi ,  dans  les  iRpié^  âe  Imtaitle 
trop  étendues  fet  môfteiééâ,  le  cetttfe 
sera  toujours  le  plus  essentiel  à  atta- 
quer; dans  les  Hgncs  Set^éës,  le  cen- 
tre est  au  contraire  te  pdint  lé  plW 
fort,  puisque,  Indépendamment  àei 
réserves  qiiî  s'y  trouvetit ,  il  sei'a  facile 
de  le  faire  soutenir  par  les  ailes  ;  alcirs 
le  point  décisif  serait  au  eôntralfê  itir 
une  des  extrémités.  Avec  më  ^fatldfe 
supériorité  de  fbfces  on  peut  attaque!* 
les  deux  extrémités  cri  même  temps, 
inaià  non  à  fortes  égales  ou  Itiférleb- 
rcs.  On  voit  donc  que  toutes  les  com- 
binaisons d'une  bataillé  conststetit  ft 
employer  ses  forcés  de  matiiére  à  ce 
qu'elles  obtiennent  !e  plus  d'action 
possible  sur  celui  des  trois  points  qui 
offre    plus  de  chances,    point  qu'il 
fiera  facile  de  déterminer  en  le  sou- 
mettant à  l'analyse  que  noue  venoni 
d'exposer. 

Le  but  d'une  bataille  offensive  ne 
peut  être  que  de  déposter  et  entame^ 
l'ennemi ,  à  moins  que  par  des  ma- 
DODuvres  stratégiques  l'on  n'ait  préparé 
la  ruine  entière  de  Son  armée  ;  or,  ort 
déposte  l'ennemi  soit  en  culbutant  ^ 
ligne  sur  un  point  queleotiqtlé  dé  Soft 
front,  soit  en  la  débordant  polir  là 
prendre  en  flanc  et  i  revers,  soîl  efc 
.  faisant  concourir  ces  dcnî  liloyenS  à  la 
(bis,  (fest-â-dire  par  «ne  àttaqtle  «e 
front,  en  même  temps  qu'une  riMr 
agissante  doublerait  et  lotifiiefafi  la 

Hgtté. 

Pàût  atteitidré  ces  dît efs  bifta ,  Il 
faut  chdisir  Tordre  dé  bataille  lé  ^ 
approprié  arf  niode  qti'on  aura  ptè^ 
fêré. 


d'étéfta  êè  btliUtè ,  latlKr  :  i'  Vmim 
ptmmè  IMft^W  ;  9r  tfftM  ptrtfKM 

avee  tilt  ere(*hét  défëMif  Wi  ôffian^s 
3*  l'ordfé  renfoÉ-cê  silf  M«  êti  dèiil  «i^ 
les;  i^  l'ordre  fenfétGÉ  ter  le  eêitt/0i 
3ô  l'ordre  oMIqtift  simple  w  Métl  tèd^ 
forcé  stn^  raflé  asSéiîlIantÉf  ;  •'et7*rw- 
d^é  perpetidicdlaifé  siit  titie  on  êét  M 

deux  ailes  ;  8'  Tordre  concave  ;  9^  fW» 
dre  cùftiené  i  W  rûrite  ééhélonflé  star 
une  (rtf  «df  déiii  èllei  ;  11'  Toffré  édUe^ 
Kmné  sur  lé  centre;  W  FotWe  «oift^ 
Wné  d*tlné  fofte  atta(|tie  a«rf  lè  éerttri 
et  stlr  une  des  extMfttKé»  M  vâèmê 
tétt^ps.  (  VôyéÉ  planc1i«  d^éo«#e  *  i^ 
^feS  1  à  It.  ) 

CMUAti  de  cea  oMféa  peut-être  «ffh- 
ptoyé  slmplèiftelit ,  du  teen  être  tofttih 
bmé,  conrméîôrt  H  dit,  i¥M)âmê^ 

no^OVre  dtrhe  farté  mtkme dëMMféè I 
tourner  la  ligne  ennentfë-  fiîût  JtJg# 
du  méilte  dé  ehaetan  d'éûi ,  il  tMt  a'as- 
snf ér  de  leurs  t^ppmê  àvee  lé  pf falcilM 
général  que  nous  avotfS  posé. 

On  Volt,  par  exemple,  que  l'oréft 
parallèle  n«  f  est  le  phis  nfautaM,  càf 
il  n'y  a  aucune  habileté  i  faire  codia 
battre  les  dettt  partis  à  chanees  égatetf 
bëtaHlcin  éont^e  bataillôifr  :  c'est  l'ab^ 
sénce  de  toëte  tactique.  Il  est  néatK 
m(AiS  tm  èas  hnpo^tant  dans  lequel 
cet  ordre  éSt  eontenaMe  t  iTest  loré^ 
qu'une  armée,  lÈ^il^l  pris  l'initiatif* 
dei  ^andés  opératima  stratégiques, 
Bwtè  réuasi  à  Se  pottef  stli*  lés  eom mii<^ 
nièârfidtfa  de  soâ  «dm/iaire^  et  à  Ml 
dcmper  sa  IrgM  de  reitr^lte  Irai  M 
éôutrattt  la  siëflné,  aleri,  ^and  It 
éboé  déRMtif  eMre  les  arméiB  a  lié» , 
celle  qui  ae  ttmiirèf  Mr  lea  derridroa 
petit  livrer  une  baf MHé  panriWIe,  puM- 
^tfayant  fhit  M  taàMWtrè  décisii^i 
Évatrf  M  bataille,  tout  sew  bul  eott- 
afste  à  repousser  tëStfti  de  feBMiM 

pour  (fbxÊHit  nti  paaMgê  ;  iMUda  0ê 


éèpiêéï  càs,roffl«pahillèto 


«I 


Btk  PI  LA  «aAM»  TACT|OV«  BT  DU  BATÀUXBi, 

tageuK.  Gela  ne  Teat  pas  dire  nian*  |  vir  de  rétenre  aa  besoin  i  l'année  agi«- 
moins  qu'on  ne  paisse  gagner  une  ba-  santé.  Cet  ordre  fdi  employé  par  le  r^ 
taille  en  l'adoptant ,  car  il  fant  bien  que   lèbre  Épaminondas ,  aux  batailles  de 


quelqu'un  la  gagne,  et  l'avantage  res- 
tera alors  è  celui  qui  aura  les  meilleu- 
res troupes,  qui  saura  les  engager  plus 
à  propos^  qui  manoeuvrera  mieux  avec 
ses  r^rves,  ou  enQn  sera  favorisé  par 
le  sort. 

L'ordre  parallèle  avec  un  crochet  sur 
le  flanc  (fig.  S)  se  prend  plus  ordinai- 
rement dans  une  position  défensive  ;  il 
peut  toutefois  être  aussi  le  résultat 
d'une  comUnaison  offensive,  mais 
alors  il  le  trouve  en  avant  de  la  ligne, 
tandis  que  dans  la  défensive  il  est  en 
arrière.  On  peut  voir,  i  la  bataille  de 
Prague,  un  des 'exemples  les  plus  ex- 
traordinaires du  danger  auquel  un  pa- 
reil crochet  se  trouve  exposé  locsqu'il 
est  bien  attaqué. 

L'ordre  parallèle  n*  3,  renforcé  sur 
une  des  ailes,  ou  celui  n*  k ,  renforcé 
sur  le  centre  pour  percer  celui  de  l'en- 
nemi ,  sont  beaucoup  plus  favorables 
que  les  deux  précédens,  et  sont  aussi 
beaucoup  plus  conformes  au  principe 
général  que  nous  avons  indiqué,  bien 
qu'à  égalité  de  forces,  la  partie  de  la 
ligne  qu'on  aurait  affaiblie  pour  ren- 
forcer l'autre,  pût  aussi  être  compro- 
mise si  on  la  plaçait  en  bataille  pa- 
rallèlement à  l'ennemi. 

L'ordre  oblique  n*  5  est  celui  qui 
convient  le  mieux  à  une  armée  infé- 
rieure qui  en  attaque  une  supérieure  ; 
car,  tout  en  offrant  l'avantage  de  porter 
le  gros  des  forces  sur  un  seul  point  de 
la  ligne  ennemie,  il  en  procme  deux 
autres  également  importans ;  en  effet, 
on  ne  refuse  pas  seulement  l'aile  affai- 
blie en  la  tenant  hors  des  coups  de, 
l'ennemi,  cette  aile  remplit  encore  la 
douDie  destination  de  tenir  en. respect 


la  partie  de  la  ligne  qu'on  ne  veut  pas   fondamental  consiste  à  porter  la  a.i- 
ailaquer,  et  cependant  de  pouvoir  ser-  jem^  partie  des  forces  sur  le  point  dé- 


Leuctres  et  de  Mantinée  ;  mais  nous 
présenterons  le  plus  brillant  exemple 
des  avantages  de  ce  système  qui  fut 
donné  par  Frédéric-le-Grand  è  la  ba- 
taille de  Leuthen. 

L'ordre  perpendiculaire  sur  une  on 
deux  ailes,  tel  qu'il  est  présenté  aux 
flgures  6  et  7,  ne  saurait  être  considéré 
que  comme  une  formule  de  théorie 
pour  indiquer  la  direction  tactique  sur 
laquelle  on  porterait  les  efforts.  Jamais 
deux  armées  ne  se  trouveraient  dans 
des  positions  relativement  perpendi- 
culaires telles  qu'on  les  voit  tracées  snr 
la  planche  ;  car  si  l'armée  B  prenait  en 
effet  sa  première  direction  en  ligne 
perpendiculaire  sur  une  on  sur  les 
deux  extrémités  de  l'armée  A ,  celle  ci 
changerait  aussitôt  le  front  d'une  par- 
tie de  sa  ligne,  et  même  l'armée  B, 
dès  qu'elle  aurait  atteint  ou  dépassé 
l'extrémité ,  ne  manquerait  pas  de  ra- 
battre ses  colonnes  à  droite  ou  à  gauche 
pour  les  rapprocher  de  la  ligne  enne- 
mie, en  sorte  que  la  partie  C  la  pren- 
drait à  revers,  et  qu'il  en  résulterait 
deux  véritables  lignes  obliques  comme 
elles  sont  pointées  à  la  Qgure  6  On 
doit  inférer  de  Ik  qu'une  seule  division 
de  l'armée  assaillante  se  porterait  per- 
pendiculairemcnt  sur  le  flanc  ennemi , 
tandis  que  le  reste  de  cette  armée  se 
rapprocherait  du  front  pour  l'inquiéter, 
ce  qui  ramènerait  toujours  à  une  des 
dispositions  obliques  indiquées  par  les 
flgures  5  et  12. 

Au  demeurant,  l'attaque  sur  deux 
ailes,  quelque  forme  qu'on  lui  donne, 
peut  être  très  avantageuse,  mais  c'est 
quand  l'assaillant  se  trouve  fort  supé- 
rieur en  nombre;  car  si  le  principe 


Là  0KA1IIIB   l'ACTlQCB  BT  DBS  BATAtLLBB. 


dsif  t  one  ann^  infS6rieare  violerait  ce 
principe  en  formant  une  double  atta- 
que coDtre  une  seule  masse  supérieure  ; 
BOUS  démontrerons  cette  vérité  dans  le 
cours  de  l'ouvrage. 

L'ordre  concave  sur  ie  centre  (n"^  8) 
a  trouvé  des  partisans  depuis  qu'An - 
nibal  lui  dut  la  victoire  signalée  de 
Cannes.  Cet  ordre  peut  être  en  effet 
très  bon ,  lorsqu'on  le  prend  par  suite 
des  évènemeos  de  la  bataille,  c'est-à- 
dire  quand  l'ennemi  s'engage  dans  le 
centre  qui  cède  devant  lui ,  et  qui  se 
laisse  envelopper  par  les  ailes.  Mais  si 
ou  prenait  cetle  formation  avant  la  ba- 
taille, l'ennemi ,  au  lieu  de  se  jeter  au 
centre,  u'aurait  qu'i  tomber  sur  les 
ailes,  qui  présenteraient  d'elles-mêmes 
leurs  extrémités,  et  seraient  ainsi  dans 
la  même  situation  que  si  elles  se  trou- 
vaient assaillies  sur  un  flanc.  Aussi  ne 
prend-on  guère  cette  position  que  con- 
tre un  ennemi  qui  serait  formé  lui-^ 
même  en  ordre  convexe  pour  livrer  la 
bataille,  comme  on  le  verra  ci-après. 

A  la  vérité,  une  armée  formera  rare- 
ment un  denu-cercle,  et  prendra  plutôt 
une  ligne  brisée  rentrant  vers  le  centre 
(comme  la  figure  8  bis)  ;  s'il  faut  en 
croire  plusieurs  écrivains,  ce  fut  une 
disposilioa  pareille  qui  fit  triompher 
les  Anglais  aux  célèbres  journées  de 
Çrécy  et  d'Azincourt.  Il  est  certaiaque 
cet  ord|re  vaut  mieux  qu'un  demi-cer- 
cle, en  ce  qu'il  ne  prête  pas  autant  le 
flanc,  qu'il  permet  de  marcher  en 
avant  par  échelons,  et  qu'il  conserve 
avec  cela  tout  l'effet  de  la  concentra- 
tion da  feu.  Toutefois  ses  avantages 
disparaissent  si  l'ennemi,  au  lieu  de  se 
jeter  follement  dans  le  centre  concave, 

^i)IJno  attaque  sur  les  deai  eitrémiléf 
VOumii  bien  réaiêir  auul  dam  qoelquei  cir« 
cooauaeea,  aoii  <|aa  Koo  eût  d«s  forçai  fufll- 
iMitaa  poar  la  tenter,  loit  qaa  rannemi  fût 
feert  d'état  dm  déeaavrtr  soa  eantra  poor  looie- 


se  borne  à  le  faire  observer  de  loin,  et 
se  jette  avec  le  gros  de  ses  forces  sur 
une  aile  seulement.  La  bataille  d'Es- 
sling,  en  18(^,  offre  encore  un  exem- 
ple de  l'avantage  d'une  ligne  concave  ; 
mais  on  ne  saurait  en  inférer  que  Na«> 
poléon  fit  mal  d'attaquer  son  centre  : 
on  ne  doit  pas  juger  une  armée  com*» 
battant  avec  le  Danube  i  dos,  et  n'ayant 
pas  la  faculté  de  se  mouvoir  sans  dé* 
couvrir  ses  ponts,  comme  si  eye  avait 
eu  pleine  liberté  de  manœuvrer. 

L'ordre  convexe  saillant  au  centre 
(n.  9)  se  prend  pour  combattre  immé- 
diatement après  un  passage  de  fleuve, 
lorsqu'on  est  forcé  de  refuser  les  ailes 
pour  appuyer  au  fleuve  et  couvrir  les 
ponts,  ou  bien  encore  lorsqu'on  com« 
bat  défensivement  adossé  à  une  rivière 
pour  la  repasser  et  couvrir  le  défilé 
comme  à  Leipzig;  enfin,  on  peAt  le 
prendre  naturellement  pour  résister  à 
un  ennemi  qui  forme  une  ligne  con- 
cave. Si  l'ennemi  dirigeait  son  effort 
sur  le  saillant  ou  sur  une  de^extrémi- 
tés  seule,  cet  ordre  entraînerait  la 
ruine  de  l'armée  (1).  Les  Français  la 
prirent  à  Fleurus,  en  1794,  et  réus- 
sirent parce  que  le  prince  de  Cobourg, 
au  lieu  de  fondre  en  forces  sur  le  cen- 
tx^  ou  sur  une  seule  extrémité,  divisa 
ses  attaques  sur  cinq  ou  six  rayons  di- 
vergens ,  et  notamment  sur  les  deux 
ailes  è  la  fois.  Ce  fut  à  peu  près  dans 
ce  même  ordre  convexe  qu'ils  combat- 
tirent à  Essiiog,  ainsi  qu'aux  deuxième 
et  troisième  journées  de  la  fameuse 
bataille  de  Leipiig  :  il  eut  dans  ces 
dernières  occasions  le  résultat  infailli- 
ble quil  devait  avoir. 

L'ordre  échelonné  sur  les  deux  ailes 

air  tes  atlai.  Mali  en  théia  générais,  «aa  CnuM 
aliaqoa,  poar  coolanir  le  centra  et  on .  f  rend 
effort  fur  une  seule  extrémité,  ferait  surtoot  la 
plus  favorable  «entre  une  pareille  llfiie  cott<» 
vaie. 


%M 


DB  Là  grands  tactique  fiT  MS  lATAilXai. 


(il.  10)  est  dans  le  même  cas  que  l'or- 
dre f>erpeDdiculaire  (n.  7)  ;  il  faat  ob- 
server néanmoins  que  les  échelons  se 
Fapprocbant  vers  le  centre  où  se  tien- 
drait la  réserve,  cet  ordre  aérait  meil- 
leur que  le  perpendlcolaini  «  puisque 
Tennemi  aurait  moins  de  facilité,  d'e8<- 
pace  et  de  temps  pour  se  jeter  dans 
l'intervalle  du  centre  et  y  diriger  une 
contre-attaque  menaçante. 

L'ordre  échelonné  sur  le  centre  seu- 
lement (n.  11)  peut  s'employer  surtout 
avec  succès  contre  une  armée  qui  occu- 
perait une  ligne  morcelée  et  trop  éteo- 
due,  parce  que  son  centre  se  trouvant 
alors  isolé  des  ailes  de  manière  à  être 
accablé  séparément,  cette  armée,  cou- 
pée ainsi  en  deux ,  serait  probable- 
ment détruite.  Hais,  par  l'application 
du  même  principe  fondamental,  cet 
ordre  d'attaque  serait  moins  sûr  con- 
tre une  armée  occupant  une  position 
unie  et  serrée;  car  les  réserves  se 
trouvant  ordinairement  à  portée  du 
centre,  et  les  ailes  pouvant  agir ,  soit 
par  un  feu  concentrique,  soit  en  pre- 
nant l'offensive  contre  les  premiers 
échelons,  pourraient  aisément  les  re- 
pousser. 

Si  cette  formation  offre  quelque 
ressemblance  avec  le  fameux  coin 
triangulaire  ou  eapulporeî  des  anciens, 
et  avec  la  colonne  de  Winkelried ,  elle 
en  diffère  toutefois  essentiellement; 
car,  au  lieu  de  former  une  nuisse 
pleine,  ee  qui  serait  impraticable  de 
nos  jours  à  cause  de  l'artillerie,  elle 
offrirait  au  contraire  un  grand  espace 
vide  dans  e  milieu  qui  fai^iliterait  les 
mouvemens  Cette  formation  couve^ 
naMe  comme  on  l'a  dit  pour  percer  le 
centre  d*une  ligne  trop  étendue,  pour- 
rait réussir  également  contre  une  ligne 
qui  serait  condamnée  à  l'immobilité  ; 
i^ais  si  les  ailes  de  la  Ijgne  attaquée 
savent  agir  à  propos  contre  les  flan0 


des  premiers  échelons,  elle  ne 
pas  sans  inconvéïiiena.  Mieux  vwidnl 
I  peut-être  un  ordre  parallèle  fonsidè 
rablement  renforcé  sur  le  centre  (%. 
4  et  12),  car  la  ligne  parallèle,  daaso 
cas,  aurait  du  moina  l'avantage  ds 
tromper  l'eimemi  sur  le  vrai  point  di 
l'effort  projeté,  et  d'empêcher  les  aihi 
de  prendre  en  flanc  les  écheioBS  di 
centre. 

L'ordre  d'attaque  en  eolonnesiv 
le  centre  et  sur  une  extrémité  en  nt- 
me  temps  (n.  12)  est  plus  convenable 
que  le  précédent,  lorsqu'il  s'appliqie 
surtout  à  une  ligne  ennemie  conligui; 
on  peut  même  dire  que  de  tous  la 
ordres  de  bataille  c'est  le  plus  ratiooel: 
en  effet,  l'attaque  sur  le  i*entre,  »- 
condée  par  une  aile  qui  déborde  T 
nemi,  empêche  celui-ci  de  faire 
Annibal  et  comme  te  maréchal  à 
Saxe,  c'est-à-dire  de  fondre  sur  i'assiit 
lanten  le  prenant  en  flanc;  l'aile ei» 
nemie  qui  se  trouvera  serrée  eatit 
l'attaque  du  centre  et  celle  de  l'eitré* 
mité ,  ayant  la  presque  totalité  dei 
masses  assaillantes  à  combattre,  scfi 
accablée  et  probablement  détruite.  Ce 
fût  la  manœuvre  qui  fit  triompher 
Napoléon  à  Wagram  et  à  Ligny  ;  ce 
fût  celle  qu'il  voulut  tenter  à  Boro- 
dino,  et  qui  ne  lui  réussit  qu'fmparfU- 
tement  par  l'héroïque  défense  dei 
troupes  de  l'aile  gauche  des  Russes, 
par  celle  de  la  division  Pa^kievitcl 
dans  la  Csmcuse  redoute  du  centre, 
puis  par  l'arrivée  du  corps  de  Baçgt' 
veut  sur  l'aile  qu'il  espéruît  débnrdfr. 
Enfln,  il  l'employa  aussi  à  Bautzt-;!.  là 
il  aurait  obtenu  des  succès  inouïs,  sauf 
un  incident  qui  dérangea  la  mancecm 
de  sa  gauche ,  destinée  à  couper  la 
route  de  Wurschen,  etipii  avait  déjà 
tout  disposé  pour  cela. 

Nqu9  devons  observer  q^e  ces  ditt- 
rens  ordfes  m  aauraîanl  être  prisai 


DB  JLk  GRANDE  TACTlQUfi  ET  DES  BATAILLES.  887 

pied  de  la  lettre,  comme  les  figuras-  proposet  bien  combiné,  rien  n'est  plus 
géométriques  les  indiquent.  Un  gêné-  j  dangereux  quand  il  est  fait  d'une  ma- 


ra(  qui  voudrait  établir  sa  ligne  de  ba- 
taille avec  la  même  régularité  que  sur 
le  papier  ou  sur  une  place  d'exercice, 
serait  incontestablement  trompé  dans 
son  attente  et  battu,  surtout  d'après  la 
méthode  actuelle  de  faire  la  guerre. 
Au  temps  de  Louis  XIV,  de  Frédéric, 
lorsque  les  armées  campaient  sous  la 
tente,  et  presque  toujours  réunies  ; 
lorsqu'on  se  trouvait  plusieurs  jours 
face  a  face  avec  l'ennemi,  qu'on  avait  le 
loisir  d'ouvrir  des  marches  ou  chemins 
symétriques  pour  faire  arriver  ses  co- 
lonnes a  distances  uniformes^  alors  on 
pouvait  former  une  ligne  de  bataille 
presque  aus^i  régulière  que  les  figures 
tracées.  Mais  aujourd'hui  que  les  ar- 
mées bivouaquent,  que  leur  organisa- 
tion en  plusieurs  corps  les  rend  plus 
mobiles,  qu'elles  s'abordent  h  la  suite 
d'ordres  donnés  hors  du  rayon  visuel 
et  souvent  même  sr.ns  avoir  eu  le 
temps  de  reconnaître  exactement  la 
position  de  l'ennemi,  enfin  que  les  dif- 
férentes armes  se  trouvent  mélangées 
dans  la  ligne  de  bataille ,  alors  tous  les 
ordres  dessinés  au  compas  doivent  né- 
cessairement se  trouver  en  défaut. 
Auiisi  ces  sortes  de  figures  n'ont-elles 
jamais  servi  qu'à  indiquer  une  dtspo- 
aitioo  approximative ,  un  sytème. 


Des  diveirsioM  et  grands  déUchemeiu. 

Les  détachemens  qu'une  armée  peut 
être  appelée  à  faire  dans  le  cours  d'une 
campagne  se  lient  si  étroitement  avec 
le  succès  de  toutes  ses  entreprises, 
qu'on  doit  les  regarder  comme  une  des 
branches  les  plus  importantes,  mais 
aussi  les  plus  délicates  de  la  guerre. 

En  effet,  si  rien  n'est  plus  utile  qu'on 


nière  incoiisidérée.  Frédéric-ie  Grand 
comptait  même  au  nombre  des  qualités 
les  plus  essentielles  d'un  généra),  de  sa- 
voir engager  ses  adversaires  à  faire  des 
détachemens,  soit  pour  aller  ensuiteles 
enlever,  soit  pour  attaquer  l'armée  pen« 
dant  leur  absence. 

On  a  taut  abusé  de  la  manie  des  dé- 
tachemens que,  par  un  excès  contraire, 
beaucoup  de  gens  ont  cru  è  la  possibi- 
lité de  s'en  pas^ner.  Sans  doute  il  serait 
beaucoup  plus  sûr  et  plus  agréable  de 
tenir  toujours  son  armée  réunie  en 
une  seule  masse;  mais  comme  c'est 
chose  tout-à-fait  impraticable,  il  faut 
bien  se  résigner  à  faire  des  détache-» 
mens  lorsque  cela  devient  indispen-- 
sable  au  succès  même  des  entreprises 
que  l'on  voudrait  former.  L'esseuiiel 
est  d'en  faire  le  moins  possible. 

11  y  a  plusieurs  sortes  de  détacbe-- 
mens  : 

1*  Les  grands  corps  lancés  au  loin 
hors  de  la  zêne  des  opérations  pour  ef* 
fectuer  des  diversions  sur  des  points 
plus  ou  moins  es>en(ieis  ; 

2*  Les  grands  détachemens  faits 
dans  la  zêne  des  opérations  pour  cou- 
vrir des  points  importans  de  cette  xéne, 
former  un  sfiége ,  garder  une  i>ase  se«- 
condaire,  proléger  la  ligue  4'opén*- 
lions  si  elle  est  menacée; 

3<*  Les  grands  détachemens  faits  sur 
le  front  même  d'opéraiions,  en  face  de 
l'ennemi,  pour  concourir  diractenu» 
à  une  entreprise  concertée; 

4*  Les  petits  détachemens  iaueés  au 
loin  pour  tenter  des  coups  de  main  sur 
des  postes  dont  la  prise  pourraH  agir 
favorablement. 

Tentends  par  diversiens,  aes  eotr^ 
prises  secondaires  formées  loin  de  }^ 
xône  principale  des  opérations,  aui 


grand  détachement,  lorsqu'il  est  fait  i  !  extrémités  d'un  théâtre  de  «uerre,  e^ 


•F*"*^^*" 


«••  ••■^ 


888 


DE  LA  Qi;A:Ti):. 


oAlAILLbS. 


snr  le  conc-:a»^  desqu(*iU»s  on  ^.urait  la 
folie  (le  calcuir,w-  *o  >u(xcs  dune  cam- 
pngnc.  De  pareilic.-)  diversioiii»  ne  sont 
utiles  que  dans  deux  cas,  celui  où  le 
corps  qui  y  serait  employé  se  trouverai t 
horsd*état,  par  son  cloignement,  d*èlre 
mis  en  ai:Uon  ailleurs  ;  ou  bien  lorsqu'il 
serait  jelé  sur  un  point  où  il  trouverait 
un  grand  appui  parmi  les  populations, 
ce  qui  rentre  dans  le  domaine  des  com- 
binaisons politiques  plus  que  dans 
celles  de  Tart  militaire. 

Les  grands  détachemcns  mobiles  et 
temporaires  se  font  pour  les  motifs  sui- 
vans: 

Contraindre  1'  aite, 

en  menaçant  sa  ligne  a*opérti.fons,  ou 
couvrir  la  sienne  propre  ; 

Marcher  au  devant  d'un  corps  en- 
nemi empêcher  sa  jonction,  ou  bien 
faciliter  la  jonction  d'un  renfort  at- 
tendu ; 

Observer  et  contenir  une  grande 
fraction  de  l'armée  ennemie,  tandis 
que  l'on  projette  de  frapper  un  coup 
sur  l'autre  portion  de  cette  armée  ; 

Enlever  un  convoi  considérable  de 
vivres  ou  de  munitions,  duquel  dépen- 
drait la  continuation  d'un  siège  ou  le 
succès  d'une  entreprise  stratégique; 
protéger  l'arrivée  d'un  convoi  qu'on  at- 
tend soi-même  ; 

Opérer  une  démonstration  à  l'effet 
d'attirer  l'ennemi  dans  une  direction 
où  Ton  désire  qu'il  marche,  pour  faci- 
liter une  opération  entreprise  d'un 
autre  côté  ; 

Masquer  et  même  investir  une  ou 
plusieurs  grandes  places  pendant  un 
temps  donné,  soit  qu'on  veuille  les  at- 
taquer, soit  qu'on  veuille  se  borner  à 
enfermer  la  garnison  dans  ses  rem- 
parts ; 


^;^cr4ue  séduisant  qu*il  i>;:idSO  pa- 
raître d'obtenir  les  divers  buis  indiquc5 
iiâns  cette  nomenclature,  il  faut  avouer 
néanmoins  que  ce  sont  toujours  dc9 
objets  plus  ou  moins  secondaires,  et 
que  l'essentiel  étant  de  triompher  sur 
les  points  décisifs,  il  faut  svt  gardiT  de 
s'abandonner  à  rentrafncmcnt  des  dé- 
tachemens  multipliés ,  ( ar  on  a  vu  bico 
des  armées  succomber  pour  n'avoir 
pas  su  rester  concentrées. 

Nous  rappellerons  ici  plusieurs  dl 
ces  entreprises  pour  prouver  que  leoi 
succès  ou  leur  perte  dépend,  tantôt  de 
l'à-propos,  tantôt  du  génie  dé  celui 
qui  les  dirige,  plus  souvent  encore  dei 
fautes  d'exécution.  Chacun  sait  com- 
ment Pierre-le-Grand  préluda  à  la  des- 
truction de  Charles  XII,  en  faisant  en- 
lever par  un  corps  considérable  le  fa- 
meui  convoi  qu'iimenait  Lowenhaopt. 
On  se  rappelle  également  conimeot 
Yillars  battit  complètement  à  Denain 
le  grand  détachement  que  le  prince 
Eugène  avait  fait  sous  d'Albermale, 
en  1700. 

La  destruction  du  grand  convoi  qut 
Laudon  enleva  a  Frédéric,  pendant  le 
siège  d'Olmiilz,  obligea  le  roi  à  éva- 
cuer la  Moravie.  Le  sort  des  deux  dé- 
tachemcns de  Fouquet  à  Land^hut,  en 
1760,  et  de  Fink  à  &Iaxen,en  1759,  at- 
testent  également  combien  il  est  dif- 
Qcile  de  se  soustraire  à  la  nécessité  de 
faire  des  détachemcns  et  au  danger 
qui  en  résulte. 

Plus  près  de  nous,  le  désastre  de 
Vandamme  à  Culm  fut  une  .«Cinglante 
leçon  contre  les  corps  aventur(''S  trop 
audacieusement;  toutefois,  il  «mi  {.)ut 
convenir,  dans  cette derincro  (urasir» 
la  manœuvre  était  habilement  nièdi'* 
t('»e,  et  la  faute  fut  moins  d'avoir  poussé 


Enlever  un  point  iaiportaut  sur  Iqs  î  le  détachement  que  de  ne  l'avoir  pas 
communications  d'un  enneipl  ||^à,csn  Ls$|||)(e^/Qmine  on  le  pcmTait  fadle« 
velraîte.  .  .    JiiHrt.  Orial' 4e   I^ink  Ait  détruite 


DB  hk   GRANDS  TACTIQCB  BT  DBS  BATAILLES. 


86n 


Maxell  ores^que  sur  le  même  terrain  et 
par  la  même  raison. 

Quant  aux  diversions  démonstra- 
tives faites  dans  le  rayon  même  de 
Tarmée,  elles  ont  un  avantage  positif, 
«'esl  lorsqu'elles  sont  combinées  dans 
le  but  de  faire  arriver  Pennemi  sur  un 
point  où  il  convient  de  fixer  son  atten- 
tion, tandis  qu'on  rassemble  le  gros 
de  SCS  forces  sur  un  point  tout  opposé 
où  Ton  déMre  frapper  un  coup  impor- 
tant. Alors  il  faut  non  seulement  éviter 
d'engager  le  corps  qui  est  employé  à 
celte  démonstration,  mais  le  rappeler 
promptement  vers  le  corps  de  bataille  ; 
Dous  citerons  deux  exemples  qui 
prouveront  l'opportunité  de  cette  pré- 
coution. 

En  1800,  Horeau  voulant  tromper 
Kray  sur  la  vraie  direction  de  sa  mar- 
che, (kporter  son  aile  gauche  de  Kehl 
Ters  Hastadt,  tandis  qu'il  Glait  avec 
son  armée  sur  Stockach  :  sa  gauche, 
après  une  simple  apparition,  se  rabat- 
tit alors  vers  son  centre  par  Fribourg 
en  Brisgau. 

En  1805,  Napoléon,  maître  de  Vien- 
ne ,  lance  le  corps  de  Bernadotte  sur 
Iglau,  pour  semer  la  terreur  en  Bo- 
hême et  paralyser  l'archiduc  Ferdi- 
nand qui  y  rassemblait  un  corps;  il 
lance  d'un  autre  côté  Davoust  sur 
Presbourg  pour  imposer  à  la  Hongrie; 
mais  il  les  rabat  aussitôt  sur  Brunn, 
afin  d'y  venir  prendre  part  à  l'événe- 
ment qui  devait  décider  de  toute  la 
^mpagne,  et  une  victoire  signalée  de- 
vient le  résultat  de  ces  sages  manœu- 
vres. Ces  sortes  d'opérations,  loin  d'ê- 
tre contraires  aux  principes,  sont  né- 
cessaires pour  en  favoriser  l'appli- 
cation. 

On  se  convaincra  aisément,  par  tout 
ce  qui  précède,  qu'on  ne  saurait  don- 
ner des  maximes  absolues  sur  des  opé- 
rations aussi  variées  et  dont  to  succès 


tient  à  tant  de  parlicularités  si  difficile» 
à  saisir.  Ce  sera  aux  talens  et  au  coup- 
d'œil  des  généraux  à  juger  quand  ils  de- 
vront risquer  des  détachemens;  les  seuls 
préceptes  admissibles  :  c'est  d'en  faire 
le  moins  possible  et  de  les  rappeler  à 
soi  dès  qu'ils  ont  rempli  leur  destina- 
tion. Au  surplus  on  pourra  remédier  en 
partie  à  leurs  inconvéniens  en  donnant 
de  bonnes  instructions  à  ceux  qui  les 
commandent;  c*est  en  cela  que  con- 
siste ic  plus  grand  talent  d'un  général 
d'état-major. 

Un  des  moyens  qui  peuvent  con- 
courir aussi  à  préserver  des  fâcheux 
résultats  qu'entraînent  les  détache- 
mens,  c'est  de  ne  négliger  aucune  des 
précautions  prescrites  par  la  tactique 
pour  doubler  leur  force  par  de  bonnes 
positions,  mais  sans  perdre  de  vue 
néanmoins  qu'il  est  plus  sage  en  géné- 
ral de  ne  point  les  engager  dans  des 
luttes  sérieuses,  contre  des  forces  dis- 
proportionnées. En  pareil  cas,  la  mo* 
bilité  doit  être  leur  premier  mo^en  de 
salut;  ce  n'est  que  dans  un  petit  nom 
bre  de  circonstances  qu'un  détadic 
ment  doit  se  résoudre  à  vaincre  ou  i 
mourir  dans  la  position  qu'il  aurait 
prise  ou  qui  lui  aurait  été  assignée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  incontesta- 
ble que,  dans  toutes  les  hypothèses 
possibles,  les  préceptes  de  la  tactique 
et  de  la  fortification  passagère  sont 
applicables  aux  grands  délacbemens , 
comme  à  l'armée  elle-même. 

Des  corps  légers  lancés  tu  milieu  de 
la  zone  d'opérations  de  l'ennemi,  quel- 
ques centaines  de  cavaliers,  ainsi  ha- 
sardés, ne  sont  jamais  une  perte  grave, 
et  peuvent  causer  un  dommage  consi- 
dérable a  l'ennemi. 

On  emploie  de  préférence,  à  ces  sor- 
tes d'expéditions,  des  ofBders  à  la  fois 
rusés  et  hardis ,  connus  sons  le  nom 
de  perltsans  :  vériteUes  eoftms  per- 


8fW 


DK  tk  0B49D|{  TACTIQUE  ET  pB8  fATAILtES, 


dos,  ito  doivent  faire  tout  le  mal  possi- 
ble ^  rennemi  sans  trop  se  compro- 
mettre. Sans  doute,  quand  l'occasion 
de  frapper  un  coup  important  se  pré* 
sente,  ils  doivent  aussi  savoir  donner 
t^te  baissée  sur  l'ennemi  ;  mais  en  gé- 
néral, l'adresse  et  la  présence  d'esprit, 
pour  éviter  tout  danger  inutile^  sont , 
plus  encore  que  l'audace  calculée  »  les 
véritables  qi^lités  nécessaires  à  un 
partisan. 


venir  ^  Ulm,  la  couper  de  l'Auf riche, 
et  la  refouler  sur  le  Mein.  Horeau 
qui  avait  d^  Jà  une  tête  de  pont  à  Bile 
aima  mieux  passer  plus  commodément 
sur  1^  front  de  l'ennemi  que  de  tour- 
ner son  extrême  gauche.  L'avantage 
tactique  lui  parut  plus  sàr  que  tous 
ceux  de  la  stratégie  ;  il  préféra  un  de- 
mi-succès certain  à  la  chance  d'une 
victoire  qui  eût  été  décisive,  mais  ex- 
posée à  plus  de  hasards.  Dans  la  même 
campagne,  le  passage  (|u  Pô  par  Na- 
poléon offrit  un  autre  exemple  de  Hro- 
portance  stratégique  qui  est  attachée 
au  choix  dM  point  de  passage  :  l'armée 
de  réserve,  après  le  combat  de  la  Chiu- 
sella,  pouvait  marcher  par  la  gauche 
du  Pd  à  Turin ,  ou  passer  le  fleuve  à 
Crescentino  et  marcher  droit  i  Gênes: 
Napoléon  préféra  passer  li:  Tessin,  en- 
trer à  Milan,  s'y  réunir  à  Moncey  qui 
venait  avec  vingt  mille  homiiès  P'^r 
le  Saint- Gothard,  puis  passer  le  Pô  a 
Plaisance,  persuadé  qu'il  devancerait 
plus  sûrement  Mêlas  sur  ce  point,  que 
s'il  se  rabattait  trop  tôt  sur  sa  ligne  de 
retraite,  («e  passage  du  Danube  à  Do- 
navert  et  Ingolstadt»  en  1805,  fut  une 
opération  a  peu  près  du  même  genre: 
la  direction  choisie  devint  la  première 
cause  de  la  destruction  de  l'armée  de 
Uack. 

Le  point  convenable  en  stratégie 
est  facile  à  déterminer  d'après  ce  que 
nous  avons  dit«  et  il  o'e^l  pas  inutile 
de  rappeler  que  dans  un  passage  de 
rivière ,  comme  en  toute  autre  opé- 
raMoD,  il  y  a  des  points  décisifs  per- 
manens  ou  géographiques ,  et  d'autres 
qui  sont  relatifs  ou  éventuels,  puis- 
qi^'ils  résultent  de  l'emplacement  des 
forces  ennemies. 

Bi  le  point  choisi  réunit  les  avanta- 
ges stratégiques  aux  convenances  tac- 
i  àcMSbpuac  p^ur  prendra   tiques  défi  loaiHié^ ,  ce  choix  ne  lais- 
*  r^NM  toute  t'armée  do  KMy,  l#  pré- }  ^%  rien  fi  désirer  ;  pouiis  s*il  présentait 


Des  paiiafis  da  rivMifs  ai  de  flcavei* 

Les  passages  de'  petitea  rivières,  sur 
lesquelles  on  trouve  un  pont  établi  et 
•Il  l'on  peut  facilement  en  jeter  un , 
Be  présentent  pas  des  combinaisons 
qui  apparlit^nnent  à  la  haute  tactique 
M  è  la  stratégie  ;  piais  des  passages  de 
grandes  rivières  ou  de  fleuves*  tels  que 
le  Danube,  le  Rhin,  le  Pô,  lEIbe,  l'O- 
der, la  Vistuie,  l'Inn,  le  Tessin,  etc., 
sont  des  opérations  dignes  d'être  étu- 
diées. 

L'art  de  jeter  des  ponts  est  une  con- 
naissance spéciale,  qui  appartient  aux 
oiBcîers  de  pontonniers  ou  de  »apeurs. 
Ce  n'est  pas  sous  ce  rapport  que  nous 
IraRerons  crs  passages ,  mais  comme 
attaque  d'une  position  militaire,  et 
comme  manœuvre  de  guerre. 

Le  passage  en  lui-même  est  une  opé- 
ratioa  de  tactique;  mais  la  détermina- 
tion du  poiat  où  il  doit  se  faire  ^t  liée 
aui  grandies  opéraUous  qui  embras- 
sent toat  k  théêtre  de  la  guerre.  Le 
passage  du  ftbia  par  le  général  Mo- 
réas, eu  tSQOt  dout  nous  avons  déjà 
parlé,  peut  enofire  servir  d'exemple 
pour  mieux  faire  juger  eette  assertion. 
Napoléon,  plus  habile  en  stratégie  que 
aan  Ueutenaa^t .  voulait  le  faire  passer 


Dni^  MA^W  TMnriow  n  dm  «iTAiLMIh 


Ml 


de$  oMteeies  locaoi  praïque  inior- 
monUbles.  alprs  il  faudrait  eo  cbohir 
un  autre,  en  ayant  aoio  de  préférer 
celui  qui  aérait  le  pjua  près  de  la  dn 
rcctioo  stratégique  qu'il  importerait 
d'atteindre.  Indépendamment  do  pea 
cûmbinaia^iil  générales,  qui  doiventiu* 
fluer  sur  le  choix  du  point  de  paaaaga, 
il  en  eat  encore  une  autre  qui  aé  rap- 
porte auiliewi  mèmea  ;  le  meilleur  em^ 
placement  sera  celui  ou  Tarmée,  après 
avoir  paasé^  pourra  prendre  son  front 
d'opérations  et  sa  ligne  de  bataille 
perpendiculairement  au  fleuve,  du 
moins  pour  les  premières  marches, 
sans  être  forcée  de  se  diviser  en  phi- 
sieurs  corps  aur  diCférentes  directions  ; 
cet  avantage  la  sauvera  égalenneot  du 
péril  de  recevoir  bataille  avec  le  fleuve 
i  dos,  comme  cela  arriva  à  Napoléon  à 
Essting. 

ËD  voilà  aaaei  aur  la  combinatoon 
atraiégique  qui  doit  décider  des  passa- 
ges ;  il  est  temps  de  parler  de  leur  eiA- 
cution.  L'histoire  est  la  meilleure  école 
pour  étudier  les  mesures  propres  è  en 
assurer  la  réussite.  Lea  anciens  ont 
fait  une  merveille  de  celai  iiu  Graniv- 
que^  qui  n*est  qu'un  ruisseau  ;  saua  ce 
rapport,  lea  modernes  ont  de  plus 
grandes  actions  à  eittr. 

Le  passage  en  Rhin,  k  ThoUiuys,  par 
Louis  XIV,  n'est  pas  celui  qui  a  fiait  te 
moins  de  bruit ,  et  il  faut  avouer  qu'il 
est  digne  de  remarque. 

De  nos  Jours ,  le  général  Dedoa  a 
célébré  tes  den  pacagea  du  Rhin  à 
KeM,  et  eehii  du  Danube  à  Hoehstedt, 
en  i800;  son  ouvrage  doH  être  eon- 
sulté  comme  daaaique  pour  les  détalla; 
or,  la  précision  dans  les  détails  est  tevt 
pour  cea  sortes  d'opérations. 

Enfin  troia  antres  passages  dn  Da- 
nube, et  eelni,  è  jamais  célèbre,  de  h 
Révétliia,  eut  eorpassé  famt  ee  qu^m 


doux  premiers  sont  cem  que  Napoléon 
exécuta  à  Esaling  et  i  Wagram.  af 
présence  d'une  armée  de  cent  viiig| 
mille  hommes,  munie  de  quatre  centa 
pièces  de  canon,  et  sur  l'un  des  poinU 
ou  le  lit  du  fleuve  est  le  plus  large  ;  S 
faut  en  lire  l'intéressante  relation  par 
le  général  Pelet.  Le  troisième  est  cetoi 
qui  fut  exécuté  par  l'armée  russe  i 
Satounovo,  pn  iSiS;  quoiqu'il  on 
puisse  être  mis  en  parallèle  avee  4|fe 
précédens,  il  fut  très  remarquable  par 
les  difficultés  excessives  que  les  locaUi- 
tés  présentaient ,  et  par  la  nature  dan 
efforts  qu'il  failli  faire  pour  les  mor 
monter.  Quant  à  celui  de  la  Bérézioë; 
il  fut  en  tout  point  miraculeux.        '^ 

Il  est  essentiel  de  donner  le  changia 
à  l'ennemi  sur  le  point  de  passage, 
afin  qu*il  n'y  accumule  pas  ses  moyens 
de  résistance.  Outre  les  démonstrri^ 
tiooaatratégiques,  il  faudra  èncore'de 
fauaaea  attaques  à  proximité  du  patf- 
aage,  pour  diviser  les  moyens  que  Te»- 
nemi  y  aura  rassemMéa;  i  cet  effet;  Il 
moitié  de  l'artillerie  doit  être  employée 
à  faire  beaucoup  de  bruit  sur  tous  tai 
points  où  l'on  ne  veut  pas  passer,  tan- 
dis que  le  plus  grand  silence  doit  ré- 
gner au  point  réel  où  se  dirigeront  les 
apprêts  sérieux. 

On  doit,  autant  que  possible,  proté- 
ger la  construciion  des  ponts,  en  port- 
tant  des  troupes  en  bateaux  sur  la  riîlr 
opposée,  afin  d'en  déloger  l'enneiii 
qui  gênerait  lea  liafaux  ;  ces  troupee 
devront  s'emparer  auasitàt  dea  ^lla^ 
ges ,  bois  ou  autres  obstacles  à  proil- 
mité. 

U  importe  ansai  de  placer  de  fortia 
batteries  de  gros  calibre ,  non  seiMi^ 
ment  pour  balayer  celle  rive  oppoééi, 
maia  pour  faiae  taire  l'artillerie  i|tia 
l'enneraî  voudrait  amener  dans  IIJV- 
Mention  de  battre  le  pani  i  meampt 


* 


avait  f  impÊB  là  dans  ce  goÉre.  Las  |  qu'on  y  «MvMHevtil;  i  eêt  efMv^ 


tM 


M  LA  ÔEAM M  TAtTlQ0£  ET  DES  BATAHUtt. 


eoDîient  que  la  rive  d'où  rassaillant  | 
doât  partir  domine  un  peu  la  rive  op- 
posée* 

Le  voisinage  d'une  grande  tie ,  près 
de  k  rive  cnDemie,  offre  beaucoup  de 
ficilîtés  aux  troupes  de  débarquement 
ainsi  qu'aux  travailleurs.  De  même  le 
voisinage  d'une  petite  rivière  aflluente 
donne  les  moyens  de  réunir  et  de 
cacher  les  préparatifs  pour  les  ba* 
4eaux. 

Il  est  bon  de  choisir  un  endroit  où 
le  fleuve  forta»  une  anse  ou  coude  ren- 
trant, aGn  de  pouvoir  assurer  aux  trou- 
pes un  débouché  sûr,  protégé  par  des 
batteries  dont  le  feu,  croisé  sur  l'ave- 
•tue,  empêcherait  l'ennemi  de  tomber 
MT  les  bataillons  à  mesure  qu'ils  pas- 
^seraieot. 

*  L'endroit  Cxé  pour  jeter  les  ponts 
doit  être  à  proximité  de  bonnes  routes 
«ttr  les  deux  rives,  «On  que  l'araée 
puisse  trouver  des  communications  Ut- 
ciics  après  le  passage^  aussi  bien  que 
.pour  se  rassembler.  On  doit  éviter  à 
cet  effet  les  points  où  les  rampes  se- 
rraient très  escarpées,  surtout  du  côté 
de  l'ennemi. 

Quant  a  la  défense  d'un  passage,  ses 
règles  dérivent  de  la  nature  même  de 
celles  de  l'attaque  ;  elles  doivent  donc 
avoir  pour  but  de  s'opposer  aux  mesu- 
res indiquées  ci-dessus.  L'essentiel  est 
jAt  faire  surveiller  le  cours  par  des 
•eorps  légers ,  sans  avoir  la  prétention 
de  le  défendre  partout;  puisde  se  con- 
centrer rapidement  au  point  menacé , 
.!}OQr  foudroyer  l'ennemi  quand  une 
partie  de  son  armée  aura  passé.  Il  faut 
iaire  comme  le  duc  de  Yendéme  à 
Caasano,  et  comme  le  fit  plus  en  grand 
Tarcbiduc  Charles  à  Essiing,  en  1809, 
exemple  mémorable  qu'on  ne  saurait 
trop  recommander,  bien  que  le  vain^ 
i|ueur  n'en  ait  pas  tiré  tout  le  fruit 
qu'il  pouvait  s'en  prooMttre. 


Nous  avons  déjà  signala  nofloemv 
que  les  passages  de  fleuves,  an  dfJMit 
d'une  entreprise  on  d'une  campaigne . 
peuvent  exercer  sur  la  diredioQ  des 
lignes  d'opérations;  il  imhis  reste  a 
eiamifier  celle  qu'ils  peuveot  avoir 
sur  les  mouvemens  stralégiqaes  qui 
les  suivraient  immédiatement. 

Une  des  phis  grandes  difficahés  qui 
se  présentent  après  les  passages,  c'est 
de  couvrir  les  ponts  contre  reaueiBi 
sans  cependant  gêner  trop  les  entre- 
prises que  l'armée  voudrait  faire.  Lors- 
qu'ils ont  lieu  avec  une  grande  supé- 
riorité numérique ,  ou  à  la  suite  de 
grandes  victoires  déjà  remportées,  h 
chose  n'est  pas  si  embarrassante  ;  mais 
lorsqu'on  les  exécute  au  débot  de  ta 
campagne,  en  présenoe  d'un  ennemi 
presque  égal  en  forces,  le  cas  est  dif- 
férent. 

Si  cent  mille  Français  passent  le 
Rhin  à  Strasbourg  ou  à  Manheim ,  en 
présence  de  cent  mille  Allemands;  U 
première  chose  qu'ils  auront  à-  faire 
sera  de  pousser  l'ennemi  dans  trois  di- 
rections :  la  première  devant  eux ,  jus- 
qu'aux montagnes  de  la  Forêt-Noire, 
ta  deuxième  à  droite  pour  couvrir  ks 
ponts  du  cAté  du  Haut-Rhin,  et  la 
troisième  à  gauche  pour  les  couvrir  du 
côté  de  Mayence  et  du  Bas-Rhin.  Celte 
nécessité  mène  à  un  déplorable  mor- 
cellement de  forces  ;  mais,  pour  en  di- 
minuer les  incouvéniens,  il  faut  se  gar- 
der de  croire  qu'il  soit  nécessaire  de 
diviser  Tarmée  en  trois  parties  égales, 
ni  qu'il  faille  conserver  ces  détache- 
meos  au-delà  du  peu  de  joure  néces- 
saires pour  s'assurer  du  lieu  de  rassem- 
blement des  forces  ennemies. 

Toutefois  on  ne  peut  ae  dissimuler 
que  c'est  une  des  situations  les  plus  dé- 
licates pour  un  général  en  chef  :  car, 
s'il  se  divise  pour  couvrir  ses  ponts,  ci 
peut  donner  avec  une  de  ses  trois  frao- 


i 


Di.  i^  •yfJmi  ta<;tiqub  n  pis  batailles. 


893 


fions  contre  le  gros  des  mwefl  enoe* 
miee  qui  l'accableiniient  ;  s'il  i^unit  ses 
forces  svr  une  seule  direoUoo  •  et  que 
reonemi  lui  donne  le  change  sur  le 
point  de  son  nssembleiiient,  il  pour- 
rait s'exposer  à  voir  ses  ponts  enlevés 
ou  délrutta,  et  se  trouver  compromis 
avant  d'avoir  ou  le  temps  de  remporter 
une  victoire.» 

Les  remèdes  les  plus  sûrs  seront  de 
placer  ses  ponts  près  d'une  ville  que 
l'on  pourra  mettre  rapidement  en 
état  de  protéger  leur  défense,  puis  de 
donner  à  ses  premières  opérations 
toute  la  vigueur  et  la  rapidité  possi- 
bles, en  se  jetant  successivement  sur 
les  fractions  de  l'armée  ennemie,  et 
les  battant  de  manière  à  leur  Ater  l'en* 
vie  d'ioquiéler  les  ponts.  Dans  quel- 
ques cas  on  pourra  ajouter  à  ces 
moyens  le  système  des  lignes  d'opé- 
rations excentriques  :  si  l'ennemi  a 
morcelé  ses  cent  mille  hommes  en 
plusieurs  corps  occupant  des  positions 
d'observation  »  et  qu'on  passe  avec  une 
masse  égale  sur  un  seul  point  voisin  du 
centre  de  oe  cordon ,  le  corps  défensif 
qui  se  trouverait  isolé  à  ce  centre  étant 
vivement  culbuté,  ou  pourrait  alors 
sans  risque  former  deux  masses  de 
cinquante  mille  hommes,  lesquelles, 
en  prenant  une  direction  divergente, 
disperseraient  sûrement  les  fractions 
ennemies  isolées  en  direction  exté- 
rieure, les  empêcheraient  désormais  de 
se  réunir,  et  les  éloigneraient  ainsi  de 
plus  en  plus  des  ponts.  Mais  si  le  pas- 
sage s'était  eiTectué,  au  contraire,  sur 
une  des  extrémités  du  front  stra« 
tégique  de  l'ennemi,  en  se  rabat- 
tant vivement  sur  ce  Cront  qu'on 
battrait  dans  toute  son  étendue , 
comme  Frédéric  battit  la  ligne  autri*^ 
chienne  tactiquement  à  Leuthen ,  dans 
loute  sa  longueur,  l'armée  aurait 
j«»  poim  dwikre  soi,  et  les  cou* 


vrîrait  dans  tous  ses  mouvemens  en 
avant. 

n  arrive  parfois  que  des  raisons  ma- 
jeures déterminent  à  tenter  un  double 
passage  sur  l'étendue  d'un  même  front 
d'opérations,  comme  cela  arriva  à 
Jourdan  et  à  Moreau ,  en  1796.  Si  l'on 
y  gagne  d'un  côté  l'avantage  d'avoir 
au  besoin  une  double  ligne  de  retraite, 
on  a  l'inconvénient ,  en  opérant  ainsi 
sur  les  deux  extrémités  du  front  de 
l'ennemi ,  de  le  forcer  pour  ainsi  dire 
à  se  rassembler  sur  le  centre,  ce  qui  le 
mettrait  dans  le  cas  de  ruiner  séparé- 
ment les  deux  armées.  Une  telle  opé- 
ration aura  toujours  des  suites  déplo- 
rables, quand  on  aura  affaire  à  un  gé- 
néral capable  de  profiter  de  cette  vio- 
lation des  principes. 

Tout  ce  qu'on  peut  recommander  è 
ce  sujet ,  c  est  de  diminuer  les  incon- 
véniens  du  double  passage,  en  portant 
du  moins  le  gros  des  forces  sur  l'un 
des  deux  points  qui  serait  alors  déci- 
sif, puis  de  rapprocher  le  plus  tét  pos- 
sible les  deux  corps  en  direction  inté-r 
rieure  «  pour  éviter  que  l'ennemi  ne 
les  accable  séparément.  Si  Jourdan  et 
Moreau  avaient  suivi  cette  maxime,  et 
se  fussent  réunis  vers  Donavert  au  lieu 
de  courir  excentriquement ,  ils  eussent 
probablement  obtenu  de  grands  succès 
en  Bavière,  loin  d'être  rejetés  sur  le 
ahin. 


Oef  retraites  ei  des  pounnitei. 

De  toutes  les  opérations  de  la  guerre, 
les plusdifliciles  sont  incontestablement 
les  retraites  ;  cela  est  si  vrai  que  le  ce* 
lèbre  prince  de  Ligne  disait,  avec  son 
esprit  accoutumé,  qu'il  ne  concevait  pas 
comment  une  armée  parvenait  à  se  re- 
tirer. Lorsqu'on  songe  en  effet  à  r^at 
physique  et  moral  dans  lequel  une  ar* 


M  LÀ  QtLAHM  tAGtlQOÉ  If  Bli  tittlUlÉ. 


mée  se  trouve  lorsqo'elle  bat  en 
traite,  par  suite  d'uoe  bataille  perdue, 
k  là  difljcuilé  d*y  maintenir  Tordre, 
aux  chances  désastreuses  que  le  moin- 
dre désordre  peut  amener,  on  com- 
prend pourquoi  les  généraux  les  plûS 
expérimentés  ont  tant  de  peine  à  S*y 
résoudr 

Quel  système  conseiller  pour  aiie 
retraite?  Faut-il  combattre  fi  outrance 
jusqu'à  rentrée  de  la  nuit ,  pour  pou* 
roir  l'exécuter  à  la  faveur  des  ténè- 
bres? Vaut-il  mieux  ne  pas  attendre  fi 
la  dernière  extrémité ,  et  quitter  le 
fhamp  de  !»ataille  lorsqu'on  peut  te 
faire  encore  avec  bonne  contenance^ 
Doit-on  prendre,  par  une  marche  for- 
cée de  nuît ,  le  plus  d'avance  possible 
sur  Tennemi ,  ou  bien  s'arrêter  en  boil 
ordre  à  une  demi-marche,  en  faisant 
mine  d'accepter  de  nouveau  le  com- 
bat? Cha<  un  de  ces  modes,  convenable 
dans  certains  cas,  pourrait  dans  d'au- 
tres causer  la  ruine  totale  de  l'armée, 
et  si  la  théorie  de  la  guerre  est  Impuls- 
santé  en  quelques  points,  c'est  certai- 
nement eu  ce  qui  se  rapporte  aux  re- 
traites. 

Si  vous  voulez  combattre  1  toute 
force  jusqu'à  la  null,  vous  pouvez 
vous  exposer  à  une  défaite  complète 
avant  que  cette  nuit  soit  venue,  et 
puis  si  une  retraite  forcée  devait  se 
faire  au  moment  où  les  ténèbres  Com- 
mencent à  tout  envelopper  de  leur 
voile,  comment  éviter  la  décomposi- 
tion de  l'armée  qui  ne  sait  et  ne  voit 
plus  ce  qu'elle  fait?  Si  l'on  quitte  au 
contraire  le  champ  de  bataille  en  plein 
jour,  et  sans  attendre  la  dernière  ex- 
trémité, on  peut  s'exposer  à  perdre  la 
partie  au  moment  où  l'ennemi  renoh-« 
cerait  lui-même  fi  poursuivre  ses  atta«^ 


en  fetralte  Étant  êTf  Ifrè  éff itetameil 
contraints.  De  pfns,  qid  aau^t  gira»> 
tir  qu'une  retraite  êiécdMe  ta  {Ma 
jour  devaÉrt  un  ennemi  kn  peu  enlra- 
prenant,  né  dégénSreéffidérotfleT 

Lorsque  M  rettidtè  éftt  eaAn  oom- 
mencée,  on  n'est  paa  ttoûiè  eMihar^^ 
rass  é  de  décider  s'il  ttni  forcer  4t 
marche  pour  gagner  tooKl  Taifanot 
possible,  puisque  cette  prMpilation 
peut  achever  la  perte  de  Tiftaée  m 
bien  la  sauver.  Tout  ce  qu'il  eet  possi^ 
ble  d'affirmer  à  eë  sujet,  ifealque, 
fivec  une  armée  un  peu  centidéraUe, 
il  vaut  mieux  en  général  faire  «ne  r^ 
traite  lente,  à  petites  jonrnèea et  bien 
échelonnée,  parée  qu'alcM  on  a  toi 
moyens  de  former  d«f  arrière^ardeê 
assez  nombreuses  pour  se  iMinteBif 
une  partie  do  jour  contre  lea  tètes  da 
cdtônnesde  l'énnenil. 

Les  retraites  sont  dé  diréraee  eapè* 
ces,  selon  te  motff  qui  les  déiermme. 

On  se  retire  Tblofltairefiieirt  avant 
d'avoir  combatttï ,  pour  ameifér  Fen- 
nemi  sur  un  point  moins  avantageux 
pour  lui  que  celtii  oâ  il  ae  f ronve  ;  e'est 
une  manœuvre  prudente  plutAtiprnne 
retraite;  ce  fut  ainsi  qtte  Ifapoiéofi 
se  retira,  en  ISftSr,  de  Wiadiau  ser 
ftrnnn ,  pour  amener  les  attiés  sur  k 
point  qui  lof  convenait  ;  ee  fit!  ainsi 
qtic  Wellington  se  PSiltÉ  de  QMtie- 
Bras  sur  Waterloo.  Enfin  c'est  ee  qae 
je  Imposai  de  fëire  avant  l'attaque  de 
Dresde,  lorsqu'on  eut  apfnîs  Farrivée 
de  Napoléon.  Je  prisentàt  fa  rtécessité 
d^une  marché  sûr  Dippodis#aide,  potr 
choisir  un  éhamp  de  betàillê  avanU- 
geux;  on  confondft  cette  idée  avec 
une  retraite,  et  irti  péMf  d'honnaar 
rhevaleresque  ontpAchtf  dé  rétrogra- 
der sans  tirer  l'épée,  ee  qnl  eM  peor- 
ques,  ce  qui  ferait  perdre  toute  la  con-   tant  évité  la  cataStrcifAe  dV  leideai<n 


fiance  des  troupes,  toujours  disposées 


fi  btftmer  (es  chefs  pnidens  qui  Battent      On  Se  retti'èr  auSM  sans  MM  dMit 


(^6  août  mS). 


M  Lk  «AANDI  TACTlQtE  fit  0Ë$  BAtAltUCft. 


S9S 


poûif  courir  à  la  défense  d'an  point 
menacé  par  rennemi,  soit  sur  les 
flahes,  soit  sur  ta  ligne  de  retraite. 
Lorsqu'on  marche  loin  de  ses  dépôts, 
dans  une  contrée  épuisée,  on  peut 
être  obligé  à  décamper  pour  se  rap- 
procher de  ses  magasins.  EnQn  on  se 
retire  forcément  après  une  bataille 
perdue,  ou  A  la  suite  d'une  entreprise 
manquée. 

La  retraite  de  Moreau,  en  179C, 
exallée  par  l'esprit  de  parti,  fut  hono- 
norabte  sans  avoir  rien  d'citraordi- 
naire  (1}.  Celle  que  l'armée  russe  exé- 
éuta  sans  se  laisser  entamer,  depuis  le 
Niémen  jusqu'à  Moscou ,  dans  un  es- 
pace de  deux  cent  quarante  lieues,  de- 
vant un  ennemi  comme  Napoléon ,  et 
une  cavnterie  pareille  à  celle  que  con- 
duisait  Tactif  et  audacieux  Murât,  peut 
certainement  élre  mise  au-dessus  de 
toutes  les  autres.  S-ms  doute  elle  fut 
facilitée  par  une  multitude  de  circons- 
tances, mais  cela  n'ôte  rien  de  son 
mérite ,  sinon  pour  le  (aient  stratégi- 
que des  chefs  qui  en  dirigèrent  la  pre- 
mière période,  du  moins  pour  l'aplomb 
et  la  fermeté  admirable  des  corps  de 
Iroupos  qui  Texécutérent. 

Enfin ,  bien  que  la  retraite  de  Mos- 
cou ait  été  pour  Kapoléon  une  san- 
glante catastrophe,  on  ne  saurait  con- 
tester qu'elle  fut  glorieuse  pour  lui  et 
pour  ses  troupes,  à  Krasnoî  comme  i 
la  Bérezina ,  car  les  cadres  de  l'armée 
forent  sauvés,  tandis  qu'il  n'aurait  pas 
dû  en  revenir  un  homme.  Dans  ce  mé- 
mtirable  événement ,  les  deux  partis  se 
couvrirent  d'une  gloire  égale^  les  cban- 


(1)  ta  retraite  de  Lecdorbe  de  ilSD^««fin  iù§- 
fii'à  Allorf,  el  celte  de  llacdôntld  par  Ponire- 
BoU.  npréi  la  déralle  de  Trebbfa.  fUrent,  aintl 
que  celle  dé  Sooiraruw  de  Muttenthaf  jusqa'à 
Coire,  dei  oJttf  d*ariAêi  alortedi  mais  Aartrelst 
•I  di  eoiirtc  darée. 


ces  Sentes  dlflérèi-ent  comme  les  ré- 
sultats. 

Il  y  a  cinq  manière  de  combiner  une 
retraite  : 

La  première,  c'est  de  marcher  en 
masse  sut*  une  seule  route  ; 

La  seconde ,  c'est  de  s'échelonner, 
sur  cette  seule  route,  en  deux  où  trois 
corps,  marchant  à  une  journée  de  dis- 
tance pour  évitéf  la  confusion ,  surtout 
dans  le  hiatëriel  ; 

La  troisième  consiste  à  marcher  sur 
un  même  front,  par  plusieurs  routes 
parallèles  menant  au  même  but; 

La  quatrième,  c'est  de  partir  de  deux 
points  éloignés  vers  un  but  excentri- 
que; 

La  cinquième  serait  de  marcher,  au 
Contraire,  par  plusieurs  routes  concen- 
triques. 

Lorsque  les  premières  divisions  de 
Tarmée  d'Italie  furent  repoussées  par 
Warmser,  Bonaparte  les  rassembla 
toutes  à  Roverbeila,  et  quoiqu'il  n'eût 
que  quai^ante  mille  hommes,  il  en  bat- 
tit soi  xaçte  mille  parce  qu*il  n'eut! 
combattre  que  des  colonnes  isolées. 
S'il  avait  fait  une  retraite  divergente, 
que  seraient  devenues  son  armée  et 
ses  conquêtes?  Wurmser,  après  ce  pre* 
mier  échec,  fit  une  retraite  excentri- 
que, en  dirigeant  ses  deux  ailes  vers  les 
extrémités  de  sa  ligne  de  défense: 
qu'arriva-t-ii?La  droite,  quoique  fa- 
vorisée parles  montagnes  du  Ty  roi,  fut 
battue  à  Trente;  Bonaparte  se  diri- 
gea ensuite  sur  les  derrières  de  la  gau- 
che, et  la  détruisit  â  Bassano  et  à 
Mantoue. 

Lorsque  l'archiduc  Charles  céda  aux 
premiers  efforts  de  deux  armées  fran-- 
çaises,  en  1790,  aurait-lf  Sauvé  t'Alle  - 
magne  par  une  manœuvre  exconlii- 
que?  N'est-ce  pi^ ,  au  cootruiro  ù  U 
diredioa  eMiteiilrîqiie  de  mi  rt^ia^^^ 
<{ife  KAItaMigM  êm  sM  MlniT  Kofln, 


DB  lA  GRANDS  TACTlQCi:  KT  DES  BATAILLES. 


Moreaa,  qui  avait  marché  sur  un  dcve- 
lopperoent  immense  par  divisions  iso- 
lées ,  s'aperçut  que  ce  système  .incon- 
cevable était  bon  pour  se  faire  détruire 
lorsqu'il  était  question  de  combattre  et 
surtout  de  se  retirer  ;  il  concentra  ses 
forces  disséminées,  et  tous  les  efTorts 
de  l'ennemi  se  brisèrent  devant  une 
masse  qu'il  faRait  observer  sur  tous 
les  points  d'une  ligne  de  quatre- 
vingts  lieues.  Après  de  tels  exemples, 
on  ne  saurait,  ce  me  semble,  rien  ré- 
pliquer (1). 

Le  maréchal  Soult,  abandonnant  les 
Pyrénées  en  1814 ,  avait  à  opter  entre 
une  retraite  sur  Bordeaux,  qui  l'eût 
mené  au  centre  de  la  France,  ou  une 
retraite  sur  Toulouse,  en  longeant  la 
frontière  des  Pyrénées.  De  même, 
Frédéric,  en  se  retirant  de  Moravie, 
marcha  sur  la  Bohème  au  lieu  de  re- 
gagner la  Silésie. 

La  France  est  très  propre  k  ce  genre 
de  guerre,  surtout  lorsqu'il  n'existe 
pas  dans  le  pays  deux  partis  politiques 
qui  peuvent  aspirer  à  la  possession  d^ 
la  capitale,  et  rendre  son  occupation 
décisive  pour  l'ennemi.  Si  celui-ci  pé- 
nètre par  les  Alpes,  les  Français  peu- 
vent agir  sur  le  Rhône  et  la  Saône,  en 
tournant  autour  de  la  frontière  jusque 
sur  la  Moselle  d'un  côté,  ou  jusque  sur 
la  Provence  de  l'autre.  S'il  pénètre  par 
Strasbourg,  Mayence  ouValenciennes, 
il  en  est  de  même-  l'occupation  de 
Paris  serait  impossible  ou  du  moins 
très  hasardeuse,  tant  qu'une  armée 
française  intacte  resterait  basée  sur  sa 
ceinture  de  places  fortes.  II  en  est  au 
reste  de  même  pour  toutes  les  con- 


(1)  Dix  aos  aprèi  celte  première  réftitalion 
de  Bttlow,  la  retraite  concenirique  de  Barclny 
et  de  Bagration  saava  l*armée  ru9sc;  bien 
qii*eUe  n'empêcha  pas  d'atK>rd  les  succès  de  Na- 
poléon, elle  fm  la  première  eauie  de  >à  perte. 

(IJ'Paw  ira»  M  cptailf»  ji  iWP^iv  Mi  ii»r« 


trécs  ayant  doubles  fronts  d*opéi 
tions  (1). 

Lorsqu'une  armée  se  met  en  re- 
traite ,  par  quelque  motif  que  ce  soit, 
il  y  a  nécessairement  aussi  une  pour^' 
suite. 

La  retraite,  même  la  mieux  ordon-^ 
née,  exécutée  avec  une  armée  intacte, 
donne  toujours  un  avantage  à  celui  qui 
poursuit;  mais  c'est  surtout  après  une 
défaite  et  d^ins  des  contrées  éloignées 
que  la  retraite  devient  toujours  l'opé- 
ration la  plus  épineuse  de  la  guerre, 
et  ses  difficultés  s'accroissent  propor- 
tionnellement à  l'habileté  que  l'ennemi 
déploiera  dans  sa  poursuite. 

On  peut  difficilement  donner  des 
règles  absolues  sur  tous  les  cas  qu^uoe 
poursuite  peut  présenter,  mais  il  faut 
reconnaître  : 

Qu'en  thèse  générale,  il  est  avanta- 
geux de  la  diriger  sur  le  flanc  des  co- 
lonnes plutôt  que  sur  la  queue,  surtout 
quand  on  est  dans  son  propre  pays,  et 
que  l'on  peut  sans  danger  prendre  une 
direction  diagonale  ou  même  perpen- 
diculaire h  la  ligne  d'opérations  de 
l'adversaire.  Toutefois,  il  ne  faudrait 
pas  se  laisser  entraîner  à  des  mouve- 
mens  trop  larges,  qui  feraient  perdre 
la  trace  de  l'ennemi  ; 

Qu'il  est  aussi  généralement  conve- 
nable de  mettre  dans  la  poursuite  le 
plus  d'activité  et  d'audace  possible, 
siKtout  quand  elle  est  le  résultat  d'une 
bataille  gagnée,  parce  que  la  démo- 
ralisation entraîne  la  perte  de  l'armée 
battue  ; 

Qu'il  est  peu  de  cas  où  il  soit  sage 
de  faire  un  pont  d'or  à  Tennemi,  quoi 

cet  k  peu  prés  égalei;  li  l*année  envabissanle 
est  le  double  plus  forte ,  alors  elle  peut  suivre, 
avec  la  moitié  de  ses  iroupcs.  celle  qui  se  relire 
parallèleinent.  et  porter  Tautre  moiié  sur  li 
capitale;  mais  à  forces  égalesi  cela  serait 
possible. 


M  Là  aiU2t0fi  TACTMiUJ£  BT  DH&  BA TAILLES. 


897 


qu'eo  dise  l'ancien  adage  romain;  cela 
ne  peut  guère  arriver  que  dans  les  oc- 
casions où  uneSrmée  inférieure  en 
forces  aurait  remporté  un  succès  près* 
que  inespéré. 

Un  des  moyens  les  plus  sûrs  de  bien 
exécuterune  retraite,  c'est  de  familiaf- 
riser  les  officiers  et  les  soldats  avec 
l'idée  que,  de  quelque  côté  que  vienne 
fennemi ,  ils  ne  courent  pas  plus  de 
risque  en  le  combattant  en  queue  qu*en 
tète;  il  faut  aussi  les  persuader  que  le 
maintien  de  l'ordre  est  le  seul  moyen  de 
sauver  une  troupe  inquiétée  dans  une 
marche  rétrograde.  C'est  surtout  dans 
ces  occasions  que  l'on  peut  apprécier 
les  avantages  d'une  forte  discipline, 
qui  sera  dans  tous  les  temps  le  meil- 
leur garant  du  maintien  de  Tordre; 
mais,  pour  exiger  de  la  discipline ,  il 
importe  d'assurer  les  subsistances,  aOn 
d'éviter  que  les  troupes  se  débandent 
en  maraudant  (i). 

Si  on  passage  de  grande  rivière  offre 
tant  de  chances  délicates  lorsqu'on  est 
suivi  en  queue  par  l'ennemi,  c'est  une 
affaire  bien  scabreuse*  encore  quand 
l'armée  ne  trouve  assaillie  à  la  fois  en 
tête  et  en  queue,  et  que  la  rivière  à 
franchir  est  gardée  par  un  corps  im- 
posant. 

Le  passage  doublement  célèbre  de  la 
Bérézina  par  les  Français  est  un  des 
exemples  les  plus  remarquables  d'une 
pareille  opération  :  jamais  armée  ne  se 
trouva  dans  une  s^itualion  plus  déses- 
pérée et  ne  s'en  tira  plus  glorieuse- 
ment et  plus  habilement.  Pressée  par  la 
famine,  abîmée  par  le  froid,  éloignée 
de  cinq  cents  lieues  de  sa  base,  assaillie 
en  tète  et  en  queue  sur  les  bords  d'une 

(I)  Les  quaUiee  qui  dUllngueni  un  boa  gé- 
néral d'arrière  garde  ne  sont  pas  communes, 
dans  les  armées  méridionales.  Le  marécbat 
Ney  était  le  type  de  ce  que  l*on  pouvait  désirer 
é9  ^tts  parCûi  ea  c«  §»un. 


rivière  marécageuse  et  au  milieu  de 
vastes  forêts,  comment  espérer  qu'elle 
pût  en  échapper?  Sans  doute  elle  pnya 
cher  cet  honneur;  sans  doute  la  faute 
de  l'amiral  Tschitchagoff  contribua 
puissamment  à  la  tirer  d'embarras;  mais 
l'armée  n'en  fit  pas  moins  des  efforts  hé- 
roïques auxquels  on  doit  rendre  hom- 
mage. On  se  sait  ce  qu'il  faut  admirer 
le  plus,  du  plan  d'opérations  qui  ame- 
na les  armées  russes  du  fond  de  la 
Moldavie,  de  Moscou  et  de  PoJotsk, 
sur  la  Bérézina,  comme  à  un  rendez- 
vous  de  paix,  plan  qui  faillit  amener  la 
capture  de  leur  redoutable'ad  versai  re, 
ou  de  la  constance  admirable  du  lion 
ainsi  poursuivi,  et  qui  parvint  i  s'ou- 
vrir un  passage. 


sua  LA  LOGISTIQUE, 


•• 


AaT  FBATIQUB  0B  JUOUVOia  LES 

▲auÀfts. 

Quelques  mou  sur  la  logistique  en  généraL 


logistique  est-elle  uniquement 
une  science  de  détail?  Est-ce  au  coik^ 
traire  une  science  générale  formant  U14 
des  parties  les  plus  essentielles^  de  Yù\ 
de  la  guerre,  ou  bien  ne  serait-ce  qu  une 
expression  consacrée  par  Tusage  pour 
désigner  vaguemeot  les  diverses  bran» 
ches  du  service  de  Tétat-major,  c'est 
à-dire  les  divers  moyens  d'appliquer 
les  combinaisons  spéculatives  de  Ya^ 
aux  opérations  cfiectives? 

Ces  questions  paraîtront  singulières 
j  à  ceux  qui  sont  dans  la  ferme  persua- 
sion qu'il  n'y  a  plus  rien  à  dire  sur  la 
guerre,  et  qu  on  a  tort  de  chercher  de 
nouvelles  délinitions  lorsque  tout  leur 
semble  si  Mea  défini.  Pour  moi|  qui 

57 


f9S 


DB  LA  GRANDE   VACTIOI  L   i:T   DES  BATAILLES. 


mis  persuadé  que  de  bonnes  déflni-  1  tracer  anssi  tes  méthodes  les  plus  pro* 


tîons  amènent  la  clarté  de»  concep- 
tions, j'avoue  qne  je  suis  presque  em- 
barra>sé  de  résoudre  ces  questions  es 
app  »rence  si  simples. 

Le  mol  de  logistique  dérive,  eomme 
on  sait,  de  celui  de  major-génénrt  àes 
logis  (traduit  en  allemand  par  celui  de 
qnarliermeister).  esi)èce  d'officier$  qui 
avaient  jadis  la  fonction  de  loger  ou 
camper  les  tronpes,  de  diriger  le»  co- 
lonnes, de  les  placer  sur  le  terrain. 
Là  se  bornait  toute  la  logistique  qni , 
comme  on  le  voit ,  embrassait  néan- 
moins la  casiramétation  ordinaire.  Mais 
d*après  la  nouvelle  matiière  de  Mpe  la 
^erre  sans  camps,  le»  raouvemens  fu- 
rent plus  compliqués,  et  Tétat-major 
eut  aussi  des  aUributiens  plu»  élenT 
ducs.  Le  chef  de  l'état  major  fut  chargé 
de  transmettre  la  pensée  du  généra- 
lism*  sur  les  points  les  plus  éloignés  du 
thé«^tre  de  la  guerre,  de  toi  procurer 
des  documens  pour  asseoir  ses  opéra* 
tions.  Associé  à  toutes  ces  combinai- 

*«on«i,  appelé  à  les  transmettre,  à  les  ex- 
plii^uer,  et  même  h  en  surveiller  l'exé- 
cution dans  leur  ensemble  ainsi  que 
dans  leurs  moindres  détails,  ses  fonc- 
tions s'étendirent  nécessairement  .à 
toutes  les  opérations  d*une  campagne. 
L'ancienne  logistique  ne  saurait 
'  donc  suffire  pour  désigner  la  science 
de»  élats-majors,  et  les  fonction»  ac- 
tuelles de  ce  corps,  »i  l'on  tenait  k  lui 
donner  une  instruction  qui  répondit 
pleinement  à  son  but,  demanderaient 
encore  à  être  formulées,  partie  en 
corps  de  doctrines,  partie  en  disposi- 
tions réglementaires.  Ce  serait  aux 
gouvernemens  à  prendre  Tinitialiveen 

'  publiant  des  règlcmens  bien  mûris, 
qui ,  après  avoir  tra<'é  tous  les  devoirs 
ei  les  attributions  des  chefs  et  officiers 
4e  l'état-major,  seraient  suivis  d'une 

'    instruction  claire  et  précise  pour  leur 


près  à  bien  remplir  ces  devoiis. 

L'état-major  autrk^hien  «fait  jadis 
une  pareille  mstniÀion  régleiMii<p 
tarre,  maïs  un  peu  snranDée;  eUt  se 
trouvait  plus  appropriée  «m  vietUfs 
méthodes  qu'^u  système  noQveao. 
Quelques  généraux,  tels  que ThiébaoH, 
6rtmoard,  ont  mis  aa  jour  des  ma- 
Ruels  d'état-majer  ;  la  nouveau  eorps 
royal  de  France  a  fait  impriner  pb- 
sieufs  instruelions  partielles,  mais  on 
ensemble  satisfaisant  n'existe  encore 
nulle  part. 

S'il  est  reeoniio  que  l-aneiemie  lo- 
fislique  n'était  qu'une  adence  4e  ié- 
tails  pour  régler  le  matériel  éeê  nar- 
ches,  s^il  est  avéré  que  les  fonctkHis 
de  l'état-rmajor  embrassent  anjoiir- 
d'hni  les  combinaisons  les  plus  élevées 
de  la  stratégie,  il  faudra  admettre  aussi 
qne  la  logistique  n^est  plus  qu'une  par- 
celle de  la  science  des  états-majors,  ou 
bien  qu'il  faut  lui  donner  un  autre  dé- 
veloppement et  en  hire  une  sdedke 
nouvelle,  qui  ne  sera  pas  seulement 
celle  des  états-majors ,  nais  enoore 
celie  des  généraux  en  chef. 

Afin  de  nous  en  convaincre,  éno- 
mérons  les  points  principaux  qi'elle 
devra  embrasser  pour  comprendre  tbat 
ce  qui  se  rapporte  aux  mouvemens  de» 
armées  et  aux  entreprises  qui  en  ré- 
sultent : 

i"  Faire  préparer  d'aranee  tous  les 
objets  matériels  nécessaires  pour  met- 
tre l'armée  en  mouvement,  c'est-à- 
dire  pour  ouvrir  la  campagne.  Tracer 
les  ordres,  instructions  el  tfînéraircs 
(MaQichroute)  pour  la  rasseoibler  et  la 
meftf%  ensuite  en  action. 

2*  Bien  rédiger  tons  les  ordres  da 
général  en  chef  pour  les  diverses  en- 
treprises, de  même  que  les  projets 
d'attaque  pqm*  les  combats  prévuf  oa 
prémédiitéf. 


I 


H  M  WAm»  TACTiQVfi  ti  pn  f^;r4tirWL- 


m 


3^  Conosrter  avec  les  chefs  do  géni9 
et  de  l'arUllerie  les  mesures  à  prendre 
poar  meltre  à  l'abri  les  différens  ppstes 
nécessaires  à  réiabUssemeMl  des  dé- 
pôts, comme  ai^i  ceux  qu'il  convien- 
drait de  fortifier  à  reRl^t  d?  faciliter  les 
opérations  de  l'armée. 

t.0  Ordooner  et  diriger  les  reconnais- 
aancesde  toiite  espèce^  et  procurer, 
tant  par  ce  moyea  que  par  llespion-* 
nage,  les  rfîfiseignemefis  aussi  exacts 
que  possible  des  positions  ctdQS  niou- 
Temeiis  de  rennemi. 

i*  Prendre  toutes  les  n^^ures  aSu 
de  bien  combiner  les  iBouvemens  or- 
donnés par  le  géné/al  en  chef.  Con- 
certer la  marche  des  diverses  colonnes» 
«fin  qu'elle  se  fasse  avec  prdre  et  en- 
semble ;  s'aawer  que  tpus  les  moyens 
usités  pour  rendre  cette  marche  i  la 
fois  aisée  et  sûre,  soient  préparés  à 
cet  effet  ;  régler  le  mode  et  le  moment 
des  halles* 

o""  Bien  composer,  et  bien  diriger  par 
de  bonnes  iostructions ,  les  avant-gar* 
'des  ou  arrière-gardes,  ainsi  que  les 
corps  détachés,  soit  comme  flanqueurs, 
soit  avec  d'autres  destinations.  Munir 
ces  différens  corps  de  tous  les  objets 
nécessaires  pour  remplir  leur  mission. 

7^  Arrêter  les  formules  et  inslruc^ 
tions  aux  chefs  des  corps  ou  à  leuri» 
états-majors,  pour  diverses  méthodes 
de  répartir  les  troupes  dans  les  colon- 
nes à  portée  de  l'ennemi  «  de  même 
que  pour  les  former  le  plus  convenable- 
ment,  lorsqu'il  faudra  se  mettre  en  li- 
gne pour  combattre,  selon  la  natpre  de 
terrain ,  et  l'espèce  d'ennemi  à  laquelle 
on  aura  affaire  (1). 

8*  Indiquer  aux  avant-gardes  et  au- 
tres corps  détachés,  des  points  de  ras- 
semblement bien  choisis,  pour  )e  cas 

(11  II  8'«a^t  '^'  d'iQ.«truciion$  et  rormujes  gé- 
nérale «  et  non  répétées  pour  chaque  mouve- 
mtvX  journalier;  ce  qai  ferait  impraticable. 


où  ils  seraient  attaqués  par  des  forces 
supérieiu'es,  et  leur  faire  connaître  quel 
appui  ils  peuyent  se  flatter  de  trouver 
au  besoin. 

9'  Ordonner  et  surveiller  la  marche 
des  parcs  d'équipages,  de  munitions, 
de  vivres  etd'ambulapçes,  tant  dans  les 
colonnes  que  sur  les  derrières,  d^  ma- 
nière i  ce  qu'ils  ne  gênent  point  les 
troupes  teut  en  restant  à  leur  proxi- 
n^ité  ;  prendre  les  mesures  d'ordre  ef 
de  «i^reté,  soit  en  marche,  soit  dans  le) 
gîtes  et  wagenburg  (  barricades  de  cha- 
riots), 

IQ*  Tenir  la  main  à  l'arrivage  suc- 
cessif des  convois  destinés  ^  rempla- 
cer Içs  vivres  ou  munitions  ron>6m- 
mées.  Assurer  |a  réunion  de  tous  les 
moyens  de  transport  tant  du  pays  quf 
de  l'armée,  et  en  régler  l'emploi. 

11''  Diriger  rétabllsseiuent  des  eampS 
et  régler  le  service  pour  leur  sûreté, 
l'ordre  et  la  police. 

12»  Établir  et  organiser  les  lignés 
d^opérations  et  lignes  d'étapes  de  Tar- 
mée,  ainsi  que  les  communications  des 
corps  détachés  avec  cette  ligne  ;  dési- 
gner des  officiers  capables  pour  or- 
ganiser et  commander  les  derrières  df 
l'armée ,  y  veiller  à  la  sûreté  des  déta- 
chemens  et  convois ,  les  munir  de  bon* 
nés  instructions,  veiller  aussi  à  l'entre* 
tien  des  moyens  de  communication  en- 
tre l'armée  et  sa  base. 

13"*  Organiser  sur  cette  ligne  les  dé- 
pôts de  convalescens,  d'éclopés^  de 
malingres;  les  hôpitaux  mobiles,  les 
ateliers  de  confection  ;  pourvoir  à  leur 
sûreté. 

ik^  Tenir  note  exacte  de  tous  les 
détachemens  formés,  soit  sur  les  flancs, 
soit  sur  les  derrières  ;  veiller  à  leur  sort 
et  à  le^r  rentrée  aussitôt  qq'ils  ne  sè- 
ment plus  oécessaires;  leur  donner 
su  besoin  un  centre  é'aaiion  et  m%  ftm 
mer  des  réserves  stratégiquat. 


900 


DS  LA  GàAUDB  TA€T1QI£  ET  DBS  llAtAItLBi. 


lô*  Organiser  les  bataillons  ou  com- 
pagnies de  marche  pour  réunir  en  fais- 
ceau les  hommes  isolés  ou  petits  déta* 
chemens  allaat  de  l'armée  à  la  base 
d'opérations,  ou  de  cette  base  à  l'ar- 
mée. 

16'  En  cas  de  sièges,  ordonner  et 
surveiller  le  service  des  troupes  dans 
les  tranchées,  se  concerter  avec  les 
chefs  du  génie  sur  tous  les  travaux  à 
prescrire  à  ses  troupes,  et  sur  leur  con- 
duite dans  les  sorties  comme  dans  les 
assauts. 

17*  Prendre*  dans  les  retraites,  les 
mesures  de  précaution  nécessaires 
pour  en  assurer  Tordre;  placer  les 
troupes  de  relai  qui  devront  soutenir 
et  relever  celles  de  l'arrière-garde  ; 
charger  des  officiers  d'état-major  in- 
telligons  de  la  reconnaissance  de  tous 
les  points  où  les  arrière-gardes  pour- 
raient tenir  avec  succès  pour  gagner 
dji  temps  ;  pourvoir  d'avance  à  la  mar- 
che des  Impedimenta ,  aOn  de  ne  rien 
abandonner  du  matériel  ;  y  maintenir 
sévèrement  l'ordre  et  prendre  les  pré- 
cautions pour  veiller  à  leur  sûreté. 

18*  Pour  les  cantonnemens,  en  faire 
la  répartition  entre  les  différens  corps, 
indiquer  à  chacun  des  corps  d'armée  la 
place  d'alarme  générale,  leur  prescrire 
les  mesures  de  surveillance  et  tenir  la 
main  à  ce  que  les  règlemens  s'exécu- 
tent ponctuellement. 

A  Texamen  de  cette  vaste  nomen- 
clature, que  Ton  pourrait  encore  gros- 
sir de  bien  des  articles  minutieux, 
chacun  se  récriera  que  tous  ces  devoirs 
sont  autant  ceux  du  généralissime  que 
ceux  de  Fétat-major;  c'est  une  vérité 
que  nous  venons  de  proclamer  tout  à 

(i)Lescbefkderartinerie.  da  génie  et  de  Fad 
minlttritioB.  prétendent  tout  Irtvaiilter  a?ee  le 
féoérat  en  chef  ci  non  tvec  le  gImI  d*état-aie- 
jor.  Rien  aiM  do«le  ne  doit  eopècker  ces  rap- 
fiorta  direcif  de  eea  autorités  avec  le  général  en  ] 


l'heure,  mais  il  est  incoulestable 
que  c'est  précisément  pour  que  le  gé- 
néral en  chef  puisse  vouer  tons  ses 
soins  à  la  direction  suprême  des  opéra- 
tions, qu'on  lui  a  donné  un  état-major 
chargé  des  détails  d'exécutioB ,  dès  lois 
toutes  leurs  attributions  sont  néces- 
sairement en  communauté,  et  malheur 
à  l'armée  quand  ces  autorités  cessent 
de  n'en  faire  qu'une  ;  cela  n*arrîve  ce^ 
pendant  que  trop  fréquemment,  d'a- 
bord parce  que  les  généraux  sont  hom- 
mes et  qu'ils  en  ont  tous  les  défauts; 
ensuite,  parce  qu'il  ne  manque  pas 
dans  l'armée  d'intérêts  ou  de  préten- 
tions en  rivalité  avec  les  chefs  d'état- 
major  (1). 

Avant  de  quitter  cet  intéressant  su- 
jet ,  je  crois  devoir  rapporter  quelques 
évènemens  remarquables  pour  faire 
apprécier  toute  l'importance  d'une 
bonne  logistique  :  l'un  est  le  rassem- 
blement  miraculeux  de  l'armée  fran- 
çaise dans  les  plaines  de  Géra,  en 
1806  ;  le  second  est  l'entrée  en  cam- 
pagne de  1815. 

Dans  l'un  et  l'autre  de  ces  évène- 
mens. Napoléon  sut  faire  affluer,  avec 
une  précision  admirable ,  sur  le  point 
décisif  de  la  zone  d'opérations,  ses  co- 
lonnes, qui  étaient  parties  des  points 
les  plus  divergens,  et  assura  ainsi  le 
succès  de  la  campagne.  Le  choix  de  ce 
point  décisif  était  une  habile  combi- 
naison stratégique,  le  calcul  des  mou- 
vemens  fut  une  opération  logistique 
émanée  de  son  cabinet.  Long-temps, 
on  a  prétendu  que  Berthier  était  Tar- 1 
tisan  de  ces  instructions  conçues  avec  ' 
tant  de  précision ,  et  transmises  ordi^ 
nairement  avec  tant  de  lucidité  ;  j'ai 

cher;  mais  U  doit  travailler  avec  eUeaeo  fr^'% 
sence  du  chef  d'état-m^or,  et  lai  renvojer 
loate  leur  correspondanec,  anlrement  11  y  aaralt 
confusion. 


Vm  tk  GlANDB  TACTIQUE  ET  DES  BATAILLES. 


oot 


eu  cent  occasions  de  m'assurer  de  ia 
fausseté  de  celte  assertion.  L'empe- 
leur  était  lui-même  le  vrai  cbef  de 
son  état-major:  muni  d*un  compas 
ouvert  à  une  échelle  de  sept  à  huit 
lieues  en  ligne  directe  (ce  qui  suppose 
toujours  neuf  à  dix  lieues  au  moins 
par  les  sinuosités  des  routes],  appuyé  et 
quelquefois  couché  sur  sa  carte,  où  les 
positions  de  ses  corps  d'armée  et  celles 
présumées  de  Tennemi  étaient  mar* 
quées  par  des  épingles  de  diDTérentes 
couleurs,  il  ordonnait  ses  mouvemens 
avec  une  assurance  dont  on  aurait 
peine  à  se  faire  une  juste  idée.  Prome- 
nant son  compas  avec  vivacité  sur  cette 
carte,  il  jugeait  en  un  clin-d'œil  le 
nombre  de  marches  nécessaires  à  cha- 

• 

cun  de  ces  corps  pour  arriver  au  point 
où  il  voulait  Vavoir  à  jour  nommé; 
puis  plaçant  ses  épingles  dans  ces  nou- 
veaux sites,  et  combinant  la  vitesse  de 
la  marche  qui!  faudrait  assigner  à  cha- 
cune des  colonnes*  avec  Tépoque  pos- 
sible de  leur  départ,  il  dictait  ces  ins- 
tructions qui ,  è  elles  seules ,  seraient 
nn  titre  de  gloire. 

C'est  ainsi  qu'en  1806,  Ney  venant 
des  bords  du  lac  de  Constance,  Lannes, 
de  la  Haute-Souabe,  Soult  et  Davoust , 
de  la  Bavière  et  du  Palatinat ,  Berna- 
dotte  et  Aujgereau,  de  la  Franconie, 
et  la  garde  impériale  arrivant  de  Pa- 
ris, se  trouvèrent  en  ligne  sur  trois 
routes  para'dèles  débouchant  à  la 
même  hauteur,  entre  Saaifeld,  Géra 
et  Plauen ,  quand  personne  dans  l'ar- 
mée,  ni  en  Allemagne,  ne  concevait 
rien  à  ces  mouvemens  en  apparence  si 
complijiiés  (1). 

De  ifiême  en  1815,  quand  Blucher 
ipanlonnait  entre  la  Sambre  et  le  Rhin , 


'  (f)  Ttn  eicepie  tdotefois  le  petit  nomliR 
^Mdm  e^MMri»  Imvéàétfmt  par  ^wlefie 


jiT^^M^  pf^eeo^we» 


et  que  lord  WeIlingtoi|^onnait  ou  re- 
cevait des  fêtes  h  Bruxelles,  attendant 
l'un  et  l'autre  le  signal  d*envahir  la 
France ,  Napoléon ,  que  l'on  croyait  à 
Paris  tout  occupé  de  cérémonies  poli- 
tique.s  d'apparat,  accompagna  de  sa 
garde,  qui  venait  à  peine  de  se  refor- 
mer dans  la  capitale,  fondait  comme 
réclair  sur  Charleroi  Qt  sur  les  quar- 
tiers de  Bluiher,  avec  des  colonnes 
convergeant  de  tous  les  points  de  l'ho- 
rizon pour  arriver,  avec  une  rare  ponc- 
tualité, le  14  juin  dans  les  plaines  de 
Beaumont ,  sur  les  bords  de  la  Sambre. 
(Napoléon  n'était  parti  que  le  12  de 
Paris.) 

La  combinaison  de  ces  deux  opéra- 
tions re4)osait  ^ur  un  habile  calcul  stra- 
tégique, mais  leur  exécution  fut  in- 
contestablement un  chef-d'œuvre  lie 
logistique.  Pour  faire  juger  le  mérite 
de  pareilles  mesures,  je  rapporterai, 
en  opposition  avec  elles,  deux  circons- 
tances ou  des  fautes  de  logistique  fail- 
lirent devenir  fatales.  Napoléon  »  rap- 
pelé d'Espagne  en  1809 ,  pnK  les  ar- 
memens  de  l'Autriche,  et  certain  d'a- 
voir la  guerre  avec  cette  puissance , 
dépêcha  Berthier  en  Bavière ,  avec  la 
mission  délicate  de  rassembler  Far- 
mée,  toute  disséminée  depuis  Braunaa 
jusqu'à  Strasbourg  et  Er^urt.  Davoust 
revenait  de  cette  ville  ^  Oudinot  de 
Francfort;  Masséna,  en  route  pour 
l'Espagne,  rétrogradait  por  Strasbourg 
sur  Ulm  ;  les  Saxons ,  les  Bavarois  et 
les  Wurtembergepis  quittaient  leurs 
pays  respectifs.  Des  distances  immen- 
ses séparaient  ainsi  ces  corps ,  et  les 
Autrichiens,  réunis  depuis  long-temps, 
pouvaient  aisément  percer  cette  toile 
d'araiguée  et  en  détruire  ou  disperser 
I  les  lambeaux.  Napoléon ,  justement  in- 
I  quiet ,  ordonna  à  Berthier  de  rasseifl- 
!  hier  l'armée  a  Ratisbonne.  si  la  guerre 
p'éi^il  pifS.  cpwmepr^  à  son  arrivée  ; 


i 


902 


DB  LA  GRANDES  TACTIQUE  ET  DES  BATAILLES. 


mais  dans  le  cas  CoDtrafre,  de  la  réunir   avant  Wagram  ;  les  mesures  pour  fiif« 


plus  en  arrière  vers  Ulra. 

La  cause  de  celte  double  alternative 
n'était  pas  difflclle  à  pénétrer:  si  la 
guerre  était  conimeni.*ée,  Ratisbonne 
se  trouvait  trop  près  de  la  frontière 
d'Autriche  pour  l'assigner  comme  ras* 
semblemet.t .  car  les  corps  pourraient 
venir  se  jeter  isolément  au  milieu  de 
deux  cent  mille  ennemis;  en  flxant  la 
réunion  i  Utm,  Tarmce  serait  concen- 
trée plus  tôt,  ou  du  moins  Tennemi 
aurait  cinq  à  six  marches  de  plus  à 
faire  pour  l'atteindre ,  ce  qui  était  an 
point  capital  dans  la  situdliou  respec* 
tive  des  deux  partis. 

t\  ne  fallait  pas  ètte  un  génie  pour 
comprendre  la  chose;  cependant,  les 
hostnités  n'ayant  commencé  que  quel- 
ques jours  après  l'arrivée  de  Berthier 
à  Munich,  H  eut  la  bonhomie  de  s'at- 
tache rlittéralement  à  f ordre  reçu , 
sans  en  expliquer  l'intention  mani- 
feste ;  non  seulement  i!  persista  à  réu- 
ï\h  Varméé  à  Ratisbonne,  mais  il  fit 
même  retourner  sur  cette  ville  Da- 
voust ,  qui  avait  eu  le  bon  esprit  de 
se  rabattre  d'Amberg  sur  la  direction 
d'Ingolstadf. 

Heureusement  Napoléon ,  averti  en 
vingt-quatre  heures,  par  le  télépraphe, 
du  passage  de  l'Inn  arriva  comme 
réclair  à  Abensberg,  an  moment  oà 
Da voust  allait  se  trouver  ravestf  et 
j'aruiée  scindée  ou  morcelée  par  une 
masse  de  cent  quatre-vingt  mille  en- 
nemis. On  sait  par  quel  prodige  il  (a 
rallia  et  trionipha,  dans  les  cinq  jour- 
nées glorieuses  d' Abensberg,  de  Sie- 
genbourg ,  de  Landshut,  d'Ectmuhl  et 
de  Ratisbonne.  qui  réparèrent  les  fau- 
tes de  logistique  de  son  chef  d^état- 
q^jor. 

Nous  terminerons  ces  citaflofis  par 
les  évènemens  qui  précédèrent  et  ao- 
•ompagnérenl  te  passage  du  Datlube 


arriver  à  point  nommé,  dans  l'Ile  de 
Lobau ,  le  corps  du  vice-roi  d'Italie 
vetiant  de  la  Hongrie,  celui  de  llar- 
mont  venant  de  la  Sty rie,  et  celui  de 
Bernadotté  venant  de  Lînz,  sont  moiiy 
étonnantes  encore  que  le  fameux  ar- 
rêté ou  décret  impérial  en  trente-ua 
articles,  qui  réglait  les  détails  du  pas- 
Sfige  et  de  la  formation  dans  les  plaines 
d'Enzersdorf,  en  présence  de  cent 
quarante  mille  Autrichiens  et  de  cinq 
cents  pièces  de  canon ,  comme  s'il  ^ 
fût  agi  d'une  fôte  militaire.  Toutes  ces 
masses  se  trouvant  réunies  dans  Tile,  le 
k  juillet  au  soir,  trois  ponts  sont  jetés 
en  un  clin  d'œil  sur  un  bras  du  Danube 
de  soixante-dix  toises,  par  la  nuit  la 
plus  obscure  et  au  milieu  de  torrens  de 
pluie  ;  cent  cinquante  mille  hommes  y 
dédient  en  présence  d'un  ennemi  re- 
doutable, et  sont  formés  avant  midi 
dans  la  plaine,  à  une  ïieuc  en  avant 
des  ponts  qu'ils  couvrent  par  un  chan- 
gement  de  front;  le  tout  en  moins  de 
temps  qu'il  n'en  eût  fallu  pour  le  faire 
dans  une  manœuvre  d'instruction  ré- 
pétée à  plusieurs  reprises.  A  la  vérité, 
rennemi  avait  résolu  de  ne  disputer  le 
passage  que  faiblement ,  mais  on  H- 
gnorait ,  et  le  mérite  des  dispositions 
prises  n'en  est  pas  moins  manifeste. 

Un  exemple  non  moinà  extruordi- 
naire  de  Timportance  des  mesures  de 
bonne  logistique,  fut  donJié  à  la  ba- 
taille de  Leipzig.  En  recevant  cette  ba- 
taille, adossé  à  un  déQlé  comme  celd 
de  Leipzig,  et  à  des  prairies  lK>iaées, 
coupées  de  petites  rivîèfes  et  de  jar- 
dins, il  eût  été  important  de  jél6f  ^and 
nombre  de  petits  poni<,  d'ouvrir  des 
abords  pour  y  arriver,  et  dé  jalonner 
ces  chemins  ;  cela  n'eût  paa  empêché 
la  perte  d'um  bttai^e  décisive^  mais 
6»eÉt  mai9é  hmt^  mmakm  é'tmmmM, 
de  canons  et  de  caisaduv,*  <|«i  Mr^it 


DK  tA  érfASoè  +AfctiQriî  tet  bc*  bataiiibs. 


aWffdcfhhés  faute  d'ordre  é  dl^Siïeâ 
pour  se  retirer.  L'explosion  inconcé- 
vaWe  du  pont  de  Liiulcnau  fut  (éga- 
lement le  résultat  d'une  insouciance 
impardonnable  de  Tétat-major,  qui  du 
reste  n'existait  plus  que  de  nom  dans 
Tarmde,  grâce  è  \û  manière  dont  Ber- 
thier  le  composait  et  le  traitait.  D'ail- 
leurs, a  faut  en  convenir.  Napoléon , 
qui  entendait  parf.iitement  la  logisti< 
que  pour  organiser  une  irruption,  n'a- 
vait j^imais  songé  à  une  mesure  de  pré- 
caution pour  le  cas  d'une  défaite,  et 
quand  il  était  présent ,  chacun  se  re- 
posait sur  l'empereur,  comme  s'il  eût 
dû  lui-même  tout  ordonner  et  tout  pré- 
voir. 

En  voilà  a«*sex  pour  faire  apprécier 
toute  riciduence  qu'une  bonne  logis- 
tique peut  avoir  sur  les  opérations  mi- 
litaires. 


Des  reconnaissances  et  autres  moyens  de  bien 
Coaoallre  le»  mouvetncns de  leonemi. 

Un  des  moyens  leé  plus  important 
pour  bien  combiner  d'habileâ  manœu- 
vres de  guerre,  serait  sans  contredit 
de  ne  jamais  les  ordonner  que  sur  une 
connaissance  exacte  de  ce  que  ferait 
l'ennemi.  En  effet,  comment  savoir  ce 
que  Ton  doit  faire  soi-même ,  si  Ton 
ignore  ce  que  fait  l'adversaire.  Mais 
autant  celte  connaissance  serait  déci- 
sive, autant  il  est  difficile,  pour  ne  pas 
dire  impossible,  de  l'acquérir;  et  c'est 
précisément  là  une  des  causes  qui  ren- 
dent la  théorie  de  la  guerre  si  diflerente 
de  la  pratique. 

C'est  de  là  que  viennent  tous  les  mé- 
comptes des  généraux  qui  ne  sont  que 
des  hommes  instruits  sans  avoir  le  gé- 
nie naturel  de  la  guerre,  ou  sans  y  sup- 


9(3 

grande  habitude  de  diriger  des  opéra- 
tions militaires.  Il  est  toujours  nisé,  en 
sortant  des  banrs  d'un»»  académie,  de 
faire  un  projet  pour  déborder  une  aile, 
pour  menacer  les  communications  de 
l'armée  lorsqu'on  agit  pour  les  deux 
partis  en  môme  temps  et  qu'on  les  dis- 
pose à  Son  gré,  soit  sur  une  carte  géo- 
graphique, soit  sur  un  plan  de  terrain 
simulé;  maïs  quand  onaaflïnreà  un 
adversaire  habile,  actif,  entreprenant, 
et  dont  tous  les  mouvemtns  sont  une 
énigme,  alors  l'embarras  commence, 
et  c'est  ici  que  se  montre  la  médiocrité 
d'un  génénd  ordinaire,  dénué  de  toute 
étude  des  principes. 

Il  y  a  quatre  moyens  pour  parvenir 
à  juger  les  opérations  d'une  armée  en- 
nemie :  le  premier  est  celui  d'un  es- 
pionnage bien  organisé  et  largement 
payé  (recommander  l'espionnage  pa- 
raîtra une  œu\re  impie  aux  so<  gcs- 
creux  philanthropes,  mais  je  les  prie 
de  rie  pas  oublier  qu'il  s  agit  d'épier 
les  itiouvemens  d'une  armée  et  non 
de  délation);  le  secoj.d  est  celui  des 
reconnaissances  faites  par  d'habiles 
officiers  et  des  corps  légers  ;  le  troi- 
sième consiste  dans  les  renseignemens 
qu*on  pourrait  obtenir  des  prisonniers 
de  guerre  ;  le  quatrième  eht  celui  d'é- 
tablir soi-même  les  hypotiiéses  qui 
peuvent  être  les  plus  vraisemblables 
d'après  deux  bases  diflV»rentes.  Eidin, 
il  est  un  cinquième  moyen,  celui  des 
signaux  ;  quoiqu'il  s'applique  plutôt  à 
indiquer  la  présence  de  Tennemi  qu'à 
juger  de  ses  projets,  il  peut  être  rangé 
dans  la  catégorie  dont  nous  nous  oc- 
cupons. 

Pour  tout  ce  qui  se  passe  dans  l'in- 
térieur de  l'armée  ennemie,  l'espion- 
nage semble  le  plus  sûr,  car  une 
reconnaissance»  quelque  bien  faite 
qu'elle  soit,  ne  peut  donner  uucune 


pléer  par  le  coupnl'œil  exercé  que  peut 

donner  une  longue  expérience  el^one  1  idée  de  ce  qui  se  passe  au-delà  de  Ta* 


?K); 


DR  LA  GRANDS  TACTIQini  BT  MS  BATAOUS. 


vant-rrnrdc.  Coin  ne  vent  pas  dire  qu'il 
n'en  faille  pas  faire ,  car  il  faut  tenter 
tous  les  moyens  de  se  bien  instruire  ; 
mais  cela  veut  dire  qu'il  ne  faut  pas 
compter  sur  leur  résultat.  Il  en  est  de 
même  des  rapports  des  prisonniers  de 
guerre,  ils  sont  souvent  utiles,  et  le 
plus  souvent  il  serait  fort  dangereux 
d'y  ajouter  foi.  En  tout  cas,  un  état- 
major  habile  ne  manquera  pas  de  choi- 
sir quelques  officiers  instruits  qui , 
chargés  de  ce  service  spécial,  sauront 
diriger  leurs  questions  de  manière  à 
démëItT  parmi  les  réponses  ce  qu'il 
peut  être  important  de  savoir. 

Lorsque  les  armées  campaient  sous 
la  tente,  presque  entièrement  réunies, 
alors  les  nouvelles  de  l'ennemi  étaient 
plus  certaines,  car  on  pouvait  pousser 
des  partis  jusqu'en  vue  de  leur  camp, 
et  les  espions  pouvaient  rendre  compte 
de  tous  les  mouvemens  de  ces  camps. 
Mais  avec  Torganisation  actuelle  en 
corps  d'armée  qui  cantonnent  ou  bi- 
vouaquent, la  chose  est  devenue  plus 
compliquée,  plus  embarrassante,  et  en 
'résultat  presque  nulle. 


de  bons  services  lorsque  l'armée  de 
l'adversaire  est  conduite  par  un  grand 
capitaine  ou  un  grand  souverain,  mar- 
chant toujours  avec  la  majeure  partie 
de  ses  forces  et  réserves.  Tels  étaient, 
par  exemple,  l'empereur  Alexandre  et 
Napoléon  ;  lorsqu'on  parvenait  à  savoir 
où  ils  avalent  passé  et  quelle  direction  ils 
prenaient,  on  pouvait,  sans  s'arrêter 
au  détail  des  autres  mouvemens,  ju- 
ger à  peu  près  le  projet  qu'ils  avaient 
tn  vue. 

Un  général  habile  peut  suppléer  à 
Tinsuflisance  de  tous  ces  moyens  par 
dos  hypothèses  bien  posées  et  bien  ré- 
solues d'avance,  et  Je  puis  le  dire  avec 


suis  rarement  trompé  en  y  ayant 
cours. 

Il  nous  reste  à  dire  aussi  ce  que  Toh 
peut  obtenir  à  l'aide  des  signaux.  Il  y 
en  a  de  plusieurs  sortes,  et  à  la  tête  de 
toutes  on  doit  naturellement  placer  les 
télégraphes.  Ce  fut  h  l'idée  qu'il  eut 
d'établir  une  ligne  télégraphique  entre 
son  quartier-général  et  la  France,  que 
Napoléon  fut  redevable  de  ses  éton- 
nans  succès  de  Ilatisbonne,  en  1809.  H 
se  trouvait  encore  à  Paris  quand  Tar- 
mée  autrichienne  franchit  ï'Inn,  ven 
Braunau,  pour  envahir  la  Bavière  et 
percer  ses  cantonnemens.  Instruit  en 
vingt-quatre  heures  de  ce  qui  se  pas- 
sait à  deux  cent  cinquante  lieues  de 
lui,  il  se  jette  aussitôt  en  voiture,  et 
huit  jours  après  il  était  vainqueur  dans 
deux  batailles  sous  les  murs  de  Ratis- 
bonne;  sans  le  télégraphe  la  r^mpagoe 
était  perdue  :  ce  trait  suffit  pour  en  ap- 
précier l'importance. 

Un  essai  d'une  autre  nature  fut  teuté 
en  1791,  à  la  bataille  de  Fleurus,  où  le 
général  Jourdan  se  servit  d'un  aéros- 
tat pour  reconnaître  et   signaler  les 


L'cspionnige  peut  rendre  néanmoins   mouvemens  des  Autrichiens.  Je  uv 


sais  s'il  eut  lieu  de  s'applaudir  de  cet 
essai,  qui  ne  fut  plus  renouvelé,  bien 
qu'on  ait  prétendu  dans  le  temp»  qu'il 
avait  concouru  à  la  victoire,  ce  dont  je 
doute  fort.  Il  est  probable  que  la  diffi- 
culté d'avoir  un  aérostat  (out  prêt  à 
faire  son  ascension  au  moment  où  cela 
serait  opportun,  celle  de  bien  observer 
ce  qui  se  passe  ici-bas  quand  on  est 
ainsi  aventuré  dans  les  airs,  et  linsta- 
bililé  des  vents,  ont  pu  faire  renoncer 
à  ce  moyen.  £n  maintenant  le  ballon 
à  une  élévation  peu  considérable ,  en 
y  plaçant  un  officier  capable  de  bien 
juger  les  mouvemens  de  l'ennemi,  et 
en  perfectionnant  le  petit  nombre  de 


une  certaine  satisfaction,  ce  moyen  nt;  |  signaux  qu'il  faudrait  en  attendre,  il 
m'a  presque  jamais  manqué,  et  je  me  '  est  des  circonstances  où  l'on  en  tirorait 


tm  lA  OBAVD£  TACTIQUE  liT  DBS  'BATAI^W^ 


soD  chef,  il  faat  avouer  que  ce  sera  ^^' 
core  long-temps  un  problème  difficile 
a  résoudre;  et,  a  part  le  cas  d'un 
hourra  général ,  imprimé  à  toute  une 
ligne  par  le  pas  de  charge  répété  de 
proche  en  proche,  il  sera  toujours  dif- 
ficile d'appliquer  les  signaux  par  inslru- 
mens  à  d'autre  usage  qu'aux  tiraiP 
leurs  :  même  ces  hourras  généraux  ei 
spontanés  sont-ils  plutôt  TelTet  d'un, 
élan  des  troupes  que  le  résultat  d'un 
ordre  :  je  n'en  ai  tu  que  deux  exemples 
dans  treize  campagnes 


M   LA 


penl-êlre  quelque  fruit.  Toutefois,  la 
fumée  du  canon,  la  difliculté  de  distin- 
guer à  quel  parti  appartiennent  les 
colonnes  qu'on  voit  se  piouvoir  comme 
des  troupes  de  Lilliputiens,  rendront 
toujours  ces  rapports  fort  incertains  : 
nn  aéronaute  eût  été ,  par  exemple , 
assez  embarrassé  de  décider,  à  la  ba- 
taille de  Waterloo,  si  c'était  Grouchy 
ou  Blucher  qui  arrivait  par  Saint-Lam- 
bert. 

Il  est  une  espèce  de  signaux  plus  so- 
lides, ce  sont  ceux  qu'on  donne  par 
de  grands  feux  allumés  sur  les  points 
élevés  d'une  contrée:  avant  l'inven- 
tion du  télégraphe,  ils  avaient  le  mé- 
rite de  pouvoir  porter  rapidement  la 
nouvelle  d'une  invasion  d'un  bout  du 
pays  à  rentre.  Les  Suisses  s'en  ser- 
vaient pour  appeler  les  milices  aux  ar- 
mes. On  en  fait  aussi  quelquefois  usage 
pour  donner  l'alarme  aux  cantonne- 
mens  d'hiver  afin  de  les  rassembler 
dIus  promptement  :  ils  peuvent  d'au- 
tant mieux  servir  à  cet  elTel,  qu'il  suf- 
fit de  deux  ou  trois  variantes  dans  le 
signal  pour  indiquer  aux  corps  d'ar- 
mée de  quel  côté  l'ennemi  menace  les 
quartiers  plus  sérieusement,  et  sur 
quel  point  ils  doivent  effectuer  leur 
rassemblement.  Par  la  même  raison, 
ces  signaux  peuvent  convenir  sur  les 
côtes  contre  les  descentes. 

Enlin,  il  est  une  dernière  espèce  de 
signaux,  ceux  que  Ton  donne  aux 
troupes  pendant  l'action  à  l'aide  des 
instrumens  militaires;  comme  ils  ne 
touchent  pas  directement  au  sujet  que 
nous  traitons,  je  me  bornerai  â  obser- 
ver qu'on  les  a  perfectionnés  dans  l'ar- 
mée  russe  plus  que  partout  ailleurs.        (l)  Toui  ce  qui  concerne  le»  rormaUom  tp- 

Mais  tout  en  reconnaissant  de  quelle    pariieni  piuièi  h  la  logiMiqoe  qu'à  la  lacilque; 
\  1  «'»    A^  4.^..»^*  .,n    maii  j'ai  cru  que  ce  chapitre,  rédigé  àlDfl  de- 

importance  il  serait  de  trouver  "«l  J"„,,i^p,.„,%,,.a  ,|eo  rester idqailéu^ 
moyen  sûr  d'imprimer  un  mouvement  j  ^^  ^  rormaUon  dépend  de  remploi,  «i  rem- 
spontané  et  simultané  à  une  masse  de  pi^i  dépend  aoMi  an  peo  de  )a  formUon  it 
troupes  d'après  la  volonté  subite  dei  pim  fiimiliére  à  «n«  tnnde* 


FORMATION   DES   TROUPES 

POUR  ALLER  AD  COMRAT  (1), 

BT  M  &*BHPt.OI  PAKTlGOtnni  017  CÙMMaà  M» 

TMO»  Aumt. 

Deux  articles  essentiels  de  la  tacti- 
que des  batailles  nous  restent  a  exami- 
ner :  l'un  est  la  manière  de  disposer 
les  troupes  pour  les  cx)nduîre  au  com- 
bat; l'autre  est  l'emploi  des  différentes 
armes.  Bien  que  ces  objets  appartien- 
nent à  la  logistique  et  à  la  tactique 
secondaire ,  il  faut  avouer  cependant 
qu'ils  forment  une  des  principales  com- 
binaisons d'un  énéral  en  chef  lors- 
qu'il s'agit  de  livrer  bataille;  dès-lors 
ils  entrent  nécessairement  dans  lé 
plan  que  nous  nous  sommes  pro- 
posé. 

Ici  les  doctrines  devienneAt  moins 
fixes,  et  l'on  retombe  forcément  dans 
le  champ  des  systèmes;  aussi  n'est-ce 


•06 


M  LA  éilinm  TACTIQUE  Et  DES  BATAILLES. 


pas  sânS  étonnement  que  noua  avons 
TU  tout  récemment  un  deâ  écrivains 
modernes  les  plus  célèbres  prétendre 
que  la  tactique  est  flxée,  mais  que  la 
stratégie  ne  Test  pas ,  tahdift  que  c'est 
précisément  le  contraire. 

La  stratégie  se  compose  de  lignes 
géographiques  invariables,  dont  Tim- 
porlance  relative  se  calcule  d*après  la 
situation  des  forces  ennemies,  sllua-^ 
tion  qui  ne  peut  jamais  amener  qu*un 
peiit  nombre  de  variations,  puisque  tes 
forces  ennemies  se  trouveront  divisées 
ou  rassemblées,  soit  sur  le  centre,  soit 
sur  une  des  deux  extrémités.  Rien  de 
plus  possible  que  de  soumettre  des 
elâmeiM  si  simples  à  des  règles  déH- 
vant  du  principe  fondamental  de  la 
guerre,  et  tous  les  efforts  d'écrivains 
méCtdiIettx  pour  embrouiller  la  scienee 
en  voulant  la  rendre  trop  abstraite  et 
trop  eiacte ,  ne  sauraient  faire  naître 
an  douté  à  ce  sujet.  Il  en  est  de  même 
des  combinaisons  des  ordres  de  ba- 
tailles ,  qui  peuvent  être  soumises  à 
des  maximes  également  rapportées  au 
principe  général;  mais  les  moyens 
d'exécution,  c*est-à-dire  la  tactique 
proprement  dite,  dépendent  de  tant 
de  circonstances,  qu*il  est  impossible 
de  douner  des  règles  de  conduite  pour 
les  cas  innombrables  qui  peuvent  se 
présenter. 


ba^lactaiétft  Ûh  froopéi  âàiu  la  Itgne  de 

Mimé. 


Après  avoir  défini  ce  que  Ton  doit 
entendre  par  la  ligne  de  bataille,  il 
«onvioDl  de  dire  de  quelle  manière  el- 
leg  ae  formeol^  et  comment  les  diffi- 
reutéa  troupes  doîtent  y  être  répar- 
ties. 

Avant  la  révolution  française,  toute 


rihranterie,  formée  par  régimens  et 
brigades,  se  trouvait  réunie  en  un  seul 
corps  de  bataille,  subdivisé  en  pre- 
mière et  Seconde  lignea  qid  avaient 
chacune  leur  aile  droite  et  leur  aile 
gauche.  La  cavalerie  se  plaçait  ordi- 
nairement sur  les  deux  ailes,  et  Tar- 
tillerîe,  encore  très  lourde  à  cette  épo- 
qne,  était  répartie  sur  le  front  de  cha- 
que ligne  (on  tramait  du  canon  de  16. 
et  il  n'y  avait  pas  d'artillerie  à  chetal}. 
Alors  Tarmée,  Campant  toujours  réu- 
nie, se  mettait  en  marche  par  lignes 
ou  par  ailes,  et  comme  il  y  avait  deux 
ailes  de  cavalerie  et  deux  d'infanterie, 
si  l'on  marchait  par  ailes ,  on  formait 
ainsi  quatre  colonnes.  Quand  on  mar- 
chait par  lignes,  ce  qui  convenait 
surtout  dans  les  marches  de  flani-, 
alors  6n  ne  formait  que  deuï  colonnes, 
à  moins  que,  par  des  circonstances  lo- 
cales ,  la  cavalerie  ou  Une  |)ar(ie  de 
l'infanterie  eussent  campé  en  (roisièirie 
ligne,  ce  qui  était  rare. 

Cette  méthode  siitiplîtlait  ta  logisti- 
que, puisque  toute  la  disposition  con- 
sistait à  dire  :  «  Oh  marcher.i  dans 
x>  telle  direction  par  lignes  ou  par  ai- 
»  les,  par  la  droite  ou  par  1;^  gauche.  > 
On  sortait  rarement  de  cette  mono- 
tone, mais  simple  formation  «  et  dans 
l'esprit  du  système  de  guerre  qu'on 
suivait,  c'était  ce  qu'il  y  avait  de  mieux 
a  faire. 

La  révolution  française  amena  le 
système  des  division^,  qui  rompit  ta 
trop  grande  unité  de  l'ancienne  for- 
mation ,  et  donna  des  fractions  capa- 
bles de  se  mouvoir  pour  leur  propre 
compte  sur  toute  espèce  de  terrain,  ce 
qui  fut  un  bien  réel,  quoique  l'on  tom- 
bât peut-être  d'un  extrême  dans  ud 
autre,  en  revenant  presque  à  l'orga- 
nisation légionnaire  des  Romains.  Ces 
divisions ,  composées  ordinairement 
d'infanterie ,  d'artHlerie  et  de  cavale- 


DB  Uk  ÙkkKÙÉ  ikCnObt  tt  mi  feATAtlLCft. 


»0T 


rio,  manœuvrnient  et  combattûlènl  sé- 
parément; soît  qu'on  les  élendft  outre 
mesure  pour  les  faire  vivre  sans  hiaga- 
sins,  soit  qu'oti  eût  !â  manie  de  pro- 
longer sa  ligfie  dans  Tespoir  de  dé- 
border celle  de  l'ennemi ,  on  vit  sou- 
vent les  sept  otl  huit  divisions,  dont 
une  armée  se  composait,  marcher  de 
front  sur  autant  de  route!;,  à  quatre  ou 
cinq  Heoes  Tune  de  l'autre  ;  le  quar- 
tier-général Èé  phçùli  au  centre,  safis 
autre  réserve  que  cinq  ou  six  minces 
réglmens  de  cavalerie  de  trois  cents  à 
quatre  cents  chevaux  ;  en  sorte  que  si 
renne  mi  vendit  à  réunir  le  gros  de  ses 
forces  sur  nhe  de  ces  divisions  et  h  la 
battre ,  la  ligne  se  trouvait  percée ,  et 
le  général  en  chef,  n'ayant  aucune  ré- 
serve d*infanterie  sous  la  main ,  ne 
voyait  d'autre  ressource  que  de  se 
mettre  en  retraite  pour  rallier  ses  for- 
ces morcelées. 

Bonaparte,  dttns  sa  première  guerre 
d'Italie,  remédia  à  cet  inconvénient , 
tant  par  la  mobinté  et  la  rapidité  de 
ses  manœuvres,  qu'en  réunissant  tou- 
jours le  gros  de  ^es  divisions  sur  le 
point  ùik  le  coup  dédslf  devait  se  por- 
ter. 

Lorsqu'il  se  fut  placé  à  la  tête  de 
l'État,  «(  qu'il  vit  chaque  Jour  agrandir 
la  sphèfe  de  ses  moyens  et  celle  de  ses 
projeta,  If apotéoff  comprit  qn'tn/e  of- 
ganiaatioti  plus  forte  était  nécessaire; 
il  prit  donc  on  terme  moyeu  eotre 
l'aneieii  système  et  lé  tiouveau,  tout 
e»  conaérvftAt  FirTantage  de  l'orgalri- 
flili0fi  divi^iMas#e.  Il  forma ,  de»  h 
mmpÊiSÊm  de  1800,  âeê  eotp»  de  deux 
0V  Uokê  difistonA,  ipfn  plActf  sons  des 
liroiiimwii  géiiérant  pour  former  les 
riicA,  le  cMire  oo  It  léaerte  de  l'al^ 


Cl)  Ainsi  rarmée  du  Kkm  éUMcamposH  4e 
faile  droite,  loqi  Lecourbe,  trois  divi&ioos;  du 


Ce  Système  fut  définitivemcnl  ron- 
soildé  au  Camp  de  Boulogne ,  où  l'on 
orginîsa  des  corfis  d*arrtiéc  permà- 
nens  sous  des  fnaréchaux,  qui  com- 
mandaient trois  divisons  d'infanterie, 
une  de  cavalerie  légère,  et  trentè-Mi 
h  quarante  {iièces  de  canon  avec  déè 
sapeurs.  C'étaient  autant  de  petites  aN 
méeS ,  propres  ft  formcf*,  au  besoin  ; 
toute  entreprise  pdf  allés-mémes.  Là 
grosse  cavalerie  fut  réunie  en  une  forte 
réserve,  composée  de  deux  divisions 
de  Cuirassiers ,  qtiatre  de  dragons  et 
une  de  cavalerie  légère.  Les  grchàî- 
diers  réunis  et  la  garde  forfuérènt  Une 
belle  réserve  d'infanterie;  plus  tard, 
en  I8l3,  ta  cavalerie  fut  aussi  Organ}« 
sée  en  corps  de  trois  divisions,  afln  dto 
donner  plus  d'Unité  aux  màSseê  tOd^ 
Jours  Croissante^  de  cette  arme. 

Il  faut  en  convenir,  cette  organisa- 
tion laissait  peu  k  désirer,  et  cette 
graride  armée,  qui  Bt  èfffecttvément 
de  si  grandes  choses,  fut  biéntét  le 
type  sur  lequel  toute  l'Europe  se  mo- 
dela. 

Au  demeurant,  fa  meilleure  orgafit- 
sation  à  donner  è  une  armée  qui  entre 
en  campagne,  sera  long-temps  ertcore 
un  problème  de  logistique  à  résoudre , 
è  cause  de  la  difficulté  qu'on  éprouve 
à  la  maintenir  au  milieu  âei  évèrtë^ 
mens  de  la  guerre  et  des  détachemeits 
iircessans  qu'Ai  nécessitent  plus  ôu 
motna. 

La  graode  àntèé  de  Boulo^^ue,  que 
nous  venons  ie  dter,  en  est  la  preùte 
la  plus  éviâ«ti(e.  Il  aemMait  que  i^oh 
orgam'satldA  parfaite  dût  M  théUfé  à 
rabrt  de  tMiëà  les  ticisSHUdeir  possi- 

Mes.  Lé  eeiftref,  sou»  le  maréchéi 
BôqK;  ta  droite,  sou99tf6Mt;  la  gair- 
cfce,  Éùxii  Nefy  ;  lA  rési^rte,  soitS  Lari- 

laocke,  sons  SmiUrSuiaiiae.  deui  diviiioBs;  le. . 
génésal  cp  chef  avau  en  outre  troi>  divf»ioot*^ 


iiflir-tjF*,  trdb  dlfftttfai,  ^déUlét  r^rvé  sous  ses  ordres  (mmtifllfs 


J 


008 


m  LÀ  GRANDS  TJLCTIQCii   hT  DBS.  BATAILLES» 


nés,  présentaient  un  corps  de  bataille 
régulier  et  formidable  de  treize  divi- 
aions  d*iufanterie,  sans  compter  celles 
de  la  garde  et  des  grenadiers  réunis. 
Outre  cela,  les  corps  de  Bemadotte  et 
Harmont,  détachés  i  droite ,  et  celui 
d^AugcreaUy  détaché  à  gauche,  étaient 
disponibles  pour  agir  sur  les  flancs; 
mais  dès  le  passage  du  Danube,  à  Do- 
navert,  tout  ru(  interverti. 

U  sera  toujours  fort  difficile  de  don- 
ner une  organisation  tant  soit  peu  sta- 
}Ae  ;  cependant  il  semble  que  l'orga- 
nisation de  l'armée  en  quatre  frac- 
tions, savoir  :  deux  ailes,  un  centre  et 
une  réserve ,  est  la  seule  rationnelle. 
La  composition  de  ces  fractions  pourra 
varier  selon  la  force  des  armées  ;  mais 
nour  pouvoir  la  maintenir,  il  sera  in- 
dispensable d'avoir  un  certain  nombre 
de  divisions  hors  de  ligne,  pour  four- 
nir les  détachemens  nécessaires.  Ces 
divisions,  en  attendant  qu'elles  soient 
détachées,  pourraient  renforcer  l'une 
ou  l'autre  de  ces  fractions,  qui  serait 
la  plus  exposée  à  recevoir  ou  à  frapper 
de  grands  coups ,  ou  bien  on  les  em- 
ploierait, soit  sur  les  flancs  du  corps 
de  bataille,  soit  à  doubler  la  réserve. 
Chacune  des  quatre  grandes  fractions 
du  corps  de  bataille  pourra  ne  former 
qu'un  seul  corps  de  trois  à  quatre  di- 
visions, ou  bien  se  diviser  en  deux 
corps  de  deux  divisions.  Bans  ce  der- 
nier cas,  on  aurait  sept  corps,  en  n'en 
comptant  qu'un  pour  la  réserve  ;  mais 
il  faudrait  que  le  dernier  e&t  toujours 
trois  divisions,  aGn  que  le  centre  et  les 
ailes  eussent  chacun  leur  réserve. 

£n  formant  ainsi  sept  corps,  si  l'on 
n'en  avait  pas  toujours  quelques-uns 
hors  de  ligne  pour  fournir  les  détache- 
mens, il  arriverait  souvent  que  les 
corps  des  extrémités  se  trouveraient 
détachés ,  en  sorte  qu*il  ne  resterait 
pour  chaque  aile  que  deux  di^^tQns , 


dont  il  faudrait  même  parfois  dcU  b  r 
encore  une  brigade  pour  flanquer  la 
marche  de  l'armée ,  de  manière  qu*il 
n'y  resterait  plus  que  trois  brigades, 
ce  qui  ne  constitue  pas  un  ordre  de 
bataille  bien  fort. 

Ces  vérités  font  croire  qu'une  orga- 
nisation de  la  ligne  de  bataille  en  qua- 
tre corps  de  trois  divisions  d'infanterie 
et  une  de  cavalerie  légère ,  plus  trois 
ou  quatre  divisions  destinées  aux  dé- 
tachemens, serait  moins  sujette  i. va- 
rier qu'une  en  sept  corps  de  deux  di- 
visions. 

Du  reste,  comme  tout  dépend,  dans 
ces  sortes  d'arrangemens ,  de  la  force 
de  Tarmée  et  des  unités  qui  la  compo- 
sent, autant  que  de  la  nature  de  ses 
entreprises,  il  en  résulte  des  variantes 
multipliées  qu'il  serait  trop  long  de 
détailler  ici,  et  je  me  bornerai  à  tracer 
sur  la  planche  cigointe  les  principales 
combinaisons  que  présenterait  une  for- 
mation, selon  que  tes  divisions  seraient 
de  deux  ou  de  trois  brigades,  et  les 
corps  de  deux  ou  trois  divisions.  On  y  a 
tracé  la  formation  pour  deux  corps 
d'infanterie  sur  deux  lignes,  soii  Tun 
derrière  l'autre ,  scAt  l'un  à  côté  de 
l'autre. 

Ceci  nous  amènç  à  examiner  s'il 
peut  jamais  être  convenable  de  placer 
ainsi  deux  corps  l'un  derrière  l'autre , 
comme  Napoléon  le  fit  souvent,  no- 
tamment à  Wagram.  Je  crois  qu'A 
l'exception  des  réserves,  ce  système 
ne  saurait  s'appliquer  qu'à  une  posi- 
tion d'attente ,  et  nullement  à  un  oi^ 
dre  de  combat  ;  car  il  est  bien  préfé- 
rable que  chaque  corps  ait  en  lui-même 
sa  seconde  ligpe  et  sa  réserve^  qœ 
d'entasser  plusieurs  corps  sous  des 
chefs  diOTérens.  Quelque  bien  disposé 
que  soit  un  général  à  soutenir  un  de 
ses  collègues,  il  loi  répugnera  toujours 
dç  morc^  se9  fofcçs  i  œt  effet;  et 


I  tj 


DB  LA  GEAMUK  TAilTlQlfi  liX  DBS  BATAaLBi. 


909 


quand  «  au  lieu  d'un  collègue,  il  ne 
verra  dans  le  commandai?!  de  la  pre- 
mière .  ligne  qu*uQ  rival  envié ,  ainsi 
que  cela  n'arrive  que  trop  souvent ,  il 
est  probable  qu'il  ne  lui  fournira  pas 
avec  empressement  le  secours  dont  il 
pourrait  avoir  besoin.  Outre  cela ,  un 
chef,  dont  le  commandement  est  ré- 
parti sur  une  longue  étendue,  est  bien 
moins  sûr  de  ses  opérations  que  s*il 
n'embrassait  que  la  moitié  de  ce  front, 
et  qu'il  trouvât  en  échange,  dans  plus 
de  profondeur,  le  soutien  qui  lui  serait 
nécessaire. 

EnOn ,  pour  compléter  cet  aperçu , 
on  verra  par  le  tableau  ci-après  (1) 
combien  cette  question  de  la  meilleure 
formation  est  subordonnée  à  la  force 
de  l'armée  et  combien  elle  est  com- 
pliquée. 

On  ne  saurait^ guère  se  régler  au- 
jourd'hui sur  les  énormes  masses  mi- 
ses en  action  de  1812  à  1815,  où  nous 
avons  vu  une  même  armée  former 
jusqu'à  quatorze  corps  qui  avaient  de 
deux  jusqu'à  cinq  divisions.  Avec  de 
telles  forces,  il  est  incontestable  qu'on 


ne  saurait  rien  imaginer  de  mieux 
qu'une  organisation  par  corps  d'armée 
de  trois  divisions;  on  destinerait  huit 
de  ces  corps  pour  la  ligne  de  bataille , 
et  il  en  resterait  six,  tant  pour  les  dé- 
tachemens  que  pour  renforcer  tel  point 
de  cette  ligne  qu'on  jugerait  conve* 
nable  ;  mais  pour  appliquer  ce  système 
a  des  armées  dans  les  proportions,  déjà 
fort  respectables ,  de  cent  cinquante 
mille  hommes  seulement,  on  pourrait 
à  peine  employer  des  divisions  de 
deux  brigades ,  là  où  Napoléon  et  les 
alliés  employaient  des  corps  d'armée 
entiers. 

Si  une  armée  ne  passe  pas  cent  mille 
hommes,  la  formation  en  divisions, 
comme  en  1800,  vaudrait  peut-être 
mieux  que  celle  par  corps. 

Après  avoir  recherché  le  meilleur 
mode  pour  donner  une  organisation 
un  peu  stable  au  corps  de  bataille,  il 
ne  sera  pas  hors  de  propos  d'examiner 
si  cette  stabilité  est  désirable,  et  si  l'on 
ne  trompe  pas  mieux  l'ennemi  en 
changeant  fréquemment  la  composi«- 
tion  des  corps  et  leur  emplacement. 


(1)  T««te  inaée  •  deox  «Iles»  nu  oeotra  «i  nue  réserve,  en  Umi  qiaire  Aracikmi  priocipalet, 
Mirt  lef  déucbenieiif  évcnluels. 
Tolci  les  diveries  rormaUoos  qa*OD  peut  donner  à  l'infanterie  : 

i*  £n  régimen»à  deum  batailUm$  es  huU  unie  komma. 

4e»r|»àdeiniiiviilOM  —     8 

Fins  S  divlflMt  90Qr  déUebemeos 
i  cofpe  M  tUM  dimioos  «—     12 


lldiviiiont  29  brigades    88baUJlloM  ^  7i,€00tanni. 


Plut  3  diviiions  pour  détacheiDens 


h 


ao 


lia 


96.000 


:i 


19B 


103,000 


7  corps  d'armée  i 2  divffioof  .    .    .  |i4        » 
Plut  un  8*  pour  détachement   .    .  )  9       » 

2*  En  régimêm  à  traie  baiaiihni,  brigaieê  de  six  balaUhnê. 

4  corpt  à  a  divii»,  outre  les  détach*   11  divitiont  18  brigades  133  bataiUont  «  105.008  bomm. 
4  eorpe  à  3  dirit<«,  outre  les  détacb*  15       »       30       »       180        »        ^  141.000     » 

8  corpt  à  2  détachement 16       »       3-ai       »       192         •        ^  151,000     » 

Si  à  ces  ehirrret  an  ijoute  on  quart  pour  la  eatalerie.  rart!tlerfe  et  tapenn,  on  peut  eilculisr 
la  idrce  nécetiatre  i^r  eus  diwnes  fonnatimit. 

Il  tottleaaieineoi  obseirvat  qnt  las  i4giaieat  à  deux  balaillont  de  huit  centt  hommes  serejeni 
bien  faibles  au  bout  de  deux  ou  trois  mois  de  campagne.  S*ilt  n'ont  pat  lioit  btUitioii^,  Il  ftu- 
éraii  alors  aa  moios  que  las  bataiUont  aotseol  Bille 


910  DB  U.  «lUJfDf  TACTIQini  BT  OBt  mâTAIIUB. 

Eq  définitive,  quels  que  soient  la  trouvent  presque  en  entier  à  râteau 
fprce  ei  le  nombre  des  subdivisions  ou  garde,  ce  qui  n'empftche  pas  qn'av  no» 
fractions  de  Tarmée,  l'organisation  par  {  nient  de  livrer  bataille,  elles  ne  repreo* 
corps  d'aripée  restera  probablement  I  nent  aussitAt  le  poste  qui  leur  est  a^ 
long-temps  comme  type  normal  chez   signé/ sott  par  la  nature  du  terrain. 


toutes  les  grandes  puissances  coniinen- 
tides,  et  c'est  d*après  cette  vérité  que 
U  ligne  de  bataille  doit  être  calculée. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  la  formation  clas- 
sique, si  l'on  peut  lui  donner  ce  nom , 
ast  encore  à  l'heure  qu'il  est,  pour  Pin- 
boteriey  celle  sur  deux  hgnes  ;  f  éten- 
iœ  plus  ou  moins  rélrécie  du  champ 
^e  bataille,  et  la  force  des  armées 
pourront  bien  motiver  quelquefois  une 
formation  plu9  profonde,  mais  ce  sera 
toi^ours  à  titre  d'exception  ou  pour 
up  coup  do  collier  seulement,  car  l'or- 
dre sur  deux  lignes,  outre  les  réserves, 
paraissant  suffire  pour  la  solidité,  et 
doun«|Qt  plqs  de  forces  combattant  à  la 
fois,  semble  bien  aus6i  le  plus  conve- 
nable. 

Lorsque  l'armée  possède  un  corps 
permanent  d'avant- garde,  ce  corps 
peut  aubsi  être  formé  en  avant  de  la 
ligne  de  bataille  ou  retiré  en  arrière 
pour  augmenter  la  réserve  (1);  mais 
comme  on  l'a  déjà  dit  ailleurs,  cela  ar- 
rive rarement  d'après  les  formations 
actuelles  et  la  manière  de  combiner  les 
marches  qu'elles  nécessitent;  chaque 
aile  de  l'armée  a  sa  propre  avant- 
gtrde,  et  eelle  du  corpt  de  bataille  se 
trouve  tout  naturellement  fournie  par 
les  troupes  du  corps  d'armée  qui  mar- 
cherait en  tête  ;  quand  on  vient  en  pré- 
sence, ces  divisions  rentrent  dans  leurs 
positions  de  bataille  respectives.  Sou- 
vent même  le^  réserves  de  cavalerie  se 


(1)  L'«v«9lp-aarde  étant  ton»  Ifsjoari  eip(»iée 
a»  (àce  <Ji«  l'wnfiMi  e(  fbrinaat  iMma  Vtrrièrç- 

garde  qutnd  il  s*igit  de  rétrograder,  il  lemble  i  .       ^^^ 

«s&ez  juue,  aa  moment  de  la  bataille,  <le  lui  i  •''•'^  •*••  ■•  »«»• 


soit  par  les  vues  du  général  en  chef. 

D'après  ce  que  nous  venons  d*eip4H 
ser,  nos  lecteurs  s*assureront  que  lei 
erremens  suivis  depuis  la  renaisaanea 
de  Tart  de  la  guerre  et  l'inTenlton  dt 
la  poudre  jusqu'à  la  révolution  fran^ 
çaise,  ont  Subi  de  grands  changemens 
par  l'organisation  actuelle,  et  que  pour 
bien  apprécierlesguerresde  LmilsXIf , 
de  Pierre-le-Grand  et  de  Frédéric  II,  il 
faut  nécessairement  se  reporter  au  sys- 
tème adopté  de  leur  temps. 

Toutefois,  une  partie  des  anclenno 
méthodes  peut  être  encore  employée, 
et  si ,  par  exemple,  le  pl.icement  de  h 
cavalerie  sur  les  ailes  n'est  plus  une  rè- 
gle fondam(*ntate,  il  peut  être  bon  pour 
des  armées  de  cinquante  à  soixante 
mille  homm«  s,  surtout  quand  le  cen- 
tre se  trouve  sur  un  terrain  moins  pro- 
pre à  cette  arme  que  l'une  ou  Tautre 
des  extrémités.  Il  est  généralement 
d'usage  d'attacher  une  ou  deux  bri- 
gades de  cavalerie  légère  à  chaque 
eorps  d%faot«rie ,  eeiii  du  eentiv  la 
placeront  préMrablenient  derrièr*  la 
dernière  ligne  :  ceux  des  ailes  peu- 
yent  la  placer  rar  lenrs  Qancs.  Quant 
aux  réserves  de  cette  «nM«  ai  elle  est 
assez  nombreuse  p^nr  orgMitaer  trois 
corps,  a6n  que  le  centre  et  chacnne 
des  ailes  ait  sa  réserve,  ce  serait  uo 
ordre  aussi  parfait  qu*on  puisse  le  dé- 
sirer. A  défaut  de  cela,  on  pourrait  dis- 
poser cette  réserve  en  deux  colonnes, 
l'une  nu  point  où  le  centre  se  He  à  la 
droite,  l'autre  entre  le  centre  et  la 
gaocbe  ;  ctîs  çolonnea  ppiprraient  ainsi 

sur  tons 


donner  un  poste  moins  exposé  que  celui  d'être 
placée  en  avant  de  la  Ugoe  de  bataille. 


les  points  dn  la  lîgiie  fw  aamiMt  ne* 
nacét. 


L'9i1illwe,  aujourd'hui  plus  mobile,  I  l^gèr^s  t n  rés^rv^,  car  oHes  cootnbu^ 
e9(  bien  comme  autrefois  répartie  s^ur  1  rent  puissamment  è  rétablir  »§»  afiairc» 
^ut  le  front .  puisque  chaque  diviiiion  entre  le  centre  et  la  gauebe«  014  sa  li-» 
a  la  Mcnne.  Cei>enilant  il  est  bon  i|*ob-  gne  yenait  d'itfe  enfoncée* 


ierver  que,  son  organisation  s'élapt 
perfectionnée,  on  peut  rpieui  la  ré- 
partir selon  Ie9  besoins,  et  c'et^t  tou*- 
jours  un  grand  tort  que  de  la  trop 
éparpiller.  Il  existe,  au  reste,  peu  de 
règles  positives  sur  cette  répurtition 
^  l'artillerie  ;  car,  qui  oserait  conseil- 
jkr,  pur  e:iemple,  de  boucher  une  trouée 
dans  une  ligne  de  bataille ,  en  plaçant 
•l^nt  pièces  en  une  seule  batterie,  fort 
loin  de  toute  la  ligne,  comme  Napoléon 
1^  fit  avec  tant  de  succès  à  Wagram? 
Ke  pouvant  entrer  ici  dans  tous  les  dé- 
tails de  cette  arme,  nous  nous  borne- 
,fOas  à  dire  : 

t*  Que  Tartillerie  k  cheval  doit  ^tre 
pMicée  sur  un  terrain  où  elle  puisse  se 
piiouvQir  en  tout  sens. 

S""  Que  Tartillerie  à  pied,  surtout 
nUe  de  po^ûtion ,  serait  mieux  placée, 
au  contraire,  sur  un  point  çù  elle  se 
trouverait  couverte  de  fossés  ou  de 
hilies  qui  la  missent  à  Tabri  d'une 
charge  subite  de  cavalerie.  Je  ne  dirai 
pas  que,  pour  lui  conserver  son  plus 
grand  effet ,  on  se  garde  de  la  f placer 
sur  des  émin^nces  trop  plongeantes, 
.  quais  bien  sur  des  terrains  plats  ou  des 
,taluM  en  glacis;  c'est  ce  que  chaque 
.tous- lieutenant  doit  nécessairement 
savoir. 

3*  Si  Tartillerie  h  cheval  est  principa- 
lement affectée  à  la  cavalerie,  ilest  bon 
t^Hitefois  que  chaque  corps  d'armée  ait 
la  sienne ,  pour  gagqer  rapidement  un 
point  essentiel  à  occuper.  Outre  cela, 
D  est  convenable  qu'il  y  en  ait  aussi  à 
Il  réserve  d'^tiilerie,  a6n  de  pouvoir 
la  porter  avec  plus  de  promptitude  au 
If^cours  d'un  point  menacé.  Le  général 
Benningsen  eut  lieu  de  s'applaudir,  à 
SyUv  I  d'avoir  réuni  cjuquanta  pièces 


k""  ^  Ton  est  sur  la  défensive,  il  dniin^ 
vient  de  placer  une  partie  des  batte^ 
ries  de  gros  calibre  sur  le  front  t  w  lieu 
de  les  tenir  en  réserve,  puisqu'il  s'agit 
de  battre  l'enoea^i  du  pkis  loin  pissai- 
ble,  pour  arrêter  l'impulsion  de  son 
aUaque  et  semer  le  trouble  dans  ses 
colonnes. 

5»  Dans  le  même  cas  de  défensive, 
il  aemblerait  convenable,  qu'à  part  la 
réserve,  Tartillerie  f4t  également  dis- 
tribuée sur  toqte  le  ligne,  puisqu'on 
a  un  égal  intérêt  à  repousser  l'ennemi 
sur  tous  les  points  :  cela  n'est  cepen- 
dant pas  rigoureusenDK^Mt  vrai,  car  la 
nature  du  terrain  et  les  projet^  évidans 
de  l'ennemi  pournûent  nécessiter  de 
porter  le  gros  de  l'artillerie  sur  une  aile 
ou  sur  le  centre. 

$*"  Dans  Toffi^nsive,  il  peut  être  éga- 
lement avantageux  de  concentrer  uoe 
très  forte  masse  d'artillerie  sur  un 
point  où  l'on  voudrait  porter  un  eOuft 
décisif,  aQn  d'y  faire,  dans  la  ligne  eiÊr 
nemie,  une  brèclie  qui  faciliterait  la 
grande  attaque  d'où  dépendraH  le  suc- 
cès de  la  bataille. 

N'ayant  d'ailleurs  à  traiter  ici  que  de 
W  répartition  de  l'artillerie,  noua  par- 
lerons plus  tard  de  son  emploi  dam  i|a 
combats. 


Uci  Ut  CuivMioa  et  <lf  (wipifi  de  riafnilefilu 

L'infanterie  est  sai^s  contredit  l'arme 
la  plus  importante,  puisqu'elle  forme 
le^  quatre  cinquième»  d'upe  «rm^, 
que  c'est  elle  qui  enlève  les  positions 
eu  qui  les  défend.  Mais  si  l'on  doit  re^ 
connaître  qu'après  le  taleut  du  gûnéral 
eUe  est  la  premier  iostrum^Pt  d«  1* 


911 


DK  LA  aRAMIHB   rACTlQUli  £1   DBS  ftÀTAlLUBS. 


Victoire,  il  fiiut  avouer  aussi  qu'elle 
trouve  un  poissant  appui  dans  la  cava- 
lerie et  l'artillerie,  et  que  sans  leur  se- 
cours elle  se  verrait  souvent  fort  com- 
promise, et  ne  pourrait  remporter  que 
des  demi-succès. 

Nous  n*évoqoerons  pas  ici  les  vieilles 
disputes  sur  Tordre  mince  et  l'ordre 
profond,  bien  que  la  question,  qu'on 
croyait  décidée,  soit  loin  d'être  épui- 
sée et  placée  sous  un  point  de  vue  qui 
permette  de  la  résoudre  du  moins  par 
des  exemples  et  des  probabilités.  La 
guerre  d'Espagne  et  la  bataille  de  Wa- 
terloo ont  renouvelé  les  controverses 
relatives  à  l'avantage  du  feu  ou  de  l'or- 
dre mince,  sur  l'impulsion  des  colon- 
nes d'attaque  ou  de  l'ordre  profond; 
nous  dirons  plus  loin  ce  que  nous  en 
pensons. 

(I  ne  s'agit  plus  aujourd'hui  de  dis- 
puter si  Lioyd  avait  raison  de  vouloir 
donner  à  l'infanterie  un  quatrième 
rang  armé  de  piques,  afin  d'offrir  plus 
de  choc  en  allant  à  l'ennemi ,  ou  plus 
de  résistance  en  recevant  son  atta- 
que; chaque  militaire  expérimenté 
convient ,  de  nos  jours,  qu'on  a  déjà 
assez  de  peine  à  mouvoir  avec  ordre 
des  bataillons  déployés  sur  trois 
rangs  emboîtés,  et  qu'un  quatrième 
rang  augmenterait  cet  embarras  sans 
ajouter  à  la  force.  11  est  étonnant 
que  Lloyd,  qui  avait  fait  la  guerre, 
ait  tant  insisté  sur  celte  force  maté- 
rielle; car  on  s'aborde  bien  rarement 
au  point  que  cette  supériorité  mécani- 
que poisse  être  mise  à  l'épreuve  ;  et  si 
trois  rangs  tournent  le  dos,  ce  n*est 
pas  le  quatrième  qui  les  retiendra. 
Cette  augmentation  d'un  rang  dimi- 
nue, dans  la  défensive,  le  front  et  le 
feu;  tandis  que  dans  l'offensive  elle 
est  loin  d'offrir  la  mobiliié  et  l'impul- 
sion qui  sont  les  avantages  des  colon- 
nes d'attaque.  On  peut  affirmer  même 


qu'elle  diminuera  cette  impulsion ,  car 
il  est  plus  difficile  de  faire  marcher 
huit  cents  hommes  en  bataille  sur 
quatre  rangs  pleins,  que  sur  trob, 
bien  qu'il  y  en  ait  un  quart  de  moins 
dans  rétendue  du  front;  la  difficulté 
de  l'embottement  des  deux  rangs  da 
milieu  compense  amplement  cette  lé- 
gère différence. 

Lloyd  n'a  pas  été  beaucoup  mieux 
inspiré  dans  le  choix  du  moyen  quH 
propose  pour  diminuer  l'inconvénient 
du  rétrécissement  du  front  ;  il  est  tel- 
lement absurde ,  qu'on  ne  conçoit  pas 
qu'un  homme  de  génie  ait  pu  l'ima- 
giner. Il  veut  déployer  vingt  bataillons, 
en  laissant  entre  chacun  d'eux  soixante- 
quinze  toises,  c'est-à-dire  un  intervalle 
égal  à  leur  front  ;  on  peut  penser  ce  que 
deviendront  ces  bataillons  tous  désunis 
et  isolés  à  une  pareille  distance,  lais- 
sant entre  eux  vingt  lacunes  où  la  ca- 
valcrie  pourrait  pénétrer  en  fortes  co- 
lonnes, les  prendre  en  (lanc  et  les  ba- 
layer comme  la  poussière  au  vent. 

La  question,  avons-nous  dit,  ne 
consiste  plas  à  discuter  sur  l'augmen- 
tation du  nombre  des  rangs  d'une  li- 
gne, mais  seulement  h  décider  si  elle 
doit  être  composée  de  bataillons  dé^ 
ployés,  n'agissant  que  par  le  feu,  ou 
bien  de  colonnes  d'attaque  formées 
chacune  d'un  bataillon  ployé  sur  les 
deux  pelotons  du  centre,  et  n'agissant 
que  par  leur  impulsion  et  leur  impé- 
tuosité. Plusieurs  écrivains  modernes 
ont  traité  ces  matières  avec  sagacité, 
sans  qu'aucun  d'eux  soit  parvenu  à  rien 
présenter  de  concluant ,  parce  qu'en 
tactique  tout  est  bien  plus  subordonné 
aux  évènemens  imprévus,  aux  inspira- 
tions soudaines,  au  moral  et  aux  indî* 
vidnalités. 

Je  vais  résumer  les  points  de  vue  que 
la  question  présente. 

Il  n'existe  au  fait  que  cinq  maniera 


M^  LA  eâAHM  TACriQUË  BT  IMGS  BATMSUSS. 


9» 


ie  former  (èft  trdopés  pour  aller  à  Ten- 
aemî  : 

!<' En  tirailleurs  ; 

&<»En  lignes  déployées,  soit  oonti- 
guës,  soR  en  échiquier; 

9*  En  lignes  de  bataillons  ployés  sur 
fe  centre  de  chaque  bataillon  ; 

k^  En  niasses  profondes  ; 

5*  En  petits  ferrés. 

Les  tirailleurs  sont  un  accessoire, 
car  ils  ne  doivent  que  ooafrir  la  ligne 
proprement  dite  à  la  faveur  du  terrain , 
protéger  la  marche  des  colonnes,  gar- 
nir des^  intervalles,  ou  défendre  les 
abords  d*an  poste. 

Ces  divers  modes  de  formation  se 
réduisecHainsià  qtsatre systèmes: l'or- 
dre mince  ou  déployé  sur  trois  rangs  ; 
Tordre  demi^ofond ,  fonné  d'une  li-< 
gne  de  bataiiionaen  colonnes  d'attaque 
sur  le  i^ntre,  on  de  carrés  par  batail- 
lons; Tordre  mixte  oir  les  régtmens 
seraient <cn  parité  déployés,  et  porlie 
en  colonnes;  (^nfin  Timtre  profond, 
composé  de  grosses  colonnes  de  batail- 
lons déployés  Tun  derrière  l'autre. 

L'ordre  déployé  sur  deux  lignes, 
avec  «ne  réserve,  était  jadis  généra- 
•  lement  nsité  r  i^  convient  soriout  à  la 
défensive.  Ces  lignes,  déployées  peu- 
vent être  coritiguës,  formées  en  échi- 
quier eu  en  échelons.        * 

Xt'ordre  par  lequel  choque  bstaHIon 
d'une  lignese  trouve  focmé^n  eolonne 
d'àttaqu»  par  divisions  sur  le  centre, 
est  plus  caneentrÀ;  c'est  eU'  qoeique 
sorte  une  li||ne  de  .pelilcs  colonnes 
^4x>aime.daus  la  figure  6  de  la  plandie 
.ci^QBire). 

Dans  l'ordonnance  actuelle  sur  trois 
nngpr  le  halaiUoo  ayant  quatre  divl- 


.»' 


M 


•    I  > 


(l>  Dtat  rami^iniMf  on  prrnd  1^»  Mfttil|riin 


sions,  cette  colonne  présenterait  douie. 
rangs  en  profondeur,  ce  qui  donne 
sans  doute  trop  de  non  combattans  et 
trop  de  prise  au  canon.  Pour  diminuer 
ces  inconvéniens,  on  a  proposi^i,  toutes 
les  fois  qu'on  voudrait  employer  Tin  - 
fanterie  en  colonnes  d'attaque,  de  la 
former  sur  deux  rangs,  de  ne  plncr*^ 
que  trois  divisions  de  chaque  balaillon^ 
l'un  derrière  Tautre,  et  de  répandre  la 
quatrième  en  tirailleurs  dans  les  iotcr- 
valles  des  bataillons  et  sur  les  Oafu;s, 
sauf  à  les  rallier  derrière  les  trois  di- 
visions si  la  cavalerie  venait  à  cliargor 
(  voyex  Hgure  C).  Chaque  bataillon  au- 
rait par  ce  moyen  deux  cents  tireurs 
de  plus,  oulre  ceux  que  donnerait 
l'augmentation  du  tiers  du  front  en 
mettant  le  troisième  rang  dons  leS(ioux 
premiers.  Ainsi  il  n'y  auraii  au  fuit  que 
SIX  hommes  de  profondeur,  et  on  ob- 
tiendrait cent  files  de  front  et  quatre 
cents  tireurs  pour  chaque  colonne  d'at- 
taque d'un  bataillon.  Il  y  aurait  ainsi 
force  et  mobilité  réunies  (1).  Un  ba- 
taillon 46  huit  cents  hommes,  HM-mé 
d'après  la  méthode  usitée,  en  colonne 
de  quatre  divisions,  présente  environ 
soixani|9  files  à  chaque  divi.sjon ,  et  la 
première  seulement  faisant  le  feu  de 
deux  rangs,  il  n'y  aurait  que  cent  vingt 
coups  àJournir  par  chacun  des  butai!-/ 
Ions  aînM  plauis  en  ligne,  tan<iis  que,; 
d'après  le  mode  proposé,  il  en  donne- 
rait quatre  cents. 

Mais  tout  en  recherchant  les  moyctis 
d'obtenir  plus  de  feu, au  hc^soin  ^  il  im- 
porte ile  se  rappeler  aussi  que  la  co 
loniie  d'attaque  n'est  point  dcstiait  à 
tirer,  et  qu'elle  doit  réserver  ce  moyen 
pour  un  cas  déseepéré;  car,  si  elle 

l«  colooiMi  peat-i^lr«  notfraiujl  «ntinlf  ein- 


dans  le  irois  éfiie  ran<  dt  chaque  CQmfiagnie.ou  [  plujcr  la  quaJh^me  diviaion  emière,.on  asjrji 

di%i  ion ,  ce  qui  r^duil  l<i  colonne  è  huit  rangs  '  alon 

iu  It^^o  de  doute.'  't  procare  plus  de  mobltté.  ^  coifii 

Maia  pour  la  têtiHié  d«  raUl*'  ^^  amiiuiini  k  i  ràoa^  contre  la  eafaleile. 


'  .       ■      -  —  —  — '.    .  — »'— • 

'!i  npur  rangs  ou  IruU  diviMons  à  Irois  rangs 
Ire  rinTant  rie  cl  la  colonne  pleine  d<3  douze 


tt^  M  Là  «Muaw  tAcnvn  n  §m  mvmu». 

fomiomaB  à  IMre  fes  en  swthMt  à  { gtnifnt  dan»  te  première  Kgp««  oiqiri, 
refifieini ,  ton   impolMoq    devtfodrt  i  pour  le  feu,  ne  servit  pas  indilT  fwt  ; 

mais  il  serait  à  cnîfidlQ  W^  09^  4>vî- 
SHHia  f^  HMMant  i  iiraiU«r,  Ira  deox 
bataillons  gardé»  m  wA^mom  pour  lef 

ianoeff  »ir  Kenomi,  f«Mieot  nr>iiis 
facilement  dîfponibtai.  T«Hitoloi»  il  y 
a  bien  des  et»  eè  «d  onirt  parpil  aérait 
avantageux,  cela  «iiSt  pour  devoir  Tio- 
dollar. 

L'ordft  f«  naiMa  tmp  piN9r(Mdef  est 
OMrUûMBiMk  la  «oina  «MMwal^le 
(Hgim  S).  Ob  a  vi  Hmip  lea  4fnH*Ns 
guerres  dea  divi^ioiMi  de  éeuae  batail- 
lons déployés  et  sennii  lea  mm  derrière 
les  eolffia*  forieettl  treele«#ii  ran^ 
ptemk  et  eotaiaéa.  De  pe raiHea  m» 
ae»  aoal  eiposéea  a^a  mrafae  de  Ter- 
tiHerie,  dwunuent  la  a^bilité  «I  rim- 
fidiioD  sens  rien  ijeater  i  la  fiaree  ;  ce 
fat  ane  4m  caaaea  da  pe«  de  aoeièa  des 
Fiaoeais  i  Waterlaa. 

Quand  aa  ap  dédde  à  riSfaer  «le 
pereîUe  aiaïae»  il  but  da  SHiiu  ateir 
eeia  d'élaUir  sur  elmpie  laae  ^  ba- 
tailieii  AMTohaat  par  filea,  afin  foe  si 
Teaneod  vanail  à  ehaigar  aa  laroe  sur 
sea  Oenca,  cria  a'ebligeAt  ^  la  eo- 
lanae  à  a'andiee  (  aojiez  llgare  S  );  pro- 
tégée nnreaa  balaUbaeqni  feaMl  Ibce 
i  fevaeni ,  aile  pavra  da  «leifia  eeo- 
tinuer  sa  marche  Jaaqa'aa  bal  ^  lui 
est  assigné;  aalniBieol«  eetta  aase 
iaerte«  ib^dreyéepardaa  Ibiia  eeaver- 
gaaa  auxfaela  elle  «%  pas  aMtoe  é  ep- 
peaer  une  kapoWea  eeaeeoable,  aéra 
niseaa  déseMreeoaMM  la  eeloMe  de 
Veattaer,  oa  ra^pue  eeiaae  la  plia- 
lange  macédonienae  le  Ait  par  Paul 
iadle. 

r  AS  ^^amSÈÊ.  ^t^ÊlÊ  ^AÉMi  ^Hk*  È^m.  mmÈm^^^m 

et  contre  on  ennemi  supérieur  en 


nulle  et  Tattaque  sera  aDanqaée.  Outre 
eela,  cet  ordre  ammd  ne  aérait  evea-r 
tageua  que  epatra  riaraateria.  car  la 
eolonne  sur  quatre  sectioan  de  trois 
rangs ,  fornuuit  une  espèce  de  earré 
plein ,  vaudrait  mieuii  contre  la  eavar 
lerie» 

J'en  cenelfls  que  le  système  employé 
par  les  Rosses  et  lea  Prussiena,  celui 
de  former  la  colonne  de  quatre  divi- 
sions sur  trois  rangs,  dont  on  peut  ea 
besoin  être  employé  en  tiraillears,  est 
celui  qat  supplique  le  plus  générale- 
ment è  toutes  les  aî<oations)  tandis 
que  Tautre  doat  nous  avens  parlé  ne 
conviendrait  que  dans  eertaiaaras,  et 
eiigerait  oa  double  mode  de  laraUf- 
fion. 

Indépendamment  des  deox  ordres 
susmentionnés,  il  en  eiiste  on  miatq, 
que  Napoléon  employa  aa  TagUaaMmto 
et  les  Rosses  h  Byfau  :  leurs  réglmens, 
de  trois  bntalllons,  en  déployèrent  up 
en  première  ligne,  et  formèrent  Iqs 
deox  autres  derrière  celui-ci  en  co- 
lonnes sur  les  pelotons  des  extrémHés 
(figure  %y  planche  4).  Cette  ordon- 
nance, qui  appartient  auasi  à  Tordre 
deml^profond ,  convient  en  efltet  è  la 
défonsive-offensive,  parce  que  les  troii- 
pes  employées  en  premièfe  Hgne  ré- 
sistent long-temps  par  on  foo  meurtrier 
dont  reffet  ébranle  leojooni  on  pen 
Pennemt  :  ale^  les  troupes  formées  en 
colonnes  peuvent  déboucher  par  les  in- 
tervalles et  se  jeter  sur  lut  avec  succès. 
teoiétre  peowait-on  aagmenter  l^a- 
venlage  de  cette  fonoeiim ,  en  pla- 
çant lea  dem  bataMens  des  aHes  Mr  la 
même  ligne  que  celui  du  centre  qui 
ferett  déployé,  ée  nmnièfe  que  les  pre- tôlerie  ;  on  lea  fofmaR  jette  tfèe  grands. 


nilères  divisions  de  ces  bataillons  se- 
raient en  li(nq.  Il  y  aurait  au94  un 
demMMtaillon  de  plu»  par  chaque  lé- 


knai9  H  est  reconqu  que  le  carré  per  ré- 
giment etft  le  meilkur  pour  («  défen- 
sive, ei  leeaflvé  par  hataUkM  pner  IV- 


LA  «lAlIBB  TACTIQI»  ME  DM  ■A.TA1LLBS# 

fensire.  On  peat ,  telon  les  eiramitaiH 
ces,  le»  former  en  carrés  parfaits  on 
en  carrés  longs,  poor  obtenir  un  plus 
grand  front  et  présenter  pins  de  feni  du 
cAté  où  rennemi  est  €e»ié  devoir  venir  I  der  si  la  troupe  offensive  la  plus  brave« 


(  voyez  figures  8  et  9  ).  Un  régiment  de 
trois  bataillons  formerait  aisément  un 
carré  long ,  en  rompant  le  katailion  du 
Milieu  et  faisant  faire  un  à  droNe  et  un 
à  gauche  i  chaque  demi^batailion. 

Dans  les  guerres  de  Turquie,  on  em-« 
ployait  presqtoe  exclusivement  les  cai^ 
rés,  parce  que  les  hostilités  avaient  Heu 
dans  les  vastes  plolnes  de  la  Bessara* 
bie,  de  la  Moldavie  ou  de  la  Valachie, 
et  que  les  Turcs  avaient  une  cavalerie 
immense.  Mais  si  les  opérations  ont 
lieu  dans  le  BaliLan  ou  au-delà,  et  si 
leur  cavalerie  féodale  fait  place  à  une 
armée  organisée  dans  les  proportiôtis 
^UDpéennes,  Timportanoe  des  carrés 
diminuera,  et  Tlnfanterie  russe  mon  - 
tarera  toute  sa  supériorité  en  Roméiie. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  Tordre  en  carrés 
par  régimens  ou  bataillons,  paraît  con 
venable  à  tout  genre  d'attique,  dès 
qu'on  n'a  pas  la  supériorité  en  cavale-^ 
rie,  et  qu'on  manœuvre  sur  un  terrain 
uni ,  propice  aui  charges  de  l'ennemi. 
Le  carré  long«  surtout  appliqué  à  un 
bataillon  de  huit  pelotons,  dont  trois 
marcheraient  de  front  et  un  sur  chacun 
des  cAtés,  vaudrait  mieux  pour  aller  à 
Fattaque  qn^dh  bataillon  déplojré;  il 
l^ait  moins  bon  oue  la  cotoiine  pro- 
posée plus  haut ,  mais  if  y  auratt  moina 
de  flottement  et  plus  dMmpuision  que 
s'il  marchait  en  ligne  déployée  ;  ilau'' 
lalt  de  plus  l'avantage  d'être  on  me- 
sure contre  la  cavalerie. 

Il  serait  difllcile  d'affirmer  que  cha« 
ciuie  de  ces  formations  soit  toujours 
bonne  ou  toujours  mauvaise  ;  mais  on 
Conviendra  du  moins  qu'il  est  de  règle 
incontestable  que,  pMr  Toffensivu,  il 
faut  un  mode  qui  réunisse  mobUM,  aa- 

4 


»lb 

HiM  et  imfidHm^  tandis  que  pour  la 
défensive ,  il  faut  la  soUiM  réoiiie  ot 
pUtg  de  feux  fouib^t. 
Cette  vérité  admise,  H  restera  à  déd» 


formée  en  colonnes  et  privée  de  liaux, 
tiendrait  long-temps  contre  une  troupe 
déployée  ayant  vingt  mille  coupa  de 
fusil  è  lui  envoyer,  et  pouvant  en  cinq 
minutes  lui  en  tirer  deux  ou  trois  cent 
mille.  Dans  les  dernières  guerres,  on  t 
vu  maintes  fols  des  colonnes  russes, 
ftançaises  et  prussiennes,  empoKer 
des  positions  l'arme  an  bras  sans  tirer 
un  coup  de  fusil  ;  c'est  le  triomphe  de 
rimpulsion  et  de  l'effet  moral  qu'elle 
produit;  mais  contre  le  feu  meurtrier 
et  le  sang-froid  de  l'infanterie  anglaiae, 
les  colonnes  n'ont  point  eu  ie  m^e 
succès  à  Taiavera ,  à  Busaco,  à  FRnte 
di  Honor,  à  Albaera,  encore  nMîoa  i 
Waterloo. 

Cependant ,  a  serait  imprudent  d'en 
conclure  que  ce  résultat  Cssse  pencher 
décidément  la  balance  en  faveur  de  l'or- 
dro  mince  et  des  feut,  car,  si  les  Fran- 
çais se  sont  entassés  dans  toutes  ces  af- 
faires en  masses  trop  profondes,  comme 
je  rai  vu  plus  d'une  fois  de  mes  propres 
yeux,  il  n'est  pas  étonnant  que  d'énor- 
mes colonnes ,  formées  de  bataillons 
déployés  et  flottans,  battues  de  front  et 
de  flanc  par  un  feu  nseurtrier,  et  Ja-; 
saillies  de  tous  oMés,  aient  épnHmr  le 
sort  que  nou«  avona  signalé»  Mais  le 
même  résultat  aurait^il  eu  lieu  avec 
des  colonnes  d'attaque,  forcaéea  cha* 
cune  d'un  seul  bataillon  ployé  sur  la 
centre  selon  le  téglement?  C'est  ce 
que  je  ne  pense  pas  ;  et  pour  Juger  de 
la  supériorité  décidée  de  l'ordre  minea 
oudM  feux  sur  l'ordre  demi -profond  ou 
dimpulstott  offensive.  Il  faudrait  voir» 
à  plusieurs  reprises»  ce  qui  arriverait  i 
une  ligtie  déployée  qui  serait  Ira»* 
chement  iboiîlée  par  im  ennemi  aiiiii 


910 


DB  LA'QBâMVm  TACTIQOB  BT  DBf  B4MlI.LBSi 


(. 


formé  (figiire6de  ta  plandie^).  Quant  | 
à  moi ,  je  puisaiBrmer  que,  dans  toutes 
les  actions  où  je  me  sois  (rouvé,  j'ai  vu 
réussir  ces  petites  coloones. 

D'ailleurs,  est-il  bien  Tacile  d'adop- 
ter ua  autre  ordre  pour  marcher  à  l'atr 
taque  d*une  position?  Est-il  possible 
d'y  conduire  une  ligne  immense  en 
wdre  déplayé  et  faisant  feu?  Je  croia 
que  chacun  se  prononcera  pour  la  né- 
gative :  lancer  vingt  et  trente  bataiW 
Ions  en  ligne,  en  eiécutant  des  feux 
de  files  ou  de  pelotons,  dans  le  but  de 
couronner  une  position  bien  défendue, 
c'est  vouloir  y  arriver  en  désordre 
comme  un  troupeau  de  moutons,  ou 
plutôt  c'est  vouloir  n'y  arriver  ja« 
maïs. 

Quedoit-en  conclure  de  tout  ce  que 
nous  venons  de  dire?  l""  Que  si  l'ordre 
profond  est  dangereux,  l'ordre  demi* 
profond  est  excellent  pour  l'oiTensive; 
â""  que  4a  colonne  d'attaque  par  batail- 
lons est  le  meilleur  ordre  pour  empor- 
ter une  position ,  nnis  il  faut  diminuer 
autont  que  possible  sa  profondeur, 
pour  hii  donner  plus  de  feux  au  be- 
!<oin ,  et  pour  diminuer  l'action  du  feu 
ennemi  :  il  convient  en  outre  de  la 
couvrir  par  beaucoup  de  tirailleurs  et 
de  la  soutenir  par  la  cavalerie  ;  3*  que 
l'ordre. déployé  en  première  ligne,  avec 
jaaeconda  ligue  en  colonne,  est  celui 
qui  convient  le  mieux  à  la  défensive  ; 
k*  que  l'un  et  l'autre  peuvent  triom- 
pher selon  le  talent  qu'aura  un  géué«* 
rai  pour  employer  à  propos  ses  forces 
disponiblet. 

A  la  vérité,  depuis  que  ce  chapitre  a 
été.éait,  les  nombreuses,  inventions 
qui  ont  eu  lieu  dans  l'art  de  détruire 
les  hoffioies  pourraient  militer  en  fa- 
veur de  l'ordre  déployé,  même  pour 
aller  à  l'attaque.  Toutefois  il  serait 
diiBelIe  de  devancer  les  leçons  qu'il 
fout  attendre  de  l'expérience  seule  ; . 


car  malgré  tout  ce  que  les  bailef  ies  de 
fusées,  lea  obosiers  de  Scbmpuel  ou 
(le  Boonnan ,  et  même  les  fusils  de 
Perkius,  peuvent  offrir  de  menaçant, 
j'avoue  que  j'aurais  de  la  peine  à  con- 
cevoir un  meilleur  système  pour  cou- 
duire  de  l'infanterie  à  l'assaut  d'une 
position ,  que  celui  de  la  colonne  de 
bataillons.  Peut  être  même  Caudra^t-il 
songer  à  rendre  a  l'infanterie  les  cas* 
quea  et  coiraises  qu'elle  portait  au 
XV*  siècle,  avant  de  la  jeter  sur  l'en- 
nemi en  lignes  déployées.  Mais  si  loo 
revenait  décidément  à  ce  système  dé- 
ployé, il  faudrait  du  moins,  pour  mar* 
cher  à  l'attaque,  trouver  un  mo}on 
plus  favorable  que  celui  des  longue» 
lignes  contiguës,  et  adopter,  soit  lc> 
colonnes  A  distances  pour  déployer  en 
arrivant  sur  la  position  ennemie,  sott 
les  lignes  rompues  eu  échiquier,  soit 
enûu  la  marche  en  bataille  par  le  Qatic 
des  pelotons,  opérations  toutes  plus 
ou  moins  scabreuses  en  face  d*UD  ad* 
versaire  qui  saurait  en  profiter.  Ce- 
pendant, comme  nous  l'avons  dit,  un 
générai  habile. peut,  selon  les  circons- 
tances et  les  localités,  combiner  l'em- 
ploi des  deux  systèmes. 

Si  l'expérience  m'a  prouvé  depuis 
long-temps,  que  l'un  des  problèmes  les 
plus  difficiles  de  la  tactique  de  guerre 
était  le  meilleur  mode  de  former  lea 
troupes  pour  aller  au  combat ,  j*ai  re« 
connu  aussi  que  vouloir  résoudre  ce 
grand  problème  d'une  manière  absolue 
et  par  un  système  exclusif,  est  chose 


Pour  approcher  le  piqf  possible  de  la 
solution  du  problème  il  me  semble 
donc  que  l'on  doU  rechercher  : 
^  a)  Le  meilleur  mode  de  se  mouvoife- 
en  vue  de  l'ennemi ,  mais  encore  hors 
de  portée  de  ses  coups, 

b)  Le  meilleur  mode  d'aborder  à 
l'attaque. 


M  LA  €AAIfra  TACTIQUB  BT  DU  BÀTAUUS. 


9^^ 


c)  Le  meilleur  ordre  de  bataiUe  dé- 
feostC 

Qaelqqe  solmlioa  que  Ton  donne  à 
ces  qoea^tîoai,  ii  me- parait  conve- 
pable,  dans  ioiisJea  eaa ,  d'exercer  les 
troupes  : 

1*  A  la  marche  en  colonnes  de  ba- 
t|illoas.sur  le  centre  pour  déployer,  si 
l'on  veut,  i  portée  de  mousquet,  ou 
pour  aborder  Tennemi  avec  les  coton- 
iie$  noèmea  s'il  le  Taut 

2*  A  la  marche  en  lignes  déployées 
et  conliguës  par  hnit  ou  dix  bataîUons 
A  la  Ibis. 

3*  A  la  marche  en  échiquier  de  ba^ 
êûUians  déployéit ,  qoi  oflrent  des  lignes 
brisées  plus  faciles  à  mouvoir  que  de 
longues  lignes  conliguës. 

h*  A  la  marche  en  avant  par  les 
flancs  des  pelotons. 

6^  A  la  marche  en  avant  par  petits 
carrés,  soîl  en  ligne,  soit  en  échiquier. 

6*  Aux  changemens  de  front,  par  le 
Bioyen  de  ces  diverses  méthodes  de 
marcher* 

7*  Aux  changemens  de  front  exécu- 
tés par  des  colonnes  de  pelotons  h 
dbtances  entières,  pour  se  reformer 
sans  déploiement,  moyen  qui  est  plus 
espédiurque  les  autres  manières  de 
ebanger  de  front,  et  qui  s'adapte 
mieux  à  toutes  tes  espèces  de  terrain. 

Outre  les  lignes  de  colonnes,  il  y  a 
encore  trois  antres  moyens  d'aller  à 
l'attaque  en  ordre  demi-profond. 

Le  premier  est  celui  des  lignes  mé- 
langées de  bataillons  déployés  et  de 
balaiMons  en  colonnes  sur  les  attes  de 
ceux  déployés.  1  ^  bataillons  déployés 
et  les  preniières  divisions  de  ceux  en 
colonne  feraient  feu  à  demi-distante 
de  mousquet ,  et  se  jettcr«ieiit  ensuite 
sur  l'ennemi. 

Le  deuxième  est  de  s'avancer  aree 
la  ligne  déployée,  et  en  faisant  feu , 


terie,  puis  en  lançant  des  colonnes  de 
la  seconde  ligne  à  traters  les  inter- 
valles de  la  première. 

Le  troisièene  est  l'ordre  échelonné 
mentionné  à  la  page  31  et  à  la  Ogure  11 
de  la  planche  i. 

Enftn  ied^frniertnoyen  est  de  s'a- 
▼ancer  eotièfrement  en  ordre  déployé , 
par  le  seul  ascendant  du  feu ,  Jusqu'à 
ce  que  l'un  des  deux  partis  tourne  le 
dos,  ce  qui  parait  presque  imprati- 
cable. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  toutes  ces  con- 
troverses, on  ne  saurait  trop  le  redire  ; 
il  parntt  absurde  de  rejeter  les  feux  de 
mousqueterie ,  comme  de  renoncer 
aux  colonnes  demi-profondes,  et  ce 
serait  perdre  une  armée  que  de  vou- 
loir lui  imposer  un  système  absolu  de 
tactique  pour  toutes  les  contrées,  et 
contre  toutes  les  nations  indistincte- 
ment. C'est  moins  le  mode  de  forma- 
lion  que  l'emploi  bien  combiné  des 
diOérentes  armes  qui  donnera*  la  yin- 
loire  :  j'en  excepte  néanmoins  les  co- 
lonnes trop  profondes  que  l'on  doit 
proscrire  de  toutes  les  théories. 

Nous  terminerons  cette  dissertation 
en  rappelant  qu'un  des  points  les  plus 
essentiels  pour  conduire  rinfhnterie  au 
combat ,  c'est  de  mettre  ses  troupes 
à  l'abri  du  feu  d'artillerie  de  Tennerei 
atttant  que  faire  se  peut ,  non  en  les 
retirant  mal  à  propos,  mais  en  profi- 
tant des  plis  de  terrain  ou  d'autres  ac- 
cidens  qui  se  trouvent  devant  elles, 
afin  de  lies  défller  des  batteries.  Qùnrtd 
on  est  venu  sous  le  feu  de  mouse^uete- 
rie,  alors  il  n'y  a  pas  à  calculer  sur  des 
abris  ;  si  l'on  est  en  mesure  d'assaillir, 
H  faut  le  faire;  les 'abris  M^^vent 
conventrtNins  ce  cas  qu'aux  tiriiilléurs 
et  aux  troupes  défensives.     '  • 

Il  importe  assex  gênérèlemèkit  de 

défendre  les  villages  qui  sont  -sur  Te 

jusqu*»  ta  deiuMiatmM  de  mèusque*  { firmt ,  eu  ^  éhereher  *•  Ms  «rftevér  si 


118  D8  LA  OMARDE  TACTIQVE  BT  IHI8  SATAILLM- 

Ton  est  •fwaillaDt;  mais  il  ne  fait .  reaseiiibtedMOpérationftd*iinegiiem« 
pas  non  plii|^  y  ailacher  ane  impor-  j  la  cavalerie  ne  saurait  défendre  une 
tance  déplacée,  en  oubliant  la  fameuse  '  poaMien  par  etta-méme  f^afit  secours 
bataille  de  Uochsledt  :  Marlboroug  et  j  d'inflMilerie;  son  bot  prineipal  est  de 


.Kugène,  voyant  le  gros  de  rinlinterie 
françaij^e  enterré  dans  les  villages,  for- 
cèrent la  centre  et  prirent  vingi-qua- 
Ire  bataillons  sacrifiés  pour  garder  ces 
postes. 

Par  la  même  raison ,  il  est  utile  d*oc* 
cuper  les  bouquets  de  bois  taillis  qui 
peuvent  donner  un  appui  à  celui  des 
deux  partis  qui  e^  est  le  maître.  Ils 
abritent  les  troupes,  permettent  de 
cacher  les  mouveineos,  protègent  ceux 
de  la  cavalerie,  et  empècheut  celle  de 
reimeiBi  d'agir  i  leur  proximité. 


Delà  cavaMa. 

L'emploi  qu'un  général  doit  bire  de 
la  cavalerie  dépend  naturellement  de 
sa  force  relative  avec  celle  de  Tenneaii, 
soit  en  nombre,  soit  ee  qualité.  Néan- 
moins, quelques  modifications  que  ces 
variations  apportent,  une  cavalerie  in- 
térieure, mais  bien  conduite,  peut  tou- 
jours trouver  l'occasion  de  faire  de 
grandes  choses,  tant  l'à-propos  est 
décisif  dans  l'emploi  de  cette  arme. 

La  proportion  numérique  de  la  ca* 
Valérie  avec  riuCanterie  a  beaucoup 
▼arié«  En  thèse  générale,  on  peut  ad-- 
mettre  que  Tarmée  en  campagne  doit 
avoir  un  sixième  de  sa  force  en  Uott^ 
pes  à  cheval  ;  dans  les  pays  de  monta- 
gnes, il  suffit  d'un  dixième. 

Le  mérite  principal  de  la  cavalerie 
gtt  dans  sa  rapidité  et  sa  mobilité;  oa 
pourrait  même  ajouter  dans  son  impé* 
tuosité ,  si  l'on  ne  devait  pas  craindre 
de  ipoir  Caire  une  fausse  application  de 
éetta  demiérequalilé» 

Quelitae  importmitii  qu'elle  soit  daoi  |  redv|gtabl«  4'arfillerie»  eade  lente  a«* 


prépireroa  d'achever  la  TicCeire,  de  h 
rendre  complète  en  enlevant  dea  prf* 
sonnlei»  et  des  trophéee,  de  poorsai- 
▼re  l'ennemi,  ée  porter  repldement^a 
secours  sur  un  poi»t  mettaeé,  d'enfen- 
œr  l'infanterie  ébranlée,  enfin  de  cen- 
vrir  les  retraites  de  l'infanteiie  et  de 
l'arlHIerie.  Voilà  poorqnoi  «ne  armée, 
manquent  de  cavalerie ,  obtient  lare- 
ment  de  grands  succès,  et  pouiquoi  mi 
retraites  sont  si  dîflBctlea. 

Le  moment  et  le  mode  les  plus  coa- 
fenaUes,  poor  faire  donner  le  cavale- 
rie, tiennent  «n  eoop^d'cBîl  du  chef, 
en  plan  de  la  hetaUe  »  à  oe  que  fait 
l'ennemi,  et  à  mille  combiiuiiaona  trap 
longuea  à  énumérer  id  ;  noua  iren  ia- 
diquerona  donc  qne  lea  |irincipaei 
traita. 

U  est  façonna  qu'mie  attaque  géné- 
rale de  cavalerie,  contre  une  ligne  ea 
bon  ordre,  ne  saurait  ètfe  tentée  avec 
succèii  sans  être  soutenae  par  de  Fia- 
fanterie  et  beaucoup  d'artUlerie ,  da 
moina  à  certaine  distance*  On  a  vu  à 
Waterloo  tout  ce  qu'il  en  coûta  à  la 
cavalerie  flrançaise  pour  avoir  agi  con- 
tre cette  règle,  et  la  cavalerie  de  Fré* 
déric  éprouva  le  même  aorl  à  Kikners- 
dorf.  On  peut  aa  trouver  appelé  néan- 
moins à  faire  donner  la  cavalerie  seule  ; 
mais  ea  général,  une  charge  anr  une 
ligne  d'infanterie  qui  se  trouverait  déjà 
aux  prises  avec  l'inranterie  adverm« 
est  celle  dont  on  peut  attendre  te  |»lus 
d'avantages  :  les  bataillea  de  Mareogo, 
d'EyIaa,  de  Borudino  et  dia  autres, 
l'ont  prouvé. 

On  exécute  aussi  de  grandes  chavges 
avec  succès  o(mtre  de  riaCanterie  qu^en 
aurait  d^  fémni  i  ébranler  par  oa  fea 


m- 


\ï 


ri 


M  U  «BAIiPft  TACriQOB  KT  DiBS  BATAIUIS.  919 

tré  ftaftMtfa*  UM  des  charges  d«  ce  ^  charge  plus  séricQse.  Pour  le  feu  de 
genre  lia  phii  reeMr^nahlea  fat  celle  carabine,  on  ne  sait  vraiment  à  quoi  il 
de  tai  ra?alerie  praaaienne»  à  Uohen-   peut  être  bon ,  puisqu'il  eiige  d'arré- 


friedfeery,  en  ilkk  (vo  jei  le  Traité  des 
opéralkMa)  ;  ma»  Uml6  charge  contre 
de»  aarréa  de  bemie  taiSulerieiion  en- 
taliée  ne  savait  léoaair. 

iA  Mie  ebarge  des  Français  sur 
Gesà,è  la  balaîHede  Leipaig,  le  Ift  octo- 
bre, esl^ii  grand  eaeflapie  eo  ce  genre. 
CelM  qs*Ua  eièonèreat  i  Waterloo, 
daaw  le  mèaie  boit  farent  adaiirables , 
oMia  mn$  f ètttliala  fasie  de  soutien. 
De  anèflae  la  cbarfa  audacieuse  de  la 
faîM»  cavalerie  de  Ney  «  sur  rartillerie 
du  pnmùà  de  Hehenlohe,  i  la  bataille 
d'Miia ,  eaC  on  eaempk  de  ce  qu'on 
pa«l  finre  e»  paseil  easi 

■nM  eu  fait  des  charges  générales 
os(Dtf%  hr  cavalerie  ennemie  pour  la 
chasser  dtt  champ  de  bataiUe,  et  reve- 
niv  enauite  centre  ses  bataiikons  avec 

il  bT;  a  If»  quatre  manières  de 
charger,  savoir  :  en  colonnes  4  dis- 
iBMav  ignés  aai  isni  (i);  en  lignes  au 
|akat>r  Mlhi  à  hi  débandade  :  toute» 
peuvent  être  employées  avec  succès, 
muas  hi  dsmge  en  mus sille  ou  en  ligne, 
hr  lance  eAm  den  avantages  incootesf^ 
laMaa;  dÉM  Isa  mèléen^  le  sabre  vaut 
pent-^êre  mimn  ;rd«  là  est  venue  l'if- 
dén  ée  dnnnsi  to  laoae  au  psemier 
rang  qv»  dekt  enfoMBi,  et  le  sabre  a» 
aeeaadqpii  doièaehever  per  des  kitlea 
pnrtinilaaii  Uê  tiMîUeasentavec  le  pis» 
tnlnt  ne  aanf¥ienl  guèra  fu'aui'  avant- 
pgsliU^  dntin  une-  chasys  en  fourra- 
gauiBiim»  lesaqoe-  ta  cavalerie  légère 
faut  hareelar  do  l'infanterie  et  la  dé- 
^unnitf  ie  son  feiiv.  aflft^  fiseerisernne 


ter  toute  la  troupe  |*our  tirer  de  pied 
ferme»  ce  qui  l'exposera  à  une  défaite 
certaine,  si  elle  est  abordée  tranche < 
ment.  Il  n'y  a  que  des  tiraitfeiirs  qtti 
puissent  faire  un  feu  de  liioCiïUiuel  efl 
courant 

Nous  venons  de  dire  que  tônfé^  lés 
nuiiiières  de  cbargef  pouvaient  6tfê 
également  bonnes.  Cependtfnf  il  faut 
bien  se  garder  de  croire  que  ('impé- 
tuosité soit  toujours  décisive  dans  tii 
choc  de  cavalerie  contré  cavalerie  ;  \ë 
grand  trot,  an  conirairef,  me  paraît  la 
meilleure  allure  pour  les  étisrges  eti 
ligne,  parce  qu'ici  tout  dépend  déTenf- 
semble,  de  l'aplomb  et  de  l'^ordré,  con- 
ditions que  l'on  ne  rétrouve  pès  dans 
les  charges  au  grand  gafop.  Celfcfs-cf 
conviennent  surtout  contre  f afliHei'i^, 
parce  qu'il  importe  plus  d'àMVer  tite 
que  d'arriver  en  désordre.  De'  même , 
avec  une  cavalerie  armée  de  sabres , 
on  peut  se  laucèf  au  gafop  à  deux 
cents  pas  contre  une  (îgne  ennemie 
qui  vous  éltendfail  d'é  pied  ferme; 
uiais  bi  l'on  a  une  cavàierré  armée  de 
lances,  le  grand  trotesf  la  térilabicf 
allure ,  car  l'avaùlagef  de'  cetiie*  âfme 
I  dépend  surtout  de  la  éonservafion  de 
l'ordre  :  dès  qu'il  y  a  mèléeT,  b  tafetctf 
perd  toute  sa  vafeui^. 

Lorsque  l'ennemi  iiëûi  k  yotti  M 
grand  trot ,  il  né  Sembfo  pai  pforfeaf 
de  courir  sur  lui  au  galop,  car  \ùùs  Hr^ 
riverez  tout  désuni  coùfiré  une  massa 
compacte  et  serrée,  qiii  ti'ayersWà  tof 
escadrons  décousus.  Il  u'f  aurait  qu« 
l'effet  moral  produit  têf  fâudbtér  tlp^ 


tf»l.iwinn»>artskadn 
Il  B'y  «aucaM  OMUradlctioB  tveeeeqae  i*ii 
•vaocé  aiUeuri ;  o»  ooaipraiMl  qu'il  ae  bISstt  |fiÉ 


pieiUurt  ébfonoet  Méùànéêf,  doiV  h  mt 

aw  pflMr  canHne'na  ^nan  an  tfan  mbUpUimi'*, 
qal  aMaaidéplarSf  paar  la 


920  DB  tJL  GRANDK  TACTlQUfi  BT  DBS  BÀTA1LL». 

]»arcnte  de  votre  charge  qui  pourrait  caralerie  ont  été  Tobjet  de  bicn  de» 

vous  élre  rivorablc;  mais  si  renncmi  controverses,  qq*il  serait  facile  deré- 

rapprécic  à  sa  juste  valeur,  vous  serez  duireé  quelques  ventés.  La  lance  est 

perdu;  car  dans  l'ordre  physique  et  na-  la  meilleure  arme  offensive  pour  une 


turel,  le  sud  es  doit  être  pour  la  masse 
compacte  contre  des  cavah'ers galopant 
sans  en^emUle. 

Des  oflTiciers  expérimentés  préfèrent 
le  galop  en  carrière,  commencé  à  deux 
cents  pas.  Je  sais  que  beaucoup  de  ca- 
valiers le  pensent  ainsi  ;  mais  Je  suis 
aussi  que  les  généraux  les  plus  distin- 
gués de  celte  arme  penchent  pour  les 
charges  au  Irot.  Lasalle,  un  des  plu< 
habiles  de  ces  gént  raux,  disait  un  jour 
en  voyant  la  cavalerie  ennemie  accou- 
rir «u  galop  :  «  Voila  des  gens  pt  r«ius  !  d^ 
et  ces  escadrons  furent  en  effet  culbu- 
tés ou  petit  trot.  Au  demeurant,  ta 
bravoure  personnelle  inllue  plus  sur 
les  chocs  et  les  mêlées  que  les  diffé- 
rentes allures  ;  le  g'ilop  en  carrière  n*a 
contre  lui  que  d'amener  la  dispersion 
et  de  changer  le  cho«;  en  môlée,  ce  que 
l'on  pout  é\iter  avec  les  charges  au 
trot.  En  échange,  le  fameux  coup  de 
HoUrail,  seul  avantage  du  galop,  n*est 
qu*nn  fantôme  dont  on  effiaie  les  ca- 
valiers sans  expérience  de  la  guerre. 

Quelque  système  que  Ton  emploie 
pour  aller  à  un  choc,  un  des  meilleurs 
moyens  de  réussir  est  de  savoir  lancer 
à  propos  quelques  escadrons  sur  les 
flancs  d*unc  ligne  ennemie  que  Ton  va 
assaillir  de  front;  mais  pour  que  cette 
manœuvre  obtienne  un  plein  succès, 
dans  les  charges  de  ca\aieri(^  contre 
^Cavalerie  surtout,  il  faut  qu'elle  ne 
b'exôcule  qu*à  Tinstantoù  lis  ligu'^^  en 
viennent  aux  prises,  car  une  minute 
trop  tôt  ou  trop  tard ,  l'effet  en  serait 
probablement  nul  ;  aussi  est-ce  dans 


troupe  de  cavaliers  qui  chargent  en 
ligne ,  car  elle  atteint  un  etineroi  qui 
ne  saurait  les  approcher;  mais  il  peut 
être  bon  d*dvoir  un  second  rang  on 
une  réserve  armée  de  sabres,  phis  fa» 
ciies  à  manier  lorsqu'il  y  a  mêlée  et 
que  les  rangs  cessent  d*6tre  unis.  Peut* 
être  même  vaudrait-il  mieoB  encore 
faire  soutenir  une  charge  de  lancien 
par  un  échelon  de  hussards,  qui,  pé- 
nétrant après  eux  dans  la'  ligne  enae- 
raie,  achèveraient  mieui  la  victoire. 

La  cuirasse  est  Tarme  défensive  pir 
excellence.  La  lance  et  une  cuirassa 
de  fort  cuir  doublé  ou  de  buflle  me 
semblent  le  meilleur  armement  de  la 
cavaièrre  légère;  le  sabre  et  la  cui- 
rasse en  fer  celui  de  la  grosso  cavale- 
rie. Quelques  militaires  expérimentés 
penchent  même  à  armer  les  cuirassiers 
de  lances,  persuadés  qu'une  telle  ca- 
valerie, assez  semblable  aux  anciens 
liommes  d'armes,  renverserait  tout 
devant  elle. 

Quant  à  la  troupe  amphibie  des 
dragons,  les  avis  seront  élcrncliement 
partagés;  il  est  constant  qu*il  serait 
utile  d'avoir  quelques  baialHons  d'io- 
fanterie  à  cheval,  qui  pussent  devancer 
rennemi  à  un  détilé ,  le  défendre  en 
retraite,  ou  fouiller  un  bois;  mais  faire 
de  la  cavalerie  avec  des  fantassins ,  oa 
un  soldat  qui  soit  également  propre 
aux  deux  armes,  parafi  chose  difficile. 
On  a  dit  que  le  plus  grand  inc*onvâ* 
nient  des  drirgons  provenait  de  ce 
qu*on  était  ol^gé  de  leur  prêcher  te 
matin  quun  carré  ne  saurait  résistera 


ce  coup-d'œil  précis   et  rapide  que  |  leurs  charges,  et  de  leur  enseigner,  le 

con!>*i>tp  le  plus (i;ra»d mérite dun ofll-  '-  soir,  qu'un  fantassin ,  armé  de  son  fu- 

cier  de  cavalerie;  •  siU.. devait  culhuter  tous  les  cavaUen 

L'armement  et  l'organisation  de  la  j  poasihlea.  Cetaigum^t,  fl^(  l^usspi- 


DE  LA  t^RAllOfK  i-ACTIQn  BT  D»  MktAMàMré^  9M 

cie^x  (\ue  vr&i;  W 'au  lieu  dé  leur f  soit  qo'M  préfère  dos  ligneiplejneft,. 
prêi  her  HtVs  maifAie^  §i  cotllradfeCf^  la  4M«nee  det  lignes^ eiitoe  ^Ues  iloii 
res,  1  >vr;  :t  plus  ilaturcfl  de  leur  dire  <  être  asaet  grande  ftoor  q»*eil(miie 


^ue  îii  «le*  brnfcs  cflvatfers  peuvent  en-^ 
Foncer  iitrriïrtré,  de'  braVes  fantassins 
peuvent  m<'^  n»pousser  celle  i^àrge; 
que  fa  vîcl'  ire  ne  dépend  pas  toujours* 
de  Id  supér.of  lié  de  Tàrnie,  mais  bien 
de  mille  circonstances  ;  que  le  courte 
dos  troupes,  la  préiscrtce  d'csprtt  des 
chefs,  une  manœuvre  faite  à  propos , 
reffet  de  rartillerie  et  du  feti  de  mous- 
queterie,  la  pluie,  la  tioae  même,  ont 
contribué  à  des  échecs  ou  à  des  sue* 
ces;  mais  qu*effi  thèse  générale,  on 
brave,  à  pied  ou  à  dieval,  doit  battre 
un  poltron.  En  inculquant  ces  vérités 
k  des  dragons,  ils  pourront  se  croire 
supérieurs  à  leurs  odveraeires,  soit 
qu'on  les  emploie  comme  fantassins, 
soit  qu'ils  chargent  comme  tavellera. 

On  ne  saurait  nier  qtf'ilestXaasai 
bien  des  circonstances,  surtout  dam 
les  batailles  rangées,  ou  dit  mille  hom- 
mt*<i,  transportés  vivemetit  à  cheval 
su  un  point  décisif  et  y  combattante 
pied ,  pourraient  faire  penèber  la  ba* 
lain'e. 

f  f)ut  ce  qu'on  a  dit  pour  la  forma- 
t  n  I  de  rinfanterie  peut  s'appliquer  à 
la  javalerie,  sauf  les  modiGcalions  sui- 
viîntcs  : 

l.es  lignes  déployées  en  échiquier 
ou  en  échelons  sont  beaucoup  phis 
convenables  à  la  cavalerie  que  des  li- 
g  r- Y  pleines:  tandis  que  dans  Tinfaih 
tene,  l'ordre  déployé  en  échiquier  pa- 
raît trop  morcelé,  et  dangeréatf  si  la 
cavalerie  venait  à  pénétrer  et  à  pren^ 
dre  les  bataillons  en  ftanCb  L'échiquier 
n^est  sûr  que  pour  des  mouvement 
{.ré^aratoiros  avant  de  heurter  '  Vm^ 
nemi,  ou  bien  pour  des  lignes  en  co- 
lonnes d'attaque  pouvant  se  défeudre 
par  elles-mème»  en  totts  sens  contre  la 
cavalerie.  Boit  qu'on  rormeréoUquier, 


s'entratnent  pas  rértpsoqvenettt  en 
cas  d'échec,  vu  la  rapidité  avec  laquelle^ 
on  est  ramtoé  si  la  chaage.^si  mai- 
lienrense.  Seulement  il  est  ton  A*ob^ 
server  que,  dans.réchtquitrv-Ja  41$^ 
tance  peut-être  moindre  que.  daiM  la 
ligne  pleine.  Dntia  «ueun  cai^,  la  se- 
conde ligne  ne  «aurait  6(re  pleine.  On. 
doit  la  former  1  en  cannes  par  divK 
sioDS>  ou^u  mi^na  y  laisser  des  ou- 
vertures de  deux  escadrons,  qu'on  peut 
ployer  en  colonnes  sur  le  flanc  de  chfi- 
quo  régiment,  (lour. faciliter  l'écoule- 
ment des  troupes  ramenéea. 

Bans  l'ordre,  en  colonnes  d'attaque, 
sur  le  centre;  la  caifalerie  doit  être  par 
régimeiis,  et  rinCanterie  seulement  par 
bataiHons.  Poiv  lûen  se  prêter  à  cet 
ordre,  il  faut  alors  des  fégimcos  de  six 
escadrons,  afln  qu*en  se  ployait  sur  le 
centre  par  divisions  «  ils  puissent  en 
former  trois.  S'ila  n'avfMentqueqiiatre 
escadrons,  ils  ne  fonneniient  alors 
que  deux  lignes. 

La  colonne  d'attaque  de  cavalerie 
ne  doit  jamais^tre  serrée  conune  celle 
de  PinISinterie ,  niais  à  distance  onde^ 
mi-distance  d'escadron,  afln  d'avoir  du 
champ  pour  débotter  et  charger.  Cett^ 
distance  ne  s'entendtau  reste  que,  pour 
les  troupes  lancées  au  coqoAMt;  lors. 
qu'elles  sont  au  repos  derrière  la  Jigite, 
on  peut  lesj  serrer  pour  couvrir  wmu» 
de  terrain  et  diminuer  l'espace  qu'été 
les  auraient  à  parcourir,  pour  s'enga^ 
ger»  bien  enteMo  neannu>ins  que  ces 
masses  seront  à  l'abri  ou  hors  de  porr 
tée  du  canon*  ,    . 

L'»itaqae  de  flanc  étant  plus  à  re- 
douter dans  la  cavaierip  fue  «lins  w 
comM  d'infsnteije  contre  infipterie, 
il  est  néc^^aire  d*éiii^lir,  sur  to  ei- 
tKéqiiMAfiliuid  Usoe4e  c«vi4me,.qu9lr 


M  lA  «lA»»  TM7I«9B  BT  M»  lÂTAIlUi. 


qMi  uminM  Midottiié»  ptr  pelo^ 
tonâ«  pMT  iiQ^ib  fttiitMi  Èbktmer 
ptr  un  adroite  M  oo  i  faorhecM» 
tm  rêMMOrifui  TiMdriil  imfoiéler  le 

9m  le  nAne  mMt,  il  eil  eneMiel , 
comÉio  M  re  déjà  dit,  de  saveir  la»* 
œr  à  propos  qnekioe»  «scadione  ter 
les  flâner  d*iine  Hpie  de  tafelefieqee 
roo  est  pfts d*eliorder;  li  l'on  e  deli 
cevelerie  tarègûlière  ereo  toi ,  e'eH 
sortoori  ode  qee  ITeii  doil  Futiliier 
deii!i  le  cemM;  car  peer  eet  oMge, 
eHe  taet  antanc  eipeeMCie  erien^o» 
la  régulière* 

Une  obM^tkm  haportante  eDflri« 
e'est  que  danala  eanleile  mxiUn^^  il 
éat  biia  qoe  le  eommandemeet  de  cHef 
«^étende  en  pretMdeur  plelM  qe^en 
longueur.  Par  ei6mple«  dâfes  une  dM^ 
tfion  de  dent  brfgaéai  qo)  déptoienM  « 
il  ne  serait  paa  bon  que  diaque  brigade 
formât  me  «eule  Ngne  derrièr»  revire; 
Hiaîs  Me»  que  chaque  brtgaie  edt  tm 
nSgroient  en  première  Rgne  et  M  en 
aecoiide;  ainal  ehaique  unité  de  le  ligne 
aura  sa  propre  réserve  derrière  eHe^ 
a?antAge  qe'oit  ne  saurait  méconnaî- 
tre, car  les  évènemena  iHMt  ai  tite  dena 
les  charges ,  qu'il  est  impemMe  à  en 
oflBci%'r'géiiéral  dittre  maître  de  deoi 
pégimem  déployéa. 

Il  eat  vrai  qtf*eri  adoptant  ee  mode, 
diaque  général  de  brigade  aura  la  le- 
aillé  de  disposer  de  sa  nSserve,  et  qaTil 
•sraM  bon  néaneoieine  <f en  avoir  wie 
pour  toole  la  drviaiew;  c'est  ce  qui  (kit 
penser  qee  le  eiemAre  de  da^régi^ 
nene  par  difhiw  conviefit  fort  lien  à 
br  cavalerie: 

Deux  maximes  essentieReesMtgé^ 
nérateamot  admises  ponrleeeiottiéats 
ût  dsielefls  eescrtf  cet aKsrte  .  r^soe 
eso  ^ea  asnse  pMmiQre  p^nv  oth  else 
«t  on  tird  mnenée;  €ar^  dasii  la 

9k 


ni  le  obarge  la  plus  henrense»  il  est 
pnAaMe  vie  rennemi,  en  lui  oppe- 
San*  dae  escadrons  frais ,  le  forcera  à 
venir  se  rallier  derrière  la  seconde  li- 
gne; rentre  maaime  est  qu'à  mérite 
égal  des  tiMpea  et  des  obeCi,  la  vic^ 
teire  fesCere  à  calniquî  aura  les  der- 
niers escadrons  eii  réserve,  et  qui  san* 
rn  leslanaer  i  propos  snr  les  flancs  de 
la  Ugaie  enoemie,  d^  aux  priées  avec 
la  sienne* 

C'est  sur  ces  den  vérllés  qn^on 
penrra  se  fonsMr  ene  juste  idée  d« 
syslèoM  de  fermallen  le  plus  cowve- 
nnblepenreondntoe  on  gros  oorps  de 
cavalerie  an  eembet* 

Quel  que  seît  l'ordre  qu'on  adopte, 
il  Cnit  se  garder  de  déployer  de  grands 
corps  de  eavetarie  en  lignes  pleines; 
car  ee  sewt  des  eohues  dittciles  i  ma- 
oier«  et  si  In  psemière  ligne  eet  rarae^ 
née,  b  seosnde  sera  entmlnée  sans 
peenroir  tirer  le  sabre. 

Je  ans  suis  élevé  centre  la  Cemaation 
de  in  cavalerie  snr  plus  de  deii»  lignes; 
mai»  Je  n'ai  jamais  entenda  exclure 
plttsèeursr  Kgnos  en  édii^fiier  ou  éche- 
lonnées ,  ni  des  réf^erves  formées  en 
colenne!*;  je  ne  voulais  parler  <|ue  de 
la  cavalerie  déployée  pour  dwii^r  en 
mnraiUe^  et  dont  le»  lignée.  Inutile- 
ment entassées  l'une  derrière  l'autre , 
sersîenienifalnées  dès  que  le  première 
vîaadf  ait  è  tourner  te  doau 

An  denMurant,  en  cavalevie  pins 
qm'en  îniMterie  CMore^  l'aecendant 
BMml  faitbeaneenp)  le  conp^caft  et 
le  aanf-fipoié  du  eheC,  l*întelli0aBce  et 
la  bravonrO'dii  seUat,  snis  dana  In  mê- 
lées» soit  peur  IgraUiementp.  proeare- 
seni  In  vieloise  plua  soumet  qpie  telle 
M  telle  «nUe  fermetiea;  eependent, 
quand  nsi  peut  réunir  ces  deux  aven* 
tmae«  o»  &*e»  est  ^  plue  sAr  de 

uLaiftA.  Bin.  nuu^ldflîiiflMff  Va-» 


I 


M  Là  MA19M  f Mffffm  BT  Ml  BATAILUB» 


(1819  à  IM5)  a  renoufelé  afosn  d^n<*> 
ciennes  controverses  pour  décider  ri 
la  cavalerie,  rmnbalUiit  en  Hgiie,  fMit 
inompher  i  la  tongtie  d'ane  eavaleria 
irrégolîère,  qui,  évitant  tool  engage* 
meiil  aérieux ,  fuit  avec  la  véieieilé  dû 
Fertile  «I  revient  an  combat  avec  la 
même  vivacité  ^  le  bernant  i  harceler 
reonesAi  fiar  des  attaquai  indivîdaeU 
les.  Uoyd  s*est  prononcé  pour  la  iià» 
gatâve  ;  amia  il  ne  hut  pas  s'y  tromper, 
et  croire  qii^il  serait  posiîUe  d'exicn* 
ter  les  mènes  choses  avec  des  régî^ 
asenade  cavalerie  légère  disciplinée, 
qu'on  taBcerail  en  fourragftur»  cuotre 
des  escadroMbien  unis;  C'est  la  grande 
habitude  de  se  mouvoir  eu  déaordra 
qui  fSait  que  les  troupea  irréguUères 
savtBt  diriger  tous  les  effi>rts  ifidivh> 
duels  vers  un  but  oaaamun. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  doit  con- 
clure, à  mon  avis»  que  ^oor  les  batail- 
les»  ime  cavalerie  régulière,  munie 
d*anDea  de  longueur,  et  pour  U  petite 
guerre  une  cavalerie  irrégulière ,  ar^ 
mée  d'escelleos  pistolets,  de  iancea  et 
de  aabrea,  sera  toujours  la  mei  Heure 
organisatâou  pour  cette  branche  im-^ 
portante  d'une  armée  bien  constituée. 

Au  demeurant,  quelque  systèaoïeip» 
Ton  adopte  «  il  n'en  paraît  pas  moins 
incootesiahle  qu'une  nombreuse  cavu* 
lerie,  queue  qu*eu  »oit  la  uature,  doit 
avoir  une  grande  influence  sur  lea  rè«- 
sultats  d'une  guerre  ;  elle  peut  porter 
au  ioîA  la  terreur  cbe^  l'ennemi;  die 
enlève  ses  convois,  bloque*  pour  ainsi 
dire,  l'armée  dans  ses  positioua,  rend 
aea  eommuntcatîoos  difficiles,  si  ce 
s'est  même  impossiblea,  trouble  toute 
harmonie  dans  ses  Dntie^isaa  et  dans 
aea  opoiureaiient;  ea  uu  mut»  elle  pro- 
cure w^HW  ton  nèvMa  avantages 
^*«iie  )ev4e^en  «Misses  deapopulatiuui^ 
e»fflftiutl»t«aubtemirta«  flancs  et 


les  derrières  d'une  armée  «nueraie^  ei 
en  réduisant  son  général  à  l'impeali« 
bilité  de  rieu  calculer  avee  eiactîtMde* 

Toute  oi^nteatioB  qui  teodrait  donc 
à  doubler  les  cadra  de  la  esvalei ie  en 
cas  de  guerre,  en  y  incorporant  des 
mHiees,  serait  un  bon  système;  car 
cea milices,  aidèea  de  quHquea  boni 
escadrons,  pourront,  au  bout  de  quai' 
queemois  de  campagne,  bire  de  bous 
portisans.  Sans  doutq^sa  milices  n'aur 
ront  pas  tontes  les  qualités  que  possè** 
dent  les  popnlalions  guerrières  et  no** 
modes  qui  passent,  pour  ainsi  dire« 
leur  vie  è  clieval,  et  dont  le  pi^emior 
des  instincta  est  celui  de  la  petite 
gueree.  Sous  ce  rapport  la  Eussiaa  ui 
grand  avantage  sur  tous  ses  veisiuf  % 
tant  par  Is  quantité  et  Is  qualité  de  S4I 
chevaux  du  Don,  que  par  Is  nature  des 
milices  irrégulîères  qu'elle  peut  lever 
au  moindre  diguaU 

La  seule  de  mes  maximes  qui  a  ex- 
cilé  quelquea  eantroversea  cet  celle 
relative  i  rallnre  du  trot  peur  ko  cba^ 
ges  contre  cavalerie.  Quoi  qu'on  en  ait 
dit ,  je  crois  eueora,  i  1  heure  ou  j'é- 
cris, que  le  succès  dépend  beaucoup 
du  maintien  de  l'ordre  jusqu'au  mov^* 
ment  du  choc,  et  que,  pour  les  lau« 
ciera  surtout,  le:  choc  d'une  auims  èim 
$n  ordres  et  au  trot,  triompherait  d'uuf 
troupe  éparpillée  par  ie  galop  eu  pleine 
carrière. 

Au  demeurant,  maintenir  Tordre» 
autant  que  possible,  dans  le  choc»; 
s'appliquer  à  le  faire  seconder,  au  m^ 
meut  opportun ,  par  une  attaqué  de 
flaue  ;  savoir  deuuer  i'iaspulsiou  ohk 
laie  à  sa  troupe ,  et  nvoir  un  échelon 
prêt  pour  soutenir  à  prepoa«  voila  Uu 
seuls  élémMO  de  succèa  fuo  l'aie  '^ 
mais  recenuua  peur  pratteables  dans 
lea  ohaigea  de  cavalerie  centre  cavale* 

m*  fiar  Imiteft  lea  bellpa  raaiimfta  du  * 

moud»  viennept  aipiieg  dana  we  hrtte 


H  LA  GRANDE  TACflOm  Vïï  Mft  AATAliLVt. 


rapide  comme  réidair,  où  les  phis 
biles  profe«:sem  n'auraient  que  le 
temps  de  parer  les  eoups  de  sabre, 
sans  même  se  trouver  en  état  de  don- 
ner nn  ordre  qui  put  être  enU»dtt  et 
exécuté» 

Je  n*ai  jamais  nié  que  la  cavalerie 
ne  oonconn&t  è  la  défense  d'une  po»i* 
tion  ;  mais  qu'elle  la  défendit  par  eltoi- 
même ,  je  le  nierai  toujours.  Placée 
sur  une  position,  derrière  cent  pièces 
de  canon,  elle  pourra  s'y  maintenir,  si 
on  se  contente  de  la  canonner,  comme 
la  cavalerie  française  se  maintint  si 
bravement  è  Eylau  ;  mats  que  rinhn- 
terie  et  rartillerie  marcbenl  sur  elle 
après  avoir  paralysé  son  canon,  et 
fOus  verrez  si  la  position  sera  défen- 
due. 


De  remploi  de  rvtillerfe. 

L'artillerie  est  à  la  fois  une  arme 
offensive  et  défensive  également  re<^ 
doutable. 

Comme  moyen  offensif ,  une  grande 
batterie  bien  employée  éf  rase  une  li- 
gne ennemie,  Tébrartle,  et  facilite,  aui 
troupes  qui  l'attaquent,  les  moyens  de 
renfoncer.  Comme  arme  défensive,  il 
fsut  reconnaître  qu'elle  double  la  force 
d*i]ne  position ,  non  seulement  par  le 
mal  qu'elle  fait  de  loin  à  Tennemi^  et 
par  l'effet  moral  qu'elle  produit  à  une 
longue  distance,  mais  encore  par  la 
défense  locale  qu'elle  fera  sur  la  posi-* 
tion  même,  et  à  portée  de  mitraille. 
Elle  n'est  pas  moins  importante  pour 
l'attaque  et  la  défense  des  places  ou 
des  camps  retranchés,  car  elle  est  l'Ame 
de  la  fortification  moderne. 

'Nous  avons  dit  quelques  mots  ^m  sa 
répartition  dans  la  ligne  de  bataille, 
mais  nous  sommes  plus  embarrassé  de 
dire  la  manière  dont  on  ta  fait  agir  dans 


le  combat  Ici  les  chances  se  nndti- 
plient  tellement,  à  raison  des  droona- 
tances  particulièoes  de  t'affoire,  du  ter- 
rain et  des  mottvemeos  de  l'ennemi , 
qu'on  ne  peut  pas  dire  que  l'artillerie 
ait  une  action  indépendante  de  celle 
des  autres  armes.  Cependant  on  a  vu , 
à  Wagram ,  Napoléon  jeter  une  batte- 
rie de  cent  pièces  dans  la  tmuée  occa- 
sionnée à  sa  ligne  par  le  départ  du  corps 
de  Masséna,  et  contenir  ainsi  tout  Tef- 
f6rt  du  centre  des  Autrichiens  ;  mais  0 
serait  bien  difOdle  d'ériger  en  maaime 
un  pareil  emploi  de  rartillerie. 

Nous  nous  bornerons  à  présenter 
quelques  données  fondamentales,  en 
observant  qu'elles  sont  basées  sur  l'état 
de  cette  arme,  tel  qu'il  e&istait  dans 
les  dernières  guerres;  l'emploi  des 
nouvelles  découvertes  n'étant  pas  en* 
core  bien  déterminé  ne  aauraît  troih 
ver  place  Ici. 

1*  Dans  l'offensive,  on  doit  réunir 
une  certaine  masse  d'artillerio  sur  le 
point  où  Ton  se  prépare  a  perler  les 
grands  coups  ;  on  l'emploiera  d'abord 
è  ébranler  par  son  feu  la  ligne  de  l'en- 
nemi, aOn  de  seconder  l'attaque  de 
rinfanterie  et  de  la  cavalerie. 

2«  Il  faut  en  outre  quelques  batteries 
d'artillerie  à  cheval ,  pour  suivre  le 
mouvement  offensif  des  colonnes,  in- 
dépf'ndammeift  des  batteries  légères  a 
pied  qui  ont  U  même  destination.  Tl 
ne  faut  pourtant  pas  lancer  trop  d'ar- 
tllleriïs  à  pied  dans  un  mouvement  of- 
fensif; on  peut  la  placer  de  manière  à 
ce  qu^elle  atteigne  le  but  sans  soine 
immédiatement  les  colonnes.  Toute- 
fois, lorsque  lé  train  est  organisé 
pour  y  placer  les  artiHéUrs,  on  peut  la 
risquer  plus  facilement. 

9*  Nous  avons  déjà  dit  que  la  moitié 
au  moins  de  rartiilerie  A  cheval  doit 
être  réunie  en  réserve,  pour  se  porter 
rapidèmentpartoUtoftte  besoin  Veiige. 


»IU/  «MMOB 


A  cet «ffiel ,  îlYaEatla  plaenr  sur  ie  ter- 
rain le  pios  ouvert,  oà  elle  puisse  se 
mouvoir  en  tous  sens. 

i'  Les  batteries,  qttoiqiie  répendues 
en  général  sur  toute  une  ligne  défen- 
sive, doivent  savoir  diriger  leur  atteo- 
tîoD  sur  te  point  oul^énneim  trouve- 
rait plus  d'avantages  ou  de  fistcilités  à 
pénétrer  ;  il  faut  donc  que  le  général 
'eommandant  rartillerie  connaisae  le 
poltit  élratégiqueet  tactique  d*tn  champ 
dé  bataille,  auS2»i  bien  que  le  Uerrain  en 
lUfoinéme ,  et  que  toute  la  répartition 
des  réserves  d*artlHerie  soit  calculée 
sur  cette  double  donnée. 

5*  Chacun  sait  que  rarlHlerie  placée 
en  plaine,  ou  au  milieu  dé  pentes  dou* 
cernent  inclinées  en  glacn,  est  celle 
dont  reffet,  i  plein  fouet  ou  à  rico- 
chets, sera  le  plus  meurtrier  :  pemonne 
n*ignore  non  plus  que  le  feu  concen- 
trique est  celui  qui  convient  le  mieui. 

6*  L'arttfierie  de  toute  espice  em- 
ployée dans  les  batailles  ne  doit  jamais 
oublier  que  sa  prindpale  destination 
est  de  foudroyer  les  troupes  ennemies, 
et  non  de  répondre  à  leurs  batteries. 
Cependant,  comme  il  est  bon  de  ne 
pas  laisser  le  champ  libre  à  l'action  du 
canon  ennemi,  il  est  utHe  de  le  com- 
battre pour  attirer  son  feu  ;  on  peut 
destiner  à  cela  un  tiers  des"  pièces  dis- 
ponibles, mais  les  deux  tiers  au  moins 
doivent  être  dirigés  sur  la  cavalerie  et 
IMnfAnterie. 

!•  Si  Tennemi  s'avance  en  Kgnes 
déployées,  les  batteries  doivent  cher* 
cher  i  croiser  leur  feu  pour  prendre 
ces  lignes  en  écharpe  ;  celles  qui  pour- 
raient ac  placer  sur  ier  fiSncs,  et'battre 
les  lignes  dans  leur  prolongement ,  fe- 
raleat  on*  «âet  décisif. 
^  8P  Iioraqite  L'eraemi  s'arance  en  co- 
lonnes, oo  peut  les  battre  de  front, 
c'estf-à-dh e  dam  leur  profendeor.  Too- 
tefojp,  il  B'fist  paa  meîiis  avantageux 


hut  w»  Bâjr Aiu«Sb  fm 

detesbattreen  écharpe, et-surtout  de 
flanc  ou  de  revers.  L'effet  moral  pro^ 
dttit  sur  ies  troupes  par  rartillerie  qui 
prend  de  r<;vers,  est  incalculable  :  il  est 
rare  que  les  plus  vailians  soldats  n'en 
soient  pas  étonnés  ou  ébranlés  ;  le  beau 
mouvement  de  Ney  sur  Preitâiz  [bataille 
de  BauUen)  fut  neutcaUsé  par  quel- 
ques pièces  de  Kleist,quï  prirent  ses 
colonnes  en  flanc,  les  arrèièreot,  et 
décidèrent  le  maréchal  à  changer  sa 
bonne  direction.  Quelques  pièces  d'ar- 
tillerie légèrov  lancées  à  tout  risque  sur 
lea flancs  pour  obteoir  un  pareil  résul- 
tat^ ne  seraient  jamais  aventurées  sans 
utilité. 

0*  Il  est  reconnu  que  les  batteaies 
doivent  être  constamment  soutenues 
par  de  Tinfanterie  ou  de  la  cavalerie, 
et  qu'il  est  avantageux  de  bien  ap- 
puyer leurs  flancs.  Cependant  il  se 
présenta  des  cas  ou  il  faut  dévier,  de 
cette  mat  ijHie,  et  l'exemple  de  Wagram 
en  est  un  des  plus  remarquables. 

10?  il  est  important  que,  dans  ies 
attaques  de  cavalerie,  l'artiDerie  ne  se 
laisse  pas  effrayer,  et  qu'elle  tire  d'a- 
bord- à  boplets,  puis  à  mitraille,  aussi 
Icmg-teoips  que  cela  se  pourra  (1).  Dans 
ce  cas,  l'infanterie  chargée  de  protéger 
les  batteries  doit  être  fermée  en  carrés 
i  proijoiilé,  afin  de  donner  refuge  aux 
chevaux ,  et  ensuite  aux  canonniers  ; 
les  carrés  longs,  proportionnés  à  re- 
tendue du  front  de  la  batterie,  sem- 
blent les  plus  propres  à  ren»plir  cette 
,  destination  quandj'infanterie  est  der- 
rière les  pièces  ;  sieUe  se  trouve  à  c^, 
les  carrés  parfait&seron t  préférables.  On 
assure  aussi  que  les  batteries  de  fusées 
peuvent  être  emptoyées  ^sontre  la  ca- 


.  (1)  Les  obas  de  nouvelle  invention ,  donnant 
IM  moyens  de  porter  cas  projectites  k  mille 
Uiies  avec  aas  iriiiMa  InsèailUa»  s erovl  mè 
arns  MffiWaaiiuas  ia  cavaMa. 


Mo 


Bft  ul  MÂim  tA€Ti«tni  mt 


ralerte  dont  eHas  effrtleiit  les  ehe^ 
faai  ;  iMts,  je  le  ré|iète,  c'est  encore 
une  eipérîence  à  faire,  et  on  ne  sMh 
mit  baser  une  maiime  sur  des  doo- 
nées  nussi  incertaines. 

11*  Dans  les  attaques  d'infanterie 
contré  rartillerie,  la  nfiaiime  de  tirer 
le  plus  lonK-t«*nips  possible,  sans  oéan- 
moins  commencer  de  trop  loin,  eat 
encore  plus  rigoureuse  que  dans  te  cas 
susmentionné:  les  eanonnien  «nront 
teujoun  le  moyen  de  se  mettre  à  l'abri 
Ile  rinfanterie  s'ils  sont  oonvenaUe- 
ment  soutenus.  C'est  ici  un  des  cas  de 
faire  donner  è  la  fois  les  trois  armai, 
car  si  rinfanterie  ennemie  est  ébranlée 
par  l'artilierie,  une  attaque  combinée 
d'infanterie  et  de  cavalerie  causera  aa 
destructîoii. 

.  li*  Les  proportions  de  l'artillerie 
ont  considérablement  varié  dans  les 
dernières  guerres.  Napoléon  s'en  ftat 
conquérir  l'Italie,  en  1800,  avec  qua- 
rante ou  cinquante  pièces,  et  il  rétiasit 
complètement;  tandis  qu'en  1814,  il 
envahit  la  Russie  avec  mille  pièces  at- 
telées, et  ne  réussit  point.  Cela  prouve 
asseï  qu'aucune  règle  absolue  ne  sau- 
rait fixer  ces  proportions.  On  admet 
généralement  que  trois  pièces  par 
mille  combattans  sont  suffisantes ,  et 
même  en  Turquie,  comme  dans  les 
montagnes,  c'est  beaucoup  trop. 

Les  proportions  de  la  grosse  arlille- 
rie,  dite  de  réserve,  avec  celles  de  l'ar- 
tfiterie  plus  légère,  varient  également. 
C'est  un  ^rsnd  abus  que  d'avoir  trop 
de  grosse  arilllerie,  car  dans  les  ba* 
tailles,  le  cinon  de  6  ou  de  8  fait  è  peu 
près  le  même  eOet  que  celui  de  13 ,  et 
M  jdi  pourtant  une  grande  différence 
dans  la  mobilité  et  les  embarras  acces- 
soires de  ces  calibres.  Au  reste,  une 
des  preuves  les  plus  notables  que  Ton 


snocès  des  armées^^fiai  dannte  par  Ki- 
poléon ,  après  la  bataille  d'EyIau  :  las 
pertes  cruelles  que  ses  troupe»  essuyè- 
rent par  le  Gea  de  la  ooaabreuae  artille- 
rie des  Ruades,  lui  firent  sentir  la  né- 
cessité d'augmenter  la  sienne.  Avas 
une  activité  difluile  è  ooncevoîr,  il  il 
travailler  dans  tons  les  artenaui  de  la 
Prusse,  de  la  ligne  du  Rhin  et  mèmt 
de  Metx,  à  renforcer  le  DO«ibre  de  aei 
pièces  et  à  en  couler  4e  nouvelles 
utiliser  les  munitioos  ifu'il  avait 
quisea  dans  la  eampagne.  Sa  liaii 
mois  il  doubla,  i  quatre  ctota  lieuesde 
ses  frontières,  le  personnel  et  le  WÊr 
térial  de  son  artillerie,  chose  |iras(|M 
inouïe  dans  les  annaleade  la  guenib. 

13^  Un  des  moyens  les  plus  conie^ 
fiables  pour  obtenir  le  meillear  eaq^ 
possiUe  de  rartiUerie« aérait  de  doBBtr 
toujours  le  couuDandemeat  snpériev 
de  cette  araae  à  on  géuéral  d'artillerie 
à  la  fois  bon  tacticien  et  atratégiste  ;  ce 
chef  aurait  la  faculté  de  disposer  dob 
aettiement  de  la ^ réserve  d'artillerie, 
mais  encore  de  la  moitié  des  pièœi 
attadiées  aux  différons  corps  ou  divi- 
sions. 

Il  pourrait  aiosi  se  conQNrter  avec  le 
génératiasinie  sur  le  moment  et  le  liea 
où  des  masses  Goosidérablea  d'artillerie 
pourraient  le  nùeui  contribuer  i  la  vie» 
toire;  maisU  ne  ferait  jiimais  une  teUa 
réunion  de  masses  sans  avoir  pris  »  aa 
préalable,  les  ordres  du  fommandml 
en  chef. 


Ds  rsnaM  estsMné  to  imii 


Pour  terminer  entfèreaaeni  ce  pré- 
cis, il  restait  à  parler  de  remploi  eooH 
biné  des  trois  armes  :  omis  oombien  de 
puisse  citer,  pour  faire  juger  l'influence  1  variations  minutteuses  ce  aolet  ne  pié- 
des  proportions  de  l'armemeat  sur  les  JLsenleraitHl  pm,  ei  l>n  arait  la  piéln 


M  iA  êÈÀMM  TAcnon  n  W$  BATIOUM, 


999 


►  /    . 


tion  de  pénétrer  dans  tous  les  détails 
qu'exige  l'application  des  maximes  gé- 
nérales indiquées  pour  chacune  de  ces 
armes  en  particulier? 

Plusieurs  ouvrages ,  et  les  allekQftt^df 
surtout,  ont  sondé  cet  abîme  sans 
fond ,  et  Us  n'ont  obtenu  de  résultats 
passables,  qu'en  multipliant  à  l'infini 
les  exemples  pris  dans  les  petits  com- 
bats partiels  des  dernières  guerres.  Ces 
exemples  suppléent  en  effet  aux  matt- 
mes,  lorsque  l'expérience  démontre 
qu'il  serait  impossible  d*en  donner  de 
fixes.  Dire  que  le  commandant  d'un 
corps  composé  des  trois  armes,  doit  les 
employer  de  manière  à  ce  qu'elles 
s^appuient  et  se  secondent  mutuelle- 
ment ,  semblerait  une  niaiserie,  et  c'est 
néanmoins  le  seul  dogme  fbndamen** 
toi  qu'il  soit  possIMe  d^établir,  car  vou- 
loir prescrire  à  ç6  cbef  la  manière  dont 


ii  devra  s'y  prendre  dans  toutes  les  cir- 
constances, ce  serait  s'engager  dans  un 
labyrinthe  inextricable. 

Placer  les  différentes  armes  selon  le 
terrain ,  i»$ioa  le  but  qu'on  se  propose, 
et  celui  que  l'on  peut  opposer  à  l'en- 
nemi ;  combiner  leur  action  simul- 

• 

tanée  d'après  les  qualités  propres  à 
chacune  d'elles,  en  ayant  soin  de  les 
faire  soutenir  réciproquement,  voilà 
tout  ce  que  Tart  peut  conseiller  ;  c'est 
dans  l'étude  des  guerres,  et  surtout 
dans  la  pratique,  qu'un  officier  supé- 
rieur pourra  acquérir  des  notions,  ainsi 
que  le  coup-d'œil  qui  inspire  leur  ap- 
plicalion  opportune.  L'histoire  mili- 
taire, accompagnée  de  Mine  critique, 
est  la  Térîtable  école  de  la  guerre  (1). 


M44ri^f  ceU0  d«  Guêttu  é$  te  révoUUiom  » 
sik  f il di IfapoUon qm j'ai pabliées. 


••»•>■'''' 


»•  f 


-amtBiBmm 


ssKs3âtfisse&^=sssséa9BiâsaHBa^:^ 


". 


CONCLUSION. 


Koof  Douf  sommes  efforcé  de  re-* 
tTicer  les  points  principaui  qui  nous 
ont  paru  susceptibles  d*ëlre  présentés 
comme  maximes  fondamentales  de  la 
guerre.  Touterôis  là  guerre,  dans  son 
ensemble,  n*cst  point  une  science, 
mais  un  art.  Si  la  stratégie,  surtout, 
peut  être  soumise  à  des  maximes  dog- 
matiques qui  approchent  des  axidmes 
des  sciences  positives,  il  n'en  est  pas 
de  même  de  l'ensemble  des  opérations 
d*une  guerre,  et  les  combats  enlra-aii^ 
tr^  échapperont  souvent  à  toutes  les 
combinaisons  scienliflques,  pour  nous 
offrir  des  actes  essentiellement  drama- 
tiques, dans  lesquels  les  qualités  per- 
sonnelles, les  inspirations  morales  et 
mille  autres  causes,  joueront  parfois  le 
premier  rôle.  Les  passions  qui  agite- 
ront  les  masses  appelées  à  les  ht'urter, 
les  qualités  guerrières  de  ces  masse?', 
le  caractère,  Ténergie  et  les  lalens  de 
leurs  chefs,  Tesprit  plus  ou  moins  mar- 
tial, non  seulement  des  nations,  mais 
encore  des  époques  ;  en  un  mot  tout 
et  que  Ton  peut  nommer  la  poéi^ie  et 
la  métaphysique  de  la  guerre,  inOuera 
éternellement  sur  ses  résultats. 

Est-ce  à  dire  pour  cela  qu'il  n'y  a 
pas  de  règles  de  tactique,  et  qu'aucune 
liiéorie  de  tactique  ne  saurait  être 


utileT  Quel  militaire  raisonnable 
rait  prononcer  un  tel  blasphème?  Or, 
quand  Tapplication  d'une  telle  maxime, 
et  la  manœuvre  qui  en  a  été  le  résuilat, 
ont  procuré  cent  fois  la  victoire  à  d'ha- 
biles capitaines,  et  offrent  en  leur  fa- 
veur toutes  les  chances  probables,  suf- 
Gra-t-il  qu'elles  aient  échoué  quelque- 
fois pour  nier  leur  eflicacité,  et  con- 
tester toute  influence  de  l'étude  de 
l'art;  toute  théorie  sera-t-elle  vaine 
^rce  qu'elle  ne  procur^Ta  que  les  trois 
quarts  des  chances  de  suci  es? 

La  stratégie,  comme  ihuis  l'avons 
dit,  est  l'art  d'amener  la  plus  grande 
partie  des  forces  d'une  arnu't:  sur  le 
point  le  plus  important  du  ih/à're  de 
la  guerre,  ou  d'une  zdne  d'opérations. 

La  tactique  est  l'art  d'utlil^er  ces 
masses  sur  le  point  où  de<(  ma^thes 
bien  combinées  les  auront  rendues 
présentes;  c'est-à-dire  l'art  de  les 
mettre  en  action  au  moinent  et  ao 
point  décisif  du  champ  de  bataill;^  sur 
lequel  le  choc  déflnitif  doit  avoir  lieu. 

Toute  maxime  de  guerre  sera  bonne 
lorsqu'elle  aura  pour  résultat  d'assurer 
l'emploi  de  la  plus  forte  somme  de 
moyens  d'actions  au  moment  et  au 
point  opportun.  Pour  ce  qui  concerne 
la  tactique,  la  principale  de  ces»  «.  v^m- 


M  LA  6ftA!fM  TACTIQgyS  ET  JULS^ 


binaisons  sera  toujours. le  Ghoix  de 
Tordre  de  bataiîie  le  plos  convenable 
d'après  le  projet  que  l'on  aura  en  vue. 
'  Ensuite,  quand  on  en  viendra  à  Tac- 
tfon  locale  des  masses  sur  le  terrain , 
ces  Aïoyens  d'action  peuvent  être 
aussi  bien  fine  charge  de  cavalerie 
feite  à  propos,  une' forte  batterie 
placée  et  démasquée  au  moment  le 
plus  convenable,  une  colonne  d'in- 
fanterie chargeant  avec  impétuosité, 
ou  une  division  déployée  fournissant 
avec  aplomb  et  sang-froid  des  feux 
meurtriers,  en6a  des  raouvemens  tac- 
tiques qui  menaceraient  l'ennemi  en 
flancs  et  à  revers,  de  même  que  toute 
manœuvre  qui  ébranlerait  le  moral  de 
ses  adversaires.  Chacun  de  ces  actes 
peut,  selon  l'occurrence,  devenir  la 
cause  de  la  victoire;  vouloir  détermi- 
ner les  cas  où  il  faudrait  donner  la  pré- 
férence à  chacun  d'eux ,  serait  chose 
impossible. 

Pour  bien  jouer  de  ce  grand  drame 
de  la  guerre,  le  premier  des  devoirs 
sera  donc  de  bien  connaître  le  théAtre 
sur  lequel  on  doit  agir,  afln  de  juger 
les  avantages  du  double  échiquier  sur 
lequel  ^è  deux  partis  manœuvreront , 
en  appréciant  les  avantages  de  Ten- 
nemi  comme  ceux  de  son  propre  parti. 
Cette  connaissance  acquise,  on  avisera 
aux  moyens  de  se  préparer  une  base 
d'opérations;  ensuite  il  s'agira  de  choi^r 
la  zAne  la  plus  convenable  pour  y  diri- 
ger sea efforts  principaux ,  et  d'embras- 
ser cette  zAne  de  la  manière  la  plus 
coifforme  auv  principes  de  la  guerre 
en  choisissant  bien  ses  lignes  et  front 
d'opérations.  L'armée  assaillante  de- 
vra s'attacher  surtout  à  entamer  sé- 
rieusement Tnrmée  ennemie  en  adop- 
tant à  cet  effet  d'habiles  points  objec- 
tifs de  manœuvre;  puis  elle  prendra 
ensuite  pour  objectif  de  ses  entreprises 


4>roportiomé^  fOf  ^uocé^  qi^eiie  aura 
obtenus. 

L'arméç  défensive,  au  contraire,  do« 
vra  calculer  tous  les  moyens  de  neu- 
traliser cette  première  impulsion  de 
son  adversaire^  en  traînant  les  opéra- 
tions en.  longueur,  autant  que  cel^ 
pourra  se  faire  san^  compromettre  !&■ 
sort  du  pays,  et  en  ajournant  le  choc 
décisif,  jusqu'au  momedl  où  une  par- 
tie des  forces  ennemies  se  trouverait 
usée  par  les  fatigues,  ou  disséminée 
pour  occuper  les  provinces  envahies, 
masquer  des  places,  couvrir  des  sièges, 
protéger  la  ligne  d'opérations  et  les  dé- 
pôts, etc. 

Jusque-là ,  tout  ce  que  nous  venons 
de  dire  pourra  être  l'objet  d'un  pre- 
mier plan  d'opérations  :  mais  ce  qu'au- 
cun plan  ne  saurait  prévoir  avec  quel- 
que certitude,  c'est  la  nature  et  l'issue 
du  choc  déflnitif  qui  résultera  4e  ces 
entreprises.  Si  vos  lignes  d'opérations 
ont  été  habilement  choisies,  vos  mou- 
vemens  bien  déguisés;  si  l'ennemi ,  au 
contraire,  fait  de  faux  mouvemens  qui 
vous  permettent  de  tomber  sur  les 
fractions  encore  dispersées  de  son  a^ 
mée,  vous  pourrez  vaincre  sans  ba-* 
tailles  rangées,  par  le  seul  ascendant 
de  vos  avantages  stratégiques.  Mais  n 
les  deux  partis  se  trouvent  également 
bien  en  mesure  au  moment  où  la  ren- 
contre aura  lieu ,  alors  il  en  résultera 
une  de  ces  grandes  tragédies  comme 
Borodino,  Wagram ,  Waterloo,  Baut- 
zen  et  Dresde,  dans  laquelle  les  pré-*^ 
ceptes  de  la  grande  tactique  pourrool 
certainement  exercer  une  influence 
notable. 

Si  quelques  militaires  obstinés,  après 
avoir  étudié  attentivement  l'histoire 
raisonnée  de  quelques  campagnes  des 
grands  maîtres,  soutenaient  encorequ'il 
n'y  a  ni  principes  ni  bonnes  maximes 


l 


subséquentes,  les  points  géographiques  I  de  guerre,  alors  on  ne  pourrait  que  les 


<iao 


V.     ^«    !...•.•   I       j      r.      r»^       t    1     )t'| 


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triaitiAë  ël  T«Ar  MYK)hâfë  par  Ye  Ta- 
meai  mot  de  Frédéric-le4rrand  :  «  tin 
'mulet  tfA  «tiJraU  faft  vingt  campagnes 
90IM  te  prince  Eugène  D*éa  serait  {ifa 
meillènr  tactîcièh  poor  cela.  »' 
'  De  bonnes  thé<iKesToridâes  sor  les 
^indpes,  Jdstiflées  par  les  évdnémens, 
et  johitél  à  riibttilf 6  Hiflltaiire  nisoD- 


»"»•  I       '♦;••   ••   * 


nee«  seront  à  mon  atia  la? éritabk^soh 
des  générani.  Si  ces  moyens  ne  far« 
ment  pas  de  grands  lioaunea^  qui  se 
forment  toujours^  par  fi^7,oiiéflMS 
quand  les  circonstances  1^  ff^Tonsent, 
ils  formeront  do  moins  dç^jgéyiérau 
assez  liabiles  poor  tenir  le  seonoÂiittg 
parnù  les  grands  dviUiÎM. .. 


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EXPOSÉ 


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PRINCIPES  GÉNÉRAUX 


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L'ARÎ  DÉ  LA  OtiERRE. 


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'     •  -I 


\    i   '.  t 


DES  GftAMDES  OPÉRATIONS  MlLiTAiRBS 


•  I, 


I-  ■»• . 


ft  a  existé  dé  totit  temps  dés  prind- 
pes  fonrlamêntaui^  sûr  lesquels  repo- 
sent tes  bonnes  combinaisons  de  la 
guerre,  et  duiquels  on  doit  toutes  les 
rapporiçr,  pour  juger  de  leur  v^ritabtç 
mérite. 

'  Ces  principes  sont  immuables,  in- 
dépenaans  de  l^espèce  d'armes,  des 
temps  et  des  lieux,  te  ^énie  et  Tex- 
périehce  indiquent  les  variations  dont 
leur  application  est  susceptible.  Depuis 
trente  siècles,  il  y  a  eii  des  généraux 
qui  tes  ont  plus  où  moins  heureusë- 
ifteht  appliqués.  Cyrns  (voyez  Cyropé^ 
die  de  XéoophonJ,  Aniibdt,  furent  dé 
grands  capitaines;  la  Grèce  et  Itohle 
en  fournirent  plusieurs;  Aletandré 
manœuvra  sduvenl  avec  habileté  ;  Cé- 
rame fit  pas  avec  moins  de  succès  la 
giierre  dMovasion  et  la  grande  guerre  ; 
Tamerlah  méûie/quë  nousi  connais- 
sons a  peu ,  a  laissé  des  institutions 
empreintes  â  thaquepagede  ce  génie 
DàtUrël  i\(ti  sait  coœman^^r'aux  tiom^ 


mes ,  et  triompher  de  toaa  les  éB|â^ 
des  (tnstitut.  dé  îiâiouC,  par  ÏÀu^ 
glës).  En  comparant  les  cauéés  deîi  tti^ 
toircs  de  Tantiquité  et  des  térnps  tn6^ 
dernes,  on  est  tout  surpris  de  trouver 
que  les  batailles  de  iVagfarfii  dé  PhAf*- 
salë  et  dé  Cannes  ont  été  gagnées  ^Û 
la  même  cause  première. 

Cependant,  par  une  fatalité  diAlntl 
à  concevoir,  la  plupart  des  ècrlvaidà 
qui  ont  traité  de  fart  tnilitâireJé^- 
btent  s*ètre  donné  Te  ifaot  pour  r^cji^i' 
cher',  dans  ibilië  délaits  accesSoirei. 
ce  (]ùi  ne  provenait  que  de  la  bonnè- 
direction  des  grandes  opérâtiôfis ,  ôft 
du  sage  emploi  des  masses  uit  joir  de 
combat.  Il  en  est  résulté  uhé'  foule 
d'ouvrages  où  les  aiiteu^,  .arrangèàiit 
à  leur  manière  des  détails  însigniàans, 
ont  prouvé  sans  doute  beaucoup  cTes^ 

1)rit  et  d*érudrtjon,  mais  en  èmbrôuil  - 
ant  une  science  qu'ils. ava||^i  jl'iDtçn.* 
tion  de  mettre  à  la  porté^  cle  tcgie 
monde  ;  plusieurs  ont  été  si  loin  que , 


nn 


Ma 


nnians  «ÉiiÉftAra 


>■•■ 

■•-K 


l»7 


dans  des  oavrageft  intitulés  V^rî  d$  la 
Cruerre,  on  troave  de  longs  chapitres 
sur  la  manière  dont  les  officiers  doi- 
vent porter  leur  épée,  et  sur  la  forme 
des  baguettes  de  Fusil. 

Le  r4aaltat  de  ces  fatigantes  disser* 
tatioin  a  été  de  persuader  è  beaacoap 
de  militaires,  d'ailleurs  fort  estimables, 
qu'il  n'y  avait  point  de  règles  à  la 
guerre  :  erreur  absurde,  iosQujtenable. 
Sans  doute  il  n'existe  pas  de  ayslè- 
me  de  guerre  exclusivement  bon, 
parce  que  tous  sont  le  résultat  de  cal- 
culs hypothétiques  ;  c'est  une  combi- 
naison de  l'esprit  humain ,  sujet  à  se 
Ifromper,  et  q^i^soevent ,  A  Taide  de 
phrases  et  de  mots  techniques  arran- 
gés avec  art,  colore  d'ane  apparence 
de  vérité  les  idées  les  plus  fausses; 
mais  il  en  est  bien  autrement  des  prin- 
cipes ;  ils  sont  invariables  :  l'esprit  hu- 
main ne  peut  ni  les  modifier  ni  les  dé- 
truire. 

Pour  donner  des  notions  exactes  de 
guerre,  il  aurait  donc  fallu  que  les  au- 
teurs ,  au  lieu  de  créer  des  systèmes 
absurdes,  détruits  les  uns  par  les  au- 
tres, eussent  commencé  par  établir  les 
principes  auxquels  les  combinaisons  se 
rapportent.  C'était  un  travail  plus 
grand,  plus  difficile,  mais  qui  eût  of- 
fert un  résultat  assuré.  On  ne  trouve- 
rait plus  tant  d'incrédules  sur  la  réalité 
4e  la  science,  Mack  n'aurait  pas  écrit, 
en  1793,  que  les  longues  lignes  étaient 
les  plus  fortes  ;  Bulow,  dans  son  cha- 
pitre des  retraites  excentriques,  n'au- 
rait pas  prétendu  qu'une  armée  battue 
devait,  pour  se  saaver,  se  partager  en 
autant  de  corps  qu'elle  pourrait  pren- 
dre de  routes,  dût-elle  ne  jamais  par- 
venir à  rassembler  ses  colonnes  ainsi 
disséminées  ;  on  n'aurait  pas  non  plus 
introduit  un  système  de  cordon ,  qui 
éparpille  une  armée  sur  tons  les  che- 
mina, au  risque  de  la  voir  enlever 


comme  Turenne  fit  de  celle  de  Bout- 
non? illf  en  Alsace. 

Frédéric  avait  écrit  sagement  que  le 
talent  du  grand  capitaine  était  de  faire 
diviser  son  ennemi ,  et  cinquante  ans 
après,  plusieurs  généranx  trcpvaîent 
admiraÙe  ile  se -diviser  eux-mêmes 
autant  qu'ils  le  pouvaient.  Une  telle 
subversion  dans  les  idées  n'a  pu  pro- 
venir que  de  l'incertitude  qui  régnait 
9anç  lei$  opinions  iiidjvîd{iellea  ;  en  ef- 
fet, les  erreurs  les  plus  grossières  n'au- 
raient pas  ainsi  été  avancées,  et  lo 
plus  grandes  vérités  de  l'art  n'eussent 
pas  été  méconnues  par  les  militaires, 
si,  au  lien  de  SQp|>osîUopa  ^vpgues,  de 
calculs  incertains,  on  s'était  attaché  i 
démontrer  des  principes  incontesta- 
bles, et  à  donner  un  régulateur  com- 
mun à  des  opinions  jusqu'alors  di- 
vergentes^ 

J'ai  osé  entreprendre  cette  tftche 
difficile,  sans  avoir  peu(4tre  le  talent 
nécessaire  pour  la  remplir;  mais  il  m'a 
paru  important  de  jeter  des  bases  dont 
le  développement  jurait  pu  être  re- 
tardé longtemps,  si  l'on  n'avait  pro- 
fité des  circonstances  pour  les  fixer. 

Le  seul  moyen  d'arriver  i  mon  but 
était  d'indiquer  d'abord  lesjuîndpes, 
d'en  offrir  ensuite  l'applicxtion  et  les 
preuves  par  IViistoire  de  vingt  campa- 
gnes célèbres.  Cette  histoire  devait 
alors  présenter  une  critique  forte  et 
ralsonnée  de  toute  opération  qui  se 
serait  écartée  des  règles  établies.  Si 
j'avais  pu  approuver  ce  qui  était  en 
opposition  avec  ces  règles,  j'aurais  été 
guidé  par  des  motifs  bUmables  et  in- 
dignes du  travail  auquel  je  m'étais  li- 
vré ;  quelles  que  fussent  les  qualités 
personnelles  d'un  général  et  la  répu- 
tation dont  il  jouissait,  j'ai  dû  relever 
avec  franchise  toutes  les  fautes  qu'il  a 
pu  conraiettre  ;  je  n*ai  pas  même  hé- 
sité un  instant  à  froisser  maa  afie^ 


DB  L  ART'  DB  LA  OUBÉU. 


0» 


fioiift  pafticalières.  Après  un  tel  aveu, 
qa*on  n'attribue  mes  réflexions  ni  à 
rînimilié  personnelle ,  ni  à  l'envie  ;  la 
cause  en  sera  tout  entière  dans  l'in- 
térèC  de  Tart. 

Le  principe  fondamental  de  toutes 
tes  combinaisons  militaires  consiste  à 
tpérer,  avec  la  plus  grande  masse  de 
ses  forces,  un  effort  combiné  sor  te 
point  décisif. 

On  comprendra  bien  qu'un  général 
labile,  avec  soixante  mille  hommes, 
peut  en  battre  cent  mille ,  s'il  parvient 
à  mettre  cinquante  mille  hommes  eu 
action  sur  une  seule  partie  de  la  ligne 
ennemie.  La  supériorité  des  troupes 
non  engagées  de\  tent  en  pareil  cas  plus 
nuisible  qu'avantageuse;  car  elle  ne 
fait  qu'augmenter  le  désordre,  comme 
la  bataille  de  Leuthen  l'a  prouvé. 

Les  moyens  d'appfiquer  cette  maxi*^ 
me  né  sont  pas  très  nombreux  ;  je  vais 
essayer  de  les  indiquer.  Le  premier 
moyen  est  de  prendre  l'initiative  des 
mottvemens.  Le  général  qui  réussit  i 
mettre  cet  avantage  de  son  c6té,  est 
maître  d'employer  vs  forces  où  il  juge 
convenable  de  les  porter;  celui,  au 
contraire,  qui  attend  l'ennemi,  ne 
peut  être  maître  d'aucune  combinai 
son ,  puisqu'il  subordonne  t^  mouve«- 
mens  à  œux  de  son  adversaire,  et  qu*il 
n*e8t  plus  à  temps  d'arrêter  ceux-ci , 
lorsqu'ils  sont  en  pleine  exécution^  Le 
général  qui  prend  l'initiative  sait  ce 
qu'il  va  faire;  il  cache  sa  marche,  sur^ 
prend  et  accable  une  extrcmfté,  une 
partie  faible.  Celui  qui  attend  est  battu 
sur  une  de  ses  parties,  avant  même 
qu'il  soit  inrormé  de  ral(acpie. 

Le  second  moyeu  est  de  diriger 
les  mbuvémens  sur  ia  partie  faible  la 
plus  avantageuse.  Le  choix  de  cette 
partie  dépend  de  la  position  de  l'en- 
nemi. Le  point  te  plus  Important  sera 
toujours  celui  dont  Toeeupation  pro- 


curera les  plus  favorables  et  tes  ph» 
grands  résultats.  Telles  seront,  par 
exemple,  les  positions  qui  tendraient  ' 
h  gagner  les  couMminicationa  de  Ten* 
nemi  avec  la  base  de  ses  opérationa,  et 
è  le  refouler  sur  un  obstacle  insurmon- 
table, comme  une  mer,  un  graéd  ' 
fleuve  sans  pont ,  on  une  grande  puis^  |  i 
sance  neutre.  ' 

Dans  tes  lignes  d'opérations  doubles 
et  mcrcelées,  c'est  sur  le  point  du  cen- 
tre qu'il  convient  de  diriger  ses  atta^ 
ques  ;  en  y  portant  la  masse  de  ses 
forces,  on  accable  les  divisions  isolées 
qui  les  gardent.  Les  corps  morcelés  à 
droite  et  à  gauche  ne  peuvent  plus 
0|>érer  de  concert  et  sont  forcés  à  des 
retraites  excentriquoj^,  dont  les  armées 
de  Wurmser,  de  M ack  et  du  duc  de 
Brunswick  ont  éprouvé  tes  ferrfMes 
effets.  Dans  les  Ugnes  d'opérations 
simples  et  dans  tes  lignes  de  bntalKc 
contiguës,  les  points  faibles  sont  ali 
contraire  les  extrémités  de  te  ll^ne. 
En  effet,  le  centre  est  à  portée  d*ètre 
soutenu  siosultanémeAt  par  la  droite  et 
la  gaudie;  au  lieu  qu'une  extrémité 
attaquée  serait  accablée  avaut  que  les 
moyens  suffisans  fussent  arrivés  de 
l'autre  aile  pour  la  soutenir,  car.  o^ 
moyens  seraient  beaucoup  plus  éloi^ 
gnés  et  ne  pourraient  être  emptoyés 
que  les  uns  après  les  autres. 

Due  colonne  profonde,  atUquée  sqr 
sa  tète,  est  dans  la  mémo  situation 
qu'une  ligne  attaquée  sur  son  extr^ 
mité  :  elles  seront  l'une  et  l'autre  en- 
gagées et  battues  successivement , 
comme  cela  a  été  démontré  par  les 
défaites  de  Rosbaeb ,  d'Ajieraliedt.  Ce- 
pendant il  est  phi9  facile  de  faire  de 
nouvelles  dispositions  avec  ùlie  co- 
lonne en  profondeur,  qu'avec  une  li- 
gne de  batailto  qui  he  trouverait  atta- 
quée sur  une  extrémité. 

En  exéeotaiït,  par  la  stratégte,  un 


mouyeBieDt  général  sur  rextrémilé  de 
la  li^ne  d'opérations  de  rennemi ,  non 
leulemcni  on  met  en  action  une  masse 
mf  une  partie  faible,  mais  Ton  peut  de 
Delte  eitrémité  gagner  facilemeot  les 
derrières  et  les  communications,  soit 
iveo  la  ba^e,  soit  avec  les  lignes  secon* 
daif^  Ainsi  Napoléon,  e(i  geignant,  en 
1805,  Donauwcrth  et  la  ligne  du  Lecii, 
avait  établi  sa  massesur  les  conmiunica- 
tÂons  (te  >lack  avec  Vienne,  qui  était  la 
iKise  de  ce  général  avec  la  Bohême,  et 
il  le  mit  dans  l'impossibilité  de  joindre 
l'armée  russe,  qui  était  sa  ligne  sc*- 
condaire  la  plus  importante.  I.a  mèxpe 
i^pération  eut  lieu  en  1806,  sur  Vex- 
uiémité  gauche  dt-s  Prussiens,  par 
.Saaifed  et  Géra.  Elle  fut  répétée  en 
|812  par  Tarmée  russe  dans  ses  mou- 
vemeÉÉ  sur  Kaluga  et  Krasnoï ,  et  eo 
1819  par  les  alliés,  qui  se  dirigèrent  à 
travers  la  Bohême,  sur  Dresde  et  Leip- 
lig,  contre  la  droite  de  ^'apoléon  (I). 
Le  résultat  des  vérité^  précédea- 


(f)  On  a  rrmarqDé  4110  l#t  liimes  ceiit raies 
a*avii«nt  pat  uuyé  N«|iOl<^c>a  v^ri  l)r*ide  en 
i^S»  ni  dans  la  GUampaj^oo.  en  tM4  ;  maU 

J*ob>anrerai  à  mon  luur  que  c><t  bien  à  ce 
fysttne  qu'il  a  dû  néanmoins  xes  succèa  mo- 
ièentanéi  dans  ces  deut  camfMgnfe.  La  eauae 
éb  les  retm  a  été  dans  rinégalMé  de  la  luiie 
aides  moyens  Mcondairea;  dans  la  diffireocc 
de  la  nature  de  set»  iruupes;  dans  le  filacrnieni 
de  la  Bohême  el  de  la  Bavière  en  arriére  de 
son  eitréme  droite,  et  pour  «ainsi  dire  sur  8>s 
cbmmiinkaiionB.  An  reste,  j'ajouu  rai  em-ore 
que  !<■  système  des  masses  cou  traies  n  avait  éié 
appliqqé.  ju>qu*alor<i  que  par  des  armées  de 
cent  cinquante  à  deui  cent  mille  lioriim'^s  au 
plus,  et  qu'il  St  rait  nuiiie  de  concentrer  pins  de 
ftyrces  sur  une  même  ligne,  puisqu'il  est  déjà 
UnieMe  d'engager  aniani  de  troupes  te  même 
Ifgwt  et  snr  an  même  ehimpila  bataiUn. 

Je  n*ai  pas  non  plus  d  nné  nne  pf^férençe 
eielu.«ive  aux  opérations  cenirales,  puisque  j*»i 
iOQf  ent  présenté  celles  sur  nne  extrémité  de  ta 
Hgne  cmîetmie  comme  plos  avaiitageosef.  D'as- 
leors  il  ne  faut  pas  cnalindfe  ane  ligae  d'opé- 

-  ratioas  ^atialeappai^  à  demi  aartiçs  aar  nn 


tes  prouve  que,  8*ii  faqt  alUquer.de 
prérérence  Textrémité  d'i^ne  ligne,  il 
faut  pussi  se  garder  d'attaquer  iesdeus 
eitréuiU^eaqnémetempS9>noiusqtte 
Ton  n'ait  des  forces  très  supérieures. 
Une  armée  de  trente  niille  copibattaiis, 
pour  al  laquer  les  deu  \  ex  tréfilés  d'une 
armée  égale  çnnoi^bre,  s'ç.nlévç  les 
moyens  de  frapi>er  un  coup  décisif  eo 
multipliant  inutilement  le  i^ombredes 
moyens  dQ  résistance  que  rennemi 
peut  opposer  i  ses  deux  délai  heqieus. 
Elle  s'expose  même,  par  un  moiive- 
ment  étendu  et  dé>uni ,  à  ce  qu^  son 
adversaire  rassemble  a^i  masse  sur  ud 
point ,  et  l'anéantisse  par  un  effet  de 
sa  supériorité.  Lps  attaques  multi- 
pliées sur  un  plus  ^aiid  nombre  de 
colonnes  sont  encore  plus  dangereii* 
ses,  plus  contraires  aux  grands  pna* 
cipcsde  Tart,  surtout  lorsqu'elles  ne 
peuvent  entrer  eu  action  au  màme  ins- 
tant et  sur  le  même  point.  Par  soite 
de  cette  maxime,  il  convient  Ai  coih 


même  front  (  par  exemple  eelle  de  rarrildic 
Clîarlfs  contre  Slorrau  et  iouidaD.  en  tM)» 
avec  une  ligne  d'ot-éraitoos  tolalf pH'Ul  epiOJ* 
réc  d'ennemis;  cq»  dernières  sont  bt-auconp 
moins  favorables,  elles  peuvent  même  devenir 
dangereuses,  lorsque  les  masses  ennemies  si>ni 
plus  nombreusea. 

Enfin  je  d^rai  en  nie  résnmant»  q«*uM  BMie 
eniooréc  de  toute  l'Europe  ïou'evée  contre  «Ma, 
composée  de  parties  hétérogène»,  anamée  par 
sa  \  ropre  grandeur,  et  par  des  troupes  'légéiei 

!  comme  on  n'en  avait  jamais  vu,  ne  po«nait. 

'  par  il'  folt  »e>il  «16  sa  position  cenunle»  éviter  Is 
sort  dont  cdie  d-  ^'apolêon  a  été  frappée  et 
Saie.  )tfais  une  cicepunM  i|e  détruit  pa»  une 
règle  ou  msiimi'  générale;  et/  dao«  tou'e-  -et 
guerres  ordinaires,  unepi)is>anfequ:  coiuj^tin 
à  ci;ances  égales,  r'e»t-è-dtim  a  moyen»  ^us, 
«n  apphqaant  ce  sysiàou),  trioiunlifra  inéti.j- 
b'eroen),  si  les  enn'mis  siib  aient  an  S)stèmB 
contraire.  Ten  appelle  aux  orfii-iers-^ènéraui 
les  plus  distingués  de  tontes  les  amiéé»,  «  Je 
donne  pour  preweles  plus  beau  fbib  fti 


tratei  lorsqu'on  1 4o8  niipses  fort  m- 
périeures  à  celles  de  rentiemi ,  de  faire 
attaquer  ses  debi  eitrémités;  on  par- 
VieQt  ainsi  à  mettre  en  action  pins  de 
monde  que  lot  sur  chacune  de  ses 
ailes,  tandis  qu'en  ([«rdliut  des  forces 
1res  supérieures  massées  sur  un  seul 
point ,  Tadversaire  pourrait  en  dépbyer 
et  faire  coml^attre  un  nombre  égal.  II 
hui  avoir  soin,  dans  ce  cas,  de  porter 
)e  gros  de  ses  forces  sur  Taiie  où  r«t- 
teque  promettrait  au  succès  plus  dé- 
cisif :  c*est  ce  que  nous  avons  démon- 
tré par  la  relation  de  la  baUiHe  de 
iBochkirch ,  dans  lamérre  de  sept  ans 
(chap.  xif).  '  / 

JPour  opérer  on  effort  eon[ibiné 
d'une  grande  masse  sur  un  seul  point, 
il  iroportç,  dans  les  mouveipenS  stra- 
tégiques, do  tenir  ses  forces  rassemblées 
sur  un  espace  h  peu  près  carré,  afin 
qu'elles  soient  plus  disponibles  (l}«  Lea 
grands  fronts  sont  aussi  contraires  aux 
bons  principes  que  les  lignes  morce* 
fées,  les  grands  détachemens  et  les  di- 
visions isolées  hors  d'état  de  se  sou- 
tenir.  . 

Un  des  moyeps  les  plus  efBcac^ 
pour  appliquer  le  principe  généra)  que 
nous  avons  indiqué,  est  celui  de  faire 
commettre  à  l'ennemi  des  fautes  con- 
traires à  ce  principe.  On  peut,  avec 
quelques  petits  corps  de  troupes  lé- 
gères, lui  donner  des  Inquiétudes  sur 
plusieurs  points  iinportans  de  ses  cooi- 
muniçaiionsl  II  est  vraisemblable  que, 
ne  connaissant  pas  leur  fvrce,  il  leur 
opposera  des  divisions  nombreuses  et 
morcellera  ses  masses  ;  ces  troupes  lé- 
gères contribuent  d'ailleurs  à  éclairer 
Darfaitemeht  rarmée.  « 

(1)  Oa  B'aMaiii  PM  paa  M^M  Mb  iMMr 
mb  intian  I  i«Ha»l<^  aw»  m^^lm  Mall- 
IttBft.mteM  dii^MÉA  tu  m  Ubêèm  da  uêêêMwb 

K  ÊMù  Ift  Bina  BfwiaiiiilBiii 


ÛA'f?*^» 


Il  est  bien  important  ,  lorsqu'on 
prend  l'initiative  d'un  mouvement  dé- 
cisif, de  ne  rien  négliger  pour  être  ina-  f 
truit  des  positions  de  l'ennemi  et  des  ^ 
mouvemens  qu'il  pourrait  faire.  V^h 
pionnage  est  un  moyen  utile  à  la  perfeo^ 
tipn  duquel  on  ne  saurait  donner  tfop 
de  soins;  mais  ce  qui  est  plus  ementiel 
encore,  c'est  de  sq  foire  bien  éclairer 
par  des  partisans.  Cn  (général  doit  se- 
mer de  petits  partis  sur  toutes  les  direc- 
tions, et  n  faut  ^n  multiplier  le  noiq- 
bre  avec  autant  de  soin  qu'on  éviters 
ce  système  dans  les  grandes  opérations. 
On  organise  i  pet  effet  quelques  gran- 
des divisions  de  cavalerie  légère,  qui 
n'enireut  point  dans  les  cadres  4^ 
combattans.  Opérer  sans'  ces  précaq- 
tions,  c*est' marcher  dans  les  ténèbrjK  ' 
ets'eiposer  aux  cbances  désastreuses 
que  produirait  un  inouvement  secret 
de  rennemi.  On  tes  a  trop  négligées, 
on  n'organise  paç  assef  i  l'avance  la 
partie  de  l'espionnage  ;  et  les  officiers 
de  troupes  légères  n'ont  pas  toujours 
Texpérie^ce  néceséaire  pour  conduire 
leurs  détachemens. 

ir  ne  suffit  pas,  pour  bien  opérer 
à  la  guerre,  de  porter  habilement  ses 
masses  sur  les  points  tes  plus  impor-^ 
tans,  il  faut  savon*  les  y  en^agçr.  Lors- 
qu'on est  établi  sur  ce^  points,  et  qu'on 
y  reste  dans  l'inactfon ,  le  principe  e^t 
oublié.  L'enneinl  peut  Aii^e  des  contre- 
manœuvres,  et,  pour  idfiftter  be  moyei^J 
ii  faut ,  dès  qu'on  a  ga^^né  ses  comiuV 
nieations,  ou  ufié  de  ses  extrémités , 
marcher  i  hii  et  coiubâttre.  C'est  alors 
surtout  qu'il  fout  bien  combiner  rem- 
ploi simultané  de  ses  forces.  Ce  ne  tont 

fOê  h$  mai$9$  fr4iêni€$  qm  éicidmiU  éet 
hataUtêê,  ce  toni  hs  ma$se0  aft9$anie$^ 
Les  preukières  décident  dans  (es  mou- 
vemens  préparatoires  de  stratédç^)^ 
dernières  déterminent  le  succès  m 

Vêéiim. 


raiHcmi 

Pour  obtenir  ce  résultat ,  an  général 
(labile  doit  saisir  Tinstant  où  il  faut  en- 
lever  la  position  décisive  du  champ  de 
baloitle,  et  il  doit  combiner  l^altaque 
de  manière  k  Taire  engager  toutes  les 
forces  en  même  lemps,  à  la  seule  e%- 
eeption  des  troupes  qui  seraient  desti- 
nées à  la  réserve. 

Lorsqu'un  effort,  basé  sur  de  tels 
principes,  ne  réussira  pas  à  procurer 
la  victoire,  on  ne  pourra  l'espérer  d'au- 
cune combinaison,  et  il  ne  restera  d'au- 
tre parti  à  prendre  que  celui  de  Taire 
donner  un  dernier  coup  i  cette  ré- 
servé, de  concert  avec  les  troupes  déjà 
engagées. 

Toutes  les  combinaisons  d'une  ba- 
taille  peuvent  se  réduire  à  trois  syth 
tëmes. 

Le  prenuer,  qui  est  purement  dé- 
TensiT,  consiste  à  attendre  l'ennemi 
dans  une  forte  position,  sans  autre 
but  que  celui  de  s'y  maintenir;  tel- 
les Turent  les  (dispositions  de  Daun  à 
Torgau ,  de  Marsin  aux  lignes  de  T^f 
rin.  Ces  deux  évènemens  suffisent  pour 
démontrer  combien  de  semblables,  dis- 
positions  sont  vicieuses. 

Le  second  système,  au  contraire*  est 
entièrement  ofl*ensiT;  il  consiste  à  at- 
taquer l'ennemi  partout  où  on.pçut  le 
rencontrer,  comme  Frédéric  le  lit  à 
Lcuthen  et  à  Torgau,  Napoléon  à 
léna  et  à  Ratisbonne^  les  alliés  a 
Lépzig. 

Le  troisième  système  enGn ,  e$t  en 
quelque  sorte  un  terme  moyen. entre 
les  deux  autres  :  il  consi&t^  à  choisir  un 
champ  de  bataille  recop nu  d'après  tou- 
tes les  convenances  siratégiquesî  étales 
avantages  du  terrain,  ^ùn  d'y  ollendrè 
Tennemi,  et  de  choisir  dans  la  journée 
même  le  moment  convenable  pour 
prendre  Tiniliative  et  toii^ber  sur  son 
adversaire  avec  toute  chance  ç|e  sifc^ 
cèa.  Les  combinaisons  de  Napoléon  à 


GÉirimAUX 

Rivpli  et  à  Austerlitz,  celles  de  Wel- 
lington è  Mont-Saint-Jean  et  dans  U 
plupart  de  ses  batailles  défensives  en 
Espagne,  doivent,  être  rangées  dans 
cette  classe^ 

; 

II  serait  difficile  de  donner  des  rè- 
gles ffxes  pour  déterminer  l'empbi  de 
ces  deux  derniers  systèmes,  qui  sont 
les  seuls  convenables.  Il  faut  avoir 
égard  à  l'état  moral  dès  troupes  de 
chaque  parti,  au  caractère  national 
plus  ou  moins  flegmatique  ou  impé- 
tueux ,  enfin  aux  obstacles  du  terrain. 
On  voit  donc  que  ces  circonstances 
peuvent  seules  diriger  le  génie  d'un 
général ,  et^  doit  réduire  ces  vérités 
aux  trois  points  suivans  : 

!•  Qu'avec  des  troupes  aguerries  et 
dans  un  terrain  ordinaire,  l'offensive 
absolue  ou  l'initiative  d'attaque  con- 
vient toujours  mieux; 

2»  Que  dans  les  terrains  d'un  accès 
difficile,  soit  par  leur  nature,  soit  par 
d'autres  causes,  et  avec  des  troupes 
disciplinées  et  soumises ,  il  est  peut- 
être  plus  convenable  de  laisser  arriver 
l'ennemi  dans  une  position  qu*on  au- 
rait reconnue,  aOn  de  prendre  ensuite 
l'initiative  sur  lui  lorsque  ses  troupes 
seraient  déjà  épuisées  par  leurs  pre- 
miers efforts; 

• 

3»  Que  la  aituation  stratégique  des 
deux  partis  peut  néanmoins  exiger 
quelquefois  qu'on  attaque  de  vive 
force  les  positions  de  son  adversaire, 
sans  s'arrêter  a  aucune  considération 
locale;  telles  sont,  par  exemple,  les 
circonstances  où  il  importerait  de  pré- 
venir la  jonction  des.  deux  armées  en- 
nemies, de  tomber  sur  une  partie  d'ar- 
mée détachée,  ou  sur  un  corps  isolé 

•Lesordrea^^iie  batHiHe;XMi  let»4i»* 
posHfofls  \€9  pittff  eohtenftbiës  pour 
condùîre'le's  troùpëi  au  coiiîbal ,  dof- 
vent  avoir  pour  but  de  leur  proc^ro» 


M   L^ART  Dfc 

en  même  temps  mobilité  et  solidité.  Il 
me  poratt  que,  pour  remplir  ces  deux 
conditions,  les  troppes  qui  restent  sur 
la  dérensive  peuvent  être  en  partie 
déployées  en  colonnes,  comme  Tar- 
mée  russe  à  la  batailles  d'E)  lau  ;  mais 
les  corps  disposés  pour  Fattaque  d*un 
point  décisif  doivent  être  composés 


e- 


k^ 


LA  gubbIui.  931 

de  deux  lignes  de  bètifflons;  cha- 
que bataillon ,  au  lieu  d'être  déployé; 
serait  formé  en  colonnes  par  divisions 
de  la  manière  suivante.  (Une  division 
est  de  deux  pelotons;  ainsi  le  bâiaillon 
étant  de  six  compagnies,  ou  six  pelo- 
tons, aura  trois  divisions .  ce  qui ,  dani 
le  fait ,  le  formera  sur  trois  lignes.) 


» 


U'W*, 


t^i    * 


i» 


11' 


10» 


» 


Cet  ordre  offre  infiniment  plus  de  so- 
lidité qu'une  ligne  déployée,  dont  te 
flottement  empêche  Timpulsion  si  né- 
cessaire pour  une  seule  attaque,  et  met 
les  officiers  hors  d'état  d'enlever  leoiv 
troupes.  Cependant,  pour  faciliter  la 
marche,  pour  éviter  la'  trop  grande 
profondeur  de  la  masse,  et  pour  aug- 
menter an  contraire  le  front,  sans 
nuire  toutefois  à  la  eonsistance;  je  crois 
qu'il  est  convenable  de  placer  l'infan- 
terie snr  deux  rangs.  Les  bataillons  se 
trouveront  ainsi  plus  mobiles,  car  la 
marche  du  second  rang,  pressé  entre 
le  premier  et  le  troisième,  est  toujours 
fatigante,  flottante,  et  par  conséquent 
moins  vive.  Ils  auront  d'ailleurs  tonte 
la  force  désirabfe,  puisque  les  trois  di- 
vi^ions  ployées  présenteront  six  rangs 
en  profondeur,  re  qui  est  ^lus  que  suf- 
Osant.  Enfin ,  le  front ,  augmenté  d'un 


(1/  Oo«4lîlqtte.|ard  WfiUnalMi  camteUfit 
presque  umioart^  déployé;  C(;U  pent  éUe  yrjl 
pour  le»  iroupcft  qui  devaient  resler  défcof  ivcs, 
■Mis  pour  Ici  êilei  oikmkvm  et  siaMBiivniiileK, 
}e  croif  qu'il  a  dft  tonner  des  eolonnes.  Sa  cai 
ceamire»  ee  sérail  la  taie  de  ceai  qui  it  le- 


lien,  offKra  phM  de  fen,  dans  le  cas 
oè  t'on  tiendrait  i  s'en  servir;  et  en 
raAme  temp»  qu'il  en  imposera  ëavan- 
iage  i  l'ennemi ,  «n  lui  montrant  ftas 
de  monde,  il  donnera  moins  de  prise 
i  t'erUlterie. 

Dans  \^  terrains  d'm  diffleile  •!>- 
ces ,  comme  ifignes ,  endos ,  jardins 
et  hauteurs  encaissées»  l'ordre  de  b»- 
taillff  défénsif  doit  être  composé  de  ba- 
taillons déployés  sur  deux  rangs,  et 
converta  par  de  nombreux  pelotons  4e 
tfraHYenrs.  MaisMtrovped'attaqueaQasi 
bien  que  lu  réserve  ne  sauraient  être 
itiienx  disposées  qu'en  cetonnea  d*at-^ 
taque  par  le  centre,  comme  nous  l'en- 
tons indiqué  à  l'article  précédent  ;  car 
la  réserva,  devant  M^è  prête  à  tombar 
sur  rennemi  tu  moment  décisif,  doit 
le  faire  avee  fbree  et  vfvadié,  c'eat-*4- 
dire  en  eoloanes  (l).On  peut  néan- 

raienl  liiisé  battre  à  forrei  égales  par  uo  syt- 
tèmesemolabSe,  car  un  générai  ne  pourrait  rien 
désirer  de  mieui  qae  d*avolr  un  ddveràaire  qui 
•>o  servll  toi^oun 

J*eo  appelle  enrore  une  foU  à  ce  lôjet  ani 
léoéraoi  qii  oat  fili  iei  giandea  gaerrei  eonn 


moins  jla|9^r  cette  résenrç  ep  partje 
déployée  ]u8qu*a9  niçmenide  donnef^ 
|fin  que  son  étendue  en  impose  à  l'en- 

Si  I>rt  de  la  guerre  consiste  ï 
concerter  un  effort  supérieur  d'une 
roasse  contre  les  parties  fjiibleâ,  il  ^^t 
incontestablement  nécessaire  de  poi^r 
ser  vivement  une  armée  baiiue. 

Lib  fmve  d'une  armée  consiste  dans 
son.  organisa  tion  ^  dans  J'ensembie  tés- 
Bultanlde  la  liaison  de  toutes  les  parr 
tiea  avec  le  point  central  qui  les  fait 
mouvoir.  Après  une  défaite,  cet  en- 
semble n*existe  plus;  l'harmonie  entre 
la  tète  qui  combine  et  les  corpa.qui 
doivent  exécuter  est  détruite  ;  leurs 
rapporta  sont  suspendus  et  presque 
toujours  rompus.  L*armée  entière  est 
«ne  partie  faiWe;  l*ettaqoer,  c'est  im»- 
•dier  à  an  trtomplie  certain.  Queiks 
preai^s  de  ces  vérités  ne  trouvona^ 
ekiqs  pas  dans  lajnarrhesur  Rovf  fedo, 
•I  les  govgea  de  la  Brenta«  iiour  acbe*- 
ver  la  ruine  de  Wurmscr,  dans  la  mar- 
che d*Ulm  satff  yiifnne,  dans  celle;  de 
léoa  sur  WiUembeffg ,  Cu^n  et  Stet- 
tîo  !  Ceita  maxime  est  souvent  néglî- 
fée  par  lea  généraux  médiocres*  Il 
semble  que  leui  l'effort  deleurgéni^ 
et  le  tcrao  de  leur  ambition  se  lier«- 
neot  à  gagner  te  champ  de  bsA^ille. 
Cœ  telle  vktoire  n'est  guère  qu'on 
déplacement  de-Uiiupea»  sans  utilité 
céelle. 

.  Peur  remise  décisif  ce  cbpc  mk- 
pérfteur  d'une  masse*  il  fanit  que  k 
général  ne  donne  yas  moins  ^e  soins 
«a^Biocal  4e  son  arméOf  A  quoi  servi- 
rait» en  eifet,  que  cinquante  mille 
hommes  fussent  mis  en  bataille  devant 

péeoDef.  Àa  reste,  en  donnant  on  ordre  de 
combat  comme  le  plus  avaniageui.  ce  n'est  pat^ 
dire  que  toute  vktoirè  serait  impossible,  si  on 
oe  I  appliquait  PM  strictement:  les  localités,  les 
causes  aéDëràfès,  la  rapèltoiilé  dn  nombre,  le 


tp 


vingt  mille^  s'ils  manquent  djs  nqnri- 

sion  nécessaire  pour  enlever  et  cmba- 
(er  l'ennemi?  Ce  n'est  pa^  seulenient 
du  soldat  qu'il  s'agît ,  c'est  plus  par- 
tir^ilièrement  encore  de  ceux  qui  doi- 
vent le  conduire.  Toutes  les  troupes 
sont  braves  Iprsque  les  chefs  donnent 
l'exemple  d'upe  noble  émulutit^n  et 
d  un  beau  dévouement.  Il  ne  faut  pas 
qu'un  soldat  reste  ^a  feu  par  la  çpinte 
seule  d'une  discipline  rigoureuse;  il 
faqt  qu'il  y  coure  par  Tamour-propre 
de  ne  pas  céder  à  ses  officiers  en  hon- 
neur et  en  bravoure,  et  surtout  parla 
confipfce  qu'on  a^ifa  su  lui  iftspîrer 
dans  la  aagesse  de  ces  chefs  et  dans  te 
Qoiirage  de  ses  cofnpagnons  d'arr»^. 

Un  général  dt>it  pouvoir  compter 
dans  ses  calculs  sur  le  dévouement  de 
ses  lîeutenaaa  pov  rhunnf^c  des  ar- 
me^ nationales.  U  fant  qu'il  SQi|  assuré 
qu'.ujQ  cbof;  vigourem  ait.lifHiti|if^^<M^ 
tàù,  il  ordi^noe  qu'il  en  soit  fait  ^o.  Le 
fif eipier  moyen  de  parvenir  4  ee  Initi 
As'est  de  se  faire  aimer^  a^timçr  et 
O'Widre;  le  secoi^d  moyen  est  de  re- 
niettre  efilf?  Ipamfi4^4^>ce.  général 
le  clioii^  et  le  sort  4<^  ses  lieutenans. 
&'ils  sont  parvenus  ^  ce  grade  fv  la 
seul  droii  de  l'aoçief^ieté,  on  peut  dé- 
cider d'avance  qu*Us  nç.pii^sçédefont 
presque  jamais  les  qualités  nécessaires 
pour  en  remplir  )ea  jpipvUnles  foue- 
ttons. Cette  pirconstaoce.  Kt^  p^^ 
taire  manquer  Iqseqtf^pf^esle?^  mieux 

Cm  voit ,  par  cet  exi^osé  rfipide,  que 
la  science  de  la  guerre  ^  compose  de 
trois  /^Q^inaiaous  générales,  dont 
chf^uqp  ^'offre  q^'un  pçtit  nombre 
de  subdivisions  ou  de  chances  d'exé- 


ttof>m<iiimpeietabagftÉdwm.— ntdea 
lidéranotosqui  «ntreu  aiMileii  li9M4e 
et .  pour  rtlsoBDtfr  sur  «néwsKlaM 
Un»  •dMHM  -qM  IMMt»  <las  ofeéMea  su 

#a4as. 


il 


iM 


CUtiOQ.  Les  SQO)^  |^p(&r9tpf|9  RV^U^Htif 

(jlicaliçp  de  qçs,  trois  -c(pl^.çajj^?.^ 
manenle  du  priocfpe  icéuérai  i^f|jî^'4^ 

igv*..h^.W,    ;., 

M  Rfciçl^ç  dç  ces  aqm^it92vi»)94  e^ 

tion»  de  Igi,  njapièrç  I4  pjud  ^xaQta:^ 
geu3e;c;p$t5^^'ojp  goippjip  çpffwu- 
némen^  Qt  'H^pr^fir^nie^tm)^  plai)  de 
qipp4i(9e^.^,,ne  VQiXpas  en  efiel  ce 
que  rpA  efilji»4  pjir  pejUç  f^éooinina- 
jiiuii,.caf  il  f^iio)p(ji9$i^|e.d^  fujre.uii 
piao  génefift  BQpr  jtpute. upe, cpuipa- 
Kne«  4<rpU^fr^;iV^(  m»avçineqt  peut 
ren vcRjftT  (,f  i*J,  1  ^c<MifaAji)^e^  e^.  dai>^ 
kq^e^  il  ^fiH:  jqMR9^i))içL  4^  ftrévftir 
a(i-dik  ^  di4  second  oaouvefivçpt. 
JLa  4^ux^^«}e  br^jjch^ç  jgîit  l'art  de 

PQTt^  fiç»  W"^^  )f^  piu^  rapi4einei^.t 
inmip\^  fiif  tft  wott  «làci^F  4(1^  to  iiim^ 

^  Qpéwtloïf.primUiyjB»  qp  .de  la  ligi^t; 
açcid^tçlVe.  (^*e$(  ce  qu  on  eiUenU 
KUtgaJr^m^ft  jjar.flçitégie.  M  rtrivr 
^^Ste.  i\'ç9t  qne  )e  lipoypp  d'ex^uUon 

de  cette  seçaudû4rQmb}qfH&0Ay  po  p 
trouve  les  principes  dans  les  chapitre^ 

•i^-f^entio^néf. 

Ui  itoiiifvm  »W«»rt«  firt  l'art  4^ 
combiner  Tçipplol  fifflultaoé  4e  sa  plu? 
grandetopse sqf  (ç;  pqiiU;  le  plHS  iq^ 
portait  d'm}^  Q^Anp^  dç^  .Mtei|l^.;  c'e&t 
propreimçat  Tari  di^  i^ov^b^U  que  plur 
Aieurs  attteivra.ootap|telé  ordre  de  ba- 
tiMUe«  Qt  qu/?  fl'wtiiçs  opt  pré^té  spos 
le  DOfD  de  Uctiqap* 

yoil4.}il  ici^iNf^  4e  >  gDi^iDe  fUi  peu 


jfp^  ^^rpUffVL  ^  9e^r^f(iM  i  d^^e^  g^rriii  de 

cette  âpéce,  ll^st  difpci'e  (fo  «^um^ltre  saiif  le 
dfYl«er;  lartquoa  veoi  s**iiefbblér  pmir  çoa* 
èattèe,  êii  Mr^m  l 'j^rératoimifÎMieetevi^ 


««    I 


«^ 


•  4* 


4S'î»oJ?  ;  c'est  pour  #y«f  wU»^  çç  p* 

UlnAnfbre  deprinqpçiSjqijpJja^^énè- 
r^uv.^Hiriçbien^  qi\\  jé^  tai.l4i^.4epHii 

J7î)3  }iim]^  180PsM§û5;  c'jçjLïw  I4 
niÇ/i4î.ç.auîi|i  quç;j^  Çéiï^flï^^ftanc^ 
avrienl  perdu  ta  ^ejjjjqpfl  ^  «93, 

rAHe^gUe  eq  t796.  ^'IJ^lie.  cl  It 
8oua^)e  pi?  t799., 

Je. n'ai  pas  bçpfjin  d*.9i)^rser  «|.roe» 
)l?fl/B«r)|  q/ie  je  ij^'aj  trajfé  «Cl  floe  les 
pyucipp^  relatifs,  ^.V.«iflftloi^^.es  tro^j 
pes,  014  Içi  partie  |\uf.çm^pt  «jilitairer; 
d'aulref  coiql|iiN|jiiOf)g.uoif.  moîq^s  iwr 
P9r(Antes^ont  in4j^De9sab]€;s  pQuri)içD 
conduire  unQ^rfndejgpexjre,  ipai^  elles 
ajîpy^-iiennent  i  ^  science  dc^gojwef; 
fî^r  tes.  enipir.e%,^|iH/QWt  j(m*j^  <;^llç  4e 
j^rowander  des  armées.  .  ' 
.  Pour.céwir:  4§ïw.  4e  fra,nfjps  .çntre- 
Bf^ises,  il  imp<wr(e.,pftp,^çu|eKient  dç 
calcij^er*l*état  re^ep^if  des  armées, 
quHs  eiu^ofe  çpl^i^es  moyens  de  se- 
conde ligpcqjii  dojv^U  îi^rvir  (îe  ré- 
serve çit  reuîpkcei"  les  gerlcs  de  toute 
espèce»  ?in  pçjfsônjael  cl  en  tyiitCTieJ.  Il 
faut  aussi  savoir  juger  Tétat  inlérieur 
dçs  pat\^f^,d*()prc$  ce  qj^'ell^s  auraient 
déjà  eq  à  soutenir  antérieuren^ent ,  et 
d'après^  la  ^'tualioo  relative  de  leurs 
voisins.  }1  n*e,st  pas  n^oins  nécessaire 
de  mettre  dans  la  balance  les  passions 
des  peuples, contre  lesquels  pn  a  àcom- 
bfittrf^,  leur$  ipsUtvitjona  et  rpit^ich&r 
mpnt  qu^ils  ont  pour  elles.  Il  iaut  cal- 
culer aussj,  la  situation  4^^  provinces^ 
réioignemeçt  j)e  la  puissance  qu'on 
yeut  attaqu^r^t^r  les  4é.^avpntage>  ip 
l'agresseqr  se  ogpiyplicot  à  ipesmfefqu'il 

d*««air  MMia»4i  qpl  lieiieli  caÉupagNu^i 

^s  (jkrrj^n^^  aivi^M»  doiveoi  «lori.  étfe 
cornmaDdé^'ft  par  dés  généraui  instruits,  boni 
adiniiiMrit'eiirf,  frrtnéf  et  )U»K8,  parte  qte< 
tettrt  liwVtaii^pMÉviol  eêoMimr.  UHêM  i|oei 


ftU 


pRma^Bh  ^skKÈMàxft 


augmente  lâ  profondeur  de  sa  ligne 
d'opérations.  Enfln  il  faut  jager  la  na- 
ture du  pays  dans  lequel  on  va  porter 
la  guerre,  et  la  solidité  des  alliances 
que  l'on  peut  se  ménager  pour  une 
entreprise  lointaine. 

En  un  mot ,  il  est  indispensable  de 
connaître  cette  science,  mélonge  de  po 
litiquc,  d'administration  et  de  guerre, 
dont  Montesquieu  a  si  bien  posé  les 
bases  dans  son  ouvrage  sur  les  causes 
de  la  grandeur  et  de  la  décadence  des 
Romains.  Il  serait  difflcile  de  lui  assi- 
gner des  régies  Aies,  et  même  des 
principes  généraux.  L'histoire  est  la 
seule  école  dans  laquelle  on  puisse 
trouver  quelques  bons  préceptes,  et  il 
est  encore  bien  rare  de  rencontrer  des 
circonstances  qui  se  ressemblent  assez, 
pour  qu*on  doive  se  régler,  à  une  cer- 
taine époque,  sur  ce  qui  aurait  été  fait 
quelques  siècles  auparavant.  Les  pas- 
sions des  hommes  influent  trop  sur 
les  évènemcns  pour  que  les  uns  n'é- 
chouent pas  là  même  où  d'autres  ont 
réussi. 

Napoléon  connaissait  peut-être  cette 
science,  mais  son  mépris  pour  les  hon^ 
mes  lui  en  a  fait  négliger  rappitcation. 
Ce  n'est  pas  l'ignorance  du  sort  de 
Cambysc  ou  des  légions  de  Yarus  qui  a 
causé  ses  revers  ;  ce  n'est  pas  non  plus 
l'oubli  de  la  défaite  de  Crassus ,  du  dé- 
sastre de  l'empereur  Julien  ou  des  ré- 
sultats des  croisades;  c'est  l'opinion 
dans  laquelle  il  était  que  son  génie  lui 
assurait  des  moyens  Incalculables  de 
supériorité,  et  que  les  ennemis  au 
contraire  n'en  avaient  point.  Il  est 
UmM  d«4  falie  des  grandeurs  pour 
avoir  oublié  que  l'esprit  et  la  fbfce 
de  l'homme  ont  aussi  leurs  bornes,  et 
que  plus  les  masses  mises  en  mouve- 
ment aonténorraes,  plus  le  pouvoir  du 
génie  «st'SobOMiwiné  aux  lois  impres- 
criptibles de  la  nature.  Cette  ^érM, 


qui  a  été  déniontrée  par*  tv;^  résultais 
des  affaires  de  la  Katxbach,  de  I>en- 
neiritz  et  de  Leipzig  même,  ferait  à 
elle  seule  un  sujet  d'étude  inté- 
ressant 

Il  n'entre  pas  dans  mon  plan  de  ré- 
péter ici  les  fi-êceptes  importans  que 
Montesquieu 'et  Machiavel  nous  ont 
laissés  sur  ce  grand  art  de  diriger  les 
mouvemens  des  empirei;  on  retrou- 
vera cependant ,  dans  le  cours  de  la 
narration  de  ces  campagnes  célèbres, 
quelques  réflexions  sur  les  changemens 
que  les  guerres  de  la  révolution  ont  ap- 
portés dans  les  idées  -sur  rorganiaaUon 
et  le  déplacement  des  forces  nationa- 
les, sur  leur  emploi  et  sur  les  suites  qui 
en  résulteront  probablement  dans  les 
révolutions  futures  du  corps  politique. 
Les  armées  ne  sont  plus  composées 
aujourd'hui  de  troupes  recrutées  vo- 
lontairement du  superflu  d'une  popu- 
lation trop  nombreuse;  ce  sont  des 
nations  entières  qtt*une  loi  appelle 
aux  arînes,  qui  ne  se  battent  plus 
pour  une  démarcation  de  frontières , 
mais  en  quelque  sorte  pour  leur  exi<t- 
tence. 

Cet  état  de  choses  nous  rapproche 
du  troisième  et  du  quatrième  siècle, 
en  nous  rappelant  ces  chocs  de  peu- 
ples immenses  qui  se  disputaient  le 
continent  européen  ;  et  si  une  législa- 
tion et  un  droit  public  nouveaux  ne 
viennent  pas  mettre  dés  bornes  à  ces 
levées  en  masse.  Il  est  iiDpossible  de 
prévoir  où  ces  ravages  s'arrêteront.  La 
guerre  deviendra  Un  fléau  phis  terrible 
que  jamais,  car  la  population  des  na- 
tions civilisées  sera  moîssiHinéQ,  non 
comme  dans  le  moyen-4gè,  afln  de 
résistera  des  peuples  sautages,  mais 
pour  le  triste  maintien  d'une  balance 
politique,  et  afin,  de  savoir  au  bout 
d'un  siècle  si  telle  province  aura  un 
prflPM  de  Pirto;  (te  Wltisbuwrf  ou  de 


DB   l'art  DB   la  GUBREB. 


Ml 


IHeiine,  i|iii  la  gonvernerait  d'après 
les  mêmes  lois  et  les  mêmes  usages, 
à  fort  peu  de  chose  près. 

Il  serait  bien  temps  néanmoins  qne 
les  cabinets  revinssent  à  des  Idées  plus 
généreuses,  et  que  le  sang  ne  coulât 
plus  désormais  que  pour  les  grands  in- 
térêts du  monde. 

Si  ce  vœu ,  vraiment  européen ,  doit 
être  relégué  à  côté  des  beaux  rêves  sur 


la  paix  perpétuelle,  déplorons  les  pe- 
tites passions  et  les  intérêts  qui  por- 
tent les  nations  éclairées  à  s*égorger 
plus  impitoyablement  que  les  bar- 
bares ;  déplorons  ces  progrès  des  arts 
et  des  sciences  morales  ou  politiques, 
qui,  loin  de  nous  conduire  au  perfec- 
tionnement de  rétat  social ,  semblent 
nous  destiner  à  revoir  les  siècles  des 
Huns,  des  Vandales,  des  Tartarea. 


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II 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


GOKTENIIBS 


DANS  LE  CINQUIÈME  VOLUME. 


FREDERIC    II. 

HISTOIRE  DE  MON  TEMPS. 


▲tu  MM  Apimnt» 


Tl 


iHTBOMcficr».  '-  Al*t  ê9  là  rnme  i 
U  wÊùfi  «e  Frédério-Goillaame.  ^ 
CariMre  éêê  prioeai  ia  l'Earopa» 
de  leort  mloittret ,  da  latin  géôé- 
raul.  —  Idéa  de  \énn  twtê§, 
de  lêttiv  rmdtfraet  et  de  lêar  i*- 
flaatfaa  dans  lai  ifTalrafl  da  TEaropa. 
—  État  daa  adlaneaf  et  det  batthE- 
artl.  '^  Ce  <(M  donna  llaa  à  la 

*  foem  contra  U  malion  d'Antrieha 

CHAPITRE  I. 

Saiionfl  da  laira  la  f  oaira  à  la  raina 
da  OéÉtfvfadf Ha  U aort  da  V^mt- 
parenr  Charlea  YI.  —  Gampifna 
d*hiTar  an  SUésia 

CHAPITRE  n. 

Campagne  da  1741.  —  Néfociationi 

.  éê  pais.  —  Hommafa  da  Braalan.— 

Eatonr  à  BaHili .        

OHAPITMI  m. 


11 


48 


53 


4UlaaM  foiUiyai  da  la 

€nam  des  Françaif  et  dea  BaTâr 
roif  en  Bohème.  •—  L'Eipagna  le 
déclara  oonUd  ÀlAWdbè.  —  Diète 
de  Tamplta.  -^  MvalaiiiaD  «■  Ma* 
Dirariat  néfoeiations.    .    • 


69 


^  Départ  dn  roi.  —  Ce  «ni  m  paa- 
la  à  Dratda ,  Praf  ne  et  Olmota.  •— 
Néfociationt  de  Fiunar.  —  Ezpé* 
diiions  de  MoraTia*  Autriche  et 
Hongrie.  —  Négociaiiona  de  ianini* 

—  Blocoa  da  Bneg.  —  La  rpi  quiua 
la  Morafia  et  joint  aon  armée  an 
Bohême»  à  Cbrudim.  -7  Ce  qai  la 
patM  en  Morat ie  après  fon  départ. 

—  Cliangemant  de  miniatèra  à  Lan* 
dret.  ->  ^*égoci§tioB  inCroatoeafa 
da  Chradim.  qui  fait  prendra  lapais 
ti  de  décider  i*irréiolution  dea  An- 

par  une  bauille.     .    .    . 


qiAJPiTRE  y.     , 

ÉTènemenf  qui  précédent  la  bataille 
de  Choloaiu.  —  Diipoî.ition  de  la 
bauilla.  —  Affaire  de  Sâhé. -M.  de 
Belle-laie  rient  an  camp  pruaaien  ; 
il  part  pour  la  Saxe.  —  Paix  da 
Blratlan.     •....*••• 

CBAPITBBTI. 

De  la  paix.  —  Notideatlon  aux  altiéi. 
—  Guerre  d'Italie.  —  Lea  Haod- 
Trieos  joignait  lea  Aaglafi  en  Flan- 
dre. **  Guerre  de  Fialanda.  —  Ga- 
pilulatioo  da  Fredariehahaaun.  •— 
Le  duc  de  Uoliteln  appelé  à  la  iuo- 
oeaaion  de  ta  9uède.  —  Mailleboia 
mdNiia^  av'mtiBama  ^  ûe  ut  an  Ba* 
f  ièn«  **  ndf  oalationf  det  Fraoçala 


7i 


•u 


TABU  DU  MATlÉBBt. 


st  ADflaU  à  Mrtfa.  *-  tfèi^ntfBf^ 
Jafqa*à  l'année  1743.    .....      92 

CHAPITRE  VII. 

ÉTènemeni  4ei  «nnëet  1743  et  1744. 
et  ce  qoi  précéda,  la  4«efTft*dte 
PruMieiis •    •    •    .    100 

CHAFITUB  TIII. 


Wégociationf  de  Tannée  1744.  et  eè 
qa{  précéda  la  guerre  que  iaJ^raettt 
entreprit  contre  la  malkm^d'Aà- 
iriehe 


Campegnee  d*llalie,  en  Flandre,  eor  le 
Ehin,  et  enfin  eelle  du  roi.    .    .    • 

CHAPITRE  X. 

Imi»  ^Anlrichlenf  font  nne  inTaaion 
daoi  Ta  Banle^Slïéiie  et  dam  lé  com- 
té de  0latk  ;  ili  font  repontiés  [ter 
le  prince  d'Anhalt  et  par  le  général 
Lehwald.  —  Kégoclationi  en  Fran- 
ee.  —  Mort  de  Charles  TH.  ^  In- 
trifoet  dei  Françaii  en  8aie.  — 
Anirea  négociatloni  ateo  \tt  Frtn- 
çaii.  ^  Négociation!  avec  les  An-* 
glalf  podr  la  paii  ;  difficulté  qu'y 
met  le  traité  de  TanoTie.  —  L'An- 
gleterre promet  iet  bone  officee.  ^ 
PréparatUii  pour  la  câmptgne.  <~  Le 


115 


124 


rôi|»^rt  ponr  II  ^ttéJe.'  #*  Le  Jeone 
électeur  de  Barièrerait/en  1745,1  a 
paix  de  Fiiftsen  avec  l'Aotrlolke.    .    i46 

CHAPITRE  XI. 

Gempâguo  d'ftaU^*ti>  Campagne  de 
Flandre.  —  Ce  qui  se  passa  sur  le 
Rhin.  ~-  Événemens  qui  précédè- 
rent les  opérations  de  Tannée  1745    1M 

CHAPITRE  XII. 

BatlRle  do  trlidlierg.  —  liarcbe  eo 
Bohème  ;  ce  qui  s*y  paasa.  —  Ba- 
.    tiiiUn  de  fiorr.  —  &f  M^  ^1m  trou- 
.il^qASllMé...  .il!    .    .    .    .    IM 

CHAPITRE  Xin. 

Rérolotion  d*Écoaae»  qni  fhitqoitiar 
HanoTre  an  roi  d'Anglelerro,  et 
^filentit  les  négociations  do  la  paix. 
~  Dessein  des  Autrlt&ions  A'iéb' 

•  /fienons  aor  Je  4lmndehoofg  Édnin 

▼eq|.miÇ9n4reéllfliifi««  ^Mllfi  ««P^ 
seil  des^mMstres.  «n  tse^ta^  mm 
pagne.  *-  Le  jrlaœ  d*Aiil»nl|.rnSi- 
semhie  ton  armée  à  UalU  *-t  I^  ra^ 
part^pour  la  ftilésia.  —  Eppédit'oa 
de  la  Lnaace.  -^  L^  prUwsp  f^AjiMl^ 
marvlie  à  UaUsan.  —  Bataille  de 
Kaikalsdftrf. .-  Pcipo  da  Piaede,  - 
MégpcAatia»  ai  «ipalMi^  da  la 


paU 


*.. 


•    4 


INSTRUCnON  MILintRE  DU  ROI  DE  PRSSeB 


9  ■ 


pouk  SES  ckitÉRAtix; 


I  /    »•  ;  i 


'.  ;  > 


^J 


BiTT  ai  cim  nfiTBtrcTfOK.    .    .    .    tu 
DitcovBs  no  aaiM  «aretia  à  tes  gé- 
néraux, la  teille  de  la  bataille  de 
Torgau. 2l3 

ARTICLB  IH. 

Desmapeapfitfsi^nnei^  de  leurs  dd*  ^ 
fants  et  da  tents  araniagea.    .    .    ."915 

ARtiCLE  II. 
Pe  la  mhsiaiaBaa  dee  ipaapa»  «i  4fii 


•:  Tifrea  (feld^oommlsiaria^^  ;  «  «   »  tlT 

.lABfftCLS/llL 

Des  TlreadlPTi ,  da>  U^-tUft  •fit  #r- 
rean^dé^yte    .•  .    ;".    .  "î    . -.   M9 

ARTICLE  ly. 
Des fawmegaadaa saa atan Yan>    •   ^.i^ 

•  •    •     '   A«tlCtl!  Y.    • 

Pa  la  oanaalÉiaaêa»  da  piya»    ,    •    . 


TABLB  DSft  «ATitEBli. 


946 


m 


%u 


t» 


251 


ARTICLE  Tl. 

ARTICLE  YIL 
De  là  distribation  dei  troupes. 
AETIGLB  Vni. 

Deioampt. 

.  AETICLE  DL 
CowMDt  il  ftioi  aiturer  ton 

ARTICLE  X. 

Conment  et  par  quelle  raison  11  Ciiit 
eoToyer  des  détachemens.    .    .    • 

ARTICLE  XI. 
Des  straiacèmes  et  roses  de  gaerre.    • 

ARTICLE  XII. 

Des  espions  ;  comment  il  faut  s*en  ser- 
vir en  tonte  occasion,  et  de  quelle 
manière  on  peut  avoir  des  Dentel- 
les de  Tennemi 


ARTICLE  XIII. 

Dé  certaines  marques  par  lesquelles 
on  pent  d^ouvrir  Vintentloii  ^ 
l'ennemi •^^ 

ARTICLE  XIV. 


De  nos  pays,  des  pays  neutres,  des 
pays  ennemis  ;  de  la  différence  des 
religions»  et  quelle  conduite  ces  ob- 
jets requièrent 


ARTICLE  XTC. 
Des  passages  des  rivières 

ARTICLE  XX. 

r 

Gomment  il  faut  défendre  le  passage 
des  rivières. 

ARTICLE  XXI. 

Dee  iorprises  des  Tilles 

ARTICLE  XXIL 

Des  eombats  et  des  bataiUet*    .    .    • 

ARTICLE  XXUI. 

Par  quelle  raison  et  comment  il  faut 
livrer  bauiUe 

ARTICLE  XXIT. 

Des  hasards  et  des  aooidens  imprévus 
qui  arrivent  à  la  gnerre.  .... 

ARTICLE  XXV. 

9*il  est  absolument  nécesiaire  qu'un 
général  d'armée  tienne  conseil  de 
gnerre 

ARTICLE  XXVI. 
Des  maDOBUTtei  d*une  armée.    .    .    . 

ARTICLE  XXVIL 
Des  quartiers  d*hiver 

ARTICLE  XXVIII. 
Des  campagnes  d'hlrer  an  partico- 


UÊ 


M 


ta 


ta 


tlT 


t59 


ta 


ARTICLE  XV. 

M  tentée  les  iMf  cbes  Qu'une  année 
peut  faire 

ARTICLE  XVL 

Quelles  précautions  on  prendra»  dans 
une  retraite,  contre  les  hussards  et 
lespandonrs 

ARTICLE  XVn. 

De  quelle  saanière  les  troupes  légères 
pcvssiennes  oombattront  contre  les 
hoasards  et  les  pandonrs    .    .    •    . 

ARTICLE  XVni. 

Far  quels  monvemens  on  pentforeer 
l'ennemi  d'en  faire  aussi  .    •    •    • 


t36 


Uer 


ta 


t41 


tu 


nsTftucnoH  secrète 

DÉROBÉE  A  FRÉDÉRIC  U, 
LOI  Di  nossi. 

Contenant  les  ordres  secrets  expédiée 
aux  officiers  de  son  armée,  partien- 
lièrement  à  ceux  de  la  cavalerie , 
pour  se  conduire  en  campagne  ;  tra- 
duit de  l'originel  allemand,  par  le 
prince  de  Ligne 

PnÂFAcm  DO  WÀnncTBUB 

ImnonucnoM ^9 


Y. 


%k6 


GHAPiTEE   l«r. 
De»  grtodet  f ardef.    ••••..    iti 

CtlAI^ITRE  tL 
Dei  patroniites  et  dei  décoaTerlea.    .    $77 

CHAPITRE  m. 
Dea  patrouilles  de  nait t8S 

CHAPITRE  lY. 

De  la  conduite  de  Toffloier  à  îio  pwto 
Sétachë. «è 

tiHAprmÈ  * . 

De  la  oMidult»  do  roflBciflr  lonq«il 
feit  euToyé  pour  faire  dei  ptiaon- 
nien S87 

CHAPITRE  TL 

Gftinment  un  offioler  doit  cttaqver 
la  caTalerie  enoemie t88 

CHAPITRE  VIL 

De  la  oondaiie  d'un  offidor  eontro  im 
doiachemeat  do  hoaaarde  égal  M 


TAfiLH:   DfiS  MATiEREl. 
Pages,  i 


couTrir  la  Booondo  lifao,  •    .    • 
CUAPITRB  X. 


sien 


CHAPITRE  YUL 

De  la  oonduito  d'an  offiolor  4aBf  iipo 
graudo  atuque 

CHAPITRE  IX. 
De  la  oonduito  d'un  ofBoior  fol  éoit 


Do  la  conduite  que  doit  tenir  oa  o^ 
Ûcier  lorsqu*il  est  au  etfrdon,  M 
quand  le  oorptd'armdvfMiODBO.   .   19i 

CHAPITRE  XL 

Devoir  d'un  cfAcièr  dJiMié  avee 
Tingt,  tremo  on  qnaraaie  hommea» 

pour  garder  un  village  ûtué  devant 
le  front  on  dàhi  lé  flanc  d'une  ar> 

inee*    •••*    ••«•*• 

CHAPITRE  Xll. 

Comment  l'officier  attaqnera  un  quar- 
tier do  huaiardi  areo  de  la 
rie 

CHAPHRE  XIII. 

De  Tatmqae  d*nn  qnwtier  de 
paniaat  la  nuit  •    .    •    • 


ir 


CHAPITRE  xnr. 

Gendoite  de  l'officier  lonqe*U  §&n 
contr^aer W 

CHAPITRB  XT. 
Dei  plAoea  d'alarme lot 

CHAPITEB  ttL 
D«  oéap-d*«iI  mlUiiire IM 


MÉMOIRES  MIUTAIRES  ET  POUTIQUES 


DD 


.'  -a: 


LLOYl^, 


VAUT  D'amwMJcnoa 


OIRE  DE  LA  GUERRE  EN  ALLEMAGNE, 
easxa  tfc  èoi  d<  pKoè&z  nr  LiMPiftAnact  tr  tts  it^j^fc 


mm 


MftvacB  BT  HOTien  aes  ta  ûtnktML 


ILCYD 


* 


•    867 


OUFITIB 

IN»  Il  conj^M^n  de«  difféfeate» 


Fagçi. 

iii4m  •DoîsDnef  •!  mod^roe»..     •    •    311 
he  U  guerre  en  général 311 

CHAPITRE  II. 

De  la  oMiposition  d'aoe  armée.    •    .    515 

CHAPITRE  ni. 
DeUphalaoge 314 

CHAPITRE  lY. 
m  la  légion. 316 

CHAPITRE  y. 
JDf  l'ordonnance  des  modernea.    .    •    317 

CHAPITRE  VI. 


Dm  avantagea  et  dea  défaou  de  Tar- 
aae  à  ieo  et  de  Tarme  blanche    .    . 

CHAPITRE  VII. 

De  la  formation  dea  bataillona  et  dea 


321 


eaeadrona 


3t3 


CHAPITRE  VIH. 


De  U  cavalerie 3«ft 

De  Tordre  dea  bauiliea  dea  modernea.    327 


MATIÈRES. 

9^1 

CHAPITRE  IX. 

PigeSh 

1 

Deaeription  d*ane  bataille.  .    .    , 

.    310 

CHAPITRE  X 

Nonrean  ijatême 

.  ist 

CHAPITRE  XI. 

De  l'habillement  dof  ioldata.    .    . 

.    335 

CHAPITRE  XII. 

1^  armea  dMensitea 

.     :    &3I 

CHAPITRE  XIU. 

De  la  formation  des  bataiHonÉ.    < 

1     .    836 

CHAPITRE  XIV. 

De  la  cavalerie 

.    •    338 

CHAPITRE  XT. 

De  la  formation  de  ('escadron. 

.    .    SiO 

CHAPITRE  XVI. 

De  la  conatitution  d*nne  armée.    < 

.     .    541 

GHAPltRE  XVn. 

De  Tordre  de  bataille.    .    .    .    . 

5ea 

Réfleziona  généralea   .    •    .    • 

5av 

DE  L'ÉTAT  ACTUEL 


DE   LA  POLITIQUE 


DE    LA    SCIENCE    MILITAIRE 

EN  EUROPE, 

Paa    GUIBERT. 


Pages. 

wx  HoncB  gra  «vibut  bt 
suB  asa  omrBAGBs 353 

CHAPITRE  «V^ 

Tablean  de  la  poliliqne  actuelle  ;  son 
parallèle  aveo  celle  dea  anciens; 
aea  vicea  ;  obataclea  qu'elle  apporte 
à  la  proapérité  et  à  la  grandeur  des 
peuples 357 


CHAPITRE  B. 

Tableau  de  Tart  de  la  guerre  depaia 
le  commencement  du  monde.  — 
Situation  aetoelle  de  cette  aelenee 
en  Europe.  —  Son  parallèle  avee  ee 
tfff'elle  fat  autrefois.  —  Nécessité 
du  rapport  des  coostitntiona  mill* 
ta  ires  avec  lea  constitutions  politl* 
ques.  —  Vices  de  tous  noa  |0over* 


948 


TABLE  DBS  MATliRBS. 


Page*. 
oemeDS  modernes  sur  cet  objet.    .    375 

CHAPITRE  m. 

1>e  rétat  actael  de  la  politique  et  de 
la  fclence  militaire  en Earope,  suivi 
de  pensées  détachées  sur  des  objets 
IntéreHani 386 

CHAPITRE  IV. 

Système  de  goerre  actoel ,  examiné 
•ODS  le  rapport  de  la  politique  et  de 
Tadministration.  —  Qu'il  serait  im« 
possible  et  même  désayantageax  de 
le  changer.  —  Que  ce  système,  en 
outre  qo*il  est  plas  parrait  et  plus 
savant  que  tons  ceux  qui  ont  existé, 
tat  moins  ruineux  pour  les  peuples» 
plus  propre  à  entretenir  la  paix  et 
empêcher  les  conquêtes,  les  déyas- 
tations  et  les  grandes  révolotiona 
que  la  guerre  entraînait  antrefois    413 


(ÈïtvaitB  Hf  €>utbf  rt. 


CONSIDÉRATIONS 


SUR  I.'ARTII.I.1IRXB. 


PsiFAGB  BT  IfOTICB  SUR  «BlBBAUTAL.      431 

CfOifsioÉ RATIONS  SUR  l'artillbbib.   .     435 


PAR  GUIBERT. 


CHAPITRE  l«r. 
De  l>'»'UA]rto  en  général.— >  Ses  avan- 


uges  trop  élerés  par  les  nus»  et  trop 
abaissés  par  les  antres.  ^  Son  uti- 
lité réelle 

CHAPITRE  n. 

Constitution  aetnelle  de  notre  artill^ 
rie.  —  Parallèle  de  Tancien  système 
aTec  le  nouTeau.  

CHAPITRE  m. 

InconTéniens  d*nne  artillarie  trop 
nombreuse 

CHAPITRE  IV. 
Mnovemens  de  rartillerie     .... 

CHAPITRE  V. 
Exécution  de  Tartillerie 


m 


441 


441 


4a 


CHAPITRE  VI. 

Rapport  de  la  science  des  fortifications 
avec  la  tactique  et  avec  la  g^oerre  en 
général. 


... 


4tt 


CHAPITRE  Vn. 
Considérations  générales.     . 


CHAPITRE  Vin. 

Ordonnance  de  Vinfanterie  —  Sa  for- 
mation. —  Principes  qui  doiyent  dé- 
terminer l'une  et  l'autre   .... 

CHAPITRE  IX. 

Essai  sur  la  tactique  de  la  caTalerin  . 

CHAPITRE  X. 

Des  ordres  de  bataille.  —  Ordre  paral- 
lèle, ordre  oblique 

CHAPITRE  XI. 

Rapport  de  la  connaissance  des  ter- 
rains avec  la  tactique. 


441 


411 


474 


•     •     . 


414 


CHAPITRE  XU. 


Snbsistanoes 


« 


TABLB  JD£S  MAT1£UES. 


9'*i 


DES  CONNAISSANCES  NÉCESSAIRES 

A  UN  GÉNÉRAL  EN  CHEF  D'ARMÉE, 

Pwp  le  CSénëral  C^mte  de  IiA€U£E  CBS9A.C. 


ÀTlt   DM  àMTKXmê,      ...... 

Des  oonnaiisanccf  néceuairet  à  an  gé* 


Pagei. 

485 


nénl  en  chef  d'armée 487 

întendaDce  miliuire 499 


DE  LA  DÉFENSE  DES  PLACES  FORTES, 


OUTBJkGB   COMPOSB 


PAR  ORDRE  DE  SA  MAJESTE  IMPÉRIALE  ET  ROYALE, 

Pour  rinstruclion  des  Elèves  du  corps  du  génie . 

.      ET  PUBLIÉ  EN  1810,  PAR  CARNOT, 


▲HCnM  OFTICIU  DB  Cl  CORPS,  AMClE!f  MIIUSTOB  DB  LA  GCSaBB, 

BT  DB  LA  LBGlOR-O'nOliKkBCa. 


MBMBU  SB  lIoCSTITUT  DB  nUBCB 


PbBFACB  BT  NOTICE  SUR  CARHOT.      . 
Db  la  DBFkNSB  DBS  PLACES  VORTBS. 

Objet  et  |»lan  de  cet  ouvrage.    .    . 


Pages. 

499 

.    503 


Di  u  mm 

DES  PLACES  FORTES. 


*  PBBniinB  PART». 

Que  tout  militaire,  chargé  delà  défen- 
se d'une  place,  doit  être  dans  la  ré- 
sointioo  de  périr  plutôt  que  de  la 
rendre. 

CHAPITRE  !•'. 

L'obligation  de  défendre  les  places 
fortes,  jufqii'è  la  dernière  eitré- 
mité,  est  imposée  par  les  lois  de  la 
disoipline  militaire.  —  Faussos  ob- 


Pages. 

Jections  contre  ce  principe.  —  Un 

militaire  n'est  refponsable  qfae  de 
l'exécution  des  ordres  qu'il  reçoit. 

—  Il  ne  lui  appartient  pas  d'en  eia- 
mioer  ni  les  motifs,  ni  les  consé- 
quences   SOS 

CHAPITRE  II. 

Obligation  de  défendre  les  places  frè- 
tes jusqu'à  U  dernière  extréioiié, 
conÛrméc  par  l'importance  ds  c&J 
points  militaires.  --  Qud  le»  fort'  - 
rcsfie»  ne  se  placent  point  au  basau. 

—  Qu'elles  forment  un  grand  en- 
semble, dont  tontes  les  parties  sont 
liées  entre  elles,  et  avec  le  syetème 
général  de  la  guerre.  —  Que  cet  en- 
semble peut  être  entièrement  rom- 
pu, les  plus  grands  projets  décon- 
certés, et  la  sûreté  de  l'État  com- 
promise par  la  mauvaise  défense 
d'une  seule  forteresse 516 


•M 


CHAPITRE  III. 


rABI.E   r>BS  MATliRBS. 
Pages.  , 


Lm  raonacei  de  l'ennemi,  les  bombar- 
dement, les  sarpri^es,  les  attaques 
partielles,  annoncent  ordinairement 
rimpaissance  où  il  est  de  former 
une  attaque  rtfg^uliére.  —  Tous  ces 
moyens  doîTeot  être  repoussés  atec 
mépris 


520 


CHAPITRE  ly. 

81  nm  plaee  ne  se  défendait  pas  jus- 
qa*à  la  dernière  eitrémité,  il  serait 
à  peo  près  indifférent  qu'elle  fftt 
bien  on  mal  fortifiée.  —  Les  diffi- 
enltéf  ffSelley  ne  cQmroencent  qu*aq 
fl40l9.  -^  Les  défenses  des  brèches, 
étant  l'opération  la  plus  critique  et 
la  pins  meurtrière  pour  Tas^^iégeant, 
est  anssi  \%  pips  capable  de  le  rebv- 
ter,  et  la  plus  décisive  pour  Thon-  * 
near  de  la  garnison 525 

CHAPITRE  T. 

Combien  il  est  dangereux  de  laisser 
parlar  «onp  au  moral  du  soldat.  — . 
Pttissanoe  de  l'opinion  dans  une 
place  assiégée.  -  Ressort  qu'impri- 
me une  généreuse  résolution.  — 
—  Découragemetit  que  produit  la 
jenle  idée  qu'il  faut  finir  par  se  ren- 
dre. -—  Prodigieux  effeis  de  Ten- 
thouaiasme,  de  )a  belle  contenance 
des  oImIs,  du  dé»ir  de  la  gloire,  de 
l'amoia  de  U  puirie ,  des  principes 
religieux §30 

CHAPITRE   VI. 

Absurdité  des  calculs  par  lesquels  on 
prétend  déierminer  la  durée  d'un 
siège  et  en  fixer  le  terme»  —  Con- 
tradictions de  ceux  qui  établissent 
de  semblables  calcul*.  —  Ils  sont 
démentis  par  les  faits  les  pins  im- 
portsns.  —  Ils  ne  tendent  qu*i^  af- 
faiblir l'énergie  des  défenseurs.     .     53G 

GHAPTTRE  VU. 

jPléees  ofAeleDes  relatives  à  l'objet 
traité  dans  cette  première  partie. — 
Non^ellas  lettres-patentes  délivréee 
par  8a  Majesté  aux  gouvertieura  et 
eommandena  de  plaeea.  —  Bnqvéïa 
anr  la  ooaduite  de  eedx  qui  sont 


prévepqa  de  les  aTpir  n^al  ^Mi^ 
dues 


Pi^BTIM. 


CHAPITRE  I^r. 

Insirurtion  pratique  par  l'exemple.  — 
Exemples  tirés  de  I  histoire  an- 
cienne. —  Exemples  tirés  de  Thia- 
toire  moderne 

BxmeLBs  nais  m  LhnsToiaa  Amamni 

Siég^  de  S>r«cu&e  par  les  Athéniens, 

Tan  415  avant  Jésus-Chrisl.  .  .  . 
Siège  (i^  y^w  pur  ieji  Romai«s,  ifQ 

ans  ayant  Jé^us-Christ 

Siège  de  Tyr  par  Alexandre-le-Grand, 

332  ans  avant  Jésus-Christ.  .  .  . 
Siège  de  Lil>bée  par  lea  CartliatlPfi*» 

l'an  24i  avant  Jésas-Christ  .  .  . 
Siège  de  Cartha-^e  p&r  les  Romaina, 

146  ans  avant  Jéçus  Christ  .  .  . 
Siège  de  Numance  par  Scipion,  133 

ans  avant  Jés  JS-Christ 

Sifige  d'A|i;e  par  Jules-César,  52  ane 

ayant  Jésus-Christ 

Siège  de  Paimyre  par  Aurélien ,  an 


548 


m 


51S 
574 
S» 
677 
57$ 

# 
864 


27i    . 


ninpLBs  nais  na  L*aiSToiRa  Moonan. 

Siège  de  Paris  par  lea  Noraaanda.  en 
h85 

Siège  de  Toulouse  par  Simon  de  Honl- 

fort,  en  \t\l 

Siège    d'IIennebon    par   Charles   de 

Biais,  en  1341 

Rlocus  de  Calais  par  Edouard  m,  roi 

d'Angleterre,  en  1346 

Siège  de  Rennes  par  les  Anglais»  en 

1357 

Siège  d'Oileans  p^r  i«|  Anglaia,  ma 
iiiS 

Siège  de  Compiègne  par  lea  ^TgVaitj. 
en  1430 

Siégea  de  Belgrade ,  1  un  par  Amn- 
rat  II,  en  1439,  Tautre  par  Maho- 
met U,  en  1455 

Siège  de  Beaavaia  par  Charles-la» 
Hardi,  duc  de  Qoujcgc^na,  an  1489. 

Siège  de  IMeuèrea  pat  l'amia  dn 
Charles-Quint,  en  1590   .     .     . 


8se 


597 


801 


TJkBLB  »»  IIAT1BRI$. 


èiégt  d«  Rhodet  par  les  Ottomans»  en 

1521 «H 

8i«fe  de  Marseille  ^f  l'améa  de 

Charles-Qoint,eii  15S4 614 

Biége  de  Péronne  par  le  oonle  de  Het- 

saOf  en  15Sb •    615 

Siège  de  Landrecies  par  Temperear 

Gharle»-Qnint,  en  1543 615 

«lëge  d#  IMt  pat  Cteitomnlat,  en 

165t 616 

Siège  de  «elteper  les  Twet,  en  4666.    6S6 
Siège  deTergoSs  par  les  Flamands  « 

en  1679 6i0 

Siège  de  Harlem  par  les  fispegneit, 

en  1573 666 

Siège  de  Llvron  par  Saint-Lary-Belle- 

garde  en  1694. (it3 

Siège  de  Leyde  parles  Espagnols,  en 

157t 643 

Siège  d'Anvers  par  les  Espegnols,  en 

1584 *« 

Atuqoe  de  Oiâleao-Beiiaud  par  Je 

4oo  de  Mayenne,  en  1589  .  «    .    .    6r>0 
Aiuqee  de  Quiiieb^of  par  l'evAiral  de 

Villsrs,en  \tm 4r.O 

Siège  d*Ostende  par  les  Espagnols,  m 

601 430 

Siège  de  àloiuaubao  par  le.  cennéla- 

MedeLuynes,  en  1621.    *    .     .    •    631 
Siège  de  La  JUcbeiie  par  i^nis  XIII» 

eul6i7 631 

Siège  de  SaintrXean-de-Ldae,  en  1636    633 
Siège  de  Dôle  par  Henri  II,  ^riaeede 

Coodè,  en  16d6 633 

Siège  de  Lèrida  par  le  prinee  de  Coa- 

dè,  en  1647 #33 

Siège  de  Candie  par  les  X«reê>  en 

1667 »    636 

Siège  de  Grare  par  lesHeilendals,  en 

1664- «37 

#iège  de  Philipsbonrg  per  le  piteee 

de  Bade,  ee  1676. 636 

Siège  de  Mastrichl  par  le  priaee  d*(K 

renge,  en  1676 640 

Siège  de  Barcelone  par  le  mafèeàai 

Ber>\icki  en17t3*  «•«,«•  646 
Siôge  et  blçoiis  de  Gdnee  per  tes  An* 

triebiens  et  par  lee  Anglais,  en 

1806(1) 64^ 


il)  ▼♦«»•  I  •* 


CHAPITRE  II. 


Pagat. 


656 


Reconnaissance  que  doivent  faire  mê- 
me ea  temps  de  piix.  dé.  )aur  ar- 
rirèe  dans  une  place,  les  comman- 
4ens  et  les  offioiers  du  génie  aux- 
quels cette  place  est  confiée.  —  Des 
pr4>priété8  de  celte  place  relatiye- 
ment  à  robbemblc  de  la  frontière. 
—  Dfl  site.  —  De  U  for  aie  de<  oa* 
rrages  et  de  leurs  rapporis  respec* 
ti6i.  >-  Des  bâtimeifs  militeiree.     .    644 

CHAPITRE  lit 

De  la  place  supposée  en  état  de  guerre. 
^  Diêposâtîons  défensives.  —  Du 
personnel  (  t  du  ^at  licl  nécissaiies 
4  la  défense.  —  €hitfiist>  ..  —  Artil- 
lerie. —  Subsistances.  —  Approvi- 
sionnemens  de  tous  genres.  .     .    . 

CHAPITRE   IV. 

De  ta  mise  eu  état  de  siège.  -  Mesu- 
res commandéei>  par  les  ci rcons ten- 
aces. —  InTostis^eniont.—  Ouverture 
de  la  trauchr^e.  -  Défense  éloignée. 
Déft«n9e  rapprochée 

Couclusiou  générale 

MÉnoïKB  AOoiTieNaKL,  eà  l'on  pr»- 
po(»e  une  nuuvelie  m«Mière  de  dé* 
feiidre  les  pLceb;  par  Carnot.     •     . 

Mbmoirb  sua  la  fort  i  fi  cation  »bi- 
MiTiVE,  pour  servir  de  suite  au 
Traité  delà  défeuhe  des  places  for- 
tes; par  Camot 

Discours  prèljmiraire  du  traita  ^n 

LA  DÉFBPfSB  DBS  PLACES  FORTES   .      . 
MÈMOIBB  SUE  LA  ¥ORTIPlCATtOlf  PM- 

MiTiTE,  pour  servir  de  suite  an 
Traité  de  la  défense  des  places  for- 
test  par  Carnot  ....«.« 


tr 


666 
665 


666 


667 


De  la  fortUkwtion  primitite  en 
rai , 


6  11. 

Application  des  principes  exposés  dans 
le  paragraphe  précédent,  à  l'amè- 
Horation  des  système»  bastionnès.  • 


766 


755 


«~.  .^ 


TABLB  DES  MATIBBBS. 


JOURNAL 

DES  OPÉRATIONS  MILITAIRES 

DU  SIÉGB  ET  DU  BLOCUS  DE  GÉIŒ8, 

COUP-D'CEn.  SIJR  LA  SITUATION  DE  L'ARMËE  D'ITÂUE, 


Dl^OIt   &■    MOMBIIT 


OU    Ll   GIllàSAL    «ASSftlCA   IH  VmiT  !•■  €01 

jusqu'au  blocus» 


ACCOMPAGNÉ  DE  PLUSIEURS  TABLEAUX 

6t  d'une  Carie  de  la  Place  et  des  enviroiu  de  U  Plaeo , 

Ptor  Pau&  THIEBAULT,  Général  de  Brigade. 


p««». 


Pi*VAe«  ar  vonct  sur  le  général 
Tbféb«iilt  .    •    .    .         .... 

Lettre  do  féDéral  en  chef  Masséoa  an 
dtoyen  Paal  Thiébaolt,  général  de 
brigade 

Coop-é'flBil  snr  le  sitoalion  de  Varmée 
d'Italie,  depuis  le  moment  oà  le  gé- 
néral Masiéna  en  prit  le  comman- 
dement Jnsqa'ao  blocas  de  Gènes. 


751 


759 


761 


jouavAx 


MS  OPlRATIONS  IIUTAIRIS 


nu 


SiteE  ET  DU  BLOCUS  DE  GENES. 


aeprite  des  hostilités,  le  15  germinal 
an  Ylli  (1S00) 

Attaque  de  Monte-Cornna  ;  reprise 
de  Monte-CaUo  par  les  assiégés; 
altefne  snr  Savone  par  le  général 
antrichien  Mêlas.  —  Occupation  de 
Monte  Faocio  par  rennemi  —  Re- 
prise de  Monte-Faccio,  Borgo  di 
Fornarl,  Satignole  et  Gasella  par  le 
général  Msi^séna 

Dispositions  ponr  la  défense  de  Gènes. 


7U7 


771 


ManoDUTTes  autour  de  Gènes.  775 

Le  lieutenant-général  d'armée  Soute 
marche  au  secours  de  la  Tille.    .    .    777 

CombaU  i  la  Verreira,  i  Voliry,  i  la 
Polcérera»  à  Salnt-Pierre-d*Aréna, 
i  RWarolo.  —  Reprise  de  Monte- 
Rati 78& 

Proclamation  du  général  en  chef  Mas- 
séna  aux  babitans  de  Gènes  .     .    .    790 

Attaque  de  la  position  les  Detus-/^. 
ru  par  le  lieuienant-général  SooU.    '7^4 

Mou ve mens  sur  Qnerii  par  les  adju- 
dant-généraux Tbiébault  et  An- 
drieux 795 

Brillans  résultats  de  la  Journée  du  11 
floréal 796 

Beaux  monremens  du  lieutenant-gé- 
néral SouU.  du  général  Miolis  sur 
Nerri,  Monte-Faccio.  —  Leur  ren- 
trée à  Gènes  avec  quinze  cents  pri- 
sonniers  ^ffi 

Combats  acharnés  autour  de  Gènes.  •    806 

Bombardement  de  la  -ville  par  les  for- 
cps  de  mer  des  Anglais  et  des  Na- 
politaine  gQg 

Première  décade  de  prairial.  —  La 
famine,  les  maladies  désolent  In 
ville.  >—  La  garnison  réduite  i  troia 
et  à  deux  oiicoa  par  Jonr  d*ane  exé- 
crable composition  qui  remplaçeil 
le  pain 


TABIJB   DES  MATliuS. 


Pagei. 


N éfodadODt  poor  TéTacoation  de  Gè- 


811 


Le  fénéni  en  ehef  refue  lee  oondi- 


Pat»  1. 


don»  offertes  |N>ur  la  caféUtdaHon 
de  Géoes  ;  il  oonseot  i  Vàwtmation 
de  la  Tille  ...        814 


EXTRAITS  DE  JOMINI. 


PRECIS  DE  UART  DE  LA  GUERRE, 


00 


NOUVEAU  TABLEAU  ANALYTIQUE 

DES  PEINCIPALES  COMBINAISONS  DB  LA  STRATÉGIE,  D£  LA  G&ANDc  TACTIQUE, 

ET  DE  LA  POLITIQUE  MILITAIRE, 

Par  le  Baron  de  jrOIUlllI^ 


eôfaui.  «  ciuF,  AiDi-DB-CAVPHiiiiiaAi.  m  B.  M.  L*BiimBijm  wê  Toim»  un  m 


ROGVELLS  EDITION  CdSIlÉRABIZUENT  AUlafENTiK. 


PlCM. 

Notice  sub  lb  eiifftBAL  iOMiifi  et  sue 

tBSOQVBAGES 821 

DE  liA  STR JlTÉCSIE. 


Déflaition  et  principe  foodamental.    .    825 
Do     principe    fondamental     de     la 

guerre 828 

Du  système  des  opérations   ....    829 

Des  bases  d'opérations 854 

Des  poinu  et  lignes  stratégiques  ;  des 
points  décisifs  du  théâtre  de  la 
guerre  et  des  objectifs  d'opérations    840 

Des  poinu  olyfectifs 842 

Des  fronts  d'opérations,  des  fronts 
stratégiques ,  des  lignes  de  défense 
et  des  positions  stratégiques.      .    .    845 

Des  lignes  de  défense 848 

Des  positions  stratégiques 849 

CombinaisoDS  stratégiques  ;  du  eboix 


Pages, 
et  de  la  direction  des  lignes  d'opé- 
rations   852 

Maiime»  sur  les  lignes  d'opérations.    855 
Des  moyens  d'assurer  les  lignes  d'opé- 
rations par  des  bases  passagèree  ou 
des  réserTes  stratégiques  •    .         •    865 
Des  réserres  stratégiques.    .         .    .    863 
De  l'ancien  système  des  fnerret  ée 
positions  «  et  do  système  aetael  dee 
marches 865 


DES  FRONTIÈRES, 

ET  DE  LEUR  OÉrEmHB 

WàM  LBi   FOBTBBBSSBS  OU  BAB   BBS    UeilJ 
BBTBÂHGUkBS. 


De  la  guerre  de  siège  . 
Résumé  de  la  stratégie. 


•    •    •    • 


•    • 


870 

875 


»S4 


Dt  la  fraudé  tactique  M  des  batafllei.  878 
Hm  poiitidnl  et  btft«lll«t  dërensWet.  .  879 
htê  biuflieg  offimsifes  et  des  diffé»* 

rcni  ordres  de  bâtai Ue 88t 

Des  dÎTersioDs  et  grand»  décachemens  887 
Des  passages  de  rivières  et  de  flenyes.  880 
Des  retraites  et  des  poursuites  .  .  .  88S 
Sur  la  logistique,  ou  art  pratique  de 

kiouToir  les  armées 881 

Des  recoDuaissaDies  et  antres  moyens 

de  bien  apprcoier  les  mouYemens 

de  l'enoemi 

Formation  des  troopes  pour  aller  au 

combat,  et  de  l'emploi  particulier 

combiné  des  trois  armes 

Do  placement  des  troopes  dans  la  U- 

f  ne  de  bataille.    .••*«•• 
Ha  la  formation  t^.  de  l'emploi  de  la 


tàMiM  ùitÊ  HjoÉÈÊà: 


Mi 


Di  la  cavalerie*  ••••••• 

De  remplet  éa  F taierie>  .  .  •  « 
De  remploi  eemJbiiié  daa  tioia  araMa. 
Côièioiion 


884 

9a8 


EXPOSÉ 


MBI  nmClPKS  GENERAUX 


de 


L'ART  DE  LA  GUERRE. 

Dae  ffrandes  Opérations  miliuiras.far 


FIN  DK  LA  TABLE.